Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

6
orange dreams 1 Le passé n’existe qu’en fonction des souvenirs que nous voulons bien gar- der. La période 1960-1973 est, pour la génération des baby-boomers, la nostalgie de leur jeunesse et, pour les générations suivantes, une source d’inspiration loin d’être épuisée.  Les matériaux nouveaux, et les plastiques en particulier, sont en rupture avec les matières nobles et les savoir-faire traditionnels. Leur valeur née des possibilités techniques nouvelles dénotent un style nouveau, radical, lisse et séduisant, accessible à tous par leur possibilité de multiplication.  L’exposition mêle objets fonctionnels et œuvres d’art qui, ensemble, composent la maison utopique tout en plastique. Orange dreams observe l’art de vivre d’une époque, son climat créatif et sa recherche de symbiose et de réaction, envers son contexte industriel. Jamais autant d’objets n’ont été rassemblés selon ce principe de sélection et d’installation.

description

A travers une série de tableaux-installations, Orange Dreams dévoile les aspects les plus ludiques et les plus originaux du design plastique. Basée sur l’incontournable collection du Plasticarium, l’exposition permet de (re)découvrir cette matière symbole des Golden Sixties et de la société de consommation. De l’objet du quotidien à l’œuvre d’art : la couleur orange épouse des formes à la créativité débridée dans une remarquable mise en scène conçue pour l’Atomium.

Transcript of Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

Page 1: Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

orange dreams 1

Le passé n’existe qu’en fonction des souvenirs que nous voulons bien gar-der. La période 1960-1973 est, pour la génération des baby-boomers, la nostalgie de leur jeunesse et, pour les générations suivantes, une source d’inspiration loin d’être épuisée. Les matériaux nouveaux, et les plastiques en particulier, sont en rupture avec les matières nobles et les savoir-faire traditionnels. Leur valeur née des possibilités techniques nouvelles dénotent un style nouveau, radical, lisse et séduisant, accessible à tous par leur possibilité de multiplication. L’exposition mêle objets fonctionnels et œuvres d’art qui, ensemble, composent la maison utopique tout en plastique. Orange dreams observe l’art de vivre d’une époque, son climat créatif et sa recherche de symbiose et de réaction, envers son contexte industriel. Jamais autant d’objets n’ont été rassemblés selon ce principe de sélection et d’installation.

Page 2: Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

orange dreams 2

living dream« C’est lisse, ça glisse, c’est beau »

T O p O r

La beauté originale des pièces témoigne de leur technologie et de la liberté créative des designers: les angles sont arrondis pour faciliter le moulage, les surfaces planes sont remplacées par des formes courbes plus rigides, les bords sont parfois épaissis de bourrelets pour augmenter la résistance. L’infinie possibilité des formes obtenues par le moulage du plastique convient pour tout ce que nous touchons, qu’il s’agisse d’objets fonctionnels ou non.

M O d u L a b L e / e M p i L a b L e

Le luxe devient l’espace libre dont chacun dispose. Tout coin perdu, chaufferie, buanderie,… se destine au rangement. La jeunesse veut de l’espace polyvalent et du minimalisme. Même les chaises passent au placard dès lors qu’elles sont empilables. Tout devient modulable : un design industrialisé permet la personnalisation de l’espace de vie à partir d’éléments standardisés. Leur combinaison, infi-nie, est désormais un signe de refuge pour l’individualisme. Le reste, hors normes, se situe à la frontière entre l’œuvre d’art et l’usuel : les peintres se croient urbanistes, les sculpteurs éditeurs de mobilier…

kitchen’s dreami n c a s s a b L e domaine de l’utile par excellence, la cuisine a radicalement changé d’aspect entre le début du siècle et les années 1950.  La disparition progressive du personnel de maison, le souci d’économie et de temps, les nouvelles normes d’hygiène, les exigences des ménagères, l’attrait d’ustensiles toujours plus pratiques et plus beaux ont rendu à la cuisine un rôle qu’elle avait perdu pendant longtemps : celui d’être le foyer de la maison, le cœur de la vie familiale. dans cette pièce désormais lumineuse et spacieuse, l’acier inoxydable et les plastiques complètent désormais un matériel électro-ménager devenu indispensable. après les tons pastels des années cinquante pour les services multicolore en mélamine et les containers Tupperware en polyéthylène, la vaisselle de Massimo Vignelli insiste sur l’économie de rangement. Les rouges, oranges et jaunes couvrent services, moulins à café de la cuisine aussi bien que sèche-cheveux de la salle de bain.

 

pop comme populaire 

aujourd’hui, on a oublié les grèves, les fermetures de charbonnages et les contestations étudiantes de 1968.  Le message qui perdure, c’est la libération de la femme et de toutes les minorités. ce bouillonnement culturel a permis l’éclosion de styles inédits. Le pop (populaire) avec son apologie ou sa critique de la société de consommation basée sur le culte de l’objet. Le op (optique) utilisant les gadgets des nouvelles technologies et le psychédélique issu de rêves décriés. a la manière d’un Warhol ou d’un Vasarely la pomme à glaçon se décline à l’infini.

Page 3: Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

orange dreams 3

Mass dreams ? Le moulage produit l’objet en masse et son bas prix rend celui-ci accessible aux couches populaires : living room, kitchen, sleeping room… aucun intérieur, aucun foyer n’échappe à l’intrusion du plastique et de sa nouvelle esthétique.

sleeping dream 

L’enfant qui s’endort sait que demain sera meilleur, que ses parents ont foi dans l’avenir et que l’optimisme répondra présent chaque matin. pour l’adolescent du babyboom, ceux qui avaient cinq ans de plus étaient des dieux et ces dieux s’appelaient beatles, dutronc, Kennedy, Vasarely, bernsteim, dylan ou Warhol. il suffisait de le vouloir et nous serions comme eux, créateur d’un monde nouveau, ne fut-ce que pour un quart d’heure. pas de jalousies: juste des envies, des rêves d’absolu et de lendemains qui chantent. La chambre, c’est la libération des corps d’une jeunesse sans tabou, bercée d’icones : Jane Fonda en sublimissime barbarella ou bb, pied nu sur la plage.

la chaise de Verner Panton,histoire d’une icône

Très tôt  le designer panton s’intéresse au principe d’un siège en porte-à-faux. son projet abouti en 1958, en collaboration avec la société danoise acrylic Teknik, à un premier prototype monobloc, prouesse réalisée grâce au matériau de synthèse . La société Vitra développe une version en polyes-ter renforcée de fibre de verre. Mais, le matériau se révèle trop cassant pour l’élasticité que requiert la chaise. c’est donc en baydur, une mousse de polyuréthane que la première version de la panton chair, est réalisée en 1967. produite en petite série par Vitra  et éditée par Herman Miller en 7 couleurs, Cantilever est la première chaise monobloc en matériau de synthèse obtenue par moulage en une seule opération. en 1970, Vitra change de matériaux en employant le Luran s, un thermo-plastique moulé par injection et coloré dans la masse, ce changement technique modifie le design du siège : les bords sont plus épais et l’assise est renforcée par des nervures. edité jusqu’en 1979 par Herman Miller Furniture company, cette version connaît un grand succès. de 1983 à 1999, Verner panton réédite la première version dans son matériau d’origine, le polyuréthane, et revient à un siège plus fin, sans renfort. La version actuelle éditée par Vitra est en polypropylène.

nomadic dream 

après la guerre, l’évolution des techniques de communication bouleverse l’environnement de façon radicale et suscite la création de nombreux objets originaux (téléphones, radios, télévisions, enre-gistreurs,…). deux écoles se partagent l’essentiel des productions: l’une rationaliste, incarnée par la firme braun, en allemagne ; l’autre plus ergonomique représentée par Olivetti et brionvega, en italie. a la fin des années 60, la région du nord de l’italie atteint un tel savoir-faire technologique que de nombreuses entreprises étrangères y sous-traitent la conception de leur design. Toutefois, le coût crois-sant de la main-d’œuvre européenne réduira progressivement ce marché et le déplacera vers l’asie.

Page 4: Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

orange dreams 4

ainsi, le développement spectaculaire de l’économie japonaise dans tous les secteurs de la techno-logie bouleversera le paysage de la consommation européenne avec des produits bon marché et essentiellement destinés à un jeune public. un style ludique, inspiré du pop art, naîtra sur les côtes asiatiques. La firme panasonic, producteur de télévision et de transistors-gadgets, l’incarnera de façon significative.

‘MOD’ dreamaV O i r L e L O O K

 « Puisque j’ai bien travaillé, laissez-moi m’amuser et profiter de ma jeunesse ! » pense le baby-boomer. Fini l’ennui des études, du poids familial, des intérieurs ternes : soyons ‘MOd’ c’est-à-dire modernes, appréciant les progrès technologiques, le chic coloré et pas cher. La haute couture passe au prêt-à-porter et permet à tout citoyen de s’habiller dans l’air du temps. sous l’impulsion de courrèges et sa ligne Cosmonaute, de cardin et de Mary Quant la mode se libère pour un usage plus pratique. Les icônes des médias, brigitte bardot, Jane Fonda, Twiggy, Françoise Hardy imposent l’image de la femme libérée et filiforme. Les consommatrices s’y identifient en portant robes de biba (Londres), des tissus de rodier en jersey synthétique (paris), des minijupes, des collant et des pantalons. c’est le début des modes ‘unisex’ où le jeans reste roi.

La bijouterie de fantaisie atteint des tailles extrêmes compensées par des formes simples, multicolores et lé-gères : boucles d’oreille en anneaux, montres Kelton aux couleurs amovibles, lunettes solaire grenouille…

office dreamTout est croissance, l’avenir est radieux et c’est le plein-emploi. Le pétrole est une source intarissable et le plastique, matériau magique, coule à flot pour meubler les nouveaux espaces de bureau. Le développement de l’électronique entraîne une miniaturisation poussée à laquelle participent les plastiques, matériaux qui s’adaptent à toutes les formes et fonctions grâce à leur bon pouvoir d’isolation électrique. ce qui est toujours d’actualité. Les machines grises et pesantes se transforment en objets plus fonctionnels et colorés.

Le plastique envahit le lieu de travail : même le sacro-saint bureau de direction, sorti d’un moule, s’affranchit radicalement du passé.

space music dream 

dès 1966, robert Moog met au point le clavier électronique qui fera la gloire de Walter carlos en 1968 pour « switched on back », et en 1972 pour « Orange mécanique » d’après beethoven.

début des années septante, Terry riley (album persian surgery dervishes - 1971-72) et pink Floyd (dark side of the moon - 1973) composent des thèmes électroniques mythiques évoquant la grandeur cosmique et l’apesanteur contemplative.

Page 5: Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

orange dreams 5

La musique planante explosera en allemagne sous le label Virgin avec edgar Froese (aqua - 1974), Klaus schulze (Timewind - 1975), Tangerine dream (rubycon - 1975, stratosfear - 1976, exist - 1981, White eagle - 1982) et peter baumann (romance - 1976) sans oublier les ouvres de jeunesse de Jean-Michel Jarre (Oxygène - 1976) qui travaillera avec brian eno (Music for airports - ambient 1 à 4 de 1978 à 1982). Le pied de l’homme sur la Lune le 21 juillet 1969 a ouvert une nouvelle dimension aux rêves d’une génération défiant le temps et la raison grâce aux substances de paradis artificiels.

entre art et design 

Orange dreams propose une installation unique, rêvée par les commissaires et l’atomium, qui dépasse ce dont le public peut se souvenir.  L’exposition, qui mélange œuvres d’art et objets usuels, illustre les rêves d›une classe moyenne, heureuse, ignorant le chômage, résolument positive, jusqu’au réveil du choc pétrolier de 1973 et à la prise de conscience écologique. cette époque de ‘rêves orangés’ ne doit pas être perçue comme un coucher de soleil, mais bien comme une somme d’expériences artistiques et sociétales exceptionnelles, denses et surtout animées d’un optimisme contagieux.

lorsqu’un plasticien rencontre les plastiques 

en 1987, c’est en ramassant une chaise de Joe colombo sur les poubelles que philippe decelle se dit que notre société à la mémoire courte et qu’elle brûle aujourd’hui ce qu’elle a adoré hier. Le plasticarium est né et s’implante à bruxelles. cette collection, sans cesse enrichie, est unique au monde : de l’objet usuel jusqu’à l’œuvre d’art, du populaire jusqu’au pop art, jamais autant de pièces n’ont été réuni dans un seul lieu. Le plasticarium, c’est une vision du style des années soixantes au carré. La collection a ainsi pérennisé les créations d›une période faste, nées d’un cocktail de libertés, de nouveaux idéaux, de technologie novatrice et surtout d’un design libéré de toutes traditions. aujourd’hui, plus qu’un musée, le plasticarium est une source d›inspiration et d’information destinée aux designers contemporains, curieux et inventifs, plus encore que nostalgiques.

Page 6: Atomium Expo Orange Dreams (folder FR)

orange dreams 6

C o m p o n i b i l i A n n A C A s t e l l i ( d At e )

L’architecte incite son époux, Giullo castelli, fondateur de Kartell, à engager sa firme dans la production d’objets ménagers en plastique moulé. différents containers composent, par simple emboîtement, de très pratiques meubles de rangement. décliné en d’innombrables teintes, Componibili permet de moduler l’espace de vie en complétant l’ensemble de base, en fonction des envies ou moyens de chacun.

G A r d e n e G G p e t e r G h y C z y ( d At e )

confortable avec ses galettes de mousse de polyuréthane recouvertes de tissu jersey (fibres de nylon), le Garden Egg est conçu pour l’extérieur. ce siège qui peut être refermé en cas de pluie, prend alors la forme très pure d’un œuf. il fait partie de ces icônes qui transcendent l’objet design en véritable œuvre d’art.

n e s s o G i A n C A r l o m At t i o l i ( 1 9 6 5 )

La lampe Nesso, illustre l’idée que le « beau est utile ». d’abord créée en résine armée de fibres de verre, la lampe est ensuite produite par injection. ce changement de plastique permet de passer d’un design élitiste à une production de masse. La Nesso présentée en 1972 au MoMa lors de l’expo-sition italy  : The new domestic landscape contribuera à la réputation internationale du design italien.

b o o m e r A n G m A u r i C e C A l k A ( d At e )

avec le Boomerang, le sculpteur français en quête d’une synthèse parfaite entre la forme et la fonction, ambitionne de révolutionner la tristesse du mobilier de bureau. La première édition par Leleu-deshays, fut limitée à 35 exemplaires. Georges pompidou , président de la république française (1969-1974) et promoteur de la création contemporaine fera installer un exemplaire blanc au palais de l’elysée.

VA l e n t i n e e t t o r e s o t t s A s s ( 1 9 6 9 )

en 1969, ettore sottsass (nommé dès 1958 et à 23 ans seu-lement, responsable du département design d’Olivetti) conçoit la machine à écrire Valentine. bien que la firme italienne créa en 1965 le tout premier ordinateur de bureau, il est amusant et paradoxal de souligner qu’avec la Valentine, le designer, devenu précurseur puis pape du postmodernisme, a relooké en container nomade et coloré une technologie bientôt démodée.

p r i s e é l e C t r i q u e p e t e r k l A s e n ( 1 9 7 1 )

avec cette prise électrique, Klasen, l’un des fondateurs de la nouvelle figuration, interroge de manière ironique les dangers de la modernité et des technologies nouvelles. cette pièce sculp-turale illustre la dualité heureuse de l’électricité et des plastiques

A C C u m u l At i o n d e G r At t o i r s A r m A n ( 1 9 7 0 )

Tenant du nouveau réalisme dont il est une figure majeure, arman propose ici une nouvelle perspective du réel. cette accumulation de grattoirs de tapissiers emprisonnés dans une résine orange magnifie l’objet usuel. cette création pop art, mélange d’optimisme et de sérieux, permet d’explorer les paradoxes de la société de consommation. ces grattoirs sont une illustration de la « poésie pure de la chimie industrielle » selon les mots du critique pierre restany.

r o b o t n o VA ( 1 9 7 0 )

Le fabricant belge Nova, firme spécialisée en production de fers à repasser et friteuses,dévelopa ce robrot mixer dans les années 70 Le robot-mixer, sorte de couteau suisse à moteur, voulait libérer la ménagère des différentes tâches culinaires. difficile à nettoyer, ce dinosaure termina sa vie au fond des armoires, remplacé par des machines moins polyvalentes mais plus légères.

C h A i s e pA n t o n

cette chaise qui marque une rupture radicale avec le passé est devenue l’icône d’une époque. Le designer bouscule les tradi-tions en remplaçant la forme traditionnelle de la chaise à 4 pieds et en oubliant la noblesse de la matière, la richesse formelle de la Cantilever palliant la pauvreté du matériau plastique.

r A d i o b r A C e l e t

La radio comme le mange-disque,devient portable dans une folie exubérante de créations musicales qui se suivent de saison en saison avec de nouvelles danses et de nouveaux looks. autour du poignet, cette radio gadget japonnaise à transistors au style ludique rappelle les excès des bijoux ‘MOd’. c’est l’ancêtre du balladeur.