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BIBLIOGRAPHIE Les ouvrages pour compte rendu doivent être envoyés anonymement à la Revue des Études Byzantines. L’envoi personnel à l’un des membres de la Rédaction n’engage en rien la Direction de l’Institut ou de la Revue. La Revue n’accepte pas de publier les recensions qui lui sont proposées sans avoir été sollicitées. Les recensions sont rangées par ordre alphabétique à l’intérieur de deux séries. La première série comprend les comptes rendus plus détaillés. Dans la seconde série sont regroupés les comptes rendus brefs : ceux-ci se limitent à une description succincte du contenu de l’ouvrage et ils ne sont pas signés. Quant aux ouvrages qui ne se rapportent pas directement à l’Empire byzan- tin, ils figurent sur une liste des Ouvrages reçus. Giuseppe ALBERIGO (éd.), Conciliorum Oecumenicorum Generaliumque Decreta. Editio critica. I, The Oecumenical Councils. From Nicaea I to Nicaea II (325-787). Curantibus G. ALBERIGO, A. M. RITTER, L. ABRA - MOWSKI, E. MüHLENBERG, P. CONTE, H.-G. THüMMEL, G. NEDUNGATT, S. AGRESTINI, E. LAMBERZ, J.B. UPHUS (Corpus Christianorum). Brepols Publishers, Turnhout 2006. 25 × 16 ; relié. XIV-371 p. Prix : 150 €. La nouvelle collection constitue une sorte de réédition des Conciliorum Oecumenicorum Decreta, qui parut en 1962, sous la direction du même Giuseppe Alberigo (1926-2007), et qui connut une nouvelle édition révisée en 1973 (édité par l’Istituto per le scienze religiose de Bologne, XXIV-1135-169* p.). Pour les textes conciliaires qui concernent la période byzantine et les huit premiers conciles, cet ouvrage avait repris le texte établi par Périclès-Pierre Joannou [Discipline générale antique (II e -IX e s.). I/1, Les canons des conciles œcuméniques (II e -IX e s.), Grottaferrata 1962], comme l’annonçait la préface de la première édition (p. XV, avec la note 2). Le texte proposé ici est généralement le même, mais une révision a été faite pour les décrets du Trullanum et de Nicée II. Dans la mesure où les auteurs byzantins mention- nent fréquemment, à côté des canons des synodes œcuméniques, ceux des synodes locaux ou des Pères grecs, il sera généralement plus expédient de citer l’ensemble dans l’édition originale de P.-P. Joannou, d’autant plus que celle-ci est accompagnée d’une traduction et d’une annotation, là où les éditions de G. Alberigo se limitent au double texte grec et latin. Giuseppe Alberigo a conçu le projet de rééditer l’intégralité des décrets conci- liaires. L’ensemble comprendra trois volumes : le présent volume contient les décrets

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BIBLIoGraPhIe

les ouvrages pour compte rendu doivent être envoyés anonymement à larevue des Études Byzantines. l’envoi personnel à l’un des membres de laRédaction n’engage en rien la direction de l’institut ou de la revue. larevue n’accepte pas de publier les recensions qui lui sont proposées sansavoir été sollicitées.

les recensions sont rangées par ordre alphabétique à l’intérieur de deuxséries. la première série comprend les comptes rendus plus détaillés. dans laseconde série sont regroupés les comptes rendus brefs : ceux-ci se limitent àune description succincte du contenu de l’ouvrage et ils ne sont pas signés.quant aux ouvrages qui ne se rapportent pas directement à l’empire byzan-tin, ils figurent sur une liste des ouvrages reçus.

Giuseppe aLBerIGo (éd.), Conciliorum oecumenicorum Generaliumquedecreta. editio critica. I, The oecumenical Councils. From nicaea i tonicaea ii (325-787). curantibus G. aLBerIGo, a. m. rItter, L. aBra -mowSKI, e. mühLenBerG, P. conte, h.-G. thümmeL, G. nedunGatt,S. aGreStInI, e. LamBerz, J.B. uPhuS (corpus christianorum). –Brepols Publishers, turnhout 2006. 25 × 16 ; relié. xIv-371 p. Prix :150 €.La nouvelle collection constitue une sorte de réédition des Conciliorum

oecumenicorum decreta, qui parut en 1962, sous la direction du même Giuseppealberigo (1926-2007), et qui connut une nouvelle édition révisée en 1973 (édité parl’Istituto per le scienze religiose de Bologne, xxIv-1135-169* p.). Pour les textesconciliaires qui concernent la période byzantine et les huit premiers conciles, cetouvrage avait repris le texte établi par Périclès-Pierre Joannou [discipline généraleantique (iie-iXe s.). I/1, les canons des conciles œcuméniques (iie-iXe s.), Grottaferrata1962], comme l’annonçait la préface de la première édition (p. xv, avec la note 2). Letexte proposé ici est généralement le même, mais une révision a été faite pour lesdécrets du trullanum et de nicée II. dans la mesure où les auteurs byzantins mention-nent fréquemment, à côté des canons des synodes œcuméniques, ceux des synodeslocaux ou des Pères grecs, il sera généralement plus expédient de citer l’ensembledans l’édition originale de P.-P. Joannou, d’autant plus que celle-ci est accompagnéed’une traduction et d’une annotation, là où les éditions de G. alberigo se limitent audouble texte grec et latin.

Giuseppe alberigo a conçu le projet de rééditer l’intégralité des décrets conci-liaires. L’ensemble comprendra trois volumes : le présent volume contient les décrets

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des sept grands conciles œcuméniques (325-787) : nicée I (325), constantinople I(381), Éphèse (431), chalcédoine (451), constantinople II (553), constantinople III(680-681) et nicée II (787). S’ajoute le concile in trullo (691-692), qui avait été omisdans les volumes précédents. ces textes constituent le corpus canonique reconnu parl’ensemble des Églises chrétiennes, tandis que les décrets publiés dans les deuxvolumes suivants concernent presque exclusivement l’Église catholique romaine. Levolume II [The medieval General Councils (869-1517)] présentera les décrets desconciles généraux du moyen Âge : constantinople Iv (869-870 et 879-880), LatranI-Iv (1123, 1139, 1179, 1215), Lyon I-II (1245, 1274), vienne (1311-1312), Pise(1409), constance (1414-1418), Pavie-Sienne (1423), Bâle-ferrare-florence-rome(1431-1445), Latran v (1512-1517). Le volume III [The General Councils of theRoman Catholic Church (1545-1965)] sera consacré aux conciles généraux de l’É-glise catholique romaine : trente (1545-1563), vatican I-II (1869-1870, 1962-1965).La série sera close par un volume Iv (General introduction and indexes), quicontiendra une présentation générale et les index. Les quatre volumes sont annoncéspour paraître en l’espace d’autant d’années (2006-2009).

avec cette nouvelle édition, nous disposerons d’un instrument de consultationcommode pour cet ensemble de textes normatifs auxquels les traditions chrétiennescontinuent de se référer.

albert faILLer

michel BaLard, les latins en orient, Xie-XVe siècle (nouvelle clio.L’histoire et ses problèmes). – Presses universitaires de france, Paris2006. 21,5 × 15. LxxvIII-452 p. Prix : 43 €.ce volume de la collection nouvelle clio propose une large synthèse sur l’orient

latin au moyen-Âge. Le sujet est a priori hétérogène, puisqu’il suppose le traitementnon seulement des croisades et de la fondation des États latins d’orient, mais aussi del’expansion économique occidentale en méditerranée orientale. m. Balard embrasseavec aisance tous ces thèmes, ce qui lui permet d’offrir au lecteur, en particulier àcelui qui serait peu familier de ces sujets, une vision globale de la question : il prenden compte toutes les formes de la présence latine en orient et examine les interactionsentre activités militaires, commerciales et missionnaires.

en douze chapitres agencés selon un plan chronologique, l’état des connaissancesest clairement exposé. L’auteur rend compte en détail de l’histoire événementielle des11e-15e siècles, tant dans le récit du déroulement de chaque croisade que dans l’étudedes changements successifs de domination en méditerranée orientale ou dans l’évoca-tion des guerres commerciales entre venise et Gênes. Le respect d’une stricte chrono-logie, qui distingue finement les réalités du 12e siècle de celles du 13e, puis des 14e et15e siècles, permet au lecteur de mesurer les évolutions d’une période à l’autre et debien comprendre à chaque étape l’équilibre fluctuant des forces dans la région. uneattention particulière est accordée à l’historiographie, très fournie sur ces questions :pour ne retenir que deux exemples, signalons la manière dont l’auteur présente lesdiverses interprétations du phénomène de la croisade depuis carl erdmann (p. 22-25),ainsi que son analyse en conclusion de la notion de « colonisation médiévale ».

en ce qui concerne plus spécifiquement la présence latine à Byzance, on retiendral’exposé clair des enjeux et des conséquences de la quatrième croisade : la partitioRomanie aboutit à une division du monde grec en plusieurs États francs et vénitiens,auxquels viennent ensuite s’ajouter les possessions génoises et catalanes ; l’évolution

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de chacun de ces territoires est présentée ensuite dans le chapitre sur les 14e et15e siècles. L’histoire économique de la période est méthodiquement retracée : lapénétration commerciale des Latins dans l’empire byzantin commence avec le chry-sobulle de 1082 accordé par alexis Ier comnène aux vénitiens. L’auteur étudie lamontée en puissance des vénitiens, au détriment des amalfitains et des Pisans, puisl’apparition des Génois au 12e et surtout au 13e siècle comme alternative à la main-mise vénitienne : il conclut à l’affaiblissement progressif de l’empire byzantin, vic-time de la concurrence à laquelle se livrent à ses dépens les deux communes ita-liennes. au-delà de l’étiolement commercial dont souffre l’empire, il faut parlerd’une véritable dépendance à partir du 14e siècle, dès lors que les empereurs sacrifientla flotte byzantine et abandonnent la défense maritime et l’approvisionnement deconstantinople aux Italiens. Sans verser dans la caricature, l’auteur montre ainsi lerôle joué par les Latins dans le déclin de l’empire byzantin.

m. Balard analyse en détail l’organisation du commerce latin en méditerranéeorientale et jusqu’en mer noire. Il présente les grandes routes commerciales emprun-tées par les marchands, met l’accent sur les productions spécifiques de certaineszones, le sucre et le coton de chypre, le mastic de chio ou l’alun de Phocée, et insistesur les liens fonctionnels plus ou moins étroits entre les comptoirs et la métropole. Ilrevient aussi sur les nouvelles structures sociales apparues avec l’installation desLatins et souligne le faible poids démographique de ces derniers, tant dans les comp-toirs que dans les principautés, en moyenne 10% et jamais plus de 20% de la popula-tion totale. Le brassage culturel ou même l’acculturation qui en est cependant résultédans certaines régions grecques, par exemple en crète, est évoqué peut-être un peurapidement : il faudrait étudier de manière approfondie les échanges intellectuels etartistiques suscités par cette coexistence, mais c’est là un champ de recherches quidoit encore être exploré.

ce livre constitue donc un très bon instrument de travail, agrémenté de cartes,de généalogies et de trois index. Selon le principe de la collection, la premièrepartie de l’ouvrage est consacrée à une bibliographie détaillée : celle-ci, limitéeaux principales parutions de ces vingt dernières années, est classée de manière trèsclaire. Le lecteur pourra compléter l’ensemble des références proposées avec labibliographie fournie tout récemment par Ph. Perra, H latinokrativa ston ella-dikov cwvro kai sthn Kuvpro : bibliografikhv sumbolhv, Buzantinov" Dovmo" 15,2006, p. 373-434.

marie-hélène BLanchet

demetrios BathreLLoS, The Byzantine Christ. person, nature, and Will in theChristology of Saint maximus the Confessor (oxford early christianStudies). – oxford university Press, oxford 2004. 22 × 14,5 ; relié. xII-228 p.

adam G. cooPer, The Body in St maximus the Confessor. holy Flesh,Wholly deified (oxford early christian Studies). – oxford universityPress, oxford 2005. 22 × 14,5 ; relié. xII-287 p.

Pascal mueLLer-Jourdan, Typologie spatio-temporelle de l’ecclesia byzan-tine. la mystagogie de maxime le Confesseur dans la culture philoso-phique de l’Antiquité tardive (Supplements to vigiliae christianae 74). –Brill, Leiden-Boston 2005. 24 × 16 ; relié. Ix-216 p.

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melchisedec törönen, union and distinction in the Thought of Stmaximus the Confessor (oxford early christian Studies). – oxforduniversity Press, oxford 2007. 22 × 14,5. 222 p.Les études sur maxime le confesseur connaissent un regain d’actualité (cf.

ReB 60, 2002, p. 302 ; ReB 62, 2004, p. 277 et 326). en voici quatre nouveauxexemples.

demetrios Bathrellos, afin de mieux saisir les enjeux de la théologie de maximesur les deux volontés du christ, retrace les grandes étapes du développement de lachristologie depuis le 4e siècle (en s’en tenant aux points qui annoncent la crise du7e siècle) : apollinaire, nestoriens et monophysites, chalcédoine et sa réception, que-relles post-chalcédoniennes (en soulignant le rôle essentiel de Léontios de Byzance etde Léontios de Jérusalem). Il montre que les lacunes de la doctrine élaborée à la fin du6e siècle ont permis l’émergence de l’hypothèse monothélite, imaginée comme unmoyen de rétablir l’unité de l’Église dans la tourmente des guerres perse et arabe. Ilpeut alors analyser les fondements philosophiques et théologiques de la position demaxime (notions de personne, de nature, d’énergie et de volonté). La christologie demaxime apparaît comme une résolution satisfaisante de l’aporie que constituait laconstruction monothélite.

adam G. cooper s’interroge sur la signification de la corporéité chez maxime,pour tenter de concevoir quelles peuvent être les implications corporelles d’une doc-trine de la déification. Il examine les sources philosophiques de maxime pour savision du cosmos matériel, médiateur qui cache et révèle dieu en même temps.L’auteur analyse le débat de maxime avec les origénistes de son époque à partir del’Ambiguum 7 à Jean, l’aporie d’un dieu souffrant et crucifié à partir des Ambigua àthomas, la relation de l’homme au péché d’origine et le rôle du baptême pour la déifi-cation à partir de l’Ambiguum 42. c’est le mystère de l'union hypostatique qui est aucentre de la théologie maximienne.

Pascal mueller-Jourdan analyse, à partir de la mystagogie, la conception théolo-gique de l’espace et du temps qui était celle de maxime ; ce traité constitue pour lui« l’accession de la spatio-temporalité au statut de condition sine qua non du mondecréé ». Il étudie l’influence des philosophes néoplatoniciens (en particulier par leurrelecture des Catégories d’aristote) et d’auteurs chrétiens antérieurs (tel JeanPhilopon) sur l’élaboration de la pensée de maxime, en faisant appel à d’autres traitésde cet auteur, comme l’Ambiguum 10 à Jean ou la question 22 à thalassios. Il montrecomment la symbolique de l’église (lieu) permet à maxime d’élaborer sa vision dyna-mique de l’histoire (temps) : « avec l’ecclesia de maxime, conclut-il, le mouvementnaturel des êtres n’est plus un mouvement vers la corruption mais vers la déification »(p. 196). on regrettera la présence de trop nombreuses coquilles dans cet ouvrage.

melchisedec törönen s’insurge contre ce qu’il appelle la « mystification of chal-cedon » (p. 2), c’est-à-dire la tentative de nombreux chercheurs récents pour lire maximedans l’optique de la définition de chalcédoine. Pour lui, la christologie de chalcédoinene représente qu’une partie des influences subies par maxime, largement tributaire desa formation philosophique. L’auteur analyse successivement les outils logiques utiliséspar maxime (principalement l’arbre de Porphyre) ; la notion d’hypostase dans la trinité(non-réductible à la notion moderne de personne) ; la christologie (où les opérations etles volontés se trouvent du côté de la nature et de l’universel, non de l’hypostatique etdu particulier) ; le cosmos, l’Église et la nature (les logoi se ramenant à l’unique Logos,selon une réminiscence de la théorie plotinienne de l’intellect universel) ; la spiritualité(ordonnée selon la division tripartite platonicienne de l’âme). on notera que, pour labiographie, il opte pour la vie grecque, en supposant chez maxime une connaissance du

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néoplatonisme alexandrin à travers la médiation de Stéphanos d’alexandrie, qu’il a purencontrer à constantinople (en réponse à un argument de c. Boudignon, maxime leconfesseur était-il constantinopolitain ?, philomathestatos, mélanges J. noret, Louvain2004, p. 11-44).

Les quatre ouvrages, qui font avancer la recherche sur maxime et sa pensée, sontaccompagnés de bibliographies et d’index. on nous permettra de regretter que nefigurent pas dans ces bibliographies plusieurs traductions françaises, parues dans lacollection « Pères dans la foi » (Éditions migne, Paris), de traités de maxime qui sontlonguement analysés dans les trois premiers livres. Il s’agit, pour le premier, demaxime le Confesseur. l’agonie du Christ, Pdf 64, 1996 (traduction des opuscules 3,4, 6, 7, 16, 20 et 24 de maxime) ; pour le deuxième, de l’enfant à naître, Pdf 78,2000 (qui comporte la traduction de l’Ambiguum 42) ; pour le troisième livre, demaxime le Confesseur. la mystagogie, Pdf 92, 2005 (introduction et traduction parm.-L. charpin-Ploix du texte critique de c. Boudignon).

marie-hélène conGourdeau

Laurence BrottIer, l’appel des « demi-chrétiens » à la « vie angélique ».Jean Chrysostome prédicateur entre idéal monastique et réalité mon-daine (Patrimoines. christianisme). – Éditions du cerf, Paris 2005.23,5 × 14,5. 432 p. Prix : 55 €.cet ouvrage veut proposer « une lecture possible de l’aventure spirituelle et pasto-

rale (de Jean chrysostome) », à partir de la tension entre deux pôles : la notion de« demi-chrétiens » qui qualifie les auditeurs de Jean et celle de « vie angélique » quidésigne la perfection à laquelle tous sont appelés. L. Brottier, spécialiste et éditrice deJean, offre ainsi une lecture de l’ensemble de sa prédication. L’introduction fournitl’arrière-plan biographique, présenté comme « une série de ruptures » (de la vie éré-mitique à la prédication, du sacerdoce à antioche à l’épiscopat à constantinople), quine brise cependant pas la continuité de la vocation pastorale. L’ouvrage abordeensuite le corpus homilétique par le biais d’un certain nombre de thèmes : l’idéal deJean chrysostome (le combat ascétique, le sacerdoce comme mystère de déposses-sion, l’urgence de la mission), la réalité complexe des communautés auxquelles ils’adresse (avec la nécessité d’adapter l’enseignement à l’auditoire, hellène ou bar-bare), l’ambivalence de la persuasion et de la coercition, l’intériorisation des scènesévangéliques par l’appel à l’imagination, l’expérience vécue des réalités intériorisées,la métamorphose de l’expérience humaine par une série de paradoxes (par ex., « lesdélices du martyre, la victoire des vaincus »). La conclusion invite à voir dans l’en-semble de la prédication de Jean l’appel de tout chrétien à la perfection.

cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre. tout d’abord, il offre une lecture deshomélies de Jean du point de vue du prédicateur lui-même : quel était son projet lors-qu’il s’adressait à la foule des chrétiens d’antioche ou de constantinople ? À quoivoulait-il aboutir et comment y parvenait-il ? c’est donc une bonne introduction à lalecture de cette œuvre gigantesque, un fil conducteur précieux. d’autre part, l’auteurfournit de très abondantes citations, souvent tirées d’homélies qui ne jouissent pas detraductions accessibles.

enfin, certains thèmes abordés sont particulièrement riches. on retiendra l’ouver-ture de la perfection chrétienne aux laïcs qui vivent dans le monde, par laquelle Jeanchrysostome annonce nicolas cabasilas, à l’autre bout de l’histoire byzantine(cabasilas ne cachait d’ailleurs pas son admiration pour Jean, un des rares auteurs

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auxquels il se réfère dans sa Vie en Christ) ; l’analyse de l’imagination qui peut avoirdes effets néfastes (p. 167-170), mais peut aussi, bien orientée, aider les auditeurs àintérioriser les scènes de l’Écriture (p. 239-283). ce dernier thème est l’occasiond’une étude très originale sur la fonction de la peinture, jusqu’à l’époque moderne, etpermet de mieux comprendre certaines formes de la piété byzantine plus tardive, parexemple la représentation très réaliste du mélismos (fraction du pain consacré), quipeut être interprétée comme l’aboutissement extrême d’une représentation mentale,initiée dans la prédication de Jean, sur le mystère de l’eucharistie.

L’ouvrage n’élude pas les aspects controversés de la prédication de Jean, ainsidans le chapitre intitulé « de la persuasion à la coercition ». ne cherchant ni à excuserni à condamner Jean, L. Brottier analyse finement les motivations qui l’ont poussé àdévelopper le thème de la contrainte spirituelle, qui choque nos esprits épris de libertéde conscience, et elle n’hésite pas à franchir les siècles pour montrer comment cetteattitude s’est exprimée en différents contextes historiques.

outre la bibliographie, les différents index (thématique, des noms de personnes,des œuvres de Jean chrysostome) permettent de suivre un thème particulier. cetteétude, qui se lit avec autant d’attrait que les homélies de Jean, est à la fois un bonguide de lecture et un modèle d’analyse littéraire et historique.

marie-hélène conGourdeau

Paolo ceSarettI, l’impero perduto: Vita di Anna di Bisanzio, una sovranatra oriente e occidente. – mondadori, milano 2006. 22,5 × 14,5. 381 p.Prix : 19 €.dans sa politique d’alliance avec l’occident, visant à redonner à Byzance une

importance de premier plan dans la politique internationale, manuel Ier comnèneaccordait une place particulière à la dimension matrimoniale. c’est ainsi qu’il fit venirde france, comme fiancée pour son jeune fils alexis (futur éphémère alexis II), lafille du roi Louis vII, sœur du futur Philippe auguste, agnès de france, devenue àcette occasion anna de Byzance. Âgée de huit ans lors de son arrivée àconstantinople en 1179, la petite princesse française se métamorphose progressive-ment, dans cette cour byzantine où elle assiste, un an à peine après son arrivée, à lamort de manuel Ier et aux désordres qui s’ensuivent : la « guerre sacrée » pour larégence entre la veuve et la fille de l’empereur défunt, la prise du pouvoir parandronic comnène, le pogrom anti-latin de 1182, auquel répondra trois ans plus tardle saccage de thessalonique par les normands, l’assassinat du jeune alexis II parandronic qui s’empresse d’épouser la toute jeune veuve (1183), la déposition et l’as-sassinat d’andronic, la succession rapide des empereurs (Isaac Ier et les trois alexis :III, Iv et v), la quatrième croisade et la prise de constantinople en 1204. Lorsque descroisés français viennent lui rendre hommage dans son palais (elle est la sœur de leurroi), anna refuse de les recevoir et semble ne plus connaître le français : elle est deve-nue, au fil des années, totalement byzantine, et s’est entre temps liée à théodoreBranas (fils du rebelle alexis Branas), qu’elle finira sans doute par épouser et qui deson côté servira la cause de l’empereur latin de constantinople. dans un étonnant va-et-vient entre orient et occident, la princesse latine devenue byzantine lie son destin àl’aristocrate byzantin devenu l’équivalent d’un chevalier franc.

destinée romantique que celle de cette princesse, veuve de deux empereurs assas-sinés, l’un très jeune et l’autre très vieux (qui plus est, le second assassin du premier) !

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Les sources pourtant sont très discrètes sur sa destinée. Il faut combiner les quelquesindications glanées dans les sources byzantines (chez nicétas choniatès et eustathede thessalonique en particulier) avec celles, parfois contradictoires, fournies par leschroniques latines (villehardouin, robert de clari et albéric de trois-fontaines).

À partir de ces quelques éléments, c’est une fresque éblouissante que brosse l’auteur.des projets grandioses de manuel au déroulement tragique de la quatrième croisade(l’empire perdu), et sans jamais trahir les sources, il déroule devant nous toute l’histoirede l’empire byzantin de cette époque (de 1171 à 1204) qui aurait pu inspirer Shakes-peare. La petite princesse, qui paraît parfois, dans ce récit, réduite au rang de simpleprétexte ou au mieux de fil conducteur (parmi tous ces événements, se demande l’auteuravec le lecteur, que devient notre petite anna ?), est pourtant traitée avec toute l’atten-tion qu’elle mérite : à partir de points de vue différents, de sources diverses, l’auteurtraque ses impressions sur le navire qui l’amène à constantinople ou sur la barque oùl’entraîne andronic tentant de fuir ses assassins ; sa psychologie, ainsi que celle de sescontemporains (de manuel à andronic, de maria la Porphyrogénète au doge enricodandolo), sont minutieusement analysées. de l’intervention de chevaliers francs dansl’histoire interne de Byzance (cf. les montferrat) à l’influence de la matière byzantinesur le roman courtois de france, du portrait de Bohémond en héros par anne comnèneà l’éloge de la constitution vénitienne par eustathe de thessalonique, c’est aussi tout uncontexte d’influences réciproques, d’attirance-répulsion entre l’orient et l’occident, jus-qu’au dénouement tragique de 1204, qui revit sous la plume de l’auteur. on se trouveainsi devant un livre qui, sans s’écarter de la rigueur historique, atteint à la dimensiond’œuvre littéraire. c’est un bel exemple de biographie, apte à initier aux questions byzan-tines un public peu familier de cette période. tableaux généalogiques, chronologie etcartes aident à se repérer dans cette histoire touffue.

on peut évidemment trouver des lacunes dans cet ouvrage, comme dans touteentreprise ambitieuse. Par exemple, on peut regretter que, parlant du portraitd’andronic en moissonneur, devant l’église des quarante martyrs (p. 189), l’auteur nementionne pas le parallèle avec « l’homme à la faux » des oracula leonis (cf. l’ar-ticle de P. Karlin-hayter, le portrait d’Andronic i Commnène et les oracula LeonisSapientis, BF 12, 1987, p. 103-115, qui suggère que l’oracle Iv, celui de l’homme à lafaux, a pu être forgé contre andronic). on peut aussi regretter la disposition des notesen fin de volume, moins pratique pour le lecteur que ne le pensent généralement leséditeurs, et surtout la disposition thématique et peu claire de la bibliographie (l’ordrealphabétique est toujours plus commode pour la consultation), ainsi que l’absenced’une liste des abréviations des études citées dans les notes. ces inconvénients,mineurs pour le grand public auquel s’adresse prioritairement le livre, sont plusgênants pour le chercheur qui, lui aussi, pourra cependant trouver son miel dans cettepassionnante biographie.

marie-hélène conGourdeau

Britt dahLman, Saint daniel of Sketis. A Group of hagiographic Textsedited with introduction, Translation, and Commentary (actauniversitatis upsaliensis. Studia Byzantina upsaliensia 10). – uppsala2007. 23,5 × 15. 260 p. Prix : 235 SeK (25 €).Parmi la littérature assimilable aux patérika et gérontika dont la vogue fut si

grande de l’antiquité tardive au moyen Âge, le dossier de daniel de Scété occupe une

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place atypique : il comprend un nombre limité de textes (seuls huit sont ici retenus parBritt dahlman) ; ceux-ci offrent une unité de lieu (alexandrie et ses confins monas-tiques) et de temps (le 6e siècle) ; l’higoumène daniel, qu’il soit objet du récit ou nar-rateur lui-même, en est la figure dominante ; enfin, le sujet ne change guère, à savoirla révélation de vertus cachées d’hommes ou de femmes au comportement insolite ouremarquable.

cette cohérence – soulignée par la tradition qui a regroupé et transmis ensembleces textes – n’empêche pas la diversité des situations et la variété des figures convo-quées. c’est ainsi qu’on rencontre dans le dossier ici édité daniel lui-même, devenuserviteur d’un lépreux pour racheter un meurtre que les autorités religieuses et civilesne voulaient pas condamner (texte 1, BhG 2100) ; marc le fou, moine tenté par lachair durant quinze années, devenu salos et employé d’un bain public à alexandrie,dont le salaire est consacré aux autres fous de la cité (2, BhG 2255) ; le mendiantaveugle qui s’en va nourrir de plus pauvres que lui du produit de son aumône (3, BhG2102) ; thomaïs, jeune femme vertueuse, épouse d’un marin pêcheur, qu’assassinecruellement son propre beau-père, moine de son état, furieux de n’avoir pu obtenir sesfaveurs (4aB, BhG 2453+b) ; cette autre moniale feignant l’ivresse, mais que laprière transfigure secrètement dans les lieux d’aisance d’un monastère – épisodeinséré dans le très pittoresque récit de la visite de daniel aux moniales du cloîtred’abba Jérémie d’hermoupolis (5, BhG 2101), où l’on voit celles-ci kuliovmenai eij"tou;" povda" aujtou' kai; leivcousai ta; i[cnh tw'n podw'n aujtou' (p. 14239-40) ; eulogios,tailleur de pierre, généreux envers les étrangers qui traversent son village au point quel’abbé daniel donne à son propos sa caution spirituelle avant qu’eulogios ne devienneriche et préfet du prétoire sous Justin Ier (6, BhG 618) ; andronikos le changeur etathanasia sa femme qui, après la mort de leurs jeunes enfants, se séparent pourprendre l’habit monastique et finissent, au gré des circonstances, par vivre dans lemême monastère sans que le mari reconnaisse sa femme habillée en homme (7, BhG122) ; la patricienne anastasia enfin, qui pour fuir l’estime de Justinien et le ressenti-ment de théodora, mène son ascèse sous la fausse identité de l’eunuque anastasiosdurant 28 ans (8, BhG 79).

on sait la difficulté d’éditer ces histoires édifiantes qui se prêtent par nature auxajouts, aux remaniements, aux reclassements, et dont la tradition manuscrite est sou-vent abondante : dans le cas de daniel, plus d’une centaine de témoins conservent lesrécits qui lui sont liés. Léon clugnet (1848-1927) tenta le premier de démêler cetécheveau et rendit accessible, d’abord dans la Revue de l’orient chrétien en 1900 puisde façon séparée en 1901, une édition qui fit jusqu’à nos jours autorité, mais dont lui-même percevait les imperfections. « Si une dizaine d’hellénistes entreprenaient,simultanément et sans communiquer entre eux », se justifiait-il, « de reconstruire laforme originale des récits concernant l’abbé daniel, ils nous donneraient dix textescritiques différents » (éd. 1901 dans la Bibliothèque hagiographique grecque,p. xxviii).

trois chapitres précèdent le texte grec. Le premier (the daniel texts, p. 41-69)offre une analyse des questions posées par cet ensemble hagiographique difficile.chacun des textes retenus, mais aussi chacun de ceux, fort nombreux, qui ont étéécartés comme étrangers au dossier, sont présentés à la lumière des études récentes.L’auteur garde une prudente neutralité, notamment sur des thèmes qu’on aurait pudavantage discuter : l’historicité et l’unicité de la figure de daniel, le cadre chronolo-gique des récits – le 6e siècle ne semble pas contestable à la lecture de l’exposé –,voire les circonstances de leur mise en forme. dans le deuxième chapitre (the themeof Secret holiness, p. 70-89), l’auteur choisit de s’attacher au thème littéraire de lasainteté dissimulée qui traverse chacun des éléments du dossier, commun sans doute à

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une bonne part de la littérature hagiographique du temps. La troisième partie (thetextual tradition, p. 90-110) présente les témoins utilisés pour l’édition. Brittdahlman a réduit les manuscrits conservant les textes de daniel (plus d’une centaine)à quatre seulement : les Scorial. r. II. 1 (fin 12e s.), paris. gr. 919 (13e/14e s.), mosqu.Synod. gr. 345 (vlad. 342) (11e s.) et Vatican. gr. 858 (14e s.), désignés par les lettrese, P, m et v. ce nombre, si restreint, ne manque pas de surprendre. de fait, le choixde l’éditrice s’est volontairement porté sur des manuscrits contenant à la fois lesApophthegmata patrum et le dossier de daniel, et parmi ceux-ci sur les témoins de lacollection alphabético-anonyme des Apophtegmes dérivée du type systématique (cette« curiosité » d’abord étudiée par J.-c. Guy, Recherches sur la tradition grecque desApophthegmata patrum, Bruxelles 19842, p. 212-220) – m et v présentant une réor-ganisation des matériaux contenus dans le type illustré par e et P. L’éditrice admetévidemment qu’il existe d’autres rédactions utiles des textes de daniel (présentéesaux p. 99-108), notamment celle du Coislin. 282, dont la publication est en prépara-tion. en cela, la présente édition n’est donc pas un substitut à celle de clugnet : lesdeux éditeurs n’ont aucun manuscrit en commun et ne traitent pas des mêmes recen-sions, puisque clugnet avait utilisé, dans un certain désordre critique il est vrai, lesCoislin. 232, 282, 283, 378, paris. gr. 914, 1598, 1605, et paris. Suppl. 241. Brittdahlman corrige du moins la méthode et donne un texte fiable de la recension choisiemais minoritaire, sans repousser complètement ces témoins qu’elle utilise dans soncommentaire, soit pour y trouver des leçons utiles, soit quand ils expliquent des obs-curités : ainsi les incipit fort abrupts des récits 1 et 2 pourraient résulter d’une inter-version de l’ordre des deux textes dans la recension éditée (voir commentaire p. 191et 196), tandis que la mention inutile au déroulement du récit d’un pittakiond’athanasia à andronikos dans le récit 7 n’est compréhensible qu’en invoquant la find’une autre rédaction (voir p. 237 et 238).

Le texte grec (p. 114-187) est accompagné d’une traduction anglaise de qualitédont on peut éprouver la cohérence au long de l’ouvrage. Les remarques suivantes nerelèvent donc que du détail. P. 11426, toi'" komentarhsivoi" (du latin commentariensis)est rendu par « the officials », mais ce terme a ici le sens connu de « responsable deprison », d’où sans doute « prison officers ». P. 17213, movnoi est traduit par « unescor-ted », tandis qu’« alone » pouvait suffire. P. 143, « one of the them lay sleeping » estune simple coquille pour « one of them was laying sleeping ». P. 162227, ijdou; tosouv-tou" crovnou" est rendu par « behold, for so many years… », formule un peu fortepour le simple impératif « see how many years… ». Le passage au{th prwvth patrikivah\n tou' palativou (p. 18462) est rendu par « she was a patrikia of the highest rank ofthe royal court », l’éditrice remarquant (p. 243) que prwvth manque dans les paris.Coislin. 282 et 283. en fait, cette recension a fait d’anastasia non pas la femme d’unpatrikios, mais d’un prôtopatrikios (d’où prwtopatrikiva), un titre attesté jusqu’au8e siècle (n. oikonomidès, les listes de préséance byzantines des iXe et Xe siècles,Paris 1972, p. 294-295), la corruption prwvth n’étant pas surprenante.

Le commentaire juxtalinéaire (p. 189-245) donne les précisions nécessaires à lacompréhension du texte, tant d’un point de vue philologique que littéraire ou histo-rique. Les parallèles aux récits de daniel que l’on rencontre, du 4e au 7e siècle, dansl’historia monachorum, l’histoire lausiaque, le pré spirituel, ou dans les écritsd’athanase le Sinaïte, sont signalés. Lorsque nécessaire, l’auteur puise encore dansles traductions coptes, syriaques, arabes ou éthiopiennes pour compléter son informa-tion. Parmi les apports de ces remarques, signalons la confirmation de l’interprétationdu nom de marc le fou, Mavrko" oJ tou' ”Ippou, comme marc de l’hippos, et non del’hippodrome (p. 198-199). La phrase dhmovsion dev ejstin oJ ”Ippo" (p. 12014-15) ren-voie en effet au bain public de l’hippos d’alexandrie, une expression justement rap-

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prochée d’Anthologie palatine 9.629. Le commentaire, forcément bref, ne peut rendrecompte de toute la richesse de ce dossier concernant la vie quotidienne des moinesd’Égypte : citons, entre autres éléments intéressants, la visite annuelle de l’higoumènede Scété au patriarche d’alexandrie à Pâques (p. 1207-8), la diète des moniales dumonastère d’abba Jérémie (p. 14461-69), le rituel des cérémonies funèbres (processionsen blanc, avec branches et palmes, p. 12258-59 et 176170-171), l’usage des ostraka commesupport d’écriture entre moines (p. 1808-9, rapprocher le pré spirituel, chap. 98,pG 87, 2957B), etc.

ces documents ont leur lot de mots remarquables, parmi lesquels on relève : to;kamyarikovn (p. 12010) : pagne, vêtement porté dans les bains publics ; ejxhceuovmeno"(p. 12013), comme synonyme de salov" ; ejkbolivzei (p. 14257), forme incertaine quipourrait signifier « offenser » (voir le commentaire p. 217) ; to; sifavrion (p. 14483),rideau ; hJ ajkanqeva (p. 174127), plante indéterminée à rapprocher probablement del’acanthe (hJ a[kanqa), même si le contexte indique qu’il s’agit d’un arbre ; hJ faskivasivbinon (sic, p. 18250) : bande en feuille de palme utilisée pour couvrir la poitrined’une femme. Signalons aussi l’usage fréquent d’u{page suivi d’un impératif (u{pagei[de, u{page katasfravgisai, u{page krou'son, u{page blevpe, etc., ou bien, sur le mêmemodèle, e[geire lavbe, e[geire kavme, a[pelqe fevre ; voir le commentaire p. 194).

on retrouvera, grâce à l’index, les nombreuses indications topographiques, qu’ils’agisse de la cité d’alexandrie elle-même (oJ ”Ippo", to; Tetravpulon to; mevga, hJmevsh, hJ platei'a), des groupements monastiques bien connus, plus ou moins prochesde la cité (to; Pevmpton, to; “Enaton, to; ∆Oktwkaidevkaton, ta; Kelliva, to; o[ro" th'"Nitriva", ta; monasthvria tw'n Tabennhsiwtw'n, hJ Skh'ti" bien sûr, ainsi que l’expres-sion générique pa'sai aiJ lau'rai aiJ kata; ∆Alexavndreian ou pa'sai aiJ lau'rai∆Alexandreiva"), des églises et monastères enfin (”Agio" Mevna" dans alexandrie,”Agio" Mavrko" et ”Agio" ∆Ioulianov", situés e[xw th'" povlew", ou le monastère tou'ajbba' ∆Ieremivou à hermoupolis).

une source d’étonnement est finalement le peu de place qu’occupe dans ce dossierle centre monastique de Scété lui-même – auquel la littérature monastique doit tant, etnotamment les Apophthegmata patrum –, alors même que ces récits se placent sous l’au-torité de daniel son higoumène (fonction implicite d’après la p. 1207) : les récits 2, 3, 4se déroulent en effet à alexandrie, le récit 7 à antioche et alexandrie, les récits 5 et 6 àhermoupolis et dans un village inconnu de thébaïde. Seuls les récits 1 et 8 prennentplace à Scété, mais l’endroit n’est qu’un point d’aboutissement de la narration : daniel,après trois captivités successives, se rend d’abord à alexandrie, rome, constantinople,Éphèse, Jérusalem, antioche, avant d’y reprendre son ascèse – mais les autres récits mon-trent qu’il ne cesse de voyager –, tandis que l’histoire d’anastasia se déroule d’abord àconstantinople et à alexandrie, avant elle aussi de s’y achever. de sorte que c’est bienalexandrie qui constitue l’horizon privilégié de ce dossier, à moins qu’il ne soit d’abordcelui de l’hagiographe de daniel.

une dernière curiosité est la postérité très différente des personnages de ce recueilau sein du monde grec. comment expliquer qu’aient été retenus dans les synaxaires àpartir de ces récits – et notamment dans celui de constantinople – les noms dethomaïs (fêtée le 14 avril), d’eulogios le xénodochos (27 avril), d’andronikos etd’athanasia (2 mars, 6 ou 12 mai, ou 9 octobre) ou d’anastasia (10 mars ou 28 août),alors que daniel n’est pas commémoré ? La possible opposition de ce dernier à la foichalcédonienne trouverait un fondement dans les vies coptes et éthiopiennes dedaniel qui le font repousser le tome de Léon Ier et maudire le concile de chalcédoine– mais ces détails sont absents des versions grecque, syriaque et arabe (voir p. 57-58).Selon la créance donnée à l’épisode, on trouvera ou non l’explication du silence del’Église grecque sur daniel.

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en proposant une recension choisie, éditée avec un sérieux auquel nous a habituéla collection qui l’accueille, Britt dahlman a atteint le but fixé, même restreint, et per-mettra à ceux qu’intéresse l’Égypte byzantine de mieux exploiter ces récits dont laprose, sans artifice, et le genre édifiant n’empêchent pas de saisir plusieurs facettes dela vie religieuse égyptienne du 6e siècle.

olivier deLouIS

anne-marie doyen-hIGuet, l’Épitomé de la collection d’hippiatriegrecque. histoire du texte, édition critique, traduction et notes. tome I(Publications de l’Institut orientaliste de Louvain 54). – universitécatholique de Louvain, Institut orientaliste, Louvain-la-neuve 2006.26,5 × 17,5. 242 p., 1 cédérom. Prix : 78 €.

anne mccaBe, A Byzantine encyclopaedia of horse medicine. TheSources, Compilation, and Transmission of the hippiatrica. – oxforduniversity Press, oxford 2007. 24 × 16 ; relié. xII-347 p., 24 pl. en cou-leur. Prix : 65 £.Les progrès récents des études sur la médecine byzantine et la transmission du

savoir médical concernent également, ainsi qu’en attestent ces deux ouvrages, lamédecine vétérinaire et particulièrement l’hippiatrie byzantine. c’est à deux dossierscomplexes et entremêlés, celui des hippiatrica de langue grecque et de leur Épitomé,que sont dédiés ces livres issus de deux thèses de doctorat, l’une soutenue à oxford en2002, l’autre à Louvain-la-neuve en 1983 mais longtemps restée inédite.

L’ouvrage d’anne mccabe est une étude à la fois générale et savante deshippiatrica, une encyclopédie hippiatrique byzantine qui regroupe des extraits demanuels vétérinaires disparus. L’auteur, soulignant les insuffisances de l’éditiond’eugen oder et de Karl hoppe publiée chez teubner en 1924 et 1927, présente dansla première partie de son étude les cinq recensions et les vingt-deux manuscritsconnus, l’histoire des éditions, l’historiographie concernant ce corpus et la forme dutexte lui-même (p. 18-65). elle consacre ensuite l’essentiel de son travail à l’étude dessources des hippiatrica. Les sept auteurs de cette encyclopédie, dont les noms sontrévélés le plus souvent par les lemmes des manuscrits, à savoir anatolios, eumèlos,apsyrtos, Pélagonius, théomnestos, hiéroclès et hippocrate, bénéficient chacund’une présentation soignée et d’une mise au point approfondie au gré des spécificitésde leur dossier (signalons toutefois sur Pélagonius les travaux récents de v. Gitton-ripoll qui ont été négligés). Bien au-delà de notices de synthèse, ces études qui for-ment le corps du livre (p. 66-258) sont neuves et convoquent au bénéfice des démons-trations menées des sources présentées dans leur langue originale et systématiquementtraduites en anglais. elles donnent à l’ouvrage son véritable aspect « encyclopé-dique » – en dépit du titre principal de l’ouvrage, imposé sans doute par l’éditeur, ilest en effet moins question dans ce volume d’art vétérinaire au sens propre que detransmission du savoir hippiatrique.

comme pour tout corpus scientifique, l’étude illustre la manière dont la traditionécrite a évolué, comment les auteurs compilés – eux-mêmes des compilateurs – sesont approprié, ont repoussé ou reconstruit le travail de leurs prédécesseurs. L’analysedistingue à juste titre entre l’appropriation et la réutilisation du fonds ancien d’unepart, et la réécriture ou l’imitation de la forme de l’autre, rendant nécessaire unedouble démarche d’analyse comparée et d’analyse littéraire. anne mccabe souligne

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ainsi que l’« air de famille » que présentent entre eux les auteurs des hippiatrica, quiforment un « chœur à plusieurs voix », dissimule une dépendance non pas seulement(ou éventuellement) de l’un envers un autre, mais aussi vis-à-vis d’un socle deconnaissances hippiatriques antérieures que seuls les hippiatrica, après les avoir fon-dues, permettent aujourd’hui de repérer.

quand le corpus lui-même prit-il forme ? dans une dernière partie consacrée à lacompilation et l’évolution des hippiatrica (p. 259-296), l’auteur rappelle qu’iln’existe aucune preuve concrète de l’existence du texte dans sa forme actuelle avantle 10e siècle, mais que ceci ne doit pas faire attribuer sa composition à l’encyclopé-disme macédonien. Les hippiatrica partagent en effet avec les Geoponica l’histoired’une double transmission que trahit la variété des recensions : une compilation tardo-antique (fin 5e ou 6e siècle) d’auteurs de peu antérieurs ou même contemporains ducompilateur (3e-5e siècle), puis une réécriture sous les auspices de constantin vIId’une nouvelle version, caractérisée par les exigences littéraires du 10e siècle, notam-ment une langue grecque plus soutenue. L’analyse détaillée de chacune des recensionsà la lumière de l’étude des sources alimentera le débat entre les spécialistes et devraêtre comparée au travail d’anne-marie doyen-higuet (dont anne mccabe a euconnaissance dans la version tapuscrite de 1983).

cet ouvrage d’histoire des sciences, qui exigeait une vraie dextérité et la maîtrised’une bibliographie très dispersée (ajoutons le volume récemment paru dont n’a putenir compte l’auteur sur la médecine vétérinaire antique. Sources écrites, archéolo-giques, iconographiques. actes du colloque international de Brest, 9-11 septembre2004, université de Bretagne occidentale, éd. m.-t. cam, rennes 2007), est doncbien mené. Le lecteur appréciera enfin, sur un thème parfois ardu, les qualités de stylede l’auteur et sa plume alerte. Gageons que ce livre, qui ouvre de vastes perspectives,notamment diachroniques, sur l’art hippiatrique, fera désormais autorité.

c’est un projet différent (même s’il conduit naturellement à de nombreux recou-pements avec le travail d’anne mccabe) qui a occupé anne-marie doyen-higuetdans le premier des trois volumes devant fournir l’édition critique et la traduction del’Épitomé des hippiatrica. après une introduction (p. 15-38) où sont présentés demanière plus succincte les auteurs-sources des hippiatrica déjà cités, la première par-tie de l’ouvrage fait l’inventaire général des manuscrits hippiatriques grecs (p. 39-54)et la seconde traite spécifiquement de la collection d’hippiatrie (p. 55-114) ; on yretrouve une description méticuleuse des manuscrits de cette encyclopédie, et uneconclusion sur la chronologie des hippiatrica à laquelle anne mccabe est égalementarrivée. L’histoire du texte de l’Épitomé forme la troisième partie du livre (p. 115-197). comme son nom l’indique, l’Épitomé est un choix de chapitres, une quaran-taine, issus de cinq auteurs choisis au sein des hippiatrica (et non de façon indépen-dante). La description des huit manuscrits connus (qui fournissent en fait dix témoinscar deux d’entre eux ont deux fois le texte) est utile puisqu’elle concerne des textesscientifiques signalés la plupart du temps de façon imparfaite dans les catalogues demanuscrits ; il s’agit des leidensis (ou lugdunensis) Vossianus gr. q. 50, parisini gr.1995, 2091 et 2244, Vaticani gr. 114 et 1066, ottobonianus gr. 338 et Vaticanuspalatinus gr. 365. malgré le faible nombre de témoins, l’auteur est confrontée à laredoutable complexité de la tradition et à plusieurs « versions » différentes du texte.Si la langue de l’Épitomé est médiévale, ceci n’empêche pas de supposer que sa com-position a précédé une réécriture à l’exemple des hippiatrica. Il existe ainsi une cor-respondance forte entre la recension m des hippiatrica (le parisinus gr. 2322 du10e siècle) et l’Épitomé, qui s’avère pourtant, pour certains chapitres, plus completque m. Il est par ailleurs impossible de déterminer le principe logique ayant guidé leschoix de l’abréviateur anonyme. cette difficulté à trancher entre l’une ou l’autre

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recension (ou « version ») complique singulièrement la tâche de l’éditeur. un cdrom joint au livre regroupe des plans, inventaires et tables plus détaillés que dans laversion imprimée. Le deuxième tome, à paraître, doit offrir l’édition critique de l’Épi-tomé, le troisième et dernier tome la traduction annotée.

olivier deLouIS

Jannic durand et Bernard fLuSIn (éd.), Byzance et les reliques du Christ.table ronde les reliques de la passion. xxe congrès international desétudes byzantines, 19-25 août 2001 (monographies 17). – associationdes amis du centre d’histoire et civilisation de Byzance, Paris 2004.24 × 17,5. 255 p. Prix : 30 €.cet ouvrage contient les actes de la table ronde les reliques de la passion, qui

réunit, lors du xxe congrès international des études byzantines à Paris en 2001, phi-lologues, historiens et historiens de l’art autour de ce thème. La co-direction de cettetable ronde, et des actes qui en sont issus, par un historien de l’art et un philologueillustre cette approche pluridisciplinaire d’un sujet qui concerne des objets (lesreliques mais aussi leurs reliquaires et les miniatures qui les représentent), l’histoirereligieuse (le culte des reliques), politique (la légitimation que donne aux empereursbyzantins la possession des reliques du christ) ou géo-politique (l’attrait de cesreliques pour les croisés de 1204 qui en exportent la majeure partie vers l’occident).

après une introduction de cyril mango, qui rappelle l’importance des reliques,particulièrement de celles de la Passion du christ, dans l’histoire de constantinople, lelecteur trouve les contributions suivantes :1. – Paul magdalino (L’église du Phare et les reliques de la Passion à constantinople[vIIe/vIIIe-xIIIe siècles]) expose les étapes de l’instauration du culte des reliques de laPassion (vraie croix, lance, puis mandylion) et montre comment l’église impériale duPhare, où se déroule la vénération de ces reliques, symbolise le lien entre détentiondes reliques de la Passion et légitimité impériale.2. – holger a. Klein (constantine, helena, and the cult of the true cross inconstantinople) relate l’histoire du culte de la vraie croix, en relevant les mentions demorceaux du « saint bois » (tivmion xuvlon).3. – Bernard flusin (Les cérémonies de l’exaltation de la croix à constantinople auxIe siècle d’après le dresdensis a 104) donne l’édition critique des passages décrivantla vénération de la vraie croix dans le typicon de la Grande Église du manuscrit dedresde.4. – Jannic durand (La relique impériale de la vraie croix d’après le Typicon deSainte-Sophie et la relique de la vraie croix du trésor de notre-dame de Paris) com-pare les descriptions de la vraie croix du même typicon avec divers objets conservésnotamment à notre-dame de Paris.5. – thomas f. mathews et edmund P. dandridge (the ruined reliquary of the holycross of the Great Lavra, mt. athos) décrivent le reliquaire de la vraie croix donnépar nicéphore Phocas à Lavra, avant (grâce à des photos) et après sa dégradation en1989 à la suite d’un vol.6. – Sysse Gudrun engberg (romanos Lekapenos and the mandilion of edessa)montre que la chapelle de la chalké fut probablement construite pour accueillir lemandylion rapporté d’Édesse par romain Lécapène.

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7. – John wortley (relics of “the friends of Jesus” at constantinople) analyse la façondont l’absence de vraie relique du christ (son tombeau étant vide) fut remplacée parles objets et les personnes qui touchèrent ce corps absent.8. – Sandrine Lerou (L’usage des reliques du christ par les empereurs aux xIe et xIIe

siècles : le Saint Bois et les Saintes Pierres) montre la dimension politique de larelique, du reliquaire et par extension de certaines pierres liées à la Passion (comme lapierre de la déposition du christ).9. – George P. majeska (the relics of constantinople after 1204) s’attache au sort desreliques après 1204, qu’il s’agisse de celles qui furent transportées en occident ou decelles qui demeurèrent en terre byzantine (ou ottomane).10. – Ioanna rapti (Images du christ, reliques des saints : un triptyque géorgieninédit) analyse un triptyque géorgien qui présente à l’extérieur deux images du christd’inspiration occidentale (le christ de pitié et le mandylion) et à l’intérieur des imagesde saints ; cet article est pour elle l’occasion de donner un état de la question sur l’his-toire du mandylion.11. – michele Bacci (vera croce, vero ritratto e vera misura: sugli archetipiBizantini dei culti cristologici del medioevo occidentale) étudie l’influence de reliquesd’origine constantinopolitaine sur les pratiques de dévotion occidentales.12. – claudine Billot (des reliques de la Passion dans le royaume de france) retracel’histoire de différentes reliques constantinopolitaines parvenues en france, telle latunique d’argenteuil.

Les textes sont accompagnés par un grand nombre d’illustrations : principalementdes miniatures tirées de manuscrits (Vat. gr. 1156 et 1613, Skylitzès de madrid), descroix et des reliquaires.

cet ensemble de recherches scientifiques est particulièrement bienvenu à notreépoque où les reliques, principalement les reliques du christ (mandylion, tuniqued’argenteuil, linceul de turin), suscitent dans le public un intérêt croissant où l’ima-gination l’emporte souvent sur la rigueur.

marie-hélène conGourdeau

maria Luigia foBeLLI, un tempio per Giustiniano. Santa Sofia diCostantinopoli e la descrizione di paolo Silenziario. Presentazione dimaria andaLoro (I libri di viella. arte). – viella, rome 2005.23,5 × 17. xIv-234 p., 142 ill.en décembre 562 s’achevait la seconde reconstruction de Sainte-Sophie à

constantinople. Le 6 janvier 563 – date retenue par m. L. fobelli contre celle du 31décembre 562 –, Paul le Silentiaire (520-575) récitait devant l’empereur Justinien et lepatriarche eutychès une ekphrasis en vers conçue comme une ‘re-création’ littérairedu monument.

La description de Sainte-Sophie, ainsi que la description de l’ambon du mêmeauteur qui y est jointe, sont deux poèmes classés parmi les plus ardus de la littératuregrecque. Ils ont donné lieu à plusieurs éditions, traductions – italienne de veniero(1916), fort datée, anglaises partielles de carne-ross/fletcher (1965) et mango(1972), allemande de Pülhorn (1977) et française de fayant/chuvin (1997) – et étudessur le genre littéraire qu’ils représentent. ainsi, ces textes, qui sont d’un intérêt majeurpour notre connaissance de Sainte-Sophie, ont surtout été abordés sous l’angle de laphilologie.

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en leur rendant leur spécificité de sources en histoire de l’art, l’auteur entend ren-verser la perspective et tente une complète reconstruction du monument à l’époque deJustinien. Par son étude minutieuse, elle réussit aussi, de cette façon, à apporter deséclairages nouveaux permettant une meilleure compréhension de certains passagesobscurs du Silentiaire.

À la suite d’une présentation utile de m. andaloro et d’une brève introduction,m. a. fobelli consacre deux chapitres à l’auteur et l’œuvre (p. 9-14), puis au genrelittéraire de l’ekphrasis (p. 15-31). elle y montre le caractère anagogique des deuxpoèmes, en faisant valoir que la description de Paul ne constitue pas une mimèsis,mais s’adresse plutôt à la phantasia des auditeurs. Suivent les deux descriptions entraduction italienne avec le texte grec de l’édition friedländer (1912) en regard (p. 34-97 et 98-117). Pour plus de lisibilité, l’ekphrasis a été divisée en strophes de cinqvers, ce qui constitue un choix typographique discutable. des commentaires très four-nis et composés autour de grands axes de lecture (p. 119-166 et 167-177) portent prin-cipalement sur des questions liées aux données architecturales et artistiques livréespar le Silentiaire. ce commentaire suivi reçoit des approfondissements dans trois cha-pitres annexes sur « la clôture presbytérale » (p. 181-186), « la stratégie des images »(p. 187-191), « la lumière et les luminaires dans la mégalè ekklèsia » (p. 193-207).une bibliographie complète est donnée à la fin de l’ouvrage (p. 209-231).

L’auteur joint à son étude un riche dossier photographique, conduisant ainsi le lec-teur à visualiser immédiatement et précisément la description de Paul. on y trouveégalement d’utiles reconstructions de parties du monument aujourd’hui disparues,comme la clôture presbytérale. une fine présentation des luminaires et de leur empla-cement supposé, ainsi que des figures formées de la juxtaposition des plaques demarbre, frappe justement la phantasia et initie le lecteur au regard de celui quicontemplait Sainte-Sophie au 6e siècle.

de nombreuses remarques critiques et additions ayant été données dans lecompte-rendu de G. agosti (medioevo greco 6, 2006, p. 259-268), nous nous limite-rons ici à souligner l’originalité de la méthode interdisciplinaire de m. L. fobelli, sonapport à une connaissance plus précise de la mégalè ekklèsia à l’âge de Justinien,enfin la clarté de son propos, qui permet à quiconque aborde pour la première fois lesdifficiles poèmes du Silentiaire d’y retrouver ce plaisir que leur auteur destinait avanttout aux plus hauts dignitaires de son temps.

vassa contIceLLo

Paul GÉhIn (éd.), [Évagre le pontique], Chapitres des disciples d’Évagre.Édition princeps du texte grec, Introduction, traduction, notes et indexpar Paul GÉhIn (Sources chrétiennes 514). – Les Éditions du cerf, Paris2007. 19,5 × 12,5. 349 p. Prix : 38 €.découverts par eurydice Lappa-zizica à l’occasion du catalogage des manuscrits

du musée Bénaki d’athènes, ces Chapitres des disciples d’Évagre (Kefavlaia tw'nmaqhtw'n tou' Eujagrivou) contiennent des textes d’inspiration évagrienne, mais de por-tée et de composition inférieures à l’œuvre du maître. La collection conservée dans lemanuscrit d’athènes (no 72 du fonds des Échangeables [grec 53], f. 193v-204) n’estelle-même qu’une partie d’un ouvrage plus considérable, ses 198 chapitres ne repré-sentant probablement qu’une moitié de l’œuvre. L’existence de la collection et sonétendue sont d’ailleurs corroborées par une tradition indirecte conséquente : les

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Centuries sur la charité de maxime le confesseur lui empruntent largement, mais enrefondant le texte, et de nombreux chapitres sont repris dans divers recueils antholo-giques (florilèges damascéniens, collections de définitions, Scholies à l’Échelle deJean climaque, chaîne de nicétas sur l’Évangile de Luc). Il existe également une tra-dition syriaque des chapitres, qui permet d’une part de contrôler un texte grec souventmal assuré et qui témoigne d’autre part de l’existence et du contenu de certains cha-pitres perdus dans la tradition grecque de l’ouvrage. au terme de son étude, l’éditeurarrive à un total de 222 chapitres, les chapitres supplémentaires étant récapitulés dansun tableau à la fin de l’ouvrage (p. 297). en résumé, la collection a dû être constituéeau cours du siècle qui a suivi la mort d’Évagre (399) ; elle a été largement diffusée du8e au 11e siècle, comme le montre la tradition indirecte, et jusqu’à la copie partiellequ’en a laissée damianos vers la fin du 13e siècle ou le tout début du siècle suivant.

La mauvaise qualité de la copie manuscrite rend difficile l’établissement d’untexte qui s’inspire manifestement d’Évagre le Pontique, sans posséder cependant lemême niveau de style et d’expression. certains chapitres (voir, par exemple, les nos

52, 121, 127, 143) pourraient néanmoins donner le change. L’éditeur s’est efforcé deprésenter un texte intelligible et cohérent sur le plan grammatical, aussi bien pour lamorphologie que pour la syntaxe. Pour atteindre ce résultat, il a dû opérer nombre decorrections, suppressions et additions, auxquelles sa familiarité avec l’œuvre, la pen-sée et le vocabulaire d’Évagre donne un fondement convaincant. en quelques rarescas, on peut s’interroger sur la solution retenue : ainsi, au chapitre 56, katevcein ta;"ejmpaqei'" fantasiva" était peut-être à retenir au lieu d’aligner le régime sur le génitifoJrmw'n qui lui est adjoint par une conjonction (p. 156). L’auteur des chapitres sembleaffectionner la préposition ejpiv, dont le sens est sans doute « pour » ou « au sujet de »,plus uniformément que ne le veut le traducteur (nos 50, 62, 63, 76, 81, 91, 102, 109,147, 151, 163). relevons aussi une rareté lexicale, l’adjectif dusevkspasto" (no 162).avant l’édition du commentaire sur les psaumes de théodore de mopsueste (éditionr. devreesse, cité du vatican 1939), qui est précisément un contemporain d’Évagreet qui utilise l’adjectif à deux reprises dans son exposé, le terme n’était signalé quedans un passage du de emendanda vita monachica d’eustathe de thessalonique(§ 1488, p. 166, dans la nouvelle édition de K. metzler) ; à partir de cette sourcejusque-là unique, le mot avait été intégré déjà dans la réédition du Thesaurus deh. estienne et repris dans le dictionnaire de d. dèmètrakos (Iv, p. 2143) ainsi quedans le récent lexikon der byzantinischen Gräzität d’e. trapp (I, p. 418).

Le texte grec est accompagné d’une traduction, qui reste toujours proche de sonmodèle dans l’expression comme dans le mouvement de la phrase. chaque chapitrereçoit, en bas de page, une annotation globale, qui explicite et les caractéristiques lit-téraires du texte et le sens de l’aphorisme dans la pensée d’Évagre, auquel l’auteur deschapitres fait souvent expressément référence par les mots ei\pe ou e[lege. L’universintellectuel et spirituel d’Évagre ainsi que sa doctrine ascétique renaissent en effetdans ces chapitres, même si ceux-ci n’ont pas la clarté d’exposé et la brillance de stylequi caractérisent le maître. Le nouvel inédit bénéficie d’un traitement parfait, aussibien pour la présentation du texte grec que pour l’appareil explicatif destiné à le com-menter et à l’illustrer.

albert faILLer

anthony KaLdeLLIS (trad.), mothers and Sons, Fathers and daughters. TheByzantine Family of michael psellos. with contributions by david

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JenKInS and Stratis PaPaIoannou (michael Psellos in translation). –university of notre dame Press, notre dame, Indiana 2006.22,5 × 14,5. 209 p.ce livre est le premier de la série « michael Psellos in translation » qui se pro-

pose de mettre à la disposition d’un large public les écrits du plus connu des intellec-tuels de la période méso-byzantine. toute entreprise de ce genre est à encourager,pour le rayonnement des études byzantines, surtout quand elle est menée avec rigueuret compétence.

Les promoteurs de cette série ont choisi de grouper les traductions selon un planthématique, en commençant par la famille de Psellos. Le titre principal (mothers andSons, Fathers and daughters) pourrait faire croire à une étude relevant essentielle-ment des gender studies. en réalité, plus que la famille byzantine, c’est michel Psellosqui est le sujet de cet ensemble d’écrits. c’est sa personnalité qui apparaît dans cestextes, se décrit avec complaisance et naïveté, et se découvre à nous avec une éton-nante proximité.

L’introduction de l’ouvrage, après avoir souligné l’importance de Psellos commesource de notre connaissance des réalités féminines et plus largement familiales dansla classe des fonctionnaires impériaux et intellectuels constantinopolitains de cettepériode, rappelle les traits principaux de la biographie de Psellos. À ce propos, unechronologie récapitulative n’aurait pas été inutile, surtout à destination du large publicvisé par la collection ; mais il s’agit là d’une lacune mineure.

Le premier texte traduit, le plus étendu et sans doute le plus conventionnel, estl’Éloge de sa mère. La présentation s’attache à dater la rédaction du texte, largementpostérieure au décès, et destinée, autant qu’à honorer la mémoire de cette femme (onne mettra pas en doute la révérence filiale de notre philosophe), à répandre de son filsune image flatteuse en un temps de crise, l’hagiographie maternelle se muant en auto-hagiographie, probablement pour faire taire les soupçons sur son orthodoxie en rap-portant ses choix philosophiques à l’influence de sa sainte mère. Le texte se clôt surune présentation impressionnante du programme philosophique de Psellos.

Le second texte est plus directement personnel : il s’agit de l’Éloge funèbre de sa filleStylianè, morte de la variole avant l’âge du mariage (sans doute vers 11 ans). on notera,pour l’approuver, l’appréciation du traducteur qui présente ce texte comme « one of themost interesting and moving works of Byzantine literature » (p. 112). La première partiefrappe par l’insistance de Psellos sur la beauté physique de sa fille, aussi importantepour lui que la beauté morale dont elle est le signe. mais c’est la déploration qui impres-sionne, avec la description des souffrances de la fillette (qui nous vaut une très précisedescription de sa maladie), et la révolte poignante du père devant un drame qu’il necomprend ni n’admet, malgré toutes les « consolations » de la tradition patristique etbyzantine sur la mort prématurée. Le Psellos qui s’insurge contre l’injustice du destinet refuse les explications classiques sur les desseins insondables de dieu, nous est plusproche que celui qui s’auto-glorifie dans l’Éloge de sa mère. rappelons pour mémoireque Stylianè a succombé à une des premières attaques meurtrières de la variole àByzance (cf. notre étude Le traducteur grec du traité de rhazès sur la variole, Storia eecdotica dei Testi medici Greci, a cura di a. Garzya, napoli 1996, p. 99-111).

Le memorandum sur la rupture des fiançailles de sa fille adoptive est plus intéres-sant par ce qu’il nous apprend sur les pratiques judiciaires à constantinople que sur lafamille proprement dite. dans sa présentation, d. Jenkins rappelle la controversebibliographique sur le statut et l’auteur de ce texte. Il se rallie à la solution d’unbrouillon rédigé par Psellos pour le règlement d’une affaire où il était plaignant contreson ex-futur gendre.

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La lettre adressée À son petit-fils encore nourrisson (il avait probablement quatremois à l’époque de la rédaction) est, selon l’avis très autorisé de son traducteur, « oneof the sweetest works of literature to survive from antiquity and the middle ages ».Psellos s’y laisse voir comme un grand-père peu différent des modernes parents etgrands-parents, assistant béat au bain de son petit-fils et décrivant avec une précisionet une vivacité étonnantes les gestes et mimiques d’un tout-petit. ce texte, et la lettreS 157, traduite plus loin, qu’il adressa au neveu de michel cérulaire pour la naissancede son fils, sont des témoins exceptionnels sur l’existence à Byzance de ce que les his-toriens, il y a quelques décennies, appelaient le « sentiment de l’enfance », même sil’on doit reconnaître que ce « sentiment » est peut-être davantage celui de Psellos lui-même que de la majorité de ses contemporains (cf. notre étude regards sur l’enfantnouveau-né à Byzance, ReB 51, 1993, p. 161-175).

quelques lettres où Psellos évoque sa famille complètent le dossier, avec une pré-sentation de S. Papaioannou (lettres S 17, S 146, Kd 233, S 72, S 157, S 177, et leslettres 132 et 27 de théophylacte d’achrida après la mort de Psellos). un derniertexte assez court, sur la fête féminine de sainte agathè, le 12 mai, à constantinople,nous informe sur des coutumes populaires peu documentées par ailleurs, maisconcerne moins la famille de Psellos.

L’ensemble est suivi d’une bibliographie et d’un index. on sort de cette lectureavec l’impression de mieux connaître l’homme michel Psellos, dans ses faiblesses etson humanité, et la conviction que la rhétorique peut parfois servir, et non voiler, laréalité psychologique. on ne peut qu’attendre la suite de la série.

marie-hélène conGourdeau

tonia KIouSoPouLou, Basileuv" hv Oikonovmo". Politikhv exousiva kaiideologiva prin thn vAlwsh (historia). – Povli", athènes 2007.21 × 14. 282 p. Prix : 17 €.Le livre de tonia Kiousopoulou vient combler un vide dans l’historiographie du

15e siècle byzantin : en dehors de l’étude proposée jadis par I. djurić (le crépusculede Byzance, Paris 1996) dans une optique assez différente, il n’existe en effet aucunesynthèse récente portant sur ce demi-siècle d’histoire ; l’ouvrage offre d’ailleurs plusencore qu’il ne promet, puisque beaucoup de notations renvoient même à la deuxièmemoitié du 14e siècle. comme le souligne l’auteur en introduction, le 15e siècle estpresque toujours étudié sous le prisme de la chute de constantinople, les historiensétant avant tout soucieux d’expliquer la disparition de l’empire byzantin.t. Kiousopoulou ne prétend pas délaisser cette question : elle cherche aussi à com-prendre comment et pourquoi l’empire s’est effondré, mais elle évite de projeter unéclairage rétrospectif sur les années 1400-1453, examinant plutôt toutes les transfor-mations alors en cours à constantinople. dans une telle perspective, la chute de laville n’intervient plus comme le point d’aboutissement d’un déclin continu, maiscomme un coup d’arrêt brutal venu interrompre un processus incertain encore en ges-tation. est ainsi réintroduite l’idée que différentes évolutions restaient possiblesdurant ces cinquante années, et non pas seulement l’inéluctable défaite. en mêmetemps, le 15e siècle byzantin se trouve ainsi replacé au sein du mouvement généralque connaît l’europe dans cette phase de transition entre la fin du moyen-Âge et ledébut de l’époque moderne.

cette problématique centrale s’entremêle avec d’autres, notamment celle des ori-gines de la « nation » néogrecque ou celle de l’influence de l’occident sur la Byzance

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des Paléologues. cependant la méthode de l’auteur relève en priorité de l’approchesociale : l’étude s’inscrit d’ailleurs dans le sillage de l’histoire socio-économique deByzance telle que la concevait n. oikonomidès. Les données économiques et lessources littéraires sont ici entrecroisées de manière à dresser un tableau aussi précisque possible de l’élite byzantine du 15e siècle, pour définir ensuite les orientationspolitiques de ce groupe dominant. t. Kiousopoulou avance une hypothèse séduisante :cette nouvelle aristocratie, dont la richesse repose plus sur le commerce que sur laterre, pousse à la transformation de l’empire œcuménique médiéval en une cité-État.L’auteur montre en effet que la rétraction territoriale de l’empire byzantin autour dela seule région de constantinople s’accompagne d’une transformation radicale desstructures étatiques, des formes et du fonctionnement du pouvoir, et même de l’idéo-logie impériale. transformation, adaptation, reconfiguration, redistribution des rôlessociaux et politiques : toutes ces notions sont abordées au fil de la démonstration, defaçon toujours nuancée et à l’aide de sources aussi abondantes que variées. certainesdes conclusions énoncées sont audacieuses et demeurent affaire d’interprétation, selonle poids relatif que chacun accorde à un phénomène plutôt qu’à un autre ; il reste queles questionnements soulevés, de grande portée, sont toujours pertinents et stimulentla réflexion.

L’ouvrage se compose de trois parties. La première consiste en une présentationgénérale du cadre dans lequel se déroule la vie politique byzantine : elle offre une des-cription, ou plutôt un parcours dans la constantinople du 15e siècle, qui permet decomprendre comment les lieux traditionnels du pouvoir ont été abandonnés au profitd’un déplacement vers la corne d’or et le palais des Blachernes. Les groupes diri-geants de la ville sont ensuite introduits dans ce décor, une attention particulière étantaccordée au processus de fusion entre les anciennes familles aristocratiques, désor-mais privées de leurs possessions foncières, et les nouvelles élites enrichies grâce aucommerce. La deuxième partie est exclusivement consacrée au personnel politiquequi entoure d’abord manuel II, puis Jean vIII et constantin xI. en rassemblant unegrande quantité de données prosopographiques éparses, t. Kiousopoulou comptabilise80 personnages, répertoriés dans un tableau général en annexe. L’analyse révèle unesubtile répartition des rôles entre aristocratie traditionnelle et parvenus, les secondsétant encore l’objet de critiques acerbes sous le règne de manuel II, tandis que l’inter-pénétration entre les deux groupes semble déjà bien avancée à partir du règne deJean vIII grâce à des stratégies matrimoniales convergentes. dans l’exercice direct dupouvoir politique, l’auteur conclut malgré tout à une certaine prééminence de lafamille impériale, comme il ressort de l’attribution des charges auliques, le cas de Lucnotaras devant être considéré comme une exception. dans la dernière partie,t. Kiousopoulou s’attache au fonctionnement même de la vie politique et des institu-tions. elle identifie une instance de pouvoir qui n’avait pas attiré jusqu’ici l’attentiondes historiens, la « politeia » ou « commune » : celle-ci comprendrait les riches mar-chands de la ville, par ailleurs absents de la cour, qui seraient ainsi associés auxgrandes décisions politiques. Sont aussi analysées les transformations de l’idéologieimpériale, et une large place est faite aux nouvelles conceptions politiques qui s’expri-ment : en mettant l’accent sur les interprétations divergentes que donnent les contem-porains de la notion de patrie, l’auteur met au jour le clivage qui existe entre unevision territoriale et sécularisée de l’État chez les uns et un attachement viscéral àl’idée de l’œcuménicité de l’empire chez les autres ; il semble que ces dissensionspolitiques interviennent au plus haut degré dans le conflit qui se noue àconstantinople autour de la question de l’union des Églises. même si, à la fin de l’ou-vrage, l’auteur se déclare elle-même impuissante à retrouver toutes les réalités mou-vantes de la période à travers des sources très incomplètes, floues et contradictoires,

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elle offre au lecteur une synthèse précise et approfondie sur l’exercice du pouvoir àByzance au 15e siècle.

en embrassant un sujet aussi large, t. Kiousopoulou est conduite à négliger cer-tains thèmes, ou même à en exclure certains de son champ d’étude. L’angle d’obser-vation choisi privilégie la ville de constantinople, en tant qu’elle peut être comparéeavec d’autres cités-États de la méditerranée : par conséquent les liens entre la capitalebyzantine et ses dépendances lointaines, en particulier le Péloponnèse, ne sont exami-nés que de façon marginale. Sans préjuger de l’intensité de ces relations, la questionmérite cependant d’être posée, en particulier lorsque constantin, ancien despote demorée, devient empereur : conçoit-il le Péloponnèse comme une zone autonome oubien comme une région dépendant encore d’une capitale ? de la même façon, l’Égliseest en grande partie exclue de l’étude : seules les conceptions politiques des digni-taires patriarcaux sont étudiées, tandis que les métropolites et les moines sont presquetotalement absents de l’analyse. même si ce choix est délibéré, et l’auteur s’en justifiepar exemple lorsqu’elle ne prend pas en compte les ecclésiastiques envoyés en ambas-sade au même titre que les ambassadeurs laïcs, il aboutit à une présentation un peubiaisée des rapports entre l’État et l’Église, conçus comme deux instances bien sépa-rées. Pourtant les occasions où le politique et le religieux sont étroitement imbriquésne manquent pas, comme l’illustrent les ecclésiastiques travaillant au service de l’em-pereur, par exemple les juges généraux, ou bien, à un autre niveau, les prêches pro-noncés régulièrement au palais impérial.

ce livre très dense réussit finalement à offrir une nouvelle approche des réalitéspolitiques et sociales du 15e siècle à Byzance, tout en rappelant l’insertion de l’Étatbyzantin dans l’économie et la géopolitique méditerranéennes et en invitant à la com-paraison entre constantinople et les communes italiennes, autant d’aspects qui nepourront plus être examinés sans prendre en considération les conclusions proposéesici. c’est dire la grande richesse du propos et le foisonnement de réflexions, tant dansl’ensemble que dans le détail, que suggère la lecture de cet ouvrage.

marie-hélène BLanchet

Johannes Koder (trad.), Romanos melodos. die hymnen. übersetzt underläutert von Johannes Koder, I-II (Bibliothek der griechischenLiteratur 62 und 64). — anton hiersemann, Stuttgart 2005 et 2006.23,5 × 15,5 ; relié. x-433 p. (I), vI p.-p. 435-878 (II).depuis 1968, Johannes Koder s’est occupé à de nombreuses reprises des Kontakia

de romanos mélodos, aussi bien au sein de son enseignement qu’à travers plusieurspublications. cette traduction allemande de la totalité des compositions attribuées aumélode est ainsi le beau fruit d’un travail arrivé à sa pleine maturité. S’il doit comblerle public germanophone, il ne laissera pas indifférent le lecteur francophone, qui adepuis longtemps accès à la traduction magistrale de J. Grosdidier de matons (1964-1981). en effet, J. Koder modifie profondément le classement des hymnes et revientdrastiquement sur les questions d’authenticité.

Plus précisément, il rompt avec la présentation thématique pour lui préférer unordre issu d’une approche liturgique. Se fondant ainsi sur la place des hymnes dansles Kontakaria anciens — qui remontent à la période méso-byzantine —, il les ras-semble en trois grandes unités : 1. hymnes du cycle de la nativité et des fêtes fixes(1-16) ; 2. hymnes du Pré-carême et du carême (17-42); 3. hymnes de Pâques à la

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Pentecôte (43-61). replacées ainsi dans le cadre de l’année liturgique orthodoxe, cescompositions reprennent leur signification originelle, qui est celle d’illustrer les lec-tures des péricopes de l’apôtre et de l’Évangile au sein de l’office. en tentant ce clas-sement, le traducteur ne renoue pas seulement avec la tradition byzantine : il ouvreaussi la voie à l’étude de l’intégration des Kontakia dans des livres liturgiques plustardifs, comme l’ochtoechos, le Triodion et le pentecostarion.

La traduction est principalement basée sur l’édition Grosdidier de matons, mais cechoix n’est pas exclusif. J. Koder a aussi recours à l’édition maas-trypanis (1963,1970) et même à la traduction italienne de r. maisano (2002). contre l’opinion deséditeurs du mélode, il rejette d’ailleurs parmi les spuria vingt-deux hymnes à lamémoire de martyrs et de saints (cf. p. 38-39). dépassant les considérations stylis-tiques, son argument majeur contre l’authenticité de ces compositions rejoint sonchoix de privilégier la tradition des Kontakaria : les hymnes des martyrs et des saintsmanqueraient le but premier des Kontakia de romanos, celui d’illustrer les lecturesscripturaires au sein de la liturgie. en annexe, l’auteur joint aux 61 hymnes retenuesl’Acathiste. S’il ne se prononce pas ouvertement sur la paternité de romanos, il nemanque pas de relever minutieusement, en référence notamment aux travaux deL. m. Peltomaa (2001), les principales données justifiant l’intégration de l’Acathistedans le corpus (p. 795-800).

L’ouvrage comporte une sélection bibliographique, une introduction relativementcourte sur romanos et son œuvre, une table des correspondances avec les deux édi-tions de référence et plusieurs index très fournis (scripturaire, citations des Pères etdes auteurs byzantins, noms propres, thèmes, termes grecs et allemands correspon-dants).

La traduction essaye de rendre au plus près le texte grec, J. Koder faisant remar-quer que la langue de romanos est en elle-même très particulière et éloignée desusages de son époque. toujours dans la perspective de faire valoir le rôle liturgiquedes Kontakia, un soin particulier est mis à rendre perceptibles les très nombreusesallusions du mélode aux Écritures. chaque hymne est précédée d’un résumé ducontenu. Les annotations sont regroupées à la fin de l’ouvrage. Le choix des titres par-ticuliers relève généralement de la tradition des Kontakaria.

on saluera donc la parution de ces deux volumes qui ne se contentent pas d’ouvrirau public germanophone l’accès à l’une des œuvres hymnographiques majeures de latradition byzantine, mais offrent aussi matière à réflexion aux spécialistes deromanos.

vassa contIceLLo

Karin KrauSe, die illustrierten homilien des Johannes Chrysostomos inByzanz (Spätantike, frühes christentum, Byzanz. Kunst im erstenJahrtausend). – reichert verlag, wiesbaden 2004. 32 × 23 ; relié.250 p., 32 pl. en couleur, 111 pl. en noir et blanc hors texte.In her foreword (p. x-xI), the author explains how this copious and erudite study

came into being. It started as a doctoral dissertation on a little-known illuminatedmanuscript in the State Library in munich, cod. graec. 1, of the homilies of JohnChrysostom. Subsequently she studied other illuminated manuscripts of the homilies,including those which contain only a selection, the so-called pearls (Margari'toi).the result was the production of this comprehensive book. each group of manuscripts

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is presented with an introduction; it is also copiously illustrated. together they consti-tute a valuable corpus of the genre. hopefully this will encourage other scholars toproduce an analogous corpus for other genres of Byzantine illuminated manuscripts.

In fact their characteristics are generally those common to illuminated manuscriptsof the middle Byzantine period. the decoration is stereotyped and illustration consistsmainly of large capital letters (lettrines) and headpieces which may contain some fig-ure. the space available is hardly sufficient for an elaborate subject. full page minia-tures are rare. artists tended to follow established formulae rather than exercise theiringenuity. a notable exception was the illustrator of Paris graec. 605 (p. 75-80), amanuscript to which other miniatures were added later. It contains representations ofadam and eve as well as of noah (all reproduced in the book). Krause explains thatthey illustrate relevant passages in John chrysostom’s text.

Paris graec. 799 (a pearl), unfortunately in poor condition, is particularly interest-ing on account of the artist’s ingenuity. his figures, set in a headpiece rather than in alettrine, refer to chrysostom’s allusions to biblical texts. Particularly ingenious is hisheadpiece to the homily Vidi dominum, f. 326v (p. 98-99, figure 135). It illustrates thevision of Isaiah (chapter 6,1-3, cited in the text). the recently deceased king ozias(uzziah) is placed at the bottom of the headpiece to the right, while Isaiah himselfstands to the left. above, in five circles, are angels and the enthroned Lord.

the miniatures figuring Job in athos Pantocrator cod. 22 (p. 128-134) had a spe-cial interest for me personally. It is evident that John chrysostom admired and likedto cite Job. however, although perhaps as many as a dozen illuminated Byzantinemanuscripts of Job are known, only two have been published and no list of the othersis available. I recently submitted a brief article on hitherto unpublished miniatures ofJob and the adversary (diavbolo") to the Festschrift which is being published inathens in honour of the late anna marava-chatzinikolaou. this may be relevant tothe understanding of the miniatures of Job which Krause has published.

Krause’s meticulous and accurate assembly of the corpus of illuminated manu-scripts of John chrysostom (p. 12-141) invites admiration.

there follow three chapters devoted to the comparison of initial letters with fig-ures in other Byzantine manuscripts (p. 143-162), to the use and status of Johnchrysostom’s homilies in Byzantium (p. 163-174) and to the manuscripts with fullpage illustration (p. 175-184). a final chapter discusses the miniatures as a reflectionof John chrysostom’s significance for orthodoxy.

this last chapter raises a number of points on which those who have studied thesaint may feel inclined to demur. already in her introduction Krause wrote of thethree outstanding miniatures of the saint in manuscripts other than those of his homi-lies: vatican graec. 1613, p. 138 and 357; dionysiou cod. 587, f. 144v (figures 1-3).their subjects are chrysostom’s departure in exile, the translation of his relics toconstantinople and their reception by the emperor. She therefore recognised thatthemes relating to him in Byzantine spiritual tradition were represented outside themanuscripts of his homilies.

while it is entirely acceptable to reconstruct the significance of chrysostom’shomilies for orthodoxy, it must be admitted at the same time that for his iconographysuch a reconstruction is partial. It may even lead to misunderstanding because itignores the far more elaborate iconography of the saint which was developed duringthe same period in wall painting. In her last chapter Krause concentrates on thethemes which recur in illuminated manuscripts of homilies, notably Saint Paul’s inspi-ration of chrysostom and the devotion of the saint’s disciple Proclus. obviously anentire further volume would be required to examine chrysostom’s place in monumen-tal art on the same lines as Krause’s presentation of him in miniature painting.

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It would equally take too long in a review to enter fully into detail about all thepoints in the last chapter upon which one might demur. I therefore limit myself to onepoint. as it happens, I have myself published a book in which I studied Johnchrysostom’s iconography. Krause lists in her bibliography (although I did not dis-cover a citation of it in her text) Art & Ritual of the Byzantine Church, London 1982,especially p. 111-115. according to my study, the key theme for the Byzantines ofJohn chrysostom’s iconography was his wisdom. the word (Weisheit) does not figurein Krause’s index. however, she uses it once at least in her description of the well-known miniature in milan Ambrosiana cod. a 172 sup., f. 263v (reproduced in colour,fig. 233, and in black and white in my book, figure 24). She observes (maybe cor-rectly) that the traditional dating of this miniature to the 12th century is too early. Inthe miniature Saint Paul is inspiring John chrysostom, a commonplace theme iniconography. Proclus kneels with his hands outstretched in the foreground, whilechrist in bust form in a segment in the upper right hand corner, another commonplacetheme, is also inspiring him. what is exceptional in this miniature of the saint is thatthe roll on which he is writing becomes a stream of water from which kneeling bish-ops are drinking. here then is John chrysostom represented as the Source of wisdom.I personally wrote that the earliest dated example of this iconographical type is in themonastery of the archangel at Lesnovo, 1349 (my op. cit., p. 114, figure 25).however, behind this lies a long iconographical tradition in wall painting of Johnchrysostom’s wisdom, to which, naturally, Krause does not refer.

this observation, intended to illustrate the limitations of Krause’s presentation ofthe saint’s iconography, does not detract from the quality and utility of her corpus.

christopher waLter

John c. Lamoreaux (trad.), Theodore Abū qurrah (Library of thechristian east 1). – Brigham young university Press, Provo ut 2005.24 × 16 ; relié. xxxvII-278 p.cette traduction anglaise d’une grande partie des œuvres authentiques de

théodore abū qurrah, évêque de harran (8e-9e s.), prend le relais des travaux deSidney h. Griffith et marque un progrès considérable dans notre connaissance de cetauteur. elle se signale en effet par le soin que J. Lamoreaux met à fonder l’authenti-cité de chaque texte considéré, par son recours constant aux manuscrits aussi biengrecs qu’arabes, enfin par son souci de regrouper des fragments épars pour constituerdes opuscules complets et cohérents.

on remarquera tout d’abord qu’un certain nombre de textes attribués à théodorene sont pas inclus dans l’ouvrage, pour des raisons clairement indiquées. ainsi, parmiles œuvres arabes, sont omises : 1. la Summa theologica arabica, inauthentique ; 2. ladéfense des images, déjà traduite en anglais par Griffith ; 3. la lettre à david lemonophysite, dont le texte semble irrémédiablement corrompu. Parmi les œuvresgrecques, l’auteur exclut pour des questions d’authenticité les opuscules 2, 26-30 et34-41 (pG 97, 1461-1602), ainsi que le de differentia propriissima (pG 94, 594n. 23).

de leur côté, les œuvres reconnues comme authentiques font l’objet d’un reclasse-ment qui conduit à une refonte thématique de l’ensemble. L’auteur répartit ainsi sesmatériaux textuels en 19 chapitres, en effectuant les choix suivants :1. Theologus Autodidactus (éd. dick 1982, II).

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2. Against the Jews (Basha 1904, 9/I).3. That Christianity is from God (dick 1982, II).4. on the Confirmation of the Gospel (Basha 1904, 4).5. on the Characteristics of the True Religion (dick 1959, II).6. on the Councils (Basha 1904, 9/II).7. epistle to the Armenians (pG 97, op. 4).8. Against the Armenians (Lamoreaux 1992).9. on the union and the incarnation (pG 97, op. 43).10. on the death of Christ (Basha 1904, 3).11. on our Salvation (Basha 1904, 6, 10, 7).12. Theodore’s Confession of Faith (dick 1959, I).13. on the method of the Knowledge of God (Basha 1904, 5).14. on natural Theology (dick 1982, I).15. on the Trinity (Basha 1904, 2).16. on Free Will (Basha 1904, 1, et Pizzi-Samir 2001).17. questions on Free Will (Griffith 1979).18. Refutations of the Saracens by Theodore Abū qurrah, the Bishop of haran, asReported by John the deacon (pG 97, op. 18-25, 43, et Glei-Khoury 1995, op. 18-25).19. Greek Fragments (pG 97, op. 3, 5-8, 16, 9-14, 33, 15, 42, 31, 1, 17, et Glei-Khoury 1995, op. 3, 8, 9, 16).

La traduction est pourvue de nombreuses annotations. Le lecteur regrettera cepen-dant de trouver, mêlées aux notes explicatives, les variantes grecques ou arabes repé-rées par l’auteur dans les manuscrits. Le choix de citer ces mêmes variantes en trans-littération semble aussi étonnant.

J. Lamoreaux ne propose pas seulement une lecture nouvelle de l’œuvre dethéodore. dans le droit fil de son étude sur la vie de l’évêque de harran publiée en2002 (dop 56, 2002, p. 25-40), il rappelle, dans son Introduction, que les principauxjalons d’une biographie qui passait pour établie ne sont nullement fondés sur dessources sûres. ainsi, théodore n’aurait pas été moine à Saint-Sabas et n’aurait pas étédéposé en 813 de son siège épiscopal. enfin, il faut aussi retenir que la date habituel-lement donnée pour sa mort (après 829) n’est pas vérifiable.

rigoureusement parlant, il aurait été préférable que la publication de l’édition cri-tique des œuvres complètes de théodore abū qurra annoncée par J. Lamoreaux (cf.p. xxvI) ait précédé celle de leur traduction anglaise. on se réjouira cependant que l’accèsà ce corpus soit enfin rendu possible dans une langue à la fois simple et précise. Pourles spécialistes de l’iconoclasme byzantin et de la littérature arabe chrétienne des ori-gines, cet ouvrage est une réponse très utile à une attente déjà trop longue.

vassa contIceLLo

marina LouKaKI (éd.), discours annuels en l’honneur du patriarcheGeorges Xiphilin. textes édités et commentés par marina LouKaKI, tra-duits par corinne Jouanno (monographies 18). – association des amisdu centre d’histoire et civilisation de Byzance, Paris 2005. 24 × 17,5.234 p. Prix : 30 €.Sont édités cinq éloges adressés à la personne du patriarche Georges xiphilin

(1191-1198). Le titre de chacune des pièces est explicite : I. discours lu au patriarcat,comme il est d’usage, le jour de Lazare, par le très savant maïstor des rhéteurs, kyr

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Georges tornikès ; II. du très sage maïstor des rhéteurs, kyr Georges tornikès,deuxième discours lu, comme il est d’usage, au patriarcat, en l’honneur du très saintpatriarche œcuménique kyr Georges ; III. discours de kyr Jean Phrangopoulos, gram-matikos, lu au patriarcat, comme il est d’usage, à la suite du discours de son maître, lerhéteur ; Iv. discours de kyr manuel Sarantènos, grammatikos, lu au patriarcat, selonl’usage, lors de la fête du juste Lazare, à l’occasion de laquelle les élèves du rhéteurdonnent lecture ; v. discours du bienheureux moine cyrille, qui fut métropolite decyzique, composé du temps où il était encore diacre, en l’honneur du patriarche kyrGeorges xiphilin, à l’intention d’un jeune homme, pour le Samedi de Lazare.

L’identité du récipiendaire suffirait à constituer l’unité du volume, mais de plustous les discours furent prononcés à une même occasion, la cérémonie du Samedi deLazare, et par une même instance, le maïstor des rhéteurs (Georges tornikès le Jeune)en personne pour les deux premiers et l’un de ses élèves (Jean Phrangopoulos, manuelSarantènos) pour les deux suivants, le dernier étant dû à constantin Stilbès et ayantété prononcé aussi par un élève. Les textes proviennent essentiellement de l’inépui-sable Scorialensis 265, où ils ont été copiés peu de temps après leur composition, à lafin du 12e siècle ou au tout début du 13e siècle.

dans une introduction concise (p. 27-70), l’éditrice rassemble tous les élémentsqui éclairent la lecture du texte : biographie des personnes (le patriarche et les quatreauteurs d’éloges), brève analyse des discours (genre littéraire de l’éloge, date de com-position, lieu de la cérémonie), description des manuscrits utilisés (Scorialensis 265,Ambrosianus f 93 sup., Baroccianus gr. 25).

L’édition est soignée, et les multiples citations et réminiscences du texte ont étérepérées. elle est accompagnée d’une excellente et méritoire traduction, qui permet derésoudre ce que l’éditrice appelle dans son avant-Propos, d’une formule plaisante et àpeine excessive, « les rébus linguistiques des rhéteurs byzantins » (p. 10). Les nou-velles éditions et études de ce genre littéraire sophistiqué, que l’éloge s’adresse àl’empereur ou au patriarche, affinent progressivement notre connaissance ; ellesapportent aussi à l’historien quelques nouvelles informations, fussent-elles modiqueset difficiles à déceler. après les travaux de divers éditeurs de textes, parmi lesquelsfigure en bonne place Jean darrouzès, auquel l’éditrice rend ici hommage, leScorialensis 265 contient encore nombre de pièces inédites.

albert faILLer

ruth macrIdeS (trad.), George Akropolites. The history. Introduction,translation and commentary by ruth macrIdeS (oxford Studies inByzantium). – oxford university Press 2007. 24 × 16 ; relié. xxI-440 p.Prix : 70 £.L’histoire de Georges akropolitès avait déjà bénéficié ces dernières années d’une

traduction en allemand (w. Blum, Stuttgart 1989) et d’une double traduction en grecmoderne (a. d. Panagiotou, athènes 2003 ; S. e. Syropoulos, thessalonique 2004).La collection des oxford Studies in Byzantium nous offre à présent une traductionanglaise due à une spécialiste de la période et munie d’un excellent commentaire ana-lytique du texte.

L’ouvrage s’ouvre sur une longue introduction (p. 1-101), qui replace l’ouvragedans son contexte et traite successivement et de manière classique les points suivants :l’homme et sa carrière, son histoire (plan et sources de l’ouvrage, fiabilité, chronolo-

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gie des faits, contenu, influences subies, forme littéraire, philosophie de l’histoire,image des empereurs nicéens), les historiens postérieurs (théodore Skoutariôtès,Georges Pachymérès), les autres écrits de l’historien, la pensée et l’originalité del’historien sur diverses questions (la conquête de constantinople, alexis III, la fonda-tion de l’empire de nicée, nicée-nymphaion, les Latins, les Bulgares, les turcs, lesÉpirotes, l’armée, la flotte).

Suit la traduction du texte, qui est accompagnée d’un riche commentaire, placé àla fin de chacun des 89 chapitres de l’histoire. ce commentaire contient d’abord unbref résumé du chapitre, puis une série de notes, qui se réfèrent aux appels de noteinsérés dans la traduction. une telle disposition des matières permet une lecture encontinu, alors que trop souvent les notes sont rejetées à la fin de l’ensemble du texte.tout au plus se demandera-t-on s’il n’aurait pas été possible de mieux distinguer texteet commentaire en attribuant au second un corps typographique inférieur. ce procédéaurait permis de mieux marquer la valeur et la continuité du texte de Georgesakropolitès et de le lire d’un trait en enjambant plus aisément le commentaire.

L’ouvrage de Georges akropolitès est la seule source à conserver le détail del’histoire de l’empire byzantin exilé à nicée. La relation est particulièrement ample etprécise pour les vingt-cinq dernières années (1246-1261), où l’historien intervient per-sonnellement dans la relation des faits et se fait témoin actif. comme l’écrit la traduc-trice, l’image qu’on s’est formée de ce demi-siècle byzantin est redevable en grandepartie à son texte. Le récit de Georges akropolitès s’interrompt brusquement sur undéjeuner de l’empereur. on peut supposer que la lacune est de peu d’importance etque l’histoire prenait fin, par exemple, avec le second couronnement de michel vIIIPalaiologos. théodore Skoutariôtès, qui a repris pour l’essentiel le texte de son prédé-cesseur, avait accès à un manuscrit déjà mutilé. Georges akropolitès a eu pour but delégitimer avant tout l’accession au pouvoir de michel vIII Palaiologos. on voit trèsbien l’histoire se clore avec le second couronnement de michel vIII à constantinopleaprès la reprise de la capitale historique en 1261 et le retour sur le siège patriarcal decet arsène auquel l’historien ne cesse de manifester sa mauvaise humeur pour sonhostilité envers l’empereur. comme l’admet r. macrides, il est exclu que le « traité »du grand logothète qui, d’après Georges Pachymérès (vII, 8 : éd., III, p. 378-9), futlivré au feu en 1283, après le retour à l’orthodoxie sous le règne d’andronic II, puisseêtre son histoire. Il est clair en effet qu’il s’agissait d’un ouvrage théologique ; or onconçoit mal que Georges akropolitès ait inclus dans son ouvrage, qui est concis et lar-gement événementiel, des discussions théologiques comme on les trouve dansl’histoire de Georges Pachymérès ou, encore plus, dans l’histoire de nicéphoreGrègoras, dont le récit historique tourne en opuscule dogmatique et apologétique.

À de multiples reprises (p. 52, 83, 121, 147, 164, 350, 388), r. macrides relèveque le substantif hJ ajnagovreusi" et le verbe ajnagoreuvein n’ont pas, sous la plume del’historien, leur sens technique de « proclamation » ; ils ont un sens générique, quipeut viser chacune des étapes de l’accession au pouvoir, qui est formalisée par l’élé-vation sur le pavois, l’acclamation ou le couronnement ; divers textes de grande rhéto-rique de manuel holobôlos le montrent amplement. mais il est peut-être abusifd’écrire que le substantif et le verbe acquièrent sous la plume de l’historien le sens de« couronnement » et de « couronner ». La comparaison entre les récits de Georgesakropolitès et de Georges Pachymérès pour la période qui leur est commune est trèsinstructive, spécialement pour les débuts de la carrière de michel Palaiologos et pourson accession au pouvoir suprême. Les deux historiens donnent une vision différen-ciée et parfois contradictoire de quelques épisodes significatifs de la carrière demichel Palaiologos avant son accession au pouvoir suprême. L’image différente quechacun d’eux veut donner de l’empereur suffit à justifier ces oppositions. mais on

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s’explique plus difficilement d’autres contradictions entre les deux historiens, concer-nant, par exemple, la date de la naissance de michel Palaiologos (p. 267 n. 30) ou del’accession à la dignité impériale de théodore II Laskaris (p. 219 n. 19, p. 276 n. 23),avant ou après la mort de son père.

on comprend que, contrairement à Georges Pachymérès, Georges akropolitès nedonne jamais le titre de basileus à Jean Iv Laskaris (p. 338 n. 11). Pour le rôle deKaryanitès en 1258 (p. 300 n. 9, p. 349 n. 7), la contradiction est patente entre lesdeux historiens. Le meurtrier des mouzalones est Karyanitès selon Georgesakropolitès, un certain Karoulos manipulé par michel Palaiologos pour GeorgesPachymérès. ce dernier précise que Karyanitès et les siens [oiJ ajmfi; to;n Karuanivthnsignifie, sous la plume de Pachymérès, « Karyanitès et les siens », non « l’entouragede Karyanitès », sous-entendu sans lui leur chef (voir p. 349 n. 7)] prirent la fuitepour éviter d’être accusés et condamnés. traduire suntaxavmeno" par « I made arran-gements » (éd. p. 17118, trad. p. 365) est sans doute trop fort : le participe est réguliè-rement employé pour signifier simplement « prendre congé ». L’expression ejphvxatota;" skhnav" (ainsi éd. p. 17615, 18524, 1873), qui est employée régulièrement pour indi-quer un campement, pourrait être traduite de manière plus uniforme. La propositionparticipiale pro;" ta;" aijwnivou" metastavnto" skhnav" (éd. p. 1773-4) est une réminis-cence néotestamentaire (Lc 16, 9 : i{na... devxwntai uJma'" eij" ta;" aijwnivou" skhnav").L’image des « tentes éternelles » mériterait d’être conservée et sonnerait mieux qu’unbanal « eternal resting place ». Le souci de la littéralité est louable et fondé : ainsi latraductrice distingue avec raison hJ Kwnstantivnou (« the city of constantine ») et hJKwnstantinouvpoli" (« constantinople »). J’ai relevé une expression notable : ajnti-pevran tou' boreivou kevrw" th'" povlew" (éd. p. 17417) ; celle-ci est sans doute bieninterprétée (« on the far side of the horn to the north of the city ») ; littéralement,Galata est situé par l’historien « sur l’autre rive de la corne septentrionale de laville ».

Soulignons la justesse et l’élégance de la traduction d’un texte, qui, il est vrai,n’est pas d’une complexité excessive. La richesse et la précision de l’annotation faci-literont l’accès à un récit historique à la fois concis et assez objectif par-delà quelquessilences calculés.

albert faILLer

annick martIn et aLII (éd.), Théodoret de Cyr. histoire ecclésiastique, I(Livres I-II). texte grec de L. ParmentIer et G. c. hanSen (GcS, nf 5,19983) avec annotation par J. BouffartIGue. Introduction : annickmartIn, traduction : Pierre canIvet, revue et annotée par JeanBouffartIGue, annick martIn, Luce PIetrI et françoise theLamon(Sources chrétiennes 501). – Les Éditions du cerf, Paris 2006.19,5 × 12,5. 530 p. Prix : 45 €.avec l’histoire ecclésiastique de théodoret de cyr, c’est la dernière des trois

grandes histoires ecclésiastiques composées dans la première moitié du 5e siècle queproposent les Sources chrétiennes. celles de Socrate (sept livres, Sc 477, 493, 505,506) et de Sozomène (six livres parus sur neuf, Sc 306, 418, 495) ont déjà été tra-duites dans la même collection. un texte critique en était d’ores et déjà publié dans lacollection des Griechischen christlichen Schriftsteller ; c’est celui que reprennent cestrois traductions.

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L’ample introduction rédigée par annick martin fournit une très intéressante miseen perspective de cette œuvre de théodoret par rapport au reste de la production del’écrivain et par rapport au genre de l’histoire ecclésiastique et à ses autres représen-tants. en particulier, si l’auteur souligne que l’œuvre a souvent été négligée au profitdes deux autres, celles de Socrate et de Sozomène, elle montre aussi nettement quellessont les caractéristiques de cet ouvrage, ce qu’il faut donc y chercher : ce n’est pas unsimple recueil de documents, ce n’est pas non plus une histoire au sens moderne duterme ; il s’agit d’une œuvre d’apologiste, d’hagiographe et de pasteur, soucieux deprotéger la réputation des empereurs et des clercs fidèles à la foi en omettant lespoints qui pourraient être gênants. de même, les textes cités, fort nombreux, sontmoins des sources, des preuves, que des arguments utilisés dans la démonstrationqu’élabore l’évêque de cyr. cette introduction constitue donc une très utile synthèsesur les histoires ecclésiastiques du 5e siècle en général et sur celle de théodoret enparticulier.

nous ne nous attarderons pas sur le texte retenu, qui est globalement celui éditédans le corpus de Berlin ; les traducteurs se sont toutefois écartés en plusieurs pointsde celle-ci, écarts toujours expliqués et justifiés. La traduction, œuvre de Pierrecanivet, décédé au moment de la parution de l’ouvrage, a été révisée par une équiped’historiens. elle est globalement claire, précise et d’une lecture agréable. on noteratoutefois quelques défauts d’harmonisation ; ainsi, govh" est tantôt traduit par ‘magi-cien’ (I, 4, 2) tantôt par ‘charlatan’ (I, 4, 57), sans raison valable à ce changement ;th;n (sh;n) ejpieivkeian est traduit par ‘ta mansuétude’ (II, 19, 10), puis immédiatementaprès par ‘ton équité’ (II, 19, 11).

Les notes, sans aller jusqu’à constituer un petit commentaire, apportent les infor-mations nécessaires à la compréhension et à l’utilisation de l’ouvrage par ses diffé-rents lecteurs, historiens, patristiciens, etc. on ajoutera cependant une référenceimportante à la n. 1-2, p. 451, à propos de l’utilisation des chants dans les conflits àl’intérieur de l’Église : Ph. Bernard, La dialectique entre l’hymnodie et la psalmodie,des origines à la fin du vIe siècle : bilan des connaissances et essai d’interprétation,Rivista internazionale di musica sacra 26, 2005, p. 11-163, en particulier p. 102-105pour l’étude du témoignage de théodoret. on relèvera enfin quelques coquilles :p. 243 n. 1, « peut être rapprocher » ; p. 489 n. 2, « plutôt » mis pour « plus tôt ».

au terme de cette lecture, on attend avec quelque impatience la parution dusecond volume, qui rassemblera les trois derniers livres de cette histoire ecclésias-tique ; sera alors disponible, lorsque la traduction de Sozomène sera elle aussi ache-vée, un remarquable outil de travail pour toutes les personnes dont les intérêts recou-pent l’historiographie, l’histoire des doctrines et plus largement l’histoire de l’Égliseau 4e et au début du 5e siècle.

matthieu caSSIn

machè Païzè-aPoStoLoPouLou et d. G. aPoStoLoPouLoS, Meta; th;nKatavkthsh. Stocastike;" prosarmoge;" tou' PatriarceivouKwnstantinoupovlew" se; ajnevkdoth ejgkuvklio tou' 1477 (Kevntroneoellhnikwvn ereunwvn 91). – Eqnikov VvIdruma Ereunwvn, athènes 2006.22 × 14. 136 p. Prix : 18 €.cet ouvrage court et dense plonge son lecteur dans la seconde moitié du 15e siècle,

période qu’il est convenu d’appeler post-byzantine, mais dont on sait à quel point elle

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est l’héritière de l’époque précédente. Les phénomènes de continuité entre la fin del’empire byzantin et les débuts de la domination ottomane sont particulièrement évi-dents dans le domaine des pratiques religieuses et de l’encadrement pastoral. cesthèmes sont traités ici sous l’angle des prescriptions ecclésiastiques, grâce à l’éditiond’une encyclique jusqu’alors inédite du patriarche maxime III promulguée en 1477.non seulement le texte, très soigneusement édité, se révèle riche, mais la mise encontexte proposée par les auteurs permet de faire de ce livre une synthèse très utile surla vie de la communauté orthodoxe au sein de l’empire ottoman après la chute deconstantinople.

m. Païzè-apostolopoulou et d. apostolopoulos commencent par présenterl’unique manuscrit qui contient le texte de l’encyclique, le laurentianus pl. LIx, 13,f. 308r-314r, dont ils donnent un fac-similé intégral. ce manuscrit date de la fin du15e siècle et renferme en particulier l’histoire de Kritoboulos d’Imbros. Il avait déjàété remarqué et utilisé par v. Laurent (Les premiers patriarches de constantinoplesous domination turque [1454-1476], ReB 26, 1968, p. 229-263) pour tenter dereconstituer l’histoire du patriarcat de constantinople après 1453 : cet historien avaitmentionné l’encyclique de maxime III et avait surtout édité un catalogue patriarcaltout à fait original couvrant les années 1454-1476, auquel se réfèrent à plusieursreprises les auteurs de cet ouvrage.

un chapitre introductif permet à ces deux spécialistes de l’histoire des institutionspost-byzantines de replacer l’encyclique de maxime III dans son contexte historique.depuis 1454, le patriarcat de constantinople subsiste dans le cadre de l’État ottoman,selon la volonté du sultan mehmed II, mais son statut évolue rapidement dans le sensde son intégration toujours plus grande aux rouages de l’administration turque. Lesauteurs insistent sur l’étape franchie en 1474, lorsque Syméon Ier entérine officielle-ment dans un acte patriarcal l’existence du caravtzion ou kharadj, taxe prélevée parl’Église sur tous les orthodoxes et reversée au trésor ottoman : par cette décision, lepatriarche devient responsable devant le sultan du paiement de l’impôt par ses sujetschrétiens. cette réforme commence par créer des dysfonctionnements dans l’Église,puisque les deux premiers patriarches concernés, Syméon Ier (fin 1471-début 1475)puis raphaël Ier (début 1475-début 1476), se révèlent incapables de collecter lasomme nécessaire et sont donc contraints de se retirer. L’équilibre n’est trouvé qu’àpartir du patriarcat de maxime III (début 1476-3 avril 1482), grâce à une meilleurerépartition de l’assiette de l’impôt.

Le personnage de maxime III, ou manuel christonymos selon son nom laïc, estassez bien connu, et les auteurs insistent surtout sur les données concernant sonpatriarcat. Il accède à la tête de l’Église orthodoxe au printemps 1476, alors qu’ilexerçait auparavant la charge de grand ecclésiarque. Succédant à un patriarche totale-ment déconsidéré, raphaël Ier, maxime III doit d’abord remettre de l’ordre dans l’É-glise et régler la question fiscale. À cette fin, il convoque un synode général : l’ency-clique d’août 1477 contient quelques allusions à ce synode, ce qui permet de le placerauparavant, soit au tout début du patriarcat de maxime. La politique religieuse dunouveau patriarche se caractérise par son adhésion à la réforme de 1474, et donc à lacoopération du patriarcat avec l’État ottoman : le nouveau rôle fiscal exercé par l’É-glise lui garantit de fait une certaine emprise sur les fidèles et aboutit indirectement aurenforcement de l’institution patriarcale.

Il apparaît en effet que maxime III tient à conserver la plus grande influence pos-sible sur les populations orthodoxes : l’ensemble de son encyclique en témoigne, réaf-firmant d’une part la place centrale de la foi dans la vie des chrétiens, et de l’autre lanécessité de respecter les prescriptions ecclésiastiques. Le texte est rédigé dans unelangue assez simple mais correcte. Il est relativement long et peut être subdivisé en

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deux parties : la première se réfère à la Bible et aux Pères et rappelle les grands prin-cipes évangéliques ; la seconde, plus intéressante pour l’historien, consiste en une listede dispositions concrètes permettant au fidèle de demeurer en conformité avec lesvaleurs chrétiennes : sont donc énoncés diverses règles canoniques et autres comman-dements concernant la vie quotidienne des fidèles en vue de les maintenir tous dans legiron de l’Église.

Les auteurs consacrent un chapitre de l’ouvrage au commentaire de l’encyclique.Ils soulignent tout d’abord l’ambition de maxime III de se présenter comme un nou-veau pasteur pour l’Église, par opposition à son prédécesseur présenté comme un« tyran ». Pour la suite de leur commentaire, ils choisissent de ne pas suivre linéaire-ment le texte, mais organisent leur analyse autour de quelques thèmes principaux, dis-tinguant les prescriptions qui s’appliquent aux laïcs de celles qui concernent lesclercs. Parmi cet ensemble de recommandations, celles qui touchent aux sacrementsrevêtent une grande importance, tout particulièrement le mariage. Les auteurs remar-quent la présence pour la première fois dans ce texte du participe kaphniazomevnou"(l. 188), allusion à la pratique turque du mariage contracté par kepinion : il s’agit d’unmariage temporaire conclu devant le cadi, procédure qui n’est évidemment pas recon-nue par l’Église et s’assimile pour elle à une situation de concubinage (outre la biblio-graphie en grec donnée par les auteurs, voir sur ce point n. J. Pantazopoulos, Churchand law in the Balkan peninsula during the ottoman rule, thessalonique 1967, p. 93-102). Selon maxime III, le mariage, tout comme le divorce, doit être célébré légale-ment, dans le strict cadre de ce qui est prévu par les canons : c’est ainsi que le divorcepar consentement mutuel, dont il existait des exemples à Byzance, est ici explicite-ment exclu. Suivent diverses autres prohibitions : il est notamment interdit auxparents de choisir pour leurs enfants des parrains qui ne seraient pas orthodoxes, carcela viendrait menacer la cohésion de la communauté. de façon plus traditionnelle,tous les fidèles doivent célébrer les fêtes et le repos dominical. Les auteurs relèventenfin l’intrusion de l’Église dans les questions économiques : l’encyclique prévoit eneffet que, dans le cas de la dissolution d’une union, l’autorité ecclésiastique devraprendre elle-même les dispositions nécessaires concernant la dot de la femme.

Les règles qui s’appliquent aux clercs sont plus sévères encore, puisqu’ils sontcensés donner l’exemple. Ils ne doivent pas dispenser indûment les sacrements : illeur est en particulier expressément interdit de baptiser les enfants des musulmans ;outre que c’est là l’indice de pratiques syncrétiques, l’argument avancé parmaxime III est à nouveau celui de l’atteinte à la cohésion de la communauté chré-tienne. dans la vie courante des membres du clergé, tout comportement répréhensibledoit être banni : il en va ainsi du prêt à intérêt et de la boisson. La simonie est bien sûrdénoncée et prohibée, avec toutefois un petit accommodement qui consiste à autoriserl’ordinant à prélever la première année une somme raisonnable sur les revenus duclerc ordonné. enfin l’interdiction concernant l’adelphopoiia, déjà exprimée àl’époque byzantine, est vivement réitérée.

Les auteurs concluent à juste titre à la volonté de rassembler les chrétiens autourde leurs préceptes et de leur mode de vie traditionnels, rassemblement qui va peut-êtrejusqu’au repli de la communauté orthodoxe sur elle-même. Le patriarche exerce enréalité une double fonction : en tant qu’interlocuteur du sultan, il tente de négocier lemeilleur statut possible pour les dhimmis chrétiens, mais il reste aussi un chef reli-gieux qui rappelle ses fidèles à l’ordre et cherche à les soustraire aux influences exté-rieures. dans l’épilogue de l’ouvrage, les auteurs mettent ces conclusions en perspec-tive en soulignant deux actions remarquables de maxime III qui vont dans le mêmesens : il obtient, sans doute dès avant 1480, la confirmation des « privilèges » deschrétiens dans l’empire ottoman ; d’autre part, peu avant sa disparition, c’est lui qui

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conçoit le concile panorthodoxe de 1483/1484 lors duquel l’union de florence seraofficiellement rejetée. maxime III sait finalement allier une fidélité infrangible à l’or-thodoxie à une conception pragmatique de l’encadrement pastoral. Il revient auxauteurs le mérite de l’avoir parfaitement montré, tout en livrant à l’étude un texteriche qui permet d’approcher les pratiques quotidiennes des orthodoxes quelque vingtans après la chute de constantinople.

marie-hélène BLanchet

rosa maria ParrIneLLo (trad.), Giovanni Climaco. la Scala del paradiso.Introduzione, traduzione e note di rosa maria ParrIneLLo (Letture cris-tiane del primo millennio 41). – Paoline editoriale Libri, milano 2007.20 × 13 ; relié. 633 p. Prix : 48 €.L’importance de l’Échelle de Jean climaque pour la civilisation byzantine n’est pas

à démontrer. voici une nouvelle traduction italienne, la cinquième si l’on en croit labibliographie. L’intérêt principal de cet ouvrage ne réside donc pas, comme c’est le caspour nombre d’autres entreprises de traduction, dans le fait de rendre un texte acces-sible à un public non hellénophone, mais dans l’apparat qui accompagne la traduction,qui tient compte des recherches récentes, tant archéologiques que philologiques ou his-toriques, sur le monachisme sinaïtique en général et sur ce texte en particulier.

L’introduction, qui compte quatre chapitres, occupe près de 200 pages (un bontiers du livre). Le premier chapitre présente tout d’abord la biographie de Jeanclimaque et le monachisme sinaïtique à son époque, en s’appuyant principalement surle plus récent recueil d’études sur la question (Giovanni Climaco e il Sinai, a cura diS. chiala e L. cremaschi, edizioni qiqajon, magnano 2002) : ainsi, à propos de ladate de la mort de Jean, l’auteur se range à l’avis de B. flusin, qui, se fondant lui-même sur la thèse encore inédite d’a. Binggeli sur les Récits édifiants d’anastase leSinaïte, situe cette mort en 670. Jean climaque est donc bien l’exact contemporain dela conquête de l’Égypte par les arabes. L’auteur se réfère aussi aux fouilles archéolo-giques, qu’elle met en relation avec les sources littéraires. Le Sinaï est ainsi resituédans sa fonction de lieu de pèlerinage, qui influa beaucoup sur son organisation.

après cette présentation historique et géographique, le second chapitre s’attache àl’œuvre traduite : celle-ci ne bénéficie pas d’édition critique, la masse des manuscritsayant jusqu’ici découragé les philologues ; parmi les trois éditions existantes, l’auteurchoisit de traduire celle de rader, établie au 17e siècle et reprise dans la pG 88, touten signalant en note les variantes les plus importantes (assez peu nombreuses) avecles autres éditions. ce chapitre offre ensuite une captivante étude sur le thème litté-raire de l’échelle, thème que l’on retrouve, lié tantôt au voyage post mortem des âmes,tantôt à la communication entre le monde terrestre et le monde céleste, en Égypte, enmésopotamie ou en thrace, dans les stèles funéraires liées au culte de cronos enafrique ou dans les symboles orphiques de la Grande Grèce, dans le culte dedionysos ou dans celui de mithra ; une place centrale est bien sûr accordée à l’échellede Jacob (Gn 28, 11-22) et à ses commentaires juifs et chrétiens : on notera une exé-gèse du middrash Rabbah qui rapproche l’échelle de Jacob de l’ascension de moïsesur le Sinaï (p. 63). La langue de l’œuvre est ensuite analysée, et l’auteur note la spé-cificité littéraire de la langue monastique, qui, se frayant un chemin entre une simpli-cité délibérée et l’usage de la rhétorique tardo-antique, accède au statut de langue lit-téraire à part entière. une analyse de la structure de l’œuvre clôt ce chapitre.

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Le troisième chapitre de l’introduction analyse la nature de la vie monastique dansl’Échelle et fait apparaître Jean comme un pont entre le monachisme antique et lemonachisme byzantin. on retiendra les éléments suivants : la position de Jean à pro-pos des trois grandes étapes de la vie monastique (cénobitique, érémitique et semi-anachorétique, ce dernier état ayant sa préférence, dans une conception très fluide oùle moine peut passer de l’un à l’autre au cours de sa vie) ; le lien entre la confessiondes pensées et la pénitence liturgique (Jean annonçant Syméon le nouveauthéologien) ; le passage sur la Prière du cœur, l’Échelle contenant la première men-tion de la « prière monologique de Jésus » (Scal. 15, 51). on regrettera la brièveté dece paragraphe, car cette forme de prière est présente dans bien des passages del’œuvre, ainsi en Scal. 27, 26 (contrairement à ce qui est dit dans la note 12 p. 494, jene pense pas que le « souvenir de Jésus lié à la respiration » doive être détaché del’évocation du nom de Jésus : l’emploi de « Jésus » là où on pourrait avoir « christ »ou « dieu » n’est sans doute pas sans signification) ; cf. aussi 21, 6 : « armati dellapreghiera (…) e sferza i tuoi nemici con il nome di Gesù ». Inversement, le parallèleétabli p. 152 entre Scal. 17, 76 et la méthode du Pseudo-Syméon ne nous paraît pasnécessaire, l’auteur de la méthode ayant probablement en tête le texte de climaquemais aussi bien d’autres. enfin, la note 128 p. 151, sur les études concernant la prièrede Jésus, peut être complétée par a. rigo, Le formule per la Preghiera di Gesùnell’esicasmo athonita, Cristianesimo nella storia 7, 1986, p. 1-18.

Le dernier chapitre de l’Introduction analyse les sources de Jean climaque et safortune en orient et en occident. on notera l’importance des diverses interprétations del’Écriture, avec le statut particulier de la lecture allégorique, plus haute mais réservée auxplus avancés. L’Échelle a connu une très grande fortune en orient, ce qui explique quenicodème l’hagiorite n’ait pas jugé utile de l’intégrer dans la philocalie. Pour l’occi-dent, on retiendra que ce sont surtout des spirituels « dissidents » (comme angeloclareno, spirituel franciscain du 14e siècle et premier traducteur partiel de l’Échelle enlatin) qui se sont intéressés à ce texte, et que S. Kierkegaard prit à l’occasion le pseu-donyme de Johannes Climacus et l’image de la scala paradisi pour exposer sa concep-tion de la progression intellectuelle (p. 183-185).

cette copieuse Introduction est suivie d’une bibliographie, puis de la traductionproprement dite, accompagnée de notes qui complètent et enrichissent ce qui a été ditdans l’Introduction. quatre textes sont traduits : la lettre par laquelle Jean, higou-mène de raïthou, demande à Jean, higoumène du mont Sinaï, de mettre par écrit sonenseignement ; la Réponse de Jean ; l’Échelle en trente degrés ; le sermon de Jeanclimaque Au pasteur, sorte de guide pour les higoumènes, moins connu mais trèsriche pour la connaissance du monachisme sinaïtique. Suivent deux Appendices surles termes-clés du texte et sur trois thèmes monastiques : le langage cryptique desmoines (à propos de Scal. 26, 14 : un thème réellement affascinante, comme l’écritl’auteur p. 440 n. 4) ; la distinction entre koinobia et synodiai (à propos de Scal. 21,1) ; la réglementation de la nourriture et du sommeil. des index (scripturaire, dessources antiques, des noms, analytique) concluent cet ouvrage.

quelques remarques pour terminer : une carte des établissements monastiques duSinaï aurait été bien utile ; la bibliographie qui suit l’Introduction (emplacement malcommode pour le lecteur) ne reprend pas toutes les références citées dans les notes, cequi oblige à se reporter en arrière pour déchiffrer certaines abréviations bibliogra-phiques ; enfin, à propos de la note 24 p. 167, pour les quaestiones et Responsionesd’anastase le Sinaïte, il convient de renvoyer non plus à la pG, mais à l’édition deJ. munitiz dans le Corpus christianorum (ccSG 59, turnhout-Leuven 2006).

marie-hélène conGourdeau

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Pierre PÉrIchon (†) et Pierre maravaL (trad.), Socrate de Constantinople. his-toire ecclésiastique. texte grec de l’édition G. c. hanSen (GcS). traductionpar (†) Pierre PÉrIchon, s.j., et Pierre maravaL, notes par Pierre maravaL(Sources chrétiennes). – Les Éditions du cerf, Paris. 20 × 13.- livres ii et iii (Sc 493). – 2005. 267 p. Prix : 30 €.- livres iV-Vi (Sc 505). – 2006. 362 p. Prix : 32 €.- livre Vii (Sc 506). – 2007. 224 p. Prix : 24 €.

voici les trois derniers tomes de l’édition de l’histoire ecclésiastique de Socratede constantinople (cf., pour le premier, ReB 63, 2005, p. 254).

Le livre II s’ouvre par une préface informant le lecteur que Socrate avait toutd’abord rédigé son histoire en se fondant sur celle de rufin d’aquilée. ayant par lasuite découvert des documents nouveaux (il s’agit des apologies d’athanase), il s’estmis en devoir de corriger son texte et c’est ce texte corrigé qu’il présente. Son travails’appuie donc à la fois sur rufin et sur athanase, si bien qu’il ne faut pas s’étonner dele voir exposer une version athanasienne des événements. ce livre II couvre le règnedes fils de constantin. comme le livre I, il comporte des documents précieux : laLettre de constantin II autorisant le retour d’athanase (17 juin 337), les textes doctri-naux du concile de la dédicace (341), la longue formule de foi (dite « exposé auxlongues lignes ») élaborée à antioche en 344, les Lettres de constance à athanase(345-346), la Lettre de Jules de rome aux alexandrins (346), les Lettres deconstance en faveur d’athanase, les deux formules du concile de Sirmium (351 et357), le credo du 22 mai 359 publié au concile de rimini et le jugement d’athanasesur ce texte, l’échange de lettres entre les pères du concile de rimini et constance, lesymbole d’un concile réuni à constantinople en 360, qui supprime le terme oujsivacomme non scripturaire. Socrate recompte ensuite toutes les formules de foi citées(th;n ajparivqmhsin aujtw'n sunagavgwmen : II, xLI, 17-23) ; il en compte neuf, exemplefrappant des débats acharnés qui suivirent le concile de nicée. on trouve égalementdans ce livre une défense d’eusèbe de césarée contre les accusations d’arianisme, àpartir d’extraits de ses œuvres (II, xxI).

Le livre III relate les règnes de Julien dit l’apostat et de Jovien. Il fournit la Lettrede Julien aux alexandrins, de larges extraits de l’Apologie d’athanase pour sa fuite,des extraits de la défense de la politique de Julien par Libanios et du discours 5 deGrégoire de nazianze contre cette politique, le libelle des acaciens à Jovien (363).Socrate détaille les mesures prises par Julien contre les chrétiens (III, xIII) et présenteune défense originale de la culture païenne contre la tentative des apollinaire (père etfils) de la remplacer par une culture purement chrétienne (III, xvI).

Le Livre Iv traite des règnes de valentinien Ier et de valens. Il ne fournit plus qu’unseul dossier documentaire : l’échange de lettres entre le pape Libère et les homéousiens(Iv, xII, 10-37). c’est le dernier document fourni par Socrate, qui s’appuiera désormaissur des sources narratives ou littéraires et des témoignages oraux. Il cite ainsi de longspassages du Traité pratique et du Traité gnostique d’Évagre, qu’il admire, comme il lefait de tous les disciples d’origène, dont didyme (Iv, xxIII, 40-71), et il renvoie à l’his-toire lausiaque. ce livre est intéressant pour les portraits qu’il donne de personnages im-portants de la patristique : Basile et les trois Grégoire (de nysse, de nazianze et le thau-maturge), ambroise, dont il rapporte l’élection.

Le livre v couvre le règne de théodose Ier. Il est précédé d’une préface où Socratese justifie de donner une grande importance aux événements profanes : il le fait pourmontrer que les troubles dans l’Église correspondent généralement à des troubles dansl’État et réciproquement, ce qui montre bien que les malheurs sont des châtiments

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(timwriva : v, I, 5). Les principaux événements rapportés sont le concile deconstantinople de 381, qui curieusement tient ici moins de place que celui de 383 (v,x), les émeutes à alexandrie lors de la destruction des temples païens (v, xvI), laréforme de la pénitence sous nectaire de constantinople (v, xIx) et un très intéressantdéveloppement sur la diversité des usages liturgiques, à propos du schisme qui divisales novatiens à propos de la date de Pâques (v, xxII).

Le livre vI est lui aussi précédé d’une préface où Socrate, conscient qu’à proposd’événements récents il risque de choquer certains lecteurs, se justifie par avance ;P. maraval précise que cette précaution oratoire est rendue nécessaire par les critiquesqu’il s’apprête à faire au sujet de Jean chrysostome. c’est en effet à l’épiscopat, auprocès et à l’exil de ce dernier que ce livre est consacré. L’existence de deux versionspour les paragraphes concernant les disputes entre Jean et Sévérien de Gabala (vI, xI,9-11) est attribuée à l’initiative d’un scribe qui aurait introduit dans le texte l’une dessources de Socrate. ce dernier profite du procès de Jean, qu’il n’aime pourtant pas,pour prendre à nouveau, contre Épiphane et théophile, la défense d’origène. À la finde Sc 505, p. 357, figure une page d’errata des volumes 477 et 493.

Le livre vII, dernier de cette œuvre, traite du règne de théodose II jusqu’en 438.Les informations sur l’histoire profane y sont plus nombreuses que dans les livres pré-cédents, et Socrate se fonde surtout sur des sources orales. P. maraval fait remarquerque son récit est partial : ainsi nulle mention n’est faite de Pulchérie, sœur de l’empe-reur, qui joua pourtant un rôle non négligeable. Socrate insiste sur l’importance de latolérance envers les dissidents, dont il faisait partie en tant que novatien. on retiendrasurtout de ce livre les portraits négatifs de cyrille et de nestorius, le récit de la prisede rome par alaric en 410 (vII, x), les heurts entre juifs et chrétiens (vII, xIII, xvI), lerécit du meurtre d’hypatie qui scandalise Socrate (vII, xv), la bonté d’akakiosd’amida qui poussa les chrétiens de sa ville à payer la rançon des otages affamés(vII, xxI) et le récit du concile d’Éphèse (vII, xxxIv). Selon P. maraval, l’histoire deSocrate apparaît, surtout dans ces derniers chapitres, comme un appel à la tolérancereligieuse, fait notable pour l’époque.

des tables des matières détaillées à la fin de chaque volume permettent de se repé-rer dans l’ouvrage et les notes comportent des mises au point historiques appréciables.Le dernier volume s’achève par les index généraux de l’ensemble de l’œuvre : indexdes textes cités (Écriture, textes anciens), index rerum christianorum, index des nomsde personnes et de lieux.

marie-hélène conGourdeau

Luca PIeraLLI, la corrispondenza diplomatica dell’imperatore bizantinocon le potenze estere nel tredicesimo secolo (1204-1282). Studio sto-rico-diplomatistico ed edizione critica. Prefazione di otto KreSten(collectanea archivi vaticani 54). – archivio Segreto vaticano, cittàdel vaticano 2006. 25 × 18. xLv-457 p., 16 pl. Prix : 45 €.L’auteur s’est livré à une enquête passionnante sur les documents conservés dans

diverses archives, celles du vatican en particulier, et relatifs aux relations entretenuespar les empereurs de constantinople avec les puissances occidentales au long du13e siècle. Il s’agit avant tout de la papauté et de la conclusion de l’union de Lyon,puisque sur les vingt-huit documents analysés dix-neuf ont rome pour destinataire etquinze regardent l’union de Lyon, qu’il s’agisse des négociations préalables, de la

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réalisation de l’union et des renouvellements successifs de l’engagement desByzantins envers le pape. Pour le reste, il s’agit d’accords commerciaux avec les citésitaliennes : Gênes (5 documents), venise (3) et Pise (1). Si l’étude n’apporte guère denouveauté pour le déroulement des événements, elle enrichit notablement notreconnaissance sur de nombreux points de diplomatique : fonctionnement et personneldes chancelleries impériale et patriarcale, modalités de la traduction latine des docu-ments, caractéristiques internes et externes des documents émis, vocabulaire et titula-ture, etc. au centre des débats se trouve le texte de la profession de foi de michel vIIIPalaiologos au concile de Lyon (1274) : la source est le texte latin de clément Iv, leseul témoin original de la version grecque est celui du renouvellement de l’engage-ment sous la signature d’andronic II (1277), le nombre et la diversité des traductionslatines posent des problèmes complexes, pour lesquels est proposée pour la premièrefois une hypothèse convaincante fondée tant sur la diplomatique que sur les critèrestextuels.

Les originaux grecs ont été pour la plupart perdus, mais un bon nombre de traduc-tions latines ont été conservées, qui ont pour partie valeur d’originaux, puisqu’ils por-tent la signature impériale de michel vIII et d’andronic II. c’est le cas, en particulier,de la profession de foi prêtée par les empereurs à l’occasion de l’union de Lyon etrenouvelée à diverses reprises. Sur la demande de rome, les exemplaires officiels ontété multipliés. Sont conservés en texte grec et analysés ici les documents suivants :lettre de Jean III Batatzès au pape Grégoire Ix (1237), lettre de théodore II Laskarisau pape alexandre Iv (1256), lettre de michel vIII au pape clément Iv (1265),accord avec venise (1265 et 1277), profession de foi d’andronic II (1277). vu lenombre réduit des originaux grecs, on comprendra qu’une partie prépondérante del’étude porte sur les traductions latines, originaux ou copies. concernant l’union deLyon, en particulier, un seul texte grec subsiste : la profession de foi que Georgesakropolitès prononça à Lyon en 1274 au nom de l’empereur michel vIII Palaiologos,qui n’est d’ailleurs pas conservée dans sa version originale, mais seulement tellequ’elle est reprise par andronic II lorsque celui-ci la renouvelle en 1277 sur lademande du pape Jean xxI. S’agissant de la traduction latine de cette profession defoi, l’auteur renouvelle la question et éclaire certains points énigmatiques, en particu-lier l’origine, le sens et la chronologie de la double version latine du texte. À traversce cas précis, c’est l’ensemble du fonctionnement de la chancellerie impériale quireçoit un nouvel éclairage. À travers les rédactions et les copies latines des documentsapparaît une personnalité clé de la chancellerie impériale : ogerio Boccanegra, quicommença sa carrière au service de la commune de Gênes avant de passer au servicede michel vIII. L’auteur rassemble tous les témoignages de son activité, à Gênes puisà constantinople, et arrive à présenter un portrait du personnage et à retracer lesétapes d’une brillante et importante carrière.

L’étude diplomatique des documents éclaire aussi certains points de titulature. ainsil’adoption de la séquence illi-ille dans la correspondance de l’empereur avec le pape,pour mieux marquer son respect, ou l’abandon du titre nevo" Kwnstanti'no" dont se pré-valut michel vIII après la reconquête de constantinople en 1261, ou encore le transfertde la qualité d’oijkoumenikov" du patriarche de constantinople au pape de rome. autrepoint intéressant : la traduction de gnhvsio" uiJov" en spiritualis filius, parfois transcritspecialis filius par mauvaise résolution de l’abréviation. L’auteur apporte aussi deséclaircissements sur le rôle de manuel holobôlos, auteur en particulier de la lettreadressée en 1265 au pape clément Iv (no 8). conservée dans le Vindobon. phil. gr. 321,elle est normalement omise dans le répertoire des régestes impériaux, car elle est sansdoute restée un acte virtuel. c’est l’occasion pour l’auteur d’analyser la terminologie deslettres adressées au pape. mais ce vocabulaire n’est pas une caractéristique exclusive de

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ces échanges épistolaires. Il s’agit en fait de lieux communs qui peuvent être employésaussi bien pour les divisions intérieures de l’Église byzantine que pour le schisme entreles Églises constantinopolitaine et romaine. Pour illustrer son propos, l’auteur cite unpassage plus ancien, tiré d’une lettre adressée en 1089 au pape urbain II par nicolas IIIde constantinople (p. 63) : ta; diestw'ta mevlh spoudavzomen kai; eij" e}n sw'ma Cristou'sunarmologei'sqai tau'ta boulovmeqa. Georges Pachymérès emploie la même termi-nologie pour décrire l’effort du patriarche Jean xII pour pacifier son Église après sapromotion en janvier 1294 : ta; th'" ejkklhsiva" mevlh kai; mevrh... sunhrmologou'nto(vIII, 20 : III, p. 2092-3). Les thèmes de l’unité de l’Église, fondée sur le verset johan-nique (« afin qu’ils soient un »), de la tunique sans couture du christ ou de l’Églisecomme corps du christ font partie du registre lexical de la théologie et de l’apologétique.Les textes sont truffés de références vétérotestamentaires et néotestamentaires, qui sonthabituellement relevées. on aurait pu être plus méthodique. ainsi dans la lettre attri-buée à manuel holobôlos et sur laquelle l’auteur promet de revenir, on pourrait ajouterdes références : w|n to; tevlo" ajpwvleia (Ph 3, 19), periouvsio" laov" (tt 2, 14). À cepropos, l’examen des citations bibliques dans les traductions latines présente un grandintérêt et soulève le problème de savoir quand le traducteur rend à la lettre le texte grec,s’accordant là avec la Septante, et quand il se fie à sa propre connaissance des Écritures,utilisant alors la vulgate.

La transcription du grec est généralement soignée. relevons cependant la graphiefautive hJ prokuvyi", uniformément adoptée, y compris dans l’index. concernant letexte grec de référence pour la profession de foi de Lyon (p. 328-336), éditée d’abordpar a. theiner et f. miklosich en 1872, une plus grande attention était souhaitable.voici quelques passages où j’ai relevé et mis entre crochets droits des erreurs qui peu-vent gêner la lecture : ligne 5 h}n [hJ] didavskei, l. 6 ejn triavdi [trivadi], l. 8 ajidivw"[aijdivw"], l. 11 su;n th' sarki;... kai; yuch' [yuch'"], l. 13 i\son [i|son], l. 20 meta; to;ejfelku'sai aJmartiva" mw'mon [ajfelku'sai], l. 24 ajnagennwmevnou" [ajnegennwmev-nou"], l. 25 oJ a[rto" [l’article est manquant, mais il est retenu par theiner-miklosich,et plus loin on trouve, muni cette fois de l’article, le correspondant oJ oi\no"]. À laligne 20, il faut évidemment bannir ajfelku'sai, qui exprimerait l’idée inverse, et rete-nir ejfelku'sai, comme dans l’édition theiner-miklosich et conformément à la traduc-tion latine : « post contractam peccati maculam ». naturellement la proposition latineétait déjà présente dans la lettre de clément Iv qui indiquait, dès 1267, la teneur de laprofession de foi que rome demandait à l’empereur byzantin (voir le texte, p. 39945-46) ;elle est reprise littéralement dans les diverses versions que présenteront successive-ment les empereurs en 1274 (p. 231133-134), en 1277 (p. 31517 et 34416) et en 1279(p. 37919-20 et 38889). dans la profession de foi qu’il envoie au pape en 1277, JeanBekkos utilise la même terminologie, tout en s’autorisant une certaine liberté dans laforme (p. 42467) : kajkeivna" [= ta;" yucav"] ta;" meta; to; bavptisma ejfelkusavsa"aJmartiva" mw'mon. dans le document latin correspondant, on lit la traduction suivante(p. 429162-163) : « illas etiam, que post baptismum maculam peccati contraxerunt ». Ilsuffira de se reporter à la planche 10, qui reproduit le texte grec de la profession de foid’andronic II, pour constater que les erreurs signalées plus haut sont le résultat d’unemauvaise transcription. Par contre, la copie contient effectivement une faute de gram-maire (p. 33114), d’ailleurs corrigée dans l’édition de theiner-miklosich : kai; ajlhqh;"pavntwn [pour pasw'n] a[fesi" aJmartiw'n. Le passage parallèle de la profession de foide Jean Bekkos est correct (p. 42355-56) : kai; ajlhqinh; a[fesi" pasw'n tw'n aJmartiw'n.ce texte mérite un examen attentif, du modèle envoyé par clément Iv à l’adaptationgrecque qui en fut faite à Byzance, et cela à travers diverses moutures et diverses tra-ductions latines faites sur le grec. Le texte papal contient des points précis qu’on peuts’étonner de trouver dans une simple profession de foi et qui sont repris dans la pro-

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fession de foi byzantine, des empereurs comme du patriarche. ainsi la doctrine de larétribution proportionnelle et la distinction entre ceux qui meurent dans le seul péchéoriginel et ceux qui décèdent en état de péché mortel (p. 231138-142, 39947-49, 42468-69).

La lettre dans laquelle michel vIII recommande au cardinal vicedomino vicedominiles membres de l’ambassade envoyée au concile de Lyon en 1274 pose une série de pro-blèmes. À côté des trois membres laïcs (Georges akropolitès, nicolas Panarétos etGeorges tzimiskès dit Berroiôtès), les autres documents citent nommément deux ecclé-siastiques : l’ancien patriarche Germain III et le métropolite de nicée théophane. or leprésent document mentionne un troisième personnage dans un passage obscur : « desacro catalogo prelatorum dominum Stephanum metropolitanum nycaenum ypertimumet dominum metropolitan Phylippensem ypertimum ». L’auteur propose que le nom(Stephanum) soit celui du métropolite de Philippes, le nom du métropolite de nicéeayant disparu. mais on peut aussi bien admettre une confusion entre les deux noms, quisont proches aussi bien en grec qu’en latin. La mention d’un métropolite de Philippesapparaît également dans une des listes des signataires de la lettre envoyée au pape à laveille du concile de Lyon pour expliquer la situation à la tête de l’Église (texte rééditéen annexe, p. 403). ces deux mentions se recoupent, et l’auteur suppose que le métro-polite de Philippes a péri dans le naufrage de l’un des bateaux qui conduisaient lesenvoyés à Lyon (p. 244 n. 19). mais Georges Pachymérès précise que ce n’est pas lebateau des ecclésiastiques, sur lequel était monté également Georges akropolitès, maiscelui des laïcs qui a fait naufrage (v, 21 : II, p. 50724-28). Pour le siège de Philippes,aucun nom n’est conservé entre théodore, signalé en 1261 (plp, no 7432), et macaire,attesté en 1294 (plp, no 16270).

certains commentaires historiques sembleront superflus ou inexacts. ainsi, s’agis-sant de la chronologie de l’arrivée au pouvoir de michel vIII Palaiologos, l’auteurreprend une querelle ancienne, dont le rappel est sans doute inutile (p. 159 n. 1), carl’histoire de nicéphore Grègoras ne mérite pas cet excès d’honneur pour la période etles indications répétées de Georges Pachymérès, confirmées en outre par certaineschroniques brèves, sont aussi claires que concordantes (I, 29 : éd., I, p. 1155-6 ; II, 14 : I,p. 1377 ; vI, 36 : II, p. 6678-11) : 1er janvier 1259 et non 1er décembre ou noël 1258.quant à la mort de théodore II Laskaris, qui ouvrit la voie aux ambitions de michelPalaiologos, il faut la placer au 16 août 1258, et non au 30 novembre (p. 162). un peuplus haut (p. 155 n. 7 et 8), il est fait état de l’épouse de Guillaume de vintimille, quin’était pas, comme le même nicéphore Grègoras l’a écrit, Irène Laskarina, mariéebien plus tôt à constantin tich de Bulgarie, mais eudocie Laskarina, qui connut undestin riche en péripéties et bien élucidé par l’historiographie occidentale. commeelle n’est jamais nommée sous son patronyme Laskarina, il faut la chercher ailleursdans le répertoire prosopographique des Palaiologoi, sous son prénom précisément,mais elle n’a pas été oubliée et elle a même bénéficié d’une double notice (plp, no

6234 et no 91888).mais ce ne sont là que quelques détails qui n’obscurcissent pas l’exposé général et

ne diminuent en rien la nouveauté de l’ouvrage. La démonstration porte avant toutsur l’examen des originaux et des copies, sur la rédaction et l’émission des actes, surles traductions et les traducteurs, sur les caractéristiques formelles et lexicologiquesdes textes. dans tous ces domaines, l’auteur fait preuve d’une grande maîtrise etrenouvelle le sujet. Son travail a pour effet de nous guider dans le dédale des docu-ments et des archives qui illustrent le déroulement du concile de Lyon ; il fait appa-raître en meilleure lumière le document central de l’union de Lyon, c’est-à-dire laprofession de foi émise par Georges akropolitès au nom de l’empereur : le texte latinproposé par clément Iv et repris par Grégoire x, qui est reproduit en annexe (p. 397-399), est la source de l’ÔOmologiva pivstew" de l’empereur, dont Jean Bekkos composa

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pour son propre compte une paraphrase, également reproduite en annexe (p. 418-425).La Profession de foi connut un singulier cheminement et une fortune étonnante, dontles diverses traductions latines marquent la constance à travers quelques variationsaussi minimes que significatives.

albert faILLer

Gerhard rIchter, oikonomia. der Gebrauch des Wortes oikonomia imneuen Testament, bei den Kirchenvätern und in der theologischenliteratur bis ins 20. Jahrhundert (arbeiten zur Kirchengeschichte 90). –walter de Gruyter, Berlin-new york 2005. 23 × 16,5 ; relié. Ix-753 p.dans cet imposant volume, G. richter, qui a déjà apporté une riche contribution

au domaine de la philosophie byzantine à travers deux ouvrages érudits (die dialektikdes Johannes von damaskos, ettal 1964 ; Theodoros dukas laskaris: der natürlicheZusammenhang, amsterdam 1989), se propose d’étudier la polysémie du terme grecoikonomia dans une vaste période, à savoir les deux mille ans qui séparent le nouveautestament de la théologie contemporaine (20e siècle).

Intraduisible en allemand, cet homonymon reçoit en grec une multiplicité de sensdont l’étude ne peut être le fait d’un seul homme. L’auteur rappelle ainsi les travauxcollectifs qui lui ont été consacrés, en constatant toutefois que sa valeur théologiqueou ecclésiastique a généralement été considérée de façon superficielle et limitée.S’inspirant du travail de hans thurn (oikonomia von der frühbyzantinischen Zeit biszum Bilderstreit. Semasiologische untersuchung einer Wortfamilie, diss., munich1961) et suivant une méthodologie qui s’apparente plus à la philosophie du langagequ’à l’histoire des dogmes, il refuse d’emblée de considérer oikonomia comme un ter-minus technicus et expose son projet d’en appréhender les nombreuses nuances à tra-vers la variété de ses usages chez les théologiens et les auteurs ecclésiastiques. ainsi,son but n’est pas d’élaborer une « lexikalische aufzählung » (p. 2) du point de vue dela seule philologie, mais de saisir les valeurs du terme à travers son contexte textuel :« unsere aufgabe sehen wir darin, den Gebrauch des wortes von seiner herkunft ausin seiner entfaltung zu den verschiedenen Bedeutungen aufzunehmen und herauszu-finden, was ein verfasser jeweils meint, wenn er oikonomia schreibt » (p. 2).

dans la recherche actuelle, il n’est pas malaisé de constituer des corpus théma-tiques de textes grecs à partir du Thesaurus linguae graecae (tLG). G. richtern’écarte pas cette étape, désormais incontournable, mais ose la sélection. en effet,lorsque l’abondance des textes voile les grandes lignes du sens, le travail du chercheurn’est plus d’ajouter des pièces à une collection constituée, mais d’élaguer celle-ci.L’auteur évoque donc son « mut zur Lücke » (p. 4).

L’ouvrage est ainsi divisé en huit grands chapitres : 1. Présupposés de larecherche : considérations méthodologiques et emploi du terme dans l’antiquité(Pseudo-aristote, Stoïcisme, ancien testament) ; 2. Sens du terme dans le nouveautestament ; 3-4. oikonomia chez les auteurs chrétiens des 1er et 2e siècles (Pères apos-toliques, apologètes, Irénée) et les auteurs ecclésiastiques du 3e siècle (hippolyte,tertullien, clément d’alexandrie, origène) ; 5. Les Pères du 4e siècle (marceld’ancyre, eusèbe, les cappadociens, Jean chrysostome, cyrille d’alexandrie,théodoret de cyr) ; 6. Période byzantine : d’euloge à nicolas mystikos ; 7. Périodepost-byzantine et théologie occidentale, en particulier luthérienne ; 8. usage du termedans la littérature théologique orthodoxe et occidentale des 19e et 20e siècles.

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courageuse, la sélection effectuée ne traite donc pas à égalité les deux millénairesconsidérés. L’accent est mis sur la période patristique, trois importants chapitres luiétant consacrés. ce choix est certes compréhensible, l’usage du terme ayant particu-lièrement été enrichi par les Pères des cinq premiers siècles. on regrettera cependantla rapidité de traitement des périodes byzantine (ch. 6) et post-byzantine (ch. 7), quine font plus l’objet d’études par auteur, selon la méthode préconisée par l’auteur dansses « Présupposés de la recherche » (ch. 1) et brièvement exposée ci-dessus, mais quise contentent d’évoquer de grandes thématiques : économie du christ, rapport entrethéologia et oikonomia, économie et culte des images, économie ecclésiastique,domaine juridique. Le mot oikonomia serait-il devenu, malgré tout, un terminus tech-nicus à partir du 5e siècle ? Les choix drastiques effectués dans l’ouvrage pour lespériodes plus tardives découleraient-ils de ce constat ? et que penser de la valeurecclésiastique et non plus théologique du terme, dont l’usage ne cesse de s’étendre àpartir de la période byzantine ? en l’absence de conclusions générales, le lecteurdevra lui-même faire œuvre d’oikonomia et se contenter de la liberté de décision quelui laisse l’auteur, en se reportant à ses analyses particulières (p. 6). mais il apprécieracertainement la richesse de l’érudition de G. richter, la clarté de ses synthèses, la pré-cision de son propos, enfin sa volonté d’ouvrir de nouvelles voies pour une meilleurecompréhension du terme oikonomia dans la théologie contemporaine.

vassa contIceLLo

antonio rIGo (trad.), Teolepto di Filadelfia. lettere e discorsi, a cura diantonio rIGo con la collaborazione di anna StoLfI (Padri orientali). –edizione qiqajon, communità di Bose, 13887 magnano (BI) 2007.20,5 × 14,5. 316 p. Prix : 20 €.théolepte de Philadelphie, que la ReB avait en son temps contribué à sortir de

l’ombre grâce aux études des P. Salaville et Laurent (cf. ReB 2, 1944 ; 5, 1947 ; 18,1960), commence à tenir dans les études byzantines la place qui lui revient. aprèsl’édition critique de ses œuvres par r. Sinkewicz et a. hero, ce sont les traductionsqui à présent permettent aux lecteurs non hellénistes de connaître cette figure capitaledu règne d’andronic II. Le dossier composé de ses lettres à sa « dirigée », la princesseIrène-eulogia choumnaina Palaiologina, future protectrice des antipalamites, et desdiscours qu’il rédigea pour sa communauté de moines et moniales du Philanthrôpos-Sôtèr à constantinople, avait connu une traduction française en 2001 (Théolepte dephiladelphie, lettres et discours monastiques, Pères dans la foi 81-82 : cf. ReB 60,2002, p. 233-234). Il est à présent traduit en italien par les soins d’antonio rigo, l’undes meilleurs connaisseurs de l’histoire religieuse de cette époque. Là aussi, la traduc-tion se fonde sur les récentes éditions critiques : pour les cinq lettres, l’éditiond’angela c. hero (The life and letters of Theoleptos of philadelphia, Brookline ma1997) ; pour les vingt-trois discours, celle de r. Sinkewicz (Theoleptos ofphiladelphia, The monastic discourses, toronto 1992).

L’introduction d’a. rigo analyse la spécificité de l’enseignement spirituel dethéolepte : il s’agit d’une spiritualité cénobitique, mais qui intègre une dimensioncontemplative (dans la lignée de Syméon le nouveau théologien qui, au 10e siècle,avait lui aussi fait entrer au monastère l’expérience contemplative des ermites). c'estainsi que le mot hèsychia, qui désignait jusqu’alors le mode de vie solitaire, en vient àdésigner une attitude intérieure fondée sur la prière personnelle en cellule. toutes les

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pratiques ascétiques (jeûne, veille, etc.) ont pour but de favoriser cette prière contem-plative. L’auteur analyse la notion de sobriété/attention (nh'yi"-prosochv) qui, jusque-là condition préparatoire à la prière, finit par en constituer le cœur. enfin, a. rigomontre que théolepte, partant de la triade platonicienne (nou'", qumov", ejpiqumhtikovn),la dépasse pour aboutir à une autre triade : nou'", lovgo", pneu'ma. détaché de sonasservissement au sensible, le nou'" se réfugie dans la citadelle intérieure où il répètel’invocation du nom divin.

La dimension historique du dossier est reportée à la fin du volume, après la tra-duction des lettres et discours. a. rigo y présente tout d’abord une brève biographiede théolepte ; ensuite, a. Stolfi donne un aperçu de celle d’Irène-eulogia, en repre-nant les grandes lignes de son article La biografia di Irene-eulogia cumnenaPaleologhina (1291-1355) : un riesame, Cristianesimo nella storia 20, 1999, p. 1-40.elle adopte l’hypothèse selon laquelle le second directeur d’Irène-eulogia ne seraitautre que Grégoire akindynos, hypothèse formulée par J. nadal cañellas dans sathèse (la résistance d’Akindynos à Grégoire palamas : cf. ReB 64-65, 2006-2007,p. 400-402), dont a. Stolfi ne connaissait à l’époque que la version dactylographiée ;enfin, a. rigo donne une présentation des œuvres de théolepte copiées dans leVatican. ottobon. gr. 405, qui porte des notes marginales de la main d’Irène-eulogia.La datation des discours fait l’objet d’une étude particulière, qui conduit a. rigo às’écarter parfois de la datation suggérée par l’éditeur : c’est ainsi que les discours 3 à7 sont reculés de 10 ans (1317-1318 au lieu de 1307-1308), tandis que le discours 11sur le dimanche de la tyrophagie est daté du 18 février 1319 au lieu du 5 mars 1318,que le discours 20 est retardé d’un mois (17 mai 1321 et non 17 avril), et le discours23 de quatre mois (juin 1322 et non début 1322).

ce volume, dont le premier objet est de faire connaître théolepte à un largepublic, intéressera aussi les spécialistes par la présentation thématique très suggestivede l’introduction et les apparats savants qui accompagnent une traduction italiennetrès agréable à lire.

marie-hélène conGourdeau

Kostis SmyrLIS, la fortune des grands monastères byzantins (fin du Xe-milieu du XiVe siècle) (monographies 21). – centre d’histoire etcivilisation de Byzance, Paris 2006. 23 × 17. 304 p. Prix : 30 €.Le monastère joue un rôle déterminant dans la vie de l’Église byzantine, car l’image

du moine est une référence continue pour la piété des fidèles et le monachisme constituel’un des viviers des cadres supérieurs de l’institution, évêques, métropolites et mêmepatriarches. mais son importance dans la vie économique et sociale n’est pas moindre.La vaste synthèse qui est présentée ici en donne la démonstration pour la période tardivede l’empire byzantin. Issu d’une thèse de doctorat et constituant à ce titre le résultatd’un dépouillement systématique des sources, l’ouvrage est divisé en trois parties : l’au-teur repère d’abord les textes principaux qui peuvent alimenter une telle recherche, ilanalyse ensuite les diverses composantes de la fortune monastique (biens meubles etimmeubles, cheptel et pêcheries, activités commerciales et financières), il décrit enfinles modes de gestion appliqués pour sa conservation et son accroissement.

rassembler les sources est le premier impératif. elles sont diverses : actes d’archives,cartulaires, typika, praktika, vies de saints et de saints moines en particulier, textes juri-diques. L’étude portera uniquement sur les monastères importants, le « grand monas-tère » étant défini comme une entité économique en possession de plus de 5 000 modioi

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de terre, le bien foncier étant l’attribut principal de la richesse. une trentaine de monas-tères peuvent être énumérés qui obéissent à ce critère. deux ensembles géographiquesémergent : d’abord constantinople (Panoiktirmôn, Bébaia elpis, Kécharitôménè, Lips,Panagiôtissa, Pantokratôr, Psychosôstria) et ses alentours (Évergétis, Kosmidion), puis lemont athos (chilandar, docheiariou, Iviron, Lavra, vatopédi). Le reste se disperse enunités plus isolées à travers le territoire de l’empire : thrace (Kosmosôteira de Bèra),macédoine (Prodrome de Berroia, Prodrome de Serrès), thessalie (makrinitissa et néaPétra près de volos), Péloponnèse (Brontochion de mistra), Patmos (Saint-Jean), chios(néa monè), asie mineure (théotokos Boreinè près de Philadelphie, Galèsion près d’É-phèse, Lembos près de Smyrne), chypre (machairas), Bulgarie (Pétritzos). troisensembles monastiques bénéficient d’une documentation particulièrement riche et peu-vent être ainsi traités de manière plus étendue : Lembos (p. 56-61), Patmos (p. 73-83),Prodrome de Serrès (p. 85-95). trois appendices (p. 251-268) concernant chacune destrois institutions offrent une liste détaillée des biens et des acquisitions et matérialisentl’évolution des divers domaines du complexe monastique.

La deuxième partie traite des éléments de la fortune monastique, qui réside avanttout en possessions foncières : la terre évidemment, mais aussi les maisons, ateliers,moulins, immeubles de rapport. un intéressant chapitre est consacré aux modes d’ac-quisition des biens : dotation de départ, donation et legs, attribution et épidosis demonastères, apotagè, adelphaton, achat, occupation de terres désertées et usurpation.L’accroissement de la fortune monastique est favorisée par un régime fiscal particu-lièrement avantageux. dans la troisième partie, l’auteur traite de la gestion de la for-tune monastique : modes d’exploitation et de production, gestion centrale et localedes domaines, répartition des revenus et des dépenses, administration et commerciali-sation des produits, etc. La documentation aujourd’hui disponible et l’avancement del’édition des actes de l’athos ont permis d’étendre de manière notable notre connais-sance de l’activité économique des monastères. un index général, qui recense lesmots grecs techniques et regroupe les noms propres de lieux et de personnes, donneun excellent choix d’entrées dans les moindres détours de l’étude.

La connaissance des dossiers permet à l’auteur d’esquisser l’image d’une évolu-tion du domaine monastique et de sa gestion dans les derniers siècles de l’empire. Laprise de constantinople par les Latins en 1204 a donné un coup d’arrêt à la prospéritédes monastères de la capitale, qui ne retrouveront pas après 1261 leur lustre d’antan.mais les monastères de province, de la presqu’île athonite en particulier, connaîtrontun regain d’épanouissement, grâce en particulier aux largesses de michel vIIIPalaiologos et surtout de son fils andronic II. en résumé, l’ouvrage présente, sous desapparences modestes, un exposé riche et dense qui, fondé sur une somme impression-nante de données dûment vérifiées et évaluées, décrit les éléments et marque l’évolu-tion de la fortune monastique au cours des 10e-14e siècles.

albert faILLer

michel SPanneut (éd.), Commentaire sur la Paraphrase chrétienne dumanuel d’Épictète. Introduction, texte (partiellement) inédit, apparat cri-tique, traduction, notes et index par michel SPanneut (Sources chrétiennes503). – Les Éditions du cerf, Paris 2007. 19,5 × 12,5. 269 p. Prix : 38 €.michel Spanneut, spécialiste des rapports entre les Pères de l’Église et le stoï-

cisme, propose ici la première édition intégrale d’un texte dont n’était connu jusqu’ici

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que le premier quart. Il s’agit d’un commentaire sur l’une des versions christianiséesdu manuel d’Épictète, connue sous le nom de paraphrase chrétienne ; a. dain avaitpublié, en 1956, l’introduction et le début du premier chapitre du Commentaire. cetexte, dont l’auteur et la date ne sont pas connus (m. Spanneut l’attribue, en reprenantl’hypothèse d’a. dain, à un milieu proche d’aréthas ou de Photius), est un témoinintéressant des tentatives d’adaptation chrétienne de la philosophie stoïcienne, lue àtravers le filtre néoplatonicien du Commentaire de Simplicius sur le manuel d’Épic-tète ; comme la paraphrase et d’autres relectures chrétiennes, il témoigne de lavolonté de donner une version acceptable pour la pratique et la doctrine chrétiennesde certains pans de l’héritage philosophique de l’antiquité.

Le Commentaire est connu par une tradition complexe, où les manuscrits trans-mettent tantôt la totalité du texte, tantôt une forme moyenne réduite à la préface et auxdeux premiers chapitres, tantôt une forme brève, limitée à la préface et aux deux pre-mières sections du premier chapitre, forme qu’avait autrefois éditée a. dain. Lestemma proposé par m. Spanneut (p. 47), après une étude à la fois brève et serrée del’ensemble des manuscrits, montre une tradition dispersée, qui oblige à tenir compted’un grand nombre de manuscrits, pris dans les différentes formes du Commentaire,pour reconstituer un texte aussi fidèle que possible à l’original. cette partie présenteun débat, parfois vif, avec une tesi di laurea italienne consacrée au Commentaire et àson édition, non publiée, ce qui n’aide pas le lecteur à comprendre aisément les détailsde la démonstration et des positions adoptées par l’éditeur.

L’introduction se clôt sur une vingtaine de pages consacrées au contenu doctrinaldu Commentaire et à ses sources, surtout aux sources philosophiques. de même, lesnotes qui accompagnent la traduction sont essentiellement consacrées aux parallèlesstoïciens (ou tirés du Commentaire de Simplicius), au détriment d’éléments asseznombreux pour permettre de mieux percevoir le contexte chrétien de ce texte, sessources patristiques ou du moins les rapprochements possibles avec les positions detel ou tel Père, de tel ou tel courant spirituel, en particulier au sein des différentesécoles monastiques. cela est particulièrement dommage dans la mesure où l’intérêtd’un tel texte consiste, certes, dans son rapport avec la tradition philosophique anté-rieure, mais aussi, comme le souligne fort bien l’éditeur, dans la tentative de relecturechrétienne d’un ouvrage philosophique non chrétien. L’absence d’index des auteursanciens ne facilite d’ailleurs pas l’utilisation de l’ouvrage dans cette perspective, pasplus, d’ailleurs, que son utilisation par des spécialistes du stoïcisme ou du néoplato-nisme, qui seront réduits à parcourir la totalité du texte pour retrouver les référencesqui pourraient les intéresser. on notera, en revanche, la présence d’un index completdes mots grecs, bien utile en attendant que cette édition soit, espère-t-on, intégrée auThesaurus linguae graecae.

ce volume présente un texte intéressant, qui fut lu à des époques fort diverses, et saprésentation est dans l’ensemble très satisfaisante. quelques remarques au fil du texteet de l’annotation, cependant. La note 1, p. 102-103, souligne que l’ordre des parties dela philosophie qui est ici retenu n’est pas l’ordre stoïcien, où la logique précède l’éthique,et non l’inverse. Peut-être n’aurait-il pas été inutile de rappeler que dans le cursus néo-platonicien, en revanche, la morale précède la logique, ou plutôt qu’une morale préalableest proposée avant d’accéder à la logique, à travers l’étude du manuel d’Épictète ou desVers d’or attribués à Pythagore. un tel rappel aurait été d’autant plus opportun que c’estjustement à cette fonction que répond le Commentaire sur le manuel par Simplicius,texte dont m. Spanneut a fort justement rappelé le rôle majeur qu’il joue pour le Com-mentaire sur la Paraphrase chrétienne.

Lorsqu’il est question des noms d’animaux donnés aux hommes mauvais (Préf. 8),il est étrange que l’auteur ne pense pas à des rapprochements évangéliques, ainsi pour

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les vipères (mt 3, 7 ; mc 12, 34 ; mt 23, 33, à propos des Pharisiens), les loups (mt 5,15 ; 10, 16) et, dans une moindre mesure, les cochons (mt 7, 6, avec coi'ro" plutôt quesuv" toutefois). Il existe, certes, une tradition philosophique pour ces rapprochements,mais la tradition biblique n’est pas à négliger pour autant dans le cadre d’un commen-taire chrétien.

À la fin de la quatrième section du troisième chapitre, on aurait pu attendre un ren-voi, sinon à aristophane et à ses oiseaux, du moins au thème littéraire classique de lafuite ailée, qui semble bien sous-tendre cette évocation du désir irréalisable par excel-lence qu’est le fait, pour un homme, de devenir oiseau.

un petit point de traduction (Préf. 9) a retenu notre attention ; la tevcnh ajnqrwvpwndiorqwtikhv y est traduite par « l’art de traiter l’homme correctement », et une notevient appuyer cette traduction, sans mentionner le sens normal des mots de la famillede diovrqwsi", redresser, corriger (cf. Liddell-Scott-Jones, s.v.). ce sens nous sembles’adapter parfaitement au contexte d’une description de la vertu comme art portant sursoi-même et non pas sur les autres ; nous traduirions « l’art de redresser l’homme »,en comprenant le pluriel ajnqrwvpwn comme générique.

Le volume présente donc un texte intéressant, dont l’auteur fournit la premièreédition complète, accompagnée d’une traduction agréable et fidèle ainsi que d’uneannotation et d’un premier travail de mise en contexte. cette étude devrait permettrede poursuivre l’interprétation de ce texte, en particulier afin de le mieux situer dansles milieux chrétiens qui ont pu le susciter et l’utiliser.

matthieu caSSIn

alice-mary taLBot and denis f. SuLLIvan (trad.), The history of leo thedeacon: Byzantine military expansion in the tenth century. Introduction,translation, and annotations by alice-mary taLBot and denisf. SuLLIvan, with the assistance of George t. dennIS and StamatinamcGrath (dumbarton oaks Studies 41). – dumbarton oaks researchLibrary and collection, washington d.c. 2005. 16 × 24 ; relié. 264 p.Prix : 25 $.Léon le diacre est né vers 950 en asie mineure dans la cité de Kaloè, près de

Philadelphie. Éduqué dans les lettres classiques à constantinople, il devint diacreaprès 970 et servit l’empereur Basile II comme membre du clergé palatin. Sa biogra-phie offre peu d’autres aspérités : il prononça vers 980 un éloge de Basile II, devintpeut-être à la fin de sa vie évêque de carie, rédigea son œuvre historique sans douteavant 995, voire dès 989, alors qu’on ignore la date de sa mort.

L’histoire de Léon le diacre couvre les règnes de romain II, nicéphore Phokas etJean tzimiskès (de 959 à 976). L’œuvre est bien renseignée sur les campagnes mili-taires de ces empereurs, tandis qu’à l’imitation des historiens antiques, Léon insèredans son texte des discours attribués aux protagonistes de son récit, plusieurs digres-sions en marge des événements, ainsi que des portraits bien tournés et souvent com-plaisants, le tout dans un grec qui a été jugé par les modernes soit maladroitementarchaïsant, soit au contraire vif et rythmé.

en 1965, nicolas Panagiotakès publia en Grèce une étude préparatoire à une nou-velle édition de l’histoire de Léon qui devait remplacer celle de Karl Benedikt hase(1780-1864), parue à Paris en 1819 dans un superbe in folio compté comme le derniervolume de la célèbre Byzantine du louvre. fondé sur le seul paris. gr. 1712 du

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12e/13e siècle, le texte de hase fut repris sans changement dans le corpus de Bonn en1828 et dans la patrologie de migne en 1864 (pG 117). attendue à son tour dans leCorpus Fontium historiae Byzantinae, l’édition de Panagiotakès ajoutait au manuscritparisien les leçons du Scorial. y I. 4 du 16e siècle et devait être accompagnée d’unetraduction anglaise qu’a.-m. talbot prépara dès 1970-1971. diverses péripétiesempêchèrent l’édition grecque et a fortiori la traduction de voir le jour, mais le projetdu texte anglais, révisé et annoté, vient enfin d’être mené à bien à dumbarton oaks.

ce volume se recommandera aux lecteurs pour au moins trois raisons : son intro-duction forme l’exposé le plus complet que l’on puisse rencontrer à ce jour sur Léonle diacre ; la traduction anglaise, claire et précise, met à la disposition d’un largepublic une source fondamentale pour l’histoire du 10e siècle byzantin ; enfin l’annota-tion des éditeurs, qui ont œuvré de manière collégiale, s’avère un guide de lectureriche et efficace. ajoutons une remarque plus subjective : peu de chroniques byzan-tines sont susceptibles, ne serait-ce que par nature, d’être appréciées pour leur vertulittéraire au point de se lire d’une traite. L’histoire de Léon le diacre est l’un de cestextes, et c’est un autre mérite de la traduction d’a.-m. talbot et de d. f. Sullivan qued’avoir su préserver ce plaisir de lecture.

olivier deLouIS

franz tInnefeLd (trad.), nikephoros Gregoras. Rhomäische Geschichte.historia Rhomaïke. Sechster teil (Kapitel xxx-xxxvII). Infortsetzung der arbeit von Jan Louis van dIeten (†), übersetzt underläutert von franz tInnefeLd (Bibliothek der Griechischen Literatur66). – anton hiersemann, Stuttgart 2007. 23 × 15 ; relié. vIII-214 p.Prix : 128 €.avec le sixième volume se clôt la monumentale traduction allemande, accompa-

gnée et éclairée par un commentaire très documenté, de l’histoire de nicéphoreGrègoras. La publication fut inaugurée en 1973, mais Jan Louis van dieten (1924-2003) n’a pu la conduire à son terme et il en a confié l’achèvement à franz tinnefeld.de même, il n’aura pas eu le loisir de réaliser son projet d’établir et de publier unenouvelle édition du texte grec de l’histoire romaine de nicéphore Grègoras, dont latradition manuscrite faisait l’objet de sa thèse présentée à cologne en 1975.

L’histoire de nicéphore Grègoras, qui naquit vers 1293 et mourut vers 1361,embrasse une longue période d’un siècle et demi, de la prise de constantinople par lesLatins de la quatrième croisade à l’épilogue de la querelle palamite (1204-1358), maiselle ne constitue une source originale qu’à partir de 1315 environ. La partie finale del’ouvrage, qui seule nous intéresse ici, revêt d’ailleurs un aspect hybride, car l’histo-rien introduit dans son récit une série de discours théologiques et dogmatiques, quiéchappent à ce qui est attendu dans un ouvrage historique. ces discours, qui sont pla-cés en 1355 et 1356 et dans lesquels nicéphore Grègoras pourfend les théories deGrégoire Palamas sur la vision immédiate de dieu et les énergies incréées, n’occupentpas moins de six livres entiers (30-35). mais les deux derniers livres (36-37) revien-nent au récit historique et relatent les événements des années 1355-1358.

dans son introduction (p. 1-38), f. tinnefeld présente sommairement la traditionmanuscrite de la partie finale de l’histoire, conservée seulement dans le Vatican. gr.1095 et ses trois apographes, il donne ensuite un résumé succinct de chacun des expo-sés dogmatiques et plus détaillé des deux livres à contenu proprement historique, il

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présente enfin le système d’abréviations bibliographiques qui sera utilisé. alors queles deux derniers livres, une fois remis dans l’ordre qui convient (c’est-à-dire le livre37 d’abord et le livre 36 ensuite, pour rétablir la bonne chronologie), sont traduits etmunis d’une annotation abondante (p. 141-204), les six livres précédents reçoivent untraitement différent (p. 41-140) : seules les introductions des dialogues, les transitionset les conclusions sont traduites, tandis qu’est simplement résumé le cœur des exposésdogmatiques, avec leur argumentation théologique et leurs innombrables citationsd’autorités.

albert faILLer

Peter van deun (éd.), eustratii presbyteri Constantinopolitani de statuanimarum post mortem (CpG 7522). edidit Peter van deun (corpuschristianorum. Series graeca 60). – Brepols Publishers-university Press,turnhout-Leuven 2006. 24,5 × 15,5 ; relié. LIv-142 p. Prix : 110 €.Peter van deun donne ici l’édition de l’une des trois œuvres conservées

d’eustrate, prêtre à constantinople dans la seconde moitié du 6e siècle. Le de statuanimarum post mortem, dont la fin n’a pas été transmise par les rares manuscrits del’œuvre, présente trois thèses principales sur le sort des âmes après la mort : ellesagissent aussitôt après la mort, et cela pour un temps indéterminé ; elles apparaissentd’elles-mêmes et non par une activité divine particulière ; les actions des fidèles survi-vants (prières, offices, aumônes, etc.) en leur faveur peuvent leur obtenir le salut (cf.déjà le résumé de Photios, Bibliothèque, 171). L’ouvrage est constitué pour une parttrès importante (que l’éditeur ne précise malheureusement pas, mais qui doit appro-cher le tiers ou la moitié) de citations empruntées à l’ancien et au nouveautestament, aux Pères et dans une moindre mesure aux hagiographes. c’est d’ailleursl’un des intérêts de l’ouvrage, bien analysé dans la préface (p. xIII-xxvII). on y relève,dans l’ordre de leur première apparition, des citations souvent longues de Grégoire denysse, athanase d’alexandrie, eutychius de constantinople (maître d’eustrate),Basile de césarée, Grégoire de nazianze, Jean chrysostome, hippolyte de rome,méthode d’olympe, eustathe d’antioche, Pseudo-denys aréopagite, Éphrem denisibe, cyrille de Jérusalem, cyrille d’alexandrie. Il faut noter qu’eustrate men-tionne toujours l’auteur et le titre de l’ouvrage qu’il cite ; il précise parfois le chapitreou le livre et éventuellement l’incipit de l’ouvrage ; on retrouve par exemple cette pra-tique chez Pierre de callinice, patriarche d’antioche à l’extrême fin du 5e siècle, dansson traité Contre damien, conservé uniquement en syriaque.

L’édition d’un tel texte est d’importance ; il n’était connu jusqu’ici que par l’édi-tion d’allatius, parue en 1655. Sans revenir sur l’établissement du texte lui-même, onnotera au passage quelques points qui ne facilitent malheureusement pas l’usage de celivre. L’apparat, tout d’abord, est encombré de toutes les fautes d’orthographe,variantes d’accentuation, etc., dont témoignent les manuscrits ; la tradition du texte,certes, est réduite (trois manuscrits) et permet donc un tel choix, comme le soulignel’éditeur. cependant, les variantes véritables et significatives sont ainsi noyées dansun océan d’informations qui ne sont pas de même nature. que de tels relevés aientleur intérêt n’est pas mis en question, mais ces renseignements devraient alors figurersous forme de listes, et non dans l’apparat d’une édition critique, à moins d’envisagerun apparat à deux étages, qui distingue clairement les variantes sur lesquelles porte lechoix de l’éditeur.

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dans la partie de l’introduction qui concerne la tradition manuscrite, quelquespoints n’aident pas à la compréhension : ainsi, p. xxxIv-xxxv, lorsque l’éditeur com-pare les leçons des manuscrits a et B, il introduit également les leçons de l’éditiond’allatius, dont il n’a pas encore été question et qui ne sera étudiée, en la comparantprincipalement au manuscrit B, que dans les pages suivantes. Pour l’inventaire de1518 des manuscrits de la Bibliothèque vaticane, l’auteur n’a sans doute pu avoirconnaissance de la nouvelle édition qu’en ont donnée m. L. Sosower, d. f. Jackson eta. manfredi, dans le volume 427 de la collection Studi e testi, paru également en2006, plus précise dorénavant que celle due à r. devreesse. enfin, on signalera unecopie des fragments attribués à eustrate contenus dans le manuscrit città delvaticano, Bav, palatinus gr. 146, qui est conservée à rome, Biblioteca vallicelliana181, cahier 20 (allatius xcI), et qui semble avoir échappé à l’auteur. Peut-être cemanuscrit n’est-il pas sans intérêt pour l’histoire des éditions d’eustrate.

matthieu caSSIn

christopher waLter, The iconography of Constantine the Great, emperorand Saint. With Associated Studies. – alexandros Press, Leiden 2006.24 × 17 ; relié. vI-242 p., 332 ill. Prix : 250 € (187,50 € pour les parti-culiers).L’actualité de constantin le Grand ne se dément pas : en témoignent l’accroisse-

ment continu d’une bibliographie déjà imposante et l’organisation de belles exposi-tions, à york en 2006 (Constantine the Great: York’s Roman emperor, éd. e. hartley)et à trèves en 2007 (Konstantin der Grosse, éd. a. demandt et J. engemann).Pourtant l’iconographie de constantin n’avait pas encore fait l’objet d’une étude d’en-semble, et c’est la lacune que se propose de combler le Père walter en analysant, àpartir d’un large corpus de représentations, toutes les facettes de l’iconographie del’empereur, du 4e siècle à l’époque postbyzantine.

résumant la vie de constantin, dans le premier chapitre, il insiste sur ce qui peutéclairer l’iconographie : ses visions, sa dévotion au Sol invictus, son activité édilitaireet celle de sa mère hélène en terre Sainte, la convocation du premier concile denicée en 325. Le deuxième chapitre est consacré aux représentations de l’empereurexécutées sous son règne, qui sont dans la lignée de celles de ses prédécesseurs, avecparfois l’introduction d’un symbole chrétien. Ses portraits le montrent souvent en cos-tume militaire, la tête couronnée de laurier ou du diadème, parfois les yeux levés versle ciel, tandis qu’il apparaît dans une série de scènes traditionnelles (adventus, adlocu-tio, largitio, etc.). L’auteur souligne surtout, outre le caractère conventionnel de l’ico-nographie, la rareté des signes chrétiens et l’influence persistante de la dévotion deconstantin au Sol invictus, dont la manifestation la plus évidente est le port du dia-dème radié.

L’époque qui va de la mort de constantin, en 337, au triomphe de l’orthodoxie,qui fait l’objet du chapitre 3, voit l’affirmation d’un « constantin imaginaire », pourreprendre la formule de Kazhdan, assimilé aux grands personnages bibliques et auchrist. cette construction légendaire, déjà en germe du vivant de constantin, chezeusèbe, s’affirme dans les sources des 6e-7e siècles, qui associent constantin, hélèneet la croix (théodore anagnostès, malalas, le Chronicon paschale et un opuscule Surla croix attribué à un moine alexandre). L’iconographie contemporaine ne semblepourtant guère refléter cette évolution, et les exemples convoqués, d’ailleurs peu nom-

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breux et souvent de datation controversée, ne sont pas tous probants. Sur les poids debronze des 5e-7e siècles, probablement inspirés de statues monumentales plusanciennes montrant l’empereur trônant, le seul signe chrétien est le globe crucifère, etil n’est pas toujours présent. L’identification de constantin et hélène de part etd’autre de la croix sur les deux coffrets mentionnés à la page 37 est discutable. Leschéma iconographique, accompagné sur le coffret de Iabalkovo (Bulgarie) de l’ins-cription omonIa (concorde), caractérise en effet une série de bagues et d’autresobjets liés au mariage ; on en trouvera de nombreux exemples dans l’excellent articlede G. vikan (art and marriage in early Byzantium, dop 44, 1990, p. 145-163, enparticulier p. 149-150), qui réfute de façon convaincante l’identification de constantinet hélène (voir aussi m. c. ross, Catalogue of the Byzantine and early medievalAntiquities at dumbarton oaks. II, Jewellery, enamels and Art of the migrationperiod, washington 20052, p. 48-50 no 50-52, p. 57-58 no 67-68, p. 58-59 no 69). Pourcette première période, donc, les représentations conservées de constantin ne témoi-gnent guère, me semble-t-il, de l’élaboration de la légende, sur laquelle les sourcesécrites sont plus explicites.

c. walter s’arrête ensuite à la signification de la croix dans l’iconographie deconstantin, envisageant successivement la croix accompagnée de la formule Ic xcnIKa, et les représentations associées à constantin dans les églises cappadociennes.ces dernières occupent dans l’argumentation de l’auteur une place essentielle, ce donton ne peut que se réjouir ; notons cependant que, à l’exception possible de l’églisehagios Basilios, les exemples cappadociens ne s’inscrivent pas dans la fourchettechronologique annoncée (337-843), mais sont postérieurs (10e, 11e, voire 13e s.). [Àpropos de l’église d’el nazar, je ne comprends pas la remarque p. 47, n. 86, qui meten doute ma ‘description’ dans les églises byzantines, p. 84 : la présence de la com-position est simplement mentionnée, dans le bras ouest de l’église, ce qui est exact !].À la lumière des sources hagiographiques et liturgiques et de cette riche documenta-tion picturale, c. walter montre comment, à l’époque médiobyzantine, l’intérêt portéà constantin se déplace de l’homme d’État au saint, désormais associé de façon privi-légiée à la croix et à sainte hélène.

Le chapitre 4 intitulé Constantine and Basil i, qui aurait pu trouver place avant lechapitre consacré aux témoignages cappadociens qui sont plus tardifs, examine le rôlede Basile Ier dans la promotion du culte de saint constantin, à des fins de légitimisa-tion politique. Le paris. gr. 510 en offre le plus beau témoignage, et l’on sait, surtoutdepuis les études de Leslie Brubaker, le rôle joué par Photius dans la conception del’illustration du manuscrit. Sont évoqués ensuite les autres cycles biographiques deconstantin et hélène en occident et en orient : le manuscrit carolingien de vercelli,le triptyque de Stavelot (13e s.), les fresques de la chapelle Saint-Sylvestre des quattrocoronati à rome (1243-1254) et le panneau peint par Pesellino (1422-1457) pourl’occident ; les peintures postbyzantines de Banja Pribojska en Serbie (vers 1570) etla Saint-croix d’agiasmati à chypre (vers 1500) pour l’orient. en appendice sontmentionnés deux thèmes particuliers : l’apparition de saint nicolas à constantin enrêve et constantin à cheval, en guerrier. ce dernier type iconographique, envisagéprincipalement à partir des représentations des psautiers à illustration marginale, estattesté aussi dans la décoration monumentale. on le trouve ainsi en cappadoce, nonseulement à Saint-eustathe (Göreme no 11), mais aussi à mazıköy (9e s.) et dansl’église de Göreme no 13a (11e s. ; cf. G. P. Schiemenz, ein neufund kappadokischerKirchenmalerei in Göreme, eeBS 47, 1987, p. 43-86), tandis qu’à deir al-Surian, enÉgypte, a été récemment mise au jour, dans le khurus de l’église de la vierge, unereprésentation de la vision de constantin, figuré à cheval, attribuée au début du10e siècle (cf. K. c. Innemée et L. van rompay, deir al-Surian : new discoveries of

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2001-2002, hugoye: Journal of Syriac Studies 5/2, 2002, fig. 6 et 7). mais le thèmeiconographique qui prédomine dans la tradition byzantine médiévale, comme le sou-ligne à juste titre c. walter, associe constantin, hélène et la croix ; il est étudié dansle chapitre 5 à travers les représentations conservées sur des objets de luxe, en argentdoré, émaux, ivoire ou stéatite, dont est fourni un corpus détaillé. treize reliquaires(conservés ou non), deux triptyques en ivoire et la croix d’andrinople (musée Bénaki)sont décrits, qui montrent la large diffusion dans la sphère de la piété privée de cethème également répandu dans la peinture d’église.

un chapitre est consacré ensuite à un sujet cher à c. walter : la représentation desconciles et particulièrement du premier concile de nicée. Il commence par replacer cedernier dans le contexte historique et théologique de son temps, mise au point d’autantplus nécessaire que la signification du concile à l’époque de constantin a été souventoccultée par les réinterprétations postérieures. Il examine ensuite les premières repré-sentations de conciles, d’après les sources écrites et les miniatures de manuscrits, puiscelles de constantin au concile de nicée, dont le premier exemple est celui du manus-crit carolingien de vercelli. La miniature du ménologe de Basile II, bien que problé-matique, car elle illustre le second concile de nicée, est présentée comme l’iconogra-phie « classique » et, de fait, le schéma iconographique persiste pendant toute lapériode byzantine et même au-delà. Les peintures murales décrites ensuite sont bienpostérieures, qui s’échelonnent du 13e au 17e siècle, et dont c. walter ne donne iciqu’une liste sélective, renvoyant le lecteur à son livre sur l’iconographie des conciles.aux exemples répertoriés dans cet ouvrage, il en ajoute deux : celui du monastère dela dormition, à elešnički, près de Sofia, où constantin n’est pas représenté, et celuidu monastère de la nativité de la vierge à rožen, près de melnik. Les icônes postby-zantines sont nombreuses et une seule figurait dans l’ouvrage précédent : en complé-ment, sont présentées ici des icônes de proskynèse montrant une nouvelle rédactioniconographique, dérivée de l’iconographie des saints Pères. L’évolution de l’iconogra-phie est mise en relation avec la réforme liturgique qui conduisit à supprimer les nom-breuses commémorations des conciles, et celle des saints Pères, toutes regroupées enune seule célébration, à la date du premier concile de nicée. Le fait que constantinconserve en général sa place centrale dans la composition prouve la persistance de latradition byzantine.

Les images de constantin et hélène de part et d’autre de la croix dans la décora-tion monumentale sont étudiées dans le chapitre intitulé new Constantines. c. walterdistingue deux cas : les monuments où constantin et hélène figurent parmi les saintset ceux qui les présentent comme des modèles idéaux pour les souverains régnants.Pour les premiers, il fournit une série d’exemples serbes, bulgares et grecs, sans ana-lyser plus précisément la place de la composition dans l’église, ni au sein du pro-gramme iconographique. Pour les seconds, où l’image fait référence aux souverainsrégnants, « nouveaux constantins », il évoque d’abord l’arrière-plan historique et lestémoignages littéraires, s’attachant ensuite surtout au cas de la Serbie. Les référencesau modèle constantinien y sont en effet nombreuses, et les programmes iconogra-phiques associant les portraits des souverains régnants à ceux de constantin et hélèneparticulièrement explicites (église du roi à Studenica, Staro nagoričino, Psača,marko) ; sur ce thème, voir aussi v. djurić, Le nouveau constantin dans l’art serbemédiéval, Liqovstrwton. Studien zur byzantinischen Kunst und Geschichte.Festschrift für marcell Restle, éd. B. Borkopp et th. Steppan, Stuttgart 2000, p. 55-65. on peut ajouter aux exemples répertoriés par c. walter, qui ne pouvait bien sûrêtre exhaustif, la belle fresque du Protaton, au mont athos, qui montre saintconstantin, ici sans hélène ni la croix, mais avec le costume et les insignes de pou-

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voir d’un empereur paléologue et probablement sous les traits du jeune andronic II(cf. d. Kalomoirakis, ÔErmhneutikev" parathrhvsei" stov eijkonografikov provgrammatou' Prwtavtou, dChAe 15, 1989-1990, p. 214-215).

dans le dernier chapitre, l’analyse thématique cède le pas à une approche régio-nale, centrée sur la crète, qui donne l’occasion d’étudier le devenir de l’iconographiede constantin et hélène dans une région qui n’était plus sous domination byzantine, laplupart des peintures datant, en effet, de l’époque de l’occupation vénitienne (1210-1669). Six églises et une icône ont été retenues, qui s’échelonnent du 14e siècle (Saint-constantin, Pyrgos, 1315) au 18e siècle (icône de hagios Konstantinos, réthymnon,1732). [L’image de l’exaltation de la croix de Saint-Georges à ano viannos est repro-duite fig. 110 et non fig. 107, comme cela est indiqué par erreur p. 116.]

de cette analyse des images de constantin et hélène à travers les siècles, qui illus-trent les différentes facettes de la tradition iconographique, c. walter conclut, commeon l’a déjà signalé, à l’évolution suivante : d’un intérêt porté in the secularConstantine, on passerait après le triomphe de l’orthodoxie à une vénération deconstantin et hélène en tant que saints, saints dont il faut souligner la particularité,puisque sans reliques, sans martyrium et sans pouvoir d’intercession si ce n’est par lacroix. Les recherches futures, que cet ouvrage ne manquera pas de susciter, diront s’ilfaut ou non nuancer cette conclusion. Par la richesse de la documentation réunie, par-fois peu connue, comme par la diversité des points de vue adoptés, l’ouvrage du Pèrewalter constitue un apport incontestable à notre connaissance de l’iconographie deconstantin et hélène et ouvre de nombreuses pistes qui nourriront la réflexion deshistoriens et historiens d’art. riche de digressions érudites, il apporte aussi plus qu’iln’annonce, sur des points qui ne relèvent pas toujours, stricto sensu, de l’iconographiede constantin et hélène, et à cet égard ce rapide compte rendu ne lui rend pas pleine-ment justice.

Les différentes études (pour l’essentiel des versions remaniées de travaux plusanciens, enrichies de nouvelles illustrations) qui complètent le volume, portent sur lemaniakon, connu surtout comme attribut des saints Serge et Bacchus, sur les acro-nymes associés à la croix (iC XC niKA: the apotropaic function of the victoriouscross), sur l’exégèse d’un décor apotropaïque trouvé à Kardžali, et enfin sur l’icono-graphie, rare dans le monde byzantin, des saints céphalophores (Severed heads andheads as trophies).

Soulignons pour finir la qualité de l’édition et la richesse de l’illustration (332figures), avec ses nombreuses images en couleur (154), dont les éditions alexandrosPress se sont fait une spécialité et dont on ne dira jamais assez l’importance pour leshistoriens d’art. L’absence de toute indication de l’origine des illustrations ne laissecependant pas de surprendre.

catherine JoLIvet-LÉvy

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Panagiôtès aGaPètoS (éd.), Eijkw;n kai; lovgo". ”Exi Buzantine;" peri -grafe;" e[rgwn tevcnh". Eijsagwgiko; dokivmio: Eujtevrph Mhvtsh -Panagiwvth" ∆Agaphtov". ∆Anqolovghsh, metavfrash kai; scoliasmov":Panagiwvth" ∆Agaphtov" - martin hinterberger. – Ekdovsei" VAgra,athènes 2006. 20,5 × 12. 195 p.description d’une personne, d’un lieu, d’une action ou encore d’une œuvre d’art

(monument, peinture, mosaïque, tapisserie, icône), l’ekphrasis est un genre littérairefort prisé des Byzantins. dans ce petit ouvrage sont sélectionnées des ekphraseisconsacrées à des œuvres d’art et dues aux six auteurs suivants : constantin rhodios etJean le Géomètre (10e s.), constantin manassès et nicétas eugénianos (12e s.),manuel Philès et manuel II Palaiologos (14e s.). Les textes (original avec une traduc-tion en grec moderne) sont précédés d’un exposé général sur l’ekphrasis dans la litté-rature classique et byzantine ; ils sont accompagnés d’une brève notice sur chacun desauteurs et suivis d’un appendice bibliographique.

maxime (Leila) aJJouB (éd.), livre d’heures du Sinaï (Sinaiticus graecus864). Introduction, texte critique, traduction, notes et index par Sœurmaxime (Leila) aJJouB, Basilienne chouérite. avec la collaboration deJoseph ParameLLe, s.j. (Sources chrétiennes 486). – Les Éditions ducerf, Paris 2004. 19,5 × 12,5. 491 p. Prix : 45 €.Le Sinaiticus graecus 864 apparaît comme un recueil factice qui regroupe des élé-

ments disparates d’un livre d’heures (hôrologion), constitué sans doute pour l’usageprivé d’un moine plutôt que pour une liturgie cénobitique ou ecclésiale. c’est unmanuscrit de 116 folios, écrit en onciale par sept mains différentes, et l’un des plusanciens livres d’heures connus. L’éditrice n’a pas eu accès au manuscrit lui-même, sibien qu’elle n’a pas pu bénéficier des enseignements que le partage des cahiers auraitpu lui donner. Le manuscrit a été copié, au moins pour l’essentiel, là où il estconservé, c’est-à-dire au Sinaï, et on peut le dater du 9e siècle ou des environs de l’anmil. Il ne présente pas la suite des heures dans leur enchaînement normal et il souffrede nombreuses lacunes, ainsi que de répétitions infondées.

dans une longue introduction (p. 13-157), l’éditrice replace l’œuvre dans soncontexte géographique (I. Le Sinaï, le site et le monastère), avant de la décrire (II. Lecodex Sinaiticus graecus 864) et d’énumérer les pièces liturgiques qui y sont trans-crites (III. Le contenu liturgique du codex), puis elle fait une analyse littéraire du texte(Iv. métrique et philologie), justifie l’édition malgré le caractère factice de la copie(v. du codex à l’édition) et termine par une analyse théologique de l’opuscule quigarde une certaine unité et voue un culte particulier à la mère de dieu (vI. ouverturesthéologiques).

Le texte grec, qui est accompagné d’une traduction française, remplit la plusgrande partie du volume (p. 171-455). une abondante annotation permet de lire et decomprendre un texte souvent technique, avec la terminologie liturgique. Pour assisterle lecteur, l’éditrice donne également à la fin de l’ouvrage un utile « Glossaire destermes liturgiques et prosodiques » (p. 457-470), qui est suivi d’une série d’index(Index scripturaire, Index des noms propres, Index des titres et symboles de la mèrede dieu, Index du vocabulaire liturgique, Index des hapax).

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francesco aLeo, l’inabitazione personale dello Spirito Santo nel corpusdegli scritti dello pseudo-macario egizio: una prospettiva ecclesiolo-gica. tesi dottorale in teologia e Scienze Patristiche. – Pontificiauniversità Lateranense. Institutum Patristicum augustinianum, rome2006. 24 × 17. 129 p.Les écrits rassemblés sous le nom du Pseudo-macaire sont transmis dans quatre

collections et se rapportent à des genres littéraires différents : lettres, discours, homé-lies, questions et réponses. L’existence de florilèges rassemblant des extraits del’œuvre témoigne du succès que le corpus connut au moyen Âge. L’œuvre a été misesous le nom de macaire l’Égyptien ou encore de Syméon de mésopotamie ; elle a étéconçue dans un milieu monastique, en mésopotamie ou au sud de l’asie mineure,vers la fin du 4e ou le début du 5e siècle. Les consonances avec le monachisme basi-lien sont réelles, y compris dans la terminologie, mais l’œuvre du Pseudo-macaireprésente aussi des affinités messaliennes (expérience sensible de dieu, emprise dumal et dualisme, relativisation des sacrements au profit de la prière et de l’ascèse per-sonnelles, méfiance envers la hiérarchie de l’Église).

Les écrits du Pseudo-macaire accordent une grande importance à la présence del’esprit Saint dans l’âme du croyant et à son rôle dans la vie de l’Église, à un momentoù la pneumatologie n’était pas encore parvenue à son stade définitif. c’est dans cetteperspective que, conformément au titre qu’il a donné à son exposé, l’auteur exposelonguement le contenu du discours 52 du Pseudo-macaire et qu’il relève une parentéévidente avec le traité de l’esprit Saint de Basile de césarée.

Géôrgios aramPatzèS, Paideiva kai; ∆Episthvmh sto;n Micah;l ∆Efevsio. Eij"Peri; zwv/wn morivwn A 1,3 - 2,10. – ∆Akadhmiva ∆Aqhnw'n. Kevntron∆Ereuvnh" th'" ÔEllhnikh'" Filosofiva", athènes 2006. 24 × 17. 340 p.figure énigmatique de la philosophie byzantine du 12e siècle, michel, savant natif

d’Éphèse, appartint au cercle lettré qui entourait anne comnène. Il est le premier àavoir commenté après de nombreux siècles les traités de zoologie et de politique duStagirite. Le présent ouvrage analyse le commentaire que michel d’Éphèse a consacréà l’introduction d’aristote aux parties des animaux, dans laquelle sont exposées lesrelations entre culture et science. michel d’Éphèse puise dans la longue chaîne descommentateurs d’aristote, mais il s’inspire plus particulièrement de Galien et deProclus, et il pose une claire distinction entre la connaissance théorique et le mondeempirique, entre intellectualisme et empirisme.

antti arJava et aLII, The petra papyri iii. edited by antti arJava, matiasBuchhoLz, and traianos GaGoS, with contributions by robertc. caLdweLL, robert w. danIeL, Ludwig Koenen, marjo LehtInen (†),mari mIKKoLa, mari muStonen, tiina PuroLa, erja SaLmenKIvI, marjaanaveSterInen, and marja vIerroS, and Plates prepared by terrenceSzymanSKI and vesa vahtIKarI (american center of oriental researchPublications 5). – american center of oriental research, amman,Jordanie, 2007. 33 × 25 ; relié. xxII-216 p., LxxxvII planches.Le premier volume de la nouvelle collection de papyri découverte en décembre

1993 dans un local annexe de l’église byzantine de Pétra a été publié en 2002 et a été

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signalé dans la revue ; voir ReB 61, 2003, p. 267-268, où le millésime 1998 est donnépar erreur comme année de parution. en attendant la parution du volume II, qui seradédié au seul papyrus no 17 (année 539), vient de paraître le volume III, dans lequelsont transcrits 19 papyri (no 18-36), dont la date s’échelonne sur une soixantaine d’an-nées (539-600). L’ensemble comprendra cinq volumes, dans lesquels seront repro-duits une soixantaine de papyri, soit près de la moitié des pièces recensées, l’autremoitié étant trop émiettée et inexploitable.

L’ensemble de la collection semble concerner l’administration d’une même pro-priété familiale, bien qu’on ne voie pas toujours le lien de certaines pièces avec leditdomaine. Le maître du moment est théodoros (né en 512-514 et attesté en 582), quiest d’une part le fils d’obodianos (décédé avant 537), lui-même fils d’un premierobodianos, et qui est d’autre part le père de Panolbios (mort avant 592) et le neveupar sa mère de Patrophilos (né vers 500 et attesté en 582). Les actes transcrits dans cevolume sont ceux des transactions immobilières et commerciales habituelles : dot,transfert fiscal, reçu fiscal, lettre, division de propriété, reconnaissance de dette, dona-tion. Peu d’actes présentent des textes lisibles en continu ou presque en continu (no

18, 19, 20, 23, 29) ; parfois seule la première moitié de la ligne est lisible (no 28, 32,33, 35). Pour le reste, le texte conservé ou lisible est très gravement lacunaire.

on trouvera au début de l’ouvrage une table synoptique de la datation des papyriédités à ce jour, soit les volumes I et III : entre 527 et 600. de même, les index(p. 201-216) englobent les deux volumes parus et présentent en particulier un lexiquedétaillé des mots grecs. Suivent les reproductions des papyri édités dans le volume (87planches).

Immacolata auLISa - claudio SchIano, dialogo di papisco e Filone giudeicon un monaco. testo, traduzione e commento (quaderni di veterachristianorum 30). – edipuglia, Bari 2005. 24 × 17. 399 p. Prix : 30 €.dans une première partie de l’ouvrage, les auteurs présentent la tradition antiju-

daïque du 1er au 8e siècle à travers la première christianisation de l’orient, les inva-sions arabes et la crise iconoclaste. Suit une deuxième partie consacrée à la traditiondu dialogue des juifs papiskos et philon avec un moine. Puis vient l’édition du textegrec (p. 181-210), qui est suivie d’une traduction italienne (p. 211-226) et d’un longcommentaire (p. 227-295). une dernière partie est consacrée à la genèse du texte.

Publié pour la première fois en 1889 par arthur mcGiffert d’après trois manus-crits, l’opuscule est réédité sur une base manuscrite plus large et plus sûre. Près d’unecinquantaine de manuscrits sont relevés, dont la plus grande partie datent de larenaissance, la copie la plus ancienne remontant au 11e siècle. La partie finale dutexte, c’est-à-dire les chapitres 17-21, soit près du tiers de l’ensemble, était absentedes manuscrits connus du premier éditeur.

Le texte est composite et constitué d’extraits disparates. Il s’inscrit dans un genrelittéraire qui eut sa vogue et qui a fourni de nombreux textes dont la parenté et lacontamination sont bien apparentes. on a ainsi discuté de la dépendance entre les tro-phées de damas et le présent dialogue, les uns défendant l’antériorité du premierécrit et les autres l’antériorité du second. La comparaison établie entre les deux écritsmontre que, faute de dépendre l’un de l’autre, tous deux remontent à des sources com-munes.

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marie-france auzÉPy, l’histoire des iconoclastes (Bilans de recherche 2).– association des amis du centre d’histoire et civilisation de Byzance,Paris 2007. 24 × 16. xv-384 p. Prix : 40 €.L’auteur a rassemblé dans ce volume l’essentiel de ses études sur l’iconoclasme,

soit « dix-neuf articles et un chapitre de livre écrits entre 1981 et 2005 au sujet del’iconoclasme, à l’exclusion de ceux concernant la vie monastique ou l’hagiographie »(p. v). après la préface se trouve justement l’étude intitulée « État d’urgence, c. 700-c. 850 », qui est la version française originale d’un chapitre paru dans la Cambridgehistory of the Byzantine empire. Les dix-neuf études sont rangées sous troisrubriques ; voici la liste des titres.i. les fondements de l’orthodoxie : concile de nicée ii et patriarcat de

Constantinople1. – L’iconodoulie, défense de l’image ou de la dévotion à l’image ?2. – La place des moines à nicée II (787).3. – L’Adversus Constantinum Caballinum et Jean de Jérusalem.4. – Le christ, l’empereur et l’image (vIIe-Ixe siècles).5. – manifestations de la propagande en faveur de l’orthodoxie.6. – La tradition comme arme du pouvoir : l’exemple de la querelle iconoclaste.ii. la reconstruction du passé7. – une lecture « iconoclaste » de la Vie d’Étienne le Jeune.8. – La destruction de l’icône du christ de la chalcé par Léon III : propagande ou réa-

lité ?9. – de Philarète, de sa famille, et de certains monastères de constantinople.10. – Gothie et crimée de 750 à 830 dans les sources ecclésiastiques et monastiques

grecques.11. – Les Sabaïtes et l’iconoclasme.12. – de la Palestine à constantinople (vIIIe-Ixe siècles) : Étienne le Sabaïte et Jean

damascène.iii. les isauriens : une histoire en creux13. – Les enjeux de l’iconoclasme.14. – francfort et nicée II.15. – constantin v, l’empereur isaurien, et les carolingiens.16. – constantin, théodore et le dragon.17. – L’analyse littéraire et l’historien : l’exemple des vies de saints iconoclastes.18. – Les Isauriens et l’espace sacré : l’église et les reliques.19. – un modèle iconoclaste pour le psautier chludov ?

marie-france auzÉPy, l’iconoclasme (que sais-je ? 3769). – Presses uni-versitaires de france, Paris 2006. 17,5 × 11,5. 128 p.auteur de plusieurs études érudites sur la question iconoclaste, m.-f. auzépy

manifeste dans ce petit volume son incontestable maîtrise du sujet. donnant unrésumé historique de l’iconoclasme sans toutefois négliger les aspects doctrinaux, etincluant en annexe la traduction française de la définition du concile de nicée II,l’ouvrage présente clairement au grand public les informations nécessaires et consti-tue en même temps un utile aide-mémoire pour le spécialiste qui, par endroits, nemanquera pas d’y retrouver aussi le point de vue plus personnel de l’auteur.

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michel BaLard, la méditerranée médiévale. espaces, itinéraires, comp-toirs (Les médiévistes français 6). – Éditions a. et J. Picard, Paris 2006.24 × 16. 200 p. Prix : 32 €.après la chute de l’empire romain qui en avait fait « sa mer », la méditerranée est

devenue un immense carrefour des invasions, des civilisations, des religions et deséchanges commerciaux. c’est « la méditerranée partagée », comme l’annonce l’au-teur dans l’introduction à ce recueil qui rassemble neuf études parues de 1974 à 2003.La plus grande partie de ces travaux portent sur les routes commerciales enméditerranée, de l’espagne, de la catalogne et des cités italiennes à constantinople ettrébizonde, à Beyrouth et acre, ou encore à alexandrie. toujours dans l’introduc-tion, un bref exposé est consacré aux moyens du transport maritime et aux deux typesprincipaux de navires, à savoir les vaisseaux longs et les vaisseaux ronds, qui sillon-naient cette mer et assuraient aussi bien le passage des troupes que le transport desmarchandises. un double index des lieux et des personnes clôt le volume. voici lestitres des études réimprimées.i. espaces1. – une méditerranée chrétienne (1000 à 1500).2. – Les occidentaux dans le monde égéen et balkanique au xIve siècle.ii. itinéraires3. – Les transports des occidentaux vers les colonies du Levant au moyen Âge.4. – escales génoises sur les routes de l’orient méditerranéen au xIve siècle.5. – Les républiques maritimes italiennes et le commerce en Syrie-Palestine (xIe-xIIIe

siècles).iii. Comptoirs6. – L’organisation des colonies étrangères dans l’empire byzantin (xIIe-xve siècles).7. – chio, centre économique en mer Égée (xIve-xve siècles).8. – Pouvoir et argent à caffa au xve siècle.9. – Les Génois dans le royaume médiéval de chypre.

Philippe BLaudeau, Alexandrie et Constantinople (451-491). de l’histoireà la géo-ecclésiologie (Bibliothèque des Écoles françaises d’athènes etde rome 327). – École française de rome, rome 2006 (diffusion deBoccard). 24 × 15,5 ; relié. xxII-810 p.L’ouvrage analyse la lutte d’influence que se livrèrent durant quelques siècles les

Églises d’alexandrie et de constantinople avant que le siège byzantin ne s’affirmeprogressivement face à un siège égyptien déclinant, une fois disparus les grands théo-logiens alexandrins, athanase et cyrille. L’ascension de constantinople commence auconcile de constantinople I et se réalise à travers le 28e canon de chalcédoine. Lapériode décisive où s’ébauche l’issue finale de ce combat est la seconde moitié du5e siècle (451-491), entre la tenue du concile de chalcédoine et la mort de l’empereurzénon. c’est ce demi-siècle que l’auteur prend comme objet d’examen. Son dévelop-pement comprend trois parties : I. alexandrie et constantinople (451-491) : histoiresd’un affrontement [p. 23-239] ; II. des projets ecclésiologiques rivaux [p. 241-489] ;III. réappropriation des faits et des enjeux : les représentations de zacharie, théodoreet Évagre [p. 491-696].

L’antagonisme entre constantinople et alexandrie se développe à travers lesméandres d’une controverse plus christologique que juridictionnelle ou politique etautour d’une opposition entre monophysisme et diphysisme. dans le sillage d’eusèbe

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de césarée, le fondateur de la nouvelle discipline, les trois histoires ecclésiastiques dezacharie le rhéteur, de théodore le Lecteur et d’Évagre le Scholastique retracent lesévénements du demi-siècle post-chalcédonien : zacharie le rhéteur, qui écrit dans ladernière décennie du 5e siècle, présente comme modèle l’ordre ecclésial d’alexandrieet milite pour un monophysisme accommodant, avant de rallier lui-même plus tard lechalcédonisme ; théodore le Lecteur, dont l’histoire atteint l’année 527, est un chal-cédonien intransigeant ; quant à Évagre le Scholastique, qui écrit une soixantained’années plus tard, vers la fin du siècle, il est un défenseur tout aussi intraitable dechalcédoine et il voit dans l’empereur le centre de gravité de la paix ecclésiale.L’auteur consacre de longs développements à l’historiographie moderne, surtout dansla première partie (p. 25-114), et c’est là une des richesses de l’ouvrage. Il montrecomment les opinions des historiens sont partiales et reproduisent à l’occasion lesquerelles et les partis pris qui apparaissaient dans les trois histoires ecclésiastiquesdes 5e-6e siècles.

Béatrice caSeau-chevaLLIer, Byzance : économie et société. du milieu duViiie siècle à 1204 (regards sur l’histoire. histoire médiévale). –SedeS, Paris 2007. 24 × 16. 383 p. Prix : 27 €.

olivier deLouIS (éd.), le monde byzantin, du milieu du Viiie siècle à 1204 :économie et société. une présentation du sujet, une sélection d’articlesmajeurs, une bibliographie commentée proposées par olivier deLouIS(recueils pour les concours). – hachette Supérieur, Paris 2006. 24 × 17.218 p.

vincent dÉroche et aLII, le monde byzantin. 750-1204. Économie etsociété. Sous la direction de vincent dÉroche et de vincent Puech, avecSophie mÉtIvIer et Guillaume SaInt-GuILLaIn (clefs concours. histoiremédiévale). – Éditions atlande, neuilly 2007. 18 × 12. 700 p.

Georges JeheL et aLII, le monde byzantin du milieu du Viiie siècle à 1204.Économie et société. questions d’histoire. Par Georges JeheL,Boško I. BoJovIć, vassa contoumaS-contIceLLo (histoire médiévale). –Éditions du temps, nantes 2006. 24 × 16. 207 p. Prix : 18,50 €.

Élisabeth maLamut - Georges SIdÉrIS, le monde byzantin. Économie etsociété (milieu Viiie siècle-1204) (Belin Sup histoire). – Belin, Paris2006. 24 × 17. 255 p. Prix : 19,50 €.

mikaël nIchanIan, Byzance : économie et société. du Viiie siècle à 1204.enjeux historiographiques, méthodologie, bibliographie commentée(Guide pour les concours. histoire médiévale). – armand colin, Paris2006. 21 × 15. 171 p.

mikaël nIchanIan, le monde byzantin : économie et société du milieu duViiie siècle à 1204 (caPeS-agrégation). – cned-SedeS, Paris 2006.24 × 16. 191 p.L’inscription de l’histoire de Byzance au programme des concours de l’enseigne-

ment secondaire et supérieur, pour les années 2007-2008, a provoqué une efflores-cence de manuels destinés à guider les étudiants et présentant généralement deux par-ties bien distinctes : un exposé sur les divers secteurs de la vie économique et socialede l’époque prise en compte (8e-12e s.) et une bibliographie rangée par thèmes. Les

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titres et sous-titres indiquent assez clairement le contenu de chacun des manuels, dontla seule ambition est d’orienter l’étudiant dans le domaine. dans le cadre du mêmeprogramme d’enseignement est paru un autre ouvrage (voir ci-dessous, p. 328), plusoriginal, dont la propriété est d’offrir une traduction commentée de textes qui, pourune part, n’avaient pas été jusqu’alors traduits en français ; à ce titre, il pourra êtreutile à un grand nombre de byzantinistes.

Guglielmo cavaLLo, lire à Byzance. traduit de l’italien par P. odorIco eta. SeGondS (Séminaires byzantins 1). – Les Belles Lettres, Paris 2006.24 × 17. vIII-165 p. Prix : 23 €.L’auteur s’adresse à un large public et livre un bilan global pour un domaine de la

recherche qui reste le plus souvent l’apanage des érudits : l’écriture, le rouleau et lemanuscrit, les œuvres écrites, les conditions et les degrés de l’alphabétisation, lamanière de lire, etc. ces divers aspects sont abordés dans une suite de douze cha-pitres, dont les titres indiquent bien la matière : une histoire possible, L’héritagegréco-romain, apprendre à lire et à écrire, devenir des lecteurs, L’écrit - la voix -l’image, La lecture sur scène, au croisement entre lecture et écriture, Le lecteur com-mun, habitudes de lecture, L’échelle du paradis, Lorsque le lecteur se révèle, et pourfinir… le livre. au fil de ces chapitres, l’auteur aborde entre autres les thèmes sui-vants : la prépondérance du livre religieux ou du livre d’église, qui reflète la culturesacrée du moyen Âge et obéit en particulier aux besoins de la liturgie ; la question dela lecture silencieuse et de la lecture à voix haute ; les niveaux de la langue et l’impor-tance de la métaphrase et de la paraphrase pour une langue savante et souvent artifi-cielle ; les caractéristiques et les limites de la culture monastique.

francesca cavazzana romaneLLI - Gilles GrIvaud, Cyprus 1542: TheGreat map of the island by leonida Attar (cyprus cartography Lectures7). – the Bank of cyprus cultural foundation, nicosie 2006. 30 × 22.145 p. (avec 45 illustrations : p. 67-110), 1 carte, 1 cédérom. Prix :43,30 €.redécouverte récemment, la carte de chypre reproduite et étudiée dans le présent

ouvrage est conservée au civico museo correr de venise. elle porte sa marque defabrication, avec la mention autographe du nom de l’auteur et de la date : « retrataper Leonida attar nel 1542 ». d’ascendance syrienne, la famille attar est signalée àchypre à partir de la première moitié du 15e siècle ; elle est rangée au siècle suivantparmi les « maisons nobles de chypre », mais disparaît avec la conquête ottomane de1570. Leonida attar fut attaché au service de cosmo da mosto, à qui la carte étaitdestinée pour sa mission dans l’île et dont les armes figurent sur le document.

de dimensions conséquentes et inhabituelles (64 × 139 cm), la carte est d’unegrande précision, bien qu’elle n’ait pas été tout à fait terminée, et elle se révèle pré-cieuse pour la période de la domination de la Sérénissime sur l’île : le réseau hydrolo-gique figure avec beaucoup de clarté, la population rurale est représentée commejamais auparavant, et le nombre des lieux-dits est impressionnant, puisque 721 nomsde lieux apparaissent. mais elle semble être restée dans les cartons de la famille decosmo da mosto et, malgré sa nouveauté, elle n’eut pas de postérité en cartographie.

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Jean-claude cheynet, The Byzantine Aristocracy and its military Function(variorum collected Studies Series cS 859). – ashgate variorum,aldershot 2006. 23 × 15 ; relié. xIv-364 p.qu’elle provienne de la naissance ou du mérite, l’aristocratie a constitué l’arma-

ture de l’empire byzantin aussi bien dans la société civile que dans l’armée. Lesétudes prosopographiques et sigillographiques ont contribué dans la période récente àenrichir et à renouveler la matière, comme le montre ce recueil de quatorze articles,dont la publication s’étend sur près de vingt-cinq années (1980-2003) ; près de la moi-tié des articles sont présentés en version anglaise. voici les titres de ces études, quisont réparties en deux sections.The Aristocracy in Byzantine Society1. – the Byzantine aristocracy (8th-13th centuries).2. – the Byzantine aristocracy in the 10th-12th centuries: a review of the book by a.

Kazhdan and S. ronchey.3. – aristocratic anthroponimy in Byzantium.4. – aristocracy and inheritance (11th-13th centuries).5. – fortune et puissance de l’aristocratie (xe-xIIe siècle).6. – dévaluation des dignités et dévaluation monétaire dans la seconde moitié du xIe

siècle.The Aristocracy and the Byzantine Army7. – official power and non-official power.8. – Basil II and asia minor.9. – Philadephie, un quart de siècle de dissidence. 1182-1206.10. – La politique militaire byzantine de Basile II à alexis comnène.11. – du stratège de thème au duc : chronologie de l’évolution au cours du xIe siècle.12. – Les effectifs de l’armée byzantine aux xe-xIIe s.13. – mantzikert : un désastre militaire ?14. – La résistance aux turcs en asie mineure entre mantzikert et la Première croisade.

fabrizio conca e Gianfranco fIaccadorI (éd.), Bisanzio nell’età deimacedoni. Forme della produzione letteraria e artistica. vIII Giornatadi Studi Bizantini (milano, 15-16 marzo 2005). a cura di fabrizioconca e Gianfranco fIaccadorI (quaderni di acme 87). – cisalpino,milan 2007. 24 × 17. vIII-292 p. Prix : 23 €.La Journée d’étude était consacrée à l’ère macédonienne, qui occupe deux siècles,

du 9e au 11e siècle, et qui vit la renaissance de la civilisation byzantine au lendemainde la crise iconoclaste. après la préface des éditeurs et l’introduction d’antonioGarzya, à qui le volume est dédié et qui évoque brièvement Photius, la grande figuredu temps, sont reproduites les dix communications données à cette occasion. en voiciles titres.1. – claudia Barsanti, La scultura mediobizantina fra tradizione e innovazione.2. – ugo criscuolo, Sui Carmina historica di cristoforo di mitilene.3. – marco di Branco, atene da Basilio II a michele coniata.4. – Laura franco, Le Vite di Simeone metafrasta: osservazioni sulla tecnica compositiva.5. – alessandra Guiglia Guidobaldi, La decorazione musiva della prima età mace-

done: questioni aperte.6. – antonio Iacobini, Il segno del possesso: committenti, destinatari, donatori nei

manoscritti bizantini dell’età macedone.

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7. – Giuseppina matino, Il programma macedone di restaurazione e la codificazionedi Basilio I e Leone vI.

8. – carmela Pirozzi, Geoponica xI: su piante sempreverdi, rose, viole e altri fiori dalbuon profumo.

9. – Luigi tartaglia, meccanismi di compilazione nella Cronaca di Giorgio cedreno.10. – renzo tosi, Lessicografia foziana e riscoperta dei classici.

Bernard couLIe et aLII (éd.), Sancti Gregorii nazianzeni opera. Versio ibe-rica. v, orationes XXXiX et Xl. editae a Bernard couLIe et helenemetreveLI †, et Ketevan BezarachvILI, tsiala KourtSIKIdze, ninomeLIKIchvILI, maia raPhava (corpus christianorum. Series Graeca 58 -corpus nazianzenum 20). – Brepols Publishers/university Press,turnhout/Leuven 2007. 25 × 16 ; relié. xIII-329 p. Prix : 155 €.Les œuvres de Grégoire de nazianze (330-390) ont connu une large diffusion dans

le monde chrétien oriental grâce aux traductions qui en furent faites à une haute époque.c’est le cas, en particulier, des discours, qui, entre autres langues, furent traduits engéorgien à plusieurs reprises. dans la présente série du Corpus Christianorum, les dis-cours sont publiés dans leur ordre liturgique (collection des 16 discours liturgiques) ; lesquatre volumes parus auparavant contiennent les discours 1, 15, 19, 24, 38, 41, 43, 44,45. voici le cinquième volume, qui présente la traduction géorgienne des discours 39 (insancta lumina) et 40 (in sanctum baptisma), qui se complètent et furent prononcés à desjours consécutifs. Pour l’un et l’autre discours, on conserve les traductions d’euthymel’hagiorite (10e-11e s.) et d’Éphrem mtsiré (11e s.) ; pour le discours 39 subsiste unetroisième traduction anonyme plus ancienne (6e-7e s. ?).

L’édition s’ouvre sur la traduction anonyme du discours 39 (p. 3-29), qui estd’ailleurs plutôt une adaptation et qui est conservée dans deux collections liturgico-homilétiques. Suit la double traduction d’euthyme, plus libre, et d’Éphrem, plus litté-rale, du discours 39 (p. 32-117), puis du discours 40 (p. 120-316), les deux versionsétant présentées en regard l’une de l’autre.

Basileios ap. dèmou, Kanoniko; divkaio kai; politikh; sto; u{steroBuzavntio. ÔH politikh; qewriva tou' Dhmhtrivou Cwmathnou'. Sumbolh;sth;n ÔEllhnikh; politikh; kai; ejkklhsiastikh; skevyh (Nomokanonikh;Biblioqhvkh 18). – Ekdovsei" Epevktash, Katérini 2006. 21 × 15,5 ;relié. 422 p.La parution de cette étude, présentée comme thèse de doctorat en 1995, est restée en

attente jusqu’à la publication de la nouvelle édition critique de l’œuvre de dèmètrioschômatènos par Günter Prinzing (2002). Il s’agit d’une lecture des écrits, abondants etriches de sens, de l’archevêque d’ochrid, devenu par l’effet de l’histoire le chef ecclé-siastique d’une province byzantine détachée de la mère patrie après la prise deconstantinople par les Latins en 1204. tant que constantinople n’était pas reprise,nicée ne pouvait faire valoir des droits incontestés ni à la succession impériale ni à lasuccession patriarcale. c’est dans ces circonstances que le despote d’Épire théodoreangélos se fit proclamer empereur à thessalonique en 1224 et que l’archevêqued’ochrid procéda à son sacre. de là l’intérêt politique et constitutionnel de la correspon-

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dance de l’archevêque, devenu chef d’une Église autocéphale, avec le patriarche quirésidait à nicée en conservant le titre de patriarche et archevêque de constantinople.

dans l’introduction, l’auteur retrace la situation politique et ecclésiastique quecréa dans les territoires occidentaux de l’empire la fuite de la cour impériale et dupatriarche à nicée. Il réunit ensuite les informations qui nous sont accessibles sur lavie de dèmètrios chômatènos, qui, né peu après 1150, devint archevêque d’ochrid en1216 ou 1217 et resta à ce poste pendant une vingtaine d’années. Ses lettres, actes etécrits divers datent de cette période et traitent de tous les problèmes politiques et juri-diques que son activité pastorale l’amena à régler. en relisant cette œuvre, l’auteur yapplique une grille rigoureuse, en relevant par thème tous les passages susceptibles dedonner une image de la pensée de l’archevêque. dans ses relations avec le pouvoir,dèmètrios chômatènos est amené à donner son propre miroir du prince dans la fidé-lité à la tradition byzantine. L’auteur relève avec soin tous les passages significatifs,en les classant selon quatre grands thèmes : de la dignité impériale (le sens du terme,la mission attachée à la fonction, la nécessité et l’unité du pouvoir, son origine et satransmission), de l’empereur (le sens du mot, les vertus du titulaire, son élection et saproclamation, son couronnement et son sacre, les limites du pouvoir et la cour), dupouvoir et de la vie publique (la terminologie, le commandement et ses organes), de lajustice et de son application (le concept et l’exercice de la justice, les tribunaux et lesjuges, les lois et les canons).

Gianfranco fIaccadorI (éd.), «in partibus Clius». Scritti in onore diGiovanni pugliese Carratelli. a cura di Gianfranco fIaccadorI, con lacollaborazione di andrea GattI e Sergio marotta (Istituto italiano pergli studi filosofici. Biblioteca europea 36). – vivarium, naples 2006.21,5 × 15,5. x-701 p. Prix : 43 €.Le volume d’hommage contient les contributions suivantes.

1. – arnaldo marcone, La democrazia in roma antica: limiti e significato di un idealepolitico.

2. – Ludovico rebaudo, melpomene e numa. vicende antiche e moderne di due sta-tue romane.

3. – Gianfranco fiaccadori, māsidis (Giovanni di nikiou, Chron. xc 54-60).4. – delio vania Proverbio, echi della guerra arabo-bizantina della fine del Ix secolo

in un’epigrafe siriaca da qaraqôš.5. – antonio rigo, niceta Byzantios, la sua opera e il monaco evodio.6. – Stefania fortuna, Sui manoscritti greci di Galeno appartenuti a nicolò Leoniceno

e al cardinale Bessarione.7. – andrea cuna, minima de re typographica Graeca.8. – franco Bacchelli, L’esecrazione dell’arma da fuoco nell’orlando Furioso (Ix 28-

94 e xI 21-28).9. – marco di Branco, nerone e le metamorfosi del tiranno. Sul neronis encomium di

Gerolamo cardano.10. – niccolò zorzi, Il grecista chirico Strozzi (1504-65): notizie sulla biografia, le

lettere, gli scritti.11. – Brunello Lotti, Il mondo animato. Le fonti plotiniane del concetto di natura plas-

tica in ralph cudworth.12. – renato Bruschi, dall’illuminismo al liberalismo. Sul pensiero politico di

Gaetano filangieri.

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13. – Sergio marotta, Stato e costituzione nel pensiero di Silvio Spaventa.14. – riccardo contini, In margine alla corrispondenza di franz cumont.15. – Silvia ronchey, «on a Golden Bough». Bisanzio in due poemi di william

Butler yeats.16. – andrea Gatti, Piacere estetico e metodo critico. Bernard Berenson fra russell,

James, Bergson e croce.

Sabine fourrIer et Gilles GrIvaud (éd.), identités croisées en un milieuméditerranéen : le cas de Chypre (Antiquité - moyen Âge). textes réunispar Sabine fourrIer et Gilles GrIvaud (Publications des universités derouen et du havre [rue Lavoisier, 76821 mont-Saint-aignan cedex] no

391). – mont-Saint-aignan 2006. 24 × 16. 436 p. Prix : 20 €.Le volume contient les communications faites à un colloque tenu à l’université

de rouen les 11-13 mars 2004. on négligera les neuf premières contributions (p. 1-205), qui concernent le monde antique, et on relèvera seulement les dix titres qui inté-ressent les périodes moyenâgeuse et moderne.1. – Phryni hadjichristophi, Identités païennes et chrétiennes dans l’art paléochrétien

de chypre.2. – tassos Papacostas, architecture et communautés étrangères à chypre aux xIe et

xIIe siècles.3. – nolwenn Lécuyer, marqueurs identitaires médiévaux et modernes sur le territoire

de Potamia-agios Sozomenos.4. – chris Schabel, the myth of queen alice and the Subjugation of the Greek

clergy on cyprus.5. – catherine otten-froux, Les « Italiens » à chypre (fin xIIe-fin xve siècles).6. – alexander Beihammer, Byzantine chancery traditions in frankish cyprus: the

case of the vatican mS palatinus Graecus 367.7. – daniele Baglioni, « … kai; gravfomen fravgkika kai; rwmai'ka » : plurilinguisme

et interférence dans les documents chypriotes du xve siècle.8. – angèle nicolaou-Konnari, L’identité en diaspora : vies et œuvres de Pierre de

nores (avant 1570 ?-après 1646) et Georges de nores (1619-1638).9. – thierry Soulard, L’architecture gothique grecque du royaume des Lusignan : les

cathédrales de famagouste et nicosie.10. – James G. Schryver, monuments of Identity: Latin, Greek, frank and cypriot?

en guise de conclusion (p. 407-416), les deux éditeurs rassemblent le contenu desdix-neuf communications du colloque et soulignent les interactions culturelles qui ontmarqué cette île de la méditerranée orientale. À cette conclusion est donné un titretout à fait adéquat : « L’écheveau ».

andré JacoB et aLII (éd.), histoire et culture dans l’italie byzantine. Acquiset nouvelles recherches. Sous la direction de andré JacoB, Jean-mariemartIn et Ghislaine noyÉ (collection de l’École française de rome363). – École française de rome, rome 2006. 24 × 17. 672 p.Le volume rassemble les communications présentées à la table ronde sur l’Italie

byzantine qui fut organisée le 22 août 2001 dans le cadre du xxe congrès internatio-nal des études byzantines. voici la liste des titres.

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i. philologie, codicologie, épigraphie1. – Jean Irigoin (†), L’apport de l’Italie méridionale à la transmission des textes clas-

siques.2. – andré Jacob, La réception de la littérature byzantine dans l’Italie méridionale

après la conquête normande : les exemples de théophylacte de Bulgarie et demichel Psellos.

3. – Irmgard hutter, La décoration et la mise en page des manuscrits grecs de l’Italieméridionale. quelques observations.

4. – enrica follieri (†), I santi dell’Italia greca.5. – augusta acconcia Longo, I vescovi nell’agiografia italogreca: il contributo

dell’agiografia alla storia delle diocesi italogreche.6. – andrea Luzzi, Status quaestionis sui sinassari italogreci.ii. histoire de l’art7. – michel Berger, La représentation byzantine de la « vision de dieu » dans

quelques églises du Salento médiéval.8. – marina falla castelfranchi, La pittura bizantina in Italia meridionale e in Sicilia

(secoli Ix-xI).iii. histoire et archéologie. l’exarchat et la Sicile9. – Jean-marie martin, Grégoire le Grand et l’Italie.10. – vivien Prigent, La carrière du tourmarque euphèmios, basileus des romains.11. – Giovanni uggeri, I castra bizantini in Sicilia.12. – Stella Patitucci uggeri, Castra bizantini nel delta padano.13. – ermanno a. arslan, La circolazione monetaria in Italia (secoli vI-vIII): città e

campagna.iV. histoire et archéologie. Archéologie et culture matérielle (Ve-Xiie siècle)14. – Paul arthur, economic expansion in Byzantine apulia.15. – chiara raimondo, aspetti di economia e società nella calabria bizantina: le pro-

duzioni ceramiche del medio Ionio calabrese.16. – Ghislaine noyé, Les premiers siècles de la domination byzantine en calabre.17. – Giorgio di Gangi e chiara maria Lebole, La calabria bizantina (vI-xIv secolo):

un evento di lunga durata.18. – adele coscarella, Strutture rupestri in calabria.19. – Giuseppe roma, monasteri bizantini fortificati sul territorio della calabria set-

tentrionale: problemi archeologici e lettura.V. histoire et archéologie. l’italie méridionale aux iXe-Xie siècles20. – Jean-marie martin, Les thèmes italiens : territoire, administration, population.21. – annick Peters-custot, Les communautés grecques de Basilicate à l’époque

byzantine.22. – Stéphanos efthymiadis, chrétiens et Sarrasins en Italie méridionale et en asie

mineure (Ixe-xIe siècle) : essai d’étude comparée.

michel KaPLan, Byzance. Villes et campagnes (Les médiévistes français 7).– Éditions a. et J. Picard, Paris 2006. 24 × 16. 324 p. Prix : 36 €.Le recueil contient la réimpression de vingt articles publiés entre 1981 et 2005 et

consacrés à divers aspects de l’histoire économique et sociale de l’empire byzantin :la propriété et l’administration des terres, le village comme unité économique et fis-cale, le rôle économique et l’administration des monastères et de leurs biens. La qua-trième et dernière section concerne la seule capitale, constantinople (ravitaillement,

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commerce, artisanat, population). Les études portent sur une large période de septsiècles (5e-11e s.). voici les titres de ces études.i. Villages et villageois1. – Les villageois aux premiers siècles byzantins (vIe-xe siècles). une société homo-

gène ?2. – L’économie paysanne dans l’empire byzantin du ve au xe siècle.3. – Pour un modèle économique de l’exploitation agricole byzantine. Problèmes de

méthode et premiers résultats.4. – Le village byzantin : naissance d’une communauté chrétienne.5. – quelques remarques sur les contrats de bail pour les vignes du monastère de

vatopédi.ii. les puissants dans les campagnes6. – Les grands propriétaires de cappadoce (vIe-xIe siècles).7. – Les monastères et le siècle à Byzance. Les investissements des laïcs au xIe siècle.8. – quelques aspects des maisons divines du vIe au Ixe siècle.9. – L’Église byzantine des vIe-xIe siècles : terres et paysans.10. – maisons impériales et fondations pieuses : réorganisation de la fortune impériale

et assistance publique de la fin du vIIIe siècle à la fin du xe siècle.11. – L’aristocrate byzantine et sa fortune.12. – quelques remarques sur la vie rurale à Byzance au Ixe siècle d’après la corres-

pondance d’Ignace le diacre.iii. les monastères et l’économie rurale13. – Les moines et leurs biens fonciers à Byzance du vIIIe au xe siècle : acquisition,

conservation et mise en valeur.14. – Le typikon de l’Évergétis et la gestion des biens monastiques au xIe siècle.15. – Les moines et le clergé séculier à Byzance (ve-xIIe siècles).16. – hagiographie et histoire de la société.iV. Économie et société urbaines17. – Le ravitaillement de constantinople au xIIe siècle.18. – du cocon au vêtement de soie : concurrence et concentration dans l’artisanat de

la soie à constantinople aux xe-xIe siècles.19. – Les artisans dans la société de constantinople aux vIIe-xIe siècles.20. – La population de constantinople du vIe siècle à l’époque des Paléologues.

hubert KaufhoLd, Kleines lexikon des Christlichen orients. 2. auflagedes Kleinen wörterbuches des christlichen orients. herausgegeben vonhubert KaufhoLd. – harrassowitz verlag, wiesbaden 2007. 18 × 11 ;relié. xLv-655 p.Il s’agit d’une nouvelle mouture du Kleines Wörterbuch des Christlichen orients,

qui fut publié en 1975 sous la direction de Julius aßfalg et traduit en français sous letitre petit dictionnaire de l’orient chrétien (turnhout 1991). Pour traiter une matièreaussi diversifiée, l’éditeur du volume s’est acquis la collaboration d’une trentaine desavants, allemands et autrichiens.

Sont évidemment recensés les grandes métropoles, les évêques et théologiens lesplus éminents, les savants les plus marquants dans les disciplines orientales. mais lesplus longues notices sont consacrées en premier lieu aux pays qui abritent les commu-nautés chrétiennes : Ägypten, armenien, Äthiopien, Georgien, nubien, Syrien. dans

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chaque cas, la notice présente un bref historique et la situation présente. Suit, pourchacun de ces pays, l’énumération des divers secteurs et domaines de l’institution ecclé-siastique. ainsi la notice armenien est suivie des rubriques suivantes :armenisch-apostolische Kirche, armenische Brüder, armenische handschriften, arme-nische Inschriften, armenische Klöster, armenische Kunst, armenische Literatur,armenische Schrift, armenische Sprache, armenisch-katholische Kirche, armenisch-katholisches mönchtum. en somme, c’est une histoire globale de l’Église arméniennequi est ainsi fournie (p. 37-63). Il en va de même pour l’Éthiopie (p. 69-92), la Géorgie(p. 164-189), l’Égypte [avec, pour cette dernière, le report des diverses rubriques à Kop-tische] (p. 4-6 et 258-289). Pour d’autres matières, l’exposé concernant les diversesÉglises est regroupé, comme sous les entrées suivantes : Kirchenmusik, Kirchenrecht,Liturgische Bücher/Geräte/Gewänder, rechtsbücher, riten. Le Lexikon renseigne éga-lement sur les grandes étapes de l’historiographie et de la publication des sources. Sontainsi signalées les grandes collections de textes (CSCo, po), les études et leur évolutionpluriséculaire (Geschichtsschreibung, wissenschaft vom christlichen orient), les revuesspécialisées (zeitschriften).

ajoutons que chaque notice est accompagnée d’une précieuse bibliographie et quele lexique lui-même est suivi de trois compléments : une chronologie sommaire pourchacune des Églises chrétiennes d’orient (p. 541-558), un index développé où sontrassemblés aussi bien les noms de personnes et de lieux que les termes techniques duculte ou de la théologie (p. 559-635), un ensemble de dix cartes sur lesquelles figurentles sièges épiscopaux de chaque région (p. 637-655).

Kôstas LaPPaS et aLII (éd.), Mnhvmh Manouvsou ∆I. Manouvsaka. Praktika;ÔHmerivda". ∆Aqhvna, 15 ∆Ianouarivou 2005. ∆Organwtikh; ∆Epitrophv:Kwvsta" Lavppa", Cruvsa Maltevzou, Phnelovph Stavqh. – ∆Akadhmiva∆Aqhnw'n. Kevntron ∆Ereuvnh" tou' Mesaiwnikou' kai; Nevou ÔEllhnismou'- ÔEllhniko; ∆Institou'to Buzantinw'n kai; Metabuzantinw'n Spoudw'nBenetiva", athènes 2007. 24 × 17. 95 p.Sous le double patronage de l’académie d’athènes et de l’Institut hellénique de

venise, une journée d’études a été organisée à la Bibliothèque Gennadeios d’athènesà la mémoire de manousos manousakas le 15 janvier 2005. La plaquette d’hommagequi contient les communications présentées à cette occasion donne une image fidèlede l’activité scientifique multiforme exercée par le défunt ainsi que de son rôle pri-mordial dans les institutions scientifiques de son pays (Institut hellénique de venise,centre de recherche de l’académie d’athènes, université de crète).

La première série d’exposés est consacrée à la personnalité et à l’activité demanousos manousakas dans les divers postes qui lui furent confiés ; ce sont sescollaborateurs et ses successeurs qui lui rendent hommage : maria Géorgopoulou,angéliki Laiou, Kostas Lappas, Ioannis chasiotis, chrysa maltézou et vasilisSphyroéras. La seconde série d’exposés énumère les divers domaines de recherchedu savant et décrit ses apports en chacun de ces secteurs : histoire et philologie(arnold van Gemert), paléographie et archivistique (dimitrios Sophianos), lettrésgrecs et culture du 14e au 17e siècle (michalis Lasithiotakis), histoire de la commu-nauté grecque de venise (eutychia Liata), histoire de la crète sous domination véni-tienne (Kostas Lamprinos).

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Julien Leroy, Études sur le monachisme byzantin. textes rassemblés etprésentés par olivier deLouIS (Spiritualité orientale 85). – abbaye deBellefontaine, Bégrolles en mauges 2007. 21 × 15. 475 p.Julien Leroy (1916-1987) a consacré la plus grande part de sa recherche intellec-

tuelle à théodore Studite, chez qui le moine bénédictin a retrouvé un frère de vie et decœur. en attendant l’édition des Grandes Catéchèses annoncée dans la collection desSources chrétiennes, la réimpression de ces études préparatoires constitue une bonneintroduction au texte et à la pensée de théodore, à côté de sa riche correspondance,qu’une récente édition a bien mise en valeur. La réimpression des articles, qui ont étésaisis à nouveaux frais, permet de les lire dans une typographie uniforme. dans l’in-troduction, olivier delouis, qui a rassemblé les textes, retrace le portrait de l’hommeet du savant, avant d’établir sa bibliographie, qui comprend soixante-neuf titres. Levolume est clos par un double index (manuscrits cités et noms propres).

voici les titres des articles qui sont réédités dans le volume et qui sont classésdans l’ordre chronologique de leur parution, qui s’étend de 1951 à 1981.1. – Les Capitula ascetica de S. thédore Studite.2. – S. athanase l’athonite et la règle de S. Benoît.3. – La vie quotidienne du moine studite.4. – Le cursus canonique chez saint théodore Studite.5. – un nouveau témoin de la Grande Catéchèse de saint théodore Studite.6. – Les petites Catéchèses de s. théodore Studite.7. – La réforme studite.8. – Saint théodore Studite (759-826).9. – un témoin ancien des petites Catéchèses de théodore Studite.10. – La conversion de saint athanase l’athonite à l’idéal cénobitique et l’influence

studite.11. – Les deux vies de saint athanase l’athonite.12. – Les préfaces des écrits monastiques de Jean cassien.13. – Le cénobitisme chez cassien.14. – expérience de dieu et cénobitisme primitif.15. – L’influence de saint Basile sur la réforme studite d’après les Catéchèses.16. – regards critiques sur un manuscrit des petites Catéchèses de théodore Studite

(ex-Kosinitza 27).17. – Saint Benoît dans le monde byzantin.

andrew Louth and augustine caSIday (éd.), Byzantine orthodoxies.Papers from the thirty-sixth Spring Symposium of Byzantine Studies,university of durham, 23-25 march 2002. edited by andrew Louthand augustine caSIday (Society for the Promotion of Byzantine Studies.Publications 12). – ashgate variorum, aldershot 2006. 23 × 16 ; relié.xIII-236 p.dédié à l’académicien russe Sergei averintsev (1937-2004), le volume contient

les communications du Symposium d’études byzantines tenu à durham en 2002 surl’idée d’orthodoxie. dans la préface et l’introduction du volume, a. Louth présente lethème du Symposium (‘was Byzantium orthodox?’) et donne le contenu général descommunications, qui sont partagées en trois sections et dont voici les titres.1. – andrew Louth, Introduction.

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Section i. defining orthodoxy2. – John Behr, the question of nicene orthodoxy.3. – caroline macé, Gregory of nazianzus as the authoritative voice of orthodoxy in

the sixth century.4. – dirk Krausmüller, Theotokos-diadochos.5. – Patricia Karlin-hayter, methodios and his synod.6. – norman russell, Prochoros cydones and the fourteenth-century understanding of

orthodoxy.Section ii. orthodoxy in art and liturgy7. – Leslie Brubaker, in the beginning was the Word: art and orthodoxy at the

councils of trullo (692) and nicaea II (787).8. – Liz James, ... and the Word was with God... what makes art orthodox?9. – robin cormack, ... and the Word was God: art and orthodoxy in Late

Byzantium.10. – dimitra Kotoula, the British museum triumph of orthodoxy icon.11. – alexander Lingas, medieval Byzantine chant and the sound of orthodoxy.12. – archimandrite ephrem (Lash), Byzantine hymns of hate.Section iii. orthodoxy and the other13. – nicholas de Lange, can we speak of Jewish orthodoxy in Byzantium?14. – Igor dorfmann-Lazarev, the apostolic foundation Stone: the conception of

orthodoxy in the controversy between Photius of constantinople and IsaacSurnamed mŕut.

15. – tia m. Kolbaba, the orthodoxy of the Latins in the twelfth century.epilogue16. – Sergei averintsev, Some constant characteristics of Byzantine orthodoxy.

Paul maGdaLIno, l’orthodoxie des astrologues. la science entre le dogmeet la divination à Byzance (Viie-XiVe siècle) (réalités byzantines 12). –Lethielleux, Paris 2006. 25 × 17,5. 195 p. Prix : 27 €.reprenant une série de conférences données en 1997 à Paris, à l’École pratique des

hautes Études, sur l’invitation de J. Lefort, cet ouvrage est le résultat d’une rechercheoriginale sur l’astrologie byzantine. P. magdalino part du constat selon lequel les textesastrologiques byzantins, bien que répertoriés dans le Catalogus Codicum AstrologorumGraecorum (Bruxelles 1898-1953), ont été laissés de côté, voire méprisés par larecherche contemporaine, à quelques rares exceptions près. or, même si les inéditsrestent nombreux, il n’en est pas moins nécessaire de considérer, dès à présent, la ques-tion de la place de ce corpus dans l’ensemble plus vaste de la pensée byzantine.

La réalité de l’astrologie à Byzance est avant tout celle d’une pratique. La sciencedes astres se distingue ainsi par les services qu’elle offre, non par la doctrine qu’elleenseigne. L’auteur remarque néanmoins deux moments où les adeptes de l’astrologieeurent la témérité de chercher à la justifier, au 8e siècle, puis au 12e siècle. Les auteursconsidérés dans ces deux cas – Stéphane d’alexandrie, un pseudo-maxime leconfesseur, l’empereur manuel Ier comnène – tentent plus particulièrement d’assainirl’astrologie, de la présenter comme légitime et conforme à la foi chrétienne. Pour eux,cette science ne serait ainsi qu’une œuvre de piété un peu différente des autres, per-mettant de glorifier le créateur à partir de sa création.

L’étude de ces auteurs donne à P. magdalino l’occasion de présenter en un pano-rama plus large l’histoire de l’astrologie byzantine du 8e au 14e siècle, en mettant l’ac-

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cent sur trois thèmes principaux : le premier humanisme byzantin ; le saint, le savant,l’astrologue ; la religion des philosophes. L’ouvrage comporte une bibliographieabondante – très utile, notamment pour ce qui est de la liste des sources éditées – etun index des noms propres.

Paul maGdaLIno, Studies on the history and Topography of ByzantineConstantinople (variorum collected Studies Series cS 855). – ashgatevariorum, aldershot 2007. 23 × 15 ; relié. xvI-314 p. Prix : 65 £.Les douze études rassemblées dans ce volume concernent la ville de

constantinople, le développement urbain et les quartiers. voici la table des matièresdu volume.1. – medieval constantinople.2. – aristocratic oikoi in the tenth and eleventh regions of constantinople.3. – the maritime neighborhoods of constantinople: commercial and residential func-

tions, sixth to twelfth centuries.4. – constantine v and the middle age of constantinople.5. – observations on the nea ekklesia of Basil I.6. – Basil I, Leo vI, and the feast of the Prophet elijah.7. – the evergetis fountain in the early thirteenth century: an ekphrasis of the pain-

tings in the cupola (with Lyn rodley).8. – constantinopolitana.9. – the grain supply of constantinople, ninth-twelfth centuries.10. – constantinople and the “exo chorai” in the time of Balsamon.11. – constantinople and the outside world.12. – Pseudo-Kodinos’ constantinople.

La première étude, qui occupe le tiers de l’ouvrage (p. 1-111), est la versionanglaise de la brochure parue en français sous le titre suivant : Constantinople médié-vale. Études sur l’évolution des structures urbaines (Paris 1996). deux études sontdes premières publications. L’une (no 4) porte sur le développement deconstantinople sous le règne de constantin v (741-775), qui s’inspire de constantinle Grand dans la refondation de la ville (réfection de l’aqueduc, nouvelle gestion desbâtiments ecclésiastiques, réformes militaires et fiscales, revitalisation de l’idéologieimpériale et du cérémonial officiel). dans la seconde étude (no 12), l’auteur comparesur quelques points précis les deux textes majeurs qui décrivent le cérémonial impé-rial (Livre des cérémonies du 10e siècle, traité du Pseudo-Kôdinos du 14e siècle) :transfert de la résidence impériale du Grand Palais au palais des Blachernes, impor-tance grandissante des monastères dans le culte liturgique et le cérémonial impérial,changement des itinéraires officiels dans la ville.

henry maGuIre, image and imagination in Byzantine Art (variorumcollected Studies Series cS 866). – ashgate variorum, aldershot 2007.23 × 15 ; relié. xIv-352 p. Prix : 77.50 £.Les douze études réunies dans ce volume et publiées au cours des deux dernières

décennies – sauf l’une d’entre elles, le no 6, qui date de 1977 – paraissent sans lien sil’on s’en réfère à leur objet, qui va du Paradis au Grand Palais, des mosaïques auxsceaux ou aux bijoux, de la poésie au droit. mais plus profondément elles s’unifientdans un sujet commun : la relation de l’art byzantin à l’imaginaire. tel est le critère

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du choix opéré par l’auteur, comme il s’en explique dans la préface : à travers l’œuvred’art, on accède à l’invisible et au monde intérieur, on représente les événements dupassé comme on visualise le présent. voici le titre de chacune de ces études.1. – the nile and the rivers of Paradise.2. – the medieval floors of the Great Palace.3. – Paradise withdrawn.4. – epigramms, art, and the “macedonian renaissance”.5. – magic and money in the early middle ages.6. – the depiction of sorrow in middle Byzantine art.7. – Byzantine rhetoric, Latin drama and the portrayal of the new testament.8. – medieval art in southern Italy: Latin drama and the Greek literary imagination.9. – from the evil eye to the eye of justice: the saints, art, and justice in Byzantium.10. – Abaton and oikonomia: St. neophytos and the iconography of the Presentation

of the virgin.11. – the heavenly court.12. – davidic virtue: the crown of constantine monomachos and its images.

Jean-Pierre mahÉ et Boghos Levon zeKIyan (éd.), Saint Grégoire de narekthéologien et mystique. colloque international tenu à l’Institut Pontificaloriental sous le patronage de Sa Béatitude emme mar Ignace moussa idaoud, sous la présidence de Sa Béatitude nersès Bédros xIx, 20-22janvier 2005. actes publiés par Jean-Pierre mahÉ et Boghos LevonzeKIyan (orientalia christiana analecta 275). – Pontificio Istitutoorientale, rome 2006. 24 × 17. 377 p., 42 illustrations.moine du couvent de narek sur le lac de van, Grégoire de narek a laissé un riche

héritage théologique et mystique à l’Église arménienne et à la chrétienté universelle.Pour fêter le millénaire de son livre de lamentation, achevé en l’an 1002, un colloques’est réuni à rome et a donné l’occasion d’évoquer les diverses facettes de l’hommeet de l’œuvre. après les allocutions officielles, on trouvera le texte des communica-tions présentées au colloque. en voici les titres.i. Vie et rayonnement de saint Grégoire de narek1. – Gérard dédéyan, La vie politique et religieuse en arménie de la fin du Ixe siècle

au milieu du xIe siècle.2. – hratchia tamrazyan, La vie de saint Grégoire de narek : aperçu critique.3. – Lilith zakaryan, Le narek enluminé de saint nersès de Lambron.4. – armenuhi drost-abgarjan, veneration and reception of Surb Grigor narekac‘i

in armenian culture and Spirituality.ii. le dieu créateur et la Rédemption5. – Sergio La Porta, a theology of mysticism: the vision of God and the trinity in

the thought of Grigor narekac‘i.6. – abraham terian, Saint Gregory of narek on the human nature.7. – Igor dorfmann-Lazarev, ‘manto terrestre dell’immagine solare’: note sul lin-

guaggio cristologico di Gregorio di narek.8. – emmanuel Lanne, marie immaculée et glorifiée dans le mystère du salut chez

saint Grégoire de narek.iii. l’Église et les sacrements9. – mesrob K. Krikorian, the Letter of St. Gregory of narek addressed to

thondrakian heretics: theological and Sacramental aspects.

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10. – hans-Jürgen feulner, the Prayers of St. Gregory of narek in the divine Liturgy(Surb patarag).

11. – Jean-Pierre mahé, L’ecclésiologie de saint Grégoire de narek.12. – Peter S. cowe, the Interpenetration of the divine and human Spheres in

narekac‘i’s theology of culture.iV. l’art de parler à dieu13. – chahan Sarkissian, Signification spirituelle du commentaire de saint Grégoire

de narek sur le Cantique des cantiques.14. – claudio Gugerotti, Peccato del mondo, compunzione, redenzione.15. – Boghos Levon zekiyan, L’esperienza mistica di san Gregorio di narek e il pro-

blema del linguaggio teologico.V. Saint Grégoire de narek : un docteur pour tous les temps16. – dominique urvoy, Grégoire de narek et le monde arabo-islamique.17. – antranik Granian, La pertinence actuelle de narek.18. – hermann Goltz, narek and the occident: anxiety of the classic ages and

contemporary materialism: an Imaginary dialogue.La dernière partie de l’ouvrage est composée d’une conclusion prononcée par

Peter-hans Kolvenbach, de la reproduction du texte de la célébration liturgique tenueau russicum pour clore le colloque, enfin d’une abondante illustration concernant tantles enluminures arméniennes anciennes que l’actualité du colloque.

Élisabeth maLamut, Alexis ier Comnène. – ellipses, Paris 2007. 24 × 16.526 p. Prix : 28 €.L’auteur propose au lecteur francophone la biographie de l’un des plus importants

empereurs de la période mésobyzantine, alexis Ier comnène (1081-1118). L’ouvrage,bien documenté, ne vise pas à l’érudition, comme l’indique le parti pris éditorialconsistant à abandonner l’appareil d’annotation. Le livre est donc destiné à un largepublic, en particulier aux étudiants, qui y trouveront un exposé vivant et clair de l’ac-tion politique d’alexis. Les nombreuses citations de sources, bien mises en valeurtypographiquement, permettent de rapprocher et de confronter les jugements descontemporains sur la figure controversée de l’empereur. cet ouvrage offre donc unebonne introduction au règne d’alexis Ier, et plus généralement à cette période char-nière de la fin du 11e et du début du 12e siècle qui est marquée en orient par le débutdes croisades. d’une lecture facile, il fournit toute l’information nécessaire et il est enoutre muni d’orientations bibliographiques, d’un glossaire et d’un index qui en ren-dent la consultation encore plus aisée.

eric mcGeer et aLII (éd.), Catalogue of Byzantine Seals at dumbartonoaks and in the Fogg museum of Art. volume 5, The east (continued),Constantinople and environs, unknown locations, Addenda, uncertainReadings. edited by eric mcGeer, John neSBItt, and nicolasoIKonomIdeS † (dumbarton oaks catalogues). – dumbarton oaksresearch Library and collection, washington d.c. 2005. 28 × 21,5 ;relié. xIv-198 p., 2 cartes.Le volume 5 clôt le catalogue des sceaux byzantins des collections de dumbarton

oaks et du fogg art museum, qui a été établi d’après le critère géographique. comme

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l’indique le titre, ce volume présente d’abord, en continuation du volume 4, les sceauxconcernant les territoires orientaux et les frontières orientales de l’empire : I. cilicie(anabarza, Germanikeia, mamistra, Pompeioupolis, tarsos), II. La frontière syrienne(Séleukeia, dékapolis, Korykos, antioche, monastère de Saint-Syméon prèsd’antioche, artach), III. La côte syrienne et libanaise (Laodikeia, Gabala, Paltos,Balaneos, tyr), Iv. Palestine et Sinaï (tibérias, mont thabor, Jérusalem et environs,Gaza, Sainte-catherine du Sinaï). mais le répertoire contient essentiellement lespièces qui intéressent la capitale et dont la description constitue le chapitre v :constantinople et les environs (p. 45-120). S’ajoutent trois chapitres mineurs :vI. Localisation inconnue, vII. addenda, vIII. quelques lectures incertaines. Levolume est enfin muni d’index très complets (p. 161-198), dans lesquels figurentavant tout les noms propres de personnes et de lieux, ainsi que les noms de fonctionset dignités, de même que les motifs iconographiques et le vocabulaire des légendes.

dans le chapitre central concernant constantinople, les auteurs ont rassemblé lessceaux des deux fonds dont la légende mentionne spécifiquement constantinople et laville ou des lieux-dits et des institutions connus pour s’y trouver. Sont ainsi mention-nés divers dignitaires de la ville (no 22-28) : éparque, kommerkiarios, kourator d’ins-titutions prestigieuses (ta Éleuthériou, manganes, Pétrion, Phylax), préteur ; suiventles sceaux de plusieurs diaconies et institutions charitables (no 29-37) ; mais le lot leplus important se rapporte aux églises et aux monastères de constantinople (no 38-87),la palme revenant naturellement à Sainte-Sophie (45 exemplaires).

Paulos menevISoGLou, Duvo poluvtima ceirovgrafa iJerw'n kanovnwn(Pavtmou 172 - ∆Aqhnw'n 1372). Pauvlou Menebivsoglou, mhtropolivtouSouhdiva" kai; pavsh" Skandinabiva" (Nomokanonikh; Biblioqhvkh 20).– Ekdovsei" Epevktash, Katérini 2006. 21 × 15,5 ; relié. 158 p.Le titre indique clairement l’objet du livre : l’étude de deux manuscrits grecs par-

ticulièrement importants pour les canonistes. Le patmiacus 172 est un recueil ancien,peut-être le plus ancien (écrit vers l’an 800), du Syntagma des XiV titres, qui contientles canons apostoliques, les canons conciliaires (jusqu’au quinisexte de 691 inclusi-vement), les canons des Pères et quelques autres textes historiques et canoniques. Lesecond manuscrit est l’Atheniensis 1372, qui, bien que tardif, puisqu’il fut copié àtrébizonde en 1779, a l’avantage d’être une copie fidèle du fameux manuscrit de1311, qui appartenait à la métropole de trébizonde et qui est conservé aujourd’hui àla Bibliothèque de topkapi à constantinople. Il contient la partie systématique dunomocanon des XiV titres (avec le commentaire de théodore Balsamon), les canonsconciliaires, les réponses de nicolas Grammatikos et quelques autres textes cano-niques et historiques.

d. m. metcaLf, Byzantine lead Seals from Cyprus. editorial Panel:J.-c. cheynet, d. m. metcaLf, and a. G. PItSILLIdeS (texts and Studiesof the history of cyprus 47). – cyprus research centre, nicosie 2004.28 × 19 ; relié. xxIv-598 p.Le but du catalogue est de rassembler tous les sceaux byzantins qui ont une relation

avec l’histoire de chypre, soit qu’ils y aient été trouvés – et il reste alors à établir leurrapport avec chypre –, soit qu’ils aient été trouvés ailleurs, mais ont un rapport évident

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avec chypre. L’essentiel du fonds sigillographique en question est rassemblé dans lemusée de chypre. dans la préface (p. vII-xIx) et la longue introduction qui la suit (p. 1-143), l’auteur décrit la formation de la collection sigillographique du musée de chypre.en dehors de ce fonds, l’auteur signale l’existence d’une vingtaine de collections privéesà chypre. complètent le lot d’autres villes, qui abritent des collections plus ou moinsimportantes : athènes, Bucarest, dumbarton oaks, Londres, new york, Paris.

ce matériel fournit de précieux renseignements sur l’histoire et l’administrationcomme sur la société de chypre. Les sceaux couvrent la période de la souverainetébyzantine, soit du 6e siècle à la conquête de l’île par les Lusignans à la fin du 12e

siècle, mais la plus grande partie d’entre eux datent des 6e-7e siècles et sont antérieursaux raids et aux invasions arabes. un total de 806 sceaux est répertorié, auquel il fautajouter des trouvailles plus récentes, qui sont recensées à la fin du volume (no 807-884). chaque pièce est accompagnée de la photographie et de la transcription corres-pondantes. La séquence la plus notable est celle des fonctionnaires de l’État (no 106-306), qui est présentée dans l’ordre alphabétique des offices et des dignités. Lessceaux ecclésiastiques appartenant à des archevêques et évêques de chypre représen-tent un autre ensemble conséquent (no 413-479). quant aux sceaux arabes, ils sontpresque inexistants et se limitent à quatre unités (p. 500-504) ; leur rareté tend à mon-trer que la société est restée byzantine malgré les assauts de l’ennemi. on a rassembléégalement une certaine quantité de faux : 39 pièces sont décrites (p. 505-528).

Sophie mÉtIvIer (éd.), Économie et société à Byzance (Viiie-Xiie siècle).Textes et documents. Sous la direction de Sophie mÉtIvIer. textes éditésavec la collaboration de Paule PaGèS (Byzantina Sorbonensia 24). –Publications de la Sorbonne, Paris 2007. 24 × 16. 304 p. Prix : 25 €.dans l’avant-propos, l’éditrice indique, de manière claire et concise, l’occasion et

le but de cet ouvrage : « autour de la question d’histoire médiévale proposée en 2007-2008 aux concours de recrutement des professeurs d’histoire et de géographie de l’en-seignement secondaire, “Le monde byzantin : économie et société (milieu vIIIe siècle-1204)”, le présent livre propose textes et documents susceptibles d’éclairer lefonctionnement et les enjeux, économiques et sociaux, de l’empire byzantin. Lamajeure partie d’entre eux sont pour la première fois traduits en français. alors queles études byzantines disposent aujourd’hui, en cette langue, de plusieurs histoires oumanuels, les textes byzantins sont encore très largement ignorés, faute, pour beau-coup, d’avoir été traduits. Il n’existe actuellement qu’un seul recueil en français dedocuments byzantins, celui de marie-france auzépy, michel Kaplan et Bernadettemartin-hisard, la chrétienté orientale du début du Viie au milieu du Xie siècle, publié àParis en 1996 (SedeS) ».

La meilleure introduction à l’histoire politique, économique et sociale est en effetla lecture des textes significatifs de l’époque. Soucieuse avant tout de pédagogie, laprésente anthologie contient, en traduction française, un ensemble de documentsreprésentatifs des divers aspects de l’histoire et de la société byzantines. vingt-sixchercheurs ont apporté leur collaboration, analysant la civilisation byzantine à traversles textes de l’époque et selon les divers thèmes : les personnes (l’empereur, leseunuques, l’aristocratie, l’entourage de l’empereur), les manifestations publiques(l’idéologie impériale, le cérémonial byzantin), l’économie et les professions (les for-tunes, les armées, le village communal, la terre et la fiscalité, l’oppression et lesexemptions fiscales, les terres du fisc, les privilèges des monastères, les foires et mar-

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chés et l’approvisionnement de la capitale, les métiers vus à travers le livre del’éparque, la monnaie), les institutions et les relations sociales (les associations chari-tables, les maladies, les inhumations, le mariage et le divorce, l’éducation des filles etl’image de la femme, l’enfance, l’école et les maîtres, la culture), le religieux (le sur-naturel, l’Église et les institutions ecclésiastiques, la christianisation des Slaves, lesminorités et les dissidences religieuses) et enfin les relations, en premier lieu commer-ciales, avec les voisins de venise et d’Italie du Sud.

Karin metzLer (éd.), eustathii Thessalonicensis de emendanda vita mona-chica. recensuit, germanice vertit indicibusque instruxit Karin metzLer(corpus fontium historiae Byzantinae. Series Berolinensis 45). –walter de Gruyter, Berlin-new york 2006. 23 × 16 ; relié. vIII-56*-270 p. Prix : 98 €.né à constantinople vers 1115, eustathe y passa la majeure partie de sa vie.

Brillant lettré et professeur influent, il est l’une des figures caractéristiques du12e siècle. Il laisse de riches commentaires, qui sont le fruit de son enseignement etqui concernent les grandes œuvres classiques : commentaires sur l’iliade et l’odyssée,mais aussi sur Pindare, aristophane, denys le Périégète ou encore Jean damascène.après avoir servi dans les hautes sphères de l’administration patriarcale, il fut nommémétropolite de thessalonique vers 1177 ; il connut le siège et la prise de la ville parles normands en 1185, dont il a laissé un récit expressif, et il mourut vers 1195. decette époque tardive de sa vie date également son opuscule sur la réforme de l’étatmonastique (∆Epivskeyi" bivou monacikou' ejpi; diorqwvsei tw'n peri; aujtovn).

Le traité d’eustathe est conservé dans trois manuscrits : Basileens. a III 20 (début13e s.), Vatican. gr. 1409 (fin 13e-début 14e s.), Vindobon. theol. gr. 134 (vers 1300).La première édition, parue en 1832, est due à th. L. f. tafel, qui l’établit sur le seulmanuscrit de Bâle, tout en signalant au début de son ouvrage les variantes du manus-crit de vienne, dont il n’eut connaissance qu’après l’impression du texte grec.

dans l’introduction, l’éditrice expose brièvement la vie et l’œuvre du métropolitede thessalonique, résume en un tableau concis le contenu du traité, décrit les troiscopies, dont le stemma est ensuite dressé, et relève les témoignages du cérémonialmonastique en les confrontant aux sources liturgiques, avant de mentionner les édi-tions et traductions antérieures et de donner les caractéristiques principales de la nou-velle édition et les indications bibliographiques. quant au texte grec, il est accompa-gné d’un riche apparat des citations et d’un apparat des variantes que la qualité etl’accord des manuscrits permettent de réduire à peu. Sur la belle page figure la traduc-tion allemande correspondante. L’ouvrage est clos par les index : Index nominum pro-priorum, Index graecitatis, Index verborum memorabilium, Index locorum.

Justin moSSay (éd.), Sancti Gregorii nazianzeni opera. Versio Graeca. I,orationes X et Xii, editae a Justin moSSay, cum prooemio a BernardcouLIe (corpus christianorum. Series Graeca 64 - corpus nazianzenum22). – Brepols Publishers/university Press, turnhout/Leuven 2006.25 × 16 ; relié. cxxxIv-61 p.ce volume, qui contient une nouvelle édition des discours 10 et 12 de Gré-

goire de nazianze, se présente comme les prémices d’une « édition majeure cri-

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tique » des discours et s’inscrit dans un projet ambitieux ainsi intitulé : « editiocritica maior des œuvres de Grégoire de nazianze. texte grec et versions orien-tales », ainsi que l’indique l’éditeur dans sa préface (p. xI). on mesure l’étenduedu programme, ne serait-ce que pour réaliser l’édition des quarante-cinq discoursdu grand théologien. dans sa longue introduction (p. xvII-cxxIv), l’éditeur recenseles manuscrits qui conservent les deux discours, puis les témoins indirects (manus-crits arméniens, syriaques, géorgiens, sans compter les citations textuelles), avantd’établir, à partir de critères externes et internes d’une grande technicité, uneébauche de stemma, qui commandera ensuite l’établissement du texte. Le détourdes versions orientales peut s’avérer fructueux, quand on sait que les écrits datentdu 4e siècle et que les copies grecques les plus anciennes ne sont pas antérieuresau 9e siècle.

Suit l’édition du discours 10 (in seipsum, ad patrem et Basilium magnum, postreditum e fuga) et du discours 12 (Ad patrem, cum ei nazianzenae ecclesiae curamcommisisset). ceux-ci sont brefs et n’ont pas de contenu théologique majeur, maissimplement un « intérêt local et familial », comme l’écrit l’éditeur (p. xxxv). malgrél’ampleur de l’apparat des variantes, les deux discours occupent dans la présente édi-tion à peine quelques pages (p. 5-11 et 15-28 : 85 et 132 lignes respectivement, soitapproximativement 5 000 et 8 000 signes).

après l’édition du texte, on lira quelques « notes complémentaires » (p. 29-46),qui concernent en particulier les premières éditions des deux discours, puis une« annexe » (p. 47-59), qui traite des scolies aux deux discours de Grégoire denazianze, dont l’intérêt était déjà apparu aux premiers éditeurs. Les œuvres duthéologien constituèrent l’une des lectures préférées des Byzantins et elles furentl’objet de nombreux commentaires. À côté des commentaires connus et en partie édi-tés, il existe des scolies anonymes dispersées à travers les manuscrits. Sont ici éditéesles scolies concernant les discours 10 et 12, « plus souvent candides que savantes »,mais dont la prolifération témoigne autant de l’influence littéraire que de la maîtrisethéologique de Grégoire de nazianze.

margaret muLLett, letters, literacy and literature in Byzantium(variorum collected Studies Series cS 889). – ashgate PublishingLimited, aldershot 2007. 25 × 17 ; relié. xII-400 p. Prix : 65 £.Le volume réunit dix-sept études, qui furent composées sur une durée de vingt-

cinq années (1981-2006), la première, qui remonte à 1999, étant restée inédite. trèsopportunément, l’auteur fait suivre ses articles d’un rapport intitulé « additional notesand comments », dans lequel elle indique, pour chacun de ses exposés, quels en furentl’occasion, le contenu et le but, éventuellement quelles réactions ils suscitèrent.L’ensemble de ces études, comme l’annoncent les titres de sections, portent sur l’ana-lyse et l’interprétation des textes ou, de manière plus précise, sur l’écriture et l’écri-vain, le texte et son auteur, la lettre avec son contenu et son destinataire, l’écrivain etson protecteur, le genre littéraire et l’originalité de l’auteur, l’écrit et son lecteur.1. – twenty-five years of Byzantine letters, literacy and literature.i. letters2. – the classical tradition in the Byzantine letter.3. – the language of diplomacy.4. – originality in the Byzantine letter: the case of exile.

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5. – 1098 and all that: theophylact bishop of Semnea and the alexian reconquest ofanatolia.

ii. literacy practices6. – writing in early mediaeval Byzantium.7. – food for the spirit and a light for the road: reading the Bible in the life of Cyril

phileotes by nicholas Kataskepenos.iii. The literary process8. – aristocracy and patronage in the literary circles of comnenian constantinople.9. – the madness of genre.10. – rhetoric, theory and the imperative of performance: Byzantium and now.11. – novelisation in Byzantium: narrative after the revival of fiction.iV. literary Texts12. – alexios I Komnenos and imperial renewal.13. – the imperial vocabulary of alexios I Komnenos.14. – In peril on the sea: travel genres and the unexpected.15. – Literary biography and historical genre in the life of cyril Phileotes by nicholas

Kataskepenos.V. literature16. – dancing with deconstructionists in the gardens of the muses: new literary his-

tory vs?17. – new literary history and the history of Byzantine literature: a worthwhile endea-

vour?

robert S. neLSon, later Byzantine painting. Art, Agency, andAppreciation (variorum collected Studies Series cS 853). – ashgatePublishing Limited, aldershot 2007. 25 × 17 ; relié. xIv-414 p.Le volume contient la réimpression de quinze articles, publiés sur une période de

vingt années (1981-2004). Ils sont répartis en trois sections inégales : la première estdédiée aux conditions d’épanouissement de l’art dans la Byzance tardive et l’époquepaléologue (12e-14e s.), dont l’église de chôra est un témoin privilégié. Les parties IIet III ne concernent pas tant l’objet d’art en lui-même que la fonction qui lui est attri-buée et le regard qui est porté sur lui de la part du spectateur, d’un utilisateur ou d’uncollectionneur. voici les titres.i. later Byzantine paintingThe Church of the Chora and palaiologan Art1. – taxation with representation. visual narrative and the political field of the Kariye

camii.2. – the chora and the Great church: intervisuality in fourteenth-century

constantinople.3. – heavenly allies at the chora.4. – tales of two cities: the patronage of early Palaeologan art and architecture in

constantinople and thessaloniki.manuscript illumination5. – theoktistos and associates in twelfth-century constantinople: an illustrated new

testament of a.d. 1133.6. – relative size and comparative value in Byzantine illuminated manuscripts: some

quantitative perspectives (with Jerry L. Bona).

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7. – the Palaeologina group: additional manuscripts and new questions (with JohnLowden).

8. – Paris, Gr. 117 and the beginnings of Palaeologan illumination.9. – a thirteenth-century Byzantine miniature in the vatican Library.ii. Agency10. – michael the monk and his Gospel book.11. – the discourse of icons, then and now.12. – to say and to see: ekphrasis and vision in Byzantium.iii. Appreciation13. – the manuscripts of antonios malakes and the collecting and appreciation of

illuminated books in the early Palaeologan period.14. – the Italian appreciation and appropriation of illuminated Byzantine manus-

cripts, ca. 1200-1450.15. – Living on the Byzantine borders of western art.

angel nIcoLaou-KonnarI and chris SchaBeL, Cyprus. Society and Culture1191-1374. edited by angel nIcoLaou-KonnarI and chris SchaBeL(the medieval mediterranean Peoples, economies and cultures, 400-1500, 58). – Brill, Leiden-Boston 2005. 24 × 16 ; relié. xvI-403 p.Prix : 78 €.Parce qu’elle se trouva sur la route de la troisième croisade, chypre fut prise par

les Latins, qui y fondèrent un royaume indépendant après la victoire de richard cœurde Lion sur Isaac comnène en 1191. Sous l’égide des rois Lusignan, dont la familleétait originaire du Poitou, l’île connut la prospérité dans la cohabitation généralementpacifique entre les envahisseurs et les autochtones. La dynastie des Lusignan se main-tint près de trois siècles, jusqu’en 1474, mais la prise et l’annexion de famagouste parles Génois en 1374 sonna la fin de l’autonomie et de la prospérité de l’île, avec lechangement des routes maritimes et l’affaiblissement devant les puissances voisines,latines et musulmanes. La période florissante qui va de la conquête de l’île par lescroisés à l’arrivée des Génois fut marquée par la coexistence de deux populations,grecque et latine, sans compter les émigrés d’autres pays de la méditerranée orientale,spécialement après la prise du dernier bastion chrétien en Syrie en 1291. Plusieurslangues, cultures et confessions religieuses coexistèrent grâce à un climat de toléranceet à un intense développement économique.

L’ouvrage retrace cette période faste de l’histoire de chypre. Six spécialistes ontapporté leur contribution pour exposer les divers domaines de la vie de chypre durantces deux siècles. dans les premiers chapitres sont présentées les deux populationsprincipales de l’île : les Grecs autochtones (angel nicolaou-Konnari) et les francsenvahisseurs (Peter w. edbury). est décrite ensuite l’économie (nicholas coureas),marquée par une riche production agricole, un commerce maritime prospère et uneimportante exportation que viendra contrarier momentanément l’embargo papal de1291. La religion (chris Schabel) et la littérature (Gilles Grivaud) reflètent la dualitédes langues, de la culture et des cultes. Le dernier chapitre est consacré à l’art(annemarie weyl carr), qui est marqué par l’interpénétration progressive des deuxcultures, avec la juxtaposition de la peinture byzantine et de l’architecture gothique.Le volume est clos par une riche bibliographie (p. 329-362) et un index détaillé(p. 363-403).

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Paolo odorIco et aLII (éd.), l’écriture de la mémoire. la littérarité del’historiographie. actes du IIIe colloque international « ERMHNEIA »,nicosie, 6-7-8 mai 2004, organisé par l’e.h.e.S.S. et l’université dechypre sous la direction de Paolo odorIco - Panagiotis a. aGaPItoS -martin hInterBerGer (dossiers byzantins 6). – centre d’études byzan-tines, néo-helléniques et sud-est européennes (diffusion de Boccard),Paris 2006. 24 × 17. 377 p., 12 pl.L’ouvrage historique doit être abordé et analysé sous des angles divers ; s’il

constitue une œuvre littéraire qu’on peut classer comme un genre dans l’ensemble dela littérature, il a sa spécificité en ceci qu’il présente des modèles de comportement etdes exemples de vie et qu’il conserve la mémoire du passé. Les quinze communica-tions dont les titres suivent abordent ces aspects divers de l’œuvre historique.1. – Ingela nilsson, discovering literariness in the past: Literature vs. history in the

Synopsis Chronike of Konstantinos manasses.2. – Konstantinos zafeiris, narrating the past: elements of littérarité in the Synopsis

Chronike.3. – roger Scott, «the events of every year, arranged without confusion»: Justinian

and others in the chronicle of theophanes confessor.4. – anna maria taragna, « Il me revêtit d’un habit resplendissant » : L’écriture de

l’histoire chez théophylacte Symocatta.5. – Juan Signes codoñer, Lust am erzählen. heiligenviten als Grundlage der

Geschichtsschreibung im 10. Jahrhundert und der weg nach Bagdad.6. – charis messis, La mémoire du « je » souffrant : construire et écrire la mémoire

personnelle dans les récits de captivité.7. – Paolo odorico, Les trois visages de la même violence : Les trois prises de

thessalonique.8. – homère-alexandre théologitis, la Forza del destino : Lorsque l’histoire devient

littérature.9. – Leslie Brubaker, Pictures are good to think with: Looking at Byzantium.10. – diether roderich reinsch, die macht der rede in der Chronographia des

michael Psellos.11. – euthymia Pietsch, Aujtobiografika; kai; ajpologhtika; stoicei'a sth;n

iJstoriografiva: ÔH Cronografiva tou' Micah;l Yellou'.12. – vassilis Katsaros, To; dramatiko; stoicei'o sta; iJstoriografika; e[rga tou' 11ou

kai; 12ou aijwvna (Micah;l ∆Attaleiavth", Micah;l Yellov", Eujstavqio"Qessalonivkh", Nikhvta" Cwniavth").

13. – ruth macrides, «the reason is not known». remembering and recording thepast. Pseudo-Kodinos as a historian.

14. – martin hinterberger, ÔH ejpevteio" th'" katastrofh'". ÔO Lovgo" iJstoriko;" tou'Filoqevou Kovkkinou gia; th;n a{lwsh th'" ÔHrakleiva" tou' 1351.

15. – Bernard flusin, Prédictions et prophéties dans l’œuvre de doucas.

Jean-marie oLIvIer - marie-aude monÉGIer du SorBIer, manuscrits grecsrécemment découverts en République tchèque. Supplément auCatalogue des manuscrits grecs de Tchécoslovaquie (documents, étudeset répertoires publiés par l’Institut de recherche et d’histoire des textes76). – cnrS Éditions, Paris 2006. 27 × 21 ; relié. xxvIII-438 p., pl. 1-35(filigranes), pl. a-e (réglures), pl. I-xLv (photographies). Prix : 70 €.

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Le Catalogue des manuscrits grecs de Tchécoslovaquie, que les mêmes auteursont publié en 1983, présentait une cinquantaine de manuscrits ; par rapport à ce pre-mier inventaire, le volume complémentaire revêt donc une certaine importance, car ilne recense pas moins de vingt-quatre pièces nouvelles. celles-ci se trouvent pour l’es-sentiel à Prague (académie, musée national, mais surtout Bibliothèque nationale),deux seulement à l’extérieur (mikulov, nelahozeves).

comme c’était le cas pour le cartulaire du monastère de Saint-Jean-Prodrome surle mont ménécée signalé dans le premier catalogue (p. 82-85), on retrouve ici lesmanuscrits qui furent dérobés comme prises de guerre par les troupes bulgares menéespar le tchèque vladimír Sís en 1917 et qui, mis en vente à Prague, furent acquis enmajorité par la Bibliothèque nationale ; quatre proviennent de Serrès et sept deKosinitsa. Le lot complémentaire contient quelques pièces intéressantes. citons lesmanuscrits de bonne époque, en indiquant, lorsqu’elles sont connues, leur provenanceet leur ancienne cote, et en les rangeant dans l’ordre de leur apparition dans le cata-logue : chaîne sur l’évangile selon saint Jean de nicétas d’héraclée (14e s., châteaude mikulov), tétraévangile (13e s., Serrès GV 10), ménologe métaphrastique du moisde janvier (12e s., Kosinitsa 26), vies et homélies [de Jean chrysostome en particu-lier] (12e s., probablement de Kosinitsa), discours de Grégoire de nazianze (12e s.,Serrès GV 26), canonica (1304/5, Serrès GV 30), Échelle de Jean climaque (12e s.,Kosinitsa 74), Psautier et odes (11e s., Kosinitsa 125), tragédies d’euripide et deSophocle (14e s., Kosinitsa), Lexicographica et grammatica (14e s., Serrès), doctrinesde dorothée de Gaza (12e s.).

charalambos K. PaPaStathIS - Grigorios d. PaPathomaS, Politeiva, ∆Orqov -doxh ∆Ekklhsiva kai; Qrhskeuvmata sth;n ÔEllavda, uJpo; th;n dieuvqunshtw'n Caralavmpou K. Papastavqh - ∆Arcim. Grhgorivou D. Papaqwma'(Nomokanonikh; Biblioqhvkh 16). – Ekdovsei" Epevktash, Katérini 2006.21 × 15,5 ; relié. 464 p.dans le cadre d’un programme de recherche sur la notion d’« Église natio-

nale », intéressant un certain nombre de pays européens (allemagne, france,Grèce, roumanie, royaume-uni), a été organisé à thessalonique en 2002 un col-loque intitulé « Les cultes et l’État en Grèce ». Les actes de ce colloque ont étépubliés, en version française, dans l’Année canonique, tome 45 (2003). cesétudes offrant un intérêt particulier pour le public grec, elles sont présentées icidans la version grecque, qui est d’ailleurs la version originale pour l’ensemble descommunications. celles-ci abordent à peu près exclusivement les problèmes telsqu’ils se posent dans la Grèce contemporaine, où l’Église orthodoxe jouit d’unstatut d’Église nationale. Les contributions sont dues pour la plupart aux juristes etcanonistes grecs. voici la liste des auteurs : anastasios Babouskos, Ioannis Koni-daris, Kyriakos Kyriazopoulos, nikolaos maggioros, dimitrios nikolakakis, Kons-tantinos Papagéorgiou, charalambos Papastathis, Grigorios Papathomas, mariatatagia, Spyros troianos, Konstantinos tsitselikis. Sont abordées les diversesquestions intéressant la vie de l’Église grecque : son statut constitutionnel (avec lareproduction des articles de la constitution la concernant), les particularités dumont athos, la diaspora grecque, le cas des Paléohémérologites, la liberté reli-gieuse, le statut des autres confessions et cultes (juifs, arméniens, catholiquesromains, protestants, évangélistes, musulmans).

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Bissera v. Pentcheva, icons and power. The mother of God in Byzantium.– the Pennsylvania State university Press, university Park Pa 2006.26 × 19 ; relié. xvIII-302 p., 120 fig.L’image de la théotokos, la mère de Jésus, qui reçoit l’appellation de mère de

dieu au concile d’Éphèse, appartient au monde symbolique du pouvoir impérial dansl’idéologie byzantine. La vierge y représente, plutôt que la tendresse maternelle, lapuissance de l’empire et l’assurance de la victoire militaire. dans un ouvrage riche-ment illustré, l’auteur décrit le développement du culte de la vierge à Byzance entrele 5e et le 14e siècle. en un ensemble harmonieux sont rassemblés et convoqués lestémoignages de ce culte, tant les sources littéraires (chroniques et histoires, vies desaints et récits de miracles, homélies et hymnes liturgiques, prières avant le combat etpour les soldats tombés sur le champ de bataille, euchologes et typika) que les repré-sentations figuratives, encore plus éloquentes (sceaux et monnaies, ivoires et émaux,miniatures et fresques, icônes et mosaïques). La fonction des reliques et des icônes dela théotokos ressort alors en pleine lumière : à travers le cérémonial liturgique et lesprocessions en particulier, la vierge apparaît comme la promotrice du pouvoir impé-rial et la protectrice de l’État et de la ville.

L’image de la vierge remplace ainsi les déesses civiques, la tyché grecque ou lavictoria romaine, et les fêtes instituées en son honneur se multiplient, de même queles hymnes pour la célébrer, l’acathiste étant la plus célèbre. Les sièges successifs deconstantinople par les avars, les arabes et les russes aux 7e, 8e et 9e siècles, dont lalevée est attribuée à la théotokos dont on a promené l’icône à travers la ville, renfor-cent progressivement ce culte. Il est difficile cependant d’établir l’évolution de cettedévotion à travers les siècles, car les textes postérieurs ou tardifs ont souvent projetédans un passé lointain ce qui n’était qu’innovation récente. ainsi l’icône de lathéotokos, dont la plus célèbre est l’hodègètria, n’est introduite dans le cérémonialqu’au 10e siècle pour jouer le premier rôle tenu jusque-là par les reliques.

La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux trois lieux de culte qui eurentsuccessivement la prépondérance dans le cérémonial marial. Le sanctuaire desBlachernes, où avait lieu le vendredi le « miracle habituel », fut d’abord le centre duculte de la théotokos. mais il fut détrôné au 11e siècle par l’église des hodègoi, quine possédait pas de reliques, mais qui détenait la fameuse hodègètria, icône de lavierge dite peinte par saint Luc l’évangéliste, trouvée en Palestine par l’impératriceeudocie, épouse de théodose II, et envoyée par elle à sa belle-sœur Pulchérie.L’icône, qui n’est pas attestée avant la fin du 10e siècle, était portée en processionchaque mardi. au 12e siècle, la dynastie des comnènes, et spécialement Jean II (1118-1143), réorganisa le culte impérial au monastère du christ Pantokratôr, qui devint lecentre d’inhumation des empereurs, mais les sanctuaires des Blachernes et deshodègoi ne furent pas éclipsés pour autant, mais réinsérés dans le nouveau cérémo-nial, avec reliques et icône. La cérémonie liturgique s’y déroulait chaque vendredi.

a. G. PouLter et aLII, nicopolis ad istrum. A late Roman and earlyByzantine City. The Finds and the Biological Remains. with contribu-tions from m. J. Beech, t. f. c. BLaGG, z. Boev, h. BuSh, J. L. BuySSe,J. chaPman, r. K. faLKner, m. henIG, B. IrvInG, J. Kenworthy,S. a. ParfItt, a. roBertS and c. SaLter (reports of the researchcommittee of the Society of antiquaries of London, no. 67). – oxbowBooks, oxford 2007. 30 × 21 ; relié. 320 p. Prix : 50 £.

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La ville de nicopolis ad Istrum, située dans le nord de la Bulgarie à une vingtainede kilomètres de l’actuelle tărnovo, fut fondée par trajan en l’année 107 et connut unegrande prospérité jusque vers la fin du 6e siècle. reconnues dès le début du 20e siècle,les ruines bénéficièrent de campagnes de fouilles systématiques de 1985 à 1992. L’ou-vrage présente les résultats de ces fouilles en une suite de dix-sept chapitres, qui énu-mèrent l’ensemble des objets et ossements retrouvés et qui portent les titres suivants :Introduction, the metalwork, worked bone, Beads and glas – Jet and shale jewelry,Intaglios, ceramic objects, the lamps, Sculpture and architectural decoration, theworked prehistoric lithic material and its possible re-use, the large mammal and reptilebones, the small mammals, the fish remains, the bird bones, the human skeletalremains, the botanical remains, the mollusca, the metallurgical debris.

thomas PratSch, der hagiographische Topos. Griechische heiligenvitenin mittelbyzantinischer Zeit (millennium-Studien zu Kultur undGeschichte des ersten Jahrtausends n. chr. 6). – walter de Gruyter,Berlin-new york 2005. 24 × 17 ; relié. xvI-475 p.Les vies de saints constituent un secteur important et foisonnant de la littérature

byzantine et relèvent d’un genre littéraire particulier, qui rend les données difficiles àinterpréter. L’auteur recherche une grille de lecture qui permette de saisir les inten-tions de l’auteur et la valeur des faits rapportés. À cette fin, il s’attache à analyser lesprocédés littéraires et les lieux communs qui forment la trame de ces récits.

La plus grosse partie du livre (p. 19-353) consiste en un relevé et une analyse destopoi qui sous-tendent le récit. Parmi les thèmes les plus fondamentaux et les mieuxarticulés figurent d’abord ceux qui constituent le prologue et l’épilogue et qui serépondent : fréquente introduction du récit par une sentence, incapacité et indignité del’hagiographe pour toutes sortes de raisons qui relèvent autant de lui que de son objet,incapacité à tout dire, but de l’œuvre (exemple pour les fidèles, lutte contre l’oubli),commande à l’origine de l’œuvre. dans le corps du récit, l’hagiographe s’inspiregénéralement du canevas fixé par la rhétorique classique pour l’éloge : origine(parenté, signe divin, oblation à l’Église), enfance et jeunesse (baptême, signes deprédestination, éducation intellectuelle et spirituelle, aspect physique et personnalité,vocation). Pour le reste, il s’agit de topoi concernant plus spécifiquement le moine etle saint : renonciation au monde, quête de dieu, vertus, ascèse, miracles. Les vies desaints consacrent une attention particulière à la mort de leur héros : dernière maladie,prescience de l’heure, paroles et dispositions ultimes, succession, mort, obsèques,translation du corps. À travers seize chapitres sont ainsi recensés les divers topoi quiforment la trame de ces vies. Pour chacun des lieux communs sont donnés quelquesexemples, avec traduction du passage essentiel, dont le texte grec est à l’occasiontranscrit en note, et référence aux autres cas dans la dernière note infrapaginale dechaque exposé.

dans la seconde partie (p. 355-421), l’auteur exploite ces données analytiquesdans un tableau synthétique, qui comprend trois parties : définition et fonction litté-raire du genre hagiographique, origine et composition des vies de saints, développe-ment de l’hagiographie mésobyzantine. La synthèse est fondée sur l’analyse de plusd’une centaine de vies. À travers l’étude des topoi, l’auteur éclaire ainsi tant l’origineet l’évolution du genre hagiographique à travers ces cinq siècles (7e-11e siècles) queles particularités de la composition littéraire, fournissant des repères pour la questiondifficile et controversée de la valeur historique des faits rapportés dans les vies.

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antonio rIGo (éd.), Silencio y quietud. místicos bizantinos entre los siglosXiii y XV. edición de antonio rIGo. traducción del italiano y del griegode antonio rIGo y amador veGa (el Árbol del Paraíso 53). – edicionesSiruela, madrid 2007. 21,5 × 14,5. 216 p. Prix : 22 €.c’est la version espagnole d’un ouvrage paru en 1993 [l’amore della quiete (ho

tes hesychias eros). l’esicasmo bizantino tra il Xiii e il XV secolo] et dont la Revue desétudes byzantines a rendu compte en son temps (ReB 52, 1994, p. 345-346). Lestextes retenus par l’auteur dans son anthologie sont dus à un large éventail d’auteurs :Pseudo-Syméon, nicéphore l’athonite, théolepte de Philadelphie, athanase Ier deconstantinople, Grégoire le Sinaïte, le fondateur du monydrion athonite du Prodrome,maxime Kausokalybite, niphon l’athonite, Grégoire Palamas, Philothée Kokkinos,calliste et Ignace xanthopoulos, Syméon de thessalonique.

Jan olof roSenqvISt, die byzantinische literatur. Vom 6. Jahrhundert biszum Fall Konstantinopels 1453, von Jan olof roSenqvISt, übersetzt vonJan olof roSenqvISt und diether r. reInSch. – walter de Gruyter,Berlin-new york 2007. 23 × 16 ; relié. Ix-239 p. Prix : 48 €.Le présent ouvrage est la version allemande d’un livre paru en 2003 en langue

suédoise sous le titre suivant : Bysantinsk litteratur från 500-talet till Konstantinopelsfall 1453. Il s’agit d’une présentation sommaire de la littérature byzantine à l’usaged’un large public. L’ouvrage est divisé en sept grandes parties, dont les six premièrescontiennent un exposé rapide sur les auteurs et les œuvres selon une périodisationclassique : 1. L’époque protobyzantine (527-vers 650), 2. Le siècle obscur et l’icono-clasme (vers 650-843), 3. La renaissance macédonienne (843-1025), 4. La nouvelleorientation culturelle et le déclin politique (1025-1204), 5. L’empire byzantin en exil(1204-1261), 6. L’époque des Palaiologoi (1261-1453). Le septième et dernier cha-pitre amorce une réflexion générale sur la littérature byzantine, trop souvent présentéecomme une annexe de la littérature grecque classique et patristique : faut-il analysercette littérature en termes d’imitation et de continuité ou d’évolution et d’originalité ?L’étude des genres littéraires est-elle le meilleur moyen d’accéder au contenu desœuvres ? cette littérature est-elle intemporelle ou ne témoigne-t-elle pas plutôt d’uneépoque bien précise, le moyen Âge ?

dans la galerie de portraits que constituent les six chapitres successifs, une cen-taine d’auteurs et d’œuvres sont examinés. chaque notice est établie selon les mêmesrubriques : courte biographie, caractéristiques essentielles des écrits, indication biblio-graphique sommaire (édition, traduction, mention éventuelle d’une ou deux études).Sont ainsi énumérés les principaux ouvrages de l’historiographie, de l’épistolo -graphie, de l’hagiographie et de la poésie.

Guy SaBBah (éd.), Sozomène. histoire ecclésiastique, livres V-Vi. textegrec de l’édition J. BIdez-G. c. hanSen (GcS). Introduction et annota-tion par Guy SaBBah, traduction par † andré-Jean feStuGIère etBernard GrILLet (Sc 495). – Les Éditions du cerf, Paris 2005.19,5 × 12,5. 489 p., 2 cartes. Prix : 29 €.Le livre v est consacré en majeure partie à l’empereur Julien (361-363), qui vou-

lut ramener l’empire devenu chrétien à son idéologie du début du siècle. Si, comme

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ses congénères, Sozomène abhorre celui qui est pour eux un apostat, l’historien recon-naît au personnage ses qualités de culture et d’adresse politique. Le premier chapitredu livre vI rapporte la mort prématurée de l’empereur, auquel succèdent des hommesbien moins remarquables : Jovien (363-364), qui ne régna même pas un an, puis, avecla partition du pouvoir entre les deux frères, valentinien Ier en occident (364-375) etvalens en orient (364-378). dans ce livre vI, Sozomène néglige plutôt l’occident,qui était mieux ancré dans le dogme officiel et dont l’histoire lui est restée plus loin-taine ; il se concentre sur l’orient et sur les persécutions pratiquées par l’arien valenscontre les orthodoxes nicéens, dont le monachisme est présenté comme le meilleurvivier, à côté d’une figure de proue comme Basile de césarée.

alexios G. c. SavvIdeS, Byzantino-normannica. The norman Capture ofitaly (to A.d. 1081) and the First Two invasions in Byzantium (A.d.1081-1085 and 1107-1108) (orientalia Lovaniensia analecta 165). –uitgeverij Peeters en departement oosterse Studies, Leuven-Paris-dudley ma 2007. 24 × 16 ; relié. 96 p.L’épopée normande connut ses heures les plus glorieuses en occident et en Italie,

mais elle inclut aussi les expéditions menées dans l’empire byzantin aux 11e et 12e

siècles, souvent dans le sillage des croisades. L’empereur alexis comnène (1081-1118) dut en affronter deux, menées la première par robert Guiscard et la seconde parson fils Bohémond. Le déroulement de ces campagnes militaires est bien connu grâce,en particulier, aux récits circonstanciés qu’en ont laissés anne comnène dansl’Alexiade et Guillaume de Pouille dans les Gesta Roberti Wiscardi.

une fois établis en Italie du Sud et en Sicile, les rois normands rêvèrent deconquérir le territoire de Byzance à partir de la ville de Bari. La première expédition(1081-1085) prit prétexte d’une usurpation du trône impérial à constantinople :robert Guiscard s’empara de corfou et de dyrrachion, mit en fuite l’empereur etpoussa jusqu’en Épire et en macédoine, mais au terme de multiples péripéties,d’avancées et de reculs, le roi normand mourut en juillet 1085 ; l’affrontement prit finainsi. Suivit une trêve d’une vingtaine d’années, au terme de laquelle le fils de robertGuiscard, le prince Bohémond, reprit les projets de son père et mena une nouvelleexpédition, qui fut de plus courte durée (automne 1107-été 1108). après une avancéevictorieuse en albanie, Bohémond dut capituler et signer le traité de déabolis, danslequel il se reconnaissait vassal de l’empereur de constantinople. L’auteur décritminutieusement ces deux expéditions à partir des données des diverses sources et desnombreux travaux qui ont précédé sa propre étude.

Peter SchreIner, Byzantinische Kultur. eine Aufsatzsammlung. I, diemacht. herausgegeben von Silvia ronchey und elena veLKovSKa(opuscula collecta 3). – edizioni di storia e letteratura, rome 2006.24 × 17. xxI-423 p.dans l’introduction, Silvia ronchey évoque la figure du savant, sa formation et

l’étendue de ses centres d’intérêt, dont témoignent les vingt et une études rassembléesdans ce volume. Écrites sur une période de trente ans (1971-2002) et parues dansdivers recueils, dont certains ne sont pas aisément accessibles, elles concernent

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diverses facettes du pouvoir impérial et scrutent les réalités byzantines à travers l’exa-men des documents et les descriptions de constantinople, la capitale impériale. envoici les titres.1. – der byzantinische Bilderstreit: kritische analyse der zeitgenössischen meinungen

und das urteil der nachwelt bis heute.2. – aspekte der politischen heiligenverehrung in Byzanz.3. – Schein und Sein. überlegungen zu den ursachen des untergangs des byzantini-

schen reiches.4. – das christentum in Bulgarien vor 864.5. – una principessa bulgara a Genova.6. – die rolle der turkvölker in der byzantinischen reichspolitik.7. – Byzantinische orientreisende im 14. Jahrhundert.8. – zur Bezeichnung « megas » und « megas Basileus » in der byzantinischen

Kaisertitulatur.9. – das herrscherbild in der byzantinischen Literatur des 9. bis 11. Jahrhunderts.10. – réflexions sur la famille impériale à Byzance (vIIIe-xe siècles).11. – charakteristische aspekte der byzantinischen hofkultur: der Kaiserhof in

Konstantinopel.12. – neue höfische zentren im Byzantinischen reich. die Kultur des trapezuntini-

schen Kaiserhofes und der despotenhöfe.13. – der brennende Kaiser. zur Schaffung eines positiven und eines negativen

Kaiserbildes in den Legenden um maurikios.14. – der Kaiser und die Proskynese. das narthexmosaik in der h. Sophia und der

versuch einer paläographischen datierung.15. – eine unbekannte Beschreibung der Pammakaristoskirche (fethiye camii) und

weitere texte zur topographie Konstantinopels.16. – eine chinesische Beschreibung Konstantinopels aus dem 7. Jahrhundert.17. – die topographische notiz über Konstantinopel in der Pariser Suda-handschrift.

eine neuinterpretation.18. – Konstantinopel – eine Stadt ohne menschen? reisende aus fünf Kulturkreisen

berichten.19. – robert de clari und Konstantinopel.20. – John malaxos (16th century) and his collection of Antiquitates

Constantinopolitanae.21. – Geträumte topographie: Isidor von Kiev, ein unbekanntes Kloster und die

Justiniansäule zu Beginn des 15. Jahrhunderts im vat. gr. 1891.

dèmètrios z. SoPhIanoS - † Géôrgios GaLaBarèS, Ta; eijkonografhmevnaceirovgrafa tw'n monw'n tw'n Metewvrwn. Tovmo" AV, Eijsagwghv -Perigrafev", ∆Asprovmauroi pivnake" AV-PAV. Provlogo": Panagi -wvth" L. Bokotovpoulo". Tovmo" BV, Eijkovne" e[gcrwme", ajr. 1-460. –∆Akadhmiva ∆Aqhnw'n. Kevntron ∆Ereuvnh" tou' Mesaiwnikou' kai; NevouÔEllhnismou', athènes 2007. 28 × 21 ; relié. 371 p. (I), 374 p. (II).commencé par nikos véis, poursuivi par Léandros vranousis et achevé par

dèmètrios Sophianos, le catalogage des manuscrits des météores reçoit ici son cou-ronnement avec ce volume qui rassemble les enluminures de ces fonds. Les manus-crits enluminés conservés dans la collection sont au nombre de 93, sur un total de1 206 manuscrits, et présentent un certain intérêt pour l’histoire de la peinture byzan-

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tine et surtout post-byzantine. dans l’introduction est retracée brièvement l’histoiredes monastères des météores (Grand météore ou métamorphôsis, Barlaam, Saint-Étienne, Sainte-trinité, Saint-nicolas anapausas, rousanos), dont l’origine remonteau 11e siècle. Les nombreux voyageurs qui les ont visités au cours des siècles ontlaissé le souvenir de leur passage et attesté la richesse de leurs bibliothèques.

Les manuscrits qui contiennent une décoration, des enluminures ou des miniaturessont mentionnés et décrits dans le volume I, qui, à l’occasion, reproduit les motifs ennoir et blanc, tandis que le volume II est consacré aux reproductions en couleur (460planches). Les manuscrits décorés sont rangés dans l’ordre alphabétique à l’intérieurde chaque fonds. Il s’agit surtout de motifs décoratifs (bandeaux, entrelacs, lettrines) ;on trouve à peine quelques portraits d’évangélistes mal conservés (pl. nos 82-83) oudes portraits tardifs des Pères cappadociens (pl. nos 146-148, 152, 161). Seul le Grandmétéore possède un fonds notable de manuscrits de bonne époque. on relève aussiquelques reliures de valeur (pl. nos 77-78, 269, 279-280).

alice-mary taLBot (éd.), dumbarton oaks papers, number fifty-nine,2005. – dumbarton oaks research Library and collection, washingtond.c. 2006. 28 × 21,5 ; relié. 269 p.Le volume 55 des dumbarton oaks papers contient onze articles, dont la plus

grande partie est constituée par les communications d’un symposion tenu en 2002 etconsacré au verre à travers la littérature, l’art et l’artisanat byzantins. diverses contri-butions font état, d’autre part, des fouilles réalisées à amorium, dont l’apport estsignificatif pour les divers domaines de la civilisation matérielle.1. – Jodi magness, heaven on earth: helios and the zodiac cycle in ancient

Palestinian Synagogues.2. – daniel G. van Slyke, the devil and his Pomps in fifth-century carthage:

renouncing Spectacula with Spectacular Imagery.3. – antti arjava, the mystery cloud of 536 ce in the mediterranean Sources.4. – asen Kirin, contemplating the vistas of Piety at the rila monastery Pyrgos.Byzantine Glass: dumbarton oaks Workshop, 16 november 20025. – alice-mary talbot, evidence about Byzantine Glass in medieval Greek texts

from the eighth to the fifteenth century.6. – maria G. Parani, representations of Glass objects as a Source on Byzantine

Glass: how useful are they?7. – c. S. Lightfoot, Glass funds at amorium.8. – mark t. wypyski, technical analysis of Glass mosaic tesserae from amorium.9. – francesca dell’acqua, enhancing Luxury through Stained Glass, from asia

minor to Italy.10. – robert h. Brill, chemical analyses of the zeyrek camii and Kariye camii

Glasses.Fieldwork Reports11. – c. S. Lightfoot, y. arbel, e. a. Ivison, J. a. roberts, and e. Ioannidou, the

amorium Project: excavation and research in 2002.

revue deS ÉtudeS ByzantIneS340