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Fernand de Mély Les pierres chaldéennes du lapidaire d'Alphonse X, roi de Castille, séance du 8 mai 1891 In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 35e année, N. 3, 1891. pp. 196- 201. Citer ce document / Cite this document : de Mély Fernand. Les pierres chaldéennes du lapidaire d'Alphonse X, roi de Castil le, séance du 8 mai 1891. In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 35e année, N. 3, 1891. pp. 196-201. doi : 10.3406/crai.1891.69967 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1891_num_35_3_69967

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Fernand de Mély

Les pierres chaldéennes du lapidaire d'Alphonse X, roi de

Castille, séance du 8 mai 1891In: Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 35e année, N. 3, 1891. pp. 196-

201.

Citer ce document / Cite this document :

de Mély Fernand. Les pierres chaldéennes du lapidaire d'Alphonse X, roi de Castille, séance du 8 mai 1891. In: Comptes

rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 35e année, N. 3, 1891. pp. 196-201.

doi : 10.3406/crai.1891.69967

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reproduit comme évidemment

et

entièrement concluantes

les

preuves

de

M.

l abbé

Duchesne.

Cet ouvrage doit être

daté de

538

et

non

de

ko 2. (Cf. Duchesne,

Les

origines

du

culte

chré

tien, p.

1

3

1

.)

L Ecole

française

de

Rome vient

de

publier la relation

de

M.

Gsell sur

les fouilles

de

Vulci, en

un volume in-4° de

près

de

600 pages, avec nombreux dessins relatifs à l architecture

des 1 3 6 tombes ouvertes ,

et

2

0

planches.

Veuillez agréer,

etc.

A. Geffroy.

N° XVI.

LES

PIERRES

CHALDÉEiVNES

LAPIDAIRE

D ALPHONSE X, ROI DE CASTILLE,

PAR M. F.

DE

MÉLY.

(séance

du 8 mai 1891.)

L Académie

voudra

bien me

permettre de

lui soumettre,

à

titre

de simple

contribution

à

l étude des

pierres

quelques

r

em rques que

je viens de. faire

dans

le fameux Lapidaire

d

lphonse X

, de

l Escurial.

L ouvrage,

suivant

le traducteur,

fut

traduit

du

chaldéen

en

arabe, et

de

l arabe

en espagnol;

la traduction

date

du

xme

siècle.

Ce Lapidaire,

qui

n est pas, comme tous ses similaires,

simplement une compilation médicale

, astronomique

et miné-

ralogique,

ayant

la

prétention de

remonter

aux temps les

plus

reculés,

renferme

une

quantité de

renseignements philo

logiques

et géographiques

que j avais tout

d abord

négligés.

Mais

la

précision

qu un

examen plus approfondi m y a fait

découvrir, au point de

vue philologique,

m a paru

mériter

une

attention

que j ai

l honneur de signaler à

l Académie.

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On rencontre

dans

ce Lapidaire une foule de noms de pierres

fort difficiles à identifier. Ce ne sont

que

des

termes en caldeo,

en griego, en

persiano,

en latin, en romanz, quelques-uns en

egypto,

en

moro.

Quand

on

a

lu les

Lapidaires

du

xne

et

du

xme

siècles, où YElephanziberus se confond avec le

Micalephus,

le

Zorobabellus

avec le

Cabipames, on croit ne

devoir attacher à

ces nouveaux termes, au

Bezebekaury,

au

Ceduluquindad

au

Caiu, bien que suivis

de

en caldeo, qu une

importance

secon

daire et

simplement

légendaire. Mais ici, dans ce long

travail,

puisque

le manuscrit a

près

de

2

5o pages in-4°, le tassement

se fait

peu

à peu,

et

les fiches,

se

classant à

côté

de celles

d autres

livres

antérieurement

dépouillés,

finissent

par

révéler

qu il

y a

dans ces travaux quelque chose

de

plus

approfondi

que

le pourrait

être

le

produit

de l imagination

d un

astrologue

quelconque du moyen âge.

En y réfléchissant, d ailleurs,

Alphonse

le Sage aurait-il

permis à

un de

ses auteurs

de

prédilection, à l astrologue

de

la

cour, de mêler à

l appareil

scientifique du temps des

termes qui

auraient pu faire

douter de

son érudition?

Les

fables,

puisque

c était

la

science

de

l époque,

pouvaient y

trouver place

mais

les termes scientifiques

à

employer,

connus

de tous

les hommes instruits,

devaient certainement, autant

que possible,

être

indiscutables.

Si

les

mots en

caldeo, qui accompagnaient

le

nom

d une

assez grande

quantité de

pierres m avaient paru

dans

le prin

cipe

ne

mériter

qu une

attention

relative

, quand

une

nouvelle

étude

m eut permis de noter

dans

le

manuscrit, comme dans

d autres

de

la

même

époque,

que

en

griego,

après

un certain

nombre de termes lapidaires, signifiait en

hébreu,

et

qu effe

ctivement

bien que

corrompus,

les

noms

de

pierres, suivis

de

en

griego

ou en arabigo, correspondaient assez

exactement

au nom

réel,

arabe ou hébreu,

de la

pierre, Bilor= cristal,

Geza = calcedonia, Didriez =

agate, Bazd

= corail,

Feiru-

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cech =

turquoise, Sedinech

=

amatite, Zumberic = émeril,

Pandès

=

marcassite, Azarnech

=

orpiment, pour n en

citer

que quelques-unes, j ai pensé que les

mots en caldeo ne de

vaient

pas

tout

à

fait

être

abandonnés,

et

qu il

y

avait

peut-

être

là une

contribution

quelconque

à recueillir

pour l étude

des langues asiatiques.

Une coïncidence

assez

curieuse,

peut-être

fortuite, mais que

je crois

devoir

cependant signaler aux savants

compétents

qui

seuls peuvent

éclaircir

et

trancher

la

question m a d ailleurs

encouragé dans

cette

voie.

Tout en m abstenant d entrer dans les

distinctions

idéogra

phiques

et

phonétiques

de

la langue

chaldéenne

je

rappellerai

que

F. Lenormant

signale,

parmi

les

pierres précieuses

qui

avaient été

données

par Assurbanipal aux statues

de

Bel-Mar-

duk

et

de

Zarpenit, une pierre dont il

traduit le caractère idéo

graphique

par

les phonétiques

Zatu; il dit

en

ignorer

l espèce

,

mais

il

cite

les pierres œil

de

Zatu, Zatu

sutru,

oreille de Zatu,

Zatu utchal^. Or, parmi les pierres chaldéennes notre Lapidaire

indique une

pierre

Gatu (est-ce Katu ou Satu qu il faut pro

noncer?

j inclinerais

plutôt

vers

le

C

doux,

puisque

plus

loin

nous trouvons Ceîem, par un

C,

tandis que les C durs sont

généralement remplacés

par un

K), qui

n est autre qu une

pierre précieuse

provenant

du front d un bélier

sauvage.

Elle

se trouve,

ajoute-t-il,

au

pays

de

Tept, et ces béliers, en

chal-

déen,

s appellent

Catu, dende

toma

lapiedra

este nombre,

d où la

pierre tire

son

nom,

dit

le Lapidaire d Alphonse le Sage.

Comme toutes

les pierres

animales

ou réputées telles par

l an

tiquité,

elle

doit

être

classée

soit

parmi

les

pierres

médicales,

les bézoards, soit parmi les

agates,

comme le triophthalmog,

l œil de

hyène,

de loup, de bœuf,

la

pierre de panthère.

Sans

W Ch. de Linas, Origines

de

l orfèvrerie cloisonnée, dans

la

Revue

de

l art

chrétien, t. XIX (1875}, p.

J97.

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vouloir

l identifier dans une note

rapide,

je la

rattacherai

bien

plutôt à cette

dernière classe,

car elle est

dure et solide,

et sa

partie plane reluit como espeyo, comme

un miroir;

elle

sert à

faire

des

manches

de

couteaux

des

gardes d épées

en

enfilant

les morceaux les uns

à

la

suite

des

autres, ce

qui

est

bien

l emploi

d une agate et

non

d un

bézoard. Je

la

croirais volont

iers

œil de bélier

de Dutens(1) : elle correspondrait parfait

ement

l œil de

Zatu.

A l exception de onze aucun

des

noms de pierres dont je

parle n est un nom propre

mais

simplement un composé formé

d après l origine, la

nature,

les

propriétés

cabalistiques

ou

médicales

attribuées

à

la

pierre.

Il

en

résulte

que

si

au

point

de

vue

minéralogique nous avons de grandes difficultés

pour

identifier ces pierres,

la contribution

apportée à la langue

chaldéenne peut

être,

par ce motif même, plus considérable

et plus

importante

puisque

chaque

terme se compose

de

plu

sieurs mots

d un

usage courant. H

faut,

il

est vrai,

les

dégager,

mais

le

champ des

recherches se trouve singulièrement

rétréci.

Le manuscrit de

l Escurial

a été reproduit en fac-similé,

accompagné

d un

petit

volume

in-

de

75

pages,

à

deux

colonnes

de

68 lignes

à

58 lettres chaque;

c est

la

simple

transcription sans commentaire du manuscrit

en caractères

modernes.

L ouvrage

a été

tiré

à un nombre

tout

à fait

restreint,

sans

nom d auteur,

sans date, sans

nom

d éditeur;

il n existe

donc pas

commercialement

parlant. Cependant, comme il faut

donner à chaque pierre une référence , j ai cru

devoir

renvoyer

à

la

transcription moderne. Elle pourra toujours être aussi

facilement

consultée

que

le manuscrit,

qui

est

d un abord

assez difficile.

Voici donc

la

liste de

ces

mots

chaldéens.

Je

les accompagne

des

termes

espagnols,

qui

sont leur équivalent, puisque

dans

1)

Des

pierres

précieuses

Florence,

Molinis, s. d. (vers 1775), in-8°.

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le manuscrit ils sont suivis

de cette

phrase : que quiere decir en

caldeo, «ce

qui

veut dire en chaldéen».

Aqdqdibiaz

signifie

vedador

de

engendramientos

(p.

8),

κ

pour

empê

cherd engendreri.

Alfeyru est la « pierre ponce » (p.

5a).

Annora est hpiedra caliza de

quefacen

cal (p. 5), « pierre calcaire».

Artican, du nom du

pays d Artica, est en

hébreu l Asra [?] (p. i3).

Aslagoniz

signifie

dannador

del sentido

delgostar

(p. 3g),

crqui

en

lève le sens du goût».

Barcaduniticaz

, tragador de olio (p.

25), «qui absorbe l huile».

Batocita , vedador de canas

(p. 20),

ffqui empêche les cheveux blancs».

Bezaqdid, tolledor de roido (p. 34),

ffqui

enlève la

maladie du cuir

chevelu».

Bezebekaury, tolledor de

tristeza y dador

d allegna

(p. 5i), ffqui

en

lève

la tristesse et donne la

gaieté».

Catd,

«

bélier

sauvage» (p. ai).

Ceddluquindad ,

espuma de luna (p. 24), « écume

de

lune».

Ceminez, llorador (p. ho), «pleureur».

Delmemcari, sanador

de sordedad (p. 57),

rrqui guérit

ia surdité».

Fardicaner,

retenedor de lengua (p. 27), frqui arrête

la

langue».

Fartinizen, espantador en suennos

(p. ko),

frqui

trouble

le sommeil».

Feynac,

«pierre

ponce»

(p.

5a),

comme

Alfeyru.

Gagatiz, rrgagates»

(p.

2).

Gebraquifez

, guardador

de criaturas (p. 4

)

« conservateur

des

enfants ;

empêche l avortement».

Gdifirqdizti

, guardador

de ninnos (p. 5i), « protecteur de

l enfance».

Leilericeh, estancador de

baba (p.

48), «étancbe

la

bave».

Litarne

est frl Aceche ou Galcatar» (p. 28).

Margul [?]

(p. 16),

«pierre qui

vient

des montagnes de la lune aux

sources du

Nil, ressemble

à

un

jaune d œuf».

Mecelucan, sohedor de

natura

(p.

20), κ dissolvant contre le flux de

ventre

et

la

dyssenterie».

Mechinecia,

cuyador d argento vivo (p. £2), «qui recueille le vif-ar

gent».

Meciena ,

piedra di

llorar

(p. 57), « pierre

de

tristesse».

Melizldmen,

que

quebranta la

otra que

se

cria

en

el

homme (p.

52),

rrpour briser la

pierre

de la

vessie».

Mrzarigez,

cocedor

de carne

(p. 54), ffqui

fait cuire la viande».

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201 —

Miliztiz, madurador de postema (p. 3),

σ

qui

mûrit

les abcès».

Raconic

[?]

(p.

9), ff pierre grise qui se trouve

en

Espagne, aux en

virons de Barcelone « .

Rofolez,

ff

incassable»

(p. 12).

Seralicen,

desfacedor

delbazo

(p.

58), «destructeur

de

la

rate».

Taccib,

engendrada

de

agua (p. 37), ff engendrée par l eau».

Tarmices, piedra

de

la tierra (p.

5a),

rr pierre

de

limon ».

Tarmicon, cobdicia de mugier (p. 19), fr désir

de

femme, pierre ero

tique»

Zarbenic,

sanador

d espanto

et de tolîimento de

los

membrios, <rqui

guérit les membres blessés».

Zarmiquidez, sanador de itericia{^.

42),

frqui guérit la jaunisse».

Zinderck,

ff

orpiment» (p.

45).

XVII.

RAPPORT SUR

LES

MÉMOIRES

DES

MEMBRES DE

L ÉCOLE FRANÇAISE

D ATHÈNES

PAR M. HOMOLLE

DIRECTEUR DE

L ÉCOLE.

(séance

du i5 mai 1891.)

Athènes,

le

3 mai 1891.

Monsieur

le Président

J ai l honneur de vous

adresser les

mémoires des deux

seuls

membres

de l École

qui

soient cette

année

tenus cette

obli

gation, MM.

Legrand et

Joubin.

M.

Legrand,

de troisième

année,

soumet au

jugement

de

l Académie une Etude sur les antiquités de Trézène. Ce mémoire

se

divise en trois parties

:

I.

Histoire

de

Trézène d après les textes

des

auteurs

et

les

inscriptions.

H.

Compte rendu des fouilles de

Trézène

en

180,0.

III.

Commentaire des inscriptions

inédites découvertes

à

Trézène.