Au Coeu du Soin… - Infirmiers.com · 2016. 2. 18. · voir les nourrissons depuis une galerie...

64
Au Coeur du Soin… …une Famille L’IDE NIDCAP dans la prise en soin des naissances prématurées T. MONTAGNON IFSI d’Annecy Promo 2007-2010 11 juin 2010

Transcript of Au Coeu du Soin… - Infirmiers.com · 2016. 2. 18. · voir les nourrissons depuis une galerie...

  • Au Coeur du Soin…

    …une Famille

    L’IDE NIDCAP dans la prise en soin des naissances prématurées

    T. MONTAGNON IFSI d’Annecy Promo 2007-2010 11 juin 2010

  • En fin de compte, mais avant tout :

    A Celui qui inventa le Regard Positif Inconditionnel, et qui m’a portée

    A ceux qui ont bien voulu l’appliquer à mon égard, et qui m’ont parfois supportée

    Et enfin, à ceux qui ont compris et qui font vivre le jumelage

    entre « former » et « le prendre soin »

    Merci

    --T. Montagnon

    11 juin 2010

  • Sommaire

    Introduction……………………………………………………………………………………………………………………….1

    Cadre Conceptuel……………………………………………………………………………………………………………..4

    I/ La prématurité……………………………………………………………………………........................................4

    Définitions et chiffres…………………………………………………………………………………………………….4

    Les complications de la prématurité……………………………………………………………………………..5

    Le vécu de l’enfant………………………………………………………………………………………………………..5

    Prématurité et parentalité…………………………………………………………………………………………….6

    L’attachement……………………………………………………………………………………………………………….6

    Décrets et plans périnatalité………………………………………………………………………………………….7 II/ Des soins de développement au NIDCAP…………………………………………………………………….…….8 Le concept de soins de développement…………………………………………………………………………9

    Le NIDCAP……………………………………………………………………………………………………………………..9

    Les observations NIDCAP et le projet de soins de développement individualisé….........10

    Le rôle de l’IDE…………………………………………………………………………………………………………….11 III/ L’accompagnement et le NIDCAP………………………………………………………………………………….12 Carl Rogers: l’approche humaniste.................................................................................12 Walter Hesbeen: le prendre soin………………………………………………………………………………..13

    IV/ L’implication professionnelle et le NIDCAP……………………………………………………………………15

    Le modèle de l’implication selon Christine Mias....…………………………………………………….15 V/ La qualité des soins et le NIDCAP…………………………………………………………………………………..17 Définir la qualité des soins………………………………………………………………………………………….17 Dimensions principales de la qualité des soins……………………………………………………………17 VI/ L’émergence d’une hypothèse de recherche…………………………………………………………………19

    Méthodologie……………………………………………………………………………………………………...............20

  • I/ Présentation du terrain d’étude……………………………………………………………………………………….20 II/ Présentation de la population interrogée……………………………………………………………………....20 III/ Présentation de l’outil de l’enquête : l’entretien……………………………………………………………21 IV/ Déroulement de l’enquête………………………………………………………………………………………….…22 V/ Difficultés rencontrées…………………………………………………………………………………………………...22 VI/ Limites de l’enquête………………………………………………………………………………………………..…….23

    Analyse……………………………………………………………………………………………………………24 I/ Expression des IDE : générale et autour de la certification NIDCAP…………………………………24 II/ Expression des IDE autour de la naissance prématurée………………………………………………….25

    Connaissances théoriques des infirmières interrogées……………………………………….………25

    Besoins parentaux et la prise en soin : réanimation……………………………………………………25

    Besoins parentaux et la prise en soin : néonatologie…………………………………………….……27

    III/ Expression des IDE autour du NIDCAP…………………………………………………………..……30 Une perception philosophique………………………..…………………………………………………………30 La modification des pratiques……………………..................................................................30 Difficultés dans l’application..........................................................................................33 IV/ Le NIDCAP et la construction de l’unité familiale..............................................................34 L’intérêt des observations programmées…………………………………………………………………..34 Le vécu parental de l’accompagnement NIDCAP …………………………………......................36

    V/ L’accompagnement NIDCAP : le vécu infirmier………………………………………………………………37

    Synthèse……………………………………………………………………………………………………………………….….39

    Conclusion…………………………………………………………………………………………………………………..……41

    Bibliographie……………………………………………………………………………………………………………………43

    Annexes…………………………………………………………………………………………………………………………….45

  • 1

    Introduction : l’acheminement vers une question de départ

    Il y a quelques années, j’ai assisté à la naissance de triplés : les enfants d’un couple d’amis,

    nés à sept mois de grossesse suite à des années d’infertilité, une grossesse multiple

    compliquée, et une hospitalisation maternelle éprouvante. Famille et visiteurs pouvaient

    voir les nourrissons depuis une galerie externe qui contournait le service de réanimation

    néonatale.

    J’ai encore le souvenir de ma première vision plutôt choquante de la plus petite des filles,

    qui pesait 900 grammes à la naissance: entourée de machines et positionnée quasiment nue

    sur le dos, les quatre membres attachés, elle sursautait à chaque alarme de scope et

    tremblait en permanence. Je me souviens également de la frustration et de la tristesse des

    parents, qui--en plus de l’angoisse qu’ils éprouvaient face à un avenir incertain--devaient

    attendre des jours avant de pouvoir prendre leurs enfants dans les bras, et des semaines

    avant d’assumer leurs soins. Même s’ils pouvaient entrer dans les chambres, parents et

    enfants étaient séparés par des coques de plexiglas, et seulement leurs doigts avaient le

    droit de temps à autre de tenter de se frayer un chemin parmi les fils et tubulures pour

    caresser une joue minuscule par ici, une petite main par-là.

    Aujourd’hui ces triplés sont des adolescents, et ils vont bien. Mais à l’époque, au café près

    de l’hôpital, nous aurions donné cher pour lire dans le marc de café au fond de nos tasses.

    J’attendais mon deuxième enfant et Laure, la maman, m’avait exprimé sa souffrance d’une

    manière à me faire instinctivement entourer mon gros ventre de mes mains et

    silencieusement prier ma fille de rester bien au chaud encore quelques semaines : elle

    pleurait de la douleur et de l’injustice de sa séparation de ses enfants, et avouait une colère

    malgré elle contre l’équipe soignante par rapport aux dispositifs médicaux et le

    positionnement vulnérable et exposé de Sofia, la plus petite des nourrissons.

    Elle se disait aussi jalouse des infirmières qui pouvaient approcher et soigner les bébés alors

    qu’elle, en tant que mère, devait attendre la permission de l’équipe avant de pouvoir enfin

    serrer ses propres enfants contre elle. Paradoxalement, de cette impuissance découlait un

  • 2

    réel désarroi face à l’idée de prendre en charge ses enfants : Laure doutait de ses capacités à

    tout assumer quand elle « pourrait enfin être mère ».

    J’avais été autant frappée par le sentiment de solitude et de « non-maternité » de Laure que

    par la prise en charge de Sofia qui, même si j’en comprenais la nécessité absolue, pouvait

    sembler froide et même inhumaine. Je pouvais aussi comprendre la colère involontaire de

    mon amie contre l’équipe soignante : les méthodes de médicalisation nécessitées par ces

    naissances avant terme avaient été vécues comme une épreuve de plus à endurer, associant

    angoisse et solitude parentale au retard dans l’établissement des liens familiaux. Mais

    comment soigner ces petits bouts si fragiles sans les isoler dans un environnement

    hautement protégé, régulé, et restreint qui forcément lésait aussi les parents ? Les

    impératifs de survie étaient prioritaires ; l’affect devait alors attendre la stabilisation

    médicale.

    Quelques années plus tard au même CHU, une modification radicale dans la prise en charge

    des enfants prématurés et de leurs familles a débuté, avec la décision d’implanter un

    programme de soins de développement (SDD) individualisés, connu sous l’acronyme

    NIDCAP. J’avais été engagée par le CHU à l’époque, avec pour mission de faire le lien entre

    l’équipe française et l’équipe américaine formatrice: j’interprétais les conférences, assistais

    aux réunions de travail, et traduisais les écrits. De ce fait, j’ai suivi les différentes facettes de

    la mise en place progressive de ce programme, y compris l’habilitation NIDCAP des IDE

    françaises en formation sur le terrain.

    J’avais été vite frappée par la théorie médicale, comportementale, mais surtout relationnelle

    de ce programme. La relation particulière « parents-équipe soignante » ainsi que

    l’implication des familles dans le soin m’avait interpellé, car elles me paraissaient en net

    contraste avec le vécu de mes amis. Des éléments pourtant observés pour la plupart « sur

    papier » et de loin, car à l’époque j’étais limitée par mon rôle ponctuel et purement

    communicatif, extérieur aux soins. Le regard soignant et ses possibles implications

    personnelles et professionnelles demandaient un tout autre angle d’approche et étaient

    hors de ma portée.

  • 3

    Ceci n’est plus le cas. Dix ans plus tard, ce CHU est devenu le premier Centre de Formation

    Francophone Européen NIDCAP de France, et je suis en fin de formation IDE avec bientôt

    une identité professionnelle à définir et à vivre au quotidien. Le retentissement de ce

    programme, toujours bien présent chez moi, indiquait un questionnement particulier

    concernant le rôle infirmier dans le contexte de l’évolution de la prise en charge des

    naissances prématurées et méritait d’être exploré.

    Cinq années s’étaient écoulées depuis ma dernière intervention au CHU par rapport au

    NIDCAP ; j’avais bien conscience que ma représentation était forcément figée, telle une

    image captée à un moment précis, encadrée par la position d’interprète qui était la mienne à

    l’époque. L’ensemble pouvait paraître beau de mémoire, mais qu’en serait-il aujourd’hui sur

    le terrain et en temps réel, avec un tout autre cadre : celui du soignant IDE?

    J’avais l’opportunité d’effectuer mon stage de Pédiatrie dans ce Centre de Formation

    Européen NIDCAP en février 2010 et ainsi de faire à la fois ma propre expérience, et de

    mener une enquête sur le vécu des IDE qui ont maintenant jusqu’à 10 ans de recul sur cette

    prise en charge particulière. Enrichie de deux années de formation infirmière, mon objectif

    a été d’appréhender la place de l’infirmière dans les soins de développement individualisés.

    Par conséquent, j’ai démarré l’exploration de mon sujet par la question suivante :

    « Dans une optique qui tend sans cesse vers l’amélioration de la qualité des soins, quelle

    serait l’implication du professionnel infirmier NIDCAP dans l’accompagnement des

    naissances prématurées ? »

    En confrontant les expériences vécues et les témoignages recueillis sur le terrain à la

    recherche théorique, j’espère aboutir à une réflexion de soignante enfin placée au cœur de

    la prise en charge des patients et de leurs familles.

  • 4

    Cadre Conceptuel

    I/ La Prématurité

    « La naissance d’un enfant né prématurément, va interrompre la maturation biologique et

    psychique de la grossesse…le transfert du bébé dans un service spécialisé va mettre à nu

    l’incapacité, l’impuissance de ses parents en renforçant leur culpabilité de ne pas avoir pu

    mener à terme cette grossesse…la distance physique va s’ajouter à la distance psychique, ce

    qui ne favorise pas la création d’interactions et la naissance du lien d’attachement » --D.

    BOHU, communication à la journée de périnatalogie du CHU d’Antoine, Paris, 21 mars 1996

    Définitions et chiffres

    En France, quand l’âge gestationnel est connu, l’enfant prématuré est un enfant né avant le

    terme de 37 semaines d’aménorrhée mais âgé au moins de 22 SA et pesant au moins 500g.1

    Sont définis comme :

    Prématurés : les enfants nés avant 37 SA.

    Grands Prématurés : les enfants nés avant 33 SA.

    Très Grands Prématurés : les enfants nés avant 28 SA.

    Le taux de prématurité en France est aujourd’hui évalué entre 5,5% et 7,5% des naissances

    selon la région, ce qui représente entre 55 000 et 65 000 naissances prématurées par an.

    1 Réseau sentinelle de l’AUDIPOG. Lexique et règles de codage du dossier obstétrical 2008, Faculté de

    Médecine, RTH Laënnec, Lyon, page 2

  • 5

    Ceci traduit une augmentation de 35% depuis 1995. En Auvergne-Rhône-Alpes, ce taux se

    situe à 6,4%, mais suit globalement la tendance à la hausse.2

    D’étiologies multiples, la prématurité représente une préoccupation de santé publique en

    France comme dans les autres pays développés, ceci en partie en raison de l’augmentation

    des grossesses multiples favorisées par la procréation médicalement assistée, ainsi que

    l’accroissement des déclenchements d’accouchement pour des motifs médicaux légitimes.

    Les complications de la prématurité

    Les pathologies touchant l’enfant prématuré sont essentiellement liées à son statut même

    d’enfant né prématurément. La prématurité se caractérise par une immaturité fonctionnelle

    des organes et des systèmes, compromettant l’adaptation du nourrisson à la vie extra-

    utérine et étant à l’origine de divers troubles à la fois adaptatifs et relationnels3: l’enfant

    prématuré lutte en permanence contre la déstabilisation de tous ses systèmes fonctionnels

    et régulateurs, ce qui a un impact sur sa capacité à supporter les soins ainsi que sur

    l’interaction avec ses parents.

    Le vécu de l’enfant

    « L’enfant qui naît trop tôt est plongé brutalement dans l’univers d’une unité néonatale de

    soins intensifs. Il se retrouve hors de l’utérus dans un environnement fort différent de ce que

    la nature avait envisagé pour lui. Il quitte un milieu « douillet », adapté à ses besoins et ses

    compétences, avec lumière tamisée et bruit atténué. Il devrait être en position fléchie, avec

    des périodes de sommeil et de réveil selon son humeur et celle de sa mère.

    Tous les mécanismes d’adaptation physiologique qui, chez le bébé à terme se mettent en

    place de façon progressive et automatique, vont représenter pour lui des efforts constants à

    chaque seconde de sa vie. De surcroît, il fait face à un environnement hyperstimulant où

    2 PINQUIER D. Impact des décrets en périnatalité, pour le réseau AUDIPOG, décembre 2008, page 10

    3 Des précisions se trouvent en Annexe I

  • 6

    bruit, lumière, odeur, froid et sécheresse s’associent aux stimulations répétées et souvent

    douloureuses en lien avec la prise en charge médicale et paramédicale. Enfin, les entraves

    aux mouvements et les postures imposées sont éminemment antiphysiologiques. »4

    Prématurité et parentalité

    Mettre au monde un enfant avant l’âge gestationnel de 37 semaines est un évènement

    dramatique pour les parents. Ce bébé, tout juste viable est inattendu à ce moment. A peine

    les parents ont-ils eu le temps de se projeter dans l’avenir, dans leur rôle de parents, que

    leur enfant apparaît. Le plus souvent, les préparatifs sont eux-mêmes au stade

    embryonnaire : la layette, la chambre, l’équipement de la voiture sont au mieux en phase de

    planification, les cours de préparation à l’accouchement n’ont pas encore eu lieu. Dans la

    tête des parents, l’arrivée de l’enfant commence tout juste à se profiler à l’horizon.

    Il en résulte un double traumatisme, pour l’enfant mais également pour ses parents :

    l’arrivée d’un enfant implique toujours des remaniements psychologiques qui vont moduler

    le fonctionnement de ces derniers. Ce processus de maturation de la personnalité est

    désigné par le terme de « parentalité », qui peut se définir comme « l’ensemble des

    réaménagements psychiques et affectifs permettant à des adultes de devenir parents, c’est-

    à-dire de répondre aux besoins de leur(s) enfant(s) sur le plan corporel, affectif et

    psychique »5. Une naissance prématurée bouleverse ce processus et fragilise chaque

    membre de la triade père-mère-enfant.

    L’attachement

    John Bowlby décrit l’attachement comme un besoin primaire instinctif, qui se développe par

    des apprentissages précoces tels que la reconnaissance de la voix ou de l’odeur de la mère.

    L’expérience sensorielle in utero du bébé le prépare à la communication tout comme le fait

    de porter un enfant forme la mère à connaître son enfant et à répondre à ses besoins.

    4 MAMBRINI C. Naître trop tôt, les carnets de parentel, juin 2009, page 6

    5 LAMOUR M, BARRACO M. Souffrances autour du berceau, éditions Morin, 1998, page 28

  • 7

    Dès sa naissance, le bébé montre des compétences relationnelles : il émet des messages qui

    signalent sa faim, sa souffrance, son besoin de sécurité et de réconfort. Les réponses

    apportées par les parents créent les sentiments de bien-être, de satisfaction et de

    compétence chez chaque membre de la triade : cette interaction réciproque est le

    fondement de la dynamique familiale.6

    Plus significatif encore : les capacités relationnelles qui permettent à l’enfant de rentrer en

    interaction avec son environnement dès sa naissance vont également susciter le processus

    d’attachement de ses parents à son égard.7 Naitre trop tôt implique une « fracture » dans ce

    processus en raison des difficultés d’adaptation à la vie extra-utérine chez l’enfant, en lien

    avec le choc psychique d’une grossesse inachevée chez les parents. Les notions de deuil, de

    culpabilité, de difficulté d’appropriation de l’enfant reviennent de façon quasi-systématique

    dans les témoignages des parents, et sont source d’autant de freins à la construction des

    liens d’attachement, avec un risque plus élevé de négligence voire de maltraitance : il est

    estimé que 20% des enfants maltraités sont des enfants nés prématurément.8

    Décrets et Plans Périnatalité

    « Les établissements assurant la prise en charge des femmes enceintes et des nouveau-nés

    comprennent, sur le même site, soit une unité d'obstétrique, soit une unité d'obstétrique et

    une unité de néonatologie, soit une unité d'obstétrique, une unité de néonatologie et une

    unité de réanimation néonatale. » -- Article R6123-39 du Code de la Santé Publique

    Selon le décret de périnatalité du 9 octobre 1998, les maternités sont classés en niveau I, II,

    ou III selon leurs capacités de prise en charge périnatale, à savoir : l’obstétrique et soins

    néonataux simples (I) ; l’obstétrique à risque + soins néonataux intensifs (II a et b) ;

    l’obstétrique à très haute risque + soins néonataux intensifs + réanimation néonatale (III).

    6 BINEL G. Prématurité et rupture du lien mère-enfant, éditions Morin, 2000, page 54

    7 Ibid.

    8 MALKA J, DUVERGER P. Maltraitance et enfants en danger, cours pédopsychiatrie, CHU Angers, mai 2007.

  • 8

    Depuis l’émergence dans les années 70 de la médecine néonatale, la politique de

    périnatalité française a été marquée par trois « plans périnatalité » successifs visant la

    réduction de la morbidité et la mortalité de la mère et de l’enfant par une meilleure

    organisation des soins et de la prise en charge de la grossesse. L’avant-dernier plan en date

    (plan 1994-2000) mettait l’accent sur les transferts in utero et sur la sécurité physique. Le

    dernier, présenté en novembre 2004 (plan 2005-2007), sous-titré «humanité, proximité,

    qualité, sécurité » ré introduit la notion de sécurité psychique en faveur d’une qualité

    globale du suivi de la grossesse, de la naissance, et de la prévention du handicap. Les

    résultats du Plan Périnatalité 2005-2007 ont démontré la nécessité de mieux prendre en

    compte la dimension psychologique et personnelle de la grossesse et de l'accouchement

    tout en ne négligeant ni la qualité, ni la sécurité.9 Des moyens budgétaires ont été accordés

    aux établissements publics et privés afin de recruter du personnel supplémentaire et

    notamment des psychologues; ces crédits sont alloués en mission d’intérêt général (MIG)

    aux établissements disposant d’une maternité.10

    II /Des soins de développement au NIDCAP

    L’approche de l’enfant et de sa famille dans le cadre de la prématurité s’est modifiée dans

    les années 70 avec l’accès parental limité dans les unités de soins à « haut risque », mais

    c’est surtout dans les années 80 que la place des parents auprès de leurs enfants a été

    reconnue comme positive et conseillée.

    En 1982 à Boston (USA), le docteur Heidelise Als dans la continuité des travaux de TB

    Brazelton s’est penchée plus particulièrement sur le comportement de l’enfant prématuré.

    Elle a crée un outil d’évaluation du comportement, la grille APIB,11 en s’inspirant de l’échelle

    de Brazelton12 qui permet de reconnaître et d’évaluer les compétences du nouveau-né.

    9 Cairn Info. Revue de la santé publique, 2007, vol. 19, n° 3, page 177

    10 Ibid., page 182 11

    APIB: Assessment of preterm infant behavior. Cette grille se trouve en Annexe II 12

    BNBAS: Brazelton neonatal behavior assessment scale

  • 9

    Le concept de soins de développement

    Les soins de développement (SDD) peuvent se définir comme « des soins regroupant

    l’ensemble des stratégies visant à favoriser chez le prématuré un développement

    harmonieux dans ses composantes physiques, psychologiques, comportementales et

    relationnelles. »13 Ces soins ont pour objectif :

    « de modifier les évènements environnementaux générateurs de stress

    de soutenir l’organisation neurocomportementale de l’enfant en favorisant les

    comportements de bien-être au détriment des comportements de stress

    de soutenir les parents dans la compréhension du comportement de leur enfant, leur

    permettant d’acquérir progressivement une autonomisation. »14

    Les formations proposées sur les SDD visent à développer les connaissances sur :

    le comportement du nouveau-né ;

    le développement neurocomportemental ;

    les concepts des SDD et les stratégies d’implantation hospitalière.

    C’est la base de la démarche que propose le NIDCAP, ce qui signifie Neonatal Individualized

    Developmental Care and Assessment Program ou programme néonatal d’évaluation et de

    soins de développement individualisés.

    Le NIDCAP

    H. Als décrit un ensemble de sous systèmes caractérisant l’enfant : le système végétatif, le

    système moteur, le système veille-sommeil, le système relationnel (« attention-

    interaction ») et le système d’autorégulation. Leur évaluation permet une analyse

    13 VANDENBERG KA. Behaviorally supportive care for the extremely premature infant. NICU Ink Petaluma, 145-

    170, (1995).

    14 JACQUEMOT L. Expérience du NIDCAP en médecine néonatale au CHU de Brest, Colloque : Parents d’enfants

    hospitalisés : Visiteurs ou partenaires? Association Sparadrap, 5 oct 2004, page 67

  • 10

    pertinente des capacités de l’enfant. Ces sous-systèmes sont indépendants mais

    interagissent entre eux. Cette interaction appelée « synaction » est combinée avec les

    interactions continuelles de l’enfant avec son environnement.15

    A partir de ses observations, Als explique que l’enfant prématuré n’a pas la capacité à

    maintenir, de lui-même, un équilibre entre les différents sous-systèmes. Ses comportements

    sont une réponse à la justesse d’une stimulation : quand la stimulation entre dans les

    capacités d’organisation de l’enfant, l’enfant reste stable ou retrouve rapidement une

    stabilité en agissant ses capacités d’autorégulation, et des comportements appropriés

    d’approche sont observés. Lorsque la stimulation dépasse le niveau d’organisation, l’enfant

    se déstabilise et à du mal à récupérer, se rétracte et montre des mouvements d’évitement.

    Ces signes sont nombreux mais à titre d’exemple je cite le regard de l’enfant qui fuit

    (système relationnel) ; l’hyper/hypotonie (système moteur) ; bradycardies, apnées,

    polypnées et désaturations (système végétatif) ; ou un changement rapide de l’état de veille

    (système veille-sommeil).

    Les observations NIDCAP et le projet de soins de développement individualisé

    La grille d’observation du prématuré permet d’évaluer les capacités motrices,

    neurovégétatives et comportementales de l’enfant. Un soignant certifié NIDCAP, donc formé

    à l’utilisation de cette grille, utilisera cet outil comme base lors des observations

    programmées avant, pendant, et après un soin afin de déterminer les réactions au stress de

    l’enfant, son seuil de désorganisation et ses stratégies d’autorégulation. L’observation sert

    alors à décoder le comportement de l’enfant et à évaluer ses compétences et ses difficultés.

    Ceci permet la détermination et l’hiérarchisation des objectifs apparents ainsi que les

    moyens individualisés visant le soutien optimal de l’enfant dans son développement.

    L’enfant est considéré comme le principal acteur de son développement, et ses parents

    comme ses principaux « corégulateurs ».

    15

    ALS H. Towards a synactive theory of development: promise for the assessment of infant individuality. Infant

    Mental Health Journal, Winter 1982; 3(4):229-243.

  • 11

    Un programme de soins est ensuite établi en collaboration avec les parents, et une liste de

    recommandations est affichée dans la chambre de l’enfant. Un compte-rendu de

    l’observation est rédigé et placé dans le dossier de l’enfant.16 L’équipe soignante applique

    les recommandations et fait une évaluation quotidienne de l’évolution de l’enfant en

    collaboration avec ses parents. Les observations programmées ont lieu tous les 15 jours

    environ, et le projet de soins et les recommandations sont réajustés en fonction des

    objectifs et des besoins évolutifs de l’enfant et de sa famille.

    Pour résumer, le NIDCAP se sert

    d’une théorie : la théorie synactive de développement

    d’un outil : l’observation comportementale

    d’une méthode : les soins de développement

    afin de favoriser et de soutenir le développement harmonieux de l’enfant prématuré.

    Le rôle de l’IDE

    Ces recommandations individualisées vont obliger le professionnel IDE:

    « à agir sur l’environnement ce qui signifie : silence ou diminution du bruit des

    équipements et bruits humains, baisse de l’intensité lumineuse pendant et en

    dehors des soins, limitation des mouvements intempestifs dans la chambre de

    l’enfant ;

    à organiser des séquences de soins en fonction des phases de sommeil et de la

    tolérance de l’enfant en utilisant des pratiques de soutien du développement17 : la

    modification des postures et manipulations avec soutien des postures en flexion, le

    grasping, la succion non nutritive, l’enveloppement ;

    16

    Un exemple d’observation se trouve en Annexe III

    17 Des images se trouvent en Annexe IV

  • 12

    à modifier ses pratiques professionnelles pour favoriser les comportements de bien

    être de l’enfant : travailler à deux, apprendre à étaler ou regrouper les soins en

    fonction de l’urgence et des capacités de l’enfant, accepter que les parents puissent

    être partenaires actifs lors des soins ; à ne pas travailler devant les parents mais avec

    eux ;

    à soutenir la relation parents/ enfants en accompagnant les parents dans la

    compréhension des comportements de leur enfant et en reconnaissant leurs

    compétences et leurs capacités décisionnelles. »18

    Le rôle de l’IDE, qu’elle soit certifiée NIDCAP ou non, est primordial : le projet s’étendant à

    tout un service, l’IDE qui a obligatoirement reçu au minimum une formation sur les soins de

    développement, applique le projet de soins individualisé, transmet ses propres observations

    et recommandations en matière de soins et gestion de l’environnement, planifie et prodigue

    les soins, et joue un rôle clef dans la prise en soin de la famille : en effet, l’IDE « forme » la

    famille à l’observation et aux soins et elle la soutient en tant que «référent» pendant toute

    la durée de l’hospitalisation de l’enfant.

    III/ L’accompagnement et le NIDCAP

    "L'accompagnement…est une relation avec l'autre qu'on rencontre et avec qui on fait un bout

    de chemin. C'est l'autre qui décide du but de la promenade. Accompagner, c'est être

    personne ressource pour que l'autre trace son chemin. C'est l'aider à vivre son trajet et non

    pas lui donner une trajectoire à réaliser." -Michel Vial, Université de Provence

    Carl Rogers : l’approche humaniste

    Outre l’aspect « soins de développement », le programme NIDCAP repose sur une

    philosophie de soins appelée « soins centrés sur la famille» (« family-centered care »). De ce

    18

    MAMBRINI C. Op. Cit., page 10

  • 13

    fait, la notion de l’accompagnement de l’enfant considéré comme acteur de sa vie, et de sa

    famille en tant qu’aidant naturel prend une dimension importante dans la démarche à suivre

    ainsi que dans l’atteinte des objectifs : elle implique en effet une vision indissociable des

    concepts humanistes de la relation d’aide et de l’approche centrée sur la personne (ACP)

    décrite par Carl Rogers comme « une relation permissive, structurée de manière précise qui

    permet à la personne d'acquérir une compréhension d'elle-même, à un degré qui la rend

    capable de progresser à la lumière de sa nouvelle orientation ».19

    Pour ce faire, « l’accompagnant -soignant» NIDCAP s’éloigne d’une philosophie de soins

    plutôt centrée sur le soignant, pour placer l’enfant et sa famille réellement au cœur de ses

    préoccupations. Les soins ne sont plus centrés sur la tâche à accomplir, mais sur la relation,

    et ne sont plus basés sur un protocole, mais individualisés selon la situation de chaque

    enfant et de chaque famille.

    Rogers avance que le soutien qu’apporte le soignant-accompagnant, dans la non-directivité

    et dans le respect de la liberté de chacun, crée des liens de confiance qui renforcent la

    relation et favorisent l’atteinte des objectifs. Il soutient que « le climat relationnel créé

    entre l'aidant et l'aidé est un outil nécessaire et suffisant ; il se construit dans la sécurité et la

    liberté relationnelle pour que la vie émerge, se développe et s'épanouisse pour aboutir à la

    personne fonctionnant pleinement »20

    Walter Hesbeen : « le prendre soin »

    W. Hesbeen évoque l’accompagnement comme faisant partie de la notion de « prendre

    soin », qu’il décrit comme une philosophie :

    « Le « prendre soin » n’est ni une théorie ni une science. C’est une conception pluriprofessionnelle de

    la pratique soignante issue de l’expérience et du questionnement. À ce titre, il relève de la

    19

    BIOY A, MAQUET A. Se former à la relation d’aide, éditions Dunod, Paris, 2003, page 22 20

    Ibid., page 24

  • 14

    philosophie. Il représente pour moi une « valeur » et n’a pas le statut de « vérité ». Cette valeur est

    associée à un état d’esprit, à une façon de se comporter — ou de tenter de se comporter — dans la

    vie. C’est une allure de vie qui se veut propice à la rencontre et à l’accompagnement d’autrui en son

    existence en vue de participer au déploiement de la santé, (…) il est tourné vers l’action en faisant

    appel à des moyens divers, tantôt sophistiqués, tantôt simples, parfois d’une grande simplicité. Il

    s’inspire de références dont certaines sont théoriques, d’autres philosophiques, d’autres scientifiques,

    d’autres encore techniques et d’autres, enfin, issues de l’intuition »21

    Pour Hesbeen, il ne convient pas de soigner de façon disjonctive (basée sur un organe ou

    une pathologie, donc réductrice) ni même de façon globale, car cette dernière notion ne

    permet pas l’identification du contenu d’une situation donnée. L’accompagnement sera basé

    sur le respect et la compréhension du patient plutôt dans sa complexité ou «ce qui est tissé

    ensemble »22:

    « Aider quelqu’un dans la situation de vie qui est la sienne s’inscrit dans une démarche

    complexe. On retrouve là toute la différence entre l’action compliquée sur le corps que le

    patient a ou corps objet et la démarche d’aide complexe qui s’adresse au corps que le patient

    est ou corps sujet »23

    Le NIDCAP vise à intégrer cette complexité en tenant compte des interactions et de

    l’importance du vécu de chaque membre impliqué dans le projet de soins. Sa démarche

    obéit aux principes suivants :

    « Il met en valeur la collaboration plutôt que le contrôle ;

    Il se focalise sur les points forts et les ressources potentielles de la famille plutôt que

    sur ses déficiences ;

    Il développe l’information partagée entre les patients, les familles et les soignants

    plutôt que l’information sélectionnée par les professionnels ;

    21

    HESBEEN W. Le caring est-il prendre soin, perspective soignante, éditions Seli Arslan, 1999, n°4, page 14 22

    HESBEEN W. Prendre soin à l’hôpital, inter éditions Masson, 2004, page 29 23 Ibid., page 35

  • 15

    Il place les parents partenaires actifs et compétents dans la prise en charge de

    l’enfant »24

    Ainsi nous pouvons observer la mise en œuvre d’une vision de l’accompagnement décrite

    comme « une interaction entre deux personnes où l'une s'appuyant sur sa formation et ses

    compétences, va chercher à offrir à l'autre (avec son adhésion) les conditions lui permettant

    de trouver ses propres solutions face au problème qu'elle rencontre. C'est un comportement

    professionnel qui va au-delà de la volonté d'être à l'écoute. »25

    IV/ L’implication professionnelle et le NIDCAP

    Selon le modèle proposé par C. Mias, l'implication professionnelle se définit comme « la

    manière d'être, de s'exprimer et d'agir dans le champ professionnel »26 Bien au-delà des

    notions de motivation ou d’investissement simples, c’est un modèle structural qui tient

    compte du professionnel dans son environnement d’exercice. L’implication est constituée de

    trois dimensions : le Sens, les Repères et le sentiment de Contrôle.

    « Le Sens se détermine à partir de l’interaction entre plusieurs éléments dont les

    principaux seraient « la signification » attribuée à ses actions, « la direction » en

    terme d’objectifs et « le lien » effectué par les individus entre les éléments

    professionnels marquants dans un contexte donné ;

    Les Repères renvoient aux notions d’identité mais aussi de contexte relationnel et

    peuvent être apparentés au système de représentations professionnelles

    opérantes dans un groupe professionnel particulier ;

    24

    SIZUN J, RATYNSKI N, GREMMO-FEGER G. Soins de développement, soins centrés sur la famille : nouveaux

    concepts, nouvelles pratiques en médecine néonatale, le Pédiatre, 2001, tome XXXVI, n°179, page 2

    25 Collection SFAP. Relation d’aide en soins infirmiers, inter éditions Masson, 2007, page 35

    26 LABBE S, RATINAUD L, LAC P. Dynamique de l’implication et des représentations professionnelles : le cas

    d’une recherche-action dans le milieu industriel, Congres National AREF 2007, page 2

  • 16

    Le sentiment de Contrôle relève tout à la fois de la liberté d’action et du contrôle

    effectif mais aussi de la capacité perçue d’action et des postures et attitudes ;

    c’est à dire de la place effective et vécue dans l’organisation et la profession en

    générale. »27

    Mias soutient que la forme et la qualité de l’implication diffèrent selon le contenu et la force

    de chacune de ces dimensions, mais s’expriment conformément à la représentation

    construite par la personne de sa réalité professionnelle. Elle aurait son origine dans l’idéal

    professionnel, puis chacune de ces dimensions évoluerait en fonction :

    de la réalité du terrain

    des valeurs personnelles et professionnelles

    du statut professionnel

    du contexte des exercices professionnels

    du rapport qu’établit le professionnel avec le contexte, allant du plus proximal au

    plus global

    C’est en effet une dynamique psychosociale qui se crée et qui s’opère entre le sujet et son

    environnement : il sous-entend à la fois l’introspection et l’évolution du professionnel, ainsi

    qu’un œil critique vers le milieu d’exercice permettant aussi l’évaluation et l’évolution

    potentielle de celui-ci.

    Dans le cadre du NIDCAP, l’implication du professionnel est liée à l’adhésion à une

    philosophie de soins « nouvelle ». De ce fait, elle va solliciter une remise en question du

    soignant, inévitablement influençant les dimensions de Sens, de Repères, et de Contrôle qui

    lui sont propres. Cette remise en question, ce « réajustement » de la triade va engendrer

    (ou non selon le degré de l’adhésion) une modification des pratiques qui s’étendront au

    milieu professionnel et qui reflèteront à leur tour une évolution des savoirs communs-

    autrement dit les représentations professionnelles-chez le groupe professionnel concerné.

    27

    LABBE, RATINAUD, LAC. Op. Cit., page 3

  • 17

    V/ La qualité des soins et le NIDCAP

    « Ainsi, ils disent que je suis excentrique puisque je réclame en public que les hôpitaux, s'ils

    souhaitent s’améliorer, doivent mesurer ce que sont leurs résultats, doivent analyser leurs

    résultats pour identifier leurs points forts et leurs points faibles, doivent comparer leurs

    résultats à ceux d'autres hôpitaux et doivent faire bon accueil à la publicité, non seulement

    de leurs succès, mais aussi de leurs erreurs. De tels avis ne seront pas excentriques d’ici

    quelques années. -- Ernest Amory Codeman, chirurgien à Boston (USA), 1917

    Définir la qualité des soins

    Indispensable afin de mesurer les forces et les faiblesses d’un système, la capacité à définir

    la qualité des soins s’est beaucoup améliorée grâce aux travaux internationaux. La définition

    la plus largement employée vient de l’Institut de médecine des Etats-Unis (IOM) qui précise

    que la qualité est « la capacité des services de santé (…) d’augmenter la probabilité

    d’atteindre les résultats de santé souhaités, en conformité avec les connaissances

    professionnelles du moment »28. Cette définition est largement acceptée par la

    communauté internationale grâce à sa flexibilité et à son adaptabilité aux contextes

    différents.

    Dimensions principales de la qualité des soins

    Les principales dimensions élaborées peuvent être regroupées dans cinq catégories :

    efficacité, sécurité, réactivité, accès et efficience29. Ces dimensions englobent souvent

    28 Institute of Medicine (2001). Crossing the quality chasm: a new health system for 21st century. Washington

    DC, National Academy Press.

    29 Des précisions se trouvent en Annexe V

  • 18

    d’autres dimensions telles que la pertinence, la ponctualité (« timeliness »), l’aptitude

    (« patient centeredness »), la continuité, la satisfaction, ou la compétence technique.30

    Nous retrouvons notamment le critère de la qualité « patient centeredness » au cœur de la

    philosophie NIDCAP :

    « … Elle se rapporte à la façon dont le système prend en charge les patients pour répondre à

    leurs attentes légitimes non liées à la santé (…) il s’agit de mettre le patient au centre des

    soins en intégrant différents éléments comme l’écoute, l’empathie, la confidentialité, mais

    aussi l’information dont le patient dispose sur sa maladie et la possibilité d’un choix éclairé

    de sa part. Ainsi, on met l’accent sur l’expérience du patient concernant les aspects

    spécifiques des soins, ceci au-delà de sa satisfaction individuelle ». 31

    Le NIDCAP a fait l’objet de nombreuses études internationales permettant de constater une

    diminution du nombre de jours de ventilation assistée, une alimentation plus précoce, une

    diminution des jours d’hospitalisation, et une amélioration du développement

    neurocomportemental à 9 mois.32 33 A court terme on peut observer une réduction

    significative des scores de douleur aiguë34 ou chronique.

    Si d’autres études à long terme seront nécessaires afin de mesurer la qualité et donc l’intérêt

    global de ce programme, le NIDCAP semble faire école : on compte à l’heure actuelle dix

    centres de formation aux USA et cinq en Europe, ainsi qu’un centre de formation en

    Amérique du Sud.

    30

    OR, CO-RUELLE. La qualité des soins en France : comment la mesurer pour l’améliorer ? IRDES, décembre

    2008, page 3

    31 Ibid., page 4

    32 ACHENBACH, TM. 9 year outcome of the Vermont Intervention Program for low birth weight infants.

    Pediatrics, 91(1): 45-55, (1993).

    33 KLEBERG, A. Development outcome, child behaviour and mother-child interaction at 3 years of age following

    NIDCAP intervention. Early Hum Dev. 2000 Dec; 60(2):123-35 34

    SIZUN J, ANSQUER H, BROWNE J, TORDJMAN S, MORIN JF. Developmental care decreases physiologic and

    behavioral pain expression in preterm neonates. J Pain. 2002; 3: 446-50.

    javascript:AL_get(this,%20'jour',%20'Early%20Hum%20Dev.');

  • 19

    La France a d’ores et déjà vu certifier quatre établissements NIDCAP, dont un centre de

    formation francophone. Onze établissements supplémentaires à travers l’Hexagone sont

    également en cours de formation en soins de développement ou d’implantation NIDCAP.

    En 2008, l’Agence Régionale de l’Hospitalisation35 a financé l’implantation du programme

    NIDCAP dans tous les hôpitaux de niveau III de Bretagne, ainsi que la formation "soins de

    développement" dans tous les hôpitaux de niveau II.

    VI/ L’émergence d’une hypothèse de recherche

    L’élaboration de mes recherches conceptuelles m’a permis dans un premier temps de faire

    une étude généralisée autour des concepts pertinents et ainsi d’apprécier le fait que de

    nombreux axes de recherche apparaissaient en lien avec mon sujet. Après réflexion, j’ai

    décidé de m’orienter vers une hypothèse axée sur l’implication infirmière au regard de la

    formation des liens familiaux. Gardant en mémoire l’expérience de mes amis, j’étais

    motivée par la recherche à mener dans un domaine encore peu exploré : mon expérience

    professionnelle autour du NIDCAP ainsi que la plupart des études se penchaient

    principalement sur les effets du NIDCAP sur le développement de l’enfant lui-même, alors

    même que le vécu de l’IDE par rapport à ce questionnement était quasi-introuvable dans la

    littérature. Mes interrogations auprès des formateurs NIDCAP en France et aux USA m’ont

    confirmées qu’en effet, mon hypothèse pourrait être intéressante pour une future IDE en

    raison de sa spécificité. Sujet de mon enquête, elle sera exposée et analysée dans la

    deuxième partie de ce travail :

    « L’application de la philosophie NIDCAP à travers l’accompagnement infirmier, soutient la

    parentalité et favorise la construction de l’unité familial »

    35

    L’ancienne ARH est devenue L’ARS ou « L’Agence Régionale de Santé » depuis le 1èr

    avril 2010

  • 20

    METHODOLOGIE

    I/ Présentation du terrain d’étude

    Le Centre de Formation NIDCAP situé dans le Finistère fait partie d’un établissement de

    niveau III ; il accueille régulièrement en formation SDD du personnel médical et paramédical

    de la France entière et depuis l’étranger. Mes recherches étaient orientées vers les deux

    services impliqués dans l’accompagnement de l’enfant prématuré et de sa famille,

    notamment :

    Le service de réanimation pédiatrique et néonatale

    Le service de néonatologie

    L’organisation des équipes comporte 5 IDE en permanence pour 10 enfants, soit 1 IDE pour

    2 enfants selon le décret de périnatalité du 9 octobre 1998. Le principe des « référents »

    signifie que les IDE prennent en charge les mêmes enfants à chaque fois qu’ils prennent leur

    service. Il n y a pas d’aides soignants dans ces unités ; les soins de nursing sont réalisés par

    les IDE et les parents sont intégrés dans le soin en conformité avec les principes du NIDCAP.

    L’adhésion au projet de service est soulignée comme une contrainte du poste dans le livret

    d’accueil présenté aux nouveaux arrivants.

    II/ Présentation de la population interrogée

    J’ai conduit 5 entretiens auprès des infirmières dont l’expérience professionnelle allait de 2

    ans à 17 ans, avec une expérience dans leurs services respectives allant de 2 ans à 10 ans :

    3 IDE en réanimation : une puéricultrice certifiée NIDCAP (IDE 1) ; une infirmière

    certifiée NIDCAP (IDE 2) ; une infirmière non certifiée NIDCAP (IDE 3)

  • 21

    2 IDE en néonatologie : une puéricultrice non-certifiée NIDCAP (IDE 4) ; une

    infirmière non certifiée NIDCAP (IDE 5)

    Les âges des infirmières allaient de 24 à 43 ans.

    Deux des infirmières interrogées étaient présentes dans le service lors du processus de

    l’implantation du programme (IDE 1 et IDE 4), les trois autres ont intégré leurs unités une

    fois le NIDCAP établi. De ces trois derniers, deux d’entre elles sont arrivées directement

    après leur D.E. (IDE 2 et IDE 3). Toutes les infirmières ont pris connaissance du NIDCAP en

    travaillant dans les services concernés, seule l’IDE 2 disait avoir eu un cours à L’IFSI

    auparavant, mais elle a précisé que ce cours ne lui permettait pas de vraiment cerner le

    programme.

    Enfin, quatre infirmières sur cinq disent ne pas avoir choisi leur affectation dans l’unité, mais

    toutes ont précisé leur choix d’y rester. Deux infirmières ont choisi par la suite de suivre une

    formation sur deux ans menant à la certification NIDCAP, et de ce fait elles pratiquent et

    rédigent les observations NIDCAP dans les deux services. Les trois IDE non-certifiées, comme

    tout le personnel avaient suivi à leur arrivée une formation théorique au NIDCAP et aux soins

    de développement leur permettant de comprendre les observations et de mettre en œuvre

    le projet de soins basé sur la théorie NIDCAP.

    III/ Présentation de l’outil de l’enquête : l’entretien

    « Bien mené (l’entretien) apporte toujours abondance et qualité de matériaux,

    indépendamment du nombre (…) un très petit échantillon d’entretiens explorera avec

    pertinence et en profondeur la question qui préoccupe le chercheur »36

    Le thème que j’ai choisi se prête davantage aux entretiens semi-directifs, visant un recueil

    qualitatif des témoignages. L’enregistrement des entretiens par dictaphone m’a permis une

    36

    JOVIC, L. Methodologie de la recherche: l'entretien de recherche. Recherche en soins infirmiers, n° 9, juin

    1987, p.80

  • 22

    disponibilité d’écoute et favorisait l’implication des participants dans un échange le plus

    naturel possible: des questions ouvertes permettaient l’expression libre sur les thèmes

    abordés, ainsi que l’évolution de l’entretien en fonction des réponses données.

    J’avais formulé et regroupé mes questions sous plusieurs objectifs afin de pouvoir analyser

    les réponses par rapport aux données théoriques issues de mes recherches conceptuelles.

    En utilisant une technique « d’entonnoir », j’ai commencé par des généralités pour

    progressivement mener mes sujets vers mon hypothèse centrale.

    IV/ Déroulement de l’enquête

    Après avoir élaboré et fait valider mon guide d’entretien37, j’ai pris contact avec des IDE

    volontaires dans les services de réanimation pédiatrique et de néonatologie, et nous avons

    convenu de la date et de l’heure de chaque entretien. Se déroulant au cours de la dernière

    quinzaine du mois de février, tous les entretiens ont eu lieu dans la salle de réunion de

    l’unité de réanimation, en fin de journée de travail.

    La durée moyenne des entretiens à été de 25 minutes. Tous les entretiens se sont déroulés

    dans un climat détendu et sans interruption, ce qui a été un facteur facilitant.

    V/ Difficultés rencontrées

    Conduire les entretiens en fin de service-- et de surcroît pendant une période

    particulièrement chargée en travail--fait que le facteur fatigue ne peut être ignoré. Il a

    parfois été à l’origine des difficultés de concentration qui apparaissent sous forme de

    phrases fragmentées et/ou incomplètes dans la retranscription des entretiens. Il a fallu

    parfois répéter ou reformuler les questions, ou réorienter les sujets vers l’intérêt central lors

    des réponses parfois longues et/ou complexes.

    37

    Ce guide d’entretien se trouve en Annexe VI

  • 23

    Une deuxième difficulté s’est révélée lors de l’écoute des entretiens. Je me suis aperçue

    qu’il y avait des différences sensibles entre les deux services concernés par l’étude, ce qui

    rendaient l’analyse des résultats difficiles à aborder succinctement. Paradoxalement, j’ai

    découvert que cette difficulté pouvait aussi servir comme une balise d’orientation: je devais

    rester concentrée sur les détails différentiels ayant une pertinence par rapport à mon

    hypothèse centrale, pour ne pas m’égarer.

    VI/ Limites de l’enquête

    Bien que cinq entretiens puissent être tout à fait pertinents par rapport à une situation se

    déroulant sur un lieu et un temps précis, je suis consciente qu’ils ne représentent qu’un

    début de recherche. Comme toute étude, il faudrait ensuite comparer et analyser les

    résultats au regard d’autres études portant sur le même sujet. Ce n’est qu’en rajoutant ce

    « cliché » à ceux des autres que nous arriverons à discerner une image plus grande et plus

    représentative d’une situation donnée.

    Au niveau nous concernant, et en tant que future professionnelle IDE, j’espère à la fin de ce

    travail dégager des axes de recherches ultérieures éventuelles.

  • 24

    Analyse

    I/ Expression des IDE : générale et autour de la certification NIDCAP

    La première et surtout la deuxième infirmière que j’ai interviewée se sont beaucoup

    impliquées dans l’entretien de manière générale, donnant des réponses très élaborées et

    anticipant souvent mes questions. Certifiées NIDCAP, leurs motivations à suivre le

    programme de certification étaient axées autour d’une meilleure compréhension de l’enfant

    au travers des observations programmées et régulières.

    La troisième infirmière, qui était la plus jeune et la moins expérimentée avec un peu moins

    de deux ans sur le terrain, montrait parfois ce que je qualifierais d’une forme d’incertitude,

    voire d’ambigüité dans ses propos au regard du NIDCAP. Ses réponses étaient souvent

    fragmentées et parfois difficiles à suivre. Elle n’avait pas l’intention de devenir certifiée,

    citant la durée du programme comme facteur dissuasif.

    L’IDE 4 donnait des réponses succinctes sans trop se dévoiler, tandis que l’IDE 5 était plus

    dans l’introspection par rapport aux questions posées. Elles n’avaient pas l’intention

    d’entamer le processus de certification dans l’immédiat ; l’une étant déjà en formation

    universitaire, et l’autre citant encore une fois la durée du programme. Bien que traitant les

    mêmes questions que leurs collègues en réanimation, elles m’ont exposé un angle différent

    par rapport à la prise en soin surtout des parents, que je présenterai au fil de l’analyse.

  • 25

    II/ Expression des IDE autour de la naissance prématurée

    Connaissances théoriques des infirmières interrogées

    Toutes les IDE interrogées ont avancé que la naissance prématurée présente des obstacles

    réels et potentiels multiples à la formation des liens familiaux. Trois notions en cascade

    ressortent au travers de l'analyse des propos: d’abord le choc psychique suivi de deuils

    parentaux successifs, et enfin les difficultés d'attachement qui en découlent:

    «...parce que ce ne sera jamais une grossesse entière, le deuil du bébé qu'ils auraient voulu voir à la

    maternité qui est encore plus important, il y a toujours un deuil entre le bébé qu'on avait imaginé et le

    bébé qu'on verra mais ici ce n'est pas un bébé à terme qu'on voit, puis le deuil de ne pas rentrer à la

    maison au bout de quelques jours...»38

    « Je pense qu'il doit y avoir une difficulté à reconnaître qu'on n'est plus enceinte, que c'est arrivé vite

    et que c'est son enfant qui est là un peu fripé (…) il peut y avoir du dégoût, de la culpabilité et de

    l'amour en même temps »39

    Trois IDE utilisent le terme « appropriation de l'enfant » pour décrire cette difficulté

    d'attachement, et la notion de l'établissement du rôle propre parental ressort spontanément

    dans tous les témoignages. Il est à noter cependant que les obstacles à l'attachement ainsi

    que les besoins parentaux sont nuancés selon le service concerné. Par conséquent je vais

    présenter la suite de l’analyse de cette première partie d'abord au regard des IDE en

    réanimation, et ensuite par rapport aux IDE en néonatologie.

    38

    Propos recueillis auprès de l’IDE 2

    39 Propos recueillis auprès de l’IDE 4

  • 26

    Besoins parentaux et la prise en soin : réanimation

    Les IDE travaillant en réanimation parlent toutes de la fragilité de l’enfant et de la technicité

    du service comme facteurs importants d’angoisse parentale, en faisant référence surtout au

    risque vital mis en avant de façon constante par un matériel et des soins médicaux lourds. Le

    choc psychique, la peur et parfois la culpabilité doivent être surmontés afin de voir au-delà

    de la technicité et d’établir une reconnaissance et un lien de communication avec l’enfant :

    « Leur premier besoin je pense c’est de se rendre compte que ce qu’il y a là dans la couveuse, sous

    tous les fils, c’est leur enfant, c’est leur bébé et c’est vraiment un bébé malgré son arrivée précoce,

    qu’il est vivant et qu’il a moyen d’interagir avec eux…que leur bébé est déjà conscient de leur présence

    et qu’il y a déjà un lien. »40

    L’IDE 2 évoque aussi une présence invasive du personnel soignant, ce qui accaparerait la

    place normalement réservée aux parents:

    « Alors qu'à la maternité on fait tout pour laisser maman-papa-bébé tranquilles ensemble…il y a

    nous qui sommes intrusifs...nous qui paraissons comme compétents avec les parents qui sont exclus à

    côté, et donc justement tout le travail qu'on va avoir à faire, c'est de leur montrer que certes, on a des

    connaissances, mais c'est eux qui connaîtront le mieux leur bébé. Comment justement leur donner

    leur rôle de parent alors que nous on a cette intrusion obligée qui est si violente dans leur relation? »

    D’après les témoignages, les moyens employés en réanimation visent clairement à la

    formation du lien parents-bébé. Elle passe par les soins de développement et exigent avant

    tout une présence et une participation parentale. Ceci déclenche une reconnaissance

    mutuelle et comprend le contact physique malgré les dispositifs de soins et de surveillance

    lourds. Dès que l’état de l’enfant le permet, les parents sont invités à le sortir de la couveuse

    pour une mise en « peau-à-peau »41 ; la première séance est souvent vécue par les parents

    comme « une deuxième naissance », où la famille se trouve ensemble et soutenue par une

    présence soignante rassurante et contenante, décrite comme « un cocon » par l’IDE 2.

    40

    Propos recueillis auprès de l’IDE 2

    41 L’enfant habillé seulement d’une couche et éventuellement un bonnet est placé contre le torse nu d’un de

    ses parents

  • 27

    Selon ces réponses, la prise en soin des parents en réanimation est centrée autour du mot

    « accompagner », d’abord dans la première rencontre et les premiers gestes envers l’enfant,

    pour rapidement s’étendre aux soins réalisés par les parents. Elle comporte des notions

    d’écoute, d’observation, de découverte, et de compréhension:

    « …L’écoute en premier parce que souvent (les parents) ont beaucoup de choses à nous dire avant

    même qu’on leur parle de quoi que ce soit…et découverte pour les aider à décrypter… vraiment

    décrypter leur bébé, leur montrer que ben là il réagit ; les interpeller sur déjà quelques capacités de

    leur bébé et toutes les interactions déjà qu’il y a entre eux. »42

    Si l’IDE 3 rejoint ses collègues par rapport à l’accompagnement, elle semble cependant

    reprocher un manque de naturel dans les soins de développement :

    « …ici c’est un peu trop (dessine un carré avec ses mains), les parents sont obligés de faire comme on

    dit en fait. C’est débile ce que je vais dire, mais tu vois, le nid qu’on met autour de l’enfant, les parents

    te disent « c’est bien comme ça ? » alors qu’on s’en fout, enfin à la maison ils ne seraient jamais posés

    la question…Tout est calculé, ça devient moins naturel, mais bon c’est comme ça. »

    J’ai trouvé cette remarque interpellante, car elle semblait suggérer soit un manque de

    compréhension, soit un défaut d’adhésion au NIDCAP sur plusieurs lignes : les besoins

    parentaux, les besoins de l’enfant, ou encore les soins de développement. Pourtant, elle avait

    suivi une formation sur ces derniers et prétendait une réelle satisfaction professionnelle. Je

    me suis alors demandée si son jeune âge et son manque d’expérience relatif sur le terrain ne

    lui permettaient pas le recul suffisant pour analyser ce qu’elle avait l’air parfois d’appliquer

    malgré elle.

    Besoins parentaux et la prise en soin : néonatologie

    Ayant fait mon stage en réanimation pédiatrique, il a fallu que je me renseigne quant aux

    similitudes et différences entre les deux services. En ce qui concerne les enfants prématurés,

    deux types de cas d'hospitalisation existent en néonatologie :

    42

    Propos recueillis après de l’IDE 1

  • 28

    le service accueille dès la naissance les enfants dont le terme de naissance nécessite

    une prise en soin spécifique et parfois intensive, mais celle-ci exclue les soins de

    réanimation ;

    il assure le suivi des soins en accueillant les enfants transférés depuis la réanimation

    au bout d’un temps très variable de soins et de surveillance intensifs.

    Dans les deux cas, le risque vital est à priori écarté bien que sous réserve de l’évolution de

    l’enfant, qui reste toutefois fragile par rapport à un enfant né à terme. Il présente des

    difficultés et des besoins spécifiques, notamment en matière d’alimentation et

    d’autorégulation.

    Par rapport à cette première question, les deux infirmières travaillant en néonatologie se

    sont exprimées en se basant surtout sur le premier scénario. Elles évoquent avant tout la

    séparation physique parents- enfant pendant les premières heures ou jours qui suivent

    l'accouchement, ce qui prolongerait l’idée de l’enfant imaginaire et qui majorerait la

    difficulté à s’approprier l'enfant réel dans ce cas:

    « Les parents sont sépares de leur enfant, surtout la maman, il y a certaines qui ne voient pas leur

    enfant qu'au bout de deux jours donc c'est plus dur de faire le lien...de sentir que c'est vraiment son

    enfant. Elles restent plus longtemps avec une image (de l’enfant) qui ne peut pas coller à la réalité »43

    Le vécu des papas a été également mis en avant : « C'est dur pour les papas aussi parce qu'ils ne sont pas prépares non plus à ça… ils montent et hop,

    ils redescendent, puis ils remontent…on les voit stressés par l’accouchement, stressés des fois par leur

    femme qui est endormie ou qui ne va pas bien, stressés parce qu’il (l’enfant) est tout petit et ils ne

    savent pas comment s’y prendre»44.

    43

    Propos recueillis auprès de l’IDE 4

    44 Propos recueillis auprès de l’IDE 5

  • 29

    Les deux IDE travaillant en néonatologie voient en conséquence le raccourcissement voire

    l'évitement de cette séparation initiale comme principal besoin des parents d'un enfant né

    prématurément. Elles préconisent un maximum de chambres kangourous45, ce qui d’une

    part favoriserait d’après elles les liens d'attachement précoces, et éviterait par ailleurs aux

    pères la tâche éprouvante de se dédoubler entre la maman et l’enfant hospitalisés dans des

    services différents.

    Pour les deux IDE, la prise en soin vise d’abord à l’appropriation de l’enfant par ses parents et

    assez rapidement, à l’autonomie parentale totale pour l’alimentation et les soins d’hygiène.

    Elle nécessite un accompagnement basé sur l’observation de l’enfant, tout comme dans le

    service de réanimation, mais cet accompagnement est moins contenant qu’en réanimation,

    car la notion de sortie de l’enfant est bien plus présente en néonatologie.

    Ceci nécessite d’ailleurs une transition chez les familles étant passées par la réanimation

    d’après L’IDE 4 : « …en réa, ils ont toujours une personne disponible rapidement et à la

    demande, ici l’enfant va mieux et on essaie de faire en sorte qu’ils apprennent et qu’ils se

    lancent un peu tout seuls dans les soins, au début c’est un peu chaotique… »

    J’ai noté que les IDE en néonatologie se sont exprimées en proposant des moyens très

    concrets afin de réduire la séparation et de répondre aux besoins de la triade : prendre une

    photo de l’enfant à offrir à la mère en maternité ; placer un vêtement appartenant à la mère

    dans la couveuse afin d’apporter l’odeur maternelle à l’enfant ; proposer dès que possible un

    rapprochement physique, même si la visite ne dure que quelques minutes et incorporer le

    peau-à-peau, le « holding »46 ou au moins le toucher.

    Tous des moyens également employés en réanimation, mais à l’exception du contact

    physique ils n’apparaissent pas dans les propos des IDE en réanimation. J’avance comme

    hypothèse que l’omniprésence du risque vital en réanimation pourrait inciter en premier lieu

    une réflexion plus générale autour de l’accompagnement des parents.

    45

    Chambres pouvant loger les parents et les enfants 24h/24 afin de favoriser une peau-à-peau quasi-constante

    46 Tenir l’enfant dans les bras

  • 30

    III/L’expression des IDE autour du NIDCAP

    Une perception philosophique

    D’après Le Grand Robert, le mot philosophie désigne « une activité et une discipline (…) se

    présentant comme un questionnement, une interprétation et une réflexion sur le monde et

    l'existence humaine, ou encore comme un savoir systématique ». Pour les IDE interrogées, le

    NIDCAP correspond à une philosophie car il représente pour elles une manière

    d’appréhender les soins qui est différente de ce qu’elles avaient connu avant. La notion

    d’adaptation, non seulement dans les gestes mais aussi dans la manière de réfléchir les soins,

    revient dans tous les témoignages. Le fait d’individualiser et d’organiser celles-ci autour des

    capacités et des disponibilités de l’enfant et de ses parents définit un accompagnement qui

    «ne fait pas partie d’une approche traditionnelle, il faut l’intégrer, se l’approprier, se

    l’acquérir » d’après l’IDE 4.

    La modification des pratiques

    Mias sous-entend que toute modification durable des pratiques nécessite au préalable une

    modification des représentations professionnelles, c’est-à-dire une modification de la

    pensée. D’après l’IDE 2 :

    «On pourrait penser que le NIDCAP n’est réservé qu’aux infirmières (certifiées) NIDCAP, qu’elles

    détiennent le savoir (…), alors qu’il est très très intégré dans l’esprit même de l’équipe. C’est

    devenu une ligne directrice appliquée à un tel point qu’il est de plus en plus difficile de distinguer le

    NIDCAP des soins qu’on fait (…) c’est imbriqué ».

    C’est effectivement l’impression que j’ai eu lors de l’analyse de mes entretiens, car déjà en

    posant des questions plutôt générales sur le contexte de la prématurité, je trouvais que les

    réponses tournaient de manière assez précise autour du NIDCAP, et ce quelque soit le statut

    de certification de mon interlocuteur. Preuve d’une théorie pertinente et facilement

    appropriée, ou fruit d’un apprentissage scolaire quelque peu « imposé » ? Les témoignages

    penchent plutôt en faveur de la première hypothèse :

  • 31

    Pour l’IDE 2, la modification de pratiques soignantes trouve son catalyseur dans la

    philosophie même : elle privilégie une meilleure compréhension de l’enfant dans un contexte

    à la fois individuel et familial, ce qui permet un soutien personnalisé optimal ainsi que la

    valorisation de l’aidant naturel, c'est-à-dire les parents. De ce fait, elle le considère comme

    « l’ultime prendre soin », cultivant une écoute mutuelle trop rarement retrouvée dans les

    services adultes. Cet échange autour de l’enfant permet l’accompagnement efficace de la

    triade indépendamment de l’évolution médicale de l’enfant.

    L’IDE 1 soulève que l’application du NIDCAP nécessite également l’éloignement d’un

    « formatage » acquis par rapport à la planification horaire. Si elle admet que certains soins

    restent obligatoirement programmés, elle se dit être « moins dans le faire » et d’avoir plus de

    recul sur son travail : « Est-ce vraiment utile ? Est-ce que je peux éviter de faire ce soin ? Est-

    ce que les parents peuvent le faire seuls, peut-on les attendre ? »

    De même que l’IDE 2, elle met en avant l’importance du ressenti parental, ce qui

    impliquerait d’après elle un vrai partenariat jusqu’ici inhabituel entre la famille et l’équipe

    soignante. L’IDE 3 va encore plus loin sur cette dernière notion, affirmant « même si je

    retournais chez les adultes, ce serait complètement différent (…) je trouve que c’est quelque

    chose d’essentiel, mais pas forcément évident (…) avant je n’aurais peut-être pas vu ce côté

    essentiel là, des familles. »

    Autant de réflexions intéressantes portant sur la famille « sujet » et « objet » de

    soin…cependant, l’IDE 3 souligne que l’adaptation préconisée par le NIDCAP n’inspire pas

    que de l’enthousiasme immédiat chez les professionnels d’après son expérience. Elle évoque

    sa propre formation aux soins de développement lors de son arrivée dans le service : « il y

    avait des anciennes…elles avaient vachement du mal à comprendre comment on procédait et

    pourquoi, c’est qu’elles ne comprenaient pas la philosophie. »

    Si aujourd’hui elle dit avoir trouvé sa place dans l’équipe et avoir acquis une aisance avec le

    NIDCAP, elle avoue ses propres difficultés au départ : décaler ses soins en fonction des

    besoins de la triade familiale est un principe qui pour elle était stressant en sortant toute

    juste de l’école, et qui de surcroît rentrait en conflit avec les notions de bonnes pratiques

  • 32

    enseignées et appliquées ailleurs :

    «… parce que tu es formée aux gestes et quand tu commences, tu as besoin de suivre un papier qui

    dit ce qu’il faut faire et quand...en fait si tu ne fais pas ton soin tu vas-- comment je vais expliquer

    ça ?—tu te dis tu vas le faire quand même parce que peut-être ton collègue va penser que tu es

    fainéante un peu, tu vois ? »

    L’IDE 5 évoque aussi ce changement de mentalité, précisant que si l’ajustement a été difficile

    au départ, le fait de travailler « pour les enfants » et non selon des horaires lui permet

    aujourd’hui d’être d’avantage « dans la réflexion » ; puisque cet état d’esprit est aussi

    partagé par ses collègues, elle n’avait plus de gène à laisser du travail pour l’équipe suivante.

    Le fait de privilégier l’autonomie parentale se traduit selon elle par une diminution de travail

    pour les infirmières, avec plus de disponibilité pour l’accompagnement relationnel.

    Cependant, un autre aspect pertinent de ces modifications se situerait d’après elle dans le

    fait qu’elles s’étendent bien au-delà des actes infirmiers pour englober la relation

    pluriprofessionnelle :

    « (…) Tout est plus détendu au niveau ambiance de travail. Il y a une écoute médicale aussi qui est

    différente depuis qu’on est au NIDCAP. On est beaucoup moins dans le clinique (…) enfin le clinique

    n’est plus le résumé de l’enfant, c’est ça. Et les médecins le savent et de ce fait notre rôle infirmier est

    différent aussi (…) je dirais c’est plus pertinent car nous passons beaucoup plus de temps avec les

    enfants et les familles, et donc nos observations et même nos recommandations sont bien plus

    souvent prises en compte. Et c’est vraiment super. »

    Un témoignage fort, faisant contempler à la fois mon hypothèse, et les implications

    multidimensionnelles de ce programme. Ceci confirme mon propre ressenti en tant que

    stagiaire sur le terrain : en effet, il semblait y opérer une collaboration étroite entre

    professionnels ayant des fonctions et des niveaux hiérarchiques différents. J’avais noté une

    attitude très ouverte du corps médical par rapport aux ressenti infirmier, ainsi qu’une

    sollicitation particulière des observations sur la dynamique familiale. Au milieu des

    transmissions souvent sombres, c’était motivant de voir à l’œuvre cette cohésion

    pluridisciplinaire autour d’un programme de soins à visage éminemment humain, et ce qui

  • 33

    était manifestement le fil conducteur de la prise en charge non d’un enfant, mais d’une

    famille entière.

    Difficultés dans l’application

    Cette question a sollicité des réponses mixtes, le « oui et non » étant présents dans tous les

    témoignages. Les difficultés citées étaient essentiellement liées à deux choses :

    La difficulté à respecter les phases d’éveil et de sommeil d’un enfant très fragile

    nécessitant une sédation ou des soins réguliers et programmés ; et

    Les difficultés liées à la charge de travail qui ne permettent pas toujours un

    accompagnement optimal de l’enfant et sa famille.

    Cependant, toutes les IDE m’ont fait comprendre que si parfois le NIDCAP n’était pas

    strictement observable sur un plan, il était forcément applicable sur un autre. Soutenir,

    contenir l’enfant est toujours possible même en disposant de peu de temps ; ralentir, voire

    fractionner un soin obligatoire est souvent réalisable aussi. D’après l’IDE 2, le soutien des

    parents passe d’abord par la qualité de la relation entretenue avec le soignant:

    « Maintenant on a en général établi une telle relation avec les parents qu’il devient plus facile de leur

    dire : aujourd’hui il y a beaucoup de travail, aujourd’hui nos allons prioriser telle ou telle chose et on

    fera ce qu’on a prévu demain. On s’est vraiment introduit dans une telle relation avec les parents

    autour de leur bébé qu’ils comprennent tout à fait qu’on ne puisse pas précipiter une peau-à-peau ou

    une toilette…parce qu’ils sont complètement intégrés dans les soins, ils comprennent bien que leur

    enfant n’en tirerait pas le bénéfice qui est escompté…on s’est inclu dans une relation parents-enfant-

    soignant qui est saine je trouve et qui permet de dire ces choses-là »

  • 34

    IV/ Le NIDCAP et la construction de l’unité familiale

    L’intérêt des observations programmées

    Les témoignages unanimement positifs me permettent d’avancer que l’intérêt des

    observations est multiple, bénéfique à la fois pour l’enfant, ses parents, et les soignants.

    Premièrement, pour le soignant réalisant l’observation, celle-ci est un moyen de se poser

    complètement en dehors du soin pour se concentrer uniquement sur les réactions du bébé :

    « Ce n’est pas qu’on ne voit pas quand on fait des soins, mais forcément on rate des choses car on est

    quand même concentré sur le soin. Avoir les observations permet de voir plus de choses dans plus de

    détails et de mettre tout le monde sur la même page, de guetter certaines réactions aussi »47

    Ensuite, la trace écrite des observations est un outil d’évaluation et un témoin de l’évolution

    servant aux parents aussi bien qu’à l’équipe soignante, permettant parfois de réajuster soins

    et objectifs :

    « …ça nous apporte à savoir si parfois on ne va pas un peu trop vite, on fatigue l’enfant et il faut

    faire marche arrière, ou si les parents ont des attentes un peu trop en avance par rapport aux

    compétences de l’enfant… je pense qu’à ce niveau c’est très intéressant » 48

    Enfin, réalisée en présence des parents, l’observation est un moment relationnel fort qui

    soutient les compétences parentales : à travers le décodage du comportement, elle permet

    une compréhension de l’enfant qui à son tour conditionne les réponses parentales adaptées:

    « Au début, les observations sont très importantes pour les parents : ils assistent, écoutent,

    contribuent…puis ils lisent tout, suivent tout à la lettre ( …) puis après c’est eux qui connaissent le

    mieux (l’enfant) car c’est eux le plus souvent dans la chambre . Du coup les rôles sont inversés, c’est

    eux qu’on écoute le plus »49

    47

    Propos recueillis auprès de l’IDE 5 48

    Propos recueillis auprès de l’IDE 4 49

    Propos recueillis auprès de l’IDE 3

  • 35

    J’avais été présente lors de la deuxième observation chez un enfant né à 28 semaines, et

    j’avais été frappée par la finesse de l’observation parentale et surtout de l’interprétation des

    manifestations de l’enfant. Bien au-delà de noter les signes évidents d’inconfort lors d’un

    soin, les parents étaient aussi attentifs aux désaturations et aux bradycardies. Ils n’ont pas

    hésité à appliquer eux-mêmes des mesures de soutien, et ont suggéré un ralentissement

    dans le soin, sous l’approbation des IDE présents. La discussion qui a suivi l’observation était

    dominée par les perceptions parentales ; l’IDE référent commentait leurs observations et les

    encourageait à formuler les objectifs apparents de l’enfant et à proposer les moyens adaptés

    pour les atteindre. Si la préoccupation du devenir médical de l’enfant était aussi présente, je

    voyais les parents plutôt optimistes et en confiance par rapport à leurs observations.

    Malheureusement, même les soins les plus performants et les mieux adaptés parfois ne

    peuvent sauver des enfants trop malades pour survivre. Cependant, d’après les infirmières

    en réanimation, les observations font tout de même partie d’un accompagnement de

    qualité, et sont bénéfiques pour la famille. L’IDE 1 en témoigne :

    « Je pense que le fait d’avoir cet accompagnement (…) de voir que l’enfant a des compétences même

    s’il est très malade et même si l’issue est fatale est bénéfique. Pour les parents d’A (NDLR : une petite

    fille décédée dans le service au bout de 3 semaines en réanimation dont cette IDE était référent), ils

    ont dit que c’était super-important pour eux d’avoir pu (…) voir des choses avec leur enfant qu’ils

    n’auraient peut-être pas vu autrement. C’était leur premier enfant et c’était une famille dans

    l’accompagnement et dans le lien, il s’est passé des choses entre eux. A les connaissait et vice-versa.

    C’est sûr. »

    Pendant mon stage, le service de réanimation a connu le décès de trois enfants. Dans

    chaque cas, les parents avaient sollicité la présence de l’IDE référent à l’approche du décès.

    Celle-ci les accompagnait selon leur souhait, le plus souvent installant l’enfant en peau-à-

    peau. J’ai été témoin par la suite des remerciements écrits à l’intention de toute l’équipe,

    soulignant particulièrement la qualité du soutien et de l’accompagnement, et exprimant une

    reconnaissance pour avoir pu connaître leur enfant avant qu’il ne parte.

  • 36

    Le vécu parental de l’accompagnement NIDCAP

    Que ce soit en réanimation ou en néonatologie, les IDE remarquent un investissement

    important des parents auprès de l’enfant et dans le NIDCAP, ainsi qu’une évolution en

    matière d’appropriation de leur rôle parental. Si l’autonomisation des parents se fait plus en

    néonatologie en raison de l’état plus stable de l’enfant, les IDE dans les deux services citent

    une baisse d’anxiété progressive vis-à vis des soins à réaliser, en lien avec une affirmation

    parentale croissante :

    « C’est vrai qu’ils aiment (cet accompagnement) parce qu’ils sont acteurs complètement de tout ce

    qui se passent autour de leur enfant…dans l’attitude ils sont beaucoup moins stressés, beaucoup plus

    à l’aise, ils peuvent s’affirmer un peu plus et sont capables de nous dire oui, ou non, je pense que

    pour mon enfant, ça va trop vite… »50.

    L’IDE 4 confirme que les parents sont de manière générale « largement satisfaits » de

    l’accompagnement. Elle rajoute que la relation de confiance établie avec les soignants leur

    permet de se sentir «pas soulagés mais au moins rassurés quand ils rentrent chez eux le soir.

    Ils n’ont pas du mal au ventre de laisser leur enfant ».

    L’IDE 2 met en avant les moments d’entretien comme étant particulièrement aidants pour

    les parents :

    « …c’est vraiment un moment d’échange très très fort et le retour est positif dans le sens où ils

    trouvent souvent que ça leur permet de mieux appréhender leur bébé, je dirais premièrement à être

    les parents de leur enfant et d’assumer leur rôle parental auprès de lui ».

    Ce sont ces derniers propos qui corroborent de la façon la plus explicite mon hypothèse de

    recherche.

    50

    Propos recueillis auprès de l’IDE 5

  • 37

    V/: L’accompagnement NIDCAP et le vécu infirmier

    Au bout d’une série