AVEC MARIJO
-
Upload
demetrius-duran -
Category
Documents
-
view
30 -
download
0
description
Transcript of AVEC MARIJO
Le Luberon s’étire entre les Alpes de Haute-
Provence et les plaines du Vaucluse. Cette
région bénie des Dieux offre, ici réunies, toutes les particularités de la Provence : douceur du climat, blancheur des
collines calcaires, flamboiement de l’ocre, gamme diversifiée de
tous les verts des forêts, mas s’étirant au
milieu des étendues agricoles, champs
d’oliviers, de vignes ou d’amandiers, larges stries mauves de la
lavande
Mais surtout, il y a le charme de tous ces petits villages, souvent perchés sur un promontoire rocheux, avec leurs
maisons de pierre dorée, semblant sortir d’un autre âge et les vues magnifiques sur leur environnement… Ce sont autant de perles rares qui émaillent le paysage et il est difficile de faire un choix car si certains villages sont davantage connus, les
autres n’en ont pas moins de charme!
Voici un autre village qui s’agrippe à flanc de
colline, dominé par son superbe château qui abrite le musée Pol
Mara et l‘Hôtel de Ville. Ce village a le souci de
préserver son authenticité et de
conserver ses traditions provençales tout en étant très ouvert à
l’accueil des touristes. Il a été lieu de prédilection pour plusieurs peintres illustres tels qu'André Lhote, Marc Chagall, Jean Deyrolle, Victor Vasarely et Pol Mara.
Lorsque l’on arrive par le sud, c’est
l’émerveillement devant la vue qui s’offre à
nous : celle d’un site classé parmi les « plus
beaux villages de France »!
Gordes possède une très vieille histoire. C’était un oppidum de la tribu des Vulgientes. A l'époque gallo-romaine c’était le principal oppidum du diocèse de Cavaillon. Ainsi, jusqu'à la Révolution, ce fut une place frontière relevant, d'une manière assez particulière, d'un diocèse situé en pays étranger. On retrouvait trace de cette frontière sur toutes les cartes romaines! Comme pour de multiples villages de Provence, c’est l’insécurité qui incita la population à construire sur la hauteur une agglomération dont les fortifications la protégèrent durant tout le Moyen-âge et une partie de la Renaissance. Elle souffrit de multiples invasions, des guerres de Religion avec le massacre des Vaudois, de la peste, d’un bombardement à la fin de la deuxième guerre mondiale en guise de représailles par les Allemands et même de deux légers tremblements de terre!
Autour de Gordes ce sont de multiples oliviers et ces murs
de construction si particulière, en pierre sèche.
La dernière rangée de
pierres (lauses)
posées sur champ fait
poids, maintenant l’ensemble. Elle rend le
mur infranchissabl
e pour des animaux à
sabots.
Avant même d’entrer dans ce merveilleux village, une curiosité nous attend : le village des Bories situé sur son territoire, à trois km au sud. Classé monument historique en 1977, il est le groupement le plus important de cet habitat de pierre sèche, caractéristique du pays d'Apt, dont la plus forte concentration se trouve sur le territoire de Gordes. L’origine des bories que l’on nomme aussi « cabanes gauloises » remonterait à l’âge du bronze, près de 3 000 ans avant nous! Ce sont des constructions de pierre sèche, sans mortier, selon le principe de la fausse voûte en encorbellement. Ce village, avec ses bergeries, ses fours à pain, cuves à vin, aires à battre le blé, ruelles, enclos et murs d'enceinte, témoigne de l'activité laborieuse d'innombrables générations. Restauré entre 1969 et 1976 selon l’apparence connue du début de XIXe siècle, on y retrouve des constructions élevées des XIVe au XVIIe siècles.
Pourquoi ces constructions primitives à l’heure des villages fortifiés et des châteaux Renaissance ? Nul n’en a l’explication actuellement!
Le village était entouré d’une enceinte pour se protéger des brigands mais aussi des loups qui étaient encore nombreux
dans le Vaucluse au XIXe siècle.
Le village regroupe l’ensemble le plus important de la région avec cinq groupes de bories , constituant cinq habitations avec leurs dépendances : bergeries, chevrières, soues à cochons, fours à pain, cuves à vin et resserres.On peut apparenter les bories avec les cabanes de pierre sèche de différentes régions, généralement isolées, connues sous un autre nom : capitelle dans le Gard et l’Hérault, orri dans les Pyrénées orientales, garriotte et caselle en Dordogne et au Quercy, chibotte dans le Velay, loge dans le Berry, cadole dans le Mâconnais, barracun en Corse du côté de Bonifacio et pailler dans le Nebio… On peut aussi les apparenter avec des constructions en Irlande, Sardaigne, aux Baléares, dans les Pouilles et même en Afrique … On peut évoquer Mycènes ou le Yuccatan! Qu’y a-t-il de commun qui les relie toutes ? A Gordes, ces constructions regroupées en hameau restent un peu mystérieuses.
Toutes les constructions
sont de la même forme
arrondie due à la technique utilisée… Ci-dessous,
auge et mangeoire.
« La découverte du village des Bories est
incomparable. L'harmonieuse
répartition des masses horizontales et
verticales, l'équilibre végétal minéral, les jeux d'ombre du levant et du couchant, tout concourt au charme original d'un
site privilégié ».
(www.gordes-village.com )
Arrivant au centre du village, avant de nous
retourner vers le château, un coup d’œil
sur la Chapelle des Pénitents Blancs dont
il est fait mention dans les archives en 1667. Elle était reliée à une autre par la rue des
Tracapelles (rue entre deux chapelles). Elle
est, maintenant, utilisée pour des
expositions.
Notre regard est vite attiré par la taille du château qui se trouve
devant nous. Il existait déjà en 1031 et fut
reconstruit en 1525. Il intègre l’architecture de
la fin du Moyen Âge à celle de la Renaissance.
De grosses tours rondes, imposantes
avec leur couronne de mâchicoulis,
l’encadrent. Les murs sont percés de trois étages de fenêtres «
renaissance » et garnis de petites tours et
échauguettes. Ce château a abrité
durant 25 ans l’œuvre de Vasarely et depuis 1996, il est l’hôte de l’œuvre de Pol Mara, peintre flamand et citoyen de Gordes, décédé en 1998.
La façade sud du château regarde le vieux Gordes . Une
porte voûtée, percée dans la muraille, accède par une cour intérieure à l'escalier monumental qui dessert le bâtiment.
Erigée d’abord au XIIe siècle, de style roman,
l'église de Gordes, coincée en haut d’une calade
derrière un passage en arches, était autrefois
dédiée à Notre-Dame. Son clocher du XIVe siècle fut,
sans doute, d’abord un beffroi.
L’escalier nous amène à l’église réédifiée au XVIIIe siècle et mise
alors sous la protection deSaint Firmin.
Une chapelle est dédiée à Saint Crespin, patron des cordonniers et, une autre,
à Saint Eloi pour les ferronniers et serruriers…
Un peu en contrebas du village, un belvédère offre une très belle vue sur les cultures de la plaine.
Partout dans la vieille cité, ces rues caladées c’est-à-dire
réalisée avec des pierres calcaires
posées verticalement, sur la
tranche.
Et bien sûr, toujours des maisons d’un autre âge… Quels trésors
d’architecture cachent-t-elles derrière leurs
façades ?
A gauche, un système de fermeture de porte bien
ancien…
Ci-dessous, savez-vous ce que cache cette porte ?Une bouche pour tuyau
d’incendie!
La Porte de Savoie doit son nom à Béatrice de Savoie, Comtesse de
Forcalquier qui, au XIIIe siècle, refusa de se soumettre au roi de
France et prit les armes contre son gendre,
Charles Ier d’Anjou, frère de Saint Louis. Les Simiane étant très
attachés à la maison de Forcalquier décidèrent de faire apposer les armes
de Savoie sur la principale porte du village!
A proximité de la
porte de Savoie,
cette haute maison
de pierre dont les
fenêtres et volets
contrastent avec la
façade…
Après avoir cru qu’il s’agissait d’une chapelle ou d’une salle de gardes, on sait maintenant que l'aumônerie Saint-Jacques était, en fait, une hostellerie pour les pèlerins se rendant à Saint-Jacques de
Compostelle.
On ne peut visiter Gordes sans faire quelques kilomètres de plus pour découvrir, dans son écrin de verdure, l’abbaye
de Sénanque et ses cultures de lavande odorante.
Fondée en 1468, l’abbaye cistercienne de Sénanque
est devenue dépendante de l’abbaye de Lérins et elle est toujours en activité.
Avec l’abbaye de Silvacane et celle du Thoronet, elles forment les « trois sœurs
provençales » qui témoignent du
rayonnement cistercien. En 1544, lors des guerres de Religion, les moines
furent pendus et l’abbaye incendiée par les Vaudois.
A la fin du XVIIIe siècle, l’abbaye fut vendue comme
bien national mais préservée par son
acquéreur. Rachetée par les moines de Lérins en 1857, elle retrouva sa
vocation d’origine.
C’est sur ces images que nous terminons notre promenade et, également, nos découvertes dans le Luberon. Pour cette année toutefois!, car il y a encore tellement à montrer, tant de villages remplis d’une histoire racontée par leurs constructions de différents âges…
Alors, l’an prochain peut-être…
Musique : Alexandre de Villeneuve - Allemande La Badine
Documentation prise sur place et sur différents sites concernant Gordes dont Gordes-village.com
Photos, conception et réalisation :M.J. Farizy-chaussé
Août 2011
D’autres diaporamas sur :http://famille.morhain.net/lapagedemarijo/