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4 Merci d’adresser vos courriers à la rédaction : Frédéric STAHL, Marijolet, 12 560 ST LAURENT D’OLT et vos mails à [email protected] Un problème technique sur le texte de la deuxième partie de l’article sur le canon indochinois, nous a obligés à modifier le contenu du présent numéro. La suite sera donc publiée dans le N°85 de juillet. Au sujet de sous-marins allemands (I) Bonjour. Dans le H.S. numéro 20 de Navires & Histoire (les sous-marins de la Kriegsmarine), vous indiquez page 19 : - U.548 coulé le 19 avril 1945 par USS BUCKLEY et USS REUBEN JAMES... Page 20 : - USS REUBEN JAMES coulé le 31 octobre 1941 par U.552. Je pense qu’une erreur s’est glissée dans le texte. J’ai fait quelques recherches ; d’après le petit livre « German Submarines » de H.T.LENTON, il est indiqué : U.548 coulé par USN BOSTWICK, COFFMAN, THOMAS et NATCHEZ le 30 avril 1945 à l’est du cap Hatteras. Je n’ignore pas que d’un livre à l’autre, les faits et les dates ne correspondent pas toujours et que les certitudes sont très difficiles. Mais rendons à César... Cordialement et sans critiques... M. Jean Pichon Merci pour votre sympathique message. Non, il n’y a pas d’erreur, l’U.548 a bien été coulé le 19 avril 1945 par les USS Buckley et USS Reuben James. En effet l’USS Reuben James coulé le 31 octobre 1941 est le destroyer DD- 245 de classe « Clemson » alors que celui qui a coulé l’U.548 est le DE-153 de la classe « Buckley ». Ce n’est pas l’U.548 qui a été coulé par les USS Bostwick, USS Coffman, USS Thomas et USS Natchez mais l’U.879. Cette erreur est reprise par plusieurs sites dont Wikipédia. La rédaction Au sujet de sous-marins allemands (II) Je lis avec grand intérêt le Tome III des sous-marins de la Kriegsmarine. Encore bravo et merci. Si vous le permettez, j’aimerais vous faire partager quelques remarques sans importance… Page 6, il me semble que le terme employé pour les systèmes de détection aéroporté (MAD) est « détecteur d’anomalies magnétiques ». C’est le mot utilisé dans la Marine. Mais on s’en fout. Juste qu’à l’occasion d’un prochain article…. Page 25, une question sur l’U.566 : la fin de ce U-boot m’intrigue un peu. Sabordé et 49 tués. Un suicide collectif ? J’ai du mal à m’imaginer le scénario. Je serais heureux que vous puissiez me donner quelques explications. Il semble y avoir une petite erreur de mise en page pour les photos page 61 et 47. Pas grave. Page 78 U.754 , même si ce sous-marin est bien affecté à la 1.Flottille de Brest, la photo est prise à Lorient. On reconnait la rive gauche du Scorff en aval du pont Gueydon, en face de la caserne du Péristyle qui, avant guerre, était le « 3 e dépôt des équipages ». Il est commun de définir la zone visible comme étant « le champ de manœuvre des Fusiliers Marins ». En fait, les installations sur cette rive du Scorff sont du pont Gueydon vers le large : parc des huiles, centre de ballons captifs (carte de 1940), centre d’aviation maritime et ensuite des poudrières. Effectivement l’ancienne école était un peu plus à l’intérieur des terres, la nouvelle aussi. J’ai un souci concernant les silhouettes de certains sous-marins. A moins que je ne me trompe, je trouve…. Voir le tableau ci-après … Page Type Forme 95 848 IX D-2 Pont large 100 858 IX C/40 Pont effilé 106 873 IX D-2 Pont effilé 108 875 IX D-2 Pont effilé 109 883 IX D/42 Pont effilé 110 889 IX C/40 Pont large Je remarque que sur les trois type IX D-2, la forme du pont avant n’est pas la même. Que deux U-boote de type IX C/40, l’un le pont effilé, un autre le pont large. Tout cela sous réserve d’une erreur de ma part. Je ne maîtrise pas tout. Pourriez- vous me donner une petite explication… SVP. Voilà. Bravo pour ce travail. On attend la suite. M. François Pelissier Le destroyer d’escadre DD-245 USS Reuben James qui sera coulé le 31 octobre 1941.(USNA)

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Merci d’adresser vos courriers à la rédaction :Frédéric STAHL, Marijolet, 12 560 ST LAURENT D’OLT et vos mails à [email protected]

Un problème technique sur le texte de la deuxième partie de l’article sur le canon indochinois, nous a obligés à modifi er le contenu du présent numéro. La suite sera donc publiée dans le N°85 de juillet.

Au sujet de sous-marins allemands (I)

Bonjour. Dans le H.S. numéro 20 de Navires & Histoire (les sous-marins de la Kriegsmarine), vous indiquez page 19 :- U.548 coulé le 19 avril 1945 par USS BUCKLEY et USS REUBEN JAMES...Page 20 :- USS REUBEN JAMES coulé le 31 octobre 1941 par U.552.Je pense qu’une erreur s’est glissée dans le texte. J’ai fait quelques recherches ; d’après le petit livre « German Submarines » de H.T.LENTON, il est indiqué : U.548 coulé par USN BOSTWICK, COFFMAN, THOMAS et NATCHEZ le 30 avril 1945 à l’est du cap Hatteras.Je n’ignore pas que d’un livre à l’autre, les faits et les dates ne correspondent pas toujours et que les certitudes sont très diffi ciles. Mais rendons à César...Cordialement et sans critiques...M. Jean Pichon

Merci pour votre sympathique message. Non, il n’y a pas d’erreur, l’U.548 a bien été coulé le 19 avril 1945 par les USS Buckley et USS Reuben James. En effet l’USS Reuben James coulé le 31 octobre 1941 est le destroyer DD-245 de classe « Clemson » alors que celui qui a coulé l’U.548 est le DE-153 de la classe « Buckley ». Ce n’est pas l’U.548 qui a été coulé par les USS Bostwick, USS Coffman, USS Thomas et USS Natchez mais l’U.879.

Cette erreur est reprise par plusieurs sites dont Wikipédia. La rédaction

Au sujet de sous-marins allemands (II)

Je lis avec grand intérêt le Tome III des sous-marins de la Kriegsmarine. Encore bravo et merci. Si vous le permettez, j’aimerais vous faire partager quelques remarques sans importance…Page 6, il me semble que le terme employé pour les systèmes de détection aéroporté (MAD) est « détecteur d’anomalies magnétiques ». C’est le mot utilisé dans la Marine. Mais on s’en fout. Juste qu’à l’occasion d’un prochain article….Page 25, une question sur l’U.566 : la fi n de ce U-boot m’intrigue un peu. Sabordé et 49 tués. Un suicide collectif ? J’ai du mal à m’imaginer le scénario. Je serais heureux que vous puissiez me donner quelques explications.Il semble y avoir une petite erreur de mise en page pour les photos page 61 et 47. Pas grave.Page 78 U.754 , même si ce sous-marin est bien affecté à la 1.Flottille de Brest, la photo est prise à Lorient. On reconnait la rive gauche du Scorff en aval du pont Gueydon, en face de la caserne du Péristyle qui, avant guerre, était le « 3e dépôt des équipages ». Il est commun de défi nir la zone visible comme étant

« le champ de manœuvre des Fusiliers Marins ». En fait, les installations sur cette rive du Scorff sont du pont Gueydon vers le large : parc des huiles, centre de ballons captifs (carte de 1940), centre d’aviation maritime et ensuite des poudrières. Effectivement l’ancienne école était un peu plus à l’intérieur des terres, la nouvelle aussi.J’ai un souci concernant les silhouettes de certains sous-marins. A moins que je ne me trompe, je trouve…. Voir le tableau ci-après …

Page N° Type Forme95 848 IX D-2 Pont large

100 858 IX C/40 Pont effi lé106 873 IX D-2 Pont effi lé108 875 IX D-2 Pont effi lé109 883 IX D/42 Pont effi lé110 889 IX C/40 Pont large

Je remarque que sur les trois type IX D-2, la forme du pont avant n’est pas la même. Que deux U-boote de type IX C/40, l’un le pont effi lé, un autre le pont large. Tout cela sous réserve d’une erreur de ma part. Je ne maîtrise pas tout. Pourriez-vous me donner une petite explication… SVP. Voilà. Bravo pour ce travail. On attend la suite.M. François Pelissier

Le destroyer d’escadre DD-245 USS Reuben James qui sera coulé le 31 octobre 1941.(USNA)

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« Voïna i Mir » « Damas détient la clef de la maison Russie » (Catherine II)

Notre analyse n’était donc pas si mauvaise. Avant, il y avait le temps de guerre et le temps de paix, mais c’était avant. Il y a déjà pas mal de temps que la guerre n’est plus le temps séparant un premier acte initial d’agression d’un armistice et que la paix n’est plus le temps borné entre un traité et une intention à la guerre. Avec la GWOT, tous les repères ont sauté et aujourd’hui il n’y a plus qu’un temps, celui que nous pouvons nommer la « guerre-et-paix » (Voïna i Mir en russe) dans laquelle les activités « pacifi ques » sont totalement entremêlées avec les actes de guerre. En 2011, sans réellement le vouloir, les pays occidentaux engagés en Libye ont bien joué la première pièce d’une immense partie d’échecs multidimensionnelle. Si les conseillers et autres experts avaient pris la peine d’ouvrir un livre d’histoire, de déplier une carte et de tenir compte des dernières évolutions sur la scène mondiale, jamais ils n’auraient entraîner les politiques dans un tel « merdier » mais il est trop tard, la première pièce a été jouée et lâchée. La complexité de la partie ainsi entamée est telle que dès lors, les pièces vont bouger d’une façon automatique en Syrie, en Irak, en Egypte, au Mali, en Centrafrique, au Sud-Soudan, en Corée, aux Senkaku/Diaoyu, dans

les îles Spratleys et Paracels…. mais également dans les offi cines boursières et fi nancières… Les prises de position désordonnées des pays occidentaux sur le dossier syrien, les événements de Kiev et l’arrivée en Méditerranée de l’USS Donald Cook (voir N&H n°83), navire symbole d’une sécurité européenne assurée « from behind » par les Etats-Unis via la couverture de l’OTAN en pleine crise ukrainienne, vont amener Vladimir Poutine qui se veut le président d’une « puissance intégrale » de tenter un coup en manuel en sortant des automatismes et de rééquilibrer la partie en jouant la pièce de Crimée…. A ce stade, il n’est plus temps de gloser et la seule tâche morale décisive doit consister à éduquer l’imagination morale et penser, tant qu’il en est encore temps une éthique de la non-puissance…

Navires et Histoire à travers les brèves

Frédéric StahlLes brèves du 6 mars au 7 mai 2014

Vladimir Poutine n’est pas un Staline-bis, ni un Koutouzov-bis mais bien plutôt le fi ls caché de la grande Catherine II. (DR)

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1 - Le jeudi 6 mars, jour où nous avons rendu notre précédente copie et où la frégate

ukrainienne U 130 Hetman Sahaidachny rejoignait le port d’Odessa (1), la situation en Crimée était pour le moins chaotique. Ce même jour, les Russes avaient ainsi sabordé le bâtiment-base de plongeurs de 240 t (type « Yelva ») VM-416 (BM-416) désarmé en 2009 à côté de l’Ochakov coulé la veille (voir N&H n°83)… Les unités de la marine ukrainienne présentes dans les bases de la péninsule se retrouvaient donc toutes bloquées dans les baies de Sébastopol ou dans le lac Donuzlav. Ce 6 mars, 38 bases ou infrastructures des forces armées ukrainiennes, en particulier les bases aériennes et les batteries de missiles antiaériens, sont déjà aux mains de soldats russes alors que la Chine, embarrassée car elle tient au principe d’inviolabilité des frontières, demande à la Russie de faire vite et d’éviter les affrontements… 1 – Le 28 février, cette frégate, avec à son bord le contre-amiral Andrey Tarasov, ne s’est donc par rebellée contre les nouvelles autorités de Kiev mais contre l’annonce de la nomination de l’amiral Denis Berezovsky.

Le contre-amiral Denis Berezovsky, proche des Russes, ne va rester que 36 heures à la tête de la marine ukrainienne. (DR)

Le 2 mars, le contre-amiral Serhiy Haiduck, proche de l’OTAN, va remplacer Berezowsky à la tête de ce qu’il reste de la marine ukrainienne. (DR)

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Le mercredi 26 mars, en mer Noire, le collecteur de renseignements russe SSV-201 Priazovye croise à moins de 4 milles au large de Strilkove (Kherson) alors que, près d’Henishesk, des soldats ukrainiens prennent le contrôle de la station d’aide à la navigation « Mars-75 » utilisée par la « Flotte russe de la mer Noire »… Deux unités ukrainiennes, le 1er bataillon d’infanterie de marine de Féodossia et la 1re compagnie de parachutistes de Perevalny (Perevalne), quittent la Crimée mais les Russes mettent la main sur un grand nombre de véhicules et en particulier de chars T-64 à Perevalny … L’Alizé franchit les détroits turcs pour entrer en mer Noire… Sous la pression du FMI, les autorités ukrainiennes annoncent une augmentation du prix de facturation du gaz livré à la population de 50% à partir du 1er mai… En Méditerranée, débute l’exercice « Noble Dina » avec les destroyers DDG-61

USS Ramage, DDG-75 USS Donald Cook, le pétrolier-ravitailleur T-AO-189 USNS Lenthall, un P3C Orion du Patrol Squadron 9 et des unités grecques et israéliennes… En Egypte, le maréchal Abdel-Fattah al-Sissi donne sa démission de l’armée pour se présenter à la présidentielle (en grande tenue militaire)… En Extrême-Orient, en réponse au « Sommet USA-Corée du Sud-Japon » à La Haye, la Corée du Nord tire deux missiles balistiques à moyenne portée Nodong… En Syrie, les forces gouvernementales lancent une puissante contre-offensive au nord de Lattaquié. En moins de 48 heures, les « rebelles » vont perdre près de 500 hommes…

Le jeudi 27 mars, en Crimée, la Russie déploie une unité de chars dans le nord de la péninsule et 40 000 hommes près de la frontière Est de l’Ukraine. L’aviation ukrainienne engage de son côté près de

cent chasseurs Mig-29, Sukhoi Su-27, 23 appareils d’attaque Sukhoi Su-24, 39 L-39 Albatross et des batteries de missiles A Buk-M1, S-300V1 et S-300PS dans un large exercice de défense aérienne… Aux Philippines, au terme de 17 années de négociation un accord de paix est signé avec des représentants de la rébellion musulmane (en particulier du Front Moro islamique de Libération). Il accorde une autonomie à l’île de Mindanao… En Extrême-Orient, le porte-hélicoptères LHD-6 USS Bonhomme Richard, les transports de chalands de débarquement LPD-9 USS Denver, LSD-48 USS Ashland, le destroyer DDG-83 USS Howard et des navires sud-coréens, dont le porte-hélicoptères LHD-6111 Dokdo, débutent l’exercice « Ssang Yong » au large de la Corée du Sud… Le vendredi 28 mars, le porte-avions CVN-75 USS Harry S. Truman franchit le canal de Suez pour entrer en Méditerranée … Le norvégien Jens Stoltemberg remplace le danois Anders Fogh Rasmussen à la tête de l’OTAN. Il ne prendra néanmoins offi ciellement ses fonctions qu’en octobre… En Inde, un missile Prithvi-II est tiré avec succès depuis le polygone de Chandipur dans l’Orissa… En France, le BPC(R) n°1 Vladivostok est de retour à Saint-Nazaire. Ce même jour, le porte-avions R 91 Charles de Gaulle quitte Toulon pour la qualifi cation à la mer des pilotes de chasse…

Le samedi 29, la Russie annonce qu’elle va restituer à l’Ukraine 250 véhicules et blindés pris en Crimée et que le retour d’autres matériels pourra être négocié… Presque tous les navires de la fl otte russe de la mer Noire sont de retour à Sébastopol coupant court à une rumeur sur une possible opération amphibie à Odessa sous couvert d’un exercice en Transnistrie …

Le dimanche 30 mars, une rencontre improvisée se déroule à Paris entre Sergueï Lavrov et John Kerry offi ciellement pour tenter de faire tomber la tension mais, dans les faits, pour entériner un bras de fer diplomatique entre la Russie et les Etats-Unis, dans le cadre duquel l’UE devient un simple instrument . La Russie pour qui il n’est pas question de remettre en question l’intégration de la Crimée au sein de la Fédération, prône une Ukraine fédérale, solution bien entendue rejetée par les autorités de Kiev. Le deal russe est simple : « soit une Ukraine fédérale, soit, à terme, une Ukraine qui, d’une façon ou d’une autre, sera amputée de tout le bassin du bassin du Donbass,

2 - A ce stade, Poutine et les autorités russes peuvent se satisfaire de l’annexion de la Crimée mais la « crise ukrainienne » entre dans une nouvelle phase où toutes les institutions

publiques, semi-publiques et privées entrent en ligne et que de nombreux paramètres entrent en jeu : démographie, agences de notations, city de Londres, énergie et en particulier gaz de schiste, pressions économiques, projet de Trans-Atlantic Free Trade Agreement (TAFTA), politiques monétaires, gesticulations militaires, mouvements de navires, guerre des images avec de nombreux documents photographiques et cinématographiques postdatés ou pris dans d’autres régions du monde, publication de cartes pseudo-didactiques fausses sans oublier le recours à la bonne vieille propagande (les responsables ukrainiens, russes et autres n’hésitant pas à mentir comme des arracheurs de dents). Dans un tel contexte, la Russie demande l’application des accords signés à Kiev le 21 février par trois ministres des affaires étrangères de l’UE et ne reconnaît pas les nouvelles autorités mises en place le 22 et issues, pour elle, d’un coup d’état. A ce stade, une solution de compromis entre l’UE et la Russie est encore possible mais c’est sans compter sur la stratégie « from behind » de l’administration américaine…

Le 27 mars plusieurs trains chargés de chars russes venant de Kertch arrivent à Krasnoperekopsk (Dzankoj) dans le nord de la Crimée. (DR)

Les porte-hélicoptères LHD-6111 Dokdo et LHD-6 USS Bonhomme Richard, le 27 mars participent à l’exercice « Ssang Yong ». (Photo Michael Achterling – US Navy)

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5 : Les évènements en Ukraine ont un côté ubuesque. Après les combats médiévaux de la place du Maidan avec ses formations en tortue et ses assauts à coup de lance, nous assistons à un remake de la révolution de 1917 avec la remise en service de mitrailleuses Maxim et l’apparition d’un « train blindé » en attendant, pourquoi pas, une nouvelle version de la « Grande Guerre patriotique » avec ses T-34 et ses « orgues de Staline ».

l’Armée ukrainienne engage maintenant des éléments de quatre brigades contre les « rebelles du sud-est », sans compter les unités du SBU et de la nouvelle garde nationale qui reçoit ce même jour ses dix premiers BTR-4 directement livrés par le constructeur. Dans la soirée, les « insurgés du sud-est »reçoivent le renfort d’un groupe de volontaires composé de Cosaques de Crimée … Ce même jour, en Pologne, des paras américains, canadiens et polonais débutent un exercice qui doit se prolonger jusqu’au 9 alors que les chasseurs de mines français M 642 Cassiopée et M 647 Aigle arrivent à Gdynia. Ils doivent reprendre la mer le 8 pour participer à l’exercice OTAN « Open Spirit » qui doit se dérouler du 12 au 22 mai.… En Méditerranée, un voilier et une petite embarcation transportant au moins 65 migrants coulent en mer Egée au large de Samos. Le bilan du naufrage serait d’au moins 22 morts… La frégate D 615 Jean Bart est de retour à Toulon… Au Sud-Soudan, alors que les combats continuent à faire rage dans la région de Bentiu et alors que la tournée diplomatique africaine du premier ministre chinois succède de peu, et ce n’est pas un hasard, à celle de Kerry, sous pression américaine, le président Salva Kiir déclare qu’il accepte de former un gouvernement intérimaire d’union avec Riek Machar. A ce stade du

confl it avec ses dizaines de milliers de victimes, cette annonce paraît, à première vue, pour le moins absurde (il faut dire que Kerry a annoncé que les Américains allaient prendre des sanctions contre deux généraux, un dans chaque camp)… Au Nord-Soudan, deux navires de guerre iraniens, la frégate N°73 Sabalan, le pétrolier-ravitailleur N°422 Booshehr, font escale à Port Soudan sous surveillance israélienne…En Centrafrique, 450 km au nord de Bangui, un détachement de la force « Sangaris » affronte une quarantaine de «rebelles » à l’arme lourde dans les environs du village de Boguila (Nanga Boguila). Le commandement français fait intervenir des Mirage 2000D basés à N’Djamena qui pulvérisent littéralement la « colonne ennemie »…

Le mardi 6 mai, en Ukraine, les combats se poursuivent autour de Slaviansk et à Andriivka, un village au sud-ouest de Kramatorsk mais dans les villes de Slaviansk et Kramatorsk la situation est calme et les « rebelles » profi tent de l’accalmie pour renforcer leurs positions et les barrages routiers avec des blocs de béton. Le bilan est de 8 morts et 16 blessés… A

Lougansk, des « fédéralistes » remettent en marche un char T-34/85 descendu du piédestal sur lequel il était installé comme « pot de fl eurs » (5)… Les 47 ministres des affaires étrangères du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, dont le russe Sergueï Lavrov et l’ukrainien Andrii Dechtchitsa, se réunissent à Vienne pour « éviter la guerre civile ». Moscou regrette que les pays occidentaux ne soient pas prêts à reconnaître le sud-est de l’Ukraine en tant que participant à part entière au dialogue national inter-ukrainien… Berlin recommande aux ressortissants allemands de quitter l’Ukraine… La frégate FFG-50 USS Taylor effectue des exercices avec des unités de la marine roumaine… En Syrie, à Homs qui n’est plus qu’un immense champ de ruines, un millier de combattants de l’ASL et d’autres organisations et les membres de leurs familles commencent à évacuer la ville dans le cadre d’une trêve conclue entre les autorités syriennes et les « rebelles »… En Méditerranée, les garde-côtes grecs repèrent et interceptent une embarcation avec 24 migrants…

Le mercredi 7 mai, jour où nous rendons cette copie, Vladimir Poutine rencontre le président de l’OSCE, le Suisse Didier Burkhalter. Le président russe qui ne veut pas apparaître comme

celui qui joue le coup de trop, propose très diplomatiquement un scénario de désescalade comprenant : un arrêt immédiat des opérations militaires et policières de l’Ukraine dans les oblasts du sud-est et un report du référendum prévu par les « séparatistes » le 11 mai. Sur le terrain, les affrontements se poursuivent. Des tirs sont échangés à Marioupol où les forces gouvernementales reprennent, pendant seulement quelques heures, le contrôle de l’hôtel de ville. Des combats à l’arme lourde, se déroulent toujours à l’ouest de Slaviansk et un bus transportant des hommes des forces spéciales du SBU est attaqué entre Briansk et Marioupol (1mort). Dans la région de Slaviansk, Arseniy Yatsenyuk, le premier ministre, effectue une visite auprès des troupes de la nouvelle garde nationale… L’Ukraine reçoit ce même jour un premier versement de 3,19 milliards d’euros du FMI… Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’OTAN (sur le départ) qui effectue une visite en Pologne justifi e le renforcement des moyens militaires de l’Alliance Atlantique dans l’Est de l’Europe « de la Baltique à la mer Noire »… En Méditerranée, le destroyer N°626 Vitse-Admiral Kulakov devient le navire-amiral du dispositif naval russe au large de la Syrie… Au Mali, un soldat français est tué par un engin explosif… En Afghanistan, alors que les troupes de l’OTAN amorcent leur retrait, les Taliban annoncent le lancement de leur offensive de printemps nommée «opération « Khaïbar »…… A quatre jours du référendum controversé dans les oblasts de Donetsk, Slaviansk et Lougansk et à 18 jours de l’« hypothétique » élection présidentielle du 25 mai, sur l’ensemble du territoire, en Ukraine, le chaos est total et le pays à deux doigts d’une véritable guerre civile. … Bien entendu, une nouvelle fois, lorsque vous lirez ces pages, vous en saurez plus sur l’évolution des événements après le 7 mai, mais une chose est certaine, le bilan de cette « Guerre globale » entamée en 2011 du côté de la Libye , et qui ne dit toujours pas son nom (et dont les événements en Ukraine ne sont que l’une des expressions) est de plus en plus terrible (6) et devrait attirer l’attention des hommes politiques à travers le monde avant que le processus d’engagement ne soit irréversible…

Le patrouilleur hydroptère lance-missiles U 153 Priluki, une des unités rendues par les Russes en avril, effectue une première sortie d’entraînement, le 7 mai devant Odessa. (DR)

6 - Le bilan humain pour la période du 6 mars au 7 mai est le suivant : - Syrie : 9 656 morts (si le nombre des tués que nous avons relevé jour après jour depuis 2011 est de 151 455, le bilan réel avec les décès causés par la guerre est probablement supérieur à 220 000 morts) - Sud-Soudan : 7 426 morts. La surmortalité dans la population, particulièrement chez les enfants, a doublé depuis le début de cette guerre civile et le bilan de cette guerre « invisible » serait déjà de 40 000 à 50 000 morts. - Centrafrique : 4 327 morts dont 1 soldat ougandais (le bilan depuis le 13 décembre 2013 serait d’au moins 33 600 décès) - Nigéria : au moins 2 951 morts (depuis le début de l’année, le bilan serait de 5 640 à 6 930 morts - Nord-Soudan : au moins 571 morts - Irak : au moins 1 296 morts dont 131 soldats et policiers - AfPak (Afghanistan-Pakistan) : 1 778 morts dont 7 soldats américains, 2 soldats canadiens, 6 militaires britanniques, 26 soldats afghans, 101 policiers afghans, 10 policiers pakistanais, 3 contractors américains, 167 enfants pakistanais morts de malnutrition, un journaliste suédois - Yémen : 497 morts dont 44 militaires, 2 policiers, 1 garde-frontière saoudien, 1 français et 42 migrants africains - Inde : 116 dont 23 militaires tués par les maoïstes - RDC : au moins 101 morts - Mali : au moins 66 morts dont 1 soldat français - Libye : au moins 41 morts dont 21 militaires - Egypte : 108 morts dont 19 soldats, 3 généraux (dont Ahmed Zaki, le responsable de la police anti-émeute) un colonel, 5 policiers et une journaliste Liban : 59 morts dont 5 soldats et 9 Palestiniens - Somalie : au moins 78 morts dont 2 humanitaires (1 Anglais et 1 Français) - Kenya : 47 morts - Indonésie : 3 - Israël/Palestine : 19 morts - Venezuela : 36 morts - Chine : 7 morts - Thaïlande : 5 morts dont 3 policiers - Ukraine : entre 205 morts et 277 morts dont 14 militaires et policiers, et 1 humanitaire arménien, ainsi que 1 500 blessés - Cameroun : 1 soldat tué par Boko Haram - Algérie : 25 morts dont 14 policiers - Malawi : 2 morts - Russie (Daguestan) : 13 morts - Turquie : 2 policiers… - Bahreïn : 2 morts… - Birmanie : au moins 22 morts - Arabie Saoudite : 5 morts - Philippines : 16 morts.

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En Janvier 1945, le succès de l’opération « Mike » qui va déboucher sur la prise de Manille (30 janvier-5 mars), permet à Nimitz de se voir enfi n autorisé à lancer son offensive au cœur du Pacifi que avec comme premier objectif Iwo Jima, une des îles Volcano dans l’archipel des Bonin. Alors que, de son côté, l’amiral King reste un farouche défenseur d’une action directe contre Okinawa avec le débarquement d’au moins quatre divisions des Marines et une division de l’US Army, Nimitz utilise deux arguments pour justifi er un débarquement à Iwo Jima avec trois divisions des Marines : A - créer une base avancée pour que les chasseurs puissent escorter les B-29 de LeMay au-dessus du Japon ;B - offrir un terrain de secours pour les B-29 endommagés. Le problème, c’est que l’action contre Iwo Jima ayant été plusieurs fois retardée à cause de MacArthur, les Japonais ont pu considérablement renforcer les défenses de l’île. Ce qui, au cours de l’été 1944, aurait presque été une formalité va donc se transformer en un véritable calvaire doublé d’une boucherie en février-mars 1945 … Vu l’évolution de la situation entre juillet 1944 et janvier 1945, il aurait été plus logique, et peut-être plus sensé, de se lancer directement à l’attaque d’Okinawa car, dans trois mois, ici aussi, les défenses auront eu nettement le temps d’être renforcées… Quoi qu’il en soit, repoussée à plusieurs reprises, la date du débarquement à Iwo Jima (opération « Detachment ») est fi nalement fi xée au 19 février…

Au même moment, sur les bords de la mer Noire, lors de la conférence de Yalta du 4 au 11 février, le président Roosevelt qui n’a encore aucune idée de la puissance de l’arme nucléaire développée dans le cadre du projet « Manhattan », obtient de Staline que l’U.R.S.S. entre en guerre contre le Japon trois mois après la chute de l’Allemagne alors que les Américains prévoient de leur côté un débarquement sur la grande île de Kyushu le 1er octobre (opération « Olympic » qui avait été initialement programmée pour le 1er mars) et sur Honshu le 31 décembre (opération « Coronet »). Au Japon, les dirigeants sont divisés. Si certains prônent la recherche d’une paix séparée avec les Etats-Unis via Moscou, d’autres prônent la résistance à outrance, persuadés qu’une fois débarqués au Japon, les Américains connaîtraient un tel niveau de perte que le Japon se trouvera en meilleure position pour négocier une paix honorable. En février, la guerre du Pacifi que va se transformer en une lutte à mort et les cinq mois suivants, le Japon va recevoir plus de bombes que l’Europe entière pendant toute la durée de la guerre.

Des LVT(A) se dirigent vers les plages d’Iwo Jima, le 19 février, lors de l’opération « Detachment ». (USNA)

Février 1945 : Iwo Jima…… les opérations « Jamboree » et « Detachment »Frédéric Stahl

Lors de la conférence de Yalta, en février 1945, Roosevelt et Staline s’accordent pour que l’U.R.S.S. entre en guerre avec le Japon trois mois après la chute de l’Allemagne. (USNA)

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Iwo Jima vue du côté japonais

En février 1944, l’île qui se trouve à 625 milles de Tokyo, ne disposait que d’une garnison de 1 500 hommes et 20 avions basés sur l’aérodrome n°1 de Chidori. En juin l’effectif est passé à 5 170 hommes avec des renforts envoyés en avril-mai mais l’île ne dispose d’aucune infrastructure de défense sérieuse. Il faut attendre la fi n du mois d’août pour que la garnison soit portée à 14 000 hommes mais les réseaux de défense restent encore très limités. Le major-général Tadamichi Kuribayashi à qui la défense des îles Bonin a été confi ée, reste persuadé que les Américains vont effectuer un débarquement à Iwo Jima plutôt qu’à Chichi Jima. Il faut dire que cet homme très cultivé qui a été élevé au Canada et qui était opposé à l’entrée en guerre, comprend ce qui anime les Américains… En novembre 1944 avec le début des bombardements, il est persuadé que les forces américaines vont profi ter de la relative faiblesse du dispositif japonais pour débarquer, mais rien ne vient. Cela lui laisse trois mois pour parfaire les défenses de l’île et en janvier 1945, il fait creuser 30 km de tunnels, 120 km de tranchées, installer 750 postes de combat bien protégés, de nombreux abris enterrés ou creusés dans la roche et la plus grande partie des canons antiaériens sont affectés à la défense au sol et placés dans des abris malgré les bombardements quasi-journaliers des B-24 Liberator à partir du 8 décembre. Il fait également installer de nombreux faux canons et quelques chars trompe-l’œil en pierres (voir encadré n°1). Même s’il a obéi aux ordres de Tokyo lui enjoignant d’établir une ligne de défense le long des plages, Tadamichi Kuribayashi qui sait que ses troupes ne pourront tenir longtemps la partie centrale de l’île et en particulier le secteur du terrain d’aviation N°1, a établi un plan de défense qui doit permettre de prendre les Américains en tenaille entre le mont Suribachi et une zone de défense en croissant de lune passant sur le terrain d’aviation n°2.

I - Les forces japonaises dans les îles Bonin (Ogasawara Gunto) Les îles Bonin sont situées à 1 200 km de Tokyo. Elles sont divisées en quatre sous-groupes : les archipels de Muko Jima, Chichi Jima, Haha Jima et des Volcano où se trouve l’île d’Iwo Jima. La défense de ces îles est confi ée à la 109e division du major-général Tadamichi Kuribayashi complétée par quelques unités annexes…

I/1 Garnison japonaise d’Iwo Jima Iwo Jima est une petite île de moins de 24 km2 sur laquelle trois aérodromes ont été construits ou sont en cours de construction mais ils n’accueillent que quelques avions en panne ou endommagés :- le terrain n°1, près du hameau de Chidori au sud, dans la partie la plus étroite de l’île au nord du mont Suribachi ; - le terrain n°2 près du petit village de Motoyama ;- le terrain n°3 dont la construction a été arrêté, le plus au nord. La garnison, placée sous le commandement de Tadamichi Kuribayashi est forte de 21 060 hommes, dont 15 260 soldats de l’armée formant le gros de la 109e division, 5 100 marins du contre-amiral Toshinosuke Ichimaru (essentiellement les servants des pièces de la 109e division d’artillerie AA) et 700 travailleurs « Gunzoku » … Le point le plus haut de l’île est le mont Suribachi qui culmine à 166 m. Au nord, le petit plateau de Yotoyama s’élève à 90 m au niveau du « mont Motoyagana ». La végétation est rase et la couverture végétale est limitée. Le sol de toute la partie centrale de l’île est essentiellement formé de sable volcanique noir. Il y a également près de 1 050 civils sur l’île habitant dans les hameaux de Motoyama, Chidori, Osakayama, Chidori, Omura, Minami, Higashi, Nishi, Kita.Les forces alignées pour la défense de l’île sont : - la 2e brigade mixte de la 109e DI, commandée par le major-général Sadasue Senda ; - le 26e régiment de chars du colonel Takeishi Nishi ; - 17e régiment d’infanterie mixte du major Tamachi Fujiwara ;

- 145e régiment autonome du colonel Masuo Ikeda ; - la brigade d’artillerie divisionnaire du colonel Chosaku Kaido ; - des éléments de garnison de la Marine du contre-amiral Toshinosuke Ichimaru chargés surtout de la mise en œuvre des pièces de défense antiaérienne et côtière ; - le 204e bataillon de construction (marine) composé de travailleurs coréens et de 400 habitants d’Iwo Jima ;

Ces unités mettent en œuvre les armes suivantes :- au moins 12 mortiers lourds (Spigot) Type 98 de 320 mm (20e bataillon d’artillerie indépendant) ;- 40 à 70 rampes lance-roquettes de trois modèles différents de 200 à 400 mm (mis en œuvre par trois compagnies) ;- au moins 4 ou 12 canons courts (mortiers-obusiers) de marine Type 3 de 200 mm ;- 4 canons de marine Type 41 de 150 mm ;- 4 canons de marine Type 3 de 140 mm ;- 7 canons de marine Type 3 de 120 mm ;- 8 canons courts de 120 mm Type 3 ;- 12 canons de marine AS/AA de 80 mm Type 3 ;- 10 obusiers de 120 mm Type 38 ;- 35 canons de 75 mm Type 38 et Type 90 ;- 5 canons de montagne de 75 mm Type 41 ;- 94 canons AS/AA de 75 à 127 mm dont quelques montages doubles de 100 mm/L65 Type 98 ;- 200 canons légers AA de 20 Type 98 et 25 mm Type 96 (ces derniers le plus souvent en montages doubles) ;

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LES NAVIRES NÉGRIERSRené Alloin

Aux États-Unis, la cérémonie des Oscars du 2 mars 2014, a décerné trois récompenses, meilleur fi lm, meilleur scénario adapté et meilleur second rôle féminin pour le fi lm «12 years, a slave». A travers ce fi lm, c’est un hommage rendu à ces hommes déracinés et exploités par les négriers. Nous allons, à notre humble niveau, rappeler ce que fut le transport de ces Noirs, à travers les océans (1).

L’esclavage ne date pas de la traite des Noirs, même si dans l’opinion publique, les deux sont indissociables. Il suffi t de poser la question : A qui vous fait penser le mot esclavage ? et beaucoup vous répondront : « au trafi c des Noirs vers l’Amérique ». En fait, l’esclavage existe depuis l’Antiquité, dès qu’un peuple en asservit un autre ou conquiert de nouveaux territoires. Il n’est pas question ici de développer ce sujet mais de rappeler comment le « trafi c d’ébène » s’est instauré et quelles ont été les méthodes employées pour le mettre en œuvre.

L’une des affi ches du fi lm «12 years, a slave». (DR)

1 - Plusieurs fi lms ont traité, à leur manière, de l’esclavage. Voici une rapide fi lmographie des plus marquants :La case de l’oncle Tom (1927 et 1964) - Autant en emporte le vent (1939) - Roots (1955) - Mandingo (1975) - Ceddo (1977) - Sankofa (1995) - Amistad (1997) - Beloved (1998) - Django Unchained (2013) - Lincoln (2013) - 12 years, a slave (2013).

Le navire négrier Les Deux Sœurs, armé à Honfl eur, transporte 150 esclaves à la Martinique, sous le commandement du capitaine Delomosne. (DR)

Début de l’esclavageen Amérique Tout a véritablement commencé lorsque les Espagnols ont débarqué sur les rivages américains. Christophe Colomb effectue son premier voyage transatlantique en 1492. Deux ans plus tard, au retour de son 2e voyage à bord de la Marie-Galante, il ramène 500 Amérindiens Arawaks dont 200 mourront au cours de la traversée. Les survivants sont vendus comme esclaves 5 000 maravedis chacun. En 1498, des Noirs sont embarqués dans les caravelles dès le troisième voyage tandis que se met en place des repartimientos, également appelés Encomienda qui attribuent aux colons espagnols des communautés indiennes utilisées comme force de travail, sous réserve de les nourrir et de les instruire dans la religion catholique. Dans la réalité, il s’agit d’un travail forcé effectué dans des conditions déplorables. Les Indiens sont plus

particulièrement astreints à l’orpaillage ou aux travaux agricoles. Dans certains lieux, des mines d’or sont exploitées et les Amérindiens y périssent par milliers à cause de l’insuffi sance de nourriture, des maladies apportées par les colons et des maltraitances permanentes. Des voix s’élèvent contre ces agissements et, en 1513, les « lois de Burgos » sont promulguées pour protéger les indigènes. Hélas, bien peu des administrations coloniales les respectent car elles nuisent aux profi ts, plus particulièrement miniers. En 1517, Charles Quint autorise l’esclavage des Indiens qu’il interdira en 1526 avant d’affranchir tous les esclaves des Indes occidentales, suite à la « Controverse de Valladolid » de 1550 réunissant théologiens, juristes et administrateurs du royaume. Au Brésil, les Portugais ouvrent de nombreuses sucreries et forcent également la main d’œuvre locale à « coopérer ». Cette nouvelle richesse, rapportée des pays conquis, ne peut laisser les autres états européens indifférents.

C’est ainsi que les Pays-Bas développent leur commerce avec l’océan Indien et l’Amérique du Sud, utilisant eux aussi la main d’œuvre locale pour leur plus grand profi t mais refusant de pratiquer l’esclavage et fustigeant les Espagnols et les Portugais pour leurs pratiques discriminatoires. Les Anglais plantent massivement de la canne à sucre à la Barbade puis en Jamaïque, tout comme les Français qui accroissent ces cultures aux Antilles. Il faut se rendre à l’évidence, la main d’œuvre se raréfi e alors que les exploitations minières ou agricoles prennent de l’ampleur. Les rois de France et d’Angleterre développent alors la traite négrière dans les années 1670. Si l’océan Atlantique a offi ciellement été vaincu à la fi n du XVe siècle, l’Afrique est depuis longtemps déjà, l’objet de convoitises et la navigation le long de ses côtes permet d’aborder de nombreux territoires où une main d’œuvre peut être facilement recrutée.

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Début de la traite des Noirs africains En 1619, le premier arrivage d’engagés noirs sur la côte Est américaine déploie dix-neuf hommes à Jamestown, en Virginie. Il ne s’agit pas d’esclaves mais de travailleurs « libres » que l’on peut assimiler à une forme de servage. Après un temps déterminé, trente-six mois pour la France par exemple, l’engagé peut acheter sa terre ou rentrer dans son pays avec un petit pécule. L’esclavage ne s’y développera que soixante ans plus tard. Après s’être emparés d’Elmina, au Ghana, détenue jusque-là par les Portugais, les Hollandais créent au Brésil leur propre système de traite négrière avec une partie de la population. Il est important d’apporter des éclaircissements sur les termes « traite négrière » et « esclavage ». L’esclavage et la traite s’alimentent mutuellement car ces termes sont hélas indissociables. Ce sont des phénomènes distincts tant par leurs durées, leurs lieux, que par les hommes qui pratiquent ces activités. D’ailleurs, si la traite est abolie

par l’Angleterre et les États-Unis en 1807 et par la France en 1815, l’esclavage ne sera supprimé qu’en 1833 par l’Angleterre, 1848 par la France et seulement en 1865 par les États-Unis. Nous l’avons vu, les Hollandais sont opposés à l’esclavage mais acceptent les nouveaux profi ts procurés par les transports d’Afrique vers l’Amérique du Sud. Pour les Hollandais, la traite n’est qu’un commerce d’hommes, de femmes et d’enfants mais, très hypocritement, n’est pas considérée comme un commerce d’esclaves puisque l’on sous-entend que la plupart d’entre eux sont nés libres et ne deviendront des esclaves qu’au moment de leurs ventes dans les colonies. En 1635, la Compagnie des îles d’Amérique, nouvellement créée par Richelieu, signe un contrat avec le néerlandais Daniel Trezel afi n qu’il exploite la canne à sucre en Martinique puis en Guadeloupe. Trois ans plus tard, Trezel entérine un engagement avec le marchand rouennais Daniel Rozée afi n qu’il lui fournisse 100 esclaves au prix de 200 livres chacun. Dès 1640, la population d’esclaves de la Martinique est estimée à un millier de personnes. Ce trafi c

s’amplifi e et des bateaux anglais et hollandais apportent de la main d’œuvre bon marché à la Martinique pour remplacer les blancs dans les plantations de tabac. En 1642, le commerce des Noirs est autorisé par Louis XIII. Le transport des Noirs d’Afrique est engagé et va se poursuivre légalement jusqu’au début du XIXe siècle et même au-delà par des négriers disposant de bateaux rapides pour déjouer les Marines royales d’Angleterre ou de France lancées à leurs trousses, afi n de fournir les colonies espagnoles de Cuba ou de Porto Rico ou celles danoises comme Saint-Thomas. En 1638, un colon français installé à la Guadeloupe, Charles Liènard de l’Olive, demande la possibilité de s’approvisionner en Noirs de la côte d’Angole qui désigne non seulement les côtes de l’Angola mais également celles du Congo, plus au nord. La même année, la première vente aux enchères de vingt-trois engagés volontaires se déroule à Jamestown, en Virginie. Ils ne sont cependant pas encore considérés comme des esclaves à vie. Toujours en 1638, à Boston, William

Débarquement de Christophe Colomb le 6 décembre 1492 à l’île Española (Haïti), alors appelée Quisqueya par les Amérindiens. (Gravure de Théodore de Bry XVIe siècle)

Exploitation des Amérindiens dans les mines d’or, sous la surveillance des colons espagnols. (DR)

Carte des terres de la région de Le Marin, au sud de la Martinique, concédée par la Compagnie des îles d’Amérique créée par Richelieu. (Extrait d’un document d’Antoine Sobesky)

L’édition de 1718 du sinistre code noir établie par Colbert, organisant la traite des Noirs, tente néanmoins de régir ce commerce en y apportant certaines mesures de modération. (DR)

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Les LCT civils français 2

LES FONCILLON ET SOULACPar Jean-Yves Brouard

Remerciements : Jean-Charles et Benoît Ruviella, Yves-Guy Bertrand, Yvon Perchoc, Yves Cariou, Yvan Letellier, Jean-Michel Robert, Jack Daussy, Adrien Etcheverry. Les photos non créditées qui accompagnent cet article proviennent de la négathèque de la famille Ruviella ; Christian Ruviella, aujourd’hui décédé, fut graisseur sur un LCT bordelais, le 1206, puis employé par la SNIE sur les Foncillon et Soulac du 11 juin 1949 au 15 août 1959 en tant que second puis chef mécanicien (avec une interruption du 30 janvier 1954 au 1er mars 1957).

Deux ex-chalands de débarquement stationnant à Bordeaux au lendemain de la guerre sous les numéros LCT 1179 et 1189 ont été transformés en caboteurs coloniaux pour le compte de la Société navale d’importation et d’exportation (SNIE). Voici leur histoire détaillée et totalement inédite.

Le caboteur franco-sénégalais Foncillon amarré à la rive d’un fl euve sénégalais, fi n 1949 ou début des années 50. C’est bien un ancien chaland type LCT (le LCT 1189) ayant trafi qué en Manche en 1944, puis ayant travaillé en Gironde en 1946. Les rivages au sud du cap Vert, au Sénégal, sont bas et marécageux.

La Société navale d’importation et d’exportation, dont le siège est à Paris avec des bureaux à Bordeaux et une agence à Dakar, a mis en service, à la demande du Haut-Commissariat de l’Afrique occidentale française, plusieurs caboteurs à partir de 1947. Elle a été créée le 1er juillet 1946, mais le même été, les deux LCT qu’elle fera transformer l’année suivante furent d’abord confi és au Consortium des grands vins de France un regroupement de sociétés de viticulteurs chargé de commercialiser les productions françaises, lequel les remit lui-même à l’un de ses membres, la Société vinicole d’exportation et d’armement français. La décision de l’affectation des LCT 1179 et 1189 à cette Société vinicole date du 5 août 1946. Le Port autonome de Bordeaux avait remis ces chalands à la disposition du ministère de la marine, qui lui-même les rétrocéda à la société. Ils ne font pas partie des premiers chalands arrivés dès l’été 1945 en Gironde (voir N&H 83), mais avaient été achetés à l’Angleterre

mi-janvier 1946 par le Gouvernement français avec 15 autres chalands, sur une demande de la Direction des ports, pour la navigation fl uviale : estuaires de la

Gironde, de la Loire... Parmi ce lot, 10 LCT étaient destinés à Bordeaux ; leur arrivée fi n février 1946, venant d’Angleterre via Cherbourg en convoi escorté, porte le

Le Soulac est lui aussi un ancien chaland de débarquement anglais (LCT 1179), devenu caboteur sur la côte d’Afrique. Par rapport à un LCT d’origine, on remarque d’emblée divers changements, comme l’ajout de locaux extérieurs, d’une embarcation de sauvetage sur l’arrière, des mâts, etc. (Collection Yvon Perchoc)