AVERTISSEMENT · 2014-07-21 · ... Un tee-shirt blanc ? Mademoiselle en a des centaines ! ... Au...

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AVERTISSEMENT Ce texte a été téléchargé depuis le site http://www.leproscenium.com Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses droits. Cela peut être la SACD pour la France, la SABAM pour la Belgique, la SSA pour la Suisse, la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte. Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations ont été obtenues et les droits payés, même a posteriori. Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, MJC, festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation. Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs. Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

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la SACD Canada pour le Canada ou d'autres organismes. A vous de voir avec l'auteur et/ou sur la fiche de présentation du texte.

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festival…) doit s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer. Le non respect de ces règles entraine des

sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, mais une obligation, y compris pour les troupes amateurs.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

QUEL WEEK-END !

Comédie en 3 actes

de Philippe POUSSARD

Quel week-end ! Philippe POUSSARD

Les personnages

François LEPAGE : Architecte, plutôt nonchalant

Anne-Laure LEPAGE: sa femme, maitresse de maison

Marie : Leur fille

Fred : Petit copain de Marie , style “punk”

Josépha de la Rochelière : Cliente hautaine

Robert : le plombier, profiteur

Adèle : la femme de ménage sans gêne et dynamique

___________________________________________

Le décor

Salon assez chic. Petit canapé avec une table basse. Un ou deux meubles . Une table à dessin dans un coin. Cadres ou peintures aux murs. Un téléphone. Une petite télé. 1 porte d’entrée coté cour, 1 porte coté jardin ( cuisine , chaufferie etc…) 1 porte au centre ( chambres ) 1 maquette démontable et modifiable.

( La présente œuvre est soumise aux droits d’auteur comme énoncé dans l’article L111.1 du code de la propriété intellectuelle. De ce fait, la reproduction ou la copie même partielle est interdite sans l’autorisation de l’auteur et est répressible par la loi )

Date d’édition: 15 septembre 2011

Quel week-end ! 1 Philippe POUSSARD

ACTE 1

Lever de rideau

(Marie, seule , est en train de préparer sa valise )

MARIE : Alors ! . . . Pantalon, pull, chaussettes . . . Çà c’est bon. Sous-vêtements . . . C’est bon. Tee-shirt . . . C’est b. . . Beh ! Il est ou mon tee-shirt ? . . . ( elle cherche rapidement sur le canapé et sur la table puis appelle ) Maman ! . . . Maman !!!!!!!

( entrée d’Anne-laure coté jardin )

ANNE-LAURE :Ouh làlà , làlà ! Mais enfin Marie, pourquoi crie-tu si fort ? Que t’arrive-t-il ma chérie ?

MARIE : Une catastrophe !

ANNE-LAURE : Quoi? Tu as perdu ton billet de train ? On t’as volé ton argent ?

MARIE : Mais non , rien de tout çà, c’est bien pire !

ANNE-LAURE : (inquiète) Tu es enceinte ?

MARIE : Mais non ! Ne sois pas idiote ! Je ne trouve pas mon tee-shirt blanc ! Tu sais, celui que j’ai rapportée de New-York, j’y tiens !

ANNE-LAURE : ( soulagée ) Ah ! Rien que çà ! Bah ! Il ne doit pas être loin .

MARIE : Pas être loin ? Je viens de chercher partout !

ANNE-LAURE : C’est certainement la femme de ménage qui l’aura rangé. Elle est efficace mais très maniaque ! ( appelant ) Adèle ! . . . Adèle !!!!!

( entrée d’Adèle par la porte du fond )

ANNE-LAURE : Ah enfin !!

ADELE : Excusez-moi Madame , mais j’étais en train de repasser vos petites culottes ! ( au public ) J’peux pas être partout à la fois ! Vous avez besoin de moi ?

ANNE-LAURE : Oui. Marie ne retrouve pas son tee-shirt blanc. L’avez-vous vu, ou rangé par hasard ?

ADELE : Un tee-shirt blanc ? Mademoiselle en a des centaines ! Comment voulez-vous que je sache lequel c’est ?

MARIE : Mais si Adèle, vous savez bien ! Le tee-shirt avec écrit dessus « i love new-York »

ANNE-LAURE : Oui bref ! Avez-vous rangé un tee-shirt à Marie récemment ?

Quel week-end ! 2 Philippe POUSSARD

ADELE : Ah non ! D’habitude c’est moi qui range tout, c’est vrai ! et heureusement, sinon ce serait pire que dans les souks de Marrakech ! Mais là, ce n’est pas moi ! ( et levant la main ) Je le jure !

ANNE-LAURE : Bon, c’est bon Adèle. Arrêtez de jurer et baissez votre main, on est pas au tribunal !

ADELE : Je ne sais pas moi. . . Peut-être que Monsieur Lepage, il l’a pris ?

ANNE-LAURE : Enfin Adèle, que voulez-vous que mon mari fasse du tee-shirt de sa fille ?

ADELE : Oh ben je sais pas moi. . . Le mettre ! Il est tellement distrait, il en est capable, et en plus il s’en apercevrait même pas !

( Adèle remet 2 ou 3 choses en place et sort côté jardin )

MARIE : C’est pas vrai ! Je vais finir par être en retard, moi ! Fred doit déjà m’attendre !

ANNE-LAURE : Fred . . . J’ai quand même hâte de le connaitre ton petit-ami !

MARIE : Y a rien qui presse !

ANNE-LAURE :Non . . . Mais quand même, il y a déjà quelques semaines que vous vous fréquentez et . . .

MARIE : 6 ans, maman , çà fait 6 ans , pour être exacte !

ANNE-LAURE : 6 ans ? Déjà ? . . . Le temps passe vite . . . Et bien raison de plus ! Quand nous le présenteras-tu ?

MARIE : (gênée ) Plus tard . . . Quand tout le monde sera prêt . . . Il est . . .enfin, il est. . .

(elle est interrompue par l’entrée de François, côté jardin, du noir sur la figure et les mains et les essuyant avec un chiffon )

FRANCOIS : (triomphant ) Cà y est ! Je crois que j’ai réussi à réparer la chaudière !

ANNE-LAURE : C’est vrai mon chéri ?

FRANCOIS : Oui ! Un jeu d’enfant ! Finalement c’est assez simple ! . . . Je t’épate hein !

ANNE-LAURE : Oui ! Pour une fois que tu arrives à réparer quelque chose ! ... Tu es sur de n’avoir pas fait de bêtises ?!

FRANCOIS : Mais bien-sur ! . . . Enfin. . . Normalement. . .

MARIE : ( voyant le chiffon, réalise que c’est son tee-shirt ) Mais ? C’est mon tee-shirt ?!

FRANCOIS : (étonné ) Hein ? Quoi ?

MARIE : Papa ! Tu t’essuie avec mon tee-shirt ! ( elle lui arrache des mains et regarde le désastre ) c’est pas possible !

Quel week-end ! 3 Philippe POUSSARD

ANNE-LAURE : Ah ! Mais François ! C’est pas vrai !

MARIE : Comment je vais faire , moi, maintenant, hein ?

FRANCOIS : Bah c’est pas grave, c’est pas le seul que tu as !

MARIE : Oui mais celui-là, j’y tiens. . . Enfin, j’y tenais . . . Et puis j’ai plus rien à emporter moi maintenant !

ANNE-LAURE : Ne t’inquiètes pas pour çà ma chérie , je vais te passer autre chose ( elle sort au fond )

FRANCOIS : ( se fichant de la situation ) Alors Marie ! Et ce p’tit copain ? Quand est-ce qu’on le voit ? Moi j’ai hâte de le connaitre ce. . . Comment c’est déjà son prénom ?

MARIE : Cà fait au moins 15 fois que tu me demandes ! Fred ! Il s’appelle Fred ! Et je t’ai déjà dis Papa, il est « différent » . . . et je ne suis pas sûre que Maman soit prête à le rencontrer.

FRANCOIS : Bah ta mère elle est comme çà, un peu méfiante au début, mais au fond, tu sais . . .

( le retour d’Anne-laure coupe-court la conversation )

ANNE-LAURE : ( donnant à Marie un chemisier très voyant ) Tiens, prends çà ! Un de mes plus beaux chemisiers ! MARIE : ( faisant la moue ) Super ! . . . Aller, je file ! ( Elle le met dans son sac, le ferme, et embrasse rapidement ses parents ) Au revoir Papa ! Au revoir Maman ! ( Puis elle sort vite )

ANNE-LAURE : ( Nostalgique ) J’ai même plus le temps de lui dire au revoir à ma petite Fille . . .

FRANCOIS : ( souriant ) Petite fille . . . Elle a 26 ans , ta petite fille , Anne-Laure ! ( puis s’affalant sur le canapé ) En tout cas, on va pouvoir passer un week-end tranquille, au calme, rien que tout les deux !

ANNE-LAURE : Tu oublies que l’on doit passer le week-end chez les Patinski.

FRANCOIS : ( déçu ) Oh non ! J’y pensais plus à ceux-là . . . Et on ne peut pas repousser ?

ANNE-LAURE : Ca fait déjà 2 fois qu’on repousse.

FRANCOIS : Pffffff ! Lui, va encore nous raconter ses soucis gastriques et ses problèmes d’hémorroïdes pendant le repas ! Et elle, va nous montrer ses albums photos qui datent de l’avant-guerre juste au moment ou on voudra aller se coucher ! Comme d’habitude !

ANNE-LAURE : Oui, mais on n’a pas trop le choix, ils veulent que tu fasses les plans de leur nouvelle maison, et ils sont « généreux » , tu le sais bien !

FRANCOIS : Tu as raison . . . Qu’est-ce qu’il faut pas faire pour gagner sa vie !

( Entrée en trombe d’adèle, côté jardin )

Quel week-end ! 4 Philippe POUSSARD

ADELE : Madame ?! Monsieur ?! Y a plus d’eau chaude ! Et y a de l’eau partout dans la chaufferie ! Une vraie piscine !

FRANCOIS : Ah bon ? Vous êtes sure Adèle ?

ADELE : Oui, je sais faire la différence entre 20 centimètres d’eau et un sol sec quand même !

ANNE-LAURE : ( à François ) Je croyais que tu avais réparé la fuite ?

FRANCOIS : ( Nonchalant ) Ben je croyais aussi !

( Anne-Laure et François sortent, côté jardin ) .

ADELE : ( Restée seule, rigolant) Heureusement qu’il est bien meilleur architecte que plombier ! Incapable de changer un joint! Il a vraiment des pieds à la place des mains quand il faut bricoler ! ( voyant le tee-shirt) Ah d‘accord ! J’savais bien que c’était lui qui l’avait pris ! Mais j’pensais pas qu’il l’aurait utilisé comme çà ! Il aurait du faire artiste au lieu d’architecte, il aurait eu du succès avec çà ! Comment je vais faire pour nettoyer çà , moi maintenant ? ( elle met le tee-shirt dans une poche puis se met a faire du ménage )

( Le téléphone sonne, Adèle répond )

ADELE : Allô ? . . .Oh Bonjour Madame Patinski , comment allez-vous? Et votre beau-père va mieux ? . . . Ah d’accord . . . Mes condoléances alors. . . Je ferai la commission… Oui, merci. Au revoir Madame....Et bonne journée ! ( Elle raccroche et continue son ménage )

( François revient )

ADELE : Monsieur a réussi à réparer la panne ?

FRANCOIS : Non. . . Je crois que je vais appeler un plombier. ( Il prend un annuaire et compose un numéro )

ADELE : ( au public ) J’me demande bien pourquoi j’lui ai posé la question !

FRANCOIS : Allô ? Plombier 2000 ? Oui ! J’ai un petit problème de chaudière, pouvez-vous passer dans la journée ?. . . Oui ? C’est possible ? . . . Ah parfait ! . . . Alors, 2 impasse des mites. . . Voilà ! Merci à tout à l’heure ! (Il raccroche et s’apprête à sortir )

ADELE : Oh Monsieur ! Madame Patinski vient d’appeler, elle ne pourra pas vous recevoir ce week-end, son beau-père est, comme qui dirait, . . . décédé. . .

FRANCOIS : C’est vrai ? ( et visiblement content , il s’affale sur le canapé ) C’est le bonheur !!! ( il allume la télé ) ( Le téléphone sonne ) Voulez-vous répondre Adèle, s’il vous plait ?

ADELE : Oui Monsieur. Mais je suis votre femme de ménage, pas votre standardiste ! Faudrait pas que çà devienne une habitude . ( Elle décroche ) Allô ? . . . Bonjour Madame de la Rochelière . . .

Quel week-end ! 5 Philippe POUSSARD

( François se redresse )

ADELE : Oui. .. Monsieur est là,. . .

( François fait « non » de la main )

ADELE : Non, non , il n’est pas occupé ! Et pensez donc ! Quand vous appelez il est toujours enchanté ! . . . un instant, je vous le passe.

( François montre çà main comme pour une claque, Adèle lui sourit au nez )

FRANCOIS : Oui ? . . . Mes hommages Madame. . . Oui, bien sur ! . . . Ce matin ? ( paniquant ) Oui,. . . Oui . . . Pas de soucis. . . Oui, à tout à l’heure. . . ( Il raccroche ) C’est pas vrai ! Mais c’est pas vrai !

ADELE : Ah, un petit soucis ?

FRANCOIS : C’est terrible ! Madame de la Rochelière, ma plus grosse cliente , s’invite ici pour venir signer un important contrat.

ADELE : Et bien , c’est plutôt une bonne nouvelle ?

FRANCOIS : Non ! Parce que j’ai à peine terminé son projet, moi ! et elle arrive ce matin ! j’ai encore plein de détails a voir !

ADELE : Et pourquoi ne pas lui dire et reporter ? C’est pas compliqué çà, moins compliqué que la plomberie , vous devriez y arriver !

FRANCOIS : Je ne peux pas ma pauvre Adèle . . . je ne peux pas . . .Cette femme est productrice de films, et elle veut faire refaire tous ses bureaux !

ADELE : Et alors ? Je ne vois pas en quoi çà gêne pour reporter. . . ( au public) J’ai du mal à le suivre parfois ! J’me demande si ses neurones y tournent toujours tous dans le même sens!

FRANCOIS : Vous ne vous rendez pas compte ! Un projet à 5 millions d’euros ! . . . 5 millions !! . . . Je ne peux pas reporter. . . Je ne peux pas !

ADELE : Ah oui ! J’comprend mieux ! . . . ( au public) Les pépettes !

FRANCOIS : Oh là, là ! Va falloir que je finisse avant demain soir . . . Et que je fasse patienter Mme de la Rochelière jusque là. . . Et comment j’annonce çà à Anne-Laure, moi, maintenant ?

ADELE : Euh . . . Ben . . . C’est simple ! Avec des mots ?!

FRANCOIS : Ah, c’est malin ! Vous feriez mieux d’aller préparer la chambre d’ami, pendant que j’annonce les « réjouissances » à ma femme .

ADELE : Oui, Monsieur ! . . . Bon courage !!! (Adèle sort au fond , François lui fait la grimace et sort côté jardin )

(Un instant et Marie revient discrètement, accompagnée de Fred , coté cour )

Quel week-end ! 6 Philippe POUSSARD

MARIE : Y a personne. Tu vois bien, Fred, je te l’avais dis. Mes parents sont partis tout le week-end chez des amis, la maison est à nous !

FRED : Ouai. . . T’es sure de çà ? Parce que sinon on est mal ! Et puis, espérons qu’ils ne reviennent pas plus tôt . . . ( puis regardant autour de lui ) Pas mal la baraque ! . . . Pas du tout mon style ! , mais pas mal ! (il commence à toucher à tout )

MARIE : ( lui reprenant des mains ) Oui, beh pas touche , hein ! Ma mère est maniaque, si elle s’aperçoit qu’on a touché à ses affaires ce sera terrible ! Surtout qu’on est sensé ne pas être là.

FRED : Ouai ok . . . Tiens, D’ailleurs, en parlant de ta mère ! je ne comprend toujours pas pourquoi tu ne veux pas qu’elle me voit, ta mère.

MARIE : Euh. . . Comment te dire. . . Sur ce coup-là, c’est toi , qui n’est vraiment pas son style !

FRED : Ben quoi ? Il a quoi mon style ?

MARIE : Oh rien ! Moi j’adore ! Mais ma mère, beaucoup moins !

FRED : Je vois ! Elle, c’est plutôt le genre « petit bourgeois » en costard-cravate, coiffé sur le côté, avec une montre et une gourmette en or et des chaussures cirées à talonnettes.

MARIE : (souriant ) Oui, et en plus s’il peut être avocat, ou homme d’affaire, avec un compte en banque bien rempli, c’est le top !

FRED : ouai d’accord . . . Tout l’inverse de moi, quoi !

MARIE : Oui, tout l’inverse ! mais ce sont les gouts de ma mère, pas les miens !

FRED : Ouai . . . N’empêche que quand j‘y pense, tes parents, quand ils vont me voir, çà va pas leur faire un choc ?

MARIE : Si ! C’est bien pour çà que je les prépare progressivement.

FRED : ( s’assoit et mes les pieds sur la table ) En tout cas, c’est pas pour ce week-end ! Il a de la bière, ou du whisky à boire, ton père ? J’ai une de ces soif , moi !

MARIE : ( lui poussant les jambes de la table ) Ni l’un , ni l’autre ! Que du vin, une pleine cave, mais çà aussi, pas touche !

FRED : Ah Ouai . . . Que des grands crus je parie ! (Marie acquiesce ) Beh finalement, notre weekend, il va être bien calme : Y a rien à boire, faut rien toucher ( prenant le programme télé sur la table ) Y a même pas un grand prix de formule 1 à la télé ! Pfff, je sais pas ce qu’on va bien pouvoir faire . . .

MARIE : T’inquiète pas pour çà ! On trouvera bien une occupation ! Viens, j’vais déjà te montrer ma chambre ! Et le reste de la maison.

( ils sortent au fond. Un bref instant et François et Anne-Laure reviennent )

Quel week-end ! 7 Philippe POUSSARD

ANNE-LAURE : ( en colère ) Elle ne peut pas venir Lundi , ta cliente ? On doit passer le weekend chez les Patinski !

FRANCOIS : Ah beh çà tombe bien que tu en parles, c’est annulé.

ANNE-LAURE : Quoi ? Elle ne vient plus ta cliente ?

FRANCOIS : Mais si elle vient !

ANNE-LAURE : Pourquoi tu me dis le contraire alors ?

FRANCOIS : Mais non ! C’est le week-end chez les Patinski, qui est annulé.

ANNE-LAURE : Ah bon ? Qu’est-ce qui se passe ?

FRANCOIS : Une histoire de décès, un truc de ce genre.

ANNE-LAURE : Quoi? Ils sont morts ?

FRANCOIS : Ah non pas du tout !

ANNE-LAURE : Ben tu viens de me dire qu’il y a un décès !

FRANCOIS : Oui , mais c’est juste le beau-père .

ANNE-LAURE : Ah bon ! . . . Tu m’as fait peur ! J’croyais que c’était plus grave ! . . . Ca n’empêche pas que ta cliente, elle pourrait venir un autre jour, elle nous . . .

( interrompue par l’arrivée du plombier )

ROBERT : Bonjour M’sieur, Dame !

ANNE-LAURE : Allez-y, ne vous gênez pas ! Entrez sans frapper !

ROBERT : Euh . . . Çà fait bien 5 minutes que j’frappe !

ANNE-LAURE :Ah bon ? Rien entendue ! Et d’abord . . . Qui êtes-vous ?

ROBERT : Robert ! Plomberie 2000 ! Besoin d’un tuyau ? Robert a tout ce qu’il faut !

FRANCOIS : Ah oui ! Je vous ai appelé tout à l’heure. Vous avez fait vite, c’est très bien. Suivez- moi, je vais vous montrer le soucis (François et Robert sortent coté jardin )

ANNE-LAURE : Et bien, le weekend commence bien ! ( on frappe ) Entrez !

( Entrée de Josépha, une valise a la main )

JOSEPHA : ( hautaine ) Pourriez-vous m’annoncer , s’il vous plait ?

ANNE-LAURE : ( surprise ) Mais Madame . . .

JOSEPHA : ( l’interrompant ) Ou bien montrez-moi ma chambre, le trajet m’a épuisée !

Quel week-end ! 8 Philippe POUSSARD

ANNE-LAURE : Oh, vous devez être Madame . . .

JOSEPHA : ( la coupant ) De la Rochelière, Josépha de la Rochelière.

ANNE-LAURE : Oui, mon mari m’a dit que vous deviez passer.

JOSEPHA : ( surprise ) votre mari ? ( et riant) Oh excusez-moi ! Je vous avais prise pour la femme de ménage !

ANNE-LAURE : (sur le même ton ) Non ! Je suis Mme Lepage, Anne-Laure Lepage ! Je vous appelle Adèle, elle va s’occuper de vous ! (elle sort au fond )

JOSEPHA : Quelle femme sans aucun gout vestimentaire ! C’était à s’y méprendre avec la femme de ménage ! ( restée seule, elle fait le tour de la pièce ) C’est d’un vulgaire ici ! Je trouve tout ceci horrible ! Espérons que ses goûts architecturaux n’ai rien à voir avec la déco de cette pièce !

( Adèle arrive, du fond )

ADELE : Bonjour Madame, je viens à l’instant de finir de préparer votre chambre.

JOSEPHA : A enfin, ce n’est pas trop tôt ! J’ai failli attendre !

ADELE : ( au public ) j‘pouvais pas faire plus vite, ! Elle est chiante !

JOSEPHA : Vous dites ?

ADELE ( se reprenant) J’voulais que votre suite soit accueillante !

JOSEPHA : Ah très bien !

ADELE : Veuillez me suivre . (Adèle prend la valise et repart au fond, suivie de Josépha ) ( François revient, coté jardin, et va à sa planche à dessin)

FRANCOIS : Bon aller vite, il faut que je termine çà avant l’arrivée de ma cliente ! ( il trace et écrit, quelques traits avec application ) Voilà ! A présent, je vais aller finir la maquette, dans le garage ! Et tout sera prêt ! ( il sort coté jardin )

( Marie revient coté jardin, Anne-Laure du fond )

( Elles sursautent en se voyant mutuellement ) AAH !!!

ANNE-LAURE : Marie ?

MARIE : Maman ?

ANNE-LAURE : Mais . . .

MARIE : Vous n’êtes pas chez les Patinski ?

ANNE-LAURE : Non, c’est annulé, et tu vois bien que je suis ici ! , mais et toi, que fais-tu là ? Tu ne devais pas être avec Fred ?

Quel week-end ! 9 Philippe POUSSARD

MARIE : ( gênée ) Si . . . Et bien . . . Je le suis Maman. . .

ANNE-LAURE : Quoi?

MARIE : Fred est ici . . .

ANNE-LAURE : ( regardant autour , dans la pièce ) Tu te fiches de moi, là . Il est pas là !

MARIE : ( gênée ) Non , il est . . . Dans ma chambre. . .

ANNE-LAURE : Dans ta ch. . .Mais oui, bien sur , dans ta chambre ! . . . dans ta chambre ? Mais que fait-il dans ta chambre ?

MARIE : Mais rien. . .

ANNE-LAURE : Rien ?. . . Et pourquoi vous êtes ici ? Vous deviez être avec vos amis, non ?

MARIE : On voulait passer le weekend tous les deux, en amoureux, voilà !

ANNE-LAURE : ( s’asseyant ) Et bien, si je m’attendais . . . Et ton père, il sait que vous êtes là ?

MARIE : Non, tu es la première . . .

( Fred revient )

FRED : Dis, Marie ? J’aurais bien voulu prendre une douche, mais y a pas d’eau chaude. Tes parents sont pas radins à ce point-là quand même ?

( Marie lui fait des signes de tête pour montrer sa mère, mais il n’y prête pas attention )

Et puis dis donc ! Ta mère, elle est si abimée que çà par le temps ? Parce que , des p’tites crèmes de jour, des p’tites crèmes de nuit, de l’anti-ride, des couleurs pour les cheveux. . . Manque plus qu’une table de chirurgie esthétique !

( Marie insiste avec la tête )

Ben qu’est-ce qu‘il t‘arrive ? T’as mal aux cervicales ? Viens là , j’vais te faire un petit massage ! ( il aperçois Anne-Laure ) Oups !

MARIE : ( rapidement ) Fred, je te présente Anne-Laure, ma Maman. Maman, c’est . . . Fred. . .

( Anne-Laure reste sans voix et regarde Fred de la tête aux pieds )

FRED : ( bafouillant ) Bonjour Ma/man. . . Ma/dame.

ANNE-LAURE : Je . . . Je vais aller chercher ton père. . . ( et elle sort, déçue )

MARIE : Mais çà va pas ! Quelle idée t’as pris de déballer tout çà ?

FRED : Oh beh dis hey ! Déjà d’une, je l’ai pas vu et puis elle devait pas être là ! On était sensé être que tous les deux. Et de deux, elle a quand même une sacrée collection de produits de beauté en tout genre, j’ai pas raison ?

Quel week-end ! 10 Philippe POUSSARD

MARIE : ( se calmant ) Oui, c’est pas faux . . .Bon, à présent, essaie de rester correct, et de bien parler . . .

FRED : J’ai pas été incorrect ! J’ai juste dis la vérité ! Quoi ? C’est pas vrai ?

MARIE : Si , c’est vrai, mais justement, le problème c’est que tu dis trop la vérité ! Alors s’il te plait, à partir de maintenant essaie de faire un effort pour te contenir.

FRED : Ben si on peut plus dire ce qu’on pense maintenant. . .

( François entre, suivi de Anne-Laure )

FRANCOIS : Bon, elle est ou, cette nouvelle catastrophe ?

ANNE-LAURE : ( montrant Fred ) Elle est là !

FRED : ( à Marie ) Et c’est moi qui doit rester correct ?

FRANCOIS : Je peux savoir qui vous êtes ?

ANNE-LAURE : ( répondant a la place de Fred ) C’est le fantastique petit copain de ta fille !

FRANCOIS : (heureux de faire sa connaissance, il lui tend la main ) Oh, très bien ! Moi c’est François, le Papa de Marie ! Heureux de vous connaitre enfin !

FRED : ( Lui tapant dans la main ) Salut! Moi aussi ! Alors, çà gaze ?

FRANCOIS : ( étonné ) Oui . . . Enfin là, y a plutôt de l’eau dans la gaz, on a une fuite a la chaudière !

FRED : Ah c’est pour çà l’eau froide ! ( s’adressant à Anne-Laure ) J’ai parlé trop vite quand j’ai dis que vous étiez radins !

FRANCOIS : ( à Marie ) Bon et bien, maintenant que vous êtes là, tu peux officiellement nous présenter ton ami.

MARIE : Bon beh . . . C’est Fred . . . Et malgré les apparences, il est gentil et tendre.

ANNE-LAURE : ( méfiante) Oui . . . Et que fait-il comme métier, le gentil-tendre ?

MARIE : Maman !! . . . ( gênée ) il est . . .

FRED : Cascadeur ! Comme votre fille !

( Marie fait de grands gestes pour dire : non )

ANNE-LAURE : Et en plus, il a de l’humour ! Sachez Monsieur . . .

FRED : Fred ! Appelez-moi Fred !

ANNE-LAURE : Sachez . . .Fred . . . Que ma fille est vouée à une grande carrière d’avocate !

FRED : Ah . . . Mais pour çà, il faut faire des études, il me semble, non ?

Quel week-end ! 11 Philippe POUSSARD

ANNE-LAURE : Bien sur ! Pourquoi cette question idiote ?

FRED : Oh ! . . . Comme çà ! . . .

( Anne-Laure commence à comprendre et se tourne vers Marie )

ANNE-LAURE : Rassures-moi Marie. . .

MARIE : ( gênée ) Beh non, Maman. . . J’ai jamais fait d’étude de droits . . .

ANNE-LAURE : ( sous le choc ) Quoi ? C’est . . . C’est une blague ?

MARIE : Mais non . . . C’est vrai . . .

FRANCOIS : ( sous le choc aussi ) Mais . . .Et tout l’argent qu’on t’a donné, pour tes études?

MARIE : Il m’a servi pour acheter mon équipement, et me payer la formation pour devenir cascadeuse . . .

ANNE-LAURE : C’est pas possible ! C’est un cauchemar . . . Je vais me réveiller . . . ( à Marie ) Mais pourquoi tu nous a menti et caché çà ?

MARIE : Maman , tu m’aurais laissé faire, si je t’avais vraiment dis que je voulais devenir cascadeuse ? . . . Non . . . J’étais donc obligée de vous mentir pour pouvoir faire ce dont j‘avais envie. . .

FRANCOIS : ( à Anne-Laure ) Ca c’est pas faux ! Elle a raison, tu ne lui as jamais laissé le choix !

ANNE-LAURE : ( quittant la pièce en pleurant ) Oui mais là . . . Cascadeuse. . . C’est pas un métier . . .

FRANCOIS : (la suivant ) Mais si, chérie . . .

MARIE : ( les suivant ) Maman . . .

FRED : Pfffiouu ! Voilà ! Les présentations sont faites ! ( s’assoit et prend le programme TV) Il va être guai, ce weekend !

( un instant et Josépha entre )

JOSEPHA : Bonjour très cher !

FRED : ( n’y prêtant pas attention ) Salut !

JOSEPHA : ( s’approchant ) Permettez-moi de me présenter: Josépha de la Rochelière. ( elle lui tend la main pour un baise-main )

FRED : (lui serrant la main) Fred ! . . . Tout court !

JOSEPHA : Monsieur « Tout court » , auriez-vous vu Mr Lepage par hasard ? Je le cherche .

FRED : Lepage ? ( il réfléchi ) ah ! François ! Ben y a une minute, il courait après sa femme !

Quel week-end ! 12 Philippe POUSSARD

JOSEPHA : Oh ! . . . Alors, peut-être pouvez-vous me renseigner ? Vous êtes un de ses collaborateurs ?

FRED : Oh non ! On n’a pas encore eu le temps de trop « collaborer » !

( Josépha regarde le dessin sur la planche à dessin )

JOSEPHA : Mon dieu ! J’espère que ce projet ne m’est pas destiné ! C’est d’un basique ! Aucune fantaisie ! Pas la moindre créativité ! C’est d’un triste !!

( Adèle revient )

ADELE : ( voyant Fred ) Oh, excusez- moi Monsieur, je ne vous ai pas entendu entrer. Qui dois-je annoncer ?

FRED : Personne ! Ne vous inquiétez pas ! J’ai suffisamment été « annoncé » comme çà !

ADELE : Très bien.( au public) Mais on ne pourra pas me reprocher de faire mon travail ! Comme vous voulez Monsieur !

FRED : Pas de Monsieur entre nous ! Appelez-moi Fred !

ADELE : Très bien Monsieur . . . Fred

JOSEPHA : Bon Adèle ! Quand vous aurez fini de faire connaissance avec ce jeune homme, vous pourrez dire à Mr Lepage de préparer mon projet ? J’aimerais en finir rapidement.

ADELE : Mais certainement Madame.

JOSEPHA : Ah! Et je voulais prendre un bain, mais l’eau est froide ! C’est quand même un comble pour un architecte de ne pas avoir pensé à mettre l’eau chaude dans sa maison !

ADELE : Oh, Madame, il y a de l’eau chaude habituellement, seulement nous avons eu un problème de plomberie. Mais c’est en réparation.

JOSEPHA : Et bien j’espère que ce sera vite réparé ! C’est assez désagréable de ne pas pouvoir se laver !

ADELE : Voulez-vous que je vous fasse chauffer de l’eau , à la cocotte minute ?

JOSEPHA : Enfin Adèle ! On est plus au moyen-âge ! Non , je vais patienter. En attendant je retourne me reposer un peu, appelez-moi quand tout est prêt.(elle sort au fond)

ADELE : Oui Madame. ( elle lui tire la langue dans le dos)

FRED : Ouhlà ! Quelle tortionnaire celle-là ! Comment vous faites pour supporter çà, à longueur de journée?

ADELE : Oh, j’ai l’habitude Monsieur Fred , je n’y fais plus attention. Des gens comme elle j’en vois défiler souvent ! A croire qu’ils se mettent rendez-vous ici ! Voulez-vous que je vous prépare une chambre ?

FRED : Ah non, pas la peine, j’vais coucher avec Marie !

Quel week-end ! 13 Philippe POUSSARD

ADELE : ( étonnée ) Pardon ?

FRED : J’vais coucher avec Marie !

ADELE : (au public ) On me l’avait encore jamais faite celle-là !! . ( à Fred) Marie a un petit copain, et je pense pas que çà lui fera plaisir !

FRED : . . . Ah vous n’êtes pas au courant ! Je suis le copain de Marie .

ADELE : Oh d’accord ! J’me disais aussi, c’était un peu osé ! Mais . . . Mademoiselle n’est pas là ?

FRED : Si, si ! . . . Mais alors ou ? . . . Elle est partie tout à l’heure, en courant après sa mère.

ADELE : « en courant après sa mère » ? . . . J’aime bien travailler ici ! Ils sont un peu « Foufou » mais au moins on ne s’ennuie pas ! Veuillez m’excuser Monsieur Fred, je dois aller préparer le repas, parce qu’ils vont bien s’arrêter, à un moment, de se courir après ! ( elle sort coté jardin )

FRED : ( cherchant partout ) Bon , y a vraiment rien a boire ici ? J’ai toujours soif , moi ! ( il trouve une belle bouteille dans un placard ) Ah beh voilà !

( François entre , coté jardin, avec sa maquette, Fred saute par-dessus le canapé pour ne pas être vu avec la bouteille)

FRANCOIS : ( posant la maquette au bout du meuble ) J’vais la poser là ! ( il la contemple ) je suis assez fier de mon travail ! . . . Je la mettrais dans un carton pour qu’elle l’emporte, c’est fragile quand même ! ( il jette un coup d’œil au dessin ) Bon çà aussi , c’est fini. Il ne me reste plus qu’à aller chercher le contrat. (Il sort coté jardin )

FRED : ( se relevant ) J’ai eu chaud ! Si il m’avait vu avec sa bouteille, je crois que j’étais bon pour la peine capitale ! Je ferais mieux d’aller me désaltérer ailleurs, y a trop de passage ici. (il sort au fond )

(François revient le contrat à la main )

FRANCOIS : (il pose le contrat sur la table ) Voilà, tout y est ! Les plans, la maquette, le contrat, Il ne reste plus que la signature de « Mme de la Rochelière, et à moi le contrat de l’année ! ( il se frotte les mains )

(Robert entre coté jardin)

ROBERT : Ah, M’sieur ! Je vous cherchais ! Bon ben, c’est pas joli, joli ! C’est tout mort ! . . . Toute la tuyauterie est foutue, çà fuit de partout !

FRANCOIS : Ah bon ? Vous êtes sur ? Vous ne pouvez pas colmater ?

ROBERT : Oh ben si, j’peux . . . Y compte prendre une douche chaude le p’tit monsieur ?

FRANCOIS : euh. . . Oui ! En général on prend une douche chaude ici ! Oui.

ROBERT : Bon ben dans ce cas, faut tout changer ! C’est tout mort ! ( il consulte son petit cale- pain) . . . J’peux vous faire çà au plus tôt , jeudi.

Quel week-end ! 14 Philippe POUSSARD

FRANCOIS : Jeudi ??? C’est pas possible ! Ma cliente va arriver, il faut que tout fonctionne ! Faut absolument que ce soit fais rapidement !

ROBERT : Dans ces conditions. . . Je vois bien une solution , mais . . .

FRANCOIS : Mais ?

ROBERT : Mais, ce sera pas le même prix !

FRANCOIS : Votre prix sera le miens ! C’est quoi la solution ?

ROBERT : J’peux vous faire çà ce weekend, faudrait juste que j’aille chercher un peu de matériel à l’atelier.

FRANCOIS : Oui, oui ! Bien sur ! Allez-y !

ROBERT : Oui. . . Seulement , il me faudrait une petite avance. . . Vous comprenez, c’est que j’ai des frais moi !

FRANCOIS : oui, j‘ai compris . . . ( il sort de son portefeuille, quelques billets et en présente un ) tenez

ROBERT : ( prenant tous les billets ) Cà devrait suffire ! Oh ! Et comme j’en ai pour 2 jours, ce serait bien que je puisse dormir sur place, vous comprenez, pour éviter les frais supplémentaires !

FRANCOIS : oui . . . Bon d’accord, j’vais dire a Adèle de vous préparer une chambre. ( il sort au fond )

ROBERT : ( se frottant les mains ) J’crois que j’ai trouvé un « pigeon » de 1ere ! J’vais me mettre 2 ou 3000 euros dans la poche et dormir dans une chambre superbe ! Et tout çà , pour un malheureux joint qui fuit et un gicleur bouché ! ( il sort les pièces de sa poche ) Cà c’est du bon boulot ! Bon , j’vais quand même changer quelques tuyaux, histoire de dire que j’ai bosser ! . . . Alors il m’en faut combien de mètres ? ( il essaie de réfléchir mais n’arrive pas a compter ) Bon, faut que je fasse un schéma . . . ( voyant la planche a dessin ) Ah beh tiens! Y a tout ce qu’il faut ! ( il fait de grands traits avec un marqueur ) . . . 12 mètres. Parfait ! ( il sort coté cour )

( Adèle revient pour faire le ménage, et aperçois le contrat sur la table )

ADELE : Décidément, personne ne range dans cette maison ! . . . Bon, c’est vrai que je suis là pour çà aussi . . . ( elle le range dans un meuble et tout en passant un coup de chiffon sur la table ) Y a quand même une sacré belle brochette de « foufou » là ! Et dire que je ne devais pas travailler ! Ca aurait été dommage de manquer tout çà ! . . . Voilà ! Encore une journée bien remplie ! Aller , je ferai le reste demain, en espérant que ce soit un peu plus calme !

RIDEAU

Fin du 1er acte

Quel week-end ! 15 Philippe POUSSARD

ACTE 2

Lever de rideau

( tout est calme, Marie entre en courant, du fond, suivi de Fred, un oreiller à la main )

FRED : Tu vas voir si je t’attrape !

MARIE : ( en riant ) Arrêtes ! En plus on va réveiller tout le monde ! Il est encore tôt !

FRED : oh ben j’m’en fiche ! Plus on est de fous, plus on rit ! (et il donne un coup malencontreux dans la maquette , ils s‘arrêtent net tous les deux, puis , ramassant les morceaux ) Je crois que je viens de faire une bêtise !

MARIE : je crois aussi . . . Çà doit être la maquette pour la cliente de Papa . . . Mais dans cet état, elle est imprésentable !

FRED : bah ! T’inquiètes pas ! 2 ou 3 vis, un peu de colle, et elle sera comme neuve ! Le tout, c’est que ton père ne s’en aperçoive pas avant !

MARIE : Oui ! Espérons ! Sinon çà va être une catastrophe !

FRED : il a des outils ton père ? De quoi réparer çà ?

MARIE : oui, je pense que dans le garage il y aura ce qu’il faut, viens.( ils sortent coté jardin)

(adèle arrive du fond )

ADELE : Tiens ! Personne . . . J’ai pourtant entendu du bruit ? ( elle sourit ) quand çà commence comme çà , dès le matin, dans cette maison, je sens la journée « mouvementée » !

( Josépha entre en jogging très voyant )

JOSEPHA : Bonjour Adèle ! Voulez-vous venir avec moi, faire quelques foulées dans la brume matinale ?

ADELE : bonjour Madame. Ce serait avec plaisir. . . Mais je travaille , moi !

JOSEPHA : Oh oui ! J’oubliais ! Excusez-moi ! (elle fais des mouvements d’étirements) pourtant, rien de tel qu’un peu de sport pour vous mettre en forme pour la journée ! Vous avez tort de ne pas en faire !

ADELE : Vous savez Madame, nettoyer, astiquer, repasser, ranger, çà fait faire du sport !

JOSEPHA : Ah oui ? Je ne me rend pas compte du tout ! Je ne fais jamais rien de tout çà ! Et surtout je ne vois pas quel plaisir vous trouvez à faire tout çà !

ADELE : Et bien déjà, j’aime bien quand tout est propre, et surtout, à la fin du mois j’ai mon salaire !

JOSEPHA : Oh oui, c’est vrai, c’est votre travail.

Quel week-end ! 16 Philippe POUSSARD

ADELE : Oui ( au public) Je ne passe pas mon temps à rien faire , moi !

JOSEPHA : Pardon ? Vous disiez ?

ADELE : Je disais : « j’ai à faire, excusez-moi ! »

(robert entre, côté cour)

JOSEPHA : Oh oui, oui ! Je vous laisse travailler ! (elle trottine vers la sortie ) oh ! Et si vous voyez Mr Lepage, dites-lui qu’il me présente le projet dès que possible, je commence à perdre patience !

ADELE : Bien sûr Madame. ( elle lui tire la langue dans le dos )

( Josépha sort , coté court )

ROBERT : ( rigolant ) Elle va faire aboyer tous les chiens du quartiers celle-là !

ADELE : ( souriant ) Oui ! On ne peut pas dire qu’elle passe inaperçue ! Un vrai lampadaire !

ROBERT : ( séducteur ) Par contre vous . . . Et pourtant vous en faites du travail ! Vous êtes très efficace tout en restant discrète, je l’ai bien remarqué, et j’aime çà !

ADELE : Oh, Monsieur, c’est gentil . . . Vous me gênez . . .

ROBERT : Robert ! Appelez-moi Robert, c’est plus sympa !

ADELE : Très bien . . . Robert . . . Vous me trouvez discrète ?. . . Parce que c’est bien la première fois qu’on me le dit !

ROBERT : Oui . . . Vous êtes mariée ?

ADELE : ( gênée ) Non. . . J’ai pas encore pris le temps pour çà !

ROBERT : Un p’tit copain peut-être ?

ADELE : ( gênée ) Non, non plus, non . ( au public) J’ai bien assez des Lepage à m’occuper !

ROBERT : Ah comme moi dis-donc !

ADELE : Ben vous, c’est un peu normal que vous n’ayez pas de petit copain !

ROBERT : J’voulais dire, j’ai personne dans ma vie.

ADELE ( bêtement ) Ah oui, çà y est , j’ai compris ! C’est pas de petit copain , c’est de petite copine !

ROBERT : Et comment çà se fait que vous êtes seule ? Jolie comme vous êtes !

ADELE : Oh! Et bien je travaille ici depuis des années et j‘adore ce que je fais, mais voilà, çà me laisse très peu de temps pour sortir. Avec les Lepage, y a du boulot !

Quel week-end ! 17 Philippe POUSSARD

ROBERT : Oui, je comprend . . . Tiens si je vous invitais au restaurant des deux coqs ? Disons ce soir ! Çà vous va ?

ADELE : ( emballée ) Oh oui, très bien ! Demain c’est ma journée de repos. Mais je ne voudrais pas abuser, c’est très cher dans ce restaurant. Même si çà me fait envie !

ROBERT : Bah , ne vous inquiétez pas , avec l’arnaque. . .euh. . . Les travaux que je suis en train de faire ici, j’ai largement de quoi vous y emmener !

ADELE : ( souriant ) Ah oui, je me disais aussi ! Pour un joint qui fuit, çà faisait beaucoup !

ROBERT : Vous avez remarqué ? Cà se voit tant que çà?

ADELE : Oui, çà se voit gros comme un cheveu sur le crane d’un chauve !

ROBERT :Promettez-moi de ne rien dire, je vous en prie ! Et je vous en donne la moitié !

ADELE : C’est promis. Je ne dirai rien. Mais je ne veux rien du tout, je ne tiens pas à perdre mon emploi.

ROBERT :Comme vous voulez. . . Bon ce sera notre petit secret alors !

ADELE : C’est d’accord ! J’adore les secrets ! J’ai l’impression d’être l’héroïne d’un film d’espionnage qui garde un secret pour sauver son pays ! ( au public ) Et quand çà concerne mes patrons, c’est encore plus excitant !

ROBERT : Oui. . . Mais là, le sort de la Nation n’est pas en jeu non plus !

ADELE : Non c’est vrai, juste le sort du compte en banque des Lepage !

ROBERT : . . . Vous savez que je cherche une femme comme vous depuis des années ? Sans succès. . .

ADELE : C’est vrai ? Pourtant vous êtes assez séduisant . . .

ROBERT : Assez . . . C’est tout ?

ADELE : ( souriant) Non, vous êtes très séduisant ! C’est d’ailleurs bizarre que vous soyez seul ? Surtout avec le métier que vous faites, vous voyez beaucoup de ménagères de moins de 50 ans !

ROBERT : Vous savez, le fantasme du plombier, c’est une légende ! Quand on vient chez les gens, c’est qu’ils ont un problème, et ils sont de mauvaise humeur, et une fois qu’on leurs a présenté la facture, c’est encore pire ! Et puis , déboucher un lavabo ou des toilettes, y a plus romantique pour trouver l’amour !

ADELE : Vu comme çà. . . Effectivement, c’est pas très glamour . . .

ROBERT : Et puis on ne peut pas dire que la salopette, ce soit un uniforme irrésistible !

ADELE : Non, c’est vrai, mais vous, vous la portez tellement bien !

Quel week-end ! 18 Philippe POUSSARD

ROBERT : ( comme pour un défilé de mode) Vous trouvez ? En tout cas, on est bien dedans ! Vous aussi, ce que vous avez vous va à ravir !

ADELE : Oh merci ! C’est gentil ! . . . ( au public ) il est sérieux ? ou il se fiche de moi, là ? . Excusez-moi Robert, faut vraiment que je continue mon travail, là !

ROBERT : Oui, moi aussi faut que j’y retourne ! Faut quand même que je fasse un peu de comédie pour que çà ai l’air vrai ! A ce soir alors ?!

ADELE : Avec plaisir , oui !

ROBERT : Parfait ! J’y vais ! Si on me cherche , j’suis dans la chaufferie. (il sort côté jardin)

ADELE : ( s’asseyant, un peu rêveuse ) Ben çà alors ! Si je m’attendais ! Quel gentleman ! Si beau ! Et bien habillé ! . . . Il est tellement . . . Tellement . . . ( long soupir )

( elle sursaute et se remet au travail à l’arrivée de François et Anne-Laure )

ANNE-LAURE : (réfléchissant ) Quand même François, qu’est-ce qu’on a raté pour que notre fille finisse comme çà ?

FRANCOIS : ( nonchalant ) Mais rien , elle n’a pas mal fini, elle fait ce qu’elle a envie, c’est tout.

ANNE-LAURE : ( toujours dans ses pensées ) J’aurais dû lui acheter quelques jouets de garçon, quand elle était petite . . .si çà se trouve c’est à cause de çà .

FRANCOIS : Mais non ! Çà n’aurait rien changé . C’est comme çà , elle fait ce qu’elle a envie.

ANNE-LAURE : . . . ou alors, elle a manquée d’affection . . . Je ne lui en ai pas donné assez . . .

FRANCOIS : Elle n’a pas manqué d’affection, elle fait juste ce qu’elle a envie

ANNE-LAURE : . . . ou alors elle aurait préférée être juge plutôt qu’avocate. . .

FRANCOIS : ( s’énervant ) Ah mais non ! Elle fait juste ce qu’elle a envie ! C’est tout ! Et pour une fois, c’est pas toi qui lui a dicté . . .

ANNE-LAURE : ( vexée ) çà veut dire quoi çà ?

FRANCOIS : Que tu ne lui a jamais laissé trop le choix .

ANNE-LAURE : Tu rigoles ! Je lui ai toujours laissé le choix !

FRANCOIS : oui, bien-sur ! Le choix entre une de tes idées . . . Et une de tes idées !

ANNE-LAURE : ( vexée ) Oui, mais c’était pour elle , pour son bien . . .pour qu’elle devienne quelqu’un. . .

FRANCOIS : Mais elle est devenue quelqu’un ! Elle c’est vraiment affirmée là ! Et puis des femmes cascadeuses , çà court pas les rues, je suis sur qu’elle fera sensation !

Quel week-end ! 19 Philippe POUSSARD

ADELE : Vous savez Madame, Monsieur a raison, peu importe le métier, du moment que la personne aime ce qu’elle fait . . . ( rêveuse) J’aurais aimé être cascadeuse moi , je crois , . . . Sauter d’un immeuble, comme une James Bond girl , et finir dans les bras d’un plombier . . .

FRANCOIS : Un plombier ? Pourquoi un plombier ?

ADELE : euh, j’voulais dire , un pompier !

(Marie entre , sans bruit , coté jardin )

ANNE-LAURE : Oui, bon c’est bon Adèle, on a compris ! . . . Mais vous avez raison, je sais bien, au fond, qu’elle aime ce métier . . . Mais quand c’est votre propre fille . . .

MARIE : je pense qu’on parle de moi, ici .

FRANCOIS : Oui, ta mère s’inquiète pour toi.

MARIE : Maman, ne t’inquiète pas ! Je suis heureuse dans ce métier, j’ai toujours voulu faire çà.

ANNE-LAURE : C’est vrai ? . . . Mais tu es ma petite fille . . . Si douce . . .si jolie. . .Si délicate. . . Si fragile . . .

FRANCOIS : Cà y est ! C’est parti ! Sortez les violons et les mouchoirs, c’est la séquence émotion !

MARIE : Maman, je resterai toujours ta petite fille, quoique je fasse .

ANNE-LAURE : Oh tu es gentille . . . Tu veux bien qu’on prenne le petit déjeuner ensemble ? ... Comme avant . . .

MARIE : ( souriant ) Mais bien-sûr Maman !

ADELE : ( souriant aussi ) Je vais le préparer ! Un bon gros bol de chocolat chaud avec des tartines de confiture, comme quand vous aviez 8 ans ! ( elles sortent toutes les 3 , coté jardin)

( François, lis le journal , Josépha revient )

JOSEPHA : Ah ! Bonjour mon cher !

FRANCOIS : (sursautant ) Oh Madame de la Rochelière ! Je vous attendais hier ! Vous avez eu un souci ?

JOSEPHA : Non, pas du tout ! Et sachez que je suis là depuis hier et j’ai d’ailleurs passé mon après-midi d’hier à vous chercher !

FRANCOIS : Vous m’en voyez navré, mais je n’ai pas été prévenu. . .

JOSEPHA : Pourtant, ce n’est pas à cause du manque de personne ! C’est un vrai hall de gare chez vous !

FRANCOIS : Oui, on ne peut pas dire que ce soit calme ici, ce weekend . . .

Quel week-end ! 20 Philippe POUSSARD

JOSEPHA : C’est certain ! De plus, j’ai été obligée de prendre une douche froide , très désagréable !

FRANCOIS : Effectivement, vous tombez mal, nous avons un problème de plomberie et. . .

JOSEPHA : ( le coupant) Je sais et je peux comprendre. Mais heureusement, j’ai pu passer une bonne nuit.

FRANCOIS : C’est vrai ? Vous avez bien dormi ?

JOSEPHA : Merveilleusement bien ! Merci. Je suis en pleine forme pour voir ce fameux projet ! Ah vous de m’éblouir !

FRANCOIS : Ah oui, oui, . . . Bien-sur . . . Quand voulez-vous que nous voyons çà ?

JOSEPHA : Oh mais tout de suite mon cher ! Tout de suite ! Ne perdons plus de temps !

FRANCOIS : euh oui. . . Bon très bien . . . Si vous voulez je vais déjà vous montrer les plans ( voyant les plans tout raturés , il tire Josépha dans la direction de la maquette) non ! Finalement, la maquette ! ( ne voyant pas la maquette, il l’a tire a nouveau au centre de la scène) non !

JOSEPHA : ( se tenant la jambe ) Aie !!!! . . . Vous êtes fou !!! Mais pourquoi m’avez-vous bousculée comme çà ? Je crois que vous m’avez déclenché une crampe !

FRANCOIS : Oh Madame, je suis confus . . . Allongez-vous sur le canapé . . .

JOSEPHA : ( se plaignant de douleur ) Mais faites quelque chose , bon sang !

FRANCOIS : (levant la jambe de Josépha ) Comme çà, çà va mieux ?

JOSEPHA : Non , çà ne vas pas ! Plus haut !

FRANCOIS : Comme çà ?

( Fred entre avec la maquette, il les voit dans cette délicate position, et repose la maquette sans bruit )

JOSEPHA : ( gémissant ) Oh oui ! , c’est bon ! . . . Cà fait du bien ! . . . Encore !

(Fred repart en secouant la main , coté jardin )

FRANCOIS : Cà va mieux ?

JOSEPHA : Oui, çà passe, mais je vais quand même aller prendre un bain et m’allonger un peu ( elle a du mal a marcher )

FRANCOIS : Attendez, je vais vous aider (ils sortent au fond )

(Anne-Laure revient, coté jardin )

Quel week-end ! 21 Philippe POUSSARD

ANNE-LAURE : (visiblement heureuse ) Ah! Que c’est agréable de se retrouver, l’espace d’un instant, avec son enfant . . . ( rêveuse ) Il n’y a pas si longtemps encore, elle était toute petite, et à présent elle est en âge de se marier. . . Et d’avoir des enfants . . . Qu’est-ce que je raconte , moi ? Des enfants ,? . . . Je ne suis pas prête pour être grand-mère , moi !

( Robert entre, coté jardin, en ce tenant un œil )

ROBERT : aie! aie! aie! aie!

ANNE-LAURE : et bien, que vous arrive-t-il ?

ROBERT : Je sais pas quel imbécile a essayé de réparer la fuite !

ANNE-LAURE : Oh , c’est mon mari , il n’est pas très bricoleur .

ROBERT : Oui, j’m’en suis aperçu ! Mais maintenant, c’est indémontable, je suis obligé de tout découper, et là, paf ! Je viens de me prendre un éclat dans l’œil .

ANNE-LAURE : Oh zut ! Montrez-moi voir ? J’arriverai peut-être à l’enlever. ( robert s’assoit et Anne-Laure lui penche la tête en arrière pour regarder de près. Ils donnent l’impression qu’ils s’embrassent )

ROBERT : Doucement hein ?!

ANNE-LAURE : Mais oui, ne vous inquiétez pas. Oh là, là ! Qu’ils sont douillets ces hommes !

( Marie entre , côté jardin , et les aperçoit, eux ne la voit pas . Choquée et songeuse, elle regarde le public puis repart sans bruit )

ANNE-LAURE : ( triomphant ) Cà y est ! Je l’ai !

ROBERT : Ouf ! Merci, çà soulage ! Je penserai à vous faire une petite remise sur la facture pour vous remercier.

ANNE-LAURE : Pensez donc ! Ce n'est rien du tout ! Et avec mon mari je suis habituée à ce genre de chose ! Çà lui arrive tout le temps quand il bricole !

ROBERT : Oui, et bien il serait temps qu‘il pense à arrêter le bricolage, votre mari ! ( s’apprêtant a sortir ) Oh! Pendant que je vous tiens, j’aurais besoin d’une petite signature . . . Pour le devis.

ANNE-LAURE : Le devis ? Quel devis ?

ROBERT : Ben, le devis pour la plomberie !

ANNE-LAURE : Ah oui . . . (elle regarde le devis que lui tend Robert ) 2950 Euros ! Pour réparer un joint qui fuit ?

ROBERT : Ah, mais ma p’tite Dame, c’est bien plus grave que çà ! Faut tout changer ! c’est tout mort !

ANNE-LAURE : Il faudrait que j’en parle à mon mari avant . . .

Quel week-end ! 22 Philippe POUSSARD

ROBERT : Oh mais pas de problème ! C’est lui qui m’a dit de tout changer ! Maintenant, si çà pose un soucis, je peux m’en aller . . .

(Adèle entre en trombe, coté jardin )

ADELE : Madame ! Madame ! Il n’y a, à nouveau, plus d’eau chaude dans toute la maison !

(Anne-Laure, étonnée, regarde Robert )

ROBERT : J’vous ai dit ! C’est tout mort !

ANNE-LAURE : ( elle veut signer le devis, Robert lui tend un stylo ) Bon,. . . Si mon mari est au courant . . . ( elle signe ) Voilà ! A présent, essayez de faire vite ! Nous n’allons quand même pas rester sans eau toute la journée !

ROBERT : ( contemple le devis , large sourire ) C’est comme-ci c’était fait ! (Il sort coté jardin )

ADELE : Il était vraiment nécessaire de faire ces travaux. L’installation tombe en miette apparemment. Un vrai gruyère, y a des trous partout ! ( elle mime les fuites d’eau en faisant : « pschitt, pschitt, pschitt » )

ANNE-LAURE : Oui, apparemment , c’est « tout mort » . . . j’ai quand même des doutes sur son honnêteté.. . Mais c’est le weekend, on a pas le choix. Ca va nous couter cher mais c’est çà ou alors on se retrouve sans une goutte d’eau.

ADELE : Oh d’ailleurs Madame, en parlant d’argent, j’espère que Madame sera reconnaissante, je ne devais pas travailler aujourd’hui.

ANNE-LAURE : Oui, bien sur Adèle ! Ne vous inquiétez pas. Mais j’avais vraiment besoin de vous, avec tout ce remue-ménage : la cliente , le plombier. . .

ADELE : ( la coupant, rêveuse ) Oh oui, le plombier. . . Il est . . .( soupir )

ANNE-LAURE : ( étonnée ) Oui . . . Et notre fille et son copain. . .

ADELE : ( la coupant, amusée ) Ah oui, Monsieur Fred ! Il est . . . (petit rire )

ANNE-LAURE : Oui beh, ils sont spéciaux, tous les deux !

ADELE : C’est pas faux !

ANNE-LAURE : En tout cas , votre aide m’est précieuse, et bien entendu cela se verra sur votre fiche de paie .

ADELE : Merci Madame ! Je savais que Madame était généreuse.

ANNE-LAURE : Oui. . . Bon faut pas vous attendre non plus à la cagnotte du loto !

ADELE : (au public) Je sais ! Ils sont trop radins !

ANNE-LAURE : Vous dites ?

ADELE : Oh!. . . Ce que j’aurais ce sera bien ! . . .

Quel week-end ! 23 Philippe POUSSARD

ANNE-LAURE : Ah d’accord. Vous êtes un ange Adèle ! Bon nous ferions bien de continuer, nous avons encore du travail avec tout çà !

ADELE : Vous avez raison Madame, allons-y. C’est que çà fait du monde à nourrir ! Une vraie cantine !

(elles sortent au fond )

( Fred arrive coté jardin , jette un coup d’œil avant d’entrer suivi de Marie )

FRED : Je les ai vu ! Comme je te vois !

MARIE : Tu es sur de toi ?

FRED : Certain ! Ton père était avec sa cliente, sur ce canapé, en train de . . .enfin, en train de . . .

MARIE : En train de faire quoi ?

FRED : En train de faire une partie de jambe en l’air ! C’est le moins qu’on puisse dire !

MARIE : ( abattue ) C’est pas possible . . .eux aussi . . .

FRED : Pourquoi : « eux aussi » ?

MARIE : J’ai aussi surpris ma mère qui embrassait le plombier. . .

FRED : Quoi ? Ta mère avec le plombier ? Tu rigoles, là ?

MARIE : Non ! Je les ai vu ! Comme je te vois aussi ! . . ; et sur ce même canapé !

FRED : alors là ! C’est plus que surprenant. . . ton père et Madame de la Rochelière c’est déjà le jour et la nuit, mais alors le plombier et ta mère, c’est l’été et l’hiver ! Et j’dirai pas qui est l’hiver !

MARIE : Fred , c’est pas le moment de blaguer. . .

FRED : Oui, c’est vrai, excuses-moi . . . Et tu n’as rien vu venir ces derniers temps ? Ni pour l’un , ni pour l’autre?

MARIE : Beh non . . . Ils avaient l’air de s’aimer . . . Et d’être heureux ensemble . . .

FRED : Bon , c’est peut-être juste une passade . . . Tu devrais en parler avec eux, çà les ferait peut-être réfléchir.

MARIE : Oui, tu parles !Je me vois bien leur dire : « Papa, Maman, vous vous trompez mutuellement, est-ce que vous comptez continuer ? ». . . Bon . . . Tu as raison, j’essaierai d’aborder le sujet. . . ( elle aperçoit la maquette, et inquiète ) T’es sur qu’elle était comme çà d‘origine ? FRED : Non, pas vraiment . . . Mais je trouvais que comme çà , çà avait plus de gueule !

( Josépha entre , du fond )

Quel week-end ! 24 Philippe POUSSARD

JOSEPHA : Bonjour les enfants !

FRED et MARIE :Bonjour

JOSEPHA : Vous êtes certainement Marie ?! Votre père m’a parlé de vous. D’ailleurs, votre père, quel magicien ! Il m’a vraiment fait du bien . . . Enfin , je ne vais pas entrer dans les détails ! Vous êtes cascadeuse , c’est çà ?

MARIE : Oui Madame, c’est çà .

JOSEPHA : Cà vous dirait de jouer dans un de mes films ? Je suis productrice et je ne trouve personne pour doubler une de mes actrices.

MARIE : Vous êtes sérieuse ?

JOSEPHA : oui, je le suis toujours !

MARIE : Et bien, c’est gentil, çà aurait été avec plaisir, mes voilà. . . Je suis . . .

( elle est coupée par l’arrivée d’adèle , du fond)

ADELE :Ah Madame, je vous cherchais ! Vous pouvez enfin vous servir de la salle de bain, le plombier a rétabli l’eau. Pas besoin de faire chauffer de l’eau à la cocotte-minute !

JOSEPHA : Oh très bien ! J’y vais de ce pas ! (et à Marie ) Je vous laisse réfléchir à ma proposition ! ( elle sort au fond)

FRED : Oh tiens, Adèle. Vous êtes au courant, vous, des relations qu’ont Mr et Mme Lepage?

ADELE : Oh Monsieur Fred ! Je ne vais pas voir ce que font Mr et Mme quand ils sont dans leur chambre à coucher ! Ca ne me regarde pas !

FRED : Mais non ! Je ne vous parle pas quand ils sont ensemble, çà on imagine bien ! Je vous parle quand ils sont chacun de leur côté.

ADELE : Je ne vois pas ou vous voulez en venir ?

FRED : Et bien voilà, figurez-vous que j’ai surpris François avec Mme de la Rochelière.

ADELE : En train de discuter ?

FRED : Non, . . En train de . . . Enfin en train de . . .

ADELE : boire un verre ?

FRED : Mais non Adèle, en train de . . .

ADELE : Ah ! D’accord ! En train de faire les petits lapins ! Fallait me le dire, tout simplement ! . . . ( puis , réalisant) Quoi ! Vous les avez vu faire çà !

MARIE : Et moi, J’ai vu Maman avec le plombier !

ADELE : ( troublée et déçue ) . . . avec le plombier . . .

Quel week-end ! 25 Philippe POUSSARD

FRED : Ca va Adèle ? Vous êtes toute pâle .

ADELE : Oui, oui, çà va . . . Je ne savais pas, ni pour l’un , ni pour l’autre . . .( au public ) il va me le payer, Robert ! . . . excusez-moi, j’ai du travail. . . ( elle sort coté jardin )

FRED : Elle avait l’air bizarre ? Non ?

MARIE : Ca lui a peut-être fait un choc d’apprendre çà . . .

FRED : Ouai, mais en attendant, on est pas plus avancé. Bon écoute, essaie de trouver une occasion pour en discuter avec tes parents, de mon coté je vais voir avec les deux autres !

MARIE : D’accord . . . Mais essaie de le faire avec tact, hein ?!

FRED : Mais oui, ne t’inquiètes pas, tu me connais !

MARIE : Oui , justement, c’est bien çà qui me fait peur !

( François et Anne-laure reviennent , du fond )

FRANCOIS : ( taquin ) Tiens, les deux tourtereaux ! Alors, on est en train de faire des projets d’avenir ?

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Quel week-end ! 26 Philippe POUSSARD