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ATHLETISME RELAIS-VITESSE Cet article propose quelques exemples de séances de relais effectuées avec des élèves de collège. L'idée directrice est d'utiliser une démarche qui ne rejette pas les élèves les plus faibles dans le domaine de la course de vitesse tout en ne survalorisant pas les plus performants. La solution déjà expérimentée du mixage des équipes consistant à associer des coureurs lents et rapides ne présente que peu d'intérêt vis-à-vis de l'objectif essentiel de la course en relais qui est d'apprendre à adapter des vitesses dans un espace délimité. Actuellement, nous regroupons les élèves par équipes de quatre selon les performances les plus homogènes, l'originalité se situant dans l'évaluation où seul le gain de temps acquis par une transmission de qualité est noté. EVALUATION Composition des équipes Lors de la première séance, les élèves sont testés chronométriquement sur une distance de 50 ou 60 mètres (50 m pour les 6 e et 5 e , 60 m pour les 4 e et les 3 e ) (1). Une hiérarchie est ainsi établie. Les coureurs sont regroupés par quatre en suivant rigoureusement la chronolo- gie. Le meilleur temps réalisé sur la distance test est associé au second, troi- sième et quatrième temps de la hiérar- chie constituant ainsi la première équipe. Les quatre temps suivants for- ment la deuxième équipe, et ainsi de suite. Temps théorique Chaque équipe possède un « temps théorique de base » obtenu par l'addi- tion des quatre vitesses réalisées indivi- duellement par les équipiers sur la dis- tance du test. Par exemple pour un test sur 60 mètres : coureur 1 = 7"9 coureur 2 = 8" coureur 3 = 8" coureur 4 = 8"1 Total = 32" comme « temps théo- rique de base ». Evaluation finale Elle porte sur la mesure du gain de temps entre le « temps théorique de base » et la performance réalisée en relais. Si nous prenons notre exemple précé- dent, soit 32" de « temps théorique de base », cette équipe a réalisé 30"8 comme performance finale, soit un gain de 1"2 qui, rapporté à un barême (cf. tableau 1), donne la note de 14 pour chacun des quatre équipiers. Cette évaluation atteste essentiellement de la qualité des passages de témoin quelles que soient les performances phy- siques préalables des élèves. OBJECTIFS L'intention principale est d'appliquer une pédagogie différenciée sur les ba- ses : de la composition d'équipes très ho- mogènes ; de la prise en considération des capa- cités physiques de chacun ; d'une évaluation adaptée à chaque niveau d'équipe de relais. Cette approche valorise : — tous les élèves sans exception car l'unique but est d'améliorer le « temps théorique de base » de l'équipe ; les progrès réalisés dans le domaine précis des transmissions de témoin ; — le travail d'équipe car la notation leur apparaît juste et adaptée : chaque équipe ayant la possibilité d'obtenir une excellente note ; l'engagement effectif des élèves au moyen d'une attention soutenue néces- saire à la bonne exécution des passages. L'ensemble des exercices proposés peut être réalisé aussi bien sur une piste que sur un plateau de travail, à condition que celui-ci soit d'une grande surface. Dans toutes les séances, nous insistons sur l'observation du moment-clé du re- lais : la transmission du témoin d'un élève à un autre qui doit toujours se dérouler à la vitesse la plus élevée possi- ble. SEANCE 1 Prise de contact • Etablir un ordre de passage dans chaque équipe qui sera modifié au cours des séances afin que les coureurs occu- pent chaque poste. • Expliquer comment relayeurs et re- layés se placent l'un par rapport à l'autre pour faciliter la transmission du témoin : le partant se décale sur la gauche de son couloir ; le second se décale sur la droite ; le troisième se décale sur la gauche ; — le dernier se décale sur la droite. Tableau 1 : Barème de notation à partir de la diffé- rence entre le « temps théorique de base » et le temps réel lors d'un test en relais. La présence de temps positifs s'explique par le fait que le gain de temps n'est pas toujours favorable. Notamment dans les classes de 5 e et 6 f . même lorsque les coureurs réalisent des transmissions en mouvement, ils ne le font pas toujours à grande vitesse. 20 Revue EP.S n°208 Novembre-Décembre 1987 c. Editions EPS. Tous droits de reproduction réservé

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ATHLETISME

RELAIS-VITESSE Cet article propose quelques exemples de séances de relais effectuées avec des élèves de collège. L'idée directrice est d'utiliser une démarche qui ne rejette pas les élèves les plus faibles dans le domaine de la course de vitesse tout en ne survalorisant pas les plus performants. La solution déjà expérimentée du mixage des équipes consistant à associer des coureurs lents et rapides ne présente que peu d'intérêt vis-à-vis de l'objectif essentiel de la course en relais qui est d'apprendre à adapter des vitesses dans un espace délimité. Actuellement, nous regroupons les élèves par équipes de quatre selon les performances les plus homogènes, l'originalité se situant dans l'évaluation où seul le gain de temps acquis par une transmission de qualité est noté.

EVALUATION

Composition des équipes Lors de la première séance, les élèves sont testés chronométriquement sur une distance de 50 ou 60 mètres (50 m pour les 6e et 5e, 60 m pour les 4e et les 3e) (1). Une hiérarchie est ainsi établie. Les coureurs sont regroupés par quatre en suivant rigoureusement la chronolo­gie. Le meilleur temps réalisé sur la distance test est associé au second, troi­sième et quatrième temps de la hiérar­chie constituant ainsi la première équipe. Les quatre temps suivants for­ment la deuxième équipe, et ainsi de suite.

Temps théorique Chaque équipe possède un « temps théorique de base » obtenu par l'addi­tion des quatre vitesses réalisées indivi­duellement par les équipiers sur la dis­tance du test. Par exemple pour un test sur 60 mètres : — coureur 1 = 7"9 — coureur 2 = 8" — coureur 3 = 8" — coureur 4 = 8"1 Total = 32" comme « temps théo­rique de base ».

Evaluation finale Elle porte sur la mesure du gain de temps entre le « temps théorique de base » et la performance réalisée en relais. Si nous prenons notre exemple précé­dent, soit 32" de « temps théorique de base », cette équipe a réalisé 30"8 comme performance finale, soit un gain de 1"2 qui, rapporté à un barême (cf. tableau 1), donne la note de 14 pour chacun des quatre équipiers.

Cette évaluation atteste essentiellement de la qualité des passages de témoin quelles que soient les performances phy­siques préalables des élèves.

OBJECTIFS L'intention principale est d'appliquer une pédagogie différenciée sur les ba­ses : — de la composition d'équipes très ho­mogènes ; — de la prise en considération des capa­cités physiques de chacun ; — d'une évaluation adaptée à chaque niveau d'équipe de relais. Cette approche valorise : — tous les élèves sans exception car l'unique but est d'améliorer le « temps théorique de base » de l'équipe ; — les progrès réalisés dans le domaine précis des transmissions de témoin ; — le travail d'équipe car la notation leur apparaît juste et adaptée : chaque équipe ayant la possibilité d'obtenir une excellente note ; — l'engagement effectif des élèves au moyen d'une attention soutenue néces­saire à la bonne exécution des passages.

L'ensemble des exercices proposés peut être réalisé aussi bien sur une piste que sur un plateau de travail, à condition que celui-ci soit d'une grande surface. Dans toutes les séances, nous insistons sur l'observation du moment-clé du re­lais : la transmission du témoin d'un élève à un autre qui doit toujours se dérouler à la vitesse la plus élevée possi­ble.

SEANCE 1

Prise de contact • Etablir un ordre de passage dans chaque équipe qui sera modifié au cours des séances afin que les coureurs occu­pent chaque poste. • Expliquer comment relayeurs et re­layés se placent l'un par rapport à l'autre pour faciliter la transmission du témoin : — le partant se décale sur la gauche de son couloir ; — le second se décale sur la droite ; — le troisième se décale sur la gauche ; — le dernier se décale sur la droi te .

Tableau 1 : Barème de notation à partir de la diffé­rence entre le « temps théorique de base » et le temps réel lors d'un test en relais. La présence de temps positifs s'explique par le fait que le gain de temps n'est pas toujours favorable. Notamment dans les classes de 5 e et 6 f. même lorsque les coureurs réalisent des transmissions en mouvement, ils ne le font pas toujours à grande vitesse.

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AU COLLEGE PAR J.P. MAGGI

• Indiquer la prise de témoin : le par­tant tient le témoin dans la main droite, le second le prend dans la main gauche, le troisième dans la main droite et le qua­trième le reçoit dans sa main gauche. • Préciser la technique de transmission employée : soit du bas vers le haut, soit du haut vers le bas (cf. schéma 1).

Exercice 1

Transmettre le témoin, à l'arrêt, après un signal. Placer les élèves préalablement, par équipe, à distance de bras tendu et déca­lés comme précédemment décrit.

Consignes Le donneur doit attendre que le récep-tionneur ait tendu son bras avant de transmettre le témoin, afin d'éviter les chassés croisés des deux bras. Le réceptionneur essaie de ne pas bou­ger sa main une fois celle-ci placée.

Exercice 2

Transmettre le témoin en mouvement. A partir de la même disposition de départ que dans la situation précédente, exécu­ter les manipulations en marchant, en trottinant à bonne allure de course, à pleine vitesse.

a - Technique de passage de té- b - Technique de passage du té­moin du bas vers le haut moin du haut vers le bas Schémas extraits de la «Revue EPS» n° 205, Relais 4x100 m, la technique de transmission, p. 32-36, par C. Réga.

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Consignes . Les réceptionneurs ne doivent pas anticiper la transmission en tendant prématurément le bras vers l'arrière. . Attendre un signal venant du profes­seur ou du transmetteur. . Eviter de ralentir pendant la transmis­sion. . Changer l'ordre de passage des équi­piers, chacun devant s'essayer aux qua­tre postes. . Dédoubler les équipes pour effectuer le travail à vive allure ; ceci donne une réalisation par groupe de deux.

Exercice 3

Transmettre le témoin dans une zone de passage balisée (cf. schéma 2). Ce travail est, après l'apprentissage ru-dimentaire de la technique, un affine-ment de la perception de l'espace et du temps.

Consigne Exécuter la transmission à deux, trois et quatre équipiers. A grande vitesse, les combinaisons à deux sont les plus faci­les, il est donc possible de faire des concours chronométrés, à l'intérieur de chaque équipe, en variant les paires.

Exercice 4

Mettre en place un contrôle par équipe où chacune sera observée suivant les critères ci-dessous : — transmettre le témoin à pleine vitesse sans ralentissement ; — échanger le témoin sans que le re­layeur anticipe en tendant prématuré­ment le bras vers l'arrière ; — échanger le témoin sans que le re­layeur ne s'informe du regard vers l'ar­rière.

SEANCE 2

S'échauffer en reprenant les exercices de la séance précédente.

Exercice 1

Ajuster le réflexe de départ en fonction de la vitesse du partenaire et de son passage sur un repère établi auparavant (cf. schéma 3). (L'utilisation de plots de couleur vive est souhaitable.)

Consignes . Partir lorsque le donneur passe dans la zone, celui-ci ne cherchant pas à rattra­per son partenaire. . Enchaîner avec les deuxième et troi­sième relayeurs.

. Varier les rôles dans l'équipe.

. Varier les positions de départ du re­layeur : debout ou accroupi avec un bras au sol.

Exercice 2

Obtenir, très rapidement, une grande vitesse au moyen de courses poursuites sans témoin. Le premier équipier s'élance sur 20 mè­tres. Sur ce parcours la zone de signal de départ est placée pour le second équipier (cf. schéma 4). Lorsque le premier coureur passe sur cette zone, le second part et ne doit pas se faire rattraper et ainsi de suite pour les quatre élèves.

Consigne Varier les positions des coureurs au sein de l'équipe.

Exercice 3

Appliquer le principe de l'exercice pré­cédent avec le témoin. Etablir l'ordre définitif des coureurs dans l'équipe. Deux relayeurs travaillent pendant que les deux autres partenaires observent.

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Consignes . Courir à vitesse maximale comme dans l'exercice précédent. . Transformer la zone en marque très visible (plot, médecine-bail, chaussure, vêtement...). • Modifier cette marque de manière à ce que le relayé puisse rattraper difficile­ment le relayeur (environ 20 pieds). . Matérialiser une zone de 20 mètres (très suffisante) dans laquelle élan et transmission doivent être réalisés. . Les observateurs rapprochent ou éloi­gnent la marque de base (20 pieds) afin d'obtenir des relayeurs une transmission à pleine vitesse.

I Exercice 4 |

Organiser une compétition sur piste avec des relais complets.

Consignes . Revoir les positions dans les couloirs et les prises de témoin en préalable de l'épreuve. . Retirer 50 cm à chaque distance où figure la marque de signal de départ lorsque le relayé la franchit. En effet, après 60 m de course, les élèves décé- . lèrent légèrement alors que les pri-ses de marques ont été relevées sur des distances d'une vingtaine de mètres.

SEANCE 3

S'échauffer groupés par deux ou quatre en se transmettant le témoin.

Exercice

Affiner les passages et régler les princi­paux problèmes par équipe.

Consigne Observer et corriger à partir des critères proposés dans le tableau 2.

Contrôle Donner trois ou quatre essais en compé­tition pour chaque équipe. Les courses se jouent entre deux équipes afin de faciliter le contrôle des transmissions du témoin par rapport aux zones de passage et, également, pour permettre aux équi­pes de récupérer entre les différentes courses.

CONCLUSION Il est rare que les élèves ne s'investissent pas totalement dans ce travail d'équipe où chaque coureur possède un rôle es­sentiel et déterminant pour le résultat final. Il est tout de même à noter que les élèves les plus rapides n'obtiennent pas les meilleurs résultats. En 4 e et 3 e , trois séances suffisent pour obtenir une mise en place de haute qualité, ce qui est moins évident en 6 e et 5e. Le bilan apparaît d'autant plus positif que les élèves sont très motivés, très concentrés sur les problèmes posés par les relais et deviennent rapidement aptes à se corriger, s'auto-évaluer et à prendre des initiatives. Nous sommes donc face à une activité extrêmement éducative car totalement adaptée au niveau hétérogène d'une classe, chaque élève trouvant une place indispensable dans l'équipe, sans aucun risque de rejet ou de marginalisation.

Jean-Paul Maggi Professeur d'EPS,

Collège Les Vallées, La Garenne Colombes

(1) - Afin que les passages de témoin puissent s'effectuer à une vitesse maximale, il n'est pas souhaitable de dépasser la distance de 60 m. Celle-ci permet au coureur de maintenir sa vitesse maximale qui, au-delà de cette distance, déclinera.

Tableau 2 : Critères d'observation pour le relayé et le relayeur

DESSINS : ERIC RETOUT

EPS № 208 - NOVEMBRE-DÉCEMBRE 1987 23

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