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1. Introduction En 1991 a été découverte dans la zone 1 de la fouille de Lattes une maison totale- ment faite de matériaux périssables, constituant une originalité dans l’architec- ture domestique lattoise du IIe Age du fer. Les traces observées ont permis de lire le plan complet d’une habitation en torchis sur poteaux (unité fonctionnelle n°104) dont les éléments constitutifs et les amé- nagements ont été relativement bien conservés du fait d'une destruction bruta- le par un incendie. Alors que la toiture n’a livré aucun reste certain, la conservation à l’état car- bonisé des essences ligneuses constitu- tives de l’armature du torchis a suscité une étude anthracologique aux différents niveaux d’organisation architecturale. L’armature maîtresse des murs (poteaux « porteurs » supportant murs et toiture, et poteaux intermédiaires) a laissé des char- bons de bois d’au maximum quelques cen- timètres de côté mais dont les cernes annuels ont un fort rayon de courbure, parfois mesurable. Ces poteaux porteurs et poteaux faîtiers n’ont pas laissé d’empreintes dans la terre crue mais ont pu être précisément mesurés et position- nés à partir de leurs négatifs dans le sol. L’existence de poteaux intermédiaires n’est pas observable mais c’est une néces- sité technique pour supporter, entre les poteaux porteurs, le clayonnage qui reçoit le torchis. De plus, de nombreuses empreintes en négatif conservées dans la terre ne permettent aucun doute en ce qui concerne l’existence de calibres « moyens », dont l’orientation n’est pas restituée, parmi les tiges utilisées pour constituer l’armature du torchis. Conservés en place au sein de nom- breuses plaques de terre crue (déplacées et étalées après l’incendie) des charbons de bois constituant l’armature très fine du torchis (de 3 mm à 11 mm environ) per- mettent la restitution des essences au der- nier niveau des entrelacements de tiges, et une certaine restitution de leur positions relatives. Tous les fragments de charbons de plus d’un centimètre environ sont déta- chés de la terre crue, ce qui s’explique par les fortes contraintes mécaniques qui s’exercent lors de la carbonisation, avec un retrait d’environ 15% par rapport au diamètre initial des tiges. Désolidarisés de la terre, ces nombreux charbons de bois peuvent encore lui être attribués du fait de leur position stratigraphique, de la grande abondance relative de tiges com- plètes selon leur section, et de la cohéren- ce des ensembles d’essences enregistrées. L’étude s’est donc orientée pour l’anthracologie dans deux directions : res- titutions architecturales (calibres, posi- tions relatives des tiges) et rôle des LATTARA 9 — 1996 Une maison en torchis de Lattes au deuxième quart du IVe s. av. n. è. par Jean-Claude Roux et Lucie Chabal avec le concours de Ramon Buxó (carpologie) 16 12A 26 18 rue 101 rue 102 rempart 15A maison en torchis ? Ruelle 131 15B ? 12C îlot 1B 20 19 • 1 : Plan de l’habitat dans la zone 1 durant la phase d’occupation 1H1 (-375/-350).

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  • 1. Introduction

    En 1991 a été découverte dans la zone1 de la fouille de Lattes une maison totale-ment faite de matériaux périssables,constituant une originalité dans l’architec-ture domestique lattoise du IIe Age du fer.Les traces observées ont permis de lire leplan complet d’une habitation en torchissur poteaux (unité fonctionnelle n°104)dont les éléments constitutifs et les amé-nagements ont été relativement bienconservés du fait d'une destruction bruta-le par un incendie.

    Alors que la toiture n’a livré aucunreste certain, la conservation à l’état car-

    bonisé des essences ligneuses constitu-tives de l’armature du torchis a suscitéune étude anthracologique aux différentsniveaux d’organisation architecturale.L’armature maîtresse des murs (poteaux« porteurs » supportant murs et toiture, etpoteaux intermédiaires) a laissé des char-bons de bois d’au maximum quelques cen-timètres de côté mais dont les cernesannuels ont un fort rayon de courbure,parfois mesurable. Ces poteaux porteurset poteaux faîtiers n’ont pas laisséd’empreintes dans la terre crue mais ontpu être précisément mesurés et position-nés à partir de leurs négatifs dans le sol.L’existence de poteaux intermédiaires

    n’est pas observable mais c’est une néces-sité technique pour supporter, entre lespoteaux porteurs, le clayonnage qui reçoitle torchis. De plus, de nombreusesempreintes en négatif conservées dans laterre ne permettent aucun doute en cequi concerne l’existence de calibres« moyens », dont l’orientation n’est pasrestituée, parmi les tiges utilisées pourconstituer l’armature du torchis.

    Conservés en place au sein de nom-breuses plaques de terre crue (déplacéeset étalées après l’incendie) des charbonsde bois constituant l’armature très fine dutorchis (de 3 mm à 11 mm environ) per-mettent la restitution des essences au der-nier niveau des entrelacements de tiges, etune certaine restitution de leur positionsrelatives. Tous les fragments de charbonsde plus d’un centimètre environ sont déta-chés de la terre crue, ce qui s’expliquepar les fortes contraintes mécaniques quis’exercent lors de la carbonisation, avecun retrait d’environ 15% par rapport audiamètre initial des tiges. Désolidarisés dela terre, ces nombreux charbons de boispeuvent encore lui être attribués du faitde leur position stratigraphique, de lagrande abondance relative de tiges com-plètes selon leur section, et de la cohéren-ce des ensembles d’essences enregistrées.

    L’étude s’est donc orientée pourl’anthracologie dans deux directions : res-titutions architecturales (calibres, posi-tions relatives des tiges) et rôle des

    LATTARA 9 — 1996

    Une maison en torchis de Lattesau deuxième quart du IVe s. av. n. è.

    par Jean-Claude Rouxet Lucie Chabal

    avec le concours deRamon Buxó (carpologie)

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    16 12A

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    rue 101

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    maison en torchis

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    • 1 : Plan de l’habitat dans la zone 1 durant la phase d’occupation 1H1 (-375/-350).

  • essences utilisées aux différents niveauxde ces restitutions spatiales.

    2. Le plan de l’habitation

    Située au nord-est du chantier deLattes/Saint-Sauveur, à l'ouest de l’îlot 1B,elle est encadrée à l'est par une ruellelarge de 1,70 m à 2,40 m (rue 131) et àl'ouest par un espace ouvert (secteur 16).La maison elle-même est orientée nord-sudet s’intègre parfaitement dans le prolonge-ment des limites de l’îlot 1B du IVe s. av.n. è (fig.1 et 2). Elle présente un plan rec-tangulaire dont les dimensions intramuros sont: longueur (n-s): 6,96 m;largeur (e-w): 4,06 m; surface: 28,25 m2.

    L'habitation est divisée en deux piècesde surface inégale. Au nord, une petitesalle rectangulaire par laquelle on pénètre(pièce 15A); au sud, une salle de taille plusimportante de forme carrée (pièce 15B)où l'on accédait par une ouverture décen-trée dans une cloison de refend. La ported’entrée se trouvait au nord, mais la des-truction du mur septentrional ne permetpas de la situer avec exactitude dans lafaçade. Cependant, compte tenu de l’orga-nisation spatiale de la pièce 15A, il sembleque cette porte ait été décentrée vers

    l’est, entre des cuves de stockage et lepoteau central du mur (fig.3 et 4).

    Les dimensions moyennes internes dessalles sont les suivantes:

    • pièce 15A: largeur (n-s): 2,60 m; lon-gueur (e-w): 4,06 m; surface: 10,55 m2

    • pièce 15B: longueur (n-s): 4,10 m;largeur (e-w): 4,06 m; surface: 16,64 m2.

    Cette maison se situe en chronologiedans la phase 1H de l'îlot 1, en corrélationavec le deuxième état d’occupation del’îlot 1B, daté entre -375 et -350. L'évolu-tion de l'unité fonctionnelle 104 com-prend trois stades:

    Phase 1H2:construction de la maisonen torchis (1er réaménagement de l’îlot 1B)

    Phase 1H1:occupationPhase 1G2:incendie de la maison en

    torchis et d’une partie de l’îlot 1B

    3. L’architecture d’après les obser-vations archéologiques (phase deconstruction 1H2)

    La maison 104 est constituée par desmurs en torchis sur poteaux porteurs depetit calibre. Des poteaux faîtiers suppor-taient la charpente d’un toit à doublepente. La faible épaisseur des murs ainsique le nombre restreint et le petit dia-

    mètre des poteaux porteurs plaident, sanséquivoque, pour une couverture végétale,telle une couverture en chaume ou enRoseau des marais.

    Les murs en torchis

    Deux méthodes ont été utilisées pourbâtir les superstructures de la maison.Pour les murs nord [MR975, 1723], sud[MR1028, 1726] et est [MR962, 1722], latechnique employée consiste à enfoncerdes poteaux individuellement dans le sol,puis à élever entre eux une paroi de tor-chis sur une armature plus fine (aucunetrace des poteaux intermédiaires n’estobservée, mais cela n’exclut pas leur pré-sence). Pour le quatrième mur à l'ouest[MR965, 1731], une autre technique a étéutilisée: on creuse d'abord une tranchéede fondation correspondant à la limite dela maison; puis, après avoir implanté lespoteaux qui forment l'ossature du mur, ondispose entre ceux-ci le matériau qui servi-ra de solin. Des poteaux intermédiairesmaintenant le clayonnage ont pu ensuiteêtre placés sur le soubassement.

    Seuls les murs est et sud ont conservéune élévation de leur paroi en torchis delimon jaune sur une hauteur de 15 à 30cm; ils ont une largeur irrégulière compri-se entre 15 et 40 cm (1). La façade nordest complètement arasée, mais l'on peuten restituer l'emplacement grâce à la pré-sence des poteaux corniers et d'un poteaufaîtier, ainsi qu'à l'observation de l’arrêtnet du sol en bordure de la pièce (fig.5).Quant au mur ouest, il a été totalementdétruit et les éléments composant la fon-dation ont été récupérés. Les traces quirestent visibles sont celles de la tranchéede fondation [1721] dont les parois sontirrégulières, la largeur en moyenne de45 cm et la profondeur de 15 cm.

    La présence d’une fondation à la basedu mur ouest pourrait s’expliquer parl’exposition de ce mur aux intempéries dufait de sa situation en bordure d'un espacelargement ouvert. En effet, pour préserverune certaine solidité de la paroi et isoler sabase de l’humidité, il est probable qu'on amis en place de ce coté soit un soubasse-ment en pierres, soit une sablière en bois.

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL338

    • 2 : Vue générale de la maison en torchis dans la zone 1(vue du nord, cliché J.-C. Roux).

  • • 3 : Plan général de la maison en torchis (unité fonctionnelle n°104).

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 339

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    Section 1.S.13

    Pièce 15B

    Pièce 15A

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    ruelle 21

    espace ouvert 16

    101

    fossé dedrainage

    PO966

    PO997

    PO903

    PO968PO967

    PO896

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    PO897

    PO902PO996

    PO900

    PO901

    PO1024

    PO969

    PO956

    PO1010

    PO960PO998PO1021

    PO978

    PO979

    PO1022

    PO895 PO977

    PO957

    PO958

    PO959

    PO961limite de fouille

    PO963

    PO1023

    PO927

  • La restitution de cette fondation entre lespoteaux porteurs explique l’absence detraces de poteaux intermédiaires destinésà supporter le clayonnage. C’est sur oudans le soubassement que ces poteauxdevaient être implantés.

    D'un point de vue strictement techno-logique, on rapprochera cette construc-tion mixte de celle de la maison en torchisD d’époque mérovingienne de Goudelan-court-les-Pierrepont dans l’Aisne, qui com-porte aussi, sur une face latérale, une fon-dation de 30 cm de large comblée depierres et supportant une sablière basse(Nice 1994, 29-33). De même sur le litto-

    ral du Languedoc-Roussillon, certainescabanes de pêcheur du début du siècle,totalement construites en roseau desmarais, peuvent avoir un ou plusieursmurs ancrés dans une petite tranchée defondation (observation J.-C. Roux). Pluslargement, cette technique d'implantationdes murs en fondation avec poteaux por-teurs a été reconnue dans le village anglo-saxon des VIe-VIIe siècles de Chalton,dans le Hampshire (Addyman-Leigh 1973,planche V) et perdure assez tardivement,jusqu'au XIe siècle, dans des manoirs sei-gneuriaux du Yorkshire ou dans les églisesscandinaves en Suède (Chapelot-Fossier

    1980, 257).A Lattes, de nombreux éléments pro-

    venant des murs en torchis, cuits parl’incendie, ont été recueillis en deuxendroits différents de la maison 104. Lesuns ont été retrouvés effondrés sur placedans l’angle sud-est de la pièce 15B, entreune banquette et un foyer décoré, lesautres ont été utilisés pour couvrir le com-blement de la tranchée de fondation dumur ouest MR965: leur provenance estdiverse.

    Les fragments de torchis [1659] prove-nant de la pièce 15B appartiennent au pla-cage interne, contre le clayonnage, dumur est ou sud. Ils ont subi une forteaction du feu et certains présentent undébut de vitrification (couleur blan-châtre). Globalement les fragments sontde couleur gris clair en surface avec àl’intérieur un aspect brun virant progressi-vement vers le centre de la paroi au grisclair. La face visible est plane, lissée, pré-sentant des petites aspérités dues auxbulles d’air et marquée par les empreintesdes végétaux du liant; aucune traced’enduit n’a été observée (fig.6). Les élé-ments les plus épais (environ 6 cm) sontmarqués au dos par des empreintes declayonnage. Lors de la destruction, lesfragments de torchis se sont entassés pêle-mêle sur le sol, formant une couche de 10à 13 cm d’épaisseur (fig.7).

    Les fragments de torchis recouvrant latranchée de fondation du mur ouest sontde couleur grise. Leur face visible est irré-gulièrement lissée et grossièrement apla-nie (fig.8) Ils ont une épaisseur de 2 à 3,8cm et comportent au dos les traces duclayonnage. Pour ces fragments, il estimpossible de déterminer s’ils provien-nent d’une face externe ou interne demur.

    Les poteaux porteurs des murs

    Mesurés à partir de leurs négatifs dansle sol, les poteaux porteurs qui maintien-nent l’élévation en torchis ont un diamètrede 9 à 12 cm. Il sont pratiquement tousappointés et enfoncés dans le sol de 8 à 15cm, sauf pour le mur ouest MR965 où lespoteaux porteurs sont fichés dans la tran-

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL340

    • 4 : Vue du nord de la maison en torchis en fin de fouille (cliché J.-C. Roux).

  • chée de fondation à une profondeur de 14à 20 cm. Englobés dans l’épaisseur desmurs, les poteaux sont décentrés vers inté-rieur à 10 cm environ du parement inter-ne. Seuls quatre poteaux sur les douzereconnus possèdent un calage de caillouxet de tessons d’amphore massaliète (fig.3)(2).

    Les poteaux porteurs ont une disposi-tion différente dans chaque mur. Dans lemur est (MR962), les quatre poteaux, pré-sents uniquement dans les deux tiers sudde l’élévation, sont plantés à intervallesréguliers (3); ils sont distants entre axes de1,08 m, 1,22 m et 1,30 m (fig.9). Dans lemur nord (MR975), il n’existe que troispoteaux: un poteau cornier à chaqueextrémité et un poteau faîtier au centre(4). Ils sont espacés entre axe de 1,59 met de 2,07 m. Dans le mur ouest (MR965),les poteaux porteurs ont été disposésainsi: un poteau cornier au sud à 2,87 md’un poteau central, lui-même distant d’ungroupe de trois poteaux placé dans le tiersnord du mur (5); le poteau nord de cegroupe (PO1023) est espacé du poteaucentral de 2,27 m. A l’extrémité nord, lepoteau cornier PO967 est à 1,29 m dupoteau PO1024. A proximité de cet angle,à environ 50 cm du coté extérieur à lamaison, on note la présence d’un petitpoteau (PO968/1681) dont la fonctionreste indéterminée. Enfin, dans le mur sud(MR102), aucun poteau porteur n’a étéreconnu.

    Les poteaux intermédiaires ne sont pasobservables mais ils sont nécessaires,entre les poteaux porteurs, pour soutenirle clayonnage. Ils devaient donc avoir undiamètre inférieur à 9-12 cm (diamètre despoteaux porteurs). Des charbons de boisdont le diamètre minimal d’origine a puêtre restitué pourraient provenir de cespoteaux intermédiaires.

    Le clayonnage

    Sur les fragments de torchis recueillisdans la pièce 15B [1659], de nombreusesempreintes de tiges végétales, principale-ment parallèles mais aussi avec d’autresorientations, constituent les restes d’unclayonnage, armature fine ayant supporté

    directement le torchis. Étant donné la fré-quence des charbons de bois encore enplace, ou détachés mais de même calibre,l’identification anthracologique et la mesu-re directe de ces charbons de bois est plusriche d’informations que la mesure deleurs empreintes (infra).

    La cloison interne

    Une cloison interne, dont les restesont disparu, séparait à l’origine les deuxpièces comme l'indiquent les différencesde stratigraphie entre les salles. Elle sesituait au sud du four FR955 et se poursui-vait jusqu’au poteau PO897 [1714] à l’est.Une porte de communication s’ouvraitdans la partie orientale de la cloison: c'est

    ce qu'atteste le prolongement des niveauxde la pièce 15B dans les carrés 36-37/103de la pièce 15A (fig.3).

    Le poteau PO897 devait avoir un rôle demaintien et supporter une forte charge. D'undiamètre de 15 cm, c'est le seul poteau de lamaison à avoir été planté aussi profondé-ment (30 cm) et à avoir une base solidementmaintenue par un calage réparti sur deuxniveaux. Le niveau inférieur comprend troiscailloux (10 x 10 cm) et le niveau supérieurest constitué de trois tessons de dolium (10 x15 cm) plantés verticalement et d'un caillou(10 x 20 cm). Un moulage en plâtre du néga-tif du trou de poteau a révélé que sa base, deforme conique, a été appointée en trois pansirréguliers (diamètre de la pointe: 5 cm).

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 341

    • 5 : Mur nord MR975 avec calages du poteau faîtier (à gauche) et du poteau cornier (àdroite) (vue du sud, cliché J.-C. Roux).

    • 6 : Fragments de torchis à surface plane et lissée provenant du parement interne desmurs de la pièce 15B (cliché L. Damelet).

  • Les supports de la toiture

    Les dimensions de la maison en torchis(environ 7 x 4 m) ont nécessité la pose,dans l’axe longitudinal, de quatre poteauxfaîtiers. D’un diamètre de 15 à 18 cm, ilsont une extrémité appointée et sont enfon-

    cés dans le sol sur une profondeur de 14 à30 cm; seul le poteau PO903 présente uncalage de tesson et de galet [1729]. Gros-sièrement alignés, ces poteaux étaient des-tinés à supporter la panne faîtière etl’essentiel des charges, ce qui expliquel’importance de la section des bois utilisés.

    Ces poteaux ont été placés de matièreà gêner le moins possible la circulationdans la maison. Au sud, un poteau[PO961/1661] a été installé à l’extérieurde l’habitation, contre le mur MR1028. Al’intérieur, un poteau [PO895/1649] estsitué contre la cloison de refend, ce quipermet à la pièce 15B d’avoir son volumecomplètement dégagé; il est distant dupoteau sud de 4,35 m. Un troisièmepoteau [PO903/1656] a été planté aucentre de la pièce 15A, à une distance de1,94 m du poteau précédent et à 1,20 md’un poteau placé dans le mur nord[PO966/1679]. Ce dernier, de taille pluspetite, a aussi servi de support d’armatureau clayonnage (diamètre 12 cm).

    La toiture

    En ce qui concerne la toiture, les don-nées archéologiques et architecturalesnous incitent à envisager un toit à doublepente à couverture végétale. Cette inter-prétation se base d’une part sur la naturede la couche recouvrant la destruction dela maison [1660, 1661], qui est un remblaihétérogène de limon gris mêlé de nom-breux déchets anthropiques. Celui-ci n’estpas typique des destructions de toiture enterre homogène et souvent stérile que l’onrencontre au-dessus des niveaux d’occupa-tion. D’autre part, la faiblesse des murs entorchis, de 20 cm d’épaisseur en moyen-ne, se rapproche davantage des architec-tures possédant une couverture végétaleque des maisons à murs plus épais au toiten terre. Enfin, l’ancrage des poteauxenfoncés dans le sol s’adapte volontiers ausoutien d’une toiture de faible poids plu-tôt qu’à un toit lourd en terre qui nécessi-te généralement la pose d’un socle enpierre sous les piliers afin d’éviter leurenfoncement.

    Pour la maison en torchis de Lattes, onpeut envisager une charpente à double penteavec faîtage soutenu par des poteaux axiaux.Le revêtement végétal de la couverture peutêtre le chaume ou, le plus adéquat ici, leroseau des marais (Phragmites communis)adapté aux zones humides du milieu lagunai-re. Cependant, il ne s’agit que d’hypothèses :contrairement à la maison 105 (Buxó et al.,

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL342

    • 7 : Fragments de torchis effondrés pêle-mêle sur le sol de la pièce 15B (cliché L. Damelet).

    • 8 : Fragments de torchis à surface irrégulièrement lissée et aplanie de provenanceindéterminée (cliché L. Damelet).

  • même volume), aucune observation derestes attribuables de la toiture n’est iciobservable.

    Le fossé de drainage

    Dans la ruelle 131 qui borde à l’est lamaison en torchis, un fossé de drainage,étroit (25-46 cm), peu profond, avec unpendage du sud vers le nord (de 8 à15 cm), présentant un fond et des paroistrès irréguliers [1707], a été aménagé lelong du mur oriental MR962 au niveau dela pièce 15A (fig.3). Ce fossé a très certai-nement été creusé pour canaliser les eauxde ruissellement et devait protéger cettepartie de la maison où étaient installéesdes cuves en terre pour le stockage descéréales (infra). Deux poteaux distants de0,60 m [PO1011/1720 et PO896/1713]ont laissé leur empreinte circulaire(10 cm) en bordure orientale du creuse-ment; leur fonction est indéterminée. Lecomblement du fossé [1683] se composede limon gris mêlé de fragments de tor-chis, de cendre et de charbons de bois, etressemble fortement au comblement de latranchée de fondation du mur ouest(MR965).

    4. L’armature de bois du torchis,essences et organisation

    4.1 Les prélèvements de charbonsde bois

    Outre le bois carbonisé encore inclusdans des plaques de torchis effondréesdans la maison lors de l’incendie (Us 1694au dessus du comblement de la tranchéedu mur ouest MR 965), l’étude du boisayant servi à la construction de la maison104 est argumentée ici en fonction decharbons de bois provenant en majeurepartie de l’incendie mais secondairementdispersés ou accumulés dans :

    – le comblement de la tranchée dumur ouest MR 965 (Us 1705, égale à1694),

    – un remplissage entre le sol de circu-lation et le torchis au centre-nord de lapièce 15 et étalé vers le nord-est (Us1667),

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 343

    • 9 : Mur est MR962 : base du mur et empreintes des poteaux supportant le clayonna-ge (vue de l’est, cliché J.-C. Roux).

    Acer cf A. campestre Erable cf E. champêtreArbutus unedo ArbousierArthrocnemum SalicorneBuxus sempervirens BuisCistaceae - Ericaceae Cistacée et/ou EricacéeCornus CornouillerCorylus Noisetiercf Corylus cf NoisetierErica arborea-E. scoparia-E. multiflora grandes BruyèresFicus carica FiguierFraxinus FrêneGymnospermae GymnospermeLigustrum vulgare TroèneMonocotyledonae MonocotylédonePhillyrea-Rhamnus alaternus Filaire et/ou AlaternePhragmites australis PhragmitePinus cf P. halepensis Pin cf Pin d'AlepPistacia PistachierPopulus PeuplierPrunus avium CerisierQuercus ilex-Q.coccifera Chêne vert et/ou C. kermèsQuercus feuillage caduc Chêne à feuillage caducTamarix TamarisRosaceae Pomoideae Rosacée PomoïdéeRosaceae Prunoidée Rosacée PrunoïdéeRosmarinus officinalis RomarinUlmus minor Orme champêtreVitis vinifera Vigne sauvage ou cultivée

    • 10 : Glossaire des essences identifiées dans le torchis incendié principalement, etdans le bois de feu de la maison 104 (Lattara).

  • – le remplissage secondaire du troud’un petit poteau (PO996, Us 1650),

    – le remplissage secondaire d’un drainextérieur à la maison, parallèle au mur est(Us 1683),

    – le comblement de la tranchée dumur latéral ouest MR965 (Us 1709).

    De plus, des charbons de bois prove-nant d’une sédimentation de sol sous-jacente à l’incendie (Us 1636), donc enpartie au moins attribuables au bois defeu, offrent un point de comparaison pourjuger de la spécificité du choix desessences dans la construction.

    4.2. Le nombre d’essences utili-sées

    25 essences au moins (fig.10 et 11) sontidentifiées dans 700 charbons de bois envi-ron. Parmi elles, trois essences proviennent

    seulement du niveau d’occupation, c’est-à-dire du bois de feu. Mais parmi les restesprovenant d’Us riches en débris de torchis,quelques essences provenant d’aménage-ments incendiés, d’objets brûlés ou du boisde feu peuvent être présentes, du fait duremaniement des déblais après incendie oude l’interpénétration des couches archéolo-giques. Il faut donc considérer que lenombre de taxons utilisés dans l’architectu-re est inférieur ou égal à 22 essences, etnous verrons (infra) qu’il est supérieur ouégal à 11 essences.

    Toutes ces essences existent dans lebois de feu des Lattois, que ce soit dans lamême zone ou ailleurs (Chabal 1989). Deplus, il n’y a pas d’utilisation d’essencesqui sembleraient ne pas provenir des envi-rons proches ou assez proches du site(delta du Lez et collines voisines au norddu site, vers Montpellier, et au nord-est,vers Pérols).

    4.3. L’armature de bois du torchis

    Divers critères sont pris en compteensemble pour attribuer les essences iden-tifiées à une fonction architecturale : leurposition stratigraphique (trou de poteau,couches d’effondrement riche en plaquesde torchis), leur liaison directe à la terrecrue, leur calibre d’origine restitué, leurfréquence relative en nombre de charbonsde bois.

    Le remplissage d’un trou de poteau

    Aucune identification de bois in situn’a pu être rattachée directement auxtrous de poteaux. En effet, la partie despoteaux située à l’intérieur du sol est inac-cessible aux flammes et se décomposeultérieurement au lieu de se conserver parcarbonisation. Les charbons de bois issusde poteaux proviennent d’une combus-tion aérienne et se sont dispersés aprèsincendie.

    Ainsi, le remplissage du trou dupoteau PO996 (Us 1650), avec 9 frag-ments de Chêne vert et/ou Kermès et de 2fragments de Frêne (d’une longueur del’ordre de 5 à 10 mm), révèle que le rem-plissage est secondaire, ce qui explique laprésence de deux essences, provenantprobablement de la construction mais pasdu poteau.

    Tri des calibres par les cernes annuels

    Pour les charbons de bois présentsdans les couches d’incendies et en majori-té attribuables à la charpente de l’habita-tion, l’observation du calibre d’origine dela tige à partir des cernes annuels du bois,visibles à l’oeil nu en section transversale,est précieuse. Lorsque l’écorce ou sa limi-te est conservée on peut donner unemesure de diamètre absolu (moyennantun retrait de 15% environ). Lorsque cen’est pas le cas, ou si une fraction seule-ment du pourtour de la tige est conservé,une appréciation du diamètre minimal dela tige d’origine reste souvent possible àpartir du rayon de courbure des cernes decroissance annuels, mesurable dans leplan transversal du bois. Bien sûr, la même

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL344

    Unité stratigraphique 1694 1705 1667 1650 1683 1709 1636Nature du dépôt torchis =1694 sol/torchis PO 996 drain MR 965 occupation

    Erable cf E. champêtre 2Arbousier 1 3 8Salicorne 1 1Buis 1 6 3 2Cistacée et/ou Ericacée 1 1Cornouiller + 49 10 2Noisetier 1cf Noisetier 1 1grandes Bruyères 13 7 1 18 4Figuier 2 14Frêne + 3 97 2 52 20 16Gymnosperme 1Troène 17Monocotylédone 1Filaire et/ou Alaterne 2 1Phragmite +Pin cf Pin d'Alep 4 1Pistachier 1 1Peuplier 1Cerisier 2Chêne vert et/ou C. kermès 11 95 9 75 11 67Chêne à feuillage caduc 1 1Tamaris 5Rosacée Pomoïdée 6Rosacée Prunoïdée 5Romarin 1 1Orme champêtre 11 14 11 12 9Vigne sauvage ou cultivée 1 7

    Total 42 291 11 178 78 128

    • 11 : Identification des essences en nombre de charbons de bois par Us et en présen-ce/absence pour les plaques de torchis (maison 104, Lattara).

  • tige risque de donner lieu à une restitutionde calibre à partir de plusieurs charbonsde bois, spécialement pour les groscalibres, refragmentés dans l’épaisseur dela tige. C’est pourquoi on ne peut qu’éva-luer la quantité relative de tiges de chaqueessence présentes dans l’architecture.

    Lors de l’étude de la couche cendro-charbonneuse 1667 en particulier, lescharbons de bois ont été répartis en deuxlots, l’un de faible calibre (≤ 1 cm), l’autrede plus fort calibre avec éventuellementmesure du diamètre minimal, afin d’éva-luer la participation relative de chaqueessence à chacun de ces deux ensembles.

    Essences ayant constitué les poteauxporteurs ou intermédiaires

    Les calibres moyens restitués (2-10 cm) témoignent de tiges d’un diamètred’origine égal ou supérieur à la mesure.

    Outre les calibres restitués, l’abondan-ce relative de chaque essence en nombrede fragments nous renseigne en partie surson calibre, puisqu’il est évident que lespièces de masse importante laissent plusde charbons de bois que les calibres fins.

    Parmi ces restes, il ne faut pas exclureun apport partiel depuis la charpente de latoiture, au sujet de laquelle on ne sait rien.

    A partir des restes effondrés dans ethors de la maison, on peut reconnaîtredeux essences majoritaires, donnant aussiles plus gros calibres mesurables, le Chênevert et le Frêne. Moins abondants, l’Ormechampêtre, une Rosacée Pomoïdée (grou-pe des Sorbiers, Aubépines, etc.), le Cor-nouiller, l’Arbousier, le Noisetier, lesgrandes Bruyères, proviennent de calibresmoyens ou forts, mais non précisémentmesurables : il peut s’agir de tiges dequelques centimètres de diamètre, oudavantage. La figure 12 montre la part desessences de calibre moyen ou fort dans letorchis provenant de l’Us 1667, et la figure13 représente quelques calibres mesu-rables (ne sont pas représentés sur la figu-re les calibres moyens non mesurables).

    Pour le Chêne vert, les calibres mesu-rés atteignent 7 cm, diamètre minimal dela tige d’origine, et pour le Frêne 10 cm.Sachant que les diamètres des poteaux

    porteurs sont de 9 à 12 cm d’après leurnégatif dans le sol (15 à 18 cm pour lespoteaux faîtiers), il est pratiquement cer-tain que le Frêne et le Chêne vert qui pré-sentent des calibres voisins de cette taillese rapportent à ces poteaux porteurs.Dans l’hypothèse contraire, il faudraitadmettre que les poteaux intermédiairesont un diamètre voisin de celui despoteaux porteurs, ce qui n’est pas logique.En fin de compte, deux taxons, Chêne

    vert et Frêne, peuvent appartenir auxpoteaux porteurs. Les autres taxons doi-vent être attribués soit aux poteaux por-teurs, soit à une armature secondaire,c’est-à-dire aux poteaux intermédiaires ouà une autre partie de l’armature, de calibremoyen.

    Ce sont des essences dont le bois, dur,est durable et se justifie pour uneconstruction. Mais par ailleurs ils ont despropriétés assez différentes. Le Chêne vert

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 345

    Vigne sauvage ou cultivéeOrme champêtreRosacée PrunoïdéeRosacée PomoïdéeChêne à feuillage caducChêne vert et/ou KermèsCerisierPeuplierPistachierPin cf Pin d'AlepRoseau PhragmiteFilaire et/ou AlaterneTroèneGymnospermeFrênegrandes BruyèresNoisetiercf NoisetierCornouillerCistacée et/ou EricacéeBuisSalicorneArbousier

    VitOr

    RPrRPoCfcCvCePePisPaPhFATr

    GyFr

    gBcfN

    NCoCEBuSlAr

    VitOr

    RPrRPoCfcCvCePePisPaPhFATr

    GyFr

    gBcfN

    NCoCEBuSlAr

    US 1667total

    0 20 40 60%

    0 20 40 60%

    VitOr

    RPrRPoCfcCvCePePisPaPhFATr

    GyFr

    gBcfN

    NCoCEBuSlAr

    US 1667rameaux

    US 1667grosses tiges

    0 20 40 60%

    VitOr

    RPrRPoCfcCvCePePisPaPhFATr

    GyFr

    gBcfN

    NCoCEBuSlAr

    • 12 : Essences de l’armature ligneuse du torchis selon leur calibre, d’après l’Us 1667 :rameaux pour l’armature fine et tiges plus grosses, dont poteaux porteurs

    (maison 104, Lattara).

  • est résistant, mais très dur et peu élas-tique. Le Frêne est un bois élastique, detrès bonne qualité mécanique. Il est pos-sible que les deux propriétés aient étérecherchées alternativement dans l’ossatu-re du torchis, pour une bonne résistancemécanique des murs. L’Orme champêtre,les Rosacées Pomoïdées, sont aussi desbois durs, de valeur. Le Cornouiller, dur etélastique, a une exceptionnelle résistance

    aux chocs (il est aussi utilisé aux niveauxinférieurs de l’armature). Les grandesBruyères donnent un bois rameux, dur etcassant, de plus faible calibre en général.

    L’armature fine ou clayonnage de bois

    Une quinzaine de plaques qui présen-taient du bois encore en place ont été étu-diées (Us 1694). L’écorce est très souvent

    présente sur les rameaux. Les nombreusestraces non identifiables peuvent être desrésidus d’écorce carbonisée. La présencede végétaux non ligneux ne peut êtreexclue mais, exceptés les feuilles dePhragmite, elle n’a pas laissé d’empreintecertaine.

    Des photos (fig. 14 à 21) montrent lesagencements de tiges les plus remar-quables. Il apparaît clairement que destiges d’un diamètre souvent inférieur aucentimètre, de type « badines »,appartenant à 8 essences, sont groupéespuis tressées pour donner un clayonnage,sur lequel la terre crue est plaquée. Outreles nombreuses empreintes parallèles dePhragmite, le regroupement le plus impor-tant est un ensemble de quatre tiges deCornouiller parfaitement accolées entreelles, et proches d’autres tiges perpendi-culaires, de Cornouiller et de Phragmite(fig. 20). Pour plusieurs plaques, il estapparu qu’il ne faut pas trop se fier àl’interprétation macroscopique, extrême-ment trompeuse, pour comprendrel’agencement des tiges et la nature desvégétaux.

    De très nombreux rameaux présentsdans les charbons de bois épars issus del’incendie (plusieurs Us) appartenaientaussi clairement à cette armature fine etcomplètent la liste des essences et leurscalibres (fig. 11 et 13). En effet, lesrameaux complets ne sont jamais aussiabondants dans le bois de feu. Il est clairque la terre crue a protégé ces tiges fra-giles d’une calcination complète. Rétrac-tées par la carbonisation, elles s’en sontdétachées ensuite.

    Les essences constitutives de ceclayonnage sont nombreuses : le Phragmi-te, le Cornouiller, le Troène, les grandesBruyères, le Frêne, sont les principales.L’Orme, le Noisetier, la Filaire et/ou Ala-terne, peut-être le Chêne vert, sont aussiprésents. Ces essences, propres à donnersoit des jets longs et flexibles (Cornouiller,Troëne, Frêne, Noisetier), soit rameux(Phragmite, Bruyères), devaient avoir pourqualités commune une rectitude relative,une certaine homogénéité de calibre surtoute leur longueur, une souplesse impor-tante. On peut facilement réaliser un

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL346

    Frêne

    Chêne vert (Kermès)

    Orme

    Filaire et/ou Alaternegrandes Bruyères

    Troène

    Arbousier

    1 cm

    Cornouiller

    • 13 : Restitution des calibres des tiges carbonisées mesurables provenant de l’armaturedu torchis incendié : plusieurs diamètres restitués peuvent correspondre à une même

    tige d’origine et de forts calibres non mesurables ont de plus été observés (maison 104, Lattara).

  • dans une empreinte de 5,5 cm de long.• 19 : Fragment de torchis de la maison104 (US 1694) : deux tiges de Frêne de 4et 5 mm de diamètre se présentent

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 347

    • 14 : Fragment de torchis de la maison 104 (US 1694) : le Phragmiteest identifié en trois emplacements mais les traces les plus profondes dece roseau sont ici des empreintes vides.

    • 15 : Fragment de torchis de la maison104 (US 1694) : une tige de Frêne de4 mm de diamètre est identifiée.

    • 16 : Fragment de torchis dela maison 104 (US 1694) : cetamas tassé de petits Phrag-mites et de feuilles de lamême espèce donne à tortl’impression d’un débris végé-tal unique, large et plat.

    • 17 : Fragment de torchis de la maison104 (US 1694) : deux tiges carbonisées,de Cornouiller et de Phragmite, occu-pent deux empreintes parallèles. Deplus, une jeune tige de Frêne est identi-fiée dans les autres traces charbon-

    neuses.• 18 : Fragment de torchis de la maison 104 (US 1694) :une tige de Frêne de 8 mm de diamètre est identifiée

    proches et presque parallèles.• 20 : Fragment de torchis de la maison104 (US 1694) : six tiges carbonisées dansleurs empreintes de terre crue se répartis-sent comme suit : quatre tiges de Cor-nouiller de diamètres 5 mm (3-4 cernesannuels et écorce), 11x5 mm, 4x5 mm et4x5 mm sont parallèles et étroitementaccolées ; une autre tige de Cornouiller, enarrière (non visible), forme un angle de 60°avec les premières et un fragment dePhragmite perpendiculaire est accolé à leur

    (clichés L. Damelet)

  • clayonnage résistant avec des tiges de cesessences, souples et élastiques en toutessaisons lorsqu’elles viennent d’être cou-pées (fig. 22). Le Phragmite est peu élas-tique, son intérêt est plutôt d’être rameux,fournissant une grande abondance detiges de calibre régulier, et leur feuillageparallèle étroitement accolé aux tiges.

    La vitesse de croissance, et corrélative-ment le renouvellement des essences,devaient avoir son importance pour leurchoix : une tige de Cornouiller de 5 mm aentre trois et sept ans, une tige de Filaireou d’Alaterne de 4 mm peut avoir jusqu’àdouze ans. C’est sans doute pourquoi lesessences à croissance rapide de la plaine(delta du Lez) dominent sur celles à crois-sance plus lente des collines (chênaie).

    Le Phragmite donne des fragments detiges d’un calibre d’origine inférieur ouégal au centimètre, les autres étant conser-vées dans toute leur section au sein du tor-chis, avec des diamètres variant de 1 à11 mm environ.

    Il est probable que le Phragmite a été uti-lisé à l’état de tiges et faisceaux de tiges dansl’armature fine, et que la fragilité de ces tigescreuses lorsqu’elles sont carboniséesexplique leur mauvaise conservation (etpeut-être leur sous-estimation quantitative),notamment dans l’Us 1667. La présence defeuilles de Phragmites avec les tiges (engai-nantes et non dissociées de celles-ci) est

    visible dans les plaques de torchis.Ces essences ont-elles fait l’objet d’uti-

    lisations différentielles dans le clayonna-ge ? L’observation en est exceptionnelle.Le fragment de la figure 19 en est unexemple, avec 4 tiges de Cornouiller acco-lées, une cinquième formant un angle de60° et pouvant indiquer un tressage dansles deux sens de cette armature fine résis-tante (le Frêne, le Troène, le Noisetier ontdes propriétés mécaniques voisines). Maisc’est au contact des quatre tiges de Cor-nouiller et en position perpendiculaire àcelles-ci que le Phragmite (non visible enphoto) est présent dans cet échantillon,suggérant un tressage secondaire dans uneautre direction.

    Le choix des essences

    L’armature du torchis de la maison 104a fait l’objet d’une sélection active deligneux aux qualités bien spécifiquesselon le calibre de chacune, mais ce choixconcerne un assez large éventaild’essences.

    Rappelons que les poteaux porteurscomprennent au moins le Chêne vert et leFrêne. Ces deux essences ainsi que l’Ormechampêtre, une Rosacée Pomoïdée, le Noi-setier, l’Arbousier, le Cornouiller peuvent

    appartenir aux poteaux porteurs ou auxpoteaux intermédiaires, les grandesBruyères plutôt à une armature moyenne.Le clayonnage comprend au moins lePhragmite, le Cornouiller, le Troëne, lesgrandes Bruyères, le Frêne, l’Orme, le Noi-setier, la Filaire et/ou Alaterne, peut-être leChêne vert. Ce sont donc au total au moins11 essences qui sont attribuées à l’armatu-re ligneuse du torchis du fait de leurcalibre, de leur association aux couchesd’incendie ou de leur abondance relative.S’ajoutent dans les couches d’incendie desessences moins abondantes dont le calibren’a pas été observé ou qui n’étaient pasassociées à la terre crue. Ainsi, l'Érablechampêtre, le Pin d’Alep, le Tamaris, leChêne à feuillage caduc, ont pu faire partiede l’armature moyenne du torchis, maisleur rareté semble peu compatible avecune appartenance à la charpente principa-le ; un Pistachier, le Romarin, la Vigne, leFiguier, le Buis et une Salicorne ont pufaire partie de l’armature fine.

    Le spectre des fréquences de l’Us 1667montre une identité frappante (fig.23)avec le contenu du bois de feu, identifiédans le niveau d’occupation sous-jacent àl’incendie de la même maison (Us 1636).Le bois de feu de même époque présentdans une habitation d’un autre îlot de

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL348

    contact.• 21 : Fragment de torchis de la maison 104 (US

    1694) : Un fragment de Cornouiller est identi-fiable dans une empreinte de 6 mm de diamètre

    (cliché L. Damelet).• 22 : Construction expérimentale d’un clayonnage avec des essences flexibles

    ou rameuses présentes dans l’armature fine du torchis de la maison 104 : dehaut en bas Filaire, Alaterne, Troène, Frêne, Phragmite, Cornouiller, cueillis en

  • Lattes confirme cette ressemblance (Us7317). De la même façon, les restes de latoiture de la maison 105, charpente etcouverture, montrent le même éventaild’essences (Buxó et al., même ouvrage).

    Pour comprendre ces ressemblances,n’oublions pas que les calibres forts oumoyens, qui donnent beaucoup de frag-ments, « écrasent » en pourcentage lescalibres fins. Ceci permet d’affirmer queles tiges les plus grosses identifiées dansl’architecture proviennent d’une même« logique » d’approvisionnement que lebois de feu domestique. Or, le bois de feusemble refléter fidèlement l’évolutionpaléo-écologique de l’environnement(Ambert et Chabal 1992). Il est donclogique de supposer que le bois de char-pente (tant pour l’armature du torchis dela maison 104 que pour la toiture de lamaison 105) provient d’une gestion desboisements alentours, ceux qui sont dispo-nibles aux Lattois dans un rayon de un àquelques kilomètres.

    Au contraire, les calibres fins del’armature du torchis de la maison 104font l’objet d’une sélection plus nette.L’abondance du Troëne, du Cornouiller,du Phragmite, des Bruyères, etc., assezpeu abondants dans le bois de feu,

    témoigne de leur recherche active dansl’environnement local pour la réalisationdes murs en torchis. C’est l’un des raresexemple de sélection très marquée desessences ligneuses utilisées à des finsautres que le bois de feu, que l’on puissejusqu’à présent mettre en évidence pourles périodes protohistoriques dans le sudde la France. Mais retenons qu’au total lechoix des essences pour la réalisation dutorchis utilise un large éventail d’essences,tant pour sa charpente que pour son arma-ture fine. Il tire le meilleur parti de lavégétation locale. Les exigences tech-niques de la réalisation de l’armature dutorchis semblent se porter, non pas sur lespropriétés mécaniques très précises dechaque essences (sinon l’éventail en seraitmoins large), mais plutôt :

    – pour la charpente, sur la durabilitédu bois,

    – pour l’armature fine, sur une parentéde forme et de calibre des tiges, à savoirl’aptitude à donner des jets droits, élas-tiques et de grande longueur (tels leFrêne, le Cornouiller, le Troëne, la Filaireou l’Alaterne, le Noisetier…), ou des fais-ceaux de tiges rameuses et rectilignes (telsle Phragmite, les grandes Bruyères, peut-être le Romarin ou les Salicornes).

    5. La stratigraphie et les aménage-ments domestiques dans les pièces15A et 15B (phase d’occupation 1H1)

    Après la construction des murs, lessols des pièces 15A et 15B ont été recou-verts d’une couche de limon argileuxjaune de 2 à 3 cm d’épaisseur [1700,1735] (fig.24 et 25).

    5.1. La pièce 15A

    L’organisation

    Située à l’avant de la maison, cettepièce est munie dans l’angle sud-ouestd’un four domestique en cloche (FR955)et dans l’angle opposé de deux cuves destockage en torchis (CV972 et CV995).Dans la salle, six trous marquent l’empla-cement de poteaux dont la fonction resteindéterminée. Ils ont un diamètre de 10 à12 cm, sauf le poteau PO901 d'un dia-mètre de 14 cm. Ils sont plantés sur uneprofondeur de 7 à 13 cm; le poteauPO997 possède un calage de tessons et decailloux [1727]. Deux poteaux[PO900/1653 et PO901/1654], espacés de6 cm, ont été plantés dans l’angle sud-est.Trois autres [PO996, 1650; PO997, 1651

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 349

    1636bois de feu

    0 20 40 60%

    7317bois de feu

    0 20 40 60%

    Vigne sauvage ou cultivéeOrme champêtreRosacée PrunoïdéeRosacée PomoïdéeChêne à feuillage caducChêne vert et/ou KermèsCerisierPeuplierPistachierPin cf Pin d'AlepRoseau PhragmiteFilaire et/ou AlaterneTroèneGymnospermeFrênegrandes BruyèresNoisetiercf NoisetierCornouillerCistacée et/ou EricacéeBuisSalicorneArbousier

    1667incendietorchis

    0 20 40 60%

    US 1770incendietoiture

    Vigne sauvage ou cultivéeOrme champêtre

    SauleRosacée Pomoïdée

    Chêne vert et/ou KermèsCerisier

    PeuplierPistachier

    Pin cf Pin d'AlepRoseau Phragmite

    Filaire et/ou AlaterneTroène

    GymnospermeFrêneHêtre

    grandes BruyèresCornouiller

    BuisArbousier

    ErableErable de Montpellier

    0 20 40 60%

    MAISON 104 MAISON 105

    février (cliché L. Chabal).• 23 : Comparaison des spectres anthracologiques dans l'architecture incendiée et dans le bois de feu pour la période -375/-350 av.

  • et PO902, 1655] sont placés à proximitédu poteau faîtier central. Enfin un potelet[PO969/1677] est situé près de l’ouvertu-re du four (fig.3).

    La stratigraphie

    Le sol de la pièce [1735] présente unesurface irrégulière avec un pendage pro-noncé vers le nord à proximité du murseptentrional. La surface est recouverte,autour du poteau central et jusqu’auxcuves, d’une couche de cendre [1667] de1 à 8 cm d’épaisseur. Ces cendres ont étéétalées vers l’angle nord-est lors de l’arase-ment de la maison. Aucun mobilier oureste culinaire n’a été retrouvé sur le sol.Durant l’occupation aucune sédimentationparticulière ne s’est accumulée sur la sur-face de limon jaune.

    Les structures de cuisson: foyerFY1186 et four FR955

    Les structures destinées à la cuissonalimentaire ont été installées dans la partieavant de la maison, dans l’angle sud-ouestde la pièce 15A. Il s'agit d'abord à d'unfoyer construit à sole lisse (FY1186),recouvert ensuite par un four fixe à solepleine (FR955).

    Le foyer FY1186 est établi dans le coinsud-ouest de la salle, contre le mur de cloi-son et à environ 0,70 m du mur occidental(MR975). Il a subi plusieurs dégradationssuccessives (utilisation, construction dufour, affaissement du sol) qui ont large-ment endommagé la plaque de cuisson lis-sée, fondée directement sur le sol de lapièce (fig.26).

    Le four FR955 a été installé dans lecoin de la pièce et recouvre partiellementle foyer précédent (fig.3 et 26). Sonimplantation a nécessité le creusement[1710] d’une fosse d’ancrage circulaire de75 cm de diamètre et profonde de 11 cm.Un radier composé de galets et de tessons[1698], surtout concentrés dans la moitiéavant du four, comble avec des petitesboulettes d’argile grise la cavité (fig.27).Le périmètre du four est formé à la based’une couronne de limon argileux gris[1708], rubéfiée sur la face intérieure,épaisse de 9 à 12 cm et conservée sur 7cm de hauteur. La couronne dessine uncercle légèrement ovalisé de 105 cm dediamètre externe, définissant une aire decuisson de 0,54 m2 à l’intérieur du four.Une trace rubéfiée montre l’existence àl’est d’une bouche d’air de 10 cm de largeménagée à la base de la couronne.

    A l’extérieur, en périphérie de l’ouver-

    ture, se répartissent des restes de combus-tion cendro-charbonneux [1693]. Au nordde la bouche d’air et contre la couronne,un trou de poteau (PO969, 1677) conique(diamètre supérieur 12 cm, inférieur 3 cm)marque l’emplacement d’un poteau dont lafonction reste indéterminée (fig.28).

    La chambre de chauffe a été munied’une première sole lissée de 2 à 5 cmd’épaisseur [1702] recouverte par uneseconde plaque de cuisson de 1 à 2 cmd’épaisseur [1697] se superposant immé-diatement à la première (fig.28). Une finepellicule de cendres pures marque l’ulti-me utilisation du four.

    L’arasement du four après l’incendiede la maison voit le démantèlement de lavoûte en torchis dont on retrouve les frag-ments à l’intérieur du four [1962] et àl’extérieur, au nord sur le sol de la pièce15A et à l’ouest recouvrant en partiel’emplacement du mur détruit MR975[1688] (fig.29).

    Le four FR955 présente une taillemoyenne par rapport aux fours fixes àsole pleine découverts à Lattes à la mêmeépoque (entre 0,16 et 0,95 m2). Sonimplantation à l’intérieur de la maison entorchis ne le différencie en rien des foursdu IVe s. av. n. è. utilisés dans les maisonsconstruites en pierres et en briques crues

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL350

    f a î t iers

    PO979

    phases

    1839

    PO897 PO968 PO961 PO895

    PO1021

    PO957 FY885c

    l o i

    s o

    n

    SL1184

    PO998

    1701

    PO978 PO960

    PO1010

    1691

    d e m i - n i v e a u

    1706 CV995 CV972

    1704

    Pièce 15BPièce 15A1692=16881689

    1726=1842

    MR1028 MR962

    1722=18621844

    PO959PO958PO956

    PO977

    MR965

    1731

    PO963

    PO1022 àPO1025

    MR975

    1723

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    1644

    1699

    1711

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    1712

    16711725 1724

    1690

    1636

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    1707

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    fossé de drainage

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    1681

    poteauexterne

    1700=1860

    1714construction

    destruction

    occupation

    remblai denivellement

    1667 1659

    1694=1705

    1709

    FR955

    1693

    1683 1G2

    1H1

    1H2

    1660-1661

    n.è. : le Chêne vert, le Frêne et l'Orme champêtre, essences dominantes autour de Lattes, sont les plus utilisées.

  • •24 :

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    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 351

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    1660

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    96518

    43

    (Py 1992, 261-276).Un fragment de plaque de cuisson per-

    forée de petits trous (voir ci-après, Analy-se des objets, n°15) récupéré à proximitédu four dans le niveau de destruction(fig.29) nous permet de supposer que lesfours fixes à sole pleine n’étaient pasexclusivement réservés à la cuisson degalettes et pouvaient éventuellement êtreutilisés comme four-réchaud pour d’autresmodes de cuisson.

    Le stockage: cuves en torchis CV972et CV995

    Ce sont sans doute des céréales desti-nées à la consommation quotidienne quiont été stockées dans deux cuves en terreaménagées dans la partie avant de la mai-son, dans l’angle nord-est de la pièce 15A(fig.3). On y ajoutera un récipient en tor-chis qui se trouvait dans le coin sud-est dela salle 15B, comme en témoignent lesfragments de plaques retrouvés mêlés auxéléments de paroi du mur effondré. Cesplaques, dont les faces sont très grossière-ment lissées, ont une épaisseur compriseentre 15 et 20 mm [1659].

    Le modelage des cuves a nécessité aupréalable le creusement de paliers hori-zontaux afin de rattraper le pendage pro-noncé du sol de la pièce (fig.30). Les cavi-tés, profondes de 5 à 8 cm, ont été gros-sièrement excavées et présentent un fondplat et des parois obliques irrégulières[1706]. Les deux cuves, de forme qua-drangulaire, ont été installées perpendicu-lairement au mur MR962 à une distancede 10 cm. Au sud, la cuve CV972 sur-plombe de 15 cm la cuve CV995 placéedans le coin de la salle; elles sont écartéesl’une de l’autre de 12 cm (fig.31).

    Les cuves en terre ont été détruites etarasées à la suite de l’incendie; on retrouveles fragments des parois à l’intérieur et à lapériphérie des conteneurs [1689] (fig.32).

    La cuve CV995 (82 x 73 cm), très ara-sée, n’a conservé que son fond (fig.31). Ilest formé d’une chape de limon gris de 10cm d’épaisseur dans laquelle sont inclusquelques petits tessons et de nombreuxcoquillages minuscules [1695]. Sous cettebase, qui a été ”coulée” dans la cavité, on

  • observe une fine couche de sable de 0,5 à3 cm d’épaisseur [1704] qui a probable-ment été déposée pour éviter les remon-tés d’humidité par capillarité.

    La cuve CV972, de taille plus petite (73 x62 cm), a conservé une partie des parois enélévation sur une hauteur de 5 à 9 cm (fig.30et 32). Les parois nord et est ont été mode-lées à partir du fond de la cavité tandis que

    les deux autres parois ont été posées àl’aplomb du creusement. Elles sont consti-tuées d’un limon jaune homogène de 5 cmd’épaisseur qui s'épaissit à la base afin d’assu-rer une meilleure assise [1684]. Ainsi délimi-tée, la cuve est munie d’une chape de limonjaune [1703] de 7 à 10 cm d’épaisseur. Aupa-ravant, dans trois des angles (sauf dansl’angle nord-est), a été placé un caillou, un

    galet ou un tesson pour permettre un bonancrage de la structure. Sous la chape onnote aussi une fine couche de sable du Lez,plus épaisse dans la partie méridionale de lacavité. Un bord de la cuve a été récupérédans la couche de destruction des parois(voir ci-après, Analyse des objets, n°5).

    Les cuves en terre présentent unesuperficie de 3432 cm2 pour la cuveCV972 et 4536 cm2 pour la cuve CV995.Leur dimension ainsi que leur formepresque cubique sont à rapprocher dugroupe le plus important de conteneursquadrangulaire en torchis du site de Mar-tigues dans les Bouches-du-Rhône (groupeB, 2700 à 4200 cm2) (Chausserie-Laprée1990, 107-109). Ces derniers sont stabili-sés au sol par un radier de tessons, tandisqu’à Lattes les conteneurs, ancrés dansune cavité, n’ont fait l’objet que d’une sta-bilisation sommaire.

    Ce mode de conservation des céréalesà l’air libre est à ce jour rarement observéà Lattes (Garcia 1992, 174-175). Seulsquatre exemplaires de cuves en torchis (3quadrangulaires et 1 circulaire) ont étéretrouvées sur le site dans des habitationsincendiées du deuxième quart du IVe s.av. n. è. Cette rareté tient certainement autype du matériau employé qui, s’il n’estpas fixé par le feu, se dilue rapidementpour devenir indiscernable à la fouille.

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL352

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    MR975

    FR955

    1708 1702

    1735

    Nord Sud

    50cm

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    1688

    1692

    1692

    1688

    1698

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    17021697

    1708

    1698

    1709

    1735

    1710

    1710

    FY1186

    • 25 : Coupes stratigraphiques des pièces 15A et 15B.

    • 26 : Coupe stratigraphique des structures de cuisson de la pièce 15A : foyer FY1186et four FR955.

  • 5.2. La pièce 15B

    L’organisation

    A l’arrière de la maison, le fond de lapièce 15B était muni d’une banquette(BQ964) probablement surmontée par undemi-niveau en bois. Le centre de la salleest occupé par un foyer décoré (FY885).A l’est deux poteaux [PO957/1671 etPO1010/1724] de 10 et 13 cm de dia-mètre, plantés peu profondément, ontune fonction indéterminée (fig.3, 24 et25).

    La stratigraphie

    Peu de temps après l’aménagement dela pièce, le poteau central (PO998) attri-bué au soutènement d'un demi-niveau enbois (infra) a été supprimé et son négatifcomblé par des tessons d’amphores mas-saliètes [1691]. De même le poteauPO1010 à l’est a été enlevé et son troubouché par un limon argileux jaune[1725]. Une sédimentation de sol [1690]s’est formée sur toute la surface de lapièce. Elle se compose de couches delimon gris de 2 à 5 mm d’épaisseur alter-nant avec des enduits de sol de limonjaune épais de 5 à 20 mm. Dans la partiearrière de la salle, on dénombre au totalune dizaine de couches successives cor-respondant à cinq rechapages de sol.

    L’exhaussement progressif du sol1690 atteint la surface de la banquette quidoit être surélevée et réaménagée. Dans lecoin sud-ouest, un poteau [PO979/1687]de 7 cm de diamètre a été planté en bor-dure de la banquette; sa fonction resteindéfinie (6).

    Enfin une sédimentation de sol delimon gris [1636] s’accumule dans la moi-tié sud de la salle et affleure en fin d’occu-pation la surface du foyer et de la nouvel-le banquette.

    La banquette en terre BQ964

    Le mur sud de la pièce 15B (MR1028)est longé par une banquette en terre de 45à 60 cm de large qui surplombe le sol 1700de 14 cm (fig.3). Sa mise en place a néces-

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 353

    • 27 : Base de la couronne et radier du four FR955 ; le tore se trouve dans la pièce 15B

    (vue de l’est, cliché J.-C. Roux).• 28 : Sole lissée du four FR955 (vue de l’est, cliché J.-C. Roux).

  • sité au préalable l’enlèvement d’un potelet(PO1021/1712) situé dans l’angle sud-ouestet le bouchage de son négatif par un limonjaune. La construction de la banquette aconsisté à modeler à l’avant de celle-ci unesorte de coffrage formant un bourreletgrossier en terre, renforcé à l’intérieur parun alignement de fragments de brique cruede couleur jaune ou ocre (20 x 15 x 8 cm)et un caillou. Le corps de la banquette aensuite été rempli par des lits horizontauxde terre limoneuse grise de 2 à 4 cmd’épaisseur [1699]. La surface de la ban-quette est horizontale, son bord arrondi etsa tranche verticale (fig.33).

    L’exhaussement important du sol1690 dans la partie arrière de la pièceatteint rapidement le sommet de la struc-ture. Afin de rendre à la banquette safonction, elle est surélevée de 8 cm tandisque sa largeur est réduite d’une dizaine decentimètres. Cette élévation en bauge secompose d’un limon gris compact ethomogène [1682] recouvert d’un enduitjaune de 1 cm d’épaisseur [1696]. Sa sur-face est plane, légèrement inclinée vers lemur (fig.34); sa bordure est arrondie et latranche est légèrement oblique.

    La banquette BQ964 est une des raresbanquettes en bauge de Lattes où l'onpeut observer précisément le mode defaçonnage, formé de lits successifs delimon vraisemblablement coulés (7).Quant au renforcement de la bordure pardes éléments en dur, un exemple similaire

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL354

    MR975

    PO927

    CV972

    CV995

    1695

    17031660

    1689

    1667 1735

    1704

    1706

    1m

    Nord Sud

    • 29 : Destruction du four FR955 dans la moitié ouest de la pièce 15A

    (vue du nord, cliché J.-C. Roux).• 30 : Coupe stratigraphique des cuves en

  • est donné par la banquette BQ831 de lapièce 4 de l’îlot 4-sud dont le parementest consolidé par des bords et des colsd’amphores massaliètes alignés (Lebeau-pin 1994, p.55).

    Le foyer décoré FY885

    Le foyer décoré FY885 [1644] a étéaménagé au centre de la pièce 15B, légè-rement décalé vers le sud-est et à une dis-tance de 0,86 m de la banquette (fig.3).

    En bon état de conservation, il est par-tiellement détruit au niveau de son anglesud-ouest par l’implantation d’un poteaupostérieur à la maison (PO879). Lors de ladépose du foyer, il a été constaté quecelui-ci ne possédait pas de radier et qu’ilrecouvrait un premier foyer décoré totale-ment dégradé. La chape du foyer FY885correspond donc à une réfection de solesur laquelle on a incisé avant cuisson unmotif décoratif.

    De forme presque carrée (94 x 85 cm,surface 0,80 m2) le foyer domine le sol1700 de 5 à 10 cm (fig.35). Sa bordure estdélimitée par un pan coupé de 10 cm delarge qui s’arrondit sur le sol. La chape estdécorée sur son pourtour d’une bande de7,5 à 10 cm de large composée de 7 lignesparallèles. Les trois lignes intérieures seraccordent dans les angles de la plaque àtrois lignes brisées emboîtées en forme deM. Les quatre lignes extérieures se prolon-gent et se recoupent en angle droit.L’espace central de la sole est exempt dedécoration (fig.36).

    Si le foyer décoré au centre de lapièce peut avoir une connotation cultuel-le ou d’apparat domestique (8), il avaitaussi sans doute une fonction utilitaire dechauffage/éclairage et vraisemblablementde plaque de cuisson ou de réchauffagepour certaines denrées.

    Un demi-niveau en bois ?

    A l’arrière de la pièce 15B, on restitueau-dessus de la banquette un demi-niveauen bois attesté semble-t-il par une série detrois poteaux porteurs alignés à 15 cmenviron de la banquette (9) (fig.3 et 4).Les poteaux sont espacés entre axes de1,08m et de 1,30 m et sont distants des

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 355

    torchis CV972 et CV995.• 31 : Vue du nord des cuves en torchis CV972 et CV995 (cliché J.-C. Roux).

    1690

    BQ964

    1700

    50 cm

    1682

    1699

    MR1028

    Sud Nord

    1636

    • 32 : Arasement de la cuve CV995 avec effondrement des parois sur le fond de la cuve

    adjacente (vue du nord, cliché J.-C. Roux).• 33 : Coupe stratigraphique de la banquette en terre BQ964.

  • murs latéraux de 0,63 m du coté ouest etde 0,94 m du coté est. Ils ont une sectioncirculaire, des diamètres de 11, 15 et 17cm et leur extrémité est grossièrementappointée et fichée dans le sol sur uneprofondeur de 25 à 33 cm. Ces poteauxsoutenaient vraisemblablement un plan-cher d’une largeur minimale de 80 à 94cm (surface 3,5 m2) qui a pu servir d’espa-ce de rangement et/ou de lieu de repos.Au cours de l’occupation, le poteau cen-tral PO998 a été supprimé (fig.34).

    A Lattes, comme sur la plupart des sitesterrestres, l’emploi du bois dans l’architec-ture ou pour toute autre fonction n’est quetrès partiellement perçu à la fouille. Saufconditions de conservation particulières(notamment par carbonisation), peu

    d’indices permettent d’observer dansl’habitat l’existence de ce type de mezzani-ne. Cet exemple, encore quasiment uniqueà Lattes (10), doit cependant nous rappelerque de tels aménagements devaient existerassez couramment dans les maisons proto-historiques, comme en témoigne le plan-cher en bois effondré dans la case IID4 dupremier village de l’Ile de Martigues (Ve-IVe s. av. n. è.) (Chausserie Laprée-Nin1987, p.74, fig. 65).

    6. Espaces et évolution de la mai-son en torchis

    La stratigraphie précédemment décritemontre qu’au cours de l’occupation, lesespaces définis à l’intérieur de chaque

    pièce restent stables, tout en évoluantselon les besoins de la maisonnée.

    La salle 15A, pratiquement sans sédi-mentation, comportait au départ uneplaque foyer qui a été remplacée par unfour en cloche. Les cuves de stockage ontpu être construites au début ou durantl’occupation. La pièce a principalementune fonction culinaire combinant, près del’entrée, un espace réservé au stockage decéréales destinées de l’alimentation quoti-dienne (cuves en terre) et en vis à vis unespace utilisé pour la cuisson (foyerconstruit, four en cloche, plaque de cuis-son perforée). Le centre de la salle com-porte plusieurs aménagements surpoteaux correspondant peut-être aussi àdes structures à vocation domestique.

    A l’origine, la salle 15B ne comportepas de banquette, comme l’indiquel’empreinte du poteau PO1021 retrouvésous celle-ci. Un demi-niveau en bois sou-tenu par trois poteaux est probablementinstallé à l’arrière de la pièce et un foyerdécoré est construit au centre. Très rapi-dement cependant, une banquette estaménagée contre le mur sud tandis que lefoyer est recouvert par une nouvelle soledécorée. Le poteau central du demi-niveauest enlevé afin de dégager l’espace devantle foyer. Au cours de l’occupation, le solest régulièrement rechapé à l'aide de cinqcouches d’enduit limoneux jaune. Cetexhaussement du sol a occulté la banquet-te qui, pour lui redonner sa vocation, estsurélevée; au centre le foyer décoré esttoujours en activité. La sédimentation dusol se poursuit et atteint le sommet desstructures. La pièce est plutôt destinée auséjour (banquette, foyer décoré), au stoc-kage (demi-niveau en bois, vase et réci-pient quadrangulaire en torchis), voire aurepos (demi-niveau en bois). Apparem-ment c’est aussi dans cette piècequ’étaient entreposés les divers objetsusuels (fusaïoles, chenet, galets, tore, tigeen fer) (voir ci-après, Analyse des objets).

    Concernant la répartition du mobilier,on observe peu de différences entre lessalles. Les catégories de céramiques desti-nées à la table et à la cuisine sont quasi-ment équivalentes, celles vouées au stoc-kage sont plus nombreuses dans la pièce

    • 34 : Dernier état de la banquette BQ964 au fond de la pièce 15B

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL356

  • avant. De même les restes fauniques sontproches et assez faibles: représentés par leBœuf, le Mouton et le Lapin (crâne, méta-pode, coxal), ces déchets sont trop peunombreux pour caractériser une consom-mation (12). Enfin les coquillages (13valves) ont pratiquement tous été retrou-vés dans la pièce de séjour 15B.

    La maison en torchis (UNF104) est uneunité d’habitation double du type 2B; ladisposition des salles: une petite pièce rec-tangulaire à l’avant par laquelle on accèdedans la maison (pièce 15A) et une pièceplus grande à l’arrière (pièce 15B), est liéeà la fonction dévolue à chacune d’elle (11).

    A Lattes, cette organisation de l’espaceinterne des maisons est un schéma clas-sique que l’on retrouve dans l’habitat pos-térieur du IIIe-IIe s. av. n. è. Ainsi dansl’îlot 1A, la maison 3 (phases 1C1 et 1B1)(Roux 1990a, 64-66) et dans l’îlot 3, lespièces 3A-3B de la phase 3F (Chazelles1990a, 139-142), présentent des sallesavant essentiellement liées à la prépara-tion du repas et au stockage des réservesquotidiennes tandis que les salles arrièressont utilisées comme lieu de séjour/repos.Contemporaines de la maison en torchis,les maisons de l’îlot 1B adjacent (13) et lamaison est de l’îlot 4-sud (Lebeaupin 1994,78) présentent, dans des schémas diffé-rents, une nette répartition des activitésau sein de chaque unité fonctionnelle.

    De même l’organisation spécifique àl’intérieur de chaque pièce se retrouvedans de nombreuses maisons lattoises. Lespièces à usage culinaire ont un coin stoc-kage bien séparé du coin cuisson commepar exemple dans l’îlot 1A, pièce 1 de laphase 1C1a de la maison 1 (Roux 1990a,63) ou dans l’îlot 4 nord, pièce 9 de laphase 4nG (Py-Lopez 1990, 242). Lessalles destinées au séjour et au repos sontdans de nombreux cas munies d’une ouplusieurs banquettes avec la présence per-manente d’un moyen de chauffage et/oud’éclairage (exemple: îlot 1A, pièce 2 de lamaison 1 de la phase 1C1e et pièce 3 de lamaison 3 des phases 1C1a et 1B1 (Roux1990a, 62 et 65); îlot 3, pièce 3A de laphase 3F (Chazelles 1990, 140). Au IVe s.,l’îlot 1B ainsi que plusieurs îlots contem-porains livrent de nombreux exemples de

    salles de séjour organisées autour d’unfoyer central (exemple: îlot 1B: pièces 19et 25; îlot 4-sud: pièce 3 de la phase E1(Lebeaupin 1994, 62, fig.40), etc.).

    7. Incendie, destruction et aban-don (phase de destruction 1G2)

    7.1. L’incendie de la maison entorchis

    C’est le feu qui est à l’origine de la des-truction de la maison en torchis. Il semble-rait que l’incendie ait été très violent àl’arrière de la maison où se situerait enparticulier le demi-niveau en bois. L’effon-drement des éléments en flamme de cettestructure et de la toiture a vitrifié l’enduitde la banquette et le sol à cet endroit. Laquasi totalité des poteaux à l’intérieur despièces a brûlé ou s’est partiellementconsumée, sauf la partie enfouie dans lesol: tous les trous de poteaux ont été eneffet découverts vides de tout sédiment.Ce phénomène s’explique par le fait que

    lorsque la maison a été recouverte pard’épais remblais de nivellement, la basedes poteaux laissée dans le sol n’était pasbrûlée. La décomposition lente du bois alaissé un négatif vide qui ne s’est pas rem-pli par la suite. On en connaît d’autresexemples, tel celui d’un site néolithiquede Roumanie, Hîrsova-tell, où seuls les pre-miers centimètres enfouis ont brûlé :selon les cas, la base du poteau non carbo-nisée a laissé un vide après décomposi-tion, ou s’est conservée par minéralisation(Chabal, inédit). Pour la maison 104, unseul poteau a livré, au fond de l’emprein-te, quelques fragments de bois carbonisé,mélangés à de la matière organique maissans rapport avec le poteau[PO996/1650].

    7.2. Arasement et réaménagement

    La destruction et l’abandon de la maisonen torchis ont entraîné son arasement, puisun réaménagement du secteur. A l’intérieurde la maison, les structures bâties sont nive-lées (voûte du four, 1692-1688; parois des

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 357

    (vue du sud, cliché J.-C. Roux).

    50cm

  • cuves, 1689) ou étalées (cendres du four,1667). Les murs de façade ainsi que la cloi-son sont démolis et leurs gravats sont disper-sés sur les sols et à l’extérieur de la maison(pan de mur de torchis effondré 1659 entrela banquette et le foyer).

    Les murs sud et est sont arasés à dixcentimètres du sol. Les murs nord et ouestont complètement disparu. Le soubasse-ment du mur ouest MR965 a fait l’objetd’une récupération de matériaux ce qui alaissé en partie vide sa tranchée de fonda-tion. Celle-ci est comblée par un limongris meuble très hétérogène contenant denombreux fragments brûlés de céramique,d’os, de torchis ainsi que des cailloux (6 à12 cm) et une grande quantité de char-bons de bois [1709]; par endroit le rem-plissage se compose d’argile limoneusegrise très compacte. Le comblement de latranchée a été recouvert par des frag-ments et des plaques de torchis calcinés

    gris-noir [1694=1709] sur une épaisseurde 2 à 10 cm qui débordent de part etd’autre de la tranchée (fig.25 section1.S.13, 17 et 25). Sous cette “couverture”on observe de nombreux fragments debois brûlés et des restes de végétaux trèsfins à l’aspect feutré (petits roseaux ? ).Cet aménagement en butte très compactea été élaboré afin d’éliminer l’affaissementdes remblais postérieurs qui recouvrirontla tranchée de fondation.

    La maison en torchis, l’espace de cir-culation à l’est (ruelle 131) et l’espaceouvert à l’ouest (secteur 23) ont ensuiteété recouverts par des remblais de 10 à15 cm d’épaisseur de limon gris [1660,1661] où se mêlent de nombreux restesbrûlés (cendres, charbons de bois, tor-chis). Ils nivellent un espace qui ne seraplus bâti durant un demi-siècle (secteur11), jusqu’à la construction de l’îlot 1Avers 300 avant notre ère.

    8. La maison en torchis de Lattesdans son contexte régional

    L’architecture en torchis sur poteauxporteurs de la maison 104 de Lattes/Saint-Sauveur est pour l'heure totalement origi-nale dans une architecture domestiqueexclusivement constituée, à cette époque,de murs en brique crue élevés sur des sou-bassements en pierre. Certes à Lattes, lesfouilles anciennes menées par H. Prades etle Groupe Archéologique Painlevé ontrévélé la présence d’architectures en tor-chis au Ve s. (sondage 2, N-VI et VIII) etau IV-IIIe s. av. n. è. (sondage 1, N-V), maisil s'agit d'indices ponctuels pour cespériodes (Arnal et al. 1974, fig.12; Py1988, 130 et 133).

    Dans le Midi méditerranéen cette mai-son en torchis, à plan rectangulaire com-plètement connu, est un exemple quasi-ment unique pour l’ensemble de l’Age dufer. Seule une cabane rectangulaire en tor-chis et en planches sur poteaux porteurséquarris, datée du Ve s. av. n. è., est par-tiellement documentée sur l’oppidum del’Agréable à Villasavary dans l’Aude (Passe-lac 1994, 206). Toujours au Ve siècle, leLanguedoc connaît quelques maisons àabsides en torchis: un exemplaire surl’oppidum de Gailhan dans le Gard (Dedet1990, 46-50) et les restes partiels d'unehabitation en torchis ancrée sur un héris-son de tessons à La Monédière à Bessandans l’Hérault (Nickels 1976, 154, fig.7).

    Nos connaissances sur ce type d’archi-tecture dans le Midi de la France restentdonc limitées et reposent sur des observa-tions le plus souvent fragmentaires.

    Au Chalcolithique, plusieurs sites médi-terranéens ont livré des éléments de terrerubéfiés avec traces de clayonnage. Ainsidans l'arrière-pays provençal, l'utilisationdu torchis est bien attestée dans laconstruction des habitations. En Langue-doc, son emploi pour l'édification des mursdes habitats fontbuxiens des garrigues n'estpas explicite, bien que sur certains sites onobserve la présence de torchis. Par contre,les habitats de plaine devaient très couram-ment employer ce matériau pour réaliserdivers ouvrages (cabanes, silos,enceintes…) (Jallot 1994, 61-63).

    Au Bronze final et au premier Age du

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL358

    • 35 : Foyer décoré FY885 de la pièce 15B (vue du sud, cliché J.-C. Roux).• 36 : Restitution du foyer décoré FY885.

  • fer, l'emploi du torchis se généralise maisles exemples de cabanes en torchis quenous connaissons en Gaule méridionalen’ont livré que de maigres renseignementssur leur architecture; les petits fragmentsde torchis recueillis portant desempreintes d’armature végétale sont, avecles trous d’implantation des poteaux, lesseuls témoins de ces constructions (14).

    Au cours du second Age du fer, le tor-chis n’est pas totalement éliminé de l'ar-chitecture domestique, et il est souventutilisé dans la construction de cloisonne-ment: au Ve s. à Gailhan, au IVe s. auPègue, à Roque de Viou et à Béziers, au IIes. à Montlaurès, etc. (Chazelles 1990b,167-169). A Lattes, une cloison en bois ouen torchis sur poteaux porteurs a étéobservée au IIe s. av. n. è. dans la pièce 9de l’îlot 4-nord (Py-Lopez 1990, fig.9-16).Au Ier siècle de notre ère, sur l’oppidumd’Ambrussum, une cloison en torchissépare les pièces 9 et 10 de la maisongallo-romaine C (Fiches 1986, fig. 36). Onpourrait multiplier les exemples.

    En Languedoc oriental, l’architectureen torchis semble exclusive jusqu’à la findu VIe s. av. n. è. Si ce mode d’habitat seprolonge dans l’arrière-pays jusqu’à laconquête romaine, sur le littoral, il dispa-raît progressivement pour laisser place àdes maisons en pierre et en brique crueentre la fin du VIe s. (Le Marduel, Les Gar-dies, Lattes) et la fin du Ve s. (Nîmes, Mau-ressip, etc.). Actuellement aucun exemplai-re de maison totalement en torchis n’estconnu après le dernier quart du Ve s. av. n.è. Par contre, des élévations de murs entorchis sur clayonnage reposant sur un sou-bassement en pierres appareillées existentça et là: voir par exemple la maison 1011-1012 du milieu du Ve s. av. n. è. de l’oppi-dum du Marduel à Saint-Bonnet du Gard,où ce mode de construction coexiste avecdes élévations en brique crue ou en pierre(Py-Lebeaupin 1992, 265 et 323-324).

    9. Conclusion

    La maison en torchis 104, habitationdu deuxième quart du IVe s. av. n. è. com-plètement élaborée en matériaux péris-sables, est une découverte intéressante àplusieurs titres, constituant une exception

    notoire aux règles les plus courantes appli-quées dans les techniques constructivesde l’habitat lattois. Sa destruction brutalepar un incendie, puis le remblaiementrapide du secteur, ont été les facteurs desa bonne conservation.

    L’originalité de cette maison en torchistient au fait qu’elle reproduit les mêmesschémas architecturaux que ceux appli-qués pour les maisons en pierre et briquecrue d’époques antérieure, contemporaineou postérieure du site. De plan rectangulai-re, elle est divisée en deux pièces inégales:en entrant au nord, une petite salle faisantoffice de cuisine (foyer puis four) où sontentreposées les céréales destinées à laconsommation quotidienne (cuves); au sudune salle plus importante, séparée de lapremière par une cloison munie d’uneporte, utilisée plutôt comme lieu de séjour(banquette, foyer décoré) et sans doute aurepos (demi-niveau en bois).

    Les murs de torchis sont construits parapplication de la terre crue sur un clayon-nage nécessairement monté sur de petitspoteaux intermédiaires (dont les traces nesont pas observées); des poteaux por-teurs, appointés et enfoncés dans le sol,soutenaient la structure à intervalles plusou moins réguliers selon les murs. Seul lemur occidental, le plus exposé aux intem-péries, repose sur une fondation faite soitd'un soubassement en pierre soit d'unesablière en bois qui l’isole de l’humidité.

    Onze essences au minimum ont étésélectionnées, pour la réalisation d’unearmature de bois des murs en torchis trèsstructurée. Cette armature tire au mieuxparti de l’environnement local, lesessences ayant donné la plus grandemasse de charbons de bois lors de l’incen-die reflétant exactement celles utiliséescomme bois de feu domestique à la mêmeépoque. Alors que les gros calibres (lespoteaux porteurs probablement) révèlentau moins le Frêne et le Chêne vert (etpeut-être quelques autres essences), boisdurs et relativement durables, les calibresplus fins montrent une association denombreuses essences propres à donnerdes jets souples et élastiques (type Cor-nouiller, Frêne) ou des faisceaux derameaux (type Phragmite, Bruyère). Cesinformations constituent l’étude la mieux

    documentée en ce domaine pour l’archi-tecture protohistorique en matériauxpérissables. Le clayonnage et les poteauxsont clairement observés mais, malgré lafouille très fine de ces dépôts, l’agence-ment spatial exact des tiges à tous lesniveaux de la construction reste en partiel’objet d’hypothèses.

    La panne faîtière et la toiture étaientsoutenues par quatre forts poteaux, égale-ment appointés et enfoncés profondémentdans le sol. Ces poteaux implantés dansl’axe longitudinal de la structure ont étéplacés de manière à ne pas gêner la circula-tion dans la maison. La charpente à doublepente supportait vraisemblablement unecouverture végétale dont le matériau pou-vait être le chaume, mais plus probable-ment le Roseau des marais (Phragmitescommunis) qui pousse en abondance enmilieu lagunaire et que l’habitat côtier lan-guedocien et roussillonnais a utilisépresque exclusivement comme matériau decouverture jusqu’au début de notre siècle.Un exemple de couverture en Roseau desmarais a pu être mis en évidence dans lamaison 105 de l’îlot 1B adjacent (Buxó etal., même volume).

    La maison en torchis de Lattes est-elleun exemple de survivance liée à un habi-tat côtier ancien bien adapté à son milieu ?Ou est-elle le prolongement d’une tradi-tion d'origine grecque dans le Midi de laFrance, comme on l'a supposé pour cer-taines maisons à absides (Bessan, Saint-Blaise) ? Il est difficile d'en décider.

    La maison 104 ne semble pas être uncas unique d’utilisation du torchis dansl’architecture lattoise, comme le soulignela présence de ce matériau dans lesniveaux anciens ou plus récents. Cepen-dant, au début du deuxième Age du fer, cetype d’architecture est pour l’instant uncas isolé: il pourrait tout aussi bien, enl'occurrence, correspondre à un acte indi-viduel de construction rapide, où torchiset le bois auraient été ponctuellement pré-férés à la pierre et à la brique crue.

    Il ne faut pas perdre de vue, en effet,que la construction en torchis sur poteauxporteurs est une architecture écono-mique, rapidement réalisable, comparée àl’architecture en brique crue sur base enpierre qui demande une programmation

    UNE MAISON EN TORCHIS DE LATTES 359

  • plus délicate de la construction. En effetpour la pierre, son ramassage, surtout enmilieu lagunaire, pose des problèmes dedistance, de transport et de temps. Demême la récupération dans des mursanciens dépend de la disponibilité des fon-dations de maisons détruites pouvant ser-vir de carrière. Pour l’adobe, le façonnage,

    et en particulier le séchage demandent dutemps et surtout une réalisation durantune période sèche. Ainsi à Lattes, si l’ondésirait construire rapidement une mai-son, surtout au cours d’une période humi-de, l'utilisation du torchis pouvait appa-raître comme le mode de construction leplus adéquat, d’autant plus que les maté-

    riaux (terre, bois et roseaux des marais)étaient disponibles sur place (15). Unemaison en torchis offre les mêmes com-modités thermiques qu’une maison endur, et l'exemple présentement étudiémontre qu'il n’empêche en rien un aména-gement intérieur similaire aux maisonsconstruites en dur.

    JEAN-CLAUDE ROUX ET LUCIE CHABAL360

    Les semences recueillies dans la maison en torchis

    par Ramon Buxó

    Un incendie est une occasion de recueillir des restes domestiques carbonisés. L'analyse réalisée sur des prélèvements carpologiques de lamaison en torchis a donné des résultats assez limités. Cependant, un échantillon provenant d'une couche de destruction [Us 1667] présente unnombre acceptable de restes suggérant des renseignements importants sur l'agriculture et la nourriture à base végétale.

    Les semences analysées sont des « refus de stockage », par conséquent des restes de nourriture qui n'ont pas été consommés. Les graines deplantes cultivées ont été apportées dans la maison en torchis et vraisemblablement stockées dans les cuves en terre aménagées dans la pièce15A pour être ensuite consommées sur place. La présence d'un épillet mêlé aux grains des céréales révèle que les Blés vêtus arrivaient sans êtredépourvus de leur enveloppe ni préparés pour la consommation, ce qui rend possible l'hypothèse d’une utilisation des cuves de stockage pourla conservation des semences destinées à la consommation quotidienne.

    Les autres restes de plantes adventices et rudérales ont été récoltés dans les champs en mélange avec les plantes cultivées; il est peu pro-bable qu'elles aient eu un quelconque intérêt alimentaire ou autre. Les deux espèces de plantes rudérales attestées pourraient avoir poussé dansla couche de destruction mais il est plus probable qu'elles ont été apportées avec les plantes cultivées, sinon il y auraient beaucoup plus d'es-pèces de plantes de ce type dans l'échantillon. Auquel cas, leur carbonisation au contact du feu a été causée par l'incendie de la maison.

    En ce qui concerne l'absence de produits de cueillette, nous pouvons remarquer la faible représentation de ce type de végétaux dans lescouches anciennes de Lattara (Buxó 1993). Que cette activité ne soit pas représentée ici ne doit pas la faire considérer comme mineure et l'ex-ploitation de la lisière de la forêt devait être une source de nourriture complémentaire de l'agriculture. Mais d’une part, ces produits étaientconsommés plus ou moins directement sans aucune préparation culinaire et d'autre part, cet échantillon qui présente uniquement des restes deplantes cultivées et de mauvaises herbes témoigne apparemment d'un stockage provenant de l’activité agricole uniquement.

    Les plantes cultivées sont représentées pour les cultures céréalières par l'Orge vêtue, l'Amidonnier, le Blé nu et le Millet commun et pourles cultures de Légumineuses par la Gesse chiche, la Lentille, le Pois et peut-être la Luzerne. En outre, les pépins de raisin représentent une pro-portion importante des restes, mais leur rapport statistique avec les Céréales correspond parfaitement aux fréquences établies dans les couchesde Lattes au IVe s. av. n. è.

    La prédominance d'une Céréale sur l'autre n'est pas possible à interpréter; les études précédentes sur Lattes attestent que l'Orge vêtue,l'Amidonnier et le Blé nu sont les principales espèces céréalières. Parmi elles, aucune ne se révèle plus importante, seule l'Orge vêtue est légère-ment plus représentée. Ces trois espèces céréalières avec les Légumineuses cultivées constitueraient ainsi ensemble la base de l'alimentationdes populations lattoises.

    Le faible effectif de l'échantillon ne permet pas de préciser si le groupement des semences représente un stockage en mélange intentionnel.Les estimations effectuées suggèrent plutôt qu'il s'agit d'associations accidentelles. Ainsi, on peut parler sans équivoque de la présence de cul-tures monospécifiques pour les Céréales.

    Les plantes compagnes des cultures sont représentées par les adventices des cultures céréalières et sarclées. Le premier groupe rassemble troisespèces: Bromus, Lolium temulentun et Veronica hederifolia; et le deuxième groupe quatre espèces: Chenopodium hybridum, Galium spurium,Lathyrus cicera et Lithospermum arvense. Ces plantes, déjà identifiées à Lattes, mettent en évidence la bonne santé des terrains pour les Céréaleset les Légumineuses, et supposent des conditions de drainage et d'orientation optimales. Les plantes identifiées sont liées aux cultures d'hiver.

    Les autres taxons recueillis font partie de la végétation des prairies ou des aires de pâturage, des marais ou des bords de ruisseaux. Ils révè-lent des milieux entretenus par l'homme et il n'est pas impossible que ces plantes aient été récoltées en mélange avec les plantes cultivées desterrains de culture.

    Les analyses carpologiques des semences issues de la maison en torchis 104 trouvent une confirmation dans l'étude des plantes desniveaux d'incendie de la maison 105 de l'îlot mitoyen, datés de la même période (Buxó et al., même volume). Les observations réaliséesdans ces deux cas étayent l'idée de l'utilisation de cuves en terre comme conteneurs de stockage alimentaire à court terme. D'autre part,les plantes cultivées identifiées dans les deux études se retrouvent avec une même fréquence qui suggère que ces végétaux étaient lesplus utilisés au cours du deuxième Age du fer.

    Encart A

  • (1) Le mur sud MR1028, épais de 20 cm enmoyenne, s’élargit à son extrémité ouest etatteint une largeur de 30 cm. Le mur est MR962présente une épaisseur irrégulière de 16 à 24cm; dans sa partie centrale il atteint une largeurde 40 cm.

    (2) Il s’agit des poteaux PO927/1730;PO966/1732; PO977/1734 et PO1022/1733.

    (3) Poteaux du mur MR962 : PO977, 1685;PO956, 1670; PO958, 1672 et PO959, 1673.

    (4) Poteaux du mur MR975 : PO927/1668;PO966/1679 et PO967/1680.

    (5) Poteaux du mur MR965 : au sudPO963/1676; au centre PO1022/1715; au nordPO1023/1716; PO1024, 1717 et PO1025, 1718.

    (6) Profondeur de l’empreinte des poteaux de

    la pièce 15B : PO1010: 5 cm; PO957: 26 cm,base conique appointée en trois pans avecl’extrémité sur deux faces sur 5 cm; PO979: 14cm.

    (7) Sur les banquettes de Lattes, se reporter àl’étude de C.-A. de Chazelles dans ce mêmeouvrage, ainsi que Roux 1990, p.323-325.

    (8) Voir sur ce sujet l’étude des foyers de Lattespar S. Raux et J.-Cl. Roux dans ce même volu-me.

    (9) Poteaux PO960/1674; PO978/1686 etPO998/1701.

    (10) Deux empreintes symétriques de poteauxdans la pièce 8 de l’îlot 1A (phase 1D1, -275/-250) pourraient éventuellement correspondreaux supports d’un demi-niveau semblable(Roux 1990a, p. 61, fig. 1-16).

    (11) Au sujet des unités fonctionnelles et deleur typologie, voir l’étude de M. Py sur les mai-sons protohistoriques de Lattes dans ce mêmevolume.

    (12) Nos remerciements à A. Gardeisen pourl’analyse de la faune.

    (13) J.-Cl. Roux, rapports de fouilles inédits de1992 et 1993.

    (14) Sur l’habitat en torchis du Bronze final IIIet de l’Age du fer méditerranéen voir les syn-thèses de C.-A. de Chazelles (Chazelles 1990b,165-176) et de M. Py (Py 1990, 628, paragraphe1207, 640-642 par. 1241 et 1242, 652 par.1274).

    (15) La cou