Assistance Maritime Au Maroc Par Najib CHERFAOUI

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A ssi s tance M ar itim e au M ar ocPar Najib Cherfaoui, Ingnieur des ponts et chausses

Rsum : Quils soient gardiens de phares, pilotes, lamaneurs, hydrographes, quipages deremorqueurs ou de dragues, les marins de lombre assistent les navires dans des conditions de travail extrmes, parfois au pril de leurs vies. Ils incarnent la mmoire vivante de notre culture maritime. Cependant, lactualit, toujours ingrate, ne retient que quelques images spectaculaires et passe sous silence notre dette immense vis--vis de ces marins valeureux. Leur mrite est victime de lignorance et de labsence totale de culture portuaire de ceux qui prsident aux destines des ports du Maroc de 1962 2010. Aucune reconnaissance na jamais t formule leur gard ; dans le prsent article, nous tentons de rparer cette ingratitude et aussi de mieux faire connatre le courage de ces hommes, un courage qui remonte loin dans le temps.

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Assistance Maritime au MarocPar Najib Cherfaoui, Ingnieur des ponts et chausses

A. Introduction

Lide de lAssistance Maritime fait rfrence au principe fondateur daide aux marins et aux passagers face aux risques de locan. Le concept a t par la suite tendu aux navires et aux cargaisons. lorigine, laide consista dabord dvelopper un systme de reconnaissance des dangers physiques identifis, cest le systme des phares et balises. Ensuite, on a labor des rpertoires relatifs aux menaces potentielles engendres par ltat de la mer selon les saisons en lieu donn, ce sont les annuaires des mares et autres cartes marines. Enfin, pour les cas de dtresse ou de catastrophe, on a institu des mcanismes spcifiques sous forme de codes universels ou de plan durgence propre chaque pays. Cela dit, il faut savoir que le Royaume du Maroc fut pionnier dans le domaine de lAssistance Maritime. Toutes les dynasties ont fait de cette mission un outil diplomatique au service de la paix dans la quasi-totalit des conventions ratifies avec les puissances trangres de 1274 1895. Ainsi, le trait de Fs (3 mai 1309) garantit aux flottes de Gnes, de lAragon et de Catalogne labolition du droit de naufrage : bateaux et marchandises qui s'chouent sont restitus leurs propritaires. Laccord le plus mmorable est conclu avec les Etats-Unis dAmrique (16 juillet 1786) : il stipule, entre autres, que les btiments de la Marine de cette nation allie seront assists et soutenus dans la zone sous juridiction marocaine, cest--dire porte de canon du littoral. Enfin, il convient de mentionner que le contrat amiable de concession portuaire sign avec lAngleterre (1895) pose que le Sahara est marocain. Tout ceci explique lapport substantiel de lAssistance Maritime lintgration du Maroc dans les mouvements du monde. Aujourdhui, en plus de la globalisation des techniques, trois corps de mtiers y contribuent superbement : le Pilotage, le Remorquage et la Marine Royale.

B. Pilotage

Aux origines Depuis la plus haute Antiquit, les navires ont besoin dclaireurs les pilotes pour les orienter dans les ports ou les aider traverser les zones dangereuses. Au Maroc, le pilotage est n dans les grands Oueds, ainsi Larache (oued Loukkos), Sal (oued Bou Regreg), Mehdia (oued Sebou), Azemmour (oued Oum Er Rabii), Ttouan (oued Martil) et Badis. partir de 1260, au port de Rabat-Sal, le pilotage, se faisait partir du terre-plein de la douane par un mt signaux qui servait indiquer laide dun pavillon, si la barre tait praticable ou non. Pavillon rouge : interdite ; bleu : autorise. Sans sortir de loued, le Ras (chef du port) indiquait aux navires, avec un petit drapeau, sils devaient mettre la barre bbord ou tribord pour sengager dans le chenal et sy maintenir. La premire barcasse, envoye par le Ras el Marsa, rapporte les colis postaux, les papiers de bord et le manifeste. Cela dit, il importe de ne pas confondre le pilote portuaire et le pilote hauturier, anctre de lactuel capitaine de navire. Le pilote hauturier oriente le navire en plein ocan, ainsi Christophe Colomb et Magellan et bien entendu les corsaires de Sal qui portent cette activit au sommet de son art. lorigine, le capitaine soccupe de laspect militaire. Les deux ordres, pilote et capitaine, cohabitent jusqu'au XVIIIme sicle et assurent la scurit de la navigation d'un bout l'autre du voyage. Cependant, le mtier

de capitaine se dveloppe et intgre la capacit manuvrer en haute mer. Le pilote hauturier sefface peu peu, puis disparat pour rapparatre dernirement en mer du Nord.

figure 1 : Port de Casablanca (2008) ; gauche, on distingue six vedettes (pilotines) amarres au quai de la station de pilotage. Elles sont aussi utilises Jorf Lasfar (12 m de long ; vitesse 17 nuds ; puissance 320 ch) ; droite, le remorqueur Merzak de la SCRA. Au centre, btiment sommaire abritant le poste de surveillance de la Capitainerie (VTS) ; lavenir, il conviendra dapporter plus de soins leur conception ; vritables vitrines, ce sont les premiers difices que voient les milliers de marins trangers en arrivant dans les ports du pays ; leurs lignes architecturales devront voquer les valeurs et les traditions de la civilisation marocaine.

XXme sicle Aujourdhui, le pilotage portuaire consiste en lassistance donne aux capitaines par un personnel commissionn par ltat pour les mouvements lentre, la sortie, sur la rade et dans le port. Prs des rivages, le capitaine requiert toujours l'aide d'un homme du lieu, le pilote, qui possde toutes les 1 informations utiles concernant la rade, les fonds marins, les courants, le littoral et la configuration du port. Le service est dun intrt commun tous les usagers, car il garantit la scurit du navire pilot, des autres navires se trouvant dans le port et des ouvrages portuaires ; do son caractre obligatoire. Les pilotes peuvent tre des travailleurs indpendants ou tre employs par un exploitant, y compris l'tat. En fait, la plupart travaillent pour leur propre compte, organiss en entits conomiques autonomes. Le survol de la priode 1900 1961 fait apparatre quatre rgimes : tutelle de la Marine Marchande (Casablanca - Larache - Al Hoceima) ; contrle direct des Travaux Publics (Knitra) ; gestion dlgue par les Travaux Publics. (Agadir - Safi - Tanger) ; service informel (Nador - Essaouira - El Jadida). Knitra-Mehdia (1914-1965) : le premier texte, promulgu au cours du XXme sicle pour rglementer le pilotage, concerne les ports fluviaux de Mehdia et de Rabat (Arrt Viziriel du 31 mai 1914). Il sagit de2

Le mot pilote a pour origine la contraction de deux termes nerlandais pilan lot (mesurer avec un plomb), ce qui a donn pilot, puis en franais : pilote. En 1916, la Socit des Ports Marocains de Mehdya-Knitra et Rabat-Sal (SPM) prit en charge la construction des infrastructures et lexploitation de ces deux complexes portuaires (Dahir du 14 janvier 1917), pour une dure 62 ans (art. 41 du cahier des charges). La guerre de 1939-1945 verra labandon volontaire du port de Rabat-Sal, et donc la fin prmature de la concession correspondante. Lautre partie de la concession a eu une histoire un peu plus mouvemente. La convention de 1916 prit fin le 30 septembre 1944, et la concession fut rachete par ltat (Dahir du 1er octobre 1944). La gestion du port fut alors confie la Rgie des Ports Marocains compter du 1er octobre 1944 ; autrement dit ltat reprsent par la Direction des Travaux Publics devint propritaire de tous les biens meubles et immeubles. Cette Rgie fut son tour liquide en 1951 (Dahir du 5 dcembre 1951). Mais auparavant, en juillet 1951, la gestion du port fut confie la Socit Lyauteyenne d'Aconage et de Manutention, qui devait devenir par la suite la Socit Kenitrenne d'Aconage et de Manutention (SKAM). Cette dernire cessa ses activits le 31 dcembre 1965. partir de cette date, par l'Arrt n111-66 du 16 novembre 1965, le ministre de tutelle de l'poque, savoir le ministre des Travaux Publics et des Communications (MTPC) exploita le port en y instaurant le rgime de2

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mettre fin aux nombreux cas dchouage, conscutifs aux mouvements de sables qui modifient sans cesse le trac du chenal. Le service est assur dans chacun de ces deux ports par un corps de pilotes, plac sous lautorit dun pilote-chef. Dakhla : dans les mandres de sable de la baie qui abrite le port, le pilotage est assur par les marins pcheurs (1885 1982). Larache et Al Hoceima : de 1930 1956, le pilotage est sous le contrle de lInterventor principal de la Marina, cest--dire du Chef de Quartier Maritime. Pour ces deux ports le rglement sur le pilotage et 3 lamarrage en vigueur est reconduit par le Dahir du 29 Mai 1958. Ce texte place le service du pilotage sous lautorit directe de la Marine Marchande. Celle-ci dfinit le nombre ncessaire de pilotes, les modalits de recrutement ainsi que la grille tarifaire. Cependant le projet de station de pilotage ne verra pas le jour et le service sera finalement assur par de simples matelots ayant une connaissance approfondie de la cte locale. Tanger (1921-1967) : jusquen 1967, le pilotage est du ressort de la Socit du Port de Tanger (SPT) concessionnaire du port. Elle emploie les pilotes, organise leur recrutement, les administre, les rmunre et les licencie sa guise sans quaucun contrle ne soit prvu, mme par lIngnieur local des Travaux Publics. Aucun texte ne dfinit les rgles de principe qui rgissent le pilotage dans ce port. La SPT considre cette matire comme un domaine rserv. Agadir (1917-1972) : la convention du 8 Juillet 1952 confie le pilotage lAuxiliaire maritime du port 6 dAgadir (AMPA), propritaire du matriel. Un arrt (30 Septembre 1952) rglemente le service. Le statut des pilotes et lorganisation de la station sinspirent fortement de ceux en vigueur Safi. Safi (1932-1966) : lAuxiliaire maritime assure le pilotage et rtribue les pilotes comme des salaris, avec intressement sur la base des taxes perues. Il ny a pas proprement parler de station de pilotage autonome, possdant son propre matriel et ayant ses propres ressources. Les pilotes se recrutent aprs examen, par une commission dont aucun reprsentant de la Marine Marchande ne fait partie. Ils ne relvent, au point de vue disciplinaire, que du Directeur de lAuxiliaire maritime. Leur rle et leurs obligations sont fixs par un document interne, annex au statut du personnel de lAuxiliaire maritime, sans valeur rglementaire. Le matriel utilis appartient ltat.7 5 4

l'aconage libre, se rservant la location des engins de transport et de manutention, la gestion des docks silos, la location des magasins, hangars, terrepleins et la fourniture d'eau aux navires. La manutention des marchandises et l'aconage taient raliss par les consignataires des navires ou leurs reprsentants. En d'autres termes, le port de Knitra devint un port outil. 3 B.0 n 2 381 du 13 juin 1958 ; article 4 ; page 932. En fait, ce dahir tend seulement les dispositions des textes de 1937 lensemble de la zone Nord (rglementation du pilotage et du lamanage). 4 Au dbut des annes 1920, la Socit Internationale pour le Dveloppement de Tanger avait le droit exclusif de construire, dentretenir, de dvelopper et dexploiter le port, y compris tous les magasins et primtres de stockage, sous douane ou hors douane. Le gouvernement marocain sengageait naccorder aucune autre concession du mme type dans un rayon de 200 km. Mais il se rservait le droit de crer un port de pche ou daccorder une concession spcifique pour un terminal minerai de fer. La concession du port de Tanger na pas t attribue par appel doffres, mais il a t stipul dans lacte de concession que toutes les acquisitions de matriels de manutention ou autres se feraient par cette voie. Dclarant dutilit publique la concession du port de Tanger, le Dahir du 2 juin 1921 a approuv le contrat de concession du 31 mai 1921, pass entre ltat et la Socit du Port de Tanger. La substitution de cette dernire la Socit Internationale pour le Dveloppement de Tanger a t valide par le Dahir du 18 fvrier 1922. Lintrt de la construction de ce port tait li la construction du chemin de fer de Tanger Fs dont les tudes furent entreprises ds le dbut de 1912. Les travaux de cette voie furent concds par le Dahir du 18 mars 1914 la Socit franco-espagnole du Chemin de Fer de Tanger-Fs, constitue essentiellement de la participation des compagnies de chemins de fer franaises et espagnoles. Cette ligne devait tre, daprs les clauses de la convention franco-allemande du 4 Novembre 1911, le premier chemin de fer raliser en cartement normal. Par suite de diffrents retards, elle ne fut termine quen 1927. 5 Pour des raisons militaires, le nouveau port dAgadir est cre en 1917. Il est ouvert au trafic civil en 1930 (Dahir du 1er fvrier 1930), mais il ne dmarre vritablement quen 1949. Un certain nombre de services sont alors confis en affermage lAuxiliaire Maritime du Port dAgadir (A.M.P.A.) : la halle au poisson, puis laconage en 1952 (convention du 8 juillet 1952). Le contrat qui lie lA.M.P.A. ltat est un contrat de simple grance, toutes les charges de premier tablissement correspondant lachat de grues, outillage de quais, construction de magasins, grosses rparations, sont supportes par ltat. La gestion du port est retire au concessionnaire et transfre la RAPC en 1972. 6 B.0. n 2 086 du 17 octobre 1952. 7 En 1932, ltat concde le port de Safi lOCP (Office Chrifien des Phosphates) pour une dure de 68 ans (Dahir du 3 aot 1932). En 1954, ltat le dcharge de cette mission et confie la gestion du port lAMPS (Auxiliaire Maritime du Port de Safi), (Dahir du 28 juillet 1954). Toutefois, lOCP conserve la concession des quais et des installations ncessaires ses propres activits. Le 30 dcembre 1966, l'Autorit portuaire (Ministre des Travaux Publics) transfre lexploitation la RAPC sans cahier des charges, mais en reconduisant la convention de grance passe avec son prdcesseur, savoir lAMPS. Il sensuit que la RAPC-Safi nassure que lentretien courant des engins et installations qui lui sont remis. Les acquisitions, les rvisions et les grosses rparations du matriel incombent lAutorit portuaire qui les impute sur le budget annexe du port de Safi.

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Casablanca (1915-1962) : Tout commence en 1920. Le Dahir du 1er mars impose lobligation de la prsence dun pilote pour tout navire qui fait mouvement dans le port. En application de ce Dahir, lArrt Viziriel du 24 avril 1923 institue le service de pilotage et place la station sous la tutelle des Travaux Publics. Ce service se compose du pilote major, assist de pilotes et de pilotes stagiaires. La rmunration des pilotes seffectue partir dune caisse alimente par les recettes provenant des taxes de pilotage, de mouillage et de mise quai. Cette caisse contribue galement aux frais dentretien, de fonctionnement et de renouvellement du matriel (art. 14). Ensuite, le Dahir du 20 fvrier 1937, modifi le 25 Septembre 1957, 9 puis le 29 Avril 1959, fixe le statut des pilotes et structure la station. Plus prcisment, il place la Marine 10 Marchande au cur du recrutement, du contrle, de la mise la retraite et du rgime disciplinaire. Les candidats sont recruts parmi les capitaines au long cours. XXIme sicle En 1985, avec la cration de lOffice dExploitation des Ports (ODEP), le service du pilotage est rattach cet organisme, avec un effectif de 26 pilotes ; ainsi les ports de Nador, Al Hoceima, Tanger, Knitra, Mohammedia, Safi, Agadir et Dakhla. Toutefois Casablanca et Jorf Lasfar, le service demeure toujours assur par la station de pilotage. Elle intervient avec un effectif de quinze pilotes, tous capitaines au long cours. Enfin, aprs la suppression de lODEP en 2007, on confie son dmembrement Marsa Maroc (socit dexploitation des ports ou SODEP), la mission dassurer le pilotage. Toutefois, Al Hoceima et Knitra, ce service est entre les mains de lAgence Nationale des Ports (ANP). En 2005, lAutorit portuaire TMSA (Tangier Mediterranean Special Agency) confie lEspagnol Boluda la concession de laffrtement des pilotines Tanger Med 1 (port de transbordement). En 2010, le cahier des charges est tendu lenceinte de Tanger Med 1 Bis (port passagers). Par contre, le pilotage est assur par les officiers marins de la TMSA, donc sous son entire responsabilit. Aujourdhui, le pays dispose dune flottille de trente pilotines, dont neuf sont ddies Casablanca et Jorf Lasfar.

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C. Lamanage

l'origine, le lamaneur tait un marin local qui montait bord des navires pour les aider franchir un chenal difficile ; pour cela, il utilisait une sonde. Aujourdhui, les dimensions croissantes des navires rendent leur mode damarrage complexe. Les lamaneurs se sont donc spcialiss dans cette tche et travaillent soit sur une petite embarcation, soit

En 1915, La Manutention Marocaine (MM) prend en charge la concession du remorquage et de laconage dans le port de Casablanca (Dahir du 27 janvier 1917 approuvant lavenant au contrat de concession de laconage intervenu la date du 22 dcembre 1915). Le rgime juridique de la MM consiste en une grance avec monopole de fait pour les oprations de manutention et de magasinage, les dpenses de premier tablissement tant entirement assures par ltat. Les prrogatives de la MM sont progressivement tendues au port de pche, aux minerais et lamarrage des navires. Arrive chance le 31 dcembre 1941, cette concession est tacitement renouvele. Cest la raison pour laquelle ltat la reprise sans rachat en 1961. Mais en 1962, la dcision est prise de substituer la MM, la Rgie des Exploitations Industrielles-Manutention Marocaine (REI-MM) pour une priode transitoire dune anne, avec un cahier des charges identique (Dcrets n2-62-006 et 007 du 8 janvier 1962). Cest ainsi que la RAPC est cre lanne suivante, cest--dire en 1963 (Dahir n1-63-278). Au dbut, limites Casablanca, cette rgie a vu, suite au Dahir n32-67 du 23 juin 1967, ses prrogatives stendre aux principaux ports du pays : Agadir (1966), Mohammedia (1967), Tanger (1967), Safi (1967), Knitra (1984) et Nador (1984). En dcembre 1984, l'Office dExploitation des Ports (ODEP) se substitue la RAPC avec des attributions progressivement largies en termes gographiques et en termes de comptences. 9 Par rachat, le matriel devient proprit de la station, cest--dire de la collectivit des pilotes. Parmi les obligations de la station, mentionnons le service de pension aux pilotes hors dactivit (art. 22). 10 Ce texte de base fut complt par les textes suivants : Arrt viziriel du 20 Fvrier 1937 modifi par le dcret du 19 Mars 1957 concernant le fonctionnement du service de pilotage ; Dahir du 31 Mai 1937 sur la responsabilit civile des pilotes de Casablanca ; lArrt du 21 aot 1951 fixant les limites de la station, lOuest par le mridien 7 37 10 de lenracinement de la jete Delure ; au Nord par le parallle 33 37 40; lEst par le mridien 7 33 50 de la table de Oukacha. En lan 2000, ces limites deviennent respectivement 7 37 00 W, 33 40 00 N et 7 32 00 (Dcret n 2-00-681 du 18 septembre 2000 ; BO n4 836 du 5 octobre 2000).

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le long des quais ; ils prtent ainsi assistance au navire, larrive, au dpart et aussi loccasion de 11 chaque mouvement (dhalage).

figure 2 : Port de Casablanca (1997) ; chane et cordes accroches un bollard. Cette opration, qui sappelle lamanage, fait partie de la scurit du navire et de l'infrastructure portuaire ; cest donc une assistance, caractre public, disponible de jour comme de nuit.

Dans la logique portuaire, les lamaneurs demeurent relis au pilotage ; en cas de besoin, ils vont audevant des navires et portent quai leurs cbles ; ainsi au wharf de Layoune ou lappontement ptrolier de Mohammedia. Leur mission comporte des risques importants, car elle seffectue forcment dans des positions d'quilibre prcaire. De plus, si le ressac est violent, les dbattements dun navire engendrent des efforts de plusieurs centaines de tonnes au niveau des bollards entranant souvent, ou bien larrachement de ceux-ci, ou bien la rupture des cordes ou des filins, ou bien encore la ruine totale ou partielle de louvrage daccostage. Ce qui peut causer la perte de vies humaines. Ainsi le lamanage fait partie de la scurit du navire et de l'infrastructure portuaire, cest donc un 12 service public disponible de jour comme de nuit. Mais, suivant le cas, il relve du secteur priv ou de ltat. Au wharf de Layoune, il revient lOCP. Safi, il est effectu par les armateurs ; il en est de mme Tanger, Al Hoceima et Nador, mais uniquement dans les gares maritimes. Mohammedia (Fdala), il est sous-trait une socit prive, lembarcation tant fournie par le port. Dans tous les autres cas, Marsa Maroc assure cette mission dans le primtre de ses concessions.

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En effet, cette appellation drive du vieux mot franais laman lui mme issu du nerlandais losman, signifiant l'homme de la sonde c'est--dire claireur ou bien encore pilote.

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Particularit : lors du transit du canal de Panama deux quipes de lamaneurs embarquent bord du navire et assistent l'quipage. En effet, lors du passage des cluses, les aussires ne sont pas capeles terre : les cbles viennent de locomotives de terre et sont capeles bord. De mme, pour le passage du canal de Suez, tout navire doit embarquer une quipe de lamaneurs gyptiens son bord, ainsi qu'un pilote.

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figure 3 : Boujdour (2006) ; vestiges du premier phare du Maroc ; construit cap Bojador au milieu du XVIme sicle, cet ouvrage voque lpope fantastique de la recherche dune route vers lor africain. Au fond, gauche, on distingue la silhouette de lactuel phare construit en 1952.

D. Signalisation ctire

Aux origines Depuis lAntiquit, les marins utilisent ou inventent des repres pour s'orienter, identifier les obstacles et prvenir le danger. Ils sappuient dabord sur le soleil, la lune ou les toiles, puis sur des instruments. Ainsi lastrolabe permet de faire le point et la boussole vite de se perdre. On peut considrer le volcan Stromboli et ses petites ruptions rgulires environ toutes les quinze minutes l'heure actuelle comme une signalisation naturelle. Cest donc la plus vieille et la plus puissante de la Mditerrane. Ds le moyen ge, les phares soutiennent et guident les navigateurs dans leur obsession du lointain. Les phares renseignent, de loin, le navigateur sur la proximit de la cte. On les distingue par la diversit de leurs messages lumineux. Le livre des phares indique, aux navigateurs, leur emplacement ainsi que leurs particularits distinctives. Le balisage se complte, en certains endroits, de boues. Leur couleur distingue celles quil faut laisser bbord, de celles qui doivent tre gardes tribord, pour se trouver dans la bonne voie. Le premier phare du Maroc est construit Boujdour au milieu du XVIme sicle ; les vestiges de cet ouvrage rappellent lpoque fantastique de la recherche dune route vers lor africain. A la mme poque, les corsaires se font communiquer par feux, fumes et signaux conventionnels mis de la cte de Fdala (Mohammedia), tout renseignement concernant la prsence ventuelle de vaisseaux de guerre adverses devant Sal.

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42.44m

+ 19m + 15m

figure 4 : Casablanca (El Hank) : droite, btiment du radiophare, la sortie dantennes et la nappe de fils support tendue entre la tour du phare lumineux gauche et les deux pylnes mtalliques. Ce radiophare construit en 1937 est un metteur d'ondes hertziennes, sur lesquelles le navigateur oriente un cadre ou radio compas pour dterminer sa position. Londe porteuse possde une puissance de 2 000 watts, ce qui permet de couvrir un rayon de 200 milles marins.

Lumires la cte En 1860, la suite de nombreux sinistres maritimes survenus le long de la cte brumeuse de Tanger, le Sultan Moulay Abderrahmane dcide ldification dun phare, dit Cap Spartel, en hommage son concepteur. Il se trouve une altitude de 250 m, sur le versant Nord-Ouest de la ville donnant sur lAtlantique. Le feu est allum le 15 avril 1864. Lanne suivante, le Sultan confie la gestion du phare 13 membres du corps diplomatique. Un signal de brume est ajout en 1883. Situ sur lune des routes maritimes les plus frquentes, cet ouvrage se rvle dune relle utilit pour la navigation mondiale. la fin de la premire moiti du XXme sicle, la pice matresse de la signalisation au Maroc se compose dun faisceau prestigieux de phares clats : Cap Fdala (1934), El Hank (1920), Sidi Bou Afi (1917), Cap Cantin (1916), Cap Sim (1917) et Cap Ghir (1918). Cette chane est complte par les phares de petit atterrissage : Mehdia, La Calette (Rabat), Roches-Noires, Azemmour, Tombeau, cap Blanc (Jorf Lasfar), pointe de La Tour (Safi), Sidi Mogdoul (Essaouira) et pointe dAresdhis (Agadir). cette liste, il convient dajouter tous les petits feux de balisage ou dalignement dentre, ainsi que les diverses installations : boues lumineuses datterrissage, avertisseurs sonores et radiophares. Les phares fonctionnent partir de lheure correspondant la moiti du crpuscule jusquau milieu de laurore. Tout au long de cette priode faste, la construction et la maintenance des phares sont assures par la Direction Gnrale des Travaux Publics (DGTP). Cependant, partir de 1962, ceux qui prsident aux destines des phares de notre pays ne sauront pas tirer profit de cet hritage. Ils commettent une srie de ngligences, non seulement scientifiques et techniques mais aussi culturelles, qui entranent la perte dun savoir faire fabuleux.

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Du fait de lincomptence et dans lindiffrence gnrale, linstrumentation des ports est abandonne partir de 1965. Par ignorance, les puits des margraphes sont condamns. Les dpendances du phare de Cap Ghir, pure merveille architecturale, tombent en ruine. Les annexes de tous les phares se transforment en bidonvilles. Le phare de Cap Juby est dlaiss en 1980. Les radiophares de Oukacha et dEl Hank seffondrent en 1984. En 1998, le phare du Cap des Trois 13 Fourches sarrte de fonctionner .

C2Satellite S2 envoi du signal linstant t0

NSatellite S1 envoi du signal linstant t0

C1

d2 M

d1

rception du signal S1 linstant t1 rception du signal S2 linstant t2

C

figure 5 : Systme de positionnement global (GPS) ; dans le cas plan, avec deux satellites on peut connatre avec exactitude la position du point M. Cependant, dans la pratique, les choses ne sont pas si simples. On peut obtenir des satellites quils aient une horloge synchronise, mais certainement pas avec lhorloge du point M. Pour lever cet obstacle, il faut un troisime satellite. Dans le cas de lespace, il faut un quatrime satellite pour lever lindtermination introduite par la troisime dimension.

E. Radiolocalisation

Lauto-positionnement de la navigation est pratiqu depuis la plus haute antiquit, par la veille astronomique, dabord visuelle puis instrumente au moyen du sextant. Cependant, partir du dbut du XXme sicle on va faire appel une innovation base sur une application des ondes radio. Un radiophare est un metteur d'ondes hertziennes, sur lesquelles le navigateur oriente un cadre ou radio compas pour dterminer sa position. Cette technique date de 1912. Les radiophares peuvent tre fixes, c'est--dire qu'ils diffusent des ondes par une antenne fixe, ainsi le radiophare dEl Hank (1937), celui plus modeste dOukacha avec une porte de 10 milles marins (1954) et le radiophare daviation de Knitra (Port Lyautey). Ils peuvent galement fonctionner en postes de brume, c'est--dire mettre en continu et couvrir un rayon de 20 50 milles.

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En 1920, les phares et balises du pays sont confis la Direction du Port de Casablanca : cest le Service Central des Phares. Il assure lentretien et le fonctionnement des grands phares datterrissage. Par contre, les phares secondaires et feux portuaires restent la charge des budgets des ports intresss. En 1981, ces services sont provisoirement confis la Direction des Ports et du Domaine Public Maritime (DPDM). En 1982, on tente sans succs dlaborer un plan directeur de signalisation maritime. Sur la priode 1985 2002, sa concrtisation choue par ignorance des choses de la mer et du fait de lincomptence. Les phares et balises deviennent fantomatiques. En 1985, lOffice dExploitation des Ports (ODEP) essaie dentretenir et dinstaller les systmes daide la navigation lintrieur des ports. Le dcret n2-94-724 du 21 novembre 1994, stipule dans larticle 27, que la DPDPM est charge de veiller linstallation, lexploitation et lentretien des quipements de balisages et de signalisation maritime, y compris les phares et balises sur toute ltendue du domaine public maritime du Royaume. Cette disposition est reprise intgralement dans larticle 19 de la loi (n2-06-472 du 04 mars 2008) entrinant la fusion du Ministre de lquipement et du Transport. Aujourdhui, on compte 37 phares datterrissage et de jalonnement, 106 feux dalignement ou de marquage des proximits daccs aux ports, en plus des boues lumineuses et des signaux sonores utiliss en temps de brume. Enfin, il convient de souligner que dans toute zone portuaire, les systmes de signalisation et daide la navigation sont du ressort de la socit charge de la gestion du port (article 8 de la loi 15-02 du 15 dcembre 2005).

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Il y a loption dutiliser les radiophares en postes horaires. Ce mode rpond une autre ide, celle de permettre au navigateur de redresser au besoin sa position aprs une longue traverse, quand il n'a pu obtenir de point depuis longtemps ; ces derniers fonctionnent pendant 5 minutes au dbut de chaque heure ou demi-heure, avec une porte de l'ordre de 100 200 milles. Enfin, il convient de mentionner les radiophares tournants, dont l'antenne est un cylindre parabolique rotation horizontale, mettant ainsi une onde dirige, de sorte que le signal reu par le navigateur dans son azimut lui parat maximum. On retiendra en substance que le radiophare est lanctre du systme de positionnement global (GPS), en ce sens que ce dernier nen est quune version miniaturise. Rappelons que le GPS consiste en un rseau de satellites couvrant la totalit du globe : cette mthode est au point et fonctionne plein rgime depuis 14 1993, au moins dans le domaine maritime.

Les navires communiquent entre eux.

Les navires communiquent avec la station.

mer

station AIS

terre

figure 6 : Principe de fonctionnement dun systme didentification automatique (AIS) ; chaque navire communique son identit, sa position, son cap, sa vitesse, la nature de sa cargaison . En retour, chaque navire reoit des renseignements sur dautres navires, les dangers de la zone, les conditions mtorologiques, les donnes portuaires .

F. Systmes didentification

partir des annes 80, lobservation de la navigation volue sous forme dinnovations. Il sagit essentiellement de limagerie radar, de la couverture radio VHF et des bases de donnes numrises. En particulier, ces instruments deviennent outils de prvention des collisions et, si malgr tout elles se produisent, ils permettent den limiter les dgts en aidant les capitaines de navire estimer le danger et les risques, ds le dbut dun incident. Le champ dintervention de la capitainerie slargit : elle devient galement un centre maritime, dit VTS (Vessel Traffic System). Elle rgule le trafic, surveille la rade et contrle les eaux territoriales. Mais une presbytie technique, limite lusage du VTS la zone extra-portuaire. En effet, dans le port, les chos renvoys par les hangars interfrent toujours avec ceux du navire et brouillent par l mme son reprage. Pour remdier cette dfaillance, on a coupl le VTS avec lAIS (systme didentification automatique). LAIS est un dispositif de diffusion autonome et continu fonctionnant dans la bande VHF. Il permet lchange automatique dinformations entre navires et entre les navires et la terre. Il a pour but de renforcer la scurit

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Le systme appartient au ministre amricain de la dfense qui l'exploite et le contrle. Cependant, il peut tre utilis sans frais n'importe o dans le monde. En fait, 80% des utilisateurs sont des civils.

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de la navigation. Cet assemblage prsente un intrt pour toutes les zones portuaires, en ce sens quil rend visible la position quai des navires. Il corrige la presbytie du VTS.

figure 7 : Densit de flux dans le couloir de Gibraltar le 23 novembre 2005 ; carte montrant les trajectoires des 250 navires qui ont travers en tous sens le dtroit ce jour l ; un trafic intense dont le Maroc supporte tous les risques mais nen tire aucun bnfice. Pour permettre laccs au port de Tanger Med, la TMSA a t contrainte de solliciter la cration dun rond point maritime. La demande t autorise par lOrganisation Maritime Internationale (OMI) en 2006, au grand bonheur de lEspagne qui en a profit pour tablir une zone de ralentissement lEST.

Limportance croissante de lAIS provient dune dcision prise par l'OMI applicable partir de 2012. Elle impose son installation bord de tous les navires de commerce d'une jauge brute gale ou suprieure 300 tonneaux. Ltablissement de stations AIS terre donne dsormais la possibilit aux Autorits concernes d'avoir automatiquement la connaissance dtaille du trafic maritime dans la bande ctire. Cela permet, non seulement, didentifier les vnements de mer, mais aussi de procder des analyses de risques bases sur des donnes factuelles. Le Maroc dispose de trois centres VTS coupls avec des stations AIS (Casablanca 1992, Jorf Lasfar 2001, 15 Mohammedia en 2002). Le centre de Tanger initi en 2000 demeure inachev. Enfin, il convient de mentionner, quoutre deux radiophares, le port de Casablanca disposait depuis 1946 dun radar de surveillance du port install lextrmit nord de la jete des phosphates. Mais par ignorance, tout ce matriel a sombr dans loubli.

G. Sret

linverse de la scurit qui est une question classique de police faisant partie de la vie quotidienne dun port, la notion de sret se rfre un concept maritime global. Lorigine de cette ide remonte 1912, anne du naufrage du Titanic. Cet vnement cre une vive motion et donne naissance la

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Le centre de surveillance du trafic maritime de Tanger a t cr par lArrt du Ministre du Transport et de la Marine Marchande N11-00 du 06 janvier 2000 (B.O. N4 770 du 17/01/2000). Il est regrettable de relever ici, que suite un imbroglio kafkaen, le centre VTS, construit en 2000 Ras Altars grce un don amricain, na pas pu entrer en service, car le budget allou la ralisation des stations de porte de Malabata et de Cirs, a t affect par erreur ou incomptence la construction de la route daccs ; entre temps, le matriel est devenu obsolte et tout est refaire.

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convention Solas (convention internationale pour la scurit des personnes en mer), motive galement par la lutte contre la piraterie. En dcembre 2002, aprs les attentats du 11 septembre aux USA, l'Organisation Maritime 16 Internationale (OMI) tend le contenu de la convention Solas : cest le code ISPS. Il fournit une meilleure visibilit et contribue rendre l'industrie maritime moins vulnrable. En particulier, les navires doivent obtenir un visa pour continuer prendre la mer. terre, toute autorit portuaire doit dterminer les moyens mobiliser pour rendre les installations conformes aux nouvelles normes. L'OMI n'impose pas de pnalits en cas de non application du code. Par contre, ce sont les forces conomiques qui contraignent de le respecter : labsence de conformit gnre automatiquement des primes dassurances exorbitantes que les armateurs rpercutent sur les cots de fret. En 2006, pour atteindre un niveau tolr par les assurances, un scanner mobile est affect chacun des ports de Nador, Tanger, Agadir et Casablanca ; ce dernier tant dot de plus dun scanner fixe. Enfin, les ports maritimes, la fois partie du territoire national (et certains sont fort tendus) et points frontire ; sont soumis au contrle des forces de lordre un double titre : surveillance des limites et scurit publique.17

H. Remorquage

Contenu Du temps de la marine voile, il existait dj dans certains ports des embarcations rames ddies la mise quai des navires. Ds la domestication de la vapeur, l'ide est venue de remplacer les rameurs par un engin mcanique. C'est ainsi qu'en 1736, lAnglais Jonathan Hull conoit un remorqueur quip, l'arrire, d'une roue aubes entrane par une machine vapeur primitive. En fait, ce n'est que vers la fin du XIXme sicle quapparaissent les premiers remorqueurs en acier, avec chaudire et hlice ; notamment en raison du gigantisme croissant des navires de commerce. Aujourdhui, les remorqueurs sont des navires dont la fonction essentielle est d'assister d'autres navires ou engins flottants pour leur permettre d'effectuer des mouvements qu'ils ne peuvent excuter par leurs propres moyens ; ainsi pour entrer ou sortir dun port, laccostage, le dhalage, le sauvetage en haute mer, la lutte contre les incendies portuaires ou contre les pollutions marines. Hommes et mtier Quand il faut intervenir sur un navire par gros temps, lopration englobe un cercle d'hommes solidaires, mobiliss autour du remorqueur. Le commandant et le chef mcanicien se tiennent la passerelle, le second et le matre mcanicien sont aux commandes des machines ; le matre lectricien surveille le local des treuils ; cette tche est capitale, car un remorqueur sans propulsion n'est qu'un tas de ferraille qui flotte. Charg de la scurit, le second capitaine a la responsabilit de toutes les actions sur le pont arrire, l o les cbles balayent l'espace, crant une zone particulirement dangereuse. Ils peuvent briser la colonne

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ISPS est labrviation anglaise de International ship and port facility security code ; lOMI fixe, comme date butoir, le 1er juillet 2004 ; au Maroc, par drogation, il nentre en application quen 2005. Rappelons que l'OMI, cre en 1958 par lONU, regroupe 164 pays. 17 Ainsi Casablanca, Safi, Tanger, Jorf Lasfar, Agadir ou Nador. La Prfecture Maritime du Port de Casablanca est cre par le Dahir 632-67 du 8 septembre 1967. Son rle consiste coordonner les activits des services administratifs dans lenceinte portuaire, et y exercer le pouvoir de Police. Prlude au projet annul de port autonome Casablanca, elle est prmaturment supprime par un dcret en janvier 1974.

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vertbrale dun marin emport par une glissade ou une vague puissante. Ainsi, lors de toute manuvre, on peut perdre un homme. Droit et devoir Le remorquage portuaire est un acte conventionnel, cest--dire qu'il repose sur un change de volont entre le capitaine du navire remorqu et celui du navire remorqueur. Il s'effectue par principe sous la direction du capitaine du navire remorqu. L'explication vient de ce que le navire remorqu peut choisir de mouiller ou de se faire assister sa guise. Il se distingue par l du sauvetage ou du renflouage d'une pave. Dans le premier cas, le navire qui prte assistance est tenu d'intervenir dans la limite de ses moyens. Dans le second cas, le navire transform en 18 pave n'est plus susceptible d'mettre une volont quelconque. Enfin, il convient de souligner que la traction s'oppose l'opration de poussage, qui implique une solidarit 19 physique entre le pousseur et le pouss. XXme sicle Au Maroc, le premier service de remorquage est institu, en 1906, Rabat-Sal ; lobjectif tant damliorer le rendement des barcasses. En effet, la propulsion laviron savre trop lente et fait perdre lavantage de la mare montante. Proprit du Makhzen, deux petits remorqueurs vapeur sont alors utiliss pour tirer trois barcasses la fois. Le systme est par la suite tendu lensemble des ports de commerce du Royaume. Au port de Casablanca, la Socit Chrifienne de Remorquage et dAmarrage (SCRA) est cre en 1927 pour assister les navires phosphatiers ; par la suite son intervention est gnralise toutes les catgories de navires. De 1952 1987, elle assure, au port de Mohammedia (Fdala), les manuvres pour le dbarquement du ptrole par sea line. Enfin, elle disposait, jusquen 2001, dun navire atelier (Hafid) quip pour le sauvetage et lassistance en haute mer. Actuellement, aux ports de Mohammedia et Jorf Lasfar, les trois oprateurs Marsa Maroc, SCRA et Off Shore agissent tour de rle, sans concurrence ; ce dernier exerce aussi, depuis lanne 2001, Casablanca. Pour les autres ports (Nador, Tanger, Safi, Agadir, Layoune et Dakhla) Marsa Maroc dtient le monopole de cette activit. En 2005, lAgence Spciale Tanger-Mditerrane (TMSA) attribue la concession des services de remorquage du port Tanger Med (transbordement) Bourbon Maritime (France) pour une dure de 25 ans. Par ironie du sort, lactivit proprement dite seffectue actuellement au bnfice de lEspagnol Boluda Corporacin Martima qui a, avec pertinence, rachet Bourbon en 2007, permettant ainsi lEspagne de21 20

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Cette question est aborde par le Dahir du 31 mars 1919 relatif au code de commerce maritime (B.O. n 344 du 26 mai 1919). Dans le livre III de ce code, consacr aux vnements de mer, le lgislateur marocain a rserv le chapitre II l'assistance et sauvetage maritime (de l'article 300 309 bis). Il n'a pas reproduit toutes les dispositions de la Convention de Bruxelles (1910), mais il a repris mot--mot les articles retenus. Les interventions dites assistances se font en gnral sur des bases contractuelles : le contrat no cure, no pay, cest--dire que le navire na rien payer si lintervention du remorqueur na pas de rsultat utile. Dans le cas contraire, la rmunration est fonction des valeurs sauves, soit 5 30% de celles du navire assist et de sa cargaison. 19 Bien quil ne soit pas diffrenci dans la lgislation, le poussage est fondamentalement oppos la traction. Il concerne une opration o le navire pouss est fix de manire solidaire au navire pousseur, de sorte que le comportement de l'attelage peut tre considr comme celui d'une seule et mme embarcation. il serait logique que le navire pouss, qui ne conserve aucune possibilit de manuvre raison de son lien rigide avec le pousseur, perde du mme fait sa responsabilit, qui serait automatiquement dplace vers le navire remorqueur-pousseur. 20 La SCRA fut cre en novembre 1927 par un groupement constitu de lOffice Chrifien des Phosphates (OCP), la Socit de remorquage du Havre (Les Abeilles), la Socit de remorquage de Marseille, la Socit de remorquage de Saint Nazaire et la Manutention Marocaine. LOCP, c'est--dire ltat, participait en nature hauteur de 7.5% dans le capital en confiant la SCRA deux remorqueurs lui appartenant. Les autres associs avaient contribu en apportant de largent frais et, en nature, par la mise disposition de deux remorqueurs supplmentaires. 21 En 2002, la zone portuaire Oued Rmel est remise lAgence Spciale Tanger-Mditerrane (TMSA), pour y conclure en tant que de besoin, les concessions de services publics et concessions de construction, dentretien et dexploitation des ouvrages publics dont la ralisation lui est confie (Dcret loi n22.02.644 du 10 septembre 2002).

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renforcer sa prsence maritime dans le dtroit de Gibraltar. En 2010, lautorisation est tendue Tanger Med 1 Bis (passagers). En 2010, la flotte de remorqueurs se compose de 26 units dune puissance variant entre 750 et 6000 chevaux.

figure 8 : Frgate lieutenant-colonel Arrahmani, navire amiral de la Marine royale, construit en 1982 et mis en service en 1983 ; cest un btiment du type Descubierta de 1 270 tonnes. Ce btiment sera remplac par la frgate de type FREMM (frgate multi-missions) commande en 2007.

I. Marine Royale

Du XIme au XIXme La Marine Royale marocaine est lune des plus anciennes marines du monde. Sous les Almoravides, elle aligne une centaine dunits bases Cadix et Almeria sous le commandement de lAmiral Abdellah Ben Maymoun. Sous les Almohades, les Amiraux Abdellah Souaman et Ahmed Skali dirigent successivement une force navale de lordre de 500 units rparties galit entre Mehdia, Badis, lAndalousie et le Sud de la Mditerrane. Sous les Mrinides, elle se dote de 220 vaisseaux et les manuvres de lAmiral Malik demeurent mmorables. Sous les Saadiens, elle dispose de 300 navires affects la protection du commerce. Sous les Alaouites, leffort maritime se poursuit et donne au Maroc de grands amiraux, ainsi Ben Acha, Ras Morad, Abou El Hassan, Haj Abdellah Slaoui, Britel. XXme sicle Le statut actuel de la Marine Royale date de 1960. Ses missions sont multiples : protection des ctes et des ports ; scurit des voies maritimes et notamment celle du dtroit de Gibraltar ; contrle de la zone conomique exclusive (81 000 milles 22 nautiques carrs) ; police des zones de pche jusqu' 70 milles nautiques du littoral et surveillance de la zone de scurit de 22 milles nautiques de largeur, rpression de la contrebande, prvention et

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En matire de pches maritimes, la Marine Royale en assure la surveillance en mer depuis juillet 1967.

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lutte contre la pollution marine , assistance et sauvetage en mer, recherche scientifique en ocanographie, hydrographie et mtorologie marine. Il n'y a pas de rgions maritimes, mais la cte est dcoupe en trois secteurs : Mditerrane, de Sadia Tanger ; Atlantique-Nord, de Tanger au cap Ghir (Agadir) ; zone Sud, la suite du cap Ghir jusqu Lagouira. La Marine Royale dispose de plusieurs bases. Dabord celle dAl Hoceima, cre en 1977, constitue lunique tablissement naval sur la cte mditerranenne. Ensuite, il y a Casablanca qui abrite la plupart des navires ainsi que les ateliers et les coles de la Marine ; puis Agadir et Dakhla. En 2009, une cinquime base compltement autonome est amnage sur le dtroit de Gibraltar Ksar Seghir. Une permanence dappui est assure Tanger, Knitra et Safi. Mens depuis les annes 1970, des investissements cibls ont permis au pays de se doter d'une Marine active, entreprenante, homogne et performante. Aujourdhui, la volont dexcellence se maintient, puisquen fvrier 2008, le Maroc a confi des chantiers nerlandais la construction de trois corvettes de type SIGMA (ship integrated geometrical modularity approach), livrer entre 2010 et 2012. D'une jauge de 1 600 tonnes pour un quipage de 80 marins, ces navires sont dots de systmes hautement volus. Enfin, le navire amiral sera remplac par une frgate de type FREMM (frgate multi-missions) commande en 2007.

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J. Tmoignage

Quils soient gardiens de phares, pilotes, lamaneurs, hydrographes, quipages de remorqueurs ou de dragues, les marins de lombre assistent les navires dans des conditions de travail extrmes, parfois au pril de leurs vies. Ils incarnent la mmoire vivante de notre culture maritime. Cependant, lactualit, toujours ingrate, ne retient que quelques images spectaculaires et passe sous silence notre dette immense vis--vis de ces marins valeureux. Leur mrite est victime de lignorance et de labsence totale de culture portuaire de ceux qui prsident aux destines des ports du Maroc de 1962 2010. Aucune reconnaissance na jamais t formule leur gard ; dans le prsent article, nous avons tent de rparer cette ingratitude et aussi de mieux faire connatre le courage de ces hommes, un courage qui remonte loin dans le temps.

Fait Casablanca, le 30 mai 2010.

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Dans le domaine de la scurit du littoral, la Marine Royale est renforce depuis le 22 fvrier 1973 par la cration d'un corps de Gendarmerie Royale (la Prvote). Elle intervient soit son initiative, soit la demande des commandants de bases navales.

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