Barbarie Avril 2011

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L' Europe sera-t-elle plus verte en 2011 ? • L' UE et les révolutions arabes • Nationalism on the rise • L'inégalité salariale : un échec de la politique européenne ? Avril 2011 Master Affaires européennes - Paris-Sorbonne IV © Ponts Formation Edition

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L' Europe sera-t-elle plus verte en 2011 ?

• L' UE et les révolutions arabes

• Nationalism on the rise

• L'inégalité salariale : un échec de la politique européenne ?

Avril 2011Master Affaires européennes - Paris-Sorbonne IV

© Ponts Formation Edition

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Le printemps, signe de renouveau au MAES !

De nouveaux barbares ont pris le contrôle du Master Affaires Européennes de la Sorbonne. Jeunes pousses intéressées de près ou de loin au journalisme et à l’actualité européenne, ils vous ont concocté avec soins et tâtonnements ce premier numéro de Barbarie promo 2012.

Hasard de l’actualité, sur fond de révolutions arabes et catastrophe naturelle au Japon, les jeunes barbares que nous sommes ont commencé à s’atteler à cette tâche passionnante qu’est la transmission de l’actualité au niveau communautaire au moment où, pour le meilleur ou pour le pire, l’information a subi des transformations tant dans sa forme que dans son fond et sa finalité. En effet, alors que les médias sont depuis toujours vecteurs d’idées nouvelles, ils ont cet hiver franchi un nouveau pas qualitatif en terme de vitesse de transmission d’images et de messages qui a eu d’importantes conséquences pour le monde. La première arme des révolutionnaires tunisiens et égyptiens n’était-elle pas twitter ? Une des mesures promises par le dictateur syrien Baschar el-Hassad n’était-elle pas d’autoriser son peuple à utiliser facebook afin de montrer la libéralisation politique de son pays ? Les images du tremblement de terre suivi du tsunami japonais filmées en direct par des professionnels ont elles alimenté YouTube et le combat des écologistes contre le nucléaire.

Bref, comme l’information, Barbarie a un peu changé. Notre promotion s’est appropriée le travail effectué il y a un an par nos aînés et nous les remercions d’avoir créé ce journal. En attendant que nos successeurs vous proposent une version de Barbarie entièrement numérisée et digne de la génération 2.0 que nous sommes, bonne lecture !

Maud Koetschet

Sommaire Edito

Compte-rendu de conférence

- Faut-il croire en l'Europe ? Dossier - L'Europe sera-t-elle plus verte en 2011 ?

• Un souffle d'optimisme à mi-chemin entre Cancun et Durban Hambourg, l'hyperactive propre

• Interview Brendan Coolsaet, représentant de la jeunesse flamande pour le changement climatique

• Remise en cause du nucléaire en Europe ? Eurêka! La crise économique rend l'Espagne écolo

• Le gaz de schiste : une fausse bonne idée en Europe

Politique

- UE et révolutions arabes : "Nain politique tu es, asticot militaire tu demeureras"

- L'inégalité salariale : un échec de la politique européenne?

- Nationalism on the rise

Economie

- Un semestre pour repenser la gouvernance économique européenne

Culture

- Agenda d'Avril- Cinéma - "We want sex equality"

Rédactrice en chef

Equipe permanente de rédaction

Ont collaboré à ce numéro

Barbarie - Journal du Master Affaires européennes de Paris-IVwww.affaireseuropeennes.eu

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par Marion Lecoq

Faut-il croire en l’Europe ?Conférence-débat tenue le 12 Mars 2011 à l’ESCP Europe, 11ème arrondissement - Paris.

A l’occasion des portes ouvertes de l’ESCP Europe, l’association étudiante Tribunes a invité Thomas Houdaille, secrétaire général d’EuropaNova, et Emilie Louis, rédactrice en chef du site Internet Touteleurope.eu, pour une conférence-débat sur la crise de confiance que connait l’Europe aujourd’hui.

Après une courte présentation des parcours personnels et des postes occupés par les deux conférenciers invités, Mr Houdaille se lance dans le vif du sujet, en reconnaissant que l’Europe se trouve aujourd’hui à un véritable tournant. Auparavant, l’Europe était synonyme de prospérité, d’élargissements et de développement accéléré grâce à l’aide apportée aux pays du Sud. Le modèle européen de société était basé sur l’innovation, l’investissement. On ouvrait les frontières à l’immigration pour pallier le problème déjà sous-jacent du vieillissement de la population, etc. Aujourd’hui, le contexte de crise économique et politique conduit l’Union européenne à faire face à de grands défis que ses membres semblent avoir du mal à relever de façon commune.

Retrouver un leadership mondial

Malgré ce contexte difficile, Mr Houdaille rappelle qu’on a jamais autant parlé de l’Europe. Cette dernière est aujourd’hui face à un choix qu’elle se doit de faire au plus vite : soit les européens choisissent de ne pas trouver de solution collective, auquel cas ils créeront une « Europe musée », soit ils décident au contraire d’être davantage

acteurs que spectateurs et d’adopter une vision collective ambitieuse permettant à l’Europe de retrouver sa place dans le monde. Il ne s’agit pas de développer un impérialisme européen mais bien de retrouver un poids suffisant pour être une locomotive du progrès.

Comme chaque organisme malade,l’Europe peut développer des anticorps qui lui épargneront une rechute

Mlle Louis prend ensuite la parole pour souligner que de son point de vue, la crise constitue un avantage pour l’Europe dans la mesure où elle permet une réflexion sur la gouvernance européenne, et donc une avancée dans la construction de l’Union. L’Europe politique est en crise, son existence réelle n’est pas évidente pour les opinions publiques nationales. Mais cette crise révèle plus que jamais le besoin d’aide mutuelle des pays membres. Mlle Louis est d’avis que des discours comme celui qui préconise une sortie de l’euro n’ont pas lieu d’être, car la monnaie unique représente malgré tout une grande réussite de l’Europe. Il faut selon elle laisser le temps au projet européen de se réaliser, en rappelant qu’aujourd’hui les citoyens ne sont pas encore prêts à imaginer une réelle fédération européenne.

La base : l’information

Afin de répondre à la question d’une étudiante de l’ESCP quant aux solutions à proposer pour impliquer davantage les citoyens, et remédier justement à cette crise de confiance, Mlle Louis évoque l’existence de sites Internet comme celui dont elle est responsable - Touteleurope.eu -, et dont la mission première est d’informer les citoyens. Elle explique ensuite que le manque de confiance des populations est dû aux déceptions qu’elles subissent de façon concrète : le Parlement annonce une loi sur l’harmonisation des congés maternité en Europe, les citoyens s’en réjouissent et

Compte-rendu de conférence s’attendent à voir rapidement les effets du vote de cette loi sur leur quotidien. Cependant, ils ignorent que le projet de loi doit d’abord être renvoyé au Conseil dans le cadre du principe de codécision et que le processus est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. D’où la nécessité d’information.

Une crise de leadership

Mr Houdaille revient ensuite sur la notion de déficit démocratique et nuance le terme en avouant que pour lui, ce phénomène n’est pas vraiment le cœur du problème de la crise politique que connaît l’Europe aujourd’hui. Certes, la gouvernance européennereste loin des citoyens et le taux d’abstention important aux élections en témoigne. Mais pour comprendre le déficit démocratique, il faut surtout rappeler qu’actuellement, l’Europe souffre d’un manque criant de leaders d’opinion. L’Europe n’est plus incarnée par des personnalités à forte volonté politique, que ce soit au niveau de l’Union elle-même ou au niveau des Etats. Le projet européen n’est plus porté par un leadership fort. Mlle Louis rappelle alors le choix délibéré de personnalités effacées aux nouveaux postes importants des institutions de l’UE, comme le montre notamment les nominations d’Herman Von Rompuy oude Catherine Ashton.

Trouver des solutions à plusieurs

Les deux conférenciers s’accordent sur le fait que compte tenu des enjeux globaux actuels, une mutualisation des efforts est de toute façon nécessaire. Dans un contexte de déséquilibres, de perte de repères et de défiance vis-à-vis de l’avenir, le projet européen doit être affirmé comme le seul à pouvoir apporter des solutions futures. Le projet européen est humaniste, porteur d’espoir car fondé sur des valeurs. Son inconvénient est d’être proposé de façon maladroite aux citoyens. D’où le sentiment d’urgence face à la nécessité de prendre les devants. Les politiques européennes doivent impérativement être reprises au niveau national pour informer les citoyens des Etats-membres et les impliquer dans l’avenir de l’Union. Cela passe d’abord par l’éducation, mais aussi par la résolution de la question des ressources propres

de l’Union. Des moyens de financement propres et indépendants des Etats-membres permettraient en effet à l’Europe de disposer d’un budget plus important et de réaliser davantage de projets concrets. Mlle Louis regrette par ailleurs le manque de budget des rédactions en France responsables de la diffusion des informations sur l’Europe, en rappelant que les correspondants français à Bruxelles sont beaucoup moins nombreux que leurs homologues européens. Selon elle, une prise de conscience de la part des nouveaux pays membres de l’Union est elle aussi nécessaire pour la mise en place d’une dynamique à 27, dans une Europe aujourd’hui encore trop bilatérale. Enfin, selon Mr Houdaille, les think-tank – ces groupes d’experts qui forment des laboratoires d’idées dans le domaine des politiques publiques – doivent jouer un rôle important dans la création de promotions de young-leaders capables de développer le projet européen. Les organismes tels qu’EuropaNova participent ainsi à la création de réseaux d’influence européens, indispensables pour assurer l’avenir de l’Europe politique.

Pour conclure cette conférence, Thomas Houdaille insiste sur la nécessité de restaurer la confiance en l’euro et en l’Europe avant tout par la communication. Le côté positif du projet européen doit être prouvé par la mise en valeur de ses réalisations concrètes encore méconnues des citoyens. Il termine par citer un proverbe africain qui dit « si tu veux aller vite, vas-y tout seul, si tu veux aller loin, vas-y à plusieurs… »

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Retrouvez le programme des conférences organisées par la Maison de l'Europe dans l'Agenda du mois d'avril...

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Un souffle d’optimisme

à mi-chemin entre Cancun et Durban

par Maud Koetschet

Afin de concourir au statut de leader mondial en matière d’environnement, l’Union Européenne n’avait pas le droit à l’erreur à Cancun, après un épisode danois raté. Bilan et prévisions à froid, pour un climat qui se réchauffe toujours.

A la veille de la 16eme conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP16 pour les intimes), il était d’usage de promouvoir le rôle central que l’Union Européenne s’apprêtait à jouer. Avec une crise grecque mal gérée et une politique extérieure commune fantôme, le manque de consensus et de leadership jouaient avec les nerfs des Européens. La coopération multilatérale aura-t-elle droit à un happy end dans le domaine de l’environnement ?

Cancun, le coup de pression

Réunis à Bruxelles les 28 et 29 octobre 2010, les 27 souhaitaient gommer les disparités entre ceux qui veulent un accord contraignant et les autres. On pouvait donc lire ceci dans les conclusions du Conseil : « Il faut absolument que l'Union européenne et ses États membres continuent de jouer un rôle constructif et parlent d'une seule voix ».Brice Lalonde, ancien ministre français de l’environnement et actuel ambassadeur chargé des négociations internationales sur le changement climatique, était confiant quant au rôle de l’UE une semaine avant l’ouverture de la Conférence. En effet, il affirmait au média Euractiv que malgré « quelques difficultés à se faire entendre sur le plan politique, (…) l’UE joue un rôle de leadership dans ces négociations. Même si les autres pays, dont les superpuissances, ne respectent pas l’Europe au sens politique, chacun se tourne vers elle quand il s’agit de faire avancer les négociations ».Selon Wendel Trio, directeur de Greenpeace, la Conférence de Cancun était une réelle « opportunité » pour l’Union Européenne qui avait l’occasion « de cesser de se cacher derrière les Etats-Unis et d’assumer le rôle

de chef de file ».

L’UE, le bon élève…

Après la conclusion de l’accord de Cancun, qui a d’ailleurs été plutôt bien accueilli par les différentes parties, les Européens se sont déclarés satisfaits de leur travail en termes de coopération multilatérale. En effet, chacun y est allé de se petite phrase positive et surtout optimiste. La Belgique, alors à la tête de l’Union Européenne, a présidé les négociations lors de la conférence. Nos oreilles présentes sur place nous ont d’ailleurs rapporté que de nombreux acteurs comme les ONG avaient salué son travail. Ainsi, la ministre flamande de l’environnement, de la nature et de la culture, Joke Schauvliege, représentante de l’UE à Cancun, s’est montrée très satisfaite : « Avec ce résultat, nous faisons un nouveau pas dans la bonne direction. L’intervention active et unanime de l’UE a certainement aidé à rapprocher les points de vue divergents ». Selon Connie Hedegaard, Commissaire européenne au Climat, « l’UE est venue à Cancun avec l’espoir d’arriver à un paquet (de décisions) équilibré. Nous y sommes parvenus ».

…. qui prépare déjà Durban

Lors du Conseil Européen d’octobre, les 27 étaient clairs : Cancun était une « étape intermédiaire majeure (…) ouvrant la voie à la mise en place d’un cadre mondial complet et juridiquement contraignant ». Position partagée par le Mouvement Européen – France, selon qui « rien ne sera possible sans une représentation et une position fortes et communes de l’UE au cours des négociations à venir ». C’est dans ce sens que la Commission a communiqué le 8 mars dernier au Parlement, au Conseil, au Comité économique et social européen ainsi qu’au Comité des régions une « Feuille de route vers une économie compétitive à faible intensité de carbone à l’horizon 2050 ». A un semestre de la prochaine conférence des Nations Unies pour le Changement Climatique, le document présente des consignes à suivre pour l’Union. On y retrouve entre autres un vigoureux plaidoyer en faveur des retombées économiques d’une production environnement-friendly ainsi que des fourchettes précises quant à l’émission de gaz carbonique.

Reste à savoir si cette feuille de route sera reprise par la Pologne, représentante de l’Union à la COP17, à Durban en automne 2011, et pourtant très frileuse en matière de politique environnementale.

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Hambourg, l’hyperactive propre

Après Stockholm en 2010, Hambourg est devenue la deuxième capitale européenne de l’environnement. Ce choix peut paraître étonnant à la vue de son activité économique qui n’est certainement pas des plus vertes. Avec ses 87km de zone portuaire, « la porte sur le monde » est le principal Hub de desserte de et vers la Scandinavie. Cependant, avec une politique environnementale ambitieuse, Hambourg a coupé l’herbe sous le pied de ses 35 concurrentes. En récompensant ce géant industriel, la Commission Européenne a voulu encourager des programmes de lutte contre la pollution dans une Europe toujours plus urbaine.

Pas de minimum syndical à Hambourg. Ainsi les émissions de CO2 ne seront pas réduites de 20% d’ici 2020, mais bien de 40% et de 80% d’ici 2050. Mais comment font-ils pour paraitre crédible ? C’est simple : pas de paroles en l’air (qui est d’ailleurs de très bonne qualité). Le gouvernement de la ville-Etat a déjà investi 18 millions d’euro (soit 10 millions par habitants) afin de moderniser l’éclairage et le chauffage des bâtiments publics. Cela a permis de réduire de 15% les émissions de CO2 par tête par rapport à 1990. Chapeau bas !

Allez on est gentil à Barbarie, on vous donne le nom de la capitale européenne de l’environnement de 2012 : Vitoria-Gasteiz, une ville de 200 000 habitants dans le Pays basque espagnol. Confrontée à des problèmes différents, elle a charmé le jury par ses programmes d’économie de l’eau ainsi que sa gestion collective des déchets.

M.K.

Source : GoodPlanet.info

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Pouvez-vous tout d’abord nous en dire plus sur le Flemish Youth Council et sur votre action au quotidien en tant que délégué aux questions climatiques ?

Le Conseil de la Jeunesse de la communauté flamande est l’organe officiel d’avis pour les politiques de jeunesse de la Communauté Flamande de Belgique. En fonction des avis récoltés chez les jeunes sur le terrain et les organisations de jeunesse membres, il interpelle et émet des avis concernant les politiques de jeunesse.[...] Il est donc en quelque-sorte la voix des jeunes flamands et de leurs organisations auprès du Gouvernement Flamand et Fédéral. Pour se faire entendre au travers de la Communauté et sur les Forums internationaux, le Conseil s’appuie sur ses représentants volontaires, élus et souvent soutenus par un groupe de travail, également composé de volontaires. De cette manière, le groupe de travail « Climat » a soutenu mon mandat de Représentant de la Jeunesse Flamande pour le Changement Climatique. Le conseil compte une soixantaine de représentants nationaux et internationaux, couvrant des domaines aussi divers que le travail, la mobilité, le développement durable, le climat, l’enseignement… Le travail du représentant est double. Premièrement, en collaboration étroite avec son groupe de travail, il développe et propose des pistes de réflexion concernant des sujets d’actualité dans son domaine. [...] Le groupe de travail prend alors position sur les sujets choisis et soumet la position à l’Assemblée Générale du Conseil. Fort du soutien de l’AG, le représentant diffuse ensuite le message et l’avis des jeunes à travers le pays, ou, comme dans

mon cas, dans les conférences internationales. C’est la deuxième partie de sa mission. Il est le lien entre les jeunes qu’il représente et les dirigeants politiques. Dans le cas des sommets internationaux qui peuvent être relativement complexes, il ne porte pas que la voix des jeunes auprès des dirigeants, il assure aussi le chemin inverse. C’est-à-dire qu’il relaye et traduit les prises de décisions au sein de la communauté et informe les intéressés qui ne se trouvent pas sur place.

Vous faites partie d’une organisation composée en majeure partie de jeunes militants. Quelle est votre vision de l’engagement politique de la jeunesse européenne d’aujourd’hui ?

L’engagement politique des jeunes s’inscrit dans une vision idéalisée (mais nécessaire) d’une démocratie participative. Il puise son énergie dans la croyance qu’une approche « bottom-up » dans la prise de décision améliore la formulation, l’implémentation et l’évaluation des politiques publiques. La citoyenneté active est considérée comme pouvant remédier aux limites d’une démocratie représentative jugée trop éloignée de la réalité des jeunes. La participation des jeunes prend tout son sens dans le domaine du climat et de l’environnement, où les mesures actuelles (ou l’absence de celles-ci) façonnent l’avenir des jeunes et des enfants. La crise environnementale est devenue le moteur du militantisme des jeunes qui revendiquent le droit des générations futures à un environnement sain et une société solidaire. Le leitmotiv des jeunes lors des sommets climatiques est d’ailleurs « no decision about us, without us ».

Représentant de la Jeunesse flamande pour le Changement Climatique au sein du 'Flemish Young Council', Brendan Coolsaet nous présente le travail qu'il effectue au quotidien et partage sa vision du Sommet de Cancun, auquel il a personnellement assisté dans le cadre de ses fonctions.

InterviewVous étiez présent à la Conférence de Cancun en décembre dernier. Quelle a été votre perception des négociations menées lors du sommet ? Etes-vous satisfait de l’engagement politique des Etats participants ?

En tant qu’environnementaliste, il est difficile d’être satisfait des résultats de Cancun. Comme la plupart des acteurs de la société civile, je considère les accords comme trop peu ambitieux et encore loin des efforts nécessaires pour faire face efficacement au changement climatique. Force est de constater que les accords contiennent nombres de contradictions et de paradoxes. La majorité des éléments repris dans les accords de la COP16 se trouvaient déjà dans l’accord de Copenhague. La présidence Mexicaine a donc réussi à nous « vendre » un accord que la communauté internationale considérait encore comme inacceptable un an plus tôt. [...]Cependant, représenter le sommet comme un échec total ne serait pas honnête. N’oublions pas que la situation politique et économique internationale était loin d’être favorable. Nous sortions d’une crise économique sans précédent, le climato-scepticisme vivait de grands jours avec le climate-gate et autres scandales et l’administration Obama venait de perdre sa majorité dans la Chambre des représentants. Dans ce contexte, on se doit donc de saluer le fait qu’une « vision commune » ait été trouvée entre 192 pays, et que le texte fasse mention de responsabilité historique des pays industrialisés.La création du Fonds Vert pour le Climat, qui devra financer l’adaptation des pays en développement au changement climatique, est sans aucun doute le plus important acquis des négociations. Mais sa mise en place est entachée d’un flou artistique[...]. Tout récemment, la première réunion de la Commission transitoire chargée de concevoir le Fonds a déjà été reportée à fin avril. Je suis aussi très méfiant face à l’entrée en scène de la Banque Mondiale au plus haut niveau du financement climatique. A mes yeux, c’est une contradiction de plus qui caractérise la COP16.

L’Union européenne, emmenée par la Belgique, a été présenté comme le moteur des négociations de COP16. Quelles ont été les réalisations concrètes des Etats-membres en matière d’environnement depuis la conférence?

Je ne dirais pas que l’Union Européenne ait été le moteur des négociations de la COP16. L’issue du sommet de Copenhague avait été une douche froide pour le politique climatique de l’Union[...]. L’incapacité du Conseil Environnement à opter pour le passage à une réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre en novembre 2010 était un exemple alarmant de la confusion créée par cette défaite. Soucieux de ne pas revivre cette expérience, les Européens se sont tenus à carreau à Cancun et ont œuvré dans l’ombre pour rallier d’autres à leur cause. Pour ce qui est des réalisations des Etats-membres, il est encore fort tôt pour en juger. Cependant, suite au rapport « Roadmap 2050 » de la Commission, le Conseil Environnement de l’Union s’est fixé comme objectif de réduire de 80 à 95% ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050, ce qui est un signal très positif. La Belgique a quant à elle décidé de revoir à la hausse ses ambitions pour 2020, passant de 20 à 30% la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre en mars dernier. Je suppose que beaucoup d’autres pays de l’Union ont déjà, ou feront bientôt le même effort.

Pour finir, pensez-vous que l’Union européenne sera en mesure de jouer un rôle moteur lors de la conférence COP17 de Durban en novembre 2011?

Je ne suis pas très optimiste quant au leadership de l’Europe, ni même au succès de la COP17. Plusieurs éléments me paraissent être hautement instables, ce qui pourrait nuire aux négociations : la Pologne assurera la présidence de l’Union lors de la COP17, et on ne la compte pas parmi les élèves les plus assidus en termes d’ambition climatique; l’urgence créée par la fin de la première période d’engagement du protocole de Kyoto en 2012 pousse la pression à son comble, comme à Copenhague [...], etc. J’ai souvent lu et entendu que Cancun devait servir de passerelle pour rétablir la confiance entre les parties et préparer le terrain pour « le grand accord climatique » qui verrait le jour à Durban. Le fantôme de Copenhague hante déjà Durban…

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Propos recueillis par Marion Lecoq.

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Alors qu’au niveau mondial le nucléaire représente 15% de la consommation d’électricité, ce chiffre atteint les 30% dans l’UE. Avec 144 centrales réparties sur le territoire communautaire, 71% des citoyens européens habitent dans un pays qui compte des réacteurs sur son sol. Ces chiffres montrent à la fois la dépendance certaine de l'Europe par rapport à l'énergie nucléaire, ainsi que l'omniprésence des centrales nucléaires sur le territoire de l'Europe, ce qui explique les inquiétudes de nombreux pays par rapport aux risques potentiels.

Le nucléaire signe la division de l'Europe

L'efficacité et la résistance à toute épreuve du Japon ayant été brisées, une vague d'inquiétude accompagnée de débats a envahi l'Europe. La France, en étant le premier producteur d'énergie nucléaire de l’Union, est la première concernée. Nicolas Sarkozy a donc pris la défense de la filière en écartant toute sortie du nucléaire. Le Royaume-Uni rejoint la position française, après avoir décidé de ne pas repousser la

construction de nouvelles centrales nucléaires prévue en octobre. Néanmoins, l'Allemagne a suspendu provisoirement l'activité de sept de ses plus vieilles centrales. Cela fait plusieurs fois déjà que le pays est agité par le débat sur la sortie du nucléaire, et le mouvement anti-nucléaire y est très actif et populaire, comme en attestent les manifestations massives qui ont eu lieu fin mars dans tout le pays. L'Italie a décidé de remettre à plus tard son plan de retour au nucléaire. L'Autriche, qui a abandonné le nucléaire depuis 1978, a adopté une position bien plus radicale, en souhaitant que l'Europe sorte du nucléaire.

Le nucléaire : un réel danger pour l'Europe?

L'Europe n'est majoritairement pas située sur une région sismiquement active, cependant, la présence de vieilles centrales de type Tchernobyl représente un risque. Le danger potentiel se trouve davantage aux portes de l’Union, en Russie notamment, avec l'existence de centrales nucléaires de type Tchernobyl. Ainsi, les nuages radioactifs ne connaissant pas de frontières, les risques de type Tchernobyl concernent l'Europe tout entière. C'est pourquoi l'UE souhaite étendre à ses voisins limitrophes, comme la Suisse, la Turquie et l'Ukraine, les normes élevées de sécurité qu'elle vise. Si les États européens comptent continuer à construire de nouvelles centrales, ils devraient songer à éviter les versions low-cost dangereuses, pour ne retenir au contraire que des versions beaucoup plus sûres, comme celles qui utilisent la

par Miguel Mégard

Après l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima le 14 mars, et ces fuites radioactives qui ne sont pas sans rappeler celles de Tchernobyl, la préoccupation des Européens est grande. Bien qu'il n'existe pas de consensus européen à propos du maintien des centrales nucléaires, les États membres de l'UE ont décidé de jouer la carte de la prudence.

Remise en cause du nucléaire en Europe ?

technologie EPR (Evolutionary Power Reactor), un réacteur nucléaire de troisième génération conçu et développé à partir de l'année 2000 par l'entreprise française Areva. Par ailleurs, la question de la gestion des déchets nucléaires et de leur stockage que l'on a tendance à omettre, peut également apparaître comme un facteur de risques.

Mieux vaut prévenir que guérir

Pour l'heure, le 24 mars, les chefs d'Etats européens ont décidé de soumettre les 144 centrales nucléaires européennes à des tests de résistance sur la base de critères communs. Il s'agit de tester la vulnérabilité des centrales, afin de fermer les plus défectueuses. Cependant, ces tests devront être effectués par les autorités nationales, puisque la Commission n'a pas le pouvoir d'envoyer des experts dans les centrales nucléaires pour vérifier leur sûreté. On peut ainsi mettre en doute la garantie de la réalisation et/ou du bon déroulement de ces tests, non pas tant à l'échelle de l'UE qu'au niveau des pays voisins. De surcroît, l'Europe ne doit pas s'arrêter en si bon chemin. Un large dialogue doit s'établir au niveau européen sur les tests et leurs résultats, qui eux doivent être publiés en toute transparence. L'Europe a besoin d'un débat public sur le nucléaire

Ainsi n'est-il pas préférable de tirer les bonnes conclusions des évènements et d'améliorer les mesures de sécurité que de succomber à la panique et d'abandonner définitivement l’énergie nucléaire? Cette éventualité est-elle réaliste, tout d'abord au niveau du coût pour le démantèlement des centrales, et dans la mesure où cela ne ferait qu'accroître la dépendance de l'Europe par rapport au pétrole et la priverait d'une des sources d’énergie alternatives déjà limitées?

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Eurêka! La crise économique rend l’Espagne écolo

Le 4 mars dernier, le gouvernement espagnol a adopté un plan d'économie d'énergie comprenant un certain nombre de mesures, dont les plus importantes sont la réduction de la vitesse maximale autorisée sur les autoroutes à 110 km/h au lieu de 120 km/h, ainsi que des dépenses dans l'éclairage des bâtiments publics et des autoroutes.

Alors que la première mesure vise à amoindrir la dépendance énergétique de l'Espagne, qui craint une hausse du prix du baril de pétrole à cause des évènements en Libye, la deuxième entend réduire la facture d'électricité de l'Etat. Le gouvernement souhaite ainsi réduire de 50% les dépenses en éclairage des autoroutes et des bâtiments publics (mairies, ministères entre autre) qui représentent 25 millions d'euros chaque année, ce qui correspondrait à une économie de 12,5 millions d'euros.

Cela se traduit par l'installation d'ampoules à basse consommation, ou LED, qui sont certes coûteuses mais beaucoup plus efficaces et durent entre six et dix fois plus longtemps que les ampoules traditionnelles. Le gouvernement compte également investir dans les panneaux solaires pour l'éclairage des bâtiments publics.Cette mesure verte du gouvernement semble finalement aller dans le sens des coupes budgétaires mises en place par le président José Luis Rodríguez Zapatero depuis quelques mois, pour réduire le déficit budgétaire du pays.

M.M.

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Source : www.dineroyahorro.com

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Le gaz de schiste, une énergie non conventionnelle

Présents partout, en Amérique du Nord mais aussi en Asie, en Australie et… en Europe, les incroyables réserves de gaz de schiste permettent d’envisager la possibilité d’une vie sans pétrole. Déjà exploitée depuis un siècle aux Etats Unis, cette activité y a connu un essor spectaculaire au XXIè siècle. Les nouvelles techniques et la hausse des prix du gaz naturel conventionnel en font une énergie désormais rentable, capable de pourvoir à une grande partie de la demande locale en énergie. Le gaz de schiste est une forme de gaz naturel produite à partir des schistes, une roche qui a la particularité d’avoir un aspect feuilleté. Ils sont dits « non conventionnels » parce qu’ils ne se trouvent pas dans des réservoirs classiques, mais coincés dans de fines strates de schiste (voir encadré).

L’extraction du gaz de schiste, une procédure loin d’être anodine

Oui mais voilà, il faut parfois creuser jusqu’à 4000 mètres de profondeur pour les extraire, grâce à une technique des plus violentes dite « fracturation hydraulique » (hydraulic fracturing ou fracking). Une fois le puits creusé et la couche de schiste atteinte, le forage (drilling) continue horizontalement sur plusieurs centaines de mètres. Une grosse quantité de fluide, composé d’eau, de sable et de

pas moins de 586 produits chimiques, est injectée à très haute pression pour fissurer la roche et pousser le gaz jusqu’à la surface. Les eaux usées ayant servi à la fracturation - jusqu’à 3,8 millions de litres parfois ! - sont chargées de sels corrosifs ainsi que d’éléments cancérigènes et radioactifs, qu’il s’agit d’éliminer dans les stations d’épuration. C’est là que les choses se compliquent. En Pennsylvanie par exemple, « l’Arabie Saoudite du gaz naturel », où le nombre de puits exploités a doublé en dix ans, il n’existe aucune réglementation relative au taux autorisé d’éléments radioactifs dans l’eau. En outre – les responsables l’avouent eux-mêmes – la quantité d’eau à traiter dépasse de loin la capacité des usines de retraitement, les contrôles sont insuffisants, et les autorités, dépassées.

Certains, comme le magazine américain Oil Price, accusent les détracteurs du gaz de schiste de jouer les Cassandre et de « dramatiser » la fracturation et la consommation d’eau induite : le forage est effectué à plusieurs kilomètres des nappes phréatiques, avec du matériel parfaitement sécurisé, et ne risque pas de polluer l’eau. L’épisode nucléaire japonais nous permet d’en douter.

Et en Europe ?

A titre de comparaison, le potentiel de gaz non conventionnel en Amérique du Nord est environ sept fois plus élevé qu’en Europe. Ce type

Le gaz de schiste : une fausse bonne idée en Europepar Marianne Doyen

A l’heure du pétrole cher et d’un approvisionnement énergétique menacé par des troubles au Moyen-Orient, les pays occidentaux s’intéressent à des formes d’énergies non conventionnelles. De nouvelles techniques permettent notamment d’extraire à un coût économiquement supportable les gaz de schiste (shale gas), moyennant prospection violente et dégâts environnementaux.

capable de subvenir à ses propres besoins énergétiques pour les 100 à 200 ans à venir. Des forages sont d’ores et déjà effectués dans le sud est du pays (Lebien, Slawno, Markowola).

A la frontière ukraino-polonaise, le bassin de Lublin est prometteur.Pour ces deux pays, le gaz de schiste revêt la plus haute importance et leur offre la perspective de se délivrer du joug énergétique du grand frère russe.

On compte aussi des activités de prospection et de forage au sud de l’Angleterre, en basse Saxe, dans l’est parisien, à Vienne, dans le sud de la Suède, dans le sud est de la Hongrie.

En France, Total s’est associé à l’Américain Schuepbach. Ils ont obtenu en mars 2010 l’autorisation d’explorer presque

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d’énergie pourrait réduire ses besoins d’importation et lui assurer une relative autonomie énergétique, notamment vis-à-vis de la Russie et de ses fréquentes menaces de suspendre ses livraisons de gaz naturel.. Il est bon de noter que, si les schistes européens sont semblables à ceux d’Amérique du nord du point de vue géologique, la densité de population, elle, diffère du tout au tout. La part de la population susceptible d’être affectée par la pollution de l’eau, de l’air et des sols, est ainsi bien supérieure, et le risque sanitaire, sans commune mesure.

Les trois principaux bassins de gaz de schiste en Europe sont en Pologne, dans le nord de l’Allemagne et au sud de la mer Baltique.

On estime que les ressources polonaises pourraient d’ici quelques années faire du pays un exportateur net de gaz,

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10 000 km2 dans le sud de la France, entre Montpellier et Montélimar, en passant par les Cévennes, et ce, auprès du ministre de l’écologie, du développement durable et de la mer, en charges des technologies vertes, qui n’était autre que Jean-Louis Borloo. Vraiment, le gaz de schiste, une « technologie verte » oeuvrant pour un « développement durable » ?

Le 9 avril 2011 cependant, la proposition de loi de Christian Jacob, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, visant à interdire l’exploitation de gaz de schiste et à abroger les permis déjà accordés, a été votée. Les gaz de schiste n’ont décidément pas bonne presse. Une manifestation est d’ailleurs prévue samedi 17 avril dans le Larzac.

« Shale gas will rock the world » (Oilprice.com)

Seul le temps nous dira si les gaz de schiste seront une solution simplement temporaire ou une source d’énergie majeure. Selon les prévisions de BP d’ici 2030, les énergies renouvelables devraient fournir 5% de l’énergie mondiale, de même que le nucléaire, contre près de 30% pour les gaz. Si le développement des gaz de schiste

en Europe n’en est qu’à une phase de recherche, des avancées significatives sont attendues d’ici quelques années. Des études soulignent toutefois que l’Europe est loin des capacités américaines en terme de gaz de schiste. Son retard technique et sa lenteur ne permettent donc pas d’envisager une « révolution énergétique » dans ce sens. Quant à l’Union européenne, elle ne semble pas décidée à contrer cette progression. Le Commissaire européen à l’énergie Günther Oettinger a insisté en mars sur la baisse à venir des ressources européennes en gaz, et affirmé « sa confiance dans la capacité des États membres à appliquer les législations européennes et nationales afin de protéger l’environnement et les ressources en eau ». Rien n’est dit sur les dangers, ni sur le gaspillage des ressources, et encore moins sur la nécessité d’une évaluation d’impact commune à l’ensemble de l’Union européenne. Bruxelles s’obstine à ne pas se mouiller, estimant que les gaz de schiste représentent une option complémentaire intéressante. Les questions de prospection et d’exploitation des gaz ne concerneraient la Commission que du point de vue légal et non environnemental. Une étude est prévue, ainsi que la publication, à l’automne, de la Feuille de route

Un procédé coûteux pour l’environnement

- Dans certains cas le béton qui protège le conduit menant à la roche de schistes n’est pas parfaitement perméable ; des fissures peuvent alors laisser échapper gaz et liquides à travers les roches poreuses, jusqu’à atteindre les nappes phréatiques, comme c’est le cas dans certains Etats comme le Colorado, l’Ohio ou le Texas.

- 50 à 70 % du liquide de fracturation reste dans la couche de schiste

- Des camions apportent les produits permettant la fabrication du fluide sur place, transportent le gaz, etc. Pour chaque «frack», il faut 200 allers-retours de camions !

- Des milliards de litres d’eau, et presque autant d’eaux usées, qui excèdent largement la capacité des stations d’épuration

- Les déchets contenus dans ces eaux sont susceptibles d’entrer dans la chaîne alimentaire par la pêche ou l’élevage

- En surface, l’air et l’eau (domestique mais aussi celle des cours d’eau) se dégradent, présentant des risques pour la santé.

GAZ CONVENTIONNEL / GAZ NON CONVENTIONNEL

Le gaz conventionnel est issu de poches poreuses, suffisamment perméables pour permettre au gaz de remonter jusqu’au puits. Les gaz non conventionnels se trouvent, eux, dans des formations rocheuses relativement imperméables. On en compte principalement trois sortes :- tight gas - gaz de charbon (coalbed methane), aussi connu sous le nom de « grisou ».- gaz de schiste

Dans le cas des gaz de schiste, il faut créer des fractures artificielles pour libérer le gaz et multiplier le nombre de points d’extraction, car le gaz se trouve dans des multitudes de petites poches, contrairement au gaz conventionnel. Des images satellitaires de certaines régions montrent des paysages transformés, couverts de puits d’extraction.

Source : E.ON, géant allemand de l’énergie, in « Prospects for unconventional gas in Europe »

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« Energie 2050 », qui statuera sur le coût et l’impact économiques du gaz de schiste… C’est-à-dire, pas sur les questions qui inquiètent les citoyens.

Sale temps pour l’environnement..!

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L’UE et les révolutions arabes :

« Nain politique tu es, asticot militaire tu demeureras. »

par Mélisande Massoubre

L’Union aurait pu, dès le début, saisir cette opportunité que sont les révoltes arabes pour légitimer et enraciner une position stratégique dominante sur la scène internationale en recourant, par ailleurs, à des mesures de sanction à l’égard des Etats arabes qui rechignent à asseoir les valeurs qu’elle défend. Cependant, un manque de consensus diplomatique et de capacité militaire l’ont poussé à agir autrement.

Depuis l’aube des insurrections populaires dans le monde arabe, une hypocrisie latente de l’Union Européenne tend à discréditer sa politique étrangère et sa prise de position sur la scène internationale. En effet, sa politique de non-intervention et son manque de soutien vis-à-vis de ces peuples qui se battent pour défier des régimes autoritaires, accoutumés à bafouer ouvertement leurs droits, ne font qu’amoindrir la confiance que les populations civiles pouvaient avoir en son pouvoir d’action.

La sécurité énergétique avant toutDès l’entrée en vigueur du traité de

Lisbonne en 2008, l’un des objectifs principaux que s’était fixé l’Union Européenne, était d’asseoir la légitimité des principes démocratiques et des valeurs fondamentales, au sein même des institutions de ses Etats voisins. Il s’agissait donc pour l’Union d’établir un espace de prospérité, de stabilité mais avant tout de sécurité au-delà de ses frontières tout en demeurant dans le cadre légal de sa politique de voisinage. Néanmoins l’Union a surtout cherché à resserrer ses liens avec les pays du Maghreb et du Proche-Orient producteurs d’énergie fossile. L’Union, classée comme la plus grande importatrice mondiale en ressources énergétiques, alloue quelques 270 milliards d’euros à l’achat du pétrole et se retrouve en conséquence prise dans un étau dont elle ne peut s’extirper depuis que les soulèvements populaires dans les Etats Arabes déstabilisent l’enceinte de sécurité qu’elle s’était tant évertuée à instaurer. Sa

marge de manœuvre s’en trouve d’autant plus réduite qu’elle ne peut à la fois soutenir la légitimité des insurrections populaires et se défaire des liens qui l’enchainent à ces régimes autoritaires. Cette très forte dépendance énergétique a, en particulier, conduit l’Union à privilégier tout d’abord ses intérêts économiques aux dépens du souci de libérer les peuples arabes du joug de leurs dictateurs.

Des frontières très convoitéesPar ailleurs, la menace sécuritaire que

pouvait représenter les premiers soulèvements populaires en Tunisie et en Egypte a davantage contribué à dissuader l’Union d’adopter une position radicale en faveur des révoltés car la répression des gouvernements en place auraient conduit de nombreux réfugiés à ses frontières. Il s’agissait donc de contenir l’afflux massif des réfugiés en renforçant le rempart de la forteresse européenne, moyennant le maintien de ses relations avec ces despotes autocrates. Par conséquent, l’UE avait eu recours au pernicieux marchandage politique, dans le but d’arriver à un commun accord avec ces régimes autoritaires.

Un manque de consensus et de capacité…L’Union avait, de ce fait, légitimé le

statut de ces dictateurs et s’était placée dans une situation compromettante face à ces enjeux d’ordre géostratégique. Elle s’est donc retrouvée embourbée dans un marasme diplomatique duquel elle n’a su émerger bien que très tardivement sous la houlette de Catherine Ashton, Haute Représentante de l’UE pour les affaires étrangères. La

politique étrangère de l’Union s’en trouve d’autant plus affectée que les Etats membres n’arrivent pas à atteindre un consensus européen sur la ligne d’action à entreprendre. Ce dysfonctionnement décisionnel ajouté à son déficit capacitaire dans le domaine de la défense n’aide en rien l’Union à asseoir une puissance militaire. Son manque de moyens logistiques, de matériel militaire et de forces armées intégrées constitue une entrave supplémentaire dans sa marge de manœuvre et d’action dans les pays arabes en proie aux troubles et à la répression sanglante. Cependant, le manque de coopération entre les Etats membres de l’Union en matière de défense a considérablement nui à l’orientation d’une doctrine politique à adopter dans les pays arabes. L’Union se retrouve donc pieds et poings liés, incapable d’engager des mesures de sanction à l’encontre de ses partenaires commerciaux et pourtant profondément dévouée à consacrer des moyens colossaux à la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales, valeurs qu’elle avait jusqu’alors foulées aux pieds dans son manque de soutien aux peuples arabes qui se saignent les veines pour réclamer à leur gouvernement l’instauration d’un Etat de droit.

…pallié quand tant bien que mal par des traites bilatéraux

Cette défaillance en terme de politique étrangère et de défense avait, d’ailleurs, amené la France et la Grande-Bretagne à signer en novembre dernier un accord stratégique de coopération militaire en vue de mutualiser leurs forces expéditionnaires armées. Ce nouveau pilier de la défense de l’Union aurait pu permettre de l’affranchir de cette position contraignante dans laquelle elle se trouve depuis le début des insurrections. Néanmoins, la France et la Grande-Bretagne, qui canalisent à eux seuls 50% du total des dépenses militaires en Europe risquent de faire prévaloir leurs intérêts aux dépens de ceux de l’Union, pour finalement dévoyer la politique de défense européenne et devenir, ainsi le pilier européen de l’Alliance Atlantique.

La Libye : le coup de feu diplomatiqueNéanmoins, depuis la vague des

protestations en Libye, l’Union a renversé la

donne politique en s’engageant davantage au côté des peuples opprimés, victimes de la répression des forces armées dirigées par le non moins célèbre dictateur, Mouammar Kadhafi, qui avait d’ailleurs menacé l’UE de cesser le démantèlement des organisations terroristes en Afrique du Nord. La priorité de l’Union a été, en premier lieu, de pourvoir une aide humanitaire aux populations civiles en débloquant une somme de 3 millions d’euros. De plus, l’Union s’est ensuite alignée sur la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU en imposant un embargo sur la vente d’armes en Libye, le gel des avoirs financiers et l’interdiction aux Etats membres de fournir des visas au dictateur et à sa famille. Lors de la réunion du Conseil Européen, début mars, le Président de l’UE, Herman Von Rompuy, a déclaré que l’UE reconnaissait la légitimité du Conseil National de Transition opposé au régime de Kadhafi, exigeant par la même occasion la démission sans délai du dictateur afin que ce bain de sang cesse de s’étendre dans tout le pays. L’Union a finalement relégué la tâche militaire aux forces armées conjointes de la France et de la Grande-Bretagne sans le soutien néanmoins de l’Allemagne, pour intervenir en Libye sous mandat de l’ONU, après l’instauration de la zone d’exclusion aérienne, permettant à l’aviation militaire de la coalition d’agir de manière « ciblée et efficace ».

Si efficace soit-elle, l’OTAN, qui avait repris récemment le flambeau des bombardements aériens dans la zone, a touché mortellement des forces rebelles et des civils. C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles l’UE s’était abstenue d’intervenir militairement en Libye, car ne souhaitant pas ternir son image emblématique de défenseur des droits de l’homme par des dommages collatéraux, elle préfère se consacrer au processus de transition démocratique qui, l’espère-t-on, adviendra d’ici sous peu après le renversement du régime.

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Le 5 mars 2011, l’Union Européenne a connu sa première Journée européenne de l’égalité salariale, et ce, dans une relative indifférence. Pourtant, dans l’UE, les femmes gagnent encore près de 17,5% de moins que les hommes. Trois jours avant la centième édition de la journée de la femme, cet événement a eu pour but de sensibiliser les Européens aux écarts de salaires. Chaque année, la date de cette journée sera déterminée en fonction du temps supplémentaire qu’il faut à une femme pour atteindre le salaire annuel de son collègue. Ainsi, pour parvenir à la somme gagnée par un homme en 2010 pour le même travail, elle doit théoriquement travailler jusqu’au 5 mars 2011...Soit un trimestre de plus.

Au niveau international, une étude réalisée en 2008 dans soixante-trois pays par la Confédération Syndicale Internationale (International Trade Union Confederation) montre qu’un écart de 15,6 % en moyenne sépare le salaire d’un homme et celui d’une femme pour le même travail. Curieusement et tristement, la différence ne diminue pas nécessairement avec l’augmentation du niveau d’éducation. En Europe, même si l’écart entre les salaires est combattu depuis le traité de Rome (voir ci-après), il varie d’un pays à l’autre jusqu’à dépasser la barre des 25%. Ainsi, alors qu’il est dessous de 10% en Italie, en Pologne, ou en Belgique par exemple, en il atteint les 20% en Slovaquie, en Allemagne, aux Pays-Bas. Bonnet d’âne à la République Tchèque, l’Estonie et l’Autriche où les femmes gagnent jusqu’à un quart de salaire en moins que leurs collègues masculins.

L’inégalité, une réalité multiforme

L’écart des salaires n’est qu’un des nombreux avatars de la discrimination dont continuent de souffrir les femmes dans le travail. Lorsque l’on parle d’ « écart salarial », on pense en premier lieu à la différence entre le salaire d’une femme et celui d’un homme pour un même travail, à un même poste. En réalité cette forme d’inégalité a connu de grands progrès, contrairement à d’autres, plus insidieuses. On constate ainsi un phénomène général de sous-évaluation du travail des femmes, qui continuent d’occuper la majorité des postes sous-qualifiés et sont peu nombreuses aux postes de direction et dans les conseils d’administration.

Une priorité européenne

Outre une abondante et ancienne législation européenne qui consacre cette discrimination dans le travail comme illégale, l’UE a récemment créé l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, ou EIGE, European Institute for Gender Equality. L’égalité est aussi l’une des priorités du Parlement Européen, qui multiplie les avis et les propositions allant

L’inégalité salariale: un échec de la politique européenne ?

par Marianne Doyen

Loin d’avoir disparue des contrées européennes, l’inégalité entre les hommes et les femmes fait l’objet d’une lutte aujourd’hui hissée au rang de priorité par la Commission et le Parlement. Loin de se limiter à l’inégalité salariale, la discrimination dont est victime la gent féminine est généralisée et observable à tous les échelons.

Petite histoire de l’égalité salarialeen Europe

1957 : l’article 141 du Traité de Rome pose le principe de l’égalité des salaires.1961 : le principe de non-discrimination figure dans la Charte sociale européenne du Conseil de l’Europe1970 : le Parlement britannique vote l’Equal Pay Act, qui entre en vigueur en 1975.1972 : La France adopte une législation similaire1975 : directive européenne sur l’égalité de rémunération1989 : Charte communautaire des droits sociaux fondamentaux des travailleurs1996 : le traité d’Amsterdam met l’accent sur le respect des droits de l’homme et l’attachement aux droits fondamentaux. La Cour est désormais compétente en cas de manquement des institutions communautaires aux droits fondamentaux. L’article 13 qui prévoit que le Conseil peut prendre les mesures nécessaires en vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l'origine ethnique, la religion ou les croyances, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle.2010 - 2015 : Stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes. C’est le programme de la Commission concernant l’égalité des genres.

M.D.

dans ce sens. L’égalité effective entre hommes et femmes est souhaitable pour différentes raisons. D’abord, parce que l’UE se distingue du reste du monde par son attention portée aux droits de l’homme et que l’on attend d’elle une certaine posture concernant ce problème. Ensuite, parce qu’il est prouvé que l’égalité hommes-femmes est bénéfique à l’économie dans la mesure où elle instaure un meilleur climat au sein de l’entreprise et en donne une meilleure image, ce qui attire la clientèle. A l’occasion de la journée de la femme, la Commission a adressé un ultimatum au secteur privé, sommé de combattre la sous représentation des femmes dans les conseils d’administration. Les entreprises européennes ont donc un an pour corriger la situation. Dans le cas contraire, Viviane Reding, vice-présidente de la Commission, en charge de la justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, a annoncé l’instauration probable de quotas. Le 8 mars, le Parlement a demandé aux Etats membres de prendre des mesures pour promouvoir l’égalité. Parmi elles, les quotas.

La balle est donc dans le camp des acteurs privés et des Etats-membres. Plus de quarante ans après mai 1968, le fait de continuer à discriminer les travailleurs selon leur sexe semble intolérable. L’Union se donnera-t-elle enfin les moyens – y compris répressifs à l’encontre des entreprises qui ne joueraient pas le jeu – de remédier à la faillite du grand idéal de libre circulation des biens et des travailleurs ? Espérons que dans un futur proche, la Journée européenne pour l’égalité salariale se fête le 1er janvier !

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Nationalism on the rise

September the 19th 2010 is a day that will not be easily forgotten in Sweden. The result of the general election changed the traditional image of Sweden, possibly for good. Not only was a conservative government reelected for the first time since the 2nd World War but also because the Sweden Democrats, the biggest far-right party in the country, managed to cross the threshold necessary for parliamentary representation for the first time, obtaining 20 seats in the Parliament. This was a tough pill to swallow for the Swedish who have always been rather proud of their image as a tolerant, pacifist country setting the example for other nations on questions like social security or education.

Sweden can be considered as one of the world’s most highly developed, post-industrial societies. The success of the country is based on a high taxation policy (one of the highest in the EU), from which the whole country can benefit. This was led by the left-wing party Socialdemokraterna, the Swedish Social Democratic Party, which has been in the government for 65 of the last 78 years. During the years they have strived to achieve racial and gender equality and been strongly in favor of accepting refugees.

Sweden : Doctor Jeckill and Mr HydeThe success of the Sweden Democrats

seems rather controversial in this context. The party, which gets most of its support from rural areas or from cities with significant immigrant populations, was associated with neo-nazi movements in the 80s and the 90s. Their political agenda consists in eliminating political asylum and family reunification immigration by 90%,

restricting the requirements for citizenship and imposing tougher punishment for foreigners who commit crimes, while also seeking renegotiation from the EU. They also consider the growth of the Muslim population in Sweden as the biggest threat the country has to face.These are themes that can be found in almost every far-right party program today.

Not seen on TV but still thereThe growing success of the party

running up to the election was not accepted easily. The Sweden Democrats and especially their leader Jimmie Åkesson had to face strong opposition. Not only did all the other Swedish parties hastily announce that they would not in any case seek co-operation with the party but their rallies were also disrupted by left wing or anti-racist movements. A Swedish TV channel TV4 even refused to diffuse their campaign ad, which depicted a Swedish retiree being out run by burka-clad women in the race to obtain social benefits. However, the consequences of these

par Pauliina Patana

A populist wave seems to be taking over Europe. France is far from being the only country confronted with the rise of populism and the phenomenon is not exclusively European. Nonetheless, nationalist tendencies have gained ground all over Europe, especially in France, the Netherlands and in the Nordic countries.

"Keep Sweden Swedish"Source : www.janolofbengtsson.wordpress.com

attempts were counterproductive. Jimmie Åkesson and his party came off as the victim, which only increased their popularity. Politicians, especially from Denmark and Norway, accused Sweden of violating democratic rules and called the country “A banana republic”.

Regarding to the polls, the Finish far-right party will come 2nd

This shift to the right has given hope to other nationalist parties – especially next door in Finland where general elections are to be held on the 17th of April. To the shock of many Finns, the Finnish nationalist party Perussuomalaiset, which has thus far remained merely marginal, seems to be attracting a considerable amount of voters and may potentially become the winning party. Finland might be facing a nationalist Prime Minister who, among other things, has suggested closing borders, cutting finances for modern art and restricting immigration policies. According to recent polls, Perussuomalaiset

would now come second in the election, only 0,1% behind the Conservative party.

When it comes to that French presidential elections that will take place in 2012, according to recent polls Marine Le Pen, the leader of the French nationalist party “Front National”, is receiving more support than the current president Nicolas Sarkozy or any other potential candidate.

The rise of nationalism is a phenomenon that has up until now not gained ground to actually dominate the decision-making process. The triumph of populist parties is in many ways due to the economic crisis and recession that countries have had to deal with. It remains to be seen if we will soon witness a change in political dynamic. The EU might find itself in difficulty with leaders who will not accept any transfer of national sovereignty.

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Le 19 Septembre 2010 est un jour qui marquera à jamais les mémoires en Suède. En effet, le résultat des élections législatives a certainement transformé l’apanage traditionnel de la politique en Suède de manière irréversible, car non seulement un gouvernement conservateur était réélu pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi car le parti d’extrême droite avait réussi pour la première fois à obtenir un seuil suffisant de vingt sièges pour être représenté au Parlement. La pilule a été dure à avaler pour les Suédois qui ont toujours été assez fiers de l’image qu’ils renvoyaient comme étant celle d’un peuple pacifique, s’évertuant à montrer l’exemple à d’autres nations sur des questions relevant du domaine social, de la sécurité et de l’éducation. On peut considérer la Suède comme faisant partie des pays du monde les plus développés dans le secteur tertiaire. La réussite de la Suède repose, en effet, sur sa politique d’imposition

qui établit les taux les plus élevés de l’Union Européenne mais au-delà de cette considération, elle profite aussi à l’ensemble de la population suédoise. Cette politique a d’ailleurs été mise en œuvre par le Socialdemokraterna, le parti de gauche social-démocrate suédois, qui avait été au pouvoir durant 65 des 78 dernières années. Au cours de leur mandat, ils s’étaient efforcés d’enraciner le principe de l’égalité des genres et des races au sein de la société et étaient largement favorables à l’accueil des réfugiés.

La Suède : Doctor Jekyll & Mr HydeLa réussite des Démocrates Suédois semble toutefois quelque peu controversée dans ce dernier domaine. En effet le parti de gauche social-démocrate, qui obtient le plus de soutien dans les zones rurales et les centres urbains où la population immigrée est la plus élevée, a été associé à des mouvements néo-nazis dans les années 80 et 90. Leur programme politique

Traduction - La Montée des partis nationalistes d’extrême droite par Mélisande Massoubre

Une vague populiste semble avoir submergé l’Europe. Loin d’être un phénomène isolé en France, la montée du populisme n’affecte pas seulement l’Europe. Néanmoins, les tendances nationalistes ont gagné en influence dans l’Europe toute entière, et plus particulièrement en Belgique, aux Pays-Bas et dans les pays Nordiques.

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consistait à réduire de 90% l’immigration liée au regroupement familial et à l’asile politique, imposant, de ce fait, des contraintes sur les conditions requises à l’obtention de la citoyenneté, et également, des sanctions plus sévères à l’encontre des étrangers qui auraient commis des délits tout en cherchant à négocier avec l’UE. Par ailleurs, ils considèrent que l’accroissement de la population musulmane en Suède représente la plus grande menace à laquelle le pays doit faire face. De nos jours, on peut d’autant plus retrouver des thèmes similaires dans la majorité des programmes politiques des partis d’extrême droite.

Pas vu à la télé mais bel et bien làLe succès retentissant du parti social-démocrate suite à l’élection législative n’était pas connu de tous. Les Démocrates Suédois, et notamment leur chef de file Jimmie Åkesson, étaient confrontés à une très forte opposition lors de leurs campagnes électorales/ meeting politiques car non seulement les autres partis politiques suédois s’étaient empressés d’annoncer qu’ils ne chercheraient en aucun cas à s’allier au parti, mais aussi en raison du fait que leurs meeting politiques ont été également en proie aux troubles, fomentés par des partisans de la gauche et des mouvements antiracistes. La chaîne de télévision suédoise TV4 a même refusé de diffuser l’enseigne publicitaire de leur campagne électorale, qui montrait l’image d’une retraitée suédoise se faisant doubler par des femmes vêtues de la burqa dans la course aux subventions sociales. Cependant, les résultats de ces essais publicitaires furent infructueux. Jimmie Åkesson ainsi que son parti ont été érigés au rang de victimes, renforçant d’autant plus leur popularité. Les Politiques, et plus particulièrement ceux du Danemark et de la Norvège ont accusé la Suède d’avoir violé les principes démocratiques, la nommant ainsi : « Une République de technocrates ».

D’après les sondages, le parti d’extrême droite arriverait 2ème en FinlandeLes prévisions se sont avérées justes en ce qui concerne les attaques à l’encontre des

Démocrates Suédois, étant donné les résultats des élections. Ils ont réussi à obtenir 5,7% des votes et à entrer au Parlement suédois pour la première fois dans l’histoire. Ce renversement de la donne politique vers les partis de la droite a suscité de l’espoir parmi les autres partis nationalistes, en particulier en Finlande, le pays voisin de la Suède, où les élections législatives sont prévues pour le 17 avril. A la grande surprise des finlandais, le parti nationaliste, Perussuomalaiset, qui avait été jusqu’alors légèrement en marge des autres partis politiques, semble rassembler un nombre considérable de votes favorables et s’inscrire ainsi comme le gagnant potentiel. La Finlande devra peut-être faire face à un Premier Ministre qui, soit dit en passant, propose de fermer les frontières, de couper les dépenses publiques allouées à l’art moderne et de restreindre les politiques de l’immigration. D’ailleurs, selon les derniers sondages, Perussuomalaiset viendrait en seconde position pour l’élection, placé à 0,1% derrière le parti conservateur seulement. De plus en plus de partis à caractère nationaliste franchissent l’enceinte de la scène politique pour devenir des forces dont il faut tenir compte. Quant aux élections présidentielles françaises, qui se dérouleront en 2012, Marine Le Pen, présidente du « Front National », le parti nationaliste français, obtient selon les sondages davantage/bien plus de soutien de l’opinion publique que l’actuel président Nicolas Sarkozy ou tout autre candidat potentiel.

La montée du nationalisme est un phénomène qui n’a pas encore jusqu’à maintenant gagné suffisamment de terrain pour dominer le processus décisionnel. Le triomphe des partis populistes est dû notamment dans nombre de pays à la crise et à la récession économique auxquelles ils ont dû faire face. Le fait qu’on assiste à un changement radical de la donne politique reste encore à voir. L’UE se retrouvera certainement confrontée à des difficultés face à ces chefs politiques qui n’acceptent aucun transfert de souveraineté.

Un semestre pour

REPENSER LA GOUVERNANCE ECONOMIQUE EUROPEENNE

par Stéphanie Guinard

Plus les effets de la crise économique, et ceux des dettes souveraines, se sont fait sentir, plus la nécessité de réformer la gouvernance économique de la zone euro s’est faite pressante. Aussi, dès le mois de mai, la Commission européenne a proposé l’instauration d’un « semestre européen ».

La crise grecque a clairement montré les limites du système de surveillance actuel des finances publiques. De 2000 à 2008, le montant du déficit budgétaire de la Grèce communiqué à la Commission européenne était en moyenne de 2,9 % du produit intérieur brut, soit à l’intérieur des limites posées par les critères de Maastricht fixées à 3% du PIB. En réalité il s’élevait à 5,1%. Un tel écart justifie clairement de profondes transformations du système de surveillance.

Le « semestre européen » a été lancé le 12 janvier 2011 avec la présentation par la Commission européenne de son « examen annuel de la croissance ». Le « semestre européen » commencera ainsi chaque année, au mois de janvier par cet examen qui sera ensuite discuté au Conseil de l’Union européenne et au Parlement européen. L’objectif du « semestre européen » est de mettre en place une surveillance plus intégrée des finances publiques des Etats européens. Il s’agit de coordonner ex ante les politiques économiques et budgétaires de l’ensemble des Etats de la zone euro.

Le contrôle ex-ante n’est pas synonyme de transfert de souveraineté

Au Conseil européen de printemps, les Etats membres fixeront les nouveaux défis à relever, et définiront les orientations stratégiques des prochaines politiques à mettre en place. Sur ces bases, les Etats membres présenteront leur programme de stabilité et de croissance, et élaboreront leurs programmes nationaux de réforme touchant des domaines tels que l’emploi, l’innovation, ou l’énergie.

Ces deux documents seront ensuite transmis à la Commission européenne au mois d’avril, qui en fera une évaluation. A partir de cette évaluation, les ministres des finances de l’UE, réunis en Conseil, formuleront des orientations spécifiques pour chaque Etat membre, qui leurs seront présentés avant qu’ils n’aient finalisé leur projet de budget pour l’année à suivre. Enfin les projets de budget seront transmis aux parlements nationaux qui continueront d’exercer pleinement leur pouvoir budgétaire, restant ainsi souverains dans leur décision finale.

Une coordination budgétaire plus serrée entre les Etats-membres

Il s’agit donc de rendre les orientations budgétaires des Etats européens plus intégrées, mieux coordonnées, afin de reconduire l’économie européenne dans un cercle vertueux de stabilité et de croissance, dans la lignée de la stratégie UE 2020. Ayant en effet mesuré, au travers des crises grecque et irlandaise, toute la dangerosité des déséquilibres budgétaires, qui ne menacent pas seulement l’économie d’un Etat mais la stabilité de l’Union européenne tout entière, cet exercice se veut être un moyen efficace d’éviter de nouveaux dérapages nationaux.

La Commission européenne a d’ailleurs conduit en novembre 2010 un sondage d’opinion sur la gouvernance économique de l’Union européenne. Les trois quarts des personnes interrogées s’expriment pour plus de coopération entre les Etats membres, notamment entre ceux de la zone euro.

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ECONOMIE

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Agenda - Avril 2011 Cinéma

Semaine européenne de l’énergie durableDu 11 au 15 avril

Brèves

- Mardi 12 Avril Réunion des ministres des affaires étrangères sur la situation des pays arabes, du Caucase du Sud et de la Biélorussie

- Dimanche 17 Avril Elections législatives en Finlande

- Samedi 30 Avril Fête nationale aux Pays-bas

Les Conférences de la Maison de l'Europe de Paris35-37, rue des Francs-Bourgeois, 4e arr.

• Les Européens face aux révolutions arabes Lundi 4 avril, 18h30 - 20h00

• L’Europe dans le monde après le traumatise japonais et le clash arabo-méditerranéen Mercredi 6 avril, 18h30 - 20h00

• Les Européens dans l’Union européenne du 21ème siècle Mardi 26 avril, 18h30 – 20h30

• L’Union européenne et les «révoltes arabes» : quel rôle ? quel(s) impact(s)? Jeudi 28 avril, 18h30 - 20h00

Plus d’informations sur http://www.paris-europe.eu/

Le titre français reprend l’intitulé de la banderole fièrement arborée par les ouvrières de Ford, exigeant l’égalité des sexes dans le travail, c’est-à-dire l’obtention d’un salaire égal à celui de leurs collègues masculins. Cette même banderole donne d’ailleurs lieu à une scène savoureuse dans le film : mal déroulée, elle cache le dernier mot. Et les automobilistes – tous des hommes - de s’en donner à cœur joie avec force klaxons. Le titre anglais, Made in Dagenham, met quanta lui l’accent sur cette petite ville qui a « fait l’histoire ». Le mot est prononcé par Rosamund Pike (vue dans Une Education), qui incarne la femme du patron de l’usine Ford. L’oppression et les mesquineries qu’elle vit au quotidien sont cause de son enthousiasme face au mouvement incarné par Sally Hawkins (Be Happy) - Rita, dans le film. Devant les patrons revêches, cette dernière se découvre l’âme syndicale et conquérante, devenant ainsi le porte-parole improvisé des femmes de l’usine. Leur détermination fait parler d’elles, suscitant admiration - des trotskistes - et indignation - des maris, condamnés à garder les enfants et faire à manger. Véritable catastrophe, à en croire le film, et qui donne lieu à des gags / clichés malheureusement un peu lourdauds.

Les héritières des suffragettes, ces femmes ayant revendiqué le droit de vote dans les années 1900, sont finalement invitées à se rendre à Londres, au Ministère du travail occupé par Barbra Castle, assez convaincante en femme à poigne et « rousse explosive », comme elle se définit elle-même. Barbra Castle se range à leurs côtés, mais doit batailler ferme avec le premier ministre et autres misogynes. Les ouvrières obtiennent l’assurance d’un salaire égal, consignée dans l’ Equal Pay Act de 1970.La fin du film voit la salle, en partie, en proie à l’euphorie, mais il faut noter que l’excès de pop noie quelque peu le propos. Sur fond de minijupe, de coiffures-choucroutes et d’optimisme sans faille et, il faut le dire, un peu mièvre, le film cède à l’émotion facile. D’autre part, on ressent un certain malaise à voir que chaque pas que fait Rita en direction de l’égalité hommes femmes, est en réalité dicté par la petite voix du vieux délégué syndical, un bonhomme sympathique et sincère au demeurant. Comme si on doutait de la possibilité historique des femmes à avoir eu, seules, l’idée de demander un salaire égal, puis assez de fermeté pour se conformer à leur résolution de faire une grève longue. Comme si, pour prendre conscience de sa condition et « faire l’histoire », on ne pouvait après tout se passer des bons conseils d’un homme. On se serait bien passé de ce paternalisme qui, néanmoins, nous apparaît curieusement familier.

On ressort de la salle sans avoir appris grand chose, et avec une question en tête : Mais au fait, l’égalité de traitement en matière de salaire, ça donne quoi en 2011 ?

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We want sex equalityvu par Marianne Doyen

L’égalité des sexes : quoi de neuf depuis 1968 ?

Sorti le 9 mars, le film « We Want Sex Equality » relate le combat pour l’égalité salariale d’une centaine d’ouvrières de l’usine Ford de Dagenham, en Grande-Bretagne. Quant à le considérer comme un authentique monument féministe, rien n’est moins évident.

L'objectif du programme est de sensibiliser les entreprises et les citoyens aux questions liées aux énergies renouvelables et de discuter autour du thème du développement durable lors de nombreuses manifestations. Cette année," l'efficacité énergétique" est à l'honneur. En association avec la Commission européenne, des conférences auront lieu toute la semaine à Bruxelles, et des Energy Days seront organisés dans plusieurs villes d'Europe.

Vous trouverez le programme complet des différentes conférences et évènements sur http://www.eusew.eu/

CULTURE

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