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    BACCALAUREAT GENERAL

    SESSION 2012

    FRANAIS

    EPREUVE ANTICIPEE

    SERIES ES-S

    Dure de lpreuve : 4 heures Coefficient : 2

    Lusage des calculatrices et des dictionnaires est interdit.

    Le sujet comporte 7 pages, numrotes de 1/7 7/7.

    Le candidat sassurera quil est en possession du sujet correspondant sa srie.

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    Objet dtude :

    La question de lHomme dans les genres de largumentation, du XVIme sicle nos jours.

    Le sujet comprend :

    Texte A : Rabelais, Gargantua, chapitre 33,1634, (translation en franais moderne par Guy Demerson)

    Texte B : Jean de la Fontaine, La Laitire et le pot au lait , livre VII, Fables X, 1678, (dition tablie par Georges Couton)

    Texte C : Jean de la Fontaine, Le Cur et le Mort , livre VII, Fables XI, 1678, (dition tablie par Georges Couton)

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    TEXTE A - Rabelais, Gargantua, chapitre 33,1634, (translation en franais moderne par Guy Demerson)

    [ lhomme la bile amre, est le simple vassal dun petit fief des bords de la Loire ; il sest rvolt contre son suzerain, Grandgousier, bon et honnte seigneur. Le premier acte victorieux de cette rvolte consiste en un vol de fouaces (sorte de grosses galettes de boulangerie) ; partir de ce dlit mineur, lentourage de Picrochole semploie le bercer dillusions en flattant ses rves de conqutes militaires. Ceux-ci vont se heurter la ralit : Picrochole ne dpassera pas les limites du petit territoire quil habite Lern, aux environs de Chinon - et sera vaincu et humili par Grandgousier, le bon prince]

    Les fouaces drobes, comparurent le duc de Menuail, le comte Spadassin et le capitaine Merdaille qui lui dirent : Sire, aujourdhui nous faisons de vous le prince le plus valeureux et le plus chevaleresque qui ait jamais t depuis la mort dAlexandre de Macdoine. Couvrez-vous, couvrez-vous, dit Picrochole. 5 Grand merci, dirent-ils, Sire, nous ne faisons que notre devoir. Voici ce que nous proposons : Vous laisserez ici quelque capitaine en garnison, avec une petite troupe de gens pour garder la place qui nous semble assez forte, tant par nature que grce aux remparts dus votre ingniosit. Vous diviserez votre arme en deux, comme bien 10 vous comprenez. Une partie ira se ruer sur ce Grandgousier et ses gens et il sera, au premier assaut, facilement mis en droute. L, vous rcuprerez de largent en masse, car le vilain a de quoi. Nous disons vilain parce quun noble prince na jamais un sou. Thsauriser, cest bon pour un vilain. Pendant ce temps, lautre partie tirera vers lAunis, la Saintonge, lAngoumois et la 15 Gascogne et aussi vers le Prigord, le Mdoc et les Landes. Sans rencontrer nulle rsistance, ils prendront villes, chteaux et forteresses. Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et Fontarabie, vous saisirez tous les navires et, en ctoyant la Galice et le Portugal, vous pillerez toutes les contres maritimes jusqu Lisbonne o vous aurez en renfort tout lquipage quil faut un conqurant. Cordieu ! LEspagne se rendra, 20 car ce ne sont que des rustres. Vous passerez par le dtroit de Sville et dresserez l deux colonnes plus magnifiques que celles dHercule pour perptuer le souvenir de votre nom. Ce dtroit sera nomm mer Picrocholine. Passe la mer Picrocholine, voici Barberousse qui devient votre esclave... Je lui ferai grce, dit Picrochole. 25 Assurment, dirent-ils, condition quil se fasse baptiser. Et vous attaquerez les royaumes de Tunis, de Bizerte, dAlger, de Bne, de Cyrne et toute la Barbarie, hardiment. En continuant, vous prendrez en main Majorque, Minorque, la Sardaigne, la Corse et les autres les du golfe de Gnes et des Balares. En longeant la cte main gauche, vous soumettrez toute la Gaule Narbonnaise, la Provence et le pays 30 des Allobroges, Gnes, Florence, Lucques ; et, Dieu te protge, Rome ! Le pauvre Monsieur du Pape en meurt dj de peur. Ma foi, dit Picrochole, je ne baiserai pas sa pantoufle. LItalie prise, voil Naples, la Calabre, les Pouilles et la Sicile mises sac, et Malte avec. Je voudrais bien que ces plaisantins de chevaliers, jadis Rhodiens, Vous 35 rsistent, pour voir un peu ce quils ont dans le ventre. [] Il y avait l un vieux gentilhomme, prouv en diverses aventures, un vrai routier de guerre, nomm chphron. Il dit en entendant ces propos : Jai bien peur que toute cette entreprise ne soit semblable la farce du pot au 40 lait dont un cordonnier tirait une fortune en rve. Ensuite, quand le pot fut cass, il

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    neut pas de quoi manger. Quattendez-vous de ces belles conqutes ? Quelle sera la fin de tant dembarras et de barrages ? Ce sera, dit Picrochole, que nous pourrons nous reposer notre aise quand nous serons rentrs. 45 Alors chphron dit : Et si par hasard vous nen reveniez jamais ? Le voyage est long et prilleux : nest-ce pas mieux de se reposer ds prsent, sans nous exposer ces dangers? Oh, dit Spadassin, pardieu, voil un bel idiot ! Allons nous cacher au coin de la chemine et passons-y notre temps et notre vie avec les dames, enfiler des perles 50 ou filer comme Sardanapale ! Qui ne risque rien na cheval ni mule, cest Salomon qui la dit. Qui se risque trop, dit chphron, perd cheval et mule, cest ce que rpondit Marcoul. Baste ! dit Picrochole, passons outre. Je ne crains que ces diables de lgions 55 de Grandgousier. Pendant que nous sommes en Msopotamie, sils nous donnaient sur la queue ? Quel serait le remde ? Il est facile, dit Merdaille : un beau petit ordre de mobilisation que vous enverrez aux Moscovites vous mettra sur pied pour un moment quatre cent cinquante mille combattants dlite. Oh ! Si vous me faites lieutenant cette occasion, je tuerai un 60 peigne pour un mercier ! Je mords, je rue, je frappe, jattrape, je tue, je renie ! Sus ! Sus ! dit Picrochole, quon mette tout en train et qui maime me suive .

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    TEXTE B - Jean de la Fontaine, La Laitire et le pot au lait , libre VII, Fables X, 1678, (dition tablie par Georges Couton)

    LA LAITIRE ET LE POT AU LAIT

    Perrette sur sa tte ayant un pot au lait Bien pos sur un coussinet, Prtendait arriver sans encombre la ville. Lgre et court vtue elle allait grands pas,

    5 Ayant mis ce jour-l, pour tre plus agile, Cotillon1 simple, et souliers plats. Notre laitire ainsi trousse Comptait dj dans sa pense Tout le prix de son lait, en employait l'argent,

    10 Achetait un cent d'ufs, faisait triple couve ; La chose allait bien par son soin diligent2. Il m'est, disait-elle, facile D'lever des poulets autour de ma maison : Le Renard sera bien habile,

    15 S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon. Le porc s'engraisser cotera peu de son ; Il tait quand je l'eus de grosseur raisonnable : J'aurai le revendant de l'argent bel et bon. Et qui m'empchera de mettre en notre table,

    20 Vu le prix dont il est, une vache et son veau, Que je verrai sauter au milieu du troupeau ? Perrette l-dessus saute aussi, transporte. Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couve. La dame de ces biens, quittant d'un il marri3

    25 Sa fortune ainsi rpandue, Va s'excuser son mari, En grand danger d'tre battue. Le rcit en farce en fut fait ; On l'appela le Pot au lait.

    30 Quel esprit ne bat la campagne ? Qui ne fait chteaux en Espagne ? Picrochole, Pyrrhus4, la Laitire, enfin tous, Autant les sages que les fous ? Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :

    35 Une flatteuse erreur emporte alors nos mes : Tout le bien du monde est nous, Tous les honneurs, toutes les femmes. Quand je suis seul, je fais au plus brave un dfi ; Je m'carte, je vais dtrner le Sophi5 ;

    40 On m'lit roi, mon peuple m'aime ; Les diadmes vont sur ma tte pleuvant : Quelque accident fait-il que je rentre en moi-mme ; Je suis gros-Jean6 comme devant.

    _______________________

    1 Cotillon : jupon traditionnel des paysannes. 2 Diligent : rapide et efficace. 3 Marri : triste. 4 Pyrrhus : gnral Grec (-318/-272) se prenant pour Alexandre le Grand, rva de conqutes et repartit chez lui en Epire, vaincu par les Romains.

    5 Sophi : titre donn au roi de Perse. 6 Gros-Jean : type de paysan balourd.

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    TEXTE C - Jean de la Fontaine, Le Cur et le Mort , livre VII, Fables XI, 1678, (dition tablie par Georges Couton)

    LE CUR ET LE MORT

    Un mort s'en allait tristement S'emparer de son dernier gte ; Un Cur s'en allait gaiement Enterrer ce mort au plus vite. 5 Notre dfunt tait en carrosse port, Bien et dment empaquet, Et vtu d'une robe, hlas ! qu'on nomme bire1, Robe d'hiver, robe d't, Que les morts ne dpouillent gure. 10 Le Pasteur2 tait ct, Et rcitait l'ordinaire Maintes dvotes oraisons, Et des psaumes et des leons, Et des versets et des rpons : 15 Monsieur le Mort, laissez-nous faire, On vous en donnera de toutes les faons ; Il ne s'agit que du salaire. Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort, Comme si l'on et d lui ravir ce trsor, 20 Et des regards semblait lui dire : Monsieur le Mort, j'aurai de vous Tant en argent, et tant en cire, Et tant en autres menus cots. Il fondait l-dessus l'achat d'une feuillette3 25 Du meilleur vin des environs ; Certaine nice assez propette4 Et sa chambrire Pquette Devaient avoir des cotillons. Sur cette agrable pense 30 Un heurt survient, adieu le char. Voil Messire Jean Chouart Qui du choc de son mort a la tte casse : Le Paroissien en plomb5 entrane son Pasteur ; Notre Cur suit son Seigneur ; 35 Tous deux s'en vont de compagnie. Proprement toute notre vie Est le cur Chouart, qui sur son mort comptait, Et