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DAC 56 ARIES CERAT KASSANDRA MK2

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ARIES CERATKASSANDRA MK2

Bon, d’accord, le numériquen’existait pas du temps de la Western Electric, et c’estdommage car il est certain qu’elle aurait su concocter des

convertisseurs merveilleusement simples etmusicaux comme ses fabuleux amplis 25-B.Importer et distribuer des électroniques AriesCerat exige une autre vision du métier et de la haute-fidélité. Ne serait-ce d’abord que par la taille et le poids des produits, le DACKassandra MK2 n’étant qu’un aperçu àl’échelle un quart voire un huitième des plusextravagantes réalisations du fabricant. Par la technologie ensuite qui n’utilise que desmultiples du duo tube et transformateur. Doncça chauffe assez sérieusement, et ça pèse…Par l’approche musicale enfin, car un AriesCerat ne sonne comme aucune autreélectronique. Pour être très clair, écouter unAries Cerat vous fait pénétrer dans un mondeexempt de spectaculaire, de démonstratif,d’étincelant, dans un monde où la musique va soudain s’installer chez vous, avec cettesensation d’assister à un concert. On ne parleplus de grave ni de médium, ni de dynamiqueou de rapidité d’une attaque. On savoure une œuvre, on ressent une émotion, on vitune interprétation.

PLUS ILS SONT DE FOUS…Stavros Danos, le concepteur et le créateurde la marque, n’hésite pas à comparer sonKassandra MK2 aux meilleures sourcesanalogiques en termes de musicalité et dejustesse de timbres, mais il le place bien au-dessus quand il s’agit de résolution et deprésentation dynamique. Précisons d’embléeque nous avons pu vérifier cette affirmation, etque nous l’avons validée. Oui, le KassandraMK2 s’élève à ce niveau d’excellence sonore,mais pour en arriver là, il a fallu bien autrechose qu’un simple chip, aussi performant et aussi high-tech fût-il, associé à une«vulgaire» alimentation à découpage. Le moins qu’on puisse dire est que le schémade ce DAC ne ressemble à aucun autre sur le marché. Jugez plutôt. Le choix de laconversion R2R a été justifié par un tempsd’établissement record et l’absence de glitchnumérique (transition erronée et nonsouhaitée du signal). Un choix coûteux doncmais très performant. C’est un circuit N.O.S.(New Old Stock) qui a été retenu, le AD1865en version N-K (tolérances serrées) d’AnalogDevices, dont le boîtier intègre deux DAC18 bits. Mais ce n’est pas un mais 32 DAC quiont été implémentés au sein du Kassandra,soit 16 par canal afin d’améliorer trèssensiblement les paramètres techniques(rapport signal sur bruit, linéarité, plagedynamique, séparation des canaux) et lamusicalité (microdynamique, détails). Chaquegroupe de 16 est divisé en deux banques de 8 montés en parallèle qui opèrent en modedifférentiel symétrique. Chaque AD1865travaille en courant sur leur sortie, la

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FICHE TECHNIQUE : Origine : Chypre - Prix : 18000 euros - Dimensions : 540 x 165 x 520 mm - Poids : 60 kg - Réponse en fréquence : - Entréesnumériques : 3 S/PDIF (2 RCA et 1 optique Toslink), 1 USB B asynchrone (PCM 24/384) - Sorties analogiques : 1 RCA stéréo (XLR stéréo en option)- Niveau de sortie : 10 V RMS - Impédance de sortie : 40 ohms

Le constructeur de Limassol est le seul au monde àproposer des électroniques dont les schémas rappellentceux légendaires de la Western Electric. Et tous lesmoyens nécessaires et indispensables sont mis enœuvre pour en tirer une extraordinaire quintessence, à l’image du convertisseur Kassandra MK2.

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conversion courant vers tension globale étant effectuée sur chaque voie par un transformateur blindé à très hauteperméabilité et fabriqué sur cahier descharges. L’étage analogique de sortie est confié à un des tubes fétiches duconstructeur, la pentode E280F de Siemenscâblée en pseudo-triode. La grille du tube est raccordée au secondaire à simpleenroulement du transformateur deconversion I/V en sortie DAC via un circuit de polarisation ajustable. L’interface entre la E280F et la sortie analogique est confiée à un transformateur abaisseur de tension et donc d’impédance.

VOUS AVEZ DIT ALIMENTATION ?Le châssis du Kassandra MK2 reprend le physique robuste et les (curvi)lignes de celui de l’intégré Diana, avec les deuxflancs noirs galbés en aluminium massif sur un boîtier très rigide en aluminiumsilver. Deux capots recouvrent leKassandra, celui du fond gravé de la têtede bélier et de la marque abrite les étagesde conversion, celui vers l’avantdissimulant les transformateurs et lesétages de filtrage haute tension. La face

arrière très dépouillée ne comporte qu’uneconnectique minimale, la sortie analogiquesymétrique étant proposée en option. Deux molettes sur l’appareil servent àsélectionner la source et à introduire à lavolée l’horloge de resynchronisation SuperClock dans la chaîne numérique. Cettehorloge ultra-précise réduit le jitter àl’échelle de la picoseconde quel que soitson niveau natif en sortie du transformateurd’isolement qui couple les entrées S/PDIF,d’une part, et en entrée USB, d’autre part.Les alimentations ont été particulièrementsoignées. Une alimentation dûment réguléepar étage est la règle chez Aries Cerat. Onne dénombre pas moins de 35 cellules LCde filtrage dont une grande partie endécouplage local basse tension (self RF etcondensateur à film), huit régulateurs à très

faible bruit pour les rails symétriques du DAC, et un filtrage haute tension àdouble cellule LC dont une self en têtesurdimensionnée. Sans oublier unealimentation de la Super Clock à partir d’untransformateur torique dédié et une triplerégulation pour quasiment annuler touteondulation résiduelle.

ÉCOUTE Pour des raisons de commodité, nousavons exceptionnellement écouté le DACKassandra MK2 chez l’importateur 080 sur un système à haut rendement et hautedéfinition, à savoir intégré Aries CeratDiana, enceintes Tune Audio Animaproduisant quelque 109 dB/W/m, câblageAbsolue Créations et sources numériquespartagées entre un NUC attaquant l’entréeUSB du DAC, et un serveur Lumin dirigévers l’entrée S/PDIF. Nous avons comparé

On aperçoit les 8 chipsAD1865N-K (soit 16 DACau total) de chaque canalconfigurés en symétrique,

soit deux fois 4 chips en mode différentiel. Le transformateur de

conversion courant verstension est placé au centre

des chips, de même que le tube Siemens E280F est placé au plus près du secondaire «single

ended» de cetransformateur. Notez la

grande quantitéd’inductances toriques RFutilisées en filtrage LC dedécouplage des basses

tensions.

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quelques fichiers sur les deux entrées etavons retenu d’une part la liaison USB plusexpressive que sa voisine S/PDIF, etd’autre part la mise en service de la SuperClock qui réveille pas mal de microdétails.Timbres : L’expressivité et la véracité detimbres développées par le Kassandra surce genre de système redonnent un sensnoble au terme fidélité, et plus encorehaute-fidélité. Nous avons tous un jour oul’autre passé un morceau de Jacques Brelsur nos systèmes, ou nous l’avons entenduau cours de démonstrations sur un salon.Autant vous dire que nous n’avions encore

rien entendu de pareil. La restitution de«Orly» paraît s’être allégée d’à peu

près tous les défauts sonoresrépertoriés : voix en avant, voix

projetée, voix dure, instruments«plats». Il semble soudain

que nous soyons en traind’écouter « la» version,celle qui correspondprécisément à la «vraie»

prise de son. Brel est devantnous, la voix limpide, naturelle,

l’accompagnement sonore trèsholographique dévoile enfin le travail

effectué durant le mixage. Wow! Dynamique : Quelle délicatesse dans lerendu des détails, quelle aisance dansl’attaque des notes, quelle finesse dansl’analyse harmonique. Le Kassandra MK2propose une écoute superlative en termesde neutralité, il sait superposer toutes les couches sonores de la partition, del’interprétation avec une acuité dynamiqueremarquable. Très loin de ces restitutionsplus euphoniques que réellement hautedéfinition qui forcent le trait, qui nousservent un haut de spectre lumineux,analytique et ultra-détouré, le DACchypriote nous propose un messageorganique, bien plus proche du ressenti

réel. Les amateurs de concert vontrapidement comprendre de quoi il enretourne…Scène sonore : Le Kassandra MK2 extraitune quantité particulièrementimpressionnante d’informations des datasqu’il reçoit, ce qui lui permet de construireune scène sonore extrêmement solide,réaliste, à la géométrie parfaite etlogiquement différente de fichier en fichier.Sur le «Melody » de Serge Gainsbourg, la focalisation des différents plans estremarquable, la distinction sonore entre les pistes mixées (voix, instrumentsélectriques, instruments acoustiques) est tout simplement impressionnanted’évidence. Les DAC qui nous ont procuréautant d’intensité émotionnelle ne tiennentque sur les doigts d’une seule main…

VERDICTComment dire? Nous ne nous attendions à rien de moins que ce que nous avonsécouté. La série d’électroniques«compactes» Aries Cerat nous a réservéde bien belles surprises depuis sonlancement, le DAC ne pouvait pas nousdécevoir. Après l’excellent préampli Incitoet le savoureux intégré Diana, nous avonssuccombé aux charmes sonores du DACKassandra MK2 en tous pointsremarquables. Musicalement magistral, il n’en est pas moins techniquementexceptionnel avec des solutions auxantipodes du consensus actuel qui consisteà changer de chip tous les six mois souspeine de passer pour un fabricant «hasbeen». Et puis il suffit d’écouter quelquesfichiers PCM sur l’entrée USB duKassandra pour se dire qu’après tout,l’absence de compatibilité DSD et d’uneentrée AES/EBU de série n’a finalementque très peu d’importance.

Dominique Mafrand