Bart De Wever: un populiste de droite - André Mommen

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    Bart De Wever : un populiste de droite.

    Nazis durant les guerresEt catholiques entre elles (Jacques Brel)

    Qui est en fait Bart De Wever? Nous savons plutt peu sur lui-mme, malgrson omniprsence dans les media. Heureusement, le blogueur francophone MarcelSel a rdig un ouvrage son sujet1. Les secrets de Bart De Wever necontiennent pas, en soi, de rvlations tonnantes. Mais tout y est cependant biensynthtis. Son engagement dans toutes sortes dorganisations flamingantes atoujours t important. Lui-mme fut dailleurs membre du Vlaams NationaalJeugdverbond (VNJ). Il devint en outre rapidement membre de la Volksunie. Sel est

    disert au sujet des groupes radicaux et fascistes, sur leurs racines dans lacollaboration et sur les relations personnelles entre la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) et le Vlaams Belang (VB). En compagnie de Pim Fortuyn, Geert Wilders,Umberto Bossi, Jrg Haider et Viktor Orban, Bart De Wever appartient au groupedes inventeurs pleins de faconde du populisme de droite, en train de raliser uneavance indite dans la plupart des pays europens. A laide de louvrage de Sel,nous tenterons ici dexaminer la figure et les ides de Bart De Wever.

    Bart De Wever et Joris Van SeverenCommenons par ce livre o Sel passe De Wever la moulinette. Sans

    quivoque, De Wever appartient la nouvelle droite. En outre, il y a lieu de placer laN-VA aux cts du Partij voor de Vrijheid (PVV) de Geert Wilders ou du FreiheitlichePartei sterreichs (FP) de Jrg Haider. La N-VA se situe en effet dans la ligne dunoyau nationaliste de lancienne Volksunie, elle-mme hritire du Vlaams NationaalVerbond (VNV) de Staf De Clercq et Hendrik Elias ou du Verdinaso (Verbond vanDietsche Nationaal Solidaristen) de Joris van Severen2. De Wever y fait frquemmentrfrence. La N-VA recrute en outre ses cadres quasi-exclusivement parmi lesorganisations de jeunesse et tudiantes de la droite radicale. Beaucoup de membresont des parents ou des grands-parents issus de la collaboration. Ils exigent touslamnistie pour les collaborateurs condamns. Cest pourquoi De Wever sengagevolontiers en leur faveur. La collaboration na dailleurs jamais constitu pour lui un

    rcit abstrait, mais bien, dans sa pense et ses ractions, une ralit vivante

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    . Alissue de sa rupture avec le CD&V en 2008, De Wever a, par exemple, compar legouvernement Leterme celui du rgime de Ptain. Consternation unanime. Maisctait bien l une rfrence essentielle dans son discours nationaliste : Leterme taitun collaborateur de lestablishment belge et donc pour cette raison une couillemolle ( platbroek ). Ce faisant, De Wever a russi concentrer ses attaquesvisant aussi bien lennemi extrieur (les wallons et les bruxellois francophones) quelennemi intrieur (les mauvais flamands) sur une seule personne, Leterme.

    1 M. SEL, Les secrets de Bart De Wever, Bruxelles-Paris, Eds. De lArbre, 2011, 439 p.2 Cf. M. SEL, op. cit., p. 177 212.3 Jean-Pierre STROOBANTS a dfini De Wever comme suit : Il porte le virus du nationalisme que luiont transmis ses parents, et ses tudes dhistorien ont ancr en lui la conviction dune revanche prendre sur les francophones, trop longtemps dominateurs , Le Monde, 15 juin 2010.

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    La N-VA est-elle un parti dont Hugo Schiltz a dit un jour lors dune interview la VRT ne pas vouloir devenir membre, car elle lui rappelait le pire (le pchoriginel ) du nationalisme flamand davant-guerre ?4 Cest bien exact. La N-VA eststructure autour dune personne, savoir Bart De Wever. Il est omniprsent en tantquoracle. Comme Leader il ne se limite pas seulement esquisser les grandes

    lignes stratgiques, mais agit galement comme lidologue charg de jeter un pontentre pass (lhistoire noire de la Flandre) et avenir (une Flandre indpendante).Dans le cas de De Wever, les deux aspects sont troitement lis dans la personnede Joris Van Severen. Van Severen est demeur aprs la deuxime guerre mondialeune figure suffisamment attrayante pour que lon puisse dbattre son sujet sans lemoindre complexe. Durant les journes chaotiques de 1940, il fut assassin, encompagnie dautres dports, Abbeville par des soldats franais ivres. Il devintainsi un martyr pour son peuple et une victime de limprialisme franais. Sil avait pusurvivre, aurait-il choisi pour la collaboration ou pour la rsistance loccupant ?Cela reste un grand mystre et une question qui devrait tourmenter maint flamingant.

    Comme tous les leaders populistes, De Wever est un homme charg par laProvidence de sauver son peuple. Par dhabiles apparitions mdiatiques il a russi faire renatre une N-VA, juge cliniquement morte, par une alliance phmre avecle CD&V en 2007. Ce serait donc le parti dun seul homme ? Indiscutablement. Maisil y a des nuances. Sa collgue anversoise Liesbeth Homans, qui a rencontr DeWever au KVHV lors de ses tudes Leuven, le concde : Bart merge. Et oui, laN-VA fut longtemps le parti dun seul homme. Mais ce nest plus le cas depuislongtemps 5. Toutefois, enlevez Bart De Wever, et il ne reste plus grandchose. Lesommet du parti est surtout peupl de poids lgers. Ils expriment souvent desopinions qui ne concident pas toujours avec celles de Bart De Wever, ce quidsaronne facilement les opposants. Mais le dernier mot reste toujours au Leader.Et cela touche toujours le peuple. Car dans un langage anversois chti, il rvle saprfrence pour les frites et la bire plutt que pour un grand cru ou la nouvellecuisine dcadente. Cela rassure ds lors totalement celui qui travaille dur pourgagner sa crote. De Wever ne peut toutefois pas sempcher de dbiterrgulirement des citations latines, une manire de dmontrer quil ne vient pasprcisment de la rue. Quil ait fait un peu plus dtudes que dautres ne lempchepas deffectuer ses courses chez Colruyt dans un costume nglig. Bref, Bart est unhomme du peuple avec des traits particuliers. Cest pourquoi la Flandre laembrass. Et vice-versa.

    Le discours nationalisteIl arrive souvent Bart De Wever de griffer sauvagement autour de lui commeun lion agac. Cest indubitablement le cas lorsque les media francophones veulentlattaquer, voire le diaboliser6. Le discours de De Wever est cependant moins subtilque ce que lon serait en droit dattendre dun intellectuel. Ses sorties tmoignentdune vanit trs vite froisse. Adoptant le style de feu le populiste bavarois Franz-Josef Strauss (1915-1988) sans doute son grand modle il fulmine contre tout quiveut lui barrer la route. Il ragit galement via le dpt de plaintes officielles contre

    4 Youtube. Schiltz over N-VA , http://www.youtube;Com/watch?v=o_MxLOv9yyQ&playnext=1&list=PL8CE48D266AD9CAF6 .5 Bart springt eruit. En ja, de N-VA was lang een eenmanspartij. Maar dat is al lang niet meer het

    geval, De Standaard, 16-17 juillet 2010.6 Do sa propension accoler la RTBF le surnom de Radio Mille Collines. Pour qui lignorerait,ctait le nom de la radio incitant en 1994 les Hutus assassiner les Tutsis. Cf. SEL, op. cit., p. 112.

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    les gredins 7. Mais en gnral il vite dentamer un dbat dtaill propos de lacollaboration et de lholocauste. De Wever est le plus brillant quand il peut vituprercontre les francophones arrogants qui ne feraient pas preuve de respect envers lesflamands ou contre les wallons paresseux qui seraient une charge pour lesflamands durs la tche8. Dans sa vision, les francophones sont des no-

    arrivants en Flandre et doivent donc acqurir droit de cit, comme tous lesimmigrants. Cest dautant plus trange que les belges francophones sont tout demme des compatriotes, donc des citoyens de ce pays. Or ce nest apparemmentplus le cas selon Bart De Wever. La frontire linguistique nest plus, pour lui, unefrontire administrative, mais est devenue une frontire politique .

    De Wever cherche lassentiment du peuple flamand son projetsparatiste. A cet effet, il ne sme pas seulement la haine, mais vise galement convaincre par des arguments rationnels . Des chiffres forts devraient pouvoirdmontrer que le sparatisme est la seule solution pour assurer la prosprit de laFlandre. Cest pourquoi De Wever aime brandir des statistiques bases sur des

    modles de calcul assez discutables9. Il prfre cet effet des mises en scneludiques. Cest ainsi quil sest rendu avec douze camions de livraison chargs defaux billets de banque aux ascenseurs de Strpy-Bracquegnies pour dmontrercombien dargent flamand avait t englouti dans ce projet inutile10. Il aimegalement agiter le montant de 11 milliards deuros de transferts sociaux annuels dela Flandre vers la Wallonie. Pour bien faire comprendre aux flamands ce que celasignifie pour eux, il ajoute quil sagirait ainsi de 5.000 euros par famille flamande.Bref, ceci constitue pour De Wever largument ultime pour dtacher la Flandre ducontexte fdral belge11. Priorit la prosprit de son propre peuple. De Weverajoute quil se prsente pour une Flandre forte . Cest pourquoi il faut absolumentune sixime rforme de lEtat. Car, selon lui, comme en tmoigne son interview dansDer Spiegel(13 dcembre 2010), la Belgique est lhomme malade de lEurope 12.

    Le discours de De Wever nest pas seulement bas sur cette logiqueconomique de fer , mais galement sur une argumentation culturelle et ethnique, savoir la formation dune Flandre indpendante sur base dune communaut dunpeuple comme cest le cas dans les Balkans. Seuls des compagnons dun peuple qui parlent la mme langue peuvent, selon lui, devenir des citoyens part entire.Un peuple, une langue, un Etat ? Mais que deviennent alors les autres langues etdialectes ? Sel indique dans son ouvrage que, lencontre de ce que prtend De

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    Cest ainsi quil a introduit une plainte auprs du Centre pour lEgalit des chances et la lutte contrele racisme quand lcrivain francophone Pierre Mertens laccusa en 2007 de ngationnisme (voirinfra).8 Quand le groupe Sudpresse dvoila que sa sur Karina stait installe en communaut dans lehameau de Poncelle Tintigny prs dArlon et y percevait des indemnits de chmage, les mediaflamands prirent immdiatement leur parti. Het Nieuwsblad intitula mme un article Les wallonsprennent la sur de De Wever pour cible ( B. MAECKELBERGH, Walen schieten op zus van DeWever , Het Nieuwsblad, 26 septembre 2007).9 Bien que les chiffres manent surtout du Voka, ils suscitent de grands points dinterrogation. Ceux-cifurent notamment soulevs par Andr Decoster, professeur au Centrum voor Economische Studiende la KUL en ce qui concerne les propositions lies la loi de financement. Cf. A. DECOSTER, Discussie over cijfers , De Standaard, 25 octobre 2010.10 SEL , op.cit., p. 111.11 Umberto Bossi recourt au mme discours pour dtacher lItalie du Nord (la Padanie ) de Rome etde lItalie mridionale corrompue. Cf. SEL, op. cit., p. 69.12http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,734735,00.html .

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    http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,734735,00.htmlhttp://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,734735,00.htmlhttp://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,734735,00.html
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    Wever, les langues rgionales reconnues en France peuvent bel et bien tre utilisesdans les organes politiquement reprsentatifs. La France nest dailleurs pas unenation identitaire comme le pense De Wever. Il est dailleurs douteux que la languepuisse constituer lensemble du peuple. Sel constate que la Flandre est unpatchwork de dialectes fort diffrents entre eux. Si la langue est nanmoins le

    nrlandais, autant sassocier aux Pays-Bas. Si lon prend comme point de dpart laparent entre les dialectes flamands, le Limbourg pourrait sassocier au pays rhnan,car le dialecte limbourgeois est plus proche du Klsch13 que du dialecte brabanon.La question cruciale est de savoir pourquoi la N-VA veut trononner lEurope enrgions identitaires. Il ny a pas darguments rationnels cet gard. Dans ces mini-Etats, on rencontrera galement nouveau des minorits, ce qui ne peut queconduire davantage de chaos. Et quid de lAllemagne ? On y rencontre galementdes minorits (Sorabes, Danois, Frisons), mais leur sparation davec lAllemagne nechangerait rien au poids conomique et politique de ce pays en Europe14.

    Lidentit de son propre peuple

    Selon Sel, lidologie identitaire du flamingant relve de lOrdre Nouveau. Onna pas tort de la relier au slogan son propre peuple dabord ( eigen volk eerst ).Cela convient un nationalisme promoteur de la dfense dun territoire ethniquementpurifi. Bart De Wever nest dailleurs pas le seul tenter de raliser des scores pardes expressions racistes enveloppes de traits humoristiques. Sel renvoie JanPeumans le fameux nain Plop qui, lors de son allocution du 11 juillet 2010 fitremarquer, dans un discours identitaire embrouill, que les juifs ne pouvaient pastre des flamands. Selon lui, cela se remarquait dans les rues dAnvers. Et il estimaitque les soi-disants juifs libraux taient aussi juifs que les juifs orthodoxes. Cetteallocution provoqua des remous au sein des cercles juifs, mais, typiquement, peine dans l opinion flamande. Dans une mission TV des Pappenheimers ilrpondit, aprs cet incident, la question de savoir propos de qui Voltaire avait un

    jour dit que ctait le peuple le plus pernicieux qui ait jamais pollu la terre, lesflamands les juifs ou les turcs, que ctaient les turcs. Par aprs, Peumans expliquaquil savait bien que ctaient les juifs. Cela je naurais pas os le dire ici, car lesjuifs sont trs sensibles sur cette question. Jen ai dj fait lexprience au Parlementflamand. Le public en studio ne put cacher son plaisir quand Peumans associa enoutre les juifs au verbe liquider 15. On peut supposer que Peumans et le matre duQuiz rieur se trouvaient sur la mme ligne16.

    On ne peut cependant pas taxer ouvertement les dirigeants de la N-VA de

    racisme. Cest que la tactique de la N-VA est claire. Le discours identitaire se basesur des arguments raisonnables , vitant surtout le recours au terme de race .Cest ainsi que, le 11 juillet 2010, Peumans a par son rcit identitaire de toutessortes de remarques sur le chauvinisme en football, le patriotisme, le nationalismeetc. en vue dindiquer que les sentiments des gens taient un peu partout peuplsdides national-populaires. Pour De Wever lidentit propre est mmeinstrumentalise pour aider les plus faibles de son propre peuple. Unecommunaut dun peuple forme cran face au reste du monde et protge en cela

    13 SEL, op.cit. p. 169.14 SEL sattarde galement quelque peu sur le cas du Luxembourg o le dialecte local a obtenu unstatut officiel. Voil une langue qui nintresse personne en Europe.15 Mia Doornaert fit savoir, dans une opinion mise dans De Standaard que tout ceci avait une odeurrance (De Standaard, 6 dcembre 2010).16http://www.youtube.com/watch?v=FSu_9CpaKiE .

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    http://www.youtube.com/watch?v=FSu_9CpaKiEhttp://www.youtube.com/watch?v=FSu_9CpaKiEhttp://www.youtube.com/watch?v=FSu_9CpaKiEhttp://www.youtube.com/watch?v=FSu_9CpaKiE
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    lindividu faible. Bref, ce discours constitue une variante de celui dun peuple quiveut vivre , jadis dvelopp par Hitler. Toutefois, prsenter Bart De Wever commeun nouveau Fhrer vous exclut immdiatement des media flamands17. Car Bart = laFlandre. Le critiquer quivaut ds lors une diabolisation 18. Et ce Calimero seconsidre alors comme la victime des francophones19.

    Le 29 septembre 2010, en dbut danne acadmique, De Wever a prsentune leon, intitule Wat is politiek ? luniversit de Gand, linvitation duprofesseur Carl Devos (SP.A). A la surprise gnrale De Wever ny traita pas dusujet propos mais essentiellement de lidentit. Il commena en ces termes : Quise sent dabord flamand ? , sans que Devos ne lui enlve la parole. Le leader taitdonc en plein dans son lment20 et le ton tait donn. Chez De Wever la politiqueconcerne lidentit et inversement. Le problme que na pas encore rsolu De Weverest de savoir si, laide dun discours identitaire, il peut aussi conqurir le pouvoir etsy maintenir. Il faut en effet quil prsente galement un modle de socit, sinon ilrestera le roi des protestataires. De Wever en est conscient. Cest pourquoi, depuis

    un certain temps, il a franchi le pas vers le conservatisme. Cest ainsi quil espresallier, outre llectorat flamingant (pas plus de 5 10% de la population), llectoratconservateur libral et dmocrate-chrtien. De Wever a dabord essay de se rfrerau ractionnaire britannique Edmund Burke. Il existe en fait aux Pays-Bas unefondation Edmund Burke21 cre par Bart-Jan Spruyt22 qui uvre son extensiondepuis lre Pim Fortuyn. Par contre, personne en Flandre ne connaissait EdmundBurke, pas plus ce moment que maintenant malgr le colportage de De Wever.

    De Wever est une ponge. Il est mme all faire son march en France, dansla ligne de Joris Van Severen qui stait abreuv LAction Franaise de CharlesMaurras23. De Wever a toutefois tir bien plus de profit dAlain de Benoist et de sonrseau de la nouvelle droite, GRECE (Groupement de recherches et dtudes pourla civilisation europenne), qui lui fournit une synthse de la formation dune identiteuropenne24. La Flandre na jamais t trs loigne de la France et De Wever nonplus. A partir de 2005 a circul, via le Vlaams Blok, une photo de De Wever encompagnie de Jean-Marie Le Pen, en 1996, dans le Vlaams Nationale Debatclub Anvers. Cette photo fut publie par La Libre Belgique en 200725. Bart De Wever sestdfendu en faisant remarquer quil se trouvait l plutt par hasard, comme auditeurvenu s informer . La rumeur circula cependant quil y apparaissait commemodrateur et non en tant que brebis gare26.

    17 Ce qui sest notamment produit lors dune mission de Terzake la VRT. Cf. SEL, op. cit., 218-219.18 Une terminologie emprunte Pim Fortuyn.19 Interview de Bart De Wever, We zijn geen Hutus en Tutsis, De Standaard, 25-26 septembre2010; David Coppi, Le froid puis le chaud. Il se dit victime des francophones, mais capable de nouerun compromis , Le Soir, 27 septembre 2010.20http://youtube.com/watch?v=bnpqu0AAoYY .21http://www.burkestichting.nl/nl/.22 On y retrouve toutes minences de la droite conservatrice et ractionnaire, tels FritsBolkenstein, Amanda Kluveld etc.23 Cf. B. DE WEVER, De schaduw van de leider. Joris Van Severen en het na-oorlogs Vlaams-nationalisme (1945-1970), Belgisch Tijdschrift voor Nieuwste Geschiedenis, 31me anne, ns 1-2,2001, p. 177-252.24 SEL, op. cit., p. 215.25 Les medias flamand ont refus de publier cette photo.26 SEL, op. cit., p. 49.

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    http://youtube.com/watch?v=bnpqu0AAoYYhttp://youtube.com/watch?v=bnpqu0AAoYYhttp://www.burkestichting.nl/nl/http://www.burkestichting.nl/nl/http://www.burkestichting.nl/nl/http://youtube.com/watch?v=bnpqu0AAoYYhttp://www.burkestichting.nl/nl/
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    Cest via De Wever que le discours de la nouvelle droite se propagea enFlandre de manire inattendue. Et cela de pair avec des mises en garde contre lechaos caus par le libralisme dmocratique et la mise au pilori desdysfonctionnements des institutions belges. Il sen prend aux dfenseurs de lasocit multiculturelle, mais sans afficher la grossiret de Filip De Winter et

    consorts. Depuis que ladoration de Bart De Wever a pris des formes grotesques,journaux et tlvision trpignent pour pouvoir linterviewer, au point que les camerasle suivent comme une star du pop. En tant que chouchou du public il officie de temps autre la fois comme matre de crmonie et comme orateur ft. Le sommet futatteint lors de lenterrement fort mdiatis de Marie-Rose Morel en la cathdraledAnvers. Comme vieil ami de Morel, De Wever put y tenir un discours induisantdu mme coup limpression quil y officiait comme le grand rconciliateur dunationalisme flamand27. Les propos critiques mis par les media francophones propos de ce spectacle se heurtrent un blme unanime de la part des mediaflamands. Oui, entretemps De Wever a acquis dans les media un statut de Leaderintangible. Cela lui confre une grande latitude pour offenser, de par sa fonction, les

    francophones. Tout dun coup, il a considr Jacques Brel comme un flamand dorigine hlas gar dans la francophonie28. Dans linterview mentionn DerSpiegel, il estimait quAlbert II tait un alli des wallons29.

    Mais tout cela ne constitue que de petites fredaines dun populiste. Reste laquestion par excellence de savoir si De Wever est aussi un radical de droite ou noir , revtu dune blanche peau de mouton. Mentionnons ainsi un incident fortrvlateur. Cest quen 2007 il provoqua la consternation en relativisant lacollaboration de ladministration communale anversoise la dportation dhabitants

    juifs durant la seconde guerre mondiale et en minimisant la porte des excusesprsentes par le bourgmestre Patrick Janssens la communaut juive. Selon DeWever, ctaient tout de mme les Allemands les principaux coupables de ladportation et du meurtre des juifs et non les fonctionnaires communauxcollaborateurs, non ? Il dut cependant, tout contrit, faire une dclaration auprs de lacommunaut juive dAnvers. Mais il se dfendit en faisant remarquer que la porteexacte de cet vnement faisait encore toujours dbat entre historiens , car danscette question tout ntait pas blanc ou noir. Lcrivain Pierre Mertens accusa ensuiteDe Wever dans Le Soir de ngationnisme. De Wever riposta par le dpt duneplainte auprs du Centre pour lgalit des chances et la lutte contre le racisme,plainte qui fut rejete, ce qui lamena sadresser la justice. Celle-ci ny vit quundlit de presse, ce qui en fit une affaire de cour dassises30. Une lettre ouverte du

    27 Cf. ce sujet Paul GOOSSENS, Politiek in de kathedraal , De Standaard, 9-10 fvrier 2011.28 B. DE WEVER, Erfgenamen van Uilenspiegel , De Standaard, 22 fvrier 2011.29 SEL, op. cit. p. 69.30http://blog.lesoir.be/sagabelgica/2011/03/21/. Le nationalisme dmocratique auquel en appellele prsident de la N-VA, Bart De Wever, ne supporte aucune critique. Ds que le dbat didessaiguise, il est trs rapidement empoisonn par des reprsentations simplistes dont il comble detemps autre ses troupes. Cest une constante dans lhistoire : les tendances nationalistes (et lesdictatures qui en dcoulent) ont toujours essay de billonner la presse et les intellectuels, cettecinquime colonne infiltre dans leur ligne de front idologique.Bart De Wever a commenc par accuser de manire scandaleuse Le Soird incitation la haineraciale . Il veut maintenant trainer lcrivain Pierre Mertens sur le bcher juridique. Lhistorien en DeWever savre incapable de dpasser les clameurs des nationalistes allemands en 1933, qui

    pensaient quen les brlant ils pouvaient purifier les crits qui ne leur convenaient pas et remettaienten question leur thories embrouilles. Autour des flammes, ils hurlaient : Dans lintrt dunecommunaut populaire et dune philosophie idaliste, je confie les crits de Karl Marx, de Freud, de

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    Soir vint en soutien Mertens contre De Wever31. Que faut-il en penser ? Comme laplupart des ngationnistes, De Wever ne relativise pas tant lampleur de lholocausteque le rle quy ont jou ses excutants et leur responsabilit en la matire. Il nesagit pas ici des gens qui ont dtourn la tte lors de la dportation de leursconcitoyens vers les camps dextermination, mais bien de tous ceux qui y ont

    concouru activement et avec enthousiasme. Et Bart De Wever dans tout cela ? Hbien, par ses remarques Bart De Wever a dni aux juifs le droit de reconstruire leurpropre histoire. Sans doute voulait-il aussi sous-entendre que ce ntaient pas les

    juifs, mais bien les flamands collaborateurs qui sont apparus comme les vraiesvictimes dans cette affaire.

    Une Europe conservatrice ?Bart de Wever a su tirer parti de sa grande victoire lectorale de 2010. Cest

    ainsi quil fut invit en avril 2011 par le premier ministre britannique David Cameron.Toutefois, la N-VA a toujours milit pour le rattachement de lIrlande du Nord laRpublique dIrlande, puis maintenant pour lindpendance de lEcosse et du Pays

    de Galles. Comment a-t-il pu expliquer cela Cameron ? Apparemment, il nest passi attach que a au nationalisme populaire, car il laisse volontiers la porte ouverteau conservatisme, dautant plus quil a lui-mme la rputation de faire partie de la droite correcte . Cela signifie notamment quil sest oppos la loi acclrantlacquisition de la nationalit belge, quil a voulu renvoyer immdiatement lesdemandeurs dasile par avion et a rcemment mis le souhait de fermer lesfrontires aux rfugis provenant en majeure partie de Tunisie, qui avaient abord enItalie. Et il est plutt tent de dconstruire lEtat-Providence. En guise dargumentssur ce dernier point, il faut appel Thodore Dalrymple (Antony Daniels), psychiatreayant publi un ouvrage sur les dessous de la socit britannique, ouvragercemment traduit en nrlandais32. Il estime que lEtat-Providence est un chec carses allocations perptuent les classes infrieures. Il suffirait dabolir cet Etat-Providence et tout rentrerait dans lordre33. Apparemment, Dalrymple a bien coutMargaret Thatcher.

    Par aprs, De Wever accueillit Anvers au KVHV (Katholiek HoogstudentenVerbond) le prsident conservateur tchque Vaclav Klaus pour un exposeurocritique34. Il a galement prfac un article de David Cameron dans leStandaard, un plaidoyer pour intensifier la lutte contre le terrorisme et traiter plus

    Brecht au feu. Contre la trahison littraire et en vue dduquer le peuple dans lesprit de la vrit, jeconfie les crits dErich-Maria Remarque au feu . Cette fois, cest lcrivain, plutt que son uvre, qui

    est conduit au bcher. Ce qui dplat Bart De Wever, cest quune autorit de renommeinternationale ait os le dfinir, au vu de ses propositions relatives aux juifs anversois, comme unngationniste. Mark Eyskens, le sage du CD&V est all encore plus loin en lui reprochant d utiliserdes arguments issus de la littrature nonazie . Les partis dmocratiques, unanimes, avaient blmson ngationnisme acharn , sans subir cependant lanathme de celui avec qui ils sigeaientpoliment table lors des ngociations relatives la rforme de lEtat. Nous esprons que la plainte de De Wever arrive en Cour dassises, afin quil soit confront avecses draillements. Nous rptons donc en chur avec Pierre Mertens : Vos propos sontngationnistes . Nous attendons avec impatience et srnit le juge dinstruction qui vous chargeraitvolontiers de nous mener, nous aussi, au bcher (Marc Metdepenningen)31 SEL, op. cit., p. 84-85.32 T. DALRYMPLE, Door en door verwend. Kritiek op de sentimentele samenleving, Amsterdam,Nieuw Amsterdam, 2011.33 Cf. De Standaard, 6 mai 2011.34http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/mediatheek/programmas/terzake/2.15865/2.15866/1.1031952.

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    http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/mediatheek/programmas/terzake/2.15865/2.15866/1.1031952http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/mediatheek/programmas/terzake/2.15865/2.15866/1.1031952http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/mediatheek/programmas/terzake/2.15865/2.15866/1.1031952http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/mediatheek/programmas/terzake/2.15865/2.15866/1.1031952http://www.deredactie.be/cm/vrtnieuws/mediatheek/programmas/terzake/2.15865/2.15866/1.1031952
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    nergiquement les immigrants refusant de sadapter35. Dans son introduction, DeWever soulignait que Cameron, tout comme dailleurs Angela Merkel et NicolasSarkozy, avait dclar lchec du multiculturalisme comme idologie dEtat. Leremde contre le vivre cte cte consiste crer une socit interculturelle base sur le sens de la communaut, enracin dans les droits et liberts du

    libralisme dans une identit plurielle mais commune 36

    . De Wever terminait sadmonstration en faisant remarquer que Cameron avait indiqu que la pense propos de limmigration en Europe tait en train de changer . Cest bien ce dernierpoint qui intressait De Wever, car il navait rien faire de ce pluralisme dnonc 37.Chez De Wever, comme nous lavons vu, il ne sagit pas dinterculturalit maisdidentit.

    On clame partout que De Wever est un authentique dmocrate. Est-ce lecas ? Quelquun qui se retourne contre le VB est-il par dfinition un dmocrate ?Chez De Wever le refus du VB est uniquement bas sur le refus des campagneshaineuses contre les immigrants. Par ailleurs, De Wever ne svit pas contre ses

    mandataires qui entretiennent de bons contacts avec le VB et qui apparaissent, parexemple, la Ijzerwake annuelle. En fait, il nest pas question de grandesoppositions de fond entre ces deux partis nationalistes. La N-VA apparat surtoutcomme une version light du VB, mais pas aux antipodes de celui-ci. Les deuxpartis veulent une Flandre indpendante, martlent lidentit flamande, sontrpublicains et partent de lide que tout ce qui est wallon est faux. Les mandatairesdes deux partis ne se rencontrent pas seulement au Parlement, mais aussi dans desclubs. Cest ainsi que Jan Jambon, employ jusquen 2007 la Bank Card Companyavant de devenir dput, a prsent In de Warande Bruxelles son manifestetraitant des transferts entre Flandre et Wallonie. Ce quon ignore, selon Sel, cest queJambon a ensuite travaill au sein du Think Tank Res Publica dont Bruno Valkeniersest galement membre.

    Comment continuer : avec ou sans De Wever ?La prise de pouvoir attendue de la N-VA a rendu les flamingants

    prsomptueux depuis juin 2010. Depuis lors, leur discours vise laisser pourrir lasituation politique en sabotant les institutions. Pour eux, il nest pas ncessaire quede nouvelles lections crent des perspectives de rapprochement dune solutionngocie : il suffit quelles approfondissent la crise politique. Le seul problme de DeWever consiste maintenir la cohsion de ses troupes. Des lecteurs duspourraient bien modifier leurs prfrences et chercher leur salut ailleurs. Dautre

    part, laile extrmiste regorge de figures prtes passer laction. Combien detemps les media flamands vont-ils encore couvrir de leur mansutude les actions duTAK (Taalaktiekomitee) ?38 . A leuphorie succde toujours le temps de la rflexion.La question ne surgit-elle donc pas de savoir si les flamingants ne mnent pas descombats darrire-garde dsesprs ? Leur objectif de se soumettre Bruxelles napas lombre dune chance. Bruxelles est et reste le moteur internationalis dun

    35 D. CAMERON , Gedaan met de slappe tolerantie , De Standaard, 23-24 juillet 2011.36 B. DE WEVER, David Cameron , De Standaard, 23-24 juillet 2011.37 Idem .38 Il existe dailleurs des liens troits entre TAK et N-VA. Le TAK se runit pour des soires la biredans la Vlaams Huis la Rue de la presse, qui sert le plus souvent de base de dpart pour des

    manifestations et autres actions . Voir TAK op Koppen (n) , 13 novembre 2007.http://www.youtube.com/watch?v=XpKqiCXv_Vs&feature=autoplay&list=PL8CE48D266AD9CAF6&index=14&playernext=4 .

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    http://www.youtube.com/watch?v=XpKqiCXv_Vs&feature=autoplay&list=PL8CE48D266AD9CAF6&index=14&playernext=4http://www.youtube.com/watch?v=XpKqiCXv_Vs&feature=autoplay&list=PL8CE48D266AD9CAF6&index=14&playernext=4http://www.youtube.com/watch?v=XpKqiCXv_Vs&feature=autoplay&list=PL8CE48D266AD9CAF6&index=14&playernext=4http://www.youtube.com/watch?v=XpKqiCXv_Vs&feature=autoplay&list=PL8CE48D266AD9CAF6&index=14&playernext=4
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    arrire-pays plus vaste. En outre, il est impossible darrter la croissance delagglomration bruxelloise. Le nombre d expatris saccrot chaque anne, ycompris dans la priphrie, ce qui rend la capitale encore plus multilingue. Beaucoupde gens travaillent Bruxelles sans y habiter : cela concerne les quelque 240.000navetteurs en provenance de Flandre. Quel statut leur octroyer ?

    De Wever est incapable de rsoudre ce dernier problme. Sa popularitpourrait, de ce fait, en tre phmre. Il ne peut consolider son pouvoir en Flandrequen trouvant une assise populaire plus large. Cest pourquoi il tente dobtenir lesoutien permanent de la bourgeoisie flamande. Celle-ci a maintenant comme porte-parole le VOKA (Vlaams Netwerk van Ondernemingen), auparavant VEV (VlaamsEkonomisch Verbond), qui est prsent dans le gouvernement flamand vie PhilippeMuyters. La bourgeoisie flamande veut dtruire lEtat-Providence solidaire au motifquil impose trop de charges leurs entreprises relativement intensives en mainduvre. La bourgeoisie flamande dispose peine, linverse de multinationalescomme AB Inbev ou Bekaert, de mesures fiscales favorables ou de paradis fiscaux.

    Elle a ds lors tout intrt rompre la solidarit avec la Wallonie. Cette bourgeoisieflamande est trs conservatrice car issue du milieu paysan. La plupart du temps ellea connu une longue carrire dans le mouvement flamand. A lissue de la secondeguerre mondiale ltablissement de multinationales en Flandre lui a permis de sedvelopper dans la sous-traitance. Cest pourquoi elle dsire exercer une plusgrande emprise sur la politique socio-conomique dans sa propre rgion. La crisefinancire internationale a, depuis 2008, contrecarr ses plans. Lempire KBC achancel et na pu tre maintenu en vie que par une intervention da gouvernementflamand. Beaucoup dentreprises textiles et de fabricants de tapis subissent lecontrecoup de la rcession, et quelques-unes on dj d faire aveu de faillite. Ce futrcemment le cas du producteur dessuies de bain Santens, situ Oudenaarde(perte de plus de 400 emplois). De mme la dbcle de Fortis a ouvert des plaiesprofondes. Cest ainsi que, suite la dconfiture de la Fortis de Maurice Lippens,cest notamment la famille courtraisienne Van Wayenberge39, oprant dans lecommerce du lait en poudre, qui a perdu une partie de sa fortune.

    Une usure rapide guette les politiciens lheure actuelle. Les media sont eneffet toujours en qute de nouvelles figures pour les exploiter. Celui qui, en tantquhomme politique, ne peut sappuyer sur une base de pouvoir locale, en fera lesfrais. Ce qui peut expliquer lintrt port par De Wever au maorat dAnvers. Sera-ce une nouvelle aventure populiste ? Il aura ds lors besoin de lattention voulue des

    media, qui ne lui fait dailleurs pas dfaut. Certains intellectuels violets se sontdj convertis lune ou lautre forme de flamingantisme via le Gravensteengroep 40.Certains ne se sont connvertis quaprs la victoire lectorale de 2010. Parmi euxTom Naegels qui dclarait dans NRC Handelsbladque le populisme tait dpass

    39 Le baron Piet Van Wayenberge habite Gaasbeek dans le Pajottenland. Beaucoup dindustriels dutextile, notamment les familles Santens en Sioen se sont retrouves dans cette mme situation malchanceuse . Il est toutefois frappant que ces flamingants fortuns ont sans problme investi enFortis, un projet du francophone Maurice Lippens.40 Le ton de ses manifestes est radical, libral et flamingant et rvle que le nationalisme flamandexerce une emprise sur une frange des ex-violets et de la franc-maonnerie. Parmi les personnalitsfigurent notamment Etienne Vermeersch, mais galement des flamands plus ou moins connus comme

    le producteur de films Jan Verheyen (lecteur N-VA), lavocat Piet Van Eeckhaut (SP.A), BrigitteRaskin, Willy Courteaux, Jan Van Duppen (SP.A), Karel Gacoms (FGTB-Mtal), feu Tuur VanWallendael (SP.A), Ludo Abicht et Jean-Pierre Rondas. La plupart ne sont pas de premire jeunesse.

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    en Flandre41. Ce faisant, il ragissait un article paru dans Le Monde, selon lequeltant les Pays-Bas que la Belgique taient malades du populisme. Selon Naegels, centait le cas quaux Pays-Bas, pas en Belgique42. Wilders aux Pays-Bas lui rappelaitle Filip de Winter dil y a quinze ans. La N-VA a eu le mrite davoir russi lapremire regagner des lecteurs pour la dmocratie. Et ensuite, la N-VA a eu le

    courage de rsister au chant de sirnes du VB. Naegels prtendait aussi savoir quelambition de De Wever est - outre la disparition de la Belgique - de mtamorphoserle nationalisme flamand en un courant politique normal et civilis.

    En guise de conclusionSommes-nous dans une situation semblable celle de la rpublique de

    Weimar ? Les institutions tatique sont en effet remises en question. Idem pourlordre social bas sur lEtat-Providence. De Wever reste perptuellement vague dslors quil sagit des plans davenir pour la Belgique. Lindpendance flamande,comme le prescrit le programme de son parti ? Jusquen 1932, Hitler restait toutaussi vague quand ses vrais plans. En public il ne sacharnait, en jouant sur la

    corde motionnelle , que sur la corruption des partis politiques, sur ledysfonctionnement de la rpublique ses mots-cls taient peuple, nation, unit,espoir, avenir, avant-garde Le national-socialisme tait appel devenir lenouveau lien du peuple allemand, car cest la division qui cause la perte dunenation. Entretemps, il ngociait en coulisses avec les barons du charbon et de lacierainsi quavec les producteurs de lindustrie chimique de guerre une autre Allemagne.Mais la dmocratie nest-elle pas, lheure actuelle, fortement ancre en Europe ?Le problme est cependant, selon M. Sel, que la dmocratie doit sans cesse semriter. La dmocratie, au contraire, est trs concrte, et temporaire. Elle se vit aujour le jour et cest ce qui la rend fragile. Le nationaliste, lui, dbarrass du poids duquotidien par la nature abstraite de son projet, peut mentir, manipuler, rejeter la fautesur lautre ou mme sur le systme dmocratique lui-mme. La magnificence quilpromet llecteur est telle quattendre vaut les efforts consentis, les checs vcus,les cueils rencontrs 43.

    Quel est maintenant le danger qui mane de la N-VA ? En tout cas, ce particonstitue un lment actif de la rvolution conservatrice en Europe. Un peu partoutdes leaders populistes tentent dinoculer le nationalisme pour mobiliser leur proprepeuple contre le modle de coopration multiculturelle et lEtat-Providence. Quefaire ? En premire instance, il faut absolument refuser le projet politique de DeWever. Ce devrait tre la tche des partis politiques, des mouvements sociaux et des

    syndicats. Ensuite, il faudra quon reconnaisse en Flandre que lon ne pourraprogresser que par la coopration et non la confrontation entre rgions etcommunauts. En Belgique, un pas dans cette direction pourrait tre, enfin, lasignature de la convention-cadre europenne en faveur des langues rgionales etdes langues minoritaires qui date de 1992. Cette convention vise notamment dunepart rguler la protection et la promotion de langues rgionales et de languesminoritaires menaces et dautre part doffrir la possibilit aux individus parlant ces

    41 T. Naegels, Belgi is het populisme juist voorbij , NRC Handelsblad, 8 septembre 2010.42 Ce qui suit nest comprhensible que si lon sait ce quil en est advenu par la suite de Tom Naegels.Comme journaliste free-lance et ditorialiste, il est devenu ombudsman au Standaard, un journal quiavait auparavant mis en vidence Leterme comme accro de technologie avec son Blackberry, puis en

    fit autant avec De Wever qui on accorda tous les quinze jours une tribune libre pour y afficher sapseudo-sagesse.43 M. SEL, op. cit., p. 411.

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    langues rgionales ou des langues minoritaires de les utiliser aussi bien dans la viepublique quen priv44. Ce geste pourrait enlever beaucoup de pression au chaudroncommunautaire.

    44 Pour chacune des langues concernes, il faut choisir au moins 35 mesures traduire dans lapolitique et la lgislation pour protger et promouvoir la langue en question. Les mesures diffrent en

    volume et en porte concernant les sept domaines suivants : lenseignement, les autorits judiciaires,les pouvoirs et services publics, les media, les activits culturelles et leur financement, la vieconomique et sociale, les changes transfrontaliers.

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