Autres visites : Le quartier de Mériadeck et la Chartreuse · 2013-04-11 · automobile et...

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www.bordeaux.fr Le quartier de Mériadeck et la Chartreuse Jean Catherineau, qui fit une importante carrière dans la marine, avait consigné dans son testament l’exacte réalisation de son mausolée qu’il destinait à l’embellissement de son cimetière. Sur l’allée Fonfrède, face à l’allée du Colonel-Deschamps, le tombeau du publiciste Henri Fonfrède (1841) se signale par sa haute pyramide tronquée surmontée d’un buste en marbre blanc. Il est l’oeuvre de célèbre sculpteur Domenico Maggesi, directeur de l’école de sculpture de la ville et chargé de la statuaire officielle. Non loin, dans l’allée du Colonel-Deschamps sur main droite, la pyramide Latus (entre 1827 et 1865) porte l’inscription «ici, j’attend». La pyramide est l’une des plus ancienne forme d’évocation funéraire évoquant l’Egypte ancienne, elle séduit les architectes utopistes du siècle des Lumières avant d’être adoptée dans l’architecture funéraire au début du XIXe s. Plus loin, à l’angle avec l’allée Pierre-Lafon, le tombeau Chiapella (aprés 1822) est signé par l’architecte Armand Corcelles. D’esprit antiquisant inspiré des mausolées découverts à Pompéi et à Rome, il est formé d’un imposant sarcophage ceint d’un mur de clôture. En poursuivant l’allée Fonfrède et en passant devant le tombeau de Bouyou-Cramail, orné d’un bas relief familier aux années 1920-1950 à Bordeaux (une orante coiffée à l’antique saisit une croix au pied de laquelle pousse une fleur de pavot, symbole d’immortalité), on atteint ’extrémité des allées Goya et Jean-Burguet réunies. Ici se dresse le cénotaphe de Goya (1828).Le peintre y reposa de 1828 à 1898, auprés de Martin Miguel Goicuecha, ancien maire de Madrid et ami du peintre. En 1898, ses restes furent exhumés pour être transférés à Madrid, dans la chapelle Saint-Isidore où il repose toujours. A l’arrière, la stèle de Jacques Galos (1831) est un édifice monumental en forme de pyramide tronquée sommée d’une urne funéraire. Chaque face du monument célèbre par des inscriptions une qualité du défunt dans l’esprit de valeurs révolutionnaires : patriote (portrait de profil), fidèle ami et bon père de famille (deux mains serrées) et chef d’entreprise (cornes d’abondance pour ses activités de commerçant). Au terme de l’allée Fonfrède, le dépositoire, dépôt provisoire de caveaux des particuliers, est un édifice néoclassique en croix grecque élevé en 1852 par Charles Burguet, architecte de la ville. Au-delà de dépositoire, sur l’allée de la Patrie, de part et d’autre de l’allée des artistes, le tombeau des artistes lyriques (1859), imposant sarcophage surmonté d’une figure d’ange, fait face au tombeau Lauriol (contemporain). Ici reposent plus de 120 artistes ; leur art est célèbre par le décor sculpté. De nombreuses autres sculptures méritent d’être observées par la qualité de leur architecture et de laur décor. En rejoignant l’allée de la Grande-Croix, allée centrale du cimetière, on longe plusieurs chapelles funéraires. Au terme de l’allée vers l’est, l les chapelles Ducos et Bounin- Seignouret illustrent le faste accordé à l’art funéraire. La première de style gothique, est précédée d’un vestibule. Sur le mur pignon, le buste de négociant Théodore Ducos, député de la Gironde et ministre de la Marine, est flanquée d’un caducée et d’une ancre. La seconde (1860) conjugue dans l’esprit éclectique de XIXe s. les influences gothiques et classiques. Son architecte Gustave Alaux (1816-1882), architecte départemental et menbre de la Comission des monuments historiques, est l’auteur de plus de 70 églises dans la région. Dans l’axe de l’allée de la Grande-Croix, contre le mur de clôture du cimetière, la chapelle Marmiche est un véritable petit temple à l’antique. De style dorique par la forme de ses colonnes et de son entablement (triglyphes et métopes), sa façade est couronnée d’un fronton sculpté de la foi entre deux anges porteurs d’âmes. Sous le portique, deux bas reliefs représentent le désespoir et l’éternelle tristesse; ils sont accompagnés d’épitaphes où s’exprime la sensibilité romantique. Par l’allée Ravez, on regagne la sortie principale. AUX ABORDS DU QUARTIER MÉRIADECK Au-delà de l’église Saint-Bruno, la rue François-de-Sourdis, puis le cours du Maréchal- Juin perpendiculaire sont jalonnés de plusieurs édifices contemporains. Face au cimetière, l’hôtel de région, construit par la Société bordelaise d’architecture (1989), et la patinoire de Mériadeck (salle polyvalente), oeuvre de Claude-Henri Aubert (1980); illustrent deux tendances architecturales du quartier moderne, l’une jouant sur la transparence, l’autre sur la fermeture des murs. Au contraire des immeubles élevés sur les terrasses et le plan définitif de Mériadeck arrêté en 1970, les architectes n’étaient pas ici contraints au plan cruciforme. Les édifices bâtis en périphérie du quartier offrent une diversité de plans capables de répondre à la fonctionnalité de chacun. La dernière création architecturale est celle de Claude Marty, qui donne au nouvel hôtel de police de la ville, terminé en 2003, un traitement aigu ; sa façade s’inscrit à la suite du cimetière dans l’alignement de la rue François-de-Sourdis. La bibliothèque municipale, oeuvre de Bernard Trinqué et de Jacques Tournié (1989), est totalement parée de verre sur une structure de béton. Autres visites : - La façade des quais - L’église St Bruno - Le quartier St Serin - La place Lucien-Victor-Meunier et la rue Capdeville - La place des Martyrs-de-la-Résistance - La cité Mondiale - La porte de Bourgogne - La porte de la Monnaie

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www.bordeaux.fr

Le quartier de Mériadeck et la Chartreuse

Jean Catherineau, qui fit une importante carrière dans la marine, avait consigné dans son testament l’exacte réalisation de son mausolée qu’il destinait à l’embellissement de son cimetière. Sur l’allée Fonfrède, face à l’allée du Colonel-Deschamps, le tombeau du publiciste Henri Fonfrède (1841) se signale par sa haute pyramide tronquée surmontée d’un buste en marbre blanc. Il est l’oeuvre de célèbre sculpteur Domenico Maggesi, directeur de l’école de sculpture de la ville et chargé de la statuaire officielle. Non loin, dans l’allée du Colonel-Deschamps sur main droite, la pyramide Latus (entre 1827 et 1865) porte l’inscription «ici, j’attend». La pyramide est l’une des plus ancienne forme d’évocation funéraire évoquant l’Egypte ancienne, elle séduit les architectes utopistes du siècle des Lumières avant d’être adoptée dans l’architecture funéraire au début du XIXe s. Plus loin, à l’angle avec l’allée Pierre-Lafon, le tombeau Chiapella (aprés 1822) est signé par l’architecte Armand Corcelles. D’esprit antiquisant inspiré des mausolées découverts à Pompéi et à Rome, il est formé d’un imposant sarcophage ceint d’un mur de clôture.

En poursuivant l’allée Fonfrède et en passant devant le tombeau de Bouyou-Cramail, orné d’un bas relief familier aux années 1920-1950 à Bordeaux (une orante coiffée à l’antique saisit une croix au pied de laquelle pousse une fleur de pavot, symbole d’immortalité), on atteint ’extrémité des allées Goya et Jean-Burguet réunies. Ici se dresse le cénotaphe de Goya (1828).Le peintre y reposa de 1828 à 1898, auprés de Martin Miguel Goicuecha, ancien maire de Madrid et ami du peintre. En 1898, ses restes furent exhumés pour être transférés à Madrid, dans la chapelle Saint-Isidore où il repose toujours. A l’arrière, la stèle de Jacques Galos (1831) est un édifice monumental en forme de pyramide tronquée sommée d’une urne funéraire. Chaque face du monument célèbre par des inscriptions une qualité du défunt dans l’esprit de valeurs révolutionnaires : patriote (portrait de profil), fidèle ami et bon père de famille (deux mains serrées) et chef d’entreprise (cornes d’abondance pour ses activités de commerçant).

Au terme de l’allée Fonfrède, le dépositoire, dépôt provisoire de caveaux des particuliers, est un édifice néoclassique en croix grecque élevé en 1852 par Charles Burguet, architecte de la ville. Au-delà de dépositoire, sur l’allée de la Patrie, de part et d’autre de l’allée des artistes, le tombeau des artistes lyriques (1859), imposant sarcophage surmonté d’une figure d’ange, fait face au tombeau Lauriol (contemporain). Ici reposent plus de 120 artistes ; leur art est célèbre par le décor sculpté. De nombreuses autres sculptures méritent d’être observées par la qualité de leur architecture et de laur décor. En rejoignant l’allée de la Grande-Croix, allée centrale du cimetière, on longe plusieurs chapelles

funéraires. Au terme de l’allée vers l’est,

l

les chapelles Ducos et Bounin-Seignouret illustrent le faste accordé à l’art funéraire. La première d e s t y l e gothique, est précédée d’un vestibule. Sur le mur pignon, le buste de négociant Théodore Ducos, député de la Gironde et ministre de la Marine, est flanquée d’un caducée et d’une ancre. La seconde (1860) conjugue dans l’esprit éclectique de XIXe s. les influences gothiques et classiques. Son architecte Gustave Alaux (1816-1882), architecte départemental et menbre de la Comission des monuments historiques, est l’auteur de plus de 70 églises dans la région.

Dans l’axe de l’allée de la Grande-Croix, contre le mur de clôture du cimetière, la chapelle Marmiche est un véritable petit temple à l’antique. De style dorique par la forme de ses colonnes et de son entablement (triglyphes et métopes), sa façade est couronnée d’un fronton sculpté de la foi entre deux anges porteurs d’âmes. Sous le portique, deux bas reliefs représentent le désespoir et l’éternelle tristesse; ils sont accompagnés d’épitaphes où s’exprime la sensibilité romantique. Par l’allée Ravez, on regagne la sortie principale.

AUX ABORDS DU QUARTIER MÉRIADECKAu-delà de l’église Saint-Bruno, la rue François-de-Sourdis, puis le cours du Maréchal-Juin perpendiculaire sont jalonnés de plusieurs édifices contemporains.

Face au cimetière, l’hôtel de région, construit par la Société bordelaise d’architecture (1989), et la patinoire de Mériadeck (salle polyvalente), oeuvre de Claude-Henri Aubert (1980); illustrent deux tendances architecturales du quartier moderne, l’une jouant sur la transparence, l’autre sur la fermeture des murs.

Au contraire des immeubles élevés sur les terrasses et le plan définitif de Mériadeck arrêté en 1970, les architectes n’étaient pas ici contraints au plan cruciforme. Les édifices bâtis en périphérie du quartier offrent une diversité de plans capables de répondre à la fonctionnalité de chacun.

La dernière création architecturale est celle de Claude Marty, qui donne au nouvel hôtel de police de la ville, terminé en 2003, un traitement aigu ; sa façade s’inscrit à la suite du cimetière dans l’alignement de la rue François-de-Sourdis. La bibliothèque

municipale, oeuvre de Bernard Trinqué et de Jacques

T o u r n i é ( 1 9 8 9 ) , e s t t o t a l e m e n t parée de verre sur

une structure de

béton.

Autres visites :

- La façade des quais - L’église St Bruno- Le quartier St Serin - La place Lucien-Victor-Meunier et la rue Capdeville- La place des Martyrs-de-la-Résistance- La cité Mondiale - La porte de Bourgogne- La porte de la Monnaie

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Ce quartier hybride, édifié sur un ensemble de bureaux et de logements construits au cours des dernières décennies, tandis qu’aux abords, des ruelles d’échoppes invitent à une courte pro-menade oisive. Dans le cimetière de la Chartreuse, implanté en 1792, divers témoins de l’art funéraire des XIXe et XXe s. multiplient les effets spectaculaires. Y reposent de nombreuses figures bordelaises.

UN QUARTIER SUR D’ANCIENS MARÉCAGES

Hors les murs de la cité médiévale, à proximité du palais de l’archevêque (hôtel de ville), s’étendait auparavant une vaste zone marécageuse. Asséchée une première fois par le cardinal François de Sourdis de 1611 à 1620, elle accueillit l’enclos des chartreux. Le cardinal avait associé cette implantation à une affaire d’utilité publique : le dessèchement des marais étendus à l’ouest de la ville, où convergent le Peugue et la Devèze. Ils étaient alors devenus un vaste jardin de canaux et furent rapidement oubliés. En 1770, Mgr Ferdinand-Maximilien Mériadeck de Rohan opéra à nouveau un assainissement complet des terrains qui peu à peu furent lotis. Au XIXe s., le quartier se couvrit d’échoppes, maisons urbaines originales dotées d’un jardinet, élevées pour les ouvriers et les artisans de la cité industrielle.

PREMIER URBANISME MODERNE À BORDEAUX

C’est en 1955 que la municipalité décide la rénovation massive de l’îlot d’une trentaine d’hectare. L’architecte en chef Jean Royer élabore

un ensemble reposant sur le principe de séparation des circulations automobile et piétonne. Il suspend pour cela le quartier tout

entier sur une dalle, à l’instar du quartier de la Défense à Paris. Initialement conçu pour accueillir des logements HLM,

le projet, retardé par les difficultés d’expropiation et de relogement, évolue et devient un centre administratif et

d’affaires. En 1970, les travaux sont lancés sur les plans de Jean Willerval et Paul Lagarde. L’urbanisme moderne

héritier de Le C o r b u s i e r

(plan Voisin pour le

centre de paris en

1925)

et des principes du CIAM (1933 - «congrés

international d’architecture moderne») fait son entrée dans Bordeaux. Il repose toujours sur la volonté d’isoler les piétons de la circulation automobile selon les principes de la ville idéale, et répond à la croissance urbaine par l’intervention d’un déploiement symétrique de gratte-ciel cruciformes. Sur les terrasses de Mériadeck, divisées en une douzaine d’îlots reliés par des passerelles et ponctués de jardins, s’élèvent bureaux, logements centre commercial, hôtels, équipements sportifs et culturels. Aujourd’hui inscrit dans l’histoire de l’urbanisme bordelais, il est aussi ceinturé de constructions actuelles, la dernière en date étant l’hôtel de police achevé en 2003.

AU COEUR DE MÉRIADECKApprocher par la place de Colonel-Raynal.

Le siège de La Caisse d’épargne et de prévoyance, situé à l’angle de la rue du Château-d’Eau et de la rue Claude-Bonnier, est une articulation complexe de formes géométriques simples. Son volume s’inscrit dans la vogue de l’architecture organique des années 1960, marquées par les oeuvres de Franck Llyod Wright (musée Gugenheim, New York, 1946).Symbole de stabilité, confrontant l’image d’une institution fiable, son enveloppe rugueuse de petits galets et béton souligne l’effet s c u l p t u r a l et plastique de l’édifice, construit entre

1974 et 1980 par E. Lay, P. Layré-Cassou et P. Dugravier. En remontant la rue du Château-d’Eau vers la Grande Poste (entrée de centre commercial regroupant 80 commerces et une grande surface), la rue Père-Dieuzaide comme la rue Claude-Bonnier coupent le quartier et offrent un point de vue signicatif sur la nature de l’urbanisme inspiré du projet de Le Corbusier pour la Défense à Paris.

En empruntant l’escalier vers la terrasse de la Grande Poste, on peut depuis les dalles piétonnes, «trottoirs suspendus» remonter la rue Père-Dieuzade et atteindre les Jardins de Gambetta.

Ce complexe immobilier des Jardins de Gambetta est formé de quatre tours d’habitation (huit niveaux) établies sur un socle plus large fait de trois niveaux pour recevoir des bureaux; ce haut «sous-bassement» est traité sur chacune de ses faces à la manière d’un bow-widow. Leur forme basée sur un plan en croix respecte les contraintes fixées par les architectes coordonnateurs de l’opération urbaine du quartier. Deux niveaux de parkings privés «comblent» le dénivelé entre la terrasse et la rue motorisée.Par un dédale de passerelles traversantes, pour éprouver son sens de l’orientation en parcourant les terrasses du Front du Médoc et du Général Koenig, on gagne la rue Claude-Bonnier, puis la rue Courpon, qui longe l’église Saint-Bruno.

L’ÉGLISE SAINT-BRUNORue François-de-Sourdis. Ouv du mar. au sam. de 8h30 à 12h et de 14h à 18h. le dim de 8h30 à 12h30 (messe à 8h30 et 11h30)

Déploiement de marbre et de pierrre de Taillebourg, il s’articule autour de deux espaces : le choeur droit sur un niveau orné de quatre niche à statue, et l’abside tournante où il se surélève pour enchâsser les peintu-r e s de Philippe de Champaigne, notament l’Assomption et le

Saint-Esprit (1673). De part et d’autre, le groupe sculpté de l’Annonciation est l’oeuvre du

Bernin (Gianlorenzo Bernini, dit le Bernin, 1598-1680) et de son père (Pietro Bernini) qui réalisent respective-ment les statues de l’ange et de la Vierge. L’ensemble fut commandé par le cardinal de Sourdis, prélat cultivé séjournant à Rome. Dans ces mêmes années 1620, l’Italien Ottaviano Lazeri sculpte à sa de-mande

les figu-res historiques

de Charles Borromée et de saint Bruno en vis-à-vis dans les

deux premières niches du choeur, deux belles oeuvres au drapé soigné et aux expressions graves. Les

deux statues représentant saint Jean-Baptiste et Joseph sont de Jean Girouard (1675).En avant du choeur, les stalles de Jean Thibaud et Claude Gaullier (vers 1620) constituent un bel ouvrage portant des effigies de saints ; la chaire ornée des figures des évangélistes date de 1862. La nef est ta-pissée de peintures : le cycle abîmé de la vie de saint Bruno est une re-production inversée (XVIIe s.) de l’oeuvre contemporaine de Le Sueur conservée au Louvre. Dans la veine caravagesque, les toiles de saint Bruno en extase et de saint Jérôme (par les frères Guy et Jean François, 1625-1630) sont de grande qualité.Joyau de l’architecture religieuse du XVIIe s. à Bordeaux, l’église Saint-Bruno (1611-1628), chartreuse de Bordeaux, a retrouvé son éclat lors d’une récente campagne de restauration qui met en lumière son mo-bilier (XVIIe s.) et ses fresques (XVIIIe s.).Scandée de pilastres, la façade est monumentale au premier niveau (piédestraux des pilastres, forte corniche) et se resserre dans les parties hautes autour de deux grandes volutes sous un fronton curviligne. El-les portent les armes du cardinal François de Sourdis, qui fit don des terrains en 1609 à la communauté des chartreux autrefois implantée dans le quartier des chartrons. A l’intérieur, les parties supérieures des murs, tout comme l’ensemble des voûtes et des lunettes, sont couvertes de peintures en trompe l’oeil signées par le peintre italien J.A Bérinzago, à Bordeaux, entre 1757 et 1762. A la fin du XIXe s., des désordres dans la maçonnerie de la grande voûte de la nef obligent sa complète réfection (1895) :une voûte de brique reçoit alors le décor fidèlement repeint dans une pa-lette réduite, autour des ocre, des terres d’ombre brûlées et de Sienne (bruns) rehaussées d’or et de blanc. Oeuvre de Julien Foucré et de Nicolas Mérisson (1669-1672) le mobilier architectural du choeur et de l’abside forme un ensemble remarquable où s’exprime comme nulle part à Bordeaux la verve du baroque.

LE CIMETIÈRE DE LA CHARTREUSEAccés par la rue François-de-Sourdis. Ouv du lun. au sam. de 8h30 à 17h30, le dim. de 9h à 17h 30 (se signaler à l’entrée auprés du gardien) ; les lieux invitent à la discrétion, les photographies et les films y sont strictement interdites.

C’est en 1791 qu’il est décidé d’implanter le cimetière de la ville sur l’enclos des Chartreux. Il est ceint de murs en 1792, sauf au sud où la Devèze tenait lieu de limite. Au milieu de XIXe s., il est augmenté en direction des boulevards actuels, passant de 16 à 25 ha. Son entrée

monumentale sur la rue François-de-Sourdis face à l’église Saint-Bruno est élevée en 1894, sa façade d’origine étant conservée

sur la rue Georges-Bonnac. Il offre un extraordinaire panel de l’architecture funéraire des XIXe et XXe s.Immédiatement à gauche en entrant par l’entrée principale, le mausolée Crozatier (1927) est un exemple original de l’art funéraire de l’entre-deux-guerres dans la veine réaliste. Il est composé d’un grand personnage assis dont le visage est voilé dans la tradition des sacrificateurs antiques ; il est une figure d’éternité ou de repos éternel. Par l’allée Ravez, on rejoint l’allée Fonfrède. Au 2e îlot, situé non directement sur l’allée mais à l’arrière du premier alignement de sépultures, se dresse le mausolée Catherineau (1874) d’une rare intensité dramatique : une allégorie de la mort amplement drapée d’un linceul et armée d’une faux domine un rocher contre lequel un bateau s’est échoué (sculpteur Jean Mora).

LE QUARTIER DE MÉRIADECK ET LA CHARTREUSE