Baromètre santé jeunes 97/98 SANTE... · Claude Jouglard du CFES. • Sport et activité physique...

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BAROMÈTRES sous la direction de Jacques ARÈNES Marie-Pierre JANVRIN François BAUDIER préface de Bernard KOUCHNER Pour la première fois en France, une grande enquête sur la santé des jeunes, scolarisés ou non, a été réalisée. Plus de 4 000 adolescents de 12 à 19 ans, répartis sur l’en- semble du territoire national, ont été interrogés dans leur foyer, après tirage au sort de leur numéro de téléphone. Les réponses ont été recueillies durant deux mois et ana- lysées minutieusement par une équipe pluridisciplinaire : médecins, statisticiens, démographes, psychologues... Le Baromètre santé jeunes 97/98 aborde les connais- sances, opinions, attitudes et comportements des 12-19 ans liés aux grands thèmes de santé qui les con- cernent : nutrition, sport, sexualité, violence, suicide, accidents et consommation de tabac, d’alcool ou de can- nabis. Une attention particulière a été portée à l’environ- nement du jeune (pairs et adultes), à sa qualité de vie et à sa perception subjective de la santé. La méthodologie de recherche, équivalente à celle du Baromètre santé adultes, permet de comparer dans une même démarche les comportements de l’adolescent et du jeune adulte. La diversité des thèmes, la précision des analyses et la pertinence des commentaires d’adolescents, de parents et de professionnels du milieu scolaire, font de ce Baro- mètre un ouvrage de référence sur la santé des jeunes. ISBN 2-908444-52-6 réf. 71-98262-L 2, rue Auguste Comte BP 51 92174 Vanves cedex France [email protected] 3615 CFES Baromètre santé jeunes 97/98 BAROMÈTRES Baromètre santé jeunes 97/98

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B A R O M È T R E S

sous la direction deJacques ARÈNESMarie-Pierre JANVRINFrançois BAUDIER

préface deBernard KOUCHNER

Pour la première fois en France, une grande enquête surla santé des jeunes, scolarisés ou non, a été réalisée. Plusde 4 000 adolescents de 12 à 19 ans, répartis sur l’en-semble du territoire national, ont été interrogés dans leurfoyer, après tirage au sort de leur numéro de téléphone.Les réponses ont été recueillies durant deux mois et ana-lysées minutieusement par une équipe pluridisciplinaire :médecins, statisticiens, démographes, psychologues...

Le Baromètre santé jeunes 97/98 aborde les connais-sances, opinions, attitudes et comportements des12-19 ans liés aux grands thèmes de santé qui les con-cernent : nutrition, sport, sexualité, violence, suicide,accidents et consommation de tabac, d’alcool ou de can-nabis. Une attention particulière a été portée à l’environ-nement du jeune (pairs et adultes), à sa qualité de vie et àsa perception subjective de la santé.

La méthodologie de recherche, équivalente à celle duBaromètre santé adultes, permet de comparer dans unemême démarche les comportements de l’adolescent etdu jeune adulte.

La diversité des thèmes, la précision des analyses et lapertinence des commentaires d’adolescents, de parentset de professionnels du milieu scolaire, font de ce Baro-mètre un ouvrage de référence sur la santé des jeunes.

ISBN

2-9

0844

4-52

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f. 71

-982

62-L

2, rue Auguste ComteBP 5192174 Vanves [email protected] CFES

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Secrétariat de rédaction Marie-Frédérique CormandConception graphique Jean-Yves VerduMaquette et réalisation Philippe FerreroImpression Fabregue

Le CFES autorise l’utilisation et la reproduction des résultats de cette enquêtesous réserve de la mention des sources, à l’exception des photos.

Comité français d’éducation pour la santé2, rue Auguste Comte BP 51 92174 Vanves cedex Quatrième trimestre 1998

Jacques Arènes Statisticien, psychologuechercheur-coordonnateur des Baromètres santédu CFES

Pierre Arwidson Médecin, adjoint au chef du départementStratégie et Études du CFES

François Baudier Médecin, responsable du département de Santépublique de la Cnamts

Béatrice Cotelle Nutritionniste au CFES

Christiane Dressen Sociologue, chef du départementStratégie et Études du CFES

Arnaud Gautier Statisticien au CFES

Philippe Guilbert Economètre, chargé d’études au CFES

Marie-Pierre Janvrin Démographe, chargée d’études au CFES

Annie Velter Démographe, chargée d’études au CFES

les auteurs

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Baromètresanté 97/98jeunessous la direction deJacques ArènesMarie-Pierre JanvrinFrançois Baudier

préface deBernard Kouchner

B A R O M È T R E S

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relecteurs

• Environnement et qualité de vie des jeu-nes • Francis Guillemin, maître de conférenceà l’Université de Nancy. Dr Françoise Narringde l’IUMSP de Lausanne. Dr Omar Brixi et Fa-bien Tuleu du CFES.

• Nutrition • Claude Michaud du Comitédépartemental d’éducation pour la santé duDoubs. Marie-Françoise Rolland-Cachera del’unité 290 de l’Inserm. Christine Ferron etClaude Jouglard du CFES.

• Sport et activité physique • Dr MartineAttal et Dr Michel Guinot du ministère de laJeunesse et des Sports. Dr Françoise Narring

de l’IUMSP de Lausanne. Christine Ferron duCFES.

• Vie affective et sexuelle • Dr IsabelleGrémy de l’ORS d’Île-de-France. Hugues La-grange de l’Observatoire sociologique du chan-gement du CNRS. Christine Ferron et LucSpeisser du CFES.

• Consommationde substances psychoactives

Alcool • Dr Philippe Arvers du Service desanté des armées à La Tronche.

Tabac • Gérard Badeyan du Sesi. DanielleFontaine de la Fnors. Catherine Hill de

remerciements

L’étude pilote a été rendue possiblegrâce à la collaboration de :• Dr Maggy Le Roy-Hiest del’Inspection académique de Seine-Saint-Denis, service de promotion dela santé en faveur des élèves,• Marie-France Salvia, directrice ducollège Paul-Painlevé à Sevran,• Marie-Claire Duco, professeur aucollège Paul-Painlevé.

Merci à tous ceux qui ont apportéleur concours à la réalisation de ceBaromètre :• Stéphane Marder, LaurenceLelièvre et les enquêteurs de l’Institutde sondage BVA• Brigitte Cadéac d’Arbaud de « FilSanté Jeunes »• Myr Muratet, photographe• Isabelle Gravillon pour le recueil et larédaction des encadrés detémoignages• Les magazines Phosphore et Okapipour l’organisation des groupes detémoignages• Les personnes qui ont bien vouluse prêter au jeu des photographieset notamment les élèves du collègePaul-Painlevé.

La méthodologie et le questionnaireont été élaborés en concertation avec leDr Pierre-André Michaud, le Dr FrançoiseNarring et André Berthoud de l’Institutuniversitaire de médecine sociale etpréventive (IUMSP) de Lausanne, avecBéatrice Janin de l’Institut suisse deprévention de l’alcoolisme et autrestoxicomanies (Ispa)et en liaison avec de nombreuseséquipes françaises :• Marie Choquet (Inserm),• Isabelle Grémy (ORS d’Île-de-France),• Elisabeth Hausherr (Conseil généralde Seine-Saint-Denis),• Hubert Isnard (DGS),• Hugues Lagrange (CNRS),• Hélène Siavelis (Conseil général deSeine-Saint-Denis),ainsi que• Gérard Badeyan (Sesi),• Michel Ballereau (DGS/division sida),• Jacqueline Baltagie (ministère del’Éducation nationale),• Chloé Carpentier (OFDT),• Alain Garnier (ministère de la Jeunesseet des Sports),• Nicole Guérin (Cidef),• Michel Rotily (ORS Paca) et• Patrick Sansoy (Mildt).

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l’Institut Gustave Roussy. Pr Albert Hirschde l’hôpital Saint-Louis. Françoise Hoddebardu bureau SP3 de la DGS. Serge Karsentydu CNRS, Droit et changement social.Dr Annie Sasco du Circ. Karen Slama del’Union nationale contre la tuberculose.

Drogues illicites • François Beck del’OFDT. Marie Choquet de l’Unité 472 del’Inserm. Dr Isabelle Grémy de l’ORS d’Île-de-France. Béatrice Prat et Danielle Vasseurdu CFES.

• Violence, suicide et conduites d’essai •Pr Philippe Jeammet de l’Institut Mutualiste Mont-

souris. Dr Pierre-André Michaud de l’IUMSPde Lausanne. Christine Ferron du CFES.

• Accidents • Dr Christine Duval du bureauVS1de la DGS. Dr Anne Tursz de l’Unité 502de l’Inserm. Dr Jacques Yacoubovitch de laCellule d’observation des accidents de la viecourante.

• Consommation de soins et vaccina-tions • Dr Valérie Grassullo, responsable desvaccinations du département de Seine-Saint-Denis. Dr Nicole Guérin du Cidef. Dr BrigitteSandrin-Berthon du CFES.

réalisation

Comité français d’éducation pour la santé

En partenariat avec

la Caisse nationale de l’assurance maladiedes travailleurs salariés

le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité(direction générale de la Santé)

Avec le concours

du Haut Comité de la santé publique

de la Mission interministérielle de luttecontre la drogue et la toxicomanie

de la Mutualité sociale agricole

du Conseil général de Seine-Saint-Denis

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Une politique de prévention adaptée suppose de mieux connaî-tre et de comprendre les comportements de santé. Les étudessur la santé des jeunes ont surtout porté sur des jeunes scolari-sés. Cette année, pour la première fois, ont également étéinterrogés les jeunes sortis du système scolaire donnant ainsiune image complète des Français de 12 à 19 ans face à leursanté.

Cette enquête porte à la fois sur les comportements vis-à-vis dutabac, de l’alcool, des produits illicites mais également sur lanutrition, le rapport au corps et aux transformations corporelles,le suicide. Attitudes et perceptions font l’objet d’une analyseparticulière.

Premier enseignement encourageant : les jeunes ont, de leursanté, une perception très positive. Mais cela ne doit pasmasquer des comportements de souffrance qui s’expriment autravers de la violence, du suicide ou de l’usage de substanceslicites ou illicites.

Ainsi, même si l’on observe une baisse de la prévalencetabagique, la consommation annuelle d’alcool est restée stableet l’expérimentation de cannabis, quant à elle, augmente.

Il est surtout frappant de constater que ces comportementsprogressent tout au long de l’adolescence et de la post-adolescence jusqu’à l’âge de 20-24 ans pour décroître ensuite.En termes de prévention comme de prise en charge, il apparaîtdonc artificiel de séparer les mineurs des jeunes adultes.

Mais derrière cette continuité apparente, la période 15-19 ansparaît critique : tant chez les filles qui présentent des signes desouffrance mentale que chez les garçons qui l’expriment pardes actes violents. C’est vers eux que doivent tendre avant toutles efforts de prévention, d’écoute et de soutien qui contribue-ront à la fois à leur assurer une meilleure santé et à permettreleur épanouissement et leur intégration sociale.

Bernard KouchnerSecrétaire d’État à la Santé

préface

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des chiffres pour un dialogue

Le Baromètre santé jeunes a été, pour tous ceux qui y ont participé, uneaventure humaine mais aussi « méthodologique ».

Dès le début des années quatre-vingt-dix, au moment de la réflexion autourdes enquêtes nationales périodiques, le Comité français d’éducation pourla santé (CFES) avait le projet d’installer trois Baromètres santé. Il a fallupresque cinq ans pour préparer celui sur les adolescents. Cinq ans deréflexion, cinq ans de rencontres avec des spécialistes français et étran-gers, cinq ans pour bâtir une enquête donnant des garanties de rigueur surle plan scientifique.

Durant toute cette période, l’équipe de CFES a acquis un savoir-faire qui luia donné la possibilité, en 1997, de prendre un risque maîtrisé pour réaliserla première enquête française par téléphone auprès d’un échantillon natio-nal représentatif de jeunes de 12 à 19 ans. En fait, le véritable « déclic »s’est produit lorsque nous avons rencontré l’équipe de Pierre-André Michaud.Son expérience reconnue sur le plan national et international, son ouver-ture d’esprit, sa disponibilité pour partager nos réflexions et nos interroga-tions, nous ont conduits vers la finalisation d’une approche qui s’est révéléepar la suite novatrice, rigoureuse et surtout répondant à nos attentes.

L’aventure fut aussi humaine.

Le contact avec des milliers de jeunes a permis à toute l’équipe de vivredes moments forts, intenses, émouvants, dont certains sont décrits dansl’introduction de cet ouvrage. Au téléphone, avec des jeunes à la fois sé-rieux et pleins de sensibilité, mais aussi au cours de l’étude pilote au seind’un collège de la région parisienne ou lors de la présentation des premiersrésultats à des groupes d’adolescents et d’adultes, toutes ces rencontresfurent d’une rare qualité.

Alors, derrière les centaines de chiffres de cet ouvrage, les pourcentageset les graphiques, il y a toute une population adolescente qui a accepté dese livrer. Notre responsabilité d’adulte et d’éducateur est engagée dans cepartage. C’est pourquoi, loin de stigmatiser tel ou tel comportement desanté, la seule ambition de cet ouvrage est de favoriser une ouverture audialogue dans un souci de compréhension réciproque entre adultes et jeunes.

Les coordonnateursdu Baromètre santé jeunes

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photographies Myr Muratet

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Environnement et qualité de vie des jeunesLa qualité de vie des 12-19 ans a été étudiée dans sa relation avec l’environnementdu jeune : rapport aux parents, loisirs et sociabilité. L’utilisation de la même échellemultidimensionnelle que le Baromètre santé adultes a permis la comparaison de laqualité de vie perçue par les adolescents avec la population des 18-75 ans et demettre ainsi en valeur la fragilité particulière de certains âges de la vie, notammentles filles de 15 à 19 ans.

Jacques Arènes, Arnaud Gautier

NutritionLa fréquence, l’environnement, l’ambiance, le lieu de prise des trois repas princi-paux, mais aussi la composition du petit déjeuner et les prises alimentaires desjeunes en dehors de ces repas ont été étudiés en détail. Les adolescents ont éga-lement été interrogés sur leur poids et la perception de leur corps, ainsi que surcertains comportements alimentaires spécifiques.

Béatrice Cotelle, François Baudier

Sport et activité physiqueLe sport est une notion souvent associée à la jeunesse tant au niveau d’une prati-que (à l’école, dans un club, dans la rue…), qu’en ce qui concerne des habitudesculturelles (tenue vestimentaire, goût du spectacle sportif). Cette vision d’une jeu-nesse sportive correspond-elle à une réalité d’ensemble ou ne concerne-t-elle qu’unepartie des adolescents ? Quelles sont les motivations affichées à la pratique d’unsport ? Ce chapitre aborde également le concept plus général « d’activité physique ».

Philippe Guilbert, François Baudier

Vie affective et sexuelleL’entrée dans la sexualité active est une période importante de la vie. Commentles pratiques des filles et des garçons dans ce domaine ont-elles évolué au coursde ces dernières années ? Quelles ont été les modifications quant aux comporte-ments de protection contre les MST et à l’utilisation des moyens contraceptifs ?Ce chapitre analyse les grandes tendances observables sur ce sujet sensible.

Christiane Dressen, Philippe Guilbert, Arnaud Gautier

Introduction et méthodologieLa première vague du Baromètre santé jeunes a été réalisée auprès d’un échan-tillon national représentatif de 4 115 jeunes âgés de 12 à 19 ans scolarisés et nonscolarisés. Un jeune Français sur 1 500 a été interrogé et la méthode d’enquêteutilisée a été celle de l’interview aléatoire par téléphone.

Marie-Pierre Janvrin, Arnaud Gautier, Jacques Arènes

sommaire

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Consommation de substances psychoactives

Drogues illicitesLes évolutions de la consommation de drogues illicites— principalement lecannabis — sont discutées ainsi que l’exposition à l’offre de drogue, l’âged’initiation et les relations de la consommation de cannabis avec les fac-teurs socioéconomiques et les autres comportements de santé.

Annie Velter, Jacques Arènes

« Polyconsommation » de substances psychoactivesLes liens étroits entre consommations d’alcool, de tabac et de cannabis sontanalysés. Certaines caractéristiques des jeunes polyconsommateurs sontdécrites. Ainsi, plus d’un jeune (de 15 à 19 ans) sur quatre dit avoir au moinsune fois dans sa vie bu de l’alcool, fumé une cigarette et consommé du can-nabis.

Arnaud Gautier, Jacques Arènes, Annie Velter

AlcoolLa consommation d’alcool est une pratique couramment répandue en Fran-ce, aussi bien parmi les adultes que parmi les plus jeunes. Cette étude dé-crit non seulement les fréquences de consommation et les quantités buespar les adolescents, mais encore les comportements s’inscrivant dans lecontexte de la prise de risque comme les ivresses et les situations de dé-pendance (test Deta).

François Baudier, Philippe Guilbert

TabacDepuis deux décennies, une décroissance du pourcentage d’adolescentsdéclarant fumer (même de temps en temps) est observée. Des résultats surles comportements tabagiques des jeunes sont détaillés dans ce chapitreet mis en perspective avec d’autres études réalisées par le CFES. Le res-pect ou non des interdictions (parents, lois…) est aussi mesuré à partir dudéclaratif des 12-19 ans.

François Baudier, Annie Velter

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219Violence, suicide et conduites d’essaiUne attention particulière est portée aux actes hétéroagressifs dont les adolescentssont victimes ou acteurs (violence physique, racket, rapports sexuels forcés). Lesconduites suicidaires font, elles aussi, l’objet d’une exploration approfondie. De plus,le profil des jeunes qui ont « fait quelque chose de risqué par plaisir ou par défi » aété étudié.

Marie-Pierre Janvrin, Jacques Arènes, Philippe Guilbert

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Annexe méthodologique et questionnaireLa méthodologie d’échantillonnage de cette enquête est exposée et les analysesstatistiques employées dans l’ouvrage sont décrites. Enfin, les 150 questions po-sées aux adolescents sont présentées.

Arnaud Gautier, Marie-Pierre Janvrin, Jacques Arènes

AccidentsLes accidents sont la première cause de mortalité évitable chez les jeunes. Uneéchelle de perception du risque accidentel en relation avec d’autres risques est dé-crite dans ce chapitre. La fréquence et le type d’accidents survenus chez les 12-19 ans sont ensuite étudiés selon différents critères sociodémographiques et com-portementaux.

Marie-Pierre Janvrin, François Baudier

DiscussionLes grandes lignes de force des résultats obtenus dans le présent Baromètre sontanalysées dans ce chapitre, notamment au niveau des différences liées au sexe, àl’âge, à la structure familiale, aux aspects socioéconomiques ou territoriaux. Lesprincipales évolutions sont aussi mises en perspective.

Jacques Arènes, François Baudier

Consommation de soins et vaccinations

Douleurs, consommation de soins et médicamentsLa douleur a été abordée à travers trois maux (de tête, de dos et de ven-tre). Les pratiques médicales telles que les consultations chez un profes-sionnel de santé et la prise de médicaments sont analysées selon différen-tes variables sociodémographiques et comportementales.

Pierre Arwidson, Arnaud Gautier, Philippe Guilbert

VaccinationsL’adhésion des jeunes au geste vaccinal a été évaluée. Les modalités deprise de décision et le lieu de vaccination sont aussi abordés. Concernantl’hépatite B, les connaissances des jeunes vis-à-vis des modes de contami-nation de cette maladie ont été analysées.

Marie-Pierre Janvrin, François Baudier

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Introduction et méthodologie

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Afin d’appuyer la mise en œuvre et le suivide ses actions nationales dans le domainede la promotion pour la santé, le Comitéfrançais d’éducation pour la santé (CFES)a élaboré, depuis 1992, un dispositif d’enquê-tes périodiques : les « Baromètres santé ».Ces études mesurent régulièrement l’état del’opinion, des connaissances, des attitudeset des comportements concernant la santédes Français. Quatre types de Baromètresont été mis en place à ce jour [1-5].• Le Baromètre santé adultes (18-75 ans)qui a déjà connu trois vagues (la premièrefin 1992 auprès de 2 099 individus, ladeuxième fin 1993 auprès de 1 950 su-jets et la troisième vague fin 1995 auprèsde 1 993 personnes).• Le Baromètre santé médecins (auprèsdes généralistes ayant une activité libérale).Trois vagues de cette enquête ont aussieu lieu : 252 praticiens y ont participé fin1992, 494 fin 1993 et 1 013 généralistesfin 1994.• Le Baromètre santé nutrition adultes(18-75 ans) qui a connu une vague en 1996.• Le présent ouvrage relate les résultatsde la première enquête Baromètre santéjeunes.

Le but premier des Baromètres a été defonder et d’alimenter une « base de don-

nées » (opinions, connaissances, attitudes,comportements) sur les thèmes de santéinscrits régulièrement au programme duComité français d’éducation pour la santéet plus spécifiquement dans le cadre duFonds national de prévention, d’éducationet d’information sanitaires (FNPEIS) de l’as-surance maladie. Cette base peut aussi of-frir une précieuse source de données pourdes comparaisons avec des enquêtes réa-lisées dans différents pays. Un accent aété mis sur le fait de disposer d’un instru-ment global de connaissance de la santéperceptuelle.Les Baromètres santé doivent ainsi permet-tre de fournir des informations précises pourdéfinir les objectifs des programmes na-tionaux de prévention, procurer des indi-cateurs susceptibles d’orienter des étudesspécifiques (quantitatives et qualitatives) etd’engager des actions de terrain plus ci-blées (sur certains types de populations oudans certaines régions ou départements)qui pourraient être mis en œuvre par le CFESet ses partenaires.De la même façon, en aval des program-mes nationaux de prévention, les Baromè-tres santé procurent des informations rela-tives à l’évolution de certains indicateursde santé.Comme pour les premiers Baromètres, le

Introduction etméthodologie

Marie-Pierre Janvrin, Arnaud Gautier, Jacques Arènes

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Introduction et méthodologie

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L’historique : le choixd’une méthode adaptée

Outre les aspects liés au contenu de ceBaromètre santé, au choix et à la formula-tion des questions, l’un des points impor-tants auquel il a été nécessaire de répon-dre était de savoir s’il fallait s’en tenir àune passation des questionnaires dans lesécoles (la plupart des enquêtes de santémenées auprès des jeunes sont exécutéesà l’aide de questionnaires autoadministrés)où s’il était possible d’utiliser, pour attein-dre cette population, une autre méthodetelle que le téléphone, déjà appliquée pourles enquêtes réalisées auprès des adultes(méthode dite Cati pour Computer AssistedTelephone Interview).En fait, le recueil des données en milieuscolaire présentait quelques inconvénientsliés à :– la complexité de l’organisation de l’en-quête : le travail en classe suppose une col-laboration active du milieu de l’éducationet de l’enseignement et se révèle relative-ment lourd à mettre en place. Il entraîne,en outre, un temps intermédiaire de saisiedes données, avec les erreurs éventuellesliées à cette étape ;– l’exclusion de l’échantillon de près de 10à 15 % de jeunes qui, dès 16 ans, ne fré-quentent plus de structures de formationet dont on sait qu’ils diffèrent des jeunesscolarisés de par leur attitudes, leurs be-soins et leurs comportements.L’enquête par téléphone permet d’attein-dre, en revanche, un échantillon plus re-présentatif des jeunes de 16 à 19 ans com-prenant des adolescents scolarisés maisaussi des non-scolarisés. De plus, les en-quêteurs sont regroupés dans une centraletéléphonique, ce qui facilite la supervisiondu terrain (passation du questionnaire notam-ment). Alors que le questionnaire autoadmi-nistré complique l’utilisation de questionsouvertes, le système Cati (enquête par té-léphone assistée par l’ordinateur permet-tant une saisie directe des réponses) faci-

Baromètre santé jeunes a été placé d’em-blée dans la perspective d’un sondage surun échantillon représentatif obtenu par laméthode aléatoire. En effet, la plupart desenquêtes à caractère épidémiologique sontréalisées sur la base d’un échantillonnagede ce type. Ce mode d’investigation, quiest le seul à garantir une utilisation pleine-ment rigoureuse des tests statistiques clas-siques, correspond à la méthodologie « stan-dard » dans la littérature scientifique inter-nationale. Il est aussi le mieux adapté àdes études auprès de sujets pour lesquelsil n’existe pas a priori de connaissancesapprofondies des relations entre les répon-ses et les caractéristiques sociodémogra-phiques des personnes interrogées.Jusqu’en 1997, la population des jeuneset des adolescents ne faisait pas partie dece dispositif barométrique. Seules des en-quêtes thématiques étaient réalisées ponc-tuellement auprès des 12-18 ans. Cepen-dant, la réflexion sur la mise en place d’uneenquête globale auprès d’une telle popula-tion a été initiée dès 1994 quand le CFESa participé, au titre de la France, à l’en-quête internationale sous l’égide de l’Orga-nisation mondiale de la santé (OMS) sur lescomportements de santé des jeunes d’âgescolaire de 11, 13 et 15 ans dans deuxacadémies du Sud et de l’Est [6].Puis, en 1996, l’organisation par le CFESd’un « séminaire international sur les indi-cateurs de santé chez les adolescents » apermis de faire le point sur cette problé-matique et de fournir un certain nombrede réponses à l’équipe en charge de la miseen place de la présente enquête [7].L’élaboration de cette première vague duBaromètre Santé Jeunes a, en outre, étémarquée par le souci de mener cette in-vestigation en cohérence avec d’autresétudes existantes, comme l’enquête del’OMS Health Behaviour in School-AgedChildren réalisée tous les trois ans par leCFES [6], mais aussi celles de l’Institut na-tional de la santé et de la recherche médi-cale (Inserm) [8] ou de l’Institut universitairede médecine sociale et préventive (IUMSP)de Lausanne [9].

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Introduction et méthodologie

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lite le recours à ce type de questions (enutilisant ou pas un codage préétabli) : ilest obtenu ainsi, sur certains items, desréponses plus spontanées, non induites parle questionnaire. Enfin, l’interview télépho-nique permet une saisie directe des répon-ses, les données étant rapidement dispo-nibles.Si, a priori, il semblait intéressant d’avoirrecours à cette méthode par téléphone pourles raisons énoncées ci-dessus, mais aussipour assurer une continuité avec les autresBaromètres santé du CFES, il fallait cepen-dant répondre préalablement aux questionsliées à :– l’inconnue du taux de non-réponses del’enquête téléphonique auprès de jeunes etleur nature. Le taux de refus dans le Baro-mètre santé adultes 95/96 était de 24,5 %et il semble raisonnable de ne pas accep-ter un taux trop éloigné de ce dernier ;– le problème de la confidentialité (ques-tions sensibles), lorsque le jeune répondau domicile avec éventuellement des pro-ches à côté, et corrélativement certainsbiais possibles de sous-déclaration pour cesquestions.

Mise en placed’une préenquête

L’objectif principal de l’enquête pilote a étéd’examiner dans quelle mesure la méthodepar téléphone était réalisable et utilisabledans une enquête auprès des jeunes. Cetteinvestigation a été élaborée conjointemententre le CFES et l’IUMSP de Lausanne quicherchait aussi à répondre à ces interro-gations avant de mettre en place une en-quête auprès des jeunes des cantons fran-cophones suisses.Les deux équipes ont préparé un question-naire court (28 questions), permettant demesurer la compréhension de plusieursmodes de formulation (réponses à choixunique et multiple, échelles de fréquence,questions ouvertes). Il portait sur des com-

portements courants et couvrant des do-maines variés. L’étude a eu lieu au moisde mai 1997.La préenquête a comporté deux types d’ap-proches :– un test de faisabilité : 15 interviews partéléphone ont été menées en France et enSuisse pour vérifier s’il était possible d’at-teindre, à partir de la base de sondagehabituelle utilisée pour les enquêtes partéléphone, des jeunes de 12 à 19 ans ets’ils acceptaient sans difficulté de répon-dre aux questions. Cette partie de l’étudedevait aussi permettre de chiffrer le coûtde l’opération. Une lettre annonçant l’en-quête avait été préalablement envoyée auxménages susceptibles d’être interrogés ;– un test de comparabilité : cette par-tie de la recherche a permis de comparerles réponses données à des questions iden-tiques, selon la méthode de passation duquestionnaire en classe et au téléphone.Dans les deux pays, a été identifiée uneécole qui a accepté de mettre à disposi-tion quatre classes pour une enquête com-parative téléphone/passage en classe. Deuxclasses avaient des élèves avec un âgemoyen de 12 ans et deux autres avec unâge moyen de 15 ans. Elles ont été sélec-tionnées parmi celles qui avaient des jeu-nes de milieux plutôt défavorisés, afin d’éva-luer la compréhension des questions chezles élèves les plus en difficulté. Pour cha-que tranche d’âge, une classe s’est vueproposer le questionnaire sur papier et l’autreles mêmes questions sous forme d’inter-views téléphoniques.

Les résultats

Les résultats issus du test de faisabilité ontmontré que l’objectif du nombre d’interviewsnécessaires (32 au total) pour un taux derefus acceptable a pu être atteint. Ce tauxne devait pas être supérieur à celui desenquêtes adultes de méthodologie équiva-lente (soit environ 25 %). De plus, l’enquête

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pilote a laissé apparaître que les jeunes ontpu s’isoler dans leur foyer pour répondre àl’entretien.Le test de comparabilité a montré que dansl’autoquestionnaire rempli en classe, lesjeunes, surtout en France, avaient des dif-ficultés à compléter les tableaux. Les tauxde non-réponses par question ont été rai-sonnables, mais plus élevés dans les ques-tionnaires autoadministrés que pour l’en-quête par téléphone. De plus, les questionsfiltres, dans cette procédure autoadministrée,n’ont pas été bien comprises chez les plusjeunes.En outre, les réponses aux questions ouver-tes (questions sans modalités de réponsepréétablie) sont beaucoup plus nombreu-ses au téléphone que sur le questionnairepapier.Finalement, les prévalences obtenues quantaux comportements ou attitudes de santén’étaient pas significativement différentesentre les deux méthodes.Cette préenquête a montré la faisabilité etl’acceptabilité d’une enquête téléphoniqueauprès d’adolescents. Le téléphone s’estrévélé un outil adapté aux jeunes ayant desdifficultés scolaires et le CFES a donc dé-cidé d’adopter cette méthodologie (modeCati) pour la réalisation du Baromètre santéjeunes.

Le « Baromètre santéjeunes » : l’essentielde la méthodologie

L’échantillon

L’intervalle d’âge choisi comme cible a étéles 12-19 ans : les enquêtes thématiquesprécédentes du CFES avaient souvent con-cerné les 12-18 ans, et pour une raison decomparabilité, il était important d’inclure cetintervalle d’âge dans celui du Baromètresanté jeunes. Il a été décidé d’en augmen-ter légèrement l’étendue afin de faire un« recouvrement » avec l’intervalle d’âge du

Baromètre santé adultes (18-75 ans). Deplus, l’effectif de l’échantillon a pu être no-tamment étoffé (multiplié par deux avec unéchantillon final de 4 115 jeunes de 12 à19 ans) afin de pouvoir disposer d’une plusgrande puissance des tests statistiques etde discerner au mieux les évolutions futu-res. Au total, un jeune de 12-19 ans vivanten France sur 1 500 a été interrogé au coursde cette enquête sur l’ensemble du terri-toire national.Un échantillon aléatoire de ménages issusdes fichiers d’abonnés France Télécom aété constitué en prenant en compte les taillesde fichiers utilisés pour les précédentsBaromètres santé adultes (deux adressesutiles par interview finalement réalisée) etla proportion de ménages ayant au moinsun enfant âgé de 12 à 19 ans (20 % envi-ron).Une lettre-annonce à en-tête du CFES a étéenvoyée par l’institut sélectionné à tous lesménages susceptibles d’être interviewés afind’expliquer clairement aux parents les thè-mes des questions posées aux jeunes.Si le foyer contacté avait plus d’un jeunedans l’intervalle d’âge considéré, le répon-dant au niveau du foyer était sélectionnépar la méthode de la date anniversaire laplus proche.Si le jeune sélectionné était présent et dis-ponible au moment du « contact ménage »,le questionnaire lui était proposé immédia-tement. S’il le souhaitait, un rendez-voustéléphonique lui était proposé.En revanche, si la personne éligible étaitabsente ou indisponible au moment de lasélection, un rendez-vous était pris en fonc-tion des disponibilités de cette personnedéclarées par ses proches.Les rendez-vous furent également pris enfonction de souhaits déclarés par le jeune(par exemple, périodes de la journée oude la semaine où il pouvait être seul lorsde l’entretien).Les interruptions momentanées de ques-tionnaire étaient possibles dès que l’inter-view devait s’arrêter pour des raisons per-sonnelles en cours d’entretien, ou bien sil’adolescent ne se sentait plus à son aise

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1. Healthy lifestyles.

pour répondre en raison de la présence d’unetierce personne. Dans ce cas, un rendez-vous était fixé avec l’interviewé et l’entre-tien reprenait à la question où il avait étéinterrompu.Par ailleurs, il est estimé à 23 % le nombrede ménages qui n’ont pas le téléphone ouqui ne sont pas accessibles par ce moyen(en particulier les foyers sur liste rouge).Afin de comparer le profil de ces deux po-pulations par rapport à certains indicateursde santé, l’enquête HBSC (Health Behaviourin School-Aged Children) 97/98 (auto-ques-tionnaire en milieu scolaire auprès des jeu-nes de 11, 13 et 15 ans dans deux ré-gions françaises) a renseigné ce facteur(accessibilité du ménage par téléphone). Ilsera donc possible d’avoir des indicationssur les éventuelles différences de profil deces deux populations de jeunes par rap-port à certains comportements de santé.Enfin, le Baromètre santé jeunes rejointprobablement peu les adolescents trèsmarginalisés en désinsertion sociale. L’étudede ces populations devrait faire l’objet dansle futur d’investigations spécifiques utilisantdes protocoles d’enquêtes adaptés.

Le questionnaire

L’élaboration du questionnaire a été réali-sée en étroite concertation avec l’IUMSPde Lausanne. Plusieurs équipes françaisesont aussi pris part à ce travail : l’Unité 472de l’Inserm, l’ORS d’Île-de-France, le Con-seil général de Seine-Saint-Denis, le Sesi,l’ANRS, la DGS, l’OFDT, la Mildt, le Cidef etles ministères de la Jeunesse et des Sportset de l’Éducation nationale.Les grands domaines qui ont été explorésdans ce Baromètre santé jeunes se sontarticulés autour de deux pôles : celui, avanttout épidémiologique, des comportementsde santé et celui, plus psychosociologique,des attitudes et des déterminants de la santé.Certains concepts spécifiques à l’abord descomportements de santé des jeunes ont étéspécialement explorés : les prises de ris-que, le rapport au corps et aux transforma-tions corporelles, les problèmes spécifiques

de santé mentale liés à l’adolescence, l’in-fluence des parents, des adultes et des pairs.150 questions ont ainsi été regroupées selonles thématiques suivantes (voir question-naire en annexe) :– L’alcool– Les accidents– La nutrition– La consommation des soins, de médi-caments, la vaccination– La consommation de drogues illicites– Le coping (aptitude à « faire face » auxdifficultés)– Le profil de santé de Duke (qualité de vie)– Les relations avec les parents et les pairs,les éléments de sociabilité– Le suicide– La sexualité– Les « styles de vie sains »1 (temps desommeil, exercice physique)– Le tabac– La violenceCertains thèmes plus sensibles tels que lasexualité, le suicide et la consommation dedrogues illicites n’ont concerné que les jeu-nes âgés de 15 ans et plus.

L’enquête pilote

Afin de finaliser le questionnaire et de s’as-surer de la bonne compréhension de l’en-semble des items, une enquête pilote a étéréalisée auprès d’une cinquantaine de jeu-nes âgés de 12 à 19 ans. Cette enquêtepréliminaire a permis de valider la duréedu questionnaire (entre 25 et 30 minutes),de tester l’adaptation du profil de santé deDuke (échelle habituellement posée auxadultes) à l’adolescence, de « calibrer » etcorriger certaines questions. Une équipede dix enquêteurs a été formée pour ce« pilote » qui s’est déroulé le 15 octobre1997.

Le démarrage etle suivi de l’enquêteLe terrain de l’enquête a eu lieu du jeudi

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6 novembre 1997 au mardi 23 décembre1997 auprès d’un échantillon national re-présentatif constitué de 4 115 jeunes âgésde 12 à 19 ans (à partir d’un fichier d’adres-ses de 47 000 ménages) dans les familleset par téléphone (plus un suréchantillon de524 jeunes en Seine-Saint-Denis dont lesrésultats ne sont pas présentés dans cetouvrage).Les jeunes ont été interrogés du lundi ausamedi inclus à des heures où ils avaientde fortes chances d’être chez eux (17 h à21 h en semaine, de 14 h à 21 h le mer-credi et de 10 h à 18 h le samedi).Le recueil des données lui-même a été ef-fectué sur système Cati (Computer AssistedTelephone Interview) qui permet de nom-breux contrôles de saisie améliorant laqualité des données recueillies.L’institut BVA a été retenu pour réaliser leterrain de cette enquête. L’organisation duterrain a été supervisée par un responsa-ble de l’institut, en coordination avec ledépartement Stratégie et études du CFESqui s’est mobilisé quotidiennement pourassurer le suivi et permettre ainsi un con-trôle de qualité.Trente enquêteurs ont été affectés à saréalisation.La durée moyenne du questionnaire a étéde 28 minutes.Le taux de refus global s’est élevé à :– pour le taux de refus ménages : 17,43 %– pour le taux de refus individu : 3,34 %– pour le taux d’abandon : 0,89 %.Ces taux de refus et d’abandon ont éténotablement inférieurs à ceux des Baromè-tres adultes, en particulier pour ce qui con-cerne le « refus individu », ce qui signifieque la plupart des refus ont été manifes-tés par les parents, les jeunes se prêtantbeaucoup plus facilement que les adultesau rite de l’interview téléphonique (cf. dé-tail du calcul des taux de refus en annexe).

Le numéro Fil santé jeunes

Le numéro Fil santé jeunes a été donné àtous les jeunes. Ainsi, ceux qui souhaitaientpoursuivre le dialogue ont pu le faire.

De plus, pour les questions qui pouvaiententraîner un certain malaise chez les jeu-nes (questions sur le suicide notamment),les numéros de téléphones portables dedeux personnes (psychologue et médecin)au CFES étaient proposés.

La consultation de la Cnil

Le CFES a saisi la Commission nationalede l’informatique et des libertés (Cnil) d’unedemande de conseil portant sur la mise enplace du Baromètre santé jeunes. La mé-thodologie d’enquête, le questionnaire, ainsique la lettre-annonce destinée aux parentsont fait l’objet d’un examen précis de la partde la Cnil qui a confirmé que « les informa-tions susceptibles d’être traitées présen-tent un caractère anonyme et qu’en consé-quence, le traitement informatique envisagén’a pas à faire l’objet de formalités préala-bles auprès de la Cnil ».

Quelques données plusqualitatives sur le terrain del’enquête…La préenquête (réalisée en mai 1997) avaitdéjà démontré la faisabilité et l’acceptabi-lité d’une enquête téléphonique auprès d’ado-lescents, notamment pour ce qui concerneles enfants ayant des difficultés scolaires.L’enquête elle-même a confirmé l’accepta-bilité du questionnaire au niveau d’un pu-blic jeune. Des entretiens qualitatifs auprèsde certains jeunes participants, notammentceux qui avaient répondu positivement àcertaines questions sensibles, ont permisde valider le savoir-faire des enquêteurs faceaux situations d’entretiens difficiles. Lespremiers éléments du « debriefing » de find’enquête ont souligné l’implication des jeu-nes et la motivation des enquêteurs.Le terrain s’est déroulé comme une aven-ture humaine au cours de laquelle les en-quêteurs, les membres de l’équipe du CFESont appris à se connaître et se sont mobili-sés pendant près de deux mois à l’écoutedes jeunes. Ils ont été aussi émus ensem-ble quand un jeune au bout du fil était amené

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à évoquer des épisodes plus difficiles desa vie.Au cours de la mise au point du question-naire, l’équipe du CFES s’est posé de nom-breuses questions sur la pertinence et l’ac-ceptabilité des questions les plus sensibles(usage de drogues illicites, sexualité, vio-lences sexuelles, suicide) posées ainsi auxplus âgés (15 à 19 ans). L’impact de cer-taines thématiques sur le psychisme desjeunes était redouté, notamment pour cequi concerne les attitudes et les compor-tements qui n’avaient pas fait l’objet jus-que-là d’une verbalisation auprès d’un pro-fessionnel de l’aide psychologique, voire d’unadulte référent ou d’un pair. Le parti pris aété de recommander aux enquêteurs, danscertaines circonstances particulières,d’oublier un peu leur « métier » pour sortirponctuellement de leur neutralité et déployerune certaine empathie, une écoute par rap-port à des situations difficiles, voire par rap-port à un questionnement plus ou moinsanxieux de la part du jeune.La consigne donnée à l’équipe de BVA étaitde ne pas hésiter à fournir au jeune inter-viewé les coordonnées téléphoniques d’unmédecin ou d’un psychologue membre dudépartement Stratégie et études du CFES.Chacun des membres de l’équipe aaujourd’hui le souvenir de la demande detel ou tel enquêteur pour se mettre à l’écouted’un interview un peu moins simple. L’at-tention et la chaleur humaine déployées parles personnes chargées de l’enquête faceà des jeunes en situation plus difficile fu-rent déterminantes dans ces moments dé-licats. De plus, après l’interview, des élé-ments qualitatifs ont été recueillis auprèsde certains jeunes, notamment ceux quiavaient répondu par l’affirmative à des ques-tions sensibles. Ainsi, une jeune fille ayanteu à « dire » sa tentative de suicide a puaffirmer après la passation du questionnaire :« Cela ne m’a pas trop remuée personnel-lement, même si sur le suicide j’ai répondupositivement. La personne que j’ai eu étaittrès sympathique. Cela s’est très bien passé.Cela joue aussi beaucoup. »Le terrain de l’enquête a permis de perce-

voir qualitativement la très grande diver-sité psychologique et sociale des enquê-tés : les plus jeunes — à 12 ou 13 ans —se prêtant souvent avec un grand sérieuxau jeu des questions-réponses, tenant à êtreprécis et se sentant tout à fait investis deleur rôle social, les plus âgés quelquefoisplus ironiques voire séducteurs quand l’en-quêteur se révèle être du sexe opposé.Dans tous les cas, l’équipe a rarement res-senti un manque d’intérêt pour les questionsou une banalisation des réponses, retrouvésparfois dans les études auprès d’adultes :cette tranche d’âge se sent à la fois con-cernée par le fait d’être interrogée et sen-sible à cette écoute de la part des adultes.Un jeune homme de 18 ans ayant déjà faitune tentative de suicide s’est ainsi expriméface à un psychologue du CFES après avoirrépondu au questionnaire : « Les thèmes m’ont tous intéressé, sur-tout sur les élèves qui dépriment […] Ence moment je déprime un peu et ça m’aparu intéressant que vous en parliez. Surle coup ça m’a paru bizarre. Je vous re-mercie d’abord de m’avoir contacté commeça pour me sonder […] il y a beaucoup dejeunes qui sont dans mon cas. Si on veuts’en sortir il faut parler à quelqu’un. [il luiest demandé si ce n’est pas un peu « frus-trant » de parler seulement 25 minutes dansle cadre d’un questionnaire déjà écrit]. Nonpas pour moi… non… Car j’ai seulementbesoin de parler à quelqu’un. Ca me blo-que pas. D’autant plus que je suis au télé-phone. Si j’avais la personne devant moi,ça me bloquerait peut être. [le psycholo-gue de l’équipe lui dit qu’il se tient à sadisposition s’il désire à nouveau lui parleret lui signale que, le cas échéant, il peutaussi lui donner des adresses de profes-sionnels de l’écoute]. Non, je crois que jen’ai pas envie ; mais au téléphone oui…C’est déjà bien ce que vous faites… Sa-voir comment sont les jeunes dans leur peau,c’est déjà pas mal… »La passation du questionnaire, si elle émeutet parfois bouleverse, peut être aussi l’op-portunité d’une réflexion, pour peu quel’écoute soit empathique.

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Cette jeune fille ayant fait une tentative desuicide et ayant subi des rapports sexuelsforcés, raconte : « Quand j’ai raccroché, ça faisait le tourde pas mal de choses. Ça faisait un bonbilan. Des questions pas évidentes des fois.« Avez-vous été frappée », des trucs commeça. Ça m’a un peu travaillé après que j’airaccroché. En même temps ça fait un bi-lan quoi… Mais j’ai pas été trop remuéepar les questions parce que j’ai fait le deuilde pas mal de trucs, mais pendant 5-10minutes on réfléchit un peu. Ça fait un pe-tit défilement ce questionnaire. Ça retraceune période. C’est pas négatif. [le psycho-logue qui converse avec la jeune fille lui ditqu’elle arrive à en parler avec recul : « Ona l’impression que tu as réfléchi sur beau-coup de choses » ]… Il y a une questionsur la violence sexuelle qui m’a remuée unpeu, mais le questionnaire est présenté d’unemanière saine donc… on a plus l’impressionque c’est pour se soulager, que c’est unpetit espoir, je sais pas… On se dit quec’est une étude, on se dit qu’il y aura quelquechose, c’est peut-être utile. De toute ma-nière, ça s’est passé, c’est fait, c’est fait. »De plus, l’entretien téléphonique et le stricteanonymat qui lui est assorti — le fait de nepas être « vu » en particulier — a été res-senti par les adolescents comme une inci-tation à une parole plus libre et sans« honte » : « j’y réponds facilement à vosquestions, de toute façon vous me voyezpas, c’est anonyme », « C’était rapide, maisc’est bien, comme ça on n’a pas le tempsde monter de « bateau » ! ».Le côté ludique n’a pas aussi manqué d’émer-ger : « Vos thèmes, ils sont un peu tabous,mais moi je les trouve plutôt marrants. Parexemple, quand vous me demandez « est-ce que vos parents fument du cannabis ? ».Comme si je pouvais savoir si mes parentsfument, j’ai trouvé ça trop. Même pour lasexualité c’était facile de répondre franche-ment, j’ai pas la honte ! »Plus généralement les réactions quand auxquestions posées tiennent au sentiment qu’ilest important de parler de ces thèmes desanté même s’ils sont problématiques, car

la parole est vécue comme libératrice(« Quand on a un problème, il vaut mieux enparler ») et que le jeune se sente alors enquelque sorte en relation avec d’autres quiont la même difficulté : « L’alcool et la dro-gue, ça m’a intéressé parce que ça noustouche tous ».Cette expérience scientifique et humainede près de deux mois à l’écoute de plus de4 000 jeunes a montré à l’équipe du CFESqu’un souci de rigueur dans la démarcherenforçait non seulement la fiabilité desréponses, mais permettait aussi de pren-dre en compte les sujets dans leur dimen-sion affective.

À noter avant de commencerla lecture…Dans les précédents Baromètres santéadultes et médecins, une attention touteparticulière avait été portée aux analysesstatistiques. Dans le présent ouvrage, unautre choix a été fait afin de faciliter l’ac-cès de ces résultats au plus grand nom-bre. L’exposé des fréquences ou desprévalences est donc simple. Cependant,une exploitation plus complète des résul-tats de cette enquête sera publiée prochai-nement sous la forme d’une série d’articlesscientifiques.C’est ainsi que :1. Une large place a été faite à l’infogra-phie et donc aux figures.2. Les statistiques bivariées ont surtout étéutilisées. Le degré de signification des testsstatistiques n’est pas indiqué : ainsi, lors-qu’un résultat est discuté ou une différenceanalysée, c’est qu’un test statistique (pourl’essentiel, le Chi2 de Pearson pour lesvariables qualitatives ou l’analyse de la va-riance pour les variables quantitatives) aété effectué à l’aide du logiciel SPSS® etest significatif à un niveau inférieur à 0,05.3. Les écarts types, adjoints à la moyennedes variables quantitatives lors des précé-dentes vagues du Baromètre, n’ont cettefois-ci pas été signalés.4. Les intervalles de confiance ne sont pasdonnés dans les figures.

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5. Les analyses multivariées, telle que larégression logistique ou l’analyse multiplede la variance, ont été utilisées dans ceBaromètre uniquement pour vérifier s’ilexistait des facteurs de confusion. Ainsi,ces analyses ont été automatiquementemployées pour des variables telles que« redoublement » et « situation parentale »qui sont liées à l’âge (les redoublants ainsique les enfants issus de familles recompo-sées sont significativement plus âgés). Dansle texte, les phrases « après ajustementsur le sexe et l’âge » ou encore « quelsque soient le sexe et l’âge » indiquentqu’une analyse multivariée a été faiteet qu’il n’existe pas d’effet âge et sexe.Cependant, le fait de privilégier les analy-ses bivariées n’a pas permis de tenir comptede toutes les variables de confusion possi-bles. Il est donc bon de rappeler que touterelation significative n’a évidemment pasvaleur de relation causale.

Seules quelques variables explicatives,choisies selon leur pertinence, ont été uti-lisées et croisées automatiquement auxvariables dépendantes, ceci ayant pour butune plus grande clarté dans l’ensemble dudocument ainsi qu’une plus grande « cohé-sion » entre les chapitres. Ces variables sontde deux types.

Les variables sociodémographiques• Le sexe.• L’âge : variable quantitative de 12 à 19ans.• La catégorie de commune (variable qua-litative à cinq modalités) :– commune rurale– moins de 20 000 habitants– de 20 000 à 199 999 habitants– plus de 200 000 habitants– agglomération parisienne.• La situation professionnelle du chef defamille (variable qualitative à trois modali-tés ; le père a été considéré comme chefde famille lorsqu’il est présent au sein dela famille et la mère dans le cas contraire) :– chef de famille travaillant– chef de famille au chômage

– chef de famille inactif (retraité, congé,étudiant).• La catégorie socioprofessionnelle (CSP)du chef de famille selon la classification del’Insee (variable qualitative à sept modali-tés) :– agriculteurs– artisans, commerçants, chefs d’entreprise– cadres et professions intellectuelles su-périeures– professions intermédiaires– employés– ouvriers– inactifs.• La situation familiale (variable qualitativeà quatre modalités) :– famille monoparentale– famille réunissant les deux parents denaissance (ou d’adoption)– famille recomposée– autre famille (jeune ne vivant plus avecses parents le plus souvent).• Le redoublement (variable qualitative àdeux modalités) :– a redoublé une fois ou plus– n’a jamais redoublé.Dès que ces deux variables (situationparentale et redoublement) ont été uti-lisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge (régres-sion logistique ou analyse de la variancemultiple), ce qui n’a pas été rappelédans les chapitres.

Les variables qualifiant « lescomportements de santé »L’utilisation de ces variables est intervenuedans un second temps. Celles-ci, pour laplupart indicatrices (codées en 0/1 autre-ment dit en oui/non) permettent de voir s’ilexiste des liens entre les différents com-portements, et non plus seulement entreun comportement et une donnée socio-démographique.• Alcool :– avoir consommé de l’alcool au moins unefois par semaine au cours des douze der-niers mois.– ivresse : avoir eu au moins une fois danssa vie une ivresse.

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• Tabac :– être fumeur régulier, c’est-à-dire fumerau moins une cigarette par jour.• Cannabis (pour les 15-19 ans) :– avoir consommé du cannabis au moinsune fois dans sa vie d’une part, et dix foisou plus au cours de la vie d’autre part.• Sexualité (pour les 15-19 ans) :– avoir eu au moins une relation sexuelleau cours de la vie.• Santé :– scores de santé physique, mentale etsociale selon Duke (variables quantitativesde 0 à 100, cf. chapitre Environnement etqualité de vie des jeunes).Ainsi, ces variables ont été utilisées pourchaque chapitre. Il peut arriver que d’autresindicateurs aient été aussi employés. Ainsi,pour le chapitre Nutrition, l’IMC (indice demasse corporelle) a été utilisé, ou bienencore le niveau de scolarisation dans lechapitre Sport et activité physique.De même, une variable « confidentialité »a été créée afin de vérifier si les déclara-tions étaient influencées par la présenced’un parent ou d’une toute autre personneauprès du jeune au moment de l’interview,notamment pour les questions plus sensi-bles telles que la consommation de dro-gues illicites, les relations sexuelles, avoirpensé au suicide ou fait une tentative desuicide… Ainsi, lorsque l’adolescent a dé-claré ne pas avoir pu s’isoler ou bien lors-que l’enquêteur a pensé que le jeune nerépondait pas librement au questionnaire,la variable était codée « non confidentielle ».Des différences ne sont perceptibles quepour la quantité de cigarettes fumées et laconsommation de cannabis.

La structure des chapitres

Les chapitres ont été structurés de la ma-nière suivante :– « L’essentiel en quelques chiffres… » :Résultats clés du chapitre.– « Résultats » : Présentation détaillée desrésultats, accompagnée de tableaux et dereprésentations graphiques.– « Analyse et synthèse » : Discussion des

résultats et récapitulatif des observationsles plus intéressantes.Par ailleurs, huit groupes de jeunes, deparents et de professionnels du milieu sco-laire (conseillers principaux d’éducation,professeurs, assistantes sociales, méde-cins et infirmières scolaires…), réunis à Lyonet à Paris en collaboration avec les maga-zines Okapi et Phosphore, ont réagi auxpremiers résultats du Baromètre santé jeu-nes. La restitution de ces témoignages aété faite dans cet ouvrage par une journa-liste, Isabelle Gravillon, sous la forme d’en-cadrés.

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références bibliographiques

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Baromètre santé jeunes 97/98

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l’essentiel en quelques chiffres…

Environnement etqualité de vie des jeunes

Jacques Arènes, Arnaud Gautier

Le contexte scolaire et professionnel92,7 % des 12-19 ans sont dans le « cir-cuit » scolaire ou universitaire : 35,9 %d’entre eux aiment « beaucoup » l’écoleet 52,3 % un « peu ».Les jeunes qui travaillent ou sont en appren-tissage (éventuellement en étant encoreà l’école) représentent 14,9 % de l’échan-tillon. 65,0 % d’entre eux aiment « beau-coup » leur travail et 30,1 % « un peu ».Parmi les scolaires, les filles aiment plusl’école que les garçons. Ces derniers ontun plus fort absentéisme, plus de retards,et sont plus souvent renvoyés de leur éta-blissement. Un tiers des jeunes (36,3 %)a redoublé une fois et 12,7 % deux foisou plus.

Les loisirs et la vie relationnellePlus des trois quarts (78,2 %) des ado-lescents ont regardé la télévision la veillede l’interview, un quart (23,7 %) a jouéà des jeux vidéos et 51,9 % ont lu (endehors du travail scolaire). Ces trois ac-tivités concernent plus souvent les plusjeunes. Si les deux premières sont plutôtmasculines, la dernière est plus féminine.La moitié des jeunes (46,7 %) s’est re-trouvée, au cours des sept derniers jours,au café, dans un bar ou dans une salle

de jeux avec des copains. Ce sont plussouvent des garçons, des jeunes plus âgés,vivant moins souvent avec leurs parentsde naissance (ou d’adoption). Ils ont unprofil de consommation de produitspsychoactifs plus marqué et des scoresde qualité de vie inférieurs, notammenten santé psychologique. De plus, 41,7 %des jeunes ont retrouvé des copains de-hors près de chez eux, au cours des septderniers jours. Le profil de ces jeunes està peu près identique au précédent maisleur qualité de vie est meilleure.

Les parents83,4 % des parents veulent savoir (trèsou assez souvent) où est leur enfant, 75,0 %écoutent ses opinions, 59,5 % le félici-tent, 58,1 % lui disent à quelle heure ren-trer et 26,9 % seulement oublient vite unrèglement qu’ils ont établi.Une partie de ces comportements paren-taux s’exprime dans une relation inverseavec l’âge. Les filles s’avèrent plus con-trôlées par leurs parents que les garçonstout en ayant le sentiment d’être plus es-timées par les adultes. Moins les jeunesse sentent estimés par leurs parents, moinsils perçoivent un contrôle de la part desparents ou la cohérence de leur attitude,

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plus ils adoptent aussi certains compor-tements à risque (alcool ou tabac).

La perception des risquespour la santéCes questions ont été aussi posées au coursdu Baromètre santé adultes 95/96. Lesfilles sont généralement plus craintives.Si l’on considère l’évolution des craintesde 12 à 75 ans, la plupart des craintes(cancer, maladies cardiaques, accidentsde travail, accidents de la circulation,dépression) augmentent progressivementjusqu’à l’âge de 45-54 ans ou 55-64 ans.La crainte du suicide concerne les plusjeunes (12-17 ans) et l’âge adulte mûr(35-75 ans). Le sida et les maladies sexuel-lement transmissibles hors sida (questionposée aux plus de 15 ans) préoccupentles plus jeunes (15-24 ans).

L’état de santé perçuUne très large majorité de jeunes (94,7 %)considère que son état de santé est « très »ou « plutôt » satisfaisant. De plus, six jeu-nes sur dix se considèrent « tout à faitbien portants » et trois jeunes sur dix « àpeu près bien portants ».Près de 70 % des adolescents interrogés(68,3 %) ont ressenti de la fatigue au coursdes huit derniers jours : il s’agit plus sou-vent des filles et des jeunes plus âgés. Lafatigue s’accroît proportionnellement àla taille de l’agglomération du lieu de do-micile.

Le sommeilPlus d’un tiers des jeunes déclarent avoireu « un peu » ou « beaucoup » de pro-blèmes de sommeil lors des huit derniersjours : il s’agit plus souvent de filles et laproportion des problèmes de sommeilaugmente linéairement avec l’âge. Ladurée moyenne de sommeil — 8,3 heu-res par nuit — est identique chez les gar-çons et les filles. Elle diminue selon l’âgeen passant de 9,4 heures à 12 ans à 7,6heures à 19 ans. Le Baromètre santé adul-tes 95/96 permet d’identifier une stabi-lisation de la durée moyenne de som-

meil à un chiffre légèrement supérieur à7 heures après 20 ans. Plus la ville estgrande, moins le temps de sommeil estélevé et plus le taux de troubles du som-meil augmente.

La perception de la qualité de viemesurée par le profil de santéde DukeLes garçons déclarent une meilleure qua-lité de vie que les filles pour toutes lesdimensions (santé physique, mentale,sociale, santé générale, estime de soi,anxiété et dépression). La différence avecl’âge est très marquée chez les filles danstoutes les dimensions sauf sociale ; chezles garçons, en revanche, seuls les scoresde santé physique, de santé sociale, d’an-xiété et de santé générale évoluent mo-dérément avec l’âge. Un saut importantvers 14-15 ans pour la dimension « santémentale » est constaté chez les filles.En comparant avec les données du Ba-romètre santé adultes 95/96, il est cons-taté qu’entre 12 et 75 ans, la perceptionde leur santé physique par les hommesn’évolue que très progressivement avecl’âge et que celle des femmes subit des« à coups » beaucoup plus brusques, avecune diminution régulière et importanteà partir de 40-44 ans, outre la baisse nettevers 14-15 ans. La qualité de vie liée à lasanté mentale ne subit pas de modifica-tion marquée pour les hommes, alors quechez les femmes, il existe d’abord un« creux » entre 15 et 19 ans, ensuite unetrès nette amélioration au début de lavie active (jusqu’à 30-34 ans) et enfinune décroissance nette entre les tranchesd’âge 30-34 ans et 55-59 ans.Une moins bonne qualité de vie dans laplupart de ces dimensions est liée à lasituation familiale (familles monoparen-tales et recomposées), au domicile situédans les grandes agglomérations, aux vio-lences subies et à des comportements deconsommation de substances psycho-actives (tabac, alcool, drogues illicites).Une meilleure qualité de vie accompa-gne en revanche la pratique du sport.

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Environnement et qualité de vie des jeunes

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Ce chapitre aborde le thème de la qualitéde vie et de la santé psychologique etmentale. La qualité de vie représenteaujourd’hui un nouveau champ d’apprécia-tion de la santé et de ses conséquences.La définition très large de la santé formu-lée par l’Organisation mondiale de la santé(OMS), focalisant son intérêt sur les dimen-sions psychologiques et sociales du bien-être, a ouvert la possibilité de recherchesautour de la qualité de vie. Elle consiste,selon l’OMS, en « la perception qu’a un in-dividu de sa place dans l’existence, dansle contexte de la culture et du système devaleur dans lesquels il vit, et ce, en rela-tion avec ses objectifs, ses attentes, sesnormes et ses inquiétudes. »De la même manière que certains indica-teurs de santé physique plus classiques,l’approche « qualité de vie » dans le domainede la santé permet d’explorer :– la façon dont la personne ressent sa santédu point de vue psychologique et physique ;– comment chaque individu se comporteavec ses proches et fait face à la vie quoti-dienne.Il s’agit donc d’une appréciation très glo-bale et pour une part subjective de sa pro-pre existence. Si la qualité de vie des plusde 15 ans a été beaucoup étudiée, cettedimension ainsi que les conditions pouvant

en générer une perception plus ou moinsfavorable, ont été moins abordées pour lesenfants et les adolescents. Il n’est pas ce-pendant interdit de faire l’hypothèse queles analyses conceptuelles pertinentes pourétudier la qualité de vie des adultes le sontaussi pour les enfants.La notion de qualité de vie a été prise icidans son acception la plus large en ten-tant à la fois de la mesurer précisémentavec un instrument déjà utilisé en popula-tion adulte (profil de santé de Duke) — notam-ment pour le Baromètre santé adultes —et en envisageant les données contextuel-les plus spécifiques : les loisirs et les as-pects sociaux dont les relations avec lesparents et avec les pairs, les craintes éven-tuelles concernant la santé ou la maladie,ainsi que la qualité du sommeil, la fatigueressentie ou, de manière plus générale, laperception de sa propre santé. Ces élémentscontextuels peuvent être envisagés en tantque déterminants de la qualité de vie.

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Environnement et qualité de vie des jeunes

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0

20

40

60

80

Vous aimezbeaucoup

Vous aimezun peu

Vous n’aimezpas beaucoup

Vous n'aimezpas du tout

Filles Garçons

41,8

46,6

8,43,2

30,0

57,9

8,8

Figure 1

Degré d’appréciation de l’écoleselon le sexe (en pourcentage)

Le contexte scolaireet professionnel

L’écoleL’école reste un lieu important de socialisa-tion voire d’épanouissement. L’investissementpar les jeunes du contexte scolaire est doncun déterminant intéressant de la qualité devie. Les adolescents qui sont encore à l’écoleou à l’université représentent dans cetteétude 92,7 % des jeunes. Dans l’enquêteHealth Behaviour in School-Aged Children1994 menée au sein de deux académies,Nancy et Toulouse [1], les trois quarts desjeunes de 11, 13 et 15 ans déclaraient aimerun peu ou beaucoup l’école et il était notéle plus grand investissement des filles etdes plus jeunes dans le plaisir scolaire. D’unemanière similaire, dans cet échantillon unpeu plus âgé (12--19 ans), le taux de jeu-nes aimant « un peu » ou « beaucoup » l’écoleest de 88,2 % (35,9 % déclarant aimer« beaucoup » l’école et 52,3 % « un peu »).Les filles aiment « beaucoup » l’école plussouvent que les garçons (Figure 1). Cetteattitude est liée à l’âge avec un « creux » à14 et 15 ans et un intérêt plus massif pourles plus jeunes et les plus âgés.

Le travail

Les jeunes qui travaillent ou qui sont dansun processus d’apprentissage (ou de for-mation en alternance) représentent 14,9 %de l’échantillon. Il s’agit aussi bien de jeu-nes ayant définitivement quitté l’école qued’adolescents évoluant entre le systèmescolaire et le monde du travail, ce qui ex-plique que la somme des pourcentages descolarisés et de jeunes travailleurs soitsupérieure à 100. Il leur a été demandé,de la même façon qu’aux scolaires, d’éva-luer leur degré d’adhésion au travail. Ainsi,65,0 % d’entre eux déclarent aimer « beau-coup », 30,1 % « un peu » et 4,8 % « pasbeaucoup » ou « pas du tout » leur travail.Ils expriment donc un degré de satisfac-tion plus fort que les 12-19 ans scolarisés.Cette adhésion décroît régulièrement avecl’âge, mais n’est pas différente chez lesgarçons et chez les filles.

Le rapport à l’école

Le rapport à l’école se repère aussi à tra-vers différents comportements ou attitudes :• Ainsi, plus de la moitié (51,3 %) des jeunessont arrivés en retard au moins une fois aucours des douze derniers mois (23,8 % plusde trois fois). Il s’agit plus souvent de garçonset cette « pratique » augmente progressi-vement avec l’âge. De plus, la fréquencedu retard est fonction directe de la tailled’agglomération d’habitation.• Près des deux tiers des adolescents(62,4 %) ont manqué au moins une fois pourcause de maladie (1 % plus de trois fois).Cet absentéisme concerne plus les âgesmédians de l’adolescence (14-17 ans) etles filles (65,2 % vs 59,6 % pour lesgarçons).• Un sur cinq (18,4 %) a « séché » les coursau moins une fois dans l’année (10,0 % troisfois ou plus). Les garçons sont plusconcernés et la progression avec l’âge esttrès importante (2,3 % à 12 ans, 9,6 % à15 ans, 30,0 % à 17 ans et 44,3 % à 19ans). Cet état de fait correspond à une prised’autonomie par rapport à l’institution

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Environnement et qualité de vie des jeunes

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1. En sommant les réponses « oui » aux questions « vosparents veulent savoir où vous êtes et ce que vous fai-tes », « vos parents vous disent à quelle heure rentrerquand vous sortez », et « non » à la question « vos pa-rents oublient vite un règlement qu’ils ont établi ».2. En sommant les réponses « oui » aux questions « vosparents vous félicitent », « vos parents écoutent vos opi-nions ».

« D’une manière générale, je sensmes élèves très tourmentés. Ilsviennent me voir à la fin du courset je sens qu’ils ont besoin deparler. Le fait que je sois une jeuneprof les incite peut-être auxconfidences. Ils ont des tas desoucis qui vont des petits problè-mes amoureux de l’adolescence àdes complexes plus sérieux,surtout pour les filles qui sont trèspréoccupées et même obsédéespar leur poids. Surtout, j’observeune peur terrible de l’avenirprofessionnel, du lendemain. Enterminale, classe d’examen,l’anxiété, parfois à la limite de ladéprime, est encore plus nette.Très fréquemment des élèves sontpris de malaises et doivent sortirde cours. On ne sait jamais bien cequi leur arrive mais on voit qu’il y aune inquiétude importante. Àl’approche de l’examen celas’aggrave encore, c’est un faitmanifeste. »

scolaire, a fortiori explicable quand le jeuneest déjà à l’université. Le lieu d’habitation(taille d’agglomération) est aussi en rela-tion directe avec cette tendance : plus lesjeunes demeurent dans des communesimportantes en terme de taille, plus ilsdéclarent souvent « sécher » les cours.Comme pour les deux premières questions,et ce d’une manière plus nette, l’absentéismevolontaire est fonction de la situationfamiliale. Les enfants de familles mono-parentales ou recomposées déclarentbeaucoup plus souvent « sécher » les coursque ceux vivant avec leurs parents denaissance (ou d’adoption). La catégoriesocioprofessionnelle du chef de famillesemble aussi en relation nette avec le faitd’avoir « séché » les cours : les enfants decadres ou de professions intellectuellessupérieures et d’artisans, commerçants etchefs d’entreprise « sèchent » beaucoup plussouvent les cours (26,4 % et 23,5 %respectivement) que les enfants de profes-sions intermédiaires, d’employés, d’ouvriersou d’agriculteurs (respectivement 18,4 %,16,9 %, 13,8 %, 8,7 %).• Une très faible partie des jeunes (3 %)déclare avoir été renvoyée au moins unejournée. Cet état de fait concerne plussouvent les garçons que les filles (4,9 %contre 1,2 %, mais les effectifs sont faibles),les âges médians de l’adolescence (14-17ans ; effectifs faibles aussi) et les jeunesayant redoublé deux fois et plus.En créant un indicateur de contrôle paren-tal1, il est constaté que les questions ex-plorées ci-dessus sur le rapport plus oumoins positif à l’école (sauf celle concer-nant l’absentéisme pour maladie) sont re-liées significativement à la perception parle jeune scolarisé du contrôle parental :moins celui-ci est conséquent, plus les taux

d’absentéisme pour une autre cause quela maladie de jeunes ayant « séché » lescours ou de jeunes « renvoyés » sont im-portants. De la même manière, un indica-teur d’intérêt parental2 est lui aussi reliésignificativement à ces mêmes questions(les jeunes faisant l’objet d’un plus grandintérêt de la part de leurs parents sont moins« exposés » que les autres à ces dysfonc-tionnements scolaires).• 36,3 % des jeunes de l’échantillon déclarentavoir redoublé une fois au cours de leur cursusscolaire et 12,7 % deux fois ou plus. Lesredoublants sont plus souvent des garçons(56,6 % vs 43,4 % chez les filles) et lepourcentage de personnes ayant redoubléau moins une fois est logiquement très encorrespondance avec l’âge (27,7 % de redou-blants à 12 ans jusqu’à 69,9 % à 19 ans).

Céline, professeur de français en lycée

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Les enfants demeurant avec leurs parentsde naissance (ou d’adoption) ont moins re-doublé (46,5 %) que ceux issus de famillesmonoparentales (58,1 %) ou recomposées(58,7 %). Le fait d’avoir redoublé est enfintrès lié à la catégorie socioprofessionnelledu chef de famille : les enfants de cadresou de professions intermédiaires ont redou-blé bien moins souvent que les enfants d’ar-tisans, commerçants, chefs d’entreprise oules enfants d’ouvriers (Figure 2). Dans lamême perspective, 46,9 % des enfants is-sus de ménages dont le chef de famille tra-vaille ont déjà redoublé, contre près desdeux tiers (61,8 %) des enfants de chô-meurs.

La vie relationnelleet les loisirs

Les loisirsPlus des trois quarts des jeunes ont regardéla télévision la veille de l’interview (78,2 %),un quart (23,7 %) a joué à des jeux vidéoset 51,9 % ont pratiqué la lecture. La duréemoyenne consacrée à ces loisirs a été, pourceux qui les ont pratiqués, de :• 1 heure 55 minutes pour la télévision. Cetemps passé devant la télévision évoluemodérément avec l’âge (Figure 3). Ceux quiregardent la télévision sont plus souvent desgarçons (81,2 % vs 74,9 % pour les filles).• 1 heure 7 minutes pour les jeux vidéo.Ce sont bien plus souvent des garçons(32,7 % d’entre eux vs 13,6 % pour les filles).Cette pratique décroît progressivement avecl’âge (de 31,1 % à 12-13 ans à 15,8 % à18-19 ans).• 57 minutes en moyenne pour la lectureen dehors du travail scolaire. Le temps passéà la lecture évolue régulièrement avec l’âgepour les filles (Figure 3), qui sont plusnombreuses que les garçons (55,4 % pour48,4 % chez les garçons) à pratiquer ce loisir.Le pourcentage de lecteurs diminue régu-lièrement de 12 ans à 17 ans (de 65,8 % à44,4 %) pour un peu réaugmenter ensuite

(un peu moins de 50 % à 17 et 18 ans).Les enfants de cadres, de professions in-termédiaires ou d’employés sont plus sou-

Figure 2

Redoublants au cours de la vie selon lacatégorie socioprofessionnelle du chef defamille (en pourcentage)

0 15 30 45 60

Agriculteurs

Artisans, comm.,chefs d’entreprise

Cadres et prof.intellectuelles sup.

Professionsintermédiaires

Employés

Ouvriers

44,1

52,4

32,2

39,6

48,7

58,6

Figure 3

Temps moyens passés dans certains loisirsselon l'âge et le sexe (en minutes ; base :jeunes ayant adopté le comportement)

0

35

70

105

140

GarçonsFilles

Télévision Lecture12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

107,4 107,7117,4

125,4 125,1 127,4114,4

131,9

107,0 106,2111,0

109,4 115,998,7

107,8

125,6

45,251,4 53,4 57,5

55,5 48,5 50,1 58,1

59,5 55,5 57,2 59,5 60,3 62,6 68,5 73,3

Cette figure ne comprend pas le temps moyen passé devantles jeux vidéos en raison de l’effectif assez faible par âge etsexe des jeunes pratiquant ce loisir.

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vent lecteurs la veille que les enfants d’agri-culteurs ou d’ouvriers.

Quelques aspectsde la vie socialeLa vie sociale constitue, comme la vie sco-laire, professionnelle et de loisirs, un as-pect important de la qualité de vie.Près de la moitié des jeunes interrogés(46,1 %) se sont retrouvés, au cours dessept derniers jours, au café, dans un barou dans une salle de jeux avec des copains.Il s’agit plus souvent de garçons (49,7 %vs 42,4 % pour les filles) et l’âge a évidem-ment une influence tout à fait prépondé-rante sur ce comportement (de 10,3 % desjeunes de 12 ans à 69,1 % des jeunes de19 ans, Figure 4). Il s’agit plus souvent aussid’adolescents de familles monoparentalesou recomposées que de jeunes vivant avecleurs parents de naissance (ou d’adoption).La profession du chef de famille a, de plus,quelque relation avec ces sorties : les en-fants d’agriculteurs et de cadres fréquen-tent plus souvent ces lieux de recherchede relations avec les pairs (53,3 % et 48,8 %respectivement) que les enfants de profes-sions intermédiaires (45,8 %), d’ouvriers(45,3 %), d’artisans commerçants ou chefsd’entreprise (44,4 %) ou d’employés (42,4 %).L’observation de la qualité de vie mesuréepar le profil de santé de Duke (voir plusloin l’utilisation de cet instrument) montreque les jeunes qui ont rencontré des amisdans les bars ou les salles de jeux au coursde la semaine apparaissent plus anxieux,plus déprimés et ont un score de santéphysique et mentale inférieur aux autres.La santé sociale est, en revanche, logique-ment meilleure. Ces différences demeurentlorsque l’on tient compte de l’âge et du sexe.Ces jeunes ont aussi logiquement plus sou-vent que les autres bu de l’alcool au moinsune fois par semaine durant l’année écou-lée (37,1 % vs 11,0 % chez les autres) etexpérimenté une ivresse au cours de leurvie (45,9 % vs 12,8 %). Ils sont beaucoupplus souvent fumeurs réguliers (38,7 % vs10,5 % pour les autres) et ont pris plus fré-

quemment plus de dix fois du cannabis aucours de leur vie (19,1 % vs 6,6 % pourles autres chez les plus de 15 ans). Cesrelations entre des comportements de santéet les sorties restent vraies lorsque l’on tientcompte de l’âge.Dans le même ordre d’idées, une propor-tion plus importante de jeunes (58,3 %) aretrouvé des copains dehors près de chezeux, au cours des sept derniers jours. Ilsont logiquement plus nombreux chez ceuxqui ont eu des rencontres amicales au caféou dans un bar (67,0 %) que chez les autresadolescents (50,9 %).Il s’agit toujours plutôt de garçons (65,6 %vs 50,7 % pour les filles) et cette attitudeaugmente modérément avec l’âge pour lesdeux sexes, avec un tassement après 16ans (Figure 5). Plus les jeunes ont vécu deredoublements (d’aucune fois à une ou deuxfois), plus ils sont concernés par ces sor-ties. Il s’agit plus souvent aussi d’adoles-cents issus de familles monoparentales ourecomposées.La profession du chef de famille apparaît,elle aussi, déterminante : les enfants d’agri-culteurs ont moins souvent l’habitude de voirleurs amis dehors (45,3 %) que les enfants

Figure 4

Jeunes ayant retrouvé leurs camarades aucafé, dans un bar ou une salle de jeu aucours des sept derniers jours selon l'âge et lesexe (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ansFillesGarçons

10,716,1

23,5

42,9

52,459,0

62,9 63,5

9,9

18,824,2

45,7

63,571,3

75,6 73,7

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d’autres professions (artisans, commerçantset chefs d’entreprises : 55,1 % ; employés :57,4 % ; cadres et professions intellectuellessupérieures : 58,1 % ; professions intermé-diaires : 59,0 % ; ouvriers : 59,8 %).Pour ce qui concerne la qualité de vie dé-clarée, les jeunes ayant ce type de sorties(se retrouver avec des copains près de chezeux) ont un score de santé sociale et desanté générale meilleur que les autres jeu-nes, par opposition avec ceux ayant fré-quenté les bars ou les salles de jeux quiapparaissent plus pessimistes quant à leurqualité de vie.En revanche, les mêmes tendances à adop-ter certains comportements « à risque »(tabac, alcool, cannabis) existent aussi danscette population, mais d’une manière moinsmarquée que pour ceux fréquentant barsou salles de jeux.

Les parents

La question du rapport aux parents estcentrale dans l’adolescence. Elle concerneen particulier l’autorité, les règles ou la loi,

le contrôle parental, qui sont parfois pré-textes à d’intenses négociations, à desdéfinitions et redéfinitions souvent conflic-tuelles des limites à établir. Les questionsposées dans le Baromètre santé jeunesdonnent aussi l’occasion d’étudier le senti-ment que perçoivent les jeunes d’existerpar rapport à leurs parents et de disposerd’une estime de soi minimale dans le re-gard de ceux-ci.Deux dimensions ont été ainsi explorées :• Le contrôle et la cohérence parentale :– « les parents veulent savoir où vous êteset ce que vous faites »,– « vous disent à quelle heure rentrer quandvous sortez »,– « oublient vite un règlement qu’ils ont éta-bli ».• Le dialogue, l’écoute, et le renforcementde l’estime de soi par les parents :– « vous félicitent »,– « écoutent vos idées et vos opinions ».Les modalités proposées étaient « trèssouvent », « assez souvent », « parfois » et« jamais ». Les taux, selon l’âge, de répon-ses positives (« très souvent » et « assezsouvent ») à ces cinq questions sont pré-sentés pour les garçons et pour les filles(Figure 6).Selon les dires des jeunes, 83,4 % des pa-rents veulent savoir où ils sont (très ou as-sez souvent), 75,0 % écoutent leurs idéesou opinions, 59,5 % les félicitent, 58,1 %leur disent à quelle heure rentrer et 26,9 %seulement oublient vite un règlement qu’ilsont établi.D’une manière significative, les filles sontplus « contrôlées » que les garçons (« veu-lent savoir ou vous êtes », « vous disent àquelle heure rentrer »), mais elles ont aussil’impression d’être plus estimées (« vousfélicitent ») et écoutées (« écoutent vos idéeset vos opinions »). Les filles ont, en revan-che, la même perception que les garçonsquant à la cohérence parentale (« oubliervite un règlement »).• Les plus âgés, et notamment les majeurs,sont moins concernés par le désir des pa-rents de savoir où ils sont (88,0 % à 12-13ans et 78,9 % à 18-19 ans).

Figure 5

Jeunes ayant retrouvé leurs camaradesdehors près de chez eux au cours des septderniers jours selon l'âge et le sexe (enpourcentage)

0

20

40

60

80

100

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

FillesGarçons

40,845,4

53,0 50,458,4

52,9 52,7 50,454,7

62,7 64,3 65,2 68,0 69,966,1

71,4

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0

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80

100

Veulent savoir où vous êtes Vous félicitent

Vous disent à quelle heure rentrerOublient vite un règlement

Écoutent vos idées

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Filles Garçons

88,3 86,9 84,880,8 80,5 81,0

77,7

70,971,0 71,5

61,756,8

52,3

47,2 51,1 49,0

72,475,7

64,369,7

57,9

46,3 35,4

24,3

23,6 26,4 26,0 26,733,0 30,5 29,9

22,4

77,173,1 74,4

68,8

73,6

72,5 73,5

74,4

85,291,3

84,9 84,387,5 86,4 84,3 84,3

76,6

72,367,9

58,7 55,3 57,7

56,0 55,571,4

78,278,9

74,5

74,2

58,6

38,4

26,2

19,925,2 27,8 28,5

23,6

32,327,1

26,9

78,583,7

70,979,9

70,9

73,0 76,080,7

Figure 6

Attitudes parentales perçues selon l’âge et le sexe (en pourcentage)

Ce désir parental concerne moins les ado-lescents demeurant en communes ruraleset dans les agglomérations de moins de20 000 habitants. Les jeunes vivant avecleurs parents de naissance (ou d’adoption)se considèrent plus souvent l’objet de cecontrôle que ceux issus de familles mono-parentales ou recomposées.Par ailleurs, les 12-19 ans plus contrôlésquant aux horaires ont moins souvent bude l’alcool une fois par semaine au coursde l’année écoulée (20,9 % vs 33,8 % pourle reste de l’échantillon), sont moins sou-vent fumeurs réguliers (22,3 % vs 29,5 %)ou consommateurs de cannabis au coursde la vie (26,9 % vs 33,5 %). Ces différen-ces restent vraies lorsque l’on tient comptede l’âge et du sexe.• Le fait d’avoir des parents qui disent àquelle heure rentrer est relié d’une manièretrès significative avec l’âge, avec une dé-croissance linéaire encore plus nette quela question précédente (71,9 % des jeunesde 12 ans sont concernés vs 25,2 % des19 ans).Les 17 ans et plus sont notamment beau-coup moins contrôlés que les autres. Ilsemble donc que les parents d’adolescents

plus âgés, s’ils désirent encore massive-ment être informés des déplacements,imposent en revanche beaucoup moins lesheures de rentrée.Le contrôle parental s’exerce d’une manièreidentique entre garçons et filles chez lesplus jeunes (vers 12-13 ans, avant ou audébut de la puberté) et les majeurs. En re-vanche, les filles entre 14 et 16 ans sontbeaucoup plus surveillées quant à leurshoraires, en restant à un niveau de con-trôle quasi identique qu’à 13 ans, alors queleurs homologues masculins sont progres-sivement de plus en plus libres.Comme pour la question précédente, lesjeunes ruraux sont moins contrôlés quantaux horaires, ainsi que ceux qui ont déjàredoublé une classe au moins une fois. Lesjeunes demeurant avec leurs parents denaissance (ou d’adoption) sont en revan-che plus contrôlés.De plus, il y a une relation entre des com-portements à risque liés à l’alcool (boireau moins une fois par semaine, avoir aumoins une ivresse au cours de la vie) et laprésence moins effective de ce type decontrôle parental. Ces liens statistiques sontavérés quels que soient l’âge et le sexe.

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Environnement et qualité de vie des jeunes

44 Baromètre santé jeunes 97/98

Brigitte, maman de deux fillesde 15 et 17 ans

« Un soir, ma fille de 15 ans estvenue s’asseoir à côté de moi à lacuisine, pendant que je préparaisle repas. Je sentais qu’elle tournaitautour du pot, qu’elle cherchait àme parler. D’un seul coup, le fils’est déroulé, elle m’a tout dit.Comme elle était mal dans sapeau, comme elle pensait qu’ellene pouvait pas réussir en classe.Cela m’a permis de reprendre leschoses en main, d’être encore plusprésente et attentive. J’ai eu cettechance de pouvoir recevoir cetteconfidence, mais j’aurais très bienpu passer à côté. Finalement jesuis contente qu’elle ait eu suffi-samment confiance en moi etqu’elle trouve le courage de venirme parler. Cela prouve qu’elle saitque je suis toujours là pour elle. Etça, c’est une réussite ».

• La perception d’un manque de cohérenceparental (« oublient vite un règlement qu’ilsontétabli ») ne correspond pas un âge ni à unprofil sociodémographique particulier.Cependant, les enfants ayant redoublé ontune perception plus aiguë de l’absence decohérence parentale (avec une augmenta-tion de la perception de ce manque de co-hérence en fonction du nombre de redou-blements, c’est-à-dire « 0 fois », « 1 fois »,« 2 fois ou plus »).Des relations entre certains comportementsde santé (fumeurs réguliers, consomma-teurs hebdomadaires d’alcool, consomma-teurs de cannabis au cours de la vie) et laperception d’une moindre cohérence dansl’application des règles parentales sont làaussi identifiées, et ce quels que soient l’âgeet le sexe.• Le sentiment d’être assez souvent et trèssouvent félicité par ses parents est aussien relation avec l’âge. Une diminution im-

portante vers 15 ans de cette perceptionest encore plus sensible chez les garçons.Cependant, les enfants ayant redoublé sesentent moins souvent félicités (avec unediminution de la perception de ces félicita-tions en fonction du nombre de redouble-ments c’est-à-dire « 0 fois », « 1 fois », « 2fois ou plus »). De plus, les adolescentsmembres de famille recomposées se dé-clarent moins valorisés que les autres.Les jeunes les plus valorisés par leurs pa-rents adoptent aussi moins souvent certainscomportements à risques, et ceci d’une ma-nière encore plus nette par rapport au restede l’échantillon, notamment pour ce qui con-cerne la consommation d’alcool, de tabacet de cannabis. Toutes ces relations res-tent vraies quels que soient l’âge et le sexe.• La perception d’une attention aux idéesde l’adolescent de la part de ses parentsn’est pas en relation avec l’âge.Nous pouvons faire la même remarque quepour la question précédente — le sentimentd’être souvent félicité — pour ce qui con-cerne les redoublements et certains compor-tements à risque cités (fumeurs réguliers,consommateurs hebdomadaires d’alcool,consommateurs de cannabis au cours dela vie). Nous avons tenu compte des mê-mes ajustements concernant l’âge et le sexe.

Il existe bien entendu une relation statisti-que significative entre les variables de cha-que groupe (contrôle et cohérence paren-tale d’un côté ; dialogue, écoute, renforce-ment de l’estime de soi par les parents del’autre) :• Les parents qui veulent savoir où sontles adolescents et ce qu’ils font sont aussiceux qui fixent beaucoup plus souvent l’heurede rentrée du jeune. En revanche, ils ne semontrent pas plus cohérents que les autresquant au suivi des règlements. De même,les parents qui fixent l’heure de rentrée dujeune ne sont pas, non plus, plus cohérentsquant aux règles choisies.Dans la même perspective, les parents qui« félicitent » sont perçus comme écoutant plussouvent les idées et les opinions du jeune.Un raisonnement un peu rapide pourrait

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Environnement et qualité de vie des jeunes

45Baromètre santé jeunes 97/98

amener à penser que les parents « contrô-leurs » (premier groupe de questions) sontmoins sensibles au dialogue (deuxièmegroupe de questions) selon la déclarationde leurs enfants. Nos résultats indiquent,au contraire, que les parents désirant sa-voir où est le jeune (très ou assez souvent)écoutent plus souvent ses idées et ses opi-nions (c’est le cas pour 76,9 % d’entre euxvs 65,1 % des autres parents) et félicitentaussi l’adolescent plus souvent (62,2 % vs46,2 %). De la même manière, les parentsqui « disent à quelle heure rentrer » félici-tent plus et écoutent plus souvent les idéesdu jeune. L’attention à la vie du jeune s’ex-prime ainsi de manière concomitante, à lafois dans sa dimension de contrôle, avecles limites que les parents désirent don-ner, et dans une autre dimension d’accueilet d’écoute.

La perception desrisques pour la santé

La question de craindre pour soi-même uncertain nombre de risques ou de maladiesa été posée à l’ensemble de l’échantillonde la même manière que pour le Baromè-tre santé adultes 95/96 [2]. La formula-tion a été identique et le Baromètre santéjeunes s’est vu ajouter trois questions sup-plémentaires : craintes concernant les ma-ladies respiratoires, les accidents de sportet de loisirs, les accidents à l’école en de-hors du sport. Par ailleurs, l’expression deces craintes entretient un rapport souventcomplexe, mais instructif pour l’éducateurde santé, avec la prise de risque elle-même.En considérant les craintes dont la formu-lation a été proposée à tous les jeunes de12 à 19 ans, il est à remarquer que lesjeunes interrogés sont logiquement moinsconcernés par la craintes des maladies queles adultes (cf. Baromètre santé adultes95/96 [2]). Ainsi, pour quasiment toutesles maladies ou problèmes de santé (saufle sida et le suicide), le pourcentage de

12-19 ans les craignant pour eux-mêmes« pas mal ou beaucoup » est inférieur à celuides 18-75 ans. Les accidents de la circu-lation arrivent en « tête » comme chez lesadultes, avec néanmoins un pourcentagebeaucoup moins élevé : 47,0 % des ado-lescents « craignent » pas mal ou beaucouples accidents vs 69,1 % des 18-75 ans.Le sida « devance », en revanche, le can-cer chez les jeunes (40,8 % de jeunes « crai-gnant » le sida pour eux-mêmes et 39,8 %le cancer), alors que pour la populationadulte, le cancer est la deuxième crainteexprimée (63,3 %). De plus, les maladiescardiaques, très présentes dans les crain-tes des adultes (troisième position avec47,6 % de personnes les craignant) appa-raissant logiquement plus lointaines auxjeunes (25,1 % de craintes). Enfin, le sui-cide apparaît à un niveau de craintes quasiéquivalent dans les populations jeunes etadultes.Quand il existe une différence selon le sexeau niveau des craintes (craindre pas malet beaucoup), ce sont les filles qui sont lesplus craintives (accidents de la circulation,cancer, maladies cardiaques, sida et sui-cide), sauf pour la crainte des accidentsde travail concernant plus les garçons. Lesdifférences en ce qui concerne l’âge seretrouvent d’une manière significative pourquasiment toutes les craintes, sauf pourles accidents de sport et de loisirs, et latuberculose.Les données du Baromètre santé adultes95/96 [2] et celles du Baromètre santé jeu-nes 97/98 ont été agrégées pour évaluerles évolutions éventuelles avec l’âge de cesdifférentes craintes (Tableau I).• Certaines craintes, comme celle du can-cer, des maladies cardiaques, des accidentsde travail, des accidents de la circulationet de la dépression croissent progressive-ment avec l’âge, pour atteindre un som-met entre 45 et 54 ans ou 55 et 64 ans.• La crainte du suicide concerne plus spé-cifiquement les plus jeunes (12-17 ans) etl’âge adulte mûr (35-75 ans).• Les craintes des maladies dues à l’alcoolsemblent moins concerner les adolescents

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Environnement et qualité de vie des jeunes

46 Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau I

Craintes personnelles par rapport à certains risques ou maladies : combinaison duBaromètre santé jeunes 97/98 et Baromètre santé adultes 95/96 (pourcentage de sujetscraignant « pas mal » ou « beaucoup »)

Baromètre santé jeunes 97/98 Baromètre santé adultes 95/9612-14 15-17 18-19 Total 18-24 25-34 35-44 45-54 55-64 65-75ans ans ans ans ans ans ans ans ans

Les maladies respiratoiresa 24,2 29,5 28,1 27,3Les accidents de sport etde loisirsa, c 23,2 25,6 23,2 24,1Les accidents à l’écoleen dehors du sporta 15,5 14,6 11,2 14,1Les accidents de la circulation 38,7 48,1 56,2 47,0 60,6 69,0 73,3 74,9 71,5 63,2Les accidents de la vie domestiqueà la maison ou autour 16,6 16,3 13,5 15,6 23,0 27,3 23,9 27,4 34,6 34,6Les accidents du travailb 22,0 28,4 23,9 25,3 26,6 29,7 30,1 30,9 22,9Le suicide 17,0 13,5 8,6 13,4 9,3 8,6 13,3 17,8 14,3 14,8La dépression 17,7 20,3 20,7 19,5 22,1 23,3 33,3 36,0 40,0 34,9Le sida 32,4 44,5 46,7 40,8 43,6 31,9 32,6 31,4 33,3 24,9Les maladies sexuellementtransmissibles hors sidab 43,0 42,5 42,7 38,7 19,8 20,5 21,9 25,9 18,0La tuberculosec 19,4 17,3 16,2 17,7 13,4 15,5 18,1 24,5 27,0 28,9Le cancer 32,5 41,6 46,7 39,8 53,9 57,7 64,3 72,0 72,4 62,4Les maladies cardiaques 22,6 26,2 26,6 25,1 32,5 37,7 45,0 57,3 62,3 59,3Les maladies dues à l’alcool 15,3 12,5 10,0 12,8 9,4 9,8 18,5 20,4 24,4 16,0

a. Posée seulement au Baromètre santé jeunes. b. Posée aux plus de 15 ans. c. Différence non significative avec l’âgechez les jeunes.

et les jeunes adultes entre 15 et 34 ans,alors que les plus jeunes et les plus âgésse déclarent plus inquiets.• Le sida et les maladies sexuellement trans-missibles hors sida (question posée aux plusde 15 ans) ont un statut un peu à part, car uneinquiétude personnelle vis-à-vis de ces mala-dies préoccupe plutôt les jeunes (15-24 ans).De nombreuses craintes concernant la santésont en relation avec une qualité de vie in-férieure dans toutes ses dimensions saufsociale (voir plus loin pour les définitionsde la qualité de vie mesurée par le profilde santé de Duke). Ainsi, les jeunes quicraignent « pas mal » ou « beaucoup » poureux-mêmes les accidents à l’école (en de-hors du sport), les accidents de la circula-tion, le cancer, les maladies cardiaques, lesida ainsi que les maladies sexuellementtransmissibles hors sida, le suicide, la dé-pression, les maladies respiratoires ont unequalité de vie moins affirmée dans le do-

maine de la santé physique, mentale, so-ciale, de l’estime de soi et se ressententplus déprimés et plus anxieux.

Autoperceptionde l’état de santé etde fatigue

L’état de santé perçu

La perception de l’état de santé a été abor-dée de la manière suivante : « Par rapportaux personnes de votre âge, diriez-vous quevotre santé est : pas du tout satisfaisante,peu satisfaisante, plutôt satisfaisante, trèssatisfaisante ».Les jeunes de 12-19 ans se considèrenten bonne santé : 94,7 % d’entre eux dé-clarent que leur santé est « plutôt » ou

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Environnement et qualité de vie des jeunes

47Baromètre santé jeunes 97/98

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

2

4

6

8

10

Filles Garçons

4,1 4,0

4,64,0

4,8 4,8

6,4

9,6

Figure 7

Jeunes dont l’état de santé est« peu » ou « pas » satisfaisant selonle sexe et l’âge (en pourcentage)

Claire, élève de terminale

« Je me sens tout le temps fati-guée. D’ailleurs, cela n’a rien detrès étonnant, avec mes trente-sept heures de cours par semaine,sans compter le travail personnel àla maison ! On nous prend pourdes machines à apprendre. Lesprogrammes sont beaucoup troplourds, il y a trop de matières. Ettout ça pour quoi ? Pour seretrouver au chômage d’ici quel-ques années ? Au lycée, on nousdemande d’être citoyens, de nousouvrir au monde extérieur et on nenous en laisse même pas le temps.Personnellement, je m’occupe dujournal du lycée. Pour écrire lesarticles et faire les maquettes, jen’ai pas d’autre choix que de m’ymettre la nuit. Normal que jedorme debout ensuite ! »

« très » satisfaisante et ils sont moins de1 % à affirmer qu’elle ne l’est pas du tout.Les filles déclarent plus souvent que leursanté est insatisfaisante (6,5 % vs 4,2 %)avec une augmentation avec l’âge pour cequi les concerne (4,8 %, 6,4 %, 9,6 % res-pectivement à 14-15 ans, 16-17 ans et 18-19 ans), visible à partir de 16-17 ans (Fi-gure 7). La proportion de garçons insatis-faits n’évolue pas, quant à elle, avec le temps.Il faut cependant noter que les petits effec-tifs en cause ne permettent de discernerune différence significative entre garçonset filles qu’à 18-19 ans.L’état de santé déclaré varie également selonque les adolescents ont ou non une mala-die chronique ou un handicap physique.

Se déclarer bien portant

Plus de neuf jeunes sur dix se considèrentbien portants (item du profil de santé deDuke). Six jeunes sur dix considèrent quec’est « tout à fait » leur cas et trois sur dixque c’est « à peu près » leur cas.Les filles se déclarent moins souvent bienportantes que les garçons (11,6 % vs 8,1 %).Ce sentiment varie peu selon l’âge chezles garçons, alors que pour les filles, il di-

minue jusqu’à 17 ans pour remonter en-suite chez les adolescentes âgées de 18ou 19 ans.Les redoublants sont plus nombreux à af-firmer ne pas être bien portants ainsi queles enfants issus de foyers dont le chef defamille est ouvrier ou inactif.

La fatigue

Les jeunes sont 68,3 % à avoir eu l’impres-sion d’être fatigués au cours des huit der-niers jours (item du profil de santé de Duke) :50,5 % « un peu », 17,8 % « beaucoup »et plus souvent les filles que les garçons(76,9 % vs 60,0 %). Ainsi, parmi les jeu-nes déclarant être « beaucoup » fatigués,un sur trois seulement est un garçon.Si l’impression de fatigue est liée au sexe,il est aussi utile de la rapprocher de l’âge(Figure 8). La proportion des jeunes décla-rant avoir été fatigués croît linéairement de12 ans (ils sont 53,7 %) jusqu’à 17 ans(78,1 %). Une légère inversion de tendance

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Environnement et qualité de vie des jeunes

48 Baromètre santé jeunes 97/98

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

20

40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Filles Garçons

Un peu Beaucoup

52,8 52,7 54,1 51,7

11,222,5

29,8 31,0

42,6 43,953,8 51,4

64,0

75,283,9 82,7

51,5 53,4

68,0 65,5

8,9 9,5

14,2 14,1

Figure 8

Avoir eu l’impression d’être fatigué au cours des huit derniers jours selon lesexe et l’âge (en pourcentage)

est cependant à noter chez les 18-19 ans(73,1 %).Si les redoublants déclarent être moins bienportants, il se sentent, en revanche, moinsfatigués : 70,7 % des non-redoublants sedéclarent comme tels, vs 66,2 % pour ceuxqui ont redoublé une fois et 64,2 % desredoublants « 2 fois ou plus ».De même, les ruraux ainsi que les habitantsd’agglomérations de moins de 20 000 ha-bitants sont moins nombreux que les autresà déclarer être fatigués (Figure 9). Plus l’ag-glomération est grande, plus la déclarationde fatigue est importante (76,2 % des jeu-nes habitant la région parisienne).C’est ainsi que les enfants d’agriculteurssont beaucoup moins nombreux à décla-rer être fatigués (53,7 %). Cela n’est pasle cas pour les enfants dont le chef de fa-mille est cadre ou de profession intellec-tuelle supérieure (78,3 %) habitant plus sou-vent en ville. En effet, 80,1 % des enfantsd’agriculteurs habitent en commune ruraleet 12,5 % en commune de moins de 20 000habitants, alors que 53,6 % des enfants decadres demeurent dans une agglomérationde plus de 200 000 habitants (y comprisl’agglomération parisienne).

À noter que les enfants de familles mono-parentales ou recomposées sont plus nom-breux à avoir eu l’impression d’être fatiguésau cours des huit derniers jours.Enfin, il est important de souligner qu’il existeune relation entre la fatigue et le nombremoyen d’heures de sommeil déclarées : lesjeunes ayant déclaré avoir été « beaucoup »fatigués au cours des huit derniers joursdorment moins longtemps que les autres(7,9 heures vs 8,8 heures).

Le sommeil

Problèmes de sommeil

Plus d’un jeune de 12 à 19 ans sur trois(37,1 %) déclarent avoir eu « un peu » ou« beaucoup » de problèmes de sommeil aucours des huit derniers jours, respective-ment 29,4 et 7,7 % (cette question fait partiedes items du profil de santé de Duke). Lesfilles sont plus nombreuses dans ce cas(43,8 % vs 30,7 % pour les garçons) et laproportion des interviewés déclarant avoir

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Environnement et qualité de vie des jeunes

49Baromètre santé jeunes 97/98

0

20

40

60

80

100

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

Un peu Beaucoup

49,4 51,7 50,7 51,4 49,8

13,8 11,6 17,4 22,2 26,463,2 63,3

68,173,6 76,2

Figure 9

Avoir eu l’impression d’être fatigué(e) aucours de huit derniers jours selon le lieud’habitation (en pourcentage)

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

10

20

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Filles Garçons

Un peu Beaucoup

27,632,8 36,3 34,3

4,6

10,2

14,314,0

21,0 23,328,2 30,8

32,2

43,0

50,648,3

23,725,9

33,837,7

2,72,6

5,66,9

Figure 10

Problèmes de sommeil déclarés dans les huit derniers jours selon le sexe etl’âge (en pourcentage)

Catherine, élève de première

« J’ai toujours eu de gros problè-mes de sommeil. Je ne m’endorsjamais avant minuit, pour meréveiller à cinq heures du matin.Depuis que je suis bébé, il paraîtque c’est comme ça. Je suis sansdoute insomniaque. Chaque foisque je consulte un médecin, il neme prescrit que des remèdes àbase de plantes qui ne sont pas dutout efficaces. Alors de temps entemps, quand je n’en peux vrai-ment plus, que je suis au bord del’épuisement, ma mère me donnedes somnifères à elle. Mais jen’aime pas trop ça, car j’ai peur dem’y habituer. Mais d’un autre côté,je ne peux pas vivre sans dormir. »

eu des problèmes de sommeil augmentelinéairement avec l’âge ; en effet, elle passede 27,9 % pour les jeunes de 12-13 ans à42,7 % pour les 18-19 ans. Cette tendance(qui semble néanmoins se stabiliser pour

les plus âgés) est évolutive aussi bien pourles filles que pour les garçons (Figure 10).Les problèmes de sommeil augmentent avecla taille des agglomérations : 33,6 % desjeunes résidant dans des villes de moins

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Environnement et qualité de vie des jeunes

52 Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 11

Problèmes de sommeil déclarés selon lataille d’agglomération du domicile (enpourcentage)

0

10

20

30

40

50

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

Un peu Beaucoup

35,333,6

35,6

40,9 41,3

30,2 27,8 27,332,5

28,7

5,15,8 8,3

8,412,6

2

0

4

6

8

10

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans

Femmes Hommes

8,9

8,7

8,2

7,6

7,5 7,2 7,0 7,1 6,8 7,0 7,0

7,4 7,1 7,27,6

7,3

9,5

9,18,8

8,3

8,1

7,9

7,8

7,7

7,8 7,6 7,7 7,47,2 7,0

7,1 6,8 7,1 7,0 6,7

9,4

9,0Baromètre jeunes Baromètre adultes

Figure 12

Temps moyen de sommeil selon l’âge et le sexe (en heures décimales)

Pour les 20 ans et plus, le nombre moyen d’heures de sommeil a été calculé par classes de cinq ans (20 à 24 ans ; 25 à 29ans…). La moyenne a été indiquée en regard du milieu de la classe.

de 20 000 habitants se plaignent de pro-blèmes de sommeil vs 40,9 % dans desagglomérations de plus de 200 000 habi-tants et 41,3 % dans l’agglomération pari-sienne (Figure 11).Les enfants de familles recomposées sem-blent déclarer plus régulièrement des pro-blèmes de sommeil (42,8 %) que les en-fants de familles monoparentales (40,3 %)ou de familles réunissant les parents denaissance (ou d’adoption) (35,8 %).La profession du chef de famille peut êtremise en relation avec les problèmes desommeil ; les enfants d’artisans, commer-çants et chefs d’entreprise sont en effet45,5 % à déclarer avoir des problèmes ; àl’opposé, les enfants d’agriculteurs sontseulement 28,7 % à l’affirmer.

Nombre moyen d’heures desommeil par nuitSi les filles déclarent avoir eu plus de pro-blèmes de sommeil que les garçons, il faut

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Environnement et qualité de vie des jeunes

53Baromètre santé jeunes 97/98

8,0

8,1

8,2

8,3

8,4

8,5

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

8,5 8,5

8,4

8,3

8,1

Figure 13

Temps moyen de sommeil selon la tailled’agglomération (en heures décimales)

Séverine, élève en quatrième

« Avant, mes parents me persécu-taient pour que je me couche tôt.Maintenant ils ont laissé tomber. Ilsme laissent gérer ça toute seule.Du coup, je me couche très tard,souvent à minuit. De toute façon,je n’arrive pas à m’endormir plustôt. J’écoute la radio, je regarde latélé, je lis. J’ai envie de profiter dema soirée. La soirée, c’est le seulmoment tranquille de la journée :les devoirs sont finis, les parentssont couchés. J’ai besoin de celaps de temps pour décompresserentre le moment où je rentre del’école et le moment où il faut secoucher. Je me repasse majournée dans ma tête, je réfléchisaux choses dont j’ai envie dans lavie, je rêvasse. Je sens bien que jemanque de sommeil, mais je n’aipas trouvé de solution à mondilemme ».

noter, en revanche, qu’il n’existe aucunedifférence entre les deux sexes concernantla durée moyenne de sommeil déclarée ;les jeunes, garçons ou filles, dorment enmoyenne 8,3 heures par nuit.Ce temps diminue considérablement et defaçon linéaire selon l’âge. La moyenne desheures de sommeil passe de 9,4 heurespour les jeunes de 12 ans à 7,6 pour lesplus âgés (19 ans). C’est d’ailleurs à cettepériode (la fin de l’enfance et le début del’adolescence) que la durée moyenne desommeil évolue le plus rapidement : leBaromètre santé adultes 95/96 [2] permeten effet de discerner une stabilisation dela durée moyenne de sommeil à un chiffrelégèrement supérieur à 7 heures après 20ans (Figure 12).Les jeunes ayant redoublé deux fois ou plusdorment en moyenne moins que les autres.En moyenne, les jeunes dorment plus enmilieu rural (8,5 heures) qu’en milieu urbain(8,3 heures) ; plus l’agglomération estgrande, moins le temps de sommeil estélevé : 8,5 heures pour les communescomptant moins de 20 000 habitants con-tre 8,1 heures en agglomération parisienne(Figure 13).Les enfants dont les parents travaillentdéclarent dormir plus longtemps que lesautres, de même que les enfants d’agricul-teurs, d’employés et d’ouvriers.Les jeunes déclarant avoir eu, dans les huitderniers jours, pas du tout, un peu et beau-coup de problèmes de sommeil dormentrespectivement 8,6, 8,1 et 7,4 heures.

La qualité de vieévaluée par le profilde santé de Duke

Le profil de santé de Duke est un instru-ment générique de mesure de la qualité devie qui comporte 17 questions pouvant êtreregroupées en plusieurs dimensions : phy-sique, mentale, sociale, santé perçue et

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Environnement et qualité de vie des jeunes

54 Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau II

Ventilation des items du profil de santé de Duke selon les différentes dimensions

Items Dimensions1. Je me trouve bien comme je suis Mentale, estime de soi2. Je ne suis pas quelqu’un de facile à vivre Sociale, estime de soi, anxiété3. Au fond, je suis bien portant Santé perçue4. Je me décourage trop facilement Mentale, estime de soi, dépression5. J’ai du mal à me concentrer Mentale, anxiété, dépression6. Je suis content de ma vie de famille Sociale, estime de soi7. Je suis à l’aise avec les autres Sociale, anxiété8. Vous auriez du mal à monter un étage Physique9. Vous auriez du mal à courir une centaine de mètres Physique10. Vous avez eu des problèmes de sommeil Physique, anxiété, dépression11. Vous avez eu des douleurs quelque part Physique, douleur12. Vous avez eu l’impression d’être vite fatigué(e) Physique, anxiété, dépression13. Vous avez été triste ou déprimé(e) Mentale, dépression14. Vous avez été tendu(e) ou nerveux(se) Mentale, anxiété15. Vous vous êtes retrouvé(e) avec des gens de votre famillequi n’habitent pas chez vous, ou avec des copains en dehorsde l’école (posée aux 12-17 ans) Sociale15 bis. Vous avez rencontré des parents ou des amis au coursde conversations ou de visites (posée aux 18 ans et plus) Sociale16. Vous avez eu des activités de groupes ou de loisirs Sociale17. Vous avez dû rester chez vous ou faire un séjour enclinique ou à l’hôpital pour raison de santé Incapacité

incapacité. Ces composantes peuvent êtrerecombinées en santé générale, anxiété,douleur, estime de soi et dépression (Ta-bleau II). Le score de santé générale estglobal. Il représente la somme des dimen-sions physique, mentale et sociale (15items). Chaque item est coté de 0 à 2 surune échelle ordinale à trois modalités etchaque dimension est la somme des itemsqui la composent, en général 4 ou 5. Lesscores sont normalisés de 0, indiquant lapire qualité de vie, à 100 indiquant une qualitéde vie optimale pour la plupart des dimen-sions (santé physique, mentale, sociale,générale, santé perçue et estime de soi) ;les scores d’anxiété, de dépression, d’in-capacité, de douleur sont évalués en sensinverse (le score de 100 exprimant la qua-lité de vie minimale).Le profil de santé de Duke avait été intro-duit dans le Baromètre santé adultes 95/96[2] avec l’objectif de décrire la qualité devie des Français d’âge adulte et de la ca-

ractériser en fonction de paramètres so-ciodémographiques et des comportementsde santé. Dans une perspective compara-tive entre les populations, il a été décidéd’utiliser le même instrument, conçu à l’ori-gine pour la population adulte, pour éva-luer la qualité de vie des 12-19 ans. Leprofil de santé de Duke avait l’avantage d’êtrevalidé dans sa version téléphonique, touten disposant d’un nombre limité de ques-tions de compréhension aisée. L’adaptationau contexte des adolescents a été néces-saire en modifiant la formulation d’une desquestions (concernant la santé sociale :question 15) pour la proposer dans le con-texte relationnel de l’adolescence (pour les12-17 ans).Si la recherche sur la qualité de vie a beau-coup progressé concernant les « adultes »après 15 ans, cette question chez les ado-lescents, préadolescents ou enfants plusjeunes n’a pas fait systématiquement l’ob-jet de recherches. Cependant, il est possi-

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Environnement et qualité de vie des jeunes

55Baromètre santé jeunes 97/98

50

57

64

71

78

85

Santé physique Santé mentale

Estime de soi Santé sociale

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

80,678,2

76,172,3 72,4

70,6 69,771,9

74,670,6

69,5

63,2 62,6 62,0 61,9 62,3

67,2 66,0 66,667,4 67,2 66,6

64,067,0

76,574,1

72,669,4 68,5

69,367,5

69,8

Figure 14

Scores moyens de qualité de vie chez lesfilles selon l’âge

50

57

64

71

78

85

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ansSanté physique Santé mentale

Estime de soi Santé sociale

82,2 83,8 83,7 82,7 81,880,5 79,9 80,3

73,9 75,9 73,7 74,7

73,373,9

75,3 75,0

66,270,0

70,2 70,4 69,373,7

67,0 66,6

76,5 78,176,8

78,5

76,3

78,5 78,9 77,9

Figure 15

Scores moyens de qualité de vie chez lesgarçons selon l’âge

ble de faire l’hypothèse que les dimensionsde la qualité de vie pertinentes pour lesadultes le sont aussi pour les plus jeunes.L’enquête pilote précédant immédiatementle Baromètre santé jeunes, a permis devérifier la compréhension des différentsitems par la tranche d’âge considérée,notamment chez les plus jeunes.

Résultats

Les garçons déclarent une meilleure qua-lité de vie que les filles pour toutes les di-mensions, notamment en santé physique(scores de 81,8 vs 73,8), mentale (74,5vs 65,6), sociale (69,1 vs 66,5) et en santégénérale (75,1 vs 68,7). Ils ont un scored’estime de soi supérieur (77,7 vs 70,8)et des scores d’anxiété (29,7 vs 36,8) etde dépression (27,4 vs 36,1) inférieurs.La significativité de la différence selon l’âgeest très marquée chez les filles dans qua-siment toutes les dimensions sauf sociale(Figure 14 : évolution des scores de santéphysique, mentale, sociale et d’estime desoi des filles), alors que chez les garçons,seuls les scores de santé physique, de santésociale, d’anxiété et de santé générale évo-luent modérément avec l’âge (Figure 15 :évolution des scores de santé physique,mentale, sociale et d’estime de soi desgarçons).Ainsi, pour les filles, il apparaît que l’en-semble des scores en évolution significa-tive décroissent d’une manière marquéejusqu’à 15 ans (compris) pour les dimen-sions évaluées en sens direct, et croissentparallèlement pour les dimensions évaluéesen sens inverse (anxiété et dépression). Ilexiste, en particulier, un saut important entre14 et 15 ans, notamment pour la dimen-sion santé mentale, et corrélativement l’an-xiété, la dépression. L’ensemble de cesscores se stabilise ensuite après 16 ans.Pour les garçons, les évolutions sont, entout état de cause, beaucoup moins mar-quées. Elles vont dans le sens d’une qua-lité de vie moins bonne avec l’âge pour la

dimension physique et l’anxiété, et un in-vestissement plus important de la vie so-ciale dans les âges médians (13-17 ans ;plus particulièrement à 17 ans).Toutes les dimensions révèlent une diffé-rence de qualité de vie très nette selon lesexe apparaissant à partir de l’âge de 13ans (à 12 ans, la plupart des dimensions

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Environnement et qualité de vie des jeunes

56 Baromètre santé jeunes 97/98

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans

Hommes Femmes

50

60

70

80

90

100

Baromètre jeunes Baromètre adultes

82,8

80,5

81,9

78,7

79,2

77,074,580,6

78,2

76,1 72,3

72,470,6

69,7

71,975,1

70,4

72,072,7 69,5

65,5

61,6

55,1

80,980,3

79,9

80,5

81,8

82,783,7

83,882,2

Figure 16

Scores moyens de santé physique selon l’âge et le sexe (12-59 ans)

donnent des scores quasi identiques). Lesdifférences, quant à la qualité de vie, liéesau sexe se mettent donc en place au mo-ment du développement du phénomènepubertaire.L’évolution de la qualité de vie entre 12 et59 ans a été étudiée en agrégeant les don-nées du Baromètre santé jeunes 97/98 aveccelles issues des personnes de 20 à 59ans du Baromètre santé adultes 95/96 [2].Étant donné les effectifs beaucoup plusfaibles des données du Baromètre santéadultes (effectif total de l’échantillon de1 550 personnes pour un intervalle d’âgede 20 à 59 ans), il a été nécessaire degrouper les âges du Baromètre santé adul-tes en classes de cinq ans. Quelles quesoient les dimensions explorées (santéphysique, mentale, sociale, anxiété et dé-pression), la variation au cours de la vieest significative pour les hommes commepour les femmes. Si la santé physique deshommes n’évolue que très progressivementavec l’avancée dans la vie, celle des fem-mes subit des « à coups » beaucoup plus

brusques avec, outre la baisse nette entre14 et 15 ans, une diminution régulière etimportante à partir de 40-44 ans (Figure 16).De la même manière, la qualité de vie liéeà la santé mentale (Figure 17) ne subit pasde modification marquée pour les hommes,si ce n’est une tendance un peu « meilleure »en moyenne dans la seconde partie de lavie. Chez les femmes, en revanche, il existeun plateau en « creux » entre 15 et 19 ans,une très nette amélioration au début de lavie active (jusqu’à 30-34 ans) et la décrois-sance sensible entre les tranches d’âge30-34 ans et 55-59 ans.Pour ce qui concerne l’anxiété et la dépres-sion (Figure 18), les deux courbes sont àpeu près parallèles pour chacun des deuxsexes (il faut remarquer qu’il existe desquestions communes à ces deux dimen-sions). Il est possible de se rendre compte,de la même façon que pour le score globalde santé mentale, que les femmes se si-gnalent par deux périodes plus difficiles pources problèmes : l’adolescence après 15 anset la période 45-59 ans. Si l’on peut observer

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Environnement et qualité de vie des jeunes

57Baromètre santé jeunes 97/98

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans

Hommes Femmes

50

60

70

80

90

Baromètre jeunes Baromètre adultes

74,6

70,669,5

62,3

71,4 73,469,3

67,9

64,8

69,0

53,5

73,9

80,4

74,877,4

79,0

78,6

76,2

67,361,962,0

62,663,2

77,576,5

75,0

75,3

73,974,773,373,7

75,9

Figure 17

Scores moyens de santé mentale selon l’âge et le sexe (12-59 ans)

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans0

10

20

30

40

50

38,336,2

32,835,2

36,539,3 36,5

43,1

29,4 30,226,7

31,527,6

27,9

22,8 26,4

24,2 23,020,6

24,522,2 23,3

17,9

22,2

34,8 32,3

29,7

32,433,8

37,034,2

46,9

Baromètre jeunes Baromètre adultes

HommesFemmes

Anxiété Dépression

Figure 18

Scores moyens d’anxiété et de dépression selon l’âge et le sexe (12-59 ans)

12 ans 13 ans 14 ans 15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans

FillesAnxiété 27,6 31,9 33,1 39,1 39,3 41,4 40,3 40,3Dépression 27,2 31,0 31,8 38,5 38,5 41,0 39,1 39,8

GarçonsAnxiété 28,0 27,0 27,6 28,4 31,1 32,2 31,8 30,8Dépression 26,9 25,3 27,1 25,8 28,5 29,5 27,9 26,5

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Environnement et qualité de vie des jeunes

58 Baromètre santé jeunes 97/98

pour les hommes un « pic » au cours del’adolescence, leur score subit plutôt unedécroissance régulière pour le reste de lavie. L’anxiété est cependant assez marquéepour les hommes dans les années de vieactive en principe plus intenses (35-39 ans).

En analysant plus finement d’autres déter-minants associés à la qualité de vie, plu-sieurs constats peuvent être faits :• La catégorie socioprofessionnelle décla-rée du chef de famille est corrélée avec laqualité de vie dans les dimensions physi-que, sociale, santé générale, anxiété etdépression. Dans tous les cas (sauf la di-mension sociale), les jeunes vivant dans unfoyer dont le chef de famille est agricul-teur ont la qualité de vie la meilleure, paropposition à celles dont les chefs de fa-mille sont artisans et commerçants. Cettedifférence est la plus marquée pour ce quiconcerne le score d’anxiété.• Dans toutes les dimensions explorées(santé physique, sociale, mentale, santégénérale, estime de soi, anxiété et dépres-sion), la qualité de vie décroît d’une ma-nière linéaire avec le nombre de redouble-ments déclarés (aucune fois, une fois, deuxfois ou plus).• De même, dans toutes les dimensionscitées, la relation de la qualité de vie avecla situation familiale indique une décrois-sance de la qualité de vie déclarée selonque le jeune dit respectivement demeureravec ses deux parents de naissance (oud’adoption), avec un seul de ses parents,ou dans une famille recomposée (un pa-rent et un beau-parent). Rappelons que danscet échantillon, les situations de famillemonoparentale correspondent pour 24,1 %à un décès d’un des deux parents et à 73,0 %à une séparation ou un divorce. Les situa-tions de famille recomposée recouvrent,quant à elles, 9,7 % d’enfants ayant au moinsun des parents décédé outre les enfantsde parents séparés ou divorcés. Que lesenfants se situent dans l’une ou l’autre dessituations (parent décédé, parents séparés),toutes les dimensions de la qualité de vieexplorées sont altérées (santé physique,

sociale, mentale, estime de soi, anxiété,dépression, santé générale). Cependant, lesenfants déclarant un « décès » d’un desparents ont des scores de qualité de vieencore moins « bons » que ceux dont lesdeux parents sont séparés ou divorcés.• Les jeunes demeurant dans des agglo-mérations de moins de 20 000 habitants(les communes rurales exceptées), se si-gnalent par une meilleure qualité de viedéclarée dans presque toutes les dimen-sions : physique, mentale, anxiété, dépres-sion, estime de soi et santé générale (voirsur la Figure 19 les dimensions de santémentale, physique et générale). Dans plu-sieurs dimensions, les jeunes résidant encommunes rurales arrivent en second quantà la qualité de vie exprimée (santé physique,mentale, anxiété, santé générale). De même,plusieurs dimensions soulignent l’aspectstrictement décroissant de la qualité de vieselon la taille croissante de l’agglomérationpour les communes non rurales (santé phy-sique, estime de soi, anxiété, santé générale).• Pour la santé physique, mentale, l’estimede soi, l’anxiété, la dépression et la santégénérale, une qualité de vie moins bonneest logiquement et nettement reliée au faitd’avoir subi une violence au cours des douzederniers mois (quel que soit l’âge) et d’avoirsubi des rapports sexuels forcés (quels quesoient le sexe et l’âge).• Certains comportements de santé sonten relation avec une qualité de vie inférieuredans toutes ses dimensions :– Le statut tabagique possède un lien netavec la qualité de vie (Figure 20). Celle-cidécroît proportionnellement selon le degréd’addiction tabagique pour la santé physi-que, la santé sociale, l’anxiété et la santégénérale, même si l’on tient compte de l’âgeet du sexe. Par ailleurs, la qualité de vieconcernant la dépression, la santé mentaleet l’estime de soi diminue régulièrementselon que l’on passe des non-fumeurs auxfumeurs occasionnels et aux fumeurs ré-guliers de moins de 20 cigarettes.– Dans toutes les dimensions (sauf sociale),la consommation de cannabis plus de dixfois au cours de la vie est en relation avec

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Environnement et qualité de vie des jeunes

59Baromètre santé jeunes 97/98

60

65

70

75

80

85

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

Santé mentaleSanté généraleSanté physique

70,072,5

70,068,8 69,5

72,073,7

71,9 71,5 70,7

79,2 80,178,0

76,374,8

Figure 19

Scores moyens de qualité de vie selon lataille d’agglomération

60

65

70

75

80

85

Non-fumeurs Fumeursoccasionnels

Fumeursréguliers(moins de

20 cigarettes)

Fumeursréguliers

(20 cigaretteset plus)

Estime de soiSanté sociale

Santé physiqueAnxiété Dépression

79,9 75,7 72,9

66,0

31,037,3 39,0 41,0

29,336,3 37,4 35,1

75,869,9

70,6 74,3

68,2 67,5 67,163,5

Figure 20

Scores moyens de qualité de vie selon leprofil tabagique

Figure 21

Pratique sportive et scores moyensde qualité de vie

60

65

70

75

80

85

Santé mentaleSanté généraleSanté physique

Moinsde 2 heures

Plus de6 heures

De 2 à 4 heures

De 4 à6 heures

64,2 65,1

68,673,3

66,968,1

71,873,473,2

77,1

79,880,8

une qualité de vie inférieure et ce, quelsque soient l’âge et le sexe.– Il en est de même pour la consommationd’une boisson alcoolisée au moins une foispar semaine et le fait d’avoir été ivre aumoins une fois dans la vie.

– Enfin, dans toutes les dimensions, le nom-bre de repas sautés au cours de la semaine(aucune fois, une fois, deux fois ou plus),est en relation directe avec une qualité devie moins bonne (quels que soient le sexeet l’âge).– Le nombre d’heures de sport pratiquéesau cours de la semaine (moins de deuxheures, de deux à quatre heures, de qua-tre à six heures, plus de six heures) estaussi en relation directe avec la meilleurequalité de vie dans toutes les dimensions,quel que soit l’âge (Figure 21).

Analyse etsynthèse générale

• Comme pour les adultes, il existe unedifférence importante selon le sexe dansle domaine de la qualité de vie.En ce qui concerne la qualité de vie res-sentie, mesurée par le profil de santé deDuke, les filles ont une perception qualita-tivement différente des garçons, dans unsens plus pessimiste, et ce dès l’âge de

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Environnement et qualité de vie des jeunes

60 Baromètre santé jeunes 97/98

1. Le « coping » constitue la manière personnelle de faireface aux difficultés.

13 ans. Ce constat va perdurer tout au longde la vie. Dans la perspective de mise enplace d’actions de prévention, il est impor-tant d’être attentif au saut quantitatif quantà la santé psychologique et mentale chezles jeunes filles vers 14-15 ans. S’il existeun effet « puberté », il se produirait avecquelque retard par rapport à l’âge moyende ce phénomène, mais il est possible aussid’évoquer un seuil de difficultés en relationavec l’entrée en second cycle d’études pourcelles qui sont concernées. Les filles sontaussi plus souvent fatiguées que les gar-çons, déclarent plus de problèmes de som-meil et la perception de leur propre santéest plus négative. Dans la même perspec-tive, elles sont plus craintives par rapportaux risques pour la santé dans bien desdomaines.En revanche, les garçons expriment pro-bablement plus leur malaise, quand il existe,sur un mode « agi » de prise de risque. Cetteattitude correspond à une certaine moda-lité de stratégie de « coping »1 (voir les cha-pitres concernant la consommation d’alcool,les conduites d’essai, la violence et la con-sommation de drogues illicites).Ces facteurs déterminant une vulnérabilitéplus accrue chez les jeunes filles et un« mode de compensation » marqué chezles garçons doivent aider à réorienter lesobjectifs des démarches éducatives liéesà la santé : groupes de pairs, activitésvalorisantes, mobilisation sociale.Le mécanisme de défense par lequel lesgarçons mettent en acte (« agissent ») leurmalaise peut se déceler aussi dans un com-portement actif de mise à distance, voirede rejet de l’école (absentéisme, renvoi),alors que les filles déclarent au contraireplus souvent aimer l’école et s’y compor-tent de la manière plus attendue par lesadultes. Dans le même ordre d’idées, lesfilles se révèlent plus « studieuses » queles garçons en s’adonnant moins à la télé-vision et aux jeux vidéo, et en lisant plus. Ils’agit peut-être de l’effet d’une plus grande

intériorisation du contrôle parental, d’uncontrôle réel des parents plus importantpour ce qui concerne les adolescentes, outout simplement de goûts et d’intérêts dif-férents selon le sexe, sans que ces explici-tations ne s’excluent mutuellement.La perception du contrôle parental paraîten tout cas beaucoup plus marqué pourles filles, notamment en ce qui concernele désir des parents de savoir où sont lesenfants et le suivi des horaires de rentréepar les adultes en charge de l’éducation.Pour ce dernier item, les filles ne « rejoi-gnent » réellement les garçons quant audegré de liberté accordée qu’au momentde leur majorité. Il est possible aussi d’évo-quer un souci du respect de « normes »implicites plus marqué chez les filles. L’as-pect social de l’investissement des garçons(sortie avec des copains) n’est probable-ment pas sans relation avec la moindre in-tensité du contrôle suscité.

• La question de l’âge est aussi trèsprésente dans la qualité de vie et soncontexte. Bien entendu, les plus jeunessortent moins et, corrélativement, ils re-gardent plus souvent la télévision, jouentplus aux jeux vidéo et pratiquent plus lalecture. Ils ont, par ailleurs, un intérêt pourl’école plus affirmé et toutes les dimensionsde la qualité de vie mesurée (qualité de viephysique, mentale et sociale) sont meilleu-res. Ils dorment, bien entendu, beaucoupplus et mieux que les plus âgés, et la per-ception de leur propre santé est meilleure.Il sont, de plus, beaucoup moins craintifsque leurs aînés pour un certain nombre derisques ou de maladies. L’âge de 12 ansest celui où la qualité de vie des garçonsest la plus semblable à celle des filles. Ceconstat pourrait être repris en ce qui con-cerne les comportements de santé.

• Dans la perspective d’une attitude pré-ventive plus cohérente, il est importantde souligner la relation entre la struc-ture familiale et certains aspects de laqualité de vie. Ainsi, les jeunes ayant vécuune séparation ou un décès parental dis-

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Environnement et qualité de vie des jeunes

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1. Mais pas toujours, car la question était posée au(x)parent(s) quand ceux-ci décrochaient le téléphone

posent de scores de qualité de vie (physi-que, mentale, sociale) moins bons que lesautres, plus encore s’il s’agit du décès d’unparent. De la même façon, il semblerait queles adolescents ne vivant pas avec leursparents de naissance (ou d’adoption) s’ins-crivent moins facilement dans l’institutionscolaire (absentéisme, redoublements) etmènent une vie sociale extérieure avec lescopains plus intense. Sans stigmatiser telleou telle configuration familiale, il est impor-tant de porter une attention spécifique surla fragilisation possible de certaines situa-tions qui doivent faire l’objet de la vigilancedes éducateurs, notamment au niveau del’appel à des professionnels de l’écoute oude l’aide. La mise en évidence de ces si-tuations plus marquées de vulnérabilité doitorienter le travail en éducation pour la santésur les représentations, afin de démysti-fier le recours à l’aide psychologique, iden-tification et connaissance des réseauxd’aide…

• La profession du chef de famille pa-raît importante dans les questions pour les-quelles les déterminants sociaux sont clas-siquement retenus (rapport à l’école et re-doublement), ainsi que pour certains com-portements qui mettent en jeu des attitu-des culturelles pouvant être liées à la pro-fession (sociabilité amicale par exemple).Comme dans le Baromètre santé adultes95/96 [2], les enfants d’agriculteurs se si-gnalent par une qualité de vie déclaréemeilleure dans plusieurs dimensions. Lasituation professionnelle quant à elle (tra-vail ou chômage) ne semble pas en causecomme déterminant dans la plupart desquestions autour de la qualité de vie (elleapparaît aussi en ce qui concerne le rap-port à l’école). Rappelons que ces itemsétaient souvent renseignés par l’enfant lui-même (avec l’aide de l’enquêteur)1.

• Des facteurs géographiques, notam-ment liés directement à la taille de l’ag-

glomération du domicile, semblent avoirquelque influence sur la qualité de viepour ce qui concerne le sommeil et la fati-gue, mais aussi dans quasiment toutes lesdimensions de la qualité de vie mesuréepar le profil de santé de Duke. Pour desraisons probablement beaucoup plus pra-tiques d’accessibilité des établissements— mais peut-être aussi en fonction de causescomplexes liées au rapport à l’école pou-vant différer selon le lieu d’habitation —,le taux d’adolescents « en retard à l’école »ou bien « séchant » les cours est en rela-tion directe avec la taille de l’aggloméra-tion.

• Dans d’autres chapitres, les relations si-gnificatives entre un certain nombre de com-portements de santé « dits » à risque (ta-bac, alcool, consommation de substancespsychoactives illicites, prise de risque phy-sique, violence) sont abordés. Il est im-portant de souligner ici combien toutou partie de ces comportements ontune corrélation négative aussi bien avecles dimensions de la qualité de viemesurée (profil de santé de Duke) dans ledomaine physique ou psychologiquequ’avec certains aspects plus qualita-tifs comme la relation aux parents. Lesjeunes plus investis dans des sorties et leursrelations avec leurs pairs, sont, de manièreattendue, plus exposés à ces risques alorsqu’ils manifestent aussi une qualité de vieexprimée inférieure. Dans une optique pre-nant en compte les facteurs « protecteurs »,la pratique du sport s’avère en relation li-néaire avec une meilleure qualité de vie.

• Le rapprochement avec le Baromètresanté adultes 95/96 [2] a permis d’adop-ter une perspective inter-âges qui souli-gne bien la cohérence de certaines évolu-tions tout au long de la vie aussi bien en cequi concerne la qualité de vie mesurée (profilde santé de Duke) que pour d’autres as-pects comme la durée du sommeil, maisaussi les craintes perçues. Cette optiquesouligne combien il peut paraître justifié d’étu-dier les données des adolescents et des

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Environnement et qualité de vie des jeunes

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1. Chan Chee C. Baromètre santé jeunes 1994.Vanves : CFES, 1997 : 148 p.

2. Baudier F., Arènes J. (sous la dir. de). Baro-mètre santé adultes 95/96. Vanves : CFES,1997 : 288 p.

références bibliographiques

jeunes adultes dans leur continuité, cecinotamment pour améliorer, renseigner etqualifier les interventions en éducation pourla santé à ce moment de l’adolescence etde la postadolescence. Ce type d’analysea aussi été réalisé dans d’autres chapitres(voir les chapitres Tabac, Alcool, Droguesillicites).

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the key facts in a few figures…

School and work92.7% of 12-19 year olds are in the schoolor university ‘system’: 35.9% of them likeschool a lot and 52.3% like it fairly well.Young people in jobs or in apprentice-ships (some of whom may still be atschool) represent 14.9% of the sample.65.0% of them like their work a lot and30.1% like it fairly well.Among school pupils, girls like schoolbetter than boys. Boys have a higher rateof absenteeism and lateness and moreoften excluded from their school. Onethird of young people (36.3%) have hadto repeat a year once, and 12.7% twiceor more.

Leisure and relationshipsMore than three quarters (78.2%) ofteenagers watched television the day be-fore the interview, a quarter (23.7%)played video games and 51.9% read (ex-cluding school work). These three ac-tivities are the most common for theyoungest. While the first two tend to bemore common among boys, the last ismore common among girls.Half of young people (46.7%) have been,within the last seven days, in a café, baror games arcade with friends. This is more

Young people’senvironmentand quality of life

Jacques Arènes, Arnaud Gautier

frequent for boys, older teenagers, lesslikely to be living with their originalparents (birth or adoptive parents). Theyhave a more marked profile of consump-tion of psychoactive substances and lowerquality of life scores, psychological healthin particular. Furthermore, 41.7% ofyoung people have met friends outsidetheir immediate neighbourhood, in thecourse of the last seven days. The profileof these young people is virtually iden-tical to the previous group but their qual-ity of life is better.

Parents83.4% of parents want to know (very orfairly often) where their teenager is, 75.0%listen to their opinions, 59.5% praisethem, 58.1% tell them what time to comehome, and only 26.9% quickly forget arule they have made.A proportion of these parental behavioursis expressed in inverse relation to age.Girls say they are more strictly controlledby their parents than boys while feelingthat they are more appreciated by adults.The less young people feel appreciatedby their parents, the less they perceivethat their parents have some control overthem or that their attitude is consistent,

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the more they adopt certain risk behav-iours (alcohol or tobacco).

Perception of health risksThese questions were also asked dur-ing the 95/96 Adult Health Barometer.Girls are generally more fearful. Con-sidering the way in which fears changefrom the age of 12 to 75, most fears(cancer, heart disease, industrial acci-dents, road accidents, depression) in-crease steadily until the age of 45-54 or55-64. The fear of suicide affects theyoungest (12-17 year olds) and matureadults (35-75 year olds). Aids and sexu-ally transmitted diseases excluding Aids(question put to over 15s) worry theyoungest (15-24 year olds).

Perceived state of healthA very large majority of young people(94.7%) consider their own state of healthvery or fairly satisfactory. Furthermore,6 out of 10 young people consider them-selves “in very good health” and 3 youngpeople out of 10 “in fairly good health”.Almost 70% of teenagers questioned(68.3%) have felt tired during the lastweek: these are more often girls, and olderteenagers. Tiredness increases proportion-ately with the size of the conurbation inwhich they live.

SleepMore than a third of young people re-port they have had “a few” or “many”problems sleeping during the last week:these are more often girls and the pro-portion of sleep problems increases lin-early with age. The average time sleep-ing – 8.3 hours per night – is identicalin boys and girls. It reduces with age,going from 9.4 hours at 12 to 7.6 hoursat 19 years of age. The 95/96 Adult HealthBarometer identified a stabilisation in theaverage amount of sleep at a figure slightlyover 7 hours after the age of 20. The largerthe town, the less the time spent sleep-ing and the more the rate of sleepingproblems increases.

Perception of quality of life measuredby the Duke health profileBoys report a better quality of life thangirls for all dimensions (physical, men-tal, social and general health, self esteem,anxiety and depression). The differencewith age is very marked in girls on all di-mensions except social; in boys, on theother hand, only the physical health, so-cial health, anxiety and general health scoreschange slightly with age. A significant jumpat around 14-15 years of age for the “mentalhealth” dimension is observed in girls.Comparison with the data from the 95/96 Adult Health Barometer, reveals thatbetween the ages of 12 and 75 men’sperception of their physical health changesonly very gradually with age, and thatof women undergoes much sharper ‘leaps’with a steady and significant reductionfrom the age of 40-44, as well as the clearfall at around 14-15 years of age. Thequality of life linked to mental healthdoes not change markedly in men, whilein women, there is first a “dip” between15 and 19 years of age, then a very clearimprovement at the beginning of theirworking life (up to 30-34 years old) andfinally, a clear decrease between the 30-34 and 55-59 year old age groups.A less good quality of life in most of thesedimensions is associated with the fam-ily situation (single parent and recon-structed families), living in a largeconurbation, having suffered violence,and with drugs use (tobacco, alcohol,illegal drugs). On the other hand, a bet-ter quality of life is associated with ac-tive participation in sport.

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l’essentiel en quelques chiffres…

Le petit déjeunerLes jeunes interrogés ont pris en moyennesix petits déjeuners lors des sept derniersjours. 7,6 % n’en ont pris aucun : à 12 ans,ils sont 3,9 % et à 19 ans 11,0 %. La priserégulière du petit déjeuner est moins fré-quente quand le chef de famille est au chô-mage, ainsi que chez les jeunes ayant desproblèmes de surpoids. Parmi ceux qui ontconsommé un petit déjeuner la veille,75,5 % ont pris du lait ou un produit lai-tier, 74,0 % du pain, des céréales ou desbiscottes, 34,5 % un fruit ou un jus de fruit,21,6 % un café ou du thé et 23,5 % uneviennoiserie ou d’autres gâteaux. On trouveune composition « idéale » du petit déjeu-ner (trois groupes d’aliments) chez un jeunesur cinq (20,1 %) et une composition « cor-recte » (deux groupes d’aliments) chez unjeune sur deux (49,3 %). Les jeunes « obè-ses » sont les moins nombreux à composerde façon idéale (14,5 %) ce premier repasde la journée. Les filles consomment plusde fruits et moins de produits laitiers. Avecles années, la prise de produits laitiers etde pains-céréales-biscottes diminue alorsque celle de café augmente.

Le déjeunerAu cours de la dernière semaine, 88,2 %

des 12-19 ans ont pris tous les jours leurdéjeuner. Les filles, les adolescents lesplus âgés et ceux dont le chef de familleest au chômage ou inactif ont tendanceà sauter plus souvent ce repas. La mai-son (49,0 %) et la cantine (40,0 %) sontles deux principaux lieux de prise durepas de midi. Manger dans « un café,restaurant ou fast-food » est un com-portement plutôt rare mais qui augmenteavec l’âge (1,7 % à 12 ans et 10,1 % à19 ans). Déjeuner « dans la rue » restemarginal (2,0 %). C’est dans les famillesmonoparentales que les adolescents pren-nent le plus souvent le repas de midiseul. L’immense majorité des jeunes(94,3 %) juge positivement l’ambianceà table au cours du dernier repas de midi,tous lieux de prise de repas confondus.Globalement, les jeunes sont satisfaits(83,8 %) des qualités gustatives de leurdéjeuner de la veille. C’est sur les repasservis à la cantine qu’ils portent le ju-gement le plus négatif, même si les deuxtiers d’entre eux en sont satisfaits.

Le dîner87,7 % des jeunes interrogés ont pris leurrepas du soir quotidiennement durantles sept derniers jours, les filles moins

Nutrition

Béatrice Cotelle, François Baudier

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que les garçons, les plus âgés moins queles plus jeunes. Les filles dînent plus sou-vent en famille et les garçons plus à l’ex-térieur.

Le brossage des dentsLes jeunes sont 87,7 % à déclarer se bros-ser les dents le matin, seulement 29,7 %le midi et 81,3 % le soir ; plus de la moitiédisent avoir effectué ce geste deux fois laveille de l’interview, les filles plus queles garçons.

L’ambiance des repas en familleL’immense majorité (95,3 %) des jeunesinterrogés juge positivement l’ambiancedes repas en famille. Cette opinion po-sitive se dégrade un peu avec l’avance enâge (maximum à 16-17 ans).

Le poidsPrès des deux tiers (59,6 %) des jeunesinterrogés se trouvent « à peu près dubon poids », plus souvent les garçonsque les filles. D’après leur indice de massecorporelle (IMC), 7,5 % sont « mai-gres », 13,4 % « obèses ». Il y a plusd’obèses chez les garçons (15,0 %) quechez les filles (11,6 %). Les jeunes in-terrogés tendent globalement vers desIMC supérieurs aux références actuel-les. 12,7 % des adolescents déclarentavoir fait un régime pour maigrir aucours de l’année (filles : 21,8 % ; gar-çons : 4,0 %). Plus l’âge et l’indice demasse corporel augmentent, plus les12-19 ans ont répondu positivement surce point.

Les prises alimentaires en dehorsdes repas et la sensation d’avoir eufaimLa veille de l’interview, les trois quarts(77,9 %) des jeunes ont consommé aumoins un aliment en dehors des trois repasprincipaux (les garçons plus que les filles) :boissons sucrées (37,3 %), gâteaux su-crés (58,2 %), gâteaux salés (12,7 %) etsandwichs ou tartines (19,2 %). Les gar-çons choisissent les tartines, les boissons

sucrées et les gâteaux salés. Le pourcen-tage des consommateurs de boissons su-crées augmente régulièrement avec l’âge,alors que celui de tartines diminue sen-siblement. 5,3 % des adolescents décla-rent « ne pas avoir mangé à leur faim »assez ou très souvent au cours des douzederniers mois.

Indicateurs de troubles du comporte-ment alimentaire• « Manger énormément avec de la peineà s’arrêter » : 12,4 % déclarent avoir étésouvent dans cette situation au cours dela dernière année.• « Redouter de commencer à manger depeur de ne pas pouvoir s’arrêter » : la ré-ponse est négative dans 88,9 % des cas ;pour 6,8 % des adolescents, c’est arrivérarement et pour 4,3 % souvent.• « Manger en cachette » : 16,5 % des jeu-nes déclarent le faire, 10,8 % rarement,4,5 % assez souvent et 1,2 % très sou-vent.• « Se faire vomir volontairement » : laréponse est négative pour 95,5 % desjeunes et pour 3,7 % des adolescents, c’estarrivé rarement. « Souvent » concerne0,8 % de la population.

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Parmi les principaux déterminants de la santédes populations, l’alimentation joue un rôlemajeur. L’amélioration spectaculaire de l’es-pérance de vie constatée dans les pays dé-veloppés au cours de ces cinquante der-nières années s’explique en grande partiepar les progrès de l’hygiène de vie, la gé-néralisation de certaines vaccinations…,mais aussi par la diversification des habi-tudes alimentaires, ainsi qu’une disparitionprogressive de carences en certains nutri-ments essentiels. Dans une vision plus pros-pective de la santé, la nutrition est identi-fiée comme un facteur incontournable per-mettant de prévenir certaines affectionschroniques : maladies cardio-vasculaires,cancers, ostéoporose…La France est un pays qui a toujours eudes rapports passionnels avec son alimen-tation. Son patrimoine est particulièrementriche et vivant, marquant ainsi des singula-rités qui ont des effets paradoxaux sur lasanté de ses habitants [1]. Premier con-sommateur d’alcool au monde, avec desconséquences sanitaires majeures (cancers,accidents…), la France est aussi un paysrelativement protégé vis-à-vis des affections

cardio-vasculaires. Si le rôle de la diète diteméditerranéenne est discuté ainsi que l’ef-fet protecteur supposé d’une consomma-tion modérée d’alcool, les Français ont desspécificités diététiques marquées. Dans cecontexte de traditions culinaires très enra-cinées, l’équilibre alimentaire est fragile caril est fortement exposé depuis quelquesannées, d’une part, à un internationalismenutritionnel parfois appauvrissant en termesde variété des choix et des goûts et, d’autrepart, à des injonctions sanitaires souventpeu fondées.Par ailleurs, la crise sociale actuelle metun nombre important de personnes dansdes situations de précarité extrêmes. Sanstravail, habitant des logements mal équi-pés, ces personnes ont une vie aux pers-pectives incertaines qui leur font souventperdre leurs quelques repères sociocultu-rels. Bien qu’aujourd’hui les responsablesde santé publique évaluent mal l’importancedes conséquences nutritionnelles et sani-taires de ces situations de fragilités socia-les, il semble que ces ruptures d’équilibreconcernent un nombre croissant de familles,d’enfants et d’adolescents.Les connaissances précises sur l’alimen-tation des Français et son évolution aufil du temps se sont sensiblement amélio-rées au cours de ces dernières années. La

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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multiplication des investigations locales ounationales a été facilitée par la mise à dis-position d’outils de recueil plus fiables etd’utilisation plus souple, grâce en particulierà l’outil informatique. L’analyse de l’ensemblede ces travaux révèle un tableau contrastéque le Baromètre santé nutrition 1996 arécemment confirmé [2].Sans entrer dans le détail de ces résultats,trois constats majeurs ont été faits :• les Français conservent un certain nom-bre de repères alimentaires qui semblentencore fortement enracinés dans leurs habi-tudes de vie et sont des facteurs de diver-sité et donc d’équilibre nutritionnel. Par exem-ple, les deux principaux repas — midi et soir— sont pris le plus souvent à la maison ;• les populations socialement précariséessont plus régulièrement dans des situationsde déséquilibre dont il est difficile de direaujourd’hui quelles en sont précisément l’im-portance et les conséquences sur le planalimentaire et médical. Par exemple, l’obé-sité est nettement plus marquée chez lesfemmes de niveau d’études faible ;• les sujets les plus jeunes (surtout les 18-24ans dans le Baromètre santé nutrition 1996[2]) ont certains comportements alimentairesqui sembleraient les exposer à des risquesde santé plus grands. Par exemple, ils ontune plus faible consommation de fruits etde légumes que leurs aînés. Pourtant, ilest difficile de savoir si toutes ces tendan-ces sont liées à des effets d’âge (dans cecas, en avançant en âge, ces jeunes adop-teraient une grande partie des habitudesalimentaires actuelles de leurs parents) ouà des effets de génération (« en grandis-sant », ils conserveraient alors les particu-larités de leur génération d’appartenance,provoquant une rupture dans les habitudesalimentaires des Français). La mise en pers-pective du premier ou du deuxième scéna-rio pourra être confirmée ou infirmée parles prochains Baromètres santé nutrition.Les résultats du Baromètre santé jeunespermettent de répondre à un certain nom-bre de questions sur les habitudes alimen-taires des 12-19 ans.Tout d’abord, le petit déjeuner est exploré

de façon détaillée : les adolescents sau-tent-ils souvent ce premier repas de la jour-née ? De quoi est-il composé ? Avec qui etoù le prennent-ils ?Ensuite, les autres repas sont étudiés : oùont-ils consommé leur dernier déjeuner ?Si c’était à la cantine, l’ont-ils trouvé bon ?Le soir, avec qui ont-ils mangé ? Quelle esten général l’ambiance des repas familiaux ?Ont-ils pris quelque chose entre les repas ?Si oui, était-ce des biscuits, des boissonssucrées, des tartines… ?Ces données fournissent une photographieassez précise des différentes prises alimen-taires au cours de la journée. Elles sontcomplétées par des informations sur cer-tains comportements alimentaires en rela-tion avec le poids des jeunes et l’imagequ’ils se font de leur corps : pratique derégime amaigrissant, tendances à des trou-bles du comportement alimentaire…

Résultats

Pour tous les facteurs liés à l’âge et/ou ausexe (redoublement, statut familial, consom-mation d’alcool, de tabac ou de droguesillicites), un ajustement a été effectué afind’éliminer ces effets. Lorsqu’une différenceest signalée, elle tient donc compte de cesfacteurs de confusion.

Les repas

Le petit déjeuner

La fréquenceEn moyenne, les jeunes interrogés ont prissix petits déjeuners (5,8) au cours des septderniers jours. Près des deux tiers (65,3 %)ont effectué ce repas tous les jours et 7,6 %n’en n’ont pris aucun. Si les filles et lesgarçons ont sensiblement les mêmes ha-bitudes vis-à-vis de ce premier repas de lajournée, l’âge joue de façon importante sursa fréquence qui est moins élevée chez les

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Tableau I

Prise du petit déjeuner en fonction du lieud’habitation (en pourcentage)

Petit déjeuner sauté 0 fois 1 fois 2 foiset plus

Communes rurales 69,3 9,5 21,2Agglomération de moinsde 20 000 h. 69,0 8,7 22,320 000 à 199 999 h 66,3 8,9 24,8200 000 h. et plus 65,7 8,1 26,2Agglomération parisienne 52,5 9,7 37,8

« Dans ma famille, le petit déj c’estsacré. C’est une vraie réunion defamille. On descend deux baguet-tes à cinq : on fait une véritablechaîne de tartines ! Un coupe lepain, l’autre le beurre, le troisièmerange les tartines sur un plat.Ensuite, on se régale tous ensem-ble. Mais quand je suis toute seule,je n’ai pas envie de faire ça. Alorsje mange n’importe quoi, mêmedes chips si j’en trouve, pour avoirquelque chose dans le ventre. »

Figure 1

Jeunes ayant sauté leur petitdéjeuner au moins une fois au coursde la semaine en fonction de leurcorpulence (en pourcentage)

0 2010 30 40 50

Obèses

Normaux supérieurs

Normaux inférieurs

Maigres 31,0

33,0

35,0

39,4

plus âgés. À 12 ans, ils sont 3,9 % à l’avoirsauté tous les jours. À 19 ans, ils sont troisfois plus nombreux (11,0 %).La prise de ce repas varie aussi en fonc-tion de la situation familiale de l’adolescent.En effet, les jeunes qui vivent avec leursparents de naissance (ou d’adoption) sontmoins nombreux à avoir sauté leur petitdéjeuner que les autres (familles monopa-rentales ou recomposées) : sur une semaine,une moyenne de 5,9 repas chez les pre-mières vs 5,4. De même, la proportion dejeunes qui prennent un petit déjeuner varieselon la situation professionnelle du chefde famille. Une prise régulière de ce repasest moins fréquente quand il est au chô-mage : un tiers (32,2 %) des enfants dechômeurs l’a sauté « deux fois ou plus »contre un quart (25,1 %) chez ceux dont lechef de famille travaille. La régularité de laprise de petit déjeuner diminue linéairementégalement avec le nombre de redoublementsscolaires. C’est ainsi que les jeunes ayantredoublé n’ont pris ce repas que 5,6 foisvs 6,0 fois chez les autres.La fréquence des repas sautés augmentesignificativement et régulièrement en fonc-tion de la taille de l’agglomération où ha-bite le jeune (Tableau I). C’est ainsi que dansles communes rurales, le petit déjeuner aété pris en moyenne 6 fois vs 5,3 fois enagglomération parisienne.Si l’on croise la fréquence de prise du petitdéjeuner avec l’indice de masse corporelle(IMC = P/T², avec le poids et la taille dé-clarés) en tenant compte du sexe et de l’âge,plus l’IMC augmente, plus le pourcentagede jeunes ayant sauté au moins une foisce repas au cours des sept derniers jourscroît. Autrement dit, plus les jeunes ont desproblèmes de surpoids, moins ils prennentde petit déjeuner le matin (Figure 1). Ceconstat est fait aussi bien chez les fillesque chez les garçons.Comme chez les 18-75 ans (Baromètre santéadultes [3]), les fumeurs réguliers sautentplus souvent leur petit déjeuner que lesautres adolescents : ils n’ont, en effet, prisce repas que 5,1 fois vs 6 fois pour le restede la population. Il en est de même pour

Mélanie, élève de troisième

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Nutrition

74 Baromètre santé jeunes 97/98

les jeunes qui boivent au moins une foispar semaine une boisson alcoolisée, quin’ont pris que 5,5 fois leur petit déjeunerau cours des sept derniers jours.

L’environnement du petit déjeunerLa veille de l’interview, 12,5 % des jeunesn’avaient pas pris de petit déjeuner vs 7,0 %chez les adultes dans le Baromètre santénutrition 1996 [2] et 18 % dans le sondageCFES/Cnamts de 1994 réalisé auprès desjeunes [1].Parmi ceux qui ont pris un petit déjeuner laveille, 50,1 % étaient seuls, 41,8 % en fa-mille et 8,1 % avec des copains. Exceptionfaite de ce dernier item pour lequel les gar-çons sont plus nombreux à avoir mangé avecdes copains, il y a peu de différences entreles garçons et les filles. En revanche, l’âgeest un facteur très important. En effet, laprise de ce repas en famille est trois foismoins fréquente chez les 19 ans que chezles 12 ans (21,0 % vs 62,4 %) (Figure 2).Les jeunes vivant dans des zones ruralessont moins nombreux à avoir pris seuls leurpetit déjeuner que ceux des zones urbai-nes. Par ailleurs, les ruraux prennent deuxfois plus souvent leur petit déjeuner avecdes copains que les non-ruraux (12,1 % vs5,2 %), ce qui est sans doute lié au faitqu’ils sont plus fréquemment pensionnai-res (Figure 3). D’ailleurs, c’est parmi lesenfants d’agriculteurs que ce repas est leplus souvent pris avec des copains. Lesjeunes situés dans les deux intervalles d’IMCextrêmes (« maigres » et « obèses ») onttendance à être plus nombreux à déclarerprendre ce repas en famille.

Composition du petit déjeunerLes jeunes qui ont consommé un petit dé-jeuner la veille (87,5 %), ont pris :– du lait ou un produit laitier 75,5 %– du pain, des céréales ou

des biscottes 74,0 %– un fruit ou un jus de fruit 34,5 %– un café ou du thé (sans ou avec

une faible quantité de lait) 21,6 %– une viennoiserie ou

d’autres gâteaux 23,5 %

– un œuf, du jambon oude la charcuterie 0,7 %

– un autre produit 5,8 %Chez un jeune sur cinq (20,1 %), le petitdéjeuner a une composition « idéale », c’est-à-dire avec une prise appartenant à cha-cun des trois groupes suivants : « lait ouproduit laitier », « pains, céréales ou bis-

Figure 2

Environnement du petit déjeuner selon l’âge(en pourcentage)

0

10

20

30

40

50

60

70

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

28,1

35,741,2

44,2 46,450,5 49,1 51,3

62,4

53,5

46,9

36,4 29,525,0 24,5

21,0

1,5 2,04,7 7,2 9,1 11,3 10,5 8,8

8,0 8,6 7,214,812,2 13,2 15,2

18,7

SeulEn famille

Avec des copains

N’a pas pris de petit déjeuner

Figure 3

Environnement du petit déjeuner selon lataille d’agglomération (en pourcentage)

0

10

20

30

40

50

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

40,544,2

39,5

48,4 48,9

37,6

36,1

42,0

35,030,3

12,1

8,65,0 3,7 3,99,8

11,113,4 12,9

16,9

Seul

En famille

Avec des copains

N’a pas pris de petit déjeuner

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Nutrition

75Baromètre santé jeunes 97/98

Idéale (3 groupes)20,1 %

Correcte(2 groupes)49,3 %

Incomplète(1 groupe ou moins)30,6 %

Figure 4

Association des différents groupesd’aliments au petit déjeuner (base ;3 603 jeunes ayant pris un petitdéjeuner la veille de l’interview)

0

40

20

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

81,576,1 74,3

70,4

34,6 32,237,6

33,7

78,0 74,8 73,3 70,1

10,617,7

25,2 32,223,2 22,7

23,8 24,3

Produit laitier

FruitsPain, Céréales Café (thé)

Viennoiserie

Figure 5

Aliments consommés au petitdéjeuner en fonction de l’âge (enpourcentage)

cottes », « fruits ou jus de fruit ». Pour lamoitié d’entre eux (49,3 %), la composi-tion est « correcte » avec une prise alimen-taire issue de deux de ces groupes. Un peumoins d’un tiers (30,6 %) a consommé unpetit déjeuner « incomplet » avec une prisealimentaire issue d’un seul de ces groupesou d’un autre groupe (Figure 4). La compa-raison avec les résultats du Baromètre santénutrition 1996 [2] montre que globalement,les jeunes ont en moyenne un petit déjeu-ner nettement plus équilibré que leurs aînés(18-75 ans), où 57 % d’entre eux avaientconsommé un petit déjeuner « incomplet ».Les principaux facteurs sociodémographi-ques ainsi que certains comportements desanté majeurs, à l’exception du fait de fu-mer régulièrement, ont peu d’influence surcette composition du petit déjeuner. Seulspoints remarquables : les petits déjeunersincomplets sont un peu plus fréquents chezles sujets plus âgés et les redoublants. Parailleurs, les jeunes « obèses » sont les moinsnombreux à composer de façon idéale cepremier repas de la journée (14,5 %).Les garçons sont plus nombreux que lesfilles à avoir pris un aliment du groupe « laitou produit laitier » (78,2 % vs 72,7 %) etégalement des « viennoiseries ou autres gâ-teaux » (24,8 % vs 22,2 %). À l’inverse, lesfilles sont de plus grandes consommatri-ces de « fruits ou jus de fruit » (38,7 % vs30,6 %), mais aussi de « café ou de thé »(22,9 % vs 20,3 %). Ces tendances confir-ment le plus faible apport en produits lai-tiers et donc en calcium, parmi les adoles-centes, par rapport à la population mascu-line. Compte tenu des risques spécifiquesd’ostéoporose que présente la populationféminine, ce constat devrait faire l’objet demesures de santé publique particulièresauprès de cette population.L’âge a une influence notable sur le choixde ces aliments (Figure 5). La consomma-tion de produits des groupes « lait et pro-duit laitier » et « pain, céréales ou biscot-tes » diminue avec l’âge à l’inverse de celledu « café ou thé » qui augmente.Les enfants dont le chef de famille est ca-dre sont plus nombreux à avoir consommé

« du pain, des céréales ou des biscottes ».Inversement, ils consomment moins de« café ou de thé » que les autres. Ce sontles adolescents dont le chef de famille estouvrier qui sont les plus importants con-sommateurs de « viennoiseries ou autresgâteaux » et qui choisissent le moins sou-vent des fruits pour ce repas. Les enfantsd’ouvriers et d’agriculteurs sont égalementceux qui semblent consommer le plus de« café et de thé ». Ces tendances valideraient,

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76 Baromètre santé jeunes 97/98

« J’ai constaté que les matins où jene me lève pas parce que je nesuis pas obligée, les filles ontvraiment tendance à alléger aumaximum leur petit déjeuner. Doncje fais un gros effort pour prendrele plus souvent possible le petitdéjeuner avec elles. Je veille à cequ’elles mangent au moins unlaitage, un jus de fruit et unetartine. C’est le minimum. On nedit pas grand chose, on ne se parlepas beaucoup car tout le monde aencore sommeil mais au moins onest ensemble. Les filles n’aimentpas commencer la journée sansqu’on ait partagé ce moment. »

pour la population jeune, le constat fait dansle dernier Baromètre santé nutrition [2], d’unpetit déjeuner plus équilibré dans les caté-gories sociales plus favorisées.

Le déjeuner

La fréquence88,2 % des jeunes de 12 à 19 ans ont pristous les jours leur déjeuner au cours de ladernière semaine, 5,4 % l’ont sauté une seulefois et 6,3 % deux fois et plus (dont 0,5 %tous les jours). Les filles ont tendance àsauter plus souvent ce repas (13,1 % desfilles ont sauté le déjeuner au moins unefois vs 10,5 % pour les garçons). L’âge in-fluence de façon non négligeable la priseou non du déjeuner. C’est ainsi que dansles classes d’âge les plus élevées, les ado-lescents sautent plus souvent le repas demidi : à 12-13 ans, 1,3 % des enfants nel’ont pas pris « une à deux fois au cours dela dernière semaine » vs 11,7 % à 18-19ans. Si l’on croise ces données avec le sexe,cette évolution est plus marquée chez lesfilles que chez les garçons.Les jeunes ayant déjà redoublé déclarent

plus souvent sauter leur déjeuner. En re-vanche, les jeunes qui vivent avec leursparents de naissance (ou d’adoption) le pren-nent plus régulièrement (9,7 % l’ont sautéau moins une fois) par rapport aux enfantsissus de familles monoparentales (18,2 %)ou recomposées (17,8 %).Les jeunes dont le chef de famille est auchômage ou inactif sautent plus souvent ledéjeuner. Il en est de même pour les en-fants d’ouvriers, d’artisans et de commer-çants. À l’opposé, les enfants d’agriculteursy sont plus fidèles. Les adolescents vivanten agglomération parisienne sont significa-tivement plus nombreux que les autres à avoirsauté au moins une fois le déjeuner dans lasemaine (20,9 % vs 10,2 %).À la différence du petit déjeuner, les jeu-nes ayant un « IMC » élevé ne sautent pasplus souvent ce repas que les autres.

Le lieu et l’environnement du déjeunerLa veille de l’interview, 1,7 % des jeunesn’avaient pas déjeuné (vs 5 % chez les adul-tes d’après le Baromètre santé nutrition1996 [2]). Parmi ceux qui ont pris ce repas,près de la moitié (49,0 %) ont déclaré avoirdéjeuné chez eux. Les autres principauxlieux de repas sont présentés sur la Figure 6.Par ailleurs, 6,7 % ont déjeuné seuls.Le lieu de ce repas évolue en fonction del’âge de l’interviewé, avec une diminutionglobale de la fréquentation du domicile fa-milial jusque vers 17 ans, suivie d’une aug-mentation pour atteindre à 19 ans un pour-centage équivalent à celui des enfants de12 ans. La fréquentation de la cantine resteà peu près stable jusque vers 16-17 ans,puis chute à 18 et 19 ans. Ces deux lieuxde repas restent néanmoins les plus fré-quentés par les jeunes quel que soit l’âge.Manger dans « un café, restaurant ou fast-food » est un comportement plutôt rare jus-qu’à 14 ans et devient plus courant à par-tir de 15 ans, pour ensuite ne cesser d’aug-menter. Enfin, déjeuner « dans la rue » ouailleurs reste un comportement marginal,quel que soit l’âge des jeunes (Figure 7).Les jeunes qui ont déjà redoublé mangentmoins souvent à la cantine et plus réguliè-

Éléonore, maman de trois fillesde 13, 17 et 19 ans

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Nutrition

77Baromètre santé jeunes 97/98

Cantine40,0 %

Rue 2,2 %

Café, restaurant 5,6 %

Autres 3,2 %

Maison49,0 %

Figure 6

Lieu de prise du déjeuner

0

10

20

30

40

50

60

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

À la maison

Dans la rueÀ la cantine

Au café, dans un restaurant

53,3 51,455,9

46,8

43,0

42,047,4

53,6

43,1 43,439,8

45,1

45,9

41,935,6

25,9

0,2

0,4 0,2 2,3

3,33,0 4,3 3,51,7 2,3 2,1 3,5

5,110,0 8,7 10,2

Figure 7

Déjeuner selon le lieu et l’âge (en pourcen-tage)

Très bonne37,7 %

Plutôt bonne56,6 %

Plutôt mauvaise4,7 %

Très mauvaise1,0 %

Figure 8

Perception de l’ambiance dudéjeuner

Tableau II

Ambiance du repas de midi selon son lieu deprise (en pourcentage ; base = 4 043 jeunesqui ont déjeuné)

très plutôt plutôt trèsbonne bonne mauvaise mauvaise

À la maison 34,0 60,9 4,5 0,6À la cantine 41,6 52,0 4,9 1,5Dans la rue 27,8 58,9 8,9 4,4Au café, au restaurant 37,5 59,9 2,6Autre 52,3 42,3 5,4

rement chez eux, « dans la rue » et dansles « cafés, restaurants ou fast-food ».Les ruraux sont plus nombreux que lesautres à déjeuner à la cantine (53,5 % vs34,9 %), ce qui s’explique très logique-ment par l’éloignement géographique dulieu d’habitation.Lorsque le chef de famille est au chômage,les jeunes sont plus de la moitié (57,4 %) àêtre rentrés chez eux le midi la veille de l’inter-view vs 40,3 % pour ceux dont le chef defamille travaille. De plus, ils ne sont que28,7 % à prendre leur repas à l’école (vs 41,0 %pour ceux dont le chef de famille travaille).De façon plus spécifique, ce sont les enfantsd’agriculteurs qui ont pris le plus souvent(63,2 %) leur déjeuner la veille de l’interviewentre copains. Logiquement, ce sont aussiles enfants d’agriculteurs qui fréquententle plus la cantine (58,4 % vs 39,3 %) et lemoins la maison le midi (36,5 % vs 49,5 %).

L’ambiance du déjeunerL’immense majorité des jeunes (94,3 %) juge

positivement l’ambiance à table au coursdu dernier repas de midi (Figure 8). Il n’y apas de différence significative entre les filleset les garçons, ni selon l’âge.C’est à la cantine que l’ambiance des re-pas est la plus souvent jugée « très bonne »(Tableau II). Le score d’ambiance reste lemeilleur (« très » ou « plutôt bonne »), touslieux de prise de repas confondus, lorsqueles jeunes déjeunent « au café, au restau-rant ou au fast-food » et c’est « dans la rue »que le jugement est le plus sévère.

La perception de la qualité du déjeunerGlobalement, les jeunes sont satisfaits(83,8 % de ceux qui ont déjeuné) des qualités

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80 Baromètre santé jeunes 97/98

Très bonne28,4 %

Plutôt bonne55,4 %

Plutôt mauvaise12,0 %

Très mauvaise4,2 %

Figure 9

Perception de la qualité du déjeuner

Figure 10

Jeunes qui trouvent que la qualitédu déjeuner est mauvaise selon lelieu (en pourcentage)

0 10 20 30 40

10,0

14,6

34,2

2,8Maison

Cantine

Rue

Café, restaurant

gustatives (« très bonnes » et « plutôt bon-nes ») de leur déjeuner de la veille (Figure 9),sans différence entre les filles et les gar-çons, ni selon l’âge.Le croisement de ces réponses avec le lieude prise du déjeuner souligne que c’est surles repas servis à la cantine que les jeunesportent le jugement le plus négatif, maisavec tout de même les deux tiers des ado-lescents qui sont satisfaits (Figure 10).

Le dîner

La fréquence87,7 % des jeunes interrogés ont pris leurrepas du soir quotidiennement durant les septderniers jours, ce pourcentage étant quasiidentique à celui du déjeuner. Parmi les 12,3 %qui l’ont sauté, 6,6 % ne l’ont fait qu’uneseule fois et 5,7 % deux fois ou plus.La différence entre les filles et les garçons

est très significative : les filles sont beau-coup plus nombreuses à déclarer avoir sautéce repas que les garçons (au moins unefois : 15,8 % vs 9,0 %).De même que pour le petit déjeuner et ledéjeuner, l’âge influence la prise du dîner :à 12-13 ans, ils sont 6,5 % à l’avoir sautéau moins une fois, à 18-19 ans, ils sontplus du double (15,6 %), ce phénomène étantaccentué chez les filles (Figure 11).À la différence des repas du matin et dumidi, les autres facteurs sociodémographi-ques et de comportements interviennentpeu en dehors de la notion de chômagedans la famille. En effet, ce sont dans cesfamilles que les jeunes ont le plus souventsauté deux fois ou plus le dîner de la veille.

L’environnement du dînerLa veille de l’interview, seuls 1,6 % des jeu-nes interrogés n’avaient pas dîné (chiffreidentique à celui des adultes qui était de2 % d’après le Baromètre santé nutrition1996 [2]). Parmi ceux qui ont pris ce repas,la grande majorité l’a fait en famille (86,7 %),6,4 % seuls et 6,9 % entre copains.Les filles dînent un peu plus en famille queles garçons (88,1 % vs 85,4 %).La prise du repas du soir en famille diminueavec les années, surtout à partir de 16 ans,alors que les dîners « seul » ou « avec descopains » progressent (Figure 12).Plus les jeunes vivent en milieu urbanisé,plus ils mangent souvent seuls, mais cecireste globalement assez marginal. C’est ainsique l’on passe de 5,0 % dans les commu-nes rurales à 7,6 % en agglomération pari-sienne. Une spécificité des enfants d’agri-culteurs : ils mangent plus souvent le soiravec des copains (éloignement en rapportavec les études effectuées).

Le brossage des dents

L’hygiène bucco-dentaire faisant suite auxtrois repas principaux a été étudiée et nousdonne les éléments suivants :Les jeunes déclarent se brosser plus fré-quemment les dents le matin (87,7 %) quele midi (29,7 %) ou que le soir (81,3 %).

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0

10

20

30

40

60

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

En famille Avec des copainsSeul

1,53,1 4,0 4,4

6,7

9,012,3

96,2 95,5 92,3 92,085,3 83,2

78,173,9

2,3 1,4 3,6 3,68,1

7,8

13,0 13,8

8,9

Figure 12

Lieu du dîner suivant l’âge (en pourcentage)

Figure 13

Jeunes déclarant s’être brossé lesdents la veille de l’interview, selon lesexe et le moment de la journée (enpourcentage)

0

25

50

75

100

Le matin À midi Le soir

FillesGarçons

83,1

25,0

76,5

92,5

34,6

86,3

Quel que soit le moment de la journée, lesfilles sont plus nombreuses à se brosserles dents que les garçons (Figure 13).Plus de la moitié des jeunes interrogésdéclarent s’être lavé les dents deux fois laveille de l’interview, moins d’un quart troisfois, un cinquième une fois et 2,4 % (soit99 personnes) pas du tout.L’âge ne met pas en évidence de variationsnotables sur ce comportement, quel quesoit le moment de la journée.Les jeunes qui rentrent déjeuner à la maison

sont plus nombreux à se laver les dents aprèsce repas que les autres (45,7 % vs 15,0 %).

L’ambiance des repasen familleL’immense majorité (95,3 %) des jeunesinterrogés juge positivement l’ambiance desrepas en famille (Figure 14). Elle se « dé-grade » un peu avec les années surtoutautour de 16-17 ans (Figure 15).Elle varie aussi de façon significative en

Figure 11

Repas du soir sauté au cours des sept derniers jours selon l’âge et le sexe (en pourcentage)

0

3

6

9

12

15

Deux et plusUn

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Filles Garçons

6,4

3,2

8,3 6,9 9,58,1

14,7

7,6

1,3

3,6

3,5

6,4

12,0 11,0

11,09,6

4,1

7,4

3,5 4,5

5,77,2

3,61,62,5

1,2

5,16,1

4,3 4,8

5,03,7

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0

10

20

30

40

60

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Très bonnePlutôt bonne Très mauvaise

Plutôt mauvaise

52,4 52,5

43,7

35,9 35,232,1

34,439,746,1 45,7

54,4

60,2

58,6

62,1

57,652,7

1,1 1,6 1,93,3 5,2 4,9 6,7 7,2

0,4 0,20,0

0,6 1,0 0,9 1,3 0,4

Figure 15

Ambiance des repas en famille selon l’âge(en pourcentage)

Tableau III

Ambiance familiale des repas en fonction dela situation de famille (en pourcentage)

très plutôt plutôt trèsbonne bonne mauvaise mauvaise

Monoparentale (n=515) 33,3 61,6 4,1 1,0De naissance (oud’adoption) (n=3 259) 41,3 55,0 3,4 0,3Recomposée (n=236) 45,5 40,8 11,1 2,6

fonction de la situation familiale (Tableau III).Plus la taille des agglomérations augmentemoins la satisfaction concernant l’ambiancedes repas familiaux est grande.

Le poids

L’indice de masse corporelle (IMC)L’IMC est une mesure du poids ajustée parrapport à la taille. Son calcul (poids/taille²)permet de comparer et de connaître la cor-pulence des individus. Cet indice est fonc-tion du sexe mais, pour les enfants et lesadolescents, il est aussi fonction de l’âge.Dans le Baromètre santé jeunes, le poidset la taille déclarés des adolescents ontété identifiés et comparés aux valeurs deréférence utilisées en France [4]. Il est né-cessaire de rester prudent face à ces ré-sultats, car des comparaisons sont faitesentre des valeurs déclarées et des donnéesmesurées. Les IMC, tous âges confondus,ont été regroupés selon certains groupesde percentiles de la population de référence.Quatre classes d’IMC, correspondant à cequi est préconisé pour diagnostiquer clini-quement une maigreur ou une obésité chezl’enfant, ont été constituées :• maigres, les jeunes dont l’IMC est infé-rieur ou égal au 10e percentile ;• normaux inférieurs, les jeunes dont l’IMCest compris entre le 10e et le 50e percentile ;• normaux supérieurs, les jeunes dont l’IMCest compris entre le 50e et le 90e percentile ;• obèses, les jeunes dont l’IMC est supé-rieur ou égal au 90e percentile.

Le poids perçuPrès des deux tiers (59,6 %) des jeunesinterrogés se trouvent « à peu près du bonpoids » et ce sont plus souvent les garçonsque les filles qui sont dans ce cas. L’en-semble des différences de perception se-lon le sexe est présenté sur la Figure 16. Ily a peu de variation de la perception deson poids suivant l’âge et globalement lesfilles ont une vision plus négative de leurpoids surtout dans le sens d’un excès.L’étude de l’IMC montre que les jeunes onten général une perception « réaliste » deleur corpulence. Il faut cependant resterprudent puisque le poids et la taille sontdéclarés. Ceux qui se trouvent le plus fré-quemment « à peu près du bon poids » sontle plus souvent ceux dont l’IMC est « nor-

Très bonne40,4 %

Plutôt bonne54,9 %

Plutôt mauvaise4,1 %

Très mauvaise0,6 %

Figure 14

Perception de l’ambiance des repasen famille

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83Baromètre santé jeunes 97/98

0

14

28

42

56

70

Beaucouptrop maigre

Un peutrop maigre

À peu prèsdu bon poids

Un peutrop gros

Beaucouptrop gros

FillesGarçons

1,5

19,1

65,7

13,0

0,70,56,3

53,4

36,5

3,3

Figure 16

Perception du corps selon le sexe (enpourcentage)

0

14

28

42

56

70

Beaucouptrop maigre

Un peutrop maigre

À peu prèsdu bon poids

Un peutrop gros

Beaucouptrop gros

Maigres Normaux inférieurs Normaux supérieurs Obèses

5,60,31,3

20,1

66,7

0,20,26,4

62,4

29,7

1,30,9

33,2

55,4

9,8

34,8

57,3

2,0

11,7

0,8

Figure 17

Perception de son corps selon l’indice de masse corporelle (en pourcentage dechaque classe d’IMC)

Tableau IV

Indice de masse corporelle selon le sexe desadolescents (en pourcentage)

Maigres Normaux Normaux Obèsesinférieurs supérieurs

Garçons (n=2 067) 6,5 31,9 46,6 15,0Filles (n=1 982) 8,5 41,9 38,0 11,6Total (n=4 049) 7,5 36,7 42,4 13,4

mal ». Cependant, 37,4 % des filles et 7,2 %des garçons qui ont un IMC normal se trou-vent un peu ou beaucoup trop gros. Lesdeux tiers des obèses (65,2 %) se trouventtrop gros, alors que moins de la moitié desjeunes maigres (40,4 %) se considèrentcomme étant trop maigres (Figure 17).Les jeunes qui vivent avec leurs parentsde naissance (ou d’adoption) sont plus nom-breux à s’estimer « à peu près du bon poids »(60,3 % vs 57,4 % pour les autres), et àl’inverse, on retrouve plus de 12-19 ans sejugeant « un peu trop maigres » ou « un peutrop gros » chez ceux issus de famillesmonoparentales.

Le poids déclaréPour la population considérée, les résul-tats globaux et l’analyse suivant le sexe sontprésentés dans le Tableau IV.Quel que soit le sexe, les jeunes interro-gés tendent globalement vers des IMC su-périeurs aux références actuelles [4], doncvers des excès de poids (Figure 18).En croisant la corpulence avec l’âge, onconstate que plus ce dernier augmente, plusles jeunes tendent à la minceur (30,5 % des12 ans sont classés dans les « normauxinférieurs » vs 39,2 % à 19 ans). À l’opposé,

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Nutrition

84 Baromètre santé jeunes 97/98

15

17

19

21

23

25

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

GarçonsFilles

Baromètre santé jeunes Référence Inserm [4]

Figure 19

Comparaison des percentiles (10/50/90es) de l’indice de masse corporelle selon l’âge etle sexe

l’obésité est plus fréquente à 12 ans avecdeux fois plus de jeunes concernés (21,4 %)qu’à 19 ans (10,2 %). Quel que soit l’âge,les garçons ont un IMC supérieur à celuide référence, alors que cet indicateur estchez les filles proche des normes françai-ses (Figure 19).Ces résultats qui prennent en compte lesexe de l’interviewé doivent être interpré-tés avec une certaine prudence. En effet,il est possible de faire l’hypothèse que lesjeunes filles, surtout en grandissant, aurontpeut-être plus tendance que les garçons à

minimiser leur poids réel, la norme socialeétant plus tolérante vis-à-vis des hommesque des femmes sur la question du poids.Par rapport à la profession du chef de fa-mille, il y a plus d’obèses parmi les enfantsd’agriculteurs (17,2 %) et d’artisans/com-merçants (17,7 %). À l’inverse, les enfantsdont le chef de famille est cadre ou exerceune profession intellectuelle supérieure sontnettement moins touchés par cette patho-logie (7,6 % vs 14,9 % pour les autres pro-fessions). En revanche, le statut du chefde famille (travail, chômage, inactif) n’estpas un facteur discriminant.Il y a un pourcentage plus grand d’enfantsobèses (16,4 %) dans les familles mono-parentales que dans les autres types defamille (12,9 %).Parmi les jeunes interrogés, les adolescentsqui ne sont pas fumeurs réguliers sont plussouvent obèses que le reste de la popula-tion (14,7 % vs 9,1 %).

Les prises alimentaireshors des repas principaux

La fréquenceLa veille de l’interview, les trois quarts(77,9 %) des jeunes ont consommé au moinsun aliment (sous forme liquide ou solide)en dehors des trois repas principaux. Toutou partie de ces prises alimentaires a pu

Figure 18

Indice de masse corporelle déclaré,comparé à celui de la population deréférence française (en pourcen-tage)

0 2010 30 40 50

Obèses

Normaux supérieurs

Normaux inférieurs

Maigres

Baromètre santé jeunes Référence Inserm [4]

10

40

40

10

7,5

36,8

42,4

13,4

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Nutrition

85Baromètre santé jeunes 97/98

0 50 7525 100

Obèses

Normaux supérieurs

Normaux inférieurs

Maigres

69,9

76,8

80,7

86,1

Figure 20

« Grignotage » selon l’indice demasse corporelle (en pourcentage)

Tableau V

Types d’aliments consommés en dehors destrois repas selon le sexe (en pourcentage)

Jeunes ayant pris des boissons gâteaux gâteaux tartinessucrées sucrés salés

Garçons 44,3 57,8 14,6 22,0Filles 30,0 58,5 10,6 16,4Total 37,3 58,2 12,7 19,2

0

20

40

60

80

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Boissons sucrées

Gâteaux sucrés

Gâteaux salés

Tartines

33,6 37,1 38,4 39,7

59,5 63,259,2

51,8

11,7 12,9 13,0

23,621,4 18,0

14,8

13,0

Figure 21

Les quatre types d’alimentsconsommés selon l’âge (en pour-centage)

être inclus dans un goûter, mais le ques-tionnaire ne permet pas de connaître l’heureet le regroupement éventuel de ce « grigno-tage ». Cette terminologie est donc utiliséeici de façon extensive par rapport à l’usagecourant, le goûter étant considéré habituel-lement, à cet âge, comme une pratique dis-tincte du grignotage.Les garçons et les habitants d’aggloméra-tion de 200 000 habitants et plus sont plusnombreux à avoir consommé « au moinsune fois » un aliment en dehors des troisrepas principaux. Les résultats concernantles liens éventuels entre grignotages etobésité sont en contradiction avec les ré-sultats attendus, sans explication probanteen dehors d’une sous-déclaration parmi lessujets de poids élevé, en raison d’une pres-sion sociale importante (Figure 20). Lors-que l’on analyse la fréquence de prise deces différents types d’aliments parmi lapopulation qui déclare en avoir consommé,aucun lien n’est retrouvé.

Le type et la fréquencedes aliments consommésPlus d’un tiers des jeunes (37,3 %) ont prisau moins une fois une boisson sucrée endehors des repas. Ils sont près des deuxtiers (58,2 %) à avoir pris des gâteaux su-crés, 12,7 % des gâteaux salés et seule-ment un sur cinq (19,2 %) des sandwichsou des tartines (pain). Ce dernier chiffresemble faible si l’on considère qu’un éven-tuel goûter est inclus dans ces données.En terme de fréquence, les jeunes qui ont,la veille de l’interview, pris des boissons su-crées en ont consommé en moyenne 2,1fois, 2,0 fois pour les gâteaux sucrés, 1,4pour les tartines et 1,4 pour les gâteaux salés.Le Tableau V montre que les garçons choi-sissent de façon préférentielle les tartines,les boissons sucrées et les gâteaux saléset lorsqu’ils le font, c’est plus souvent queles filles.Le pourcentage des consommateurs deboissons sucrées augmente régulièrementavec l’âge, alors que celui de tartines dimi-nue sensiblement. Ceci est aussi vrai enterme de fréquence pour les consomma-

teurs de ces deux types de produits. Laprise de gâteaux sucrés est à son maxi-mum à 14-15 ans (Figure 21).

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Nutrition

86 Baromètre santé jeunes 97/98

0

10

20

30

40

Filles Garçons

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

3,3 3,2 5,0 4,4

10,1

21,024,7

30,1

Figure 22

Jeunes ayant fait un régime pourmaigrir selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

0 2010 30

Obèses

Normaux supérieurs

Normaux inférieurs

Maigres

25,9

13,1

9,0

4,6

Figure 23

Jeunes ayant fait un régime selonl’indice de masse corporelle (enpourcentage)

Quelques comportementsalimentaires spécifiques

La sensation d’avoir eu faim5,3 % des jeunes déclarent « ne pas avoirmangé à leur faim » assez souvent ou trèssouvent au cours des douze derniers mois(4,3 % de garçons et 6,3 % de filles). C’estarrivé « rarement » pour 16,5 % des ado-lescents. Cette situation augmente légère-ment avec l’âge et c’est en agglomérationparisienne que l’on trouve le plus de jeu-nes dans cette situation (7,5 %).Les jeunes disant « avoir eu assez souventou très souvent faim au cours des douzederniers mois » se répartissent de la ma-nière suivante en fonction de l’activité duchef de famille : travaille (4,7 %) ; au chô-mage (7,5 %) ; inactif (10,7 %).

La pratique d’un régime amaigrissant12,7 % des jeunes interrogés déclarent avoirfait un régime pour maigrir au cours desdouze derniers mois. Une fille sur cinq(21,8 %) est concernée, seulement 4,0 %des garçons déclarent en avoir fait un (Fi-gure 22). Avec l’âge, la déclaration pource type de comportement augmente.Les jeunes vivant avec leurs parents denaissance (ou d’adoption) sont moins nom-breux à pratiquer ce type de régime. C’estchez les agriculteurs que les jeunes s’y in-téressent le moins, avec seulement 5,8 %d’entre eux qui en ont suivi un. À l’opposé,les enfants d’artisans, commerçants ouchefs d’entreprise sont 20,9 % à en avoirfait un. La pratique de régimes amaigrissantsaugmente avec la taille de l’agglomération.L’IMC est, logiquement, très lié à la prati-que d’un régime : plus il augmente, plus lafréquence des régimes croît. Les « maigres »sont 4,6 % à avoir essayé de maigrir alorsque les « obèses » sont cinq fois plus nom-breux (25,9 %). Ce dernier pourcentage peutparaître relativement faible puisque celasignifie qu’au moins les trois quarts desadolescents obèses ne sont pas pris encharge sur le plan diététique (Figure 23).Globalement, les scores de santé (physique,

sociale et mentale) au profil de santé deDuke sont plus bas parmi les jeunes quiont déclaré avoir fait un régime amaigris-sant, ce qui traduit très certainement unsentiment de mal-être plus prononcé danscette population.

Indicateurs de troubles ducomportement alimentaire

« Manger énormément avecde la peine à s’arrêter »Plus d’un jeune sur dix (12,4 %) déclarentavoir été assez souvent ou très souventdans cette situation au cours des douze

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Nutrition

87Baromètre santé jeunes 97/98

Jamais 52,8 %

Rarement34,8 % Assez souvent

9,9 %Très souvent

2,5 %

Figure 24

Jeunes ayant mangé énormémentavec de la peine à s’arrêter

0

10

20

30

40

50

60

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Jamais Assez souvent

Rarement Très souvent

57,554,0 51,9

49,4 49,7 47,6

57,1 55,1

31,837,4 36,9 36,8 37,6 37,7

31,0 30,1

8,2 7,49,7 10,5 9,2

12,19,6 11,7

2,5 1,2 1,5 3,3 3,5 2,5 2,3 3,1

Figure 25

« Manger énormément avec de la peine àvous arrêter » selon l’âge (en pourcentage)

50

60

70

80

90

Jamais Rarement Assezsouvent

Très souvent

Santé socialeSanté mentaleSanté physique

80,9

76,1

71,1

65,8

74,3

67,5

60,955,8

68,767,4

65,9

63,1

Figure 26

« Manger énormément avec de lapeine à vous arrêter » et scoresmoyens de santé au profil de Duke

0

2

4

6

8

10

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Assez souventRarement Très souvent

9,9

6,3

8,0 7,66,9 7,3

4,7

2,12,7

3,2

5,6

2,9 3,1

4,3

4,33,6

0,8 0,41,0 1,4 1,1 1,2

0,50,4

Figure 27

« Redouter de commencer à manger de peurde ne pouvoir vous arrêter » selon l’âge (enpourcentage)

derniers mois (Figure 24), avec de faiblesdifférences entre les filles et les garçons.Il semble que ce soit vers le milieu de l’ado-lescence que les jeunes soient le plus en-clins à ce comportement (Figure 25).Plus les jeunes ont un IMC important, plusils rapportent ce comportement.Enfin, les scores de santé à l’échelle deDuke diminuent très nettement (surtout lesscores de santé physique et mentale) avecl’expression croissante de ce comportementcompulsif (Figure 26).

« Redouter de commencer à manger de peurde ne pas pouvoir s’arrêter »La réponse est négative dans 88,9 % des

cas. Pour 6,8 % des adolescents, c’est ar-rivé rarement et pour 4,3 %, souvent. Lesfilles sont deux fois plus nombreuses queles garçons à avoir ressenti cette peur (15 %vs 7,4 %). Il y a une augmentation de cettecrainte vers 14-15 ans, qui diminue par lasuite (Figure 27).Plus les adolescents ont un IMC important,plus ils rapportent cette appréhension.

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Nutrition

90 Baromètre santé jeunes 97/98

40

50

60

70

80

Jamais Trèssouvent

Rarement Assezsouvent

Santé mentaleSanté socialeSanté physique

78,7

73,470,4

54,2

71,4

64,0

54,3

48,9

68,265,1

61,764,3

Figure 28

« Redouter de commencer àmanger de peur de ne pouvoir vousarrêter » et scores moyens de santéau profil de Duke

Figure 30

« Manger en cachette » et scoresmoyens de santé au profil de Duke

Les scores de santé au profil de Duke (sur-tout mentale et physique) décroissent avecl’intensité de cette crainte (Figure 28).

« Manger en cachette »16,5 % des jeunes déclarent manger encachette, dont 10,8 % rarement, 4,5 % as-sez souvent et seulement 1,2 % très sou-vent. Il n’y a pas de différence significativeentre les filles et les garçons et ce com-portement diminue avec l’âge ; il passe de22,2 % à 12 ans à 7,6 % à 19 ans (Fi-gure 29).Les jeunes « obèses » sont beaucoup plusnombreux à déclarer « manger en cachette »que les autres et, de façon générale, plusla corpulence augmente, plus ce compor-tement est constaté.De la même façon que pour les comporte-ments alimentaires précédents, les scoresde santé diminuent avec l’augmentation dela fréquence « manger en cachette » (sur-tout pour la santé mentale) (Figure 30).

« Se faire vomir volontairement »La réponse est négative pour 95,5 % desjeunes et pour 3,7 % des adolescents, c’estarrivé rarement. « Très souvent » et « assez

souvent » ne concernent que 0,8 % de lapopulation.En raison d’effectifs faibles, les autres ana-lyses n’ont pu être réalisées.

Figure 29

« Manger en cachette » selon l’âge (enpourcentage)

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans0

5

10

15

20

Assez souventRarement Très souvent

15,7

18,8

12,111,1

9,1 8,97,8

5,04,2 4,5

6,1 5,84,6 4,5 4,1

2,3

2,31,2 0,8 1,6 1,2 0,7 1,2

0,2

Jamais Trèssouvent

Rarement Assezsouvent

40

50

60

70

80

Santé mentaleSanté socialeSanté physique

78,576,3

70,572,3

71,266,6

60,9

56,8

68,266,0

64,667,1

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91Baromètre santé jeunes 97/98

« L’année dernière, je faisaisbeaucoup de danse, je voulaisdevenir professionnelle. Dansl’école que je fréquentais, on semontait la tête entre nous : il nefallait surtout pas grossir si onvoulait réussir un jour. Moi j’aiessayé plusieurs régimes, j’enarrivais à prendre des malaisesparce que je ne mangeais presqueplus rien. Autour de moi, plusieursfilles sont carrément tombées dansl’anorexie. Une a perdu 20 kgpendant l’été. À la rentrée, on nel’a pas reconnue. Cela m’a fait trèspeur. J’ai tout arrêté, la danse etles régimes. Je ne voulais pas ylaisser ma peau. »

Analyse et synthèse

Le sexeLa fréquence, l’environnement et l’équilibrenutritionnel du petit déjeuner ne diffèrentpas de façon sensible selon le sexe. Pour-tant, il est important de noter que les 12-19 ans de sexe masculin ont des apportsen produits laitiers significativement plusélevés que les adolescentes, alors que cesdernières choisissent plus souvent des fruitspour ce premier repas de la journée.Les filles sautent plus fréquemment leurdéjeuner et leur dîner que les garçons, maisquand elles en prennent un (ce qui est lecas dans l’immense majorité des situations),c’est plus souvent en famille. Concernantl’ambiance et la qualité des repas, il n’y apas de différences selon le sexe.Les garçons déclarent manger en dehorsdes repas principaux plus que les filles et ilschoisissent de façon préférentielle des tar-tines, des boissons sucrées et des gâteauxsalés.Les adolescentes se perçoivent plus régu-lièrement « grosses » que les garçons etfont cinq fois plus souvent des régimesamaigrissants, alors que le calcul de leurindice de masse corporelle tendrait à mon-trer qu’il y a plus de problèmes d’obésitéchez les garçons. Ces résultats sont à in-terpréter avec une certaine prudence enraison d’une possible sous-déclaration dupoids chez les filles, liée à une pressionsociale plus forte sur ce sujet sensible. CesIMC plus faibles déclarés par les filles peu-vent également être dus à la pratique plusfréquente de régimes chez ces dernières.Parmi « les indicateurs » de troubles ducomportement alimentaire, seul le fait « deredouter de commencer à manger de peurde ne pas pouvoir s’arrêter » est une atti-tude plus fréquente chez les filles que chezles garçons. Concernant certains autrescomportements, comme le fait de « se fairevomir volontairement », la faiblesse deseffectifs ne permet pas de mettre en évi-dence des différences significatives selonle sexe.

L’âge

La fréquence de prise des petits déjeunersdiminue avec l’âge et, au fil des années,les 12-19 ans prennent de plus en plussouvent ce premier repas de la journée seuls.Par ailleurs, c’est parmi les plus âgés quele petit déjeuner est le plus régulièrementincomplet sur le plan nutritionnel : « le laitet les produits laitiers » et « le pain et lescéréales » sont de moins en moins souventconsommés, tout en restant tout de mêmeà un niveau élevé parmi ceux qui déclarentavoir pris un petit déjeuner la veille : à 18-19 ans, plus des deux tiers ont pris « dulait et des produits laitiers », idem pour « lepain et les céréales ». En revanche, le pour-centage de jeunes ayant pris « du café oudu thé » (avec ou sans une faible quantitéde lait) triple de 12-13 ans à 18-19 ans.Plus les adolescents sont âgés, plus ilssautent leur déjeuner. Avec les années, ilsle prennent de plus en plus rarement à lacantine et de plus en plus souvent, mêmesi cela reste assez marginal, « au café, dansun restaurant ou au fast-food » et dans la

Cécile, élève de troisième

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92 Baromètre santé jeunes 97/98

« J’ai vécu pendant très longtempsen région parisienne où les tempsde transport sont beaucoup pluslongs qu’en province. Je neconnaissais pas les repas enfamille. Mes enfants dînaient avantnous pour pouvoir se coucher tôtet je dînais avec mon mari plustard, à son retour du travail. Enarrivant dans la région lyonnaise,j’ai découvert le bonheur d’unrepas en famille. C’est quelquechose de fantastique. On parle detout et de rien, des études, d’unconcert, d’un film qu’on va allervoir ensemble, du week-end quiapproche, des vacances au skiqu’on prépare. C’est un momenttrès agréable de grande complicitéet d’échange privilégié mais aussid’écoute réciproque. Cela soudefortement la famille. »

rue. Le repas pris à la maison est à sonminimum vers 17 ans et augmente de nou-veau à partir de cet âge jusqu’à 19 ans oùil atteint le même niveau qu’à 12 ans.Comme pour les autres repas, la fréquencede prise du dîner diminue avec les années,tout en restant toujours à des niveaux trèsélevés. Ce repas de fin de journée est net-tement moins pris en famille à 19 ans qu’à12 ans. L’importance des copains croîtsensiblement mais aussi le fait de mangerseul.Si très peu de jeunes considèrent que l’am-biance des repas familiaux est en généralmauvaise, ce sentiment augmente sensi-blement avec les années.Les problèmes d’obésité se rencontrent plusfréquemment chez les plus jeunes mais ceconstat peut être lié à la situation puber-taire.La prise de boissons sucrées augmente

avec l’âge et c’est l’inverse pour les tarti-nes qui sont consommées plus régulière-ment parmi les plus jeunes.La fréquence des régimes amaigrissantsaugmente considérablement avec l’âge (etspécifiquement pour les filles). « Mangerénormément avec de la peine à s’arrêter »et « redouter de commencer à manger depeur de ne pas pouvoir s’arrêter » sont dessituations qui sont à leur maximum au mi-lieu de l’adolescence. Avec les années, lesjeunes déclarent de moins en moins sou-vent « manger en cachette ».

Statut social du chef de famille

Le petit déjeuner est pris moins fréquem-ment lorsque le chef de famille est au chô-mage et ce premier repas de la journéeest pris plus souvent seul dans les foyersd’ouvriers. Par ailleurs, c’est dans les fa-milles d’ouvriers et d’inactifs que les ap-ports en groupes d’aliments intéressantsdu point de vue nutritionnel sont les moinsfréquents.Pour le repas de midi, c’est aussi dans lesfamilles où le chef de famille est au chô-mage ou inactif que l’on saute le plus sou-vent le déjeuner. Quand les enfants issusde ces milieux sociaux prennent ce repas,ils le font plus souvent chez eux, « dansdes cafés, restaurants ou fast-food » et« dans les rues », qu’à la cantine. Le soir,c’est encore les enfants de chômeurs quisautent le plus régulièrement le dîner.Si les enfants de chefs d’entreprise et decadres ont moins de problèmes d’excès depoids que le reste de la population, il n’apas été retrouvé dans cette étude un in-dice de masse corporelle supérieur auxautres catégories chez les enfants d’ouvriers,d’employés, de chômeurs ou d’inactifs. Enrevanche, les plus gros consommateurs deboissons et de gâteaux sucrés sont parmiles jeunes dont le chef de famille est endifficulté sociale ou appartient à une caté-gorie sociale plus défavorisée.C’est dans les foyers où le chef de familleest inactif ou chômeur qu’il y a le pourcen-tage le plus élevé de jeunes qui déclarent

Hélène, maman de trois enfantsde 9, 15 et 19 ans

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93Baromètre santé jeunes 97/98

« ne pas avoir mangé à leur faim » au coursdes douze derniers mois.

Statut familial

Le petit déjeuner et le repas de midi sontmoins souvent sautés chez les jeunes quivivent avec leurs parents de naissance (oud’adoption) que dans les familles recom-posées et monoparentales. Quand les jeu-nes de familles monoparentales prennentun repas à midi (ce qui est en majorité lecas), ils le font plus régulièrement seulsque les autres adolescents. Globalement,c’est dans les familles recomposées queles jeunes jugent le plus sévèrement l’am-biance des repas familiaux. La perceptiondu poids est la plus positive parmi les 12-19 ans de familles de naissance (ou d’adop-tion) (c’est aussi parmi les enfants de cesfoyers qu’il y a le moins de jeunes qui pra-tiquent des régimes amaigrissants) et lesproblèmes d’obésité sont plus marqués dansles familles monoparentales.

Redoublement

Les jeunes qui ont déjà redoublé prennentmoins régulièrement leur petit déjeuner etlorsqu’ils le font, ce repas est moins com-plet que pour le reste de la population.À midi, ils sont aussi plus nombreux à sau-ter leur déjeuner et quand ils le prennent,c’est moins fréquemment à la cantine queles autres.

Zones d’habitation

C’est en zone urbaine que l’on saute le plussouvent le petit déjeuner. Pour le repas demidi, ce sont les adolescents de zones ru-rales (éloignement géographique lié à lascolarité) et ceux de la région parisienne(habitude sociale de sauter ce repas ou d’yconsacrer peu de temps) qui le prennentle moins souvent (c’est là encore une si-tuation peu fréquente même pour ces po-pulations spécifiques). Par ailleurs, les ru-raux mangent plus à la cantine et les ur-bains chez eux. L’ambiance des repas fa-

miliaux est perçue plus négativement enmilieu urbain. Les prises alimentaires endehors des repas principaux sont plus ré-pandues dans les villes et c’est dans la ré-gion parisienne qu’il y a le plus de jeunesqui déclarent avoir eu souvent faim au coursdes douze derniers mois. Si l’indice de massecorporelle n’augmente pas avec la taille dela commune (en dehors du fait que les en-fants d’agriculteurs semblent plus gros quele reste de la population), plus les jeunessont urbanisés, plus ils déclarent avoir déjàfait un régime amaigrissant.

Autres comportementsde santé

AlcoolLes buveurs réguliers (c’est-à-dire au moinsune fois par semaine) sautent plus réguliè-rement leur petit déjeuner, ont une visionplus péjorative sur l’ambiance des repasfamiliaux, déclarent plus souvent « ne passe trouver du bon poids », consomment plusde boissons sucrées en dehors des repas,déclarent plus souvent « manger énormé-ment avec de la peine à s’arrêter » et « sefaire vomir volontairement ».

TabacLes mêmes liens sont retrouvés entre lesfumeurs réguliers (c’est-à-dire au moins unecigarette par jour) et les différentes carac-téristiques analysées précédemment (pourla consommation d’alcool), avec deux spé-cificités : les fumeurs qui prennent un petitdéjeuner l’équilibrent moins bien que le restede la population et les consommateurs ré-guliers de tabac ont moins souvent unsurpoids que le reste de la population.

DroguesLes consommateurs de produits illicites— c’est-à-dire les personnes ayant con-sommé au moins une fois dans leur vie unedrogue (pratiquement uniquement duhaschich) — ont une vision plus négativede l’ambiance des repas familiaux, décla-rent plus souvent « manger énormément

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Nutrition

94 Baromètre santé jeunes 97/98

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références bibliographiques

avec de la peine à s’arrêter » et « se fairevomir volontairement ».

Scores de santé physique, mentale etsocialeLes jeunes qui ont déjà pratiqué un régimeamaigrissant et ceux qui déclarent avoirsouvent été dans les situations suivantes :« manger énormément avec de la peine às’arrêter », « redouter de commencer àmanger de peur de ne pouvoir s’arrêter »,« manger en cachette » et « se faire vomirvolontairement », ont des scores de santémentale et physique au profil de Duke plusdégradés. Cette réalité est beaucoup moinssensible pour les scores de santé sociale.

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Baromètre santé jeunes 97/98

95

the key facts in a few figures…

BreakfastThe young people questioned ate break-fast, on average, six times in the previ-ous seven days. 7.6% had not eaten break-fast at all; 3.9% at the age of 12 and 11.0%at the age of 19. Eating breakfast regu-larly is less frequent when the head ofthe household is unemployed and amongyoung people with problems of excessweight. Of those young people who hadeaten breakfast the previous day, 75.5%had had milk or a dairy product, 74.0%had bread, cereal or crackers, 34.5% fruitor fruit juice, 21.6% coffee or tea and23.5% a Danish pastry or other cake.One young person in five (20.1%) hadeaten an “ideal” breakfast (three foodgroups), and one in two young people(49.3%) had a “satisfactory” breakfast(two food groups). Fewer “obese” youngpeople selected a perfect balance of foodsfor this first meal of the day. Girls con-sumed more fruit and less dairy produce.As they get older, consumption of dairyproducts and breads - cereals - crackersreduces while coffee consumption in-creases.

LunchDuring the previous week 88.2% of 12

Nutrition

Béatrice Cotelle, François Baudier

to 19 year olds had eaten lunch everyday. Girls, the oldest teenagers and thosewhose head of household is unemployedor not economicallyactive tend to skip this meal more fre-quently. Home (49.0%) and the canteen(40.0%) are the two main places wherethe midday meal is eaten. Eating in “acafé, restaurant or fast food outlet” is fairlyrare behaviour but increases with age(1.7% at age 12 and 10.1% at 19 yearsof age). Lunch “in the street” remainsmarginal (2.0%) . It is in single parentfamilies that teenagers are most likely toeat their midday meal alone. The greatmajority of young people (94.3%) re-gard the atmosphere at table during thelast midday meal positively for all placeswhere meals are eaten. Overall, youngpeople are satisfied (83.8%) with thequality of their lunch on the previousday. It is canteen lunches that are judgedmost negatively even though two thirdsof them are satisfied.

Dinner87.7% of young people questioned atean evening meal every day over the pre-vious seven days, fewer girls than boys,older subjects more than younger. When

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Baromètre santé jeunes 97/98

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they eat, girls most often do so with thefamily and boys are more likely to do sooutside the home.

Dental hygiene87.7% of young people declare brush-ing their teeth in the morning, only29.7% at midday and 81.3% at night;more than half say they did so twice onthe day before the interview, girls morethan boys.

Atmosphere of family mealsThe vast majority (95.3%) of youngpeople questioned judge the atmosphereof family meals positively. This positivdeclaration deteriorates a little as theyget older (peaking at 16-17 years of age).

WeightAlmost two thirds (59.6%) of youngpeople questioned consider themselvesto be “about the right weight”, more of-ten boys than girls. Their Body MassIndex (BMI) revealed 7,5% as .”thin” and15% “obese”. More boys were obese(15.0%) than girls (11.6%). The youngpeople questioned tend overall towardshigher BMIs than current standards.12.7% of teenagers say they have dietedin order to slim over the course of theyear (girls: 21.8%; boys: 4.0%). The olderthe teenager and the higher the Body MassIndex, the more likely 12-19 year oldswere to give a positive answer to thisquestion.

Food consumption outside mealtimes and feeling hungryOn the day before the interview, threequarters (77.9%) of young people con-sumed at least one food outside the threemain meals (boys more than girls): sug-ary drinks (37.3%), sugary cakes (58.2%),savoury cakes (12.7%) and sandwichesor bread with a spread (19.2%). Boyschose bread with a spread, sugary drinksand savoury cakes. The percentage con-suming sugary drinks increased steadilywith age, while that consuming bread

and a spread fell significantly. 5.3% ofteenagers report “not having eaten enoughto feel full” fairly or very often duringthe previous twelve months.

Indicators of problem food behaviour• “Eating enormously and finding it diffi-cult to stop”: 12.4% say they have oftenbeen in thissituation during the last year.• “Fearing to start eating in case you can’tstop”: 88.9% give a negative response: for6.8%of teenagers this happens very occasion-ally and for 4.3% often.• “Eating secretly”: 16.5% of teenagersreport doing this, 10.8% rarely, 4.5%fairlyfrequently and 1.2% very frequently• “Deliberately making yourself vomit”:95.5% of young people answered no tothisquestion and 3.7% did this very occa-sionally. “Often” applies to 0.8% of thepopulation.

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l’essentiel en quelques chiffres…

Activité physiqueLa moitié (50,5 %) des 12-19 ans n’a pasfait d’activité physique la veille, c’est-à-dire une « activité entraînant une trans-piration ou une accélération du rythmecardiaque ». Un peu plus d’un quart(26,4 %) a déclaré en faire plus d’uneheure par jour, les garçons davantage queles filles.

Activité sportiveSur l’ensemble de la semaine écoulée, lesjeunes ont fait en moyenne plus de 4heures ½ de sport. Cette durée varie for-tement d’un individu à l’autre : 13,7 %des adolescents n’en ont pas fait du toutet près d’un quart en a fait au moins uneheure par jour en moyenne.Les garçons sont plus nombreux à avoirfait un sport au cours de la semaineprécédante et cette pratique est moinsfréquente à mesure qu’ils avancent en âge.Les 12-19 ans scolarisés ont fait, enmoyenne, 5 heures de sport environ aucours des sept derniers jours : les garçonspresque 6 heures et les filles presque 4heures. Ce sont les collégiens qui décla-rent la moyenne la plus élevée avec prèsde 5 heures 30.Globalement, les jeunes non scolarisés

(ou partiellement scolarisés) font deuxfois moins de sport que les adolescentsallant à l’école et cette pratique s’effec-tue le plus souvent seul(e) ou avec descopains (moins en club).En ce qui concerne la qualité de vie (profilde santé de Duke), les scores de santésont plus élevés parmi les adolescentsayant fait du sport ou ayant eu une acti-vité physique.Les adolescents vivant dans un ménagedont le chef de famille est au chômageou inactif, sont ceux qui ont fait le moinssouvent du sport au cours des sept der-niers jours.

Les raisons de la pratique d’un sportPour près des trois quarts (73,9 %) des12-19 ans, faire du sport est avant toutse faire plaisir. Ce pourcentage est plusélevé chez les plus jeunes.Les filles sont quatre fois plus nombreu-ses que les garçons à faire du sport pourmaigrir (20,3 % vs 4,0 %). Les garçonsrépondent plus fréquemment faire dusport pour gagner (19,3 % vs 6,2 %).Les jeunes qui vivent dans des commu-nes rurales déclarent chercher davantageque les autres adolescents à établir un liensocial par le biais de la pratique sportive.

Sport et activité physique

Philippe Guilbert, François Baudier

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Sport et activité physique

103Baromètre santé jeunes 97/98

L’activité sportive et plus généralement l’ac-tivité physique constituent un enjeu impor-tant en terme de bien-être physique, men-tal et social. Cette association repose surun déterminant intermédiaire, la conditionphysique. Idéalement, une pratique spor-tive entraîne une amélioration de la condi-tion physique qui, elle-même, est favora-ble à la santé. Or, le lien entre activité phy-sique ou sportive et condition physique estloin d’être simple, tout comme celui entrecondition physique et état de santé. Lessportifs en mauvaise condition physique ouen mauvaise santé existent. Néanmoins,comme le soulignent plusieurs études, l’in-fluence de l’activité physique et sportive surla santé est de plus en plus reconnue : pré-vention des affections cardio-vasculaires etdes affections dégénératives du squelette,amélioration du statut mental… [1].La connaissance de ces relations complexespasse notamment par une description quan-titative et qualitative de la pratique physi-que et sportive. Malheureusement, la Francen’est pas aussi avancée dans ce domaineque certains pays anglo-saxons. Une revuede littérature de 1993 [2] recense à partirde trois bases de données une trentaine

d’enquêtes sur le sujet dont une seule enlangue française et une traduction.Le Baromètre santé jeunes 97/98 reprendune série de questions de l’Institut univer-sitaire de médecine sociale et préventivede Lausanne (IUMSP), portant d’une partsur l’activité physique la veille de l’entre-tien téléphonique et d’autre part, sur l’acti-vité sportive au cours de la dernière se-maine. Ce chapitre présente donc la des-cription du temps d’activité physique etsportive selon le sexe, l’âge et d’autresvariables sociodémographiques, en sépa-rant l’analyse entre les jeunes scolariséset les jeunes non scolarisés (ou partielle-ment scolarisés). Une troisième partie évo-que les différentes motivations à la prati-que d’un sport abordant ainsi ce sujet d’unpoint de vue plus qualitatif.

Activité physique

L’activité « physique » est une notion beau-coup plus vaste que celle d’activité « spor-tive », évoquée par la suite. Par activitéphysique, il faut entendre dans ce Baromè-tre « toute activité entraînant une transpi-ration ou une accélération du rythme car-diaque, comme faire du sport, se déplaceren bicyclette ou transporter du matériel ».

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Sport et activité physique

104 Baromètre santé jeunes 97/98

Pas d’activité physique50,5 %

Moins d’une heure23,1 %

Entre 1 et 2 heures19,0 %

Plus de2 heures7,4 %

Figure 1

Temps d’activité physique la veillepour l’ensemble de la population

Il y a donc une différence sensible entreactivité physique et pratique d’un sport.Sur l’ensemble de l’échantillon (n=4 115),la moitié des répondants (50,5 %) déclarene pas avoir fait d’activité physique lors dela journée précédant l’interview. Les autresmodalités de réponses les plus fréquentessont, par ordre décroissant, deux heuresprécises (14,3 %) et une heure précise(12,7 %) (Figure 1).Si l’on ne considère que ceux qui ont euune activité physique (49,5 % des répon-dants), la moyenne double, passant à plusd’1 heure 30 par adolescent (97,8 minu-tes). L’écart type très élevé (76,0) témoi-gne de la grande disparité des réponses.Cela peut s’expliquer par le mélange d’ac-tivités purement sportives, d’activités pro-fessionnelles physiquement fatigantes etd’efforts physiques pouvant ne prendre quequelques minutes.Les garçons sont 56,9 % à avoir eu uneactivité physique fatigante contre 41,7 % desfilles. Il existe des différences de statut sco-laire et de scores de qualité de vie entre lesjeunes qui déclarent une activité physiqueet ceux qui n’en ont pas. Les collégiens ontplus souvent eu une activité physique. Parailleurs, les scores de santé (physique etsociale) au profil de Duke sont meilleurs chezles jeunes qui ont eu une activité physiquela veille (Figure 2). Il faut considérer ces liensavec prudence et ceci pour plusieurs rai-sons. Tout d’abord, il est complexe de met-tre en parallèle des scores de qualité de vieliée à la santé reflétant des états physiqueset sociaux résultant d’une longue périodeet une variable d’activité physique mesuréesur un seul jour. En tout état de cause, laqualité de vie évaluée ici rend compte d’uneperception de la santé globale et non pasd’une mesure d’un état de santé. Par ailleurs,indépendamment de l’activité physique dela veille, les scores de qualité de vie au pro-fil de santé de Duke sont légèrement moinsbons après 15 ans (cf. chapitre Environne-ment et qualité de vie des jeunes). Il seradonc intéressant de voir, pour la pratiquesportive, si les mêmes tendances sont re-trouvées concernant les scores.

Différence non significative pour le score de santémentale après prise en compte des facteurs deconfusion (sexe, établissement scolaire).

Figure 2

Activité physique et scores de santépour l’ensemble de la population

0

25

50

75

100

Santéphysique

Santésociale

Santémentale

Avoir eu une activité physiquela veilleNe pas avoir eu une activitéphysique la veille

79,570,071,1

76,2

65,769,1

Typologie de ceux qui déclarent avoireu une activité physique la veilleLes garçons déclarent un temps d’activitéphysique plus long que les filles, 1 heure 45vs 1 heure 30 environ (Tableau I). Les jeu-nes de 18 et 19 ans sont ceux qui ont passéle plus de temps à une activité physique laveille, avec à peu près 2 heures déclaréesvs 1 heure 30 pour les autres groupes d’âge.Il est important de rappeler que les jeunes

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Sport et activité physique

105Baromètre santé jeunes 97/98

Pas de sport13,7 %

2 heureset moins19,7 %

7 heures et plus24,3 %

De 2 heures à 3 heures

12,0 %

De 3 heures à 7 heures

30,3 %

Figure 3

Temps de sport au cours des septderniers jours

professionnels sont plus nombreux chez les18-19 ans que chez les 12-14 ans. Or, lamoyenne du temps d’activité physique estbeaucoup plus élevée parmi les non-sco-laires que parmi les jeunes scolarisés (2 heu-res 30 vs 1 heure 30). Le découpage se-lon la scolarité en cours, excluant les ré-sultats des jeunes sortis du système sco-laire, montre que les jeunes ont davantaged’activité physique en seconde cycle qu’aucollège1. L’activité physique des lycéens estapproximativement égale à 1 heure 40minutes contre 1 heure 30 au collège. Plusencore qu’au lycée, c’est en classe de CAPet BEP que la durée de l’activité physiquede la veille est la plus importante avec1 heure 50 minutes. Dans la mesure où l’en-seignement en CAP/BEP comporte souventune dimension « manuelle » plus rarementprésente au lycée, il n’est pas surprenantde constater un temps d’activité physiquesupérieur pour les jeunes de ces filièresprofessionnelles.

Activité sportive

La pratique sportive est évaluée au coursdes sept derniers jours dans trois lieux dif-férents : à l’école, au sein d’un club et toutseul ou avec des copains en dehors del’école. Le nombre d’heures (et minutes)de sport pratiquées est mesuré au coursde la semaine écoulée.Sur cette période, les jeunes ont fait enmoyenne plus de 4 heures 30 de sport(4 heures 40). Cette durée varie fortementd’un individu à l’autre : 13,7 % des jeunesn’ont pas fait de sport au cours des septderniers jours et 24,3 % en ont fait au moinsune heure par jour (en moyenne 7 heuresdans la semaine) (Figure 3). La répartitionprécise des heures de sport suivant les joursde la semaine n’est pas connue, ni le typede sport pratiqué.

Avant d’entrer dans le détail des lieux depratique et des groupes de jeunes (les sco-larisés, les partiellement scolarisés et lesjeunes sortis du système scolaire), il estimportant de s’intéresser globalement à lapratique ou non d’un sport et de voir si desdifférences apparaissent en fonction descritères sociodémographiques ou compor-tementaux habituels.La pratique d’un sport varie selon le sexeet l’âge du répondant (Figure 4). Les gar-çons sont plus nombreux à avoir fait unsport lors de la semaine précédant l’inter-view et cette pratique diminue avec l’âge.Cela est particulièrement vrai à partir de17 ans, quel que soit le sexe.Les jeunes vivant avec leurs parents denaissance (ou d’adoption) ont fait plus sou-vent du sport au cours des sept derniers

Tableau I

Temps d’activité la veille en fonctiondu sexe et de l’établissementscolaire (n=2 037 ; en heures etminutes)

SexeFilles 1:28Garçons 1:45Établissement scolaireCollège 1:51CAP/BEP 1:30Lycée 1:40Supérieur au Bac 1:20Autres 1:52

1. Le second cycle a regroupé les classes de seconde,première, terminales générale, technique et profession-nelle.

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Sport et activité physique

106 Baromètre santé jeunes 97/98

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans0

20

40

60

80

100

Filles Garçons

73,478,7

89,691,896,194,397,9

95,9

58,269,1

83,886,987,1

92,295,2

97,9

Figure 4

Pratique d’un sport au cours de la semaineselon le sexe et l’âge (en pourcentage)

0

25

50

75

100

Être un fumeurrégulier

Avoir euune ivresse

au cours de la vie

Être unconsommateurrégulier d’alcool

OUINON OUINON OUINON

77,888,8

79,089,1

75,4

89,6

Figure 5

Pratique sportive au cours des septderniers jours et consommation desubstances psychoactives (enpourcentage)

jours que ceux appartenant à d’autres struc-tures familiales (monoparentale, recompo-sée ou vivant seul(e)). Les adolescents dontle chef de famille est au chômage ou inac-tif, sont ceux qui ont fait le moins souventdu sport au cours des sept derniers jours.Au niveau des comportements de santé,les jeunes ayant des habitudes de vie plusmodérées par rapport au tabac et à l’al-cool, s’adonnent plus fréquemment — aumoins une fois au cours de la semaine —à la pratique d’un sport (Figure 5).Les scores de qualité de vie (dans le do-maine physique, mental et social) sont tou-jours meilleurs pour les jeunes qui ont pra-tiqué au moins une fois une activité spor-tive au cours de la dernière semaine (Fi-gure 6).

Sport et jeunes scolarisés

Tous lieux confondus, les 12-19 ans scola-risés ont fait en moyenne environ 5 heuresde sport au cours des sept derniers jours :les garçons presque 6 heures et les fillespresque 4 heures. La durée de sport heb-domadaire est beaucoup plus importantechez les plus jeunes : à 12 ans, elle avoi-sine les 5 heures 30, alors qu’à 19 ans

elle est d’un peu plus de 3 heures. Ce sontles collégiens qui ont le déclaratif le plusélevé avec en moyenne près de 5 heures 30.Les jeunes habitant en ville ont fait plus desport au cours des sept derniers jours queceux vivant en communes rurales : 5 heu-res vs 4 heures 30.

Figure 6

Activité sportive et scores de santé

0

25

50

75

100

Avoir fait du sport au coursdes sept derniers jours

Ne pas avoir fait de sport au coursdes sept derniers jours

Santéphysique

Santésociale

Santémentale

79,0

68,870,870,861,6

65,9

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Sport et activité physique

107Baromètre santé jeunes 97/98

Aucune heure de sport22,4 %

2 heures et moins38,5 %

3 heureset moins

23,5 %

Plus de 3 heures15,6 %

Figure 7

Durée de la pratique sportive àl’école (n=3 816)

Tableau II

Temps de sport à l’école au coursdes sept derniers jours (en heureset minutes pour l’ensemble de lapopulation scolarisée)

SexeFilles 2:04Garçons 2:20Établissement scolaireCollège 1:57CAP/BEP 2:52Lycée 1:59Supérieur au Bac 0:41Autres 0:42

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans0:00

0:40

1:20

2:00

2:40

3:20

Filles Garçons

1:201:27

2:052:092:27

3:052:59

3:03

0:51

1:24

1:461:551:58

2:332:49

3:05

Figure 8

Temps de sport à l’école au cours des septderniers jours (en heures et minutes pourl’ensemble de la population scolarisée)

À l’écoleAu collège, trois heures de sport sont auprogramme et seulement deux au lycée.Plus d’un jeune sur six (22,4 %) déclarentn’avoir fait aucune heure de sport lors dela semaine passée.Sur l’ensemble des 12-19 ans scolarisés,le temps moyen passé à faire du sport àl’école au cours des sept derniers jours estd’environ 2 heures 15 (132,0 minutes).L’écart type très élevé (108,3) reflète trèscertainement la différence des régimes entrele collège, le lycée et l’enseignement su-périeur où le sport est optionnel. 34,7 %en ont fait 2 heures précises, 23,1 %, 3 heu-res et 15,6 % plus de 3 heures (Figure 7).Les garçons déclarent une pratique spor-tive à l’école plus longue, 2 heures 20 mi-nutes vs 2 heures 04 pour les filles(Tableau II). C’est au collège que la moyenneest la plus élevée avec 2 heures 52 minu-tes de sport sur les sept derniers jours ;suivent le lycée, les « CAP/BEP » et les étu-diants avec 41 minutes (Tableau II). La baissedu nombre d’heures de sport à l’école enfonction de l’âge du répondant (Figure 8)est fortement liée au type de structure édu-cative dans laquelle il se trouve.En ne considérant maintenant que les ado-lescents ayant fait du sport à l’école au coursde la dernière semaine, les garçons en ontfait presque 3 heures contre 2 heures 40pour les filles.

En dehors de l’école dans un clubIl s’agit de regarder ici la pratique sportiveencadrée ou organisée : délivrance d’unelicence et passage en principe d’une visitemédicale autorisant la pratique du sport enquestion. En moyenne et pour l’ensemblede la population, les 12-19 ans ont prati-qué 1 heure 30 de sport en club. La pré-dominance masculine dans ce domaine estnette puisque les garçons font deux foisplus de sport en club que les filles : 2 heu-res vs 1 heure 10 (au cours des sept der-niers jours) (Figures 9 et 10). Les plus jeu-nes pratiquent plus longuement un sporten club que les plus âgés. Par ailleurs, lesjeunes non scolarisés (ou partiellement)

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Sport et activité physique

110 Baromètre santé jeunes 97/98

Garçons Filles0:00

0:30

1:00

1:30

2:00

Jeunes non scolarisés(ou partiellement)

Jeunes scolarisés

2:051:31

0:27

1:09

Figure 9

Temps de sport en club selon lesexe et le statut scolaire au coursdes sept derniers jours (en heureset minutes pour l’ensemble de lapopulation)

0:00

0:30

1:00

1:30

2:00

Garçons Filles

Jeunes non scolarisés(ou partiellement)

Jeunes scolarisés

1:221:42

0:59

0:39

Figure 11

Temps de sport seul ou avec descopains, au cours des sept derniersjours (en heures et minutes pourl’ensemble de la population)

pratiquent moins de sport en club que lesautres (même en tenant compte de l’âge).En prenant comme base uniquement lesadolescents ayant fait du sport en club(46,9 %), durant la dernière semaine, lesgarçons ont fait environ 4 heures de sporten club, les filles presque 3 heures.

En dehors de l’école, tout seul ouavec des copainsLa durée moyenne de sport pratiqué seulou entre copains en dehors d’une structureofficielle et sans droit d’inscription est de1 heure. Les garçons s’adonnent davantageà la pratique d’un sport dans ces condi-tions que les filles (Figure 11). Ils ont passéprès d’1 heure 20 à en faire seul ou avecdes copains (au cours des sept derniersjours) tandis que les filles n’y ont consacréque 39 minutes. En revanche, les jeunesnon scolarisés (ou partiellement) pratiquentplus ce type de sport que les autres. Il enest de même pour ceux vivant en milieuurbain.En excluant de l’analyse ceux qui déclarentne pas avoir fait de sport seul ou avec descopains (58,2 %), la moyenne pour les gar-çons est de 2 heures 30 et celle des fillesd’environ 2 heures.

Sport et jeunes non scolarisés

Les jeunes qui ne sont plus à l’école repré-sentent 7,3 % de l’échantillon (n=299). Lamoitié travaille (51,8 %), plus d’un tiers(37,5 %) sont en apprentissage ou en for-mation alternée et 10,7 % sont en proces-sus d’insertion. Les jeunes en apprentis-

a. Les 12-14 ans sont toujours scolarisés.

0:00

0:30

1:00

1:30

2:00

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

Jeunes non scolarisés(ou partiellement)

Jeunes scolarisés

1:241:36

1:100:55

1:47

Figure 10

Temps de sport en club selon l’âgeet le statut scolaire au cours dessept derniers joursa (en heures etminutes pour l’ensemble de lapopulation)

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Sport et activité physique

111Baromètre santé jeunes 97/98

sage ou en formation alternée sont scola-risés pour une partie de l’année.Au total et en moyenne, les adolescentsnon scolarisés (ou partiellement scolarisés)ont fait 2 heures 30 de sport environ aucours des sept derniers jours, soit deuxfois moins que les élèves scolarisés. Ladifférence correspond, à quelques minutesprès, à la durée des heures de sport obli-gatoires dispensées à l’école. De plus, larépartition du temps de sport en fonctiondu lieu n’est pas équivalente entre les deuxgroupes (voir résultats commentés plushaut). La moitié des jeunes sortis partielle-ment ou complètement du système sco-laire n’a pas fait de sport au cours des septderniers jours. Les garçons en ont prati-qué 3 heures 15 contre 1 heure 25 minu-tes pour les filles. Parmi les adolescentsnon scolarisés (ou partiellement), ce sontceux vivant avec leurs parents de naissance(ou d’adoption), ceux habitant dans un foyerdont le chef de famille travaille et les jeunesdont le père est cadre ou exerce une pro-fession intellectuelle supérieure qui ont enmoyenne la pratique sportive la plus longue.Enfin, en n’examinant que les réponses desadolescents ayant fait du sport au cours dessept derniers jours (48,9 %), le nombre d’heu-res de sport avoisine les 5 heures (garçons :5 heures 40 ; filles : 3 heures 50).

Les raisons principalesà la pratique d’un sportLors de l’entretien, il a été demandé quel-les étaient les principales motivations à fairedu sport. Parmi les huit items proposés parl’enquêteur, les jeunes pouvaient en choi-sir jusqu’à trois. Les 1,2 % qui ont déclaréne pas pratiquer de sport n’ont pas été prisen considération dans l’analyse. Les huitmotivations proposées étaient : faire dusport pour le plaisir, pour la santé, pourmaigrir, pour se muscler, pour rencontrerdes amis, pour gagner (par esprit de com-pétition), par obligation1 (parents, école) etpour une autre raison.La première motivation mise en avant estle plaisir. Pour près des trois quarts des

jeunes, faire du sport c’est se faire plaisir(73,9 %). Viennent ensuite par ordre décrois-sant, pour rencontrer des amis, pour lasanté, pour se muscler, pour gagner, pourmaigrir, parce qu’on y est obligé et pourune autre raison (Figure 12).

Garçons/FillesIls font du sport pour des raisons en grandepartie équivalentes. Ils diffèrent cependantsur quelques points (Figure 13). Les fillessont plus nombreuses à faire du sport pourmaigrir2 : 20,3 % vs 4,0 % pour les gar-çons. Elles en font également davantageparce qu’elles y sont obligées et un peumoins pour une « autre raison ». Les gar-çons ont répondu plus fréquemment queles filles faire du sport pour gagner : 19,3 %vs 6,2 %.

1. Certains ont à la fois répondu en faire par obligationet par plaisir (3,4 %).2. Le sport aide à maigrir si des règles diététiques ysont associées.

0 20 40 60 80 100

73,9

38,0

34,8

23,6

12,9

12,0

5,5

4,2Autre raison

Par obligation

Pour maigrir

Pour gagner

Pour se muscler

Pour la santé

Pour rencontrerdes amis

Pour le plaisir

Figure 12

Les motivations à la pratique d’un sport (enpourcentage)

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Sport et activité physique

112 Baromètre santé jeunes 97/98

0

Autre raison

Par obligation

Pour maigrir

Pour gagner

Pour se muscler

Pour la santé

Pour rencontrerdes amis

Pour le plaisir

20 40 60 80 100

GarçonsFilles

74,6

33,7

4,0

24,7

38,4

19,3

3,5

4,8

73,0

35,8

20,3

22,3

37,4

6,2

7,6

3,6

Figure 13

Les raisons principales à la pratique d’unsport selon le sexe (en pourcentage)

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans0

10

20

30

40

50

48,8

43,239,6

33,533,328,9

24,922,3

Figure 14

« Le sport pour la santé » en fonction de l’âge(en pourcentage)

ÂgeLa pratique du sport pour le plaisir varieen fonction de l’âge du répondant. C’est à12 ans que cette réponse est la plus citée.80,0 % des jeunes de cet âge font du sportpour le plaisir. Ce pourcentage diminue avecl’âge de l’interviewé et atteint son minimumpour les jeunes de 16 ans (69,3 %).• « Le sport pour la santé » est une moti-vation qui ne cesse d’augmenter avec l’âgede l’interviewé (Figure 14).• « Le sport pour maigrir » est plus fréquem-ment cité parmi les jeunes de 16 ans. Faut-il y voir un lien avec leur déclaratif le plusbas pour la pratique d’un sport pour leplaisir ?La musculation comme raison de faire dusport est une motivation qui progresse avecl’âge du répondant, comme « faire du sportpour la santé ». De 15,2 % des réponses à12 ans, on passe à 31,8 % à 19 ans. Lesjeunes qui ont répondu faire du sport pourmaigrir sont plus nombreux à avoir égale-ment déclaré en faire pour se muscler.C’est de nouveau à 16 ans que l’on observele taux de réponse « faire du sport parcequ’on y est obligé » le plus élevé : 7,8 %.La rencontre d’amis, l’esprit de compéti-tion et les autres motivations sont desmotivations stables selon l’âge de l’inter-viewé.

Communes rurales/zones urbainesLes jeunes qui vivent dans des communesrurales recherchent davantage à établir unlien social par le biais de la pratique d’unsport. 41,3 % souhaitent rencontrer desamis vs 36,7 % des jeunes habitant uneagglomération urbaine. Ces derniers décla-rent faire plus souvent du sport pour la santéet se muscler. Pour les autres items, lesréponses ne diffèrent pas de façon signifi-cative.

Catégorie socioprofessionnelle duchef de familleLes adolescents dont le chef de famille estcadre ou exerce une profession intellectuellesupérieure sont 79,0 % à faire du sport pourle plaisir. Il s’agit du plus haut score, alors

que les minimums sont atteints pour lesjeunes dont le chef de famille est « ouvrier »et « autres sans activité ». Ces derniers sontles plus nombreux à déclarer faire du sport

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Sport et activité physique

113Baromètre santé jeunes 97/98

« Je fais énormément de volley :cinq heures d’entraînement parsemaine, plus les matchs lesamedi. Je ne pourrais pas m’enpasser. Cela me permet de medéfouler. Sur le terrain, je melâche complètement, je me donneà fond, quitte à me jeter par terrepour récupérer un ballon ! Ensuite,cela me donne confiance en moi.Quand on gagne un match encompétition, je me dis que je nesuis pas si nulle que ça et j’aivraiment l’impression d’avoir aidéà cette victoire. Et surtout, depuisque je fréquente le club de volley,j’ai découvert un autre univers.Celui de l’amitié, vraie, forte, de lasolidarité. Les filles de l’équipe, onest comme les doigts de la main.On est là pour gagner ensemble etse soutenir dès que l’une flanche.Je n’avais jamais connu ça ailleursque dans le sport ».

pour la santé. Les moins concernés parcette motivation sont les enfants d’agricul-teurs (ou agriculteurs eux-mêmes). Ils sontégalement les moins nombreux à faire dusport pour maigrir et les plus nombreux àen faire pour rencontrer des amis.

Situation professionnelle du chef defamilleLes jeunes qui travaillent ou dont le chefde famille travaille, font davantage de sportpour le plaisir, pour rencontrer des amis etpour gagner. Ceux dont le chef de familleest au chômage ou inactif sont plus sou-vent attirés par les aspects santé et mus-culation du sport.

Analyse et synthèse

Sexe

Les garçons déclarent un temps et une fré-quence d’activité physique et sportive su-périeurs à ceux des filles. Ils font plus desport à l’école, en club et seuls ou avecdes copains. Cette spécificité se retrouveaussi dans l’enquête nationale sur la santéet les styles de vie des adolescents (15-20 ans scolarisés), menée en Suisse en1992 et 1993 [3]. Dans cette étude, 57,6 %des garçons font assez ou très souvent dusport dans un club sportif, contre seule-ment 37,6 % des filles. L’enquête de l’Insermsur les adolescents scolarisés âgés de 11à 19 ans, réalisée en 1993, donne desrésultats qui vont dans le même sens : « Troisgarçons sur quatre (73 %) et moins d’unefille sur deux (48 %) font du sport en de-hors de l’école. Non seulement les garçonssont plus nombreux à pratiquer un sport,mais ils le font d’une manière plus inten-sive : en moyenne deux heures de plus queles filles… » [4].Par ailleurs, les garçons font plus souventdu sport pour gagner, alors que les fillessont plus souvent motivées par la perte depoids. Dans ce domaine, les résultats de

l’enquête suisse [3] coïncident avec ceuxdu Baromètre santé jeunes : « les motiva-tions liées à l’image de soi et à la santésont plus spécifiquement féminines, tandisque les motivations liées à la compétitivitéet aux aspects relationnels sont plus spé-cifiquement masculines » [3].

Âge

Selon que l’on s’intéresse à l’activité physi-que ou à l’activité sportive, les résultatsselon l’âge du répondant ne vont pas dansle même sens. Pour l’activité physique, cesont les plus âgés qui ont une pratique pluslongue, tandis qu’en ce qui concerne la pra-tique d’un sport, ce sont les plus jeunesqui en font davantage. Cette décroissancede la pratique sportive avec l’âge ne seretrouve pas dans l’enquête suisse [3], maisla majorité de l’échantillon était âgée de

Mélanie, élève de troisième

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Sport et activité physique

114 Baromètre santé jeunes 97/98

1. Michaud P. A., Narring F. La condition physi-que des enfants et des adolescents : commentla mesurer ? Une revue de littérature. Archivesde Pédiatrie 1996 ; 3 : 497-504.

2. Vuillemin A., Denis G., Guillemin F., JeandelC. Revue des questionnaires d’évaluation de l’ac-tivité physique. Rev. Epidemiol. Santé publ.1998 ; 46 : 49-55.

3. Michaud P. A., Alvin P. (sous la dir.). La santédes adolescents. Approches, soins, prévention.

16 à 19 ans. L’étude Inserm [4] constataitaussi que les collégiens faisaient plus desport que les lycéens. Cette réduction dela pratique sportive avec l’âge peut notam-ment s’expliquer par l’apparition de nouveauxcentres d’intérêt et/ou par l’augmentationde contraintes (travail, transport, sorties,etc.).

Autres caractéristiques

Les jeunes qui ne fument pas (ou moinsd’une cigarette par jour) ou/et qui ne boi-vent pas régulièrement de l’alcool (moinsd’une fois par semaine), ont plus souventfait du sport au cours des sept derniersjours. Cette observation renvoie à l’idée selonlaquelle une pratique régulière d’un sportexige une certaine hygiène de vie excluantla consommation excessive de ces produits.Mais faire beaucoup de sport ne signifiepas pour autant, ne pas en consommer. Àce sujet, une étude sur le sport et la con-sommation d’alcool à l’adolescence mon-tre que « les jeunes ayant une pratique spor-tive intense sont aussi nombreux à consom-mer que les non-sportifs alors que les jeu-nes ayant une pratique modérée sont lesmoins consommateurs » [5].Enfin, les scores de santé ont tendance àêtre en faveur des jeunes ayant une acti-vité physique ou sportive, soulignant l’im-pact positif que peuvent avoir ces activi-tés sur leur santé et sur leur qualité de vie.

références bibliographiques

Lausanne : Payot/Paris : Doin/Montréal : Pres-ses de l’Université de Montréal, 1997 : 636 p.

4. Choquet M., Ledoux S. Adolescents. Enquêtenationale. Paris : Inserm, 1994 : 346 p.

5. Choquet M., Hassler C. Sport et consomma-tion d’alcool à l’adolescence. Alcoologie 1997 ;19 (1) : 21-7.

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Baromètre santé jeunes 97/98

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the key facts in a few figures…

Physical activityHalf (50.5%) of 12-19 year olds did nophysical activity the day before the in-terview, i.e. an “activity leading to per-spiring or an accelerated heart rate”. Alittle over a quarter (26.4%) stated theyexercised for more than one hour a day,boys more than girls.

Sporting activityOver the whole of the preceding week,young people had participated in sportfor an average of 4½ hours. The lengthof time varied considerably from oneindividual to another: 13.7% of teenag-ers had participated in no sport at alland almost a quarter had taken part forat least one hour a day.More boys had participated in a sportduring the week preceding the interviewand this activity became less frequent asthey got older.On average, 12-19 year olds at schoolhad participated in some form of sportfor approximately 5 hours in the courseof the last seven days: boys almost 6 hoursand girls almost 4 hours. Comprehen-sive school pupils reported the highestaverage with almost 5½ hours.Overall, young people not at school (or

Philippe Guilbert, François Baudier

Sport and physical activity

in part-time education) did half as muchsport as teenagers attending school andmost frequently did this activity aloneor with friends (less in clubs).As far as quality of life is concerned (DukeScale), health scores are highest amongteenagers who have participated in somesport or other physical activity.Teenagers living in a household whose headis unemployed or not economically ac-tive, are those least likely to have partici-pated in sport during the last seven days.

Reasons for doing a sportFor almost three quarters (73.9%) of 12-19 year olds, sports activity is above allenjoyable. This percentage is highestamongst the youngest of them.Four times more girls than boys do sportin order to slim (20.3% v 4.0%). Boysmore frequently say that they participatein sport in order to win (19.3% v 6.2%).Young people living in rural areas are morelikely than other teenagers to say thatthey make social contacts through sportsactivities.

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Baromètre santé jeunes 97/98

119

l’essentiel en quelques chiffres…

Christiane Dressen,Philippe Guilbert, Arnaud Gautier

Vie affective et sexuelle

Le ou la petit(e) ami(e)Près de la moitié des 15-19 ans (41,6 %des garçons et 48,7 % des filles) ont unpetit ami ou une petite amie au momentde l’enquête et ces pourcentages augmen-tent avec l’âge. La durée moyenne dé-clarée de cette relation amoureuse aug-mente également avec l’âge : de quatremois chez les 15 ans, elle passe à un anet trois mois chez les 19 ans.

Les relations sexuellesLes garçons sont plus nombreux à dé-clarer avoir déjà eu des rapports sexuels(50,7 % vs 46,1 %). Ce pourcentage pro-gresse rapidement avec l’âge : de 51,3 %chez les 17 ans à 80,1 % chez les 19 ans,quel que soit le sexe. L’âge médian aupremier rapport est situé à 17 ans, pourles filles comme pour les garçons, sansmodification depuis plusieurs décennies.Les garçons sont nettement plus nom-breux à déclarer avoir eu plusieurs par-tenaires (64,2 % vs 48,5 %) et ce pour-centage augmente avec l’âge.

L’utilisation du préservatifet/ou de la pilule87,1 % des jeunes (garçons et filles) sexuel-lement actifs (ayant déjà eu des rapports

sexuels) déclarent avoir utilisé le préser-vatif la première fois (soit une progres-sion d’environ 10 % depuis l’enquête del’Agence nationale de recherche sur le sidade 1994). Les plus jeunes sont les plusnombreux à adopter ce comportement.Lors de la dernière relation sexuelle évo-quée, le préservatif est nettement moinsutilisé que lors de la première fois. Il aété demandé si la pilule avait été utiliséepar l’adolescente ou par la partenaire del’adolescent au cours du premier et dudernier rapport. La pilule est globalementpeu employée lors des premiers rapports(par moins d’un tiers des jeunes), ellel’est beaucoup plus lors du dernier rap-port, en particulier à 19 ans (57,2 %).9,1 % des jeunes n’ont utilisé aucune deces deux méthodes (préservatif ou pilule)pour le premier rapport et 7,2 % pourle dernier.

Pilule du lendemain, grossesses et IVGPlus d’une jeune fille sexuellement ac-tive sur dix (13,6 %) ont utilisé la piluledu lendemain et 6,2 % ont déjà été en-ceintes (soit 2,8 % de l’ensemble des fillesde 15-19 ans). Parmi celles-ci, 20 % onteu un enfant (soit 0,5 % des filles de 15-19ans).

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Baromètre santé jeunes 97/98

120

Test de dépistage du sidaParmi l’ensemble des 15-19 ans, les fillesont plus souvent fait un test VIH queles garçons (12,4 % vs 8,5 %). Ce pour-centage augmente fortement avec l’âgeet ce, particulièrement à partir de 18 ans.

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Vie affective et sexuelle

121Baromètre santé jeunes 97/98

La période de l’adolescence offre des ins-tants de découverte et d’expérience parti-culièrement intenses quand il s’agit de sen-timents amoureux. L’école, comme lieu desocialisation, met en relation chaque an-née de nombreux jeunes entre eux. Lesrentrées scolaires s’accompagnent en gé-néral de nouvelles rencontres d’où naîtrontpeut-être de nouvelles affinités. D’autres lieuxde sociabilité permettent aussi le dévelop-pement des relations entre jeunes (cf. cha-pitre Environnement et qualité de vie desjeunes). Des événements importants pourla vie affective du jeune arrivent entre 15ans et 19 ans. À la fin de cette période, unetrès grande partie des jeunes ont un(e) petit(e)ami(e) et sont sexuellement actifs (ont eudans leur vie au moins un rapport sexuel).La mise en place de ces comportementspose, dans le contexte actuel, le problèmede risques éventuels encourus par rapportaux maladies sexuellement transmissiblesen général et au sida en particulier. Lesmessages préventifs concernant l’impor-tance de l’utilisation des préservatifs s’ac-compagnent-ils, dans les faits, de pratiquessexuelles protégées ?Le présent chapitre étudie donc la vie affec-

tive et sexuelle des jeunes de 15-19 ansdans plusieurs de ses dimensions. En plusdes thèmes couramment abordés (avoir un(e)petit(e) ami(e), être sexuellement actif), desquestions sur la contraception et l’utilisationde préservatifs font l’objet de ce chapitre.Enfin, les jeunes ont également été interro-gés sur certains points plus sensibles : uti-lisation de la pilule du lendemain, grossesseéventuelle menée ou non à son terme, rap-ports homosexuels et « rapports sexuels for-cés » (cf. chapitre Violence, suicide et con-duites d’essai). Toutes ces questions méri-taient un traitement particulier dans le dé-roulement de l’enquête. Les enquêteurs ontadopté, quand cela s’avérait nécessaire, unton moins neutre et plus chaleureux que lorsd’une enquête plus traditionnelle. En outre,les adolescents avaient la possibilité de joindreaprès l’entretien un médecin ou un psycho-logue pour poser les questions qu’ils dési-raient ou simplement parler avec eux.

Résultats

Le (ou la) petit(e) ami(e)

Près d’un jeune de 15-19 ans sur deux aactuellement un petit ami ou une petite amie

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Vie affective et sexuelle

122 Baromètre santé jeunes 97/98

0

5

10

15

20

25

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

15,3 16,0 16,9 17,9 18,516,9

18,219,5

20,722,2

Filles Garçons

Figure 2

Âge moyen du ou de la petite amie(année) selon le sexe et l’âge

(41,6 % des garçons et 48,7 % des filles).Ce pourcentage croît très régulièrementavec l’âge pour les deux sexes (Figure 1).À partir de 16 ans, davantage de filles quede garçons déclarent avoir un petit ami.Les garçons sont légèrement plus nombreuxchez les plus jeunes : 33,6 % des 15 ansvs 29,6 % chez les filles. On observe éga-lement qu’à niveau d’âge égal, les jeunesayant redoublé sont plus nombreux à avoirun(e) petit(e) ami(e).Les trois quarts (73,9 %) des jeunes dé-clarant avoir un(e) petit(e) ami(e) ont déjàeu une relation sexuelle au cours de la vie.Ainsi, pour 26,1 % des adolescents de cetâge, avoir un(e) petit(e) ami(e) n’impliqueont déjà eu des rapports sexuels.Par ailleurs, 27,7 % des adolescents n’ontpas actuellement de petit(e) ami(e), maisont déjà eu des rapports sexuels.En moyenne, les garçons sont en relationavec des petites amies plus jeunes qu’eux,tandis que les filles ont des petits amis plusâgés, ce qui correspond au schéma socio-logique classique (Figure 2) et l’âge du ou(de la) petit(e) ami(e) augmente avec l’âgedu répondant.La relation avec le ou (la) petit(e) ami(e)dure en moyenne depuis dix mois (297jours). Les filles ont une durée beaucoupplus élevée (près d’un an, 364 jours) queles garçons (environ sept mois, 224 jours).Cette durée de la relation avec le ou (la)petit(e) ami(e) augmente avec l’âge. Celle-ci passe de quatre mois chez les 15 ans,àenviron un an et trois mois chez les 19ans. La relation se prolonge davantagequand le jeune est sexuellement actif (Fi-gure 3).Les filles disent passer plus de temps avecleur petit ami que les garçons, environ septheures en plus par semaine (Figure 4). Cettedurée progresse avec l’âge pour les deuxsexes. Les enfants de familles recompo-sées et monoparentales passent plus detemps avec leur petit(e) ami(e), comme sile fait de vivre dans une famille de ce typefavorisait la recherche d’une relation plusstable avec un compagnon ou une compa-gne extérieur(e) à la famille.

Les relations sexuelles

Seuls 3,2 % des jeunes déclarent avoir eudes rapports sexuels sans pénétration. Cettepratique disparaît peu à peu avec l’âge ;ils ne sont plus que 0,9 % à 19 ans.Les garçons sont plus nombreux à décla-rer avoir eu des relations sexuelles au coursde leur vie (50,7 %) que les filles (46,1 %).Ce pourcentage progresse rapidement avec

Figure 1

Jeunes déclarant avoir un(e) petit(e)ami(e) selon le sexe et l’âge (enpourcentage)

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

33,6

31,743,0

44,952,0

29,6

42,948,9

54,8

65,7

FillesGarçons

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Vie affective et sexuelle

123Baromètre santé jeunes 97/98

0

100

200

300

400

500

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

Non sexuellement actifSexuellement actif

117

110137 130 121127

216

264

408

470

Figure 3

Durée moyenne de la relation selonl’âge et selon le fait d’avoir eu ounon un rapport sexuel au cours dela vie (en jours)

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

FillesGarçons

17,8 27,0

53,4

63,6

82,9

14,2

27,349,1

61,0

77,1

Figure 5

Adolescents déclarant avoir eu aumoins un rapport sexuel selon lesexe et l’âge (en pourcentage)

Tableau I

Avoir eu des relations sexuelles aucours de la vie selon la fréquencedes redoublements et la situationparentale (n=2 675 ; en pourcen-tage)

Nombre de redoublementsAucune fois 37,21 fois 53,62 fois et plus 63,5Situation parentaleFamille monoparentale 61,1Parents de naissance (ou d’adoption) 43,1Famille recomposée 69,9Autre 78,8

l’âge : ainsi de 51,3 % pour les jeunes de17 ans, on passe à 80,1 % à 19 ans, quelque soit le sexe (Figure 5). Les jeunes ayantdéjà redoublé sont beaucoup plus nombreuxà être dans ce cas. Comme pour le faitd’avoir ou non un(e) petit(e) ami(e), les en-fants vivant soit dans une famille monopa-rentale, soit dans une famille recomposée,déclarent plus fréquemment être sexuelle-ment actifs. Parmi ceux qui vivent seuls

(ayant déjà quitté le domicile parental :catégorie « autre » du Tableau), environ huitsur dix (78,8 %) sont dans cette situation(Tableau I).

La première fois

La mesure de l’âge précis auquel ces ado-lescents ont eu leurs premières relationssexuelles est complexe à établir. En effet,

0

10

20

30

40

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

7,210,2

12,2

18,322,1

9,713,4

22,024,6

33,1

Filles Garçons

Figure 4

Temps moyen passé par semaineavec le ou la petite amie selon lesexe et l’âge (en heures)

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Vie affective et sexuelle

124 Baromètre santé jeunes 97/98

une partie de ces jeunes n’a pas encore eucette expérience et il est donc difficile d’ef-fectuer le calcul d’âge moyen au premierrapport. Pour cette raison, il a été évaluél’âge médian au premier rapport (âge pourlequel plus de la moitié des adolescentsont eu leur premier rapport). De plus, lesdonnées de l’enquête ne permettent decalculer qu’un âge en années au momentdu premier rapport (le mois dans l’annéen’est pas renseigné). Il n’est donc pas pos-sible d’aboutir à des données aussi préci-ses que celle de l’enquête sur l’entrée dansla sexualité [1]. Un tableau de fréquencede l’âge au premier rapport a néanmoinsété calculé et l’âge médian peut être situéà 17 ans pour les filles comme pour lesgarçons.En comparant ces résultats aux donnéesde l’enquête de l’Agence nationale de re-cherche sur le sida (ANRS) [1], les chiffresapparaissent extrêmement cohérents bien

que moins précis puisque, toutes filièresconfondues, l’âge médian au premier rap-port était, dans l’enquête de 1994, de 17 anset 3 mois pour les garçons et de 17 ans et6 mois pour les filles.Il est possible de reprendre le commentaired’Hugues Lagrange dans son chapitre « Di-versité sociale des premiers échangessexuels » [1], selon lequel le calendrier d’en-trée dans la sexualité au cours des derniè-res décennies n’a pas été modifié et que leseul phénomène marquant est le rappro-chement entre les âges médians des deuxsexes.Pour environ 0,4 %, le partenaire de la pre-mière expérience sexuelle était du mêmesexe : 0,6 % chez les garçons et 0,2 % chezles filles (effectif évidemment très faible).Ces chiffres sont un peu différents de ceuxenregistrés dans l’enquête de l’ANRS [1],mais la question n’avait pour objet que lapremière relation sexuelle alors que dansl’étude de 1994, elle portait sur l’ensem-ble de la vie (1,4 % des garçons et 1,3 %des filles déclarant avoir eu, au cours deleur vie, au moins un partenaire sexuel dumême sexe qu’eux).

Nombre de partenaires etpratique de préventionLes garçons sont nettement plus nombreuxà déclarer avoir eu d’autres partenairessexuels : 64,2 % vs 48,5 % (Figure 6). L’en-quête ANRS [1] fournit des données com-parables (garçons : 65,7 %, filles : 45,3 %).La proportion de jeunes déclarant avoir euplusieurs partenaires augmente avec l’âgeavec une augmentation importante entre15 et 16 ans pour les garçons, et entre 16et 17 ans pour les filles. Un autre saut quan-titatif du pourcentage de jeunes ayant euplus d’un partenaire a lieu entre 18 et 19ans pour les deux sexes. Les adolescentsvivant dans l’agglomération parisienne sontbeaucoup plus nombreux à déclarer avoirconnu plusieurs partenaires. Ils sont 65,4 %dans ce cas vs 49,8 % dans les commu-nes de 200 000 habitants et plus, et entre54 % et 59 % dans les autres types de com-

« À chaque fois que je suis sortieavec un garçon, j’ai systématique-ment utilisé un préservatif. Laquestion ne se pose même pas.J’ai déjà eu une occasion où legarçon n’avait pas de préservatif,j’ai refusé de faire l’amour avec lui.Même si cela casse un peul’ambiance, l’utilisation du préser-vatif ne m’a jamais posé deproblème dans mes relations avecles garçons. Cela se fait de façonplutôt naturelle. Et je pense quec’est général chez les gens de magénération. La vie est plus impor-tante qu’un moment de plaisir !Quand je suis restée un an et demiavec le même garçon, on a fait untest HIV au bout de trois mois,avant de ne plus utiliser de préser-vatif. On se faisait confiance surnotre fidélité. »

Claire, élève de terminale

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Vie affective et sexuelle

125Baromètre santé jeunes 97/98

munes. Par ailleurs, les jeunes qui ont déjàredoublé sont plus nombreux à déclarer avoireu d’autres partenaires. On constate éga-lement un statut particulier pour les enfantsdes familles recomposées. En effet, 70,8 %d’entre eux ont eu plusieurs partenaires vsseulement 57,8 et 53,8 % pour les autrestypes de familles (monoparentales ou avecparents de naissance (ou d’adoption)).Ce thème mériterait un approfondissementparticulier, d’autant plus qu’il a été remar-qué, sur d’autres thèmes du présent Baro-mètre santé, que les enfants vivant dansdes familles monoparentales ou recompo-sées présentaient également des caracté-ristiques spécifiques en tenant compte dusexe et de l’âge.

Utilisation du préservatif

87,1 % des jeunes sexuellement actifs dé-clarent avoir utilisé le préservatif la premièrefois. Il n’y a pas de différences significati-ves entre les garçons (88,6 %) et les filles(85,4 %). En 1994, les pourcentages étaient,pour la même tranche d’âge, respective-ment de 78,9 % chez les garçons et 74,4 %chez les filles [1]. Cette progression dans

l’usage du préservatif est à rapprocher descampagnes de prévention du sida et desmaladies sexuellement transmissibles (MST).Ce comportement est moins adopté àmesure que l’âge du répondant augmente(Figure 7). Dans l’enquête de l’ANRS [1],les auteurs avaient également constaté unpourcentage plus élevé d’utilisation du pré-servatif chez les 15-16 ans et une diminu-tion progressive avec l’âge.Les jeunes vivant avec leurs parents denaissance (ou d’adoption) auraient tendanceà plus utiliser le préservatif (89,3 %) queles autres (famille monoparentale : 83,5 %et famille recomposée : 82,1 %).Lors de la dernière relation sexuelle, le pré-servatif est nettement moins utilisé que lapremière fois : 79,6 % pour les garçons(88,6 % la première fois) et 53,5 % pourles filles (85,4 % la première fois) (Figure 8).Ces données sont légèrement supérieuresà celles de l’enquête « L’entrée dans lasexualité » [1] (72,5 % pour les garçons et51,1 % pour les filles parmi les jeunes de15-18 ans) et ce quelle que soit la tranched’âge étudiée. Comme il a été noté pourl’utilisation du préservatif « la première fois »,cette utilisation a été plus fréquente lors

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

95,591,9

89,385,1 84,6

Figure 7

Jeunes déclarant avoir utilisé unpréservatif la première fois selonl’âge (en pourcentage)

Figure 6

Jeunes déclarant avoir eu d’autrespartenaires selon le sexe et l’âge(en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

Ensemble

37,8

57,161,1 59,7

75,0

31,0 28,4

50,0 47,8

58,6

34,8

41,655,9 54,1

67,9

FillesGarçons

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126 Baromètre santé jeunes 97/98

du dernier rapport sexuel chez les plusjeunes (Figure 9). Ce constat était égale-ment celui de l’enquête ANRS [1].Ce sont les jeunes vivant avec leurs pa-rents de naissance et ceux habitant unecommune rurale qui ont utilisé le plus sou-vent le préservatif la dernière fois (Tableau II).Les jeunes ayant redoublé au moins deuxfois ont utilisé plus souvent le préservatifla dernière fois (75,0 %).En comparant l’utilisation du préservatif lorsde la première et de la dernière fois pourles jeunes qui ont eu plusieurs partenaires,les résultats suivants sont observés.Pas de changement déclaré entre premièreet dernière fois :– 64,0 % des jeunes ont utilisé un préser-vatif lors de leur premier rapport sexuel etlors du dernier,– 7,7 % ne l’ont pas utilisé dans les deuxcas.Changement déclaré entre première etdernière fois :– 5,8 % l’ont utilisé la dernière fois maispas la première,– 22,5 % l’avaient utilisé la première foismais pas la dernière.

Tableau II

Utilisation d’un préservatif ladernière fois parmi les 15-19 ansayant eu plusieurs partenairessexuels, selon certaines caractéris-tiques (n=715 ; en pourcentage)

Zone d’habitatCommunes rurales 76,4Communes non rurales 67,1Situation parentaleFamille monoparentale 65,4Famille de naissance (ou d’adoption) 73,9Famille recomposée 62,7Autre 50,0Nombre de redoublementsAucune fois 67,41 fois 67,62 fois ou plus 75,0

D’une manière générale, les filles disentmoins souvent utiliser le préservatif que lesgarçons. Ce phénomène semble s’expliquerau moins partiellement par le fait que lesfilles ont des partenaires plus âgés que les

Figure 8

Utilisation d’un préservatif ladernière fois parmi les 15-19 ansayant eu plusieurs partenairessexuels (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

92,988,9 87,5

75,9 75,8

100,0

70,065,1

49,443,4

FillesGarçons

Figure 9

Adolescents ayant utilisé le préser-vatif selon l’âge lors du premier etdu dernier rapport sexuel (enpourcentage)

La première foisLa dernière fois

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

95,5

91,9 89,385,1 84,6

95,7

80,7 78,8

64,9 63,5

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Vie affective et sexuelle

127Baromètre santé jeunes 97/98

La première foisLa dernière fois

0

20

40

60

80

100

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

28,621,9 25,4

33,1 33,0

55,6

42,9

47,6

76,667,9

Figure 11

Filles ayant utilisé la pilule lors dupremier et du dernier rapportsexuel selon l’âge (en pourcentage)

garçons de l’échantillon et que ces derniersutilisent moins cette méthode que les plusjeunes. Par ailleurs, le fait que les filles ontdes relations plus stables que les garçonspourrait également induire une différencequant à l’utilisation du préservatif.Globalement, les chiffres d’utilisation dupréservatif suivent les tendances observéesdans l’enquête ANRS [1].

Utilisation de la pilule

La question a été posée aux filles et auxgarçons (utilisation de la pilule par l’ado-lescente ou par la partenaire quand l’in-terviewé est un garçon). Il est à remar-quer un faible pourcentage d’utilisatricesde pilule lors du premier rapport sexuel :seulement un peu plus d’un jeune (fillesou garçons) sur quatre déclare l’avoir uti-lisée. Il est constaté que 12,3 % des gar-çons ne savent pas si leur première par-tenaire féminine a pris la pilule. Les fillesde plus de 17 ans utilisent plus souvent lapilule la première fois.Il existe une nette augmentation de l’em-ploi de la pilule contraceptive entre la pre-mière et la dernière fois (27,8 % vs 52,8 %)et une diminution des réponses « ne saitpas » chez les garçons.L’utilisation de la pilule la dernière fois (soi-même pour les filles ou la partenaire pourles garçons) passe de 34,8 % chez lesadolescents âgés de 15 ans à 57,2 % chezceux de 19 ans (Figure 10).En ne prenant en compte que les déclara-tions des filles sur leur propre utilisationde la pilule, il est à noter un pic à 18 ansavec 76,6 % (pour la dernière fois) et unchiffre également très élevé chez les 15ans (Figure 11).Parmi l’ensemble des jeunes ayant eu plu-sieurs partenaires :– 20,1 % des jeunes ont utilisé la pilule lorsde leur premier rapport sexuel et lors dudernier,– 38,3 % ne l’ont pas utilisée ces deux fois-là,– 28,6 % l’ont utilisée la dernière fois alorsqu’ils ne l’avaient pas fait la première fois,

– 3,2 % l’avaient utilisée la première foiset ne l’ont pas fait la dernière.– 9,8 % ne savent pas (NSP).

Figure 10

Utilisation de la pilule lors dupremier et du dernier rapportsexuel selon l’âge (en pourcentagedes garçons et filles)

0

12

24

36

48

60

La dernière foisLa première foisNe sait pas pour la première foisNe sait pas pour la dernière fois

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

21,2 22,1

28,3 29,8 28,9

10,6 9,66,7 5,9 5,5

34,839,3

48,3

56,0 57,2

4,38,9

4,0 4,94,0

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128 Baromètre santé jeunes 97/98

Utilisation du préservatif et/oude la pilule lors du premier etdu dernier rapportLa Figure 12 récapitule la répartition desjeunes (filles et garçons ayant eu plusieurspartenaires) selon qu’ils ont ou non utiliséun préservatif et/ou la pilule lors du premieret du dernier rapport. Un peu moins d’untiers (25,5 % au premier rapport et 30,4 %au dernier rapport) a utilisé les deux métho-des à la fois, plus de 60 % (65,4 % et 62,4 %)l’une ou l’autre des deux méthodes. 9,1 %pour le premier rapport et 7,2 % pour le der-nier n’ont utilisé aucune de ces méthodes.

Pilule du lendemain,grossesses et IVG13,6 % des jeunes filles sexuellement acti-ves de 15 à 19 ans ont déjà utilisé la piluledu lendemain. Ce pourcentage est moinsélevé que celui observé dans l’enquête suissemenée par l’Institut universitaire de méde-cine sociale et préventive de Lausanne [2](c’est-à-dire 20 %).6,2 % (n=36) des adolescentes sexuelle-ment actives ont déjà été enceintes (2,8 %des jeunes filles de 15 à 19 ans dans l’échan-tillon). Parmi celles-ci, 20 % ont mené la

grossesse à son terme (soit 0,5 % de lapopulation féminine). Ainsi, quatre jeunesfilles enceintes sur cinq ont soit effectuéune IVG, soit vécu une interruption sponta-née de grossesse.L’enquête sur l’entrée dans la sexualité de1994 [1] donne un pourcentage moins élevéde grossesses (3,3 %), mais ce résultat neconcerne que les 15-18 ans et doit être plu-tôt rapproché des 4,1 % des 15-18 ans denotre enquête qui ont déjà été enceintes.

Test de dépistage du sida

Parmi l’ensemble des 15-19 ans, les fillesont plus souvent effectué un test VIH queles garçons : 12,4 % vs 8,5 %. Ce pour-centage augmente fortement avec l’âge etce, particulièrement à partir de 18 ans. À19 ans, ils sont même un quart (25,2 %) àdéclarer en avoir fait un (Figure 13). La pra-tique du dépistage est logiquement liée aufait d’être sexuellement actif et d’avoir euplus d’un partenaire. Ainsi, 90 % des jeu-nes qui se sont fait dépister ont déjà eudes rapports sexuels et 80 % ont eu plu-sieurs partenaires.Pour l’enquête suisse citée [2], 16,7 % des17-18 ans interrogés avaient déjà effectuéun test VIH.

Figure 12

Jeunes ayant utilisé un préservatifou/et la pilule lors du premier et dudernier rapport (en pourcentage)

0

20

40

60

80

25,5

65,4

9,1

30,4

62,4

7,2

Pilule etpréservatif

Première fois Dernière fois

Aucundes deux

L’un oul’autre

Figure 13

Jeunes déclarant avoir fait un testVIH (en pourcentage)

0

6

12

18

24

30

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

1,62,9

4,3

9,9

21,1

1,3

3,3

8,1

19,1

30,3

Filles Garçons

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Vie affective et sexuelle

129Baromètre santé jeunes 97/98

1. Lagrange H., Lhomond B. (sous la dir. de).L’entrée dans la sexualité. Le comportement desjeunes dans le contexte du sida. Paris : La Dé-couverte, 1997 : 431 p.

2. Narring F., Michaud P.-A., Wydler H., DavatzF., Villaret M. Sexualité des adolescents et sida :processus et négociations autour des relationssexuelles et du choix de la contraception. Lau-sanne : Institut universitaire de médecine socialeet préventive, 1997 : 150 p. + annexes 66 p.

Analyse et synthèse

Le sexeLes différences entre filles et garçonssemblent s’être estompées avec le tempsen ce qui concerne le début des relationssexuelles.Il reste, qu’en moyenne, les garçons ontdes petites amies plus jeunes qu’eux et queles filles leur préfèrent leurs aînés.Les filles ont dans l’ensemble des relationsplus stables que les garçons et disent pas-ser plus de temps avec leur petit ami.Les garçons sont quant à eux plus nom-breux à déclarer avoir eu des rapportssexuels au cours de leur vie. Ils déclarentégalement un plus grand nombre de parte-naires sexuels que les filles.

L’âge

L’âge est logiquement un facteur détermi-nant de l’évolution des pratiques dans ledomaine de la sexualité : la tranche d’âgeconsidérée correspond à la mise en placede la vie affective et sexuelle. En effet, lepourcentage de jeunes garçons et fillesdéclarant avoir eu un(e) petit(e) ami(e) aug-mente nettement avec l’âge. Il en est demême de la durée moyenne de la relationet des pourcentages de jeunes sexuelle-ment actifs.L’âge médian du premier rapport n’a pasété modifié au cours des dernières décen-nies et est toujours situé autour de 17 ans,pour les filles comme pour les garçons.Les plus jeunes sont aussi ceux qui utilisentle plus souvent un préservatif lors de leurpremier rapport sexuel mais aussi lors deleur dernier rapport, alors que l’utilisationde la pilule augmente avec l’âge des filles.Le recours au test de dépistage du sidaest surtout le fait des plus âgés.

Autres caractéristiques

La situation familiale du jeune semble jouerun rôle important dans l’adoption de com-

portements dans le domaine de la sexua-lité. Ainsi, les jeunes vivant dans une fa-mille recomposée ou monoparentale décla-rent plus fréquemment que ceux vivant avecleurs parents de naissance (ou d’adoption)avoir eu des rapports sexuels et avoir euplusieurs partenaires. Ils sont, en revanche,moins nombreux à utiliser un préservatiflors de leur premier ou dernier rapportsexuel.Les résultats collectés sur la vie affectiveet sexuelle sont extrêmement cohérents avecceux de l’enquête ANRS [1] et la possibilitéde construire des indicateurs utilisables dansla durée se trouve donc affirmée.Il est possible d’observer en particulier unegrande stabilité de l’âge de début des rela-tions sexuelles. Par ailleurs, les comporte-ments de protection semblent évoluer avecl’âge et le type de relation, et aller versune association des pratiques de contra-ception et de protection des MST. Il est aussià remarquer l’importance du recours au testde dépistage qui tient sa place parmi d’autrescomportements de protection dans le cou-ple et intervient dans l’installation d’unerelation durable.Les observations sur le statut spécifiquedes jeunes vivant dans des familles mono-parentales ou recomposées suggèrent d’ap-profondir une interprétation qui se doit d’êtrenuancée et de tenir compte de nombreu-ses variables de confusion possibles (no-tamment celles qui sont relatives à l’aspectsocioéconomique).

références bibliographiques

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Baromètre santé jeunes 97/98

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the key facts in a few figures…

The boyfriend or girlfriendAlmost half of 15-19 year olds (41.6%of boys and 48.7% of girls) had a girl-friend or boyfriend at the time of thesurvey and these percentages increase withage. According to declaration, the aver-age duration of this amorous relation-ship also increases with age: from fourmonths among 15 year olds, it rises toone year three months among 19 yearolds.

Sexual relationsMore boys than girls say they have al-ready had sexual intercourse (50.7% v46.1%). This percentage increases rap-idly with age: from 51.3% among 17 yearolds to 80.1% among 19 year olds forboth sexes. The median age of first sexualintercourse is at about 17 years of age,for both girls and boys, this has notchanged for several decades. Significantlymore boys state they have had several part-ners (64.2% v 48.5%) and this percent-age increases with age.

Use of condoms and/or the pill87.1% of sexually active young people(boys and girls) having already had sexualintercourse say they used condoms the

Emotional and sexual life

Christiane Dressen,Philippe Guilbert, Arnaud Gautier

first time they had sexual intercourse(an increase of about 10% since the 1994Agence nationale de recherche sur le sida(ANRS) survey). More of the youngestteenagers adopted this behaviour. Onthe last occasion of sexual intercourse,the condom was used significantly lessthan the first time. Subjects were askedif the pill had been used by the teen-ager or by his partner during the firstand most recent sexual relationship. Thepill is overall little used at the time offirst sexual intercourse (by fewer thanone third of young people), it was usedmuch more at the time of the most re-cent sexual intercourse, in particular by19 year olds (57.2%). 9.1% of youngpeople used neither of these two meth-ods (condom or pill) for the first sexualintercourse and 7.2% for the most re-cent.

Morning-after pill, pregnancy andabortionMore than one sexually active girl in ten(13.6%) has used the morning-after pilland 6.2% have previously been pregnant(2.8% of all girls aged 15-19). Of these,20% have had a child (0.5% of girls aged15-19).

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Baromètre santé jeunes 97/98

131

HIV testOf all 15-19 year olds, girls are more likelyto have been tested for HIV than boys(12.4% v 8.5%). This percentage in-creases considerably with age and espe-cially from the age of 18.

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Consommation de substances psychoactives

135Baromètre santé jeunes 97/98

Consommation desubstances psychoactives

d’une consommation excessive (test Detapour l’alcool). Cependant, il n’est pas injus-tifié de chercher à connaître le « profil » duconsommateur ou polyconsommateur nonnécessairement dépendant d’une substance,car il existe un continuum et non une rup-ture radicale entre la consommation d’unesubstance et une éventuelle future addic-tion.Comme l’indique le Professeur Parquet [2],la question de la dangerosité d’un produitne peut être résumée ainsi par l’activité desmolécules, mais est aussi corrélée auxcaractéristiques du consommateur lui-mêmeet à des déterminants sociaux et culturelsassociés. Ainsi, « on peut affirmer que laconsommation de n’importe quelle subs-tance psychoactive — même l’alcool, lasubstance psychoactive la plus consomméeen France — peut exposer la personne àdes risques. C’est pourquoi il convient deplacer les pratiques consommatoires desubstances psychoactives dans le cadredes comportements et conduites à risque »[2]. Le présent Baromètre a donc cernél’usage de ces substances aussi bien dansle cadre de leurs interrelations éventuelles,que dans la perspective de les resituer parrapport à d’autres risques et aux détermi-nants environnementaux, familiaux et psy-chologiques.

Le dernier Baromètre santé adultes 95/96[1] s’est attaché à considérer le cadre gé-néral des comportements de santé. Ainsi,il a été identifié un profil de comportementconcernant plus les hommes jeunes et as-sociant la consommation de plusieurs sub-stances psychoactives licites ou illicites (ta-bac, alcool notamment avec ivresse, can-nabis). Le Baromètre santé jeunes a gardépour perspective de ne pas perdre de vueles interrelations éventuelles entre ces dif-férents comportements.Il a donc été décidé d’embrasser, dans unmême chapitre, l’ensemble des consom-mations de substances psychoactives eten particulier celles qui font l’objet d’un in-térêt du CFES, à savoir les substancespsychoactives illicites — principalement lecannabis dans ce type d’enquête en popu-lation générale —, le tabac et l’alcool. Cetteapproche présente aussi l’intérêt stratégi-que de permettre l’étude des polyconsom-mations qui sont courantes chez les ado-lescents et les jeunes adultes. De la poly-consommation à la polytoxicomanie le pasest grand, qui ne peut pas être entièrementexploré dans une enquête en populationgénérale, mais, à chaque fois que possi-ble, la distinction a été faite entre l’usaged’expérimentation et l’utilisation plus régu-lière du produit, voire de certains marqueurs

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Consommation de substances psychoactives

136 Baromètre santé jeunes 97/98

1. Baudier F., Arènes J. (sous la dir. de). Baro-mètre santé adultes 95/96. Vanves : CFES,1997 : 288 p.

2. Rapport du Professeur Parquet. Pour unepolitique de prévention en matière de compor-tements de consommation de substances psy-choactives. Vanves : CFES, coll. Dossiers tech-niques, 1997 : 30.

références bibliographiques

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Baromètre santé jeunes 97/98

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l’essentiel en quelques chiffres…

François Baudier, Philippe Guilbert

Alcool

Fréquence de consommation pourl’ensemble des alcoolsLes trois quarts des jeunes déclarent avoirdéjà consommé de l’alcool au cours deleur vie, les garçons plus que les filles, etce pourcentage augmente de façon linéaireavec l’âge. Les jeunes d’origine socialeplus modeste, ceux dont le chef de fa-mille est au chômage et les adolescentsvivant avec leurs parents de naissance (oud’adoption) sont moins nombreux à êtreconsommateurs d’alcool. A contrario, lesjeunes fumant régulièrement du tabac,les adolescents qui ont déjà consommédu cannabis dans leur vie et ceux ayantdéjà eu des rapports sexuels sont plusnombreux à avoir consommé de l’alcoolau cours de leur vie.Parmi l’ensemble des adolescents, un peumoins d’un quart (23,0 %) déclarent aucours de la dernière année avoir pris del’alcool au moins une fois par semaineet parmi ces derniers, une faible propor-tion (1,2 %) en absorbe tous les jours.Cette fréquence de consommation varieen fonction des mêmes critères sociodé-mographiques et comportementaux queprécédemment, sauf en ce qui concernele statut social (la prise d’alcool est plusfréquente chez les adolescents dont les

parents sont agriculteurs ou inactifs) etla structure familiale (pas de différencessignificatives suivant ce critère).

Quantité consommée pour l’ensembledes alcoolsLes jeunes qui disent avoir bu de l’al-cool la veille ont consommé en moyenne2,4 verres. Un peu plus de la moitié d’en-tre eux n’en ont pris qu’un seul. Les gar-çons absorbent en moyenne un verre deplus que les filles et la consommationmoyenne des 12-19 ans augmente defaçon linéaire avec l’âge, surtout chez lesgarçons. L’origine sociale, le statut familialde l’adolescent ainsi que les autres varia-bles d’analyse (vie sexuelle et consom-mation de tabac et de cannabis) ne sontpas discriminantes en ce qui concerneles quantités d’alcool consommées.

Fréquence de consommation suivantle type d’alcoolsLa bière est la boisson la plus régulière-ment choisie par les 12-19 ans. Deuxmodes de consommation des différentsalcools ont été identifiés. Le premier con-cerne « les autres alcools » (champagne,cidre…) et le vin. Pour ces boissons, leshabitudes débutent de façon assez précoce

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Baromètre santé jeunes 97/98

142

et semblent correspondre à une consom-mation plutôt « familiale ». C’est d’ailleurspour ces deux types d’alcool que les dif-férences filles/garçons sont les plus fai-bles. En revanche, pour la bière et lesalcools forts, la progression selon l’âgese fait de façon un peu plus tardive maisavec une augmentation plus forte au fildes années.

Quantité d’alcool consommée suivantle type de boissonsParmi les jeunes qui ont pris de l’alcoolla veille, ce sont les buveurs d’alcools fortsqui en absorbent la plus grande quan-tité (2,2 verres), sans différence signifi-cative selon le sexe et l’âge. Ce sont es-sentiellement pour la bière et le vin queles quantités consommées augmententde façon linéaire avec l’âge et sont plusimportantes chez les garçons.

IvresseUn peu plus d’un quart des 12-19 ansont déjà été ivres au cours de la vie, lesgarçons plus que les filles (34,2 % vs21,6 %). Ce comportement progressefortement avec l’âge et la différence se-lon le sexe s’accentue avec les années.Parmi ceux qui ont déjà bu de l’alcoolau cours de leur vie, les deux tiers n’ontjamais été ivres. Ce comportement estplus fréquent chez les filles. Si le statutsocial de la famille d’appartenance dujeune ne semble pas être un facteur dis-criminant par rapport à la notion d’ivresseau cours de la vie, tous les facteurs so-ciodémographiques et comportementauxidentifiés précédemment semblent inter-venir dans le même sens.L’âge moyen de la première ivresse estde 15 ans et demi sans différence signi-ficative entre les garçons et les filles. Lenombre d’ivresses au cours des douzederniers mois est de 4,6 parmi ceux quidéclarent avoir été ivres au moins unefois au cours de leur vie. Les garçons ontété en moyenne deux fois plus souventivres que les filles, avec des grandes dis-parités interindividuelles et une augmen-

tation très sensible avec l’âge, et ceci quelque soit le sexe. La quantité d’alcool ab-sorbée au cours de la dernière ivresse esten moyenne de 9,5 verres (11,2 pour lesgarçons vs 6,8 pour les filles).

Perception de son propre comporte-ment par rapport à l’alcoolLe test Deta a permis d’identifier 3,1 %de jeunes consommateurs à haut risque,4,2 % chez les garçons et 2,0 % parmiles filles. Les scores de santé physique etmentale au profil de Duke sont signifi-cativement moins bons pour les adoles-cents considérés comme buveurs à ris-que (ce qui n’est pas le cas pour le scorede santé sociale).

Information sur l’alcoolUn quart des jeunes déclare avoir déjàeu des séances d’information sur l’alcoolà l’école (dont 19,6 % lors d’un cours).Ils sont un peu plus du double (60,8 %)à souhaiter en bénéficier. Ce désir d’in-formation n’est pas lié aux habitudes deconsommation d’alcool. Il est à noter queles élèves qui ont déjà bénéficié d’uneinformation sur l’alcool à l’école sont plusnombreux à en être à nouveau deman-deurs.

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Alcool

143Baromètre santé jeunes 97/98

La consommation d’alcool en général et devin en particulier fait partie de la culture d’uncertain nombre de pays. L’initiation est, enFrance, relativement précoce, puisque dèsl’âge de 11 ans, 80 % des garçons et 70 %des filles ont déjà consommé une boissoncontenant de l’alcool [1]. Par ailleurs, parmila population adulte, 95 % des 18-75 ansse déclarent consommateurs d’alcool [2].Les conséquences en terme de mortalitéet de morbidité sont considérables. C’estainsi que la consommation excessive d’al-cool explique pour une bonne partie, defaçon directe (cirrhose, psychose…) ouindirecte (suicide, accidents domestiques…),la mortalité prématurée particulièrementmarquée en France [3].Au cours de ces dernières années, la « fa-çon de boire » des Français a fortementévolué. Globalement, si le niveau de con-sommation reste un des plus élevés aumonde, une décroissance régulière estobservée depuis quelques décennies. Pourles jeunes générations, le vin n’est plus laboisson de tous les repas et les alcoolsforts ou la bière accompagnent maintenantune consommation essentiellement de finde semaine ou irrégulière.

Dans ce contexte, l’ivresse prend une placeimportante et certains consommateurs d’al-cool utilisent ces produits comme de véri-tables drogues, les associant parfois àd’autres substances.Le présent chapitre sur « l’alcool et les ado-lescents » vient utilement compléter les ob-servations recueillies chez les 18-75 ans, lorsdu Baromètre santé adultes 95/96 [2] etsurtout du Baromètre Santé nutrition adultes1996 [4]. En effet, ce dernier explorait defaçon détaillée la prise des boissons à tra-vers les habitudes alimentaires des Français.Quelle est la fréquence et la quantité d’al-cool consommée par les jeunes ? Que boi-vent-ils de préférence ? La différence en-tre les filles et les garçons est-elle toujoursaussi marquée ? À quel âge les adolescentsont-ils eu leur première ivresse ?Les réponses à toutes ces questions de-vraient éclairer utilement les orientationsfutures de santé publique et les choix édu-catifs à faire pour que le discours des adultesauprès des jeunes soit aussi proche quepossible de leurs réalités de vie.

Résultats

La consommation d’alcool a été évaluée enfonction de quatre catégories de boissons :

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Alcool

144 Baromètre santé jeunes 97/98

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans0

20

40

60

80

100 95,795,590,386,0

74,763,449,8

62,5

87,585,780,3

68,1

49,4

38,9

94,4

85,1

FillesGarçons

Figure 1

Buveurs au cours de la vie selon l’âge et lesexe (en pourcentage)

• le vin,• la bière,• les alcools forts,• les autres alcools (cidre, champagne, vinsdoux…).

La consommation d’alcool

Fréquence de consommation pourl’ensemble des alcoolsLes trois quarts des jeunes (76,4 %) décla-rent avoir déjà consommé de l’alcool au coursde leur vie, les garçons plus que les filles etle pourcentage de consommateurs augmentede façon linéaire avec l’âge (Figure 1).Les jeunes d’origine sociale plus modeste(jeunes dont le chef de famille est ouvrier :68,1 % vs 88,2 % pour les cadres et lesprofessions intellectuelles supérieures) etceux habitant dans une famille dont le chefde famille est au chômage se déclarentmoins souvent consommateurs d’alcool aucours de leur vie. Il en est de même pourles adolescents vivant avec leurs parentsde naissance (ou d’adoption).A contrario, les jeunes fumant régulièrementdu tabac ont une prévalence dans ce do-maine supérieure aux autres jeunes (fumeursoccasionnels et non-fumeurs) : 95,1 % vs

70,7 %. Le même constat est fait pour lesjeunes ayant déjà eu des rapports sexuelset pour ceux ayant déjà consommé du can-nabis au cours de leur vie. Parmi ces der-niers, les jeunes en ayant consommé dixfois ou plus au cours de leur vie ont tousdéjà bu de l’alcool au moins une fois. Tou-tes ces différences restent significatives quelque soit l’âge des sujets interrogés.Parmi l’ensemble des adolescents, un peumoins d’un quart (23,0 %) déclarent au coursde la dernière année avoir consommé del’alcool au moins une fois par semaine et,parmi ces derniers, une faible proportion(1,2 %) en prend tous les jours. Cette fré-quence de consommation est différenteselon le sexe, les garçons étant des con-sommateurs plus réguliers que les filles(Figure 2).La fréquence de consommation progresseaussi de façon importante selon l’âge. Ainsi,chez les 12-14 ans, ils sont 5,7 % à avoirbu au moins une fois par semaine de l’al-cool au cours des douze derniers mois,alors qu’ils sont près de la moitié (43,2 %)à 18-19 ans (et 54,5 % chez les garçonsde 18-19 ans).En revanche, les variations suivant l’originesociale et la situation professionnelle du chefde famille sont différentes par rapport àcelles retrouvées précédemment. Ainsi, lesjeunes dont le chef de famille est agricul-teur ont une consommation plus régulière,avec plus d’un tiers (36,5 %) d’entre euxdéclarant boire au moins une fois par se-maine de l’alcool au cours des douze der-niers mois. Les adolescents issus d’un foyerdont le chef de famille est inactif sont aussides buveurs d’alcool plus fréquents que lesautres jeunes.Les fréquences de consommation diffèrentselon le statut tabagique du répondant. Prèsd’un fumeur régulier sur deux (46,9 %) dé-clare boire de l’alcool au moins une foispar semaine vs seulement un sur six (15,7 %)pour les autres adolescents. L’âge expli-que pour partie cette différence (mais pasentièrement), dans la mesure où le pour-centage de consommateurs hebdomadai-res d’alcool progresse fortement avec les

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Alcool

145Baromètre santé jeunes 97/98

Garçons

Une fois par jour Une fois par jour1,9 %

Jamais au cours de la vie

21,6 %

Jamais au cours de l’année3,9 %

Moins d’une fois par mois24,2 %

Plus d’une fois par semainePlus d’une fois par semaine8,3 %

Une fois par mois

Une foispar mois

20,2 %

Une foispar semaine

Une fois par semaine

19,9 %

Filles

12,4 %

19,4 %

0,4 % 2,8 %

3,4 %

25,6 %

36,0 %

Figure 2

Consommation d’alcool selon le sexe (en pourcentage)

0

1

2

3

4

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

3,02,7

1,3

2,1

1,51,4

FillesGarçons

Figure 3

Évolution, selon le sexe et l’âge, dunombre moyen de verres d’alcoolconsommés la veille parmi lesbuveurs

années et qu’il en est de même pour lepourcentage de fumeurs réguliers. Un ef-fet « sexe » existe aussi puisque les fumeursréguliers sont plus souvent des garçons.Comme pour la consommation de tabac,les jeunes de 15 ans et plus ayant déjà eudes rapports sexuels et/ou ayant déjà prisdu cannabis sont des consommateurs d’al-cool plus réguliers. Au total, toutes les re-lations observées entre la consommationd’alcool et certains comportements de santépersistent, quels que soient l’âge et le sexedes sujets.

Quantité consommée pourl’ensemble des alcoolsLes jeunes qui déclarent avoir bu de l’al-cool la veille ont consommé en moyenne2,4 verres. Un peu plus de la moitié desadolescents (53,8 %) n’en ont pris qu’unseul. Les garçons absorbent en moyenneun verre de plus que les filles [2,7 vs 1,7]et la consommation moyenne des 12-19ans augmente de façon linéaire avec l’âge,surtout chez les garçons (Figure 3).L’origine sociale, le statut familial de l’ado-lescent ainsi que les autres variables d’ana-lyse (vie sexuelle et consommation de ta-bac et de cannabis) ne sont pas discrimi-nantes en ce qui concerne les quantitésd’alcool consommées.

Fréquence de consommationselon le type d’alcoolLes différentes fréquences de consomma-

tion selon le type d’alcool sont présentéessur les Figures 4 à 7. La bière est la bois-son la plus régulièrement absorbée chezles 12-19 ans.La Figure 8 illustre deux modes de con-sommation d’alcool. Le premier concerne« les autres alcools » (champagne, cidre…)et le vin. Pour ces boissons, les habitudesdébutent de façon assez précoce et sem-blent correspondre à une consommationplutôt « familiale ». C’est d’ailleurs pour cesdeux types d’alcool que les différences filles/garçons sont les plus faibles. En revanche,pour la bière et les alcools forts, la pro-gression selon l’âge se fait de façon un peu

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Alcool

146 Baromètre santé jeunes 97/98

Au moins une foispar semaine15,4 %

Moins d’une foispar semaine

31,8 %

Jamais52,8 %

Figure 4

Fréquence de consommation debière par les jeunes

Au moins une foispar semaine9,6 %

Moins d’une foispar semaine

31,9 %

Jamais58,5 %

Figure 5

Fréquence de consommation de vinpar les jeunes

Au moins une foispar semaine7,1 %

Moins d’une foispar semaine

30,2 %

Jamais62,7 %

Figure 6

Fréquence de consommationd’alcools forts par les jeunes

Au moins une foispar semaine5,1 %

Moins d’une foispar semaine

47,4 %

Jamais47,5 %

Figure 7

Fréquence de consommationd’autres alcools par les jeunes

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans0

20

40

60

80

BièreVinAutres alcools

Alcools forts

17,4

25,931,3

39,7

46,751,8 51,1

61,5

3,14,9

6,5

26,2

44,9

62,768,9

69,1

11,517,1

33,2

47,5

57,7 61,466,3

72,8

27,537,1

42,1

48,4

57,3

57,765,1

67,2

Figure 8

Consommateurs « Au moins une fois aucours de l’année » selon l’âge et le typed’alcools (en pourcentage)

plus tardive, mais avec une augmentationplus forte au fil des années.Près de la moitié (46,5 %) des garçons de18-19 ans déclarent consommer de la bièreau moins une fois par semaine (au coursdes douze derniers mois), alors qu’ils nesont que respectivement 21,1 % et 20,3 %pour les alcools forts et le vin.

Quantité d’alcool consommée selonle type de boissonsParmi les jeunes qui ont pris de l’alcool laveille, ce sont les buveurs d’alcools fortsqui en absorbent la plus grande quantité(2,2 verres) sans différence significativeselon le sexe et l’âge (Figures 9 et 10). Cesont essentiellement pour la bière et le vinque les quantités consommées augmententde façon linéaire avec l’âge et sont plusimportantes chez les garçons.Ce sont les buveurs de bière de sexe mas-culin, âgés de 18-19 ans, qui consomment

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Alcool

147Baromètre santé jeunes 97/98

le plus grand nombre de verres (2,6 ver-res) (avec une différence importante entreles garçons et les filles de 18-19 ans, puisqueces dernières boivent une quantité deux foisinférieure aux garçons : 1,4 verre). Dansla population des adolescentes, la prise de

boissons alcoolisées la plus importanteconcerne les alcools forts. Elle est enmoyenne de 2,1 verres, sans différencessignificatives entre les garçons et les filles,quel que soit l’âge.

IvresseUn peu plus d’un quart (28,1 %) des 12-19ans ont déjà été ivres au cours de la vie,les garçons plus que les filles (34,2 % vs21,6 %) ; ce comportement progresse for-tement avec l’âge et le différentiel selon lesexe s’accentue avec les années (Figure11). Parmi ceux qui ont déjà bu de l’alcoolau cours de leur vie, les deux tiers (63,3 %)n’ont jamais été ivres. Ce comportementde prise d’alcool sans ivresse est plus fré-quent chez les filles (70,9 % vs 56,4 %).Le statut social de la famille d’appartenancedu jeune ne semble pas être un facteur dis-criminant par rapport à la notion d’ivresseau cours de la vie.En revanche, les jeunes habitant avec leursparents de naissance (ou d’adoption) ontbeaucoup moins souvent connu un étatd’ivresse (25,0 % vs 41,9 % pour les jeu-nes vivant au sein d’un foyer recomposé).Il existe une différence selon le statuttabagique : les jeunes fumeurs réguliers sonten plus grand nombre à avoir connu un étatd’ivresse au cours de leur vie : 64,2 % vs

Figure 9

Nombre moyen de verres d’alcoolconsommés la veille parmiles buveurs, selon le sexe et le typede boissons

0

1

2

3

Vin Bière Alcoolsforts

Autresalcools

GarçonsFilles

1,7

2,32,21,9

1,4

1,9

1,31,4

Figure 10

Nombre moyen de verres d’alcoolconsommés la veille parmi lesbuveurs, selon l’âge et le typede boissons

0

3

6

9

12

15

12-14 ans* 18-19 ans15-17 ans

BièreAlcools fortsAutres alcools Vin

* effectifs faibles pour les 12-14 ans (n<15).

1,1

1,5

2,0

1,0

1,7

2,4

1,2

2,4

2,1

1,1

1,9

1,5

Figure 11

Ivresse au cours de la vie (au moinsune fois) selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

0

20

40

60

80

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

Garçons Filles

4,5

35,7

68,5

3,0

25,5

41,2

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148 Baromètre santé jeunes 97/98

17,0 % pour les autres jeunes. Il en est demême pour ceux qui ont consommé ducannabis au cours de leur vie. 78,8 % desjeunes ayant déjà pris du cannabis décla-rent avoir été ivre au moins une fois au coursde leur vie. Toutes ces différences restentsignificatives lorsque l’on tient compte del’âge des personnes interrogées.L’âge moyen de la première ivresse est de15 ans et demi, sans différence significa-tive entre les garçons et les filles ; 15 ansest aussi l’âge moyen de l’initiation au ta-bac.Le nombre d’ivresses au cours des douzederniers mois est de 4,6 parmi ceux quidéclarent avoir été ivres au moins une foisau cours de leur vie. Les garçons ont étéen moyenne deux fois plus souvent ivresque les filles, avec des grandes disparitésinterindividuelles et une augmentation trèssensible avec l’âge, quel que soit le sexe(Figure 12).Les adolescents ont été interrogés sur laquantité d’alcool absorbée au cours de ladernière ivresse. Elle était en moyenne de9,5 verres, avec une différence très impor-tante entre les garçons et les filles : 11,2

verres vs 6,8. Ces quantités ne varient pasde façon significative avec l’âge.Par ailleurs, les quantités rapportées sonttrès variables suivant les individus, desproblèmes de mémorisation intervenant trèscertainement. Les quantités moyennes pourles 12-19 ans sont quasiment identiques à

Figure 12

Nombre moyen d’ivresses au coursdes douze derniers mois selon lesexe et l’âge (parmi les jeunes quiont été ivres au cours de l’année)

0

2

4

6

8

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

Garçons Filles

3,74,6

6,6

1,72,5

3,4

« Autour de mon lycée, il y a plu-sieurs bars. J’y vais assez régulière-ment quand j’ai un trou dans monemploi du temps, entre deux coursou le matin quand je commence unpeu plus tard que d’habitude. Paspour consommer de la limonade oudes bières mais plutôt des trucs plusforts comme du whisky ou de lavodka. À force, je connais le patronet je paye avec mes tickets restau-rant. Je supporte très bien l’alcool etje sais que je ne serai jamais ivre. Aupire, je dormirai. J’ai des antécé-dents assez forts d’alcoolisme dansma famille, des deux côtés. Je saisdonc que j’ai un très fort risque dedevenir alcoolique, mais pour

l’instant je maîtrise le jeu. J’en parleà ma mère et cela m’aide à meretenir. Elle me demande de faireattention, elle s’inquiète. Mais lesalcools forts j’aime ça, et je ne vaispas me priver de quelque chose quej’aime ! J’ai bu une fois toute seulechez moi en cachette, une gorgée dechaque alcool et il y en avait beau-coup ! Je me suis sentie très mal carje me suis dit que c’était le début dela fin si je buvais seule chez moi.Parfois, j’ai l’impression que vu mesantécédents familiaux, je cherche àme tester, à repousser mes limites.Sans doute que cela m’amuse deprendre des risques. »

Anne, élève de première

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149Baromètre santé jeunes 97/98

celles observées dans le Baromètre santéadultes 95/96 [2] et ceci quel que soit lesexe.

Perception de son proprecomportement par rapport àl’alcoolQuatre questions ont été posées sur lecomportement des jeunes par rapport àleur consommation d’alcool :• la première portait sur la notion de be-soin ressenti pour diminuer sa consomma-tion. Un jeune sur vingt est dans cette si-tuation, avec deux fois plus de garçons(7,3 %) que de filles. Ce pourcentage aug-mente de façon linéaire avec l’âge ;• la deuxième question avait pour objectifde savoir si l’entourage du jeune lui avaitfait des remarques sur sa consommationd’alcool. 2,8 % des adolescents étaient dansce cas avec, là-aussi, une très forte prédo-minance chez les garçons (3,9 %) par rap-port aux filles et une progression linéaireavec l’âge ;• la troisième question abordait la percep-tion que les jeunes ont de parfois trop boire.4,1 % d’entre eux sont dans ce cas avecles mêmes tendances, selon le sexe et l’âge,que pour les questions précédentes ;• enfin, la dernière question portait sur lebesoin de consommer de l’alcool dès lematin pour se sentir en forme. Pratique-ment aucun jeune n’a répondu positivement.

À partir des réponses à ces quatre ques-tions, il est possible de calculer le test Detapour identifier les consommateurs à hautrisque (avoir répondu positivement à aumoins deux questions). Il est important derappeler ici que ce test est utilisé essen-tiellement dans une démarche clinique etprincipalement pour un public adulte. Il estdonc nécessaire de rester prudent quantaux conclusions que l’on pourrait tirer dela présente analyse.3,1 % des jeunes ont un test Deta positif.Ils sont deux fois plus nombreux parmi lesgarçons (4,2 % vs 2,0 %) et là-aussi, cepourcentage progresse de façon linéaire

avec l’âge. Dans la population des 18-75ans, les adultes à risque sont plus du dou-ble : 8,3 % [2]. Les jeunes fumeurs régu-liers (au moins une cigarette par jour) sontplus nombreux à avoir répondu positivementà au moins deux questions du test Deta.Ceci vaut également pour les adolescentsde 15 ans et plus ayant déjà eu des rela-tions sexuelles et les jeunes ayant déjàconsommé du cannabis au cours de leurvie. En outre, les scores de santé physi-que et mentale au profil de Duke sont si-gnificativement moins bons pour les ado-lescents considérés comme buveurs exces-sifs ou à risque par le test Deta (Figure 13).Ces différences persistent quel que soit l’âgedes personnes interrogées.

Information sur l’alcool

Un quart des jeunes (25,8 %) déclare avoirdéjà eu des séances d’information sur l’al-cool à l’école (dont 19,6 % lors d’un cours),sans différences significatives selon le sexeet l’âge.Il sont près des deux tiers (60,8 %) à sou-haiter en bénéficier, avec un pourcentageun peu plus élevé chez les filles. Ce désird’information sur l’alcool n’est pas lié aux

Figure 13

Scores de santé et test Deta

0

25

50

75

100

Deta négatif (n=3 974)

Deta positif (n=129)

Santéphysique

Santésociale

Santémentale

78,2

67,970,468,2 65,761,3

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150 Baromètre santé jeunes 97/98

habitudes de consommation d’alcool (avoirété ivre au cours de la vie, nombre moyend’ivresses au cours de l’année, consomma-tion régulière de boissons alcoolisées —c’est-à-dire au moins une fois par semaine —,test Deta positif).Il est à noter que les élèves qui ont déjàbénéficié d’une information sur l’alcool àl’école sont plus nombreux à en vouloir ànouveau.

Jeunes et adultes : descomportements différents parrapport à l’alcool ?L’âge est un facteur discriminant chez lesadolescents âgés de 12 à 19 ans. Ainsi, ilpeut être intéressant d’appréhender le thèmede l’alcool chez les jeunes en le mettant enperspective avec celui des adultes. Quelleest l’évolution de la consommation d’alcoolaprès 19 ans ? Les jeunes ont-ils un rap-port avec l’alcool différent des adultes ? Lesdonnées du Baromètre santé adultes 95/96[2] seront utilisées afin de permettre d’ébau-cher des réponses à ces questions.Si la consommation d’alcool la veille croîtrapidement et linéairement selon l’âge parmiles jeunes, la même remarque peut êtreformulée chez les adultes avec, pour cesderniers, une augmentation relativementmoins rapide (Figure 14). La différence entreles sexes perceptible chez les jeunes, sur-tout à partir de 16 ans et qui ne cesse des’agrandir jusqu’à 19 ans, s’accroît pluslégèrement parmi les adultes. Globalement,les pourcentages augmentent régulièrementjusque vers 40-45 ans (67,8 % des hom-mes et 33,7 % des femmes ont bu au moinsun verre de boisson alcoolisée la veille). Àpartir de cette période de la vie, la part deces consommateurs se stabilise à ces ni-veaux : environ deux tiers des hommes etun tiers des femmes.La consommation excessive d’alcool con-duisant à un état d’ivresse semble, chezles adultes, ne plus suivre la même trajec-toire que celle observée parmi les adoles-cents de 12 à 19 ans. En effet, le pourcen-tage des jeunes ayant eu au moins une

ivresse au cours des douze derniers moiscroît rapidement ; en revanche, chez lesadultes, ces ivresses diminuent plus lente-ment jusqu’à 50 ans (Figure15).L’augmentation des ivresses chez les jeu-nes, ainsi que la diminution chez les adul-tes, sont observables aussi bien chez leshommes que chez les femmes. En revan-che, l’augmentation cesse pour les fillesvers 17-18 ans, alors que chez les garçons,elle se poursuit au-delà de la période étu-diée du Baromètre santé jeunes, c’est-à-dire au-delà de 19 ans. La différence entreles deux sexes est maximale dans la tran-che d’âge 20-24 ans.

Analyse et synthèse

Le sexe

Pratiquement dans tous les « registres »(pourcentage de consommateurs, fré-quence de consommations, nombre deverres, ivresse…), les garçons sont desconsommateurs d’alcool plus importantsque les filles. Par exemple, tous âges con-fondus, les garçons sont trois fois plusnombreux (10,2 %) que les filles (3,2 %) àavoir bu plus d’une fois par semaine aucours de la dernière année. En moyenne,parmi « les buveurs d’alcool la veille », lesgarçons (2,7 verres) consomment un verred’alcool de plus que les filles. Les adoles-cents de sexe masculin boivent de plusgrandes quantités de vin et de bière, alorsque les différences ne sont pas significa-tives pour les alcools forts et les autresalcools (champagne, cidre, vins doux…).Si l’âge de la première ivresse (15 ans etdemi) ne diffère pas selon le sexe, lesgarçons ont été deux fois plus nombreuxà avoir été ivres (4,6 fois) et lorsqu’ils l’ontété, ils déclarent avoir bu un nombre deuxfois plus important de verres d’alcool (11,2verres au cours de la dernière ivresse).De la même façon, ils sont deux fois plus

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Alcool

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20

0

40

60

80

100

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans

FemmesHommes

2,9

3,3

6,6

11,1

15,2

23,3

26,4

30,4

0,9

1,6

5,7

9,5

8,0

12,9

14,0

12,7

39,8

36,0

48,150,5

67,860,5

56,5

64,4

67,1

59,6

69,6

19,8

11,5

15,4 23,8

33,7 33,3

28,2 24,2

32,9

29,6

30,5

Figure 14

Jeunes et adultes ayant consommé au moins un verre d’alcool la veille selon lesexe et l’âge (en pourcentage)

20

0

40

60

80

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans

FemmesHommes

3,37,0

17,8

28,0

43,049,7

55,9

0,41,6

5,2

14,2

19,6

27,2

27,631,5

60,2

38,2

29,522,0

14,0 15,9

1,6

8,0

0,04,1 1,9 2,2

27,9

11,58,5

5,5 4,10,0

6,4

Figure 15

Jeunes et adultes ayant eu au moins une ivresse au cours des douze derniersmois selon le sexe et l’âge (en pourcentage)

nombreux (4,2 %) à être des consomma-teurs à risque (test Deta positif). Enfin, lesfilles souhaitent plus souvent que les gar-çons pouvoir bénéficier d’une informationsur l’alcool.

L’âge

Tous les indicateurs de consommation d’al-cool indiquent une progression de celle-ciavec l’âge (en fréquence et en quantité).

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Alcool

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Si, à 12 ans, plus de la moitié des jeunesn’ont jamais bu d’alcool au cours de leurvie, ils ne sont plus qu’un sur vingt à 19 ans.Les autres alcools (champagne, cidre, vinsdoux…) et le vin sont les deux types deboissons les plus consommés à 12-13 ans,ensuite la bière et les alcools forts pren-nent une place importante. En terme dequantité, ce sont les buveurs de bière de15-19 ans qui consomment le plus : deuxverres et demi la veille de l’enquête. La fré-quence des ivresses augmente beaucoupavec l’âge, et la différence selon le sexeest plus conséquente dans les tranchesd’âge les plus élevées. En revanche, lesquantités absorbées au cours de la der-nière ivresse ne varient pas selon l’âge.

Autres caractéristiques

Globalement, la consommation d’alcool desjeunes varie peu selon le niveau social dela famille. Les adolescents d’origine mo-deste (ouvrier) ou dont le chef de familleest au chômage se déclarent plus souventabstinents. En revanche, parmi les jeunesbuveurs, ce sont les enfants dont le chefde famille est agriculteur ou inactif qui sontles plus nombreux à déclarer boire au moinsune fois par semaine (au cours de la der-nière année). Globalement, il n’a pas étéobservé de différences significatives de laconsommation d’alcool chez les jeuneshabitant en milieu rural par rapport aux autresadolescents.Par ailleurs, les jeunes vivant avec leursdeux parents de naissance (ou d’adoption)sont moins souvent consommateurs d’alcool.En ce qui concerne certaines habitudes de

1. Chan Chee C. Baromètre santé jeunes 1994.Vanves : CFES, 1997 : 148 p.

2. Baudier F., Arènes J. (sous la dir. de). Baro-mètre santé adultes 95/96. Vanves : CFES,1997 : 288 p.

3. Haut Comité de la santé publique. La santé

références bibliographiques

en France. Paris : La Documentation française,1994, 2 vol. : 333 et 576.

4. Baudier F., Rotily M., Le Bihan G. Janvrin M.-P.,Michaud C. Baromètre santé nutrition 1996. Van-ves : CFES, 1997 : 180 p.

vie (tabac, haschich, relations sexuelles),elles sont, comme pour l’alcool, très liéesà l’âge. Cependant, à âge égal, les con-sommateurs de boissons alcoolisées ontplus souvent des conduites de consomma-tion de substances psychoactives multipleset une entrée dans la sexualité plus pré-coce.

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the key facts in a few figures…

Frequency of consumption for allalcoholic drinksThree quarters of young people statethey have consumed alcohol at sometime in their life, boys more than girls,and this percentage shows a linear in-crease with age. Young people from moremodest social backgrounds, those fromhomes where the head of household isunemployed and teenagers living withtheir birth (or adoptive) parents are lesslikely to be consumers of alcohol. Acontrario, young people smoke tobaccoregularly, teenagers who have previouslyconsumed cannabis at some time in theirlife and those who have already had asexual relationship are more likely tohave consumed alcohol at some timein their life.Among all teenagers, a little less than aquarter (23.0%), state that they havedrunk alcohol at least once a week inthe course of the last year and of these, asmall proportion (1.2%) consume it ev-ery day. The frequency of consumptionvaries as a function of the same socio-demographic and behavioural criteria asbefore except in respect of social status(drinking alcohol is most frequent amongteenagers whose parents are farm-work-

ers or not economically active) and thefamily structure (no significant differenceson this criterion).

Amount consumed for all alcoholicdrinksYoung people who say they drank alco-hol the previous day, consumed on av-erage 2.4 glasses. A little over half of themhad only one glass. Boys drank on aver-age one glass more than girls and theaverage consumption of 12-19 year oldsincreases linearly with age especially inboys. Social background, the family sta-tus of the teenager together the othervariables of the analysis (sexual life andconsumption of tobacco and cannabis)are not discriminant as far as the amountof alcohol consumed is concerned.

Frequency of consumption bytype of alcoholic drinkBeer is the drink most regularly chosenby 12-19 year olds. Two modes of con-sumption of the different alcoholic drinkswere identified. On one hand, “other al-coholic drinks” (champagne, cider, etc.)and wine. For these drinks, habits startfairly early and seem to correspond to afairly “familial” pattern of consumption.

Alcohol

François Baudier, Philippe Guilbert

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It is moreover, for these two types ofalcoholic drink, that the differences be-tween boys and girls are smallest. On theother hand, for beer and spirits, the in-crease with age is a little later but stron-ger over the years.

Amount consumed bytype of alcoholic drinkOf young people who had drunk alco-hol the previous day, it was the spiritsdrinkers who drank the most (2.2 glasses)with no difference by sex or age. It isprimarily for beer and wine that theamounts consumed increase linearly withage and are greatest in boys.

InebriationA little over a quarter of 12-19 year oldshave been inebriated at least once in theirlife, boys more than girls (34.2% v21.6%). This behaviour increases greatlywith age and the difference between thesexes is accentuated the older they are.Of those who have drunk alcohol at leastonce in their life, two thirds have neverbeen inebriated. This behaviour is morefrequent in girls. While the social statusof the family to which the young personbelongs does not seem to be a discrimi-nant factor in perceived inebriation atsome time in their life, all the previouslyidentified socio-demographic andbehavioural factors seem to operate inthe same direction.The average age at which inebriation firstoccurs is 15 and half years with no sig-nificant difference between boys and girls.The number of times inebriation hasoccurred during the last twelve monthsis 4.6 among those who report havingbeen inebriated at least once in their life.Boys were on average inebriated twiceas often as girls, with great disparitiesbetween individuals and a very signifi-cant increase with age, regardless of gen-der. The amount of alcohol consumedon the last occasion on which inebria-tion occurred was 9.5 glasses (11.2 forboys v 6.8 for girls).

Perception of own behaviour inrelation to alcoholThe Deta test made it possible to iden-tify 3.1% of young drinkers at high risk,4.2% of the boys and 2.0% of the girls.The physical and mental health scores(Duke profile) were significantly poorerfor teenagers considered as drinkers atrisk (which is not the case for the socialhealth score).

Information about alcoholA quarter of young people stated thatthey had previously had information ses-sions about alcohol at school (19.6%during lesson time). Slightly more thandouble this percentage (60.8%) wishedto benefit from such information. Thisdesire for information is not linked toalcohol consumption habits. It shouldbe noted that more of the pupils whohad previously benefited from informa-tion about alcohol at school were askingfor it again.

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l’essentiel en quelques chiffres…

François Baudier, Annie Velter

Tabac

ConsommationParmi les 12-19 ans, un peu plus d’unquart (28,8 %) des jeunes déclarent fu-mer, même de temps en temps (23,6 %régulièrement — au moins une cigarettepar jour et 5,2 % occasionnellement —moins d’une cigarette par jour). Ce pour-centage ne varie pas de façon significa-tive selon le sexe (quel que soit l’âge),mais progresse beaucoup avec l’âge pouratteindre plus de 50 % de fumeurs à 19ans. La profession du chef de famille joueun rôle discriminant vis-à-vis du tabac :plus la catégorie socioprofessionnelles’élève, plus le pourcentage de fumeursaugmente. Par ailleurs, les enfants vivantavec leurs parents de naissance (ou d’adop-tion) sont les moins nombreux à fumer.À partir de 17 ans, les jeunes qui ontdéjà redoublé au moins une fois dans leurscolarité sont plus souvent fumeurs.Depuis 1977, une décroissance du pour-centage d’adolescents français déclarantfumer (même de temps en temps) estobservée. Ainsi, en 1977, la prévalencetabagique des 12-18 ans atteignait 46 %,en 1997, elle s’élève à 25,3 %. Ceci estvrai aussi bien chez les garçons que chezles filles, avec une diminution de la dif-férence entre les deux sexes au fil du temps.

Pour les fumeurs réguliers ou occasion-nels, la consommation moyenne est de6,8 cigarettes par jour, 21,1 % des fu-meurs réguliers ayant une consomma-tion supérieure à 10 cigarettes par jour.Chez ces derniers, la consommationmoyenne quotidienne augmente signi-ficativement et régulièrement avec l’âge(sans différence selon le sexe). C’est ainsiqu’elle double entre 14 ans (3,8 cig/j) et17 ans (8,3 cig/j). Chez les enfants fu-meurs réguliers dont le père est ouvrier,le nombre moyen de cigarettes fuméeschaque jour est fortement supérieur aureste de la population. En revanche, lesjeunes fumeurs réguliers qui vivent avecleurs deux parents de naissance (oud’adoption) consomment moins que lesautres.

Entrée dans le tabagismeEn moyenne, les 12-19 ans fument de-puis un peu plus de deux ans (28 mois)au moment de l’enquête et ceux qui dé-clarent fumer régulièrement le font depuisun peu plus d’un an (15 mois). Lorsquel’on compare l’âge moyen d’initiation autabagisme au cours du temps, on cons-tate que l’entrée dans le tabagisme se faitplus tard. En 1997, pour les 12-19 ans,

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cet âge était de 15,1 avec une différencesignificative selon le sexe, les garçonsentrant dans le tabagisme un peu plustard que les filles (15,3 ans vs 15,0 ans).

Changements de comportementAu cours de la dernière année, un peuplus d’un tiers des jeunes fumeurs(38,5 %) n’ont pas changé leur consom-mation ; 13,0 % ont commencé à fumeret 4,8 % se sont arrêtés. Les autres ado-lescents ont modifié leur façon de fu-mer de la manière suivante : augmenta-tion (17,1 %), diminution (34,2 %), ci-garettes plus légères (13,4 %), cigarettesplus fortes (5,3 %), pipe ou cigare(0,8 %). Parmi les jeunes fumeurs, plusde la moitié souhaitent s’arrêter (54,3 %).Ce projet diminue avec l’âge et n’est pasdifférent entre les garçons et les filles.

Attitude etconsommation des parentsÀ 12-13 ans, moins de la moitié (44,6 %)des parents interdisent à leurs enfants defumer. La fréquence de l’interdictionparentale est plus forte chez les enfantsnon fumeurs, quels que soient le sexe etl’âge des adolescents. Globalement, lesfilles font plus l’objet d’interdiction. Cettepression s’allège avec les années dans lesdeux sexes. L’interdiction est plus fortequand les enfants vivent avec leurs deuxparents. Dans plus de trois quarts descas (78,0 %), au moins un des deux pa-rents sait que son enfant fume. Cetteconnaissance augmente avec l’âge et estplus importante chez les garçons. Lors-que les parents sont fumeurs, leurs enfantssont plus souvent fumeurs réguliers.

Respect de la loiPlus d’un tiers (34,0 %) des jeunes fu-meurs déclarent ne pas respecter la loi àl’école ou à l’université (21,5 % sur leslieux de travail pour ceux qui ont unemploi ou qui sont en formation). Ilssont 33,9 % à transgresser la loi dans lesbars, 30 % dans les lieux publics cou-verts, 15,9 % dans les restaurants et

11,6 % dans les transports en commun.Les filles, les moins de 15 ans et les fu-meurs occasionnels transgressent globa-lement moins la loi.

Opinions sur le tabacUne très grande majorité de jeunes(82,4 %) pense que les fumeurs sontdépendants du tabac comme d’une dro-gue. Il y a aussi unanimité (91,5 %) pourdire que les fumeurs sont responsablesdes problèmes de santé qui leur arrivent.Seulement un jeune sur cinq (20,3 %)pense que fumer permet d’être plus à l’aisedans un groupe. Un peu plus d’un quart(27,8 %) des adolescents pensent qu’àl’heure actuelle, on est moins bien ac-cepté quand on est fumeur. Il n’y a pasde différence pour cette opinion selonle statut tabagique. Plus de la moitié desjeunes (58,4 %) pensent qu’il est justi-fié d’augmenter les taxes sur le tabac. Lesfumeurs sont deux fois moins nombreuxà être de cet avis. Une majorité de jeu-nes (53,3 %) pense qu’il existe une sortede guerre entre les fumeurs et les non-fumeurs. Les fumeurs sont plus sensi-bles à cette perception.

Comparaison avec d’autres dépen-dancesParmi les fumeurs :– près de la moitié (44,5 %) déclarentavoir consommé une boisson alcooliséeau moins une fois par semaine au coursde la dernière année. Ils sont trois foismoins nombreux (14,3 %) chez les non-fumeurs ;– près des deux tiers (60,0 %) déclarentavoir déjà été ivres. Ils sont quatre foismoins (15,1 %) chez les non-fumeurs ;– plus de la moitié (52,4 %) a pris aumoins une fois du cannabis dans sa vie.Ils sont quatre fois moins nombreux(11,9 %) chez les non-fumeurs de tabac.

Comparaison avec d’autres critèresde santéLe profil de santé de Duke permet d’étu-dier la santé perçue et la qualité de vie

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parmi les jeunes fumeurs ou non-fumeurs.Ce sont surtout les scores de santé phy-sique et mentale qui sont moins bonschez les fumeurs. Au cours des sept der-niers jours, les fumeurs ont fait enmoyenne presque une heure et demie desport en moins que les non fumeurs.Parmi les 12-19 ans, les fumeurs décla-rent prendre en moyenne moins de re-pas par semaine que les non-fumeurs etce quel que soit le repas de la journée.En comparant les indices de masse cor-porelle selon le statut tabagique des ado-lescents, les « obèses » sont moins sou-vent fumeurs (21,3 % vs 30,3 %), et ceciquel que soit le sexe. Les jeunes fumeursde 15 ans et plus sont deux fois plus nom-breux déclarer avoir déjà eu un rapportsexuel (69,4 % vs 34,5 %).

Information etdésir d’information sur le tabacPlus d’un tiers (36,2 %) des 12-19 ansdéclarent avoir reçu des informations surle tabac au cours des douze derniers mois.Ils sont significativement moins nom-breux chez les fumeurs. Plus de la moi-tié (61,8 %) des jeunes souhaitent avoirdes séances d’informations sur ce sujet.Ils sont là aussi beaucoup moins nom-breux chez les fumeurs (28,0 %). Les fillesfumeuses déclarent avoir eu plus d’in-formations sur le tabac dans le passé etdésirent plus que les garçons fumeurs,en avoir dans le futur. Globalement, lesjeunes reçoivent de plus en plus d’infor-mations jusqu’à 18 ans, âge à partir du-quel ils sont moins souvent destinatai-res d’informations sur le tabac. Par ailleurs,ils expriment, avec l’âge, de moins enmoins souvent le désir d’en bénéficier.

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Tabac

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Il y a un peu plus de vingt ans, le Parle-ment français adoptait la loi dite « SimoneVeil » pour la prévention du tabagisme.Depuis cette époque, de nombreux épiso-des ont marqué la lutte contre ce détermi-nant majeur de la santé des Français [1] :• premières grandes campagnes publici-taires à la télévision ;• mobilisation européenne contre ce fac-teur de risque qui concerne les deux prin-cipales causes de mortalité des populationsvivant dans l’Union européenne (maladiescardio-vasculaires et cancers) ;• forte sensibilisation de l’opinion et desdécideurs politiques par des autorités dela communauté médicale mobilisées pouralerter sur la gravité et l’urgence de la si-tuation ;• adoption de la loi Evin en 1991 et deson décret d’application en 1992 ;• offensive des fabricants de tabac et decertains milieux du sport ou de la pressecontre ces mesures…Les épisodes sont nombreux, parfois inat-tendus.Si, globalement, le bilan de ces deux der-nières décennies de lutte contre le taba-gisme est positif pour la santé publique, la

situation est toujours très fragile en raisondes enjeux économiques en présence, dela puissance des groupes internationaux quisoutiennent la production de tabac et de laplace qu’occupe, dans la société en géné-ral et pour les fumeurs en particulier, laconsommation de ce produit.Par ailleurs, la diminution sensible de laconsommation observée depuis le débutdes années quatre-vingt-dix devra se con-firmer dans le futur pour que l’on puisseaffirmer qu’une évolution de tendance si-gnificative est en train de s’installer.Enfin, l’offensive actuelle des fabricants detabac dans l’ensemble des pays en déve-loppement et auprès de certains pays del’Est de l’Europe, ne peut laisser indifféren-tes les autorités sanitaires françaises.

La consommation de tabac parmi la popu-lation des jeunes fait, quant à elle, l’objetd’un très grand intérêt de la part des adultes

Quelques définitions

Fumeur : personne qui fume, même detemps en temps.Fumeur occasionnel : personne quifume moins d’une cigarette par jour.Fumeur régulier : personne qui fumeau moins une cigarette par jour.

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Tabac

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50

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

3,06,1

14,8

25,9

35,742,0

43,4

51,4

Figure 1

Jeunes déclarant fumer même de temps entemps selon l’âge (en pourcentage)

qu’ils soient éducateurs (parents, ensei-gnants…), professionnels de la santé ouresponsables politiques.Deux hypothèses parmi d’autres, peuventexpliquer cette préoccupation :– les adultes pensent souvent que les jeu-nes sont actuellement plus nombreux à fumerque ceux des générations passées, alorsque les données d’évolution disponibles neconfirment pas cette vision des choses ousont plus nuancées ;– un jeune fumeur est souvent ressenticomme quelqu’un qui met en danger sonfutur capital santé et ne pourra que trèsdifficilement renoncer à cette habitude,poussant l’adulte à être très intervention-niste alors que l’adolescence représentesans doute une des périodes de la vie lesplus complexes pour dissuader les indivi-dus d’abandonner le tabac.Les données présentées dans ce Baromè-tre santé fournissent des résultats détailléssur les comportements tabagiques desadolescents vivant en France. Quel est lepourcentage des fumeurs parmi les 12-19ans ? Combien consomment-ils, en moyenne,de cigarettes par jour ? À quel âge ont-ilscommencé ? Quelle est l’influence de leursparents ou de leurs amis sur leur attitudepersonnelle vis-à-vis du tabac ? Souhaitent-ils arrêter ? Que pensent-ils de l’augmenta-tion des prix du tabac ?

Il est important de rappeler que commepour la plupart des études de ce type, cetteévaluation est basée sur les déclarationsdes sujets interrogés et que la pressionsociale peut entraîner une éventuelle sous-déclaration par rapport à un produit dontla consommation est réglementée par laloi et fait parfois l’objet d’interdit de la partdes parents.

Résultats

Consommation

Prévalence du tabagismeParmi les 12-19 ans, 28,8 % de jeunes fu-ment, 5,2 % sont fumeurs occasionnels et23,6 % réguliers. Le pourcentage des fu-meurs ne varie pas de façon significativeentre les sexes (quel que soit l’âge), maisprogresse beaucoup avec l’âge pour attein-dre plus de 50 % de fumeurs à 19 ans (Fi-gure 1).Les Figures 2 et 3 présentent la réparti-tion du statut tabagique des jeunes selonl’âge et le sexe. Le pourcentage de fumeursoccasionnels reste toujours inférieur à 10 %quels que soient l’âge et le sexe. Chez lesadolescentes, la progression avec l’âge dutaux de fumeurs réguliers est plus atténuéeque chez les garçons et semble se stabili-ser autour de 40 % à 18-19 ans.Le statut social de la famille du jeune joueun rôle discriminant vis-à-vis de la prévalencedu tabagisme de l’adolescent. Il semble quele pourcentage de fumeurs a tendance àprogresser significativement avec le niveausocial : agriculteurs (24,8 % ; faible effec-tif), ouvriers (25,1 %), employés (28,0 %),professions intermédiaires (29,0 %), arti-sans, commerçants, chefs d’entreprise(32,6 %), cadres et professions intellectuel-les supérieures (34,1 %). Quant au groupedes « inactifs », le pourcentage est le plusélevé (34,5 %), mais il constitue un groupetrès hétérogène : retraité, congé maternité

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Tabac

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0

20

40

60

80

100

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Fumeurs réguliers

Fumeurs occasionnels

Non-fumeurs

98,495,0 85,2

75,968,0

60,1 58,2

46,2

2,58,2

19,027,1

35,6 37,3

48,8

1,66,6

5,1 4,9 4,3 4,5 5,0

Figure 2

Prévalence du statut tabagique des garçonsselon l’âge (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Fumeuses régulières

Fumeuses occasionnelles

Non-fumeuses

0,44,0

9,6

20,732,0 34,7

39,0 40,0

3,9 3,24,4

6,9 7,3 8,1 5,5 8,8

95,792,8

86,0

72,4

60,7 57,2 55,551,2

Figure 3

Prévalence du statut tabagique des fillesselon l’âge (en pourcentage)

(ou parental), étudiants… Le fait d’avoir unemploi ou non, pour le chef de famille, n’apas un rôle déterminant, sauf en ce quiconcerne le chômage de la mère (36,6 %de fumeurs vs 28,5 %).Les enfants vivant avec leurs deux parentsde naissance (ou d’adoption) sont les moinsnombreux à fumer (24,9 %) à la différence

de ceux qui sont dans une famille monopa-rentale (38,8 %) ou recomposée (47,9 %).À partir de 17 ans, les jeunes qui ont déjàredoublé au moins une fois dans leur sco-larité sont plus souvent fumeurs.Sur la Figure 4, il est observé depuis 1977et d’après les enquêtes du CFES, une dé-croissance du pourcentage d’adolescentsfrançais déclarant fumer (même de tempsen temps). Ainsi, en 1977, la prévalencetabagique des 12-18 ans atteignait 46 % ;en 1997, elle s’élève à 25,3 %. Ceci estvrai aussi bien chez les garçons que chezles filles, avec une diminution au fil du tempsde la différence entre les deux sexes.Ce constat de réduction de la prévalencedu tabagisme chez les 12-18 ans est encohérence avec les chiffres disponibles surl’évolution des ventes de cigarettes ou pro-venant d’autres travaux. Par ailleurs, lesdonnées évolutives parmi la population adulte(18-65 ans) publiées récemment dans leBEH vont aussi dans le même sens (Figure 5)[2].Ces résultats plutôt encourageants doiventêtre interprétés avec prudence et ceci pourplusieurs raisons :1. le Baromètre santé jeunes utilise la mé-thode aléatoire, alors que les études anté-rieures du CFES auprès de cette popula-tion étaient basées sur des enquêtes parquotas ; les comparaisons quotas/aléatoireréalisées pour d’autres études semblentmontrer des différences relativement mini-mes sur les déclarations de comportementsdans les domaines du tabac, des substan-ces psychoactives illicites ou de la nutri-tion ; les variations sont plus sensiblesconcernant les opinions [3] ;2. les déclarations spontanées vis-à-vis dutabac ont très certainement évolué au fildu temps, la pression sociale pour ne pasfumer étant plus importante aujourd’huiqu’hier ; malheureusement, nous ne dispo-sons pas d’informations spécifiques permet-tant d’introduire des éléments correctifs pourpondérer ce facteur.C’est dans la tranche d’âge 19-29 ans quela prévalence du tabagisme est supérieureà 50 % (Figure 6). Or, à cette période de la

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Tabac

164 Baromètre santé jeunes 97/98

43

4544

43 39

33

32,5

3630,5

313435

30,5

30,7

34

25,3

23,8

4342

45

36 37

42

3230

32,5

30,3

35 35

33

26,9

46

48

39

20

30

40

50

EnsembleGarçons Filles

1977 1980 1985 1990 1995 1997

32

Figure 4

Prévalence du tabagisme de 1977 à 1997 chez les jeunes (12-18 ans) selon lesexe (en pourcentage)

0

10

20

30

35

40

60

50

EnsembleHommes Femmes quotas aléatoirequotas aléatoirequotas aléatoire

1975 1980 1985 1990 1995 1997

42,0 44,0

39,838,0

35,6

39,4

43,6

37,6

40,5 40,3 40,3

35,234,4

36,433,6

36,5

59,0 60,0

51,1

54,0

48,050,8

54,7

45,8

48,746,0

48,0

40,539,8

43,9

40,341,8

28,0

31,0

29,4

23,0

24,4 29,1

33,630,0

32,9

35,2

33,2

30,1 29,527,3

29,2

31,1

Figure 5

Évolution du pourcentage déclaré de fumeurs adultes en fonction du sexe et selon laméthode d’investigation (quotas/aléatoire)

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Tabac

165Baromètre santé jeunes 97/98

0

10

20

30

40

60

50

12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans

3,0

6,1

14,8

25,9

35,7

42,0 43,4

51,4

57,8

49,0

43,845,8

36,634,5

28,425,8

13,2

13,7

Baromètre jeunes Baromètre adultes

Figure 6

Prévalence du tabagisme selon l’âge (en pourcentage). Résultats des Baromè-tres santé jeunes 97/98 et adultes 95/96

vie, certains risques spécifiques par rap-port au tabac sont dangereux pour le fu-meur lui-même (association pilule-tabac) ouson entourage (femme enceinte, tabagismepassif et jeunes enfants, mort subite dunourrisson).

Consommation moyennePour les jeunes de 12-19 ans qui fumentrégulièrement et occasionnellement, laconsommation moyenne est de 6,8 ciga-rettes par jour, 21,1 % des fumeurs régu-liers ayant une consommation supérieureà 10 cigarettes par jour.Chez ces derniers, la consommationmoyenne quotidienne augmente significa-tivement et régulièrement avec l’âge (sansdifférence selon le sexe). C’est ainsi qu’elledouble entre 14 ans (3,8 cig/jour) et 17ans (8,3 cig/jour) (Figure 7).Parmi les fumeurs réguliers, le nombremoyen de cigarettes consommées chaquejour est le plus élevé chez ceux dont le chefde famille est inactif (9,2 cig/jour), maisce résultat est difficilement interprétablecompte tenu du caractère hétérogène de

Figure 7

Nombre moyen de cigarettesconsommées par jour chez lesfumeurs réguliers selon l’âge

0

2

4

6

8

10

13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

4,6

3,8

6,57,2

8,39,1 9,4

ce groupe. Par ailleurs, alors que les en-fants d’ouvriers sont proportionnellementmoins nombreux à fumer que ceux desautres catégories socioprofessionnelles, lenombre moyen de cigarettes fumées cha-que jour est l’un des plus important (7,6 vs5,4 pour les cadres et professions intel-lectuelles supérieures). Les jeunes fumeurs

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Tabac

166 Baromètre santé jeunes 97/98

12

13

14

15

1980 1985 1990 1995 199712,3

13,0

13,413,5

14,1

14,0

14,9

13,1

13,8

14,6

13,814,2

13,9

14,214,8

14,0

Filles Garçons

Figure 8

Évolution de l’âge moyen d’initiation autabagisme des jeunes fumeurs (12-18 ans)selon le sexe

0 10 20 30 40

38,5

34,2

17,1

13,0

4,8

Pas de changement

Diminution

Augmentation

Début

Arrêt

Figure 9

Comportement des fumeurs vis-à-vis dutabac au cours de la dernière année (enpourcentage)

réguliers et qui vivent avec leurs deux pa-rents de naissance (ou d’adoption) consom-ment moins que les autres (7,7 cig/jour).

Entrée dans le tabagismeEn moyenne, les 12-19 ans fument depuisun peu plus de deux ans (28 mois). Ce chiffreaugmente significativement et logiquementavec l’âge (il passe de six mois à l’âge de12 ans à trois ans et cinq mois à l’âge de19 ans) et il n’est pas statistiquement dif-férent chez les filles et les garçons. Les12-19 ans qui déclarent fumer régulière-ment le font depuis un peu plus d’un an(15 mois) et cette moyenne augmente aussiavec l’âge.Lorsque l’on compare l’âge moyen d’initia-tion au tabagisme au cours du temps, ilsemble qu’il y ait une tendance au vieillis-sement, ce qui est certainement un élémentd’explication de la baisse du niveau deprévalence global du tabagisme chez les12-18 ans (Figure 8).En 1997, pour les 12-19 ans, cet âge étaitde 15,1 ans, avec une différence significa-tive selon le sexe, les garçons entrant dansle tabagisme un peu plus tard que les filles(15,3 ans vs 15,0 ans).

Changements de comportementAu cours de la dernière année, un peu plusd’un tiers des jeunes fumeurs (38,5 %) n’ontpas changé leur consommation ; 13,0 %ont commencé à fumer et 4,8 % se sontarrêtés. Les autres adolescents ont modi-fié leur façon de fumer de la manière indi-quée par la Figure 9. Par ailleurs, 13,4 %se sont mis à consommer des cigarettesplus légères, 5,3 % des cigarettes plus forteset 0,8 % la pipe ou le cigare (la sommedes pourcentage est supérieure à 100 carl’interviewé avait la possibilité de choisir jus-qu’à trois réponses).Les fumeurs réguliers sont trois fois plusnombreux que les occasionnels (19,5 % vs6,6 %) à avoir augmenté leur consomma-tion au cours de l’année et deux fois moinsnombreux à avoir tenté d’arrêter (3,9 % vs8,5 %).Les fumeurs réguliers sont aussi beaucoup

plus nombreux que les occasionnels à s’êtremis aux cigarettes fortes (6,3 % vs 0,9 %).Parmi les jeunes fumeurs, plus de la moi-tié souhaitent s’arrêter (54,3 %). Cette en-vie, qui diminue avec l’âge (Figure 10), n’estpas différente entre les garçons et les filles.Les fumeurs occasionnels désirent plussouvent s’arrêter que les réguliers (64,5 %vs 51,9 %).

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Tabac

167Baromètre santé jeunes 97/98

0

20

40

60

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

8065,9

60,854,8

50,5

Figure 10

Proportion de fumeurs souhaitants’arrêter de fumer selon l’âge (enpourcentage)

Tableau I

Attitudes des parents selon le statuttabagique des enfants (en pourcen-tage)

Fumeurs Non-fumeurs(n=1 187) (n=2 927)

Ils vous interdisentde fumer 12,8 32,5Ils préfèrent quevous ne fumiez pas 53,2 48,4Ils sont indifférents au faitque vous ne fumiez pas 10,2 4,2Ils sont d’accord 14,8 –Ils ne sont pas d’accordpour que vous fumiez – 2,2Vous ne connaissez pasleur avis sur le sujet 9,0 12,7

« J’ai arrêté de fumer grâce — ouplutôt à cause ! — de mon fils quandil avait 7 ans. À l’époque, il m’alittéralement persécutée. Il seplaignait sans arrêt de l’odeur dutabac, m’accusait de l’empoisonner.Quand on était au restaurant, si nousétions à côté de fumeurs, il se levaitet allait leur dire sans détour que lafumée le gênait. Je n’osais plus lesortir ! Régulièrement, il revenait de

l’école avec du baratin antitabacplein la tête et m’assurait que jamaisil ne fumerait. Maintenant, il a 17 anset fume comme un pompier. Quelledéception ! C’est à mon tour mainte-nant de le persécuter. Je lui interdisde fumer dans la voiture et dans lamaison, alors il fume sur le trottoir.J’essaye de le décourager commeça, sans trop y croire. Il me semblevraiment accroché. »

Attitudes et consommationdes parents

À 12-13 ans, moins de la moitié (44,6 %)des parents interdisent à leurs enfants defumer. Les jeunes non fumeurs (Tableau I)ressentent plus fortement le poids de l’in-terdiction parentale, quels que soient le sexeet l’âge.Par ailleurs, l’interdiction parentale est deuxfois plus forte chez les fumeurs occasion-nels que chez les fumeurs réguliers (21,6 %vs 10,8 %).Cette interdiction touche plus souvent lesfilles que les garçons et s’allège avec l’âgequel que soit le sexe.De façon plus spécifique (Figures 11 et 12) :• pour les jeunes non fumeurs, la différenceselon le sexe est sensible jusqu’à 15 ans,avec une interdiction parentale plus fortepour les garçons ;• pour les jeunes fumeurs, la différenceselon le sexe intervient à partir de 16 ans,avec une interdiction parentale beaucoupplus forte pour les filles à partir de cet âge.En clair, avant 15 ans, les parents exer-cent une forte pression pour que les gar-çons ne commencent pas à fumer. Aprèscet âge, ils exercent une pression pluscoercitive sur les filles pour qu’elles n’en-trent pas dans cette dépendance. Il sem-ble donc exister, de la part des parents,une attitude différenciée selon le sexe.Toutefois le « ressenti » des jeunes dans

Marie, maman de trois enfants de 12, 15 et 17 ans

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Tabac

168 Baromètre santé jeunes 97/98

Filles Garçons

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

10

20

30

40

50

0

25,016,3

9,9

3,5

25,9

16,2

18,615,3

Figure 12

Jeunes fumeurs déclarant uneinterdiction de fumer parentaleselon le sexe et l’âge (en pourcen-tage)

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

10

20

30

40

50

FillesGarçons

42,5

32,3 26,9

13,3

48,5 42,8

25,0

12,3

Figure 11

Jeunes non fumeurs déclarant uneinterdiction de fumer parentaleselon le sexe et l’âge (en pourcen-tage)

l’interdiction parentale peut biaiser cette ob-servation. L’interdiction est plus forte quandles enfants vivent avec leurs deux parents.Dans plus de trois quarts des cas (78,0 %),au moins un des deux parents sait que sonenfant fume. Cette connaissance augmenteavec l’âge et est plus importante chez lesgarçons (Figure 13).Parmi les adolescents fumeurs vivant avecdeux parents (familles de naissance (oud’adoption) et familles recomposées), prèsd’un parent sur quatre (22,5 %) ne sait pasque son enfant consomme des cigarettes.Pour deux tiers d’entre eux, les deux pa-rents sont au courant (65,9 %) et dans11,6 % des cas, un seul des parents. Parmiles familles monoparentales, 17,9 % desparents ne sont pas au courant. La situa-tion est très différente selon le statuttabagique du jeune. En effet, parmi les fu-meurs réguliers, 69,0 % des deux parentssont au courant (46,7 % pour les fumeursoccasionnels).Lorsque les parents fument, leur enfant estplus souvent fumeur régulier lui-même. Ilsemble donc exister un lien entre l’inten-sité du tabagisme des enfants et le statuttabagique des parents.

Respect de la loi

Sur le Tableau II, on observe que les fillesdéclarent moins transgresser la loi que lesgarçons (la même observation avait déjàété faite pour le Baromètre santé adultes95/96 [4]).

Figure 13

Proportion de jeunes déclarant queleurs parents savent qu’ils fumentselon le sexe et l’âge (en pourcen-tage)

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Filles Garçons

0

20

40

60

80

100

56,362,2

82,688,9

57,166,7

73,281,8

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Tabac

169Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau II

Jeunes fumant dans des zones interdites selonle sexe et comparaison avec le Baromètresanté adultes 95/96 (en pourcentage)

Baromètre Garçons Fillesadultes jeunes95/96 97/98

École ou université – 34,0 37,2 31,2Travail (pour les jeunes eninsertion, formation outravaillant) 22,4 21,5 22,9 18,9Restaurants 18,1 15,9 17,0 14,9Bars 26,5 33,9 37,8 29,9Lieux publics couverts 19,7 30,0 34,0 26,1Transports en commun 4,9 11,6 13,4 9,7

Cette spécificité n’est pas liée au statuttabagique des fumeuses sauf pour les bars,les lieux publics couverts et les transportsen commun, où les fumeurs réguliers de sexemasculin transgressent plus souvent la loique les adolescentes « fumeurs réguliers ».De façon générale, les fumeurs occasion-nels respectent mieux les lieux où il est in-terdit de fumer (Tableau III). Par ailleurs,plus le statut tabagique est « lourd », plusle fumeur a du mal à respecter les interdic-tions (surtout dans les restaurants, les barset lieux publics couverts).L’analyse selon l’âge est plus complexe carles lieux identifiés (par exemple, bars, res-taurants) ne sont pas fréquentés de la mêmemanière selon l’âge des adolescents et donc« l’exposition » à la transgression est va-riable suivant ce facteur. Il est à noter quedans pratiquement tous les lieux, la pro-gression des « transgresseurs » n’est linéaireavec l’âge qu’à partir de 14 ans. En effet,les très jeunes fumeurs se trouvent plussouvent dans l’illégalité que leurs jeunesaînés (mais les effectifs des 12-14 ansconcernés sont en général faibles) (Figure 14).Par ailleurs, dans la région parisienne, prèsd’un jeune fumeur sur trois (30,6 %) déclarene pas respecter la loi dans les transportsen commun (moyenne nationale : 11,6 %).

Opinions sur le tabac

Une très grande majorité de jeunes (82,4 %)pense que « les fumeurs sont dépendantsdu tabac comme d’une drogue ». Les fu-meurs adhèrent significativement moins àcette opinion (74,9 % vs 85,5 %). Cet avisvarie peu selon l’âge, le sexe et les autrescaractéristiques sociodémographiques.Il y a aussi quasi-unanimité (91,5 %) pourdire que « les fumeurs sont responsablesdes problèmes de santé qui leur arrivent ».Les garçons et les plus jeunes des adoles-cents adhèrent plus fortement à cette opi-nion (Figure 15) et il n’y a pas de différen-ces entre les fumeurs et les non-fumeurs.Seulement un jeune sur cinq (20,3 %) penseque « fumer permet d’être plus à l’aise dansun groupe ». Plus les adolescents sont âgés,

20

10

0

30

40

50

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

27,226,9

39,2

34,0

44,6

Les 12, 13 et 14 ans ne sont pas représentés,les effectifs étant inférieurs à 10 individus.

Figure 14

Jeunes déclarant fumer dans leszones non-fumeurs des bars selonl’âge (en pourcentage)

Tableau III

Jeunes déclarant fumer danscertains lieux où c’est interdit selonle statut tabagique (en pourcentage)

Fumeurs Fumeursoccasionnels réguliers

(n=214) (n=966)

École ou Université 28,1 35,5Travail (pour les jeunes eninsertion, formation outravaillant) 10,7 22,8Restaurants 8,0 17,8Bars 23,4 36,5Lieux publics couverts 16,9 33,1Transports en commun 5,6 12,8

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Tabac

170 Baromètre santé jeunes 97/98

0

10

20

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

16,021,0

20,7

24,2

15,220,7

22,223,7

Figure 16

Jeunes adhérant tout à fait à l’idéeque « fumer permet d’être plus àl’aise dans un groupe » selon l’âgeet le sexe (en pourcentage)

plus ils adhèrent à cette opinion (Figure 16)et il en est de même des fumeurs (27,3 %vs 17,5 %).Un peu plus d’un quart (27,8 %) des ado-lescents pensent qu’« à l’heure actuelle, onest moins bien accepté quand on est fu-meur ». Il n’y a pas de différence selon lestatut tabagique. Les garçons et les plus

jeunes adolescents adhèrent plus facilementà cette opinion (Figure 17).Plus de la moitié des jeunes (58,4 %) pen-sent « qu’il est justifié d’augmenter les taxessur le tabac ». Le niveau d’adhésion est sen-siblement plus fort chez les garçons et sur-tout diminue significativement avec l’âge(Figure 18). Les fumeurs sont deux fois

Figure 15

Jeunes adhérant tout à fait à l’idéeque « les fumeurs sont responsablesdes problèmes de santé qui leurarrivent » selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

0

20

40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

74,7

67,562,3 59,5

65,6

70,7

61,9 57,1

Figure 17

Jeunes adhérant tout à fait à l’idéequ’« à l’heure actuelle, on est moinsaccepté quand on est fumeur »selon l’âge et le sexe (en pourcen-tage)

0

10

20

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

40,7

28,225,6 24,8

31,3

22,8 24,1 26,2

Figure 18

Jeunes adhérant tout à fait à l’idéequ’« il est justifié d’augmenter lestaxes sur le tabac » selon l’âge et lesexe (en pourcentage)

0

10

20

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

48,143,6

34,3

25,3

39,5

37,831,4

29,9

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Tabac

171Baromètre santé jeunes 97/98

moins nombreux à être de cet avis (32,0 %vs 69,2 %).Une majorité de jeunes (53,3 %) pense « qu’ilexiste une sorte de guerre entre les fumeurset les non-fumeurs ». Les fumeurs sont lé-gèrement plus sensibles à cette percep-tion (56,2 % vs 52,1 %). Le niveau d’ac-cord est identique chez les garçons et lesfilles. Il progresse avec l’âge (Figure 19).Lorsque l’on analyse ces différences d’opi-nions selon le statut tabagique, les varia-tions principales portent sur les taxes surle tabac (les fumeurs réguliers étant plusréservés sur cette mesure) et la guerre entrefumeurs et non-fumeurs (les fumeursréguliers perçoivent avec plus de force cetteopposition).La comparaison avec les résultats du Ba-romètre santé adultes 95/96 [4] (Tableau IV)souligne quelques différences d’opinions.Les adultes mettent plus en avant que lesjeunes la dépendance au tabac. En revan-che, les 12-19 ans pensent plus souventque les fumeurs sont responsables desproblèmes de santé qui leur arrivent.Les adultes sont plus nombreux que lesjeunes à penser que fumer rend plus à l’aiseen groupe, alors que les jeunes ont uneattitude plus tolérante vis-à-vis des fumeursqui souhaitent s’intégrer dans un groupe.Les jeunes qui pourraient se considérercomme les premières « victimes » des taxessur le tabac, en raison de leur faible pou-voir d’achat, sont plus favorables à ces taxesque les adultes.Enfin, les adolescents, plus que leurs aînés,minimisent l’importance de la guerre fu-meurs/non-fumeurs.

Comparaison avec d’autresdépendances

AlcoolParmi les jeunes fumeurs, la moitié (44,5 %)déclare avoir bu au moins une fois par se-maine au cours de la dernière année. Ilssont trois fois moins nombreux (14,3 %)chez les non-fumeurs.Quel que soit l’âge du jeune, il y a un lien

0

20

40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

50,5

48,9

54,659,2

47,7

49,752,8

60,5

Figure 19

Jeunes adhérant tout à fait à l’idéequ’« il existe une sorte de guerreentre les fumeurs et les non-fumeurs » selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

Tableau IV

Opinions sur le tabac : comparai-sons entre les résultats des Baro-mètres santé adultes 95/96 etjeunes 97/98

Adultes Jeunes95/96 97/98

(n=1 993) (n=4 115)Oui Oui

Les fumeurs sontdépendants du tabaccomme d’une drogue 89,9 82,4Les fumeurs sontresponsables des problèmesde santé qui leur arrivent 87,9 91,5Fumer permet d’être plusà l’aise dans un groupe 32,6 20,6On est moins bien acceptéquand on est fumeur 51,6 27,6Il est justifié d’augmenterles taxes sur le tabac 51,6 58,1Il existe une sortede guerre entre les fumeurset les non-fumeurs 63,9 53,1

très significatif entre la consommation ré-gulière d’alcool (au moins fois par semaineau cours de la dernière année) et le fait dese déclarer fumeur (Figure 20).Parmi les fumeurs, près des deux tiers

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Tabac

172 Baromètre santé jeunes 97/98

(60,0 %) déclarent avoir déjà été ivres. Ilssont quatre fois moins (15,1 %) chez lesnon-fumeurs. Comme pour la consomma-tion régulière d’alcool, les jeunes déclarantavoir déjà été ivres au cours de leur viesont donc plus souvent des fumeurs et ceciquel que soit l’âge (Figure 21).

CannabisParmi les fumeurs de tabac, plus de la moitié(52,4 %) ont pris au moins une fois du can-

nabis dans leur vie. Ils sont quatre fois moinsnombreux (11,9 %) chez les non-fumeursde tabac. Il est important de noter qu’il y atout de même un quart (25,3 %) des fu-meurs de cannabis qui ne consomment pasde tabac. Ces chiffres sur le cannabis neconcernent que la population des 15-19 anset le facteur « âge » intervient de la mêmefaçon que pour les autres dépendances(Figure 22).

Comparaison avec d’autrescritères de santé

Évaluation de la santé globaleperçue par le profil de santé de DukeLe profil de santé de Duke permet d’étu-dier la santé perçue et la qualité de vie parmiles jeunes fumeurs et les non-fumeurs. Seulsles scores de santé physique, mentale, etsociale sont étudiés ici. Ils sont globale-ment moins bons pour les fumeurs, enparticulier pour les deux premiers scores(Tableau V).Les répartitions des scores par sexe et âgeindiquent des disparités selon le statuttabagique des interviewés en défaveur desfumeurs (Tableau VI).

Figure 20

Jeunes consommant de l’alcool aumoins une fois par semaine selonl’âge et le statut tabagique (enpourcentage)

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

20

40

60

80

Non-fumeursFumeurs

15,6

24,5

41,0

57,2

2,410,8

20,6

30,5

Figure 21

Jeunes déclarant avoir été ivres aucours de leur vie selon l’âge et lestatut tabagique (en pourcentage)

0

20

40

60

80

Non-fumeursFumeurs

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

20,5

36,7

60,4

71,5

1,56,2

21,1

41,3

Figure 22

Jeunes déclarant avoir prisdu cannabis au cours de la vieselon l’âge et le statut tabagique(15-19 ans) (en pourcentage)

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans0

20

40

60

80

Non-fumeursFumeurs

34,9

44,354,3 55,5

60,8

3,38,1

12,217,2 20,2

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Tabac

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Tableau V

Profil de santé de Duke selon le faitd’être fumeur ou non fumeur

Fumeurs Non-fumeurs

Score de santé physique ▲ 72,9 79,8Score de santé mentale ▲ 65,3 72,1Score de santé sociale ▲ 66,9 68,2

▲ Les scores sont d’autant plus élevés que l’onse juge en bonne santé physique, mentale ou so-ciale.

Tableau VI

Profil de santé de Duke (santéphysique et mentale) chez lesfumeurs et les non-fumeurs selon lesexe et l’âge

Score de Score desanté physique santé mentale

Fumeurs Non- Fumeurs Non-fumeurs fumeurs

SexeGarçons 77,7 83,4 70,7 75,9Filles 68,2 76,1 59,8 68,0Âge12-14 ans 76,9 81,1 64,2 73,715-17 ans 72,5 78,9 64,3 70,418-19 ans 72,6 78,5 66,5 71,3

« Dans notre collège, il est interdit defumer. Pourtant, je croise souventdes gamins dans les couloirs quisentent fortement le tabac : ils sedébrouillent toujours pour fumer encachette. Ils ne contestent pas lesdangers du tabac, ils les connaissentmême parfaitement. Mais cela nesemble pas les toucher. Il faudraitsans doute imaginer une autre formede prévention. Je fais évidemmentles campagnes de prévention obliga-toires : chaque fois c’est la mêmechose, les élèves font des cocottesen papier avec les petits dépliants

pour attendre la fin de l’heure ! Lesadultes doivent aussi se remettre encause. On interdit aux jeunes defumer, alors que les profs s’allumentune cigarette à peine leur salle decours quittée ! Il faut être cohérent etsavoir ce que l’on veut. Je constatequand même que de plus en plus dejeunes fumeurs sont demandeurspour s’arrêter. Ayant commencé trèstôt, ils commencent à ressentir leseffets du tabac, notamment sur lesouffle. Cela leur fait peur, surtoutpour les sportifs. Je les adresse alorsà des centres spécialisés. »

Ainsi, si en général les filles estiment êtreen moins bonne santé physique et mentaleque les garçons, les fumeuses perçoiventcette situation de façon encore plus accen-tuée que les fumeurs. Par ailleurs, les écartsde scores entre les deux statuts (fumeurs/non-fumeurs) sont plus importants chez lesfilles que chez les garçons.Les scores de santé physique décroissentavec l’âge de manière plus sensible chezles fumeurs (76,9 à 12-14 ans contre 72,6à 18-19 ans), entraînant avec les annéesdes écarts plus conséquents entre fumeurset non-fumeurs.Les scores de santé mentale par âge sontplus faibles pour les fumeurs, mais, a con-trario des non-fumeurs, ils augmentent avecl’âge.Les différences selon l’âge, le sexe et lestatut tabagique des scores de santé so-ciale ne sont pas significatives.

La pratique du sportAu cours des sept derniers jours, les fu-meurs ont fait en moyenne presque uneheure et demie de sport en moins que lesnon-fumeurs (221 minutes contre 303).Alors que les jeunes fumeurs âgés de 12-13ans font en moyenne plus de sport que lesnon-fumeurs, la tendance s’inverse aux âgesplus élevés (Figure 23).

Edith, infirmière en collège et lycée

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0

100

200

300

400

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

Fumeurs Non-fumeurs

381

241166

343288

237

Figure 23

Moyenne hebdomadaire de sportpratiqué par les jeunes selon l’âgeet le statut tabagique (en minutes)

0

1

3

5

2

4

6

7

Garçons Filles

Fumeurs Non-fumeurs

5,2

6,15,3

5,9

Figure 24

Nombre moyen hebdomadaire depetits déjeuners pris par les jeunesselon le sexe et le statut tabagique

Les filles fumeuses ont pratiqué 186 minu-tes de sport contre 239 pour les filles nonfumeuses, cet écart est plus important chezles garçons qui, de manière générale, pra-tiquent plus de sport (respectivement 257minutes pour les fumeurs et 364 pour lesnon-fumeurs).

Le nombre moyen de repaspris par semaineParmi les 12-19 ans, les fumeurs décla-rent prendre en moyenne moins de repaspar semaine que les non-fumeurs et cequel que soit le repas de la journée (repasmidi : 6,5 vs 6,8 ; repas du soir 6,6 vs6,8). Cet écart est particulièrement signi-ficatif pour le petit déjeuner : 5,2 pour lesfumeurs contre 6,0 pour les non-fumeurs(Figure 24).

Le poidsEn comparant les indices de masse corpo-relle selon le statut tabagique des adoles-cents, les « obèses » sont moins souventfumeurs (21,3 % vs 30,3 %), et ceci quelque soit le sexe (Figure 25).

Les rapports sexuelsLa question concernant le fait ou non d’avoireu des rapports sexuels a été posée auxadolescents âgés de 15 à 19 ans.Parmi les fumeurs, plus des deux tiers(69,4 %) déclarent avoir déjà eu un rapportsexuel vs 34,5 % chez les non-fumeurs. Cetteconstatation demeure vraie en tenant comptede l’âge.

Information et désird’information sur le tabacPlus d’un tiers (36,2 %) des 12-19 ans dé-clarent avoir reçu des informations sur letabac au cours des douze derniers mois.Ils sont significativement moins nombreuxchez les fumeurs. Plus de la moitié (61,8 %)des jeunes souhaitent avoir des séancesd’informations sur ce sujet. Ils sont là aussimoins nombreux chez les fumeurs (28,0 %).Les filles fumeuses déclarent avoir eu plusd’information sur le tabac dans le passé et

Figure 25

Tabagisme selon le sexe et l'indice demasse corporelle (en pourcentage)

0

10

20

30

40

Maigres Normauxinférieurs

Normauxsupérieurs

Obèses

FillesGarçons

27,430,5 29,5

20,6

33,5

27,9

22,2

31,0

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désirent, plus que les garçons fumeurs, enavoir dans le futur.Globalement, les jeunes reçoivent de plusen plus d’informations jusqu’à 18 ans, âgeà partir duquel ils sont moins souvent des-tinataires d’informations sur le tabac. Parailleurs, ils expriment, avec l’âge, de moinsen moins souvent le désir d’en bénéficier.

Analyse et synthèse

Le sexe

Dans les années soixante-dix, les garçonsétaient plus nombreux que les filles à sedéclarer fumeurs (même de temps entemps). Au cours de la décennie quatre-vingt, cette caractéristique a eu tendanceà s’inverser, les filles étant plus nombreu-ses que les garçons. Aujourd’hui, la diffé-rence garçons/filles pour les 12-19 ans fu-meurs (« même de temps en temps »), sem-ble avoir disparu.

« J’ai commencé à fumer il y a déjàdeux ans. Au début, c’était pourmontrer à tous les copains que j’étaisdes leurs. Je trouvais aussi amusantde prendre des risques, de transgres-ser un interdit, de me cacher desparents, d’acheter mes paquets encachette. Puis petit à petit, sans tropm’en rendre compte, j’ai commencéà fumer de plus en plus de cigarettesdans une journée. Je suis dans unlycée où on a le droit de fumer dansla cour. Je fume entre les cours, à larécré. Ça a été l’engrenage. Le jouroù je me suis mise à fumer touteseule chez moi, plus pour épater les

autres mais parce que j’en avaisbesoin, j’ai compris que j’étaispiégée. Même si j’essaye d’arrêter, jen’y arriverai pas : tout le monde fumeautour de moi, mes copains, mesparents. Je ne pourrai pas résister àla tentation. Mes parents essayent deme faire peur en me parlant ducancer du poumon. Déjà, ils feraientmieux de s’occuper de leur cas etd’arrêter le tabac. Ensuite, je me disque je peux mourir de tant d’autreschoses ! Vu qu’un cancer des pou-mons je ne l’attraperai pas avant 40ou 50 ans, j’ai le temps de voirvenir. »

Le pourcentage de fumeurs réguliers estplus important chez les garçons, mais lors-que les filles sont fumeuses régulières, ellesconsomment en moyenne la même quan-tité de tabac que les garçons. L’âge moyend’entrée dans le tabagisme n’est pas nonplus très différent selon le sexe et l’envied’arrêter est comparable d’un sexe à l’autre.Si les principales caractéristiques de con-sommation ne varient pratiquement passelon le sexe, les rapports à l’autorité enrelation avec le tabac (parents, lois) sontassez différents chez les filles et les gar-çons. Les parents semblent plus autoritai-res à l’égard de leurs filles que de leursgarçons et ces derniers déclarent plus trans-gresser la loi Evin.C’est dans la population des filles fumeu-ses (profil de santé de Duke) que les sco-res les plus bas de santé mentale et physi-que sont notés. Concernant ce dernier point,les filles fumeuses sont, dans la popula-tion adolescente, le public qui déclare lemoins pratiquer de sport alors qu’en mêmetemps, elles sont aussi celles qui ont lemoins de problèmes de poids (calcul de lamasse corporelle à partir de la déclarationde la taille et du poids).

Julie, élève de première

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Enfin, les adolescentes demandent de fa-çon significativement plus importante queles garçons de l’information sur le tabac.

L’âge

C’est un facteur déterminant dans les habi-tudes tabagiques puisqu’entre 12 ans et19 ans, le pourcentage de fumeurs passede 3 à 51,4 % avec un nombre moyen decigarettes par jour pour les fumeurs régu-liers qui augmente de 6 unités durant cettemême période (3,4 à 9,4). L’entrée dansle tabagisme est plus tardive aujourd’huiqu’hier. Ce phénomène pourrait expliqueren partie le fait qu’en moyenne, pour les12-18 ans, le pourcentage de fumeurs aeu tendance à baisser au fil du temps. Ledésir de s’arrêter de fumer s’amoindrit avecl’âge tout en restant majoritaire chez lesjeunes (plus de 50 %). L’interdiction de fu-mer des parents est ressentie plus forte-ment chez les plus jeunes, tout en restanttrès limitée chez les 12-13 ans fumeurs(selon eux, seulement un quart des parentsleur interdit de consommer du tabac). Plus

les adolescents fumeurs sont âgés, moinsils respectent la loi limitant les lieux où ilest possible de fumer, sauf chez les trèsjeunes fumeurs (12-13 ans) qui semblentplus « transgresseurs » que leurs aînés (maisles effectifs sont faibles). Ce sont les gar-çons de 12-13 ans (fumeurs et non fumeurs)qui pensent le plus souvent que les fumeurssont responsables des problèmes de santéqui leur arrivent, que l’on est moins bienaccepté quand on est fumeur et qu’il estjustifié d’augmenter les taxes sur le tabac.Ce comportement moins compréhensiblevis-à-vis des fumeurs correspond très cer-tainement à une attitude propre aux pré-adolescents de sexe masculin qui sontencore sur le plan psychologique plus pro-ches de l’enfance que de l’adolescence. Laprogression de la consommation de tabacavec l’âge se fait souvent de façon conco-mitante avec celle des autres substancespsychoactives (alcool et cannabis).

Autres caractéristiques

La profession du chef de famille semblejouer un rôle de façon discriminante dansles habitudes tabagiques des jeunes. Ainsi,le pourcentage de fumeurs est significa-tivement plus élevé parmi les enfants dontle chef de famille a une catégorie socio-professionnelle supérieure. En revanche, lesenfants fumeurs réguliers dont le chef defamille est ouvrier consomment, enmoyenne, le plus grand nombre de ciga-rettes. Le fait d’avoir un emploi ou non nesemble pas avoir un rôle déterminant surle pourcentage d’adolescents fumeurs etle nombre moyen de cigarettes consom-mées.Ces résultats diffèrent sensiblement d’autresétudes et de la situation observée dans lapopulation adulte.Le statut tabagique des jeunes est varia-ble selon le statut familial. C’est dans lesfoyers monoparentaux et recomposés qu’ily a plus de fumeurs et que les jeunes con-somment la plus grande quantité de tabac.C’est aussi dans ce contexte que l’interdic-tion parentale est ressentie moins fortement.

« Moi je n’ai vraiment pas envie defumer. Je sais que dans le tabac ily a plein de poisons, notammentdu carburant pour fusée. Je n’aipas envie de m’empoisonner ! Leprof de sciences naturelles avaitaffiché dans la classe la composi-tion du tabac : tous ces nomscompliqués, ça m’a fait peur. Mamère fumait et elle s’est arrêtéequand elle était enceinte de monpetit frère. Si c’est dangereux pourle bébé, cela peut l’être aussi pourmoi. Donc je ne vois pas l’intérêtde fumer. En plus, c’est cher, ondépense beaucoup d’argent, il fautse cacher des parents, des profs :non c’est vraiment trop compli-qué ! »

Etienne, élève de cinquième

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1. Baudier F., Grizeau D., Draussin J., Roussille B.Vingt ans de prévention du tabagisme enFrance : 1976-1996. Le Concours médical1998 ; 120 : 322-6.

2. Baudier F., Guilbert P., Grizeau D., Arwidson P.La consommation de tabac en France : évolu-tions récentes dans la population adulte. BEH1998 ; 17 : 70-1.

3. Guilbert P., Baudier F., Arwidson P. Compa-raison des résultats d’une enquête en face-à-face avec échantillon par quotas et d’une en-quête par téléphone avec échantillon aléatoiresur les comportements et les attitudes au sujetde l’alcool, du tabac et des drogues illégales.Rev. Epidemiol. Santé publ. (à paraître).

4. Baudier F., Arènes J. (sous la dir. de). Baro-mètre santé adultes 95/96. Vanves : CFES,1997 : 288 p.

À partir de 17 ans, les jeunes qui ont déjàredoublé au moins une fois dans leur sco-larité sont plus souvent fumeurs.Le lieu d’habitation (urbain-rural) a peu d’in-fluence sur les habitudes tabagiques saufdans la région parisienne. Les jeunes fu-meurs transgressent plus la loi, mais cesderniers ont sans doute plus l’occasion dele faire que les adolescents habitant dansd’autres villes ou en zone rurale.

références bibliographiques

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the key facts in a few figures…

ConsumptionAmong 12 to 19 year-olds, a little over aquarter (28.8%) of young people say thatthey smoke, if only from time to time(23.6% regularly – at least one cigaretteper day and 5.2% occasionally – less thanone cigarette per day). This percentagedoes not vary significantly with gender(whatever the age), but increases consid-erably with age, so that more than 50%are smokers at 19. The occupation of thehead of the family plays a discrimant rolein respect of tobacco: the higher the socio-occupational category, the higher thepercentage of smokers. Fewer childrenliving with their birth or adoptive par-ents smoke. From 17 years of age, youngpeople who have had to repeat a year atschool at least once in their school ca-reer are more likely to be smokers.Since 1977, a decrease in the percentageof French teenagers saying that they smoke(even occasionally) has been observed.Thus, in 1977, the prevalence of smok-ing among 12 to 18 year-olds was 46%;in 1997 it was 25.3%. This is trueamongst both boys and girls, with a re-duction in the difference between the sexesover the years.For regular or occasional smokers, av-

erage consumption is 6.8 cigarettes perday, 21.1% of regular smokers smokemore than 10 cigarettes per day. In thisgroup, average daily consumption in-creases significantly and steadily withage (with no difference between thesexes). Thus consumption doubles be-tween the age of 14 (3.8 cig./day) and17 (8.3 cig./day). In children who areregular smokers and whose father is anunskilled or semi-skilled worker, theaverage number of cigarettes smoked perday is much higher than in the rest ofthe population. On the other hand,young regular smokers who live withboth their birth or adoptive parentsconsume less than the others.

Starting smokingOn average, 12-19 year olds had beensmoking for a little over two years (28months) at the time of the survey andthose who stated they smoke regularlyhad been doing so for a little over oneyear (15 months). When the average ageof introduction to smoking is comparedover time, it is observed that smokingstarts later. In 1997, for 12 - 19 year olds,this age was 15.1, with a significant dif-ference between the sexes, with boys start-

Tobacco

François Baudier, Annie Velter

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ing smoking a little later than girls (15.3years v 15.0 years).

Changes in behaviourOver the last year, a little over a third ofyoung smokers (38.5%) had not changedtheir consumption pattern; 13.0% hadstarted smoking and 4.8% had stopped.Other teenagers had modified their smok-ing behaviour in the following way: in-creased (17.1%), cut down (34.2%), lightercigarettes (13.4%), stronger cigarettes(5.3%), pipe or cigars (0.8%). More thanhalf of young smokers hope to stop(54.3%). This intention reduces with ageand does not differ between boys and girls.

Parental attitudes and consumptionAt 12-13 years of age, fewer than half(44.6%) of parents forbid their childrento smoke. The likelihood of parentalprohibition is greater amongst non-smok-ing children regardless of the teenager’ssex and age. Overall, girls are more likelyto be forbidden to smoke. This pressurereduces with age in both sexes. The pro-hibition is stronger when the childrenare living withboth their parents. In more than three-quarters of cases (78%) at least, one ofthe parents knows that their child smokes.This knowledge increases with age andis more likely to be the case with boys.When the parents are smokers, theirchildren are more likely to be regularsmokers.

Obeying the lawMore than a third (34.0%) of young smok-ers state that they break the law at schoolor university (21.5% in the workplace forthose who have a job or who are in train-ing). 33.9% break the law in bars, 30%in enclosed public places, 15.9% in res-taurants and 11.6% on public transport.Girls, the under fifteens and occasionalsmokers overall break the law less.

Views about tobaccoA very large majority of young people

(82.4%) think that smokers are depend-ent on tobacco in the same way as on adrug. They are also almost unanimous(91.5%) in saying that smokers are re-sponsible for their own health problems.Only one young person in five (20.3%)thinks that smoking helps you be moreat ease in a group. A little over a quarter(27.8%) of teenagers think that at thepresent time, you are less well acceptedif you smoke. There is no difference ofopinion between smokers and non-smok-ers. More than half of young people(58.4%) think that it is right to increasetaxes on tobacco. Less than half thisnumber of smokers hold this view. Amajority of young people (53.3%) thinkthat there is a sort of war between smokersand non-smokers. Smokers are more sen-sitive to this perception.

Comparison with other dependenciesAmong smokers:- almost half (44.5%) state they haveconsumed an alcoholic drink at least oncea week during the previous year. Onethird of this number (14.3%) of non-smokers report this behaviour.- almost two thirds (60%) say they havebeen drunk at some time. One quarterof this number (15.1%) of non-smok-ers report this behaviour.- more than half (52.4%) have takencannabis at least once in their life. Onequarter of this number (11.9%) of thosewho do not smoke tobacco report thisbehaviour.

Comparison with other health criteriaThe Duke health profile provides infor-mation about perceived health and qualityof life among young smokers and non-smokers. The physical and mental healthscores in particular are less good for smok-ers. Over the last seven years, smokershave on average spent almost an hourand a half less time on sport than non-smokers. Among 12-19 year olds, smokersreport taking on average fewer meals perweek than non-smokers regardless of

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which meal of the day. When the bodymass indices of teenagers are comparedagainst smoking status, “obese” are lesslikely smokers (21.3% v 30.3%) regardlessof gender. Young smokers aged 15 or moreare twice as likely to report that they havealready had sexual intercourse (69.4% v34.5%).

Information and the desire forinformation about tobaccoMore than a third (36.2%) of 12-19 yearolds state they have received informa-tion about tobacco during the previoustwelve months. Significantly fewer smok-ers report having had such information.More than half (61.8%) of young peo-ple would like to have information ses-sions on this subject. Here too, thenumber of smokers is much less (28.0%).Girls who smoke report having had moreinformation about tobacco in the pastand are more likely than boys who smoketo want such information in the future.Overall, young people receive an increas-ing amount of information up to the ageof 18, from which age information abouttobacco is less often targeted at them.Moreover, as they get older they less andless frequently express the desire to ben-efit from it.

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l’essentiel en quelques chiffres…

Annie Velter, Jacques Arènes

Drogues illicites

Proposition de drogues illicites etde cannabisPrès de la moitié des 15-19 ans (49,0 %)déclarent qu’on leur a déjà proposé de ladrogue, 48,0 % du cannabis et 7,1 % uneautre drogue. Les garçons sont plus sou-vent sollicités, de même que les adolescentsles plus âgés. Plus de la moitié des jeunesqui se sont vu offrir de la drogue (54,9 %)en ont consommé au cours de la vie.

Consommation de drogues illiciteset de cannabisUn peu plus d’un quart (28,3 %) des jeunesâgés de 15-19 ans déclarent avoir expéri-menté une drogue au cours de leur vie,22,8 % au cours des douze derniers mois.Le cannabis est le produit principalementconsommé : 99,0 % des expérimentateursau cours de la vie en ont consommé. Parmil’ensemble des 15-19 ans, 14,2 % ont con-sommé du cannabis dix fois et plus aucours de la vie. Cette proportion s’élève à50,7 % chez les usagers de cannabis. L’âgemoyen de l’initiation à la consommationde cannabis est de 15,9 ans.

Profil sociodémographique lié à laconsommation de cannabisLa consommation de cannabis est forte-

ment liée au sexe : 32,7 % des garçonsont expérimenté ce produit au cours dela vie vs 23,5 % des filles. L’âge est éga-lement un facteur discriminant : si 11,5 %des adolescents âgés de 15 ans ont déjàexpérimenté du cannabis au cours de lavie, ils sont 41,8 % à 19 ans. La propor-tion des jeunes ayant expérimenté l’usagedu cannabis est d’autant plus importanteque la zone d’habitat est peuplée. La pro-fession du chef de famille joue égalementun rôle : plus la catégorie socioprofes-sionnelle est élevée, plus le pourcentaged’expérimentateurs est important : un peumoins de la moitié (40,7 %) des jeunesdont le chef de famille est cadre ou exerceune profession intellectuelle supérieurea consommé au cours de la vie du can-nabis, alors qu’un enfant d’ouvrier surcinq (19,6 %) est dans ce cas. Les jeu-nes vivant avec leurs deux parents de nais-sance (ou d’adoption) déclarent moinsfréquemment avoir consommé du can-nabis au cours de la vie que les autresadolescents.

Profil comportemental lié à laconsommation de cannabisLes trois quarts des expérimentateurs(74,7 %) déclarent fumer, même de temps

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en temps, du tabac. Parmi les expérimen-tateurs, plus de la moitié (57,7 %) indi-quent avoir bu au moins une fois parsemaine au cours de la dernière année vs22,5 % chez les non-consommateurs decannabis. 78,8 % des expérimentateursdéclarent avoir été ivres au cours de leurvie vs 26,3 % pour les autres.Au cours des sept derniers jours, les ex-périmentateurs de cannabis ont enmoyenne pratiqué une demi-heure enmoins de sport que les abstinents. Aprèsajustement sur l’âge et le sexe, plus de lamoitié des expérimentateurs de canna-bis (54,0 %) déclarent avoir un(e) petit(e)ami(e) vs 41,5 % pour les jeunes qui neconsomment pas. La même proportiond’expérimentateurs déclare n’avoir rienfait de risqué pour le plaisir ou par défiau cours des trente derniers jours(69,8 %), vs 87,1 % chez les abstinents.

Attitude parentale face à la consom-mation de cannabisPlus de la moitié (52,2 %) des parentsinterdisent à leurs enfants de consom-mer du cannabis. Cette attitude estd’autant plus marquée envers les filles,les jeunes adolescents, les enfants vivantavec leurs deux parents de naissance (oud’adoption) et ceux n’ayant pas expéri-menté ce produit. Près des deux tiers desjeunes usagers de cannabis (62,3 %) dé-clarent qu’aucun de leurs parents n’a con-naissance de leur consommation.

Opinions sur les droguesPlus des trois quarts des adolescents âgésde 12-19 ans (77,1 %) pensent que lestoxicomanes sont avant tout des mala-des. La majorité d’entre eux (93,2 %)déclare que les toxicomanes doivent avoiraccès aux meilleurs traitements médicaux.75,7 % des jeunes s’accordent à dire queles toxicomanes sont responsables de cequi leur arrive. Deux adolescents sur trois(66,4 %) affirment que les toxicomanessont agressifs et dangereux, alors que60,2 % ne sont pas d’accord avec l’affir-mation que les toxicomanes doivent être

punis. Une très grande majorité des ado-lescents (80,9 %) est réticente à la miseen vente libre des drogues douces.

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Drogues illicites

187Baromètre santé jeunes 97/98

Le fait d’inclure ce chapitre dans l’ensem-ble des « consommations de substancespsychoactives » indique le désir, d’une part,d’inscrire la consommation ou l’expérimen-tation de ce que l’on appelle communément« drogue » dans le cadre des autres dépen-dances et, d’autre part, d’éviter d’évoquerle terme de « toxicomanie » face à la trèsgrande diversité des usages quand il s’agitde substances illicites. Dans ce type d’en-quête téléphonique en population générale,si la consommation de tous les produits estabordée, il est indéniable que les substan-ces dont l’usage engendre la plus grandedépendance ou la plus forte réprobation so-ciale sont très faiblement représentées auniveau des résultats (cf. Baromètre santéadultes [1]). Il est possible de supposer, d’unepart, que la prévalence en est très faible et,d’autre part, que certaines populations con-cernées ne sont pas facilement accessiblespar le média téléphonique. Par ailleurs, unesous-déclaration de ces substances est toutà fait possible. Pour ce qui concerne le can-nabis, qui représente la quasi-totalité desconsommateurs interrogés dans les Baro-mètres, la prévalence plus élevée de la con-sommation annuelle et au cours de la vie

peut permettre un suivi dans le cadre desBaromètres mis en place par le CFES.La question de la prévalence d’expérimen-tation ou de consommation de drogues illi-cites a donc toujours été posée dans lestrois premières vagues du Baromètre santéadultes et fait l’objet d’un suivi, notamment

Quelques définitions

Drogues : Le terme est ici utilisé car il est ainsiproposé au jeune dans le questionnaire. Il s’agitdonc des substances psychoactives illicites. Cha-cun des produits est associé à une période deconsommation. « Au cours de votre vie (au coursdes douze derniers mois) laquelle (lesquelles) deces drogues avez-vous déjà consommées ? » Suit,dans le questionnaire, la liste des produits possi-bles, avec pour chaque produit la nécessité derépondre oui ou non : le cannabis, les produits àinhaler, les médicaments pour se droguer, la co-caïne ou le crack, l’héroïne, les hallucinogènes,l’ecstasy, les stimulants et les amphétamines.Expérimentation : consommer au moins une foisune drogue illicite au cours de sa vie.Consommation occasionnelle : consommer aumoins une drogue illicite de une à neuf fois aucours de sa vie.Consommation dix fois et plus : consommerau moins une drogue illicite dix fois et plus au coursde sa vie.

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Drogues illicites

188 Baromètre santé jeunes 97/98

0

20

40

60

80

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

FillesGarçons

25,3

37,5

50,9 50,759,9

29,2

39,8

59,067,7

61,5

Figure 1

Jeunes ayant reçu des propositionsde drogue gratuitement ou à la venteselon l’âge et sexe (en pourcentage)

chez les jeunes adultes, pour la populationla plus concernée. Le Baromètre santé jeu-nes a voulu se situer dans la continuité duBaromètre santé adultes [1] et les ques-tions concernant la consommation de dro-gues illicites, ainsi que celles abordant lesopinions et les attitudes, sont quasimenttoutes issues du Baromètre santé adultes.Ainsi, il sera, à chaque fois que possible,fait appel à des comparaisons avec d’autresrésultats des Baromètres santé [1]. La pré-sente étude aborde le thème des droguesillicites à travers 16 questions : 1 porte surles propositions de substances, 7 sur laconsommation, 2 sur l’attitude des parents,6 sur les opinions.Seules les questions sur les opinions ontété posées à l’ensemble de l’échantillon,les autres ont concerné les adolescents âgésde 15 à 19 ans (n=2 675).

Usagede drogues illicitesProposition de « drogues » aucours de la vie

Il a déjà été proposé de la drogue (soit gratui-tement, soit à la vente) à près de la moitié(49,0 %) des jeunes. Il s’agissait presque exclu-sivement de cannabis (plusieurs réponsesétaient possibles) pour 48,0 % des jeunes.7,1 % se sont vu offrir une autre drogue.Les caractéristiques sociodémographiquesdes populations qui se sont vu proposerau moins une drogue et/ou du cannabissont très proches.Selon les déclarations des adolescents, cessollicitations sont adressées plus fréquem-ment aux garçons qu’aux filles (52,5 % vs45,2 % pour toutes les drogues). Cette dif-férence est particulièrement marquée à 17et 18 ans (Figure 1).Les adolescents les plus âgés sont logi-quement plus souvent susceptibles de s’êtrevu proposer une drogue (27,4 % à 15 ansvs plus du double à 19 ans — 60,8 %).

Les jeunes résidant dans des communesrurales ont été moins sollicités que les autres(43,1 % vs 51,0 % pour toutes les drogues,42,4 % vs 50,0 % pour le cannabis) et plusla taille de l’agglomération est conséquente,plus l’offre est importante.La situation familiale du jeune est égale-ment discriminante. Les jeunes vivant avecleurs deux parents de naissance (ou d’adop-tion) se déclarent moins fréquemment sol-licités que les autres (45,8 % pour les en-fants avec leurs deux parents vs 56,4 %pour les autres — ménage monoparentalou famille recomposée).La profession du chef de famille de l’inter-viewé a un lien très net avec la fréquencedes propositions de drogue : les enfantsdont la personne référente est cadre, exerceune profession intellectuelle supérieure ouune profession intermédiaire sont plus nom-breux à s’être vu proposer une drogue.Parmi les jeunes ayant reçu une offre dedrogues, 54,9 % en ont consommé au coursde leur vie. Ils sont 54,3 % à avoir consommédu cannabis et 2,7 % d’autres produits.

Consommationde drogues illicitesParmi les 15-19 ans interrogés, plus d’unquart (28,3 %) déclarent avoir expérimenté

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Drogues illicites

189Baromètre santé jeunes 97/98

1. En face-à-face auprès de 1 018 jeunes. La questionétait : « Personnellement, vous est-il déjà arrivé de fumerde l’herbe ou un joint ? ». Cette enquête ne concernaitque le cannabis, mais il est néanmoins possible d’effec-tuer des comparaisons, étant donné la très faible diffé-rence — dans l’échantillon du Baromètre santé jeunes —entre le taux de jeunes consommant du cannabis et celuid’adolescents ayant expérimenté plus largement une dro-gue quelle qu’elle soit.2. Pour le Baromètre santé jeunes, le taux de consom-mateurs est indiqué par âge. Pour le Baromètre santéadultes, pour les 20 ans et plus, le taux de consomma-teurs a été calculé par classes de cinq ans (20 à 24 ans ;25 à 29 ans…). Le taux a été indiqué en regard du milieude la classe (22 ans, 27 ans…). Seuls les moins de 20ans (18 et 19 ans) du Baromètre santé adultes ont donnélieu à deux classes à part pour comparaison avec le Ba-romètre santé jeunes.

« Au lycée, on trouve de la droguecomme on veut. On sait parfaitementqui en vend. Depuis la seconde, jefume très régulièrement des joints.D’ailleurs, au lycée, tout le mondefume, à de rares exceptions près. Onse roule des joints dans la cour derécréation. Les pions sont trop peunombreux pour nous surveiller deprès. Et même, certains d’entre euxfument des joints avec nous. De toutefaçon, les élèves qui se font prendresont exclus deux jours et sont inscritssur la liste des fumeurs de joints. Ças’arrête là ! À une époque, je m’étaismême mise à fumer le soir chez moi.J’ai rapidement arrêté car je n’aimepas les abus, quels qu’ils soient. Je

n’ai eu aucun mal à m’en passer. Ladépendance est beaucoup moinsforte qu’à la cigarette. En cours jem’ennuie tellement que je fume detemps en temps du hasch avant d’yaller : le temps passe plus vite et jem’amuse bien. Et pour les insomniesdont je souffre régulièrement, c’estradical ! Je considère que fumer duhasch, ce n’est pas pire que l’alcool,au contraire. Moi je ne bois pasd’alcool, je préfère fumer, c’est plusconvivial et moins dégradant. Lesadultes sont drogués aux somnifères,aux médicaments, à la télé et si onfume un joint, ça les dérange. C’estun comble ! Le cannabis devrait êtrelégalisé et classé en grand cru ! »

une drogue au cours de leur vie. Ils sont22,8 % à l’avoir fait au cours des douzederniers mois. Il est possible de comparerces données avec celles d’autres enquê-tes. L’étude par quotas de 1996 du CFES1

montrait une prévalence de 23,7 % au coursde la vie chez les 16-17 ans et de 27,3 %chez les 18 ans. Dans l’enquête menée parl’unité 472 de l’Inserm en 1993 [2], la con-sommation de « drogue » au cours de lavie s’élevait à 24 % chez les garçons de16-17 ans et à 39 % chez les garçons de18 ans et plus. Chez les filles, ces propor-tions étaient respectivement de 19 % et22 %. Une enquête réalisée par le Cadis(Centre d’analyse et d’intervention sociolo-gique) en 1997, auprès d’un échantillonnational de 5 000 lycéens de 15 à 19 ans[3], indique, quant à elle, que 35,0 % deces jeunes âgés de 18 ans ont consommédu cannabis au cours des douze derniersmois, 36,6 % à 19 ans.En ce qui concerne le Baromètre santé jeu-nes, le cannabis est le produit principale-ment consommé : 28,2 % des jeunes enont consommé au cours de leur vie et 22,7 %au cours des douze derniers mois.

En faisant figurer sur un même graphiqueles pourcentages selon l’âge des person-nes ayant expérimenté du cannabis desdifférents Baromètres santé adultes2 [1, 4]et jeunes (Figure 2), on observe quatre élé-ments importants :• Entre 24 et 55 ans, une décroissancede l’expérimentation. Trois hypothèses peu-vent expliquer cette tendance :– un effet mémoire qui, avec l’âge, influesur le déclaratif des personnes interrogées,

Claire, élève de terminale

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Drogues illicites

190 Baromètre santé jeunes 97/98

0

10

20

30

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50

15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans

11,5

21,0

29,8

33,9

41,6

22,9

31,030,6

28,5

24,1

19,116,3

8,9

3,6

7,4

14,1

26,3 24,8

19,5

11,5 11,0

7,4

0,7

Baromètres : adultes 95/96 adultes 92 jeunes 97/98

Figure 2

Expérimentateurs de cannabis au cours de la vie selon l’âge et les différentsbaromètres (en pourcentage)

même si cela semble improbable concernantdes générations pour lesquelles le haschichn’était pas banalisé ;– une sous-déclaration liée à la moindredésirabilité sociale du cannabis pour lesmêmes générations ;– une exposition au cannabis moins impor-tante pour ces générations plus âgées.• Dans les jeunes âges, les courbes attei-gnent leur maximum entre 20 et 25 anspour les Baromètres santé adultes de 92[4] et 95/96 [1].• Une augmentation de l’expérimentationde cannabis au cours de la vie entre 15 et20 ans :– entre 15 et 19 ans, le Baromètre santéjeunes indique une augmentation extrême-ment rapide : la proportion d’expérimenta-teurs passe de 11,5 % à 41,6 % ;– pour les 18-19 ans, représentés à la foisdans les Baromètres santé jeunes et adul-tes, on observe cette même tendance àl’accroissement de l’expérimentation. Tou-tefois, les proportions sont moins élevéesdans le Baromètre santé adultes (41,6 %

des personnes interrogées âgées de 19ans en 1997 déclarent avoir consommédu cannabis au cours de leur vie, 31 % en1995 [1], 14,1 % en 1992 [4]).• Le fort accroissement de l’expérimenta-tion entre les différents Baromètres laissesupposer une diffusion et une banalisationde l’usage de cannabis chez les généra-tions les plus jeunes par rapport aux géné-rations les plus anciennes. Cet effet de dif-fusion est visible dans un intervalle de tempsassez bref.L’étude de la consommation de cannabisau cours des douze derniers mois montredes tendances similaires à celles des ex-périmentateurs (Figure 3).La consommation de cannabis au cours desdouze derniers mois augmente entre 15 et20-25 ans, puis diminue progressivement pourêtre nulle après 50 ans. Le taux de consomma-teurs s’accroît particulièrement rapidement,passant de 10,7 % à 30,8 % entre 15 et19 ans dans le Baromètre santé jeunes.Un effet génération est perceptible pourles tranches 18-19 ans. Les proportions

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Drogues illicites

191Baromètre santé jeunes 97/98

20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans0

10

20

30

40

50

15 16 17 18 19

10,7

18,1

25,626,0

30,8

16,7

17,9

19,1

5,3

5,4 3,00,5 0,6 0,00,0

3,83,5

20,7

9,9

4,5 0,9 1,6

Baromètres : adultes 95/96 adultes 92 jeunes 97/98

Figure 3

Consommateurs de cannabis au cours des douze derniers mois selon l’âge etles différents Baromètres santé (en pourcentage)

Tableau I

Les différentes drogues illicitesconsommées durant la vie et aucours des douze derniers mois(n=2 675 ; en pourcentage)

au cours au coursde la vie des douze

derniersmois

Cannabis 28,2 22,8Produit à inhaler 0,7 0,3Médicaments pourse droguer 0,3 0,1Cocaïne ou crack 0,3 0,1Héroïne 0,1 0,0Hallucinogènes 1,1 0,7Ecstasy 0,9 0,5Stimulants 0,2 0,1Autres 0,1 0,1

de consommateurs étant inférieures en1992 à ce qu’elles étaient en 1995, quielles-mêmes sont très inférieures aux pro-portions déclarées dans le Baromètre santéjeunes (respectivement pour les 19 ans :3,5 % en 1992 [4], 17,9 % en 1995 [1] et30,8 % en 1997).Les autres produits sont très peu expéri-mentés selon les déclarations des jeunes :1,6 % des 15-19 ans au cours de leur vie.Les hallucinogènes, l’ecstasy et les produitsà inhaler sont les principales substancesexpérimentées (Tableau I).Parmi les jeunes ayant consommé une dro-gue au cours de la vie, 99,0 % ont con-sommé du cannabis. Ils sont 19,4 % à nepas avoir renouvelé l’expérience au coursdes douze derniers mois.L’âge moyen de l’initiation est de 15,9 anspour le cannabis, sans différence entre gar-çons et filles. Cet âge passe de 16,2 anspour l’usage de médicaments « pour se dro-guer » à 17,5 ans pour la cocaïne ou le crack(les effectifs concernant les drogues illici-tes autres que le cannabis sont très faibles).

La proportion de jeunes ayant consommédu cannabis dix fois et plus au cours de lavie représente 14,2 % de l’ensemble des15-19 ans. Cependant, plus de la moitié

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Drogues illicites

192 Baromètre santé jeunes 97/98

« Certains élèves arrivent parfois encours dans des états étranges. Il estclair que certains ont fumé duhaschisch avant de venir au collège.Ceux-là cherchent évidemment plutôtà m’éviter. Mais il m’arrive quandmême d’en voir arriver à l’infirmerie,amené par les copains qui prennentpeur quand l’un d’eux tombe endélire ou prend un malaise. Car ondit toujours que le hasch est unedrogue douce, n’empêche que sur unjeune vulnérable et fragile, les effetsde décompensation peuvent êtresérieux. Les urgences psychiatriquesaccueillent régulièrement des jeunesen état de délire grave après avoirabusé de haschisch. Ceux qui fumentrégulièrement, plusieurs fois parsemaines, doivent aussi savoir quecela finit par atteindre les capacitésintellectuelles, de concentration, demémorisation. Au fil du temps, il y aforcément des incidences au niveau

des résultats scolaires. Il peut aussi yavoir d’autres conséquences, commeune grande agressivité par exemple.Pour moi, ces jeunes qui fumentrégulièrement, cherchent uneréponse à leur mal-être. Le danger,c’est que justement la drogue leurdonne l’illusion de résoudre momen-tanément tous leurs problèmesexistentiels. Voilà pourquoi ilsrecommencent. De notre côté, nousne parvenons pas à trouver desréponses adéquates. Récemment,une quantité importante de drogue aété trouvée dans le cartable d’unélève. Le gamin a été exclu définiti-vement de l’établissement. C’était ungros consommateur et en mêmetemps un dealer. On l’a écarté de lacommunauté scolaire pour protégerles autres. C’est vrai que cela n’estpas satisfaisant, mais on n’a pastrouvé de solution idéale. »

des usagers de cannabis (50,7 %) en ontconsommé dix fois et plus au cours de lavie. La proportion est un peu moins impor-tante (47,5 %) parmi ceux qui ont consomméau cours des douze derniers mois. Parmiles jeunes ayant une consommation égaleou supérieure à dix fois au cours de la vie,80,6 % ont consommé du cannabis dix foiset plus au cours des douze derniers mois.Au vu des effectifs extrêmement faibles desexpérimentateurs de drogues autres quele cannabis, seule la consommation decannabis sera exposée dans la suite de cechapitre.

Profil sociodémographique liéà la consommation decannabisLa consommation de cannabis est forte-ment liée au sexe : les garçons sont plus

nombreux à avoir fait cette expérience aucours de la vie. En effet, ils sont 32,7 % vs23,5 % chez les filles. Au cours des douzederniers mois, 27,8 % des garçons et17,4 % des filles ont consommé du canna-bis. Parmi les expérimentateurs de canna-bis au cours de la vie, la part des garçonss’élève à 59,4 %. Cette prédominancemasculine s’accentue chez les consomma-teurs de cannabis au cours des douze der-niers mois (62,7 %).L’âge est également significativement dis-criminant. Plus les jeunes sont âgés, plusils ont consommé du cannabis au coursde leur vie. En effet, 11,5 % des jeunesâgés de 15 ans ont consommé du canna-bis au cours de la vie vs 41,8 % à 19 ans(Figures 4 et 5).Il est possible de considérer les taux d’ado-lescents expérimentateurs (ayant consomméau cours de la vie) qui ont effectivement

Aline, infirmière en collège

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Drogues illicites

193Baromètre santé jeunes 97/98

100

0

20

40

60

80

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

FillesGarçons

8,2

19,4

27,6

36,9

15,4

23,8

32,6

42,1

25,0

45,9

Figure 4

Prévalence de la consommation decannabis au cours de la vie selonl’âge et le sexe (en pourcentage)

50

0

10

20

30

40

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

FillesGarçons

8,2

19,3

21,318,0

23,4

14,2

20,9

29,7

34,636,6

Figure 5

Prévalence de la consommation decannabis au cours des douzederniers mois selon l’âge et le sexe(en pourcentage)

Filles Garçons

100

0

20

40

60

80

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

99,9 100,0

77,372,1

63,4

92,487,8

91,382,2

79,8

Figure 6

Expérimentateurs de cannabis aucours de la vie ayant consommé aucours de l’année selon l’âge et lesexe (en pourcentage)

consommé au cours de l’année (Figure 6).Jusqu’à 17 ans, les expérimentateurs aucours de la vie et des douze derniers moissont en très grande partie les mêmes ; cesont les âges de la mise en place de com-portements d’essai qui demeurent parfoisisolés. Cette proportion diminue aux âgessuivants. Ainsi, parmi les expérimentateursde cannabis, 96,4 % en ont consommé aucours des douze derniers mois à 15 ans.À 17 ans, ils sont 85,0 % et à 19 ans,73,4 %, à avoir renouvelé cette expérienceau cours de l’année.Après 17 ans, les filles sont plus souventdes expérimentatrices sans renouvellementque les garçons. Le terme de « conduited’essai » est pour elles beaucoup plusadapté. Ainsi, parmi les filles âgées de 17ans ayant consommé du cannabis au coursde la vie, 77,3 % en ont fait usage au coursdes douze derniers mois vs 91,3 % chezles garçons du même âge. À 19 ans, cetteproportion passe à 63,4 % pour les filleset 79,8 % pour les garçons.Le lieu de résidence des jeunes fait appa-raître des différences significatives : 23,3 %des résidants en commune rurale ont ex-

périmenté du cannabis au cours de la vievs 29,9 % pour les habitants d’un autre typede commune et 37,2 % des adolescentshabitant en agglomération parisienne. Les

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Drogues illicites

194 Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 7

Jeunes s’étant vu proposer du cannabis et enayant consommé au cours de la vie selon lataille d’agglomération de résidence (enpourcentage)

écarts de consommation entre les différen-tes tailles d’agglomération sont à mettreen perspective avec les propositions dedrogues illicites (Figure 7).En considérant le ratio rapportant les pro-portions de jeunes déclarant avoir con-sommé du cannabis au cours de la vie àceux ayant reçu des propositions de can-nabis, on s’aperçoit que celui-ci est nota-blement plus important pour les villes deplus de 200 000 habitants et l’aggloméra-tion parisienne. La consommation ne suitdonc pas strictement l’offre. L’usage dedrogues illicites serait encore plus impor-tant dans les grandes villes quand on lerapporte à la proposition.Il est possible de faire l’hypothèse que lesdifférences de consommation observéesdans ces grandes agglomérations sont enrelation avec le fait que les catégories so-cioprofessionnelles supérieures sont plusreprésentées (par exemple, un taux d’en-fants de cadres plus important). Les résul-tats de l’ajustement sur les catégories so-

cioprofessionnelles et le type d’habitat va-lident ce postulat. En effet, l’expérimenta-tion de cannabis est liée à la profession duchef de famille (Tableau II) : 40,7 % des15-19 ans issus d’un foyer dont le chef defamille est cadre ou exerce une professionintellectuelle supérieure ont consommé ducannabis au cours de la vie et 33,2 % pourles enfants de professions intermédiaires.Pour ces catégories socioprofessionnelles,plus de 80 % de ces usagers ont renou-velé leurs expériences au cours des douzederniers mois, respectivement : 86,5 % et82,2 %. Moins d’un enfant d’ouvrier sur cinqindique avoir consommé du cannabis aucours de la vie.Cette observation pourrait s’expliquer pourpartie par une sous-déclaration de la con-sommation de cannabis dans des milieuxsociaux où cet usage semble moins bana-lisé que dans d’autres et pour autre partiepar la question du coût de cette substance.En tenant compte de l’âge et du sexe, larelation entre la situation professionnelledu chef de famille et la consommation decannabis de l’adolescent reste significative.Les adolescents issus de familles recom-posées déclarent avoir plus souvent con-sommé de cannabis au cours de la vie queceux vivant avec leurs deux parents de nais-sance (ou d’adoption) (40,1 % vs 25,1 %).Les différences ne sont pas significativespour la consommation dans les douze der-niers mois (mais les effectifs sont faibles).Les fréquences de consommation décla-rées de cannabis sont fonction du sexe etde l’âge des expérimentateurs. Ainsi, demanière générale, 58,6 % des garçonsexpérimentateurs ont consommé dix foiset plus du cannabis au cours de la vie vs38,9 % chez les filles. En revanche, ellessont plus nombreuses que leurs homolo-gues masculins à en avoir fait usage deune à deux fois (respectivement 37,0 % vs21,8 %). Il y a une augmentation importantedu pourcentage de jeunes ayant consommédix fois et plus du cannabis au cours de lavie à partir de 17 ans (53,9 % vs 28,6 % à15 ans). La Figure 8 présente la combinai-son des deux variables sexe et âge.

0

20

40

60

80

100

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

55,0 56,0 55,559,5

68,5

Proposition de cannabis Consommation de cannabisRatio consommation/proposition en pourcentage

23,3 25,1 27,131,0

37,242,4 44,8

48,8 52,1 54,3

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Drogues illicites

195Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau II

Expérimentateurs de cannabis selonla profession du chef de famille aucours de la vie et des douzederniers mois (en pourcentage)

au cours au coursde la vie des douze

derniersmois

Agriculteurs 17,8 12,2Artisans, commerçants,chefs d’entreprise 30,3 23,8Cadres et professionsintellectuelles supérieures 40,7 35,2Professions intermédiaires 33,2 27,9Employés 29,9 23,8Ouvriers 19,6 15,7

Figure 9

Refus ou expérimentation de cannabis desjeunes qui ont été sollicités pour consommerce produit selon la catégorie socioprofession-nelle du chef de famille (en pourcentage)

Le « refus » de consommation chez les jeu-nes à qui une proposition de cannabis aété faite au cours de la vie a été étudié.Même si la consommation ne se situe pasnécessairement au même moment que laproposition, il est possible de faire l’hypo-thèse qu’un jeune à qui a été proposé du

cannabis mais qui ne l’a pas expérimentéau cours de la vie, a en quelque sorte « re-fusé » implicitement cette offre. Ainsi, 50,3 %des filles à qui le cannabis a été proposéont « refusé » de l’expérimenter vs 39,9 %des garçons. Plus les adolescents avan-cent en âge, moins ils « refusent » le can-nabis. Les enfants vivant avec leurs parentsde naissance (ou d’adoption) refusent plusque les autres et ce, en tenant compte del’âge et du sexe (47,7 % vs 40,0 % pourles jeunes issus d’une famille monoparen-tale et 30,0 % d’une famille recomposée).Après ajustement sur l’âge, la proportionde refus diffère selon la catégorie socio-professionnelle du chef de famille : les en-fants d’agriculteurs et d’ouvriers sont plusnombreux à refuser d’expérimenter unedrogue lorsqu’ils ont été sollicités, alors queles jeunes dont les parents exercent uneprofession intellectuelle supérieure accep-tent plus souvent (Figure 9).

Figure 8

Jeunes ayant consommé du canna-bis au cours de la vie selon lafréquence de consommation, l’âgeet le sexe (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

15-17 ans 18-19 ans

10 fois et plus3 à 9 fois1 à 2 fois

Garçons Filles Garçons Filles

52,4 34,5 62,7 42,1

21,4

17,9

27,1

25,4 44,1 19,4 30,8

22,2

0 20 40 60 80 100

45,2

58,7

65,5

57,4

58,1

46,5

41,3

34,5

42,6

41,9

53,5

54,8Agriculteurs

Artisans, comm.,chefs d’entreprise

Cadres et prof.intellectuelles sup.

Professionsintermédiaires

Employés

Ouvriers

Refus Consommation

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Drogues illicites

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0

20

40

60

80

100

ExpérimentateursNon-expérimentateurs

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

42,1 45,052,1

56,5

72,5

12,617,8

25,3 28,7 30,9

Figure 10

Jeunes consommant de l’alcool aumoins une fois par semaine selonl’âge et le fait d’expérimenter oupas du cannabis (en pourcentage)

Profil comportemental lié à laconsommation de cannabis

Les autres comportements dedépendance

TabacLes trois quarts des expérimentateurs decannabis (74,7 %) déclarent fumer du ta-bac ne serait-ce que de temps en temps.Les non-consommateurs sont presque troisfois moins nombreux à fumer (26,5 %). Cettetendance reste vraie quels que soient l’âgeet le sexe. Les expérimentatrices sontd’ailleurs plus nombreuses à fumer du ta-bac que les expérimentateurs (77,8 % vs72,4 %).

AlcoolParmi les expérimentateurs, plus de la moitié(57,7 %) déclarent avoir bu au moins unefois par semaine au cours de la dernièreannée vs 22,5 % chez les non-consomma-teurs de cannabis. Les expérimentateursde cannabis sont plus nombreux à consom-

mer régulièrement de l’alcool que les autresgarçons (66,3 % vs 30,8 %) ; cette diffé-rence est toute aussi marquée qu’entre lesexpérimentatrices et leurs homologuesabstinentes (45,1 % vs 14,8 %). Cependant,l’association des deux produits reste uncomportement plutôt masculin.Quel que soit l’âge, l’usage de cannabis estlié à la consommation régulière d’alcool(Figure 10). De plus, 78,8 % des expéri-mentateurs déclarent avoir été ivres au coursde leur vie vs 26,3 % pour les autres.

Les autres critères de santé

Évaluation de la santé globale perçuepar le profil de santé de DukeLes différents scores de qualité de vie auprofil de santé de Duke indiquent que lesexpérimentateurs se déclarent en moinsbonne santé générale, physique et perçue.

ExpérimentateursOui Non

(n=753) (n=1 922)Score de santé physique s 71,4 78,2Score de santé mentale s 64,5 70,2Score de santé perçue s 72,1 76,8▲ Les scores sont d’autant plus élevés que l’on sejuge en bonne santé physique, mentale ou perçue.

La pratique du sportAu cours des sept derniers jours, les expé-rimentateurs de cannabis ont en moyennepratiqué une demi-heure en moins de sportque les abstinents (223 minutes vs 251).Tout comme pour le tabac, les très jeunesexpérimentateurs font en moyenne signifi-cativement plus de sport que les non-expérimentateurs ; avec l’âge, ce constats’inverse (Figure 11).Les différences entre les deux sexes secreusent en fonction du fait de consommerou pas. Les garçons expérimentateurs pra-tiquent 38 minutes en moins par semaineque les abstinents et les filles expérimen-tatrices 45 minutes en moins.

La vie affectivePlus de la moitié des expérimentateurs de

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Drogues illicites

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15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

ExpérimentateursNon-expérimentateurs

336

271

253

218157

289253

272

221 209

Figure 11

Temps moyen de sport pratiqué parsemaine selon l’âge et le statutd’expérimentation du cannabis (enminutes)

0

20

40

60

80

100

ExpérimentateursNon-expérimentateurs

15 ans 16 ans 19 ans17 ans 18 ans

45,6 43,1

73,981,3

89,2

12,1

22,9

41,9

52,4

74,2

Figure 12

Jeunes déclarant avoir eu desrapports sexuels selon l’âge et lestatut d’expérimentation du can-nabis (en pourcentage)

cannabis (54,0 %) déclarent avoir un(e)petit(e) ami(e) vs 41,5 % pour les jeunesqui n’ont pas expérimenté. Cette relationest indépendante de l’âge et du sexe.Trois expérimentateurs sur quatre (73,9 %)ont déjà eu des rapports sexuels vs un peuplus d’un abstinent sur trois (38,6 %). Lesfilles et les garçons expérimentateurs ontplus souvent eu des rapports sexuels queles autres et ce dans les mêmes propor-tions pour les deux sexes. Si l’écart entreles deux populations est très important pourles très jeunes, il s’amoindrit avec l’âge(Figure 12).

La prise de risqueAlors que parmi les abstinents, 12,9 % dé-clarent avoir pris des risques pour le plai-sir ou par défi, les expérimentateurs sontplus nombreux à être dans ce cas (30,2 %).Cette différence reste vraie en tenant comptede l’âge et du sexe. Les consommateursprennent plus de risques en matière de santé(75,4 % vs 24,6 %), de conduite motorisée(58,0 % vs 42,0 %) et de non-usage dupréservatif (73,3 % vs 26,7 %).

Attitude des parents(d’après les jeunes)

Dans l’ensemble, les parents ont une atti-tude plutôt prohibitrice, plus de la moitié(52,2 %) interdisant à leurs enfants de con-sommer du cannabis.Les parents adoptent plus significativementcette attitude avec les filles et les très jeu-nes adolescents (Figure 13). Dans d’autresdomaines aussi, le contrôle — voire l’inter-diction — parental s’exprime différemmentselon l’âge et le sexe, les jeunes filles fai-sant l’objet, par exemple, d’un contrôle deshoraires beaucoup plus strict que les gar-çons jusqu’à leur majorité (cf. chapitre En-vironnement et qualité de vie des jeunes).L’âge à la majorité semble impliquer unchangement dans l’attitude des parents :un dialogue s’amorce sur ce sujet et l’in-terdiction cède la place à la notion de « pré-férence » que le jeune ne consomme pas(14,4 % à 15 ans vs 33,2 % à 19 ans), aussibien pour les garçons que pour les filles.

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Drogues illicites

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0

15

30

45

60

18-19 ans15-17 ans

GarçonsFilles

59,4

49,057,2

39,2

Figure 13

Jeunes déclarant que leurs parentsleur interdisent de prendre ducannabis selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

Les enfants vivant avec leurs deux parentsde naissance (ou d’adoption) se voient plussouvent interdire la consommation de can-nabis que les enfants de familles recompo-sées et monoparentales (55,1 % pour lepremier type de foyer vs 43,1 % pour lesautres).L’attitude « répressive » déclarée est accen-tuée chez les parents d’adolescents n’ayantjamais expérimenté du cannabis au coursde la vie (Tableau III).L’attitude parentale dans les familles d’ado-lescents ayant expérimenté du cannabis uneà deux fois est très proche de celle desparents de jeunes « abstinents » : 56,2 %des parents interdisent l’usage du canna-bis. En revanche, les parents dont les en-fants ont consommé du cannabis dix foiset plus ont une attitude différente — selonles enfants eux-mêmes — de ceux dont lesenfants ont consommé moins de dix fois :34,8 % préfèrent qu’ils n’en prennent paset 31,4 % de ces jeunes ne connaissentpas l’avis de leurs parents.Ainsi, la consommation de cannabis resteun sujet peu abordé au sein des famillesquel que soit le statut d’expérimentation dujeune : plus d’un adolescent sur cinq (23,6 %)déclarent ne pas connaître l’avis de sesparents (concernant la consommation detabac, 10,1 % des 15-19 ans sont dans cecas). Cette observation est d’autant plusvraie pour les enfants vivant au sein d’unefamille recomposée ou monoparentale (res-pectivement 28,8 % et 26,4 % vs 22,5 %pour les autres familles). Par ailleurs, prèsd’un tiers des jeunes ayant consommé ducannabis dix fois et plus déclarent ne pasconnaître l’avis de leurs parents et ce quelque soit l’âge, les filles étant plus nombreu-ses à le déclarer (39,0 %).Près des deux tiers (62,3 %) des jeunesqui fument du cannabis le font sans qu’aucundes deux parents ne soit au courant. Chez12,2 % d’entre eux, l’un des deux parentsen aurait connaissance et, dans 25,5 % descas, il s’agirait des deux parents. Les fillesdéclarent davantage que les garçons uneconsommation à l’insu des parents (67,6 %vs 58,7 %). Les plus jeunes se comportent

Tableau III

Attitude des parents par rapport aucannabis selon l’expérimentation ounon de cette substance au cours dela vie par les adolescents (enpourcentage)

Expérimentateurs de cannabisOui Non

(n=754) (n=1 918)

Ils vous interdisentde consommerdu cannabis 38,2 57,6Ils préfèrent quevous ne consommiez pasde cannabis 28,8 19,9Ils sont indifférents au faitque vous consommiezdu cannabis 2,8 0,5Ils sont d’accord pour quevous consommiezdu cannabis 2,1 0,1Vous ne connaissez pasleur avis sur le sujet 28,1 21,9Total 100,0 100,0

de manière similaire (80,4 % à 15 ans vs52,6 % à 19 ans).La perception par les jeunes de la connais-sance qu’ont leurs parents de cet usagevarie selon la fréquence de consommation

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Drogues illicites

199Baromètre santé jeunes 97/98

« Mes filles ont eu des adolescencestrès difficiles. Surtout la seconde quia malheureusement rencontré ladrogue. Elle était au bord du préci-pice et il ne fallait pas qu’elle tombe.Et la seule personne qui pouvait larécupérer, c’était moi. J’ai levé lepied professionnellement, car il fallaitque je sois là, ne pas la lâcher, nepas l’abandonner. Ça a été autant deboulot et de préoccupations qu’unnouveau-né. Elle a commencé àfumer du haschisch au lycée, puiselle a essayé tout ce qui passait. J’ailes yeux en face des trous, je m’ensuis rapidement rendue compte. Jelui en ai tout de suite parlé. Elle n’apas cherché à le cacher. Je suis

séparée de mon mari mais on a faitface à deux. Tous ensemble, on estallé consulter un spécialiste. Elle aaccepté de suivre une thérapie. Elleavait une très bonne amie qui avaitun petit copain dealer. Je suis alléevoir la mère de la fille qui a refusé deme croire. Je me suis donc dé-brouillée toute seule : j’ai éloigné mafille des mauvaises fréquentations enla retirant du lycée parisien qu’ellefréquentait, pour la mettre dans uninternat en province. Aujourd’hui, ellesemble tirée d’affaire mais ellerevient de loin. Je crois sincèrementque c’est moi qui l’ai tenue, par monamour, ma présence de tous lesinstants. »

de cannabis au cours de la vie. Trois pa-rents de consommateurs occasionnels (deune à neuf fois dans la vie) sur quatre neseraient pas au courant (75,2 %), alors qu’unparent sur deux serait dans ce cas lorsquele jeune a consommé du cannabis dix foiset plus. Pour 35,0 % de ces derniers, lesdeux parents sont informés. Si cette diffé-rence entre consommateurs « occasion-nels » et « réguliers » existe aussi dans lesâges plus élevés, elle est néanmoins moinsmarquée.La presque totalité des jeunes usagers decannabis déclarent qu’aucun des parentsne fument du cannabis (99,1 %).

Opinions surla toxicomanie

Les questions d’opinions sont issues du Ba-romètre santé adultes [1] et permettent ainsiune comparaison des jeunes avec leursaînés.

Plus des trois quarts des 12-19 ans (77,1 %)disent être d’accord (« tout à fait » et « plu-tôt d’accord ») avec l’affirmation que « lestoxicomanes sont avant tout des malades ».Cette opinion varie peu selon le sexe etl’âge des interviewés. Logiquement, lesjeunes ayant expérimenté du cannabis aucours de la vie sont significativement moinsnombreux à adhérer à cette idée (68,0 %vs 78,6 %).La grande majorité des adolescents (93,2 %)est d’accord avec l’affirmation que « lestoxicomanes doivent avoir accès auxmeilleurs traitements médicaux », et ce quelsque soient l’âge et le sexe, même si lesfilles sont plus sensibilisées à cet aspectmédical (94,3 % vs 92,1 %). Les jeunes âgésde 15-19 ans qui se sont vu proposer, aucours de la vie, au moins une fois du can-nabis et ceux ayant déjà expérimenté ceproduit ne diffèrent pas des autres quant àcette opinion.Trois adolescents sur quatre (75,7 %) s’ac-cordent à dire que « les toxicomanes sontresponsables de ce qui leur arrive ». Lesfilles et les classes d’âge les plus avancées

Laure, maman de deux filles de 18 et 21 ans

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40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

83,975,1

70,062,8

87,483,6

76,469,5

Les différences selon le sexe à 12-13 ansne sont pas significatives.

Figure 14

Jeunes déclarant être d’accord (toutà fait et plutôt) avec l’affirmationque « les toxicomanes sont respon-sables de ce qui leur arrive » selonl’âge et le sexe (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

77,8

64,1 55,1 55,5

78,972,0

65,5 66,6

Les différences selon le sexe à 12-13 ansne sont pas significatives.

Filles Garçons

Figure 15

Jeunes déclarant être d’accord (toutà fait et plutôt) avec l’affirmationque « les toxicomanes sont agres-sifs et dangereux » selon l’âge et lesexe (en pourcentage)

(décroissance linéaire avec l’âge) adhèrentmoins à cette opinion (Figure 14), ainsi queles jeunes ayant eu une proposition de dro-gue au cours de la vie (66,0 % vs 76,0 %pour les autres) et ayant consommé ducannabis au cours de la vie (65,6 % vs73,4 %).Si l’on compare cet item avec la mêmequestion concernant la responsabilité desfumeurs quant à ce qui leur arrive : 91,5 %des jeunes pensent que « les fumeurs sontresponsables des problèmes de santé quileur arrivent » vs 75,7 % pour les toxico-manes (bien que la question pour les toxi-comanes ne précise pas le champ médi-cal).Les deux tiers des jeunes (66,4 %) affir-ment que « les toxicomanes sont agressifset dangereux ». Les filles et les plus jeu-nes (décroissance linéaire avec l’âge) desinterviewés adhèrent plus fortement à cetteopinion (Figure 15). En revanche, cetteopinion est moins tranchée chez les expé-rimentateurs de cannabis (53,2 % d’entre

eux la soutiennent vs 68,8 % pour les autresadolescents).Cependant, 60,2 % des adolescents ne sontpas d’accord avec l’opinion selon laquelle« les toxicomanes doivent être punis ». Lesfilles sont significativement moins répres-sives que les garçons (38,2 % vs 41,4 %),ainsi que les plus âgés (décroissance linéaireavec l’âge) (Figure 16). Les jeunes qui sesont vu proposer du cannabis sont davan-tage en désaccord (77,0 %) que ceux quine se sont jamais vu offrir du cannabis(57,7 %). L’opposition est encore plus mar-quée chez les jeunes expérimentateurs decannabis (79,4 % d’opposés à cette opi-nion vs 62,1 % pour les autres).Les 12-19 ans sont très fortement réticentsà la mise en vente libre des drogues dou-ces puisque 80,9 % n’adhèrent pas à cetteidée. Les garçons et les interviewés plusâgés sont significativement plus favorablesà cette mesure (croissance linéaire avecl’âge : Figure 17).Parmi les jeunes ayant reçu une proposi-

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12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

59,4

44,235,8

29,4

52,2

39,031,2

31,7

Figure 16

Jeunes déclarant être d’accord (toutà fait et plutôt) avec l’affirmationque « les toxicomanes doivent êtrepunis » selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

0

20

40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

FillesGarçons

10,816,5

28,236,0

10,0 11,5

15,519,8

Figure 17

Jeunes déclarant être d’accord (toutà fait et plutôt) avec l’affirmationqu’« il faut mettre les droguesdouces en vente libre » selon l’âgeet le sexe (en pourcentage)

Tableau IV

Opinions sur la toxicomanie.Comparaison entre les résultats desBaromètres santé adultes 95/96 etjeunes 97/98 (tout à fait et plutôtd’accord ; en pourcentage)

Baromètreadultes Jeunes95/96 97/98

(n=1 993) (n=4 115)

Les toxicomanes doiventavoir accès aux meilleurstraitements médicaux 95,0 93,2Les toxicomanes sontavant tout des malades 86,0 77,1Les toxicomanes sontresponsables de cequi leur arrive 45,3 75,7Les toxicomanes sontagressifs et dangereux 54,2 66,4Les toxicomanes doiventêtre punis 20,9 39,8Il faut mettre les droguesdouces en vente libre 29,5 19,1

tion de cannabis, 36,7 % sont favorablesà la mise en vente libre de ce produit vs11,2 % des jeunes qui n’ont pas eu ce typed’offre. Cette affirmation demeure vraie entenant compte du sexe et de l’âge. Cetteproportion est encore plus importante parmiles expérimentateurs de cannabis : 51,3 %d’entre eux sont enclins à cette libéralisa-tion vs 12,5 % chez les adolescents n’ayantpas consommé de cannabis, en tenant tou-jours compte de l’âge. Plus de la moitiédes usagers de cannabis (64,2 %) ayantconsommé cette substance dix fois et plusau cours de la vie sont aussi de cet avis.En comparant les données de cette enquêteavec celles issues du Baromètre santé adul-tes 95/96 [1] (Tableau IV), les 12-19 ansont une perception plus négative des toxi-comanes que leurs aînés. Ils sont égale-ment plus répressifs tant au niveau des con-séquences judiciaires possibles d’une ad-diction qu’en matière de libéralisation desventes de « drogues douces ».Par ailleurs, ils revendiquent majoritairement,

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Drogues illicites

202 Baromètre santé jeunes 97/98

tout comme les adultes, l’opinion selon la-quelle les toxicomanes doivent bénéficierdes meilleures thérapies.

Information et souhaitd’information sur la « drogue »Près d’un tiers des 15-19 ans déclarent avoirreçu, au cours des douze derniers mois,des informations sur « la drogue » : 27,8 %pendant un cours, 11,3 % en dehors d’uncours. Les expérimentateurs déclarentmoins souvent avoir été destinataires d’unetelle information (38,8 % vs 39,2 %).Par ailleurs, trois adolescents sur quatre(73,2 %) désirent recevoir une informationsur la drogue. Il n’existe pas de différencesignificative entre les populations de con-sommateurs de cannabis et les autres ado-lescents sur ce sujet. Le sexe et l’âge nesont pas non plus des variables discrimi-nantes quant à ce désir.

Analyse et synthèse

Le sexe

La consommation de drogues illicites estun comportement plutôt masculin. Toutd’abord, les propositions sont plus fréquem-ment adressées aux garçons qu’aux filles.Les garçons sont plus nombreux à accep-ter cette offre. La prévalence de la con-sommation de cannabis au cours de la vieet des douze derniers mois, ainsi que lafréquence de consommation, sont plus im-portantes chez les garçons. Les filles adop-tent plus souvent un comportement d’es-sai, consommant au cours de la vie ducannabis sans pour autant renouveler cetteexpérience par la suite. L’âge d’initiationau cannabis ne diffère pas selon le sexe.Les parents interdisent de manière plusmarquée la consommation de cannabis pourles filles et ce même après 18 ans. Aussi,lorsqu’elles consomment du cannabis, ellesle font davantage que les garçons à l’insude leurs parents.

L’âge

Les adolescents les plus âgés sont plussouvent sollicités. La prévalence de con-sommation de cannabis au cours de la vieaugmente avec l’âge : elle passe de 11,5 %d’adolescents expérimentateurs à 15 ansà 41,8 % à 19 ans. Jusqu’à 17 ans, lesexpérimentateurs au cours de la vie et desdouze derniers mois sont en grande partieles mêmes, cette proportion diminue auxâges suivants. La fréquence de consom-mation du cannabis augmente significative-ment avec l’âge.Alors que les parents des jeunes adoles-cents interdisent en grande majorité la con-sommation de cannabis, cette attitude auto-ritaire semble céder la place au dialogueavec les adolescents les plus âgés.Les opinions sur la toxicomanie divergentselon l’âge des interviewés. Ainsi, les trèsjeunes adolescents sont moins tolérants faceà ce thème : ils pensent majoritairementque les toxicomanes sont responsables dece qui leur arrive, qu’ils sont agressifs etdangereux, qu’ils doivent être punis. Ils nesont pas favorables à la vente libre desdrogues « douces ».

Autres caractéristiques

La profession du chef de famille sembleêtre un facteur discriminant dans la con-sommation de cannabis. Ainsi, les enfantsdont le chef de famille est cadre ou exerceune profession intellectuelle supérieureexpérimentent plus ce produit que les autrescatégories socioprofessionnelles ; ils sontplus nombreux à recevoir une propositionde drogues et à l’accepter.Par ailleurs, le statut familial joue égale-ment un rôle : les jeunes vivant avec leursdeux parents de naissance (ou d’adoption)sont moins fréquemment sollicités et con-somment moins de cannabis que les autres.L’interdiction parentale est également plusforte dans ce type de famille.Les jeunes vivant dans une zone à fortedensité urbaine (ville de plus de 200 000habitants et agglomération parisienne)

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Drogues illicites

203Baromètre santé jeunes 97/98

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références bibliographiques

reçoivent plus d’offres de drogues et sontplus nombreux à consommer du cannabis.Les expérimentateurs de cannabis fumenten grande majorité du tabac et consom-ment également plus régulièrement de l’al-cool que les non-expérimentateurs.

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204

the key facts in a few figures…

Being offered illegal drugsand cannabisAmong 15-19 year olds, almost half(49.0%) state they have previously beenoffered drugs, 48.0% cannabis and 7.1%another drug. Boys are asked more of-ten, as are the oldest teenagers. More thanhalf of young people who have been of-fered drugs (54.9%) have consumed themat least once in their life.

Being offered illegal drugsand cannabisSlightly more than a quarter (28.3%) ofyoung people aged 15-19 report havingexperimented with a drug at least oncein their life, 22.8% within the last twelvemonths. Cannabis is the main substanceconsumed: 99.0% of those who haveexperimented with drugs have taken it.Of all 15-19 year olds, 14.2% have takencannabis ten or more times in their life.This proportion rises to 50.7% amongregular cannabis users. The average ageof introduction to cannabis use is 15.9years.

Socio-demographic profile associatedwith cannabis consumptionConsumption of cannabis is strongly

linked to gender: 32.7% of boys havetried this substance at least once in theirlife compared with 23.5% of girls. Ageis also a discriminant factor: while 11.5%of 15 year olds have previously experi-mented with cannabis at least once intheir life, 41.8% have done so at 19 yearsof age. The proportion of young peoplehaving experimented with cannabis userises with the population density of thearea. The occupation of the head of house-hold also plays a part: the higher the oc-cupational category, the higher the pro-portion of experimenters: a little underhalf (40.7%) of young people whose headof household has an executiv or academicjob has taken cannabis at least once intheir life, while only one child in five(19.6%) of an unskilled or semi-skilledworker is in this position. Young peopleliving with both their birth (or adoptive)parents less frequently state they takencannabis at any time than other teenagers.

Behavioural profile associated withcannabis consumptionThree quarters of those who have triedit (74.7%) state that they smoke tobaccoeven if only from occasionally. Of theseexperimenters, more than half (57.7%)

Illegal drugs

Annie Velter, Jacques Arènes

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Baromètre santé jeunes 97/98

205

indicate that they have drunk [alcohol]at least once a week during the last year,against 22.5% of non-users of cannabis.78.8% of experimenters report havingbeen drunk at least once in their life com-pared with 26.3% of the others.

During the previous seven days, cannabisexperimenters spent an average of ½ hourless on sporting activity than abstainers.After adjustment for age and sex, morethan half the cannabis experimenters(54.0%) reported having a boyfriend orgirlfriend compared with 41.5% of youngpeople who do not take it. The sameproportion of experimenters state theyhave done nothing potentially danger-ous for fun or for a dare during the lastthirty days (69.8%), compared with87.1% of abstainers.

Parental attitude to the consumptionof cannabisMore than half (52.2%) of parents for-bid their children to take cannabis. Thisattitude is more marked towards girls,young teenagers, children living with bothbirth (or adoptive) parents and those whohave not tried this substance. Almost twothirds of young cannabis users (62.3%)say that neither of their parents knowthey use it.

Opinions about drugsMore than three quarters of teenagers agedbetween 12 and 19 (77.1%) think thatdrug addicts are sick more than anythingelse. The majority of them (93.2%) saythat drug addicts should have access tothe best medical treatment. 75.7% ofyoung people agree with the statementthat drug addicts are responsible for whathappens to them. Two out of three teen-agers (66.4%) state that drug addicts areaggressive and dangerous, whereas 60.2%do not agree with the statement that drugaddicts should be punished. A very largemajority of teenagers (80.9%) are doubt-ful about whether soft drugs should besold freely.

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Baromètre santé jeunes 97/98

209

l’essentiel en quelques chiffres…

Dans ce chapitre sont présentés les com-portements des jeunes de 15 à 19 ansqui consomment un, deux ou trois deces produits psychoactifs : alcool, tabacet cannabis.Parmi les jeunes âgés de 15 à 19 ans, seuls8,9 % déclarent n’avoir expérimentéaucun des trois produits suscités ; ils nesont plus que 4 % à 19 ans.Aucun jeune de l’échantillon ne dit avoiressayé le cannabis sans avoir une fois danssa vie fumé une cigarette ou bu un verred’alcool.Plus d’un quart (26,6 %) ont essayé unefois dans leur vie les trois substances. Lepourcentage de ces jeunes est en augmen-tation constante avec l’âge (ils sont 40 %à 19 ans).Les jeunes ayant bu au moins un verrede boisson alcoolisée dans leur vie ontun risque six fois plus élevé que les autresd’avoir expérimenté le cannabis. Ce chiffrepasse à dix-huit pour les jeunes ayant fuméau moins une fois du tabac.Un jeune de 15 à 19 ans sur cinq (21,6 %)consomme régulièrement un ou plusieursde ces produits (plusieurs fois par semainede l’alcool et/ou plus de dix cigarettespar jour et/ou plus de dix fois du canna-bis au cours des douze derniers mois).

« Polyconsommation » desubstances psychoactives

Arnaud Gautier, Jacques Arènes, Annie Velter

Parmi ces derniers, un sur deux (49,9 %)déclare avoir fumé du cannabis dix foiset plus au cours des douze derniers mois.

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Polyconsommation de substances psychoactives

211Baromètre santé jeunes 97/98

Le Baromètre santé jeunes aborde le thèmede la consommation de substances psycho-actives (notamment tabac, alcool et can-nabis). Chacun des chapitres concernés aainsi indiqué nettement les interrelations trèssignificatives d’utilisation de ces produits.Il est possible d’aller plus avant dans l’étudede ces liens en examinant spécifiquementle groupe des polyconsommateurs chez les15 ans et plus auxquels la question de laconsommation des drogues illicites a étéposée. Cette tranche d’âge est la périodedurant laquelle l’expérimentation de cessubstances est très fréquente. Seulement12 % d’entre eux déclarent avoir consommédu cannabis avant 15 ans. De même, lamise en place d’un comportement tabagiques’établit pour près de la moitié des adoles-cents à partir de 15 ans (alors que moinsde 10 % des 12-14 ans sont concernés) etune consommation régulière d’alcool pourun tiers des 15 ans et plus (32,4 % boi-vent au moins une fois par semaine uneboisson alcoolisée).Deux niveaux de consommation ont étédéfinis, allant de la simple expérimentationà une consommation régulière. Cette der-nière permet de repérer les groupes de

jeunes les plus susceptibles de poser ac-tuellement ou plus tard des problèmes dedépendance. Cependant ces consomma-teurs ne constituent pas, bien entendu, unensemble de personnes dépendantes dessubstances en cause, même si le risquede devenir dépendant est plus importantpour eux. Ces deux catégories de consom-mation identifiées sont :• L’expérimentation

– Alcool : avoir bu au moins une fois del’alcool au cours de la vie.– Tabac : avoir fumé au moins une ciga-rette au cours de la vie.– Cannabis : avoir consommé du canna-bis au moins une fois au cours de la vie.

• La consommation régulière– Alcool : avoir bu plusieurs fois de l’al-cool par semaine au cours des douzederniers mois.– Tabac : fumer plus de dix cigarettespar jour.– Cannabis : avoir consommé du canna-bis dix fois et plus au cours des douzederniers mois.

La consommation régulière est incluse dansl’expérimentation : ainsi, les adolescentsayant consommé du cannabis dix fois etplus au cours des douze derniers mois fontévidemment partie de ceux qui en ont con-sommé une fois au moins dans leur vie. Lesous-groupe des consommateurs réguliers

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Polyconsommation de substances psychoactives

212 Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 1

Modalités d’expérimentation de substancespsychoactives des 15-19 ans

Alcool seul Tabac seul

Alcoolet tabac

Alcool, tabacet cannabis

Cannabisseul

Alcool etcannabis

Tabac etcannabis

Non-expérimentateurs

25,4 %(n=679)

1,2 %(n=33)

26,6 %(n=711)

0,0 %

34,6 % (n=925)

8,9 % (n=238)

3,0 %(n=80)

0,3 %(n=9)

aires

non p

ropo

rtion

nelle

s

constitue ainsi un « noyau dur » de l’expé-rimentation.À chaque niveau de consommation (expé-rimentation, consommation régulière), lapopulation étudiée, c’est-à-dire les jeunesâgés de 15 à 19 ans (n=2 675), a doncété ventilée suivant la ou les substances« psychoactives » absorbées.

L’expérimentation du tabac,de l’alcool et du cannabisParmi les 15-19 ans, 91,1 % ont expéri-menté un des trois produits : 87,8 % ontexpérimenté de l’alcool, 64,5 % du tabacet 28,1 % du cannabis. Une minorité d’ado-lescents n’a donc jamais essayé l’un de cesproduits. Ils sont 16,1 % à l’âge de 15 anset ce pourcentage diminue linéairementjusqu’à l’âge de 19 ans (4 %).Le comportement à l’égard des produitsexpérimentés semble lié à leur aspect lé-gislatif. La distinction entre produits licites(alcool et tabac) et illicites (cannabis) estnette, essentiellement pour les jeunes ado-lescents. Ainsi, à 15 ans, plus des troisquarts des adolescents ont eu un premiercontact avec l’alcool (77,3 %) et près d’unsur deux avec le tabac (54,4 %), les expé-rimentateurs de cannabis ne sont quant àeux que 11,5 %.Contrairement aux autres substances, l’ex-périmentation d’alcool se fait parfois sansqu’un autre produit n’ait été « testé ». Le tabacest, quant à lui, rarement « essayé » par lesnon-expérimentateurs d’alcool : sur l’ensem-ble des 15-19 ans, 25,4 % ont déjà con-sommé de l’alcool seul, 3,0 % du tabac seulet 61,2 % les deux associés ou non au can-nabis (Figure 1). Il est à noter, après ajuste-ment sur le sexe et l’âge, qu’un expérimen-tateur d’un des deux produits possède enmoyenne un risque quatre fois plus élevéqu’un autre d’avoir essayé l’autre produit.Par ailleurs, on remarque l’absence de jeu-nes qui auraient expérimenté le cannabisseul. Dans l’enquête Baromètre santé jeu-nes, tout adolescent ayant affirmé avoirconsommé du cannabis au moins une foisdans sa vie, a aussi déclaré avoir déjà testé

soit de l’alcool, soit du tabac, soit les deux.Ainsi, 94,4 % des expérimentateurs decannabis ont aussi consommé au moins unefois dans leur vie de l’alcool et du tabac,ce qui représente plus d’un adolescent surquatre (26,6 %). Après ajustement sur lesexe et l’âge, les jeunes ayant bu au moinsun verre de boisson alcoolisée dans leurvie ont un risque six fois plus élevé que lesautres d’avoir expérimenté le cannabis. Cechiffre passe à dix-huit pour les jeunes ayantfumé au moins une fois dans leur vie dutabac.En considérant globalement les trois subs-tances (tabac, alcool, cannabis), il est pos-sible de constater que l’expérimentation d’unseul de ces produits n’augmente pas avecl’âge : pour l’alcool, elle diminue légèrement(passant de 29,3 % à 15 ans à 22,9 % à19 ans), pour le cannabis, elle est inexis-tante et pour le tabac, elle disparaît com-plètement (de 6,2 % à 15 ans à 0,9 % à19 ans) (Figure 2). En revanche, le tauxd’expérimentateurs des trois produits esten augmentation constante avec l’âge (pouratteindre près de 40 % à 19 ans).

Consommation régulière

Un jeune sur cinq (21,6 %) a une consom-

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Polyconsommation de substances psychoactives

213Baromètre santé jeunes 97/98

16,110,8 8,0 6,7 4,0

29,3

25,024,3 25,9

22,9

32,1

10,9 20,031,2

39,4

0,46,2 3,7 3,3

1,4 0,9

0,2

0,80,5 2,5

2,0

30,6

34,639,5

36,9

28,6

0,2 0,7 0,2 0,2

Tabac seulTabac et cannabis

Tabac, cannabis et alcool

Tabac et alcool

Alcool et cannabis

Alcool seul

Aucun produit

15 ans 16 ans 17 ans 18 ans 19 ans

100

80

60

40

20

0

Figure 2

Répartition des 15-19 ans selon l’expérimentation de substances psychoactives(en pourcentage)

mation régulière d’alcool, de tabac ou decannabis. La répartition des adolescentsselon les modalités de consommation estreprésentée dans la Figure 3.La principale différence existant entre lesdeux niveaux de consommation (expérimen-tation et consommation régulière) est liéeà l’usage du cannabis. En effet, celui-ci passeau premier plan chez ces consommateursréguliers (10,8 % des jeunes de 15 à 19ans ont fumé du cannabis dix fois et plusdurant l’année, ce qui représente pratique-ment un consommateur régulier sur deux— 49,9 %). La variable « avoir consommédu cannabis dix fois et plus pendant l’an-née » ne peut cependant être mise sur lemême plan que la variable « fumer plus dedix cigarettes par jour ». Il est à noter ainsiun pourcentage important de jeunes ayant« régulièrement » consommé du haschich,

Figure 3

Modalités de consommation régulièredes 15-19ans

Alcool seul Tabac seul

Alcoolet tabac

Alcool, tabacet cannabis

Cannabisseul

Alcool etcannabis

Tabac etcannabis

Non-consommateurs réguliers

aires

non p

ropo

rtion

nelle

s

5,9 %(n=159)

1,6 %(n=43)

1,0 %(n=28)

6,1 %(n=164)

78,4 % (n=2 094)

2,1 %(n=55)

1,1 % (n=30)3,8 %(n=102)

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Polyconsommation de substances psychoactives

214 Baromètre santé jeunes 97/98

qui n’appartiennent pas aux consommateursd’alcool et de tabac.Le risque pour que l’un de ces consomma-teurs réguliers (de tabac et d’alcool) fumeégalement du cannabis est moins impor-tant que celui des expérimentateurs. Entenant compte du sexe et de l’âge, les con-sommateurs réguliers d’alcool et de tabacont respectivement 2,7 et 3,8 fois plus derisques que les autres d’avoir fumé du can-nabis dix fois et plus dans l’année.Concernant les liens étroits entre tabac etalcool remarqués auparavant, les donnéesexaminées indiquent que peu de jeunes ontune consommation régulière d’alcool ac-compagnée d’une consommation régulièrede tabac. Ils représentent 1,1 % de la po-pulation totale, soit un consommateur ré-gulier sur vingt.

Synthèse de quelquescaractéristiques despolyconsommateursL’analyse de la relation entre la polyexpéri-mentation et la polyconsommation, et cer-taines variables sociodémographiques etde qualité de vie laisse apparaître les pointssuivants :• L’alcool semble l’un des produits nonseulement le plus expérimenté, mais aussidont la consommation régulière est la plusprécoce. Même si les consommateurs del’unique produit en question semblent êtreplus proches des « abstinents » que despolyconsommateurs, notamment en ce quiconcerne la qualité de vie déclarée plutôtbonne, un lien fort existe néanmoins entrel’alcool et les deux autres substances, etplus particulièrement avec le tabac.Il est permis de penser que cette consom-mation régulière d’alcool, plus « précoce »que pour d’autres substances, est moinssynonyme de mal-être lorsqu’elle n’est pasassociée à un autre produit.• Le tabac est expérimenté moins fréquem-ment que l’alcool, mais touche cependantune grande proportion d’adolescents. Ceux-ci sont également relativement jeunes (àl’expérimentation) et, par rapport aux consom-

mateurs d’alcool, ont des scores de qua-lité de vie moins bons, ce qui tendrait àprouver qu’il existe une sorte de mal-êtredes fumeurs de tabac.• Le cannabis, quant à lui, s’expérimenteen général après les deux autres produitslicites et, lorsqu’il est consommé relative-ment régulièrement, il est associé à un mal-être s’exprimant notamment dans les sco-res de qualité de vie inférieurs, mais aussidans une propension aux pensées et auxtentatives suicidaires.Si l’on excepte le tabac consommé seul etl’association cannabis et tabac, l’expérimen-tation et la consommation régulière des troisproduits — tabac, alcool, cannabis — as-sociés ou non entre eux, sont des phéno-mènes essentiellement masculins.• La question de l’âge intervient évidem-ment, notamment au niveau de l’expérimen-tation, mais se révèle bien entendu déter-minante pour les polyconsommations, l’al-cool et le tabac semblant précéder le can-nabis.• La structure familiale entretient un lienassez étroit avec l’expérimentation et laconsommation régulière de substancespsychoactives. Le fait de demeurer avecses parents d’adoption ou de naissanceapparaît comme un élément « protecteur ».Le statut professionnel du chef de famillesemble aussi en cause dans certaines asso-ciations, notamment pour ce qui concerneles consommations régulières pour lesquellesles associations tabac/alcool, tabac/can-nabis, et tabac/alcool/cannabis sont plussouvent le fait de jeunes issus de foyersdont le chef de famille est au chômage,alors que les consommateurs de cannabisseul sont plus souvent dans des famillesoù le chef de famille travaille.

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215

the key facts in a few figures…

In this chapter are presented the behav-iours of young people aged 15 to 19 whohave taken one, two or three of thesepsychoactive substances: alcohol, tobaccoand cannabis.Only 8.9% of young people aged 15 to19 state they have experimented withnone of the three substances mentioned:only 4% have not done so at the age of19.No young person in the sample said theyhad tried cannabis without having oncein his or her life having smoked a ciga-rette or drunk a glass of alcohol.More than a quarter (26.6%) have triedall three substances once in their life. Thepercentage of these young people showsa constant increase with age (reaching40% at 19 years).Young people who have drunk at leastone glass of an alcoholic drink in theirlifetime are six times more at risk thanother of having experimented with can-nabis. This figure rises to eighteen timesfor young people who have smoked to-bacco at least once.One young person in five between 15and 19 years old (21.6%) regularly con-sume one or more of these substances(several times a week for alcohol and/or

Polydrug use

Arnaud Gautier, Jacques Arènes, Annie Velter

more than ten cigarettes a day and/orcannabis more than ten times during thelast twelve months). One out of two ofthis group (49.9%) report having smokedcannabis ten or more times during thelast twelve months.

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Baromètre santé jeunes 97/98

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l’essentiel en quelques chiffres…

Violence, suicideet conduites d’essai

Marie-Pierre Janvrin,Jacques Arènes, Philippe Guilbert

Violences subies et agies7,8 % des jeunes déclarent avoir été frap-pés ou blessés physiquement au cours desdouze derniers mois.Les conduites de violence physique en-vers un autre concernent 8 % des 12-19ans. Les garçons sont plus souvent vio-lents que les filles et ce comportementaugmente avec l’âge.Ces actes hétéroagressifs sont en relationavec un certain nombre de variables so-ciodémographiques (habiter dans uneagglomération de plus de 20 000 habi-tants, vivre dans une famille recompo-sée ou monoparentale, être dans un foyeroù le chef de famille est inactif ) et cer-taines conduites d’essai (« avoir pris unrisque par plaisir ou par défi » au coursdu dernier mois, fumer régulièrement,consommer de l’alcool, avoir été ivre,consommer du cannabis). Les jeunes enmoins bonne santé physique et mentale(scores de santé au profil de Duke) sontaussi plus nombreux à se situer dans cettecatégorie.3,0 % des jeunes de 12 à 19 ans ont étérackettés au cours des douze derniers mois.Dans les trois quarts des cas (74,8 %),« l’agresseur » était un groupe. Ce phé-nomène est davantage urbain. 0,2 % des

12-19 ans déclare avoir fait du racket aucours des douze derniers mois.

Victimes de rapports sexuels forcés 2,2 % des jeunes de 15 ans et plus dé-clarent avoir été victimes de rapportssexuels forcés au moins une fois au coursde leur vie (3,1 % des filles et 1,2 % desgarçons).

Demande d’information sur la vio-lenceAu cours des douze mois précédant l’en-quête, plus d’un jeune sur deux (55,2 %)déclarent avoir eu une séance d’informa-tion et/ou d’échange organisée à l’école(pendant ou en dehors des cours) sur lethème de la violence. Près des trois quartsdes 12-19 ans (73,4 %) souhaiteraientbénéficier d’une information sur ce thèmeà l’école (questions posées aux scolaires).

Conduites d’essai15,1 % des jeunes déclarent avoir faitquelque chose de risqué par plaisir ou pardéfi au cours du dernier mois. Les gar-çons sont deux fois plus nombreux queles filles à déclarer avoir pris un risque(19,4 % vs 10,7 %). Ce comportementaugmente significativement avec l’âge.

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Baromètre santé jeunes 97/98

220

Les pensées suicidaires10,5 % des 15-19 ans ont pensé au sui-cide au cours des douze derniers mois(7,5 % de garçons et 13,7 % de filles).Il s’agit plus souvent de jeunes ne vivantpas avec leurs parents de naissance (oud’adoption) et ils se considèrent moinsque les autres écoutés par ceux-ci. Lesjeunes ayant des idées suicidaires ont descomportements de consommation desubstances psychoactives plus marqués(tabac, alcool, substances illicites), ontplus souvent été l’objet de violence (ycompris sexuelle) et ont pris plus fréquem-ment « un risque » par plaisir ou par défidans le dernier mois. L’idéation suicidaireest enfin très corrélée avec les troublesalimentaires. Près de la moitié (45,1 %)de ces jeunes ont parlé de leurs difficul-tés avec quelqu’un. Par ailleurs, 1,3 %des 15-19 ans ont fait, au cours de l’an-née, un projet précis pour se suicider.

Les suicidantsAu cours de la vie, 3,7 % des 15 ans etplus ont fait une tentative de suicide(2,1 % de garçons et 5,4 % de filles). Ils’agit plus souvent de jeunes au chômage,issus de familles monoparentales ou re-composées et ayant redoublé au moinsune fois. On retrouve aussi un profil d’in-térêt pour la consommation d’alcool, detabac ou de cannabis et un taux de vio-lence subie élevé comme chez les jeunesayant pensé au suicide.70,3 % des « suicidants » ont effectué unetentative, 19,7 % deux et 10,0 % troisou plus. Les deux tiers des tentatives onteu lieu dans les trois dernières années. Àla suite de la dernière tentative, 32,8 %ont été hospitalisés, 36,5 % ont été suivipar un médecin ou un professionnel del’aide psychologique et 59,1 % en ontparlé à une autre personne.

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Violence, suicide et conduites d’essai

221Baromètre santé jeunes 97/98

L’adolescence est souvent présentée commela période de l’agir (« acting »), des condui-tes ou comportements d’essai, voire de laprise de risque. Cette perspective présenteau niveau préventif un aspect paradoxal. L’en-gagement dans l’agir semble pour beaucoupd’auteurs une nécessité développementale.L’adolescent cherche ses marques, exploreparfois douloureusement ses limites et cons-truit ainsi son identité à travers la confron-tation au risque et à la réponse des adultes.En même temps, ces comportements cons-tituent un danger toujours présent de « dé-rapage » dans une violence tournée vers autruiou vers soi et non canalisée dans des acti-vités socialement recevables.Le sens de l’agir à l’adolescence est com-plexe. Plus encore que pour l’adulte, les dif-férents actes posés à cette période de lavie obéissent à des déterminants et à desconflits en partie inconscients. Parfois, l’acteest « opaque » au jeune. Une transgression,d’allure violente aux yeux des adultes, nepourra être reconnue comme telle par le jeunequ’après un certain travail d’élaboration.De plus, la question de l’agir est souventliée à la question diamétralement opposéede la passivité de l’adolescent, souvent aussi

angoissante aux yeux des éducateurs quele « passage à l’acte ».L’adolescent recherche alors son équilibreentre peur de l’action et fuite dans l’action,entre évitement de l’agressivité et mise enscène de celle-ci dans des scénarios plusou moins violents, entre inhibition morbideet rituels de provocation.Ce chapitre s’intéresse donc à l’acte quandil atteint les limites de la « pathologie »sociale ou personnelle. Dans tous les cas,qu’ils soient tournés contre soi (comme latentative de suicide) ou qu’ils possèdent unesignification sociale plus directe (violenceexercée contre d’autres ou subie de la partd’autres), ces actes ont souvent une dou-ble face de recherche identitaire d’une part(se trouver ou se perdre soi-même, se faireviolence), et d’appel à l’autre d’autre part(parents, éducateurs). Ils se situent aussisouvent dans la recherche provocatrice dela réaction de l’autre.La question de l’intentionnalité traverse lethème de l’acte « risqué », de l’acte violent.Si l’intention consciente de commettre unacte est apparemment affichée (suicide,agression, divers comportements d’essaivoire de prise de risque), il est souvent né-cessaire de se poser la question de la réelleliberté du jeune face à certains détermi-nismes inconscients (psychopathologieséventuelles, difficulté d’élaboration mentale

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Violence, suicide et conduites d’essai

222 Baromètre santé jeunes 97/98

des conflits qui permettrait de différer oud’empêcher certains passages à l’acte) oude pressions de groupes.Si cette intentionnalité ne semble pas encause (violence subie) ou ne l’est évidem-ment pas (rapports sexuels forcés), la lit-térature souligne néanmoins qu’il existesouvent une corrélation forte entre les pri-ses de risques comportementales généra-les (tabac, alcool, usage de drogues), laviolence agie et les violences et traumatis-mes subis [1]. La « victimisation » (violencesubie) s’inscrirait ainsi dans un cadre de

fragilisation antérieure dans lequel les pri-ses de risque, mais aussi les conditionsde vie sociales et familiales, ne sont pasabsentes et cette « victimisation » suscite-rait à son tour une vulnérabilité plus impor-tante à des mises en danger et à une « re-victimisation » futures.Dans le questionnaire du Baromètre santéjeunes, ont été explorées plus particulière-ment certaines dimensions :• La question de l’activité et de la passi-vité a été introduite à travers la violenceagie et subie au cours des douze derniersmois. La corrélation classique entre cesvécus de violence a été soulignée au coursdu terrain par certains jeunes indiquant queles actes violents commis s’inscrivaient enfait dans le cadre de représailles (en ré-ponse à des actes de violence subie ayantsuscité la même réponse affirmative).• La question du groupe a aussi été exploréedirectement pour les deux types de violence(agie et subie). En effet, l’enquête pilote adonné l’occasion de percevoir l’importancede certains rituels de violence de groupe,même à l’intérieur du collège ou du lycée.Ces mises en scène, parfois purement gratui-tes et « ludiques » quand la victime est choi-sie au hasard, inspiraient une crainte trèsmarquée notamment chez les plus jeunes.• Le comportement ou conduite d’essaidans sa dimension hédonique et provoca-trice a été étudié par la question du « ris-que » pris « par plaisir ou par défi » dansle dernier mois. Même si la notion de « con-duite d’essai » est considérée comme plusvalide et plus neutre pour rendre comptedes comportements exploratoires de l’ado-lescent, il a été employé dans ce chapitrele terme de « preneur de risque » ou « d’ado-lescent ayant pris un risque » dans le me-sure où il s’agit du mot utilisé dans la ques-tion posée au jeune.• La dimension d’appel à l’autre et à l’adulte,sous-jacente dans beaucoup d’actions vio-lentes, a été examinée explicitement pourle suicide, même si cette dimension n’ex-clut pas pour cet acte particulier un aspectplus narcissique d’attaque de son corps etde soi.

Eric, élève de seconde

« La violence est beaucoup plusprésente au collège qu’au lycée.Le collège, c’est la jungle. Un jour,dans la cour de récréation, unecinquantaine d’élèves étaientmassés autour d’un garçon couchépar terre et tout le monde le rouaitde coup. La plupart ne savaientmême pas pourquoi la bagarreavait commencé et pourtant ils letapaient quand même. J’avaisvraiment été choqué. Une autrefois, une fille du collège s’est faitetabasser par une autre fille qui ladétestait, aidée de sa sœur et samère. Ça s’est terminé à l’hôpital !Au collège, on voyait souvent lapolice qui venait chercher desélèves. Je n’en pouvais plus desupporter cette tension. À lasortie, c’était pire encore. Il y avaitdes bandes des cités adverses quis’attendaient pour se taper ou fairedu racket . Une fois, on s’est plaintà la directrice. Elle a prévenu lapolice qui est venue tous les joursà la sortie faire des contrôles. Lesparents aussi faisaient des rondeset les racketteurs ont fini parchanger de coin. Heureusement,au lycée, c’est nettement pluscalme. »

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Violence, suicide et conduites d’essai

223Baromètre santé jeunes 97/98

0

4

8

12

16

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

8,0

11,910,9

2,8

7,35,5

FillesGarçons

Figure 1

Jeunes de 12-19 ans déclarantavoir été frappés ou blessés aucours des douze derniers moisselon l’âge et le sexe (en pourcen-tage)

Actes violentshétéroagressifs

Violence physique subieou agieIl s’agit dans ce chapitre d’analyser lesconduites de violence intentionnelle etinterpersonnelle.Sous la dénomination de violence sont re-groupées des conduites de violence enverssoi ou autrui. Quatre types de questionsont été retenus : avoir été frappé ou blesséphysiquement au cours des douze derniersmois, avoir été victime de racket au coursdes douze derniers mois, avoir subi desrapports sexuels forcés au cours de sa vie(question posée aux jeunes de 15 ans etplus), avoir frappé ou blessé physiquementquelqu’un et avoir fait du racket au coursdes douze derniers mois.

Avoir été frappé ou blesséphysiquement par quelqu’un ou parun groupeAu cours des douze derniers mois, 7,8 %des jeunes déclarent avoir été frappés oublessés physiquement au moins une fois(2,3 % ont été frappés deux fois et plus,soit à peu près un tiers — 29,3 % — desvictimes de ce type de violence). Le tauxindiqué, en ce qui concerne les 11-19 ansscolarisés pour l’enquête menée par l’unité472 de l’Inserm [2], était deux fois plus élevé(15,1 %) avec un libellé de question un peudifférent (« avoir subi des violences ») por-tant sur une période non déterminée.Les garçons sont deux fois plus nombreuxà être dans ce cas que les filles (10,3 % vs5,3 %) et les jeunes âgés de 15 ans et plus(quel que soit le sexe) (9,3 % vs 6,1 %) avecun maximum chez les 15-17 ans (Figure 1).Parmi les autres variables sociodémogra-phiques, la situation familiale semble êtreun facteur discriminant. Ainsi, les jeunesvivant dans une famille recomposée ou mo-noparentale sont plus nombreux que ceuxvivant avec leurs parents de naissance (ou

d’adoption) à être victimes de violence phy-sique (10,9 % vs 7,0 %) (Tableau I).Si la profession du chef de famille n’appa-raît pas comme une variable discriminante,en revanche, son statut professionnel indi-que une différence. Ainsi, les jeunes dontle chef de famille est inactif (retraités, con-gés de longue durée…) sont plus nombreuxà être victimes de violence (11,9 % vs 7,5 %)(Tableau I).

Tableau I

Avoir été frappé ou blessé physique-ment par quelqu’un ou par ungroupe de personnes, au cours desdouze derniers mois, selon certainescaractéristiques (en pourcentage)

Situation familialeFamille de naissance(ou d’adoption) (n=3 259) 7,0Famille monoparentale (n=515) 10,3Famille recomposée (n=235) 11,9Situation professionnelle du chef de familleTravaille (n=3 590) 7,5Chômage (n=230) 7,9Inactif (n=294) 11,9

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Violence, suicide et conduites d’essai

224 Baromètre santé jeunes 97/98

0

3

6

9

12

15

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

6,14,7

9,99,3 9,7

6,2 5,88,8 8,4

11,7

Victimes Acteurs

Figure 2

Victimes ou acteurs de violence physique aucours des douze derniers mois selon la taillede l’agglomération (en pourcentage)

De la même façon que pour la qualité devie mesurée (cf. chapitre Environnement etqualité de vie des jeunes), ce sont les jeu-nes demeurant dans des villes de moinsde 20 000 habitants qui semblent le plusà l’abri de la violence subie, les commu-nes rurales apparaissant, en deuxième,comme des lieux aussi relativement proté-gés. Les communes de plus de 20 000habitants (dont l’agglomération parisienne)se situent en dernière position (Figure 2).D’autres variables comportementales sontreliées significativement avec le fait d’êtreou non victimes de violence. Les jeunesqui ont eu un accident au cours des douzederniers mois sont aussi plus nombreux àavoir été frappés ou blessés physiquement(14,7 % vs 6,0 %). Il en est de même deceux qui déclarent avoir pris un risque aucours des trente derniers jours par plaisirou par défi (16,9 % vs 6,2 %) et de ceuxqui ont été victimes de racket (34,7 % ontété frappés ou blessés vs 7,0 % chez lesautres adolescents).De plus, les adolescents déclarant avoir étéfrappés ou blessés physiquement par unepersonne seule ou par un groupe sont enplus grand nombre à déclarer consommercertaines substances psychoactives(Tableau II). Ces résultats restent vrais lors-que l’on tient compte du sexe et de l’âge.Le profil de santé de Duke (cf. chapitreEnvironnement et qualité de vie des jeunes)permet d’apporter quelques éléments sup-plémentaires sur le profil des jeunes ayantsubi des violences physiques. Ainsi, les jeu-nes qui déclarent avoir été frappés sont enmoins bonne santé physique, mentale etsociale. Ce résultat reste vrai en tenantcompte de l’âge et du sexe.

Agression subie seul ou en groupeLes deux tiers des victimes (62,3 %) ontété agressées par une seule personne. Lesfilles sont plus souvent dans ce cas queles garçons. L’agression par un groupesemble, en revanche, être plus un phéno-mène masculin comme le montre la Figure 3.Il peut s’agir de l’effet d’une réalité sociolo-gique (agressions « ritualisées » entre ban-

Tableau II

Victimes de violence physique selonl’usage de certaines substancespsychoactives (n=4 115 ; enpourcentage)

Avoir consommé de l’alcool au moins unefois dans la semaineoui 11,7non 6,6

Avoir été ivre au moins une foisau cours de sa vieoui 12,7non 5,9

Fumer régulièrement du tabacoui 12,0non 6,5

Avoir consommé du cannabis au moinsune fois au cours de sa vie (15 ans et plus)(n=2 675)0 fois 6,71 à 9 fois 11,910 fois et plus 18,2

des pour les garçons). Il est possible aussid’évoquer une difficulté pour les garçons àdéclarer une agression quand elle a été ef-fectuée par une personne seule, alors qu’être

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Violence, suicide et conduites d’essai

225Baromètre santé jeunes 97/98

0

20

40

60

80

Garçons Filles

55,1

44,9

22,6

77,4

Un groupeUne seule personne

Figure 3

Jeunes déclarant avoir été frappésou blessés au cours des douzederniers mois, selon le sexe et letype d’agresseur (en pourcentage)

0

3

6

9

12

15

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

Garçons Filles

9,8

13,213,9

2,94,2

3,4

Figure 4

Jeunes de 12-19 ans déclarantavoir frappé ou blessé physique-ment quelqu’un au cours des douzederniers mois, selon l’âge et le sexe(en pourcentage)

agressé par un groupe peut apparaître plusvalorisant — ces deux éléments de causa-lité ne s’excluant d’ailleurs pas.L’âge n’apparaît pas comme une variablediscriminante. Par ailleurs, la faiblesse deseffectifs ne permet pas d’effectuer d’autresanalyses.

Avoir frappé ou blessé physiquementseul ou en groupePrès d’un jeune sur dix (8,0 %) déclare avoirfait acte de violence sur quelqu’un, avec unenette prédominance masculine (12,2 % vs3,5 % pour les filles). Ce comportement dif-fère selon l’âge chez les garçons où les plusde 15 ans disent en plus grand nombre avoirfrappé ou blessé physiquement une autrepersonne au cours des douze derniers mois(14,0 % vs 10,2 %) (Figure 4). Cette diffé-rence n’est pas constatée chez les filles.Le Tableau III présente les différentes va-riables en relation avec le fait d’avoir dé-claré frapper ou blesser quelqu’un physi-quement au cours des douze derniers mois.Ainsi, la situation familiale (famille recom-posée, monoparentale) dans laquelle le jeunevit est un facteur discriminant. À noter quelorsque le père de naissance (ou d’adop-tion) est absent, les jeunes sont plus nom-breux à déclarer avoir été violents envers

autrui (12,0 % absence du père vs 7,2 %pour le père présent). Ce résultat reste vrailorsque l’on tient compte de l’âge et du sexe(ajustement par une régression logistique).

Tableau III

Avoir frappé ou blessé physique-ment quelqu’un, seul(e) ou engroupe, au cours des douze der-niers mois selon certains facteurs(n=4 115 ; en pourcentage)

Situation familialeFamille de naissance(ou d’adoption) (n=3 259) 7,0Famille monoparentale (n=515) 11,3Famille recomposée (n=235) 13,2Situation professionnelledu chef de familleTravaille (n=3 590) 7,5Chômage (n=230) 12,7Inactif (n=294) 10,5Nombre de redoublementsAucun (n=2 101) 5,1Un (n=1 492) 10,2Deux ou plus (n=522) 13,2

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Violence, suicide et conduites d’essai

226 Baromètre santé jeunes 97/98

« La violence est de plus en plusfréquente, chaque jour, elle gravit unéchelon supplémentaire. Avant, elleétait réservée aux couloirs et coursde récréation. Maintenant elle aenvahi les classes. Fréquemment lesélèves s’interpellent entre euxpendant les cours, devant le prof. Lesinsultes fusent, le ton monte, ils enviennent aux mains. Et nous pauvresprofesseurs, comment nous interpo-ser entre deux grands ados qui nousdépassent d’une tête ? Je l’avoue, jeme sens débordée dans ce genre desituation ! Il faudrait pouvoir disposerde surveillants, spécialement formésà la gestion des conflits et de laviolence, dans tous les points straté-giques de l’établissement : couloirs,

cour de récréation, toilettes, sortie.J’ai en effet remarqué que la pré-sence des adultes limite énormémentla violence. Nous ne devons pasdémissionner et laisser la loi de larue s’installer. L’Education nationalehésite encore trop souvent à faireappel aux autorités extérieurespolicière et judiciaire, et nouspréférons laver notre linge sale enfamille. En renvoyant les élèvesviolents d’un établissement, nouscréons une sorte de bourses auxexclus, c’est-à-dire qu’on se refile lesexclus de collège en collège ou delycée en lycée. Ce n’est pas très boncar l’élève sent une fuite, unedémission et cela ne fait qu’exacer-ber son comportement violent. »

De plus, contrairement à la violence subie,les jeunes qui ont redoublé au moins unefois au cours de leur scolarité sont plusnombreux à avoir eu des actes de violencephysique au cours de l’année écoulée(11,1 % vs 5,1 %). Le statut professionneldu chef de famille est lui aussi une variablediscriminante.Les jeunes acteurs de violence physiquesont aussi plus nombreux à avoir eu unaccident au cours des douze derniers mois(12,8 % vs 6,7 %), à avoir pris un risquepar plaisir ou par défi au cours des douzederniers mois (20,1 % vs 5,8 %) et à avoirété frappés ou blessés physiquement parquelqu’un au cours de l’année passée :40,5 % vs 5,0 % pour ceux qui n’ont pasexercé de violence physique.La Figure 5 illustre ainsi la répartition desjeunes selon le fait qu’ils soient victimeset/ou acteurs de violence. Un quart d’en-tre eux (25,7 %) est dans cette double si-tuation.Comme pour la violence subie, on cons-tate que les comportements violents sontreliés nettement à la taille de l’aggloméra-

tion (Figure 2). Les communes non ruralesde moins de 20 000 habitants sont les moinsen cause, suivies des communes rurales.Les adolescents ayant consommé de l’al-cool, du tabac ou du cannabis sont plusnombreux à avoir frappé ou blessé physi-quement une autre personne, que ce soitseuls ou en groupe (Tableau IV). Ces résul-tats restent vrais lorsque l’on tient comptedu sexe et de l’âge.

Figure 5

Répartition des jeunes de 12-19 ansselon le fait qu’ils sont victimeset/ou acteurs de violence (n=517)

36,6 %25,7 %37,7 %

Acteurs (63,4 %) Victimes (62,3 %)

Acteurs et victimes

Mireille, professeur de français en lycée

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Violence, suicide et conduites d’essai

227Baromètre santé jeunes 97/98

Concernant la mesure de la qualité de vie(scores au profil de santé de Duke), les 12-19 ans déclarant avoir frappé sont signifi-cativement en moins bonne santé physiqueet mentale. Ce résultat persiste lorsque l’ontient compte de l’âge et du sexe.

Agression menée seul ou avec ungroupeDans trois cas sur quatre (76,3 %), cet acteviolent a eu lieu seul. L’âge et le sexe n’ap-paraissent pas comme discriminants pource type d’analyse (Figure 6).

Le racket

Avoir été victime de racket par unepersonne seule ou par un groupe3,0 % des jeunes de 12 à 19 ans ont étérackettés au cours des douze derniers mois.Dans les trois quarts des cas (74,8 %), cettepratique est le fait d’un groupe.Les garçons sont plus nombreux que lesfilles à déclarer en être victimes (4,9 % vs1,0 %), ainsi que les 15 ans et plus (3,5 %vs 2,1 %).

Là encore, il s’agit d’un phénomène urbain ;les jeunes habitant dans les moyennes etgrandes villes (20 000 habitants et plus)en sont le plus victimes (3,8 % vs 2,0 %).Le racket est plus fréquemment déclaré àmesure que la taille de l’agglomération dudomicile du répondant augmente. Le dé-claratif de racket atteint son maximum pourl’agglomération parisienne (4,5 %).Les résultats suivants montrent que, commepour la violence physique, les jeunes quidéclarent avoir consommé de l’alcool, dutabac ou du cannabis sont plus nombreuxà avoir été victimes de racket par une per-sonne seule ou un groupe. Ainsi, les 12-19ans déclarant au moins une ivresse au coursde leur vie sont aussi plus nombreux à avoirété victimes de racket (4,9 % vs 2,5 %), ilen est de même pour les fumeurs régu-liers (5,2 % vs 2,3 %), ainsi que les con-sommateurs de cannabis (avoir pris dix foisou plus du cannabis au cours de la vie 6,3 %,avoir pris 1 à 9 fois 5,1 % vs 2,7 % deceux qui n’en ont jamais consommé). Cesrésultats restent vrais lorsque l’on tientcompte des variables sexe et âge.

Figure 6

Jeunes ayant frappé quelqu’un aucours des douze derniers mois,selon le sexe et le type d’agression(en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

Garçons Filles

En groupeSeul(e)

74,781,7

25,318,3

Tableau IV

Jeunes acteurs de violence physiqueselon l’usage de certaines substan-ces psychoactives (en pourcentage)

Avoir consommé de l’alcool au moins unefois dans la semaineoui (n=945) 13,3non (n=3 168) 6,3

Avoir été ivre au moins une fois au coursde sa vieoui (n=1 154) 14,3non (n=2 959) 5,5

Fumer régulièrement du tabacoui (n=966) 12,6non (n=3 148) 6,5

Avoir consommé du cannabis au moinsune fois au cours de sa vie (15 ans et plus)0 fois (n=1 922) 6,11 à 9 fois (n=371) 11,310 fois et plus (n=380) 20,2

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Violence, suicide et conduites d’essai

228 Baromètre santé jeunes 97/98

« Je travaille dans un établisse-ment de banlieue et pourtant je neconstate que peu de violence. Unphénomène qui est sans doute dûà la volonté affichée de tous lesadultes du collège, de ne paslaisser s’installer la violence dansnos murs. Chaque fois que nousassistons à un acte violent, nousnous réunissons tous — profes-seurs, principal, CPE, infirmière etmoi-même — pour décider de laréponse à apporter. C’est unevéritable priorité, inscrite noir surblanc dans le projet d’établisse-ment. Même si ce n’est pastoujours évident et efficace, lesjeunes sentent au moins en faced’eux des adultes solidaires, prêtsà apporter une réponse collectiveet non pas à baisser les bras ! ».

Avoir fait du racket0,2 % des 12-19 ans déclare avoir fait duracket au cours des douze derniers mois.Cela représente pour notre échantillon 7 per-sonnes (6 en groupe et 1 personne a dé-claré avoir fait du racket seule), alors quedans le même temps, 3,0 % ont été rac-kettées. Il est probable que cette questionsuscite une sous-déclaration conséquenteen raison de son caractère répréhensible.

Les rapports sexuels forcés aucours de la vieCette question a été posée uniquement auxjeunes âgés de 15 ans et plus. La ques-tion qui leur a été posée était : « au coursde votre vie, avez-vous subi des rapportssexuels forcés ? ».2,2 % des 15 à 19 ans (58 jeunes dansnotre échantillon) déclarent avoir été victi-mes de rapports sexuels forcés au coursde leur vie (au moins une fois) : 3,1 % defilles et 1,2 % de garçons. Ce taux est làaussi un peu inférieur à celui trouvé lors

de l’enquête Inserm de 1993 [2] (3,8 % chezles 11-19 ans).Il est important de remarquer la grandevariabilité des réponses pour ce type desujet au niveau des enquêtes nationales etinternationales. Le libellé de la question joueun grand rôle dans cette variation. Il estaussi possible de faire l’hypothèse d’un biaisde sous-déclaration par rapport à cettequestion « sensible » par le média télépho-nique (difficulté d’aborder des questions trèsintimes dans l’atmosphère familiale), mêmesi les proches ne sont pas directement dansla pièce.Dans cette enquête, il a été possible d’entenir compte (cf. chapitre Introduction etméthodologie), grâce aux questions poséessoit directement à l’adolescent, soit à l’en-quêteur, sur la présence éventuelle d’adul-tes dans la pièce. Pour ce qui concernecette question des rapports sexuels forcés,il ne semble pas que le fait d’être seul ounon pour le jeune pendant la communica-tion téléphonique ait eu de relation signifi-cative avec ses réponses. Ce n’est pas lecas pour d’autres thématiques de l’enquêtecomme par exemple la consommation decannabis.Parmi les jeunes victimes de rapportssexuels forcés (n=58), 60,3 % déclarenten avoir subi une fois, 8,6 % deux fois et31,1 % trois fois ou plus.Une victime sur dix (10,3 %) déclare parailleurs ne pas avoir eu de relations sexuellesau cours de sa vie. Il ne s’agit probable-ment pas d’une incohérence des réponsesde ces jeunes : une partie des victimes derapports sexuels forcés considèrent proba-blement de manière implicite que le rapportsexuel n’existe réellement que dans un con-texte véritablement relationnel impliquantune participation volontaire à cet acte.Il n’existe aucun lien entre l’âge de la per-sonne interrogée et le fait d’avoir subi cetteagression.De plus, ces jeunes ayant été l’objet de vio-lences sexuelles sont caractérisés par cer-tains comportements :– les adolescents qui ont pris des risquesau cours du mois précédant l’enquête sont

Irène, assistante sociale dans un collège

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Violence, suicide et conduites d’essai

229Baromètre santé jeunes 97/98

1. Les troubles des comportements alimentaires explo-rés sont : avoir mangé énormément avec de la peine às’arrêter, s’être fait vomir volontairement, redouter decommencer à manger de peur de ne pas pouvoir s’arrê-ter, manger en cachette (assez souvent et très souventau cours des douze derniers mois).

aussi plus nombreux à avoir été victimesde violences sexuelles (4,2 % vs 1,7 %),ainsi que ceux qui déclarent avoir été frap-pés ou blessés physiquement (5,8 % vs1,8 %) ou ceux qui ont eu un accident ayantnécessité des soins au cours des douzederniers mois (3,5 % vs 1,8 %) ;– les jeunes déclarant au moins une ivresseau cours de leur vie sont plus nombreux àavoir eu au moins un rapport sexuel forcéau cours de leur vie (3,1 % vs 1,5 %) ;– il en est de même pour les fumeurs ré-guliers (4,3 % vs 1,0 %) ;– ainsi que les consommateurs de canna-bis (au moins une fois cannabis au coursde la vie 4,3 % vs 1,3 % et au moins dixfois ou plus dans la vie 5,5 % vs 1,6 %).Ces résultats restent vrais en tenant comptedu sexe et de l’âge.De plus, les victimes de ce type de vio-lence sont significativement en moins bonnesanté physique et mentale (scores au pro-fil de santé de Duke) et ce, même en te-nant compte de l’âge et du sexe de l’inter-viewé.Enfin, les filles qui ont déclaré avoir souffertd’au moins un trouble alimentaire spécifique1

au cours des douze derniers mois (n=40)sont plus nombreuses à déclarer avoir subides rapports sexuels forcés (Figure 7).

Demande d’informationssur la violence

Au cours des douze mois précédant l’en-quête, plus d’un jeune sur deux (55,2 %)déclarent avoir eu une séance d’informa-tion et/ou d’échange organisée à l’école(pendant ou en dehors des cours) sur lethème de la violence (cette question n’aété posée qu’aux scolaires).

Parmi ces élèves, près des trois quarts(73,4 %) souhaiteraient bénéficier d’uneinformation sur ce thème à l’école. Les fillessont significativement plus nombreuses àémettre ce souhait (77,6 % vs 69,3 %)(Figure 8). Cette demande demeure impor-tante jusqu’à l’âge de 17 ans (Figure 9).Par ailleurs, les adolescents qui ont été vic-times de violence physique et/ou de racket

Figure 8

Jeunes qui ont eu et/ou qui souhai-tent bénéficier d’informations sur laviolence dans le cadre scolaireselon le sexe (en pourcentage)

0

20

40

60

80

En ont bénéficié Souhaitent en bénéficier(de nouveau ou pour

la première fois)

FillesGarçons

53,7

69,3

56,6

77,6

Figure 7

Filles ayant eu au moins un rapportsexuel forcé selon le nombre decertains troubles alimentaires (fillesde 15 ans et plus) (en pourcentage)

0

5

10

Aucuntrouble

2 troublesou plus

1 trouble

9,3

2,3

4,4

A eu un rapport sexuel forcé

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Violence, suicide et conduites d’essai

230 Baromètre santé jeunes 97/98

ne sont pas plus nombreux que les autresà souhaiter bénéficier d’informations sur laviolence.En revanche, les jeunes qui sont eux-mê-mes acteurs de violence demandent enmoins grand nombre des informations surce thème (66,8 % vs 74,0 %).

Les conduites d’essai

Présentation de la question

La conduite d’essai ou prise de risque aété abordée dans le Baromètre santé jeu-nes à travers les questions « Au cours destrente derniers jours, avez-vous fait quel-que chose de risqué pour le plaisir ou pardéfi ? » et « La dernière fois, qu’est-ce quec’était ? ». Le parti pris d’utiliser une ques-tion ouverte a permis au jeune de déclarerun risque tel qu’il le perçoit à l’âge qu’il a,et dans la situation où il est.Cette perspective a introduit une extrêmediversité dans les réponses, ce qui a, à la

fois, rendu le codage plus complexe et per-mis d’appréhender ces différentes percep-tions du risque. Par exemple, à 12 ans fu-mer une cigarette ou boire de l’alcool a puêtre considéré comme un risque, alors qu’à17-18 ans, cela a pu être conduire sur l’auto-route en sens inverse ou conduire sans avoirle permis. D’après les enquêteurs, les jeu-nes interrogés ont joué le jeu de ce ques-tionnement, parfois d’une manière très lu-dique, en citant assez rapidement un évé-nement risqué au cours du dernier mois.La gravité de quelques déclaratifs a amenécertains adolescents, s’ils avaient réponduaffirmativement à la question, à refuser dedonner le contenu de l’acte risqué (actesillicites ou perçus comme socialement dis-qualifiés ?). Le pourcentage de ce type derisque non renseigné a ainsi été de 13,1 %.Cette dernière question a été recodée, lors-que l’information a été donnée par le jeune,selon trois critères d’entrée.Le premier est le lieu de cette conduite d’es-sai :• sur la voie publique (par exemple : « grillerun feu rouge », « danser dans la rue », « abor-der un inconnu dans la rue », « jouer aufoot dans la rue et une voiture a failli ren-verser un copain »),• à l’école (« j’ai montré mon postérieuren cours de philo, le prof a rien vu, je n’étaispas le seul ! », « je n’ai pas appris mon coursde physique avant un contrôle »),• sur un terrain de sport (« faire une retour-nette au foot »),• à la maison ou autour (« fumer dans legarage »),• dans un autre lieu sans autre précision(« aller à une fête sans autorisation paren-tale », « traverser les rails alors que le trainarrivait »).Le deuxième critère de codage pris encompte est la situation de ce risque parrapport à la loi. À travers les réponsesdonnées, il a été possible de dire si le jeunea enfreint :• la loi au sens juridique (loi civile et répu-blicaine) (par exemple : « vol à l’étalage »,« récupération d’un accessoire de scootervolé »),

Figure 9

Jeunes qui ont eu et/ou qui souhai-tent bénéficier d’informations sur laviolence dans le cadre scolaireselon l’âge (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

60,4 59,4 56,5

43,8

74,1 75,6 74,569,2

En ont bénéficié

Souhaitent en bénéficier(de nouveau ou pour la première fois)

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Violence, suicide et conduites d’essai

231Baromètre santé jeunes 97/98

« Je fais souvent des chosesdangereuses. Par exemple, je faisdu scooter derrière mon copainsans casque. Souvent il prend desvirages tellement couché que mongenou frôle le sol. Ou bien il faitdes courses avec les automobilis-tes ou des roues arrière. Toutes lescopines sont aussi derrière leurscopains. C’est sympa ! On délire unbon coup, ça apporte de la gaieté,du plaisir. Parfois, on traîne sur lestoits des immeubles dans la cité.Un jour, on a ramassé des néonscassés et on les a balancés d’enhaut. On a failli blesser gravementquelqu’un qui passait par là. J’ai eutrès peur des conséquences. Çame gêne quand nos délires mettenten danger la vie des autres. Lamienne, je fais ce que je veuxavec, mais pas celle des autres. »

• la loi parentale (« sortir sans la permis-sion de mes parents », « imiter la signa-ture de mon père »),• la loi scolaire (« sécher une heure decours »),• ou si le jeune n’a pas respecté un codesocial ou d’honneur avec ses pairs (« j’aipiqué le petit copain de ma copine », « j’aipris la moto à un ami sans qu’il le sache »).Le dernier critère renseigné est le type derisque. Parmi les principales réponses ci-tées, elles ont été classées selon le faitqu’il s’agissait d’un risque en lien avec :• la consommation de substances psy-choactives à la limite parfois de la tenta-tive de suicide (« boire de l’alcool en grandequantité », « avaler des médicaments de tou-tes sortes », « beaucoup bu, envie de mou-rir », « prendre un ecstasy »),• l’utilisation d’un véhicule motorisé (« con-duire une voiture sans avoir le permis »),• l’utilisation d’un deux-roues non motorisé(« faire du VTT dans un endroit dangereux »),• un sport ou un autre loisir (« escalade »,« sauter un obstacle à cheval », « à la pis-cine, j’ai fait un saut en arrière », « en roller,j’ai essayé de faire une rotation sur un trem-plin »…),• un acte violent (« frapper quelqu’un engroupe », « à l’école, on prend un autre jeuneet on décide de le tabasser », « je me suisbattu avec un plus grand »),• la sexualité (« relation avec une fille sanspréservatif », « j’ai eu un flirt poussé avecun ami », « rapports sexuels, avec les pa-rents dans la maison »),• et tout autre risque non renseigné ci-des-sus (par exemple : « sonner aux portes etpuis s’en aller », « parier sur le nombre debiscuits à manger en 1 minute », « je mesuis amusé à montrer mon cul à un keuf » !,« j’ai pris le copain à une copine, elle neme parle plus, mon copain m’avait larguée,il ne savait même pas pourquoi ! »)

15,1 % des jeunes déclarent avoir fait quel-que chose de risqué par plaisir ou par défi.Parmi les jeunes concernés par cette ques-tion, il y en a notamment 14,9 % qui ontpris ce risque sur la voie publique, 12,5 %

sur un terrain de sport, 6,9 % à l’école et51,9 % dans un autre endroit (sans plusde précision). La répartition des types derisque évoqués par les jeunes est présen-tée sur la Figure 10.

Sport et loisirs27,2 %

Autres 27,9 %

Violence1,4 %

Sexualité2,8 %

Ne se prononce pas

13,1 %

Véhiculesà moteur,dontdeux-roues 13,9 %

Vélo / VTT3,3 %

Consommationde substancespsychoactives

10,4 %

Figure 10

Répartition du type de risque pris (base =jeunes ayant pris un risque n=621 ; enpourcentage)

Mélanie, élève de troisième

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Violence, suicide et conduites d’essai

234 Baromètre santé jeunes 97/98

Les garçons sont deux fois plus nombreuxque les filles à se déclarer preneurs de ris-que (19,4 % vs 10,7 %). La déclaration dece comportement augmente significative-ment avec l’âge (Figure 11).La structure familiale dans laquelle le jeunevit semble être liée au fait de prendre ounon un risque. Ainsi, les jeunes qui viventdans des foyers recomposés sont plusnombreux que leurs pairs (ceux qui viventdans une structure monoparentale ou avecleurs parents de naissance (ou d’adoption))à déclarer avoir pris des risques (22,1 %vs 14,7 %).Les jeunes dont le chef de famille est agri-culteur déclarent moins souvent avoir faitquelque chose de risqué par plaisir ou pardéfi (10,9 %), à l’inverse de ceux dont lechef de famille est inactif (23,9 %) est ca-dre ou exerce une profession intellectuellesupérieure (18,9 %) ou est artisan, com-merçant ou chef d’entreprise (18,7 %) (Ta-bleau V).La Figure 12 indique qu’un effet taille d’ag-glomération semble jouer un rôle significa-tif dans le fait de se déclarer preneur derisque. Ce comportement est en effet moinssouvent déclaré en zone rurale (12,7 %) que

dans les villes de 200 000 habitants et pluset notamment en agglomération parisienne,où respectivement 16,1 % et 18,8 % desjeunes ont pris un risque au cours du moisprécédent l’enquête.En analysant la prise de risque en relationavec d’autres variables comportementales,les jeunes qui boivent de l’alcool au coursde la semaine sont significativement plusnombreux à avoir pris un risque dans le mois

Tableau V

Jeunes qui déclarent avoir pris unrisque par plaisir ou par défi selonla profession du chef de famille(n=4115 ; en pourcentage)Agriculteurs 10,9Artisans, commerçants,chefs d’entreprise 18,7Cadres et prof. intellectuellessupérieures 18,9Professions intermédiaires 14,6Employés 15,4Ouvriers 13,0Inactifs 23,9Ne sait pas 16,0

0

10

5

15

20

25

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

12,7

15,1 14,616,1

18,8

Figure 12

Jeunes déclarant avoir pris un risque parplaisir ou par défi au cours des trentederniers jours selon la taille d’agglomérationde domicile (en pourcentage)

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

10

20

30

Garçons Filles

4,8

10,212,4

14,914,515,1

19,7

26,9

Figure 11

Jeunes déclarant avoir pris un risquepar plaisir ou par défi au cours destrente derniers jours selon l’âge et lesexe (en pourcentage)

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Violence, suicide et conduites d’essai

235Baromètre santé jeunes 97/98

« En matière de conduites à risque,ma fille a de l’imagination ! Elle acommencé par se brûler l’avant-brasavec une cigarette pour conclure unesorte de pacte de l’amitié avec sescopines. La voilà maintenant affubléed’une belle cicatrice ! Pour elle, m’a-t-elle expliquée, c’était la seule façonpour se faire admettre au sein decette bande. Quelque temps plustard, elle a renouvelé ce pacted’amitié, mais cette fois-ci en setailladant les poignets pour échanger

son sang avec les autres. À l’époqueoù l’on ne parle que du sida, je peuxvous certifier que cela fait peur ! Àpartir de là, j’ai trouvé que celadevenait grave, j’ai limité ses sorties,j’allais la chercher moi-même le soirquand elle tardait trop, quitte àessuyer ses reproches. Au bout dequatre ou cinq mois, elle s’est renduecompte qu’elle ne pouvait même pascompter sur ses fameuses amiesavec un grand A, et elle a cessé deles fréquenter ».

(25,6 % vs 12,0 %). Il en est de même pourceux qui déclarent au moins une ivresseau cours de leur vie (26,7 % vs 10,6 %).Les fumeurs réguliers sont significativementplus nombreux à déclarer avoir pris au moinsun risque dans l’année (25,6 % vs 11,9 %).Cette tendance est aussi retrouvée chez lesfumeurs de cannabis (question posée auxjeunes de 15 ans et plus), qu’ils soient con-sommateurs (une fois au cours de la vie :30,2 % vs 12,9 %) ou consommateurs plusréguliers (dix fois ou plus dans la vie : 36,8 %vs 14,6 %). Ces résultats restent vrais lors-que l’on tient compte de l’âge et du sexe.En se référant à l’échelle de qualité de viede Duke, les jeunes qui ont pris un risqueau cours des trente derniers jours présen-tent des scores de santé physique (73,5vs 78,6) et de santé mentale (65,6 vs 70,9)significativement inférieurs à ceux des autresjeunes. Ce résultat reste vrai lorsque l’ontient compte de l’âge et du sexe. En revan-che, le score de santé sociale n’apparaîtpas comme un facteur discriminant.En complément, il est important de rappe-ler les résultats obtenus précédemment pource qui concerne les actes de violence agieou subie. Ils montraient que les jeunes dé-clarant avoir pris un risque par plaisir oupar défi sont plus nombreux à déclarer avoirété frappés ou blessés physiquement par

quelqu’un ou par un groupe de personnes(32,6 % vs 13,6 %) ou à s’être fait racket-ter (26,8 % vs 14,8 %). Parallèlement, ilsont déclaré plus souvent avoir eux-mêmesfrappé ou blessé physiquement quelqu’un(38,1 % vs 13,2 %).De même, si l’on se réfère au chapitreAccidents, on peut constater que les jeu-nes qui ont pris un risque au cours du moisprécédant sont plus nombreux que les autresà déclarer avoir eu au moins un accidentdans l’année (22,6 % vs 13,1 %).

Conduite d’essai etnon-respect de la loiOn observe qu’un tiers des preneurs de ris-que (33,9 %) a déclaré avoir enfreint la loiau sens général du terme (parentale, sco-laire ou juridique). Ce pourcentage n’est pasnégligeable compte tenu de la méthodolo-gie utilisée pour cette enquête (par télé-phone, au domicile avec éventuellement laprésence des parents) et augmente avecl’âge (Figure 13).Les situations de non-respect de la loi ausens juridique sont fort diverses. Elles re-couvrent aussi bien les infractions au codede la route ( « ne pas trop respecter le codede la route en voiture », « faire de la motosans casque », « conduire une voiture sans

Brigitte, mère de deux filles de 15 et 17 ans

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Violence, suicide et conduites d’essai

236 Baromètre santé jeunes 97/98

avoir le permis », « griller plusieurs feux rou-ges à vélo »), la consommation de droguesillicites (« fumer du shit »), les rapports con-flictuels avec les représentants de l’ordre(« se faire arrêter par la police parce quenous sortions d’une usine désaffectée », « j’aiinsulté un keuf qui était venu nous « em-merder » alors que nous étions avec mescopains sur la place ») et le vol ou ses équi-valents (« vol à l’étalage », « accompagnerdes copains au supermarché et être com-plice de vols de maquillage », « échangeillégal de disques », « un vol de matérielbureautique », « voler un yaourt au self »).D’autres ont déclaré que dans le mois pré-cédant l’enquête, ils avaient désobéi à la« loi », implicite ou explicite, fixée par lesparents. Il s’agit alors souvent « d’infrac-tions » au contrôle des horaires et des lieuxde déplacement (« j’ai menti à ma mère, jelui ai dit que j’allais voir ma tante et en faitje suis allée au café », « rentrer après l’heureimposée par les parents », « je suis allée àParis sans l’accord parental ») ou du clas-sique « jeu » autour du bulletin scolaire (« ca-ché mon bulletin scolaire »). L’infraction peutporter aussi directement sur les lois et rè-gles établies par l’école rejoignant parfoisles infractions à la loi civile (« sécher uncours », « répondre aux profs », « au col-lège, dessiner sur les tables », « on a dé-foncé les murs de l’école à coup de piedset on s’est fait virer »).Ce type de risque (qui entraîne un irrespectde la loi) n’est pas différent selon le sexe(respectivement 34,3 % des garçons vs33,2 % des filles), mais augmente avec l’âge.

Conduite d’essai en rapportavec un véhicule motoriséPour plus d’un jeune « preneur de risque »sur dix (14,0 %), le risque est en lien avecun véhicule motorisé : « prendre l’autorouteen sens inverse », « conduire sans permis »,« faire une course de mobylettes », « unepartie de course en voiture avec des co-pains », « conduire alors que j’étais émé-ché », « j’ai conduit mon scooter alors quej’avais bu de l’alcool et fumé un joint ». Les

garçons sont plus nombreux que les fillesà déclarer être dans ce cas (17,1 % vs7,9 %). Ce type de risque est de plus enrelation linéaire avec l’âge, comme le mon-tre la Figure 14.

Figure 14

Jeunes ayant pris des risques aucours du mois précédent l’enquêteavec un véhicule motorisé, selonl’âge (en pourcentage ; base jeunesayant pris un risque « par plaisir oupar défi »)

0

5

10

15

20

25

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

2,2

8,9

12,4

22,3

Figure 13

Jeunes qui enfreignent une « loi »selon l’âge (en pourcentage ; basejeunes ayant pris un risque « parplaisir ou par défi »)

0

10

20

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

17,2

26,2

34,7

43,9

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Violence, suicide et conduites d’essai

237Baromètre santé jeunes 97/98

L’effectif relativement faible ne permet pasd’effectuer d’autres analyses. Cependant,de manière complémentaire, une questiona permis de connaître la proportion de jeu-nes à qui il arrive de ne pas mettre leurcasque (en moto, mobylette et scooter) ouleur ceinture de sécurité en voiture (à l’avantou à l’arrière). Parmi les jeunes ayant faitde la moto, de la mobylette ou du scooterau cours des douze derniers mois (38 %de l’échantillon), 8,6 % n’ont pas porté uncasque la dernière fois qu’ils en ont fait,cette donnée ne variant pas selon le sexeet l’âge du répondant.De plus, 4,2 % des jeunes interrogés dé-clarent ne pas avoir mis leur ceinture desécurité la dernière fois qu’ils sont montésà l’avant d’une voiture et 34,5 % la dernièrefois qu’ils étaient à l’arrière d’une voiture,les garçons et les jeunes plus âgés étantplus souvent dans ce cas.

Les conduitessuicidaires

Le suicide est souvent abordé dans lesenquêtes auprès des jeunes en raison d’unemortalité élevée : première cause de mor-talité chez les 25-34 ans et deuxième chezles 15-24 ans.Cependant, le suicide comme objet d’étudeest difficile à définir. Cette enquête décla-rative explore trois dimensions de cettequestion sensible :– Dans un premier lieu, tout ce qui con-cerne la pensée du suicide (idéation suici-daire) n’est pas nécessairement en rapportdirect avec une tentative de suicide. Elleconstitue une première approche : penserà la mort et explorer les limites de la viesont chose plus « banale » à l’adolescencequ’à d’autres périodes de la vie, sans qu’unpassage à l’acte suicidaire soit nécessai-rement envisagé. Pourtant, il existe (voireles résultats ci-après) une réelle continuitéentre le fait d’avoir pensé au suicide au cours

des douze derniers mois (comme explorédans ce Baromètre) et la tentative suicidaire.– Entre ces deux extrêmes, se situe l’idéede déclarer avoir fait « un plan précis pourse suicider ». Un adolescent ayant réfléchià ce type de plan ne se situe plus dans ledomaine de la rêverie fantasmatique, maisenvisage plus encore le suicide au niveaud’une mise en acte possible.– La tentative de suicide au cours de lavie a aussi été explorée (le terme de jeu-nes « suicidants » a été employé). C’est bienentendu le jeune lui-même qui déclare avoirou non tenté de se suicider, selon la ma-nière dont il l’entend. Certaines tentativesde suicide passent ainsi inaperçues de l’en-tourage, alors que d’autres donnent lieu àune hospitalisation (question posée). Pourexplorer le contexte de la dernière tenta-tive de suicide, il a paru important de pré-ciser la valeur d’appel au dialogue (la der-nière tentative de suicide a-t-elle donné lieuà l’amorce d’une parole à un proche) ou dedemande de soin d’un tel acte (y a-t-il eu unsuivi ?).L’aspect éthique de l’abord de ce type dequestion a été soulevé au moment de l’éla-boration du questionnaire, aussi a-t-il étédécidé de ne l’aborder qu’avec les 15 anset plus. En outre, la consigne a été donnéeaux enquêteurs d’être particulièrement at-tentifs et empathiques vis-à-vis des jeunesayant un profil suicidaire et de leur fournir,le cas échéant, le numéro du téléphoneportable de deux membres de l’équipe —médecin et psychologue — avec la possi-bilité de les joindre à toute heure. Les jeu-nes concernés par cette éventualité ne l’ont,en fait, pas utilisée.

Avoir pensé au suicide

Au cours des douze derniers mois, 10,5 %des 15-19 ans ont « pensé au suicide »(7,5 % de garçons et 13,7 % de filles). Lefait d’avoir pensé au suicide ne varie pasde manière significative selon l’âge.Le chiffre avancé par l’unité 472 de l’Insermpour ce qui concerne les idées suicidaireschez les 11-19 ans en milieu scolaire [2]

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Violence, suicide et conduites d’essai

238 Baromètre santé jeunes 97/98

« Il n’y a pas très longtemps, j’ai eudes idées de suicide. Je suis trèscomplexée. Dans ma classe,chaque jour et par toutes sortes depetites réflexions méchantes, onme fait ressentir que je ne suispas dans les normes de la beauté.Peut-être parce que j’ai deslunettes et que je suis un peuronde. Déjà que je ne me trouvepas jolie, les autres en rajoutentencore. Et la mort de mon grand-père n’a fait qu’aggraver leschoses. Je me suis sentie vraimenttrop triste, j’en avais marre detout, je me disais que je n’arrive-rais pas à supporter tout ça. Leplus dur, c’est que je n’avaispersonne à qui en parler. Pas devraie copine et quant à ma mère,je ne lui fais pas confiance. Ce queje vis, ce qui m’arrive, elle n’a pasà le savoir. Parfois je me laissealler à lui dire des choses et dansune discussion avec des gens, celalui échappe et tout le monde est aucourant. J’ai l’impression d’êtretrahie. Non, j’étais vraiment touteseule. Si je ne suis pas passée àl’acte, c’est peut-être que finale-ment j’aime bien la vie… »

est nettement plus élevé que ceux de cetteenquête, alors qu’il concerne des 11-19 ans(23,4 % des jeunes ayant pensé au suicide).Le libellé de la question semble légèrementdifférent. Alors que le Baromètre santé jeu-nes pose la question sur la période desdouze derniers mois avec deux seulesmodalités de réponses possibles (« oui »ou « non »), l’enquête de 1993 [2] posaitla questions des idées suicidaires avec qua-tre modalités : « très souvent », « assezsouvent », « rarement » ou « jamais ». Leregroupement des modalités « assez sou-vent » et « très souvent » de cette enquête

passée correspond peu ou prou (9 %) à laréponse « oui » de notre enquête. Est-ce àdire que les jeunes ayant répondu « rare-ment » à l’enquête 1993 [2] seraient plu-tôt tentés de déclarer « non » s’il n’avaientle choix qu’entre deux modalités ? En de-hors de cette affirmation hypothétique, ilest possible d’évoquer le biais de sous-dé-claration lié au média téléphonique pour cer-taines questions sensibles (cf. questionssur la violence sexuelle). Cependant, en cequi concerne toutes les questions liées ausuicide (idéation et tentative de suicide), ilne semble pas que le fait que le jeune soitseul ou non pendant la communication té-léphonique ait eu quelque influence sur sesréponses (cf. chapitre Introduction et mé-thodologie).L’idéation suicidaire s’est révélée différenteselon la structure familiale rencontrée. Lesjeunes issus de familles monoparentales(12,9 %) ou recomposées (16,7 %) ont plussouvent pensé au suicide que ceux habi-tant avec leurs deux parents (9,4 %). Lechômage de la mère, voire l’absence d’unefigure maternelle à la maison (mère ou belle-mère), sont en relation avec les penséessuicidaires.Les jeunes ayant pensé au suicide décla-rent deux fois plus souvent avoir subi desviolences physiques au cours des douzederniers mois (16,7 % vs 8,2 % pour le restede la population des 15-19 ans) et aussi àavoir été acteurs de violence (12,1 % vs8,4 %), à avoir eu des rapports sexuelsforcés au cours de leur vie (7,4 % (effectiffaible ; n=21) vs 1,5 % pour les autres). Ilsont d’ailleurs plus souvent sexuellementactifs (60,6 % vs 47,2 %). Ils déclarent aussiplus fréquemment avoir pris certains ris-ques (au cours du dernier mois) par plaisirou par défi (33,5 % vs 15,9 %). Ils ont eu,en moyenne, plus d’accidents au cours desdouze derniers mois.

Les idées suicidaires sont aussi reliées d’unemanière nette avec le dialogue instauré àl’intérieur ou en dehors de la famille :– plus les adolescents se déclarent êtreobjets d’estime et d’écoute de la part de

Mélanie, élève de troisième

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Violence, suicide et conduites d’essai

239Baromètre santé jeunes 97/98

Vos parentsécoutent vos idées

Vos parentsvous félicitent

Jamais

Parfois

Assez souvent

Très souvent 6,2

7,2

13,1

23,1

8,6

8,3

16,3

17,1

Figure 15

Jeunes ayant eu des idées suicidaires selonla perception de l’estime parentale (enpourcentage)

Figure 16

Jeunes ayant des pensées suicidai-res selon le statut tabagique (enpourcentage)

0 5 10 15 20 25

Fumeurs réguliers(20 cig. et plus)

Fumeurs réguliers(moins de 20 cig.)

Fumeursoccasionnels

Non-fumeurs

18,5

15,2

7,3

8,9

1. Se faire vomir volontairement, redouter de commen-cer à manger de peur de ne pas pouvoir s’arrêter, man-ger en cachette.

leurs parents (« vos parents vous félicitent »et « vos parents écoutent vos idées et vosopinions »), moins ils ont d’idées suicidai-res (Figure 15) ;– les jeunes ayant le sentiment d’un cer-tain manque de cohérence parentale (« vosparents oublient vite un règlement qu’ils ontétabli ») déclarent plus souvent penser ausuicide que les autres ;– les jeunes ayant des difficultés à parlerà leur père, leur mère, un frère ou une sœurou même un professeur en cas de difficul-tés ont plus souvent des idées suicidaires.

En ce qui concerne les comportements desanté :– ceux qui déclarent avoir pensé au sui-cide sont plus souvent fumeurs et le pour-centage d’adolescents ayant des penséessuicidaires est en relation directe avec lestatut tabagique (Figure 16) ;– ils sont plus nombreux à déclarer boirede l’alcool. Pour les alcools forts et mis àpart les consommateurs journaliers (n=2),le pourcentage de jeunes ayant pensé ausuicide décroît avec la périodicité de con-sommation (respectivement 22,4 %, 15,5 %,15,0 %, 11,0 % et 7,4 % pour les périodi-cités suivantes : plusieurs fois par semaine,une fois par semaine, une fois par mois,moins souvent et jamais). De plus, les jeu-nes ayant des idées en rapport avec lesuicide déclarent avoir eu presque deux foisplus d’ivresses au cours des douze derniersmois que les autres (2,5 vs 1,4) ;– les 15-19 ans ayant pensé au suicide sontplus nombreux à affirmer avoir consommédu cannabis au cours de l’année.Le fait de penser au suicide est très corréléavec la fréquence de certains troubles ducomportement alimentaire1 au cours desdouze derniers mois. De plus, si le fait depenser au suicide n’est pas en relation avecles classes d’indice de masse corporelle(calculées directement à partir de la tailleet du poids), il est fortement relié au senti-

ment « subjectif » de se trouver trop grosou trop maigre.Ces jeunes ayant des idées suicidairesdéclarent plus souvent avoir consommé desmédicaments au cours du dernier mois etavoir vu un généraliste (4,8 fois dans l’an-née vs 3,4 pour les autres), un psychiatre,un psychologue ou un psychanalyste (2,4fois en moyenne dans l’année vs 0,3 foispour les autres). Seulement 18,8 % d’en-tre eux ont vu au moins une fois cette der-nière catégorie d’intervenants vs 3,4 % chezles autres jeunes.

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Violence, suicide et conduites d’essai

240 Baromètre santé jeunes 97/98

1. Le « coping » est défini comme l’ensemble des ac-tions et des cognitions qui permettent de tolérer ou d’évi-ter ou de minimiser l’effet du stress.

Parler des pensées suicidaires

Parmi ceux qui déclarent avoir pensé ausuicide, un peu moins de la moitié (45,1 %)en a parlé à quelqu’un. Cette attitude n’estreliée ni au sexe, ni à l’âge, mais est moinsmarquée chez les jeunes demeurant avecleurs deux parents (41,1 %), que chez lesenfants de familles monoparentales ou re-composées (63,8 % et 46,4 % respective-ment). La pensée du suicide, si elle est plusrépandue chez ces derniers, paraît néan-moins avoir plus ici une valeur d’appel audialogue avec les adultes.Les stratégies de coping1 élaborées en casde difficulté par les jeunes (en cas de con-flit avec un ami) ont été examinées de fa-çon plus précise. Par comparaison avecles autres jeunes ayant eu des penséessuicidaires, ceux qui ont pu parler de leurspensées suicidaires avec quelqu’un décla-rent aussi avoir des attitudes de copingfaisant appel à l’expression des sentimentset au recours à une personne ressourceextérieure : en parler à d’autres pour avoirun avis, raconter ce que l’on ressent à unami et chercher du réconfort auprès de lafamille ou d’un d’adulte.

Un projet précis

1,3 % des jeunes affirment avoir eu « unprojet précis pour se suicider » (2,1 % defilles vs 0,5 % de garçons ; environ 12 %de ceux qui ont pensé au suicide), les ef-fectifs sont ici trop faibles pour « croiser »cette attitude avec certains variables so-ciodémographiques.

Les suicidants ou ex-suicidants

Au cours de la vie, 3,7 % des jeunes inter-rogés déclarent avoir effectué une tenta-tive de suicide (2,1 % des garçons et 5,4 %des filles).L’enquête Inserm 1993 [2] donnait un chif-

fre un peu supérieur (6,5 %) pour les 11-19ans scolarisés. Les mêmes remarques queplus haut peuvent être faites quant à cer-taines interprétations de cet état de fait.En tenant compte de la fréquence d’hospi-talisation (plus du tiers de l’échantillon vs20 % pour l’enquête Inserm [2]), le pour-centage de suicidants déclarant avoir étéhospitalisés est à peu près identique dansles deux enquêtes. De plus, le chiffre avancé,dans l’enquête 1993 [2], du nombre desuicidants déclarés chez les 11-13 ans paraîtélevé (2 % chez les garçons et 6 % pourles filles). Il est possible d’évoquer des ef-fets de contamination dans des enquêtesscolaires en « grappes » avec passation desquestionnaire par classe.Parmi les suicidants, 57,6 % ont pensé ausuicide au cours des douze derniers moisvs 8,7 % dans le reste de cette tranched’âge. En considérant l’année de la tenta-tive de suicide, il est possible de remar-quer que si, logiquement, les suicidants del’année (1997) ont plus souvent pensé ausuicide que les autres au cours des douzederniers mois, cela est vrai aussi pour lessuicidants des années précédentes (respec-tivement 76,0 % et 43,1 % des jeunes dontla tentative de suicide s’est situé en 1996ou avant 1995 ont pensé au suicide au coursdes douze derniers mois vs 8,8 % chez lereste des jeunes).La fréquence des tentatives de suicide aucours de la vie déclarées varie selon l’âge,sans que cette évolution soit linéaire. Lesjeunes au chômage déclarent quatre foisplus souvent avoir effectué une tentativede suicide (16,4 % vs 4,3 % pour les autres),ainsi que ceux qui sont hors du circuit sco-laire (6,1 % vs 3,4 %).Les jeunes issus de familles recomposéesdéclarent plus souvent une tentative desuicide (8,0 %) que ceux d’autres types defamilles (monoparentale : 2,5 % ; jeune vi-vant avec ses parents de naissance (oud’adoption) : 3,3 %). Les suicidants ont enfinplus souvent redoublé au moins une foisau cours de leur vie scolaire.Les jeunes suicidants déclarent plus sou-vent avoir été frappés ou blessés au cours

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Violence, suicide et conduites d’essai

241Baromètre santé jeunes 97/98

Très ouassez souvent

Parfois oujamais

Oublient viteun règlement

Écoutent vos idées

Vous disent àquelle heure rentrer

Vous félicitent

Veulent savoiroù vous en êtes

3,3

2,2

3,5

4,8

5,6

5,6

4,0

3,3

2,9 6,3

Figure 17

Jeunes suicidants selon certaines attitudesparentales (en pourcentage)

0 42 6 8 10

Obèses10e décile

Normaux supérieurs5e au 9e décile

Normaux inférieurs2e au 4e décile

Maigrespremier décile

8,1

3,1

3,3

5,5

Figure 18

Suicidants selon l’indice de massecorporelle (en pourcentage)

1. Effectifs faibles. Indice de masse corporelle =taille/poids2. Les déciles sont déterminés à partir de va-leurs de référence sur la population française fournie parl’unité 290 de l’Inserm.

de l’année écoulée (16,0 % vs 8,8 % pourles autres) et avoir subi des rapports sexuelsforcés au cours de la vie (15,0 % (effectiffaible : n=15) — 13,3 % des garçons et15,7 % des filles — vs 1,7 % — 1,0 % desgarçons et 2,4 % des filles — pour lesautres). Par ailleurs, ces jeunes sont plusnombreux à être sexuellement actifs (73,3 %ont déjà eu des relations sexuelles contre47,6 % pour les autres) et ont eu leur pre-mier rapport plus précocement. Les jeu-nes filles « suicidantes » ont beaucoup plussouvent déclaré avoir été enceinte au coursde leur vie (15,5 % vs 2,0 % pour les autres).Tous ces résultats restent vrais en tenantcompte de l’âge et du sexe.Comme pour l’idéation suicidaire, les ten-tatives de suicides sont en relation avec ledialogue instauré à l’intérieur ou en dehorsde la famille (Figure 17). Les adolescentsqui se déclarent objets d’estime et d’écoutede la part de leurs parents (« vos parentsvous félicitent » et « vos parents écoutentvos idées et vos opinions ») ont moins sou-vent fait de tentatives de suicide, ainsi queles jeunes dont les parents veulent savoiroù ils sont. Ces différences restent vraiesen tenant compte de l’âge et du sexe. Pourles autres questions liées au contrôle pa-rental (« vous disent à quelle heure rentrer »et « oublient vite un règlement qu’ils ontétabli »), la différence n’est pas significa-tive.Comme pour les pensées suicidaires, lestentatives de suicide sont reliées d’unemanière très significative avec certains trou-bles alimentaires (se faire vomir volontai-rement, redouter de commencer à mangerde peur de ne pas pouvoir s’arrêter, man-ger en cachette). Contrairement à ceux quidéclarent avoir des pensées suicidaires, lesjeunes ayant fait des tentatives de suicidese situent plus souvent aux extrêmes de lacourbe d’indice de masse corporelle1 (Fi-gure 18).En ce qui concerne les comportements de

santé déclarés et ce, en tenant compte del’âge et du sexe :– les jeunes « suicidants » ont plus souventfait — pour le plaisir ou par défi — quel-que chose de risqué ou de dangereux aucours des trente derniers jours ;– le pourcentage de suicidants augmenteavec le statut tabagique de l’adolescent(effectifs faibles) (Figure 19) ;– ils ont plus souvent déjà été ivres au coursde la vie (72,9 % vs 45,7 % pour les autres) ;– 40,6 % ont consommé du haschich dixfois ou plus au cours de leur vie vs 13,3 %

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Violence, suicide et conduites d’essai

242 Baromètre santé jeunes 97/98

« L’année dernière, ma fille s’étaitmis en tête de devenir danseuseétoile. Pendant un an, elle a faiténormément de danse, le soir à lasortie du collège, le mercredi, leweek-end. C’était très fatiguantphysiquement, mais elle était ravie.Cette année, à l’entrée en seconde,elle a du abandonner cette activité :elle avait trop de travail au lycée.Depuis, elle n’a pas le moral, elletourne en rond et récemment j’aitrouvé des dessins où elle a repré-senté des jeunes filles évanescentes,couvertes de voiles, qui s’étaient

ouvert les veines. Plusieurs fois, ellem’a dit qu’elle allait se suicider, quesa vie était nulle, qu’elle était maldans sa peau. C’est très inquiétantpour les parents d’entendre ce genrede discours, même si au fond je suisrassurée qu’elle se confie à moi. Jecrois effectivement que sa vie n’estpas drôle et ne correspond peut-êtrepas à ses aspirations. Mais que faire?Je ne peux pas lui laisser abandonnerses études, sachant qu’elle a unechance sur mille de devenir danseuseétoile… »

Figure 19

Suicidants selon le statut tabagique(en pourcentage)

0 5 10 15 20 25

Fumeurs réguliers(20 cig. et plus)

Fumeurs réguliers(moins de 20 cig.)

Fumeursoccasionnels

Non-fumeurs

6,9

3,8

1,4

18,51. Ils ont plus souvent été hospitalisés et auraient donceu, au départ, une détresse psychologique plus marquée.

pour le reste des 15-19 ans et ont com-mencé à un âge en moyenne plus précoceque les autres (15,4 ans vs 16,0 ans).– ils ont plus souvent consommé des mé-dicaments pour dormir, contre la nervositéou la douleur, que les autres jeunes et sou-vent consulté un professionnel de l’aidepsychologique au cours des douze derniersmois (26,0 % vs 4,1 % pour les autres).

Le contexte de la dernièretentativeParmi les « suicidants », 70,3 % ont effec-tué une seule tentative, 19,7 % deux et

10,0 % trois ou plus. Le nombre de tentati-ves de suicide déclarées ne diffère pas chezles garçons et les filles.Les deux tiers des tentatives (69,9 %) onteu lieu au cours des trois dernières années.À la suite de la dernière tentative, 32,8 %des sujets ont été hospitalisés, 36,5 % ontété suivis par un médecin ou un professionnelde l’aide psychologique et 59,1 % en ontparlé avec une autre personne. Les jeunesdont la dernière tentative a été suivie d’unehospitalisation ont une qualité de vie moin-dre, notamment pour ce qui concerne ladépression et la santé mentale : l’hospitali-sation est très certainement un indice degravité. D’ailleurs, ces jeunes ont plus sou-vent été suivis par un médecin ou un « psy »que les non-hospitalisés (60,6 % vs 25,0 %).Cet état de fait explique probablement enpartie que ceux qui ont été suivis n’ont pasglobalement de meilleure qualité de viedéclarée que les autres1. Les jeunes quiont pu en parler à une autre personne ontun score d’anxiété (profil de santé de Duke)« meilleur » que les autres. Ils sont plusnombreux parmi ceux qui ont été suivis parun professionnel de santé. Une hypothèseserait que la sollicitation d’un profession-

France, maman de trois enfants de 16, 19 et 21 ans

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Violence, suicide et conduites d’essai

243Baromètre santé jeunes 97/98

1. Les « stratégies de coping » — coping strategy —désignent les modalités de lutte contre les événementsstressants.

nel permettrait d’instaurer ou de renouve-ler dans un second temps le dialogue avecles proches. Une autre hypothèse, qui n’ex-clut pas la première, serait que les deuxtypes de démarches — demande d’aideauprès d’un professionnel et appel à l’en-tourage — s’inscriraient dans la même « stra-tégie de coping »1 qui privilégierait le re-cours à l’appui extérieur.

Analyse et synthèse

Le sexe

Qu’il s’agisse de violence physique subieou agie, il y a une nette prédominancemasculine pour ces phénomènes, y com-pris en ce qui concerne le racket. Parmiles victimes de violence, les filles décla-rent plus souvent avoir été agressées parune seule personne. À l’inverse, les gar-çons signalent plus souvent une agressionde groupe.Parmi les 15 ans et plus qui ont déclaréavoir été victimes de rapports sexuels for-cés, les filles sont plus nombreuses queles garçons, même si ces derniers sontplus de 1 %.Les filles sont aussi plus souvent deman-deuses d’informations sur la violence.Les garçons sont deux fois plus nombreuxà déclarer avoir pris des risques par plai-sir ou par défi au cours des trente derniersjours.L’idéation suicidaire et les tentatives desuicides déclarées concernent beaucoupplus souvent les adolescentes, alors quela mortalité par suicide en France, à cetâge comme aux autres, est nettementmarquée par une prédominance masculine.

L’âge

Pour la tranche d’âge 12-19 ans, il est ànoter que quel que soit le sexe, ce com-

portement de violence subie ou agie, ainsique le racket, sont plus fréquents chez les15 ans et plus.La demande d’information sur la violencedemeure importante chez les jeunes jus-qu’à l’âge de 17 ans, elle décline ensuite.La prise de risque « par plaisir ou par défi »est un comportement déclaré qui augmentesignificativement avec l’âge. Les tentativesde suicide déclarées, quant à elles, concer-nent nettement plus les jeunes de 17 ans.

Autres caractéristiques

Plus les jeunes vivent dans des zones d’ha-bitation urbanisées, plus ils sont nombreuxà signaler des agressions subies ou agies,avoir été victime de racket et avoir « prisun risque par plaisir ou par défi ». La situa-tion familiale est aussi un facteur très dis-criminant. Les jeunes vivant avec leurs deuxparents de naissance (ou d’adoption) sontmoins nombreux à avoir déclaré des actesde violence (agie ou subie), à avoir été enproie à l’idéation suicidaire ou à avoir faitune tentative de suicide.Les prises de risque semblent aussi êtremoins importantes chez les jeunes qui vi-vent avec leurs parents de naissance (oud’adoption).Les consommateurs de substances psy-choactives licites ou illicites sont plus sou-vent acteurs ou victimes de violence (ycompris d’agressions sexuelles pour lesvictimes). De même, la prise de risque estaussi fortement liée à la consommation desubstances psychoactives, ainsi que le faitd’avoir eu des pensées suicidaires ou d’avoirtenté de se suicider.Les victimes comme les acteurs de violencese déclarent plus souvent être en moinsbonne santé physique et mentale que lesautres ; ceci est aussi constaté pour lesjeunes victimes de violence sexuelle, ceuxqui ont été preneurs de risques et pour les15-19 ans ayant pensé au suicide ou ayantdéjà effectué une tentative suicidaire.

Toutes les questions concernant l’autoagres-sion, l’hétéroagression et les comportements

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Violence, suicide et conduites d’essai

244 Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau VI

Relations significatives et positives entre les différents contacts avec le risque (une H estindiquée au croisement entre une ligne et une colonne si les deux comportementsconcernés sont significativement corrélés)

Acteur Avoir pris Accidentc Victime Victime Avoir subi Suicidantse

de un risqueb de racketc de « un rapportviolencea, c violencec, d sexuel forcé »e

Acteur de violencea, c - ★ ★ ★ ★Avoir pris un risqueb ★ - ★ ★ ★ ★ ★

Accidentc ★ ★ - ★ ★ ★Victime de racketc ★ ★ ★ - ★

Victime de violencec, d ★ ★ ★ ★ - ★ ★Avoir subi « unrapport sexuel forcé »e ★ ★ ★ - ★Suicidantse ★ ★ ★ -

a. « Avoir frappé ou blessé quelqu’un ». b. au cours du dernier mois (par plaisir ou par défi). c. au cours des douze derniersmois. d. « frappé ou blessé ». e. au cours de la vie.

d’essais et de prise de risque sont, commeprécisé en introduction, très corrélées en-tre elles.Le Tableau VI résume les interrelations si-gnificatives et positives entre ces différen-tes variables (la question de l’accident aucours de la vie a été ajoutée, même si cepoint particulier est abordé dans un autrechapitre).Les adolescents acteurs de violence ou ayantpris un risque « par plaisir ou par défi » sontaussi plus souvent victimes d’actes violents(ainsi les jeunes ayant frappé ou blessé sontplus souvent rackettés et victimes de vio-lence physique que les autres). Certains évé-nements, comme la tentative de suicide etle fait d’avoir été victime de violences sexuel-les, s’inscrivent plus logiquement dans uneperspective de « victimisation » (ces ado-lescents ne sont pas plus que les autresacteurs de violences physiques).

1. Windle M. Substance use, risky behaviors,and victimization among a US national adoles-cent sample. Addiction 1994 ; 89 : 175-82.

2. Choquet M., Ledoux S. Adolescents. Enquêtenationale. Paris : Inserm, 1994 : 346 p.

références bibliographiques

Cependant, la période sur laquelle portel’interrogation n’est pas la même pour cha-cun de ces comportements relatifs à la prisede risque et à la violence. Les événementsayant eu lieu au cours de la vie peuvent eneffet s’être déroulés dans un passé relati-vement lointain pour le jeune (tentative desuicide deux ou trois ans auparavant ouviolences sexuelles dans l’enfance), alorsque le risque pris « par plaisir ou par défi »se situe, en revanche, dans le dernier mois.Il n’est donc pas possible d’évoquer unecausalité reliant ces événements. Il est pré-férable de parler d’un contexte de renfor-cement circulaire, dans lequel la victimisationou la violence (agie ou subie) passée créeune fragilité actuelle par rapport à une vio-lence actuelle (agies ou subie) restant deplus en relation avec un contexte familialet social n’ayant pas toujours évolué au coursdu temps.

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245

the key facts in a few figures…

Violent acts suffered and committed7.8% of young people report that theyhave been hit or physically injured dur-ing the last twelve months.Acts of physical violence against anotherare reported by 8% of 12-19 year olds.Boys are more often violent than girlsand this behaviour increases with age.These acts of aggression towards othersare related to a number of socio-demo-graphic variables (living in an urban areawith a population of more than 20,000,living in a reconstituted or single parentfamily, being in a home where the headof household is economically inactive)and certain risk behaviours (“having takena risk for fun or as a dare”) during thelast month, smoking regularly, consum-ing alcohol, having been inebriated, takingcannabis). More young people in less thangood physical and mental health (Dukeprofile scores) also come into this category.3.0% of young people aged 12-19 havebeen beaten up during the last twelvemonths. In three quarters of cases(74.8%) they were attacked by a group.This phenomenon is more often urban.0.2% of 12-19 year olds state they havebeaten someone up in the last twelvemonths.

Violence, suicideand risk behaviours

Marie-Pierre Janvrin, Jacques Arènes, Philippe Guilbert

Victims of sexual assault2.2% of young people aged 15 and overreport having been the victim of a sexualassault at least once in their life (3.1%of girls and 1.2% of boys).

Demand for information aboutviolenceIn the course of the twelve months pre-ceding the survey, more than one youngperson in two (55.2%) report having hadan information or discussion session heldat school (in or out of normal lesson time)on the subject of violence. Almost threequarters of 12-19 year olds (73.4%)would like information on this subjectto be provided at school (questions putto school students).

Risk behaviour15.1% of young people state they havedone something potentially dangerousfor fun or for a dare during the last twelvemonths. Twice as many boys as girls saythey have taken risks (19.4% v 10.7%).This behaviour increases significantly withage.

Suicidal thoughts10.5% of 15-19 year olds have thought

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about suicide in the course of the lasttwelve months (7.5% of boys and 13.7%of girls). They are more often youngpeople not living with their birth or adop-tive parents and they feel their parentslisten to them less than other youngpeople do. Young people who have sui-cidal thoughts have more marked psy-choactive substance consumptionbehaviour (tobacco, alcohol, illegal sub-stances), have more often been the vic-tim of violence (including sexual assault)and have more frequently taken “a risk”for fun or for a dare within the last month.Finally, forming ideas of suicide is stronglycorrelated with eating disorders. Morethan half (45.1%) of these young peoplehave talked to someone about their prob-lems. Moreover, 1.3% of 15-19 year oldshave, during the course of the year, madea specific plan to commit suicide.

Suicide attemptsDuring their life, 3.7% of those aged 15and over have made one suicide attempt(2.1% of boys and 5.4% of girls). Theyare most often unemployed, from singleparent or reconstituted families and havehad to repeat a school year at least once.A profile is also found which includesinterest in the consumption of alcohol,tobacco or cannabis and a high incidenceof having suffered violent assault as inyoung people who have thought aboutsuicide.70.3% of “attempted suicides” have madeone attempt, 19.7% two and 10.0% threeor more. Two thirds of attempts took placewithin the last three years. Following thelast attempt, 32.8% were admitted tohospital, 36.5% were monitored by adoctor or a psychological counsellingspecialist and 59.1% talked about it tosomeone else.

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l’essentiel en quelques chiffres…

Perception du risque d’accidentsLes accidents de la circulation constituentla crainte majeure des jeunes âgés de 12à 19 ans, les autres types de traumatis-mes étant cités plus rarement. Les ado-lescents qui craignent le plus les accidentssont ceux qui en ont été le plus victi-mes.

La fréquence des accidentsPlus d’un jeune sur cinq (21,0 %) dé-clarent avoir été victimes d’au moins unaccident (au cours des douze derniersmois) ayant nécessité une interventionmédicale, c’est-à-dire 1,4 million d’ado-lescents de 12 à 19 ans résidant en France.Le nombre moyen d’accidents par an estde 1,44 parmi les enfants accidentés. Cesderniers sont plus fréquents chez les gar-çons que chez les filles et c’est entre 14et 17 ans qu’ils sont à leur maximumparmi la population masculine.

Les types d’accidentsCe sont les accidents de sport et de loi-sirs (en dehors du vélo) qui constituentplus de la moitié des traumatismes(52,5 %). Ensuite, viennent les accidentsde deux-roues à moteur (12,1 %), puisles accidents domestiques (7,6 %), les

accidents scolaires arrivant en quatrièmeposition (7,4 %), juste avant le vélo(7,0 %).

Le profil du jeune accidentéC’est un garçon qui a entre 14 et 17 anshabitant plutôt en ville dans un milieufamilial où le chômage est présent. C’estaussi un adolescent qui a un réseau so-cial plutôt développé et qui consommedavantage que les autres de l’alcool oudu haschich. Il a une certaine consciencedes risques d’accidents pour sa proprepersonne.

Accidents

Marie-Pierre Janvrin, François Baudier

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Accidents

253Baromètre santé jeunes 97/98

Dès le plus jeune âge et durant toute l’ado-lescence, les enfants sont victimes de nom-breux accidents, que ce soit de la vie cou-rante (domestiques, sport et de loisirs, àl’école) ou de la circulation. C’est la pre-mière cause de mortalité chez les jeunes :en 1996, plus de la moitié (52,2 %) de l’en-semble des décès pour la classe d’âge des10-19 ans étaient liés à des traumatismesou des empoisonnements (hors suicides ethomicides). Cet important problème de santépublique ne se limite pas aux décès qui nesont que la partie visible de l’iceberg. Lafréquence des blessures, des hospitalisa-tions et des handicaps est aussi très éle-vée à cette période de la vie. Le nombrede personnes (tout âge) victimes d’un ac-cident de la vie courante est estimé à plusde 5,5 millions par an [1]. Les pourcenta-ges d’hospitalisations consécutives à desviolences accidentelles ou volontaires re-présentent 12 % des enfants de moins de15 ans, 21 % des 15-24 ans et 12 % de lapopulation globale hospitalisée (donnéesSesi, 1992-1993).La majorité des accidents est évitable etde très grands progrès ont été faits de-

puis quelques années dans le domaine deleur prévention. C’est ainsi que pour lesaccidents de la vie courante, en quinze ans,le nombre de décès par an chez les moinsde 25 ans a diminué de 1 500 : on est passéde plus de 2 500 en 1981 à moins de 1 000décès par an en 1996. En ce qui concerneles accidents de la circulation, une baissede 45 % a aussi été observée depuis quinzeans [2].Cette évolution favorable doit se poursui-vre dans les prochaines années. C’est pour-quoi la prévention des accidents estaujourd’hui un des problèmes de santé pu-blique prioritaire pour la France [3]. En sixans (1994-2000), l’objectif est de diminuerde moitié le nombre et le taux de morta-lité pour les accidents de la circulation etde 20 % pour les accidents de la vie cou-rante.Ce chapitre permet de répondre à quelquesquestions qui devraient orienter les choixfuturs d’une politique encore plus efficacede promotion de la santé dans ce domaineessentiel de la prévention. Comment lesjeunes perçoivent-ils les accidents ? Quelleest l’importance réelle du problème dansla population des 12-19 ans ? Dans quel-les circonstances se déroulent ces événe-ments ? Qui sont les jeunes les plus sou-vent accidentés ?

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Accidents

254 Baromètre santé jeunes 97/98

Résultats

Perception du risqued’accidents

Dans la hiérarchie des risques exprimés parles jeunes (Tableau I), les accidents de lacirculation constituent la crainte majeure.Les accidents de sport et de loisirs, et ceuxdu travail ou d’atelier (question posée uni-quement aux jeunes ayant un emploi ou étanten formation), sont respectivement en 7e

et 8e positions dans ce classement. 15,6 %des 12-19 ans (11e position) déclarent crain-dre les accidents domestiques et 14,1 %(12e position) les accidents à l’école endehors du sport (question posée unique-ment aux scolaires).La crainte des accidents de la circulation

augmente de façon linéaire avec l’âge. Plusd’un jeune sur deux âgé de 15 ans et plusdéclarent craindre ce type d’accident (54,1 %des 16-19 ans vs 38,9 % chez les moinsde 16 ans).Les filles sont aussi plus nombreuses queles garçons à les craindre (50,9 % vs43,3 % ).Concernant les accidents de sport et deloisirs, la crainte ne varie pas selon l’âgeet le sexe. Comme pour les accidents dela circulation, les plus âgés sont aussi plusnombreux à craindre les accidents du tra-vail (26,6 % des 16-19 ans vs 12,0 % chezles moins de 16 ans ) et les garçons da-vantage que les filles (26,7 % vs 19,6 % ).Les accidents domestiques et les accidentsscolaires sont craints en plus grand nom-bre par les 12-17 ans. On ne constate pasde différence selon le sexe.Les adolescents qui craignent le plus lesaccidents sont aussi ceux qui en ont été leplus souvent victimes au cours des douzederniers mois.Globalement, l’expression des craintes parrapport à la santé est moins forte chez lesjeunes que chez les adultes (Tableau I). Pour-tant, la prédominance des accidents de lacirculation est constante quel que soit l’âgede la personne interrogée. En revanche,les traumatismes d’origine domestique ar-rivent beaucoup plus loin dans la hiérar-chie des craintes exprimées par les ado-lescents.Ainsi, quelle que soit la population étudiée,il reste vérifié que la hiérarchie faite parles Français ne correspond pas à la réalitéépidémiologique. Ceci est bien sûr vrai pourles accidents de sport qui sont les plus fré-quents et pour les accidents domestiquesqui, par définition, se passant dans la sphèreprivée, restent moins visibles et moins mé-diatisés que les accidents survenant sur lavoie publique et mettant en cause un véhi-cule à moteur.

La fréquence des accidents

La question posée concernait les accidentsayant entraîné une consultation chez un mé-

Tableau I

Jeunes craignant pour eux-mêmes « pas malou beaucoup » les problèmes de santé oumaladies suivants : comparaison entre les12-19 ans et les 20-75 ans (en pourcentage)

Jeunes Adultes12-19 ans 20-75 ans

1997 1995(n=4 115) (n=1 929)

Accidents de la circulation 47,0 (1) 70,1 (1)Maladies sexuellementtransmissibles 42,7 23,2 (8)Sida 40,8 32,8 (4)Cancer 39,8 63,7 (2)Maladies respiratoires 27,3 a

Maladies cardiaques 25,0 47,5 (3)Accidents de sport etde loisirs 24,1 (7) a

Accidents du travailb 23,7 (8) 28,0 (7)Dépression 19,4 31,4 (5)Tuberculose 17,3 20,6 (9)Accidents domestiques 15,6 (11) 28,1 (6)Accidents à l’école en dehorsdu sportc 14,1 (12) a

Suicide 13,3 12,8 (11)Maladies liées à l’alcool 12,8 16,4 (10)

a. Question non posée dans ce baromètre. b. Jeunes ayant unemploi ou en formation. c. Jeunes scolarisés.

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Accidents

255Baromètre santé jeunes 97/98

4,6 % 1,6 % 1,0 %0,7 %

0,3 %

0,3 %

3 4

Nombre d’accidents

56

7

8

72,7 %1

18,8 %2

Figure 1

Distribution du nombre d’accidents rapportéspar les jeunes de 12 à 19 ans au cours desdouze derniers mois (en pourcentage)

decin ou à l’hôpital. Les accidents n’ayantpas nécessité de soins ou seulement unrecours à la pharmacie familiale, à une in-firmière ou bien encore au pharmacien, n’ontpas été pris en compte.Plus d’un jeune sur cinq (21,0 %) déclarentavoir été victimes d’au moins un accidentau cours des douze derniers mois(Tableau II), 24,6 % des garçons et 17,3 %des filles. Si l’on rapporte ce pourcentageà la population des jeunes de cet âge rési-dant en France, 1,4 million de jeunes onteu un accident au cours des douze der-niers mois (près de 900 000 garçons et500 000 filles).Parmi les victimes, le nombre moyen d’ac-cidents est de 1,44. Il ne diffère pas selonl’âge et le sexe. Les 866 jeunes acciden-tés au cours des douze derniers mois re-présentent donc au total environ 1 247 ac-cidents. La Figure 1 présente la distribu-tion de ces événements en terme de fré-quence annuelle.La comparaison de ces chiffres avec d’autresenquêtes est complexe. En effet, par exem-ple, dans le travail mené par l’Inserm (Unité472) auprès de 12 391 jeunes de 11 à 19ans au niveau national (autoquestionnaire[4]), les chercheurs interrogeaient les jeu-nes sur les accidents ayant nécessité dessoins même légers, ce qui ne limite pasl’investigation aux seuls accidents ayant en-traînés une intervention médicale. C’est doncun pourcentage deux fois plus élevé (43,2 %vs 21,0 %) d’adolescents qui déclaraientavoir eu un accident durant l’année.En revanche, l’enquête de la Cnamts [1]couvrait un champ moins large que le Ba-romètre santé jeunes sur le plan thémati-que (elle évaluait uniquement les accidentsde la vie courante) et explorait les accidentsde la vie courante ayant nécessité le re-cours à des soins d’un médecin ou d’undentiste (hospitalisation comprise). Pour les12-19 ans, le pourcentage de jeunes acci-dentés était de 7,5 sur un an. Si dans leBaromètre santé jeunes, on ne s’intéressequ’aux accidents de la vie courante, ce chiffreest beaucoup plus élevé : 16,3 %. Cettedifférence peut s’expliquer par la source

de la réponse. En effet, dans l’étude Cnamts[1], c’est une personne du ménage qui ré-pond pour tout le monde (le plus souventle père ou la mère) et elle n’a donc pasnécessairement connaissance ni souvenirde l’ensemble des accidents survenus auxjeunes de la famille.Parmi les garçons, le pourcentage de jeu-nes accidentés est plus important pour lesâges allant de 14 à 17 ans (Figure 2). Chez

Tableau II

Jeunes (12-19 ans) accidentés selon le typed’accident et le sexe, au cours des douzederniers mois (en pourcentage)

Ensemble Garçons FillesTotal accidents (n=866) 21,0 24,6 17,3Accidents de sport oude loisirs, en dehors du vélo 12,2 14,0 10,4Accidents de vélo 1,6 2,3 0,9Accidents de moto,mobylette, scooter 2,8 4,0 1,5Accidents de voiture 1,0 1,0 0,9Accidents domestiques 1,8 1,8 1,8Accidents à l’école(en dehors du sport) 1,7 1,6 1,8Accidents de travail ou d’atelier 0,9 1,4 0,3Autres accidents (bagarres…) 1,3 1,3 1,3

La somme du détail des accidents est supérieure à 21,0 % carun individu peut déclarer plusieurs types d’accidents au coursdes douze derniers mois.

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Accidents

256 Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 3

Jeunes victimes d’au moins unaccident au cours des douzederniers mois selon la taille del’agglomération (en pourcentage)

19,1

19,9

22,4

20,8

24,5

Communes rurales

Moins de20 000 habitants

De 20 000 à199 999 habitants

200 000 habitantset plus

Agglomérationparisienne

0 10 20 25

0

10

20

30

40

50

Garçons Filles

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

17,8 16,9 18,515,9

22,928,2

27,021,0

Figure 2

Répartition des accidents par sexeet par âge (en pourcentage)

les filles, les différences ne sont pas signi-ficatives selon l’âge.

Le profil des accidentés

La taille de l’agglomération semble être unfacteur discriminant par rapport au fait dedéclarer avoir eu un accident (Figure 3).

Ainsi, les jeunes qui vivent en aggloméra-tion parisienne déclarent en plus grandnombre avoir été victimes d’un accident etcette fréquence diminue avec la taille del’agglomération.Le fait d’avoir été accidenté au moins unefois dans l’année ne semble pas lié à la struc-ture familiale ni à la profession du chef defamille. En revanche, les jeunes appartenantà un foyer dont le chef de famille est auchômage sont significativement plus nom-breux à déclarer s’être accidentés au coursdes douze derniers mois (27,2 % vs 20,7 %).Quelques variables comportementales sontdifférentes chez les jeunes victimes d’ac-cidents par rapport au reste de la popula-tion adolescente (Tableau III) :• les jeunes qui ont bu de l’alcool au coursde la semaine sont significativement plusnombreux à avoir eu un accident dans l’an-née (24,6 % vs 20,0 %) ;• ceux qui déclarent au moins une ivresseau cours de leur vie sont aussi dans cecas (24,4 % vs 19,8 %) ;

Tableau III

Jeunes accidentés selon certainesvariables de comportement (enpourcentage)

Avoir consommé de l’alcoolau moins une fois dansla semaine (n=4 115)oui 24,6non 20,0Avoir été ivre au moins une foisau cours de sa vie (n=4 113)oui 24,4non 19,8Fumer régulièrementdu tabac (n=4 115)oui 25,2non 19,8Avoir consommé du cannabisau moins une fois au coursde sa vie (n=2 673)0 fois 19,41 à 9 fois 24,810 fois et plus 26,6

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Accidents

257Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 4

Distribution des accidents selon leur nature(en pourcentage)

vélo 7,0 %

voiture4,2 %

domestiques7,6 %

de travail3,7 %

autres5,5 %

moto, mobylette, scooter 12,1 %

scolaires7,4 %

sport ou loisirs en dehors du vélo

52,5 %

• les fumeurs réguliers sont plus acciden-tés (25,2 % vs 19,8 %) ;• ainsi que les fumeurs de cannabis (aumoins une fois cannabis au cours de la vie25,7 % vs 19,4 %, question posée aux jeu-nes de 15 ans et plus).Ces résultats restent vrais en tenant comptecompte du sexe et de l’âge.Les scores de qualité de vie en profil deDuke apportent un éclairage supplémentaire.Ainsi, le fait d’avoir eu au moins un acci-dent au cours de l’année est lié aux scoresde santé physique et sociale. D’après cetteévaluation des scores, les accidentés sontsignificativement en moins bonne santé phy-sique (75,0 vs 78,6) que les autres, alorsqu’ils sont en meilleure santé sociale (69,3vs 67,4). Ce résultat reste vrai en tenantcompte du sexe et de l’âge.

Les spécificités par typed’accidentsLes accidents de sport ou de loisirs (y com-pris des deux-roues) sont prédominants dansla population adolescente (Figure 4).Par ailleurs, les différences entre garçonset filles restent vraies pour tous les typesd’accidents sauf pour ceux de voiture, sco-

laires, domestiques et « autres accidents »(Tableau II).Les accidents de sport et de loisirs sont,chez les garçons, à leur maximum entre14 et 17 ans. Pour les garçons commepour les filles, les accidents de moto, scooterou mobylette augmentent logiquement avecl’âge du fait d’une progression de l’utilisa-tion « d’engins à moteur » avec les années(Figure 5). À l’inverse, parmi les garçons,la fréquence des accidents à vélo diminueavec l’âge.

Figure 5

Jeunes accidentés selon le type d’accident, l’âge et le sexe au cours des douzederniers mois (en pourcentage)

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ansAccidents

Sport (dont vélo) Moto Voiture domestiques

16,9

20,9

17,6

9,7

0,2

3,4

7,3

4,7

0,41,1

1,4 1,6 1,9 1,81,8

0,412-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

0

5

10

15

20

25

12,6 12,710,4

8,4

0,60,6

3,32,1 1,81,7

0,4 0,9 0,7

1,71,5

Garçons Filles

1,1

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Accidents

258 Baromètre santé jeunes 97/98

Lorsque l’on cherche à établir des profilsd’accidentés (vis-à-vis de certaines carac-téristiques sociodémographiques et/oud’autres comportements de santé) selonle type d’accident (accidents de sport etde loisirs, accidents de la circulation, acci-dents domestiques, accidents scolaires etaccidents de travail), il n’est pas constatéde différence de profil comportemental parrapport à l’analyse faite chez les acciden-tés pris dans leur ensemble.

Analyse et synthèse

Le sexe

Dans pratiquement toutes les études surce sujet, les garçons sont plus souvent vic-times d’accidents que les filles. Il est à noterqu’à la différence des garçons, le pourcen-tage de jeunes filles accidentées ne variepas dans cette enquête en fonction de l’âge.Les garçons sont significativement les plusnombreux à être victimes d’accidents desport, de loisirs et de véhicules à deux-roues.

L’âge

Pour la classe d’âge 12-19 ans, le pour-centage d’accidentés au cours de la der-nière année est à son maximum entre 14et 17 ans, spécifiquement pour les garçons.Les accidents de sport et de loisirs (y com-pris à vélo) et ceux se déroulant à l’écoleont tendance à diminuer avec les années,alors que les traumatismes liés à des véhi-cules à moteur progressent significative-ment avec l’âge.

Autres caractéristiques

Plus les zones d’habitation sont urbanisées,plus les accidents sont fréquents, et unesituation de non-travail dans la famille semblecréer un contexte plus favorable pour lasurvenue d’accidents d’enfants dans cesfoyers. Les consommateurs de drogues li-cites ou illicites sont plus souvent victimes

1. Cnamts. Enquête sur les accidents de la viecourante. Résultats 1987 à 1994. Dossier Étu-des et statistiques, août 1997, n° 38 : 114 p.

2. Service d’information sur les causes médi-cales de décès SC8-Inserm. Évolution de lamortalité accidentelle. Communication person-nelle, 1997.

3. Haut Comité de la santé publique. La santéen France. Paris : La Documentation française,1994 : 217-9.

4. Choquet M., Ledoux S. Adolescents. Enquêtenationale. Paris : Inserm, 1994 : 346 p.

références bibliographiques

d’accidents sans que l’on sache quelle estla cause ou la conséquence entre, d’unepart, un profil psychologique favorisant laprise de risque et, de l’autre, des consom-mations qui diminuent la vigilance et expo-sent donc plus facilement au risque d’acci-dents. La réalité accidentelle est perçueavec plus d’acuité par ces adolescentspuisqu’ils expriment de façon plus forte cettecrainte de traumatisme physique que lesautres jeunes.

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Baromètre santé jeunes 97/98

259

the key facts in a few figures…

Perception of the risk of accidentsRoad accidents are the major fear of youngpeople aged 12 to 19, other types oftrauma being mentioned less frequently.Teenagers who fear accidents most arethose most likely to have been an acci-dent victim.

Frequency of accidentsMore than one young person in five(21.0%) reports having been the victimof at least one accident (during the pre-vious twelve months) requiring medicalintervention, in other words, 1.4 mil-lion teenagers aged from 12 to 19 livingin France. The average number of acci-dents per annum is 1.44 amongst teen-agers to whom an accident has occurred.Accidents occur more frequently to boysthan to girls, and it is between the agesof 14 and 17 that they reach their peakamongst the male population.

The types of accidentsAccidents during sports and leisure ac-tivities (excluding cycling) account formore than half of injuries (52.5%). Thencome motorcycle accidents (12.1%), fol-lowed by accidents in the home (7.6%),with accidents at school in fourth posi-

tion (7.4%), just in front of cycling ac-cidents (7.0%).

Profile of the young accident victimThe typical victim is a boy aged between14 and 17, more likely to live in a townand a household in which someone isunemployed. He is also a teenager witha fairly extensive social circle who con-sumes more alcohol or marijuana thanothers. He has some awareness of the risksof accidents causing personal injury.

Accidents

Marie-Pierre Janvrin, François Baudier

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Consommation de soins et vaccinations

263Baromètre santé jeunes 97/98

Les adolescents sont en général perçuscomme de faibles consommateurs de soins.Il était donc nécessaire d’explorer cettedimension dans le Baromètre santé jeunesafin d’avoir une image plus précise de cettesituation et de mettre en relation un cer-tain nombre de pratiques médicales avecdes attitudes et comportements de santédéclarés par les jeunes Français.Dans cette perspective, l’importance desconsultations médicales auprès des profes-sionnels de santé et la prise médicamen-teuse (essentiellement les médicamentscontre la douleur, l’anxiété ou la nervositéet ceux pour dormir) des 12-19 ans sontmesurées. Par ailleurs, les douleurs res-senties sont analysées à travers trois mauxassez courants chez cette population (lesmaux de tête, de dos et de ventre). Enfin,la consommation de soins a été évaluée àtravers les différents contacts avec desprofessionnels ou structures médicales.Les vaccinations, qui font partie des prati-ques médicales, sont décrites dans ce cha-pitre. En effet, si la sensibilisation à la vac-cination est souvent faite auprès des pa-rents, celle-ci ne pourra être pratiquée pluslargement que si les jeunes, adultes de de-main, sont eux-mêmes convaincus de l’in-térêt de cet acte préventif. Leur adhésionaux vaccinations en général, leur degré de

connaissance quant aux modes de conta-mination de l’hépatite B sont mesurés se-lon différents critères.

Consommation de soinset vaccinations

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Baromètre santé jeunes 97/98

267

l’essentiel en quelques chiffres…

42 % des jeunes ont eu mal à la tête dansles trente derniers jours, environ un surtrois a eu mal au dos (33,5 %) et à peuprès autant mal au ventre (31,6 %). Lesfilles sont 1,5 à 2 fois plus nombreuses àse plaindre de douleurs. Globalement,plus l’âge est élevé, plus la déclarationde douleurs est fréquente.Au cours de l’année, les filles ont eu 10,6contacts avec un professionnel de santéalors que les garçons n’en ont eu que 8,6.Les adolescentes sont plus nombreusesà consulter les psychiatres (5,9 % vs 4,4 %pour les garçons) et les dentistes (66,7 %vs 59,9 % pour les garçons). Le nombrede consultations spécialisées augmenteavec la taille de l’agglomération.Plus de la moitié des jeunes (55,5 %) ontpris un médicament au cours des trentederniers jours. Sur cette même période,37,1 % des jeunes interrogés ont pris unmédicament contre la douleur, 7,1 %contre la nervosité et 3,5 % pour dor-mir.Près d’un jeune sur dix (9,2 %) a étéhospitalisé dans l’année et il n’y a pas dedifférence entre les sexes.

Douleurs, consommationde soins, médicaments

Pierre Arwidson,Arnaud Gautier, Philippe Guilbert

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

269Baromètre santé jeunes 97/98

Ce chapitre s’intéresse au nombre de con-sultations effectuées par les adolescentsau cours des douze derniers mois auprèsde différents professionnels de santé (mé-decin généraliste, psychiatre, kinésithéra-peute, médecin et infirmière scolaire, den-tiste, spécialiste), ainsi qu’à la prévalencedes hospitalisations. Ce type de consulta-tions ne signifie pas nécessairement qu’ily ait une maladie présente. Il peut s’agird’actes préventifs, de recherche de con-seils, de vaccinations ou de surveillancepériodique. L’analyse porte donc sur deshabitudes de recours aux professionnelsde santé, qui peuvent différer selon diverscritères sociodémographiques.Par ailleurs, les jeunes ont été interrogéssur la présence plus ou moins régulière demaux de tête, de dos ou de ventre. Cesquestions n’étaient pas destinées à établirun diagnostic précis de maladie, mais d’éva-luer le vécu douloureux.La prise de médicaments (hors pilule con-traceptive) au cours des trente derniers joursa aussi été mesurée. Les 12-19 ans ontété interrogés plus spécifiquement sur troistypes de médicaments : ceux contre ladouleur, la nervosité (ou l’anxiété) et enfin

ceux pour dormir. Il s’agit là d’une analysede comportement face à des produits vi-sant à soulager certains troubles. Cesmédicaments n’appartiennent pas néces-sairement à une classe thérapeutique pré-cise comme les antalgiques, les anxiolyti-ques ou les hypnotiques. Il peut s’agir par-fois de produits dont l’efficacité pharma-cologique n’a jamais été prouvée mais quisont pris ou donnés dans ces indications.

Douleurs

La douleur a en général une forte dimensionsubjective. L’intensité avec laquelle elle estperçue par les individus et la nature de l’im-pact qu’elle a sur leur vie psychique et re-lationnelle sont variables d’une personne àl’autre et ce pour un même stimulus nocicep-tif. Les jeunes ont donc été interrogés surl’existence de trois types de douleur dansles trente derniers jours : mal de tête, malau ventre et mal de dos. Ces localisationssont des points de douleur fréquents et ellespossèdent également une valeur symboli-que : « ça me fait mal à la tête », « j’en aimal au ventre » ou « j’en ai plein le dos ».La réponse positive à la question peut doncexprimer entre autres :– une douleur liée à une maladie ou un

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

270 Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau I

Types de douleur signalés au coursdes trente derniers jours selon lesexe (en pourcentage)

Mal à Mal Mal au la tête au dos ventre

Garçons 33,7 26,6 20,3Filles 51,5 40,7 43,3Total 42,4 33,5 31,6

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans0

20

10

30

40

50

Mal au dosMal à la têteMal au ventre

30,7

39,746,4

51,1

21,0

31,5

38,7 41,1

31,7 32,5 31,3 30,8

Figure 1

Différents types de maux déclaréspar les jeunes selon l’âge (enpourcentage)

dysfonctionnement identifié : migraine, dou-leurs menstruelles, problème de la stati-que vertébrale… ;– une douleur liée à un dysfonctionnementsans pathologie organique identifiable :céphalée, douleurs gastro-intestinales, ten-sion musculaire dorsale ou lombaire.Le fait le plus saillant lors d’un premier exa-men des résultats est la différence entreles filles et les garçons dans l’expressionde ces douleurs. Les adolescentes sont de1,5 à 2,5 fois plus nombreuses à répon-dre avoir eu « mal » dans les trente der-niers jours, quel que soit le type de dou-leur (Tableau I). La deuxième observationqui peut être globalement faite est que ladouleur est plus souvent exprimée chez lesplus âgés, sauf pour les maux de ventreoù la différence n’est pas significative enfonction de l’âge (Figure 1).

Mal de tête

La douleur à la tête est la plus fréquenteavec 42,4 % de l’ensemble des jeunes quisont concernés. Les filles sont plus nom-breuses dans ce cas (51,5 % vs 33,7 %pour les garçons).Cette différence observée entre filles et gar-çons (Figure 2) est plus importante pourles tranches d’âge les plus élevées : 6 %(12-13 ans), 19 % (14-15 ans), 21 % (16-17 ans) et 25 % (18-19 ans).Le mal de tête est significativement moinsfréquent dans les agglomérations de moinsde 20 000 habitants où elle ne concerne,en effet, que 37,6 % des jeunes de ce mi-lieu contre, par exemple, 43,5 % pour lescommunes de plus de 200 000 habitants.Par ailleurs, le mal de tête augmente linéai-rement avec la taille de l’agglomération (unjeune sur deux environ en région parisienne)(Figure3).Cette douleur est associée à des scoresde qualité de vie (profil de santé de Duke)moins élevés. Ainsi, la moyenne des sco-res de santé physique, mentale et socialeest moins bonne chez ces jeunes avec res-pectivement, 71,8 vs 82,3 ; 65,1 vs 73,8 ;67,1 vs 68,3.

Mal de dos

C’est la deuxième douleur la plus ressentieavec un tiers (33,5 %) des jeunes de 12 à19 ans déclarant en avoir souffert dans lestrente derniers jours. Les filles sont plusnombreuses que les garçons (40,7 % vs26,6 %). Par ailleurs, plus l’âge est impor-tant, plus les jeunes sont nombreux à seplaindre, avec là aussi une différence selonle sexe qui s’accroît avec l’âge (Figure 4).Les adolescents ayant un handicap physi-que déclarent plus souvent avoir eu mal audos au cours des trente derniers jours. Plusd’un sur deux (53,1 %) en ont souffert vs unsur trois pour les autres (31,8 %). En revan-che, la pratique d’un sport ne joue pas si-gnificativement sur le fait d’avoir mal de dos.Des différences existent également entre lesscores de qualité de vie : les jeunes ayant

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

271Baromètre santé jeunes 97/98

0

10

20

30

40

50

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

40,237,6

42,7 43,5

49,8

Figure 3

Jeunes déclarant avoir eu mal à la tête aucours des trente derniers jours selon le lieud’habitation (en pourcentage)

0

20

10

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Filles Garçons

16,5

24,3

30,033,6

25,5

39,2

47,049,5

Figure 4

Jeunes déclarant avoir eu mal audos au cours des trente derniersjours selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

Figure 5

Scores moyens de santé des jeunesdéclarant ou non avoir eu mal audos au cours des trente derniersjours

0

25

50

75

100

Santéphysique

Santésociale

Santémentale

N’avoir pas eu mal au dosAvoir eu mal au dos

81,8

68,773,470,1 66,163,7

déclaré avoir eu mal au dos ont des scoressignificativement inférieurs aux autres et ce,quel que soit le score considéré (Figure 5).

Mal au ventre

Le mal au ventre est la troisième des dou-leurs rapportées par les jeunes interviewés.

Un peu moins d’un jeune sur trois s’en plaint(31,6 %) : 43,3 % des filles et 20,3 % desgarçons. Pour cette douleur, le différentielfilles/garçons est le plus important, attei-gnant un maximum de 30 % pour la tran-che d’âge des 14-15 ans. Il est possiblede faire l’hypothèse que les douleurs mens-truelles participent à cette différence.

Figure 2

Jeunes déclarant avoir eu mal à latête au cours des trente derniersjours selon le sexe et l’âge (enpourcentage)

0

40

20

60

80

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ansFilles Garçons

27,9

30,635,5

39,333,6

49,656,9

64,4

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

272 Baromètre santé jeunes 97/98

0

20

10

30

40

50

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Filles Garçons

27,7

18,3 16,719,0

35,847,8

45,3 44,2

Figure 6

Jeunes déclarant avoir eu mal auventre au cours des trente derniersjours selon l’âge et le sexe (enpourcentage)

0

10

20

30

40

50

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

32,027,8 28,8

33,735,8

Figure 7

Jeunes déclarant avoir eu mal au ventre aucours des trente derniers jours selon le lieud’habitation (en pourcentage)

La douleur au ventre exprimée par les ado-lescents est remarquable par le fait qu’elleaugmente de façon importante entre 12-13ans et 14-15 ans chez les jeunes filles, suivied’une baisse légère après cet âge, maisconcernant néanmoins près d’une fille surdeux. Chez les garçons, il y a une baissesignificative de la prévalence déclarée demal au ventre entre les 12-13 ans et les14-15 ans, puis une stabilisation avec unpeu moins d’un jeune garçon sur cinq con-cerné (Figure 6).On constate une augmentation linéaire desproblèmes de mal au ventre déclarés se-lon la taille de l’agglomération (Figure 7).De la même façon que pour les deux autrestypes de maux, les scores de santé physi-que, mentale et sociale au profil de santéde Duke sont significativement différentsselon que les jeunes aient déclaré ou nonavoir eu mal au ventre : les jeunes n’ayantpas souffert du mal de dos ont des scoresrespectivement supérieurs de 11, 10 et 2points par rapport aux autres.

Consommation de soins

Le nombre de consultations au cours desdouze derniers mois chez différents typesde professionnels de santé (médecin ouinfirmière scolaire, médecin généraliste,psychiatre, kinésithérapeute, dentiste, spé-cialiste et gynécologue) a été évalué auprèsdes 12-19 ans (Tableau II).

Différences entre consultantset non-consultantsLe fait d’avoir consulté au moins une foisun professionnel de santé au cours desdouze derniers mois diffère peu selon lesexe de l’adolescent. Seules des différen-ces significatives apparaissent en ce quiconcerne les consultations de psychiatre,psychanalyste ou psychologue et de den-tiste où les filles sont plus nombreuses queles garçons à avoir consulté au moins unefois. Les jeunes qui vont plus souvent chez

le dentiste sont également ceux qui se bros-sent le plus régulièrement les dents (Figure 8).Les réponses varient avec l’âge de l’ado-lescent, quel que soit le type de consulta-tion envisagé (Figure 9). Les 12-19 ans sontmoins nombreux à s’être rendus au moins

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

273Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau II

Consultations de professionnels desanté chez les 12-19 ans (n=4 115 ;en pourcentage)

Jeunes ayant Nombreconsulté au moins moyen de une fois au cours consultations

des douze sur l’ensemblederniers mois des 12-19 ans

Médecin ouinfirmière scolaire 57,6 % 1,3Médecin généraliste 87,7 % 3,3Psychiatre 5,1 % 0,5Gynécologuea 21,0 % 0,4Dentiste 63,2 % 2,4Kinésithérapeute 13,6 % 1,4Spécialiste 21,9 % 0,5Tous professionnelsde santé 96,4 % 9,6

a. Base : 2 016 filles de 12 à 19 ans.

0

20

40

60

80

100

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ansMédecin ou infirmière scolaireMédecin généralisteGynécologueDentiste

62,5 58,3 60,5

66,2 63,5

55,5 45,447,9

80,2 82,5 83,2 86,991,3 92,2 92,3 90,8

2,2 4,1 5,310,4

16,7

30,4 39,7

53,6

68,7 69,4 65,9

66,2 61,1

58,7 59,2 58,7

Figure 9

Jeunes ayant consulté au moins une fois aucours des douze derniers mois selon l’âge etle type de professionnel de santé (en pour-centage)

une fois chez le dentiste à 19 ans qu’à 12ans (58,7 % vs 68,7 %), alors que l’inverseest observé pour les consultations chez unmédecin généraliste (90,8 % vs 80,2 %).Le pourcentage de consultations gynéco-logiques augmente logiquement et réguliè-

rement avec l’âge de l’adolescente. À 19 ans,plus de la moitié (53,6 %) d’entre elles ontconsulté ce spécialiste au cours des douzederniers mois. Les consultations gynéco-logiques sont liées pour partie à la viesexuelle des adolescentes, il est donc peusurprenant de constater l’augmentation desconsultations avec l’âge des jeunes filles.Parmi les jeunes filles de 15 à 19 ans ayantconsulté, plus de trois sur quatre (77,9 %)ont déjà eu un rapport sexuel.Par ailleurs, la consultation d’un psychia-tre, psychanalyste ou psychologue est net-tement moins fréquente chez les jeunesvivant avec leurs parents de naissance (oud’adoption) puisqu’ils ne sont que 4,0 % àl’avoir fait vs 11,1 % chez ceux vivant ausein d’un foyer recomposé.Le lieu d’habitation est associé à la fréquen-tation de certains professionnels de santé.Par exemple, les adolescents de commu-nes rurales ont significativement plus vuque les autres le médecin scolaire ou l’in-firmière scolaire (60,3 % vs 56,6 %). Lesvisites au moins une fois dans l’année chezun psychiatre ou psychologue, un dentisteou un autre spécialiste sont, quant à elles,plus fréquentes dans l’agglomération pari-

Figure 8

Jeunes ayant consulté au moins unefois un dentiste au cours des douzederniers mois selon la fréquence dubrossage la veille (en pourcentage)

0

40

20

60

80

100

Ne s’est pasbrossé les dents

Seulementune fois

Deux fois Trois fois

48,554,9

65,4 66,6

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

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0

10

20

30

40

50

PsychiatreDentiste Médecin spécialiste autre

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

4,1 4,4 5,5 4,9 7,6

60,8 63,1 62,3 63,069,2

18,3 17,922,2 25,0 28,2

Figure 10

Jeunes ayant consulté un psychiatre, dentisteou spécialiste selon la taille d’agglomération(en pourcentage)

sienne (Figure 10). Il est à noter que pourles consultations de psychiatres ou psycho-logues, de gynécologues, de dentistes oud’autres spécialistes, plus la taille du lieud’habitation est importante, plus le nom-bre d’adolescents ayant consulté au moinsune fois dans les douze derniers mois estconséquent. Ceci pourrait être expliqué parune plus grande proximité et donc unemeilleure accessibilité de ces spécialistes(augmentation de l’offre).Les scores de qualité de vie (profil de Duke)sont également différents selon que l’on aitou non consulté un médecin (Figure 11).Les jeunes qui ont consulté dans l’annéeont des profils de santé physique et men-tale inférieurs. Un indicateur du nombre decontacts cumulés au cours de l’année avecles différents professionnels de santé a étécalculé. Aucune différence significative n’estapparue entre les classes socioprofession-nelles des familles.

Nombre de consultations

La fréquence des consultations est logique-ment différente selon les professionnels desanté considérés (Figure 12).

Figure 11

Scores de santé physique, mentaleet sociale de Duke, selon le faitd’avoir consulté ou non un médecingénéraliste au cours des douzederniers mois

0

25

50

75

100

Santéphysique

Santésociale

Santémentale

N’a pas consulté A consulté

80,3

65,072,0

77,568,369,9

En revanche, il n’existe pas de réelles dif-férences selon le sexe des consultants quantau nombre de visites : seul le nombre deconsultations chez les médecins généra-listes diffère entre les garçons et les filles(respectivement 4,0 vs 3,5).De même pour l’âge, le nombre de consul-tations varie uniquement pour les généra-listes et les kinésithérapeutes (Figure 13).Sur l’ensemble de la population des 12-19ans, les filles ont consulté 10,6 en moyenneet les garçons 8,6. Le cumul annuel de cescontacts ne varie pas avec l’âge.

Médicaments

Plus de la moitié (55,5 %) des jeunes ontpris un médicament au cours des trentederniers jours. Les trois quarts d’entre euxont consommé un médicament contre ladouleur, contre l’anxiété (ou la nervosité)ou pour dormir. Plus l’âge est important,plus la prise de médicament est fréquente :en effet, si 40,0 % « seulement » des jeu-nes âgés de 12 ans ont pris un médica-ment au cours des trente derniers jours,ils sont 64,9 % à 19 ans.Les filles sont plus nombreuses à prendre

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

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0

4

8

12

16

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

Kinésithérapeute Médecin généraliste

3,2 3,5 3,4 3,6 3,9 3,9 3,9 4,0

11,7

7,3 7,6

9,48,7

9,8

11,5

15,7

Figure 13

Nombre moyen de visites chez un médecingénéraliste ou un kinésithérapeute parmi lesconsultants selon l’âge

des médicaments, 61,8 % vs 49,5 % pourles garçons, et ce quel que soit l’âge ob-servé (Figure 14).Parmi ceux qui ont consommé un médica-ment dans le dernier mois, plus de deuxjeunes sur trois (68 %) ont pris un produit

0

20

40

60

80

100

12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

GarçonsFilles

39,746,7

43,4 46,553,1 52,0 54,6 56,3

40,3

53,857,8

65,2 62,570,7

66,275,2

Figure 14

Jeunes déclarant avoir pris des médicamentsau cours des trente derniers jours selon lesexe et l’âge (en pourcentage)

0 20 40 60 80

GarçonsFilles

16,6

8,8

4,4

60,8

13,0

16,3

7,8

72,1Médicamentscontre la douleur

Médicamentspour dormir

Médicamentscontre la nervosité

Autre médicament

Figure 15

Prise de médicament dans le moisselon le sexe et le type du médica-ment (base : jeunes ayant con-sommé un médicament ; en pour-centage)

contre la douleur, 12,9 % d’entre eux ontconsommé des tranquillisants et 6,3 % dessomnifères. La différence observée entresexes reste vraie, quel que soit le type demédicament employé (Figure 15).En examinant l’ensemble des jeunes inter-

Figure 12

Nombre moyen de visites chez lesdifférents types de professionnelsde santé au cours des douzederniers mois parmi les consultants

0 3 6 9 12

2,4

3,7

9,6

3,9

10,5

2,5

1,9

Médecin ouinfirmière scolaire

Médecin généraliste

Psychiatre

Dentiste

Kinésithérapeute

Médecin spécialiste

Gynécologue

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

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1

2

3

4

5

6

GarçonsFilles

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

1,4

2,0

3,6

1,7

2,5

5,4 5,55,7

Figure 18

Jeunes déclarant avoir pris unmédicament pour dormir au coursdes trente derniers jours selon lesexe et l’âge (en pourcentage)

0

15

30

45

60

GarçonsFilles

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

23,4 25,6

31,5

37,8

28,8

45,149,4

53,6

Figure 16

Jeunes déclarant avoir pris unmédicament contre la douleur aucours des trente derniers jours selonle sexe et l’âge (en pourcentage)

0

4

8

12

16

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

Garçons Filles

5,0

2,6

5,24,5

4,3

9,9

11,9

13,4

Figure 17

Jeunes déclarant avoir pris unmédicament contre la nervosité oul’anxiété au cours des trentederniers jours selon le sexe et l’âge(en pourcentage)

rogés, il est constaté que plus d’un tiers(37,1 %) ont pris un médicament contre ladouleur dans les trente derniers jours, 7,1 %un médicament contre la nervosité et 3,5 %pour dormir.La prise de médicaments contre la douleurest croissante avec l’âge de façon identi-que chez les garçons et les filles (Figure16). En revanche, l’évolution avec l’âge dela prise de médicaments contre la nervo-sité est très différente selon le sexe (Fi-gure 17). Pour les filles, on observe unecroissance, pour les garçons une stagna-tion. En ce qui concerne la consommationde médicaments pour dormir, celle des fillesaugmente d’une manière importante entre12-13 ans et 14-15 ans pour atteindre unpalier, alors que celle des garçons révèleun pic à 16-17 ans (Figure 18).Les jeunes qui déclarent avoir eu mal auventre dans les trente derniers jours sont76,4 % à avoir pris un médicament contrela douleur. Ils sont 75,1 % s’il s’agissait d’unedouleur de la tête et 70,9 % s’il s’agissaitd’une douleur du dos. Ces différences sontsignificatives.

Les prises de médicament dans les trentederniers jours ont été comparées aux plain-tes associées au cours des huit derniers

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

277Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau IV

Prise de médicaments spécifiques dans le dernier mois parmi ceux qui ont eudes problèmes de sommeil, de nervosité et de douleur dans les huit derniersjours (en pourcentage)

Un peu Beaucoup TotalPrise d’un médicament pour dormir dans les trente derniers joursparmi ceux qui ont eu un peu ou beaucoup de difficultés de sommeildans les huit derniers jours (n=111) 5,0 15,8 7,3Prise d’un médicament contre la nervosité ou l’anxiété dans les trentederniers jours parmi ceux qui se sont sentis un peu ou beaucouptendus ou nerveux dans les huit derniers jours (n=1 001) 39,7 50,6 41,9Prise d’un médicament pour la douleur dans les trente derniers joursparmi ceux qui ont eu un peu ou beaucoup de douleurs quelque partdans les huit derniers jours (n=836) 47,7 61,8 50,4

Hospitalisations

Près d’un jeune sur dix (9,2 %) a été hospi-talisé au moins une nuit au cours des douzederniers mois. Il n’y a pas de différenceentre les deux sexes. Le pourcentage d’hos-pitalisations augmente avec l’âge avec unpic à 16-17 ans (Figure 19). La proportionde jeunes hospitalisés pendant l’année va-rie avec le statut familial : 8,3 % des jeu-nes vivant avec leurs parents de naissance(ou d’adoption) l’ont été vs 11,2 % pour lesfamilles monoparentales et 13,6 % pour lesfamilles recomposées.

jours (Tableaux III et IV). La nervosité con-cerne plus d’un jeune sur deux, la douleurdeux jeunes sur cinq et un trouble du som-meil un jeune sur trois.Parmi le tiers de jeunes (37,1 %) qui onteu des troubles de sommeil dans les huitderniers jours, 7,3 % ont pris des médi-caments pour dormir dans le dernier mois.Parmi ceux qui se sont senti tendus ounerveux dans les huit derniers jours (ilssont 58,1 %), 41,9 % ont pris un médica-ment contre l’anxiété ou la nervosité dansles trente derniers jours. Enfin, parmi ceuxqui ont souffert « quelque part » dans leshuit derniers jours — ils sont 40,4 % —plus de la moitié (50,4 %) ont pris un mé-dicament contre la douleur dans les trentederniers jours.

Tableau III

Problèmes de sommeil, de nervo-sité et de douleur dans les huitderniers jours (en pourcentage)

Un peu Beaucoup TotalTroubles du sommeildans les huitderniers jours 29,4 7,7 37,1Tendu ou nerveuxdans les huitderniers jours 46,4 11,7 58,1Douleur quelquepart dans les huitderniers jours 32,6 7,8 40,4

0

2

4

6

8

10

12

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

7,68,5

11,1

9,4

Figure 19

Hospitalisation d’au moins une nuitau cours des douze derniers mois(en pourcentage)

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12 13 14 15 16 17 18 19 20-24 ans 25-29 ans 30-34 ans 35-39 ans 40-44 ans 45-49 ans 50-54 ans 55-59 ans 60-64 ans 65-69 ans 70-74 ans

Mal à la tête Mal au dosMal au ventre

Baromètre jeunes Baromètre adultes

28,3

38,744,2

47,658,5

64,7

55,4 54,250,0

57,7

40,043,2

38,2

30,625,0

19,728,3

37,8

37,6

67,2

74,4

63,867,4

62,058,9

65,0

56,1 56,3 58,9 61,0

31,432,1

33,032,9

44,7

31,9 33,5 31,8 30,326,9 25,7 25,2

22,5

15,3 19,0

Figure 20

Douleurs dans les trente derniers jours selon l’âge chez les adultes (Baromètresanté adultes 95/96) et les jeunes (Baromètre santé jeunes 97/98)

Comparaison avec d’autresenquêtes

Les résultats de trois enquêtes ont étécomparés : Inserm adolescents1993 [1],Baromètre santé adultes 95/96 [2] et Ba-romètre santé jeunes 97/98. Les caracté-ristiques de ces trois enquêtes sont décri-tes dans le Tableau V.Les jeunes dans leur ensemble se plaignent

moins souvent de leur dos et de la têteque les adultes mais déclarent un peu plussouvent une douleur au ventre. Une courbea été établie en rassemblant les déclara-tions des adultes en 1995 (Baromètre santéadultes 95/96 [2]) et les jeunes en 1997(Figure 20). Pour le mal de dos et le malde ventre, l’évolution de la tranche 11-19ans est poursuivie par une évolution sansrupture de la tranche 20-30 ans. Pour le

Tableau V

Comparaison des méthodes de recueil des trois enquêtes

Enquête adolescents Baromètre santé adultes Baromètre santé jeunesAnnée 1993 1995 1997Type d’enquête Autoquestionnaire Enquête téléphonique Enquête téléphonique

papier en milieu à domicile à domicilescolaire

Type Échantillon avec trois Échantillon aléatoire Échantillon aléatoired’échantillonnage niveaux de tirage au direct à partir de la direct à partir de la

sort (académique, liste des foyers abonnés liste des foyers abonnéscollège et classe) au téléphone hors listes au téléphone hors listes

rouge et orange rouge et orangeTaille de l’échantillon 12 391 jeunes 1 993 personnes 4 115 jeunesÂge de 11 à 19 ans De 18 à 75 ans de 12 à 19 ans

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

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Tableau VI

Comparaison des résultats des trois enquêtes pour les douleurs déclarées et lesconsultations ou hospitalisation (en pourcentage)

Enquête Baromètre santé Baromètre santéadolescents 1993 adultes 95/96 jeunes 97/98

A eu mal au dosa 63,7 33,5A eu mal à la têtea 50,3 42,A eu mal au ventrea 30,0 31,6A consulté son médecin généralisteb 74,8 79,5 87,7A consulté un gynécologueb 9,4 10,4A consulté un psychiatre ou un psychologueb 4,0 3,7 5,1A consulté un dentisteb 64,9 63,2A consulté un kinésithérapeuteb 13,8 13,6A été hospitalisé une fois dans l’annéec 12,6 9,2c

a. au cours des trente derniers jours. b. au moins une fois dans l’année. c. au moins une nuit.

mal de ventre, il est possible de noter unerupture dans la tranche 20-30 ans (entiè-rement due aux douleurs déclarées par lesfemmes), puis une baisse régulière au coursde la vie qui est la combinaison d’une sta-bilité pour les hommes et d’une baisse pourles femmes.Les pourcentages de consultants au coursdes trente derniers jours sont peu différentssuivant les enquêtes (Inserm/Baromètresanté jeunes) — seules les consultationschez les généralistes concernent plus dejeunes en 1997 (Tableau VI).

Analyse et synthèse

Le sexe

Le premier fait marquant est la prépondé-rance féminine des plaintes, de la consom-mation de médicaments et de l’accès auxprofessionnels de santé.Les filles expriment plus fréquemment queles garçons des douleurs (1,5 fois à 2 foisplus souvent).Elles ont eu globalement plus de contactsavec un professionnel de santé que les jeu-nes garçons : 10,4 vs 8,6 fois dans l’an-née et, de façon plus spécifique, elles ont

plus souvent consulté un professionnel del’aide psychologique et un dentiste.Elles sont aussi plus nombreuses à décla-rer consommer des médicaments, quel quesoit le type de produits.En revanche, il n’y a pas de différence en-tre sexes dans la probabilité d’avoir étéhospitalisé au cours de l’année.

Philippe, élève de troisième

« Pour que mes parents se déci-dent à m’emmener chez le méde-cin, il faut vraiment que j’aiquarante de fièvre ! Sinon, on sedébrouille tout seul. Ma mèrecommence à savoir commentsoigner nos petits bobos : ce sonttoujours les mêmes qui reviennent.Et surtout, mes parents en ontassez que le médecin nousprescrive tout le temps desantibiotiques. À la maison, on sesoigne par homéopathie, c’estmoins dangereux et moins toxi-que. »

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Douleurs, consommation de soins, médicaments

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références bibliographiques

1. Choquet M, Ledoux S. Adolescents. Enquêtenationale. Paris : Inserm, 1994 : 346 p.

2. Baudier F., Arènes J. (sous la dir. de). Baro-mètre santé adultes 95/96. Vanves : CFES,1997 : 288 p.

L’âge

Le deuxième fait marquant est la progres-sion avec l’âge de la plupart des douleurs,de la consommation de médicaments, dunombre de contacts avec certains profes-sionnels de santé. La baisse normale defréquentation de la santé scolaire est logi-que avec la sortie progressive du systèmescolaire. Dans la même perspective, l’aug-mentation de la consultation des gynéco-logues est en relation avec la puberté etl’entrée dans la vie sexuelle. La baisse pro-gressive de la fréquentation des dentistespeut être interprétée comme la fin des trai-tements d’orthopédie dentofaciale, maispourrait être lié à la baisse probable del’incitation parentale dans la prévention descaries laissant ainsi la place à un désinté-rêt des adolescents pour ce sujet.Globalement, les adolescents n’ont pas uneconsommation de soins ou des plaintesparticulièrement différentes des adultes.

Le lieu d’habitation

Les maux de tête et les maux de ventresont plus fréquemment déclarés quand lataille de l’agglomération est plus importante.Ces résultats sont à rapprocher notammentdes différents scores de qualité de vie ob-servés selon la taille de l’agglomération.Comment la densité d’habitation affecte-t-elle le vécu des douleurs et la qualité devie ? S’agit-il du bruit, de l’exiguité des lo-gements, des particularités des relationsentre individus en milieu urbain ?La consultation de spécialistes varie selonl’offre de soins et est donc plus fréquentequand la taille de l’agglomération est plusimportante.

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281

the key facts in a few figures…

Forty-two per cent of young people havehad a headache within the last 30 days,and one in three has had back ache orstomach ache. Girls are 1.5 to 2 times aslikely to complain of pain. Overall, theolder the teenager the more frequentlypain is reported.In the course of the year, girls have had10.4 contacts with a health professionalwhile boys have had only 8.6 such con-tacts. More girls consult psychiatrists(5.9% v 4.4% for boys) and dentists(66.7% versus 59.9% for boys). Thenumber of consultations with specialistsincreases with the population density ofthe area of residence.More than half of young people (55.5%)have taken one medicinal product dur-ing the last 30 days. Over the same pe-riod, 37% of young people questionedhave taken medication for pain, 7% fortension and 3.5 medication to help themsleep.Almost one young person in 10 was ad-mitted to hospital during the year andthere was no difference between the sexes.

Pain, health care useand medication

Pierre Arwidson,Arnaud Gautier, Philippe Guilbert

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Baromètre santé jeunes 97/98

285

l’essentiel en quelques chiffres…

Marie-Pierre Janvrin, François Baudier

Vaccinations

Adhésion à la vaccination en généralPrès de neuf jeunes sur dix (89,0 %) dé-clarent être favorables aux vaccinations, lesgarçons un peu plus que les filles, et cepourcentage d’adhésion augmente avec l’âge.

Ancienneté de la dernière vaccinationPrès de neuf jeunes sur dix (88,3 %) di-sent avoir eu une vaccination il y a moinsde cinq ans et près d’un adolescent sur dix(9,5 %) ne sait pas à quand remonte sondernier vaccin.

Origine de la dernière décisionvaccinaleLa décision vaccinale revient près d’une foissur deux (45,4 %) aux parents (la mère pour27,1 % des cas), puis au médecin (26,8 %)avec une prépondérance pour le médecinde famille (17,0 %) et enfin, au jeune lui-même (24,0 %). Les filles et les adolescentsissus de niveau social modeste sont plusautonomes vis-à-vis de leurs vaccinations.

Lieu de la dernière vaccinationDans les trois quarts des cas, elle a été faitepar le médecin de famille (77,2 %) et dansune plus faible proportion à l’école (14,8 %).Les filles vont plus souvent chez leur mé-decin de famille pour effectuer cet acte pré-

ventif, les garçons et les plus jeunes des ado-lescents s’adressant plus volontiers à l’écoleou à un autre type de structure publique(armée, médecine du travail…).

Hépatite B et modes de contaminationPlus d’un quart des jeunes (26,4 %) ne sa-vent pas citer spontanément un mode decontamination, les garçons sont plus sou-vent dans ce cas que les filles et les plus jeu-nes davantage que leurs aînés. Un jeune surdeux (50,6 %) nomme la salive, un sur trois(36,1 %) les relations sexuelles et un sur quatre(24,4 %) le sang. Quels que soient les troisprincipaux modes de contamination con-sidérés (salive, relations sexuelles ou sang),les filles et les adolescents les plus âgés sontsystématiquement en plus grand nombre àles mentionner. Un jeune sur cinq (21,9 %)a parlé d’autres modes de contamination(plus souvent les garçons et les 12-13 ans).Ce sont principalement les objets, la trans-piration, le baiser, les aliments ou l’environ-nement (air malsain…). La réponse « pi-qûre ou seringue » est difficile à interpréter.Ce sont les jeunes qui appartiennent auxfamilles de niveau social élevé qui sontles plus nombreux à citer les deux mo-des de transmission les plus importants(relations sexuelles et sang).

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Vaccinations

287Baromètre santé jeunes 97/98

Les vaccinations sont un des plus grandssuccès des politiques de santé publique :elles permettent de sauver des millions devies dans tous les pays du monde.Pourtant, un siècle après la mort de Pas-teur, beaucoup d’entre nous ont tendanceà oublier que les fléaux infectieux tels quela variole, la poliomyélite ou la diphtérie,ont pu être écartés ou sont en voie de dis-parition, grâce au succès des vaccins.La vigilance reste donc nécessaire, car desmaladies considérées à tort comme béni-gnes, peuvent à tout moment faire l’objetde nouveaux foyers endémiques dont lesconséquences sont dramatiques pour cer-taines populations.Alors que pendant longtemps, les straté-gies d’immunisation ont été basées enFrance sur l’obligation, depuis une dizained’années, les pouvoirs publics font appel àla responsabilité individuelle et collectivepour que chaque personne se sente con-cernée par ce geste de prévention.En effet, la vaccination n’est efficace quesi elle implique un pourcentage significatifde la population cible et si les rappels sontbien effectués. Il est donc nécessaire deconvaincre non seulement les adultes mais

aussi leurs enfants et l’ensemble de la po-pulation des jeunes.Quel est le niveau d’adhésion des adoles-cents français à la vaccination en général ?De quand date leur dernière immunisation ?Qui en a pris la décision et où a-t-elle eulieu ? Que savent les jeunes sur les modesde transmission de l’hépatite B ?Telles sont les questions auxquelles cechapitre donne des éléments de réponse.

La vaccinationen général

Adhésion à la vaccinationPrès de neuf jeunes sur dix (89,0 %) décla-rent être « très » (44,2 %) ou « plutôt »(44,8 %) favorables aux vaccinations engénéral. Les garçons sont un peu plus nom-breux dans ce cas (90,3 % vs 88,0 % ) etplus les adolescents avancent en âge, plusils y sont favorables et moins la différenceentre sexes est marquée (Figure 1).Parmi les autres facteurs sociodémogra-phiques, il est à noter que la situation so-ciale de la famille à laquelle appartient lejeune ne semble pas intervenir dans sonniveau d’adhésion à la vaccination.En revanche, il semble que les enfants vivant

Lorsque les variables « situation parentale » et « redou-blement » sont utilisées, elles ont été systématiquementajustées sur le sexe et l’âge.

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Vaccinations

288 Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 2

Origine de la décision concernant la dernièrevaccination du jeune selon l’âge (en pourcen-tage)

0

20

40

60

80

Parents Médecin Jeune lui-même12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

64,555,3 55,6 54,3 52,1

40,633,5

27,331,8

38,7 35,128,7

24,1

23,521,5

22,63,7 6,0 9,3

17,023,9

35,9

45,050,1

Figure 1

Répartition des jeunes favorables (très ouplutôt) à la vaccination en général selon lesexe et l’âge (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

Garçons Filles12 ans 13 ans 18 ans 19 ans16 ans 17 ans14 ans 15 ans

79,187,5 88,8 88,9 92,6

93,5 94,5

94,7

77,082,7 83,8 84,9

89,8

94,1 95,6

93,7

dans une famille recomposée exprimentmoins fortement ce choix préventif que lesautres (85,8 % vs 90,3 % — monoparen-tale — vs 88,9 % — de naissance (ou d’adop-tion)). Il en est de même pour ceux qui vi-vent en zone rurale (87,6 % vs 89,7 %).

Ancienneté de la vaccination

Un peu plus d’un tiers des adolescents(36,5 %) déclarent qu’ils ont été vaccinéspour la dernière fois en 1997 (année del’enquête) et un pourcentage équivalent(36,7 %) en 1996.Plus globalement, neuf sur dix (88,3 %) di-sent avoir eu une vaccination il y a moinsde cinq ans.Par ailleurs, près d’un adolescent sur dix (9,5 %)ne sait pas à quand remonte son derniervaccin. Seul l’âge apparaît comme une va-riable discriminante chez les jeunes qui nesavent pas — les plus jeunes étant plusnombreux à être dans ce cas (13,1 % des12-14 ans vs 7,7 % chez les 15 ans et plus).

Origine de la dernièredécision vaccinaleConcernant la dernière vaccination, la dé-

cision revient près d’une fois sur deux(45,4 %) aux parents (la mère pour 27,1 %des cas), puis au médecin (26,8 %) avecune prépondérance pour le médecin defamille (17,0 %) et enfin, au jeune lui-même(24,0 %) (Tableau I).Les filles sont plus autonomes que les gar-çons vis-à-vis de leurs vaccinations (28,1 %vs 20,0 %), ces derniers comptant plus surleurs parents (47,9 % vs 42,7 %). Ce constatsouligne la précocité de la responsabilitédes femmes pour la santé en général maisaussi celle de leurs proches.Plus les années passent, plus l’adolescentse prend en charge pour ses vaccinations(Figure 2). Cependant, on constate qu’à 19ans, un jeune sur cinq compte encore surses parents pour s’en occuper (29,7 % pourles garçons de 19 ans).Les adolescents issus de niveau social plusfavorisé (enfants dont le chef de famille aune profession intermédiaire, est cadre ouexerce une profession intellectuelle supé-rieure) sont moins autonomes pour leursvaccinations que les enfants d’ouvrier oud’inactif (Tableau II).

Lieu de la dernière vaccination

Elle a été faite dans les trois quarts descas au cabinet du médecin de famille

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Vaccinations

289Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 3

Lieu de la vaccination selon le sexe

Chez le médecin 75,1 %

À l'école15,7 %

Dispensaire, centre5,7 %

Autres 2,9 %Ne sait pas 0,6 %

Chez le médecin 79,3 %

À l'école13,8 %

Dispensaire, centre5,2 %

Autres 1,2 %Ne sait pas 0,6 %

Filles

Garçons

Figure 4

Vaccination à l’école selon l’âge etle sexe (en pourcentage)

0

10

20

30

40

12-14 ans 18-19 ans15-17 ans

Garçons Filles

32,1

9,5

5,1

31,4

5,7 3,1

Tableau I

Personne qui a pris la décision defaire vacciner le jeune pour ladernière fois selon le sexe(n=4 115 ; en pourcentage)

Ensemble Garçons Filles

Parents 45,4 47,9 42,7Les deux parents 16,3 18,9 13,6Mère/belle-mère 27,1 26,7 27,6Père/beau-père 2,0 2,3 1,5Médecins 26,8 27,3 26,5Médecin de famille 17,1 17,4 16,7Médecin/infirmièrescolaire 9,6 9,5 9,7Médecin du travail 0,2 0,4 0,1Jeune lui-même 24,0 20,0 28,1Autres 2,2 3,0 1,3Ne sait pas 1,6 1,8 1,4

Tableau II

Origine de la prise de décision de ladernière vaccination selon laprofession du chef de famille (enpourcentage)

Parents Médecin Lui-mêmeAgriculteurs (n=127) 45,7 30,7 23,6Artisans, commerçants,chefs d’entreprise(n=177) 51,4 21,5 27,1Cadres et prof. intel.supérieures (n=654) 52,9 24,5 22,6Professionsintermédiaires(n=726) 51,5 25,9 22,6Employés (n=579) 47,8 30,1 22,1Ouvriers (n=1 474) 43,8 29,6 26,7Inactifs (n=83) 34,9 33,7 31,3Ne sait pas (n=99) 33,0 27,0 40,0

(77,2 %) et dans une plus faible proportionà l’école (14,8 %). Les filles se rendent plussouvent chez leur médecin de famille, lesgarçons étant plus volontiers vaccinés àl’école ou dans un autre type de structurepublique (armée, médecine du travail…)(Figure 3).

La vaccination à l’école est beaucoup pluscourante chez les jeunes adolescents : à12-14 ans, ils sont près d’un tiers (31,8 %)a y avoir reçu leur dernière immunisation(Figure 4).Les jeunes qui habitent dans une communerurale sont aussi plus nombreux à être dans

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Vaccinations

290 Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 5

Lieu de vaccination selon la taille d’agglomé-ration (en pourcentage)

0

20

40

60

80

100

Communesrurales

Moins de20 000 h.

Agglomérationparisienne

De 20 000 à199 999 h.

200 000 h.et plus

79,983,8

79,0 80,471,5

17,013,0 15,6 13,6 16,1

3,1 3,2 5,4 6,0 12,4

Médecin de famille À l’école

Dispensaire / Centre de vaccination

ce cas (17,0 % vs 14,5 %), alors que ceuxqui habitent en ville déclarent en plus grandnombre être allés dans un dispensaire ouun centre de vaccination (6,5 % vs 3,1 %).Ceci correspond sans doute à une offreplus importante de ce type de service enville (Figure 5) ; ce dernier pourcentage estde 12,4 % dans l’agglomération parisienne.

Hépatite B et modes decontaminationLe virus de l’hépatite B est présent principa-lement dans le sang, le sperme, les sécré-tions vaginales et, dans une moindre me-sure, dans la salive et les autres sécrétions.L’hépatite B se transmet par le sang despersonnes porteuses du virus ou au coursde relations sexuelles. La transmission parle sang peut se produire lors d’un échangede seringues entre toxicomanes, lors d’unepiqûre accidentelle avec du matériel souillé,ou encore entre la mère et le nouveau-nélors de l’accouchement. Le virus de l’hépa-tite B est présent dans la salive mais cemode de contamination reste rare.Plus d’un quart (26,4 %) des jeunes n’arri-

vent pas à citer spontanément au moinsun mode de contamination de cette mala-die infectieuse, les garçons plus que lesfilles (29,2 % vs 25,4 %) et les plus jeunesplus que leurs aînés (45,5 % chez les 12-14 ans, 20,2 % chez les 15-17 ans, 13,9 %chez les 18-19 ans).Dans le Baromètre santé adultes de 95/96[1], les 18-75 ans étaient près de la moitié(43,3%), c’est-à-dire plus nombreux que lesjeunes, à ne pas pouvoir citer spontané-ment au moins un mode de contamination.Une étude qualitative menée en décembre1997 par le CFES avec l’institut Ipsos auprèsde parents et de jeunes sur la vaccinationen milieu scolaire [2] montrait que si l’hé-patite B suscitait l’inquiétude des person-nes interrogées, bon nombre d’entre ellesavaient l’impression de mal connaître cettemaladie et se déclaraient peu informéessur les modes de contamination.Un jeune sur deux (50,6 %) cite la salive,un sur trois (36,1 %) les relations sexuel-les et un sur quatre (24,4 %) le sang. LaFigure 6 présente l’ensemble des modesde transmission qui ont pu être cités parles jeunes. Quel que soit le mode de con-tamination considéré (les relations sexuel-les, le sang, la salive), les filles sont systé-matiquement en plus grand nombre à lesmentionner.La fréquence des différentes réponses estaussi fortement liée à l’âge, aussi bien pourla salive que pour les relations sexuellesou le sang (Figure 7).Un jeune sur cinq (21,9 %) a parlé d’autresmodes de contamination possibles (plussouvent les garçons et les 12-13 ans). Cesont « les objets », la transpiration, le bai-ser, les aliments ou l’environnement (airmalsain…).La réponse « piqûre ou seringue » est diffi-cile à interpréter. En effet, s’agit-il d’uneréférence faite au mode de contaminationpar l’échange de seringues (usagers de dro-gues), à des soins reçus ou donnés (piqûresaccidentelles avec du matériel souillé) oubien une erreur de compréhension et uneassimilation à la vaccination (piqûre) con-tre l’hépatite B ?

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Vaccinations

291Baromètre santé jeunes 97/98

Figure 7

Modes de contamination cités pourl’hépatite B selon l’âge (en pourcen-tage)

0

15

30

45

60

75

Ne sait pasSalive

Autres

Relations sexuellesSang

12-13 ans 14-15 ans 16-17 ans 18-19 ans

48,8

29,1

17,9

13,6

18,319,8 17,2

24,0

28,2

48,7

62,260,2

15,7

27,9

45,152,2

17,1

20,9

27,231,0

Figure 6

Modes de contamination cités pourl’hépatite B selon le sexe (enpourcentage)

0 10 20 30 40 50 60

24,6

12,2

2,8

2,6

1,8

21,9

37,7

54,4

28,6

12,8

3,3

2,4

2,1

26,8

34,6

46,8

Ne sait pas

Autres

Objets

Transpiration

Aliments

Sang

Relationssexuelles

Garçons Filles

Salive

Ce sont les jeunes qui appartiennent à unefamille dont le chef de famille est artisan,commerçant, chef d’entreprise ou cadre,qui sont les plus nombreux à citer les deuxmodes de transmission les plus importantset les mieux validés scientifiquement (rela-tions sexuelles et sang).L’étude qualitative de décembre 1997montrait en effet que l’on s’interrogeait fré-quemment sur d’autres modes éventuelsde transmission : par l’eau, par l’alimenta-tion, par manque d’hygiène.La Figure 8 compare les modes de conta-mination cités pour l’hépatite B dans lapopulation adulte (Baromètre santé adultes95/96 [1]) et jeune (Baromètre santé jeu-nes 97/98).La hiérarchie est différente, puisque lesjeunes citent en premier la salive (50,6 %),alors que pour les adultes, elle n’arrive qu’entroisième position (29,0 %). Les relationssexuelles sont citées en premier par lesadultes, ce qui n’est pas le cas pour lesadolescents (deuxième position) avec pour-tant un pourcentage quasiment identiquejeunes/adultes (jeunes : 36,1 % ; adultes :36,7 %).

Figure 8

Modes de contamination cités pourl’hépatite B chez les jeunes et lesadultes (en pourcentage)

0 10 20 30 40 50 60

Ne sait pas

Transpiration

Sang

Relationssexuelles

Salive

26,4

2,5

24,4

36,1

50,6

43,3

2,1

32,0

36,7

29,0

Baromètre adultes 95/96Baromètre jeunes 97/98

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Vaccinations

292 Baromètre santé jeunes 97/98

Analyse et synthèse

Le sexeSi les garçons sont légèrement plus nom-breux à être favorables à la vaccination, ilsse déclarent moins autonomes que les fillespar rapport à cet acte préventif. Ils se ré-vèlent être, en effet, plus dépendants pourles vaccinations, de leurs parents en géné-ral et de leur mère en particulier. En ce quiconcerne la dernière vaccination pratiquée,les adolescentes ont fait plus souvent ap-pel au médecin de famille, alors que lesgarçons sont significativement plus nom-breux que les filles à utiliser des structu-res publiques (école, centre de vaccinations,armée…).De façon générale, les filles semblent avoirde meilleures connaissances sur les mo-des de transmission de l’hépatite B que lesgarçons.

L’âge

L’adhésion et l’autonomie vis-à-vis de lavaccination augmentent avec l’âge. Pour-tant, à la sortie de l’adolescence, de nom-breux jeunes restent encore très dépendantsde leurs parents par rapport à leur prati-que vaccinale. Les plus jeunes sont plussouvent que leurs aînés vaccinés à l’école,très certainement en raison d’une immuni-sation contre l’hépatite B pratiquée à l’en-trée au collège.

Autres caractéristiques

Les jeunes de niveau social élevé sont plusdépendants de leurs parents pour la prati-

1. Baudier F., Arènes J. (sous la dir. de). Baro-mètre santé adultes 95/96. Vanves : CFES,1997 : 288 p.

2. CFES/Ipsos. Étude qualitative. Vaccinationcontre l’hépatite B en milieu scolaire. Rapp.dactyl., décembre 1997.

références bibliographiques

que vaccinale et semblent avoir de meilleuresconnaissances dans ce domaine (par exem-ple pour les différents modes de transmis-sion de l’hépatite B) que les adolescentsd’origine plus modeste. Ces derniers nedéclarent pas faire plus souvent appel queles jeunes de milieux plus favorisés à desstructures publiques de vaccination.

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Baromètre santé jeunes 97/98

293

the key facts in a few figures…

Belief in vaccination in generalAlmost nine out of ten young people(89.0%) state they are in favour of vac-cinations, boys are a little more in favourthan girls and this percentage in favourincreases with age.

Time since last vaccinationAlmost nine out of ten young people(88.3%) state they have had a vaccinationwithin the last five years and almost oneteenager in ten (9.5%) does not know howlong it is since they were last vaccinated.

Who made the decision about themost recent vaccinationAlmost one in two (45.4%) decisions tovaccinate were made by the parents (bythe mother in 27.1% of cases), then bythe doctor (26.8%) most commonly thefamily doctor (17.0%) and finally, by theyoung person him or herself (24.0%). Girlsand teenagers from modest social back-grounds were more likely to have madetheir own decision about vaccinations.

Place of last vaccinationIn three quarters of cases, it was doneby the family doctor (77.2%) and asmaller proportion were vaccinated at

school (14.8%). Girls are more likely togo to the family doctor for this preven-tive measure, boys and younger teenag-ers were more willing to ask the schoolor another type of public organisationto do it (army, works doctor, etc.).

Hepatitis B and modes of infectionMore than a quarter of young people(26.4%) cannot spontaneously cite onemode of infection, boys more often thangirls in this case and younger teenagersmore than their elders. One young per-son in two (50.6%) named saliva, one inthree (36.1%) sexual intercourse and onein four (24.4%) blood. Whatever the threeprincipal modes of infection considered(saliva, sexual intercourse or blood) girlsand older teenagers are systematically morelikely to mention them. One young personin five (21.9%) talked about other meth-ods of infection (more frequently boys and12-13 year olds). The answers given wereprincipally perspiration, kissing, food orthe environment (bad air, etc.). The answer“jab or needle” is difficult to interpret.Young people from families in the highersocial classes were more likely to cite thetwo most important modes of transmis-sion (sexual intercourse and blood).

Vaccinations

Marie-Pierre Janvrin, François Baudier

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Discussion

297Baromètre santé jeunes 97/98

En latin, « adulescentia » signifie « jeunesse »et s’oppose à « vieillesse ». Selon Cicéron,« la vieillesse » succède naturellement à« l’adulescentia » comme celle-ci à « l’en-fance ». L’entre-deux que représente « l’ado-lescence » — entre « enfance » et « âgeadulte » — est un phénomène récent lié àune civilisation industrielle qui prolonge uneétape de vie restée pendant longtemps fu-gace. Aujourd’hui, tout naturellement, lesspécialistes tentent de définir l’adolescencedurant toute son étendue temporelle et sesnouvelles spécificités, en particulier dansle domaine de la santé.

Les âges de l’adolescence

La première question est de différencierou non « adolescence » et « jeunesse ». Àbien des égards, l’adolescence se trouveproche de l’enfance par le maintien du con-trôle des instances de socialisation que sontla famille et l’école. En fait, l’adolescencese différencie sociologiquement de l’enfancepar « un ensemble de goûts et de prati-ques liés surtout à la socialisation du groupedes pairs » [1]. Ces relations sont doncimportante à explorer. Elles sont d’ailleursprésentes dans la très grande majorité desenquêtes concernant les comportementset les attitudes des populations de ces âges.

Le concept d’adolescence a été réellementinstitué au début de ce siècle. Ainsi, à cetteépoque, « les familles bourgeoises ont euà gérer une phase inédite de la vie, qui seprolonge avec le développement des étu-des secondaires » [2]. La psychologie,science alors nouvelle, va « investiguer »scientifiquement cette période de la vie pouren étudier les bouleversements et tenterde donner aux parents et aux éducateursles moyens pédagogiques de la gérer.L’entrée physiologique dans l’adolescencese situe durant la puberté, au moment del’apparition de la fonction génitale. En re-vanche, sa sortie se fond très souvent dansune période indéterminée entre jeunesseet âge adulte. Selon Olivier Galland, l’ado-lescence se différencierait actuellement dela « jeunesse », plus tardive, pendant laquellese situerait une prise progressive de res-ponsabilités professionnelles et familiales.Pour étudier l’adolescence elle-même, lesdonnées sanitaires récoltées par l’Organi-sation mondiale de la santé (OMS) recou-vrent la période assez vaste des « 10-19ans » et les données internationales sontagrégées en deux sous-groupes : les « 10-14ans » et les « 15-19 ans ». L’échantillon duBaromètre santé jeunes a couvert, quant àlui, la tranche d’âge des « 12-19 ans » sub-divisée en deux avec les « 12-14 ans » et

Jacques Arènes, François Baudier

Discussion

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Discussion

298 Baromètre santé jeunes 97/98

rés ont probablement fait l’objet d’une sous-déclaration en raison du média téléphoni-que et de la proximité réelle ou symboli-que des parents et des proches. C’est enparticulier le cas pour les consommationsde substances illicites ou les rapportssexuels forcés. Par ailleurs, il est raison-nablement possible de penser que les jeu-nes qui n’ont pas le téléphone et ceux dontle foyer est sur liste rouge (ou orange) ont,pour des raisons différentes, certains com-portements de santé différents.

La prise de risqueau cœur de la problématiqueadolescente ?La tâche développementale de l’adolescencesuppose l’exploration d’un certain nombrede comportements (conduites d’essai) pou-vant éventuellement comporter un risque.Ces tentatives ou ces prises de risques fontpartie de la construction de l’identité del’adulte [6]. Pourtant, dans certains cas, lamise en place de ces comportements peutmener à de réels problèmes de santé pu-blique (addictions, suicides, accidents…)pour une frange non négligeable de la po-pulation adolescente. Cependant, la cons-cience claire d’une « prise de risque » n’estpas nécessairement le fait de l’adolescent,notamment quand il est très jeune. La ca-ractéristique des premiers âges de l’ado-lescence est souvent décrite comme s’ac-compagnant d’un sentiment d’invulnérabi-lité [7]. De nombreux modèles théoriquesincluent ce sentiment perçu comme un élé-ment important influençant les comporte-ments de santé. Cette situation pourrait doncexpliquer la fréquence des prises de ris-ques parmi la population particulièrementjeune.Il arrive aussi que l’adolescent cherchedélibérément à flirter avec les marges dansce qui devient parfois un comportementordalique1. La question posée dans le Ba-romètre santé jeunes sur le risque éven-tuel « pris par plaisir ou par défi au cours

1. D’appel à la justice de Dieu au Moyen Âge.

les « 15-19 ans ». Seul le second groupe abénéficié de certaines questions plussensibles sur la sexualité, les substancespsychoactives illicites et le suicide. Le choixde la borne inférieure des âges a été mo-tivé par la comparaison avec de précéden-tes enquêtes du CFES (il s’agissait souventdes « 12-18 ans »). Elle est aussi liée à uneréserve par rapport à l’acceptabilité et lacompréhension du questionnaire — assezlong — par les plus jeunes. D’ailleurs, desdifficultés ont été relevées au moment del’enquête pilote chez les 12-13 ans. Ladéfinition de certains termes a donc éténécessaire pour cette tranche d’âge ; parexemple « toxicomane » à propos d’unequestion d’opinion sur les drogues.

Le téléphone : un médiafamilier et accessible pourbeaucoup de jeunesLe Baromètre santé jeunes a pu montrer lapertinence du média téléphonique pour uneenquête sur les comportements de santéet les styles de vie des jeunes.Comme il a été souligné dans l’introduc-tion, le nombre de non-répondants est moinsélevé que dans l’enquête adultes qui utili-sait une méthodologie identique [3, 4]. Deplus, les jeunes déclarent que l’anonymatdu téléphone leur a permis d’être plus àl’aise pour répondre à des questions inti-mes [5]. Une jeune a ainsi confié après soninterview : « La personne qui était au télé-phone avec moi m’a bien dit que c’étaitanonyme. C’était pour moi beaucoup plusfacile de répondre à vos questions sensi-bles. Si cela ne m’avait pas été précisé,cela m’aurait beaucoup plus gêné. Les ques-tions plus personnelles, comme c’était ano-nyme, c’était pour moi une sécurité. »Le grand intérêt d’une telle enquête partéléphone a été aussi de pouvoir approcherceux qui ne sont plus dans le système sco-laire (chômeurs, jeunes travaillant) et quiéchappent en général à ce type d’investi-gation souvent conduite en milieu scolaireà l’aide d’autoquestionnaires.Bien entendu, des comportements décla-

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1. Risk Taking Behavior.2. Health concerns.

des derniers jours » recouvre ce type desituation. Les réponses apparaissent trèsdiverses. Le risque peut avoir des consé-quences plus sociales que biomédicales(infraction à la loi et défi des forces de l’or-dre, « entorses » au code d’honneur ayantcours entre amis). Il peut aussi concernerun jeu authentique avec le danger, la mort(un des jeunes interrogés avait ainsi prisl’autoroute en sens inverse) ou une recher-che des limites corporelles par l’ingestionde substances, qui s’apparente à une ten-tative de suicide (« j’ai avalé des médica-ments de toutes sortes », « j’ai beaucoupbu avec l’envie de mourir »). Dans de nom-breux cas, ces comportements d’essais nedoivent pas être pris isolément et en de-hors de leur aspect social d’acceptation etde respect par les pairs. En effet, les jeu-nes ayant montré une vie sociale plus in-tense (ceux qui se sont retrouvés, au coursdes sept derniers jours, au café, dans unbar ou une salle de jeux avec des copainsou qui ont retrouvé des copains dehors prèsde chez eux, au cours des sept derniersjours) sont aussi ceux qui sont le plus im-pliqués dans les consommations de subs-tances psychoactives. Ils ont d’ailleurs unscore de santé sociale de niveau élevé etc’est pourquoi certains auteurs proposentde développer auprès de ces publics endifficulté des stratégies dites d’éducationpour la santé par les pairs [8].

La perception paradoxaledes craintes de la maladieCertains pensent que le terme « de prisede risque »1 ne peut être réservé qu’à uncomportement incluant la conscience dudanger [9]. D’une manière très nette, la plu-part des craintes concernant divers pro-blèmes de santé ou maladies subissent danscette enquête et dans le Baromètre santéadultes 95/96 [10], une évolution linéaireet croissante avec l’âge, de 12 à 65 ans. Ilen est ainsi du cancer, des maladies car-diaques, des accidents de la circulation quisont peu craints par les plus jeunes en rai-son de l’aspect abstrait d’événements de

santé censés apparaître dans un futur loin-tain. La morbidité par cancer ou maladiescardiaques est intuitivement comprise parle jeune comme concernant plus souventles « adultes ». Par ailleurs, le facteur « d’in-vulnérabilité » cité plus haut est sans douteaussi en cause.Certaines études ont montré que les sou-cis ou inquiétudes concernant la santé2 desadolescents ne se situent qu’assez peu dansle registre des facteurs de risque classi-quement reconnus par l’épidémiologie (parexemple les consommations de substan-ces psychoactives), alors qu’elles sont sou-vent mises en avant par les adultes, leséducateurs et les responsables de santépublique. En fait, les préoccupations desadolescents recouvrent principalement ledomaine des relations et de la vie sociale,émotionnelle et affective ainsi que de lagestion du stress [11-13]. Le levier de ladémarche d’éducation pour la santé peutdonc rarement s’appuyer sur la peur demaladie projetée dans un futur lointain (can-cer, maladies cardio-vasculaires…), maisdoit s’inscrire dans une réalité plus liée auvécu immédiat du jeune (amour, sport,musique…).En revanche, les craintes concernantd’autres problèmes de santé présentent unecourbe paradoxale en « U ». Elles inquiè-tent les plus jeunes (12-14 ans) et les plusâgés (après 35 ans). Il en est ainsi desmaladies dues à l’alcool, du suicide et desaccidents de la vie domestique. Cette pré-occupation plus importante des plus jeu-nes pourrait s’expliquer soit par une plusgrande exposition objective au risque (parexemple pour les accidents de la vie do-mestique), soit par un impact plus impor-tant des messages de prévention chez lesplus jeunes pour certains thèmes (par exem-ple pour l’alcool). Par ailleurs, il faut noterque dans certains domaines comme la toxi-comanie, les jeunes adolescents se révè-lent plus répressifs que les plus âgés.

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L’importance et la réalitédes polyconsommations

La très grande majorité des jeunes se dé-clare en bonne santé par rapport aux per-sonnes de leur âge. 94,7 % d’entre euxaffirment que leur santé est plutôt ou trèssatisfaisante et ils sont moins de 1 % à af-firmer qu’elle ne l’est pas du tout.Néanmoins, une partie significative del’échantillon donne des signes de souffrancedans les domaines de la violence, de l’idéa-tion suicidaire (plus de 10 %) et de l’expo-sition à une polyconsommation de subs-tances licites et illicites, cette dernière di-mension préoccupante ayant déjà été ex-plorée dans l’enquête de l’Inserm [14]. L’ex-périmentation de substances psychoacti-ves fait de toute façon partie de l’universdes jeunes. En effet, moins d’un sur dix(8,9 %), parmi les 15-19 ans, n’a absorbéaucun de ces produits au cours de sa vie.Cette « propension » à la consommation desubstances psychoactives s’intégrerait dansun réseau de causalité incluant évidemmentla personnalité du jeune et son environne-ment (pairs, parents), mais aussi les autrescomportements d’essais [9].La consommation d’alcool, et notammentl’ivresse, sont reliées positivement à la prisede cannabis (78,8 % des expérimentateursde cannabis déclarent avoir été ivres aucours de leur vie contre 26,3 % pour lesautres). Il y a là une similitude des modè-les de risque psychosocial entre l’utilisa-tion de cannabis et la consommation d’al-cool sous une forme toxicomaniaque —ivresse — [15]. La prise de cannabis estaussi reliée à celle de tabac. L’hypothèsepouvant expliquer ce lien est en partie àtrouver dans le mode de consommation ha-bituel (« fumer ») de ces deux produits.Près de 30 % des jeunes de 15 à 19 ansont consommé au moins une fois les troisproduits (alcool, tabac et cannabis). Cepen-dant, les résultats du Baromètre santé jeu-nes indiquent que seulement 1 % des jeu-nes de 15 à 19 ans (n=28) sont des con-sommateurs affirmés d’alcool, de tabac,et de cannabis (plus de dix cigarettes par

jour pour le tabac, dix fois ou plus de can-nabis au cours des douze derniers mois,une boisson alcoolisée plus d’une fois parsemaine au cours des douze derniers mois).Par ailleurs, environ 5 % des adolescentsinterrogés ont déclaré associer deux dessubstances citées dans une consommationrégulière. Ces jeunes se démarquent desautres par une qualité de vie déclarée infé-rieure dans les domaines physique, men-tal et social, un âge plus élevé et une pré-dominance très nette du sexe masculin. Cephénomène de forte polyconsommation neconcerne donc qu’une frange infime del’échantillon du Baromètre santé jeunes, avecde plus, pour deux des produits (alcool etcannabis), un type de consommation quine peut être qualifié d’addictif en raison deprises irrégulières, sans doute plus liéesaux circonstances qu’à un besoin impérieuxde prise de toxique. Il est nécessaire denoter aussi qu’une enquête en populationgénérale comme le Baromètre santé jeu-nes ne peut approcher d’une manière fineles consommations plus extrêmes, tant dupoint de vue de l’évaluation de la prévalenceque de l’analyse des déterminants.Quelques données d’évolution peuvent êtreprises en compte dans cette analyse. Parexemple, pour le tabagisme, il semble existerune régression chez les 12-18 ans (don-nées à suivre dans les futurs Baromètressanté jeunes), ce qui est confirmé pard’autres études françaises en populationadulte [16]. Cependant, la consommationdes jeunes dans le Baromètre apparaît plusélevée que celle des enquêtés par l’Insermen 1993 [14]. D’autres données européen-nes indiquent, au contraire, que le tabagismesemble ailleurs en augmentation chez lesjeunes [17, 18].La consommation de cannabis, si elle nepeut être référencée à un autre Baromètresanté jeunes, est plus élevée — à âge iden-tique — que dans l’enquête Inserm 1993,alors qu’elle se situe à un niveau peu diffé-rent d’études suisses [19, 20] et sembleêtre supérieure à celle des âges compara-bles du dernier Baromètre santé adultes.Cet état de fait correspond à une tendance

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à l’accroissement de la consommation dessubstances illicites (principalement de can-nabis) notée à l’heure actuelle en Europeet au Canada [21].La consommation d’alcool apparaît, quantà elle, relativement stable par rapport à l’en-quête Inserm 1993, notamment pourl’ivresse au cours de la vie et la consom-mation bihebdomadaire (deux fois par se-maines et plus). Ces résultats indiquent doncune relative stabilité, voire une diminution,de la consommation d’alcool, soulignée dansd’autres pays [18, 22].

La confusion des âges etdes sexesL’âge est un facteur important de variationpour de multiples comportements et atti-tudes de santé, volontaires ou non. Ainsi,la prévalence du tabagisme, le nombremoyen de cigarettes fumées, la prévalencede consommation de cannabis au cours del’année et de la vie, la consommation d’al-cool (fréquence hebdomadaire ou d’ivres-ses au cours des douze derniers mois), lescomportements d’essai (« avoir fait quel-que chose de risqué par plaisir ou par défiau cours des douze derniers mois »), laviolence « agie » au cours des douze der-niers mois (pour les garçons), certainscomportements alimentaires (le fait de sauterle petit déjeuner par exemple) sont en aug-mentation linéaire avec l’âge.Des études ont tenté d’évaluer directementl’effet de l’âge des adolescents sur l’initia-tion aux drogues licites et illicites. La théo-rie des stades suppose un continuum aucours duquel l’adolescent commencerait parl’expérimentation, certains progressant versl’utilisation régulière et d’autres ensuite versla dépendance. Le stade de l’initiation à cessubstances s’appliquerait d’abord plus spé-cifiquement à l’alcool et au tabac. L’utilisa-tion régulière de l’alcool viendrait ensuite,suivie du cannabis et éventuellement d’autressubstances illicites [23].D’autres comportements de santé sont liésà l’âge d’une manière complexe. Par exem-ple, la violence subie intéresse prioritaire-

ment les 15-17 ans, et c’est à 17 ans queles jeunes déclarent le plus de tentativesde suicide au cours de la vie. Concernantla qualité de vie, la relation avec l’âge ap-paraît assez nettement chez les filles. El-les déclarent une qualité de vie inférieure àpartir de 15 ans, notamment dans le do-maine de la santé mentale. C’est aussi àcet âge que les garçons se différencientdes filles pour certains déclaratifs de com-portements addictifs (nombre de verres deboissons alcoolisées bus la veille, expériencede l’ivresse, consommation de haschich),privilégiant ainsi la mise en acte d’un mal-être plutôt que l’expression d’une souffrance« interne » [24]. Ainsi, au cours de l’ado-lescence, une évolution différentielle s’opèreentre les garçons et les filles. Certainesétudes longitudinales indiquent une forteaugmentation des comportements « à pro-blèmes » chez les garçons, alors que lesfilles subissent de plus en plus des trou-bles somatiques et de l’humeur [25].Bien entendu, les indicateurs de la vie rela-tionnelle (sorties), d’investissement dans lesactivités de loisir et de contrôle parentalsont assez fortement corrélés avec l’âge.Pour ce dernier item, l’effet âge s’avèredifférent pour les garçons et les filles. Beau-coup d’adolescentes ne bénéficient d’un réelallégement du contrôle des horaires qu’àleur majorité.La prévalence du tabagisme ne paraît paspour les jeunes liée au sexe, contrairementà la population des 18-75 ans [26]. Uneautre étude française, non nationalementreprésentative, indique une consommationrégulière supérieure chez les filles à partirde 14 ans [27], alors que l’enquête Insermde 1993 affirme aussi une consommationéquivalente entre filles et garçons [14]. Demême, les comportements alimentairesdysfonctionnels, la perception de son imagecorporelle et les stratégies de contrôle depoids sont plus spécifiquement fémininscomme il est classiquement reconnu dansla littérature [14, 28]. Les tentatives de sui-cides sont l’apanage des filles, même si lamortalité par suicide est, quant à elle, enFrance comme ailleurs, plutôt masculine.

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En revanche, la majeure partie des com-portements « à risque » (consommation decannabis, d’alcool, violence agie et subie,comportement d’essai au cours du derniermois) concernent beaucoup plus souventles garçons [14, 19, 22].

Des espaces géographiquesaux territoires familiauxLa dimension de la commune de domicileest en relation avec différents facteurs desanté et de bien-être comme la violence(phénomène plus spécifiquement urbain),la consommation de cannabis (qui est enrelation directe avec la taille d’aggloméra-tion et un probable effet « offre »), les sco-res de qualité de vie (les villes de moins de20 000 habitants étant les lieux de domi-cile où la qualité de vie déclarée est lameilleure), mais aussi avec certaines pra-tiques alimentaires. Beaucoup de ces phé-nomènes ont déjà été observés dans leBaromètre santé adultes 95/96 pour les18-75 ans.Il y a une relation nette entre la rupture fa-miliale (séparation, divorce, décès des pa-rents) et la très grande majorité des com-portements et attitudes de santé déclaréspar les adolescents. C’est le cas pour laplupart des comportements d’essais, derisque et de contact avec violence (violenceagie et subie, prise de risque au cours dudernier mois, violence autoagressive dusuicide), et d’expérimentation de substan-ces psychoactives (alcool, tabac, canna-bis). La qualité de vie déclarée semble aussiparticulièrement affectée par le type desituation familiale. Cette fragilité est sur-tout marquée pour les enfants issus de fa-milles recomposées (par exemple pour l’idéa-tion suicidaire et le suicide). Plusieurs étu-des, notamment anglo-saxonnes, ont sou-ligné la grande vulnérabilité des enfants defamilles monoparentales ou recomposées(en termes de performance scolaire, deproblèmes affectifs, de risques d’accidents),par rapport à ceux issus de famillesbiparentales (parents de naissance (oud’adoption)) [29]. Les problèmes liés à la

séparation, la qualité des relations et la pré-sence ou non de conflits avant et après laséparation seraient les éléments détermi-nants quant à l’impact éventuel sur le jeune[30, 31]. Si la rupture en elle-même estgénératrice d’une crise, la préservation d’unequalité minimum des relations familiale sem-ble être un facteur protecteur de l’équili-bre de l’adolescent. L’importance de cetaspect pour la prévention est primordialedans la mesure où certains soutiens peu-vent être mis en place. Dans ce contexte,les institutions de médiation familiale ontun rôle essentiel à jouer [32], même si el-les concernent souvent les jeunes enfants.En effet, une intervention ou une aide pré-coce s’avère déterminante dans la mesureoù la littérature montre que ces événementsde séparation vécus par l’enfant avant 12 ans— deuil ou séparation des parents — ontun impact crucial sur le devenir de l’ado-lescent et du jeune adulte.Toujours dans ce contexte familial, l’effetdes comportements de santé des parentseux-mêmes (tabac, alcool, certains choixnutritionnels) sur celui de leurs enfants estsensible [33]. Par exemple, dans le domainede la consommation du tabac, certainsauteurs ont souligné que lorsque les deuxparents et la fratrie sont fumeurs, la pro-babilité est particulièrement minime quel’adolescent lui-même soit non fumeur [34].Par ailleurs, le sentiment de ne pas êtreestimé par les parents et la perception d’unmoindre contrôle ou d’une plus grande in-cohérence parentale sont reliés aussi aveccertains comportements « à risque » (alcoolou tabac). Ce rôle de la présence paren-tale (même en terme de temps passé avecl’enfant) et de l’intensité de la relation avecles parents (Parent and family connec-tedness) a été amplement souligné commeun facteur protecteur par rapport à de nom-breux comportements à risque [35, 36]. Ilen est de même pour la compatibilité et lacohérence entre l’influence des deux grou-pes de références fondamentaux que sontles pairs et la famille [15]. Ce constat, loind’engendrer l’impuissance, devrait amenerune réflexion sur des processus et des

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actions d’aide à la « reparentalisation »comme cela a déjà été imaginé et mis enplace : groupes de paroles avec des pa-rents sur leurs difficultés avec « leurs »adolescents, apports didactiques sur l’im-portance et la différenciation des rôlesparentaux…

De l’échec scolaireau contexte socialLes difficultés scolaires, dont le nombrede redoublements au cours de la vie estun indicateur, sont constamment, dans cetteenquête, reliées à la plupart des conduitesd’essai étudiées, ainsi qu’à des scores dequalité de vie inférieure. Il a été montré quele contexte scolaire, et plus spécialementle sentiment d’être partie prenante de sonlieu scolaire et d’y être accueilli, constituaientdes facteurs protecteurs importants pource qui concerne les comportements à ris-que [9, 35, 37]. Plus encore, l’échec sco-laire chronique, très en relation avec le statutsocial, peut être considéré comme un vec-teur de risque fondamental [38]. Les con-séquences de ce constat dans le domainede la prévention sont immenses, d’où lanécessité d’associer pleinement dans cetype d’action les structures et les person-nels scolaires [39].Il a été difficile d’établir dans cette enquêtedes indicateurs directs de revenus de lafamille et donc de niveau social. L’indica-teur le plus pertinent aurait été le revenudu ménage, question posée aux person-nes majeures dans le Baromètre santé adul-tes [40]. Il n’a évidemment pas été possi-ble de renseigner ce type d’information dansune enquête déclarative auprès d’adoles-cents, mais la situation professionnelle (tra-vaille, au chômage, retraité) et la profes-sion du chef de famille sont évaluées. Si laqualité de vie perçue par les adolescentsdiffère peu suivant le fait que le chef defamille soit au chômage ou pas, la violencedans certaines de ses dimensions (accidentscorporels, violence agie) est plus fréquentedans le contexte du chômage. En revan-che, les jeunes de niveau social plus favo-

risé déclarent des consommations de ta-bac et de cannabis plus régulières. Le fac-teur économique joue très certainement unrôle significatif dans cette accessibilité plusgrande à ces consommations. Dans le do-maine de l’alimentation, il semble que lesadolescents vivant dans un foyer où le chefde famille est au chômage sautent plus fré-quemment leurs différents repas et décla-rent plus souvent « ne pas avoir mangé àleur faim » au cours de l’année écoulée.Ce constat confirmerait des observationsrécentes faites par les acteurs médico-sociaux travaillant auprès de ces familles.Pourtant, certains auteurs, sans nier lesrisques auxquels sont exposées ces popu-lations sur le plan nutritionnel, relativisentla gravité actuelle de cette situation [41].Enfin, l’évaluation de certaines connaissan-ces sur la santé (par exemple la vaccina-tion) souligne une différence suivant le sta-tut social. En revanche, la pratique d’actespréventifs (comme l’utilisation d’un préser-vatif au cours de la première relation sexuelle)ou la médicalisation (consultation auprèsd’un professionnel de la santé au cours dela dernière année) ne varient pas en fonc-tion du statut social de la famille d’appar-tenance du jeune.

De l’adolescence à l’âgeadulte : les pointsde convergence et de ruptureL’outil « Baromètres » utilise la même mé-thodologie quelles que soient les popula-tions étudiées. Cette cohérence va favori-ser l’étude en continuité de l’adolescenceet de l’âge adulte. Les présents résultats,indiquent, s’il est besoin, qu’il n’est pas tou-jours justifié de séparer artificiellement l’ado-lescence de ce qu’Olivier Galland nommela jeunesse. Un certain nombre de com-portements, d’attitudes, d’indicateurs desanté semblent ainsi évoluer dans une réellecontinuité entre 15 et 30 ans.Ainsi, la prévalence du tabagisme augmentelinéairement jusqu’à 19 ans dans les don-nées du Baromètres santé jeunes 97/98,et semble, si l’on agrège ces données à

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celles du Baromètre santé adultes 95/96,atteindre un sommet dans la tranche d’âge20-24 ans pour décroître ensuite relative-ment régulièrement selon l’âge. De même,pour le cannabis, il existe un « sommet »de la prévalence de la consommation aucours de la vie qui se situerait autour de20 ans. En ce qui concerne l’alcool, no-tamment au niveau de la recherche d’ivresse,il est observé un pic entre 20 et 24 ans dela déclaration de l’ivresse au cours des douzederniers mois. En revanche, la consomma-tion d’alcool la veille s’accroît rapidemententre 12 ans et 20-24 ans (installation ducomportement dans l’adolescence et la post-adolescence) et continue d’augmenter parla suite, mais d’une manière beaucoup moinsrapide. Il est important de signaler que pources trois domaines (alcool, tabac, canna-bis), l’effet « âge » peut être combiné à uneffet « génération ». La dissociation de cesdeux effets ne pourra être analysée quedans quelques années, lors de la répéti-tion de ces enquêtes.Dans le domaine du bien-être lié à la santéet de la qualité de vie perçue, les scoresd’anxiété et de dépression des femmesatteignent leur niveau le plus élevé dans ladeuxième période de l’adolescence, pourde nouveau diminuer dans la première par-tie de l’âge adulte (jusqu’à 30-34 ans) etrecommencer leur progression ensuite.

L’expérimentationde « l’individu incertain »Il est justifié d’être de plus en plus attentifà la période d’âge assez vaste des 15-30ans qui trop souvent a été artificiellementséparée par les statisticiens, les épidémio-logistes et les acteurs de santé publique.Les psychologues affirment que la cons-truction de l’identité est loin d’être statiqueau début de l’âge dit adulte. Ainsi, l’adoles-cence et la post-adolescence (10-12 ans à21-23 ans) correspondent à une phase trèsimportante de réorganisation du « soi » (self).Ensuite, arrive une période de « maturationdu soi », comprenant d’ailleurs plusieurssous-périodes [42]. Cette longue étape de

réorganisation postérieure à l’enfance estvécue aujourd’hui de plus en plus sur lemodèle de l’expérimentation. L’identité per-sonnelle continue à s’y construire corréla-tivement à l’identité sociale. Le modèleantérieur de l’identification — fondé sur latransmission entre générations de statutset de valeurs quasi à l’identique — fait doncplace à ce modèle d’expérimentation « oùla définition de soi comme le statut auquelcette définition doit correspondre, se cons-truit au gré de diverses expériences socia-les, tout au long d’un processus itératif,fait d’essais et d’erreurs, jusqu’à parvenirà une définition de soi qui soit à la fois sa-tisfaisante sur le plan de la self-esteem etcrédible aux yeux des acteurs institution-nels » [43]. Cette prise en charge person-nelle et l’usage intensif de l’expérimenta-tion engendrent une telle incertitude qu’il amême été évoqué le terme « d’individu in-certain » [44]. Ce modèle est prégnant dansles générations de jeunes adultes dont laplace n’est pas fixée a priori et qui, sur lemodèle compétitif de l’entrepreneur ou dusportif, doit gagner et inventer son lieu d’exis-tence. « L’individu incertain caractérise unesociété de désinhibition, dont le ressort estl’amélioration de soi, condition indispensa-ble de se gouverner dans une société com-plexe et qui a un avenir opaque. [Autrefois]La vie était vécue par la plupart des genscomme un destin collectif, elle est aujourd’huiune histoire personnelle. Chacun, désormaisindubitablement confronté à l’incertain, doits’appuyer sur lui-même pour inventer sa vie,lui donner un sens et s’engager dans l’ac-tion. Ce changement de situation de l’indi-vidualité, cette prise en charge personnellelà où régnaient des règles comportemen-tales fixes constitue une tendance de fonddes sociétés démocratiques avancées : l’in-détermination est un mode d’existence demasse dont l’individu conquérant et l’indi-vidu souffrant dessinent les bornes et lesinexorables tensions » [45].Cette constatation sociologique généraleentraîne un certain nombres de corollairesau niveau des conduites, notamment descomportements de santé et de l’utilisation

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de substances psychoactives, qui peuventdevenir aide et support de cette expérimen-tation de soi, notamment au cours de cettepériode de l’adolescence et de la « jeu-nesse ». Alain Ahrenberg va ainsi jusqu’àdire que ces substances psychoactivesconstituent « le raccourci chimique [utilisé]pour fabriquer de l’individualité, un moyenartificiel de multiplication de soi » [46].

Au total…

Il y a des parents, des éducateurs, desenseignants… qui vivent un quotidien con-trasté avec leurs adolescents.Si ce Baromètre permet à ces adultes deprendre une certaine distance avec leurréalité personnelle, il doit aussi leur offrirdes pistes de réflexions pratiques et d’ac-tions concrètes dans leur démarche d’édu-cateur de santé responsable.Trois univers complémentaires, trois espa-ces indissociables, trois territoires trans-versaux sont omniprésents dans pratique-ment toutes les opinions, attitudes et com-portements exprimés par les adolescentsfrançais dans ce Baromètre santé jeunes :la famille, les pairs et l’école.Le rôle de la famille est déterminant. Detous les facteurs analysés dans cette étude,les situations de crises parentales présen-tes ou passées (séparation, divorce…) sontau cœur de beaucoup de souffrances. L’ex-pression somatique de ces problèmes peutêtre multiple, mais rarement anodine pourla santé et l’équilibre des adolescents con-cernés (violence, addictions…). Il est doncessentiel que face à ces épisodes plus oumoins prolongés de rupture familiale et debouleversement parental, des solutions desoutien soient offertes dans une approcheholistique de ces situations de crise. Or,les réponses structurelles à ces besoinssont à l’heure actuelle cruellement absen-tes de notre système d’offre médico-social.Par ailleurs, cette étude souligne l’impor-tance de la cohérence des démarches édu-catives des parents pour la santé de leursenfants. Entre des familles coercitives etlaxistes, il existe une troisième voie forte-

ment perceptible dans cette enquête. Ellerésulte de deux constats simples :• Les familles dont les enfants disent queles parents établissent des règles de vieprécises dont ils veillent au respect (parexemple heure de rentrée le soir) sont aussiles foyers où les adolescents déclarent leplus souvent que les parents savent lesécouter et sont ouverts aux échanges aveceux.• Les jeunes de ces mêmes familles sontceux qui semblent être « les plus protégés »par rapport à certains risques ou habitu-des de vie pouvant mettre en danger leursanté immédiate ou future.Le cœur de la démarche d’éducation pourla santé auprès des 12-19 ans est donc àtrouver de façon prioritaire au sein de lafamille. Or, cette dimension a été jusqu’àprésent peu prise en compte dans les stra-tégies de santé publique mises en placeen direction des adolescents. Par exem-ple, il est évident que dans la culture fran-çaise et compte tenu des résultats de cetteétude, « le repas à la maison » apparaîtencore aujourd’hui comme un lieu d’échangeet de convivialité pour la cellule familiale.Cet espace de rencontre que la quasi-tota-lité des jeunes identifie comme un momentimportant (95 % des 12-19 ans jugent po-sitive l’ambiance des repas en famille) doitêtre protégé par les parents. C’est là leurvéritable responsabilité d’éducateur. Pourpréserver ces moments, ils devront résis-ter aux pressions sociales actuelles dontles conséquences sont la banalisation etla destructuration de ces rencontrespluriquotidiennes (les repas familiaux) queles adolescents vivent comme des repè-res essentiels. Cette démarche dépasselargement l’équilibre nutritionnel pour s’in-tégrer dans une approche beaucoup plusglobale de la santé des adolescents.Le deuxième lieu de vie auquel les jeunestiennent est l’école. Ils sont près de 90 %à aimer y aller. Ils expriment ainsi leur véri-table attachement à cette structure de so-cialisation. Pourtant, en cas de difficulté,ils sont une très faible proportion à décla-rer y trouver l’aide qu’ils espèrent auprès

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d’adultes en responsabilité éducative. Danscette perspective, l’école ne peut resteruniquement un lieu de passage, « distribu-teur » de connaissances.Comment peut-on raisonnablement imagi-ner qu’en cette fin de XXe siècle, la prioritéabsolue soit de connecter tous les collè-ges ou les lycées à internet afin d’accéderà des connaissances livresques ou com-muniquer avec des personnes du bout dumonde, alors que dans leur propre com-munauté, adultes et jeunes se croisentsouvent sans se rencontrer. Le dialogue etl’écoute que demandent les adolescentsdoivent s’établir dans une relation directe,simple et concrète avec des adultes res-ponsables. Pour cela, il faut du temps etdes occasions. Seule une transformationdu mode de fonctionnement des écoles fran-çaises permettra de répondre à ce besoinvital. Les clubs santé, les comités d’envi-ronnement social ou les emplois jeunes nepeuvent se substituer à la véritable rela-tion éducative qui doit s’instaurer sur la duréeentre le professeur et son élève.La santé des adolescents est un sujet quiconduit beaucoup d’adultes ou de respon-sables politiques à s’exprimer sous la formed’injonctions adressées aux jeunes. Ce moded’interpellation n’est-il pas une façon d’évi-ter ses propres responsabilités de parents,d’éducateurs ou de citoyens ? Si les jeu-nes se sont montrés des acteurs engagésface à la prévention du sida (87,1 % des15-19 ans sexuellement actifs déclarent avoirutilisé des préservatifs la première fois qu’ilsont eu une relation sexuelle), les adultesont aussi leur responsabilité engagée ausein de leur famille, de l’école et de la so-ciété en général. Créer les occasions dedialogue et surtout se mettre dans unevéritable situation responsable alliant ac-tion et écoute, constitue la seule véritablejustification permettant de qualifier « d’adul-tes » ceux qui sont les interlocuteurs desadolescents en tant que parents ou éduca-teurs.

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Annexe méthodologique

313Baromètre santé jeunes 97/98

L’échantillon

ReprésentativitéLa première notion à appréhender dans uneenquête est celle « d’échantillon ». Afin d’ap-procher le plus possible la représentativitéde la population générale française et évi-ter les biais de sélection, les ménages aux-quels appartiennent les personnes interro-gées ont été choisis par un tirage au sortsur une liste d’abonnés au téléphone four-nie par France Télécom. Il a fallu tenir comptedu fait que le sujet a ensuite été tiré ausort parmi les personnes « éligibles » duménage : un jeune avait d’autant moins dechance d’être « choisi » que le nombre depersonnes éligibles dans le ménage (c’est-à-dire les 12-19 ans) était important. C’estpourquoi chaque questionnaire individuel aété pondéré par le nombre de personnesde 12 à 19 ans1 vivant dans le ménage.Cette première pondération a été cumuléeavec une seconde tenant compte de la struc-ture de la population française au dernierrecensement (selon le sexe, l’âge, la ré-gion de résidence et le type d’habitat).

Ainsi, 1 jeune de 12 à 19 ans vivant enFrance sur environ 1 500 a été interrogépour le Baromètre santé jeunes 97/98. Danscet échantillon, la proportion de garçonset de filles, des différentes tranches d’âgeet des lieux d’habitation est similaire à cellede la population générale.Si l’enquête par téléphone permet d’attein-dre un échantillon assurant une représen-tativité déjà démontrée, un certain nombrede biais sont à prendre en compte :– une partie de la population n’a pas le té-léphone,– certains abonnés demandent que leurnuméro de téléphone ne soit pas diffusé(liste rouge, liste orange) et ne peuvent doncpas être tirés au sort,– certains abonnés refusent de répondre(un quart environ),– certains abonnés sont injoignables (malgré8 à 10 appels).Néanmoins, cette approche est celle quirépond le mieux aux objectifs de ce typede travail en assurant une représentativitévalidée par d’autres travaux scientifiques.

La fiabilité des réponses

Les enquêtes déclaratives ne représententqu’un des moyens d’étudier les phénomè-nes sociaux. Elles doivent être complétées

Arnaud Gautier,Marie-Pierre Janvrin, Jacques Arènes

1. Dans les précédentes vagues du Baromètre santéadultes, une pondération a aussi été effectuée par rap-port au nombre de 18-75 ans du ménage.

Annexe méthodologique

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Annexe méthodologique

314 Baromètre santé jeunes 97/98

1. Le taux de refus global est obtenu en sommant lesdifférents taux de refus : il constitue un indicateur de syn-thèse de l’ensemble des taux de refus, mais, en touterigueur, il n’est pas licite d’additionner des pourcentagesissus de bases différentes.

par d’autres données. Comme dans la viequotidienne, les individus répondent auxquestions qu’on leur pose en fonction ducontexte. La mémoire, l’interprétation dela question et les souhaits des répondantsentrent en ligne de compte. Aussi, il a étésouligné à chaque fois que nécessaire, dansle texte des chapitres, cette particularitéde l’enquête déclarative et les biais qu’ellepeut engendrer.

Données exploitées

Les différentes vagues du Baromètre santéadultes avaient permis de savoir que, dansle cadre d’une enquête téléphonique aléa-toire auprès de cette population, deux adres-ses étaient consommées pour obtenir uninterview. En tenant compte du fait qu’unménage sur cinq environ comporte un jeunede 12-19 ans en son sein, le nombre d’adres-ses prévisible pour le Baromètre santé jeu-nes, dans l’hypothèse où le taux de refusn’était pas supérieur à la population adul-tes, était d’environ 40 000. En fait, 39 300numéros tirés au sort ont été « consom-més », dans la mesure où tous les blocsd’adresses n’ont pas été utilisés en raisondu bon taux de réponse obtenu. Parmi cesnuméros tirés au sort, 1 598 ont été horscible (faux numéros ou entreprises), 71 non-francophones, 27 912 hors champ (27 891sans 12-19 ans et 21 résidences secon-daires), 4 101 ont été injoignables (aprèsdix appels à des jours et heures différents).De plus, 903 ont représenté des refus mé-nages immédiats, 80 des refus ménagesdifférés, 325 des individus injoignables oudans l’impossibilité de répondre, 144 desrefus individus immédiats ou différés et 37ont abandonné au cours de l’entretien.Parmi les 5 639 ménages interrogeables(= base totale utilisée – hors cibles – mé-nages non francophones – ménages injoigna-bles – ménages sans 12-19 ans), 4 656ménages ont accepté le principe de l’en-quête, soit un taux de refus ménage de17,4 %. Parmi les 4 310 individus interro-geables (= ménages interrogeables – re-fus ménages – résidences secondaires –

individus injoignables – individus impossi-bles), 4 166 ont accepté de répondre à l’in-terview, soit un taux de refus individus de3,3 %. Enfin, 0,9 % ont ensuite abandonné :l’échantillon traité comporte donc au final4 115 enregistrements. Le taux de refusglobal brut1 s’est ainsi élevé à 21,7 %.

Distribution de l’échantillonselon différentescaractéristiquessociodémographiquesLe Tableau I ci-après présente la réparti-tion des jeunes interrogés selon certainescaractéristiques sociodémographiquesimportantes, d’une part, avant pondération(effectifs bruts observés : pourcentages quicorrespondent aux sujets ayant effective-ment répondu à l’enquête) et d’autre part,après pondération (effectifs redressés : tauxtenant compte de la structure de la popu-lation française). Il est à noter dans l’échan-tillon brut une légère sous-représentationdes garçons, une sous-représentation plusmarquée des âges extrêmes (12 ans et18-19 ans) corrélative d’une surreprésen-tation des 15-17 ans, et une sous-repré-sentation assez nette des grandes villes etsurtout de l’agglomération parisienne (lescommunes rurales sont, quant à elles,surreprésentées). Ce dernier constat con-cernant la taille de l’agglomération a déjàété retrouvé dans les différentes vaguesdu Baromètre santé adultes. Le diagnosticeffectué au niveau du terrain amène à pen-ser que les sujets des grandes villes, ainsique les adolescents les plus âgés, sontbeaucoup moins facilement accessibles partéléphone (taux d’injoignables plus impor-tants).

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Annexe méthodologique

315Baromètre santé jeunes 97/98

Tableau I

Structure de l’échantillon observé et obtenuaprès pondération selon certaines caractéris-tiques sociodémographiques

Non pondéré PondéréEffectif % Effectif %

Ensemble 4 115 100,0 4 115 100,0SexeFilles 2 079 50,5 2 099 51,0Garçons 2 036 49,5 2 016 49,0Âge12 ans 425 10,3 477 11,613 ans 486 11,8 490 11,914 ans 496 12,0 473 11,515 ans 620 15,1 486 11,816 ans 591 14,4 518 12,617 ans 599 14,6 551 13,418 ans 508 12,3 564 13,719 ans 390 9,5 556 13,5Taille d’agglomérationCommunes rurales 1 256 30,5 1 111 27,0Moins de 20 000 749 18,2 704 17,120 000 à 199 999 791 19,2 840 20,4200 000 et plus 810 19,7 843 20,5Aggl. parisienne 509 12,4 617 15,0Situation parentaleMonoparentale 524 12,7 515 12,6Parents de naissanceou d’adoption 3 273 79,5 3 259 79,2Recomposée 225 5,5 236 5,7Autre 93 2,3 105 2,5Situation professionnelleTravaille 3 612 87,8 3 586 87,2Au chômage 208 5,0 228 5,5Retraités, congé,étudiant… 291 7,1 297 7,2Ne se prononce pas 4 0,1 4 0,1Catégorie socioprofessionnelleAgriculteurs 154 3,7 137 3,4Artisans, commerçants,chefs d’entreprise 193 4,7 187 4,5Cadres et prof.,intellectuelles sup. 652 15,8 678 16,5Professionsintermédiaires 785 19,1 753 18,3Employés 618 15,0 601 14,6Ouvriers 1 505 36,6 1 539 37,4Inactifs 177 4,3 186 4,5Ne se prononce pas 31 0,8 34 0,8

Les termes et analyses statistiques

Cette partie sous forme de lexique a pourpropos d’introduire les principales analysesstatistiques utilisées dans l’ouvrage. Elle estdestinée aux personnes moins familiariséesavec la statistique afin de leur faciliter lalecture et la compréhension des termes ettableaux employés. Les analyses ont étéeffectuées avec le progiciel SPSS®(Statistical Package for Services and Solu-tions).

L’interprétation des testsstatistiquesLes statistiques permettent d’analyser lesdonnées qui varient d’un individu à l’autre.Ces variables peuvent être :– un nombre représentant une mesure (l’âge,le nombre de cigarettes fumées par jourpar exemple),– une catégorie de réponses (« oui »,« non », « ne sait pas » ou « rarement », « par-fois », « souvent », « très souvent »).En jargon statistique, le premier type devariable se nomme quantitative. Il permetpar exemple les calculs de moyennes.Le deuxième type de variable se nommequalitative. Elle est dite nominale (« oui »,« non », « ne sait pas »), si les catégoriesn’ont pas d’ordre, et ordinale (« rarement »,« parfois », « souvent », « très souvent »),s’il est possible d’indiquer un ordre entreles catégories. Pour les variables nomina-les et ordinales, un pourcentage de répon-ses par catégorie (ou modalité) peut êtreobtenu.L’analyse des réponses de l’échantillon faitapparaître en général des différences, parexemple entre les pourcentages de répon-ses des garçons et des filles ou selon lescatégories socioprofessionnelles. La ques-tion essentielle que se pose le statisticienest de pouvoir déterminer si la différenceobservée est un effet du hasard ou si elleest causée par un autre effet. Il ne peut

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Annexe méthodologique

316 Baromètre santé jeunes 97/98

1. Le terme écart type pourrait faire croire à tort qu’ils’agit d’un écart « typique » à la moyenne. En fait, l’écarttype est un écart moyen à la moyenne.

répondre à cette question directement, maisil évalue la probabilité que la dispositiontrouvée dans les données soit due au ha-sard. Si cette probabilité (que l’on note ha-bituellement « p ») est inférieure à 5 % (seuilde pure convention internationalement re-connu), il admet que la différence est si-gnificative.

La moyenne, l’écart type etla médianeLa moyenne permet de résumer par uneseule valeur une série de nombres : la sé-rie des âges peut ainsi être résumée parl’âge moyen. On lui adjoint habituellementla valeur de l’écart type1 évaluant la dis-persion des valeurs autour de la moyenne.Contrairement aux ouvrages relatifs auxprécédents Baromètres, les moyennes desvariables quantitatives ne seront pas ac-compagnées de l’écart type. Cependant,ce dernier a été calculé pour chaquemoyenne et a été utilisé dans le cadre destests permettant d’évaluer les différencesentre moyennes.La médiane, utilisée quant à elle dans quel-ques chapitres, est la valeur pour laquelle50 % des mesures sont plus grandes et50 % plus petites.

La relation entre deux sériesd’observationsQuand il s’agit d’évaluer la relation entredeux séries d’observations, la statistiqueintervient pour déterminer si le fait que lesdeux types d’événements apparaissentensemble un certain nombre de fois per-met de conclure qu’il existe entre eux unerelation. Deux possibilités s’ouvrent ainsi :– dans un premier cas, les deux types d’évé-nements sont considérés comme indépen-dants ; leur occurrence simultanée, quandelle se produit, est due au seul hasard ;– dans le cas contraire, le statisticien est

amené à juger que les observations effec-tives s’éloignent suffisamment des obser-vations attendues en cas de répartition auhasard et peut affirmer qu’il existe une re-lation entre les deux variables étudiées.En tout état de cause, quand l’existenced’une relation entre deux variables est con-clue, cette conclusion reste purement des-criptive et ne signifie pas nécessairementqu’un mécanisme causal sous-tende la re-lation évoquée.

Le degré de significativité

Le degré ou seuil de significativité exprimela probabilité que les différences observéessoient le fruit du hasard.Pour chaque test statistique effectué, ledegré de significativité a été calculé. Ce-pendant, il n’a pas été indiqué dans le texte ;quand un résultat relatif à une relation en-tre deux variables est introduit et discuté,dans tous les cas cette relation a été éva-luée par l’intermédiaire d’un test statistique,et le test utilisé s’est révélé significatif àun seuil de probabilité « p » inférieur à 0,05(5 %). Cela signifie que la différence observéea moins de cinq chances sur cent d’êtredue au hasard. Il est donc possible de con-clure que ce n’est probablement pas lehasard qui induit cette différence, mais qu’ils’agit d’un autre effet.

Le Chi2 de Pearson

Si l’on s’intéresse plus particulièrement àdeux variables qualitatives nominales (re-pérées par des catégories ou des modali-tés), comme le sexe ou bien la catégoriesocioprofessionnelle des individus interro-gés, l’outil statistique utilisé a été le testdu Chi2 de Pearson. Il mesure la distanceentre le tableau attendu si les deux facteursse croisaient « au hasard » et le tableaueffectivement observé.Dans ce cas précis, il existe un écart entrele tableau observé et le tableau attendu (cedernier correspond à la répartition atten-due des buveurs et non-buveurs s’il n’exis-tait pas de différence de comportement vis-

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Annexe méthodologique

317Baromètre santé jeunes 97/98

à-vis de la boisson entre garçons et filles)(Tableau II). Le chi2 de Pearson, évaluantcet écart, s’est révélé significatif au seuilde un pour cent ; il existe donc bien unedifférence entre garçons et filles quant àl’expérimentation d’alcool au cours de lavie.

Le Chi2 de tendance

Le test de tendance est généralement uti-lisé pour étudier une relation dose-réponseou pour évaluer des tendances selon letemps ou n’importe quelle valeur ordonnée.Il permet éventuellement de conclure, parexemple, à l’existence d’une tendance li-néaire selon le temps de la diminution oude l’augmentation de la prévalence d’un com-portement de santé. Par exemple, ce testa déterminé que le pourcentage de con-sommateurs de tabac est en relation linéairecroissante avec l’âge.

Analyse de la variance

L’analyse de la variance a été utilisée pourcomparer la différence entre deux ou plu-sieurs moyennes.Si l’on s’intéresse, par exemple, au nom-bre moyen de cigarettes fumées par jourselon la catégorie socioprofessionnelle, ilfaudrait s’attendre, si aucune relation n’exis-tait entre la variable « nombre moyen decigarettes fumées » et la variable « caté-gorie socioprofessionnelle », à ce que lenombre moyen de cigarettes soit identiquechez les enfants d’agriculteurs, d’artisans,de cadres, etc. L’analyse de la variance dis-tinguera les sources de variation de la « con-sommation de cigarettes » en une compo-sante liée aux différences individuelles (for-tuites ou au hasard) et une composante liéeà l’effet « catégorie socioprofessionnelle ».Si cette dernière source de variation estjugée importante en regard de la premièrecomposante « aléatoire », il est possible deconclure que le nombre de cigarettes fu-mées en moyenne diffère significativementselon la catégorie socioprofessionnelle.

Les facteurs de confusion

Trouver une association entre deux varia-bles qualitatives ne signifie pas que les deuxvariables sont liées directement entre el-les. Il peut s’agir d’un troisième facteur liéaux deux autres. Par exemple, il existe unerelation entre le fait d’avoir bu au moinsune fois de l’alcool par semaine au coursdes douze derniers mois et le redoublement.En fait, ce lien disparaît si l’on introduit lavariable âge (en « ajustant » sur l’âge), toutsimplement parce que le redoublement estlié à l’âge : les redoublants sont en moyenneplus âgés.

Les analyses multivariées

Il est rare de s’intéresser seulement à deuxvariables isolées quand il s’agit d’étudierdes phénomènes complexes. Dans ce cas,il est possible d’avoir recours aux analy-ses multivariées (incluant en même temps

Tableau II

Tableaux observé et attendu de lacomparaison de consommationd’alcool au cours de la vie selon lesexe

Tableau observéA bu N’a pas bu Total

Garçons 1 645 453 2 09878,4 % 21,6 %

Filles 1 498 517 2 01574,3 % 25,7 %

Total 3 143 970 4 11376,4 % 23,6 %

Tableau attenduA bu N’a pas bu Total

Garçons 1 603 495 2 09876,4 % 23,6 %

Filles 1 540 475 2 01576,4 % 23,6 %

Total 3 143 970 4 11376,4 % 23,6 %

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Annexe méthodologique

318 Baromètre santé jeunes 97/98

plusieurs variables). Il n’a été employé danscet ouvrage qu’un seul des deux types d’ana-lyses multivariées, celui qui focalise sur unevariable, nommée variable « dépendante »ou cible.L’objectif est de déterminer les facteursassociés (variables « indépendantes ») res-tant en relation significative avec cette pre-mière variable (ou cible) quand on consi-dère leur variation simultanée. Dans cetteétude, ce type d’analyse (représenté parla régression logistique ou l’analyse multi-ple de la variance) a essentiellement étéutilisé pour vérifier l’existence ou non decertains facteurs de confusion (notammentl’âge et le sexe).

La régression logistique

La régression logistique permet de créerun modèle (mathématique) liant une sériede variables à une seule variable cible di-chotomique (« oui »/« non », « présent »/« absent », 0/1). Il est possible de mesu-rer l’influence de chaque variable du mo-dèle sur la variable cible, indépendammentdes autres (ajustement). La force de l’in-fluence de chaque variable du modèle estestimée par l’odds-ratio. Suivant la qualitédu modèle, il est possible de prédire plusou moins bien la variable cible connaissantla valeur des autres variables.La difficulté de l’utilisation de la régressionlogistique en sciences sociales repose surla fragilité des modèles explicatifs reliantcomportements, attitudes, connaissanceset opinions. L’attitude précède-t-elle le com-portement ou le comportement précède-t-il l’attitude ?Cependant, la régression logistique n’a pasété utilisée dans ce Baromètre pour cons-truire un modèle et prédire la variable ci-ble, mais simplement pour évaluer l’impactéventuel de certaines « variables de con-fusion » comme le sexe et l’âge. Ainsi, uneanalyse bivariée simple (chi2 de Pearson)met en évidence chez les jeunes le fait quele tabagisme est en relation avec le redou-blement (les redoublants ont plus de « chan-ces » que les autres de fumer ). L’utilisa-

tion d’un modèle incluant le sexe, l’âge, lefait d’avoir redoublé comme variables « pré-dictives » et le tabagisme comme variablecible, a montré que l’effet « redoublement »restait relié au tabagisme (avec un odds-ratio significativement différent de 1) avecl’introduction des deux autres variablesexplicatives (âge et sexe). A l’inverse, lemême type d’analyse a permis d’indiquerque la consommation hebdomadaire d’al-cool n’était pas liée à cette même variable« d’échec scolaire » en tenant compte desfacteurs de confusion suscités.

L’analyse de la variancemultipleL’analyse de la variance multiple (Manova)a permis de mesurer l’influence de plusieursvariables qualitatives sur une variable quan-titative. Elle donne l’occasion de détermi-ner celles qui s’avèrent les plus influentes(expliquent le plus sa variation ou sa va-riance). Ainsi, en considérant le nombremoyen de verres de boissons alcooliséesconsommés la veille parmi les jeunes de12 à 19 ans, une analyse de la variancemultiple permet de déterminer que les va-riables « sexe » et « âge » restent liées àla variation de la quantité consommée.D’autres facteurs, significativement reliésà cette quantité en première analyse (telsque le redoublement ou la situation paren-tale) ne « résistent » pas à une analysemultivariée et ne peuvent être considéréscomme déterminants, après avoir pris encompte les autres facteurs, dans la varia-tion de la quantité moyenne de verres con-sommés.

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Questionnaire

319Baromètre santé jeunes 97/98

Questionnaire

1. Sexe de l’interviewé1. Homme2. Femme

2. Quel est votre âge ?

3. Quelle est votre année denaissance ?

4. Avec combien de person-nes vivez-vous habituelle-ment ?

5. Qui sont ces personnes ?(Ne rien suggérer, plusieursréponses possibles)

1. Votre père2. Votre mère3. Votre beau-père4. Votre belle-mère5. Votre (vos) frère(s) ou

demi-frère(s)6. Votre (vos) sœur(s) ou demi-

sœur(s)7. Votre grand-père8. Votre grand-mère9. Votre conjoint10. Un ou des ami(e)s11. Autre (précisez)12. (NSP)

6. Vous m’avez dit vivre avecun seul de (sans) vos parents.Pour quelles raisons ?(Ne rien suggérer, plusieursréponses possibles)

1. Parents séparés, divorcés2. Père décédé

3. Mère décédée4. Absent(s) pour raison

professionnelle (à partir d’unan ou plus)

5. Autre, exemple : étudiant6. (NSP)

7. Concernant votre situationactuelle, êtes-vous : (oui ; non)

1. À l’école (collège/lycée) ouà l’université ?

2. En apprentissage ou enformation alternée

3. Au chômage4. Dans un processus

d’insertion5. Vous travaillez

8. Quelle est votre profes-sion ? (noter en clair)

9. Dans quelle classe êtes-vous ?

1. CAP 1re année2. CAP 2e année3. CAP 3e année4. BEP 1re année5. BEP 2e année6. CM17. CM28. Sixième9. Sixième Segpa (Section

d’enseignement général enprofessionnel adapté)

10. Cinquième11. Cinquième Segpa (Section

d’enseignement général enprofessionnel adapté)

12. Quatrième13. Quatrième technologique14. Troisième15. Troisième technologique16. Seconde17. Première18. Terminale (enseignement

général)19. Terminale (enseignement

technique)20. Terminale (enseignement

professionnel)21. Bac + 1 (1re année de Deug,

d’IUT, de BTS, prépa…)22. Bac + 2 (2e année de Deug,

d’IUT, de BTS, prépa…)23. Bac + 3 (licence, école

supérieure…)24. Autres (préciser)25. (NSP)

10. Quel est le diplôme leplus élevé que vous avezobtenu ?

1. Aucun diplôme2. Certificat d’études

(primaires)3. CAP (certificat d’aptitude

professionnel)4. Brevet simple, BEPC, brevet

des collèges5. BEP (brevet d’enseignement

professionnel)6. Bac d’enseignement

technique7. Bac d’enseignement général8. Niveau Bac+ 2 (Deug, BTS,

DUT)

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Questionnaire

320 Baromètre santé jeunes 97/98

9. Diplôme d’une grande école10. Autres11. (NSP)

11. Que pensez-vous del’école cette année ?

1. Vous aimez beaucoup2. vous aimez un peu3. Vous n’aimez pas beaucoup4. Vous n’aimez pas du tout5. (NSP)

12. Que pensez-vous devotre travail cette année ?

1. Vous aimez beaucoup2. vous aimez un peu3. Vous n’aimez pas beaucoup4. Vous n’aimez pas du tout5. (NSP)

13. Au cours des douzederniers mois, c’est-à-diredepuis novembre 1996, vousest-il arrivé… (non ; oui, 1fois ; oui, 2 fois ; oui, 3 fois ouplus ; NSP)

1. D’arriver en retard2. De manquer pour maladie3. De sécher des cours4. D’être renvoyé au moins une

journée5. De manquer pour une autre

raison

14. Au cours des douzederniers mois, c’est-à-diredepuis novembre 1996, vousest-il arrivé… (non ; oui, 1fois ; oui, 2 fois ; oui, 3 fois ouplus ; NSP)

1. D’arriver en retard2. De manquer pour maladie3. De manquer pour une autre

raison

15. Avez-vous déjà redoubléau cours de votre scolarité ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

16. Combien de fois ?

17. Nous allons maintenantaborder une série de proposi-

tions et de questions sur votresanté telle que vous laressentez. Pour chacune desformules que je vais vousproposer, dites-moi si vouspensez que c’est tout à faitvotre cas, à peu près votrecas ou que cela n’est pas dutout votre cas, NSP :

1. Je me trouve bien comme jesuis

2. Je ne suis pas quelqu’un defacile à vivre

3. Au fond, je suis bien portant4. Je me décourage trop

facilement5. J’ai du mal à me concentrer6. Je suis content(e) de ma vie

de famille7. Je suis à l’aise avec les

autres

18. Diriez-vous qu’aujourd’hui,au moment de l’interview…(pas du tout ; un peu ;beaucoup ; NSP)

1. Vous auriez du mal à monterun étage (avez-vous uneincapacité physique vousempêchant de monter unétage ?)

2. Vous auriez du mal à courirune centaine de mètres

19. Diriez-vous qu’au coursde huit derniers jours… (pasdu tout ; un peu ; beaucoup ;NSP)

1. Vous avez eu des problè-mes de sommeil

2. Vous avez eu des douleursquelque part

3. Vous avez eu l’impressiond’être fatigué(e)

4. Vous avez été triste oudéprimé(e)

5. Vous avez été tendu(e) ounerveux(se)

Pour les 17 ans et moins :6. Vous vous êtes retrouvé(e)

avec des gens de votrefamille qui n’habitent paschez vous ou avec descopains en dehors de l’école

Pour les 18 ans et plus :

7. Vous avez rencontré desparents ou des amis aucours de conversations oude visites

8. Vous avez eu des activitéssoit de groupe, soit de loisir,comme des réunions, desactivités religieuses oud’associations, aller aucinéma, faire du sport,participer à des soirées.

20. Est-ce qu’au cours deshuit derniers jours, vous avezdû rester chez vous ou faireun séjour en clinique ou àl’hôpital pour raison de santé(maladie ou accident) ?

1. Non2. Oui, 1 à 4 jours3. Oui, 5 à 7 jours4. (NSP)

21. Combien d’heures par nuitdormez-vous en moyenne ?

22. Au cours des trentederniers jours, avez-vouseu… (non ; oui, 1 fois ; oui, 2fois ; oui, 3 fois ou plus ; NSP)

1. mal à la tête2. mal au dos3. mal au ventre

23. Hier, combien de tempsavez-vous… (heures, minu-tes ; NSP)

1. Regardé la télévision, ycompris des cassettesvidéo ?

2. Joué à des jeux vidéo survotre télévision, votreordinateur ou sur uneconsole (Game Boy,Nintendo…) ?

3. Consacré à la lecture, endehors du travail scolaire ?

24. Au cours des septderniers jours, vous êtes-vousretrouvés avec des copains…(oui ; non ; NSP)

1. Au café, dans un bar oudans une salle de jeux ?

2. Dehors, près de chez vous ?

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Questionnaire

321Baromètre santé jeunes 97/98

25. Combien de fois (aucours des sept derniersjours) ?

1. Au café, dans un bar oudans une salle de jeux ?

2. Dehors, près de chez vous ?

26. Hier, combien de tempsavez-vous passé à uneactivité physique qui vous afait transpirer ou battre lecœur rapidement ?Par exemple : sport, déplace-ment à bicyclette, transportde matériel, etc. (heures,minutes ; NSP)

Pour les scolaires

27. Au cours des septderniers jours, combiend’heures de sport avez-vouspratiquées ? (heures,minutes ; NSP)

1. À l’école2. En dehors de l’école dans

un club3. En dehors de l’école tout

seul, ou avec des copains

Pour les non-scolarisés

28. Au cours des septderniers jours, combiend’heures de sport avez-vouspratiquées ? (heures,minutes ; NSP)

1. Dans un club2. Tout seul ou avec des

copains

29. Parmi les propositionssuivantes, pouvez-vous medonner en général la ou lesraison(s) principale(s) quivous motive(nt) le plus àpratiquer un sport ?(trois réponses possibles)

1. Pour le plaisir2. Pour la santé3. Pour maigrir4. Pour vous muscler5. Pour rencontrer des amis6. Pour gagner (par esprit de

compétition)

7. Parce que vous y êtesobligé (parents, école)

8. (Autre)9. (Ne pratique pas de sport)10. (NSP)

30. Êtes-vous très favorable,plutôt favorable, plutôt pasfavorable ou pas du toutfavorable aux vaccinations engénéral ?

1. Très favorable2. Plutôt favorable3. Plutôt pas favorable4. Pas du tout favorable5. (NSP)

31. Quand a eu lieu votredernière vaccination ?

32. Qui a décidé de la faire ?1. Votre médecin de famille2. Le médecin scolaire ou

l’infirmière de santé scolaire3. La médecine du travail4. Vous-même5. Votre père/votre beau-père6. Votre mère/votre belle-mère7. Vos deux parents8. (Autre)9. (NSP)

33. Où avez-vous été vaccinélors de votre dernièrevaccination ?

1. Chez votre médecin defamille (généraliste,pédiatre)/chez vous

2. À l’école3. Dans un dispensaire, centre

de vaccination, un centresocial…

4. Dans un centre de lamédecine du travail

5. Autre (préciser)6. (NSP)

34. À votre avis, commentattrape-t-on l’hépatite B ?

1. Les relations sexuelles2. Le sang3. La salive4. La transpiration5. Par les aliments6. Par les objets

7. Autres (préciser)8. (NSP)

35. Quel est votre poids ?

36. Quelle est votre taille ?

37. Vous vous trouvez :1. Beaucoup trop maigre2. Un peu trop maigre3. À peu près du bon poids4. Un peu trop gros5. Beaucoup trop gros6. (NSP)

38. Au cours des septderniers jours, combien defois avez-vous sauté…

1. Votre petit déjeuner2. Votre repas de midi3. Votre repas du soir

39. Hier, avez-vous pris votrepetit déjeuner…

1. Seul2. En famille3. Avec des copains4. (Autre)5. (N’a pas pris de petit

déjeuner)6. (NSP)

40. Hier, avec qui avez-vouspris votre repas de midi…

1. Seul2. En famille3. Avec des copains4. (Autre)5. (N’a pas pris de repas de midi)6. (NSP)

41. Hier, où avez-vous prisvotre repas de midi…

1. À la maison2. À la cantine3. Dans la rue4. Au café, dans un restaurant,

dans un fast-food5. (Autre)6. (NSP)

42. Diriez-vous que l’am-biance de votre repas de midiétait hier…

1. Très bonne

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Questionnaire

322 Baromètre santé jeunes 97/98

2. Plutôt bonne3. Plutôt mauvaise4. Très mauvaise5. (NSP)

43. Diriez-vous que ce quevous avez mangé hier à votrerepas de midi était…

1. Très bon2. Plutôt bon3. Plutôt mauvais4. Très mauvais5. (NSP)

44. Hier, avez-vous pris votrerepas du soir…

1. Seul2. En famille3. Avec des copains4. (Autre)5. (N’a pas pris de repas du

soir)6. (NSP)

45. Pour votre petit déjeunerd’hier matin, qu’avez-vouspris…

1. Du lait ou un produit laitier(café au lait, chocolat,yaourt, fromage)

2. Du pain, des céréales oudes biscottes

3. Un fruit ou un jus de fruit4. Un œuf, du jambon ou de la

charcuterie5. Café, thé (sans lait ou avec

un peu de lait)6. Viennoiserie et autres

gâteaux7. Autres8. (NSP)

46. Hier, en dehors desrepas, avez-vous pris… (oui ;non ; NSP)

1. Des boissons sucrées(soda, coca)

2. Des gâteaux sucrés, desbarres chocolatées,bonbons, chewing-gum, desglaces

3. Des gâteaux salés, chips,cacahuètes

4. Sandwichs, tartines (dupain)

47. Combien de fois, endehors des repas, avez-vouspris hier…

1. Des boissons sucrées(soda, coca)

2. Des gâteaux sucrés, desbarres chocolatées,bonbons, chewing-gum,

3. Des glaces4. Des gâteaux salés, chips,

cacahuètes5. Sandwichs, tartines (du

pain)

48. Chez vous, l’ambiancedes repas en famille est-elle…

1. Très bonne2. Plutôt bonne3. Plutôt mauvaise4. Très mauvaise5. (NSP)

49. Au cours des douzederniers mois, avez-vous faitun régime pour maigrir ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

50. Au cours des douzederniers mois, est-ce qu’ilvous est arrivé… (jamais ;rarement ; assez souvent ;très souvent ; NSP)

1. De manger énormémentavec de la peine à vousarrêter

2. De vous faire vomirvolontairement

3. De redouter de commencerà manger de peur de ne paspouvoir vous arrêter

4. De manger en cachette5. De ne pas manger à votre

faim

51. Hier, vous êtes-vousbrossé les dents… (oui ; non ;NSP)

1. Le matin2. À midi3. Le soir

52. Au cours des trentederniers jours, avez-vous fait

quelque chose de risqué pourle plaisir ou par défi ?

1. Non2. Oui, 1 fois3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 fois ou plus5. (NSP)

53. La dernière fois qu’est-ceque c’était ? (noter en clair)

54. Au cours des douzederniers mois, avez-vousfait… (oui ; non ; NSP)

1. De la moto, de la mobyletteou du scooter ?

2. Du vélo ?

55. La dernière fois avez-vous porté un casque ? (oui ;non ; NSP)

1. En faisant de la moto, de lamobylette ou du scooter

2. En faisant du vélo

56. Avez-vous mis votreceinture de sécurité ladernière fois que vous étiezen voiture ? (oui ; non ; NSP)

1. À l’avant ?2. À l’arrière ?

Nous allons vous parlerdu tabac

57. Est-ce que vous fumez,même de temps en temps ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

58. Avez-vous déjà fumé ?1. Vous n’avez jamais fumé2. Vous avez fumé occasion-

nellement3. Vous avez fumé quotidienne-

ment pendant au moins sixmois

4. (NSP)

59. Depuis combien detemps fumez-vous ?

1. Année2. Mois

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Questionnaire

323Baromètre santé jeunes 97/98

60. Avez-vous envie d’arrêterde fumer ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

61. Combien de cigarettesfumez-vous en moyenne ?

1. Par jour2. Par semaine3. Par mois

62. À quel âge avez-vouscommencé à fumer régulière-ment ?

63. Quelle est l’attitude de vosparents vis-à-vis du tabac ?

1. Il vous interdisent de fumer2. Ils préfèrent que vous ne

fumiez pas3. Ils sont indifférents au fait

que vous fumiez ou pas4. Ils sont d’accord5. Ils seraient d’accord pour

que vous fumiez6. Vous ne connaissez pas leur

avis à ce sujet7. (NSP)

64. Vos parents savent-ilsque vous fumez ?

1. Oui, les deux2. Oui, l’un des deux3. Non4. (NSP)

65. Vos parents fument-ils ?1. Non, aucun2. L’un des parents3. Les deux4. (NSP)

66. Dans les douze derniersmois, y a-t-il eu des change-ments dans votre consomma-tion de tabac ?

1. Vous avez augmenté votreconsommation

2. Vous avez diminué votreconsommation

3. Vous vous êtes mis à fumerdes cigarettes plus légères

4. Vous vous êtes mis à fumerdes cigarettes plus fortes

5. Vous vous êtes mis à fumerle cigare ou la pipe

6. Il n’y a pas eu de change-ment

7. Vous avez commencé àfumer

8. Vous avez arrêté de fumer9. (NSP)

67. Voici des opinions quel’on peut entendre. Pourchacune d’elles, dites-moi sivous êtes tout à fait d’accord,plutôt d’accord, plutôt pasd’accord ou pas du toutd’accord, NSP :

1. Les fumeurs sont dépen-dants du tabac commed’une drogue

2. Les fumeurs sont responsa-bles des problèmes desanté qui leur arrivent

3. Fumer permet d’être plus àl’aise dans un groupe

4. Il est justifié d’augmenter lestaxes sur le tabac

5. À l’heure actuelle, on estmoins bien accepté quandon est fumeur

6. Il existe une sorte de guerreentre les fumeurs et les non-fumeurs

68. Vous arrive-t-il de fumerdans les zones non-fumeurs,je dis bien dans les zonesnon-fumeurs ? (oui ; non ;NSP)

1. Sur votre lieu de travail2. À l’école ou à l’université3. Dans les restaurants4. Dans les bars5. Dans les lieux publics

couverts en général6. Dans les transports en

commun

69. Avez-vous déjà bu aumoins une fois des boissonsalcoolisées, c’est-à-dire de labière, du vin ou un autrealcool ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

70. Au cours des douzederniers mois, avez-vous bu…(tous les jours ; plusieurs foispar semaine ; une fois parsemaine ; une fois par mois ;moins souvent ; jamais ; NSP)

1. Du vin (blanc, rosé, rouge)2. De la bière3. Des alcools forts (alcool pur)4. D’autres alcools, par

exemple : mélange, cidre,champagne, vin doux,porto…

71. Hier, combien de verresavez-vous consommés ?

1. Du vin (blanc, rosé, rouge)2. De la bière3. Des alcools forts (alcool pur)4. D’autres alcools, par

exemple : mélange, cidre,champagne,

5. vin doux, porto…

72. Vous est-il arrivé d’êtreivre ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

73. À quel âge avez-vous euvotre première ivresse ?

74. Au cours des douzederniers mois, combien defois avez-vous été ivre ?

75. Lors de votre dernièreivresse, combien de verresavez-vous consommés ?

76. Avez-vous déjà ressentile besoin de diminuer votreconsommation de boissonsalcoolisées ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

77. Votre entourage vous a-t-il fait des remarques au sujetde votre consommation ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

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Questionnaire

324 Baromètre santé jeunes 97/98

78. Avez-vous déjà eul’impression que vous buvieztrop ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

79. Avez-vous déjà eu besoind’alcool dès le matin pourvous sentir en forme ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

Je vais maintenant vous poserdes questions plus personnel-les. Je vous rappelle que cequestionnaire demeurestrictement anonyme et quevos réponses sont très utilesaux chercheurs. Ces ques-tions ne vous concernent pasforcément.

80. Au cours des douzederniers mois, avez-vouspensé au suicide ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

81. En avez-vous parlé àquelqu’un ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

82. Au cours des douzederniers mois, avez-vous faitun projet précis pour voussuicider ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

83. Au cours de votre vie,avez-vous fait une tentativede suicide ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

84. Combien de fois celavous est-il arrivé ?

85. Si cela n’est pas tropdifficile pour vous, nous allonsparler de la dernière fois quevous avez fait une tentativede suicide. C’était quand ?

1. Mois2. Année

86. (oui ; non ; NSP)1. Êtes-vous allé à l’hôpital ?2. Avez-vous été suivi par un

médecin ou un « psy » aprèsvotre tentative de suicide ?

3. En avez-vous parlé à uneautre personne ?

87. Au cours des douzederniers mois, avez-vous étéfrappé ou blessé physique-ment par quelqu’un ou par ungroupe de personnes ?

1. Non2. Oui, 1 fois3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 fois et plus5. (NSP)

88. La dernière fois, était-cepar…

1. Une seule personne2. Un groupe de personnes3. (NSP)

89. Au cours des douzederniers mois, avez-vous étévictime de racket parquelqu’un ou par un groupede personnes ?

1. Non2. Oui, 1 fois3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 fois et plus5. (NSP)

90. La dernière fois, était-cepar…

1. Une seule personne2. Un groupe de personnes3. (NSP)

91. Au cours de votre vie,avez-vous subi des rapportssexuels forcés ?

1. Non2. Oui, 1 fois

3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 et plus5. (NSP)

92. Au cours des douzederniers mois, avez-vousfrappé ou blessé physique-ment quelqu’un seul(e) ou engroupe ?

1. Non2. Oui, 1 fois3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 fois et plus5. (NSP)

93. La dernière fois…1. Vous étiez seul(e) lorsque

vous avez frappé ou blesséphysiquement cettepersonne

2. Vous étiez en groupelorsque vous avez frappé oublessé physiquement cettepersonne

3. (NSP)

94. Au cours des douzederniers mois, avez-vous faitdu racket, seul(e) ou engroupe ?

1. Non2. Oui, 1 fois3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 fois et plus5. NSP

95. La dernière fois, vousétiez…

1. Seul(e) lorsque vous avezracketté cette personne

2. En groupe lorsque vousavez racketté cettepersonne

3. (NSP)

96. Avez-vous actuellementun petit ami ou une petiteamie ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

97. Quel âge a votre petit(e)ami(e) ?

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Questionnaire

325Baromètre santé jeunes 97/98

98. Depuis combien detemps sortez-vous ensem-ble ?

1. Jours2. Semaines3. Mois4. Années

99. En moyenne, combiend’heures par semaine passez-vous ensemble (hors del’école pour les scolarisés) ?

Je vais maintenant vous poserquelques questions plusintimes.

100. Au cours de votre vie,avez-vous déjà eu desrapports sexuels ?

1. Non2. Oui, 1 fois3. Oui, 2 fois4. Oui, 3 fois et plus5. (NSP)

101. Y a-t-il eu pénétration ?1. Oui2. Non3. (NSP)

102. Nous allons maintenantparler de votre premierpartenaire.

1. Quel âge aviez-vous lapremière fois que vous avezeu un rapport sexuel avecpénétration ?

2. Quel âge avait l’autrepersonne ?

103. Etait-ce un garçon ouune fille ?

1. Un garçon2. Une fille3. (NSP)

104. Lors de ce tout premierrapport sexuel avec votrepremier partenaire, avez-vous utilisé (oui ; non ; NSP)

1. Des préservatifs2. La pilule

105. Avez-vous eu d’autres

partenaires sexuels aveclesquels il y a eu pénétration ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

106. Parlons maintenantuniquement de la dernièrepersonne avec qui vous avezeu des rapports sexuels avecpénétration. Lors de votredernier rapport sexuel avecvotre dernier partenaire, vousou votre partenaire avez-vousutilisé (oui ; non ; NSP)

1. Des préservatifs2. La pilule

107. Est-ce que vous avezdéjà utilisé la pilule dulendemain ?

1. Oui2. Non3. NSP

108. Est-ce que vous avezdéjà été enceinte ou débutéune grossesse ?

1. Oui2. Non3. NSP

109. Avez-vous eu unenfant ?

1. Oui2. Non3. NSP

110. Est-ce que vous avezdéjà fait un test HIV dedépistage du sida ?

1. Oui2. Non3. NSP

111. Quand pour la dernièrefois (date) ?

1. Mois2. Année

Nous allons passer à un autresujet.

112. Vous a-t-on déjà proposéune drogue que ce soit

gratuitement ou à la vente ?(oui, du cannabis (par ex. :haschich, marijuana, joint,herbe, huile, shit) ; oui, uneautre drogue (par ex. : colle,cocaïne, héroïne, LSD, ecstasy,speed) ; aucune ; NSP)

113. Au cours de votre vie,avez-vous déjà consommé unedrogue ? (oui, du cannabis (parex. : haschich, marijuana, joint,herbe, huile, shit) ; oui, uneautre drogue (par ex. : colle,cocaïne, héroïne, LSD, ecstasy,speed) ; aucune ; NSP)

114. Au cours de votre vie,laquelle (lesquelles) de cesdrogues avez-vous déjàconsommées (oui ; non ;NSP) ?

1. Du cannabis (haschich,marijuana, joint, herbe,huile, shit)

2. Un produit à inhaler (colles,solvant, éther, poppers)

3. Un médicament pour vousdroguer

4. De la cocaïne ou du crack5. De l’héroïne6. Du mop7. Un hallucinogène (LSD,

acides, champignons,mescaline, psilocybine)

8. De l’ecstasy9. Des stimulants, amphétami-

nes (speed)10. Autres drogues

115. À quel âge la premièrefois ?

1. Du cannabis (haschich,marijuana, joint, herbe,huile, shit)

2. Un produit à inhaler (colles,solvant, éther, poppers)

3. Un médicament pour vousdroguer

4. De la cocaïne ou du crack5. De l’héroïne6. Du mop7. Un hallucinogène (LSD,

acides, champignons,mescaline, psilocybine)

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Questionnaire

326 Baromètre santé jeunes 97/98

8. De l’ecstasy9. Des stimulants, amphétami-

nes (speed)10. Autres drogues

116. Combien de fois aucours de votre vie (1 à 2 fois ;3 à 9 fois ; 10 fois et plus ;NSP)

1. Du cannabis (haschich,marijuana, joint, herbe,huile, shit)

2. Un produit à inhaler (colles,solvant, éther, poppers)

3. Un médicament pour vousdroguer

4. De la cocaïne ou du crack5. De l’héroïne6. Du mop7. Un hallucinogène (LSD,

acides, champignons,mescaline, psilocybine)

8. Des stimulants, amphétami-nes (speed)

9. Autres drogues

117. Au cours des douzederniers mois, laquelle(lesquelles) de ces droguesavez-vous consommée(s) ?

1. Du cannabis (haschich,marijuana, joint, herbe,huile, shit)

2. Un produit à inhaler (colles,solvant, éther, poppers)

3. Un médicament pour vousdroguer

4. De la cocaïne ou du crack5. De l’héroïne6. Du mop7. Un hallucinogène (LSD,

acides, champignons,mescaline, psilocybine)

8. Des stimulants, amphétami-nes (speed)

9. Autres10. (Aucune drogue/NSP)

118. Combien de fois dansl’année avez-vous pris ducannabis (haschich, marijuana,joint, herbes, huile, shit) ?

1. 1 à 2 fois2. 3 à 9 fois3. 10 fois ou plus

4. (NSP)

119. Quelle est l’attitude devos parents vis-à-vis ducannabis (haschich, mari-juana, joint, herbes, huile,shit) ?

1. Ils vous interdisent d’enprendre

2. Ils préfèrent que vous n’enpreniez pas

3. Ils sont indifférents au faitque vous en preniez ou pas

4. Ils sont d’accord5. Ils seraient d’accord si vous

en consommiez6. Vous ne connaissez pas leur

avis à ce sujet7. (NSP)

120. Vos parents savent-ilsque vous avez pris ou prenezdu cannabis ?

1. Oui, les deux parents2. Oui, l’un des deux parents3. Non4. (NSP)

121. Vos parents fument-ilsdu cannabis, c’est-à-dire duhaschich, de la marijuana, unjoint, de l’herbe, de l’huile, oudu shit ?

1. Non, aucun des parents2. L’un des parents3. Les deux parents4. (NSP)

122. Voici des opinions quel’on peut entendre. Pourchacune d’elles, dites-moi sivous êtes tout à fait d’accord,plutôt d’accord, plutôt pasd’accord, pas du toutd’accord, NSP :

1. Les toxicomanes sont avanttout des malades

2. Les toxicomanes sontresponsables de ce qui leurarrive

3. Les toxicomanes sontagressifs et dangereux

4. Les toxicomanes doiventavoir accès aux meilleurstraitements médicaux

5. Les toxicomanes doiventêtre punis

6. Il faut mettre les droguesdouces en vente libre

123. Par rapport aux person-nes de votre âge, diriez-vousque votre santé est…

1. Pas du tout satisfaisante2. Peu satisfaisante3. Plutôt satisfaisante4. Très satisfaisante5. (NSP)

124. Parmi ces différentsrisques et maladies, pouvez-vous me dire si vous lescraignez pour vous-même(pas du tout ; peu ; pas mal ;beaucoup ; NSP)

1. Les accidents de sport etde loisirs

2. Les accidents à l’école endehors du sport

3. Les accidents de lacirculation

4. La tuberculose5. Les maladies dues à l’alcool6. Le cancer7. Les maladies cardiaques8. Le sida9. Le suicide10. Les accidents du travail11. Les maladies sexuellement

transmissibles hors sida12. Les accidents de la vie

domestique à la maison ouautour

13. Les maladies respiratoires14. La dépression

125. Au cours des douzederniers mois, combien defois avez-vous consulté (allervoir)…

1. Un médecin scolaire ou uneinfirmière de santé scolaire

2. Un médecin généraliste, unmédecin de famille

3. Un psychiatre, ou unpsychanalyste, ou unpsychologue

4. Un gynécologue5. Un chirurgien dentiste ou

orthodontiste

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Questionnaire

327Baromètre santé jeunes 97/98

6. Un kinésithérapeute, unkiné, un masseur

7. Un autre médecin spécia-liste

126. Au cours des douzederniers mois, avez-vous étéhospitalisé au moins une nuit ?

1. Oui2. Non3. NSP

127. Pourquoi ?

128. Avez-vous pris desmédicaments au cours destrente derniers jours, ycompris les médicaments quel’on peut acheter sansordonnance ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

129. Était-ce des médica-ments… (oui ; non ; NSP)

1. Contre la douleur2. Pour dormir3. Contre la nervosité ou

l’anxiété

130. Avez-vous un handicapphysique qui atteint votre corpset limite son fonctionnement dequelque façon que ce soit ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

131. Lequel ?

132. Avez-vous une maladiechronique, c’est-à-dire unemaladie qui dure longtemps— au moins six mois — et quipeut nécessiter des soinsréguliers ? (exemple :diabète, asthme…)

1. Oui2. Non3. (NSP)

133. Laquelle ?

134. Au cours des douze

derniers mois, combiend’accidents avez-vous euayant entraîné une consulta-tion chez un médecin ou dansun hôpital ?

135. Parmi ces accidents, aucours des douze derniersmois, était-ce…

1. Un accident de vélo2. Un accident de moto,

mobylette, scooter3. Un accident de voiture4. Un accident de travail ou

d’atelier5. Un accident de sport ou de

loisirs autre que le vélo6. Un accident domestique (à

la maison ou autour)7. Un accident à l’école en

dehors du sport8. Autres (notamment les

bagarres)9. (NSP)

136. Si autre, lequel ?

137. Au cours des douzederniers mois, combien defois avez-vous eu…

1. Un accident de vélo2. Un accident de moto,

mobylette, scooter3. Un accident de voiture4. Un accident de travail ou

d’atelier5. Un accident de sport ou de

loisirs autre que le vélo6. Un accident domestique (à

la maison ou autour)7. Un accident à l’école en

dehors du sport8. Autres (notamment les

bagarres) (préciser)

138. Concernant vos parentsou les adultes qui s’occupentde vous, diriez-vous qu’ils…(très souvent ; assez souvent ;parfois ; jamais ; NSP)

1. Veulent savoir où vous enêtes et ce que vous faites

2. Vous félicitent3. Vous disent à quelle heure

rentrer quand vous sortez

4. Oublient vite un règlementqu’ils ont établi

5. Écoutent vos idées et vosopinions

139. Est-ce facile pour vousde lui parler de choses quivous préoccupent vraiment ?(très facile ; facile ; difficile ;très difficile ; vous n’en avezpas ou ne voyez pas cespersonnes ; NSP)

1. À votre père2. À votre mère3. À un frère4. À une sœur5. À des ami(e)s du même

sexe6. À des ami(e)s du sexe

opposé7. À un patron ou un collègue

de travail8. À un instituteur ou profes-

seur ou conseiller d’éduca-tion

9. À un psychiatre, psycholo-gue, psychothérapeute

10. À un autre professionnel dela santé

11. À quelqu’un d’autre

140. Imaginons que vousavez eu une grosse disputeavec un ou une ami(e) procheet que vous pensez qu’il ouelle ne vous comprend pas etn’écoute pas ce que vousdites. Pour chacune desaffirmations suivantes, dites-moi s’il y a des chances quevous réagissiez de cettefaçon… (certainement ;probablement ; probablementpas ; certainement pas ; NSP)

1. Vous en parlez à d’autrespour avoir un avis

2. Vous essayez de voir ce quipeut sortir de bon de lasituation

3. Vous cherchez à compren-dre qui est responsable etvous en tirez les conséquen-ces

4. Vous essayez de résoudrele problème vous-même

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Questionnaire

328 Baromètre santé jeunes 97/98

5. Vous racontez ce que vousressentez à un ami

6. Vous essayez de vouscalmer, de vous détendre

7. Vous aimeriez que cela nesoit jamais arrivé

8. Vous cherchez du réconfortauprès de votre famille oud’un adulte

141. Avez-vous eu au coursdes douze derniers mois desséances d’informations et/oud’échanges organisées àl’école sur les thèmes desanté suivant ? (oui, pendantun cours ; oui, en dehors descours ; non ; NSP)

1. La nutrition (alimentation)2. Le sida, MST (maladies

sexuellement transmissibles)3. La grossesse, la sexualité,

la contraception et lanaissance

4. Le tabac5. La drogue6. L’alcool7. La violence8. Le sommeil9. La dépression

10. Autre thème

142. Souhaiteriez-vous avoirdes séances d’informationset/ou d’échanges organiséesà l’école sur les thèmes desanté suivant ? (oui ; non ;NSP)

1. La nutrition (alimentation)2. Le sida, MST (maladies

sexuellement transmissi-bles)

3. La grossesse, la sexualité,la contraception et lanaissance

4. Le tabac5. La drogue6. L’alcool7. La violence8. Le sommeil9. La dépression

10. Autre thème

143. Quel est votre pays denaissance ?

1. France2. Étranger3. (NSP)

144. Quel est (était) lemétier de votre père/beau-père/vous-même ?

145. Actuellement, votrepère/beau-père/vous-même :

1. Travaille2. Est au chômage3. Est à la retraite4. Est à la maison ou en congé

parental5. Ne travaille pas pour une

autre raison (exemple :étudiant, longue maladie)

6. Pas de chef de famille desexe masculin

7. (NSP)

146. Quel est (était) lemétier de votre mère oubelle-mère ?

147. Actuellement, votremère ou belle-mère…

1. Travaille2. Est au chômage3. Est à la retraite4. Est à la maison ou en congé

parental5. Ne travaille pas pour une

autre raison (exemple :étudiant, longue maladie)

6. Il n’y a pas de maîtresse demaison

7. (NSP)

148. Avez-vous une religion ?1. Oui2. Non3. (NSP)

149. Toujours par rapport àla religion, diriez-vous que…

1. Vous ne pratiquez pas2. Vous pratiquez de temps en

temps3. Vous pratiquez régulière-

ment4. (NSP)

150. Étiez-vous vraiment

seul(e) pour répondre à cequestionnaire ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

Pour l’enquêteur

Pensez-vous quel’interviewé(e) était vraimentseul(e) et/ou répondaitlibrement à ce questionnaire ?

1. Oui2. Non3. (NSP)

Merci d’avoir bien voulurépondre à ces questions etnous vous rappelons quevous pouvez consulter unprofessionnel en appelantle Numéro Vert« Fil santé jeunes » suivant :0 800 235 236.