Associations céréales/ protéagineux

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Dossier - Associations Les associations céréales / protéagineux sont très utilisées en agriculture biologique (15% de l’assolement national en céréales et oléo-protéagineux en 2012, d’après Agence Bio 2013) pour leurs intérêts agronomiques et leur potentiel de valorisation. La céréale et la légumineuse, récoltées en grains peuvent être vendues à des organismes collecteurs, à des éleveurs ou autoconsommées à la ferme… Or, la filière est rarement bien organisée pour répondre à cette pratique encore innovante des associations de cultures. Elle doit donc s’y adapter, comme le décrit le premier article issu des résultats du projet Perfcom. Faciles à produire et économiques, les associations céréales / protéagineux sont une ressource alimentaire privilégiée pour l’éleveur biologique (la majorité de l’assolement se situe dans les bassins de production des filières animales). Elles possèdent un bon potentiel nutritif pour les animaux comme le montrent les essais réalisés à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou, où les valeurs nutritives de diverses associations ont été évaluées (article 2). Différentes combinaisons d’espèces peuvent être semées suivant les objectifs attendus de l’association et le contexte pédoclimatique local. En Normandie, les Chambres d’Agriculture étudient des alternatives au pois dans les mélanges récoltés en grain pour gagner en protéines : la féverole et la vesce (article 3). Enfin, les associations peuvent être récoltées immatures pour servir de fourrage (ensilage, enrubannage). L’ADaBio et l’Ardab étudient l’intérêt du maya, association composée de maïs et de soja pour ensilage. | dossier coordonné par Aude Coulombel et Antoine Roinsard (Itab) Associations céréales/ protéagineux Valorisation en alimentation animale Dossier - Associations A. COULOMBEL

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Dossier - Associations

Les associations céréales / protéagineux sont très utilisées en agriculture biologique (15% de l’assolement national en céréales et oléo-protéagineux en 2012, d’après Agence Bio 2013) pour leurs intérêts agronomiques et leur potentiel de valorisation. La céréale et la légumineuse, récoltées en grains peuvent être vendues à des organismes collecteurs, à des éleveurs ou autoconsommées à la ferme… Or, la filière est rarement bien organisée pour répondre à cette pratique encore innovante des associations de cultures. Elle doit donc s’y adapter, comme le décrit le premier article issu des résultats du projet Perfcom.Faciles à produire et économiques, les associations céréales / protéagineux sont une ressource alimentaire privilégiée pour l’éleveur biologique (la majorité de l’assolement se situe dans les bassins de production des filières animales). Elles possèdent un bon potentiel nutritif pour les animaux comme le montrent les essais réalisés à la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou, où les valeurs nutritives de diverses associations ont été évaluées (article 2). Différentes combinaisons d’espèces peuvent être semées suivant les objectifs attendus de l’association et le contexte pédoclimatique local. En Normandie, les Chambres d’Agriculture étudient des alternatives au pois dans les mélanges récoltés en grain pour gagner en protéines : la féverole et la vesce (article 3). Enfin, les associations peuvent être récoltées immatures pour servir de fourrage (ensilage, enrubannage). L’ADaBio et l’Ardab étudient l’intérêt du maya, association composée de maïs et de soja pour ensilage. | dossier coordonné par Aude Coulombel et Antoine Roinsard (Itab)

Associations céréales/protéagineux Valorisation en alimentation animale

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Soufflerie (impuretés légères)

Grille 1

Réservoir secondaire(petites impuretés) Réservoir principal

(blé)

Réservoir secondaire(pois / féverole)

Arrivée du mélange

Grille 2 Grille 3

Une fois récoltés, la céréale et le protéagi-

neux peuvent avoir différentes finalités :

vente à des organismes collecteurs, vente

directe à des éleveurs, autoconsommation…

Après tri, le blé présente généralement un taux

d’impuretés encore trop élevé (15%) pour une

valorisation en alimentation humaine (ex brisure

de pois). Cependant, il est envisageable d’obtenir

une qualité suffisante en réduisant la casse des

grains à la récolte, en choisissant des variétés

ayant des graines de tailles et formes contrastées

ou en utilisant d’autres systèmes de tri.

Les cultures associées peuvent augmenter les

besoins de conseil et de pilotage des cultures,

et nécessiter chez les organismes coopératifs

une réorientation vers une activité de conseil

plus spécialisé. Enfin, l’adoption des cultures

associées peut aussi être l’occasion pour les

transformateurs de développer des produits à

Une adaptation nécessaire des filièresL’utilisation des cultures associées au niveau des exploitations agricoles peut entraîner des changements importants aux différents maillons de la filière de production, qui nécessiteront des adaptations génératrices à la fois de coûts et de bénéfices. L’organisation logistique des organismes stockeurs peut être remise en question et nécessiter de nouveaux moyens techniques et organisationnels, tout particulièrement pour le tri. | adaptation d’un extrait rédigé par Laurent Bedoussac, Pierre Triboulet et Marie Benoit Magriniet (Inra UMR Agir), issu de la plaquette réalisée dans le cadre du projet Perfcom1, coordonné par Philippe Hinsinger (Inra UMR Eco&Sols)

Source : Coline Josse (stagiaire Inra de l’Ensat)

PLUS DE PROTÉINES DANS LE BLÉ

Les associations céréales /légumineuses améliorent le taux protéique de la céréale dans des conditions d’espèces et d’équilibres adaptés aux potentialités locales (sol et climat). S’il s’agit de blé, sa valorisation en filière blé panifiable en sera facilitée mais seulement si le taux d’impuretés, supérieur à un blé pur, est maîtrisé.

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plus forte valeur environnementale, de commu-

niquer auprès du consommateur sur ces éco-

démarches, et de se différencier de la concur-

rence pour consolider ou gagner de nouvelles

parts de marché. Par conséquent, le point cru-

cial est qu’une coordination efficace s’établisse

le long des filières pour faciliter les processus

d’apprentissage liés à ces nouvelles façons de

produire, de collecter, de trier. Pour inciter les

acteurs à investir dans ces nouvelles pratiques

de production, il est nécessaire que le surplus de

valeur ajoutée associée à cette éco-démarche

soit partagé aux différents maillons de la filière.

Cette coordination aux différents maillons des

filières est fondamentale dans une perspective

de déverrouillage du système pour favoriser une

transition vers une agriculture plus durable.

EXPÉRIENCES EN HAUTE-NORMANDIEPropos recueillis par le GRAB HN

Claude Vassard, agriculteur dans l’Orne

« J’ai commencé mes premières associations il y a quinze ans. Cultiver des protéagineux en pur était toujours risqué à cause des maladies et du salissement des cultures. Les associations céréales / protéagineux m’ont permis de bien réussir mes légumineuses et en même temps d’améliorer la nutrition azotée de la céréale. Aujourd’hui j’ai des associations qui marchent très bien comme le pois protéagineux / orge d’hiver et le pois fourrager avec blé ou avec avoine, mais j’expérimente toujours. Le point délicat de cette pratique reste le réglage de la moissonneuse- batteuse à la récolte et le triage, mais avec l’expérience et un trieur rotatif équipés de grilles bien adaptées on peut avoir des excellents résultats ».

Pierre Decontes, agriculteur et directeur de la coopérative

céréalière Biocer

« J’associais du pois fourrager et du triticale il y a 35 ans. A cette époque le produit était invendable puisque les fabricants ne l’acceptaient pas. A Biocer, maintenant, on accepte les mélanges, mais il faut toujours que le coût du triage ne soit pas supérieur à l’intérêt de l’association. Les mélanges qui semblent le plus intéressant pour la récolte en grain sont triticale / pois fourrager et orge / pois protéagineux »

Jacques Follet, polyculteur éleveur en Seine-Maritime

« Il y a trois ans, j’ai introduit des associations dans mon assolement. J’ai suivi le conseil de collègues qui avaient expérimenté cette pratique avec succès et celui du conseiller technique du GRAB HN. J’ai essayé les mélanges blé / triticale / avoine / pois. Un grand avantage de cette pratique consiste à être très souple. Selon les conditions climatiques de l’année, je peux choisir de récolter en grain ou en ensilage. Le mélange en grain me donne un concentré de production tout prêt, à condition d’avoir un broyeur si la taille des différentes espèces ne permet pas d’utiliser un aplatisseur. Le produit que j’obtiens suite à l’ensilage est appétant et fibreux avec une valeur alimentaire équilibrée ».

FILIÈRE BLÉ DUR BIO : INCONVÉNIENTS DES ASSOCIATIONS POUR LES COLLECTEURS / PRESCRIPTEURS

Extrait rédigé par

Max Haefliger (Biocivam

de l’Aude), issu de la

plaquette Perfcom p. 24

Nécessité de posséder des trieurs performants, voire densimétriques.

Difficultés pour les techniciens à donner des conseils aux agriculteurs car ils manquent de connaissances sur les associations de cultures notamment dans le choix

des variétés, la date de semis, le désherbage mécanique et la récolte où le taux d’humidité des deux espèces doit être le même pour la conservation des grains.

Besoin de sécuriser la conservation des grains biologiques à la coop.

Difficultés d’acceptabilité du produit par les clients.

Importance de la qualité pour la filière pastière : pas d’impuretés, taux de protéines à peu près égal à 12%.

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Epeautre : ALKORTriticales productifs : APRIM, BIENVENU, CONSTANT

Nous vous proposons une gamme de variétés adaptées à l’agriculture biologique

et produites en France par un réseau d’agriculteurs multiplicateurs biologiques.

Orges d’hiver : BASTILLE, SEDUCTION Orges de printemps : EXTASE, CALCULE

Avoines de printemps : DUFFY, TATRAN (nue)

Pois de printemps : NITOUCHE, VERTIGE

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L es associations céréales / protéagineux

sont pertinentes en élevages de rumi-

nants bio. Alors que leur culture est simple

et peu coûteuse, récoltées en grains, elles offrent

un concentré plus riche en matières azotées que

les céréales pures. Elles sont également récol-

tables en ensilage immature, avant la sécheresse

estivale : un fourrage dont la valorisation zoo-

technique par des vaches allaitantes est apparue

très satisfaisante.

L’éleveur qui pratique ces associations cherche

à récolter un mélange productif, riche en légu-

mineuses, en évitant la verse, et avec une bonne

maîtrise des adventices.

Les principales associations étudiées ici sont tri-

ticale / pois fourrager (TPf), triticale / avoine / pois

fourrager (TaPf), et blé / pois protéagineux (BPp).

Nous avons également testé les associations

triticale précoce / pois protéagineux (TPp) et

orge / pois protéagineux (OPp), ainsi que l’intro-

duction de vesce commune dans le mélange triti-

cale / pois fourrager (TPfV). Ces essais permettent

de comparer les valeurs nutritives toutes choses

égales par ailleurs.

Valeur nutritive des associations céréales/protéagineux en ABDans les élevages de ruminants conduits en agriculture biologique, les associations céréales / protéagineux récoltées en grain constituent la principale source de complémentation énergétique des rations. Dans six essais en petites parcelles, la valeur nutritive des associations a été comparée à celle des céréales cultivées pures, avec analyse de chaque constituant des associations. Dans les pays de la Loire, c’est l’association triticale / pois fourrager qui apparaît la plus avantageuse pour une récolte en grains. | par J.-P. Coutard (Chambre d’Agriculture de Maine et Loire – Ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou) et Aude Coulombel (Itab)

Des essais en petites parcelles pendant 6 ans

De 2002 à 2008Sur la ferme expérimentale

de Thorigné d’Anjou (49), conduite en AB depuis 1998

Dispositif bloc à 4 répétitions avec des parcelles élémentaires de 3 m sur 10

Fertilisation azotée de la ferme :

fixation symbiotique par les légumineuses, apports de fumier et de compost, restitutions au pâturage par le troupeau allaitant, et rotations de longue durée (5 à 9 ans).

13 modalités comparées (tableau 1)

Analyse de 117 échantillons

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RENDEMENT base 100 triticale

PROTÉAGINEUX % dans la récolte

PDIN / kg MS

CULTURE Nb (a) moy. mini maxi moy. mini maxi moy. mini maxi

triticale culture pure 6 100 0 72 59 90

blé culture pure 5 93 81 104 0 70 60 91

orge culture pure 2 59 55 62 0 64 64 64

triticale - pois fourrager (15 g / m²) 3 85 71 95 14 12 19 98 92 104

triticale - avoine (60 g / m²) - pois fourrager (15g / m²) 3 90 82 99 10 8 13 88 75 102

triticale - pois fourrager (20 g / m²) 3 100 92 110 35 22 55 106 97 121

triticale - avoine (30 g / m²) - pois fourrager (20 g / m²) 3 100 90 111 32 23 48 103 95 115

triticale - pois fourrager (30 g / m²) 3 94 85 102 45 31 66 118 104 140

triticale - pois fourrager (20 g / m²) - vesce (20 g / m²) 3 86 76 95 46 29 78 133 110 173

blé 30 - pois protéagineux 70 (65 g / m²) 5 84 65 98 34 11 45 108 92 134

blé 50 - pois protéagineux 50 (45 g / m²) 3 92 86 105 17 4 25 95 81 118

triticale précoce 30 - pois protéagineux 70 (65 g / m²) 3 77 66 98 36 26 42 112 98 133

orge 30 - pois protéagineux 70 (65 g / m²) 2 55 52 59 34 26 42 101 98 104

Pallier la teneur faible des céréales pures en matières azotées

La teneur en matières azotées des céréales

cultivées pures en AB varie beaucoup (de 90 à

140 g / kg MS). En absence de fertilisation miné-

rale, la nutrition azotée de la céréale est sou-

vent limitante (environ 6 fois sur 10 sur la ferme

expérimentale). Dans ces conditions, la teneur

en MAT1 et la valeur PDIN2 sont très faibles (en

moyenne environ 65 PDIN / kg MS), la digesti-

bilité et la valeur énergétique de la céréale sont

légèrement plus faibles (-0,02 à –0,03 UFL / kg

MS). Cela justifie l’utilisation privilégiée des

cultures associées.

Viser 35% de pois dans la récolte

Le choix du protéagineux associé est lié à la

compatibilité des stades de récolte, et à la hau-

teur de végétation. Le pois fourrager nécessite

un tuteur ; il est adapté à des mélanges à base

de triticale, ou de triticale + avoine. Le pois pro-

téagineux est inadapté aux mélanges à base de

triticale (sauf avec des variétés de triticale très

précoces) ; son utilisation est à réserver à des

mélanges à base de blé et d’orge. Les associa-

tions comportant des pois protéagineux sont

composées en pourcentage des densités utili-

sées en culture pure ; sur blé nous avons étudié

les associations blé 30 – pois 70 (B30Pp70) et

blé 50 – pois 50 (B50Pp50). Comparativement

à un blé pur semé à 330 g / m² et un pois semé

à 90 g / m², une association blé 30 – pois 70 est

semée avec 110 g / m² de blé et 65 g / m² de pois.

La proportion de protéagineux récoltés varie

beaucoup (tableau 1) ; elle augmente avec la

densité semée mais avec une variabilité très

importante. Les proportions les plus faibles ont

été constatées en 2003 à la suite d’un gel par-

tiel des protéagineux. “ Avec les associations on

sait ce que l’on sème, et on constate ce que l’on

récolte ”. Les associations TPf et TaPf, avec le pois

fourrager semé à 20 g / m², et les associations

céréale 30 – pois protéagineux 70 produisent

en moyenne un concentré comportant environ

35% de pois.

La teneur en MAT de la céréale associée augmente avec la proportion de protéagineux récoltés

L’augmentation de la valeur azotée des associa-

tions est liée au cumul de deux facteurs : 1/ la

valeur azotée plus élevée des protéagineux,

2/ l’incidence de la présence de protéagineux sur

la valeur azotée de la céréale associée. L’aug-

mentation est constatée sur triticale, blé et orge.

Le rythme moyen d’augmentation est d’environ

6 g de MAT / kg de MS par tranche de 10% de

protéagineux. Pour l’association triticale / pois,

l’augmentation de la teneur en MAT de la cé-

réale (D MAT) en fonction du pourcentage de

protéagineux (%P) est de : D MAT = 0,59 x %P

(R² = 0,75). Lorsque la proportion de protéagi-

Tableau 1 Rendements, pourcentages de protéagineux, et valeurs PDIN des différentes modalités comparées

La productivité par ha des cultures associées est fréquemment inférieure à celle du triticale (exprimée en base 100 du triticale cultivé pur). La variabilité selon les années est importante. Deux associations testées trois ans ont en moyenne une production comparable à la culture pure : TPf et TaPf avec le pois fourrager semé à la densité de 20 g / m². L’augmentation de la densité de protéagineux semés se traduit en moyenne par une baisse des rendements.

(a) Nombre d’années d’essais.

Les données entre parenthèses

correspondent aux densités de

semis en grain au m2

1 Matières azotées totales

2 Protéines Digestibles dans l’Intestin permises par l’azote

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neux est élevée, la teneur en MAT de la céréale

peut parfois atteindre 150 g / kg MS. La céréale

est plus compétitive pour l’azote minéral du sol

que le protéagineux en raison d’une croissance

racinaire plus rapide et de besoins supérieurs en

début de cycle. Cette forte compétitivité de la

céréale stimule la fixation symbiotique par le

protéagineux associé.

La vesce judicieuse pour une récolte en fourrage

Dans les essais réalisés, le pois fourrager a une

digestibilité de trois points inférieure à celle du

pois protéagineux et une valeur énergétique infé-

rieure de 0,05 UFL / kg MS (tableau 2). Les teneurs

en MAT et les valeurs PDI sont comparables.

Dans les trois essais comportant de la vesce com-

mune, la teneur en MAT de la vesce commune est

beaucoup plus élevée que celle du pois fourrager

(+ 98 g / kg MS) et la valeur PDIN est plus éle-

vée de 53 g / kg MS. La valeur énergétique des

deux protéagineux est comparable. La teneur en

phosphore de la vesce est nettement plus élevée.

Malgré l’intérêt zootechnique de la vesce, son

utilisation en récolte en grain est limitée par les

risques de verse et d’égrenage en fin de cycle. Elle

sera plutôt réservée à une récolte en fourrage.

La teneur en MAT des pois varie également

beaucoup selon les conditions climatiques des

essais (230 à 300 g MAT / kg MS). Elle varie dans

le même sens que la MAT de la céréale cultivée

pure. Lorsque les disponibilités en azote minéral

du sol sont plus importantes la teneur en MAT

des pois est élevée.

L’intégration d’avoine ne présente pas d’avantage pour la récolte en grains

Six essais ont permis de comparer les associa-

tions triticale / pois fourrager (TPf) et les asso-

ciations triticale / avoine / pois fourrager (TAPf).

Dans les trois premiers, le pois était semé à la

densité de 15 g / m² et l’avoine à la densité de 60

g / m² ; dans les trois suivants le pois fourrager

était semé à la densité de 20 g / m² et l’avoine

à la densité de 30 g / m². Dans les trois premiers

essais, la proportion de protéagineux récoltée est

faible. Cela s’explique pour partie par le gel par-

tiel de 2003 et par la densité de semis modeste

du pois fourrager. Dans l’association TAPf la forte

présence d’avoine s’est traduite par une baisse

sensible de la valeur énergétique du mélange

récolté (-0.07 UFL / kg MS) expliquée par une

valeur énergétique de l’avoine inférieure de 0,26

UFL / kg MS à celle du triticale.

Cela nous a conduit pour les 3 essais suivants à

baisser la densité d’avoine semée (30 g / m² au

lieu de 60) et à augmenter la densité de pro-

téagineux (20 g par m² au lieu de 15) ; dans ces

essais, la proportion de pois récoltée est plus

importante et le concentré produit équilibré

(en moyenne 93 g PDIN / UFL avec 35% de pois).

Globalement, la présence d’avoine ne présente

pas d’intérêt car :

1/ elle ne permet pas d’amélioration signifi-

cative du rendement,

2/ elle risque de faire chuter la valeur éner-

gétique du concentré récolté,

3/ elle tend à faire légèrement baisser la pro-

portion de protéagineux récoltés dans 5 essais

sur 6 (en moyenne de 4%).

Dans les associations à base de triticale, l’aug-

mentation de la densité de protéagineux semés,

au delà de 20 grains par m², s’accompagne en

moyenne :

ASSOCIATIONS CONSEILLÉES

Dans l’état actuel des connaissances, et pour le contexte Pays de la Loire, pour récolte en grains, c’est le mélange triticale / pois fourrager (à 20 grains / m2) qui est conseillé et triticale /pois fourrager / vesce pour l’ensilage. Attention à la verse sur pois et vesce : respecter les proportion !

B 30- Pp 70T PfT A PfT 30 Pp 70O 30 Pp 70T Pf V

Fig 1 Augmentation de la teneur en MAT de la céréale (g / kg MS)

60

50

40

30

20

10

0

0 10 20 30 40 50 60 70 80

Pourcentage de protéagineux

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Dossier - Associations

1/ d’une augmentation de la densité de protéa-

gineux récoltés et de la valeur azotée du mélange,

2/ d’une baisse des rendements,

3/ et d’un fort risque de verse, particulière-

ment avec l’utilisation de vesce.

Pour éviter la verse, la densité de pois fourrager

semés doit donc, dans les conditions de Thorigné

d’Anjou, être limitée à 20 grains par m².

Le triticale est la céréale la plus adaptée

Le triticale est la céréale par excellence de l’éle-

veur biologique. Elle est productive en grain et

en paille ; elle supporte des conditions de milieu

difficiles et est peu sensible aux maladies ; elle

constitue un bon tuteur pour les protéagineux,

et offre une couverture du sol favorable à la maî-

trise des adventices. Sur l’ensemble des essais va-

riétés réalisés sur la ferme expérimentale, l’écart

moyen de productivité en faveur du triticale par

rapport au blé est de 6 q / ha (+13%).

Le blé est plus exigeant que le triticale, plus sen-

sible, moins productif en conditions difficiles et

moins bon tuteur. L’orge, quant à elle, est sen-

sible aux maladies et à la verse. Son potentiel

de production est nettement inférieur à celui

du triticale.

Dans les 5 essais comparatifs blé vs triticale,

avec des variétés productives, la digestibilité et

la valeur énergétique du triticale sont inférieures

respectivement de 1 point de digestibilité et de

0,02 UFL / kg de MS ; mais ces écarts bien que

significatifs sont faibles. La teneur en MAT et les

valeurs PDI sont comparables. La teneur en P du

triticale est plus élevée de 0,5 g / kg MS.

D’après les résultats sur blé / pois protéagineux,

l’association B30Pp70 est moins productive que

le triticale (en moyenne de 16%) ; elle permet

en moyenne de produire un concentré équilibré

(92 g PDIN / UFL), avec une bonne valeur éner-

gétique (1,18 UFL / kg MS). Le blé associé obtient,

comparativement au blé pur, une teneur en MAT

et une valeur PDIN plus élevée (respectivement

+ 22 g de MAT et + 15 g de PDIN / kg de MS).

L’association B50Pp50 obtient logiquement une

plus faible proportion moyenne de protéagineux

(17 vs 34%) ; sa productivité et sa valeur nutri-

tive sont intermédiaires entre la culture pure et

l’association B30Pp70.

Les autres associations céréale 30 – pois pro-

téagineux (T30Pp70, O30Pp70) se sont avérées

décevantes au niveau de leur productivité par

hectare. La baisse de rendement consécutive à

la culture associée est beaucoup plus importante

avec le triticale précoce qu’avec le blé.

% POIS FOURRAGER % 0 10 20 30 40 50 60

MAT g / kg 86 103 120 135 149 163 175

ÉnergieUFL / kg 0,96 0,97 0,98 0,98 0,98 0,98 0,99

UFV / kg 0,96 0,96 0,97 0,97 0,98 0,98 0,98

Azote

PDIN g / kg 56 67 77 87 95 103 111

PDIE g / kg 80 81 82 82 83 83 83

PDIE c. g / kg 84 88 92 96 100 103

Équilibre PDIN / UFL 58 69 79 89 97 105 112

Minéraux absorbables

P abs g / kg 2,5 2,5 2,5 2,6 2,6 2,6 2,6

Ca abs g / kg 0,2 0,2 0,2 0,3 0,3 0,3 0,4

% POIS PROTÉAGINEUX % 0 10 20 30 40 50

MAT g / kg 83 101 118 133 148 161

ÉnergieUFL / kg 0,98 0,99 1,00 1,01 1,01 1,02

UFV / kg 0,98 0,99 1,00 1,01 1,02 1,02

Azote

PDIN g / kg 56 67 77 87 95 104

PDIE g / kg 83 84 84 85 85 86

PDIE c. g / kg 87 91 96 99 103

Équilibre PDIN / UFL 57 67 77 86 94 102

Minéraux absorbables

P abs g / kg 2,2 2,2 2,3 2,4 2,4 2,5

Ca abs g / kg 0,1 0,2 0,2 0,2 0,3 0,3

Tableau 2 Valeur nutritive de l’association triticale – pois fourrager (par kg brut à 86% MS)

Tableau 3 Valeur nutritive de l’association blé – pois protéagineux (par kg brut à 86% MS)

La valeur PDIE des pois, qui semblait sous-estimée,a été corrigée sur la base d’essais zootechniques sur jeunes bovins (publication 3R, voir Pour

en savoir plus)

LA PROPORTION

DE PROTÉAGINEUX

RÉCOLTÉS EST

TRÈS VARIABLE. ELLE

DOIT ÊTRE ÉVALUÉE

À LA RÉCOLTE POUR

PRÉDIRE LA VALEUR

NUTRITIVE (VOIR

LES DEUX ABAQUES

CI-CONTRE). AVEC

35% DE POIS RÉCOLTÉS

LE CONCENTRÉ EST

ÉQUILIBRÉ (90 - 95 G

DE PDIN / UFL).

Page 8: Associations céréales/ protéagineux

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Estimer la valeur nutritive de ses associations

Prélever des échantillons dans chaque remorque

et constituer après brassage un échantillon

moyen par parcelle et le trier pour déterminer

la proportion de protéagineux (les associations

binaires se trient facilement avec un tamis). Les

analyses de laboratoire posent en effet deux pro-

blèmes : 1/ la représentativité des échantillons,

2/ le choix des hypothèses pour le calcul des

valeurs UF et PDI par le laboratoire, lorsque la

proportion des composantes n’est pas connue.

Une valeur nutritive indicative est proposée dans

les abaques des tableaux 2 et 3 ; ces abaques sont

valables dans les conditions de nutrition azotée

limitante de la céréale cultivée pure. Les résultats

sont exprimés par kg brut standardisé à 86% de

matière sèche ; entre un triticale et une associa-

tion avec 60% de pois fourrager l’écart de valeur

PDIN est de 55 g par kg brut. L’écart maximum

entre la prévision et les résultats observés est de

0,02 UFL et de 5 g de PDIN par kg brut.

POUR EN SAVOIR PLUSFiche technique : Valeur nutritive des matières premières cultivées en AB et utilisées par les ruminants, J.P. Coutard, sur www.itab.asso.fr Publication 3R « Valeur nutritive des associations céréales – protéagineux cultivées en agriculture biologique et utilisées pour la complémentation des ruminants » sur www.journees3r.fr/spip.php?article3015

Le partenaire français de la coopérative agricole allemande

UNE RESSOURCE IMPORTANTE EN ÉLEVAGES MONOGASTRIQUES

Les mélanges céréales / protéagineux sont intéressants en élevage de porcs (en volailles taux plus limité d’incorporation de protéagineux) et souvent à la base des aliments fabriqués par les éleveurs qui fabriquent leur aliment à la ferme (Fafeurs).Ils peuvent être valorisés de deux manières :Intégrés en l’état dans les formules en estimant la proportion relative de céréales et légumineuses à la récolte.Triés à la récolte et incorporés sous forme de deux matières premières. Cette solution est à privilégier car elle permet une meilleure maîtrise de la formulation de l’aliment

complet. Elle nécessite l’achat d’un trieur (dont le prix reste modeste au regard du coût d’installation d’une FAF).Les associations à base de triticale sont à privilégier pour les porcs car cette céréale est plus riche que le blé en lysine, premier acide aminé limitant pour la croissance des animaux. L’association triticale / pois est la plus courante mais il est également possible d’associer du triticale et de la féverole.Les associations à base d’orge peuvent également être intéressantes car l’orge est une céréale riche en fibres qui convient bien dans les formules des truies et des porcelets.

A. R

OIN

SA

RD

Page 9: Associations céréales/ protéagineux

| 14 | ALTERAGRI JUILLET-AOÛT 2013

Dossier - Associations

En Normandie, des alternatives à la présence du pois fourrager dans les mélanges récoltés en grain sont étudiées. Les rations de bovins en agriculture biologique sont régulièrement déficitaires en protéines. Produire son concentré avec des associations céréales et protéagineux comportant du pois conduisent à un concentré de type énergétique, autour de 12% de protéines. Le remplacement de pois par la féverole ou la vesce permet de viser 15 à 20% de protéines dans le mélange récolté.| Par Thierry Métivier (réseau AB des Chambres d’Agriculture de Normandie)

L e mélange le plus couramment cultivé en

Normandie dans les fermes d’élevages bio

repose sur une combinaison de triticale

et de pois fourrager. A la récolte, la proportion

de pois plafonne à 20% sous peine de verse de

la culture, et la teneur en matière azotée totale

(MAT) de la graine de pois fourrager se situe aux

alentours de 20% sur brut. Substituer le pois par

de la féverole présente un double avantage :

pas de risque de verse de la culture si on aug-

mente la proportion de féverole au semis et par

conséquent dans le mélange récolté. Ensuite,

la teneur en protéines de la graine de féverole

est en moyenne de 25% sur brut et peut mon-

ter jusqu’à 30%. Une autre piste est d’utiliser

la vesce. Sa graine a une teneur en protéines

supérieure au pois (mais légèrement inférieure à

la féverole), par contre, comme le pois fourrager,

elle peut engendrer facilement la verse.

Résultats irréguliers mais toujours satisfaisants

Le graphique se lit de la manière suivante : lors

de la récolte 2005, l’association triticale et féve-

role a été semée respectivement avec les varié-

tés Kortégo et Iréna, à des densités de 100 et 15

grains / m². Le rendement total de l’association est

de 59 q / ha, ce mélange dose 17,5% de protéines.

La couleur bleu foncé indique la contribution de

la céréale au rendement de l’association, et la

couleur bleu clair indique celle du protéagineux.

Les semis ont lieu à l’automne sauf en 2009.

Pendant ces 5 années, les rendements des

associations sont toujours satisfaisants, régu-

lièrement entre 40 et 50 q / ha. On retrouve le

bénéfice des compensations entre espèces, prin-

cipal intérêt des associations, surtout en année

climatique difficile, comme en 2011 : malgré la

Féverole ou vesce pour un mélange grains mieux doté en protéines

Le nom de ce programme est emprunté à l’épouse de Guillaume le Conquérant, personnage historique qui a marqué la Normandie et l’Angleterre. Les actions multipartenariales se déclinent en ferme vitrine avec une plate-forme régionale d’essais et de démonstration, lieu de nombreuses opérations de communication, en diagnostics de faisabilité de la conversion, en opérations tournées vers les vétérinaires ou les enseignants des établissements agricoles. Le programme opérationnel a démarré en 2011, et bénéficie du soutien du fonds

Ecosystème, en lien avec Danone, dont l’une de ses usines fabrique les produits bio « Les 2 vaches » dans le Calvados. La plate-forme d’essais végétaux est tournée vers plus d’autonomie en ferme d’élevage biologique : lupins et féveroles moissonnés, protéagineux ensilés, espèces de céréales pour les éleveurs, légumineuses fourragères avec luzernes, trèfles violets et trèfles blancs, chicorée, associations maïs et protéagineux à ensiler… Les associations céréales et protéagineux, emblématiques des cultures biologiques, y sont aussi testées.

« REINE MATHILDE », POUR DÉVELOPPER LA FILIÈRE LAIT BIO EN BASSE-NORMANDIE

T. M

ÉTI

VIE

R

Page 10: Associations céréales/ protéagineux

| 15 |

disparition des protéagineux avec la sécheresse

printanière, les rendements sont maintenus à

plus de 50 q / ha.

De plus, le rendement du protéagineux dans

l’association équivaut souvent à celui obtenu en

culture pure, alors que les densités de semis sont

moindres. Ainsi, l’association céréale / protéagi-

neux peut-être clairement vue comme un moyen

de faciliter la production de protéagineux (donc de

protéines) en agriculture biologique, sans prendre

le risque d’une culture de protéagineux purs.

Le constat marquant : les proportions de protéa-

gineux sont imprévisibles et fluctuantes selon

les années, même si l’objectif à chaque fois était

pourtant de maximiser leur part ! Quand la féve-

role représente entre 30 et 50% du rendement de

l’association, la teneur en protéines dépasse les

17%, soit 5 points de mieux que la traditionnelle

association triticale / pois fourrager, qui a dosé

12,7% en 2009.

La vesce a permis de récolter une association

bien pourvue en protéines en 2005, mais l’un de

ses défauts majeurs s’exprimait : la culture était

versée. Depuis, la vesce réintroduite en 2011 et

2012 n’a jamais pu être bien présente à la récolte.

Elle disparaissait en cours de végétation. Un sé-

lectionneur atteste de l’apparition de maladies

qui affecte des variétés auparavant résistantes.

En 2013, une nouvelle vesce dans notre dispositif

semble très prometteuse.

TRITICALE ET POIS FOURRAGER

TRITICALE ET FÉVEROLE

TRITICALE ET VESCE

ESCOURGEON ET POIS PROTÉAGINEUX

Hauteurs compatibles Oui, 80 à 110cm Oui, 80 à 110 cm Oui, 80 à 110 cm Oui, 60 à 80 cm

Résistance à la verse Non quand le pois dépasse 25% de contribution au rendement

Oui Non quand la vesce dépasse 25% de contribution au rendement

Oui, le pois protéagineux reste dressé

Simultanéité de maturité Oui même si la floraison indéterminée du pois provoque sur la plante des écarts de maturité

Oui, le triticale doit attendre un peu la féverole.

Oui, même si la floraison indéterminée de la vesce provoque sur la plante des écarts de maturité

Oui (et plus précoce que les formules voisines)

Précaution au semis Aucune Enterrer la graine de féverole plus profondément pour la protéger du gel

Aucune Aucune sinon une protection contre gibier et pigeons très friands de ce pois

Précaution à la récolte Aucune Régler la moissonneuse batteuse pour ne pas perdre trop de céréale. Gérer des tailles de graines différentes pour la transformation.

Aucune, sinon de positionner ce mélange avant une prairie car les repousses dans la culture suivante peuvent être gênantes.

Aucune

Teneur en protéines du protéagineux

20% 30% 30% 20%

Teneur en protéines e l’association

10 à 12% selon proportion de protéagineux

15 à 20% selon proportion de protéagineux

15 à 20% selon proportion de protéagineux

10 à 15% selon proportion de protéagineux

Atouts et limites de ces associations

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5

2012 2011 sécheresse avril-mai

2009 semis printemps

2005 2004

Fig. 1 Rendement et pourcentage de protéines des associations

REMARQUE :Une association avec de la féverole intégrée à la rotation compromet la réalisation d’une féverole pure dans cette rotation.

Pou

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q / h

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19

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70

60

50

40

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20

10

0

4646

11,8

16,5

11,6 10,8

14,2

17,716,1

12,7

17,515,2

21,8

17,9

14,7

58 55 50 5564

40

59

44 3952

35

Page 11: Associations céréales/ protéagineux

Dossier - Associations

Orienter les proportions de céréale et de protéagineux grâce à la densité de semis

Les conclusions sont claires : pour (espérer) récol-

ter une proportion importante de protéagineux, il

faut qu’ils soient bien représentés lors du semis.

Dans le cas de l’association triticale avec féverole,

nous retenons à ce jour une densité de 60 60,

c’est-à-dire 60% de la densité de semis en culture

pure du triticale et 60% de celle de la féverole.

La dose totale dépasse les 100% pour couvrir les

risques de gel et de mauvaise levée. En Norman-

die, cela revient à semer 180 grains / m² de triticale

avec 25 grains de féverole, soit respectivement

selon le PMG des variétés 100 kg + 100 kg.

Pour une association triticale et vesce, nous re-

commandons de plafonner la quantité de vesce

à 20 grains / m² pour les variétés résistantes aux

maladies et à fort développement, afin de limiter

le risque de verse. Le triticale sera aussi semé

à 60% de sa densité en culture pure, soit 180

grains / m².

Notre plateforme d’essais 2013 a été semée avec

ces densités. La proportion de protéagineux à la

récolte s’annonce importante, grace au gel peu

important de l’hiver, ce qui a épargné les pro-

téagineux, et grace aux peuplements limités des

céréales, pénalisés par l’humidité excessive.

A la récolte, triticale et féverole présentent des graines de taille différente : un atout pour le tri, une éventuelle difficulté pour le réglage de la moissonneuse-batteuse ou pour l’aplatissage du mélange.

« Concilier productivité et services écologiques par des associations céréale-légumineuse multi services en agricultures biologique et conventionnelle », programme multipartenarial de 3 ans piloté par l’Esa Angers, auquel les Chambres de Normandie et l’Itab ont participé.Ces travaux montrent qu’en agriculture biologique, on confirme plusieurs atouts des associations1 : contribution à un meilleur contrôle des adventices par rapport aux protéagineux purs et amélioration de la teneur en protéines de la céréale. Des observations confirment également que les pois cultivés en association sont moins infestés par les pucerons. Les associations montrent une productivité supérieure de 20% aux cultures pures, c’est-à-dire que la surface nécessaire en cultures pures pour obtenir la même

production que l’association est plus conséquente.Les leviers d’action pour orienter les proportions de graines récoltées sont peu nombreux :

La densité de semis est le plus efficace.

La disponiblité en azote du milieu : plus l’azote est limitant et plus la légumineuse est favorisée.

Le blé a un avantage compétitif sur le protéagineux, pour lequel il est difficile d’atteindre une part importante.

Choix de l’espèce de protéagineux : l’association d’une céréale avec de la féverole permet d’obtenir une plus forte part de protéagineux dans le mélange par rapport à une association avec du pois. 1. Voir dossier Associations céréales-légumineuses : atouts agronomiques, Alter Agri 119

TRAVAUX CASDAR BOUCLÉS SUR LES ASSOCIATIONS CÉRÉALES ET LÉGUMINEUSES

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Page 12: Associations céréales/ protéagineux

L’expé en bref

3 ans de 2011 à 20133 sites expérimentaux

au sol à bon potentiel dans l’Ain, le Rhône et la Drôme, en conditions irriguées et non irriguées.

Association maïs-soja (maya) semée en mélange avec écartement inter-rang de 80cm pour permettre le binage de la culture.

Plusieurs modalités de densités testées :- témoin maïs seul, en moyenne à 90 000 gr / ha.- maïs variable (de 60 à 85 000 gr / ha) + soja fixe à 175 000 gr / ha.- maïs fixe à 70 000 gr / ha + soja variable (entre 175 et 275 000 gr / ha).

Itinéraire technique identique entre le maïs seul et le maya.

L a recherche d’une meilleure qualité et

d’une meilleure valorisation des fourrages

pour améliorer l’autonomie alimentaire

sur les fermes et réduire les coûts de produc-

tion est une priorité pour les éleveurs laitiers.

Cette problématique est d’autant plus marquée

en AB, que le prix des concentrés certifiés bio, et

notamment des correcteurs azotés, est très élevé.

Différents travaux menés anciennement sur

des associations maïs / légumineuses ont fait

ressortir que le soja est la légumineuse la mieux

adaptée pour limiter le déséquilibre énergie -

azote du maïs.

Dans la mesure où le soja est aujourd’hui une

culture relativement bien maîtrisée en AB dans

notre région, une étude est en cours afin de

déterminer dans quel contexte l’association

maïs / soja peut s’avérer intéressante et quelles

conditions culturales peuvent permettre de réus-

sir la conduite de ce mélange destiné à l’ensilage.

Cette expérimentation a principalement pour

but de :

Déterminer dans quelle mesure l’association

maïs-soja pour l’ensilage peut permettre d’amé-

liorer la teneur en protéines tout en garantissant

un niveau énergétique et un rendement proches

des valeurs de l’ensilage de maïs seul.

Mettre en avant les principaux critères culturaux

qui vont influer sur le rendement et la teneur en

protéines du mélange récolté.

Préciser les densités de soja et de maïs au

semis qui vont permettre d’obtenir le meilleur

compromis rendement / valeur énergétique / va-

leur protéique.

Des rendements aussi bons pour le maya que pour le maïs seul

Une diminution de 20 ou 30% de la densité de

maïs dans le mélange n’a pas entraîné de baisse

de rendement :

d’une part car à la récolte les plants de maïs

étaient plus vigoureux et plus lourds que dans

la modalité maïs seul.

d’autre part car la perte de rendement en

maïs a été suffisamment modérée (autour de 2

TMS / ha) pour être compensée par le rendement

obtenu en soja.

De même, les variations de densité de soja telles

que nous les avons définies dans nos modalités

(entre 175 et 275.000 gr / ha) n’ont pas eu d’inci-

dence sur le rendement obtenu au final.

A noter que les étés 2011 et 2012 ont été rela-

tivement arrosés, avec des conditions de pousse

globalement favorables. Nous n’avons pas (ou

peu) vécu de situation de concurrence hydrique

Le maya, culture associée maïs/soja pour l’ensilageL’ADaBio et l’Ardab mènent une étude sur l’association maïs / soja destinée à l’ensilage. Les deux premières années d’essais donnent des résultats favorables concernant les rendements, la qualité nutritionnelle et l’intérêt économique d’un tel mélange. | par David Stephany (ADaBio) et Sandrine Malzieu (Ardab)

| 17 |

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Fig 1 Comparaison des rendements (en T MS / ha)

Les maya ont obtenu des rendements équivalents au maïs seul, quelles que soient les densités au semis.

Maïs seul Maya moyenne

12,5

1,8

14,6

Page 13: Associations céréales/ protéagineux

Dossier - Associations

estivale entre le maïs et le soja, y compris sur

les sites non irrigués. Ces résultats restent donc

à confirmer en année sèche.

Pas d’écart significatif sur les valeurs énergétiques

On pouvait craindre que le fait d’ajouter du soja

dans le maïs pénalise les valeurs UFL (Unité Four-

ragère Lait) du mélange récolté par rapport à un

maïs seul. Ce n’est pas le cas, le témoin et les dif-

férentes modalités de maya ressortant avec des

valeurs relativement homogènes : entre 0,86 et

0,88 UFL en 2011 et entre 0,83 et 0,86 UFL en 2012.

Hausse de la teneur en Calcium

Si la teneur en phosphore du maïs seul et du

Maya est pratiquement identique, la teneur en

calcium est en revanche nettement revalorisée

par le soja, et cela pour toutes les parcelles. Avec

3,3 g / kg MS pour le Maya contre 2,3 g / kg MS

pour le maïs seul, elle reste toutefois assez faible

(valeurs identiques en 2011 et en 2012).

Des teneurs en protéines améliorées mais hétérogènes

Le gain moyen toutes modalités confondues sur

les 2 années est d’un peu plus de 10 g de PDIN / kg1

de MS (40,5 g PDIN pour le maïs seul, 50,8 g de

PDIN pour le maya), soit une amélioration de 25%

de la teneur en PDIN. Sur ce paramètre, cette

moyenne masque toutefois des disparités relative-

ment importantes entre les échantillons analysés,

les écarts allant de + 4 à + 20 g PDIN / kg MS !

Le gain moyen en PDIE est quant à lui bien plus

faible : de l’ordre de 3 g / kg MS.

1 PDIN / PDIE : Protéines Digestibles dans l’Intestin permises par l’azote / Permise par l’énergie

Ets J. MERLE

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Présent au SPACE et au SOMMET DE L’ELEVAGE

Fig 2 Comparaison des teneurs moyenne de PDIN et PDIE (en g / kg MS)

Des teneurs en protéines améliorées mais qui restent faibles.

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Maïs seulMaya

PDIN PDIE

50,8

40,5

68,2

71,5

Page 14: Associations céréales/ protéagineux

| 19 |

Dans la lignée des résultats obtenus au niveau des

rendements, aucun lien entre la teneur en pro-

téines du mélange et la densité de semis n’a pu

être établi2 (contrairement à ce qui a été montré

dans une étude des Pays de la Loire, voir encart).

Ramené à l’hectare, le gain du Maya par rapport au

maïs seul s’établit dans la plupart des cas entre 120

et 150 kg de PDIN / ha, les écarts variant toutefois

de -10 à +170 kg / ha. Contrairement à ce que l’on

pourrait penser, aucun lien direct entre ces écarts et

les rendements du maïs n’a pu être mis en évidence.

Remarques et points de vigilance

Adapter la technique de semis

Le semis des graines de soja et de maïs en un seul

passage avec un semoir à maïs équipé de disques

à soja est probablement la technique présentant

le meilleur compromis temps de travail / effica-

cité et qualité de semis. Elle implique de pouvoir

se procurer des disques à soja et nécessite de

bien régler l’aspiration du semoir pour une bonne

descente des graines.

Il est également possible d’utiliser un semoir à

maïs avec compartiment fertiliseur en plaçant les

graines de soja dans ce dernier. Cette technique

présente néanmoins l’inconvénient de créer un

écart (allant parfois jusqu’à 10 cm) entre le maïs

et le soja, ce qui complique les opérations de

binage par la suite.

Le semis en 2 passages sur la même ligne (sur les

mêmes passages de roues) est quant à lui efficace

en termes de précision de densité de semis mais

il double la charge de travail. Le semis s’effectue

à profondeur classique (2-4 cm). Bien penser à

inoculer les semences de soja avec du rhizobium

pour que les plantes fixent l’azote atmosphérique !

Choisir les indices de précocité

Malgré la recherche d’indices concordants entre

le maïs et le soja, nous avons constaté que le

degré de maturité du soja à la récolte reste assez

aléatoire, celui-ci pouvant subir une accélération

du mûrissement en fin de cycle en cas de coup de

chaud ou de sec. Sur les différents sites expéri-

mentaux des sojas variant de 25 à 45% de MS à

la récolte ont été relevés pour la même variété,

pour des maïs se situant autour de 32% MS.

Globalement, en rhône-Alpes, on peut retenir

les associations suivantes (à adapter selon le

contexte pédo-climatique) :

- maïs indice 240-280 avec soja groupe 00

- maïs indice 280-320 avec soja groupe 0

- maïs indice 340-360 avec soja groupe I

Meilleure gestion des adventices

sur le rang

Effet secondaire de cette association semée sur le

même rang, le soja assure une meilleure couver-

ture du rang que le maïs seul et limite donc la pré-

sence d’adventices entre les pieds de maïs. Nous

n’avons par contre pas remarqué visuellement de

différence de salissement sur l’inter-rang.

Récolte basse à maturité du maïs

C’est la maturité du maïs qui doit déclencher la

récolte, le maïs représentant plus des ¾ de la MS

végétale récoltée.

Il faut chercher à récolter le plus bas possible

(25-30 cm si les terrains sont plats et non cail-

louteux) pour ne pas laisser trop de gousses de

soja sur place et éviter de pénaliser la valeur

protéique du mélange.

Des économies sur les protéines

Sur les années 2011 et 2012, avec un rendement

équivalent au maïs seul et des valeurs protéiques

améliorées, le maya présente d’autant plus d’in-

térêt que le coût de la protéine du commerce est

actuellement élevé en bio.

Si les gains moyens de 120 à 150 kg de PDIN à

l’hectare obtenus en 2011 et 2012 se confirment,

l’économie réalisée sur la protéine équivaudrait à

350-400 kg de tourteau de soja 443 par hectare

(soit environ 350–400 euros). Le tout pour sur

un surcoût au semis (semences + inoculum) de

l’ordre d’une centaine d’euros.

Un bilan chiffré plus précis des coûts supplémen-

taires et des économies réalisées sera présenté à

la fin des 3 années d’expérimentation.

Contact : david.stephany@a dabio.com,

[email protected]

Que dit l’étude sur la culture du Maya en Pays de la Loire (CRAPDL) de 2001–2003 ?

Des comparaisons maïs seul et maïs-soja ont été menées sur 23 parcelles agriculteurs en Pays de la Loire au cours des campagnes 2001, 2002 et 2003. L’association maya est apparue d’autant plus intéressante, techniquement et financièrement qu’elle est conduite sur des parcelles à potentiel modéré. Contrairement à l’étude ADaBio / ARDAB en cours, il avait été montré qu’au-delà de 14-15 t MS / ha, le maïs seul est plus intéressant. Pour des

rendements inférieurs à 15 t MS / ha, le maya permet d’augmenter la teneur en PDIN et la production de PDIN à l’hectare de plus de 30%.Cependant, ces valeurs restent encore faibles (46g PDIN par kg MS contre 37g PDIN par kg MS).Synthèse des essais disponible sur le site www.paysdelaloire.chambagri.fr, rubrique « Publications – Agriculture Biologique ».Contact : [email protected]

2 Explications possibles : densités testées proches ; et / ou en contexte d’azote limitant, une plus faible densité favorise la croissance de chaque pied, qui compenserait la moindre densité. 3 D’une teneur

en protéines brutes de 44%

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