Bangladesh: Fiche infos

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1 BANGLADESH Principales statistiques Population (2013) 163.6 millions Emploi dans l’industrie de l’habillement (2013) 4 millions Part de l'habillement dans le PIB (2013) 7% Part de l'habillement dans les exportations (2012) 76% Valeur des exportations d'habillement (Pendant 11 mois fin mai 2013) 14.2 milliards Pourcentage du marché mondial de l'habillement (2008) 6.5% Salaire minimum légal sectoriel (2013) 3000 taka (28.6€) 1 Salaire vital calculé par l'Asia Floor Wage (2013) 25 687 taka (242.71€) L'industrie de l'habillement au Bangladesh Après la Chine, le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial d'habillement. L’habillement représente 76 % des exportations du pays et emploie plus de 4 millions de personnes dont 3,2 millions sont des femmes. Il s'agit d'une industrie cruciale pour le pays. Le Bangladesh dispose de la main-d'oeuvre le meilleur marché de la région. Cela lui confère son principal avantage comparatif sur le marché mondial de l'habillement et a conduit à une croissance fulgurante de l'industrie au cours des dernières décennies (voir figure). La majorité des usines de confection sont installées autour de la capitale, Dhaka, principalement dans les districts de Rayerbazar, Mirpur, Narayangonj, Savar, Gazipur et Valuka. En dehors de la capitale, les villes de Chittagong et Khulna sont également d'importants centres de production. Le gouvernement du Bangladesh a cherché à protéger les producteurs nationaux. Par conséquent moins de 15 % des entreprises sont contrôlées par des investisseurs étrangers. Toutefois, les usines sous contrôle étranger sont généralement plus grandes et plus intensives en capital que les usines contrôlées localement. Le plus grand exportateur du Bangladesh est Youngone Holdings, un fabricant sud-coréen, qui exploite 17 usines et emploie plus de 60.000 travailleurs à Dhaka et Chittagong. La société suédoise H & M, est le plus gros acheteur de vêtements du Bangladesh. En 2012, le montant de ses achats au Bangladesh a atteint € 1,1 milliard. 2 Le droit à un salaire vital : un salaire vital devrait être obtenu dans une semaine normale de travail (pas plus de 48 heures) et permettre à la travailleuse de pouvoir acheter de la nourriture pour elle et sa famille, payer le loyer, accéder aux soins de santé et à l'éducation, couvrir les coûts de transport, et permettre une petite épargne pour faire face à des imprévus. achACT et la Clean Clothes Campaign appellent : Les marques et enseignes d'habillement à mettre en oeuvre des mesures concrètes et mesurables dans leurs filières d'approvisionnement afin d'assurer que les travailleurs de l'habillement soient payés un salaire vital. Les gouvernements nationaux dans les pays de production d'habillement à s'assurer que les salaires minima sont fixés sur base de normes de salaire minimum vital. Les gouvernements européens à mettre en oeuvre une réglementation rendant les entreprises responsables de l'impact de leurs pratiques sur la vie des travailleurs occupés dans leurs filières d'approvisionnement, y compris sur leur droit à un salaire vital.

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Cette fiche reprend les différentes informations clés sur l'industrie de l'habillement au Bangladesh ainsi qu'un large focus sur la question des salaires dans ce pays.

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BANGLADESH

Principales statistiques

Population (2013) 163.6 millions Emploi dans l’industrie de l’habillement (2013) 4 millions Part de l'habillement dans le PIB (2013) 7% Part de l'habillement dans les exportations (2012) 76% Valeur des exportations d'habillement (Pendant 11 mois fin mai 2013) 14.2 milliards Pourcentage du marché mondial de l'habillement (2008) 6.5% Salaire minimum légal sectoriel (2013) 3000 taka (28.6€)1 Salaire vital calculé par l'Asia Floor Wage (2013) 25 687 taka (242.71€)

L'industrie de l'habillement au Bangladesh

Après la Chine, le Bangladesh est le deuxième exportateur mondial d'habillement. L’habillement représente 76 % des exportations du pays et emploie plus de 4 millions de personnes dont 3,2 millions sont des femmes. Il s'agit d'une industrie cruciale pour le pays.

Le Bangladesh dispose de la main-d'œuvre le meilleur marché de la région. Cela lui confère son principal avantage comparatif sur le marché mondial de l'habillement et a conduit à une croissance fulgurante de l'industrie au cours des dernières décennies (voir figure).

La majorité des usines de confection sont installées autour de la capitale, Dhaka, principalement dans les districts de Rayerbazar, Mirpur, Narayangonj, Savar, Gazipur et Valuka. En dehors de la capitale, les villes de Chittagong et Khulna sont également d'importants centres de production. Le gouvernement du Bangladesh a cherché à protéger les producteurs nationaux. Par conséquent moins de 15 % des entreprises sont contrôlées par des investisseurs étrangers. Toutefois, les usines sous contrôle étranger sont généralement plus grandes et plus intensives en capital que les usines contrôlées localement.

Le plus grand exportateur du Bangladesh est Youngone Holdings, un fabricant sud-coréen, qui exploite 17 usines et emploie plus de 60.000 travailleurs à Dhaka et Chittagong.

La société suédoise H & M, est le plus gros acheteur de vêtements du Bangladesh. En 2012, le montant de ses achats au Bangladesh a atteint € 1,1 milliard.2

Le droit à un salaire vital : un salaire vital devrait être obtenu dans une semaine normale de travail (pas plus de 48 heures) et permettre à la travailleuse de pouvoir acheter de la nourriture pour elle et sa famille, payer le loyer, accéder aux soins de santé et à l'éducation, couvrir les coûts de transport, et permettre une petite épargne pour faire face à des imprévus. achACT et la Clean Clothes Campaign appellent :

• Les marques et enseignes d'habillement à mettre en oeuvre des mesures concrètes et mesurables dans leurs filières d'approvisionnement afin d'assurer que les travailleurs de l'habillement soient payés un salaire vital.

• Les gouvernements nationaux dans les pays de produc tion d'habillement à s'assurer que les salaires minima sont fixés sur base de normes de salaire minimum vital.

• Les gouvernements européens à mettre en œuvre une réglementation rendant les entreprises responsables de l'impact de leurs pratiques sur la vie des travailleurs occupés dans leurs filières d'approvisionnement, y compris sur leur droit à un salaire vital.

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Focus sur les salaires minima

� Le gouvernement du Bangladesh n'a pas de calendrier fixe pour la négociation et la fixation des salaires minima. Le dernier montant de salaire minimum pour l'industrie de l'habillement a été fixé en 2010 à 3.000 taka (€ 28,60).

� Le 6 Juin 2013, le gouvernement du Bangladesh a convoqué une Commission du salaire minimum composée de six membres afin d'édicter des recommandations pour une révision du salaire minimum au Bangladesh. Le Conseil doit rendre son rapport le 2 Novembre 2013.3

� Les représentants des travailleurs réclament un nouveau salaire minimum de 8.000 taka (€ 76,08).

� Des représentants des employeurs ont posé leur limite à 3.600 taka (€ 34,33). � Le 14 Novembre 2013, le Gouvernement a annoncé le nouveau salaire minimum légal pour

le secteur, soit 5.300 Taka mensuels (50,32 €) qui devrait être d’application à partir du 1er décembre. Cette annonce a suscité une nouvelle vague de mécontentement des travailleurs, fortement réprimée.

A propos des négociations salariales, le Garment Workers Trade Union Center, partenaire d'achACT et de la Clean Clothes Campaign a déclaré en Septembre 2013 : "Nous exigeons un salaire minimum de 8,000 taka pour les travailleurs de l'habillement. À l'heure actuelle, comparativement aux pays voisins, c'est au Bangladesh que les travailleurs de la confection sont les moins biens payés, et de loin. Au Bangladesh-même, les travailleurs de l'habillement ont des salaires plus bas que ceux de nombreux autres secteurs. Même le gouvernement, dans son projet de réduction de la pauvreté fixe le salaire minimum pour une famille à 18.000 taka."

Le problème

Pour l'Organisation Internationale du Travail, la liberté d'association et de négociation collective sont deux droits fondamentaux de tous les travailleurs dans le monde. Ils sont souvent désignés comme des «droits habilitants». Cela signifie que lorsque les travailleurs jouissent de ces droits, ils peuvent les utiliser pour s'assurer que d'autres droits soient respectés, y compris celui à un salaire vital.

1985 1990 1995 2000 2005 2010 20120

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Evolution de l'industrie de l'habillement au Bangladesh

Nbre d'usines

Emploi (en milliers)

1985 384 1151990 759 3351995 2.353 1.2902000 3.480 1.8002005 4.220 2.2002010 5.363 3.6002012 5.700 4.000

Nbre d'usines

Emploi (en milliers)

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La répression des droits syndicaux

Au Bangladesh, il est extrêmement difficile de former et d'enregistrer des syndicats au niveau des usines. Sur environ 5000 usines, seulement 149 ont enregistré des syndicats, dont la majorité ont été créés il y a plusieurs décennies.

Les rapports de la fédération syndicale internationale IndustriALL montrent que " dans la région de Dhaka, sur 26 syndicats qui remplissent les conditions d'une représentation majoritaire dans l'entreprise, un seul a jusqu'à présent obtenu son enregistrement officiel lui permettant de négocier collectivement4". Des centaines de leaders syndicaux d'usines, qui ont soumis une demande d'enregistrement aux autorités ont perdu leur job5.

Les employeurs, pour leur part, ont souvent une attitude hostile envers les syndicats. Au lieu de considérer les syndicats représentatifs comme un mécanisme utile pour la négociation de manière à conserver leur main-d'œuvre satisfaite et productive, ils utilisent souvent des tactiques pour empêcher l'émergence de syndicats, y compris l'intimidation, la discrimination, le licenciement, l'inscription sur une liste noire.

Salaires de misère

Pour beaucoup de femmes du Bangladesh, travailler dans l'industrie de l'habillement est moins un choix qu'une nécessité. Lorsque la situation financière de leur famille devient insupportable, elles n'ont d'autre choix que d'interrompre leur scolarité et de trouver un travail.

Souvent, le choix du travail se limite à un emploi dans une usine de confection ou de statut jugé inférieur tel que l'embauche comme employée de maison. Les bas salaires dans les usines de confection signifient que pour joindre les deux bouts et soutenir leurs familles, les travailleuses de l'habillement sont contraintes de prester de nombreuses heures supplémentaires et ne peuvent s'absenter même quand elles sont malades. Il n'est ainsi pas rare que les travailleuses prestent jusqu'à 100 heures supplémentaires par mois juste pour pouvoir survivre.

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ETUDE DE CAS

Rana Plaza L'industrie du vêtement au Bangladesh a été frappée par un certain nombre de catastrophes. Récemment, le 24 Avril 2013, le bâtiment du Rana Plaza s'effondre à Savar, près de Dhaka, tuant 1.133 travailleurs de l'habillement et en blessant des milliers d'autres. Il s'agit du plus grand accident industriel de l'industrie mondiale de l'habillement.

La veille de l'effondrement, suite à une inspection des lieux constatant d’importantes fissures dans des murs, la police industrielle avait ordonné que le bâtiment soit fermé. Le matin du 24 avril, des travailleurs de la banque occupant le rez-de-chaussée et du centre commercial ont refusé de retourner dans le bâtiment. Les propriétaires du bâtiment et des usines de confection qu'il hébergeait ont cependant affirmé que les travailleurs n'avaient rien à craindre pour leur sécurité.

La plupart des travailleurs de l'habillement des cinq usines hébergées dans le Rana Plaza ont donc décidé de reprendre le travail ce matin-là, en dépit des ordres de la police, mais motivés par la crainte de perdre leur salaire et finalement leur emploi.

Les travailleurs du Bangladesh reçoivent généralement leurs salaires avec retard. Si ils ne vont pas travailler pour cause de maladie ou parce qu’elles se préoccupent de leur sécurité, elles risquent de perdre non seulement le salaire de la journée chômée mais aussi celui du dernier mois presté. Le paiement des salaires est utilisé comme moyen de pression pour forcer les travailleurs à risquer leur vie dans des environnements dangereux.

Au Bangladesh, comme dans d'autres pays producteurs de vêtements, l'absence d'un salaire décent signifie que de nombreux travailleurs prestent de longues heures pour augmenter leur salaire ou obtenir des primes. Ils ne peuvent pas risquer de prendre congé en raison des conditions de travail dangereuses ou de problèmes de santé, de peur de perdre leur emploi. Les bas salaires signifient que les travailleurs doivent souvent compter sur des prêts juste pour joindre les deux bouts et n'ont pas d'économies à utiliser si elles se retrouvent sans travail. Pour que les travailleurs obtiennent des garanties pour leur sécurité ou des niveaux de salaire décents, ils doivent pouvoir faire entendre leur voix et se sentir en mesure de refuser de travailler dans des conditions dangereuses, sinon les conséquences peuvent être mortelles.

1. Exchange rate as of 24.09.2013 at xe.com

2. Financial Express (December 26, 2012) “Achilles' heel of the RMG Sector”, by Syed Munir Khasru, http://www.thefinancialexpress-bd.com/index.php?ref=MjBfMTJfMjZfMTJfMV82XzE1NDM4OQ== [last accessed, December 26, 2012]

3. New Age Bangladesh 24.09.2013

4. IndustriALL(January 28, 2013) ‘IndustriALL demands real action after fire in Bangladesh’, http://www.industriall-union.org/industriall-demands-real-action-after-fire-in-bangladesh; for a similar account but with slightly different numbers, see: The Daily Star (January 30, 2013) ‘GSP hinges on govt's detailed work plan’, http://www.thedailystar.net/newDesign/news-details.php?nid=267078

5. Financial Express (25 December 2012) “Trade unions in RMG, a tale of exploitation”, see: http://www.thefinancialexpress-bd.com/index.php?ref=MjBfMTJfMjRfMTJfMF8xODFfMTU0MTM1&feature=c3BlY2lhbHNOZXdz&na=QW5uaXZlcnNhcnkgSXNzdWUgMjAxMiAoMm5kIEluc3RhbG1lbnQpKFBhcnQgT25lKQ== [last accessed, 15 December 2012]