Bauer Terrorismes S1-1

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Terrorisme : une définition incertaine et complexe

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Terrorisme : une définition incertaine et complexe

Alain Bauer

2 Alain BAUER - Professeur de criminologie au Cnam, New York et Beijing

L'action violente apparentée à un acte de résistance est souvent qualifiée de terroriste. Néanmoins, malgré de nombreux efforts, aucune définition internationale commune n'a pu être trouvée.

La notion de terrorisme fait souvent l’objet de controverses et de polémiques. Elle est empreinte d’une forte subjectivité et elle désigne un phénomène complexe, mouvant et multiforme.

3 Alain BAUER - Professeur de criminologie au Cnam, New York et Beijing

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Aux origines du terrorisme

La notion de terrorisme semble émerger à la Révolution française

La notion de « terrorisme » émerge avec le système de « la Terreur » du gouvernement révolutionnaire mis en place d’avril 1793 à juillet 1794 après la révolution française.

La finalité de ce régime était de terroriser ses opposants afin d’asseoir son pouvoir. La Terreur va conduire à l’exécution de milliers d’opposants.

Le supplément du Dictionnaire de l’Académie française le définit dès 1798 comme « système, régime de la terreur ».

Aux origines du terrorisme

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Le tribunal révolutionnaire est créé par Danton

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La terreur va conduire à l’exécution de milliers d’opposants

Cette forme de terrorisme avait pour protagoniste l’État et était dirigée contre ses propres populations.

Aujourd'hui, le terrorisme est plutôt perçu comme une action émanant de groupes non étatiques et ciblant les populations civiles et souvent externes

Or la Terreur est un terrorisme d’État où les actions terroristes sont planifiées, exécutées ou ignorées consciemment par un État.

Aux origines : les terrorismes d’état

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Le terme « terrorisme d’État » est aussi utilisé au moment de la guerre froide pour dénoncer la stratégie de répression des mouvements insurrectionnelsd'extrême-gauche dans les années 70.

Il fut mise en place conjointement par les régimes autoritaires d'Amérique du Sud (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Paraguay et Uruguay) sous l'appellation « Opération Condor » qui organisa des campagnes de répression appuyées sur des assassinats et une lutte antiguérilla.

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Lors de la guerre froide, les pays de l’Est « parrainaient » des mouvements terroristes, la plupart d’origine palestinienne agissant sur le théâtre du Moyen-Orient ou dans les pays occidentaux.

Il existe également des mouvements pilotés par des « États voyous » (rogue states). En général ceux-ci sont allochtones et sont utilisés pour des objectifs plus ciblés.

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Le résistant ferait un usage légitime de la violence dans un pays où le système politique serait tyrannique, totalitaire ou colonialiste alors que le terroriste viserait un État démocratique. Néanmoins, la légitimé d’une cause dépend d’une appréciation subjective.

Le terrorisme est une méthode de combat qui prend pour cible principale la population civile. Ainsi, les mouvements de résistance ne pourraient viser que des cibles militaires, ce qui les différencieraient des organisations terroristes.

Distinguer terrorisme et résistance

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Mais les causes défendues par certaines entités terroristes sont très diverses et certains groupes terroristes luttent pour la libération nationale.

La célèbre formule de Jean François Revel dans Le Terrorisme contre la démocratie illustre cette complexité « le terroriste de l’un, c’est le résistant de l’autre ».

Une distinction complexe

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Terrorisme et notions connexes, exemple de la guérilla

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Les guérilleros de l’armée de libération du Kosovo ou UҪK

Les guérillas sont généralement des groupes constitués et organisés, voire hiérarchisés militairement. Elles sont à l’origine d’opérations militaires visant en général des cibles étatiques ou des armées régulières.

Les terroristes, à l’inverse, visent autant des cibles civiles que militaires, agissent généralement de manière isolée, et tentent de se dissimuler au sein de la population.

Terrorisme et guerilla : une distinction toute aussi délicate

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Les guérillas ont pour but la conquête et le contrôle physique d’un territoire.

Les que les terroristes visent à imposer leur domination à travers des systèmes idéologiques ou politiques en usant de la peur, de l’influence psychologique.

Ils ne s’appuient pas sur des éléments territoriaux (zones libérées ou territoires entièrement contrôlés).

Des objectifs différents

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