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baguenaude la vache qui n° 5 Mai 2012 Journal limousin de contre-information à prix libre La vache qui … c’est qui ? c’est quoi ? les zélecteurs Le mandat impératif, Gaston Couté 2-3 nucléaire L’uranium appauvri, en Israël et en Libye, « Avenir radieux, une fission française » 4 à 7 grands projets inutiles Notre-Dame-des-Landes 8 à 11 éloge de la lenteur La traction animale 12 à 15 citoyen- nisme Je suis coupable 16-17 la santé se porte mal 18 pollution à Folles, des cochons en veux-tu en voilà 19 genre Causer au féminin, « Le noir est une couleur » 20 à 22 Creuse rebelle Creuse-Citron, Bobines rebelles 23 l’improvisation dans tous ses états 24 à 27 tous égaux ? police justice deux poids deux mesures 28 l’Algérie, toujours 29 des livres à lire 30-31 l’agenda 32

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baguenaudela vache quin° 5 Mai 2012

Journal limousin de contre-information à prix libre

La vache q u i… c’est qui? c’est quoi? • les zélecteurs Le mandat impératif, Gaston Couté 2-3

• nucléaire L’uranium appauvri, en Israël et en Libye, « Avenir radieux, une fission française » 4 à 7 • grands projetsinutiles Notre-Dame-des-Landes 8 à 11 • éloge de la lenteur La traction animale 12 à 15 • citoyen-nisme Je suis coupable 16-17 • la santé se porte mal 18 • pollution à Folles, des cochons en veux-tu

en voilà 19 • genre Causer au féminin, « Le noir est une couleur » 20 à 22 • Creuse rebelle Cre u se - Citro n , Bobines

rebelles 23 • l’improvisation dans tous ses états 24 à 27 • tous égaux ? police justice deux

poids deux mesures 28 • l’Algérie, toujours 29 • des livres à lire 30-31 • l’agenda 32

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C’est la vache pirate qui sejoue des clôtures.

La vache qui préfère le trè-fle des Prévert au foin OGM.

Qui choisit la compagnie des moutons noirs plutôt que celle de ses congénères en troupeau. C’est la vache qui ne mâche pas ses mots, partage ses idées au lieu deruminer seule dans son coin.

La vache qui chante « mortaux vaches, mort aux lois etvive l’anarchie ».

La vache insoumise quirefuse de rentrer dans l’arène.

La vache qui… boude les urnes, refuse le nucléaire et l’Ayraut-porc,

meugle à l’improviste en gardant les idées claires.

La vache qui… C’est qui ? C’est quoi ?

partis politiques aux droits publics descitoyens, le Centre international derecherches sur l’anarchisme (Cira limou-sin), avec le soutien du groupe libertaireLe Cri du Peuple, avait invité le 6 avril, àLimoges, Pierre-Henri Zaidman, maîtrede conférences à l’université Paris-Descartes.

Auteur d’un ouvrage de référence sur lemandat impératif (aux Éditions liber-taires), il a rappelé le principe de notreinaliénable souveraineté, qui ne peut ni sedéléguer ni se représenter. L’élection (d’unprésident de la République ou de députés)n’est qu’un « simple fantôme de liberté »comme l’écrivait dès 1792 Jean-FrançoisVarlet, conventionnel contre la Terreur.

La spontanéité de la démocratiedirecte ne se négocie pas. D’ailleurs, laconstitution de la Ve République interditle mandat impératif (article 27), ce quisuffit à prouver son côté autoritaire.

Pratiqué de 1791 à 1793, puis pendantla Commune de Paris, le mandat impé-ratif se trouve couramment utilisé dansla vie quotidienne (procurations, pou-voirs précis avec consignes pour chaquevote aux assemblées générales et conseilsd’administration, etc.). En cas d’absenced’exécution conforme aux instructions, lemandaté est révoqué.

Ce droit de contrôle constant vide lepouvoir de représentation de sa corrup-tion originelle, et oblige les élus à remplirstrictement la mission qui leur a étéconfiée.

Évitant toute prise de pouvoir parquelques-uns, les mouvements liber-taires, par exemple, fonctionnent en pré-curseurs sur cette forme de délégation etavec des décisions prises par consensus(faisant jouer, parfois, l’abstention ami-cale).

[email protected]

LA DÉLÉGATION de pouvoir, spécifique àla démocratie parlementaire, revient àadmettre des chefs, à accepter la soumis-sion et à oublier que personne n’estmieux placé que nous pour gérer notrepropre vie. Cela explique pourquoi lesanarchistes ne se présentent pas auxélections législatives et invitent à boy-cotter un prétendu devoir civique.

Pour comprendre comment exercerune fonction et non un pouvoir, com-ment éviter la déception liée à l’usagepervers du bulletin de vote, commentfaire cesser les atteintes portées par les

Le Mandat impératif

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LES ZÉLECTEURS

Ah! bon Guieu qu’des affich’s su’ les portes des granges !C’est don’ qu’y a ’cor queuqu’ baladin an’hui dimancheQui dans’ su’ des cordieaux au bieau mitan d’la place?Non, c’est point ça !. C’tantoût on vote à la mairieEt les grands mots qui flût’nt su’ l’dous du vent qui passe :Dévouement ! Intérêts ! République ! Patrie !C’est l’Peup' souv’rain qui lit les affich’s et les r’lit…

Les vach’s, les moutons,Les oué’s, les dindonsS’en vont aux champs, ni pus ni moins qu’tous les aut’s joursEn fientant d’loin en loin l' long des affich’s du bourg.

Les électeurs s’en vont aux urn’s en s’rengorgeant,«En route ! Allons voter ! Cré bon Guieu! Les bounn’s gens !C’est nous qu’je t’nons à c’t’heur’ les massins d’la charrue,J’allons la faire aller à dia ou ben à hue!Pas d’abstentions ! C’est vous idé’s qui vous appel-lent…Profitez de c’que j’ons l’suffrage univarsel !’ »

Les vach’s, les moutons,Les oué’s, les dindonsPàtur’nt dans les chaum’s d’orge à bell’s goulé’s tran-quillesSans s’ment songer qu’i’s sont privés d’leu’s drouétscivils.

Y a M’sieu Chouse et y a M’sieu Machincoumm’ candidat.Les électeurs ont pas les mêm’s par’s de leu-nettes :– Moué, j’vot’rai pour c’ti-là ! Ben, moué, j’yvot’rai pas !C’est eun’ foutu crapul’ ! C’est un gas qu’est houn-néte !C’est un partageux! C’est un cocu! C’est pas vrai !On dit qu’i fait él’ver son goss’ cheu les curés !C’est un blanc ! C’est un roug’ ! – qu’i’s dis’nt les électeurs :Les aveug’els chamaill’nt à propos des couleurs.

Les vach’s, les moutons,Les oué’s, les dindonsS’fout’nt un peu qu’leu’ gardeux ait nom Paul ou nom Pierre,Qu’i’ souét nouer coumme eun’ taupe ou rouquin coumm’ carottel’s breum’nt, i’s bél’nt, i’s glouss’nt tout coumm’ les gens ’ qui votentMais i’s sav’nt pas c’que c’est qu’gueuler : «Viv’ Môssieu l’maire ! »

C’est un tel qu’est élu !. Les électeurs vont bouéreD’aucuns coumme à la nec’, d’aut’s coumme à l’entarr’ment,Et l’souér el’ Peup’ souv’rain s’en r’tourne en brancillant…Y a du vent ! Y a du vent qui fait tomber les pouéres !

Les vach’s, les moutons,Les oué’s, les dindonsPrenn’nt saoûlé’ d’harb’s et d’grains tous les jours de la s’maineEt i’s s’mett’nt pas à chouér pasqu’i’s ont la pans’ pleine.

Les élections sont tarminé’s, coumm’ qui diraitQue v’là les couvraill’s fait’s et qu’on attend mouésson…Faut qu’les électeurs tir’nt écus blancs et jaunets.Pour les porter au parcepteur de leu’ canton;Les p’tits ruissieaux vont s’pard’ dans l’grand fleuv’ du BudgetOùsque les malins péch’nt, oùsque navigu’nt les grous.Les électeurs font leu’s courvé’s, cass’nt des caillouxSu’la route oùsqu’ leu’s r’présentants pass’nt en carrossesAvec des ch’vaux qui s’font un plaisi’– les sal’s rosses ! –De s’mer des crott’s à m’sur’ que l’Peup’ souv’rain balaie…

Les vach’s, les moutons,Les oué’s, les dindonsS’laiss’nt dépouiller d’leu’s oeufs, de leu’ laine et d’leu’ laitAussi ben qu’s’i’s -z- avin pris part aux élections.

Boum! V’là la guerr’ ! V’là les tambours quicougn’nt la charge…Portant drapieau, les électeurs avec leu’s gâsVont terper les champs d’blé oùsqu’i’ismouéssounn’ront pas.– Feu! – qu’on leu’ dit – Et i’s font feu ! - Enavant Arche! –Et tant qu’i’s peuv’nt aller, i’s march’nt, i’smarch’nt, i’s marchent…… Les grous canons dégueul’ent c’qu’on leu’pouss’ dans l’pansier,Les ball’s tomb’nt coumm’ des peurn’s quandl’vent s’cou’ les peurgniersLes morts s’entass’nt et, sous eux, l’sang coul’coumm’ du vinQuand troués, quat’ pougn’s solid’s, sarr’nt lavis au persouéV’là du pâté !. V’là du pâté de peup’ souv’rain !

Les vach’s, les moutons,Les oué’s, les dindonsPour le compte au farmier se laiss’nt querver la pieauTout bounnment, mon guieu !. sans tambour ni drapieau.

… Et v’là ! Pourtant les bét’s se laiss’nt pas fer’ des foués !Des coups, l’ tauzieau encorne el’ saigneux d’l’abattoué…Mais les pauv’s électeurs sont pas des bét’s coumm’s d’aut’esQuand l’temps est à l’orage et l’vent à la révolte…

I’s votent ! GASTON COUTÉ (1880-1911)

Petit lexique :An’hui, An’huy = Aujourd’hui. / Baladin = Nomade, romanichel.Branciller = Vaciller en marchant. / Breumer = Mugir.Courvées = Les corvées, c’est-à-dire les travaux sur les chemins

ruraux et vicinaux exécutés par les gens de la campagne pour s’acquit-ter, en nature, des taxes spéciales sur ces chemins.

Mâssins = Les mancherons de la charrue.Pansier = Le gros ventre de la femme enceinte.Terper = Trépigner, tasser.

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Les déchets de l’industrie nucléaire sont nombreux :52 millions de tonnes en France, dont 30 enLimousin.Ces déchets perdent leur nom infamant dès lorsqu’on peut envisager (un jour !) de leur trouverun emploi ; ces «matières » radioactives setransforment alors en « substances valo-risables ».L’une des utilisations actuelles : les armesà uranium appauvri (UA).

L’URANIUM appauvri résulte de l’enrichissementde l’uranium naturel pour les centrales électro-nucléaires, les moteurs nucléaires et pour lesbombes atomiques. Il provient aussi du retrai-tement du combustible «brûlé » dans les cen-trales nucléaires.

Les stocks mondiaux sont très importants etle stockage est coûteux, car c’est une substanceradioactive. En France, 1100 sites renfermentdes déchets nucléaires.

Parfois, l’UA est quand même « enrichi »…malencontreusement avec du plutonium et del’uranium 236, et quelques radioélémentsextrêmement toxiques (neptunium et techte-nium 99). Par erreur, et le Pentagone l’areconnu : la société Nuclear metals Inc.(aujourd’hui Star met) a bien vendu de l’UAquelque peu pollué ; en France, à Cerca etSICN pour la fabrication de munitions(60000 munitions de 120 mm pour le charLeclerc et autres 105 mm pour l’AMX B2).

Ses avantages pour l’industrie militaire

MOINS DUR que le tungstène, c’est un métalquand même très dense (un cube de 4 cm decôté pèse 1,2 kg). D’où l’idée de l’utiliser pour«améliorer » les performances des munitions.

Il a un double avantage : il fait disparaîtrequantité de ces matières dont on ne sait quefaire, et il est gratuit ! Ses «plus» : grande éner-gie cinétique (vitesse d’une flèche de l’ordre deMach 6) ; effet perforateur très élevé : sur acier

de blindage, sur béton; pyrophorique: chaud, il s’enflammespontanément au contact de l’air ; effet incendiaire aprèspénétration; assez dur, fond à 1130 °C.

Finalement, des « simples » balles aux bombes « intelli-gentes » guidées par satellites, obus, missiles, ogives, pra-tiquement toutes les armes contiennent de l’UA.

Autres utilisations : blindage de chars, contrepoids sta-bilisateur (avions, missiles), mise au point des armes

nucléaires (essais froids), lest (ba teaux), combus-tible dans les surgénérateurs.

Première guerre nucléaire invisible : la guerre du Golfe

DE NOMBREUX MILITAIRES ayant participé à laguerre du Golfe (1991) sont atteints de graves

pathologies : cancers, leucémies. Leurs enfantsnaissent avec d’affreuses malformations.

Les mensonges : l’uranium est appauvri,donc moins dangereux que l’uranium naturel.Il n’émet que des particules alpha qui sontarrêtées par la peau. Silence sur la contamina-tion !

Au cours du tir d’un obus-flèche, il y a dis-sémination d’uranium (30%) sous forme detrès fines poussières d’oxyde d’uranium quandil s’enflamme : sur la trajectoire (visible lanuit), à l’impact sur la cible et au cours de l’in-cendie qui suit. On parle de contaminationhumaine quand il y a absorption.

En Irak, les soldats ont absorbé des pous-sières d’oxyde d’uranium par les plaies, parvoie digestive et par voie pulmonaire. Ils sontsoumis à la double toxicité de l’uranium: toxi-cité chimique des métaux lourds et radio toxi-cité : les émissions sont destructrices (lesparticules alpha émises par U238 ont un pou-voir destructeur élevé). Les dégâts dépendentde la quantité absorbée, de la voie d’absorp-tion, de la durée de présence dans le corpshumain.

Pays agressés = déchetteries radioactives !

LES SOLDATS, oui, sont atteints. Mais lespopulations locales vivent maintenant dansdes zones polluées définitivement ; le nom-bre de cancers a explosé, les malformationscongénitales créent des monstres plus oumoins viables. L’horreur absolue.

L’uranium appauvri… ça coûte pas cher !

NUCLÉAIRE… MILITAIRE

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La reconnaissance des dangers

• PAR L’ONU EN 1996 : résolutiond’une sous-commission ; en 1999,enquête (Serbie, Kosovo) : confirma-tion des dangers ; en 2007, résolutionde l’assemblée générale : 4 payscontre : France, USA, GB, Israël(bizarre…).

• Par l’Union européenne. En 1999,prise de position du gouvernementitalien ; en 2000, résolution refuséepar le Parlement européen ; en 2008,résolution adoptée par le Parlementeuropéen : vers une interdiction mon-diale de l’usage de ces armes.

• Par la France. Le danger est nié par les autorités militaireset civiles (réponse de janvier 2011 à la question écrite d’undéputé UMP).

• Enfin, comme d’habitude, les Belges sont moins cons queles Français : début 2010, a été inscrite dans la Constitutionl’interdiction de la production et de l’usage des munitions àUA. (Évidemment, me direz-vous, ils n’en fabriquent pas,eux…)

• Malgré les demandes de nombreux scientifiques, les paysde l’Otan se sont abstenus ou ont voté contre la réalisationd’études approfondies pour disculper ou incriminer l’uraniumappauvri.

Les usines de production françaises (Annecy, Romans) et lessites d’expérimentation (le causse Gramat dans le Lot etBourges dans le Cher) devraient bien faire l’objet de cetteputain d’enquête. Donc pour l’instant, c’est niet !

À Bourges : le polygone d’enferUN VASTE CHAMP DE TIR (30 km par 4 km) entre Bourges etNérondes. Et entre Avord et Crosses sont faits les essais avecles munitions à uranium appauvri. Il faudra attendre 1990 pourqu’il y ait confinement de la cible, afin de réduire l’impact surles personnels, suite aux révélations sur la situation sanitairedes militaires (Irak, Balkans, Kosovo) et des populations du sudde l’Irak.

Donc en 1990, construction d’une cible confinée : récupéra-tion des poussières par des rideaux d’eau et par aspiration ; dis-tance de tir jusqu’à 3 km.

De 1990 à 2001 : 1400 tirs d’obus-flèches de 105 mm (charAMX) et de 120 mm (char Leclerc).

Pas d’information sur les essais réalisés avant 1990.Depuis 2001 : silence.Après une brève interruption pour enquête, les tirs ont

repris, sur cible confinée.

À partir de 1994, l’ETBS 1 est recensé à l’inventaire del’Andra 2.

En 1996, l’ETBS est classé ICPE 3 relevant du ministère desArmées.

Même les questions du conseil général du Cher restent sansréponse…

Les demandes sont pourtant plus que justifiées :• Au plan environnemental : dans et autour du champ de tir :

recherche d’uranium dans les sols, les eaux (Craon, Airain,Yèvre et les nappes phréatiques), la flore et la faune. Au plansanitaire : enquête épidémiologique dans les communesproches du polygone, mise en place d’un registre des cancersdans le Cher.

• Au plan national : mise en œuvre de la résolution duParlement européen (mai 2008) par le gouvernement : imposerun moratoire sur l’emploi d’armes contenant de l’uraniumappauvri, jouer un rôle moteur dans l’élaboration d’un traitéinternational sur l’interdiction… ce qui n’est pas envisagé parl’actuel gouvernement.

JACARÉ

Les trois pages de ce dossier ont été écrites à partir d’un document du Mouvement de la paix,

et des sites Internet : www.internationalnews.fr/article-armes-a-l-uranium-appauvri-ou-en-est-on-64255044.html

et Observatoire des armes nucléaires françaises.

1. ETBS: Établissement d’expérimentation technique de Bourges(voir http://encyclopedie-bourges.com/etbs.htm).

2. Andra : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.3. ICPE: Installation classée pour la protection de l’environnement. :

Munitions à l’uranium : entre Avord et Crosses

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NUCLÉAIRE… MILITAIRE

En Israël Opération « plomb durci »

J’AVAIS VU dans le choix du nom de cette «opération» un cynisme morgueux,quand l’État d’Israël s’est lancé dans l’offensive «Plomb durci » : la guerre dansla Bande de Gaza : 27 décembre 2008-18 janvier 2009.

Le dimanche 18 janvier au matin, un cessez-le-feu est décidé par le gouverne-ment israélien, qui dit avoir atteint son objectif. Quelques heures plus tard, leHamas annonce à son tour un cessez-le-feu d’une semaine afin de laisser le tempsaux forces israéliennes de quitter la Bande de Gaza et d’ouvrir les points depassage pour l ’aide humanitaire et les produits de première nécessité, maisIsraël dit que le retrait se fera sans prendre en compte ce délai ; d’aprèsdes responsables israéliens, toutes les troupes israéliennes ont quitté leterritoire palestinien dès le 21 janvier… (cf. Wikipedia).

Eh bien, quand on sait que l’armée israélienne a utilisé des munitions à uranium appauvri, on s’étonne moins qu’elle n’ait passouhaité que ses soldats stationnent longtemps sur le territoire…

Après ça, reste pour des siècles et des siècles l’horreur des conséquences sanitaires et environnementales… Amen ! J.

DÉBARRASSONS-NOUS à bon compte des déchets nucléairesen multipliant les interventions militaires : la Serbie, l’Irak,l’Afghanistan, et maintenant la Libye qui, par la volonté deNicolas Sarkozy, est devenue une véritable «déchetterieradioactive » à ciel ouvert.

La demi-vie (dite «pério de») de l’uranium appauvri n’estque de 4,5 milliards d’années (l’âge de la Terre !)…

Le pire est à venir pour la Libye ! La population libyennevictime des bombardements est de fait condamnée à vivredans une véritable décharge radioactive !

La fixation de l’uranium appauvri sur le placenta desfemmes enceintes contrarie le processus de formation del’embryon par division cellulaire, provoquant chez les nou-veau-nés d’horribles malformations congénitales.

Une étude a fait apparaître des taux de radioactivité «descentaines de fois plus élevés que la norme» dans le sud-estde la Serbie. Selon une estimation du journaliste Robert J.Parsons, 3000 tonnes d’uranium auraient été utilisées enAfghanistan.

Combien en Libye ? on le saura… un jour… peut-être.Et après ce pays, à qui le tour ?

La LibyeNouvelle poubelle radioactive de l’industrie

nucléaire française

Massacre à Gaza : la « bombinette futée ».

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La Haute-Vienne a été gâtée partrois représentations d’« Avenirradieux », un spectacle inoubliablede théâtre documentaire radioac-tif, écrit et interprété par NicolasLambert (13 mars à Limoges,15 mars à Saint-Junien, 16 marsà Saint-Brice-sur-Vienne).

CETTE FISSION française est le deuxièmevolet de la trilogie «Bleu-blanc-rouge»que Nicolas Lambert consacre à l’a-démocratie française du point de vue deses grandes ressources les plus puantes :pétrole (avec ses particules bleues cancé-rigènes), nucléaire (linceul blanc pour235000 ans), armement (rouge du sangde nombreux civils).

Elf, la pompe Afrique (2004), reportageépoustouflant sur le procès des dirigeantsde la compagnie pétrolière (qui a changéson nom en «Total» après ce scandale),éclairait la politique néocoloniale de laFrance et ses logiques de corruption,auprès desquelles celles des dictateursafricains apparaissent dérisoires.

Avenir radieux explore le discours officiel du pouvoir, et la confiscation dela possibilité de débattre. En 2010, laCom mission nationale du débat public

organise une série de réunions surl’utilité et les modalités de laconstruction d’une deuxième cen-trale nucléaire de type EPR enFrance, sur le site de Penly. À partirdes interrogations des rares citoyens pré-sents, à partir des discours verrouillésd’EDF et de l’industrie nucléaire fran-çaise en général, à partir du silence dudonneur d’ordre, le spectacle remonte unfil du nucléaire français, ses ors républi-cains, ses non-dits étouffants.

Nicolas Lambert fait monter sur scèneles morceaux choisis de notre histoirepublique avec les apartés officieux, lesdébats de l’Euratom à l’Assembléenationale en 1956, les attentats « ira-niens » à Paris après 1981, le franc-parlerd’un Pierre Guillaumat (agent des ser-vices secrets à Londres, administrateurdu CEA, ancien ministre gaullien),l’« indépendance énergétique», la «gran-deur de la France» et le goût du pouvoir.

Ce spectacle Ovni invente un théâtred’investigation qui évoque des meilleursdocumentaires. Il part d’un rapport del’OMS de 1958, stipulant : « Du point devue de la santé mentale, la solution laplus satisfaisante… serait de voir mon-ter une nouvelle génération qui auraitappris à s’accommoder de l’ignoranceet de l’incertitude. »

Nicolas Lambert enquête et verse deplus en plus de pièces au dossier. Avec

humour, il nous donne l’occasion d’unevraie réflexion.

Les représentants de l’Autorité desûreté du nucléaire, de la Cogema (deve-nue Areva pour tenter de diluer sesénormes mensonges atomiques), duCEA, des industriels sous-traitants, destravailleurs nomades (qui reçoivent desdoses inadmissibles de radiations), toussavent pertinemment que c’est un purmiracle si aucun de nos 56 réacteurs pour-ris et non encore arrêtés n’a pété à ce jour.

Comme Eichmann, lors de son procèsà Tel-Aviv, ils s’excusent d’avance d’avoirla conscience obscurcie et d’obéir auxordres. Or, le génocide nucléaire, qui adéjà deux énormes catastrophes dites« civiles » à son actif, produit chaque jourd’innombrables cadavres (à côté desquelsles grands massacres du XXe siècle paraî-tront anecdotiques), des destructionsmillénaires et un suicide prémédité detous les êtres vivants.

Quelle importance, puisque les chefsd’État ne seront pas jugés, faute de sur-vivants !

BORIS LEAU-DÉVIANT

Pour plus d’infos sur ce spectacle :www.unpasdecote.org

« Avenir radieux, une fission française »

CONTRECARRANT « le mythe de l’indé-pendance énergétique de la France grâceau nucléaire », puisque l’uranium alimen-tant le nucléaire civil et militaire pro-vient depuis longtemps et pour une largepart du sous-sol africain, RaphaëlGranvaud détaille les conditions dans

lesquelles la France et Areva se procu-rent un uranium au meilleur coût, au prixd’ingérences politiques et de consé-quences sanitaires, sociales et environne-mentales catastrophiques pour lespopulations locales.

L’ouvrage est disponible en librairie

(14 €). Voir aussi les quatre vidéos de laconférence de presse de lancement dulivre : http://survie.org/publications/les-dossiers-noirs/article/areva-en-afrique

Survie, 107, boulevard Magenta, 75010Paris, Tél. : 01 44 61 03 25.

Areva en Afrique… Une face cachée du nucléaire français

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Aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Sept à huit mille personnes, 237 tracteurs ont investi le cœurde Nantes, le 24 mars dernier,pour protester contre la construc-tion d’un nouvel aéroport àNotre-Dame-des-Landes.

De nos dévoyés spéciaux

7 H 30, EN ROUTE POUR LA MANIF. Il y ades kilomètres à avaler pour rejoindre lescopains du cortège qui part du rond-point de Paris à Nantes. Pas un pet denuage, les rayons du soleil se dégourdis-sent et nous réchauffent rapidement.Nous quittons la douceur des paysagesde la Haute-Vienne, pour traverser desétendues de champs plats encore aurepos (ou morts quand on connaît lesravages de la culture intensive).

12h30, nous arrivons dans la métro-pole nantaise. Un parc, juste à côté dulieu de rendez-vous, nous accueille pourpique-niquer. Deux RG, chaussées delunettes noires, parcourent des yeux lelieu. Apparemment, ils doivent êtredéçus car pour l’instant nous sommespeu nombreux etl’endroit est plusinvesti par desfamilles et desenfants que parde dangereuxmanifestants.

Un gronde-ment de moteurparvient à nosoreilles. Les voilà ! Une tren taine de trac-teurs venus de Notre-Dame-des-Landeset des communes voisines s’immobilisent.Piétons, vélos forment le reste du cortège.On y retrouve une vingtaine deLimousins. Il est prévu de rejoindre lesdeux autres cortèges près de la préfecture,sur le Cours des 50 otages, pour ensuitese rendre tous ensemble place du Cirqueen plein centre de Nantes.

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GRANDS PROJETS INUTILES

Les tracteurs se mettent en tête, noussuivons derrière. À l’approche dudeuxième rendez-vous, nous apercevonsle déploiement des gendarmes – commele titre Presse Océan : « Anti-aéroport,Nantes en état de siège. » Faut dire que lesautorités n’ont pas lésiné (voir page sui-vante).

On arrive à la préfecture où onretrouve les deux autres cortèges, bienplus denses. L’ambiance de la manifesta-tion est déterminée et offensive. Unefoule déjà présente accueille avec unegrande émotion l’arrivée interminabledes tracteurs décorés de slogans imagi-natifs et percutants contre Vinci, «Ne

dites plus Vinci, dites vin-cible », «De Notre-Dame-des-Landes à Khimki,Vinci hors de nos vies », sejouant de l’aéroport, «Ouià l’art et au porc »,« l’Ayrault porc », «Oui àl’apéroport », plus clas-siques, «Aéroport = capita-lisme : arrêt immédiat »,

«Ni expulsions, ni béton, ni résigna-tion», en lien avec les luttes passées,«Larzac solidaire »… Une brigade declown repeint la façade de la préfecture,un drapeau noir y flotte un court instant,un dragon crache son feu-peinture surles grilles de la police. Les manifestantspartent pour un long tour en ville où lestags fleurissent. Un isoloir « arnaque»collectif à roulette fait la risée au veaute

citoyen. Arrivés place du Cirque, l’occu-pation de la rue s’installe entre deux dis-cours de représentants paysans ou desdifférents comités. Les murs gris ettristes d’une architecture de prestiges’animent sous les bombages qui sebousculent. Tout le monde s’installe pourla durée. Ça discute, ça grignote les tar-

tines végétariennes d’une cantinede campagne. On lève la tête, unesilhouette blanche apparaît sur letoit d’un hôtel chic et coupe lecâble d’une caméra vidéo avantde disparaître, une autre est neu-tralisée dans la rue. L’hélicoptère de lapolice tournoie au-dessus, des feuxd’artifice sont lancés. Le dragoncrache son feu sur la façade d’unebanque qui devient la pissotière de laplace. Soudain, des explosions, unboucan d’enfer, une attaque de lapolice ? un attentat ? Non, un

joyeux feu d’artifice explose au milieudes flammes embrasant un tas depalettes. Vers 19 heures les flics décidentde dégager la place. Malheu reu sementles tracteurs ont abandonné la place etbeaucoup de personnes sont déjà parties.Quelques centaines d’irréductiblesrefluent lentement en bon désordre.Suite aux légers heurts avec la police, il yaura malheureusement deux condamna-tions à trois mois de prison avec sursis etamende. La manifestation est un succès.Il tient autant à la mobilisation des paysanspour beaucoup venus de toute la Bretagne,qu’à la diversité des manifestants et à lapossibilité pour toutes les composantes dese côtoyer efficacement dans leur manièred’agir.

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« Ils ont eu peur. Ceuxqui portent le projetd’aéroport ont eu latrouille des 7 000opposantsEs qui sontvenuEs occuper lecentre ville de Nantes. Beaucoup de gensqui ont participé à cette manif ont biensenti l’atmosphère paranoïaque créée parle maire Jean-Marc Ayrault et le préfet.1 500 flics, un hélicoptère et deux canonsà eau ça ne passe pas inaperçu.

Le cortège anticapitaliste garni de plus de 500 libertaires étaitcontinuellement surveillé parce qu’à Nantes comme ailleursrien ne doit déborder. Mais ici ce qui déborde c’est la colèrepartagée par une multitude de gens que les politicards pren-nent pour des cons. Le 24 mars, c’était l’occasion de dire notreenvie de décider pour nos vies. Oui, ils ont peur qu’on se passede leur projet et du monde qui va avec. Ils ont peur de notrerésistance qui n’en finit pas. Peur parcequ’avec leur ayraultport ils sont à courtd’arguments valables, en bout de piste.Alors le 24 mars, c’était aussi leur dire

à tous ces aérocratesen cravate qu’onreviendra dans la villequel que soit le dispo-sitif répressif qu’ilsmettront en place. Lalutte continue. »

UN OCCUPANT

DE LA ZAD

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« Ayrault-porc sangs à venir »

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GRANDS PROJETS INUTILES

Depuis 1968 ce projet était dansles cartons à cause de la premièrecrise pétrolière ; il ressurgit sousle gouvernement Jospin. En2003, le gouvernement Raffarindonne son accord au lancementdes études et enquêtes en vue dela procédure de déclaration d’uti-lité publique. C’est chose faite enfévrier 2008. Deux ans plus tard,l’État confie au groupe de BTPVinci la construction et la gestion(pour cinquante-cinq ans) decette plate-forme à vocationinternationale, présentée commele premier aéroport avec labelécolo...C’est qu’il y tient, Jean-MarcAyrault, député-maire PS (depuis1989) et président de NantesMétropole, à son aéroport duGrand-Ouest (AGO), et tout estbon pour faire avaler la piluleaux gogos avant 2017, date pré-vue pour sa mise en service.

LES TECHNOCRATES, décideurs et entre-prises n’en sont pas à un mensonge près,et n’hésitent pas à magouiller les chiffrespour faire accepter à la population ce

projet. Tout y passe. De la sécurité : « l’ac-tuel aéroport soulève des problèmes desécurité en obligeant les avions à survo-ler la ville de Nantes » 1, aux besoins de lacroissance, du développement, d’être uneville s’engageant sur le futur, sans oublierun brin d’écologie… Il y a de quois’étrangler quand on prend connaissancedes dommages occasionnés : destructiond’au moins 2 000 hectares de terresagricoles fertiles, d’un bocage d’une qua-lité écologique exceptionnelle, alors quel’accès à la terre est difficile pour dejeunes agriculteurs et que la demande enproduits biologiques explose. Néan -moins, vive le béton ! Réjouissons-nousd’avoir cet aéroport, une nouvelle routepour s’y rendre, 11 000 places de par-king… et de l’emploi !

Les rois des bonimentsLE CYNISME, qui n’appartient qu’auxcrapules commele groupe Vinci(36 956 millionsd’euros de chiffresd’affaire en 2011),s’étale dans lecahier des charges :Vinci propose decréer un «observa-toire agricole » quiaura pour missionl’élaboration «d’undocument témoinsur l’histoire dusite » ; il garantitaux agriculteurs du coin qu’ils pourrontvendre leurs produits dans « les restau-rants et les boutiques de l’aérogare ». Lesvoyageurs auront même droit à une« ferme de démonstration en face desparkings » et à un «parcours pédago-gique imaginé par le concessionnaire ». Ilva même jusqu’à vouloir créer uneAMAP...

En contrepartie, ce philanthrope destemps modernes obtient un marchéjuteux.

Quant aux magouilles des chiffres,voici un exemple des contre-vérités rele-vées par les experts indépendants ducabinet néerlandais CE Delft Desne,dans la déclaration d’utilité publique de2008 : «De graves erreurs existent dansl’analyse globale des coûts de l’aéroportet des bénéfices qu’il est censé engen-drer. Alors que plusieurs centaines demillions d’euros de bénéfices sontannoncés, [en fait] son coût pour la col-lectivité [serait] de 600 millions d’euros.Alors que le montant maximum recom-mandé par le comité directeur des trans-ports s’élève à 20euros par heure detransport « économisée », celui men-tionné dans l’enquête publique était de98 euros ! « Si on prend la bonnemesure, le bénéfice est amoindri » Lenombre de millions d’euros gagnés pas-sant de 911 à 317 millions, soit presquetrois fois moins !

Autres oublis : les pertes de terres agri-coles représentent,selon l’expertise,26 mil lions d’euros.Elles ne sont pasmentionnées dansl’enquête de 2006.Pas plus que le coûtde construction dutrain pour desser-vir l’aéroport, quis’élèverait à 70mil-lions d’euros…

Tout ce battageautour de la néces-

sité de l’aéroport, du faux-semblant deprendre en compte l’avis des riverainsavec une enquête d’utilité publique, rap-pelle étrangement ce qui se trame pourla LGV Limoges-Poitiers.

Quand Zone d’aménagementdifféré (Zad) devient

Zone à défendreEN MARS 1972, des agriculteurs deNotre-Dame-des-Landes fondent lepremier comité de défense. Divers comi-

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tés et collectifs se forme-ront dont les principauxsont l’Association dedéfense des exploitantsconcernés par l’aéroport(Adeca, décembre 1972),l’Association citoyenneinter communale des popu -la tions concernées par leprojet d’aéroport de Notre-Dame-des-Lan des (Acipa,novembre 2000), laCoordination des oppo-sant/e/s à l’aéroport (2004)regroupant près de qua-rante associations ; en2007, un lieu de résistanceest créé, La Vache Rit, aulieu-dit Les Domai nes, àNotre-Dame ; fin 2008s’organise une vigie devantle conseil général de Loire-Atlantique.

En 2007, ne se retrou-vant pas totalement dansles orientations de l’Acipade, des habi-tants de la ZAD et des bourgs voisinscréent le Collectif des Habitants quirésistent ; ils affirment une positionindépendante se traduisant notammentpar une critique plus générale du sys-tème qui sous-tend le projet d’aéroport.

Ils lanceront en août 2009 un appel àoccuper la ZAD, rebaptisée zone àdéfendre.

Cette initiative est intéressante car elleappelle à réoccuper les maisons vides – lapremière étant une maison appartenantau conseil général au lieu-dit La Gaîté(Notre-Dame)– et à venir s’installer encaravanes, en habitats autoconstruits, enyourtes… bref à occuper le terrain et for-mer un collectif affinitaire.

Dans le premier numéro de LèseBéton, « Un journal pour communiquer desinfos, proposer des réflexions, faire se ren-contrer les gens, les idées », ils expliquentleur démarche : « Parce que l ’on pense qu’ilest possible, ensemble, de faire reculer ces

projets d’aménagements imposés. Parce quemalgré les discours triomphants qui parlentde l ’opposition à l ’aéroport au passé et decelui-ci comme s’il était fait, nous croyonspossible de se fédérer autour d’un refus clairpour constituer une force collective. Ainsinous espérons briser les logiques indivi-duelles qui nous isolent. D’autres luttes ontété victorieuses, de Plogoff au CPE en pas-sant par le Carnet. »

Par différentes manifestations (con -certs, discussions, ateliers, etc.), ils invi-tent toute personne ou groupe à leurrendre visite, partager un moment, lutterensemble. Est-il nécessaire de préciserque les habitants de la ZAD subissentune occupation polico-militaire cons -tante qu’on pourrait qualifier de « tarna-coise ».

Mais ces nombreuses intimidations nefont que renforcer leur détermination.

Si ces quelques lignes titil-lent vos neurones et vousincitent à en savoir plus,vous pouvez aller sur le siteZone à défendre :http://zad. nadir. org/. Lireaussi C’est quoi c’tarmac ?Profits, mensonges et résis-tances, du collectif Sudav(10 euros, éditions NoPasaran). Ce livre permetde découvrir les différentsmouvements de contesta-tion et les diverses actionsmenées. Il donne aussimatière à réflexion sur lesvautours qui décident ànotre place notre futur.C’est pourquoi :

Ni expulsion,Ni béton,Ni résignation !

SYLREBEL

1. Faux ! Sans entrer dans les détails voiciquelques arguments selon «Dan gers et bruit,réalités et propagande » : l’aéroport est classécatégorie A par la Direction générale del’aviation civile, ce qui signifie « aéroports nedemandant pas d’attention particulière ». Unofficier pilote de ligne, qui anime un collectifde pilotes « doutant de la pertinence du projet deNotre-Dame-des-Landes », a déclaré début2012 :

« Trop souvent les contrôleurs aériens impo-sent aux pilotes d’atterrir par le nord. Deuxtiers du trafic transitent par le sud-est de l ’ag-glomération. J’aimerais bien savoir pourquoi, enarrivant de Limoges, de Poitiers ou deBordeaux, il faut faire un détour par le nord-estde l ’agglomération et survoler le centre deNantes. N’y aurait-il pas un rapport entre lesurvol de Nantes et le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? »

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La traction animale

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ÉLOGE DE LA LENTEUR

Jérôme habite Les Nègres, uneferme près de Compreignac.Il élève des chevaux de Mérensdepuis trente ans, qu’il dresse,qu’il fait travailler. C’est uneferme de vingt-cinq hectares avec,sur un hectare, un hectare etdemi, du maraîchage en biodyna-mie, certifiée Demeter, une partieen production de semence essen-tiellement pour Germinance, unpeu Kokopelli. Avec Germinance,il travaille sur des variétésanciennes et dont certaines ont étérayées du catalogue officiel. Elles ont plus de vingt ans, de bonnes variétés maraîchèresnon hybrides, ne sont plus multi-pliées nulle part. L’autre partie est cultivée en légumes diversifiéslivrés à une Amap sur Limoges, àcôté du collège Maupassant. Elles’appelle Les Rendez-vous du radisnoir car «on a de très beaux radisnoirs ici ». Depuis cette année, il cultive du blé car Jenny, sacompagne, fait du pain.

La Vache qui… Parle-nous de la trac-tion animale.

Jérôme – L’utilisation de l’animalcomme outil de traction des outils agri-coles existait depuis l’Antiquité jusqu’àl’invention du tracteur qui a mis les che-vaux, les bœufs au rebut. Quelques per-sonnes ont continué à élever des chevauxde trait, à les faire travailler, labourer,

juste de façon folklorique, ce qui a per-mis de conserver les races. Dans lesannées soixante, un ingénieur agronome,Jean Nolle, qui travaillait en coopérationavec les pays en voie de développement,s’est aperçu qu’on ne pouvait pas y trans-poser les techniques de l’agricultureindustrielle, parce qu’ils étaient trop pau-vres, qu’il n’y avait pas les ateliers et lesgarages pour réparer le matériel. Il s’estaperçu qu’il y avait toujours un animal detrait proche du paysan, un âne, un dro-

madaire, un zébu, pas forcément attelémais disponible, dressable ou déjà dressé.Il a alors inventé un porte-outil, le«kanol », auquel l’animal peut être atteléet auquel on peut adapter des outils cor-respondant aux habitudes des paysanslocaux. Il ne s’agissait pas de modifier lesfaçons de cultiver des paysans mais de lesaider à partir de ce qu’ils avaient déjà,afin d’alléger le travail des hommes etdes femmes. À partir du kanol il a déve-loppé le principe du «mamata», machineagricole moderne à traction animale, quidevait être autoconstructible, polyvalenteet pas chère. Quand il a pris sa retraite ila laissé tous ses brevets à une associationen Ariège, Prommata, qui a développéces outils pour les petits paysans enFrance qui n’avaient pas les moyens de

s’acheter un tracteur et pour une nou-velle population paysanne qui avaitcomme objectif de vivre en autoproduc-tion. À partir du Kanol a été développéela «kassine», un autre porte-outil, puistous les outils adaptables à cette kassinenécessaires à la culture, au départ surtoutmaraîchère. Il y avait un aller-retourentre l’atelier de Prommata et les pay-sans au fur et à mesure des essais sur unnouvel outil jusqu’à ce qu’il soit satisfai-sant. Comme avec le principe du logiciel

libre, avec une source libre,chaque paysan qui a une kas-sine et des outils derrièrepeut faire profiter de sesavancées et de ses recherchesaux autres utilisateurs.

Progressivement on a asso-cié à la kassine une méthodeagronomique qui existaitdepuis longtemps pour tra-vailler le sol en maraîchage,la culture sur billons, sortesde petites buttes. Ça inté-resse de plus en plus demaraîchers qui ont despetites surfaces avec deslégumes diversifiés. Ils sesont aperçus qu’avoir un che-

val ou un âne et une kassine revenaitbeaucoup moins cher que d’avoir untracteur, et que c’était beaucoup plussouple d’utilisation. Et le mamata estune bonne alternative au pétrole et auxmoteurs.

Lvq… Est-ce que ça se développe ?J. – Oui, parce qu’il y a beaucoup de

jeunes qui s’installent en maraîchagebio en France qui ne veulent pas se lan-cer dans l’industriel. Ils ont desdémarches à la fois de qualité de vie, dequalité des produits, un rapport auxconsommateurs et un rapport à la terre.Mais le problème de la traction ani-male, c’est l’animal. Depuis les années1920, quand le tracteur s’est répandudans les fermes, il y a eu une coupure detransmission du savoir animal.

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Lvq… Comme dansbeaucoup de domainesles savoir-faire se sontperdus.

J. – La plupart des gensqui veulent travailler avecdes chevaux n’ont pas laconnaissance de l’animal.On a tellement spécialisél’agriculture qu’un maraîcher n’est plusqu’un spécialiste du légume et du végé-tal, il ne sait plus ce qu’est un animal àpart le ver de terre. Il faut se réappro-prier la connaissance de l’animal, le posi-tionnement par rapport à lui, commentêtre et travailler avec, c’est tout un savoirqu’il faut réapprendre. Il faut aussi sedébarrasser de plein d’idées préconçues,anthropomorphiques. Penser que l’ani-mal pense comme nous, qu’il réagitcomme nous, qu’il se fatigue commenous. Il faut penser cheval au lieu depenser homme. C’est ce que faisaient lespaysans avant, de façon tout à fait intui-tive, ils étaient avec les ânes, les chevauxen osmose.

Maintenant on n’est plus dans laréflexion pour faire les choses alors quel’animal est dans l’instinct. Travailleravec un animal, c’est rester dans cet ins-tinct. C’est une interaction permanentede façon à ce que ce soit un lien vivant etconfiant.

Lvq… Dans l’instinct et dans l’ins-tant.

J. – On voit, on fait et après on réflé-chit. On a fait ça parce que le cheval afait ça, on vit avec l’animal, on est (naît !)avec l’animal.

Lvq… C’est une longue pratique.J. – Oui. Quand on se retrouve tout

seul avec son animal dans son jardin,qu’en bout de champ il ne veut pas tour-ner parce qu’il veut retourner dans sonpaddock, ça pose plein de problèmes quifont que beaucoup abandonnent. Êtreavec un cheval demande du travail, de lapersévérance, d’y retourner tous lesjours, trouver des solutions parce quel’animal nous met toujours face à nous-mêmes. Si on n’y arrive pas, c’est à nousde changer pas à lui. Le poireau nedemande pas au maraîcher de changer.Ni le tracteur d’ailleurs !

Lvq… L’animal, c’est aussi tout unrapport à l’autonomie.

Jérome. Si on parle des avantagesannexes d’avoir un animal dans uneferme, on arrive à une tout autre une idéede ce que c’est qu’une ferme. Il y a desanimaux de production, de lait comme lavache, de viande comme les moutons, etdes animaux qui produisent du travailqui ne sont plus des animaux de loisir. Lecheval amène son travail et aussi sonfumier, le fumier sert de compost pourles légumes, ça rentre dans une idéed’autonomie. L’autonomie est celle ausside n’être pas soumis au prix du gas-oil, niaux aléas du moteur du tracteur qu’il fautréparer tout le temps. Et si on veut semécaniser énormément en maraîchage,on rentre dans une dynamique indus-trielle. Il faut amortir les tracteurs, lesoutils qui vont derrière. On ne peut plusfaire un hectare, un hectare et demi, ilfaut augmenter les surfaces jusqu’à cinqou six hectares et après c’est le matérielqui bouffe la vie du paysan.

Lvq… Un animal au travail repré-sente combien de surface à cultiver ?

J. – J’ai deux chevaux qui ne travaillentpas tout le temps, et on travaille enmoyenne sur la saison de maraîchagetrois ou quatre demi-journées parsemaine avec l’animal sur une surfaced’un hectare.

Ce n’est pas énorme mais c’est très effi-cace. En binage un cheval marche de qua-tre à six kilomètres heure et on a le nez surles outils. Avec un tracteur quand on vabiner deux ou trois rangs à la fois on vafaire du trois à l’heure et en plus on va êtretordu pour regarder derrière. On fait dutravail moins précis et on ne gagne pastellement de temps. Et au niveau du sol iln’y a aucune commune mesure. Ce quifait la fertilité dun sol, c’est la quantité dematière organique et d’êtres vivants qu’il ya dedans. Tous les animaux, ces insectes,

les acariens du sol transforment la matièreorganique en quelque chose assimilablepar les plantes. Quand on met un tracteursur le sol, il le tasse par son poids et par savibration. Plus on tasse, moins il y a d’air,moins il y a d’animaux vivants, moins ona de fertilité. C’est tout un rapport auvivant qui est complètement différent.Avec le mamata, on a des outils cohérentsau niveau de la rentabilité du travail de laterre. On n’est pas passéiste, je travailleautant de surface qu’un maraîcher «méca-nisé» en culture diversifié, un hectare, unhectare et demi avec autant d’efficacité.On commence d’ailleurs à être reconnus,techniquement et agronomiquement.

Lvq… Comment ça se passe avec lesinstitutions, le lobby agricole ?

J. – Déjà, à partir du moment où on esten bio, le lobby agricole n’aime pas trop,et la traction animale… il ne pensemême pas que ça existe. Ou c’est quan-tité négligeable, alors qu’on est en trainde poser quelque chose pour l’agriculturede demain.

Lvq… Est-ce que tu sens que çabouge au niveau institutionnel ?

Le gros problème est l’accès à la terre,l’accès au foncier. Les fermes qui sonttransmises sont souvent des grosses sur-faces, qui ne sont pas de taille familiale,qui sont inaccessibles pour un jeune quin’a pas de moyens. Il y a deux possibili-tés : soit il y a une vraie interrogation, unvrai retour à la terre avec des fermes pluspetites, ou bien on se retrouve avec desschémas type Amérique du Sud, desfermes qui font 5000 hectares, du maté-riel énorme, deux ouvriers pour cultiveret la terre ne sera qu’un substrat et plusun organisme vivant.

Lvq… Ça pose le problème de la pro-priété. Il faudrait pouvoir revenir enarrière, rediviser les terres, recréer plu-sieurs fermes.

J. – Il faudrait que ce soit une volontérégionale. Tous les moyens institution-nels existent pour contrôler le transfertde la terre. La Safer est là pour ça si ellefaisait correctement son boulot.

Lvq… Légalement tout ça existe ?J. – Oui ça peut se faire. C’est une

question de lobby, de ne plus concevoirl’agriculture comme celle héritée de

La kassine

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ÉLOGE DE LA LENTEUR

Lvq… Le paysan ne marche plus, il ya le tracteur ou la voiture, mais il metrarement pied à terre.

J. – Et si on regarde la taille des trac-teurs, plus ça va, plus ils sont hauts.Avant il y avait une marche, maintenantsur les tracteurs de cent, cent cinquantechevaux il y a trois marches. Ils perdentencore plus le contact avec le sol.

Lvq… Et comme pour les voituresmaintenant, ils sont irréparables parsoi-même.

J. – Les harnais, je les recouds, et lakassine, il y a des pièces d’usure mais iln’y a pas de pièces d’entraînement, il n’ya pas de roulement, c’est facilementréparable. N’importe quel paysan, n’im-porte quel forgeron peut la souder.

Lvq… Ça veut dire qu’il faut des for-gerons.

J. – Des forgerons, des selliers.Comme tu disais quand tu fais de latraction animale tu marches beaucoup,avec ton outil devant toi, donc tu es tou-jours dans ton axe de travail. Je fais par-

tie des maraîchers qui se baissenttrès peu pour faire du légume. Sije me débrouille bien j’ai très peubesoin de désherber à la main, ettoute la préparation de travail dusol est faite en marchant derrièrele cheval. Je n’ai plus de problèmede dos car je ne suis pas tordupour regarder l’outil derrière letracteur. Et comme je fais trois àcinq kilomètres par jour en mar-chant, j’ai un super cœur !

Lvq… Pas besoin de jogging !Tu vis bien comme ça ?

J. – Oui, aussi avec les formations surla traction animale… Je me suis installécomme paysan en 1986, j’arrive à un âgeoù j’aime bien diffuser ce que j’ai appris.

Lvq… Tu as même le temps de fairede la musique.

J. – Mon père, qui était aussi paysan,m’a toujours dit qu’être paysan ce n’estpas bosser quinze heures par jour etavoir le temps de rien. On prend letemps de ce qu’on a besoin. Mon pèreessayait d’avoir des horaires et de s’arrê-ter entre dix-huit heures et dix-huitheures trente de façon à être avec nous.

Sur la ferme des Nègres, il y a deux

l’après-guerre où les paysans «doiventnourrir le peuple ». Il faut produire coûteque coûte, quelles que soient les condi-tions de production. On l’a vu les dégâtsen Bretagne. La région Limousin loupele coche de l’agriculture biologique. C’estune région encore préservée, une vraievolonté politique pourrait installer 30 ou50% de paysans en bio, ça développeraitl’image de marque de la région. Mais il ya le forcing énorme des chambres d’agri-culture pour que ça ne change pas. J’aiété paysan conventionnel, je sais com-ment ça se passe, il y a une sorte d’effetde corps. Je fais comme mon voisin, on ales mêmes techniques agricoles vulgari-sées par les chambres d’agriculture et,comme on fait tous la même chose, on seconsidère comme de vrais paysans.Toute personne qui ne fait pas pareil estun rigolo, un hippy.

Se convertir en bio est un chemin.Mais il y en a aussi beaucoup qui seconvertissent sans changer leur façon decultiver.

Lvq… On arrive à faire dela bio industrielle. Unegrande partie des produitsbio vient de Chine…

J. – Même en France. Monidée est de faire la ferme quime semble juste. Elle fonc-tionne, on peut la visiter, cen’est ni anachronique ni pas-séiste.

Lvq… Et ça relève du bonsens. Ça peut être simple, leproblème est la perte dessavoir-faire et la croyance auproductiviste.

J. – On retrouve le problème de l’ani-mal. J’ai fait ce chemin-là, j’ai étéconventionnel, on a commencé le maraî-chage avec un tracteur et je me disaisqu’on ne pourra pas faire de maraîchageen traction animale parce qu’on n’aurapas le temps. On trouve de bonnes rai-sons pour ne pas faire les choses. Faireles choses, c’est remettre en question saproduction et prendre un risque. Unrisque économique, se mettre en danger.

Lvq… Accepter de ne plus être dansle moule du paysan traditionnel, d’êtreregardé de travers.

J. – J’ai eu ma kassine en 2000 et j’aicommencé juste à être reconnu enLimousin parmi les « bio » comme uneréférence en traction animale. Il m’a falludix ans pour que je puisse aller faire desformations. Maintenant il y a de plus enplus de gens qui envisagent sérieusementde s’installer. Ça pousse des organismescomme Gablim (groupement des agro-biologistes du Limousin qui s’occupe del’accompagnement des gens qui seconvertissent en bio) à envisager des for-mations en collaboration avecPrommata.

On fait des formations initiales etl’important est le suivi. On passe voir lespersonnes au moins une fois par an, voirles problèmes qu’ils rencontrent, travail-ler avec l’animal pour voir où il en est.Continuer à se former. La formationcommence quand on a un cheval et ellene se finit jamais. La technique équestreest transmissible et partageable. Matechnique de ménage évolue tout letemps.

Lvq… Comme n’importe quelmétier. L’apprentissage d’un métierdure toute une vie.

J. – On a habitué le paysan à se dire :j’achète mon tracteur et c’est fini. J’ail’outil, je n’ai plus qu’à monter dessus. Lamachine a transformé le paysan enouvrier et pas en personne responsablequi est capable de réfléchir. On lui filetout ce qu’il faut pour que ça pousse toutseul et il n’a plus qu’à conduire.

Lvq… Et à payer les traites.J. – Voilà. Il n’y a plus cette formation

au travail avec un animal vivant qui posedes questions.

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Gabriel ou la dépossession de sa vieà travers la médicalisation

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Lvq… Peux-tu expliquer le fonction-nement de Terre de liens?J. – Terre de liens est une triple struc-

ture nationale qui permet de collecter del’épargne pour acheter des fermes pourdes paysans qui cultivent en bio ou enbiodynamie. Les paysans sont fermierssur des baux à long terme de façon àlibérer le foncier de la spéculation, facili-ter les transmissions. Cela permet quecette ferme qui se trouve à vingt kilomè-tres de Limoges reste une ferme et nedevienne pas une maison pour quelqu’unqui travaille à la ville et qui va faire dis-paraître dix ou vingt hectares de terreagricole. La terre agricole par rapport au bâti ne

coûte rien. Dans la périphérie deLimoges, à vingt ou trente kilomètresautour, toutes les anciennes fermes quiont cinq ou dix hectares de terres sontintouchables pour les jeunes agriculteurs,ils sont dans l’impossibilité d’acheter le bâti.

dynamiques importantes. Une première,collective, se met en place tout douce-ment avec un ami. Je ne pense pas qu’unpaysan soit fait pour travailler tout seul.La deuxième chose est que dans l'agri-culture il y a culture, dans tous ses sens.Toutes les cultures doivent de croiserdans une ferme, qu’elle devienne un lieud’échange culturel. Arriver à faire des rencontres au sein

de la ferme, faire de la place au social(voir agenda p. 32).

Lvq… Comment vois-tu le collectif ?J. – Il faut lui donner du temps. Si on

se précipite on s’entrechoque beaucouptrop vite et tout peut éclater vite.

Lvq… C’est une construction.J. – Chacun doit poser son rythme,

voir ce qu’il a envie de faire. L’avantageest que c’est une ferme Terre de liens, laferme ne m’appartient pas, les gens quiviennent ici ne participent pas à monenrichissement personnel, à payer laterre, la ferme.

«GABRIEL, notre f ils, est né à la maison sansassistance médicale, par notre volonté.Aucune sage-femme n’a voulu suivre Jennyparce qu’elle ne voulait pas faire d’échogra-phie. On a fait une préparation en haptono-mie pour l ’accouchement. Il est né sansproblème le samedi matin. Le mardi, comme tout père doit le faire

selon le code civil, je suis allé à la mairie deSaint-Symphorien-sur-Couze pour décla-rer mon enfant. Ils ont téléphoné à l ’étatcivil de Limoges qui leur a dit que, pourdéclarer un enfant, il faut un certif icatmédical du médecin ou de la sage-femmeprésente. Comme il n’y en avait pas, lasecrétaire de mairie n’a pas voulu faire dedéclaration de naissance. Il faut préciserqu’à Saint-Symphorien-sur-Couze, il y a

deux cents habitants, que tout le mondesavait que Jenny était enceinte. Ce n’étaitpas un secret. Le mardi soir, j’ai demandé au maire de

venir à la maison en tant qu’off icier d’étatcivil pour attester qu’il y a bien un enfantqui est né, et qu’il est vivant. Il n’a pasvoulu. Le lendemain matin, j’ai appelé letribunal pour savoir si on pouvait appli-quer le code civil tel qu’il est écrit, c’est-à-dire que la déclaration de l ’enfant doit sefaire dans l ’instant et par le père, et s’il fal-lait vraiment un certif icat médical. Legreff ier m’a répondu : “Vous êtes au troi-sième jour, vous êtes en retard.” Il a doncfallu faire une procédure de justice avec undossier (avec certif icat médical ante et post-naissance) pour que le tribunal de la famille

de Limoges juge et accepte que la déclarationde la naissance soit faite à Saint-Sym pho -rien-sur-Couze. Le jour du procès, quandj’ai redemandé si on pouvait déclarer sonenfant sans certif icat médical, je me suis faitengueuler. Ils m’ont dit que ce n’était pas deleur ressort, qu’ils étaient là pour donner despapiers à ce bébé et que si je voulais qu’iln’ait pas de papiers j’avais qu’à le dire toutde suite… Si je veux avoir la réponse, ilfaut que j’aille au tribunal administratif.C’est comme ça que les pères se font dépossé-der de leurs droits sans s’en rendre compte.Avec le certif icat médical, c’est le médecinqui déclare l ’enfant pas le père. On attendtoujours les papiers. Pour l ’instant il n’a pasété reconduit à la frontière. »

JÉRÔME

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dDéSIrEux QuE J’éTAIS de m’informersur les réalités du monde et les véritablesenjeux géopolitiques du moment pré-sent, je me suis gavé de journaux télévi-sés politiquement corrects et autrespériodiques bien-pensants. J’ai lu, j’airegardé, j’ai écouté et enfin j’ai tout com-pris. Soudain, j’ai eu une révélation ouplutôt la révélation. Les vapeurs gau-chisantes et libertaires qui embrumaientjusqu’à présent mon esprit malade etcorrompu se sont dissipées et cette véritééblouissante m’est apparue : Je suis cou-pable ! Coupable de tout ! La dettecolossale qui plombe l’économie du pays,c’est moi. Le déficit abyssal des caissesde la Sécurité sociale, c’est moi. Leréchauffement climatique, c’est moi. Lafaim dans le monde et les épidémies,c’est encore moi.

Ah oui, désormais j’ai honte de melever à cinq heures du matin et d’allerpaisiblement tirer ma flemme dans uneusine de transformation de produitsagroalimentaires, trente-cinq heures parsemaines, pour un salaire démesuré de1 080 euros nets alors qu’un honnêteouvrier chinois se contente de dix foismoins et travaille facilement le doublede temps. Lui, au moins, il est rentable.Il contracte tous ses muscles, respire ungrand coup et pousse très fort sa nationvers les cieux cléments de la croissance àdeux chiffres. En plus, il ne rouspète pas,il ne va pas pleurnicher au syndicat parceque son patron et les actionnaires ontmangé tout le gâteau ; il ramasse lesmiettes qui traînent sur la table et aufond de l’assiette, puis s’incline en signede respect. Je devrais m’inspirer de saconduite, suivre le bon exemple, mais aulieu de cela je me plains des conditionsde travail, je réclame des augmentationsde salaire, des primes et des équipementsde sécurité. Je l’avoue, je suis coupable dela non-compétitivité des entreprisesfrançaises. Les dépôts de bilan, les planssociaux, les délocalisations et le chômagede masse, c’est à cause de moi.

Pour aller travailler, ou du moins fairesemblant, je prends ma petite voiture, jeroule et je pollue. Tel un ogre jamaisrepu, je grignote ma planète et ses res-sources. Dans mon appartement, j’ai unfour électrique et même un réfrigérateur.Lorsque je les mets en marche, c’esttoute une centrale nucléaire qui clignote.Je me vautre lamentablement dans leconfort et le luxe, l’abondance et la sur-consommation. Je suis coupable duréchauffement de la Terre, de la fontedes glaciers et de la banquise, des inon-dations au Bangladesh. J’hypothèquel’avenir des générations futures en lescondamnant à s’entre-tuer pour brûlerles dernières gouttes de pétrole et à sur-vivre en évitant les zones contaminéespar la radioactivité. Lorsque, avant demourir d’une indigestion, j’aurai renduimpropre le dernier litre d’eau et dévoréle dernier morceau de viande, mes des-cendants n’auront plus qu’à boire leurpisse en mangeant des fourmis. Pirequ’Attila en son temps, je ne répands surmon passage que le désastre et la désola-tion.

Parfois, je vais au cinéma ou bien j’as-siste à des concerts de rock. J’appréciecette musique bruyante de dégénéré quirend fou et incite aux perversions etexcès en tous genres. Adolescent attardé,égaré sur les sentiers pernicieux des gui-tares saturées, je finirai comme mesidoles, mort d’une overdose ou étouffépar mon vomi tout seul au fond d’unechambre crasseuse dans un hôtel miteux.

Le samedi soir, je traîne dans les barsen compagnie d’individus infréquenta-bles encore pires que moi. Je trinquejusqu’à tard dans la nuit avec tous lespaumés, les irréguliers et les accidentésde la vie ; noyés par le mauvais alcool,nous refaisons un monde plein de chaos.

Le dimanche, je me balade le nez enl’air à travers la campagne, grisé par lespectacle à la fois banal et fascinant de lanature. Je contemple les fleurs, j’admireles arbres majestueux puis j’écoute le

En plus, régulièrement pour un oui oupour un non, je manifeste dans les ruesavec mes camarades afin de maintenirmon niveau de vie pharaonique et mesprivilèges d’aristocrate. Influencé par despréjugés tenaces, je n’apprécie pas à sajuste valeur la bienveillance des forces del’ordre, avec ou sans uniformes. Je lescrois remplis de mauvaises intentionsalors qu’ils sont là pour protéger le cor-tège des manifestants. Ce sont les angesgardiens de la contestation. Si, parfois, ilslâchent des gaz lacrymogènes, ce n’estcertainement pas pour nuire mais sim-plement pour mettre un peu d’ambianceet, s’ils se mettent à cogner, c’est parceque nous avons dépassé les bornes deslimites. Nous sommes de grands enfants,nous avons besoin de quelques bonnescorrections. S’ils frappent un peu fortsparfois, ce n’est pas par méchanceté maissimplement pour gagner leur vie et assu-rer le gîte et le couvert à leur famille. Etmoi qui ose leur chanter «Allez, lesgars…», je ferais mieux de les remercierde m’avoir remis dans le droit chemin etde les féliciter pour leur tolérance et leurmodération.

En effet, dans bien des pays, les flicsn’hésitent pas à tirer sur les manifestants.Et je trouve encore le culot de me plain-dre, de crier à l’injustice sociale. Quelingrat je fais, je suis vraiment un pasgrand-chose, un enfant gâté, unOccidental repu qui réclame le ventreplein. Si j’avais un peu de dignité, jeprendrais exemple sur ces peuplesfuyants la guerre et la famine qui s’entas-sent sous des toiles de tente trouées ; tousces affamés qui voient dans un simplebol de riz bien plus qu’un festin. Lamisère des pays du tiers-monde, c’estaussi de ma faute. Je ne donne pas assezd’argent aux organismes caritatifs. Je megave sans retenue en engloutissant mestrois repas tous les jours. Je mange trop,j’ai des flatulences ; le trou dans lacouche d’ozone, ne cherchez plus, c’estmoi.

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CITOYENNISME

Je suis coupable !

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chant des oiseaux en suivant du regard lacourse des nuages. Je ferais bien mieuxd’aller faire mes emplettes au centrecommercial que le président a ouvertexprès ; j’y serais au chaud et à l’abri et ensécurité grâce aux vigiles et à leurs chiensqui ne mordent que les voleurs.

Mais que voulez-vous, je suis un fai-néant. Je me compromets dans les viceset l’oisiveté engendrés par la société quidélaisse le travail au profit du culte desloisirs. Je m’offre sans complexe le luxede la culture et des rapports humains.L’insécurité et la décadence morale de lasociété trop permissive, c’est encore moi.

L’autre jour, je suis tombé malade, çadevait finir par m’arriver à force de sortirsans bonnet ou sans écharpe. J’ai attrapéune bonne grippe avec une fièvre de che-val. Au lieu d’attendre sagement que çapasse en buvant un peu d’eau, j’ai

consulté un médecin qui m’a prescrit untraitement à base de comprimés, sirop etautres suppositoires. Presque tous mesfrais ont été pris en charge par la Sécu. Jen’ai même pas ressenti le moindreremord, au contraire j’allais beaucoupmieux après ma cure de médicaments.Vous voyez, j’ai aussi pillé les caisses del’assurance-maladie.

Il y a quelques années, lorsque je mesuis retrouvé au chômage suite à unlicenciement économique, et déjà biendénué de tout scrupule, j’ai accepté sansfaire d’histoires les largesses que lesAssedic, dans leur immense générosité,ont bien voulu m’octroyer. Ainsi, plu-sieurs mois durant, je me suis rendu cou-pable du crime de grasse matinée alorsque la France qui se lève tôt allait trimerpour nourrir le méchant parasite quej’étais devenu.

rendez-vous compte, je mangeais àma faim et je n’allais pas gagner macroûte à la sueur de mon front. De plus,je le confesse, l’usine ne me manquaitpas. Ah, je devrais crouler sous le poidsde la honte d’avoir pillé l’argent public.

Je prends, je prends et je ne donne pasassez à mon pays. Je suis un prédateur,un accapareur des biens de la collectivité.Si vous vous demandez encore d’où vientle déficit du fonds d’indemnisation deschômeurs, ne cherchez plus.

Ainsi, je réclame votre plus grandesévérité, soyez impitoyables. Je ne mériteaucune indulgence. Je n’ai aucune cir-constance atténuante. Envoyez-moi aubagne à perpétuité, j’y connaîtrai le sortque je mérite et y retrouverai toutescelles et ceux de mon espèce.

STéPhANE

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L’association limousine des usa-gers de la santé ([email protected]) organisait uneconférence le 16 février 2012,à l’espace Cité de Limoges, avec la venue d’André Grimaldi,diabétologue à la Pitié-Salpêtrièrede Paris. Le professeur Grimaldiest le coauteur du «Manifestepour une santé égalitaire et soli-daire ».

LE PréAMBuLE de la Constitution de laVe république stipule que la préventionde la santé est une mission régalienne del’état. Au vu de la façon dont nos conci-toyens concevraient désormais cettemission régalienne de l’état, un référen-dum sera-t-il utile pour en terminer ledémantèlement ?

Le système de santé français était lemeilleur de la CEE jusqu’en 2000.Aujourd’hui, il dégringole à la 7e placesur 33 pays membres : la crise de fonc-tionnement et celle de l’adaptation à laconcurrence n’ont pas encore totalementruiné ce qui avait été solidement cons -truit en 1945.

La Sécurité sociale (avec les mutuelleset assurances privées) gère la médecinede ville, depuis le conventionnement desmédecins en 1971 ; et l’état devait s’oc-cuper de l’hôpital public. L’augmenta -tion de 3 à 4% du prétendu déficit de laSécurité sociale s’explique par des non

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Aujourd’hui les mutuelles entrent enrésistance : elles couvrent 20% du coûtadministratif (25% pour les assurances,5% par la Sécurité sociale).

Or, si les besoins de santé paraissentillimités, on ne choisit pas d’être malade :la médecine de proximité doit se déve-lopper pour intervenir dès les premierssymptômes. La prévention mérite uneprise en charge collective, si elle estadaptée à la psychologie des malades.

Les investissements publics et des fon-dations privées ont été centrés sur lesmaladies graves, où les progrès techni quessont indéniables, alors que les maladieschroniques continuent leurs ravages(15 millions de personnes en souffrent).

En Alsace-Moselle, le système mutua-liste est équilibré et diminue même sescotisations. Cet exemple prouve, sibesoin était, à quel point ont été torturésles chiffres globaux sur la santé enFrance.

En 2007, la mise en place d’un bou-clier sanitaire par Martin hirsch(rackettant les mutuelles), la «CMu» etla généralisation des franchises sonnentle glas de la Sécurité sociale.

Bizarre que les médicaments géné-riques coûtent ici deux fois plus cher quedans le reste de l’Europe…

Les médicaments inutiles (Médiatoret autres) doivent être supprimés.

André Grimaldi clôt son interventionsur sa spécialité : le diabète, qui repré-sente 12 % des coûts de la Sécuritésociale, alors qu’il existe de nouveauxmédicaments (pour lesquels il n’existepas encore d’études sur la longue durée).

La spécialisation des soins ne va passans une prise en charge globale des usa-gers. Elle implique un travail en équipesde toutes les disciplines.

La recette, afin de préserver sa bonnesanté dans la jungle du droit de laSécurité sociale, reste en premier lieul’humour : merci à ce grand mandarind’aider à déjouer toutes ces chinoiseries !

ENVOyé SPéCIAL LVQ…

cotisations (régimes particuliers, parexemple l’armée) et des versementsd’entreprises non encaissés.

Giscard lance la privatisation dusystème de santé. La politique derégulation a été mise en place dès1975 : dépenser moins (rationalisa-tion des remboursements) et aug-menter les recettes (taux descotisations). L’orien ta tion libérale (lejeu du marché et des plus gros profitspour les laboratoires pharmaceu-tiques) planifie la casse de la Sécuritésociale.

En 1980, le secteur II est lancé. Il incite en 1983 à la grève des chefs de cliniques : d’où des dépassementsd’honoraires « conventionnés » pourles spécialistes et un forfait hospita-lier à la charge des malades.

Le budget global de l’hôpital publicinstauré en 1983 (et renouvelé régu-lièrement par les gouvernements)sera remplacé en 2004 par un vote del’Assemblée nationale. Malgré lesrestrictions et déremboursements, larésistance acharnée des citoyens pourleurs hôpitaux surprend les techno-crates.

En 2007, la franchise médicale estinventée et les patients payent pourles cliniques privées : vive la concur-rence libre et non faussée ! Lesurgences sont devenues le serviceamortissant ces politiques de gri-bouilles.

La révolution doit se faire à traversle vocabulaire. Il ne faut pas accepterla parole truquée venant du gouver-nement.

Les maladies

de notre systè

me

de santé

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LES MÉDIAS se sont largement faitl’écho des ravages causés par lesporcheries industrielles enBretagne : l’épandage de dosesmassives d’engrais azotés et delisiers provoque la dégradation de la qualité des eaux : étangs,rivières avec prolifération des algues bleues.

CE QuE L’ON CONNAîT MOINS, c’est latentative de redéploiement de la filièreporcine en Limousin : dossiers déposésindirectement par des industriels bre-tons.

Entre 2001 et 2005, le tribunal admi-nistratif de Limoges a annulé de nom-breuses autorisations administrativessuite au combat mené par les associa-tions locales de défense de l’environne-ment avec l’aide de juristes.

hélas le lobby de la «bidoche» ne dés-arme pas aussi facilement ! Le dernierdossier en instance de jugement auprèsdu tribunal est celui de la porcherie deFrais-Marais à Folles en haute-Vienne.

Plus de 1 000 porcsLa porcherie de Frais-Marais est implan téesur la commune deFolles. Fin mai 2011, elleproduisait 1 230 porcs par anet 766 m3 de lisier étaientépandus sur une surface de 79hectares, elle est actuellement laseule source de pollutionsur ce site. Il n’y a pas d’au-tres rejets des collectivitéslocales, ni aucune indus-trie. Seul l’épandage deslisiers et de doses mas-sives d’engrais azotés peutêtre retenu comme cause dedégradation de la qualité des eaux.

Inspectée en octobre 2010, la porche-rie présentait 25 points de non-confor-mité en ce qui concerne la sécurité, lagestion de l’eau et les nuisances sonores.

Il s’agit d’un site naturel en queue del’étang du Pont-à-l’Âge sur l’Ardour,rivière qui abrite des frayères à saumonet des moules perlières d’eau.

Ce site est proche de la Zone naturelled’intérêt écologique faunistique et flo-ristique et de la zone Natura 2000 de laGartempe.

On a faim !LES MAuVAIS réSuLTATS d’analyse del’eau demandés par les associationslocales inquiétaient les riverains maisrien n’arrête les pollueurs : un projetd’extension voit le jour ; les éleveursdemandent l’autorisation de construireun bâtiment d’élevage industriel de1 200 m2, correspondant à 1 500 placeset une production de 4 000 porcs par an.Le dossier déposé prévoit également que60% des effluents (2 600 m3 par an)seront épandus sur la commune prochede Saint-Pierre-de-Fursac.

D e p u i sl’autorisation enmai 2009 du per-mis de construire par le maire de Folles etl’opposition des associations de défensede l’environnement se sont succédé:

• en juin 2010 : ouverture d’uneenquête publique,

• en septembre : premier échec de laprocédure contre la porcherie,

• en décembre 2010 : remise à la pré-fecture d’une pétition de plus de 1000signatures,

• en août 2011 : nouvelle demande depermis de construire,

• en avril 2012 : le tribunal administra-tif doit de nouveau se prononcer surcette autorisation d’extension.

Tenez bon les petits cochons, La vachequi… est avec vous !

SAGNA

D’après le site de Nature et patrimoine duLimousin.

À Folles ils ont perdu la tête !Du cochon à la bidoche…

Où l’élevage a cédé la place à la production animale

POLLUTION

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e«Genrer» ou déranger la langue?

Il est une idée qui a l’air de faireson chemin et qui consiste à gen-rer un texte afin de donner, pré-tendument, plus d’égalité auféminin face à ce masculin systé-matique. Dans le langage oral ouécrit, ce néologisme « genrer » etson fondement ne me dérangentpas. En revanche, il saute auxyeux que le masculin reste prédo-minant.

ExEMPLE, que font les manifestants(tes)masqués(es) si nombreux(ses) ? Jamais,que font les manifestantes(s) mas -quées(s) si nombreuses(x) ? Je trouve,aussi que, parfois, ça alourdit la sponta-néité de la lecture. Mais, ne rien changer,me trouble aussi, beaucoup. Alors, sij’écris : que font les manifestants etmanifestantes masquées, si nombreuses ?Là, j’entends déjà mugir ces féroces lec-teurs dans nos campagnes.

– Et alors les correcteurs et correc-trices ont-elles perdu la tête ?

À cela je rétorque correctrices et cor-recteurs n’ont pas perdu la tête, ils se sontcontentés de laisser l’auteur de l’article,choisir d’accorder au féminin ou au mas-culin, suivant que le dernier substantifest féminin ou masculin. Com men cez-vous à percevoir où je veux en venir ?Allons-y, jouons un peu : une meute deloups(ves) affamés(es) ont dévoré forceproies effrayées. Maintenant, une meute,quelques mâles et nombreuses louvesaffamées ont dévoré lapines et lapinseffrayés… Ça n’est pas si mal non plus ?Ça a même un certain charme. Dansl’oralité aussi on pourrait s’amuser : lamaîtresse vit que les petits garçons et lespetites filles étaient prêtes à rentrer,toutes frigorifiées. En quoi ça dérange, àpart les sabreurs et les goupillonneurs dela chose établie.

Si nous, anars, libertaires, décidions

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GENRE

que nous pouvons changer les chosessans attendre après ces vieilles badernesde l’Académie française (mouroir deluxe) qui désirent surtout ne pas changerquoi que ce fut à quoi que ce soit. Etencore moins attendre quelques change-ments des cuistres médiatiques qui s’au-toproclament journalistes alors qu’ils nesont que des animateurs pourvoyeurs demensonges. Ainsi ces jours-ci j’ai encoreentendu évoquer la journée de LAfemme (cette entité). Mieux, voici unephrase qui vaut son pesant d’amandes(j’aime pas les cacahuètes) : «Déjà quepour les hommes c’est difficile de se faireune place dans les médias, pour la femmec’est encore plus compliqué. » Oui, nouspourrions choisir la liberté et la poésie,nous mettrions à mal les carcans. Tout enrestant lisibles, nous pourrions déciderde la dé-masculiniser sans pour autantl’émasculer, cette langue.

J’entends, dans le lointain, un sempi-ternel refrain. Celui entonné par ceux-làqui veulent que rien ne bouge. Jamais !Dans bien des domaines ! Il y a des pro-blèmes plus urgents ! Allons, lesquels ?Tous sont urgents, quand il est questionde débattre d’un changement profond desociété. Serions-nous devenus des vieuxchnoques rabougris à attendre que laretraite passe en critiquant les jeunes, enparticulier des banlieues (dit-on) qui,eux, se sont fait leur propre langue ? Je neparle pas du langage SMS, je parle decette oralité qu’ils illustrent de leurscodes verbaux. Pensons-en ce que l’onveut, mais je l’entends reprise, cettelangue, par la petite-bourgeoisie qui, elle,n’en fait qu’un tic plaisant et condescen-dant. Croit-elle ! Certains lexicographessoutiennent ce genre d’évolution langa-gière. Bien des mots, argotiques en leurtemps, sont aujourd’hui rentrés dans lesmœurs, en particulier, ceux importés parles gars revenus des Bat’ d’Af ’ (toubib,ramdam, salamalecs, etc.) Quant au faitqu’il y a des problèmes plus importants,il me paraît évident que donner sa placelégitime au féminin avec le masculin

dans la langue française, si ça ne changepas les mentalités en profondeur, ça aurapour avantage de dérouiller nos neu-rones racrapotées par l’endormissementdes habitudes. Ce qui complique unelangue l’enrichit !

Au sujet des causes qui seraient plusurgentes, je donne celles-ci : 300 enfantsmeurent chaque minute de malnutritiondans le monde (derniers chiffres esti-més). Chez nous, comme on dit, deuxenfants, chaque jour, enmorgués du faitdes violences familiales. Chaque deuxjours, une femme meurt sous les coupsde son compagnon, l’inverse se produitaussi, mais dans de biens moindres pro-portions. Pour ce qui concerne les coupset blessures, le chiffre est d’une femmesur dix qui porte plainte. Et surtout n’ou-blions jamais que l’ennemi, c’est l’autre :l’étranger. Nous, nous savons laver notrelinge sale en famille. Tout cela, oui, méri-terait notre attention. Là, oui, c’est grave.révoltant ! Minable ! Terrible ! Mais enquoi le fait de nous approprier notrelangue, afin de lui donner plus d’équili-bre, parce qu’il faut bien le dire, elle estpour le moins bancale, en lui octroyantsa part de féminité que, paraît-il lesgonzes revendiquent à l’intérieur de leurêtre profond – ça ne mange pas depain… en quoi, donc, cette idée feraitque d’autres sujets pâtiraient d’unmanque d’attention? Puis on peut biens’amuser, non?

Pourquoi pas, aussi, adopter l’idée que,quand un groupe est constitué d’unemajorité féminine, on accorderait tout auféminin ? Ça se fait déjà, et, curieuse-ment pour les emplois mal rémunérés,exemples : les infirmières (ça ne choquepas, même si l’on sait qu’il y a des infir-miers). Les assistantes maternelles. Lesinstitutrices. Les aides-soignantes. Lesfilles de salle. Les femmes de ménage.Ah, là, il y a un bémol, au masculin, çadevient homme d’entretien. En revancheon parle de chirurgiens, de magistrats.

En langage courant, dans les cam-pagnes, les exemples sont nombreux.

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Ainsi un troupeau de moutons, dit-on.Certes ! Mais demandes au berger, il teparlera de ses brebis ! À la ferme, lesoir, on enferme les poules et on panseles vaches. Ce qui ne veut pas direqu’on laisse les coqs dehors, ni que leberger ne compte pas avec ses béliers,et encore moins, qu’on laisse le taureaucrever la dalle. Mais voilà commentc’est dit. C’est la majorité qui prend lepas. Bien entendu je ne m’abuse pas, jesais bien que c’est guidé par la réalitééconomique. Les vaches font le lait etles veaux. Les poules pondent, cou-vent, guident leurs poussins. Itou pourles brebis ou bien les chèvres. Maisalors, nous, pauvres humains, ce sontbien les femmes qui, quand elles lesouhaitent (espérons-le), portent lesenfants. Me semble-t-il ? Alors ce quiest bon pour un troupeau de vaches nele serait pas pour un attroupement denanas. Quand bien même il y eutquelques mâles au milieu ? Alors amu-sons-nous et saisissons-nous de lalangue pour lui faire vivre cette réalité.C’est pas un gisant en granit cetteaffaire, merde !

Moi ça me plaît de penser que l’onpourrait tenter le coup, tout au moins auniveau de quelques parutions libertaires.Bien évidemment je ne voudrais pas quel’on aille penser qu’il serait dans monintention d’imposer quoi que ce soit, jelance juste une bouteille à la mer.

C’est vrai qu’un immense pas vers plusde mansuétude pour les femmes a vu lejour ces temps-ci. En effet dans les plushautes sphères de l’état, avec uneimmense bonté, et ce, afin de mettre défi-nitivement à mal les inégalités femme-homme, il fut décidé ceci, et n’ayons paspeur des mots, l’idée est révolutionnaire :Mesdames, à partir de maintenant, pasplus tard que tout à l’heure, et incessam-ment sous peu, vous ne serez jamais plus,Mademoiselle. Quel progrès que ce fou-tage de gueule, venu de si haut  que çadonne le tournis. un petit pas pourl’homme, un grand pas pour l’humanitédes femmes. En revan che, le législateur, ce

teurisé(e), encloquisé(e), accou chen -tisé(e), étiqueté(e), empaqueté(e), expé-dié(e), réceptionné(e), mortisé(e),enterré(e), crématorié(e). étant donnéque je fus célibataire, marié, séparé,divorcé, pacsé, séparé, et aujourd’hui céli-bataire dans le sens de vieux garçon(comme on disait), je coche toutes lescases. Parce que, qu’est-ce que ça peutleur foutre ta vie privée. Déjà que noussommes numérodesécuritésocialisé dès lanaissance et que l’on persiste, à côté, à tedemander ta date de naissance, ton lieude naissance, ton sexe, toutes chosescontenues dans le susdit numéro. C’estquoi, à part courtelinesque, ce truc de,madame, monsieur, le numéro de sécucommence par 1 ou 2, ce qui définit tonsexe. Que fait-on des transgenres, qui nese reconnaissent pas dans ce que l’on veutleur imposer comme genre, masculin,féminin? Et puis il n’y qu’à pucer leschiards à la naissance, mais si ! Pour leur

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machin quasi évanescent, vous accorde ledroit, dans la vie courante, de choisir quel’on vous appelât, Madame ou Made -moiselle. Ils sont fous, auraient-ils perdutout sens commun? Le droit de choisir ?Ainsi commence l’anarchie : on lâche labride sur le col et tout va à vau-l’eau.Qué misère ! Nous autres les hommes nerestons, jeune homme, que chez le bou-cher ou devant l’étal du marchand delégu mes au marché de plein-vent.

– Et pour le jeune homme, ce seraquoi ?

Là, j’ai le poil qui se hérisse, je reni flel’arnaque commercialo-foutage degueule. Je ripe les galoches immédiat.Sans blagues !

Ce qui reste guignolesque dans cettehistoire de madame et plus mademoi-selle, c’est qu’à la ligne en dessous dumadame, monsieur, on persiste à te fou-tre, célibataire, marié(e), divorcé(e),séparé(e), pacsé(e), homogénéisé(e), pas- :

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sécurité, pour ne pas qu’on puisse lesvoler. C’est plus pratique qu’un portablecollé à l’oreille dès la maternelle. Avouequ’en plus ce serait du plus chic, tu ren-tres quelque part, passant sous un por-tique, tu entends une voix nazillarde(c’est exprès, c’est pas une coquille), tedire, bonjour Geneviève Duchemin.Bonjour Gaston Duchantier. Terminécet anonymat, cette solitude insupporta-

ble. Puis, ainsi pucé, plus besoin de voi-sins vigilants, ni pour les vioques de bra-celet machin qui rassurent la famille. Onsaurait en permanence où tu es et ce quetu fais. Je crains de n’être que juste unpoil en avance. Ce n’est pas tant la naturequi a peur du vide, c’est l’état totalitaire.À propos j’avais espéré dans l’espéranto :il m’a désespéré. Qu’une femme nepuisse être qu’un non-homme, ça me

gerce les cuisses parce qu’encore une foisles femmes comptent pour queutchi etbalpo (en espéranto suffixe-in- suffitpour féminiser à partir du masculin).

C’est pourquoi, en attendant, on pour-rait s’amuser avec la langue écrite.

GABAr

22

GENRE

:

Les féministes por-tent souvent sur lesfemmes qui se pros-tituent un regard oùse mêlent mépris etcompassion pourcelles qu’elles jugent

victimes d’une société machiste. Ce livre réédité enpoche et paru dans les années 1970 bouscule les cer-titudes conformistes, c’est un prodigieux hymne à lavie et à l’amour… écrit dans un style poétique et pleind’énergie qui nous transporte dans un univers sensuelsans tabous.il s’agit d’un roman autobiographique écrit par unefemme échouée à munich dans les années d’après-guerre avec ses enfants et son amant noir qu’elle aarraché à un asile psychiatrique en suisse.Paria fugitive avec ses quatre enfants et son amantfou, elle se prostitue pour survivre et nous conte sadérive entre les campements de rescapés tziganes,les bars et boîtes de jazz pour Gi’s noirs et les trafi-quants de came. Avec elle nous découvrons l’enversmisérable du décor d’une Allemagne en pleine recons-truction.Grisélédis Réal deviendra une des meneuses de larévolution des prostituées, de ce qui l’a aidé à survi-vre elle fera une militance revendiquant un rôle socialde la prostitution sans cacher son côté sordide. ellefondera une association de défense des prostituées« Aspasie ».elle affirme que la prostitution peut être un choix,une décision sans contrainte. en écrivant que « la

prostitution est un acte révolutionnaire », qu’elle est« un art, un humanisme, une science » elle provoque laréaction violente du milieu petit-bourgeois dont elleest issue et qu’elle a toujours opposé à celui destsiganes avec qui elle a vécu en Allemagne.On peut contester ses prises de positions, mais il estdifficile de résister à la violence lyrique de son récit,ce mélange singulier d’onirisme, de scatologie et d’hy-perréalisme. extrait :« J’ai toujours aimé les Noirs.Le noir, couleur du mystère, s’inscrit dans l ’ombre detoutes choses et les pénètre comme un philtre, les rame-nant à la grande nuit des origines. La race noire estbénie, elle exalte sur le poli de ses corps de basalte lerenoncement à la lumière et la chaleur nocture où toutesles souffrances viennent s’anéantir…Moi je suis de race gitane. J’aime la nuit et son haleineinvisible qui donne à l ’univers un espace sans limites. À six ans, on m’assit sus les genoux d’un infirmier noir,dans un hôpital d ’Alexandrie. Le visage du Noir immobile scintillait au-dessus de sa blouse blanche et lagrande douceur de ses mains posées sur moi m’enleva la douleur… »

sAGnA

Nota : Pour vos bouquins choisissez un libraire indépendant, un deceux qui résistent contre les Fnac et autres grandes surfaces qui ali-gnent les best-sellers comme des boîtes de haricots… ou si vraimentvous n’avez plus un sou, inscrivez-vous dans les bibliothèques limou-geaudes entièrement gratuites.

Grisélidis Réal, « Le noir est une couleur »(Gallimard, Folio)

d

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Creuse-Citron, notre frère qui êtes en Creuse, que votre ardeurà redresser l’information soit sansfaiblesse ! Que votre vaillance perdure longtemps ! Ah men and Women !Longtemps déjà, faut l’faire… huit ans de dénonciations, d’informations, de critiques, de réflexion…Canardeau de la Creuse libertaire : respect !

CREUSE REBELLE

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Nouvelle et 4E édition

du festival Bobines rebelles • 8 et 9 juin«Le documentaire social sedistingue du documentairetout court et des actualitésde la semaine par le point devue qu'y défend nettementson auteur. Ce documentairesocial exige que l'on prenneposition car il met les pointssur les i. s'il n'engage pasun artiste, il engage aumoins un homme. Ceci vautbien cela. et le but seraatteint si l'on parvient àrévéler la raison cachéed'un geste, à extraire d'unepersonne banale et dehasard sa beauté intérieure

ou sa caricature, si l'on par-vient à révéler l'espritd'une collectivité d'aprésune de ses manifestationspurement physiques. et cela,avec une force telle que,désormais, le monde qu'au-trefois nous côtoyions avecindifférence, s'offre à nousmalgré lui au-delà de sesapparences. Ce documen-taire social devra nous des-siller les yeux.»

Jean Vigo (1905-1934)

Tout le programme sur le site de Bobinesrebelles Creuse.

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Des collectifs limousinss’essaient à l’improvisation

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VOIX, MUSIQUE

Deux associations limousinesexpérimentent les domaines de l’improvisation libre*. L’une, La Luette agile, concernela pratique vocale, l’autre,Ortanz, plus tournée vers la pra-tique instrumentale même si desvoix y participent à part entière.Une rencontre a eu lieu entre plusieurs membres de ces associa-tions et La Vache qui…, dont plusieurs activaches meu-glent allégrement dans ces expéri-mentations. Voulant garderl’esprit de l’improvisation, les participants, Aurélie, Marc,Claudine, Mathieu, Carine etAlain sont partis de jeux, cada-vres exquis et exercices d’écritureautomatique, pour amorcer ludi-quement leur réflexion commune.

L’ improvisation ?

J L’improvisation, c’est d’abord uneprésence. Tu es présent à ce que tu esdans tous les possibles. L’improvisationc’est ça, tu ouvres le champ des possibles.C’est la question du jeu de l’enfant, lui, ily croit vraiment quand il joue au gen-darme et au voleur.D Il n’est pas dupe non plus mais il le

vit, il se laisse traverser.J Il se laisse modifier, comme le jeu

est un mécanisme de transmission debase, il se laisse transformer par ça.L’impro, c’est le temps de la modifica-tion. Tu fais un pas en avant et tu neconnais pas encore la texture du sol. Tu

ne sais pas si tu vas te mettre à courir, àmarcher, à sauter, à rebondir, à chuter.I Ça, c’est dans l’idéal. Moi j’ai une

idée de ce qui va se passer quelquessecondes avant.J On peut aussi se donner

cette liberté-là. C’est justes’ouvrir à l’imprévisibleÇa me pose plein de

questions. Est-ce qu’onpeut improviser tout seul?D Tu n’es jamais tout

seul. Tu peux être un sup-port de circonstances construitpar toute ton éducation, ton envi-ronnement… Et à un moment, tu terends disponible, tu acceptes d’être tra-versée par les circonstances, d’essayerd’être accordée, l’idée de justesse, ça vaavec la présence.D Une personne sonne juste, vibre

tout le monde entend la vibration…Comme pour le duende dans le fla-menco.A Ce qui m’intéresse dans l’improvi-

sation est tout ce qui peut sortir de toi,l’inconnu en toi, être bousculé, bousculerles autres. C’est aussi l’échange avec lesautres, la rencontre.Qu’est-ce que les autrespeuvent t’apporter. Si oncoince un moment dansl’impro, face au vide – du rienou trop de tout –, les autresautour peuvent te sortir de là,te nourrir, tu peux leur faireconfiance, ne serait-ce qu’enleur laissant la place. Tonego n’est plus seul, il estdiminué par l’ego des autres, par ce tra-vail qui est un travail collectif.M Quand j’improvise avec les autres

j’accepte qu’ils amènent des choses queje n’attendais pas. Quand j’improviseseul j’essaie de me mettre dans la mêmeposition, j’accepte qu’il se produise deschoses que je ne prévois pas et de

construire dans l’instant avec les chosesqui émergent ou qui n’émergent pas.J’adore les deux mais je ne fais pas forcé-ment une hiérarchie. Par contre je penseque la position de l’improvisateur est la

même. Avec la même exi-gence.

J Tu es dansle plaisir d’êtreà l’affût de ceque les autrespeuvent propo-ser et apporter.I Dans ses

inter actions, le groupejoue aussi avec les prises de

pouvoir, l’autorité…Lors d’un stage avec Jean-Claude

Guil lonnet, dans le premier trio auquelje participais, le batteur, qui venait dufree-jazz, a joué à fond du début jusqu’àla fin, et nous, les deux autres, on disait«on fait quoi » ? On lui a fait compren-dre qu’il a été complètement totalitaire,il n’a pas écouté les autres. Avant decommencer il avait mis ses boules Quiès.D Il tapait comme un sourd !I Je me rappelle d’une impro magi que

qu’on avait faite à Amba zac.On était dix, on a tous

réussi à trouver notreplace dans l’écoute.

Sans que ce soitun combat pour

la trouver. Mais jepeux très bien me dire

que c’est parce qu’Untela pris le dessus et qu’on a

bien voulu le suivre, il peut yavoir du pouvoir de ce côté-là.A Ce n’est pas du pouvoir, justement.

Le pouvoir est une contrainte. Ici c’estl’acceptation de suivre quelqu’un dans cequ’il propose avec la contrepartie qu’à unmoment il passe la main, qu’il est capa-ble de sentir ce moment, laisser la place.L’impro est le partage de ces moments

Sous le tapisl’ improvisation

favoriseavec délicatessele mensonge

n’y voyez pasd’offense

Dans lecreuxdel’oreille

un

chuchotement distinctmâcheetremâcheavech

asardl’im

provisation les années bissextilesycompris.

B

D

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avec les autres en fonction de ce quechacun sait faire, au-delà de la tech-nique, peut offrir en essayant au maxi-mum d’abolir les rapports de pouvoir,

d’autorité, de hiérarchie,sans nier qu’il y a des

person-nalités plusou moins fortes.M Il y a la dimen-

sion que je peux jouer dans l’impro toutce que je ne vis pas dans la vraie vie, ouque je vis dans la contrainte. Je peuxjouer à être totalement asservi et quelpied d’être asservi à quelque chosequi te plaît, qui fait du son.Tu es derrière et tu nefais que soutenir…D Sans aucune

con séquence…�Que le plaisir

d’être dans la musi -que ! Et si à un autremoment je trouveque ce n’est pas bien,que ça roupille, je peuxfaire péter ça en acceptantle risque que quelqu’un me dise :«oh oh mollo ! ».J L’impro te permet de développer

des capacités de perception polysenso-riel, d’écoute qu’on n’a pas forcémentdans le quotidien.D Ou qu’on met de côté.J Tu es obligée de développer cette

écoute, cette attention, de faire des choixdans l’instant pour construire quelquechose, trouver une forme, qui est labile.Cet instant est juste. Et ce rapport àl’oralité et à l’instantanéité m’intéresse.Ce n’est pas pour ça que ça ne laisse pasde trace dans ceux qui sont récepteurs.M Ce qui me paraît intéressant dans

ce que tu dis est la distinction entre laperception – c’est-à-dire ce que l’onreçoit et comment on réagit à ce qu’onreçoit – et nos capacités techniques à

réaliser des choses. Autant sur ces capa-cités techniques on peut avoir un cer-

tain nombre d’idées autant c’est difficile d’avoir

une éva luation surnotre percep-

tion.C’est met-

tre en cons cience cequi se passe dans legroupe. Cette conscience du groupe quiest travaillée par l’écoute. Tu vois qu’il ya un truc qui va bien mais tu y verraisbien quelque chose d’autre, alors tu vasmettre ça en plus et du coup tu attends

qu’il y ait un effet de groupe,qu’on te suive. La consciencedu groupe dans l’impro çapermet plein de choses, ycompris contrer l’effet degroupe dans lequel onpeut se faire embringuer.C’est un beau pied-de-nezà ce qui peut se passer dansnotre réalité du langage

courant car l’impro est aussiun langage, c’est une manière de

communiquer.D L’impro est un espace où

on s’affranchit de ces rap-ports de domination. On serend disponible àl’écoute, il y a uneforme de dilution del’ego. On est dansun truc où ondisparaît. Tu parlais du rien. Il y a uneforme de dérision.De jeu.D De jeu pur comme dans l’en-

fance. Ça n’existe qu’une fois. Letruc est d’être complètement présentau moment où ça se produit, de sedétacher de ce qu’il y avait avant, dece qui va venir.I Et de soi.

D C’est un peu vertigineux, quandc’est là, ouaouh c’est bon. Il y a une sorted’ivresse qui naît de ça. Une vraie expé-rience d’égalité.MPour M. Tout-le-Monde l’impro c’est

le jazz, les matchs d’impro en théâtre, maisen fait l’impro libre ce n’est pas connu. Le

côté génial est que, en expli-quant que l’impro,

c’est du jeu,qu’on n’apas de tech nique àsoumettre, tu peux rapide-ment générer des velléités d’essayer chezdes gens qui ne connaissent rien.D Il y a une part d’enfance.�La barbarie féconde de l’enfance

disait Pina Baush.J Une manière d’apprendre et de

découvrir de nouvelles choses.D L’impro existe depuis toujours. La

vie commence comme ça. Enfant, tuimprovises, pour apprendre à parler tuimprovises. Tu gardes des choses, tuélagues. C‘est ça que j’ai ressenti quandje suis venue la première fois à la Luette.J’avais l’impression de mettre des chaus-sons, de retouver ma part d’enfance,retrouver ce jeu-là.

I� Pas de révélation mais une conti-nuité, une porte qui s’ouvre et qui

continue à être là, dont je me sai-sis et qui fait partie de ma vie

maintenant.D C’est une part desoi qu’on décide de

ne plus étouffer. Une poche d’oxy-gène, ça change la vie concrètementau quotidien.

*On distinguerait l’improvisation libred’autres formes d’improvisation, jazz,baroque, en musique contemporaine ou tra-ditionnelle, par l’absence de structures prédé-finissant un cadre d’improvisation – commedes grilles d’accords en jazz –, autre qu’uneéventuelle consigne de départ librementchoisie.

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IMPROVISATION LIBRE

Soudainle roi éliraadroitement

l’ improvisationavec grandiloquence

Dansla loge

du gardienl’ improvisation

détricotepassionnémentl’enfance de l’artpour l’envolde la fin

Dans l’arrière-cour l’ improv

isation en

tonne passablement un silence pour savoir pourquoi

A

D

M

Il’impro part du rien

donc de tout

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écriture automatique

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IMPROVISATION

Son. La sauvagerie et l’innocence. La traversée du désert

insondable un son de tous les diables Vauvert de rage

dedans. Si tu veux traverser les émotions en toute innocence

avec l’étrange apparence de l’étranger, le baragouin du ber-

bère idoine surgissant au-delà du berceau, inarticulé, désar-

ticulé, le doux babil où tout se peut, se meut, se veut, te rendras-tu où tu ne le sais ?

Se u l o u e n gro up e active r sa p ré se nce afin d e se

m e ttre à im p rovise r. Se laisse r alle r à la su rp r ise

d ’un e cré atio n dan s l’in stan t. Jo u e r ave c l’é m e r-

ge nce e t la ré m in isce nce d e so n s d e so n h isto ire

d ’é co u te , e n tre sp o n tan é ité e t co m p o sitio n so u s

in flu e nce . So m bre , lé ge r, co m p le xe , ré p é titif,

co lo ré , bru itiste , le s p o ssible s ap p araisse n t, s’é to f-

fe n t o u se d é lite n t, le te m p s q u e l’o n p artage , la

du ré e d e ce tte co n structio n à l’é co u te . To n , so n ,

bru it, cr i, siffle m e n t, no te s, m o ts à e n te nd re , àvo ir, à vivre , à do nn e r.

C’est pas ga

gné… on dit

échec mais c’e

st trop cou

rt

la liberté so

nne l’heure

du ricoch

et. Va voir

par là moi

je m’occupe

de l’intend

ance. Le s

ouffle, on re

spire,

on tousse.

Y aurait-il

de l’inspirat

ion? Soit r

ien et puis

l’associatio

n fait qu’il fa

ut bien en f

aire quelqu

e chose.

Alors on c

ompte sur la lib

erté pour g

uider le pe

uple.

Alors je po

usse nos n

énés en am

ont et je so

uffle,

on tousse

et… on improvis

e.

Extérieur, joie de l’autre, nomadisme, ouvrir des fenêtres,pas mentir.Fragment d’un instant – frag ment– Mobile home suspension, légèreté, se déplacer dans l’espace au risque falaise penteplongeon à la vie à la mort même pas peur.Communiquer, partager, expurger,rager, traces des autres.Involontaire, pas fait exprès, sortir de la boîte, du crâne ou des tripes, se surprendre, surprendre.Fragilité, fragrance.

En vérité il est question d’un

partage qui cherche une

composition aléatoire avec ce

qui pousse, surgit au travers

des murmures, murmurages.

Enfin si l’écriture se veut

improvisée il me faudrait par-

tir par le terme de patate

choisie de manière aléatoire.

Celui-ci partagé par le

groupe pourra se transfor-

mer, s’entendre autrement au

gré des explorations : patates,

parades, paradis et finir en

composition goûtue et inat-

tendue révélatrice d’une

vérité et là les sons sont là.

Une idée du mouvement de langue comme promotion

inquiétant de l’instantanéité. Je veux dire dicté avec

des fautes et du zéro, du rien, du vide, du silence,

chut, encore, encore, donne, d’où viens-tu, donne

du bruit, du bruit pas pour décorer, du brut, de la

bête, on se moque du vrai, du faux, pas de mystique

ni de mythique, pad du pulsion, de l’écoute que coûte

ce moment. Sortir de l’esthétique alors passer par

la contrainte pour sortir, soit ta poche de ta langue,

saute dans cette piscine, ce bouillon d’inculture.

et

AAAA

DB

Point d’orgue, collage Alain Brühl

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VOIX, MUSIQUEDEPUIS 2006, la Luette agile œuvre dans ledomaine de l’improvisation vocale. Elle est née descendres du collectif l’Oreille électronique, afin depoursuivre les expériences de l’atelier d’improvisa-tion. Que pourrait-on dire de la Luette agile ?Que c’est d’abord un atelier où cent fois, on

retourne sa liberté dans sa bouche et qu’à force dela faire tourner, elle finit par gagner tout le reste ducorps. Que parfois, elle y brûle un peu la langue.Que tout y est permis, du cri au chuchotement

en passant par la parole et le chant.Que ce n’est pas une chorale, non plus qu’une

troupe de théâtre, non plus qu’une bande de poètes, niqu’une bande derigolos, mais que c’estun peu tout ça à lafois. Deux fois, troisfois, à quatre je sauteà cinq on recom-mence et ne saitquand reviendrons.

Les «Luettes » se réunissent les dimanches soir, de 20 à 22 heures à la Maison du peuple, rue Charles-Michel à Limoges.Renseignements : 06 62 72 63 60Et avec Ortanz, il y a aussi un atelier de danse

improvisée tous les mardis de 20 à 22 heures au gym-nase du Clos, rue Paul-Valéry à Limoges.

A AAA

B

I II I A AAA II I

ORTANZ, association basée sur Limoges, a pour but le développe-ment de l’improvisation en Danse et en Musique à travers sa pra-tique, sous forme d’ateliers, à travers sa diffusion, par le biais deconcerts et de performances.

Ortanz est née d’un souci d’improviser ou encore de composerdans l’instant par le biais de langages différents (musique, danse,etc.), dans un dialogue permanent entre soi et l’environnement exté-rieur, dans un jeu aussi risqué que grisant, d’inventer en faisant ce qui

s’écrit, de rendre lisible ce quiest déjà là…

«La relation à l ’instant et àl ’irréversibilité des choix que nousfaisons, la découverte enf in deleurs conséquences surprenantespour nous et pour les spectateursposent un climat de risques et detensions qui est peut-être la toilede fond dramaturgique de toutepièce improvisée. Chaque seconde

est suspendue à la seconde suivante et le sens du mouvement, d’une parole,d’un choix peut changer de perspective dans l ’instant qui suit. »

STÉPHANE ELS

Contact : [email protected] à retenir :• samedi 7 juillet, après-midi de performances dans le parc du château

Saint-Roch à Ambazac ;• samedi 11 août, ferme ouverte aux visiteurs et à l ’improvisation,

Les Nègres, Saint-Symphorien-sur-Couze.

TarabustesLa chronique d’Örti,

activimproviseur d’Ortanzsur les musiques improvisées

QUE LA SAUVAGERIE L’EMPORTE ! Quel -qu’un dans l’immeuble, écoute du Bachfenêtres ouvertes. Un autre fait du baroufavec des tôles, merde, on entend plus leclavecin… Fin, ça sonne pas si mal cestôles. Le téléphone, ça coupe… Desoiseaux métalliques passent et des cli-quetis proches attirent mon oreille quin’a pas de paupière et capte tout… Dessilences… entrecoupés de voix au loin.

Une lame de fond roule, avance et desvibrations plus fortes, plus près, vrombis-sent, ça part…Improbable retranscription de ce que

distille ce disque de France sauvage, triorennais : un batteur-moissonneur debruits, un claviériste, saxophoniste, brui-colleur de son, et un alchimiste dénudédu câble et fouineur d’ondes quoti-diennes oubliées. France sauvage parled’une civilisation morose, la France, et yrajoute sa sauvagerie, où le rire vousprend autant que l’introspection flippée.Leurs concerts, improvisés, sont sou-

vent prenants et peuvent faire sombrerdans une transe hallucinée. Ces gens

sont érudits de musique et leur enthou-siasme s’étend au-delà de leurs presta-tions. Ils produisent des disques via leurlabel, Larsen commercial, et organisentdes concerts sur Rennes où ils invitent denombreux groupes de cette scène desbas-fonds. Parce que, disons-le, ça tient àl’énergie du désespoir, celle de l’anti-chambre de la « culture à tout prix », oùl’envie de singularité repousse les éti-quettes et se gave d’ivresse…

Örti

France sauvage, Couper les tchou tchou.Labels : Larsen commercial, les potagersnatures, Bimbo towerhttp://francesauvage.blogspot.com/

La Luette agile, photo Aurélie Gatet

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À Limoges, à Vincennes, à Toulouse, etc., les institutions « garantes de la paix sociale »montrent leur visage, ô combiendifférent, selon la couleur de votrepeau, votre catégorie sociale etvos idées…

Toulouse, tels des requins le jour dupoisson d’avril, des fachos débarquent àune vingtaine sur les lieux d’une fêtepublique (place Arnaud-Bernard) envociférant «Toulouse hooligans » et eneffectuant des saluts hitlériens. l’en -semble des personnes présentes réagitvivement et repousse les assaillants quiavaient commencé à attaquer la terrassed’un café et les clients d’un kebab.

en repartant, car n’aimant pas sedéplacer pour rien, ils s’en prennent à unjeune Chilien qui doit apparemment sasurvie à l’intervention d’un passant. lavictime, hospitalisée dans un état coma-teux, souffre de multiples fractures de laboîte crânienne et d’une paralysie tem-poraire des membres.

Plus tard, une partie des gens quiviennent de se faire attaquer placeArnaud-Bernard décident d’allerdemander des comptes aux fachos et serendent à leur local. Ils n’ont pas letemps d’arriver à la porte que la policeles accueille au flashball, contrôle lesidentités, procède à une fouille et effec-tue des interpellations. Quatre per-sonnes sont libérées dans l’heure ; quantà la cinquième, elle est restée en garde àvue jusqu’au lundi midi.

Que fait la police ?lImoges, à la même date, le patron dubar Le Duc Étienne et un employé ont eu

droit à la démonstration de force d’éner-gumènes du même type.

Après une réunion de la section locale,Vincent gérard, président départemen-tal, et trois militants FN se rendent dansce bar. Apparemment, selon un témoin,ils sont excités et l’un d’eux tient unebatte de base-ball ; ils profèrent un flotde propos haineux… le patron intervientpour les calmer.

Quelques minutes après des policiers etla Bac, aussi accueillis à coups de batte,interpellent le militant armé ; ses com-parses se débarrassent d’une matraquesans être vus et s’en vont. la place sem-blant avoir retrouvé son calme, le patrons’apprête à fermer le bar. les assaillantsreviennent à la charge dont Vincentgérard avec un couteau. le patronesquive son attaque, mais prend un coupde matraque au visage par un second mili-tant. Ils seront arrêtés plus tard et compa-raîtront devant le tribunal le 19 juillet.

Mais que fait la police ?le patron et le salarié du bar portentplainte. le groupe de policiers accueillischaleureusement par les fafs, lors de lapremière intervention, n’a pas jugénécessaire d’en faire de même.

Étonnant quand on connaît leurpromptitude à porter plainte et obtenirdes ITT (interruption temporaire de tra-vail) parce qu’ils ont été « agressés » parune personne récalcitrante à se faireembarquer.

Que fait la justice ?lImoges fin février : un jeune rappeuren comparution immédiate est condamnéà deux mois fermes pour avoir mis, surYou Tube et son blog, une chanson, dontle refrain était : «soit tu te casses, soit tucrèves », les paroles visent personnelle-ment un policier qui officie au Val de

l’Aurence. Quartier où habite le rappeuret dont les rencontres, avec le policier,étaient plutôt houleuses, comme on peuts’en douter.

en tout cas, pas sûr que d’être derrièreles barreaux ne lui donne pas matière àécrire une chanson du même genre surles matons.

VINCeNNes, juin 2008 : nombre d’entrenous se souviennent du centre de réten-tion en flamme, beaucoup moins dessuites et des inculpés accusés d’y avoir misle feu. Parmi eux, m. slaheddine elouertani. lors de son passage à Fresnes(sept mois), il se fait tabasser par un codé-tenu qui partage sa cellule. Ce dernier «nesupporte pas les Arabes, les musulmans» ;comme par hasard le directeur était aucourant et ce prisonnier avait déjà étéchangé de cellule pour les mêmes motifs.Évidemment, le directeur nie…

Quant à m. el ouertani, il a été inno-centé du chef d’accusation pesant contrelui, mais garde le souvenir de son passageà Fresnes étant handicapé à vie, à la suitedu tabassage (voire également de lamanière dont il avait été amené à l’am-bulance : assis sur une chaise portée pardes surveillants)…

Mais que fait la justice ?elle traîne. m. el ouertani porteplainte. en avril 2010, juges d’instruc-tion, procureur, cour d’appel renâclent :lenteur, oubli de répondre, refus desinvestigations réclamées par l’avocat ou,tout simplement, refus d’instruire.Quant au tribunal administratif, auquell’avocat demande un million d’euros, ilne se presse pas davantage. le ministrede la Justice, lui, nie toute faute et refusela moindre réparation.

sY.

TOUS ÉGAUX ?

Police, justicedeux poids, deux mesures

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L’Algérie NOSTALGIE COLONIALE

CINQUANTENAIRE de la fin de la guerred’Algérie oblige, France 2 a ouvert le feuavec le documentaire Guerre d’Algérie,la déchirure, présenté à 20 h 35. on nousannonce, dès le début, que les archivesont été colorisées, choix à priori très dis-cutable. Images d’archives donc qui sontl’essentiel du film, accompagnées par unevoix off qui ne laisse pas un moment derépit et raconte l’histoire à sa manière.et c’est bien là que le bât blesse.

Dès l’ouverture, on sait que le point devue sera exclusivement français. laséquence qui accompagne le génériquenous montre des Algériens faisant sauterun train. les terroristes sont clairementmontrés du doigt. la violence est ducôté du FlN et la séquence suivanteachève de nous en convaincre, avec lesimages des familles éplorées derrière lescercueils, après les premiers attentats denovembre 1954, déclencheurs d’uneguerre qui va mettre l’Algérie à feu et àsang pendant huit ans. mais, entendons-nous bien, les responsables de cettemontée en puissance de la violence, cesont les Algériens qui, déjà, en mai 1945à sétif, ont assassiné, violé, coupé lesseins des femmes. le film s’appesantirasur les crimes perpétrés par l’AlN, sansjamais mettre en lumière les spoliationset exactions commises par le régimecolonial. Au contraire, le commentairesoulignera la bonne volonté de la France,

le rôle humanitaire des sAs qui, sousl’impulsion de soustelle, vont s’efforcerde faire la « conquête des cœurs » ! et si,à un moment, on arrive à un point denon-retour, c’est parce que le FlN arépondu à la « générosité » et à « la maintendue  » des militaires par la violence.Alors, il est normal que «  la répressionmilitaire soit à la mesure du choc ». Avecde telles phrases, on n’est pas loin de jus-tifier toutes les horreurs commises. lefilm en dénonce quelques-unes mais dubout des lèvres et parce qu’il n’est paspossible de les passer sous silence. mais,très vite, on s’efforce de les justifier  : lebombardement de sakiet sidi Youssef,d’accord, c’est terrible, mais ne pasoublier que c’était une base de repli del’AlN. et les attentats aveugles du FlNsont vite mis en avant. en revanche, onne voit pas grand-chose des exactionscommises par les 8000 paras de massulancés dans la bataille d’Alger.

Certes, on ne peut pas tout dire en1 h 50. mais tant qu’à adopter un pointde vue français, pourquoi ne pas évoqueraussi les résistances à cette guerre. legénéral de Bollardière est seulementcité. mais rien sur Henri Alleg et sontémoignage dans la Question qui, bienqu’interdit, fit pourtant grand bruit àl’époque. Rien sur ceux qui sont mortssous la torture comme le jeune mathé-maticien maurice Audin dont le corps

ne fut jamais retrouvé. Rien sur les sol-dats du refus, insoumis et déserteurs. Pasplus sur Fernand Yveton, guillotiné alorsque François mitterrand était ministrede la Justice, seul européen condamné àmort et exécuté alors qu’il n’avait ni tuéni blessé qui que ce soit. surtout, ce filmest malhonnête dans la mesure où il nedit jamais que les Algériens ont eu raisonde se révolter et où il conforte lesFrançais dans l’idée que nous étions là-bas chez nous. Il y a encore beaucoup dechemin à parcourir avant que nous aban-donnions notre regard de colonisateur.

Guerre d’Algérie, la déchirure degabriel le Bomin et Benjamin stora.Voix off  : Ked merad, France 2012,2x55’.

Heureusement, d’autres films ont euune approche plus juste, en particulierPalestro, Algérie : histoires d’une embus-cade de Rémi lainé, s’appuyant sur l’en-quête menée par la jeune historienneRaphaëlle Branche qui co-signe cedocumentaire et permet une lecture dif-férente d’un événement trop longtempsinstrumentalisé. mais le film a été dif-fusé à 22 h 35, qui plus est sur Arte, unechaîne dont l’audience est bien plus fai-ble que France 2.

DANIèle

L’ASSOCIATION MÉMOIRE À VIF orga-nise une soirée sur l’Algérie «Combatsd’hier, résistances d’aujourd’hui », lemardi 15 mai à 20 heures au cinéma LeLido de limoges, avec la projection detrois films, en collaboration avec la 7e

Décade Cinéma et société, co-organiséepar Peuple et Culture Corrèze et Autourdu 1er mai (tarif unique : 5 euros).

Jacques Charby, porteur d’espoir demehdi lallaoui, France 2008, documen-taire, 52’.

le film est le premier volet du trip-tyque « en finir avec la guerre…d’Algérie », autour de portraits defemmes et d’hommes aux itinéraires etengagements très différents. Ce sont,pour la plupart, des histoires occultées ou

peu abordées, comme celle de JacquesCharby, comédien de talent, qui s’estengagé dans le réseau Jeanson. mort le1er janvier 2006, le film est un hommageposthume à son parcours étonnant.

Octobre noir d’Aurel et Florence Corre,France 2011, Animation, 12’.

« 17 octobre 1961 à Paris. Cinq jeunesgens, Algériens et Français, sont en routepour manifester pacifiquement contre lecouvre-feu instauré par le préfet de policemaurice Papon. Pour malek, elle est signed’espoir d’un avenir pour sa génération enFrance. saïd, lui, y trouve l’occasion d’ex-primer sa frustration. les trois Français,eux, manifestent pour une France respec-tant sa devise républicaine. Tous se lan-cent, confiants, dans les rues de Paris…»

Mollement, un samedi matin de sofiaDjama, France-Algérie 2011, fiction, 28’.Avec laëtitia eido, mehdi Ramdani ;Prix sACD et ACse au FestivalInternational du Court-métrage deClermont-Ferrand 2012.

«Dans l’Alger d’aujourd’hui, où toutsent la déliquescence, une jeune femmebelle et libre peut-elle être considéréeautrement que comme une prostituée ?et que faire, face à «un violeur défail-lant » ? Fiction à la limite du documen-taire, court-métrage qui laisse uneempreinte plus forte que bien des longs-métrages, chute de l’histoire aussi inté-ressante que peu prévisible : une granderéussite que ce premier film franco-algé-rien. » martine Delahaye, Le Monde, 29-30 janvier 2012.

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gRâCe Au TRAVAIl de Josiane garnotel,bibliothécaire historienne (résidant enCreuse) et aux éditions maiade, LesSouvenirs et Aventures de ma vie delouise michel, parus peu après sa morten 1905 sous forme de feuilleton, dans lejournal La Vie populaire, sont rééditéspour la première fois.

Ce livre, agrémenté d’une cinquan-taine d’agréables illustrations, est la pre-mière partie des aventures de lacommunarde. en introduction, note estdonnée aux lecteurs que certains pas-sages sont peut-être de la plume d’unjournaliste et que certains faits ont puêtre romancés. mais qu’importe : la qua-lité du résultat est là ! Pour ma part, j’aiaisément retrouvé l’écriture passionnée,épique et tourmentée de l’auteur, ce stylecapable de susciter de bien vives émo-tions. louise michel souffrait en effetautant pour la misère humaine que pourun animal maltraité (les anecdotes sur lamort du chien mouton à la prisond’Auberive ou encore le supplice infligésaux albatros par les matelots sur LaVirginie en témoignent).

Au commencement du récit, le lecteurest directement plongé dans la foliemeurtrière de la semaine sanglante de laCommune de Paris (22 au 28 mai 1871).Comme souvent analysé par la suite,Thiers, le président de la IIIe

République, a tenu à faire durer le mas-

sacre. Parmi les nombreux simulacres deprocès qui suivirent ces tristes momentsd’inhumanité, louise brava ses juges endemandant la mort mais, eux, qui nevoyaient en elle qu’une «ogresse… undémon» la condamnèrent à la déporta-tion en Nouvelle-Calédonie.

là-bas, louise n’abandonne pas salutte contre les injustices ! Dés son arri-vée, elle se bat sans relâche contre lacouardise infinie de l’administrationpénitentiaire.

De sa rencontre avec le peu-ple kanak, soi-disant «des sau-vages », naîtra une grandeaffection réciproque. louisereprendra sa fonction d’institu-trice pour leur faire la classe endépit des interdictions et, poureux, au risque de la sanction dufouet.

Ainsi, ces nouveaux cama-rades apprirent rapidement lesleçons prodiguées par la grandeproscrite, mais commencèrentaussi à prononcer des mots queles gardes chiourmes et le gou-verneur ne goûtèrent absolu-ment pas !«Toi peux me faire battre, mais

jour viendra où Canaques tue-ront oppresseurs. »

Viendra d’ailleurs ultérieure-ment la révolte des Kanaks,

événement tragique parmi d’autres péri-péties passionnantes… mais je préfèrevous laisser le plaisir de la découverte.

en 1880, l’amnistie générale est décré-tée. lorsque louise quitte son îled’océanie, elle pleure de devoir abandon-ner ses amis kanaks qui se tiendront surle rivage tant que le bateau restera en vue.

Après un passage par sydney, le voyagede retour vers la France se dessine…

Vivement la suite ! sÉB.

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LECTURES

Disparition des ouvrières

les ABeIlles désertent les ruches… unlaboratoire d’une multinationale d’agro -ali mentaire s’installe dans une vallée ita-lienne qui pourrait ressembler au Val desusa pour y faire des recherches mysté-rieuses.

on retrouve un cadavre dans la maisond’un militant écolo. Près du corps, unpapier : «Révolution des abeilles ». lacommissaire simona Tavianello inter-

rompt ses vacances pour comprendre cequi se trame dans cette vallée.

Police politique, services secrets, toutle monde s’en mêle pour lui barrer laroute et brouiller les pistes.

mais quel secret terrible cache cettevallée ?

extrait :«De ses ancêtres slovènes, elle avait

conservé les formes dodues, le caractère doux,la touffe dorée et une langue longue, apte àinlassablement lécher, sucer, aspirer, mais leshominidés mâles doivent ici interrompreleurs phantasmes répugnants car elle étaitaussi munie de deux antennes coudées com-

portant douze articles poilus et surtout d’undard convenablement chargé en venin. Sonjabot était chargé de nectar à éclater, il étaittemps de rentrer et quand l ’Apis Carnicas’envola, la pelote de pollen jaune orangécalée dans le panier de poils était si grosseque des grains tombèrent sur un pistil dontle destin de producteur d’un marron quifinirait glacé était maintenant signé. »

Reviendront-elles bientôt butiner nos utopies ?

La Disparition soudaine des ouvrières,serge Quadruppani, éditions du mas que,2011.

Louise Michel en Nouvelle-Calédonie

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L’auteur ne reste jamais inoc-cupé… Il consacre une partie deson temps à préparer l’émissionde radio bordelaise Achaïra(émission du Cercle libertaireJean-Barrué sur La Clé des ondes,90.10 FM, un jeudi tous les 15 jours de 21 à 23 heures). Et ça n’est pas rien ! Entre autres choses, il participeà la revue «Réfrac -tions » et à des réunions avecl’Association desréfractaires non-violents à la guerred’Algérie.

« … les ANARCHIsTessont toujours des minori-taires parmi les minori-taires, dispersés etinefficaces. où est le pro-blème? Chi lo sa ? »

et pourtant c’est bien sa famille. Il voitl’anarchisme comme un chemin,non comme un but.

«Pour moi les organisations nesont que des outils, utiles mais pasune fin en soi. Je me méfie de cesorganisations qui deviennent dessortes d’Églises. mais je ne suis pascontre les organisations. Par exem-ple, je suis toujours syndiqué chezles correcteurs. »

Après Ma chandelle est vive, je n’ai pasde dieu et Être anarchiste oblige, AndréBernard nous propose ses critiques de

livres, revues ou articles –pesés, soupesés, estimés,commentés. une soixan-taine de textes qui fontréfléchir. C’est le but ! Desclassiques – de Kropotkine(L’Entraide, L’Éthique), demakhno (Mémoires etÉcrits) aux plus récentespublications (Alternativesnon-violentes de décembre2011) et Les mots qui fontpeur, vocables à bannir de laToile en Chine chez l’In -som niaque) par exemple.Passionnant !

Pour finir, on trouve la contributiond’André à l’atelier «Violence-non-vio-lence» prévu lors de la Rencontre juras-sienne d’août 2012 à saint-Imier ensuisse. «Questions pour douter, affirma-tions à nuancer, négations pour préciser »exposées en une trentaine de points ;voici l’un d’eux : «Nous – anarchistestout autant que d’autres –, en avons assezde traîner les casseroles de la violenceanarchiste. un tournant doit pouvoir êtrepris vers des voies nouvelles qui neseraient cependant ni électoralistes niétatiques. » on a bien affaire à un non-violent récidiviste. solysomBRA

André Bernard, Chroniques de la dés-obéissance et autres textes, ACl, 2012, 280 p., 16 € (et en plus, c’est un superbe bou-quin !).

Désobéir, toujours, avec la non-violence

Bilan : incarcération pour plusieursmois du frère d’Isa, puis à nouveau deDamien. Paris, 14-24 mai : procès de ces«terrorisés» aux dossiers désespérémentvides de preuves.

Infokiosques.net/mauvaises intentions

Racket

m. ClAuDe guÉANT a fait instaurerune taxe de 110 € pour chaque dépôt dedemande de titre de séjour, somme quine sera pas remboursée en cas de refus.

À quoi sert cet impôt nouveau?1. Au financement des Collectifs de

sans papiers ?2. Aux biberons de giulia Bruni ?3. Au recrutement de policiers ?(La bonne réponse, c’est toujours la 3 !)

Brûler les prisons

PARIs, janvier 2008 : arrestation deBruno, Damien et Ivan, qui se rendaient àune manif contre les centres de réten-tions. Fouille des sacs à dos. saisie defumigènes et d’un poinçon («bombes àclous» pour le juge antiterroriste !). Bilan:deux jeunes en détention et un encontrôle judiciaire.

Vierzon, quelques jours après : arresta-tion par des douaniers d’Isa et Farid.Fouille de la voiture. saisie d’un Manuelde sabotage et du plan d’une prison pourmineurs.

Ratissage de l’entourage de ces «anar-cho-autonomes». la sous-direction anti-terroriste cherche fébrilement dessaboteurs de caténaires…

Tous endettés

le 5 AVRIl DeRNIeR, maurizio lazza -rato, auteur de La Fabrique de l ’hommeendetté, était venu à limoges, pour uneconférence du Cercle gramsci et duCAC87 (Collectif pour un audit citoyende la dette publique).

la crise financière va amplifier lesravages toxiques de la dette.

Qui paiera pour les spéculateurs :1. la BCe et le FmI?2. les grandes banques aux profits

gigantesques ?3. les pauvres, retraités, travailleurs

(de plus en plus précarisés) ?[Comme en Argentine ou en Islande,

n’est-il pas temps de nous organiser pourrendre insolvable l’État ?]

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32IPNs

La vache qui…Vous avez envie de nous rejoindre ou de nous contacter :

[email protected]

Pour nous soutenir financièrement, chèques à l’ordre de Pain noir, en indiquant au dos «la vache qui…» et l’adresser à : la vache qui…

c/o undersounds, 6, rue de gorre, 87000 limoges

Où nous trouver?limoges :

• undersounds, 6, rue de gorre• Teddy Beer, 22, rue Delescluze

• Page et Plume, 4, place de la motteeymoutiers :

•librairie Passe-Temps

Eh oui, pour les plus de 40 ans,c’est la fille de Jean-rogerCaussimon, et elle a plus d’unecorde à son arc. De la comédie, elleest passée à la chanson avec brio !Elle a sorti trois albums : Foliesordinaires, Je marche au bord, Lemoral des ménages.Avec un sens aiguisé de l’observa-tion elle compose ses chansons.Sur scène, elle nous entraîne dansson univers poétique, décalé, caus-tique… Elle passe de la tristesse àla dérision, chante l’amour, la mort,la guerre, pointe avec humour nostravers. une interprète au talentindéniable.

3e tour social à Ambazac (salle des fêtes )

Bernard FRIOT

chercheur économiste sociologueprésentera son livre « L’enjeu du salaire »

lors d’une conférence–débat le 16 mai à 20 heures

et animera une journée de for-mation d’éducation populaire

sur l’enjeu du salaire le 17 mai (9 h 30-16 h 30)

organisée par le comité d’Ambazac terre de Gauche

Participation libre. Auberge espagnolepour la journée du 17 mai

renseignements : 06 87 32 42 46

AGENDA

Agendadispersé

pages 23, 27,29, 32

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Chansons qui piquent

VVeennddrreeddii 2255 mmaa ii

àà 2200 hheeuurreess

auditorium BFM2, place Aimé-

CésaireLL iimmooggee ss

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Vendred

i 25 mai

20 heure

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2, place

Aimé-Cé

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Limoges

DU 8 AU 12 AOÛT 2012 se tiendra àsaint-Imier ( JuraBernois, suisse) unerencontre internatio-nale entre libertairesde tout poil, et toutepersonne désirantfaire connaissance ouconnaître davantageles différentes mou-vances anarchistes.

Ce « mondial del’Anarchisme » seraen fait une commémoration de la Pre -mière Internationale anti-autoritaire quifut organisée en 1872 en réponse àl’Internationale de marx. Depuis, lemonde a passablement changé, du moinssous certains angles, les courants liber-taires ont su évoluer avec le temps. Cetterencontre en sera une image. une choseest sûre, le temps n’a en rien diminuél’oppression des puissants vis-à-vis desplus faibles. Cette rencontre exposera demultiples moyens de résistance sous desformes variées et diverses.

http://www.espacenoir.ch/~ch/index.php/politique/editos/31-rencontres-internatio-nales-anarchistes-2012.html

FErmE ouvErtE aux Nègres (voir page 12), près de thouron, le samedi 12 mai àpartir de 14 heures. visite guidée,démonstration de traction animale,

apéritif musical et, à 20 heures, lecture enmusique de textes de Giono.

Le cercle Gramsci inviteGilles Clément (célèbre

jardinier creusois) à débat-tre à partir de son texte« L’alternative ambiante ».

Samedi 23 juin à 20 heures (salleBlanqui 3, derrière la mairie deLimoges) • Entrée libre.

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