Avant-Propos: La gestion du risque sanitaire dans l’eau nous impose-t-elle une nouvelle approche...

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A A A A A A V V V A A A N N N N T T T T - - - P P P P P R R R OPOS REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2014 - N°460 // 25 © 2014 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés. Vincent Maréchal a,b, * La gestion du risque sanitaire dans l’eau nous impose-t-elle une nouvelle approche des questions environnementales? de l’IRD (Polynésie française) qui ont été à l’ori- gine des principales avancées sur cette pathologie. Les auteurs proposent une synthèse très complète des facteurs biologiques, environnementaux et anthropiques qui conduisent de la dégradation des écosystèmes coralliens à l’intoxication humaine, en passant par les mécanismes de prolifération des dinoflagellés toxinogènes. Ils présentent également les nouveaux espoirs thérapeutiques qui sont nés de l’exploration des pharmacopées traditionnelles. L’article proposé par Estelle Cateau et collaborateurs s’intéresse aux amibes libres. Moins connues que les amibes parasites du tube digestif, comme Entamoeba histolytica, les amibes libres sont occasionnellement liées à des kératites (Acanthamoeba spp.), des encé- phalites ( Acanthamoeba spp. et Balamuthia mandrilla- ris) et des méningo-encéphalites amibiennes primitives (Naegleria fowleri) qui peuvent s’avérer dramatiques. Cette revue détaille la biologie de ses organismes et leurs écosystèmes. Elle précise notamment les risques amibiens associés à des activités aquatiques dans des environnements dont l’état sanitaire est le plus souvent inconnu, posant le problème d’une surveillance élargie de la qualité microbiologique des eaux. Par ailleurs, il est rappelé que les amibes peuvent aussi héberger des bactéries pathogènes, voire même sélectionner celles d’entre-elles qui présentent une plus grande virulence pour l’homme. C e second numéro spécial de la Revue Franco- phone des Laboratoire consacré aux micro- organismes pathogènes dans l’eau explore de nouvelles dimensions des relations étroites qui existent entre l’homme, le risque microbien et les environnements hydriques. Le premier article porte sur la ciguatéra, une intoxication liée à la consom- mation de poissons ou de mollusques qui concerne près de 400 millions de personnes en zone Paci- fique tropicale. On dénombre près de 100 000 cas annuels de cette maladie, liée à l’accumulation de toxines produite par une micro-algue dinoflagel- lée (Gambierdiscus spp.) qui se développe sur les coraux morts. Cet article (Mireille Chinain et al.) a été rédigé par les équipes de l’Institut Malardé et a Sorbonne Universités – Université Pierre-et-Marie-Curie Université Paris 06 – INSERM U1135 Centre d’immunologie et des maladies infectieuses (CIMI) – Persistent viral infections (PVI) Team b UMRS872 – Centre de recherche des Cordeliers 15, rue de l’École-de-Médecine 75006 Paris * Correspondance [email protected] MICRO-ORGANISMES PATHOGÈNES DE L’EAU

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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2014 - N°460 // 25

© 2014 – Elsevier Masson SAS – Tous droits réservés.

Vincent Maréchala,b,*

La gestion du risque sanitaire dans l’eau nous impose-t-elle une nouvelle approche des questions environnementales ?

de l’IRD (Polynésie française) qui ont été à l’ori-gine des principales avancées sur cette pathologie. Les auteurs proposent une synthèse très complète des facteurs biologiques, environnementaux et anthropiques qui conduisent de la dégradation des écosystèmes coralliens à l’intoxication humaine, en passant par les mécanismes de prolifération des dinoflagellés toxinogènes. Ils présentent également les nouveaux espoirs thérapeutiques qui sont nés de l’exploration des pharmacopées traditionnelles.L’article proposé par Estelle Cateau et collaborateurs s’intéresse aux amibes libres. Moins connues que les amibes parasites du tube digestif, comme Entamoeba histolytica, les amibes libres sont occasionnellement liées à des kératites (Acanthamoeba spp.), des encé-phalites (Acanthamoeba spp. et Balamuthia mandrilla-ris) et des méningo-encéphalites amibiennes primitives (Naegleria fowleri) qui peuvent s’avérer dramatiques. Cette revue détaille la biologie de ses organismes et leurs écosystèmes. Elle précise notamment les risques amibiens associés à des activités aquatiques dans des environnements dont l’état sanitaire est le plus souvent inconnu, posant le problème d’une surveillance élargie de la qualité microbiologique des eaux. Par ailleurs, il est rappelé que les amibes peuvent aussi héberger des bactéries pathogènes, voire même sélectionner celles d’entre-elles qui présentent une plus grande virulence pour l’homme.

Ce second numéro spécial de la Revue Franco-phone des Laboratoire consacré aux micro-organismes pathogènes dans l’eau explore

de nouvelles dimensions des relations étroites qui existent entre l’homme, le risque microbien et les environnements hydriques. Le premier article porte sur la ciguatéra, une intoxication liée à la consom-mation de poissons ou de mollusques qui concerne près de 400 millions de personnes en zone Paci-fique tropicale. On dénombre près de 100 000 cas annuels de cette maladie, liée à l’accumulation de toxines produite par une micro-algue dinoflagel-lée (Gambierdiscus spp.) qui se développe sur les coraux morts. Cet article (Mireille Chinain et al.) a été rédigé par les équipes de l’Institut Malardé et

a Sorbonne Universités – Université Pierre-et-Marie-CurieUniversité Paris 06 – INSERM U1135Centre d’immunologie et des maladies infectieuses (CIMI) – Persistent viral infections (PVI) Team b UMRS872 – Centre de recherche des Cordeliers15, rue de l’École-de-Médecine75006 Paris

* [email protected]

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La coordination de ce dossier a été assurée par le Pr Vincent Maréchal, Sorbonne Universités, Université Pierre-et-Marie-Curie, Centre de recherche des Cordeliers, Paris.

La troisième revue de ce numéro (Cécile Bernard et al.) aborde les multiples composantes du risque sanitaire associé aux cyanobactéries (anciennement appelées algues bleu-vert). Celles-ci jouent un rôle central dans les écosystèmes continentaux. Leur prolifération massive, souvent favorisée par l’eutro-phisation des milieux, induit des nuisances multiples (nuisances visuelles, olfactives, perturbation des écosystèmes par intoxication des poissons et/ou privation d’oxygène). Les déterminants physiques, chimiques et biologiques de ces proliférations sont encore mal connus, quoique souvent associés à une anthropisation des milieux. La prolifération de certaines souches peut conduire à la libération de toxines puissantes pouvant toucher les animaux sauvages, domestiques et l’homme à l’occasion de baignades ou après ingestion d’eau contami-née. Cette revue très complète souligne une fois encore l’importance de mesures de surveillance globales et les limites des méthodes de détection actuellement disponibles.Les mycobactéries non-tuberculeuses sont recon-nues comme pathogènes émergents depuis 2004 par l’Organisation mondiale de la Santé. Faiza Mougari et Emmanuelle Cambau font un état des lieux de l’écologie de ces bactéries, associées à des infec-tions respiratoires ou iatrogènes, en particulier chez les patients immunodéprimés. Présentes sous forme libre ou bien associées à des vecteurs animaux, végétaux, ou à des protozoaires, ces mycobactéries sont détectées dans de nombreux environnements hydriques (eau potable, eau à usage récréatif) où leur présence, leur persistance voire leur proliféra-tion peuvent s’avérer problématiques.

Nous avons souhaité sortir du cadre strict de la microbiologie des eaux pour souligner l’importance des environnements hydriques dans la circulation des bactéries résistantes aux antibiotiques. La revue proposée par Laurence Drieux-Rouzet et Vincent Jar-lier démontre – en s’appuyant sur le modèle des enté-

robactéries productrices de β-lactamases à spectre étendu – que des bactéries sélectionnées en milieu hospitalier peuvent rejoindre – via les effluents – les eaux de surface. Les eaux des rivières, en aval des stations d’épuration notamment, constitueraient ainsi une voie de recirculation privilégiée de germes résistants vers l’homme ou l’animal, notamment via l’utilisation des eaux contaminées pour l’arrosage des cultures maraîchères ou comme eaux de bois-son. Cette revue souligne une fois encore combien la problématique de la sélection et de la circulation des bactéries résistantes doit être appréhendée de façon intégrée, à l’interface entre le secteur médical, le milieu agrovétérinaire (dans lequel les antibio-tiques ont longtemps été utilisés comme facteurs de croissance) et l’environnement.

Sommairethématique

Ciguatéra : aspects écologiques, biologiques et toxicologiques .............. p. 27

Les amibes libres : un danger méconnu ....................................... p. 41

Les cyanobactéries et leurs toxines .................................................... p. 53

Mycobactéries et eau ................................... p. 69

Bactéries multirésistantes dans l’eau : modèles des entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu .............................................. p. 75

QCM .............................................................................. p. 80