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JOHN
M. KELLY
LIBDADY
Donated
by
The Redemptorists
of
the Toronto Province
from
the
Library
Collection
of
Holy Redeemer
Collge,
Windsor
University
of
St. Michael's
Collge,
Toronto
-
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HHY
nmim
libary,
^dsor
-
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LES
DEGRES
VIE
SPIRITUELLE
TOME PREMIER
-
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DU
MME
AUTEUR
La
Voie
qui
mne
Dieu,
Conseils
pratiques
pour tous
ceux
qui
aspirent
une
solide
pit.
Un
vol.
in-12.
Prix 3
francs.
Ce
livre
sera un
trsor
pour
les
mes
qui
veulent
vivre
chrtiennement...
il
traite
de tout
l'ensemble
de
la
vie
chr-
tienne...
C'est
une
petite
somme
asctique,
trs pratique
sans
jamais
cesser
d'tre
trs
leve.
Ami
du Clerg,
20
octobre
1904.
Ce
livre
sera
utilement
plac sur le
bureau
de
travail
de
tout
prtre,
prdicateur et
confesseur,
et
entre les
mains
de
toute
personne
qui
travaille
sa
per-
fection.
Etudes
eccL,
octobre igo^-
La vie
d'Union
Dieu
et les
moyens d'y
arriver
,
d'aprs
les f/ranils
Matres de la
spiritualit.
Un
vol. in-12.
Prix
3 fr.
5o.
L'tat
mystique.
Sa
nature,
ses
phases.
Un vol.
in-12.
Prix
2 francs.
Le
cardinal Gennari, le
savant directeur
de
la Revue
Il
Monitore ecclesiastico ,
si
apprcie
dans toute
l'Italie,
a
daign
crire
l'auteur la
lettre
suivante :
Rome,
2/
aot
iqo3.
((
Tks Rvrend
Monsieur,
Je
vous suis
fort
reconnaissant
des
deux
livres
que vous
avez
bien
voulu
m'envoyer : L'tat
mystique
et
La oie
d'Union
Dieu. Les ayant rapidement
parcourus,
je
me
suis
convaincu
que
ce
sont
des
ouvrages
de
g'rande
valeur
et fort
utiles.
Vous
y
expliquez la nature
de
l'tat mystique,
non
d'aprs
l'opinion
de
certains auteurs modernes
qui
l'ont
en
partie
fausse,
mais suivant
la
solide
doctrine des
grands
Matres
de la
spiritualit.
Selon
cet
enseignement,
l'tat
mystique
n'est pas
aussi
inabordable
que
l'ont donn
entendre
ces
auteurs modernes, il
est
au
contraire la
porte
de tous.
J'applaudis
vos doctes
et
utiles
travaux,
et
je
souhaite
que,
se rpandant largement
parmi les
mes
pieuses
et
leurs
directeurs
,
ils
recueillent
des
fruits
trs
abondants.
Priant
le
Seigneur de
vous accorder
en
rcompense
de
vos
excellents travaux
une grande
abondance
de
grces et
de
consolations,
j'aime me
dire
avec
des
sentiments
de
grande
estime.
Votre
trs
dvou serviteur,
Casimir
Card.
Gennari.
-
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Abb a.
SAUDREAU
PREMIER
AUMONIER
DE
LA
MAISON
-
MERE
DU
BON-PASTEUR
d'aNGERS
LES
DEGRES
VIE
SPIRITUELLE
MDode
pour
diriger
les
mes
suivant leurs
proors
dans
la
vertu
Troisime dition revue
et
augmentA''^-CL'\>\-^
-*-
^^^.
PARIS
(6e
arrt)
LIBRAIRIE
Vie
&
AMAT
CHARLES AMAT,
DITEUR
11,
rue
Cassette
ANGERS
,
BRUXELLES
GERMAIN
&
G.
GRASSIN
DITEURS
40,
rue
du Cornet
OSCAR SCHEPENS
&. O'
DITEURS
16,
rue Treuienberg
HH
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
12/595
Permis
D'i>fPRiMER
:
Angers,
le
i8
octobre
igo4.
~
JOSEPH,
Evoque
d'Angers.
PROTESTATION
Humblement
soumis
aux
dcrets du Saint-Sige
Apos-
tolique,
nous
protestons
qu'aux
miracles,
rvlations
grces et autres
faits
rapports
dans cet ouvrage,
ainsi
qu'aux
pithtes de
Bienheureux
ou de
Saint,
s'il
nous
arrive
de les attribuer
des
serviteurs de Dieu
non
canoniss,
nous
n'entendons reconnatre
qu'une
autorit
purement
humaine;
nous
protestons
en
outre
que
tout
cet
ouvrage,
nous
le
soumettons
sans
restriction
aucune, et
dans
les
sentiments
de la
plus
respectueuse
et
fdiale
obissance,
au
jugement
de la Sainte glise.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
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APPROBATION
S.
G.
M'^^
MATHIEU
VQUE
d'aXGERS
(Aujourd'hui
Cardinal
de
la
Sainte
glise)
Avant
de
donner
notre
approbation
C
ouvrage
intitul
Les
degrs
de la
Vie
spirituelle,
compos
par
M.
l'abb
Saudreaii,
premier
aumnier
du
Bon-Pasteur
d'Angers,
nous
avons
tenu
le
faire
examiner
par
plusieurs
prtres
comptents
en
matire
de
spiritualit.
Il
a
t
reconnu
que
cet
ouvrage
rendra
de
srieux
services
toutes
les
personnes
qui
tendent
la
perfection
et
ceux
qui les
dirigent.
M.
Saudreau
a
expos
avec
clart
et
avec
amour
la
doctrine
des
grands
Mystiques
sur
les
divers
tats
de
la
perfection
chrtienne.
Il
a
eu le
mrite
de rappeler
et
d'ap-
profondir
des
thses
essentielles
et consacres
par
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
14/595
APPROBATION
la
tradition,
que
ngligent trop
souvent
les
auteurs asctiques
de
notre
poque, et
qui
sont
cependant
ncessaires pour la conduite
des
mes.
Nous croyons
que
beaucoup de
confesseurs
trou-
veront
dans cet ouvrage des
lumires
et
des
avis
qui
leur seront
du
plus
grand
secours.
Aussi
accordons-nous
trs volontiers l'auteur /'Impri-
matur,
en souhaitant
son livre
tout
le
succs
qu'il
mrite.
t
FRANOIS-DSIR,
Evque
d'Angers.
Angers,
le
28
fvrier
i8g6.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
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LETTRE
S. G.
W
&ILBERT
EVEOUE
DU
MANS
Le Mans,
le
7
dcembre i8q6.
Monsieur
l'Aumnier,
J'ai
termin
votre
trait
des
Degrs
de
la
Vie
spirituelle,
que
vous avez bien
voulu
me commu-
ni(juer.
Tout
y
est
de trs
bonne
note,
de doctrine
saine
et exacte. Ces deux
volumes
sont
une expo-
sition
complte
de
la
vie spirituelle;
ils
peuvent
rendre de
grands
services
et
suffisent
largement
tous les
besoins
gnraux
du
saint
ministre.
J'ai
lu avec une
attention
particulire
les
cha-
pitres
qui
concernent
les
formes
suprieures
de
ioraison
en
de
des
voies
exceptionnelles
et
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
16/595
LETTRE
A
L'AUTEUR
extraordinaires
.
Ce
point
fort
bien
trait
est
important
,
car
les
divers
tats
d'oraison
sont
moins
rares
quon
le
croit
communment.
Beau-
coup
d'mes
qui s'y
sentent inclines
ou
appe-
les
vgtent et
s'attardent
faute
d'une direction
plus
claire.
Cependant
aucune
illusion
n'est
redouter sous
le
secours
d'une
main
suffisante,
et
votre
livre
rend parfaitement
accessibles les prin-
cipes
et
moyens
qui
doivent
inspirer
la
direction
de
ces
mes.
Le
rapide examen
que
vous
faites
des
voies
extraordinaires
a aussi son utilit
pour
bien
dlimiter
les
divers
tats
de
la
vie spirituelle,
et
vous en traitez
avec
clart
et
prcision.
Permettez-moi
de
vous
fliciter
de
ce bon
el
grave
travail.
Je souhaite qu'il soit connu,
tudi
et
par
suite
profitable
de
nombreux
lecteurs.
Agrez, Monsieur
l'Aumnier, mes sentiments
dvous
en
N.-S.
t
ABEL,
Eoque da Mans.
-
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17/595
PREFACE
Ce
n'est pas
une
nouveaut
d'tablir
parmi
les
mes
chrtiennes
une
classification
fonde
sur
leur
degr
plus ou
moins lev
de
perfection.
Dj, dans
l'antiquit, l'auteur
des
uvres qui
portent
le
nom de
Denys l'Aropagite
posait
en
principe qu'il
fallait
reconnatre,
dans le
travail
de
formation d'une
me
par
la grce,
trois phases
successives
:
l'tat
de
purification,
l'tat
d'illumi-
nation et
l'tat de
perfection.
Longtemps avant,
au deuxime
sicle,
Clment
d'Alexandrie
avait dcrit,
dans les Stromates
l'ascension
du
fidle
vers la
gnose,
c'est--dire
vers
la
science
parfaite;
il
distinguait
galement
trois
degrs :
dans le
premier
domine
la
crainte,
par
laquelle on s'abstient
de
l'injustice;
dans
le
second
l'esprance
qui fait dsirer le
souverain
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
18/595
PREFACE
Bien;
dans
le
troisime
la
charit
qui
donne
la
connaissance
parfaite
{Strom.,
iv,
7)^
Saint
Basile
reproduit
la
mme
doctrine
{Prm,
in
Reg.fas.
tract.,
n
3).
Saint
Grgoire
de
Nazianze,
dit
Fnelon
,
a
suivi,
comme
presque
tous
les
Pres,
la
divi-
sion
des
esclaves,
des
mercenaires
et
des
enfants,
les
premiers
guids
par
la
crainte,
les
seconds
par
l'intrt,
les
troisimes
par
l'a-
ce
mour.
Au
moyen
ge,
la
mme
distinction
devient
classique
parmi
les
thologiens.
Reprenant
les
termes
de
Denys,
ils
distingurent
la
voie
pur-
gative
ou
des
commenants,
la
voie
illuminative
ou
des
avancs
et
la
voie
unitive
ou
des
par-
faits,
et
l'glise
a
confirm
cette
doctrine
en
con-
damnant
une
proposition
de
Molinos
qui
la
reje-
tait.
Les
auteurs
mystiques
se
sont
plu,
eux
aussi,
diviser
en
des
catgories
distinctes
les
justes
qui
vivent
sur
la
terre.
1
V.
Mgr Freppel,
Clment
d'Alexandrie,
18
leon.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
19/595
PREFACE
i3
Sainte Catherine
de
Sienne
indique,
dans
son
Dialogue, les
tapes
que
l'on rencontre
au
chemin
de
la
perfection.
Dans
cette
sorte
d'ascension
de
l'me vers Dieu, elle
compte
trois
degrs
et elle
y
ajoute
plus
tard
un
degr suprieur,
qui
n'est
autre
que
l'union
parfaite
et
consomme,
ou
le
mariage
mystique.
Saint
Franois
de
Sales,
dans
son
Trait
de
l'amour
de
Dieu (L. X.,
ch.
iv),
divise
les
servi-
teurs
de
Dieu
en
quatre
classes.
Richard
de
Saint-
Victor
distingue
trois
degrs
de
la
charit.
Sainte
Thrse, dans
son
livre
du
Chteau
intrieur,
traite
plus
longuement
et
plus
explicitement
cette
question,
et
son
gnie
naturel,
sa
grande
exp-
rience,
les
lumires
surabondantes
que Dieu
lui
communiquait, nous
ont valu
un
vrai
chef-
d'uvre.
Si ce
n'est
point
une
nouveaut
de classifier
de
la
sorte
les
tats d'me
par
o
passent ceux
qui
travaillent
leur perfection,
ce
n'est point
non
plus
une
chose
vaine
et
superflue.
S'il
en
tait
ainsi,
les Pres, les
thologiens,
les
auteurs
mys-
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
20/595
i4
PRFACE
tiques
n'auraient
pas
insist
sur
ce
point
comme
ils l'ont
fait.
D'ailleurs cette
description
des
phases
successives
de
la vie asctique
forme toute
une
psycholog-ie
spirituelle
,
dont
l'tude
est
aussi
instructive
qu'intressante.
Et puis
n'est-il pas
certain
que
les
commenants
et
les
parfaits
doivent tre
conduits
par
des
rgles diff-
rentes^
?
Pour
sagement diriger
les
mes,
il
importe
beaucoup
de
tenir compte
du
degr
de
perfection
qu'elles
ont
acquis, La
grce
des com-
menants, dit
le
Pre Grou {Manuel
des
mes
intrieures,
p.
71),
n'est pas
la
mme
que celle
des
personnes
avances,
ni
celle
des
personnes
V
avances la
mme
que
celle
des
personnes
cou-
rt
sommes
en
perfection.
Telle disposition,
qui
est
bonne
dans
un
commenant,
ne le
serait
pas dans quelqu'un
de
plus
avanc;
telle
pra-
tique
convient
dans
un
tat,
qui
ne
convient
plus
dans un
autre.
Sainte
Thrse
faiUit
s'arrter
dans
la
voie
de la perfection
parce
qu'un
^
Articles
d'Issy
rdigs
par
Bossuet,
Fnelon
et
Tron-
son, n
34.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
21/595
PREFACE
i5
prtre,
du
reste
bon
et
zl,
Gaspar
Daza,
vou-
lait l'y pousser trop
vite;
beaucoup
d'autres,
au
contraire,
sont
demeures
dans
une
regrettable
mdiocrit,
qui
se seraient
leves
trs
haut
si on
leur
avait
appliqu
les rgles qui
conviennent
aux
mes gnreuses et
dj
avances.
Comment
faut-il
tablir
cette
classification?
Il
y
a
d'abord
la distinction
classique
des
trois
voies
qu'il
serait
tmraire
de
rejeter.
Nous
l'adopterons comme
base.
Mais
cette
classification
est bien large et
les auteurs
spirituels
ont
imagin
d'autres distinctions plus
dtailles
;
pour ces
subdivisions nous croyons
ne
pas
pouvoir
prendre
de
meilleur
guide
que
sainte Thrse,
non
seule-
ment
parce que son
autorit
en
matire spiri-
tuelle
est de
premier
ordre,
mais aussi parce
qu'elle
a
trait
longuement et explicitement
cette
question
dans
ses
Demeures
ou
Chteau
int-
rieur.
La
doctrine des
autres
matres de
la
vie
spirituelle viendra,
du
reste, souvent
confirmer
et
complter l'enseignement
de
cette
grande
Sainte.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
22/595
PREFACE
Est-il besoin d'en
faire
la
remarque?
dans
cette
sorte de
graduation
morale les divers
degrs
ne
sont pas
spars
par
des
limites
nettes
et
pr-
cises.
Prenons
pour
exemple les
pcheurs
:
l'igno-
rance, la faiblesse,
l'insouciance
et
la
malice
c'est
sur
ces
diffrents
dfauts
que
nous
appuyons
notre distinction
se trouvent
mlangs,
suivant
les sujets,
dans
des
proportions
bien
diffrentes.
Ainsi
en
est-il
des
mes
fidles;
des
sentiments
bien
divers,
les
uns
plus
proches,
les
autres
plus
distants de la
perfection,
se croisent
et
se
mlent
dans la mme me.
C'est
le
cas
d'appliquer
l'adage
des thologiens
:
Judicium
fertur
ex
communiter
contingentibiis. w
Le
classement
se
fait donc d'aprs les
dispositions
prdominantes,
qu'un observateur
attentif
saura
bien
dcouvrir.
Gomment
avons-nous
pu tre
amen
traiter
un
aussi grave
sujet;
nous
devons
peut-tre
l'ex-
pliquer,
afin
de
n'tre
pas tax
de
tmrit.
Nous
tions
loin,
en
commenant,
de
vouloir
donner
notre
tude
d'aussi
complets
dvelop-
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
23/595
PREFACE
I
7
pements.
Un
simple
article
de revue
sur
une
question
qui
paraissait
utile
lucider,
voil
ce
qui
nous
avait
t d'abord
demand
;
et l'ide
ne
nous serait
pas
venue de
porter plus
haut nos
vises
si,
le
premier
travail
achev, les
encoura-
gements
qui
nous
furent
donns
et
qui
venaient
de
juges
fort
comptents
n'avaient
stimul
notre
ardeur.
Il ne
nous
parut
pas
impossible
de com-
plter
notre
uvre
;
nous pouvions
en effet
mettre
profit
des
notes
que
nous
avions
prises
pour
nous
guider
nous-mme dans la
pratique
de
la
direction
des
mes.
Peu
peu
ces
notes
devinrent
un
livre.
Tous ceux
qui ont tudi
srieusement
ne
question
savent ce
qui arrive
:
la
carrire
semble
d'abord
courte
et facile;
mesure
que
l'on
avance,
de
nouvelles
perspectives
se drou-
lent et
la
route
s'allonge. Ainsi
s'est
fait
notre
travail.
Quel accueil
recevra-t-il
? Dieu
le
sait^
Si
1
Quand
ces
lig'nes
parurent,
il
y
a
(juelques
annes,
nous
tions
loin de
compter
sur une
aussi
grande
diffusion.
Les
deux
ditions franaises,
maintenant
puises,
compre-
naient
4-000
exemplaires. Des
traductions
ont
t faites
en
Jangue
trangre
;
d'autres
se prparent.
Dieu
a
visiblement
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
24/595
i8
PREFACE
l'oQ
juge
l'entreprise
trop haute et
l'auteur
inf-
rieur
sa
tche,
qu'on
lui
pardonne
du
moins
en
faveur
de
ses
intentions. Certaines
choses nous
paraissaient
vraies
et
utiles
dire
:
nous les avons
dites
;
nous
croyons
n'avoir
t que
l'cho
des
g^rands matres
;
s'il
en
rsulte
quelque bien, c'est
eux
qu'il
sera
d.
X'eussions-nous
fait
que
mettre
en
relief certains
textes
de
leurs ouvrages
et
qu'inspirer par l
le
dsir
de
les
mieux
con-
natre,
nous
estimerions
n'avoir
pas
perdu
notre
temps
et n'avoir
pas
fait perdre
celui
de
nos
lecteurs.
bni
notre
travail.
Qu'il
daigne le
bnir
encore
et
le
faire
servir
l'instruction et
l'dification
des
mes chrtiennes
l
{Note de la
3^
dition.)
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
25/595
LES DKGRS
VIE
SPI RITU
ELLE
Mltioe
pour
dirioer
les
mes
suivant
leurs
proors
dans
la vertu
PRELIMINAIRES
CHAPITRE
PREMIER
Les
Pcheurs
I
r
.
L'endurcissement
I
.
Avant
d'tudier
les
ascensions
de
Tme
dans
la
vie
spirituelle, essayons
d'tablir
en
quelques
pag es les degrs
du
pch.
Si
l'me
constamment
fidle
s'lve
de
sommet
en
sommet
jusqu'
la
sublime perfection,
l'me
rebelle,
au
contraire,
peut
descendre
de
prcipice
en
prcipice
et
s'en-
foncer dans les abmes
du mal
jusqu'
d'inson-
dables
profondeurs.
Il
n'est
pas
question,
pour le
moment,
de
ceux
qui tombent
accidentellement
dans
les
fautes
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
26/595
PRELIMINAIRES
rraves
et
savent
ensuite
se
relever;
mais
de
ceux
qui
demeurent
dans
le
pch et n'ont
pas
le
cou-
rag^e
d'en
sortir.
2 Chez
les
uns,
la
foi
reste
entire; ils ne
cherchent
point
en
secouer
le
joug-.
Est-ce
grce
particulire
de
Dieu,
est-ce
attachement
naturel
leur
relig-ion, ou
bien
influence salutaire
d'un
milieu
chrtien?
Toujours
est-il
que
leur foi
a
t
prserve
de
tout
assaut;
ils
ne
connaissent
pas
le
doute, et
la
vrit
n'a
pour
eux
rien
perdu
de
son vidence.
Dans
ce
premier
cas, les
remords
sont
vifs,
le
pcheur
voudrait
quitter son pch, mais il n'en
a
pas
le courag^e;
il souffre de
la
tyrannie
de
ses
passions,
cependant il en demeure l'esclave; si
c'est la difficult
de
l'aveu
qui retient dans l'loi-
gnement
des
sacrements
ou
peut-tre
dans
le
sacrilg-e, grand encore est son tourment et
grand
le
dsir
qu'il
prouve
de sortir
de
cet tat
;
souvent
mme il
y
est rsolu,
mais au dernier moment il
recule et
remet
plus
tard.
Ce
n'est
pas
encore
l'endurcissement,
l'obstination
dans le pch.
Aussi,
de toutes
les
mes
pcheresses, celles-ci
qui
ont conserv
une foi plus vive
sont les plus
faciles
convertir,
surtout
si
elles
ont
gard
quelque
habitude
de
la
prire.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
27/595
LES
PECHEURS
3.
Mais
rarement
on
en
demeure
l;
la rsis-
tance
au bien,
l'infidlit
continuelle
finit
par
rendre
les
grces
moins
abondantes
et
moins
effi-
caces,
la voix
de
Dieu
toujours
repousse
devient
moins pressante,
les
remords
diminuent,
la foi,
si
elle ne s'teint pas,
est
obscurcie;
d'un
autre
ct,
les
passions
toujours
caresses
deviennent
de
plus
en
plus
exigeantes et
tyranniques;
alors
le
pcheur
tombe
dans
l'endurcissement.
Cet
tat
est
dplorable,
il
est
trs
injurieux
Dieu
et
dangereux
pour
l'me.
Celle-ci se
montre
insensible
aux
meilleurs
raisonnements,
elle
ne
se
laisse
pas
branler
mme par
les
considrations
les
plus graves; tout glisse
sur
elle
comme
l'eau
sur
le marbre,
sans
pntrer,
sans
amollir sa
duret. C'est que
le
mal
n'est pas
dans
le
jugement,
il
est
dans
la
volont;
c'est
la
volont
qui
est
rebelle,
qui
se
raidit avec
obstination,
repousse
l'avance tous
les
arguments
et
ddaigne de s'y
arrter.
I
2. Causes
de
l'endurcissement
l\. Nous
avons
dit
que
l'endurcissement
venait
de
la rsistance
la grce; cette
rsistance pro-
duira des effets
d'autant
plus
pernicieux
qu'elle
sera plus
coupable.
Ainsi
elle est
moins dangereuse
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
28/595
PRELIMINAIRES
si
elle
vient
de
V
ignorance
,
comme
il
arrive
pour
nombre
d'mes
peu
instruites,
l'intellig-ence
peu
ouverte,
ou
dont
l'ducation
chrtienne
a
t
fort
incomplte.
On
pourrait
ranger
dans la
mme
catgorie
certains
caractres trs
tourdis et
inconsidrs,
peu
capables
de
rflchir
la
grivet
de
leurs
fautes.
Avant
moins
reu de
Dieu et
appels
par
Lui
une moindre
perfection, ils sont
plus
excusables
et
le
Jui^e
pour
eux
sera moins
svre.
5.
Si c'est
par lchet qu'on
est infidle
la
voix
de
la
conscience, par exemple
par
crainte
de
se
faire
violence
ou
par
lassitude
et
dcourage-
ment, les
effets
de
cette
infidlit
seront
beaucoup
plus funestes.
6.
Ils
le seront bien davantage encore si
la
rsistance
la
grce
va
jusqu'
la
malice,
le
pcheur prfrant
de
choix dlibr,
de
gaiet
de
cur,
les
penchants
mauvais, que
le
dmon excite,
aux bons
dsirs
qui
viennent
de
Dieu^ Bien
que
plus
rares, les
pchs
de
malice
se
rencontrent
trop
souvent
encore.
Certains
chrtiens
s'irritent
de
voir
leurs
entreprises
chouer, les
malheurs
fondre
sur
eux,
la
mort leur ravir
des tres
aims;
^
Cf.
Vnrable
Libermann,
Ecrits
spirituels,
p.
260.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
29/595
LES
PECHEURS
23
ils
s'en
prennent
la
Providence
:
qu'ai-je
fait
Dieu,
disent
ces
pauvres
insenss,
pour qu'il me
traite si durement?
Et
par une
sorte de ven-
geance,
ils
s'loignent de
plus en plus
de
leurs
devoirs
et
s'enfoncent
volontairement dans le
pch.
D'autres
se
dpitent
de ne pouvoir
se
livrer
en
paix
toutes
leurs passions,
ils
se
livrent
une
sorte de
colre
contre
eux-mmes
et
contre
Dieu
;
n'ayant
pu
rejeter
la
foi,
sentant
vivement
l'hor-
reur
de
leurs
fautes
et l'aiguillon
de
leur cons-
cience,
ils entrent
alors
en lutte
avec
Dieu
et,
comme Mathan,
ils
voudraient
A
force d'aUentats perdre
tous
leurs
remords.
Toutefois
ce
n'est
point
encore
l
le
point
extrme
de l'endurcissement, car il
y
a
dans cette
frnsie un
aveuglement, une sorte
de
dmence
qui en
attnue quelque
peu
la
culpabilit.
Mais,
si c'est
une
malice
froide
et
matresse
d'elle-mme,
la
faute
est
encore
plus
grave
et
l'endurcissement qui en
rsulte
plus
terrible.
Luther
et
Calvin
ne
furent-ils
pas plus
coupables
que les
malheureux fanatiss
par
eux,
Voltaire
plus
responsable
que
Marat
?
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
30/595
24
PRLIMINAIRES
I
3.
Obstacles
aux
progrs
du
mal
7.
Une
fois
partis
dans
la
voie
de
l'iniquit,
les
pcheurs
peuvent
donc
aller
et
vont,
en
effet,
jusqu'au
dernier
degr
du
crime,
s'il
ne
se
ren-
contre
des
obstacles
qui les
arrtent
et
leur font
garder
une
certaine
mesure
dans
leurs
dplo-
rables
garements^.
On
peut
ranger
en
trois
classes
les influences
heureuses
qui
contrebalancent
l'impulsion
des
mauvaises
passions
:
d'autres
passions
contraires
au
vice
dominant,
une
certaine
droiture
natu-
relle,
enfin
un
reste
de
foi.
8
.
D'abord
d'autres
passions
humaines.
Comme
l'arbre
isol
prend
des
proportions
gigantesques,
'
Le
vice
du
tempramenl
fait
de
trs grands
ravaies
en
ceux
o
il
ne
rencontre
aucun
obstacle,
ni
dans
la
nature,
ni dans
la
rce,
c'est--dire dans les gens
qui
rejettent
toutes
les sollicitations
de
la
grce
divine.
C'est
l
ce
qui
fait
et
ce
qui
a
toujours
fait
les grands
sclrats
qui
ont
exist
sur
la terre, le
plus
grand
nombre
d'entre
eux
n'ont
rien
fait
que de se
laisser
entraner
leur
mauvais
temprament,
auquel
ils
auraient
pu
rsister, s'ils
avaient
voulu.
La
colre,
la
vengeance,
la
cruaut,
la
haine,
l'envie,
l'avarice,
les
immondices
de
la chair et
une
multitude
de
crimes
normes
viennent trs
souvent d'un
vice
de temp-
rament
,
et
alors
,
ordinairement ,
on
se
porte
un
grand
excs,
moins qu'on n'prouve
de
la
rsistance.
(Vn-
rable
Libermann, Ecrits
spirituels,
p.
242).
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
31/595
LES PECHEURS
tandis
que,
resserr
dans
la
fort,
il
ne
s'tend
pas, de
mme certains vices sont
g-ns
et
arrts
dans
leur dveloppement
par
d'autres
vices
con-
traires
;
ainsi
l'avarice
peut
retenir
dans
la
voie
de
la
dbauche; ainsi
encore,
et
plus
souvent,
la
passion
de
l'honneur,
le
souci
de
la
rputation
fera
viter bien des carts.
Que
d'mes rsistent
de
la sorte, sans
rand
mrite,
leurs
penchants
mauvais
et
ne les laissent
pas
prendre
tout
l'em-
pire
qu'ils
devraient
acqurir
Il
est
clair
que
ceux qui
ne
rencontrent
pas
d'autre
obstacle
dans
la
voie
du
mal
vont
loin
dans
le vice
;
tout
en
conservant
certains dehors
honntes,
ils
sont
au fond bien mauvais.
Ces gens-l prouvent
pour
les
bons
une
vive
antipathie qui
se
traduit
par
des moqueries,
des
attaques
contre la reli-
gion
et
ses
ministres,
etc.,
la
bouche
parle
de
l'abondance
du
cur,
et le
cur de ces pauvres
dvoys
est plein
de
corruption
et de
haine.
9.
La
raison
humaine, l'honntet naturelle,
l'horreur inslinclive
que
le
vice
inspire font
aussi
que
beaucoup
se
contraignent,
et
vitent
les
der-
niers
excs.
Ces
pcheurs ont
souvent
des
qualits,
des
vertus
naturelles
assez dveloppes
;
mais ils
n'ont
qu'une
instruction
religieuse
trs imparfaite,
et
cette
ignorance
les excuse
en
partie
{non
a
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
32/595
26
PRLDIINAIRES
toto
sed
a
tanto,
disent
les
iholog-iens)
;
ils sont
moins
coupables
qu'on
ne
pourrait
le
supposer.
Quand
des
hommes
de
cette sorte vivent en
dehors
des
influences
chrtiennes dans
des pays
o
rg^ne
l'indiff'rence
relig^ieuse, ils
en
viennent
se
faire
de
leurs
devoirs
envers
Dieu
des
ides
trs
incompltes et
parfois fort bizarres
:
ainsi
parce
qu'ils
aiment
la
religion
et
qu'ils
ont
en
horreur les
impies,
ils
se
croient
bons chrtiens
tout
en
ngligeant
les pratiques
religieuses
les
plus
essentielles,
comme
l'accomplissement du
devoir pascal,
l'assistance
la messe
;
il
est
mme
difficile
de
leur
faire
comprendre
l'importance
et
la gravit
de
ces
prceptes,
il
s'en
faut
donc
que
tout soit
mauvais
chez
eux
;
ils sont
plus ignorants
ou
plus
sots que
mchants,
et
si,
parfois, ils
prennent part
des
discours
contraires
la
reli-
gion,
ce sera
par
faiblesse
et
respect
humain,
mais non
par
impit.
10.
Enfin, et
surtout,
ce
qui retient
beaucoup
de pcheurs sur
la
pente du
mal,
c'est
la
foi
qui
demeure,
aff'aiblie
sans
doute,
diminue,
mais
non
teinte.
Cette lueur obscurcie de la
foi
continue
de
briller
dans leur
me
grce
une
protection parti-
culire
de Dieu, ou au reste
d'une
ducation pre-
mire
qui aura
laiss
des traces
profondes, ou
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
33/595
LES PECHEURS
27
encore grce
rinfluence
salutaire
d'un milieu
chrtien; ainsi les pcheurs qui vivent
dans
les
pays o
la foi
rgne
encore,
dans des
famille vrai-
ment chrtiennes,
surtout s'ils ne
subissent
pas
en mme temps
l'influence
contraire
d'amis
irr-
ligieux,
pensent
bien
tout
en
agissant
mal.
Il
est
vrai
que,
souvent, ils
cherchent
touffer
ces
convictions g-nantes
noluit
intelligere
ut
bene
ageret
:
il
a
refus
de
comprendre
pour
ag^ir
sa
guise
;
mais
qu'ils
les
acceptent
de
bonne grce
ou de
force,
dans l'intime
de leur
conscience,
ils
rendent
hommage
la
vrit.
Il
y
a
ordinairement
chez
ces mes un
mlange
tonnant
de
bons et
de
mauvais
sentiments;
il
ne
faudrait donc
pas
prendre trop
la lettre
leurs
protestations d'incr-
duht,
comme
aussi
on
se
tromperait
fort
en
taxant
d'hypocrisie les
sentiments
de foi qu'ils
font
paratre
parfois
au milieu
de leurs
dsordres.
Mais
s'il
ne
faut
pas
les
croire
pires qu'ils ne
sont,
il
ne
faudrait
pas non
plus
les juger trop
favorablement
comme
souvent
ils
se
jugent
eux-
mmes.
Ils
sont
fort
exposs
se
faire illusion.
L'habitude
du mal a
mouss
leur
conscience et
leur
fait
paratre
moins
coupables les
fautes
les
plus
graves;
en mme
temps l'amour-propre,
qui
n'aime
pas
avouer
ses
torts,
les bons
sentiments
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
34/595
28
PRELIMINAIRES
qui restent
en eux
et
qui
ne
sont
que des
vellits,
c'est--diredes
approbations que porte le jugement
plutt
que
des
actes de
vraie volont,
tout
cela
les trompe
sur
leur
propre compte. Comme
Pilate,
ils
se
lavent
les
mains,
parce
qu'ils
senlenten
eux
un certain dsir
de ne
point
crucifier
leur
Dieu,
mais cela
ne
les
empche pas
de
l'immoler
leurs
intrts
et
leurs
plaisirs.
4-
Les
divers degrs
de l'endurcissement
I
r
.
Nous avons
dit les
causes qui
amnent
l'en-
durcissement
du
cur
et,
d'un autre
ct, les
obstacles
qui
s'opposent
aux
progrs
du
mal;
maintenant,
si
l'on
examine les
effets qui
rsultent
de
ces
influences
contraires,
il
nous
semble
qu'en
fin
de compte
il
y
a
quatre sortes
de
pcheurs
fixs
dans le
mal.
1
2
.
Les
premiers
sont les
pcheurs d'ignorance.
Nous
supposons,
en
tablissant
celte
premire
catgorie,
le
cas
assez
frquent,
croyons-nous,
o
l'ignorance,
le
peu d'intelligence
des
choses
de
la
foi
n'est
gure
imputable.
Dans
ce cas,
s'ils ne
se sont
pas
rendus
coupables
par
ailleurs.
Dieu
jugera
avec
beaucoup
de
misricorde
ces
pauvres
gens.
S'il
a
dit
:
Ciii
multiim
datiim
est, miiltum
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
35/595
LES
PECHEURS
29
quretiir ab eo
: il
sera
beaucoup
demand
qui
il
a t
beaucoup
donn,
il est
clair
qu'il
deman-
dera
peu
celui qui aura
peu
reu. Or, il
en
est
qui ont
vraiment trs
peu
reu.
Lorsque
l'duca-
tion chrtienne a t
nulle
ou
trs ng-lig-e,
que
l'on
a
vcu
dans
un
milieu
indiffrent
o
l'on
n'entendait
jamais
parler
de
Dieu, o
l'on
a ren-
contr
l'accomplissement
de
ses
devoirs
religieux
des
obstacles
presque
insurmontables
ce
qui
habitue
les
violer sans
scrupule
est-il
tonnant
que
la
conscience
soit
reste
ou
soit
devenue
peu
clairvoyante?Beaucoup des
pchs
quecommettent
ces malheureux,
et
qui
seraient
fort
graves
pour
des
chrtiens
clairs,
le sont
beaucoup
moins
pour
eux.
Aussi, s'ils
ont
vit les
fautes
qui
leur
faisaient
plus horreur;
si,
en
outre, ils
ont con-
serv le
respect
de
la religion et des
sentiments
vraiment
chrtiens, ils ne
sont
pas
loin
du
royaume
de
Dieu.
Il
suffira
souvent d'une
simple
occasion
pour
les ramener
leur devoir, par
exemple
:
l'entre
dans un
cercle
catholique,
dans
une
corporation
chrtienne.
Ce
qui les
retenait
dans
l'infidlit,
c'tait le
manque d'habitude, le
respect
humain;
ds que
ces
obstacles,
qui sont
plutt
extrieurs
et
n'atteignent
pas le fond
de
l'me,
se
trouvent
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
36/595
3o
PRELIMINAIRES
contrebalancs
par
les
secours
qu'on leur offre,
ils
reviennent
Dieu
sans
grand effort.
Malheureusement,
aprs
leur
conversion,
la
plupart
demeurent
tides,
ou
plutt
ils
restent
fort
ignorants.
Ainsi
s'en
trouve-t-il par
exemple
avec
lesquels
il
faudra
revenir
souvent
la charge,
pour
leur
faire
comprendre
que
l'on pche
non
pas
lgrement,
comme
ils se
le figureraient volon-
tiers, mais
gravement, en
nghgeant d'assister
la
messe,
en
s'enivrant, etc.
Leur
foi
est
si
peu
claire,
les
ides
fausses
qu'ils
se
sont
faites
sont
si profondment ancres dans leur
esprit
que,
sans grande
faute
de
leur part,
ils retiendront
longtemps quelque
chose
de
leurs
anciennes
erreurs.
Il
est
donc
bien dsirer qu'aprs
leur
conversion
on
ne les laisse
pas
eux-mmes,
mais
que
l'on prenne
tous les moyens pour
complter
leur instruction
religieuse
et
les former
des
ides
plus chrtiennes.
i3.
Il
y
a,
en
second
lieu,
les
pcheurs qui
se
livrent au vice par faiblesse.
Ceux-ci
gardent un
certain dsir
du
bien,
ils
regrettent le
mal
qu'ils
font, ils
aiment
et estiment les
gens
vertueux,
mais,
au
moment
funeste,
l'ivresse
de
la passion les
met
hors
d'eux-mmes
et,
fascins,
tourdis,
ils suc-
combent. Ils
pchent
encore
par entranement,
ou
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
37/595
LES
PECHEURS 3i
bien
ils
n'ont
pas
le
courag-e
ncessaire
pour
accomplir un
devoir
pnible. Ce ne sont l
sans
doute que des
chutes accidentelles, dont
ils
pour-
raient se
relever;
mais
il
y
a
de
plus,
chez ces
pcheurs,
une
disposition
de
dcouragement
qui
les
maintient
dans
le
mal
:
se
sentant
faibles et
irrsolus,
n'ayant,
cause de
cela, g^ure d'espoir
de
rompre leurs
liens
ou
de
faire
acte d'nerg-ie,
ils
se
laissent
aller par
mollesse
et lchet et
ne
font
rien
pour sortir
de
leur
triste tat.
Ceux-l encore
ne
sont
pas trs
mauvais, ni fort
avancs dans
le pch. Aussi, quand bien
mme
ils
mettraient
dans
leurs
dsordres quelque
lgre
fanfaronnade,
car ils sont
souvent
vaniteux
et
esclaves
du
respect
humain, il ne
faudrait pas trop
les
en croire, ni
dsesprer
de
leur
amendement.
i4.
La
troisime
classe
est
celle
des
indiff-
rents. Ceux-ci
font
le
mal
par insouciance
;
ils
ne
se
proccupent g^ure
de
savoir
si
leurs
actes
sont
permis
ou dfendus
;
leur
unique
pense,
c'est
de
se
repatre
de
toutes les
jouissances
possibles.
Ces
malheureux
n'ont
plus
qu'une
conscience
bien
voile.
C'est
l'tat d'aveuglement,
tat
fort
dange-
reux
et injurieux
Dieu,
de
qui
ils font si
peu de
cas. Dans
cet
tat
d'insouciance
complte,
la
foi
est
trs
amoindrie,
souvent entirement teinte,
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
38/595
32
PRELIMINAIRES
et
il
y
a
beaucoup
moins
d'espoir
de
conversion
;
on voit
de
ces
gens
qui meurent
tranquillement
dans
l'impnitence
et
s'en
vont
dans
l'ternit
sans crainte
ni
souci.
S'il
y
a
dans
ces mes
une
grande part
d'ignorance, Dieu
les
jugera sans
doute
moins
svrement
;
mais
si
c'est
le
rsultat
d'un
aveuglement
volontaire, d'une
affectation
rejeter les remords de
conscience,
leur
sort
est
dplorable.
i5.
Enfin,
il
y
a
les pcheurs qui font le mal
de
gaiet
de
cur,
sachant
et
comprenant
trs
bien
la grivet de
leurs dsordres,
de
leur
irrli-
gion
ou de leurs vices,
et
en
prenant
joyeusement
leur
parti.
On
peut
ranger
dans
la
mme classe
ceux qui
font le mal
par dpit, par orgueil rvolt;
ils ont
commenc par
tre trop
faibles,
puis,
leurs
dsordres
leur
ayant
attir
des
humiliations mri-
tes,
l'amour-propre
a
t
froiss
et
ils se
sont
vengs en
s'enfonant
davantage
dans l'abme.
Les
uns
et
les
autres
ne
sont
pas
seulement indif-
frents,
comme
ceux dont
nous
parhons
prc-
demment, ils
sont
haineux;
ils
ont
de
la
rpu-
gnance
pour
la
vertu
et
de
l'aversion pour les
gens
de
bien.
S'ils
entretiennent
volontairement
cette
haine
du
bien,
elle
prend la longue des
proportions
pouvantables,
et
ils finissent
par
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
39/595
LES
PCHEURS
33
avoir
la
rage
furieuse
des
dmons
et
des
damns.
Tels
sont,
dans
les
socits
secrtes,
les
initis
des
hauts sirades,
ces
nergumnes
dont
on
ne
peut
lire
sans
frmir
les
saturnales
effroyables,
les
blasphmes et
tous
les
actes
sataniques.
Ils
ont
laiss
l'ange
maudit
prendre
sur
eux
une
telle
puissance,
ils
suivent
si
facilement
et
si
prompte-
ment
ses
impulsions
qu'on
peut
dire
d'eux
en
retournant
la
parole de
saint
Paul
:
ce
n'est
plus
eux
qui
vivent,
c'est
Satan
qui
vit
en
eux^
5. Conduite
tenir
envers
les
pcheurs
i6.
Quelle est la
conduite
tenir
envers
ces
malheureux
enfoncs dans
le
pch,
comment
^
Sans aller aussi
loin, tous ceux
qui,
d'une
faon
ou
d'une
autre,
appellent le dmon
leur
aide,
donnent
cet
infernal
ennemi
une
puissance trs
redoutable
sur
eux
;
il
leur
fau-
dra un
rand
effort pour
secouer
le
joug- qu'ils
ont
mis
sur
leurs
paules
;
le premier
usage
que
fait le
dmon du
pou-
voir qui lui est ainsi
laiss
est
de
les
empcher
d'avouer
leurs
fautes.
Pour la mme raison,
certaines
pratiques
supersti-
tieuses
ou
plutt
diaboliques,
comme les
tables
tournantes,
sont
fort dangereuses, parce
que tout
recours,
mme
impli-
cite, au tentateur augmente
ses
forces
et peut
entraner des
consquences
dplorables. L'Eglise
se
montre
une
mre
attentive
aux
besoins
de
ses
enfants en
demandant
Dieu
dans
une
de
ses
collectes,
de
les prserver de tout
contact
avec l'esprit
malin.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
40/595
34
PRELIMINAIRES
chasser Satan
qui a
fait
de
leur
cur sa
demeure
permanente?
L'vangile nous dit qu'un
jour
les
aptres,
auxquels
Xotre-Seigneur
avait
donn
le
pouvoir
de
chasser
les
dmons,
se
virent
tenus
en
chec par un
de
ces
esprits
infernaux,
qui rsis-
tait
tous leurs
exorcismes;
il fallut
l'intervention
de Jsus
Lui-mme
pour
faire
lcher
Satan
sa
proie.
Les
aptres,
tonns, interrogrent
alors le
Sauveur
: Oiiare nos non potiiimiis
ejicere
illum?
Pourquoi n'avons-nous
pu
le
chasser?
Hoc
genus, rpond
le divin
Matre
non ejicilur nisi
per orationem
et
jejunium
:
cette
sorte
de
dmon
ne
peut
se
chasser
que par
la prire
et
le
jene
(Marc,
IX,
27)
'.
La prire et la
mortification,
tels
sont,
en
effet, les
moyens
souvent
indispen-
sables
et
seuls
capables
de
procurer la
conversion
des
pcheurs
invtrs
;
il faut tout
prix obtenir
de
Dieu
des
grces
plus qu'ordinaires
pour
tou-
cher
ces
curs
endurcis.
On
connat
le
mot du
cur
d'Ars
un
cur qui
se
plaignait
de
ne pou-
^
Le
dmon
muet exerce
encore ses
ravages
sur
les
mes
;
n'est-ce
pas
lui
qui
arrte
sur
les
lvres
de
certains
pni-
tents
l'aveu
de leurs
fautes
'?
Aussi
tout
confesseur
devrait
se
rappeler
les paroles
de
Notre-Seigneur,
prier et
offrir
de
bon
cur
ses jenes
et pnitences pour
chasser
Satan des
curs
qu'il
possde
et
qu'il
retient
dans le sacrilge.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
41/595
LES PECHEURS
voir
convertir
ses
paroissiens
:
Avez-vous
jen,
avez-vous veill,
vous
tes-vous
donn
la
disci-
pline? tant
que vous
n'aurez
pas
pris
de
pareils
moyens, ne croyez
pas
avoir
tout
fait.
17.
Le
prtre
est
sur
la
terre
le
continuateur
de l'uvre
de Jsus
;
quelle
illusion serait
la
sienne
s'il
pensait sauver les mes sans
recourir aux
moyens employs
par
le Sauveur. Jsus s'est
offert
pour nous
aux coups
de
la divine
justice :
Pre, disait-Il,
frappez
sur
moi;
je
consens
payer
la
dette
de
tant
d'iniquits,
mais
aux
pcheurs,
pardonnez,
car ils ne
savent
pas
ce
qu'ils
font.
Le
prtre,
qui
est
un
autre Christ
sacerdos
aller
Christus
doit,
lui
aussi,
faire
pnitence
pour
ses frres.
Il
se
rencontre
des
mes
qui, au milieu
mme
de
leurs
dsordres,
semblent
l'objet
d'une atten-
tion
trs
dlicate
de la
Providence
;
elles
sont
beaucoup
plus
que
d'autres
poursuivies par
les
remords,
la
foi
chez
elles
reste trs
vive
;
ou
bien
elles
sont prserves
d'une
manire
humainement
inexplicable
des
dangers
o
tant d'autres
se
perdent
:
d'o
vient
ce
privilg-e?
C'est
que Dieu
se
laisse
toucher
par
les
prires
d'une
me
fidle;
les
sacrifices
qui
Lui
sont
offerts
apaisent
sa
justice
et
tiennent
le
chtiment
suspendu;
ils
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
42/595
36
PRELIMINAIRES
finissent par
obtenir
de
sa
misricorde
des
g'rces
en
quelque
sorte
irrsistibles.
Or qui donc
plus que
le
prtre peut
et doit
rendre aux
pauvres
pcheurs
cet immense ser-
vice
;
il
n'a
pas
t
appel
l'honneur
du
sacer-
doce pour
son avantage
personnel,
mais
pour
le
bien
de
ses
frres
;
on est chrtien
pour
soi,
on
est prtre pour
les autres, christianus propter
se,
sacerdos
propter
alios.
Jsus, le
bon
Pasteur,
lui
a
confi
des
mes.
Il
lui
demandera
compte
de
son
administration
redde rationem
villica-
iionis tu.
Oh
qu'heureux seront, au
jour
du
jugement, les prtres qui se seront faits victimes
pour les
pcheurs, qui
auront tout
sacrifi
et se
seront sacrifis
eux-mmes
pour
le
salut de
leurs
frres
i8.
Mettons donc toujours en premire ligne
les
moyens
surnaturels. Il parat superflu
d'non-
cer
une vrit
si
vidente :
est-elle pourtant
gn-
ralement
admise,
et
ne
sont-ils
pas au
contraire
trop
nombreux,
ceux
dont
toute
l'activit,
tout
le
zle
se
dpensent
dans
la
recherche
de
procds
adroits,
dans la mise
en
uvre d'industries
pure-
ment
humaines?
L'habilet
et
la
finesse
sont
d'un trs
petit
secours,
quand
il
s'agit
de
rompre
les
liens du
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
43/595
LES
PECHEURS
3;
pch
et
de
ramener la
charit
dans
un cur.
Les
moyens
humains
serviront
rendre
possible
i'emploi
des
moyens surnaturels, ils seront dans
la
main
des
pcheurs d'hommes
comme l'appt
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
44/595
38
PRELIMINAIRES
disposent les paens
recevoir la
bonne
nouvelle
;
cette
mthode
est
en
usage
dans tous
les
pays de
mission,
aussi
bien
chez
les
peuples
civiliss
de
l'Extrme-Orient
que
chez les
ng-res
de
l'Afrique.
Dans
les
paroisses
peu
ferventes,
o
le nombre
des
pcheurs est
souvent
considrable, l'un
des
premiers
soins
d'un
bon
pasteur doit tre
de
travailler
tout
particulirement
former des
chrtiens
d'lite, qui seront pour
lui
des lieute-
nants
prcieux dans la
lutte contre
le
mal.
Ils
l'aideront
d'abord par leurs prires.
Dix
justes
auraient
sauv
Sodome;
combien de
Sodomes
modernes ont
t
sauves
par
les
justes
ignors
qu'elles
renfermaient
dans leur sein
Combien
de
paroisses,
malgr la
rag e
de
l'enfer,
malgr
tous
les
moyens
d'action
employs
de
nos
jours
par les
ennemis
de l'Eglise
, restent soli-
dement
chrtiennes,
grce
aux bndictions
qu'attirent
sur
elles les
mes saintes
qu'elles
contiennent
Pour
ramener
les
pcheurs
,
ces
mes
ferventes
sont
d'un
grand
secours. Il
est
relativement
rare
qu'une
me
pcheresse
soit atteinte
directement
par
le
prtre. Le
premier travail
de
conversion
se
fait
le
plus
souvent
par
un
chrtien,
une
chrtienne
zle,
dont la
salutaire
influence
s'exerce
douce-
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
45/595
LES
PCHEURS
89
ment
et
prudemment
sur
le
pcheur
et
le
rap-
proche
insensiblement
de
Dieu.
Or,
ce
sont surtout
les mes foncirement
pieuses
qui
russissent
dans
cet
apostolat.
20.
S'il
ne peut
placer
de
vrais
amis
de
Dieu
prs
de
ces
vtrans
du
pch,
le
prtre
doit
tra-
vailler
lui-mme
s'insinuer dans
leur esprit,
nouer avec
eux des
relations
amicales,
compatir
leurs peines,
leur prodig'uer
son
dvouement et
gag-ner
ainsi leur cur. Mais,
en mme
temps,
qu'il
ne
cache pas son
dsir
de les
gag-ner
Dieu,
qu'il n'omette aucune
occasion
de
leur
adresser
de
bonnes paroles
;
en un mot
qu'il
soit toujours
prtre
et
se montre
en
toute
circonstance le
vrai
reprsentant
et
le continuateur
de
Jsus-Christ.
Qu'il
prche
surtout
d'exemple
: le
spectacle
d'une
vie
sainte
dans le
prtre
produit
sur les
pcheurs
eux-mmes
plus
d'impression
qu'on ne
se
le
figure.
Qu'il ne cherche pas
blouir par
l'talage
de ses
connaissances, par l'clat
d'une
loquence
toute
humaine
ou
de
qualits
purement
naturelles
:
les
proccupations
de
la
vanit,
outre
qu'elles
dplaisent fort
Dieu
et
loig'nent
les
grces,
n'chappent
point aux yeux
des
hommes;
elles
diminuent, loin
de
l'aug-menter,
le prestige
du
prtre
de
Jsus-Christ.
Evidemment il
ne
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
46/595
4o
PRLIMINAIRES
s'agit
point
pour
lui
de
viser
passer
pour
un
ange exempt
d'imperfections.
Que l'on
reconnaisse
en lui un
homme,
sujet
comme
ses
frres
bien
des
faiblesses, mais
que
l'on
constate
aussi
que,,
les reconnaissant
humblement,
il
s'applique
se
mettre
en garde
contre elles et qu'il
sait
par sa
gnrosit dans la lutte,
par
sa
fidlit
la prire,
obtenir
de
Dieu
des
grces puissantes
qui
peu
|
peu
le
transforment. Alors
ses
vertus
prcheront
mieux que ses
paroles : les
bons
se sentiront
i
encourags
les
imiter
;
des pcheurs eux-mmes
i
verront leur foi
se
raviver et
le
dsir
d'une vie
plus chrtienne renatre
en
eux.
21.
Quant
aux
moyens
extrieurs employer
vis--vis
des
mes
pcheresses,
on
peut
les
diviser en
deux
classes
: les moyens lents et
continus
et
les
moyens
rapides
et
extraordi-
naires.
Les premiers
demandent plus de
constance,
mais
sont
plus
fconds en
rsultats
;
le
cur
endurci
s'amollit
peu
peu,
la
foi
pntre
douce-
ment,
elle s'tend d'une manire insensible et
finit
par
envahir l'me toute
entire.
Ainsi fait-on
beaucoup
de
bien
de
vieux
pcheurs, si
on
peut
les
amener
faire
habituellement
de
bonnes
lectures,
comme
celle
d'un
journal sincrement
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
47/595
LES PECHEURS
^i
religieux
,
entendre
souvent des prdications
,
frquenter
assidment
des
chrtiens
instruits
et
clairs.
Leurs ides
se
modifient
leur insu,
les
bons
exemples
et
les bonnes paroles
tombent
sur
leur
cur
comme
une
pluie
bienfaisante
sur
une
plante
altre
mais encore
vivante.
Sous
cette
influence,
le
fruit
germera,
se
dveloppera et,
quand
il
sera mr,
il se
dtachera
de
lui-mme
;
il
suffira
alors d'une
occasion
pour achever
l'uvre de
conversion.
22.
Quant
aux
moyens extraordinaires,
l'ac-
tion
de
Dieu s'y
montre souvent aussi soudaine
que
puissante
;
tels
sont les plerinages^,
retraites,
missions.
Les
rsultats en
sont
plus
grands
qu'on
ne
peut
croire
:
les bons
sont raffermis
et
sti-
muls,
les
tides
sont
rchauffs,
des
pcheurs
secrets
reviennent
la vertu,
des
sacrilges
au
respect
et
au
saint
usage
des sacrements.
Quant
aux
pcheurs
manifestes, tous
ne
sont
pas
con-
vertis,
et
parmi
les
convertis,
tous
ne
persvrent
pas
;
mais
une
bonne
semence
est
dpose
dans
leur me et,
si Dieu le
permet,
un
temps
viendra
^
Par
plerinages
,
nous voulons dsigner
les
vrais
ple-
rinages,
ceux
o
l'on
sent un
souffle
chrtien,
ceux
de
Lourdes, par
exemple,
qui
sont
des
manifestations
de
foi
si
admirables
et
si mouvantes.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
48/595
42
PRLIMINAIRES
O
les
effets
cachs
de
ces
grces
passes
se
mani-
festeront
au
grand
jour.
23.
Les
g ens
dont
nous
parlons
ne
viennent
pas
se
prsenter
au
confessionnal,
sauf
la veille
de
leur
mariage;
alors
si,
dans
ces pcheurs
endurcis,
il
reste
encore
quelque
fibre chrtienne,
quelque
souvenir
d'une
vie
autrefois
meilleure^
d'une
premire
communion bien faite,
il sera
possible
de
toucher
momentanment
leur
cur
et,
au
souvenir
des
g-randes
vrits,
de
leur
faire
prendre
quelque
bonne
rsolution.
Dans
tous
les
cas
et
quelle que
soit
leur impit,
il
est
propos
de
rappeler
l'importance des
devoirs
religieux,
de
montrer
combien
est injurieuse Dieu une vie
passe
tout
entire
en
dehors
de
Lui
,
sans
Le
prier, sans
mme penser ce
Matre
redoutable,
ne
tenant
pas plus
compte de
Celui
qui
nous
devons
tout
que
s'il n'existait
pas.
On
ne
saurait mieux
faire
en
cette
occasion
que
de
recommander aux
futurs
poux,
surtout
si l'un
d'entre eux est rest
fidle
ses
devoirs
relig ieux, l'excellente
pratique
de
la
prire
en
commun,
et
de
les
engas^er
y
tre
fidles ds
les
premiers
jours
de
leur
mariagre.
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
49/595
LES
AMES
DISSIPEES
ET
SENSUELLES
43
CHAPITRE
II
lies mes
dissipes
et
sensuelles,
leur
vie
purement naturelle
I. Disposi
lions
de
ces
mes
i[\.
Il
y
a,
dit
sainte
Thrse
{Chteau int-
-
7/23/2019 A.Saudreau les Degrees de Vie Spirituel 1.pdf
50/595
44
PRELIMINAIRES
qu'elles sont
devenues
comme
l'un d'eux. Elles
qui
ont
reu en
partage
une si
noble nature
et
le
pouvoir
de
s'entretenir
avec
leur
Dieu,
elles
ont
par
leur
faute
perdu
ce
pouvoir.
Il
y
a
donc
des
mes
qui
ne vivent
que
de
la vie
animale, de
la
vie
des
sens, chez
qui
l'esprit
chr-
tien est
fort
peu
dvelopp,
et
qui,
comme
le
dclare
encore
la
Sainte,
sont fort
exposes
se
perdre.
25.
Ils
sont
nombreux
les chrtiens
de
cette
catgorie,
mme
dans les bonnes
paroisses.
A
premire
vue
ils
ne
se
distinguent
gure
des
vrais
fidles
: le
mme
couvert
de
religion
enveloppe
les
uns et
les
autres,
comme le mme
uniforme
les
braves
et
les
lches.
Mais si les mauvais
soldats n'ont
du
soldat
que
l'habit,
pour
les
per-
sonnes dont
nous
parlons, la religion
semble
aussi se
rduire aux
rites
purement
extrieurs,,
elle
ne pntre
pas jusque
dans le
fond
de l'me,,
dans
l'intime
des
sentiments
et
des ides,
elle
exerce
trs peu
d'influence
sur la
conduite
de la
vie.
Il
peut
se
faire
que,
grce
une
bonne
du-
cation,
un
heureux
temprament,
ou
d'autres
circonstances
favorables,
ces personnes
se
trou-
vent
prserves des
vices et
des dfauts
trop
sen-
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LES
AMES
DISSIPEES ET
SENSUELLES
45
sibles,
et
qu'elles
soient
relativement
bonnes;
le
monde
peut
les
juger
favorablement,
et
l'on
en
rencontre,
en
effet, qui ne mritent
pas
de
trs
grands
reproches.
Cependant
il
en
va rarement
de la
sorte,
la
plupart
commettent
de
temps autre,
publique-
ment
ou
en
secret,
des
fautes
graves.
Quand
vient
le
moment
de
se
confesser pour
communier,
par
exemple
l'approche
de
Pques, elles
ont
encore
assez
de
foi pour exciter
en
elles
une
contrition
rigoureusement suffisante
et
se
relever
momenta-
nment
;
mais
leur bonne
volont est
si faible,
les
grandes
vrits,
la
pense
desquelles
elles
ne
s'arrtent
presque
jamais, font
sur
elles
si
peu
d'impression,
que
l'on
a souvent lieu
de
douter
de
leur
repentir
et
que
les
rechutes
sont
pour
ainsi dire
invitables.
En
fait
de
pratiques
chrtiennes
, ces
personnes
ne
gardent
que l'essentiel
:
l'assistance
la
messe
du
dimanche,
de
rares prires,
faites
avec
bien
peu
de
recueillement.
Les
lectures
pieuses,
les
exer-
cices de dvotion ne leur inspirent
que
du
dgot
;
du
reste,
absorbes
par
des
proccupations
toutes
matrielles,
elles n'y
songent
pas.
Ce
n'est
point
dans
cette
sphre
que
s'agite
leur
esprit,
et
si
une
influence extrieure vient
les
amener
dans
la
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46
PRELIMINAIRES
rgion
des
choses
spirituelles, elles
s'y
trouvent
comme
dpayses
et
n'y
font
pas
long-ue
demeure.
Les
penses
ordinaires
de
ces
mes, les
dsirs
qu'elles
forment le
plus
habituellement,
leurs pr-
occupations,
les
rveries
qui
hantent
leur
imagi-
nation,
tout
cela
est purement naturel
;
jamais
ou
presque
jamais
de
rflexions plus
srieuses
ins-
pires
par
la foi; point
de
dsir
de
s'amender.
Si
elles
ont
quelque vertu,
si
elles
savent
parfois
faire
abngation
d'elles-mmes,
se
dvouer
pour
leurs
proches
ou
leurs
amis,
ce
n'est
point
qu'elles
suivent
les inspirations
de
la grce
;
elles
obissent
l'instinct
de
la
nature
ou
des
considrations
tout
humaines.
Si elles
combattent
leurs
dfauts,
c'est
bien
plus pour
des
motifs
humains
que dans
des
vues
chrtiennes
;
bien
plus
pour
s'pargner
les
accidents
fcheux,
suite
ordinaire
du
pch,
que
pour
viter
d'offenser
Dieu.
De
loin
en
loin
,
la
grce
leur
inspire
quelques
bons
mouvements, leur foi
se
rveille;
une
cr-
monie
brillante,
une
occasion
extraordinaire
fera
natre
en
elles
de
bons
sentiments.
De
mme,
aprs
leurs
fautes,
surtout
si elles
sont
tombes
dans
quelque
faute
nouvelle
ou plus
grave,
elles
sen-
tiront
des
remords;
mais
en
dehors
de
ces
cir-
constances,
dans
l'ordinaire
de la
vie,
elles
n'en-
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LES
AMES
DISSIPES ET SENSUELLES
47
tendent
gure
cette
voix
intime
de
Dieu
,
dont
le
doux
murmure exige le
calme
et
le
recueillement
non
in commotione Dominas
(3
Reg. xiv,
11).
Le
Seigneur ne parle
gure
au
milieu
du trouble
et
du
bruit,
et
ces mes, toutes
livres
la
dissi-
pation,
ne
sont
gure
capables
de l'couter.
C'est
donc
peine une
vie
chrtienne
que
celle
de
ces
malheureuses mes;
la foi
reste
bien
au
fond de
leur
cur, mais
elle
y
demeure
comme
engourdie, leurs
jours sont
vides devant
Dieu
et
leur
salut
est
en
grand
pril.
Elles
peuvent
tre
maintenues dans cet tat
par
les
circonstances
extrieures;
si elles sont entoures
de personnes
chrtiennes,
prserves
du contact
des
compagnies
mauvaises, loignes
des occasions
dangereuses,
elles
ne
donneront
pas
dans
de
grands
carts.
Mais que
ces
secours
extrieurs
viennent
leur
manquer,
qu'elles soient par
exemple
trans-
plantes
dans un
milieu
indiffrent
ou impie,
vite
elles perdront leurs bonnes
habitudes,
dlaisseront
leurs
pratiques
religieuses,
et seront
bientt
sem-
blables
ceux
qui
les entourent.
26
.
L'tat
que
nous
venons
de
dcrire
est
celui
de
beaucoup d'enfants qui
appartiennent
des
familles
peu
chrtiennes,
et dont
l'ducation
reli-
gieuse
n'est pas encore faite.
N'entendant
parler
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48
PRELIMINAIRES
que
trs
rarement
des
choses de
la
foi,
comment
ne
vivraient-ils
pas
de
cette
vie
de
dissipation
et
de
sensualit?
D'autres
enfants,
aprs avoir
fait
quelques
pas
dans
la
vie chrtienne,
retombent
dans
cet
tat
aprs
leur
premire
communion.
Pendant
la
priode
de
prparation,
on
avait
obtenu
d'eux
quelques
efforts; la perspective
de
cette
g-rande action ,
des
instructions
et
exhortations
nombreuses
avaient
touch
leurs
mes
et
dve-
lopp
leur foi;
mais,
ces
bonnes
influences
ayant
cess,
ils
retombent
dans
leur
premire
disposition
de
langueur
et
de
dissipation,
et
ils
sont bien
exposs
glisser
sur la pente
du
mal
et tomber
dans l'abme.
2.
Comment
on
peut inspirer
ces mes
de
meilleures
dispositions.
27
.
Comment
faut-il
s'y prendre pour tirer
ces
mes
de
leur
dissipation
et leur inspirer quelques
dsirs
de vie chrtienne?
Disons,
une fois
pour
toutes,
que
les
deux
grands
moyens
signals
plus
haut
comme
indis-
pensables
quand il
s'agit
de
la conversion
de
pcheurs
invtrs,
la
prire
et
la
pnitence,
sont
toujours
les
plus
puissants
pour
faire
du bien
aux
mes,
quelque
degr
de
la
vie
spirituelle
qu'elles
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LES AMES
DISSIPEES
ET SENSUELLES
49
soient
parvenues, et
donneront
tous
les
autres
moyens
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