Avec autrui : familles, amis, réseaux

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Contemporains Classiques RECUEIL DE TEXTES Avec autrui : familles, amis, réseaux P R O G R A M M E 5 e R E C U E I L I N É D I T Vivre en société

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R E C U E I L D E T E X T E S

Avec autrui :familles, amis,réseaux

PROGRAMME 5e

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CUEIL INÉDIT

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ensociété

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Présentation, notes, questions et après-texte établis par

Sylvie ColyProfesseure de Lettres, académie de Versailles

Vivre en société, participer à la société

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Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Textes

FAMILLE, FAMILLES, DES RELATIONS COMPLEXES • Grandir dans une famille heureuseMarcel Pagnol, La Gloire de mon père . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Roald Dahl, Danny, champion du monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Nathalie Sarraute, Enfance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

• La comédie de la familleMolière, Les Fourberies de Scapin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

• Familles, je vous hais Jules Vallès, L’Enfant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Hervé Bazin, Vipère au poing. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

• Sans famille Charles Dickens, Oliver Twist . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39Éric-Emmanuel Schmitt, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

Sommaire

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L’AMITIÉ : DE L’OUBLI DE SOI À L’OUVERTURE • Qu’est-ce que l’amitié ? Jean de La Fontaine, Fables. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54Daniel Pennac, Cabot-Caboche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

• Bonheur de l’amitiéRené Goscinny, Les Vacances du Petit Nicolas . . . . . . . . . . . . . . 62Mark Twain, Les Aventures de Tom Sawyer . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67Joseph Kessel, Le Lion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75

• Être ensemble pour conquérir la vieJ . M . G . Le Clézio, Mondo. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82Amélie Nothomb, Le Sabotage amoureux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87Charlotte Brontë, Jane Eyre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94

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TISSER UN RÉSEAU • À l’école J . K . Rowling, Harry Potter à l’école des sorciers . . . . . . . . . . . 100Anna Gavalda, 35 kilos d’espoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103Alice Ferney, Grâce et Dénuement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112

• À l’extérieur Andrée Chedid, L’Enfant multiple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116Clémentine Beauvais, Les Petites Reines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129Irène Némirovsky, Un enfant prodige . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137Camara Laye, L’Enfant noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146

• Amitiés tragiques ou dangereuses Elena Ferrante, L’Amie prodigieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151William Golding, Sa Majesté des mouches. . . . . . . . . . . . . . . . . . 158

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FAMILLE, FAMILLES, DES RELATIONS COMPLEXES

Grandir dans une famille heureuse

Marcel Pagnol (1895-1974)La Gloire de mon père, 1957, © Éditions de Fallois, coll. Fortunio, 2004.

Le petit Marcel vit une enfance heureuse à Marseille, auprès de son père instituteur, de sa mère Augustine et de son petit frère Paul. Il passe souvent l’après-midi au parc Borély avec sa tante Rose. La tante Rose y rencontre bientôt un « monsieur » dont elle tombe amoureuse.

Deux années passèrent : je triomphai de la règle de trois1, j’appris – avec une joie inépuisable – l’existence du lac Titicaca2, puis Louis X le Hutin3, hibouchou-genou4 et ces règles désolantes, qui gouvernent les participes passés .

Mon frère Paul, de son côté, avait jeté son abécédaire5, et il abordait le soir dans son lit, la philosophie des Pieds Nickelés6 .

Une petite sœur était née, et tout justement pendant que nous étions tous les deux chez ma tante Rose, qui nous avait gardés deux jours, pour faire sauter les crêpes de la Chandeleur .

1. Règle mathématique de proportionnalité que l’on apprend à l’école primaire.2. Lac péruvien et bolivien.3. Roi de France et de Navarre (1289-1316). « Le Hutin » signifie « l’Entêté ».4. Règle d’orthographe concernant les noms terminés par -ou ayant leur pluriel en -x.5. Livre permettant l’apprentissage de la lecture.6. Bande dessinée humoristique de Louis Forton, publiée à partir de 1908.

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Cette invitation malencontreuse1 m’empêcha de vérifier pleinement l’hypothèse audacieuse2 de Mangiapan, qui était mon voisin en classe, et qui prétendait que les enfants sortaient du nombril de leur mère .

Cette idée m’avait d’abord paru absurde : mais un soir, après un assez long examen de mon nombril, je constatai qu’il avait vraiment l’air d’une boutonnière, avec, au centre, une sorte de petit bouton : j’en conclus qu’un déboutonnage était possible, et que Mangiapan avait dit vrai .

Cependant, je pensai aussitôt que les hommes n’ont pas d’enfants : ils n’ont que des fils et des filles, qui les appellent papa, mais les enfants venaient sûrement de la mère, comme les chiens et les chats . Donc, mon nombril ne prouvait rien . Tout au contraire, son existence chez les mâles3 affaiblissait grandement l’autorité4 de Mangiapan .

Que croire ? Que penser ?En tout cas, puisqu’une petite sœur venait de naître, c’était le

moment d’ouvrir les yeux et les oreilles, et de percer le grand secret .C’est en revenant de chez la tante Rose, comme nous traversions la

Plaine5, que je fis, dans le passé, une importante découverte : depuis trois mois, ma mère avait changé de forme, et elle marchait le buste penché en arrière comme le facteur de la Noël . Un soir Paul, avec un air d’inquiétude, m’avait demandé : « Qu’est-ce qu’elle a, notre Augustine, sous son tablier ? »

Je n’avais su que lui répondre…Nous la retrouvâmes, souriante, mais pâle et sans force, dans le grand

lit . Auprès d’elle, dans un berceau, une petite créature grimaçante pous-

1. Ennuyeuse, mal à propos.2. La supposition osée.3. Le fait que les hommes aient un nombril.4. Rendait la supériorité de Mangiapan moins grande.5. Quartier de Marseille.

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sait des cris de mirliton1 . L’hypothèse de Mangiapan me parut démon-trée, et j’embrassai ma mère tendrement en songeant à ses souffrances au moment où il avait fallu déboutonner son nombril .

La petite créature nous parut d’abord étrangère . De plus, notre mère lui donnait le sein, ce qui me choquait beaucoup et qui effrayait Paul . Il disait : « Elle nous la mange quatre fois par jour . » Mais quand elle se mit à tituber2 et à bégayer, elle nous révéla notre force et notre sagesse, et nous l’adoptâmes définitivement .

L’oncle Jules et la tante Rose venaient nous voir le dimanche et j’allais – avec Paul – déjeuner chez eux presque tous les jeudis3 .

Ils habitaient un bel appartement, à la rue des Minimes ; il était éclairé au Gaz, la tante faisait la cuisine au Gaz, et elle avait une femme de ménage .

Je remarquai un jour avec surprise que ma chère tante Rose se gonflait à son tour, et je conclus immédiatement à un prochain déboutonnage .

Ce diagnostic fut bientôt confirmé par une conversation dont je surpris quelques bribes4, entre ma mère et Mlle Guimard .

Pendant que le boucher découpait un beau beefsteack de quatre sous dans la « pièce noire5 », elle dit avec inquiétude :

– Les enfants de vieux, c’est toujours délicat…– Rose n’a que vingt-huit ans ! protesta ma mère .– Pour un premier enfant, c’est déjà beaucoup . Et n’oubliez pas que

son mari en a quarante !– Trente-neuf, dit ma mère .

1. Instrument de musique de fête dans lequel on souffle.2. Marcher d’un pas mal assuré.3. À l’époque, il n’y avait pas classe le jeudi.4. Courtes phrases.5. Pièce à l’arrière de la boutique.

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– Vingt-huit et trente-neuf font soixante-sept ! dit Mlle Guimard .Et elle hochait la tête, pensive et maléfique1…Un soir, mon père nous annonça que maman ne rentrerait pas à

la maison, parce qu’elle était restée auprès de sa sœur « qui n’était pas bien » . Nous dînâmes tous les quatre en silence, puis j’aidai mon père à coucher la petite sœur .

Ce fut une opération difficile, à cause du pot, des langes2, et de notre peur de la casser .

Tout en tirant sur mes chaussettes, je dis à Paul : « La tante Rose, ils sont en train de la déboutonner . »

Il lisait dans son lit ses chers Pieds Nickelés, et il ne me répondit pas . Mais j’avais résolu de l’initier3 aux grands mystères, et j’insistai : « Est-ce que tu sais pourquoi ? »

Il ne bougea pas davantage, et je m’aperçus qu’il dormait .Alors, je tirai doucement son livre de ses mains, j’aplatis ses genoux

et, du premier coup, je soufflai la lampe .

Le lendemain, qui était un jeudi, mon père nous dit :– Allez ouste ! Levez-vous : nous allons chez la tante Rose et je vous

promets une belle surprise !– Moi, dis-je, ta surprise, je la sais déjà…– Ho ho ! dit-il . Et que sais-tu ?– Je ne veux pas te le dire, mais je te promets que j’ai tout compris .Il me regarda en souriant, mais il n’insista pas .

1. Malfaisante.2. Couches.3. Lui apprendre.

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COLLÈGE cycle 4 : Vivre en société, participer à la société Avec autrui : familles, amis, réseaux (5e)

Classiques Contemporains

M. Pagnol, R. Dahl, N. Sarraute, Molière, J. Vallès, H. Bazin, C. Dickens, É.-E. Schmitt, J. de La Fontaine, A. de Saint-Exupéry, D. Pennac, R. Goscinny, M. Twain, J. Kessel, J. M. G. Le Clézio, A. Nothomb, C. Brontë, J.K. Rowling, A. Gavalda, A. Ferney, A. Chedid, C. Beauvais, I. Némirovsky, C. Laye, E. Ferrante, W. Golding

Avec autrui : familles, amis, réseauxExplorer le fil ténu qui relie l’enfant et l’adolescent à autrui, tel est bien l’enjeu de ce recueil inédit, où se côtoient les genres littéraires les plus variés (autobiographies, contes, romans classiques, récits modernes, romans jeunesse, fables, théâtre), à travers les textes recommandés dans les programmes et bien d’autres, tous de grands auteurs et accessibles aux élèves.

Ces extraits choisis de récits d’enfance et d’adolescence éclairent les relations avec autrui, favorisant la découverte des enjeux de la vie en société selon le thème au programme des classes de 5e. Ils permettront d’aborder la construction de l’identité et de s’interroger sur le sens de la conquête de l’autonomie au sein ou contre un groupe, qu’il soit constitué par la famille, les amis ou un réseau plus ample.