Autres contributions

6
Rue Frontenac - Solidarité arabe depuis Montréal Écrit par Vincent Larouche Vendredi, 11 février 2011 13:08 - Mis à jour Vendredi, 11 février 2011 13:14 Branchés en permanence sur leur pays d’origine grâce à Facebook, Twitter et les sites des médias étrangers comme Al-Jazeera, des centaines de Montréalais d’origine arabe passent des nuits blanches depuis que les manifestations ont débuté en Tunisie. Et malgré le manque de sommeil qui se fait sentir, plusieurs espèrent que la vague de contestation continuera de captiver le monde entier en s’étendant aux pays voisins. « Dans les premières semaines, on ne pouvait pas faire autrement que suivre ça de très près, on était tout le temps branchés, principalement sur Facebook. À un moment donné, plus personne ne dormait ! Et au travail, c’était dur de se concentrer », raconte Bochra Manaï. La jeune femme de 28 ans est tunisienne d’origine, née d’une mère algérienne. Elle et sa famille ont vécu en France, en tant que réfugiés politiques du régime autoritaire du président Ben Ali, avant d’immigrer au Québec où Bochra Manaï poursuit un doctorat en études urbaines. Depuis le début des manifestations qui ont fini par renverser Ben Ali, puis de celles qui font chanceler le pouvoir en Égypte, son cœur est en Afrique du Nord avec les manifestants. « C’était tellement frustrant d’être ici, à 6 000 kilomètres de distance, pendant que notre pays se soulevait ! » lance-t-elle. Maintenant que la révolution a réussi dans son pays natal, elle tourne les yeux vers la patrie de sa mère, où certains opposants commencent à s’agiter. « Il y a un appel à une grande marche pour l’Algérie le 12 février. On va être plusieurs à les appuyer. Les Algériens d’ici ont toujours été présents dans les manifestations en appui au soulèvement tunisien, et on a tous participé à la manif pour les Égyptiens. Il y a une espèce de solidarité entre les personnes de la communauté arabe », explique-t-elle. 1 / 3

description

Contributions tierces

Transcript of Autres contributions

  • Rue Frontenac - Solidarit arabe depuis Montralcrit par Vincent LaroucheVendredi, 11 fvrier 2011 13:08 - Mis jour Vendredi, 11 fvrier 2011 13:14

    Branchs en permanence sur leur pays dorigine grce Facebook, Twitter et les sites desmdias trangers comme Al-Jazeera, des centaines de Montralais dorigine arabe passent desnuits blanches depuis que les manifestations ont dbut en Tunisie. Et malgr le manque desommeil qui se fait sentir, plusieurs esprent que la vague de contestation continuera decaptiver le monde entier en stendant aux pays voisins.

    Dans les premires semaines, on ne pouvait pas faire autrement que suivre a de trs prs,on tait tout le temps branchs, principalement sur Facebook. un moment donn, pluspersonne ne dormait! Et au travail, ctait dur de se concentrer, raconte Bochra Mana. La jeune femme de 28 ans est tunisienne dorigine, ne dune mre algrienne. Elle et safamille ont vcu en France, en tant que rfugis politiques du rgime autoritaire du prsidentBen Ali, avant dimmigrer au Qubec o Bochra Mana poursuit un doctorat en tudes urbaines. Depuis le dbut des manifestations qui ont fini par renverser Ben Ali, puis de celles qui fontchanceler le pouvoir en gypte, son cur est en Afrique du Nord avec les manifestants. Ctait tellement frustrant dtre ici, 6000 kilomtres de distance, pendant que notre pays sesoulevait! lance-t-elle. Maintenant que la rvolution a russi dans son pays natal, elle tourne les yeux vers la patrie desa mre, o certains opposants commencent sagiter. Il y a un appel une grande marche pour lAlgrie le 12 fvrier. On va tre plusieurs lesappuyer. Les Algriens dici ont toujours t prsents dans les manifestations en appui ausoulvement tunisien, et on a tous particip la manif pour les gyptiens. Il y a une espce desolidarit entre les personnes de la communaut arabe, explique-t-elle.

    1 / 3

  • Rue Frontenac - Solidarit arabe depuis Montralcrit par Vincent LaroucheVendredi, 11 fvrier 2011 13:08 - Mis jour Vendredi, 11 fvrier 2011 13:14 {photovault:photovault_library/originals/2011/02/09/c327483dabce3d4a7e36bb5a790bd0ef.jpg|photovault_library/thumbnails/440/2011/02/09/c327483dabce3d4a7e36bb5a790bd0ef.jpg} Bochra Mana suit les mouvements dans le monde arabe depuis Montral grce l'Internet et ses mdias sociaux. Photo Rue Frontenac Lila Ait, 27 ans, dorigine algrienne, abonde dans le mme sens. Celle qui a immigr auQubec il y a 13 ans et qui tudie en journalisme lUniversit Laval ressent bien cet esprit decommunion entre les diffrentes nationalits. On suit a de trs prs, bien sr, car cest quelque chose qui nous concerne tous! Tous lespays arabes, surtout les maghrbins, vivent plus ou moins la mme situation, dit-elle. Celle-ci souligne que le dsir de rvolution est trs fort au sein de la diaspora algrienne,peut-tre mme plus quen Algrie mme. Les gens de la diaspora veulent du changement,cest sr. Nous sommes partis parce que la situation l-bas ne nous convenait plus. Maisl-bas, sur place, il y en a qui ont moins la fibre rvolutionnaire. LAlgrie a connu une dcenniede guerre civile, certains sont blass, explique ltudiante. Turbulences Elle croit toutefois que les raisons de contester le systme ne manquent pas dans son pays. Les gens vivent mal. La vie cote trs cher, il y a un chmage norme, de la misre, beaucoupdinjustice, de la corruption gnralise. La qualit de vie est misrable. On est en suspenspour voir ce que a va donner, mais je ne crois pas quil y aura de rvolution aussi subite dansun futur proche, dit-elle. Myriam, une autre tudiante montralaise ultra-connecte sur les turbulences qui traversent lemonde arabe, accepte de parler de son dsir de rvolution seulement si on tait son nom defamille. Mme aprs 13 ans au Qubec, elle craint toujours les ractions si elle parleouvertement contre le gouvernement autoritaire de son Maroc natal. Cest juste quil y a des gens qui vont venir tembter avec a ensuite. a mest dj arriv,mme si ce ntait rien de grave, dit celle qui a pass des jours et des nuits connecte 24heures sur 24 sur les manifestants tunisiens.

    2 / 3

  • Rue Frontenac - Solidarit arabe depuis Montralcrit par Vincent LaroucheVendredi, 11 fvrier 2011 13:08 - Mis jour Vendredi, 11 fvrier 2011 13:14 Maintenant, le mouvement commence stendre, et jespre que a va se produire auMaroc aussi dit-elle. Je veux que a bouge au Maroc. fond! La grande majorit des gens vivent trs difficilementl-bas, et cest eux que je pense. Je suis trs connecte sur Twitter et Facebook, et je suischoque quand je vois des amis privilgis, des gens laise, qui sont l-bas et qui ont la photodu roi sur leur profil! Ils vont rater la chance daller plus loin dplore-t-elle. Pincement au cur Elle croit quun nouveau gouvernement ne pourrait tre pire que la monarchie actuelle auMaroc, ou que les rgimes autoritaires de Ben Ali et Moubarak en Tunisie et en gypte. Je pourrais presque dire que mme les islamistes seraient plus acceptables que Ben Ali etMoubarak. Je nai rien voir avec aucun mouvement religieux, et mes amis non plus, mais ilsne nous inquitent pas du tout. Ils vont avoir une place, comme tout le monde, mais jamais ilsne pourraient prendre compltement le pouvoir, dit-elle. En attendant de voir si les manifestations stendront dautres pays, elle continue de suivrelvolution de la situation grce internet. Avec un lger pincement au cur de ne pouvoir tresur place. Si je navais pas eu mes examens, je serais partie l-bas. Cest lhistoire qui scrit, et jevoudrais tre l. Ce serait une chance unique dans une vie!

    3 / 3

  • Cet touffement a servi notre succs | Next

    http://next.liberation.fr/culture/01012356466-cet-etouffement-a-servi-notre-succes[2012-01-02 01:13:48]

    INTERVIEW | 27 aot 2011

    Cet touffement a servi notresuccsPar LYDIE MUSHAMALIRWA

    Hip-hop . Le rappeur tunisien El General revient sur lasituation dans son pays avant la rvolution. Rencontre loccasion de son concert samedi Paris :

    Le rappeur El General (Hamada Ben Amor de son vrai nom),21 ans, considr comme la voix de la rvolution tunisienne,pour avoir chant contre Ben Ali malgr les interdits, est un desinvits ce samedi du Grand Ramdam la Villette de Paris, de17 heures 1 h 30 du matin (1). Son tube Ras El Bled voqueun peu The Message, de Grand Master Flash, hymne fondateurdu rap contestataire amricain laube des annes 80.

  • Cet touffement a servi notre succs | Next

    http://next.liberation.fr/culture/01012356466-cet-etouffement-a-servi-notre-succes[2012-01-02 01:13:48]

    Mais si lhistoire du hip-hop en Tunisie ne commence pas avecla rvolution, elle lui donne cependant une visibilit et, partant,une lgitimit nouvelle. Y compris lextrieur puisque, depuis,le rap tunisien se retrouve propuls entre autres sur les scnesfranaises ou belges. Nous vivons dans la souffrance commedes chiens/ la moiti du peuple vit dans lhumiliation et a got la misre./ Prsident du pays, ton peuple est mort/ les gensse nourrissent dans les poubelles : ses chansons continuent dnoncer les conditions de vie difficiles, malgr cette libertdexpression nouvellement acquise.

    On rencontre El General vendredi aprs-midi : jeune hommedoux, timide, prsence humble. Il pse chacun de ses mots avecun calme paradoxal.

    Quel a t limpact de vos chansons sur la rvolution,notamment Ras El Bled ?

    Jai voulu faire passer un message au Prsident. On ne pouvaitpas exprimer notre opinion cette poque, alors jai crit cettechanson. Elle a t diffuse sur Internet, ltranger. Jaiensuite fait Tounes Bledna, une chanson qui a encore plusmarqu la priode de la rvolution. Le ministre me surveillaitdj avant, mais aprs cette chanson, il sest intress moi deplus prs. Ils mont emprisonn pendant trois jours. Les mdiasextrieurs, comme Al Jazira et France 24, se sont mobiliss. Lesgens galement, via Facebook, puis dans la rue. Jai t librquelques jours avant la chute de Ben Ali. Je ne mattendais pas cet engouement.

    Et limpact de la rvolution sur votre carrire de rappeur?

    Avant la rvolution, Internet tait le seul moyen de diffuser mamusique et de communiquer avec le public. Notre musique taitinterdite, on ne pouvait pas faire de concert, on ne pouvait pasvendre de CD sur le march. On ne pouvait mme pas respirer.Cet touffement a servi notre succs : les gens se sentaientopprims, et ils se sont identifis ce que je rappais. Aprs le14 janvier, on a commenc se faire inviter et tre diffuss la radio, la tl, faire des concerts, vendre des CD : mener une vraie vie dartiste.

    Navez-vous jamais eu peur de vous exprimer ?

    Ds que jai commenc, en 2008, jai chant contre le Prsident.Bien sr, au fond de moi, javais peur, comme tout le monde.Surtout pour ma famille. Mais il y a un moment o on na plusle choix, il faut risquer notre vie pour faire entendre notre voix.Heureusement, a a pay, et on a pu accder notre libert.

  • Cet touffement a servi notre succs | Next

    http://next.liberation.fr/culture/01012356466-cet-etouffement-a-servi-notre-succes[2012-01-02 01:13:48]

    Faites

    Depuis que Ben Ali est parti, contre qui crivez-vous ?

    Contre le gouvernement de transition, qui sont des anciens durgime : des dictateurs, des pourris qui ne sintressent qulargent. Le combat nest pas fini. Jcris aussi cette volontdaller de lavant, de construire notre pays, et de rester solidaire,pas seulement avec les Tunisiens, mais avec tous les peuples duMaghreb.

    Avez-vous conscience dtre un porte-parole privilgi dela rvolution ?

    Je me sens investi de cette mission : parler de mon pays, faireentendre ma voix, car cest aussi celle des autres. Mais peuimporte que ce soit travers El General ou quelquun dautre, lepeuple tunisien a besoin de se faire entendre. Mais je ne suispas lunique voix de la rvolution : chaque Tunisien a quelquechose dire, revendiquer.

    Quels sont vos modles musicaux ?

    Jai grandi en coutant Lotfi Double Kanon, un rappeur algrienengag qui se proccupe des problmes du peuple. a madonn envie de raconter la ralit du peuple, telle quelle estvcue et ressentie. Ma musique raconte ce que je vois, ce quimentoure, les problmes de ma socit. Je minspire aussi decertains rappeurs franais, qui font du rap engag : KerryJames, Mdine, El Tunisiano : des rappeurs qui ne font pas durap commercial, mais qui dfendent une cause.

    Comment imaginez-vous lavenir de la scne hip-hopdans votre pays ?

    Le rap est ancr dans la culture tunisienne depuis ses dbuts,comme dans les autres pays du Maghreb. Mais en Tunisie, ellene pouvait pas tre diffuse. Cest le style musical qui peut aumieux exprimer les problmes que nous traversons, et pour celale hip-hop est respect. Ce nest cependant pas encore faciledatteindre un niveau professionnel, et dintgrer une maison dedisque. Mais le potentiel du hip-hop est un terrain vaste exploiter.

    Recueilli par Lydie Mushamalirwa (Interprte: Lila At)

    (1) www.villette.com/agenda/ grand-ramdam-2011.htm

    33519-tunisie-solidariteAutres+contributionsnext.liberation.frCet touffement a servi notre succs | Next

    1hLXNlcnZpLW5vdHJlLXN1Y2NlcwA=: form3: input3: fulltext: