ASSEMBLEE GENERALE - CRESUS ALSACE

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RAPPORT D’ACTIVITE 2009 FEDERATION FRANCAISE CRESUS 1 ASSEMBLEE GENERALE ASSEMBLÉE NATIONALE 126, rue de l’Université 75009 PARIS JEUDI 18 JUIN 2009 CONSEIL D’ADMINISTRATION 10H00 Accueil des délégations par M. André SCHNEIDER, député du Bas-Rhin 10H15 / 11H00 1 Adoption du PV de la séance du 3 décembre 2008 2 Point sur l’activité des associations fédérées 3 Agenda 2009 4 Rapport financier 2008 et budget prévisionnel 2009 5 Divers ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE 11H00 /12H00 1 Adoption du PV de l’assemblée générale du 11 avril 2008 2 Rapport moral du Président 3 Projets et actions 4 Rapport du trésorier – rapport du commissaire aux comptes 5 Affectation des résultats des exercices en compte de réserve associatif 6 Quitus au Conseil d’administration et au trésorier 7 Désignation d’un commissaire aux compte suppléant 8 Divers CONSEIL D’ADMINISTRATION 1 Élection du président et renouvellement du bureau ACCUEIL DES PARTENAIRES ET DES PERSONNALITÉS Conférence de presse “Le surendettement ne doit pas être une fatalité !” En présence de Monsieur Martin HIRSCH, Haut Commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, Haut Commissaire à la Jeunesse 12H00/12h45 CÉRÉMONIE DE REMISE DES PRIX CRESUS 2009 par M. Marc REYMANN, président de l’Association pour la Fondation CRESUS à M. Emmanuel CARRERE pour son ouvrage “D’autres vies que ma mienne” Edition P.O.L. M. Xavier GILBERT , bénéficiaire d’un microcrédit personnel, lauréat du parcours d’insertion. 13H15/14H30 – Déjeuner à la Questure de l’Assemblée Nationale FédérationCRESUS-2009-NB-48p-Final.indd 1 09/06/09 11:59

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RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 1

ASSEMBLEE GENERALE

ASSEMBLÉE NATIONALE126, rue de l’Université 75009 PARISJEUDI 18 JUIN 2009

CONSEIL D’ADMINISTRATION10H00 Accueil des délégations par M. André SCHNEIDER, député du Bas-Rhin

10H15 / 11H001 Adoption du PV de la séance du 3 décembre 20082 Point sur l’activité des associations fédérées3 Agenda 2009 4 Rapport financier 2008 et budget prévisionnel 20095 Divers

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE11H00 /12H001 Adoption du PV de l’assemblée générale du 11 avril 20082 Rapport moral du Président3 Projets et actions4 Rapport du trésorier – rapport du commissaire aux comptes5 Affectation des résultats des exercices en compte de réserve associatif6 Quitus au Conseil d’administration et au trésorier7 Désignation d’un commissaire aux compte suppléant8 Divers

CONSEIL D’ADMINISTRATION 1 Élection du président et renouvellement du bureau

ACCUEIL DES PARTENAIRES ET DES PERSONNALITÉSConférence de presse “Le surendettement ne doit pas être une fatalité !”En présence de Monsieur Martin HIRSCH, Haut Commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté, Haut Commissaire à la Jeunesse12H00/12h45

CÉRÉMONIE DE REMISE DES PRIX CRESUS 2009par M. Marc REYMANN, président de l’Association pour la Fondation CRESUS à M. Emmanuel CARRERE pour son ouvrage “D’autres vies que ma mienne” Edition P.O.L. M. Xavier GILBERT, bénéficiaire d’un microcrédit personnel, lauréat du parcours d’insertion.

13H15/14H30 – Déjeuner à la Questure de l’Assemblée Nationale

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MOT DU PRESIDENT

Le surendettement est au cœur de la problématique de l’exclusion.

Près de 6 millions de Français reconnaissent, aujourd’hui, avoir des difficultés pour rembourser leurs dettes et plus d’un million ont eu recours aux procédures de surendettement depuis leur création. Un dossier sur trois a déjà fait l’objet de mesures de traitement du surendettement, accréditant les difficultés à sortir de cette situation.

Sur le terrain, on constate qu’une écrasante majorité de familles se trouve dans l’incapacité d’exécuter le plan de remboursement en raison de difficultés liées au calcul du reste à vivre et de l’absence de mesures d’accompagnement social, économique et juridique.

Ces familles sont littéralement abandonnées à leur sort alors même que l’expérience montre que la prévention et le traitement du surendettement se trouvent favorisés par un accompagnement juridique, social, économique et psychologique des ménages dans leurs démarches.

Par la seule force du volontarisme, le réseau des associations CRESUS, fondé sur le partage des expériences et des pratiques, apporte une contribution irremplaçable en accompagnant les ménages surendettés dans leurs démarches.

Là où cette aide n’existe pas on se trouve souvent face à une pluralité d’institutions et de professionnels intervenant de façon dispersés.

Notre action de terrain s’inscrit dans la durée et s’appuie sur le modèle d’accompagnement social et juridique pratiqué depuis 17 ans en Alsace et désormais partagé au sein d’un réseau de 18 associations unies par un label commun et une charte déontologique, reposant sur l’idée de solidarité et de responsabilité sociétale.

En tant qu’acteur de terrain, nous sommes plus que jamais convaincus que les causes du surendettement sont multiples et souvent conjuguées : difficultés économiques, sociales et familiales mais aussi absence de maîtrise des règles budgétaires élémentaires et inadaptation des modalités d’octroi des crédits en France.

Contrairement aux idées reçues, le motif tiré de l’accident de la vie généralement avancé comme étant la cause principale du surendettement doit être fortement nuancé et notre récente étude CSA/CRESUS permettra, j’en suis convaincu, d’ouvrir le débat sans idées préconçues sur le fichier positif.

Le temps est venu de surmonter une forme « d’incompréhension ou d’égoïsme», de mobiliser nos intelligences et de démontrer que la crise que nous traversons est une invitation à changer de perspectives.

Jean-Louis KIEHLPrésident de la Fédération Française des Associations CRESUS

SOMMAIRE

P.03 Le mot du Président“La crise une opportunité pour mobiliser nos intelligences”Jean-Louis KIEHL

P.05 Un réseau unique en France dédié à l’accompagnement et à la prévention de l’exclusion financière fondé sur le volontarisme et le partage des compétences.

P.06 Le réseau des Associations CRESUS P.12 Rapport d’Activité

Le reflet d’une activité exemplaire au service des plus fragiles de nos concitoyens

P.24 Témoignages P.26 Notre engagement en faveur d’un fichier positif et d’une prévention

active du surendettement :

P.30 Contribution de Jean BEAUJOUAN, président de CRESUS PARIS, en faveur de l’éducation financière.

P.36 Les expérimentations innovantes : Radio CRESUS, prévention des impayés de loyers, formations financières pour tous, le microcrédit personnel accompagné.

P.42 Étude CSA/CRESUS 80% des Français plébiscitent le fichier positif.

P.43 CRESUS et les MEDIAS

P.48 LES LAUREATS 2009 DE L’ASSOCIATION POUR LA FONDATION CRESUS

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Jean-Louis KIEHLPrésident de la Fédération Française des Associations CRESUS

MOT DU PRESIDENT

J’exprime mon admiration à l’ensemble des acteurs de notre réseau qui oeuvrent avec conviction et abnégation au sein des associations CRESUS en France et accueillent chaque année un nombre impressionnant de citoyens fragilisés par la crise et qui, grâce à leur action, prennent courage et se remettent en marche.

Mes remerciements vont également aux acteurs issus de la sphère économique et financière : LaSer Cofinoga, BNP Paribas Personal Finance, Banque Accord ainsi que le Fonds de Cohésion Sociale géré par la Caisse des dépôts, qui soutiennent nos actions en faveur de la prévention de l’exclusion financière et du développement territorial du microcrédit personnel.

L’Etat et les collectivités publiques ne peuvent tout faire- ce qui ne signifient nullement qu’ils ne doivent rien faire - mais je reste intimement convaincu que notre action et notre tradition d’ouverture et de dialogue avec les acteurs économiques jouent un rôle remarquable et dynamique en faveur de l’insertion financière de tous.

Le traitement inefficace du surendettement, l’absence de politiques de prévention, d’octroi responsable du crédit au plus grand nombre, d’accompagnement et d’éducation financière détruisent de la richesse et ruinent la confiance en l’avenir.

Quand la confiance, puissant ciment social, créatrice de valeur, reviendra-t-elle ? Faudra-t-il attendre que chacun ait touché le fond – ou le croie ?

Agissons et mobilisons nos intelligences !

CHAMBRES REGIONALES DU SURENDETTEMENT SOCIAL

Un réseau unique en France fondé sur le partage d’expériences et la mise en commun de bonnes pratiques

Accueillir, écouter, accompagner les ménages surrendéttésAgir en faveur de la lutte contre l’exclusion par l’éducation et la formation financière de tous.Le modèle d’accueil, d’écoute et d’accompagnement des personnes et des familles surendettées initié par les associations CRESUS est plus que jamais nécessaire.

La Fédération Française des associations CRESUS est née en Alsace à partir d’un modèle d’accompagnement des ménages surendettés créé il y a près de 17 ans, reconnu Mission d’Utilité publique et récompensé par le prix National du Volontariat.

Fondée sur la mise en commun d’un label et le partage des expériences et des pratiques dans les domaine de l’accompagnement, de la prévention, du traitement du suivi du phénomène de l’exclusion financière, la Fédération CRESUS a été développée sur la base du volontariat.

En moins de 3 ans, par la seule force et la puissance du volontarisme, notre Fédération a suscité l’adhésion de 18 associations réparties sur 14 régions unies par une charte éthique et formant ainsi un réseau de proximité entièrement dédié à l’accueil des ménages surendettés et à la prévention de l’exclusion financière et économique.

L’augmentation sans précédent des demandes d’accompagnement des ménages en difficulté économique et confrontés à une masse débordante de problèmes juridiques attestent de la nécessité d’affermir et de renforcer notre réseau.

Contact : [email protected] 03.90.22.11.34Jean-Louis KIEHLPrésident

Jean BEAUJOUANBernard GHEYSENSMaurice HEBERTVice présidents

Gérard CORDELIERTrésorier

Stéphane BRIAUDSecrétaireCommissaire aux comptes

Michel WEBERFiduciaire du Bas-Rhin

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Un réseau unique en France entièrement dédié à la prévention, àl’accompagnement du surendettement social et au développement du microcrédit personnel.

CRESUS FRANCENEE EN ALSACE

CRESUS Alsace7, rue Sédillot - BP 867064 Strasbourg CedexLundi au jeudi 8h à12h – 13h à18hVendredi 8h à13h

PrésidenteMireille KNEMP

DirecteurJean-Louis Kiehl

Tél. 03 90 22 11 34 (10 lignes groupées)

6e étageServices généraux – accueil secrétariat5e étagePlateforme accompagnement surendettement et prévention2e étageDépartement formation RdcPlateforme Micro crédit social

Conseiller Juridique, formations internes Marie-Capucine VINCENTChargée de mission / préventionNathalie BUEB / Julia BARTHELChargée de mission plateforme Micro créditPaulette CHALMELServices généraux/comptabilitéJacqueline GUILLAUMEAssistante / apprentie CESFCamille GOFFREDI

Antennes régionalesMolsheimMairie3e mardi de chaque mois sur RDVTél. 03 88 49 58 58

SelestatCentre Action Sociale1er mercredi de chaque mois sur RDV9h à 12hTél. 03 88 58 85 80

HaguenauMairie1er, 2e, 3e et 4e mardis de chaque mois de 9h à 12hTél. 03 88 90 68 50

WissembourgMairie - Annexe Lion d’Or1er jeudi de chaque mois sur RDV 9h à 12hTél. 03 88 54 87 81

CRESUS Alsace Nord

PrésidentPierre SATTLERTél. 03 88 07 76 21 / 06 74 83 50 [email protected]

BischwillerMairie - Annexe Lion d’Or1er et 3e mardi de chaque mois de 9h à 12hTél. 03 88 53 99 53

PfaffenhoffenMairie1er et 2e jeudi de chaque mois sur RDV de 9h à 11hTél. 03 88 07 70 55

La Petite PierreTél. 03 88 01 47 00 sur RDV

BouxwillerTél. 03 88 70 70 16 sur RDV

GundershoffenTél. 03 88 72 91 03 sur RDV

IngwillerTél. 03 88 89 47 20 sur RDV

NiederbronnTél. 03 88 80 89 89 sur RDV

Saverne1er jeudi du mois de 9h à 12hTél. 03 88 71 52 71

Sarre-UnionLundi sur RDV de 9h à 12hTél. 03 90 22 11 33

BrumathLundi matin sur RDV de 9h à 12hTél. 03 90 22 11 34

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CRESUS Ile de France6 Rue Franck Lloyd Wright78180 MONTIGNY LE BRETONNEUX

PrésidentJulien CARAGEDirecteurEmmanuel PETITTél. 06 33 09 50 47 - [email protected]

Consultations juridiques sur rendez-vous

Fontenay-le-Fleuryle lundi de 9h à 12hMairie de Fontenay-le-Fleury,Place du 8 mai 1945, 78330 FONTENAY LE FLEURY,Tél. 01 30 14 33 00

Mureauxle lundi de 14h à 17h30Maison de Justice et du Droit,79 boulevard Victor Hugo, 78130 LES MUREAUX,Tél. 01 34 92 73 42

Guyancourtle mardi de 9h à 12h et de 14h à 18hMaison de Justice et du Droit,rue Jacques Duclos, 78280 GUYANCOURT,Tél. 01 39 30 32 40

Trappesle mercredi de 9h à 12h et de 14h à 18hMaison de Justice et du Droit,3 place de la Mairie, 78190 TRAPPES,Tél. 01 30 16 03 20

Chanteloup les Vignesle jeudi en alternanceCentre Communal d’Action Sociale6 Place du Trident, 78570 CHANTELOUP LES VIGNESTél. 01 39 74 20 16 Châtenay-Malabryle jeudi en alternanceMaison de Justice et du Droit1 Avenue Francis de Pressensé 92290 CHATENAY MALABRYTél. 01 46 32 76 12

CRESUS BourgogneMaison de la SolidaritéCentre Commercial Fontaine d’Ouche1er étage N° 921000 DIJON

PrésidentGérard CORDELIERTél. 06 99 52 31 72 - [email protected] 03 80 48 84 73

CRESUS Nord Pas De Calais5 rue d’Inkermann59100 ROUBAIX

PrésidentBernard GHEYSINSDirectriceSimone SCHARLYTél. 03 20 68 45 50 - [email protected]

CRESUS Pays De La Loire3 rue Eugène Thomas44000 NANTES

PrésidentFabrice MARCHEDirectriceStéphane BRIAUDTél. 02 40 72 40 05Tél. 06 74 76 24 40 - [email protected]

CRESUS Vosges87 Rue d’Alsace8810 ST. DIE DES VOSGES

PrésidentDidier AGUSTITél. 03 29 55 48 38 - [email protected]

CRESUS Mulhouse1 rue d’Alsace68100 MULHOUSE

PrésidentEric SCHWEITZERTél. 03 69 77 77 19 - [email protected]

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200910 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 11

CRESUS Vendée2 bis route des Sables85190 AIZENAY

PrésidentJean-Pierre AYMETél. 06 42 63 65 15 - [email protected]

CRESUS Gironde20 Allée Messidor33115 PYLA SUR MER

PrésidentJosé MARTINEZTél. 06 75 79 34 42 - [email protected]

CRESUS Poitou Charente21 avenue des Cordeliers17000 LA ROCHELLE

PrésidenteClaudine HEBERTTél. 05 46 43 21 74 - [email protected]

CRESUS VarCCAS Var41, avenue de l’Arrogante LA CAPTE83400 HYERES

PrésidentJoseph RIESTél. 04 94 38 41 06 - [email protected]

CRESUS Paris15, rue des Abesses 75018 PARIS

PrésidentJean BEAUJOUANTél. 01 46 06 62 27 - [email protected]

CRESUS IsèreFamille en Isère2, Chemin des Prés38240 MEYLAN

PrésidentAlain SOURY-LAVERGNETél. 04 76 18 15 15

CRESUS Franche ComtéBUDGET ET CONSEIL 11, rue Ravel BP 34425207 MONTBELIARD

PrésidenteMarie Thérèse RIDOUXTél. 03 81 99 23 00 - [email protected]

CRESUS Bretagne20, avenue de Poulduic29500 ERGUE GABERIC

PrésidentClaude GUITTONTél. 06 15 86 66 [email protected]@cresus-bretagne.fr

CRESUS MoselleMaison des Services Lobau 17 rue du Commandant Taillaut57370 PHALSBOURG

PrésidenteBernard CHAGOTTél. 03 87 24 94 11 - [email protected]

Caisse Solidaire7 place Victor Hugo25000 BESANÇON

PrésidenteChristine MUSARDTél. 09 71 53 58 28 - [email protected]

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200912 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 13

Le reflet d’une mission exemplaire

L’année 2008 a été marqué par un durcissement des tendances constatées par le passé.

34.499 ménages sollicités l’aide et l’accompagnement dont 7001 dans les différentes permanences de proximité . Le réseau accompagne désormais 41.500 ménages surendettés sur l’ensemble du territoire national sous forme de permanences téléphoniques répondant en temps réel au flux des demandes.

En 2008, 18 associations affiliées – 348 bénévoles assistés de juristes et spécialistes de l’action économique et sociale – ont accueilli et accompagné 30 657 ménages surendettés sur des périodes de 3 à 10 ans – représentant 84 200 consultations juridiques et l’instruction 670 dossiers de microcrédit personnel. 13 500 heures de formation et de conférences sur le thème de l’éducation financière et du traitement du surendettement ont été dispensées sur l’ensemble du territoire.

Une conception dynamique de l’action économique et sociale pour renforcer des chances

Le réseau CRESUS s’est également engagé depuis juin 2006 à favoriser l’accès au microcrédit personnel en faveur des personnes en situation d’exclusion bancaire et de précarité dans le cadre d’un partenariat innovant avec le groupe LaSer Cofinoga et BNP Paribas Personal Finance, la garantie du Fonds de Cohésion sociale géré par la Caisse des Dépôts.

En moins de 2 ans, notre réseau a été saisi de 1 895 demandes, 670 dossiers ont été instruits et 245 financements sont accompagnés.

RAPPORT D’ACTIVITE

Une priorité absolue :écouter, comprendre, expliquer et accompagner

Au cours de l’exercice 2008, 23 656 dossiers ont été enregistrés au niveau centralisé et 7 001 enregistrés directement par le réseau de proximité contre 19 850 en 2007.

Le nombre de bénéficiaires accompagné s’élève à :

30 657Ces personnes et familles suivies, confrontées à des situations d’exclusion financière et sociale sont en augmentation de :

35 %

L’ACCUEIL ET LE SUIVIDES DEMANDES D’ACCOMPAGNEMENT

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200914 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 15

Tableau 1 : Ventilation des bénéficiaires de l’accompagnement par catégorie socio-profesionnelle

L’exercice 2008 est marqué par une forte croissance des demandes émanant de salariés et de retraités en grande difficulté.

CATEGORIESPROFESS

2007 2008

BÉNÉFICIAIRE RMI 6 670 4 460

CHÔMEURS 2 790 4 567

SALARIÉS 8 200 15 640

TRAV. INDÉPENDANTS 630 890

RETRAITÉS 1 560 5 100

TOTAL 19 850 30 657

« Sans l’aide de CRESUS, je n’aurais pas réussi à surmonter mes difficultés… »

Le réseau des associations CRESUS a assumé un nombre croissant de consultations juridiques tout au long de l’année 2008, totalisant :

84 200saisines

Internet est de plus en plus utilisé par les personnes en demande d’information et d’aide grâce à la fiche interactive : c’est ainsi que nous avons été amenés à répondre à :

114 900courriels Les sites internet de la Fédération et ceux des 18 associations fédérées ont généré

168 470contacts

Situations professionnelles des 2 263 nouveaux adhérents 2008

1%

25%

13%

45%

10%

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200916 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 17

Pourcentage des tranche d’âge des 30 657 personnes accueillies en 2008

52 % des 30 657 personnes accueillies ont entre 30 et 49 ans

Tableau 2 : structure des cellules familiales des 30 657 personnes accueillies en 2008

« L’activité de Associations CRESUS est le miroir d’une société fragmentée »

SITUATIONS FAMILIALES

2007 2008

DIVORCES 2 977 5 518

CÉLIBATAIRES 5 558 8 583

UNION LIBRE 1 389 2 145

MARIÉS 5 359 8 277

SÉPARÉS 1 588 2 452

VEUFS 595 919

3%

27%

8%

18%

28%

7%

17%

26%

26%

18%

11%

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Tableau 3 : analyse des origines du surendettement

« Contrairement aux idées reçues l’accident de la vie n’arrive qu’en seconde position des causes du surendettement – l’accumulation des crédits de trésorerie se vérifie dans la majorité des dossiers traités. Il s’agit souvent d’une fuite en avant de la part des ménages frappés par un accident de la vie. »

ANNEXES 2007 2009

Accession à la propriété Crédit relais

1 380 2 165

Surconsommation 5 370 11 947

Dettes de loyer 1 840 2 250

Téléphone, eau, gaz, électricité 2 030 2 589

Revenus inexistants 1 050 1 152

Caducité plan Banque de France Re-dépôt dossier

6 080 11 240

■ L’absence de politique sérieuse de prévention Nous constatons une complexification croissante des situations de surendettement.Les causes du surendettement sont conjuguées et contrairement aux idées reçues, l’accident de la vie généralement avancé comme étant la cause principale du surendettement doit être fortement nuancée.

■ Des idées fausses sur les causes du surendettementL’accumulation des crédits de trésorerie se vérifie dans la majorité des dossiers traités. Il s’agit souvent d’une fuite en avant de la part des débiteurs frappés d’un accident de la vie « chômage, divorce, maladie » que seule une politique de prévention permettrait de corriger.

■ L’inefficacité des mesures proposées, la souffrance des ménages laissés dans l’incertitudeLes redépôts des dossiers représentent plus du tiers des interventions de notre réseau et té-moignent de la fragilité des plans proposés aux débiteurs.

Domaines d’Interventions et actions des associations CRESUS

« Une activité exemplaire au service des plus fragiles de nos concitoyens »

Aide et conseil à la constitution et suivi du dossier de surendettement 13.520

Accompagnement procédure de rétablissement personnel 1840

Recours aux tribunaux (saisies, délais de grâce, OIP 5720

Médiations bancaires 4100

Suivi impayés de loyers plan d’apurement, conseils FSL 2420

Autres créanciers 2740

Demandes de dégrèvement, échéancier, DGI/Trésor 3750

Liquidations judiciaires (Alsace-Moselle) 208*

Missions PRP (Alsace Moselle) 11**

* spécificité Alsace-Moselle – permettant d’introduire une demande de faillite civile auprès du TGI – susceptible de conduire à une liquidation juridiciaire sous réserve de bonne foi du débiteur.

** Depuis 2005, CRESUS ALSACE figure sur la liste des mandataires judiciaires et assure l’exécution du rapport économique et social dans le cadre des procédures de rétablissement personnel.

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200920 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 21

La répartition géographique des bénéficiaires accompagnés par le réseau CRESUS

Actions et résultats des 7 001 demandes directement enregistrées par les associations CRESUS et des 23.656 dossiers traités par la plateforme fédérale – soit un total 30 657 bénéficiaires accompagnés.

ORIGINE GEOGRAPHIQUE DES SAISINES DIRECTES DU RESEAU

Regroupcrédits

1%BDF53%

Accompagnementbudgétaire

8%

Micro crédit2%

Information juridique/médiation

35,5% PRP LJ0,5%

ALSACE20%

MOSELLE5%

PAYS DE LA LOIRE15%ISERE

0,5%

PARIS3%

BOURGOGNE2%

NORD PAS DE CALAIS10%

GIRONDE3%

VENDEE2%

POITOU15%

FRANCHE COMTE3%

BRETAGNE3% ILE DE France

13%VAR0,5%

Rompre la solitude dans les zones non couvertes par CRESUS

« Accompagnement téléphonique : les bénévoles du siège de Strasbourg sont mobilisés et répondent en temps quasi réel aux demandes »

Une gageure quotidienne !

AUVERGNE18%

BASSE NORMANDIE4%

CENTRE7%

CHAMPAGNE ARDENNE3%

OUTRE MER1%

LANGUEDOC4%

LIMOUSIN8%

MIDI PYRENEES15%

PICARDIE8%

RHONE ALPES12%

PACA13%

AQUITAINE7%

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Page 12: ASSEMBLEE GENERALE - CRESUS ALSACE

F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200922 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 23

Qui oriente les ménages surendettés vers CRESUS

« CRESUS est aujourd’hui un partenaire qui compte pour les acteurs institutionnels et économiques »

Associations

PRESSE TV INTERNET 18 168

SERVICES SOCIAUX 6 230

BANQUES/BANQUE DE FRANCE 1 800

PLAQUETTES 1 270

POLE EMPLOI/OPERATEURS PUBLICS 1 212

TUTELLE 125

BAILLEURS/AUXILIAIRES DE JUSTICE 1 852

« L’exclusion financière n’est plus une fatalité ! »

Le microcrédit social

« Une expérimentation courageuse et déterminée au service des plus démunis »

En partenariat avec le FONDS DE COHÉSION SOCIALE géré par la CAISSE DES DÉPÔTS LASER COFINOGABNP PARIBAS PERSONAL FINANCELe CRÉDIT MUNICIPAL DE PARISLe CONSEIL RÉGIONAL DE POITOU-CHARENTES – CAISSE D’EPARGNE – CRÉDIT MUTUEL

Le microcrédit personnel accompagné

Le réseau CRESUS s’est engagé à expérimenter l’accès et l’accompagnement du microcrédit personnel.

Concrètement, il s’agit de permettre aux personnes exclues du système économique et financier traditionnel de pouvoir réaliser leur projet : chômeurs, bénéficiaires du RSA, travailleurs précaires.L’objet de ces prêts de 300 à 3 000 euros est multiforme : financement de formations professionnelles, permis de conduire, véhicules pour aller travailler, logement, équipement, santé…

3577personnes ont saisi la plate-forme soit directement les associations CRESUS

670dossiers ont été instruits,

1568bénéficiaires font l’objet d’un accompagnement budgétaire

et 218crédits en cours d’accompagnement.

L’EXPERIMENTATION AU SERVICE DE L’INNOVATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200924 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 25

Des témoignages bouleversants

Jacqueline, 59 ans, handicapée, ressent la nécessité de changer de logement à la suite du décès de son époux afin de diminuer la charge du loyer . Le coût du déménagement et du dépôt de garantie s’élève à 1380 euros. Eu égard aux faibles ressources de Jacqueline, sa banque a rejeté la demande de prêt classique. Orientée vers Cresus par les services sociaux, un crédit social de 1300 euros lui a été accordé. Aujourd’hui, Jacqueline dispose d’un budget familial équilibré grâce à l’économie de loyer réalisée.

Mohamed, 24 ans, bénéficiaire du RMI, habite la banlieue de Strasbourg chez ses parents et vient de décrocher son premier emploi de gardien de nuit à 30 km de son domicile. Cet emploi nécessite l’achat d’un cyclomoteur. Un micro crédit social de 1 800 euros couvrant l’acquisition du véhicule deux roues, la première année d’assurance et le casque lui a été consenti. Pierre bénéficie également d’un accompagnement lui permettant de gérer ses ressources et dépenses. Aujourd’hui, Mohamed maîtrise son budget et envisage d’emménager dans son propre logement.

Gérard, 44 ans, ruiné à l’issue d’une expérience malheureuse dans les pays de l’Est, ne parvient pas à s’intégrer sur le marché du travail. Il assure des petits boulots : leçons à domicile et son épouse, scientifique ukrainienne a entrepris des études en mathématiques. L’ordinateur familial est en panne et un micro crédit social de 1000 euros a permis d’équiper le ménage d’un portable. Lors de l’accueil à CRESUS, l’examen du budget a permis de constater que l’ensemble des aides sociales n’avaient pas été sollicitées et d’orienter les époux vers les services qui ont établi leurs droits. Le budget est désormais équilibré. Gérard a retrouvé le goût d’entreprendre et son épouse achève ses travaux universitaires.

Julien 35 ans est sans domicile fixe à la suite d’une séparation brutale avec sa compagne. Au chômage depuis 2 ans, il vient d’obtenir une proposition d’emploi dans une société de vente situé à 50 km du centre ville. Il lui faut un véhicule pour décrocher l’emploi et un toit. Accueilli par l’accompagnant de CRESUS et après avoir activé les dispositifs d’accès au logement, Julien a obtenu un micro crédit social de 3000 euros permettant l’acquisition d’un véhicule d’occasion et le paiement du premier semestre d’assurance. Julien a retrouvé le courage d’agir.61% des crédits accompagnés

« Ils m’ont fait confiance et j’ai retrouvé un emploi grâce au financement d’un véhicule. CRESUS m’a aidé à mieux gérer mon budget familial »

Motifs

30%

66%

2%

De 1001 à 2000 euros28%

De 2001 à 3000 euros51%

De 501 à 1000 euros8%

De 0 à 500 euros3%

Montants des prêts demandés

n Contact : Paulette CHALMEL03 90 22 11 [email protected]

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200926 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 27

Le fichier positif : une urgence économique et sociale

Douze lois encadrant le crédit à la consommation ont été adoptées en moins de vingt ans, dont six au cours des quatre dernières années. Elles ont toutes pour finalité la protection renforcée du consommateur et l’aménagement des procédures de surendettement.

Ces dispositifs ne sont cependant pas parvenus à promouvoir dans des conditions acceptables une politique dynamique du crédit ni à enrayer le phénomène d’exclusion lié au surendettement et qui revêt aujourd’hui une ampleur inquiétante.

Sur le terrain on constate l’inadaptation des procédures.

L’absence de mécanismes de régulation, de prévention et d’accompagnement sérieux1 se révèle économiquement et socialement improductive.

I. Une large proposition de la population française est en marge d’un système qui distribue mal le crédit

Faut-il le rappeler, l’économie moderne est impensable sans crédit. De manière paradoxale, la France est victime d’un sous-développement du crédit à la consommation, faute d’instruments aLe niveau d’endettement en France serait moins élevé que celui constaté dans les pays anglo-saxons.

Il est fréquent que l’on invoque le caractère marginal du surendettement des ménages en se référant au faible taux d’endettement des Français par rapport à nos voisins européens.

Le niveau d’endettement en France serait moins élevé que celui constaté dans les pays anglo-saxons.

Ainsi l’encours moyen de crédit à la consommation au Royaume Uni est de 4 000 euros par habitant et de 2 850 en Allemagne. Il n’est que de 1 800 euros en France.

En réalité, ces chiffres ne sont guère flatteurs pour notre pays et ce faible taux d’encours s’explique par une véritable concentration des crédits sur 60 % de nos concitoyens pour lesquels le crédit peut se transformer en piège mortel tandis que 40 %2 de nos concitoyens n’accèdent pas au crédit ou se voient refuser un crédit au motif de leur manque supposé de rentabilité alors même qu’ils seraient capables de rembourser le prêt contracté.

Ce taux n’est que de 10 % dans les autres pays européens.

1 Rapport d’information du sénat n°261 sur l’accès des ménages au crédit en France

2 La méthode dite du scoring utilisée par les sociétés financières françaises conduit au rejet de près de 30% des candidats à un prêt.

L’ACCOMPAGNEMENT JURIDIQUE ET SOCIAL DES MENAGES SURENDETTES AVANT QU’IL NE SOIT TROP TARD

Plus grave encore, 62 % des jeunes qui ont des revenus d’activités et qui démarrent dans la vie professionnelle sont exclus du crédit à raison de méthodes d’appréciation de leur solvabilité inadaptées.En France, faute de fichier positif centralisant les engagements financiers réels souscrits par les particuliers, les sociétés financières spécialisées dans les prêts à la consommation n’ont pas une bonne connaissance de la clientèle et de l’historique bancaire du demandeur d’un crédit.

De fait, ces organismes, faute d’instrument adapté, fondent leurs décisions d’octroyer ou non un prêt sur la probabilité en utilisant la méthode dite du scoring (ancienneté chez l’employeur, nature du contrat de travail, stabilité du domicile, origines sociales de l’emprunteur…) qui s’avère particulièrement discriminante.

Les expériences étrangères démontrent cependant qu’il est possible de contenir l’aggravation du surendettement3 tout stimulant le crédit à la consommation et qu’il est possible de faire régresser l’exclusion financière et de développer le marché du crédit, sans perdre d’argent en redonnant vie à des zones économiquement difficiles4.

La mise en œuvre d’un fichier positif se révèlerait favorable à une plus grande dynamique du crédit aux ménages dans le respect de la protection des consommateurs.

En l’état, l’offre de crédit se concentre sur des segments réduits de la population et la concentration de crédits octroyés sans vérification objective s’avère néfaste.

Au moindre accident de la vie, les procédures de surendettement se transforment en véritables machines à exclure et les ménages ne s’en relèvent plus.

II. Une évolution inquiétante avec des effets collatéraux d’une gravité exceptionnelle

700 000 procédures de surendettement sont en cours d’exécution5. Cela représente avec les enfants de ces ménages près de 2 000 000 de nos concitoyens.

L’examen des dossiers soumis aux commissions de surendettement montre une accélération du nombre de crédits de trésorerie souscrits par les ménages. Près de 7 par ménages au lieu de 4 il y un an. Cet empilement de crédits octroyés sans vérification réelle et que les débiteurs, le plus souvent, à l’occasion d’un accident de la vie ne parviennent plus à rembourser constitue un facteur aggravant lors de la mise en œuvre d’un plan de surendettement.

3 À peine après 18 mois de fonctionnement, la centrale belge des crédits entrée en vigueur le 1er juin 2003 et chargée de fournir aux opérateurs économiques une information objective sur l’endettement des particuliers avant tout octroi d’un nouveau prêt démontre la pertinence du dispositif : les crédits accordés aux particuliers ont augmentés de 4% et les défauts de paiement ont diminué de 1,1% (tant en terme de nombre de personnes que du montant des arriérés). De surcroît, les risques de cumul de crédits constitutifs d’un endettement “malsain” ont baissé de 10%.

4 Aux Etats-Unis, les crédits immobiliers accordés aux personnes à faibles revenus représentent 20% du marché total, soit un encours de 684 milliards d’euros (800 milliards de dollars). Un prêt à la consommation sur trois est accordé à une personne en situation de précarité.

5 Banque de France - septembre 2005 - enquête typologique

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200928 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 29

Là encore, la mise en œuvre en France d’un fichier recensant les crédits aux particuliers adopté par nos partenaires européens permettrait de réduire dans une forte proportion les conséquences d’un endettement additionnel que l’on retrouve dans près de 75% des dossiers de surendettement.

Il servirait de révélateur des situations de fragilité et conduirait à apporter des solutions plus adaptées dans les cas difficiles tout en orientant le marché du crédit vers un nouveau public jusqu’à présent exclu du crédit.

III. Des procédures inadaptées : l’abscence de viabilité des mesures curatives

Il y aurait aujourd’hui en France environ un million et demi de ménages dont la situation financière est assimilable au surendettement6.

Sur le terrain, on constate qu’une écrasante majorité de familles se trouve dans l’incapacité d’exécuter le plan de remboursement en raison de difficultés liées au calcul du reste à vivre et de l’absence de mesure d’accompagnement social et juridique. Les commissions de surendettement ne tiennent aucune statistique de suivi des ménages. L’expérience sur le terrain démontre que les débiteurs abandonnent l’exécution des plans et s’enfoncent durablement dans la spirale du surendettement, sans espoir de redressement. L’appréciation des facultés contributives résiduelles du débiteur s’opère de façon inégale sur le territoire français. Elle est source d’iniquité.

Dans tel département, les commissions incluent les charges d’entretien d’un animal dans le “reste à vivre” laissé aux familles ; ailleurs l’on ne prend pas en compte les cotisations d’une mutuelle santé voire les frais de scolarité des enfants ! Les loyers et charges réels ne sont pas toujours pris en compte et sur le terrain, on constate que les ménages sont obligés de choisir entre se loger ou manger. Tantôt encore, les ménages devront choisir entre la réparation de leur véhicule nécessaire aux trajets professionnels ou rester chez soi attendre le RMI.

Ces familles sont littéralement abandonnées à leur sort sur une durée de 8 ans alors même que l’expérience montre également que le traitement du surendettement serait favorisé par un véritable suivi social, économique et juridique en liaison avec les commissions de surendettement et participerait à la réduction du risque de rechute et d’exclusion des ménages concernés.

Le modèle d’accompagnement social et juridique pratiqué par les associations CRESUS constitue une avancée remarquable.

6 Monrose M., 2003

IV. Rompre avec la spirale du surendettement et favoriser l’insertion économique des ménages

2 190 000 personnes7 sont enregistrées au fichier des incidents de paiement des crédits aux particuliers (FICP). À titre de comparaison le FICIP contenait 1 190 000 millions de personnes en 2000.

Faute d’un instrument préventif adapté, le législateur s’est contenté de sanctionner les débiteurs par une modalité de mise à l’écart socialement et économique improductive.

S’il est évidemment nécessaire de conserver la concomitance entre la durée des plans de surendettement et l’inscription au FICP, en revanche, le maintien de l’inscription pour une durée de 10 ans des personnes qui ont bénéficié d’une mesure d’effacement après avoir remboursé partiellement leurs créanciers voire de 8 ans après la clôture d’une procédure de rétablissement personnel constitue un frein à leur réinsertion professionnelle. Il est remarquable que les personnes qui ont accompli leur temps de bannissement éprouvent des difficultés à retrouver ensuite un compte avec chéquier alors que du point de vue du droit elles devraient y avoir accès.

Faut-il le rappeler que ces mesures d’inscriptions au FICP après clôture d’une procédure de surendettement sont également contraires à l’esprit de la loi du 1er août 2003 dont l’objet est justement d’offrir aux débiteurs et aux familles une seconde chance.

V. Ouvrir le débat sans idées préconçues sur le fichier positif et l’adaptation des procédures de surendettement

Les difficultés de traitement du surendettement des ménages, l’absence de prévention et d’accompagnement ainsi que l’exclusion financière qui en résultent sont contre-productifs.

Ces phénomènes d’exclusion alimentent une attitude du “plus rien à perdre” ou produisent un découragement faisant survivre ces personnes uniquement d’aides publiques.

Ne faudrait-il pas prévenir plutôt que de sanctionner trop tardivement par des procédures aux conséquences brutales et qui alourdissent la dette de celui qui est déjà en grande difficulté ?

7 source CNIL

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200930 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 31

Résumé : après avoir souligné la place éminente de l’argent dans la vie de la cité et dans le vécu de chaque individu, ce texte évoque le rôle de l’ « illettrisme de l’argent » dans le processus d’exclusion sociale et bancaire. Il analyse comment des actions d’éducation financière d’envergure, conduites en partenariat entre des opérateurs privés (associations, banques) et publics (collectivités territoriales notamment) pourraient contribuer efficacement à protéger les individus financièrement fragiles contre l’exclusion bancaire et sociale. Nota : ce texte est la version enrichie d’un article publié en novembre 2007 dans La pédagogie de l’argent, Les cahiers pour l’histoire de l’épargne, édités par l’association Finances et Pédagogie (5 rue Masseran 75007-Paris) à l’occasion de son cinquantième anniversaire.

L’argent, un objet bizarre et complexe

L’argent n’est pas ce que l’on croit, ou plutôt il est beaucoup plus que ce que l’on croit.

Dans sa version matérielle, l’argent est palpable et visible : ce sont les pièces de monnaie utilisées pour payer le pain ou le journal, et les billets de banque qui « sortent des murs » - selon la vision qu’en ont les enfants pour parler des distributeurs de billets - utilisés pour payer des dépenses de quelques dizaines d’euros.

L’argent peut aussi prendre une forme immatérielle et invisible, à la limite du virtuel : il est alors un simple chiffre inscrit à notre nom dans l’ordinateur de la banque qui tient notre compte. Par extension, l’argent est aussi l’épargne, les prêts et l’ensemble du patrimoine qu’on a accumulé sous toutes ses formes (terres, logement, actions, assurance-vie, rentes etc.)

Au-delà de ce sens commun, l’argent occupe une place centrale dans les champs du politique, de l’économie, de la sociologie et de la psychologie.

Selon les économistes, il est en premier lieu un équivalent général de toutes les valeurs, qui permet d’évaluer le prix de tout ce que les humains peuvent s’échanger sur un marché. L’argent a la propriété d’éteindre la dette, et donc de payer toute transaction. À ce titre, c’est un formidable accélérateur des échanges économiques, et donc un créateur de richesse. Etonnant : l’argent, symbole de la richesse, est en lui-même un instrument créateur de richesse1. Enfin, à travers les mécanismes de l’épargne et du crédit, l’argent est un instrument qui permet de manipuler le temps. Epargne : je ne dépenserai que plus tard l’argent que je possède aujourd’hui. Crédit : je dépense aujourd’hui un argent que je ne gagnerai que plus tard.

Le philosophe Aristote a été le premier à affirmer que l’argent est un instrument du lien social : c’est en vue de gagner de l’argent que chacun exerce un métier pour produire des biens ou des services et les mettre à la disposition des autres, et c’est cet argent gagné que chacun « redonne » aux autres corps de métiers pour payer les biens et les services qu’il leur achète2. Cet échange croisé d’argent et de biens fonde l’appartenance à un groupe

1 Les hommes d’affaires le savent bien, qui travaillent généralement avec de l’argent qu’ils empruntent… !

2 Et pour s’acquitter des impôts qu’il paie à la Cité ou à l’Etat.

L’EDUCATION À L’ARGENT,UNE URGENCE SOCIALEPar Jean BEAUJOUAN,Président de CRESUS PARIS

social (village, quartier, ville, région, Etat), donne à celui qui y participe une identité professionnelle et sociale et l’institue comme membre de droit d’une communauté.

Selon les sociologues, l’argent est d’abord de la confiance. Une monnaie n’existe que si elle est garantie par un Etat ou un groupe d’Etats souverains et si elle est investie de la commune confiance des citoyens et des acteurs économiques. Si la confiance disparaît, l’argent perd sa valeur et cette crise engendre de graves perturbations politiques, sociales, économiques, psychologiques.

L’argent est également le carburant et l’énergie de la vie, le pourvoyeur de nourriture, de vêtement, de logement, de déplacement, de loisir, de sécurité etc.

L’argent est enfin l’enjeu de rapports sociaux parfois violents : chaque individu, chaque groupe ou classe sociale cherche à assurer sa place, son statut, son rang voire ses privilèges, et à ne pas tomber dans les multiples formes, subtiles ou brutales, de l’exclusion sociale. Dans ce registre, l’argent permet d’exister socialement dans le regard de l’autre, mais aussi d’acheter un minimum de sécurité pour ne pas déchoir.

Pour les psychologues, l’argent est un puissant excitant psychique du désir. Puisque c’est un concentré de valeur qui permet, au moins en fantasme, de tout se procurer ou presque (objets, services, mais aussi sécurité, estime, amour, plaisirs etc.), il s’immisce dans presque tous les compartiments de notre vie, et suscite des émotions ou des sentiments puissants et parfois contradictoires : désir, envie, admiration, sécurité, peur, dégoût, culpabilité, mépris, toute puissance etc. L’argent peuple nos rêves intimes.

Il peut être l’instrument de notre liberté et de la réussite de notre vie, un objet magique qui nous protège, une enveloppe psychique, un moyen de pouvoir et de jouissance, mais aussi un objet de servitude, de torture, de déchéance ou encore, pour certains individus, une drogue. Socialement et psychiquement, l’argent est un puissant explosif.

Chacun de nous entretient avec l’argent une relation intime différente, complexe, émotionnelle, souvent intense et en partie inconsciente. Cette relation est influencée par notre éducation familiale, notre histoire de vie, notre classe sociale. Une mauvaise construction du rapport à l’argent est source de handicaps dans tous les compartiments de la vie et, pour certains, elle peut concourir à leur exclusion.

L’argent au cœur de l’exclusion

L’argent est au cœur de l’exclusion sociale, bancaire et du surendettement, à la fois comme cause et comme symptôme.

Les exclus sont d’abord ceux qui manquent d’argent, parce qu’ils ne peuvent pas s’en procurer par leur travail (chômage, handicaps divers), parce qu’ils méconnaissent leurs droits, parce qu’ils en ont peur, parfois aussi parce qu’ils ont fait le choix de travailler peu ou pas du tout. Mais aussi, pour d’autres, parce qu’ils gèrent mal leur budget familial et dépensent, au sens propre, sans compter.

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F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S RAPPORT D’ACTIVITE 200932 RAPPORT D’ACTIVITE 2009 F E D E R AT I O N F R A N C A I S E C R E S U S 33

Ceux-ci sont, plus ou moins gravement, des « illettrés de l’argent », comme d’autres le sont des lettres et des mots. Ils sont dépourvus de certaines bases élémentaires nécessaires au maniement de l’argent et à la gestion d’un budget familial : ils sont « fâchés » avec les chiffres et l’argent, ils ne connaissent pas l’ordre de grandeur des principaux postes de leur budget, ils confondent les ressources et dépenses courantes (les flux) et le patrimoine (les stocks), les dépenses récurrentes et les dépenses exceptionnelles, ils ne pointent pas leurs relevés de compte bancaires, ne classent pas leurs documents, ils font des chèques ou paient par carte bancaire sans vérifier préalablement leur solde disponible, ils sont parfois incapables de résister à un achat compulsif etc.

Ces carences résultent souvent d’une conjugaison de causes extérieures à la personne, et d’autres qui lui sont propres : le caractère de plus en plus abstrait et virtuel de l’argent électronique ; le manque d’éducation familiale dans la gestion de l’argent ; les carences intellectuelles de la personne (incapacité à se représenter l’argent et les chiffres, à compter, à classer, à vérifier) ; la fragilité psychique (pour certaines personnes, l’argent est fortement associé à des images de danger, d’angoisse, de mort, de saleté, d’injustice, d’interdit, de culpabilité, de dépendance, ce qui les pousse à le mettre à distance, et à pratiquer à propos de leur argent la politique de l’autruche) ; et enfin la négligence, l’irresponsabilité, l’inconséquence (l’argent n’est pas investi comme objet d’obligation et de contrat).

La vulnérabilité de ces personnes est renforcée par les multiples tentations du monde « hyper moderne » dans lequel elles vivent : chacun y est invité à se réaliser dans une réussite sociale fondée sur l’argent, à consommer et à jouir sans délai à travers des achats payés par l’opération indolore et parfois inconsciente de la carte bancaire, ou encore par un crédit à la consommation que certains ont l’illusion de croire inépuisable.

L’illettrisme de l’argent est également cause de l’exclusion bancaire et du surendettement : lorsque son compte bancaire devient débiteur, la personne en situation précaire se voit infliger par la banque des pénalités parfois très lourdes. Le banquier en fait une sorte de potion amère dissuasive censée pousser le client à reconstituer un solde positif de son compte bancaire. Mais pour les clients les plus fragiles, le médicament aggrave la maladie et peut aller jusqu’à « tuer » le malade en accélérant son exclusion.

Quant au surendettement, il n’est souvent qu’un « malendettement »3, c’est-à-dire un mauvais empilement de crédits consentis à des taux trop élevés et pour une durée trop courte : si la personne malendettée a pris conscience de ses errements et souhaite réellement retrouver une bonne santé financière, un diagnostic sérieux, suivi d’un réaménagement financier et d’un accompagnement humain attentif, peut lui permettre d’en « guérir » assez rapidement.

Les enjeux de la pédagogie de l’argent

L’importance croissante de facteurs tels que les cartes de crédit, le crédit à la consommation et la précarisation du travail rendent indispensable une action d’envergure dans ce domaine.

3 Selon la formule pertinente largement diffusée par le Médiateur de la République.

L’inaptitude à gérer l’argent a pour conséquences les graves déséquilibres du budget familial, le développement des comptes débiteurs et le surendettement, et en dernier ressort l’exclusion bancaire et sociale. Celle-ci est cause de grande souffrance pour ceux qui en sont les victimes, quelle que soit la part, discutable à l’infini, de leur responsabilité dans cette épreuve.

Au-delà de ses victimes directes, l’illettrisme de l’argent entraîne également des effets néfastes pour les banquiers, pour la croissance économique, pour le budget de l’Etat et pour la société dans son ensemble. À l’inverse, lorsqu’une personne a appris à tenir ses comptes et à contrôler ses dépenses en fonction de ses revenus, elle est « réconciliée » avec l’argent et devient un client fiable pour sa banque, elle est capable de travailler et d’entreprendre en vue d’augmenter ses revenus, de payer ses impôts, de vivre de manière autonome au sein de la cité, de veiller à sa santé et d’assurer elle-même sa sécurité économique.

S’il est difficile de combattre l’exclusion liée à un manque durable de ressources, il n’en est pas de même lorsque celle-ci est liée à l’illettrisme de l’argent. Dans ce domaine, une expérience et des outils existent et ont fait leurs preuves, et d’autres peuvent être inventés et mis en œuvre. C’est une question de volonté politique et de moyens.

La mise en place d’actions de pédagogie financière d’envergure en direction des individus les plus fragiles financièrement est donc un impératif humanitaire. C’est un enjeu majeur de justice, de santé sociale et d’autonomie des individus. Il y a urgence à la relancer à travers des actions novatrices et de grande envergure soutenues conjointement par les pouvoirs publics et les institutions privées.

Comment « enseigner » le bon usage de l’argent ?

Les praticiens de terrain constatent que, lorsque l’occasion leur en est donnée, bon nombre de ces « illettrés de l’argent » peuvent tirer profit d’une action d’éducation financière et budgétaire, ce que confirment les expériences réalisées par exemple en Belgique et en Allemagne.

En France, un travail de qualité est déjà réalisé dans ce domaine depuis plusieurs décennies par des précurseurs éclairés, au premier rang desquels Finances et Pédagogie, les UDAF4, les Maisons familiales rurales, les Caisses d’allocation familiales, grâce notamment au travail des conseillers en économie sociale et familiale et d’un certain nombre de travailleurs sociaux. Pour sa part, Crésus Alsace et l’ensemble du réseau national Crésus ont apporté une contribution remarquable en matière de pédagogie de l’argent, notamment à travers ses consultations en direction des personnes surendettées et ses actions de formation auprès de publics divers. Le Crédit Agricole, avec son dispositif Passerelle, œuvre dans le même sens. Enfin, la récente création de l’IEFP5, « La Finance pour tous », sous l’égide du Conseil des Marchés Financiers, et du CODICE6 à l’initiative du Ministère des Finances, montre que les pouvoirs publics, conscients des enjeux de cette question, souhaitent y contribuer activement.

4 Union Départementale des Associations familiales.

5 Institut pour l’Education Financière du Public.

6 Conseil pour la Diffusion de la Culture Economique.

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Que serait une relation « idéale » d’un individu avec l’argent ? Les premières réponses qui viennent à l’esprit sont fondées sur le bon sens : la capacité à gagner suffisamment d’argent pour faire face à ses besoins ; la capacité à le dépenser, pour satisfaire ses besoins et ses désirs (savoir se faire plaisir) ; la capacité à contrôler ses dépenses en fonction de ses revenus ; la capacité à épargner et à emprunter (ni trop, ni trop peu) ; la capacité à penser l’argent dans la durée, et notamment à constituer et à gérer un patrimoine, en « bon père de famille » ; la capacité à donner gratuitement et à recevoir ; la capacité à recevoir, à « intégrer » et à gérer un héritage ; la capacité à transmettre à ses propres héritiers ; le fait d’avoir une représentation réaliste et positive, ou au moins neutre, de l’argent ; le fait que l’argent tienne une place modérée (ni trop, ni trop peu) dans sa vie psychique (pensées, rêves, conversations, émotions…) ; la capacité à faire confiance à un tiers (qui n’exclut ni les précautions préalables, ni les contrôles a posteriori…) ; la capacité à avoir normalement confiance en l’avenir ; le respect de la loi et des usages ; le souci de faire avec autrui des transactions équitables ; plus techniquement : la capacité à distinguer l’argent flux et l’argent stock, la capacité à manier une grosse somme d’argent et à prendre un risque modéré, par exemple pour acheter un logement. Cette définition est certes théorique, elle peut être critiquée et enrichie, mais elle est indispensable pour concevoir et conduire des actions significatives de pédagogie de l’argent.

Concrètement, comment faire ?

Plusieurs actions permettraient de promouvoir l’éducation financière : enseigner au lycée, au collège voire dans les classes primaires, les rudiments de l’économie, et en premier lieu ceux d’une bonne gestion de l’argent et du budget familial7 ; renforcer les filières de formation des conseillers en éducation sociale et familiale ; donner aux travailleurs sociaux et aux bénévoles des associations caritatives et d’action sociale une formation pour les rendre capables de « parler d’argent » avec les personnes financièrement fragiles8 ; favoriser la création d’associations de terrain ayant pour but de réaliser des actions d’éducation financière comme d’autres travaillent à l’alphabétisation.

Les banques, pour leur part, devraient jouer un rôle essentiel dans cette éducation : autrefois les guichetiers donnaient des conseils généralement bienveillants à leurs clients, en particulier lorsque leur compte devenait débiteur. Ces guichetiers sont souvent remplacés par des procédures automatiques de mise en garde et de facturation, perçues par les clients les plus fragiles comme aveugles et parfois brutales, et qui les perturbent plus qu’elles ne les aident réellement.

Cette action des banques en faveur de la pédagogie de l’argent devrait constituer leur contribution prioritaire et significative à une politique de développement durable au service de la cité, dans le cadre de la responsabilité sociale des entreprises.

Plusieurs raisons militent en ce sens : leurs moyens financiers ; leur expertise financière ; leur capacité à connaître, dès leur apparition, les difficultés financières de leurs clients, à un moment où il est encore aisé d’y remédier ; l’intérêt qu’elles ont à garder leurs clients

7 Le mot « économie » vient du grec oikonomos qui signifie « la règle, la loi, l’organisation de la maison ». À l’origine, il signifie « l’art de bien administrer une maison », puis « la bonne gestion des biens d’autrui ». Il réfère donc bien à l’idée moderne de gestion équilibrée de l’argent du budget familial.

8 C’est-à-dire capables de réaliser avec elles un diagnostic de leur situation financière, et de les accompagner dans la durée pour les aider à mieux gérer leur budget familial.

en bonne santé ; et enfin les retombées positives qu’elles peuvent en tirer pour améliorer la qualité de leur image institutionnelle.

Les banques devraient définir une politique spécifique aux clientèles fragiles et en particulier aux clients débiteurs, en y intégrant la dimension éthique et pédagogique. Elles feraient œuvre utile, en particulier, en créant un dispositif de « sauvetage » des clients surendettés qui ne sont bien souvent que « malendettés » : certaines banques le font déjà avec un réel succès, en réaménageant ou en restructurant leur dette et en leur offrant un accompagnement humain à dominante pédagogique, gage et condition de leur redressement durable, pour lequel elles mobilisent leurs anciens salariés pour en faire des pédagogues bénévoles.

À l’exemple du groupe Caisses d’Epargne avec Finances et Pédagogie, chaque groupe bancaire pourrait utilement créer une structure d’éducation à l’argent et à la gestion du budget familial. Conduisant des actions de recherche en liaison avec l’IEFP, chaque structure ferait un travail éducatif de terrain en interne vers leurs propres clients fragiles, mais aussi à l’extérieur en appui de l’action sociale conduite dans ce domaine par les collectivités territoriales, les associations, les administrations et les différentes structures socio-éducatives.

Enfin le dispositif de distribution de micro crédits sociaux, institué par la loi Borloo de Cohésion sociale de 2005 et géré par le Fonds de cohésion sociale, constitue une opportunité exceptionnelle de donner une impulsion nouvelle à l’éducation financière des personnes les plus fragiles.

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Apprendre à compter

Il existe des liens multiples entre la crise écologique planétaire, la crise financière et économique mondiale, le phénomène de surendettement dans les pays développés, et l’épreuve dangereuse et douloureuse vécue par un personne singulière - ou une famille - frappée par le surendettement.

La crise écologique est due au fait que les humains détruisent les ressources vitales de la planète Terre au-delà de ce que celle-ci peut produire de manière renouvelée. La crise financière et économique, et le phénomène de surendettement, résultent de l’action aveugle de nombreux dirigeants politiques et bancaires, notamment américains. Au-delà des accidents de la vie, le surendettement d’une famille est souvent lié à un dérèglement dans la gestion de ses ressources.

Points communs à ces quatre phénomènes : la pulsion quasi irrépressible des humains à vouloir posséder des objets ou utiliser des services pour les consommer, c’est-à-dire les consumer ; la pulsion à s’approprier de plus en plus d’argent, censé apporter la sécurité, la considération et la jouissance, à défaut du bonheur ; la prise de risque au-delà du raisonnable ; la volonté d’ignorer les risques encourus, même lorsqu’ils sont probables et potentiellement désastreux ; l’état de crise grave qu’ils engendrent ; les souffrances causées aux personnes touchées ; l’obligation de prendre des décisions radicales pour sortir de la crise et établir un nouvel équilibre durable.

Crésus en première ligne

Avec des approches parfois complémentaires, Crésus est en première ligne du combat contre le surendettement et pour l’inclusion financière.

Sur le terrain, nous travaillons en premier lieu pour aider des personnes exclues bancaires, mal endettées ou surendettées à se remettre en selle, à se sortir du mauvais pas dans lequel elles sont mises, ou dans lesquelles le destin les a mises. D’abord survivre, d’abord éviter l’irrémédiable. Protéger le logement, les enfants, la santé.

Qui sont ces personnes ou ces familles ? Beaucoup nous rencontrent parce qu’elles sont surendettées, ne connaissent pas vraiment le montant de leurs dettes, sont harcelées par les officines de recouvrement de dettes, connaissent mal leurs droits, vivent cette crise dans la solitude et dans la honte, avec un sentiment de danger imminent.

Quels sont leurs besoins ? D’abord être écoutées, mais aussi accompagnées. Dans un premier temps, nous les écoutons, et nous sommes souvent les premiers à qui elles peuvent se confier. Nous cherchons à les rassurer et à alléger leur sentiment de honte. À travers un diagnostic financier, nous les aidons à faire la clarté là où il y a bien souvent confusion et incertitude. Nous les informons sur leurs droits : les dettes sont-elles fondées ? Comment la loi sur le surendettement peut-elle leur apporter une protection de survie sociale minimale ? Nous les aidons à préparer un dossier pour qu’elles bénéficient d’un plan de surendettement auprès des commissions gérées par la Banque de France, puis à mettre en place ce plan lorsqu’il est accepté.Action pédagogique durable

Apporter des « soins » d’urgence est indispensable, car il s’agit d’abord d’apporter une protection immédiate. Mais ces mesures de sauvegarde constituent également le premier moment d’un travail pédagogique, parce qu’elles produisent chez la personne surendettée une prise de conscience de la réalité insoutenable de sa situation financière, et des dysfonctionnements multiples qui y ont conduit.

Ces soins à court terme, et cette prise de conscience, ne peuvent avoir d’effet durable que si les personnes ou les familles fragilisées sont accompagnées dans la durée, et si elles acquièrent progressivement un savoir-faire suffisant avec l’argent. C’est donc pour prolonger ce premier effet d’éducation financière que nous mettons en place un dispositif d’accompagnement individuel durable, et des actions plus systématiques de pédagogie de l’argent.

Dans un accompagnement durable, une personne financièrement fragile rencontre régulièrement un bénévole de Crésus, noue avec lui un lien de confiance, et reçoit de lui des encouragements et des conseils pour mieux gérer son budget.

Quant aux actions plus structurées de pédagogie de l’argent, qui sont généralement collectives, elles peuvent prendre des formes très diverses en fonction des besoins et des demandes : information et conseil à la gestion du budget familial ; information sur la banque, les moyens de paiement, les dangers du surendettement ; groupes de parole sur l’argent ; perfectionnement des travailleurs sociaux au sujet de la micro finance et du surendettement etc.

Jean BEAUJOUANPrésident de CRESUS PARIS

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Ce travail pédagogique général peut être décrit sous le vocable de lutte contre « l’illettrisme de l’argent ». Chacun connait le combat de nombreuses associations contre l’analphabétisme. Mais on ignore souvent qu’un « analphabétisme de l’argent » touche de nombreuses personnes : celles qui ne savent simplement pas compter par insuffisance culturelle, mais également celles pour qui l’argent est associé à des sentiments ou à des souvenirs négatifs plus ou moins diffus (de danger, de culpabilité, de honte, de mépris etc.). Ce sont ces familles qu’il est urgent de former pour qu’elles deviennent capables de gérer leurs affaires d’argent de manière prudente et avisée.

Apprendre à compter, un impératif pour tous

« Vu l’époque, malheureusement, je crois que même les littéraires vont devoir apprendre à compter » (déclaration d’une femme enseignante en lettres à Riga, Lettonie, rapportée par le journal Le Monde du 25 mars 2009).

En cette période d’augmentation des pertes d’emploi et de réduction du pouvoir d’achat qui s’ensuit, apprendre à compter devient en effet un impératif pour tous.

Pour la société, réduire l’illettrisme de l’argent et le gaspillage budgétaire qui l’accompagne souvent constitue une démarche pertinente et incontournable pour amortir les effets de la crise. C’est donc une urgence sociale. Pour une personne ou une famille, apprendre à gérer sagement son argent, c’est apprendre à faire plus avec moins, c’est se protéger contre le surendettement, c’est enfin sortir de la dépendance sociale pour apprendre à devenir autonome.

L’éducation financière du public est un chantier de longue haleine, auquel doivent contribuer tant les banques que les structures associatives ou publiques engagées dans le travail social. Crésus entend y apporter sa contribution et inventer des approches novatrices, dans un domaine qui a été relativement peu investi jusqu’à maintenant.

Nous sommes encouragés dans notre action par les pouvoirs publics, qui nous apportent des financements, par les bénévoles nombreux et motivés qui nous rejoignent, mais également par les entreprises qui nous manifestent leur intérêt. Que les uns et les autres en soient remerciés. Nous avons besoin de leur appui humain et financier pour développer durablement notre soutien d’urgence et notre action d’éducation financière au bénéfice des personnes en situation financièrement précaire.

BIEN GERER MON PREMIER SALAIRE

Organisation

Cet atelier pédagogique d’une durée de deux heures est mis à la disposition des Etablissements et des enseignants et bénéficie du concours d’un formateur-pédagogue de CRESUS Alsace.

Articulé autour de cas pratiques, cet atelier associe les expériences de terrain et favorise l’interactivité des jeunes.

Parce que le budget est une contrainte… l’atelier pédagogique que nous proposons aux jeunes vise à démontrer que cette contrainte leur permet de gagner en liberté. Pendant deux heures, nos formateurs répondront à toutes les interrogations que peuvent se poser les apprentis sur l’environnement bancaire et les outils financiers : comment fonctionne un compte en banque ou une carte bancaire ? Comment éviter que le premier salaire, tant attendu, ne s’envole dans des dépenses inutiles ? Comment anticiper les dépenses. Comment ne pas céder aux mirages et gagner en indépendance ?

Objectifs

Découvrir les conditions de réussite de la maîtrise du budget,

Consommer, acheter, il existe des règles à connaître et à respecter,

Quelques notions de sécurité financière.

Méthode pédagogique

L’atelier est illustré de cas pratiques portant sur les enjeux liés aux choix budgétaires.

Inscription et réservation :

Notre conseillère est à votre disposition pour tout complément d’information au 03 90 22 11 38

SENSIBILISATIONDES APPRENTISA L’AUTONOMIEECONOMIQUE ET FINANCIERE

L’Atelier d’initiationà l’environnement bancaire et budgétaire

CRESUS 7, rue Sédillot BP 8 F 67064 STRASBOURG Cedexwww.cresusalsace.org - [email protected]

Durée 2 Heures

En partenariat avec L’association AccompagnementBudgétaire et financier

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COMMUNIQUE de PRESSE

Paris, le 21 avril 2009

80% des Français surendettés interrogés plébiscitent la mise en place d’un « fichier positif »

Plus de 3 personnes surendettées sur 4 estiment que la mise en place d’un « fichier positif » serait efficace pour lutter contre le surendettement, selon un sondage du CSA pour CRESUS. Si le « fichier positif » est peu connu des personnes en situation de surendettement, 80% d’entre elles jugent, après explication, qu’il serait efficace pour lutter contre le surendettement, et près d’une personne sur deux l’estime « très efficace ». Pour 88% des personnes surendettées, la responsabilisation des établissements de crédit serait la première conséquence positive de la mise en place d’un tel fichier. De surcroît, 86% des personnes surendettées considèrent que le « fichier positif » responsabiliserait également les emprunteurs en leur permettant de vérifier leur situation d’endettement. 56% estiment néanmoins qu’il pourrait représenter une atteinte à la vie privée. Jean-Louis KIEHL, Président de la Fédération Française des Associations CRESUS, déclare:

« Je me réjouis des résultats de ce sondage car nous nous battons, depuis plusieurs années, pour la promotion d’un fichier positif contrôlé, recensant les encours de crédits des particuliers afin de protéger les ménages en difficulté contre l’empilement de crédits qui, trop souvent, conduit à une situation de surendettement. Ce type d’outil, par ailleurs utilisé par la plupart de nos voisins européens, est le seul moyen d’appliquer la notion de « prêt responsable », pour le prêteur comme pour l’emprunteur. »

Autres leçons du sondage :

Le recours à un nombre trop important de crédits est le principal facteur du surendettement, les accidents de la vie n’étant qu’un élément déclencheur. Selon 65% des personnes surendettées, le recours à un nombre trop important de crédits est l’une des deux principales causes de leur situation de surendettement et 41% des personnes interrogées déclarent qu’il s’agit du premier facteur de surendettement. Dans 16% des cas, le surendettement est associé à une séparation, dans 14%, à une baisse de ressources, dans 13%, à un licenciement et dans 8%, à une maladie. Par ailleurs, pour 79% des personnes interrogées, les crédits dont l’accumulation les a conduits en situation de surendettement ont avant tout été contractés afin de faire face aux dépenses de la vie courante, et non dans le cadre d’une mauvaise gestion de leur budget. 69% des personnes surendettées utilisent un découvert bancaire. Outre le découvert bancaire, le crédit revolving (ou crédit permanent) est utilisé par 89% des surendettés, souvent comme une solution alternative pour faire face aux refus de prêt des banques. 43% des personnes surendettées ont en effet contracté un crédit revolving car elles avaient déjà un ou plusieurs crédits dans leur banque et 31% à la suite d’un refus des banques de leur octroyer un crédit amortissable.

Ces résultats sont issus d’un sondage exclusif CSA / CRESUS réalisé par téléphone du 23 au 28 mars 2009 auprès d’un échantillon national représentatif de 1002 personnes en situation de surendettement âgées de 18 ans et plus interrogées à partir d’un fichier transmis à CSA par CRESUS.

C R E S U S

Un fichier est indispensableLe Parisien - 21.04.09Jean-Louis Kiehl, président de la Fédération des CRESUS1

Le nouveau président de la Fédération des chambres régionales du surendettement social, Jean-Louis Kiehl point l’insufissance de la réforme du crédit.

En quoi les chiffres sur le surendettement rendus publics aujourd’hui sont-ils nouveaux ?

Jean-Louis Kiehl, le surendettement était jusqu’à présent présenté comme la conséquence d’un accident de la vie : chômage, divorce, maladie… En réalité, le principal facteur de surendettement est le recours à trop de crédits et à une prise de conscience trop tardive de l’insolvabilité de l’emprunteur.

le profil des personnes surendettées a beaucoup évolué ces dernières années ?

Avant, nous rencontrions surtout des chômeurs et des bénéficiaires de minima sociaux. Désormais, ce sont avant tout des travailleurs pauvres, car la classe moyenne plonge. On voit exploser le de retraités qui s’endettent pour aider financièrement enfants et petits-enfants.

Vous n’êtes pas satisfait de la réforme du crédit que le gouvernement doit présenter demain ?

Le problème est que la nouvelle loi n’assurera pas de réel partage de responsabiltiés entre le prêteur et l’emprunteur. Le texte ne prévoit pas, en effet, la mise en place d’un fichier retraçant les crédits octroyés aux particuliers, également appelé « fichier positif ». Un fichier de ce type est pourtant indispensable. Il permmettrait d’engager la responsabilité des prêteurs, selon 88 % des Français surendettés interrogés. Et 80 % d’entre eux souhaitent sa mise en place.

Propos recuillis par O.À.

1 Chambres régionales du surendettement social.

CRESUS ET LES MEDIAS

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Une fois surendetté, « on est dans une sorte d’irréalité » Article paru dans l’édition du 30.05.09. LE MONDE - 29.05.09Jean-Louis Kiehl délégué général de Crésus

Je me bats contre le crédit trop facile, le mauvais crédit où les emprunteurs ne remboursent que des intérêts, si bien que leur dette ne diminue jamais», s’insurge Jean-Louis Kiehl délégué général de Crésus, une association qui aide les surendettés à se sortir de la spirale du crédit. « Il faut responsabiliser les banques en créant un fichier positif qui recense les crédits consultables par les établissements avant d’accorder un prêt, ce que la réforme ne prévoit pas », dit-il.

L’association a fait réaliser un sondage par l’institut CSA mené en mars auprès de 1 002 personnes en situation de surendettement. Les conclusions sont différentes de celles de la banque de France. Ce ne sont pas les accidents de la vie qui mènent au surendettement mais le recours non maîtrisé au crédit pour régler des dépenses de la vie courante. 79 % des personnes surendettées ont été incitées à souscrire des crédits et 89 % d’entre elles ont contracté un crédit permanent, « au moindre incident, les banques suppriment brutalement les autorisations de découverts, précipitant ainsi leurs clients vers des crédits les plus chers dont les intérêts dépassent 20 % », poursuit M. Kiehl. Il souhaite relever le taux d’usure des prêts à la consommation amortissables pour permettre à ces familles d’accéder à ces crédits moins risqués.

« Comment ai-je pu me laisser embobiner jusqu’au surendettement, c’est difficile à expliquer », s’interroge Michèle (dont nous avons modifié le prénom), une ancienne visiteuse de laboratoire pharmaceutique. Cela commence par une période longue de chômage, quatre ans, « à mon âge (54 ans) il est très difficile de retrouver du travai l». Quand elle a pu, raconte-t-elle, enfin, toucher sa retraite de 1 600 euros par mois, elle était un peu plus à l’aise mais avait accumulé quelques dettes pour 15 000 euros. Elle a vendu sa maison et s’est installée en location dans une petite maison de l’arrière pays pour 460 euros de loyer. Mais, le déménagement, les dépenses d’ameublement, la carte Auchan... les dépenses s’accumulent. « J’ai pris un premier puis un second, puis un troisième crédit « revolving » chaque fois de 3 000 euros jusqu’à ce que chaque mois me soient prélevés 800 euros. Beaucoup plus que ma capacité de rembourser qui, une fois les dépenses incompressibles déduites, plafonne à 300 euros... C’est alors un schéma épouvantable, la hantise de ne pas régler mes dettes, d’être à découvert, m’a conduite à prendre un crédit pour en rembourser un autre... on est dans une sorte d’irréalité. » Aujourd’hui les crédits contractés après de huit établissements s’élèvent à 50 000 euros...

« J’ai déposé un dossier de surendettement à la Banque de France qui a échoué en raison de l’opposition d’un seul créancier le plus récent. Le juge de l’exécution m’a déclarée de mauvaise foi et confirmé ce refus... Aujourd’hui je négocie avec chaque établissement pour le faire patienter... C’est très dur. »

Isabelle Rey-Lefebvre

Voir aussi sur notre site http://www.espacesdialogues.org/Chemin à suivre :- Nos meilleures pages- Colloque Février 2009 puis : Le microcrédit : un instrument favorisant l’égalité des chances.Jean-Louis KIEHLDirecteur de CRESUS ALSACE (Chambre REgionale du SUrendettement Social)Président de la FEDERATION FRANCAISE DES ASSOCIATIONS CRESUS

Nouvelle pauvretéEn août, les surendettés affluent chez Crésus Sur les sept premiers mois de l’année, l’association a reçu et pris en charge 777 personnes ou familles en situation de surendettement. (Photo DNA - Jean-François Badias)

Surendettés, nouveaux pauvres, accidentés de la vie... Jamais, la Chambre régionale du surendettement social (Crésus) n’avait accueilli autant de personnes dans des situations souvent inextricables...

De vacances au soleil et à la plage, ils n’en ont plus qu’un très lointain souvenir, pour eux c’était au siècle dernier : ils sont ainsi des dizaines chaque jour à frapper à la porte de Crésus à Strasbourg ou à venir aux multiples permanences organisées à travers toute la région.

La procédure de redressement personnel de la Banque de France, une seconde chance

« L’affluence atteint ce mois-ci un nouveau record », atteste Jean-Louis Kiehl, le directeur de Crésus Alsace. » Les gens n’y arrivent plus, la rentrée va être dure avec des factures qui tombent et des banques qui se raidissent en matière de facilités de découvert ou de crédits à la consommation », ajoute le président de Crésus, Éric Sander. Beaucoup de malheureux racontent qu’ils font les poubelles des supermarchés pour trouver à nourrir leur famille : « Ce sont, explique Jean-Louis Kiehl, des travailleurs pauvres, des gens qui galèrent, mais qui n’ont pas accès aux Restos du Cœur. » Sur les sept premiers mois de l’année, l’association a reçu et pris en charge 777 personnes ou familles en situation de surendettement. Un peu plus que l’an dernier à pareille époque, mais à cette différence près que les situations individuelles s’avèrent beaucoup plus graves. « Même en étalant les dettes sur dix ans, ces gens ne pourront pas sortir la tête de l’eau. » Alors, il n’y pas de réelle alternative : ces sinistrés du crédit passent par la case Banque de France et établissent un dossier de surendettement qui peut, le cas échéant, leur permettre de bénéficier d’une extinction partielle, voire totale des dettes. « Pour ces personnes, la procédure dite de redressement personnel s’apparente à une seconde chance », reconnaît Anne Winterhalter, la nouvelle directrice régionale adjointe de la Banque de France. Mais elle remarque néanmoins que 80 % des dossiers traités par ses services permettent de « bâtir » un plan d’apurement du passif, contre seulement 65 % au plan national. N’empêche : Anne Winterhalter constate que les situations individuelles sont de plus en plus dramatiques : « On reçoit des gens qui n’ont plus les moyens de vivre, de se nourrir », lâche-t-elle. Chez Crésus, l’équipe de Jean-Louis Kiehl et la trentaine de bénévoles qui l’assistent ne savent plus comment répondre à cette détresse.

Les bailleurs sociaux tirent la sonnette d’alarme dès le premier impayé de loyer

Aussi essaient-ils de mettre en place des mécanismes de prévention. Depuis janvier par exemple, 262 familles alsaciennes ont bénéficié d’un accompagnement budgétaire. « Le problème, résume Éric Sander, c’est que l’acte de consommer dans l’esprit de beaucoup de gens passe aujourd’hui en premier, ils ne se préoccupent pas des moyens. » Le résultat, hélas, on le connaît. Reste à trouver les moyens pour des associations comme Crésus d’intervenir dès les premières difficultés, avant que la spirale du surendettement ne s’enclenche de façon irréversible : « Nous avons mis en place, avec une dizaine de bailleurs sociaux en Alsace, un mécanisme d’alerte : dès le premier impayé de loyer, ils envoient leurs locataires chez nous pour tenter de trouver des solutions », révèle Jean-Louis Kiehl. Et des solutions, il en trouve. Exemple récent : suspension de trois forfaits téléphones dans une famille, remplacement par un portable à carte. À cet égard, pour éviter les tracasseries, Crésus a passé un accord avec Bouygues et s’apprête à en faire de même avec SFR et Orange.

Christian Lienhardt

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La webradio qui aide les démunisDNA / 21.12.08Lancée cet été à Strasbourg, Radiocrésus diffuse sur internet des conseils aux consommateurs tout en donnant la parole aux personnes empêtrées dans les difficultés financières. (Photo DNA - Laurent Réa)

Alors que le surendettement et l’exclusion continuent à faire des ravages dans la société, Crésus Alsace, chambre régionale du surendettement social, première association du genre dans l’hexagone, s’est lancée dans l’expérimentation d’un nouvel outil de prévention et d’aide. Depuis la fin juin, les internautes ont la possibilité d’écouter, et de télécharger, les courtes séquences et les reportages qu’une équipe de bénévoles passionnés de radio réalise pour l’antenne de Radiocrésus (*).

Dans les conditions du direct

« Les droits des consommateurs y sont passés en revue : délai de rétractation, chèque sans provision, restitution de caution, crédits revolving, arnaques aux cartes de crédit, etc. On a aussi fait une enquête comparative sur les prix en grandes surfaces », précise Jean-Louis Kiehl, directeur de Crésus Alsace. Depuis qu’elle dispose d’un site internet, l’association alsacienne reçoit les vendredis des appels de toute la France, soit près de 4 000 $ par an. « Les lignes sont submergées. Je me suis dit qu’il fallait aller vers une radio économique et financière, un peu à la manière BFM, mais en plus populaire et sans la bourse ». Depuis cet automne, la webradio de Crésus Alsace a étoffé sa grille de programmes avec une nouvelle émission service mensuelle, « Crésus en direct », qui donne la parole aux personnes confrontées à des difficultés financières. Elle est enregistrée dans les conditions du direct, un vendredi par mois, de 10 h à 12 h, avec l’appui technique de Christophe Nutoni, Olivier Legras et Emmanuel Abela, qui œuvrent par ailleurs au sein de la webradio Flux4. L’autre jour, lors de l’enregistrement de la troisième émission, pas moins de six correspondants − tous avaient eu un contact préalable avec l’association − ont fait part de leurs problèmes. Présents dans le studio, le juriste Michel Knoell, directeur honoraire de Crésus Alsace, et l’avocate Cathy Neubauer ont notamment délivré de précieux conseils pour venir en aide à El Hassan, commerçant non sédentaire mulhousien, marié et père de deux enfants, « qui a dû quitter son logement et qui a besoin de 3 000 euros pour se refaire ».

« Redonner du courage aux gens »

Ils en ont fait de même avec Dominique, de Normandie, qui a relaté la tentative de suicide de sa compagne convoquée pour la troisième fois devant la commission du surendettement, ou encore avec Célia (Le Perreux), qui appréhende les remboursements à venir alors qu’elle vient de perdre son emploi... « On veut redonner du courage aux gens qui nous contactent. On ne pleurniche pas avec eux, mais on leur dit de se relever et de se battre », explique Jean-Louis Kiehl qui intervient également, le cas échéant, dans l’émission et ne manque pas d’idées pour continuer d’enrichir le programme.

« Il y avait un local disponible dans le bâtiment qui abrite nos bureaux. Mais l’association a dû prélever 12 000 $ sur ses fonds propres pour l’aménager en studio de radio, l’insonoriser et l’équiper en micros, en console de mixage, en logiciels et ordinateurs », souligne l’initiateur du projet. Ce dernier se donne trois ans, dit-il, pour transformer l’essai et obtenir, si tout va bien, une fréquence numérique terrestre. « Sinon une fréquence FM nous ira aussi », confie-t-il.

Xavier Thiery

* Sur www.radiocresus.fr

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L’ASSOCIATION POUR LA FONDATION CRESUS D’INITIATIVES ECONOMIQUES ET SOCIALESPrésident : Monsieur Marc REYMANN

LES LAUREATS DU PRIX CRESUS 2009

L’association pour la FONDATION CRESUS a été créé pour agir contre l’exclusion financière des populations les plus fragiles en favorisant le développement de pro-grammes d’éducation financière et d’accès au microcrédit personnel accompagné en tant qu’instrument d’insertion économique et sociale.

Son objet est d’encourager l’initiative dans le domaine du développement économique et social et d’agir face au fléau de l’exclusion financière.

À ce titre, CRESUS a décidé de récompenser chaque année les parcours d’insertion les plus remarquables accomplis par les bénéficiaires de microcrédit et d’encourager des ouvres littéraires ou scientifiques contribuant à changer le regard de la société sur la pauvreté.

Monsieur Emmanuel CARRERE, pour son ouvrage « D’autres vies que la mienne » édition P.O.L.« ... Emmanuel CARRERE raconte l’amitié entre un homme et une femme ; tous deux rescapés d’un cancer, tous deux rescapés d’un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s’occupaient d’affaires de surendettement au tribunal d’instance de Vienne (Isère). Il est question dans ce livre magistral de vie et de mort, de maladie, d’extrême pauvreté, de justice et surtout d’amour. Tous y est vrai. »

Monsieur Xavier GILBERT, bénéficiaire d’un microcrédit personnel au titre de son parcours d’insertion.« .. lorsque Xavier GILBERT est venu frapper à la porte de CRESUS, il n’avait plus de domicile, plus d’emploi depuis plusieurs années et venait de décrocher une proposition de travail à 40 km de Strasbourg. Il lui fallait un véhicule pour décrocher l’emploi. Accueilli par les accompagnants de CRESUS, Xavier a obtenu un microcrédit de 3 000 euros lui permettant l’acquisition du véhicule et le paiement du premier semestre d’assurance et depuis lors, Xavier a retrouvé le courage d’agir.

Contact Presse :CRESUSJean-Louis KIEHL Tél. 03 90 22 11 34 - [email protected] - www.radiocresus.fr

TILDERAnne GOURAULT - Tél. 01 44 14 99 80 - [email protected]

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