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  • L'ARGOT PARISIEN

  • L'ARGOT PARISIEN5-08C-S

    TUDE DTYMOLOGIE COMPARE

    SUIVIE DU VOCABULAIREPAR

    Adrien T1MMERMANS

    ^$QWtQP^

    PARISLibrairie G. KLINCKSIEGK

    11, RUE DE LILLE, 11

    1892

    Tous droits rservs

  • H0V27MiS>

  • AVANT-PROPOS

    Pourquoi les mots ont-ils la prononciation et l'ortho-graphe par lesquelles nous les connaissons? Pourquoisignifient-ils ce que nous voulons dire en les employant?D'o viennent le sens et le son des vocables? Pourquoila tradition a-t-elle conserv ces mots et nous lesa-t-elle livrs en bon tat? Pourquoi parlons-nouscomme nous avons l'habitude de le faire?

    Le langage tant compos de sons et ceux-ci renfer-mant tout le travail de l'esprit, tout ce que l'expriencede la vie, l'ducation, les progrs, les peines et les

    joies de la lutte nous ont appris, il est de la dignit detout homme de se demander quelle est leur origine ets'ils ont vraiment qualit pour reprsenter les chosesrelles dont nous avons conscience.

    Si les sons des mots ne sont pas l'quivalent acous-

    tique de l'ide qu'ils renferment, si le sens qu'ils ex-

    priment n'est pas moul pour ainsi dire dans la matirefluide dont ils sont composs; si le foud, c'est--direle sens, n'a pas cr la forme, le langage n'est qu'un

    stupide mot de passe et nous avons lieu de nous ton-ner que les nations les plus loignes et les plus divi-

    ses l'aient conserv uniforme. L'arbitraire aveugleprsidant la formation de ces sons, il aurait d seproduire, ce semble, une confusion auprs de laquelleBabylone n'aurait t qu'une mascarade d'enfants.

  • II

    L'animal et la nature inerte reproduisent ce qui se

    passe en eux par des sons spontans toujours sincres.Si la bte savait imiter, comme nous, les sons qui se

    produisent autour d'elle, il est certain qu'elle les rp-

    terait comme elle les entend. Le son est-il autre choseque le signal d'un vnement, et celui-ci n'est-il pastout entier dans son expression sonore? L'hommeserait donc le seul mconnatre les ressources que lanature lui offre pour la cration de son langage en n-

    gligeant l'unique moyen de le rendre sonore, vridique,transparent au point de vue du sen.*, et conforme l'ordre des choses.

    C'est une supposition que rien ne justifie.

    Le langage, tel qu'il se prsente l'tude linguis-tique, est l pour prouver qu'il est la reproduction

    fidle de sons spontans et que ceux-ci ont reu undveloppement dirig par la raison. Tout ce quel'homme prouve en lui-mme se manifeste par desvoix que la nature nonce pour lui. Il les coute, il sentce qu'elles signifient et les emploie comme messagestoutes les fois qu'il veut rappeler et renouveler les faits

    dont elles formaient la partie sonore et intgrante. Leson rappelle la sensation parce que c'est elle qui le

    dtermine. Ce sont deux lments insparables.Quand, en dehors de sa langue maternelle, on en

    connat une, deux, trois on est frapp des traits de res-semblance inattendue unissant ces langues entre elles.Pourquoi cette identit fondamentale, car elle existe,qui nous frappe dans des langues parles par despeuples spars par de grandes distances, ennemis par-

  • III

    fois et invoquant la diffrence de l'idiome etc., pouravoir le prtexte d'attaquer et d'asservir. C'est que

    toutes les races prennent les lments de leur langagedans la nature. Toutes trouvent, en elles, la mme ini-tiatrice; sur son vaste giron nous avons appris le son,

    la note, l'intonation de tout ce qui arrive, de tout ceque nous pouvons concevoir et communiquer. Nousavons beau composer et dcomposer nos impressionspar le travail abstrait de la pense, le nom de la for-

    mule cre ainsi sera toujours celui de l'un des l-ments constituauts.

    Dans le Trait de VOnomatope il a t expliquque chacune des langues Grecque, Romaine, Franaise,Anglaise et Allemande remontait, pour ses thmesprimaires ou racines irrductibles, au son naturel, queleur comparaison avec celui-ci prouvait qu'ils en taientla reproduction fidle. Identifier la racine des mots

    avec le son naturel constitue la dernire tape du tra-vail tymologique. Une fois arrivs, nous nous arr-tons devant le miracle de la cration. La nature parleainsi, nous le constatons. Nous pouvons examiner phy-siologiquement par quels ressorts elle arrive produire

    ces sons significatifs, mais le fait ne nous appartientgure, pas plus que celui de notre propre existence.

    Ce nouveau travail s'impose une double tche :1 celle d'aligner les racines primaires du Sanskritavec celles des langues prcites, de mettre en lumireleur origine commune et de faire sentir la raison deleur identit

    ;

    2 Celle de rendre compte pourquoi l'Argot, alors

  • IV

    qu'il n'est nullement dirig dans son travail, cre desphonmes absolument authentiques et neufs, remplis-sant toutes les conditions du mot et, souvent, ayantcours ailleurs, sans que l'originateur s'en doute.

    De la comparaison de la langue sacre des Indes etdu patois gouailleur et profane des barrires de Paris,l ressort clair comme le jour que le langage, dans saformation, suit toujours la mme mthode. Le sans-krit, teint depuis des sicles, a pris le son et le sens

    de ses vocables dans la nature. Pour lui le son est lereprsentant du fait tel qu'il se manifeste l'oreille :il l'emploie par consquent pour rappeler l'acte etl'agent et cela d'une faon trs adquate. Ce nom. ill'applique d'autres agents s'il y a ressemblance avec

    le type primitif, c'est--dire s'ils sont considrs comme

    capables de faire le mme acte et, par consquent, deproduire le mme son. L'Argot, ce langage gavrochequi pousse toujours comme la mauvaise herbe, le der-nier venu de tous, nous le voyons trouvant la voie ins-

    tinctivementet procdant de mme. Lui aussi, se formepar l'onomatope et parla mtaphore. Ces procds sontfamiliiers tous les crateurs de langues. En effet,notre oue nous faisant distinguer le son comme divers

    selon le sens qu'il exprime et selon l'agent qui le pro-duit, notre raison nous dit, qu'en l'employant comme

    nom, nous sommes srs d'y reconnatre l'un et l'autre.

    Cette manire de former des noms s'appelle l'onomato-pe ou confection de noms naturels. Ensuite, commenotre esprit dmle, par la comparaison, les qualitscommunes de deux objets, il nous porte en mme

  • temps les nommer l'un d'aprs l'autre. Cette secondemanire de crer des noms s'appelle la mtaphore outransport du nom d'un objet un autre. Elle nouspermet de donner un nom des choses ne se manifes-tant l'oreille par aucun son.

    Quand nous entendons de l'Argot il nous parat sineuf qu'il nous semble n d'hier. Cependant ce n'estvrai que pour un dixime peine de ses vocables. Lereste tait courant depuis toujours, soit dans les pa-tois Franais, soit dans les langues trangres. Cettefraction, quelque peu importante qu'elle soit, a sa va-leur. Elle nous fait assister l'laboration du langagequand il s'agit d'onomatopes et de mtaphores indi-tes. Mme lorsque l'Argot dcouvre des noms dontpersonne, autour de lui, n'avait fait usage, bien quedepuis longtemps ils existassent ailleurs sous une formeidentique, il nous est encore utile, parce qu'il permetde conclure de l'identit du rsultat l'identit defacture par laquelle il a t obtenu. En prsence deces faits, on est mme port croire qu'indpendam-ment de la race et des traditions, l'homme abandonn lui-mme et formant son langage d'aprs la mthode na-turelle, celle de l'onomatope et de la mtaphore, doittrouverles mmes noms que son semblable la conditionqu'ils entendent tous deux les mmes sons et qu'ils aientlesmmes connaissances desobjetsdontilssontentours.Quand on dit que l'homme cre son langage, il faut

    s'entendre. Il le cre ou plutt il le forme avec lesmoyens que la nature a mis sa disposition, de mmeque l'lectricien confectionne un phonographe avec des

  • VI

    corps et des proprits qu'il n'a pas cres. C'est elle

    qui entretient la vie et le mouvement qui produisentle son; elle anime l'oreille qui le peroit, elle donnel'intelligence qui le comprend. C'est elle encore quicre la socit par le ddoublement de notre tre enhomme et femme (1). Cet autre nous-mme formant lelangage avec les mmes sons que nous, nous pouvons,grce la parole, reprendre la communication d'meexistant spontanment entre deux cratures faites l'unepour l'autre. L'homme cre donc son langage avec leslments que la nature et par del sa Cause Inconnueet Innommable a prpars pour le maintien et le dve-loppement de la socit humaine. C'est l'homme aussiqui l'enrichit en tendant ses connaissances de la cra-tion et de lui-mme ou qui le fait dprir par la misreintellectuelle.

    Beaucoup de mots et d'expressions de l'Argot vien-nent au monde avec deux vices rdhibitoires attri-buables leurs originateurs et non la nature. Onpeut donc les liminer quand on voudra. Il est vrai dedire qu'en ce cas nous n'aurons plus d'argot et qu'il se

    sera fondu avec la langue classique. Le premier d-faut qui entache ses produits provient de ce qu'au lieu

    d'employer franchement le son naturel et d'en faire unmot qui signale exactement ce qu'il veut dire, il nesemble mditer qu'une chose : se soustraire repro-duire le son simple et naf d'un acte tel que tout le

    monde l'entendrait. Il l'altre par une confusion voulue

    (1) Deus creavit homineip masculum et fminam. (Mose).

  • iVII

    avec des sons similaires permettant la gaillardise de

    son esprit de prendre ses bats et de faire des jeux demots.

    Le deuxime est la consquence du premier. Enemployant l'expression homonyme au lieu de l'onoma-tope vraie, on tombe dans l'quivoque et l'on ouvre laporte aux fausses analogies.

    Lepremiernousa valu des onomatopes btardes,maisqui souvent visent insinuer discrtement un sens ma-

    lin : un pavillon p. e., un mensonge imite comme son

    le babillage, le bavardage, mais le prsente en mmetemps comme ayant la grosseur d'un pavillon; avoir

    son boisseau, son poteau disent non seulement qu'on a

    pris de la boisson, mais aussi qu'on en a ingurgit parboisseaux, qu'on est raide comme un poteau, petit ou

    grand selon qu'il est kilomtrique ou tlgraphique.

    Le second nous fournit des mtaphores amusantes,p. e., l'argent tant rond, celui qui a de ces ronds mtal-

    liques est qualifi de miche, ou, par une nouvelle mta-phore, comme ayant de la galette. La filiation du sensest celle-ci : le miche a du pain, il a de quoi vivre,il a de l'argent, je tcherai d'en avoir ma part. La

    mme logique permet l'argot de dire: il a sa barbepour exprimer qu'il a bu : ayant bu on a pomp, onest pompette, on a son pompon, son plumeau et parsuite la barbe de la plume de son plumeau- A cesnigmes on risque de perdre son latin plutt que la vie.Le sphinx qui nous les pose n'a rien de tratre; s'ilprend un air srieux c'est pour ne pas clater de rire.

    Il est inutile de parler de dformations systma-

  • tiques comme de boucher en loucherb, ce procd nefaisant que travestir des mots tout faits. Voil tout ceque l'on dira ici de l'Argot. Il ne tombe pas dans leplan de ce travail de faire la critique de son genre

    d'esprit ni des renseignements qu'apporte son diction-naire. S'il y a un tort grave signaler c'est que le bonstyle a admis des expressions comme grisette, la surde charit habille de gris, pour la femme accomo-dante,le canard, le dire sans fond pour le cancan,

    le violon pour la bote o la police donne l'hospitalitforce et qu'il semble ouvrir la porte des expres-

    sions comme passer tabac, filer la pipe, chiquer sans

    tabac qui ne veulent dire, frapper, que parce que le

    chiquant, un des noms du marteau, rime avec chiquer,mcher du tabac. Dans sa partie raisonnable l'Argotsuit la mthode qui a prsid la formation du Fran-ais et des langues congnres. Il a fait les noms des

    choses avec le son qui accompagne leurs actes et a

    distribu ces noms des objets similaires, Il n'y amme pas d'exception tablir pour des cas commecelui-ci. L'Argot emploie le motsinerpour priser, aspi-rer le tabac en poudre, le Latin et le Franais pour

    sentir, aspirer des odeurs, avec autant de raison l'un

    que l'autre : l'acte et le son sont les mmes dans lesdeux cas, l'application du nom est seule diffrente.L'onomatope justifie parfaitement l'attribution dunom du souffle la poitrine qui respire, en Latin si-nus, en Franais sein et par mtaphore au golfe (enLatin sinus) la forme arrondie comme le sein, ainsi

    qu' l'acte de faire comprendre par des dtours, appel

  • IX

    insinuer. A la suite d'une permutation explicable entrenos moyens de perception le factionnaire qui ouvrel'il, qui coute s'appelle la sentinelle, l'homme d'es-prit el de raison un homme sens, l'homme facilementtouch un homme sensible (en Anglais raisonnable).Le sens de tous ces vocables auxquels nous pou-vons ajouter le mot sentine justifie la prsence duson naturel siner, le mme qui se trouve, par mta-thse, dans le mot nez, l'organe qui aspire, sent,vente, et au moyen duquel l'esprit comprend, etc.Il n'y a donc pas de diffrence dans la faon dont l'Ar-got et les autres langues se dveloppent bien que lesrsultats soient plus ou moins complets.Le langage tant fond en dernire analyse sur le

    son naturel, la linguistique possde en lui une basetangible tout comme les autres sciences d'observation

    qui ont leur point de dpart dans les faits de la vie dela nature. Les lois d'aprs lesquelles se forment l'ono-

    matope et la mtaphore sont immuables.Au point de vue du son la nature ne change pas

    sa voix. Elle nous parle le mme langage qu'ellea parl nos anctres et qu'elle rptera nos descen-

    dants. Elle ne change non plus la forme des objets nila faon dont ils se prsentent notre attention. Commeelle nous a tous dous du mme sens des identits etdes diffrences, nous sommes capables d'tablir les

    mmes comparaisons et de donner, par consquent, unmme nom deux objets similaires.Dans toutes les langues ces deux principes de forma-

    tion se font contrepoids en se substituant l'un l'autre.

  • Aussitt que nous connaissons deux objets, notre es-prit en saisit la ressemblance, de sorte que le second

    se confond, pour ainsi dire, avec le premier et que lemme nom, soit identique, soit peine diversifi, noussemble convenir pour tous les deux. Aussi bien encrant l'onomatope qu'en donnant des noms par m-taphore nous sommes dans l'exercice de nos facultsinnes, Tune de percevoir et de rpter des sons dno-minateurs qui suggrent notre semblable les mmesnotions qu' nous et l'autre de saisir les rapports vi-dents pour tous. D'aprs ce qui prcde, le travail ty-mologique consiste indiquer quel est le son naturelcontenu dans la racine des mots et ensuite de dmlerles rapports d'identit qui ont fait donner le nom d'unobjet un autre. Pour y arriver, il faut rapprocherle son du thme de celui de la nature et comparerentre eux les objets portant le mme nom. Dans lepremier cas le son naturel forme la clef tymologiquepour les racines, irrductibles au point de vue du sonaussi bien que de la signification ; d'autre part c'est la

    connaissance de la somme des proprits des objetsayant un nom homonyme, qui guide l'esprit pour pr-ciser les rapports que nos anctres ont tablis entre

    eux. Tout le travail linguistique aboutit la constata-

    tion du son dans l'onomatope et justifier le transportde cette onomatope d'autres objets.

    Les noms que nous avons donns aux choses ne dif-frent de leurs types naturels que par l'intonation quenous leur donnons dans le discours. Les notes de lanature sont infiniment nuances comme hauteur. Dans

  • XI

    notre bouche elles se maintiennent un niveau d'l-vation qui leur permette d'tre entendues une cer-

    taine distance. Les racines des langues Indo-Euro-

    pennes sont les mmes. Le dveloppement qu'ellesont reu est divers.

    L'unit est le fait de la nature qui ne change ni la

    voix des choses, ni leur composition, ni la faon dont

    elles sont relies entre elles. La diversit provient de

    l'homme. Elle est la suite de la mobilit de ses impres-

    sions, de ses caprices, de ses erreurs. Rattacher le

    Franais et les formations incultes de l'Argot aux lan-

    gues congnres ; dmontrer qu'une mme mthode aprsid la formation de toutes les langues maternelles

    du groupe Indo-Europen ; garantir ceux qui vou-draient s'adonner la philologie qu'ils cultivent une

    science des plus dlicates, sans doute, mais aussi sre-

    ment fonde dans la ralit et la logique que n'importe

    quelle autre ; engager l'tude des langues trangres

    en assurant qu'on trouvera en elles des proches pa-

    rentes de la sienne, tel a t le but qu'on a recherch

    atteindre dans l'laboration de ce travail. Puisse le

    rsultat rpondre aux esprances.La raison de l'agencement institu dans ce livre est

    la suivante, Tout ce qui se passe en nous et au dehors

    venant se rpercuter jusqu' notre appareil phonateur,les sons onomatopiques qu'il profre ont t attribus

    la bouche, au nez, au gosier, la langue, ce qui ne veut

    pas dire, cependant, 'qu'aucun de ces organes ait t

    seul les former, mais seulement que son action s'y

    montre la premire place.

  • XII

    En tte des formations linguistiques se place le pro-totype fourni parla nature. C'est un son spontan dont

    l'homme fait le thme primaire de ses vocables. A sasuite s'alignent, en outre de l'Argot, les mots qui en ont

    t forms en Sanskrit (Skt) en Grec (G.) en Latin(L.) en Franais (F.) en Vieux Franais (V. F.)

    en Anglais (Ang.) en Allemand (AIL), c'est--diredans les langues les plus tudies en France. Des cita-

    tions du Hollandais (H.) du Danois (D.) du Su-dois (Sud.) de l'Espagnol (Esp.)et de l'Italien, (I.)toujours prts complter la srie des affinits, vien-nent s'unir au concert de tmoignages en faveur del'unit des langues.

    La nature qui a dict tous les peuples les mmessons et inspir le mme langage, a voulu apparemmentqu'ils se comprennent et s'entendent.

  • LA HOUCIIK

    Le motpshutt , avec sonps chuint et son double t final,

    prsente un son qui intrigue l'oreille; par son ortho-

    graphe il tonne les yeux, habitus des formes plus sim-

    ples. On lui prte le sens de excellent, sans trop savoirsi telle est sa valeur intrinsque ou si une convention

    sociale la lui attribue gratuitement. Les Dictionnaires

    sanskrit, grec et latin, aussi bien que ceux des langues

    vivantes, sont muets sur son compte : seuls les recueils

    de mots de l'argot en font mention en le caractrisantcomme nologisme. Cependant qu'est-il ? De quelle lan-gue ou de quel dialecte sort-il? Dans quel patois natif

    et rude aurait-il pu natre ? Comment est-il parvenu faire son apparition dans le style mondain et sur quelsmrites repose le bon accueil qu'on lui a fait ? Est-ilGrec avec son ps, Anglais avec son sh, Allemand avecson tt ? Est-ce un son qui a sa ralit dans la nature et

    se passe-t-il, alors qu'il se produit, quelque chose dont

    nous puissions avoir une notion exacte? Est-ce un son

    traduisant une exclamation humaine, un cri animal, unbruit mcanique? Faut-il croire que c'est un cri repro-duisant une sensation de fou ou simplement un motimagin par quelque farceur appartenant la socitqualifie pshutt qui aurait voulu se payer le plaisir devoir les imitateurs s'en emparer de bonne foi? Pourquoiveut-il dire excellent, lgant et pas autre chose?

    1

  • Certes, si c'tait simplement un mot imagin de toutespices pour exprimer ce qui cadre avec des ides ex-clusives d'lgance, l'tymologie serait plaindre des'acharner y trouver une origine raisonnable ; maisaucun plaisant ne s'est vant encore d'en tre l'auteur :nous ne savons donc pas de source certaine que noussoyons dupes d'une mystification linguistique quandnous le considrons comme un mot. En outre, afin demieux nous persuader qu'il vaut la peine de rechercherl'identit de ce terme, nous nous rptons que les

    Dictionnaires de l'argot le citent comme un nologisme;que dans ce langage particulier la forme des mots et

    leur sens ont un rapport rel avec ceux de la langue

    classique, qu'ils ont cours soit dans les dialectes et les

    patois de la France, soit dans les langues trangres.

    Nous nous souvenons aussi que des gens raisonnables

    se servent de ce mot, alors que, pour en exprimer lesens, ils ont tant de termes autoriss leur disposition.

    On ne connat pas dans l'histoire de cas o l'on ait forgde toutes pices un mot qu'il ne ft ou l'imitation d'un

    son naturel ou la rdition d'un mot existant dj. Poli-

    chinelle n'aurait jamais voulu nous imposer ses lucu-brations. Pourquoi une personne srieuse se donnerait-elle le ridicule de prtendre en avoir le talent? Les espritsles plus futiles prvoient qu'ils perdraient leur temps,par

    ce que l'instinct leur fait sentir que pour crer quoi que

    ce soit:le son qui doit dire quelque chose notre oreille,

    aussi bien que l'objet qui doit frapper nos yeux, il faut

    qu'il y ait un fond de ralit, sans laquelle nos produc-

    tions n'ont pas plus de consistance ni de forme que le

  • nuage que le moindre souffle transforme en une succes-sion de chimres. Les choses tant ainsi, dfaut decertificats d'origine, interrogeons le mot lui-mme.N sur le sol Franais, Paris mme, peut-tre, bien

    que n'ayant dans son extrieur ni l'lgance ni le poli

    qui caractrisent les produits del capitale, ce phonmeoriginal ne laisse pas de se prsenter l'examen fran-

    chement, faisant l'effet d'une vgtatiou robuste [la-

    quelle la serpe du jardinier n'aurait pas donn uneforme plus sobre. Pshutt, quand notre oreille a-t-ellepuentendre ce son ; dans quelles circonstances celui-ci

    a-t-il fait concevoir notre apprciation le sens de ex-

    cellente Est-il l'cho d'un vnement qui produit surnotre esprit l'impression de bon, de beau? Or, legot tant le principal organe de l'apprciation et en

    mme temps celui o le son s'associe naturellement lasensation, cherchons dans les bruits concomitants

    l'absorption des aliments, si un signe phonique pshuttne se prsente pas en mme temps que l'ide d'excel-lence et par analogie de beau, d'agrable, les yeux tant

    toujours disposs voir en beau ce qui dlecte le got.Eh bien ! quand on dguste un liquide savoureux, on nese presse pas de l'avaler. Les lvres s'entrouvrent et

    font entendre, ou du moins esquissent le premier son

    p ; l'inspiration qui entrane le liquide entre la langueet le palais sonne le s chuint qu'on a pu reprsenterpar sh anglais au lieu de cJi ou de/ franais; elle se ter-mine par le son tt se produisant quand,, la fin de la d-gustation, la langue toque et retoque contre le palais au

    moment mme ou la dglutition commence. Une dgus-

  • 4

    tation plus sche aurait donn le son epsut et sa va-riante pist, le bruit gnral du sifflement dont les Grecsont fait

  • cela, quand nous voulons voquer chez notre semblablel'impression de ce qui est excellent, nous employonsinstinctivement le son pshutt, ayant, en agissant ainsi,

    la certitude complte que, chez lui comme chez nous, ilaccompagne et par suite veille la sensation de ce qui

    flatte le palais; que par consquent il saura le compren-dre, aussi bien dans sa signification primordiale d'une

    sensation agrable produite sur le palais par l'absorption

    d'un liquide savoureux, que dans celle de beau, de ce

    qu'on aime regarder. Car, de mme que 'nous admet-tons que son got et son oreille peroivent comme les

    ntres, nous croyons galement, cela se passant etdevant se passer ainsi, qu'il est capable de faire les mmescomparaisons, de saisir les mmes analogies, d'employerles mmes mtaphores, et par consquent de passerdu sens de bon celui de beau.Admettant jusqu' preuve du contraire que dans

    l'identification du son psliutt la bonne foi de l'tymolo-gisten'apas t surprise par des concidencestrompeuses

    nous avons le droit de nous demander si un son (1)aussi essentiel, inhrent qu'il est a un acte aussi naturel

    et aussi frquent, n'a pas fait son apparition dans le

    langage bien avant notre poque. Est-ce bien vritable-

    ment un nologisme, ou ne serait-il pas plutt la red-

    couverte d'une forme qui existait dj, mais que les ac-cidents de l'volution des mots auraient altre, soit

    dans l'orthographe, soit dans le sens. Car depuis que

    (1) Le mot pshutt se prononce par expiration, bien qu'on hume leliquide. C'est pour faciliter l'locution qu'on agit ainsi. La mme chosese passe avec absorber, humer, siffler.

  • l'homme existe sa bouche a d produire ce groupe delettres quand il dgustait. En effet, on retrouve le sonpshutt, devenu mot, dans toutes les langues de la fa-

    mille Indo-Europenne. Sa nouveaut consiste dans uneforme originale et rustre que l'usage n'a pas eu le temps

    d'adoucir; ensuite dans une application exclusive au

    sens de distingu^ selon le got d'une partie de la so-

    cit notre poque. Le Sanskrit prsente une formesimilaire et un sens tout analogue dans sudate doux,

    svad avoir un got agrable, svad qui a un gotagrable, formes o la sifflante prcde la labiale; dansle grec nous trouvons yjou^ o l'esprit rude remplacel'aspire sifflante s et dont le digamma ou w s'estperdu; le latin possde le mot suadeo je persuade, dontle sens primitif, sur la foi de l'orthographe, doit tre

    adoucir, apaiser une personne par des conseils qu'on

    lui fait agrer, suavis doux, dont le son dnote uneinspiration qui semblerait ne pas devoir aller jusqu' ladglutition; le Franais &persuader, persuasion, suave,anciennement souf; l'anglais sweet doux au got etune variante soft doux au toucher, par une extensiondu sens; l'allemand ssz doux, sachte sans bruit, sanftmou. Bien des fois on surprend les gens nafs faires/, st la vue d'une chose qui plat, voulant dire par lqu'ils la trouvent leur got, qu'ils la humeraient. Lesmots rapports ci-dessus en sont tout bonnement lesonomatopes. Le mot latin suavium un baiser, montretrs bien cette inhalation de l'air s qui fait dire v auxlvres quand elles cessent de faire siphon, pouremployer un terme qui peigne le fait. L'acte du

  • baiser vit dans le son et, grce l'criture, c'est celui-ciqui a survcu au peuple romain et ses affections.Dans ce cas, comme dans tous les autres, la parole est lefantme d'un souffle qui a vcu. Dans suauium onentend le souffle et l'on sent le mouvement des lvres.En gaie compagnie on s'exprime d'une faon analogueen disant : sucer la pomme pour dire : embrasser, ren-chrissant sur le mot suavinm, forcment, cause dela prsence du mot pomme, pour tte en forme de boule.Les grecs appelaient un baiser immodr |xav5oX
  • comme mpshuttpour dxipshutt o il y aurait un vice deforme, dpshutter en manquer la note, pshuttiser pourpouser les ides dxipshutt et quitter les manires so-bres et correctes, il y en pshutt pour beaucoup, et tantd'autres auraient pu natre si le mot et la chose avaientt plus avant dans les proccupations de l'esprit desgens. S'ils n'existent pas, c'est qu'ils n'taient pas n-

    cessaires l'expression de la pense.

    Cependant, les expressions qui ont accru le vocabu-

    laire, comme celles qui auraient pu s'y faire une place,suffisent pour mettre en lumire un fait grammatical,utile, par sa spontanit surtout, la connaissance phy-

    siologique du langage. D'abord, c'est que le sonpshutt,n organiquement de l'acte de la bouche faisant siphonpour l'inspiration d'un liquide, de simple son physiquequ'il tait, devient mot par l'emploi de la figure dite :

    l'onomatope, c'est--dire facture de nom ou son devenudnominateur par un acte intentionnel et conscient. Aulieu de rester un son li un acte d'une faon secon-

    daire^ n'ayant d'existence et de signification que pour

    un moment, et seulement pour l'individu chez lequel il

    se produit, il devient, par l'onomatope, un moyen decommunication parce qu'il nat chez les autres dans lesmmes circonstances, et qu'en l'nonant on est intime-ment convaincu qu'il sera compris. Celui qui a trouvle son, qui l'a retenu et en a form un mot, compteparmi les anonymes qui ont cr le langage. Cette cra-tion consiste dans la dcouverte du son naturel, s'in-corporant un sentiment dont on a conscience, dont on

    fait un nom par l'onomatope qu'on applique, par

  • comparaison, des objets produisant sur nous une im-pression analogue, qu'on redit ensuite ses semblables,

    srs de rveiller en eux l'image vivante et fidle de cequi se passe en nous. Pshutt est, au point de vue tho-rique, un thme primaire, une racine irrductible, unson tout spcial et individuel emportant en lui sa signi-

    fication propre ; c'est un son que le sens, c'est--dire

    l'acte dont nous avons conscience, a form par lui-mmeet pour lui seul. L'acte tant un et simple, le son qu'il

    fait entendre est simple et monosyllabique comme celuide toutes les racines pures.

    L'expression collective le pshutt est utile pour nous

    montrer, dans un fait contemporain, comment se formentles termes abstraits. En effet, notre entendement voitsous cette dnomination tout ce qui a la qualit vi-vante de ce qui est lgant d'aprs un type convenu,

    abstraction faite des objets ainsi qualifis, soit cravate,dner, bal, runion, salon, cercle, etc. C'est donc unterme abstrait, un prdicat gnralis, le nom d'un acte

    qualificatif employ pour dsigner un ensemble d'objetsconcrets dans chacun desquels il se rencontre.

    Ses divers emplois dans la phrase servent aussi

    clairer la syntaxe sur ses pi ocds habituels. Pshutt

    est le son d'un acte, donc verbe de sa nature. Habitusque nous sommes ne voir que des verbes compossd'une racine et d'une terminaison, contrairement ce

    qui se passe en Angl. o l'on dit re feu et tojire fairefeu, nous disons pshutterf moins que l'expressionanalytique/a/re du pshutt ne nous paraisse plus con-venable. Dans c'est pshutt, le mot est adjectif pris

  • - 10

    prdicativement. Lepshutt est un substantif. Il y en apshutt, expression qui n'a pas cours, aurait fait classerce prdicat dans l'ordre des noms de nombre gnraux.Il remplit donc dans la phrase les diverses fonctionsauxquelles se prte chacune de ses proprits, de sorte

    qu'il figure alternativement comme verbe, substance,

    qualit et quantit, la place exige par la logique dansl'ordre du discours.

    L'argot anglais a le mot phizzing (1) pour dlicieux,beau. C'est le son d'un breuvage aspir avec plaisir.Pour cela on l'a trouv propre rappeler le sens de cequi est bon et beau, comme la boisson qui fait phizzdans la bouche. C'est un homonyme de pshutt, la m-tathse de siffler : toutefois, il ne s'appuie sur aucun de

    ces mots, ce qui prouve que le langage se forme et se

    dveloppe de la mme faon dans tous les pays. L'argots'approche du classique to phizz faire entendre un sif-flement, et prsente la mtathse de to sip siffler unverre, le siphonner en quelque sorte. L'argotier anglais

    a trouv ce mot dans les sons naturels de sa bouche ; ill'y a pris de confiance, croyant que c'est le vrai, sans se

    douter qu'il pouvait exister chez lui ou l'tranger, soit

    avec le mme sens de bon ou de' beau, soit avec touteautre signification analogue. On serait tonn justetitre si l'on entendait soutenir que des deux languesl'une a d l'emprunter l'autre. Rien n'empche quele son ne soit le mme des deux cts de la Manche,tant qu'il garde l'originalit qui lui vient de la nature,

    (1) To phizz veut dire faire de la mousse : c'est l'air qui produitd'innombrables bulles ; to phizsle signifie persiffier.

  • 11

    comme dans le cas prsent. 11 n'est pas ncessaire, non

    plus, d'aller l'cole l'un chez l'autre pour connatre le

    rapport intime entre bon et beau, et pour faire passer lemot du sens concret au sens mtaphorique. Phzngest le son ps dont il a t parl dj, devenu mot etverbe. Dans l'argot de la langue franaise il ne s'est pas

    dvelopp, sa place tant prise par des termes syno-nymes, tels que humer, siffler, siphonner, sabler, tuber,siroter, absorber. Les onomotapeessktes/)s^ vnrer,pj, honorer, "se rattachent au son pshutt. Le sens est :apprcier comme beau, auguste.

    A cause de la conformit du sens, bien que le son lerange parmi les onomatopes linguo-dentales , le mottschock, synonyme tout nouveau de pshutt,demande uneplace ct de lui. Pour identifier ce dernier mot, rap-

    pelons-nous qu'aprs avoir bu un trait de la dive bou-teille la langue fait entendre un claquement particulier,

    un toc toc accompagn d'un chuintement, d'un jute-ment particulier par lequel on signale l'absorption d'un

    breuvage de qualit. Peut-tre ce mot, en s'tendant,viendra-t-il dsigner une foule d'autres choses pro -

    duisant un effet semblable celui de la boisson. Il lui

    faudrait un nombreux public, le temps de vivre etmoins de concurrents. Le claquement de la langueaprs la dglutition est un signe de contentement.

    Rappelons que c'est en faisant entendre ce son que lanourrice cherche veiller l'apptit chez le poupon, sa-

    chant que ce chuintement doit lui rappeler le mouve-ment de sa langue quand il avale le lait. La poule, elleaussi, appelle ses petits avec un son qui ressemble fort

  • 12

    un claquement de sa langue. L'anglais to chuck ex-prime cet appel. Il n'y a pas de mot dans le vocabulairefranais reproduisant cet appel. Le coq dit la mmechose lorsque, en galant oiseau, il attire l'attention de

    la poule sur le grain qu'il lui a destin.

    Tschock etpshutt peuvent avoir t trouvs pendantla dgustation d'un mme verre de Champagne. L'un etl'autre sont des crations linguistiques trs rcentes, dumoins dans leur forme actuelle. Cependant, il paratqu'ils vont cder la place au mot ah, qui, lui aussi, est

    capable de rendre le sens depshutt. En effet, pour ex-primer le dsir, le soulagement, la satisfaction, l'admi-ration, nous trouvons au fond de notre gosier large-

    ment ouvert le cri spontan ah } L. heu cri de l'admira-tion. Le gosier largement ouvert se manifeste dans

    ya^ai j'admire, form du mme cri avec une orthogra-phe plus gutturale. Ce gosier entr'ouvert par le dsir,par la satisfaction rve, par le soulagement, prte son

    cri l'action des yeux, dont la pupille se dilate, dont

    les paupires s'ouvrent toutes larges, pour jouir leurfaon de l'objet admir. Il y a donc une corrlationphysiologique entre le sens du got et celui de la vue,l'un et l'autre veillant dans l'me le sens de ce qui est

    bon ou mauvais, beau ou laid. Celui qui regarde ouvrela bouche (la gueule) comme celui qui respire, qui d-sire, qui s'tonne. La vue, l'oue, le toucher, l'odeur sont

    forcs d'emprunter le son des phnomnes du got, parceque lui seul est muni d'un organe sonore qui peut tra-duire pour l'oreille les sensations d'agrable et de d-

    plaisant qui ont pu tre perus par les autres sens. La

  • 13

    sensation du got(l), bien qu'elle soit perceptible parla langue seule, semble accaparer galement les lvreset le gosier, c'est--dire tout l'organisme de la phona-tion appel traduire par des sons tout ce qui nousmeut. C'est avec ses accents spontans que nous ren-dons les sentiments analogues de bon ou mauvais avecleurs nuances, tels que nous les apportent les autres

    sens. Voir aux mots oculaire, rebouiser, spculer,prouver (1).

    Pshutt, tschock et ah reprsentent donc la notationde trois faons d'apprcier. Chacune de ces impressionsest capable de suggrer l'autre, les trois sensations seconfondant dans une ide unique de bon et, par analo-gie, de beau, d'agrable. L'expression c'est beau cro-quer paraphrase cette union entre ce qui est beau et cequi flatte le got. Le got, du reste, est reconnu commel'arbitre de ce qui est lgant. Le mot sgoff'be&xi estune forme du radical qui a form gober avaler et trou-ver bon, beau. Sous sa forme gaffer il veut dire regar-der, admirer.

    Les synonymes juteux, urf, vlan seront expliqusplus loin.

    Pshutt, compos de p que l'air inspir fait sonnersur les lvres, de shu qui lui succde en passant entreles dents et la langue et de it que celle-ci fait entendreen venant toucher le palais, reprsente une modulation

    (1) LAll. der Geschmack le got, H. smaak attribuent la facult,non au gosier, guttur, gustus, mais la bouche.

    (1) Le H. proeven goter, reprsente l'examen comme fait par lamastication, Voir au mot barbaque. L'Ang. taste got le place dansle tact : tdter de.

  • -- 14

    spciale que l'instrument compliqu de notre bouchefait produire l'lment fluide. Nous allons voir le sonde l'air se modifier et former d'autres phnomnes sui-vant que l'acte qui les provoque demande l'interventiond'autres organes, tels que la langue ou le gosier avec

    ses voyelles, ses aspires et ses gutturales, combinesou non avec les labiales ou les dentales. Un son signifi-catif appel devenir vocable demande autant de lettresque le fait qu'il exprime affecte d'organes dans l'appa-reil de la phonation.

    Ainsi, l'organe dont le mouvement imprime l'air leson 6, p, v, w, f, ph, soit qu'il souffle, soit qu'il parle,qu'il mange, boive ou bave, prend le nom rvlateur debabines (1). Dans le thme primaire bab, nous distin-guons le son des lvres qui s'entr'ouvrent en faisant

    entendre ba et qui se referment avec un bruit 6. Ce son

    devient substantif dans babines lvres. La terminaisonine indique une espce mignonne. Dans l'intention del'originateur du mot, ce sont des lvres un peu bouffieset douces : cela ressort du son plein ba au bruit du-quel elles s'entr'ouvrent et se closent. Ce nom a t

    attribu l'organe avec autant de bonne foi et pourd'aussi bons motifs que celui de coucou l'oiseau qui

    annonce le printemps par ce cri, de pipit l'espce

    d'alouette des environs de Paris, de courlis au vanneau

    qu'on reconnat de loin ce cri, de coq. etc., car, elle

    aussi, a un son unique qui la distingue toujours. Une*

    (1) Le Grec yeilo lvre est l'onomatope de la gueule dont les ba-bines sont une appartenance loigne. Le mot lore, en L. labia, estle nom onomatopique de la langue, comme l'indique le H. leppenlicher, une franche lippe et le L. lambo.

  • 15

    trs grosse lvre s'appelle unepampine. Selon les actesauxquels cet organe se trouve ml, elle prend le nomde bade, balot et avec jeu de mot de baleines, au Centrede papette bouche et lvre; elle concourt former lesonomatopes bec, bouche et les formes burlesques bo-bche et bobchon bouche et par synechdoche tte, motsqui jouent sur bouche et bec, ainsi que banquette men-ton par jeu de mots; elle inspire les mots/)//5 le nez,organe du souffle, comme la lvre, et sa caricature^/?,par jeu de mots. Dans le pif les ailes font office delvres. Nous retrouvons les babines dans les barbes les

    joues, les barres les mchoires, les bacchantes la barbe,le barant, en H. bron, par prosopopela bouche d'eau,la fontaine, dans bgarol trou, bouche par assimilation l'organe humain. Certainement qu'au lieu de ban-quette, barbes, barres, l'originateur anonyme de cesmots aura voulu trouver des onomatopes plus justes :mais, comme il est difficile de saisir la note originale et

    exacte des sons et d'en tirer des onomatopes absolu-ment imitatives, on s'est content du mot ct, seconsolant de sa dfaite par un calembour comique. Ilest tout naturel que l'artiste, quand l'imitation exactene lui russit pas, cherche cacher son insuccs en

    nous faisant rire : c'est une malice pardonnable. Cepen-

    dant, cette faon de procder a ses inconvnients, car,d'abord, banquette et barres sont des jeux de mots peugayants : c'est le revers de la mdaille pour ce genred'amusement; l'esprit tant dans la ncessit de chercherune assonance, n'est pas toujours libre de trouver deschoses amusantes. Au point de vue de la franchise du

  • 16

    langage, on perd ce jeu : car, au lieu d'onomatopesde bonne foi et faites d'un jet, nous n'avons que le com-mencement 6, c'est--dire l'lment labial agissant danschacune d'elles, tandis que le reste dtonne... Desinitinpiscem... C'est 'regrettable : il et t facile de fairemieux. En coutant bien quels sons la mchoire inf-rieure produit ou esquisse en s'ouvrant avec p et enlaissant chapper du fond du gosier un son og, ag, onaurait retrouv le skt pa le menton ou le G. Tcytv,dont le sens actuel est barbe ; il est vrai que le langage

    populaire se rattrape avec rigolboche (I. bocca). A d-faut d'un mot ressemblant l'quivalent Grec, on aurait

    pu trouver un mot sonnant comme l'Allemand Backejoue, comme dans barbaque.Pour mettre un peu d'ordre dans les mots o se sont

    incorpors le sens et le son du souffle labial, commen-ons par ceux qui expriment simplement l'air, l'lmentvague, flottant et libre.

    L'air, et par assimilation le vent en entrant dans le

    nez, fait entendre le son vari p, f, comme s'il tait

    aspir par les lvres. Les ailes en touchant la cloison

    intrieure font, du reste, entendre ce bruit. Plus lecanal de l'organe se trouve obstru ou rtrci, comme

    p. e,. dans l'enchifrnement, plus le son vocal se fait

    aigu et se rapproche de*. Dans ces circonstances, l'ono-

    matope pif est venue se substituer la forme pluscommune nez et l'onomatope pimer a t appele exprimer le sifflement aigu que le nez fait entendredans le rhume de tte. L'original une fois cr, l'imita-tion donne des produits abondants : voil qu'on l'appelle

  • 17

    fifi, par allusion l'oiseau qui piaule, piffre, qui n'est

    qu'une corruption defiffre, surnom du nez, ce mot tantle nom de l'instrument nazillard qui fait concurrence au

    pif Le nez ayant son jeu physionomique particulier,piffer ou faire le/ marque l'arrogance et le mpris. Lesouffle du pif pendant le repos a fourni le thme pourformer les mots qui expriment onomatopiquementl'acte du sommeil : pioncer, piausser signifient dormir;l'endroit o l'on dort est l&pionce ou le pieu, le lit.Le pif est synonyme du bec, l'un et l'autre consti-

    tuant des organes de la respiration. Le nez affectant laforme du bec, on l'a surnomm pic (1). De ce mot sesont forms piauler dormir, souffler du bec, ouvrir etfermer le bec en respirant, souvenir de piailler, lapiaule, la niche o l'on dort, la maison. Le Bas Nor-mand a pour pioncer vioncher, mots o le ch commesa forme sche c3 traduisent le chuintement et le sibile-ment de l'air dans l'arrire-bouche. Le Picard a le motviondir pour dormir. Le al de cette forme est probable-ment d l'influence de l'homonyme ventj dont le son etl'ide viennent l'esprit quand on pense au souffle.Viondir est une onomatope mixte. Envoyer au piau-tre est envoyer au lit. Piautre veut dire : pas du tout,va te coucher.

    Le tabac priser s'appelle le fanfouin, du bruit devent qui en accompagne l'aspiration; priser se traduityarfanfouiner en langue naturelle. C'est la rduplicationde fa nasalis. Un marque l'intervention de la langue

    (1) La pie en skt pika, le pivert en H. speeht, doivent ces noms leur bec.

  • 18

    fermant l'ouverture de la bouche pour permettre au nezde respirer plus puissamment. Le son naturel du ventsur nos lvres p,f, v met notre nologue en harmonieavec les aborignes de l'Hindoustan qui lgurent ausanskrit les noms onomatopiques de pa vent, va souf-fler. Le procd pour former les mots est le mme,malgr les diversits qui distinguent l'homme de nospays de celui de l-bas et malgr la diffrence des ges :l'un et l'autre expriment par le langage les faits de lavie en leur conservant le plus qu'il est possible l'imi-

    tation leur voix naturelle. C'est ainsi que l'Ail, dit

    wehen et le H. waai/en pour venter, mots qui contien-nent le thme skt va (en Gr. a) plus un h et un y pourfaire la liaison avec le suffixe en. La nature n'a rienchang, ni le son des choses, ni l'organe de l'homme;d'autre part, elle n'a pas modifi notre intelligence qui

    nous pousse, comme par le pass, employer les sonsuniversels et identiques pour la race humaine toute en-lire, afin d'en former le langage au moyen duquel nousdevons communiquer avec l'me de notre semblable :car il est vident pour nous, qu'en frappant son oreille

    par les sons naturels des choses, il doit assister au mmevnement et en recevoir les mmes impressions quenous.

    L'esprit est comme le vent : il souffle partout : on

    ignore d'o il vient, on ne sait o il va. Le son nasalisdu vent qui se fait entendre dansfanfouiner a t en-tendu jadis dans une diversit de pays et partout on l'a

    utilis pour exprimer l'action du souffle, comme leprouvent p'anda le ventre gonfl, TrvsJ^a le souffle,

  • 19

    pantex le ventre, ventus, vent, wind_, der Wind. Fan-fouiner a un pendant dans le H.fnie* en ternuer. Ce-pendant, les originateurs Franais et Hollandais ne se.

    sont pas abouchs pour donner ces noms peine divers deux actes dont le premier consiste aspirer l'air etl'autre le chasser du nez {nie* en ternuer) : c'est dumoins ainsi que l'expliquent les mots. Le langagehumain est fait de ces rencontres. Ce qui est argot enFrance, parce qu'il est patois ou neuf, est parfaite-

    ment courant et accept ailleurs; le contraire a lieu

    aussi (1).

    Le nom du nez qui aspire et son quivalent la bouchedeviennent par prosopope le nom de l'instrument quinous sert de siphon : le mme souffle donne le nom auxuns et aux autres. C'est ainsi que se sont forms \&pipe,Angl. pipe, Ail. diePfeife, que le Gr. et le L. possdentsous une forme analogue laquelle se mle un sifflementparticulier : crfywv, siphon, le siphon. La soupape est,d'aprs l'expression du son, la pipe par laquelle passeune respiration : A. to sigh, Ail. sej*en, H. zuchtensoupirer. V. au mot assoupir. Aspirer un liquide adonn l'onomatope identique sugare sucer, dont souest un dbris. Le mot bouffe une bouffe d'air, defume, a suggr les mots bouffarde la pipe et la bouf-

    (1) L'Angl. to sneeze, AU. niesen diffrent 1ternuer, L. sternuo,pour la raison que ce dernier drive de tor, reste de torqueo tordreet de nu, dbris d nasus. To sneeze veut dire qu'il s'agit d'un pico-tement du nez qui disparait en ternuant. Le s indique le sifflementde l'organe, eomme le /le fait sa manire, en le nommant vent.Eternuer veut donc dire : avoir le nez tordu par un chatouillement,prouver le besoin d'ternuer. Pour la gense de nez et tordre,Y. cesmots.

  • 20

    fardire la chemine. L'une et l'autre mettent de lafume, comme une bouche vivante : ce sont donc desprosopopes. Apoffirif) au C. veut dire souffler, tein-dre par une bouffe d'air, appele en Angl. a puff ou

    whiffi en sktpcka tourbillon de vent. La, pompe,pump, diePumpe est une forme varie de pipe, imposeen quelque sorte, parce que l'instrument change de na-

    ture. C'est une pipe, H. pijp tuyau dans lequel le piston(siffleur) aspire l'eau comme le feraient nos lvres avec

    un son pst! V. Trait, p. 15.

    La bise, H. bies la bise, biezen souffler en bise, bui

    bise accompagne d'eau reprsente un sifflement parti-culier du vent, se rapprochant de celui de la bouchehumaine. Nous le retrouvons dans fascina la grosseabeille, ^'.upKw souffler tout bas,faire pst\ vespa lagupej fistula le pipeau, festuca le scarabe bourdon-nant, le bisard le soufflet, le ftu (skt husa paille), lafistule la plaie qu'on drame l'aide d'un tube,fusersiffler comme la poudre enflamme qui s'chappe d'untube, la fuse, to buzz, to wheeze tre asthmatique,weasand la trache-artre, to whistle siffler, derPster, skt b'str le soufflet, pisten siffler, faire pst\

    La bise sonne galement dans ucaco (2), lephgster

    (1) La fume, skt bmb, est une prosopope. C'est un gaz assimil une bouffe d'air sorti d'une bouche humaine, ^o fume, tnbres.

    (2) La nourrice, quand elle veut que le mme fasse pipi, dit : ps!ps! pour rappeler l'enfant de quoi il s'agit par un bruit connu. Lecocher, pour faire uriner son cheval, ne dit pas ps ! ps ! il siffle, cequi ne rend plus le mme son du tout. Heureusement, comme le che-val est une bte trs intelligente, il comprend ce que le patron veutdire et le rsultat est obtenu tout de mme. Ps! ps! rpond auL. mingo, migo, minxi, onomatope forme de ms! pour ps! skt mihmtr. Le Norm. Jser veut dire jaillir, skt bis.

  • 21

    le souffleur, Yemphysme (to wheeze faire entendre le.sifflement de l'emphysmateux), Ouest, West le ventd'Ouest, der West id., die Weste le vent.

    S'boustijler (fier de /lare) veut dire s'poumonner.Ce mot joue sur boustifailler. Le sige du souffle s'ap-pelle en A. bosom la poitrine, Ail. der Bsen id., sktpupp'usa poumon.

    Une onomatope qui dnote que le son ps! dont elleest forme se prolonge, que les lvres, prtes au ventpar l'imagination, rptent leur sifflement et font en-

    tendre psp nous est prsente dans j^ps; le soir, levent du ponant, Vesper les vpres, to whisperchuchoter, whisp le ftu, le soufflant, wispern chuchoter.

    L'origine onomatopique de pistolet a t expose

    p. 96 du Trait. Dans le langage familier, il prend lesnoms de sifflet, de petouse et de blavin, mots qui dsi-

    gnent l'instrument vent actionn par un piston, tel

    qu'on le voit encore dans les mains des enfants : il siffle,pette, souffle avec ou sans mtaphore. L'Anglais l'ap-pelle popgun, l'Ail, der Pffer le pistolet.La clarinette tant un instrument vent, est devenu

    synonyme defusil, comme le sifflet de blavin : la pro-

    portion a t bien garde. Le blavin (1) est le canond'o sort l'air, le souffle (subflare) activ par la poudre

    enflamme. Le sonJl dnote un souffle qui, pour se pro-duire tel, exige l'intervention de la langue. Il s'est fait

    mot dans \ p\d vent, raXefyjuov le soufflet, le poumon,

    (1) Le son v nat sur les lvres quand le son a arrive jusqu' elles.Le thme est fia, L. flare soufflet.

  • pulmo poumon, flare souffler, soufflet, gonfler(conflare), flte, to blow souffler, flaw rafale, bel-lows le soufflet, to blast faire crever par la distension

    du vent (skt phal), blasen souffler, H. vlaag coup devent.

    Le nez que nous avons rencontr tantt sous la dno-mination de pif cause d'un des bruits aigus qu'il pro-duit, se prsente cette fois sous le nom de blair. Il a

    plu au public, qui fait son langage, d'y voir un souf-

    fleur. Le mouchoir qui sert recevoir les humeurs quele souffle expulse du blair (1) s'appelle le blave, le blardou le blavard. Le mot pompier mouchoir se rattached une faon analogue pif, pipe et pompe. Il pompe leliquide. L'argot qui s'inspire des faits tels qu'ils se pas-

    sent s'est trouv d'accord, une fois de plus, avec la

    faon de s'exprimer adopte ailleurs. L'Anglais dit unenfant blow your nose, l'Italien soffia il naso mouchetoi (souffle le nez). Au moyen ge la trompette duhraut d'armes soutenait en guise de hampe les armoi-ries du chevalier brodes sur un drapel. Comme chaquechevalier avait ses armoiries, sa devise et son signal

    personnels, armoiries et devise ont pris le nom de bla-son, Ail. blasen souffler, sonner de la trompette, formeassibile deflare. Le sibilement^s a t retrouv parun anonyme qui s'est rappel le son esquiss par leslvres et la langue quand on souffle dans la flte et uti-lis ensuite pour former les mots blsimarder (mardest le radical de la bouche, le mme qui a form mordre

    (1) Le blaireau, L. M. bladarius, sud. gravsvin, porc fouisseur tireson nom de blair qui chez lui a les proportions d'une hure.

  • 23

    Y. ce mot) siffler un acteur en marronnant contre sonjeu, et bls/tarder c'est--dire flairer aprs le vent quimettrait le nez sur la piste d'une aventure. L'un et l'au-

    tre mots prsentent des synthses du type : arc-bou-tant, bain-marie, Htel-Dieu o le qualificatif prend ladeuxime place, comme dans la phrase analytique habi-tuelle o l'on dirait : arc qui boute, bain de Marie,Htel de Dieu, comme on dirait galement siffler de labouche et flairer du nez. Le gnie de la langue franaisequi est analytique persiste donc, lors mme qu'ellesemble rechercher la synthse. Dans le grec, le latin,

    l'anglais et l'allemand, le qualificatif se place dans lescomposs avant le mot qualifi. En franais on suit Tor-dre inverse. L'argot du crime a le mot blase pournom : entrer dans une piaule sous faux blase. Etre blas

    est une adaptation au moral du sens de la racine blas.Il s'agit d'un cur dont l'animation est partie; c'est

    comme un vin vapor, une fleur qui ne sent plus ; l'es-

    prit est plat, indiffrent, ennuy. En anglais il y a uneexpressiou similaire : the flowers are blown les fleurssont passes, elles n'exhalent plus de parfum; to pall

    veut dire perdre son arme, sa force, ail. Jlait fade. V.Trait, p. 76. Etre vann veut dire que les esprits vi-taux ont perdu leur vigueur par suite d'une grande fa-tigue. Il ne dnote |qu'une lassitude corporelle passagre.C'est un jeu de mots sur vent, vapor. Avoir ventde quelque chose, reconnatre par le flair s'exprime par

    vn connatre, tj.yjzvm flairer, reconnatre venarl chas-ser en profitant du flair des chiens venter to windflairer wittern sentir

    l&.werwaayen avoir vent de.

  • 24

    Le brouf, skt brimi ouragan est le vent soufflant dularge; l'esbroufAng. blustering (1) ; H. blufla vantar-dise; esbrouff Ail. verblfft abasourdi; d'esroz^avecviolence. Le classique bouriff tonn est une formequi s'appuie sur esbrouff) bouriff avec le sens dedsordre dans les cheveux (la bourre) marque le boule-versement de l'esprit transport la coiffure.Le vent charrie la puanteur et fait, pour ainsi dire,

    corps avec elle. C'est ce que les expressions suivantes

    vont mettre en lumire. Souvenons-nous que le linguiste

    ne trouve pas analyser que des mots exprimant deschoses parfumes ou convenables. Il partage le sort deson confrre en chimie que son mtier force d'oprer

    sur toutes sortes de matires. Plaignons-les et exami-nons sans fausse pudeur. La fume est un souffle plusou moins acre ou touffant : skt b*amb

    l

    a, G. s?o; le

    brouillard. Les mots latins suffio (subfto) et suffbco

    veulent dire : remplir de fume. V. Trait, p. 39.

    L&fiente tc(vo; et lefumier exhalent une odeur nausa-bonde. La bouse apporte un vent sui generis. Bousiller

    prend un sens plus matriel : il "signifie : gcher, sali-goter le travail.

    La puanteur, la ftidit s'expriment par des mots tels

    que pt/ puer, vas odeur en gnral (2), xyw foeteo visio vesser, visium vesse puer,ftide, vesse to

    Jizzle vesser fiesten etpfafen yesser etpetter,H. poe-pen petter etvunzen vesser, sentir mauvais.Le bouc s'ap-

    (1) Bodsting en Ang. veut dire une vantardise moins bruyante.(2) Loufer est une autre onomatope pour vesser : c'est la mta-

    thse de flare qui se retrouve dans le lof le vent, AU. die Luft l'air, H.lucht air, luchten sentir.

  • 25

    pelle en Skt le puant : beda. Le mouton en Danois a lenom de bede. C'est le mme mot que le skt, ce qui prouvequ'on s'est aperu que le bouc sent mauvais dans le paysdu blond Danois aussi bien que chez les Indiens basa-ns. Tous deux le qualifient par la mme proprit,celle d'exhaler un air ftide. Le L. haedus, Ang. we-ther, Ail. das Widder rappellent vas odeur, vtas levent 53u) sentir (HvOs; le fumier), odor, odeur, icea-

    ther l'air, le temps, das Wetter. Ces mots ne nous fontsortir ni du sens ni du son vent. L'anus s'appelle enen AU. die Fot^e, H. vot. Jean-fesse et ses assonances

    Jean-foutre, Jean-foutu sont l'quivalent de TAU.

    Hndsfott anus canis. Le fesse-mathieu est un termed'opprobre qui caractrise l'usurier, l'homme d'uneavarice sale et sordide. Fouetter de la carafe, asso-

    nance de ftide (foeteo) avec fouet, veut dire : avoir

    mauvaise haleine. Ceux qui. au lieu de prendre leurlangage tout fait, l'inventent disent la venne pour la

    honte, paraphrasant ainsi l'expression honteux commeun pet sans autres frais de rhtorique. Ce terme, commela venette et le vestige (1) qui dsignent par jeu de motsla peur (1) deviennent des expressions pour un tat

    moral qu'annonce l'odeur tratresse. Le calembour esttrop en faveur pour que le Vsinet (la Vicinit) et Vsoui(Visolium) ne servent pas pour former vsiner, vsouil~

    (1) Coquer le vestige quivaut donner le taf, mtathse de foeteoftide, V. ce mot. Avoir le trac rappelle stercus, Ail. Dreck fienteV. ce mot. Ce sont toujours des paraphases du sens : faire dans sonpantalon, avoir la venette.

    . (2) La peur, L. pavor, skt V, epopo semblent exprimer l'effroi quifait trembler les lvres, AU. beben,H. biberen trembloter.

  • 26

    1er en remplacement de vesser. On a l'esprit prompt etl'on aime toujours la rigolade dans le pays du vaillantRabelais. Du reste, le franc rire assainit l'esprit et lapense. Le haricot et tous les siens ont t toujoursdsigns par un sobriquet plutt que par un nom hono-

    rable qu'ils mriteraient cependant. Il s'appelle :

    xMo,faba,fve,fverole,bean, die Bohne ou a^cXs;phaseolus (pisum pois), phaseole, pois, Ang. pea3 plu-riel pease (1) ou ydbto lentille, pCxta, vicia, vesce, vetch,

    die Wicke mots dont le son rpond Ang.funk puan-teur, H. vuig pourri, L.faex la fiente, se dfquer. Ily a des gens qui rien n'chappe et qui conserventtoujours la malice ingnieuse de l'enfance. Le haricot(V. ce mot) est pour eux un vesto de cuisine, mot quifait allusion vesse comme pour d'autres plus loquentsuneJlte, unflageolet. Crpiter se traduit -p&rpettersans que cela blesse les convenances. A Lige on ditpetter un livre pour lui tirer un coup de fusil; jouterpour clater est d'un usage gnral. La petouse est lenom de l'argot pour le pistolet.Le son prout ! est dansla nature. Les gens grossiers s'en servent pour expri-mer le peu de cas qu'ils font d'une chose. C'est le bruitdes bardouilles et c'est pour cela que celles-ci en por-tent le nom. Il a form les onomatopes pard puer,rcspSw prouter, puer, $p&p& la puanteur, leopardalus lefauve qui sent mauvais, qui sent le prt (2), lopard,

    (1) Le nom AU . die Erbse (Vers) pois est la description de sa ron-deur : opopo le pois, orbis, orbe le rond.

    (2) Chaparder ruser, chercher surprendre se fonde sur le chat-pard le tigre et dcrit ses allures perfides et flines.

  • 21

    prouter, to. fard, frzen, H.liet is niet prut celanevaut

    rien, ce n'est pas mme prt (1) L'histoire dit qu'unhros accabl Waterloo trouva au fond de son ennuile mot merda en rponse une sommation de se rendre.Ce mot est une onomatope comme prout avec la seulediffrence que le m remplace le p, change qui se faithabituellement entre ces deux lettres jumelles. On ditirrvrencieusement Cambronne. (2) Le mot baudrouil-ler avoir peur, fuir se rattache comme baudrier lacourroie qui enserre le ventre au mot bolge (bougette),Angl. belly ventre : il marque l'effet d'un branlementdes intestins.

    Le langage a considr ce qui est vil comme un air qui

    sent mauvais. Vil revient par asssociation unflatus

    qui nous remplit le nez et l'me de dgot II exprimel'effet d'une apprciation par laquelle se manifeste notre

    sens inn de ce qui est mauvais, la pudeur, V. ce mot.A vil: rpondent a6\oq sale, polluo salir, polluer, foui,faut infect, H. vuil synonyme de vies puant, L. fdosalir.

    L'air parfum trouve son expression dans vo; lafleur, mot qui a laiss tomber son digamma v ou w, V.

    (1) La frousse rappelle le H. vreesen craindre de nriezen geler.C'est l'effroi. Ang\.fright. Ail. Furcht {frigidus). Le son fait allusion prout.

    (2) Bran! est comme prout! une expression de mpris trs vilaine.Ce mot ainsi que son driv embrener semblent dsigner la couleur dustercus, V. au mot brun. Ce n'est pas respecter sa bouche que de leprofrer. Rabelais l'emploie trs souvent. Bran devient par jeu demots Bernard. Passer la jambe Jules est de l'argot militaire . L'ex-pression s'efforce de dire honntement: renverser la boite jaune, L.gilvus, yellow, gelb, V. au mot jaune. Tirer l'oreille Thomas lemme sens.

  • 28

    Trait p. 48; dans odeur et ses congnres, V.p. 55; dansl&Jleur skt p'ull s'panouir, Angl. toblow, V. au motfleur; dans t'ov, viola, violette, violet, Veilchen. Flairerveut dire se servir de son blair AIL die Plrre la gueule(d'o plrren crier, Ang. toblurt id.). Blair rpond pharynx, V. ce mot. Sentir s'appelle ailleurs ccr/paivs^ai(c't) exhaler un vent parfum,yra#mre odorer, et sansl'ide de parfum, la brise, lafraise, tobreathe souffler,breast la poitrine qui souffle, die Brust la poitrine,H. brieschen s'brouer, skt prV hennir. Labraque est le chien de chasse renomm pour son flair.La sagacit de l'agent de police lui a valu le nom duflair : le bricul et le bricul (qui sent le ), lejliquartcomme appartenant \&flique ou police, lejriquet jeude mot sur friquet moineau, L.fringilla. V. au motfredonner (1), skt barh parler.Le gonflement la boursoufflure se prsentent dans le

    langage comme l'effet du vent qui s'est introduit dansune enveloppe quelconque. Les mots vessie, vsicule

    doivent le son de leur racine au souffle vs gonflant unepeau et lui donnant son nom. Il en est de mme de :spta tumeur, oarfoxri tumeur, pustula, pus-tule, botch, der Basch le gonflement, bausenbouffer de uxy], vesica, vsicule et epapulala papille, Bsugwv, bubo, bubon est un ulcre vi-rulent. Les mots Anglais pump bosse, pimple pustuleont galement le nom de wen petite ampoule, mot qui

    (1) Si la nomenclature des parfums est courte, qu'on se souviennequ'elle s'allonge cependant l'infini avec les innombrables espces defleurs, de bois, de sucs, de gommes, d'huiles et des mille armes auxeffluves agrables, sains et dsinfectants.

  • 29

    nous fait rentrer dans le sens de vent. Le bobo est uneenflure, une bouffissure qui s'appelle plaisamment lebonbon, par assonnance, et par une assimilation cruelle

    bonbon fondant ou liqueur quand il s'agit des tu-meurs scrofuleuses du cou. Il n'y a pas de 6060 veutdire : il n'y a pas de mal; le bobotier est celui qui se

    plaint toujours. Papilla le sein gonfl fait en Patoisla poupe, Angl. pap le sein, en sktpapu la nourrice, lababou. Lepompon icexo.

    pepo, pompon est unepomme, Angl. pumpkin la courge et par mtathseapple la pomme, Ail. der Apfel id., d'o, par asson-nance avec pomper boire, aspirer comme la pompe :prendre du pompon, avoir son pompon. Le ppin lenoyau et les extensions du sens incorpors dans ppitele ppin d'or, d'o la ppette l'argent, rappellent laforme bombe, boursouffle. Le Grec a incorpor ce sondans luoxxiStd souffler, le L. dans bufo le crapaud bouffi

    nomm en G. d'une faon analogue ?J

  • 30

    monter ressemble, en effet, celle d'enrouler du fil surune bobine. Le vent souffle dans le bouffi, la bouf-

    figne le vent (Shakespeare : blow wind and crack thycheeks) qui prsentent le son ff de l'lment pur, moins qu'on ne prfre y voir sa personnification, laposie lui prtant des joues bouffies. Un bouffiasse estun homme gros, un patapouf wiq grosse pte d'hommebien leve. Un bout/est un orgueilleux qui s'enfle pourse donner un volume considrable. Le skt peint l'or-gueil par le mme son et la mme ide dans bbh sebouffir, s'enivrer d'orgueil. Les passions sont les mmespartout et se manifestent au dehors par les mmes ac-tes. La bouffe est un autre nom pour la tte ; elle s'ap-pelle en plus bouffe la balle , la balle-bouffe. Les

    choses futiles, H. beuzelingen portent dans leur nom

    le son caractristique de ce qui est vain. Elles nous fontdire ouit ! ft! on peut s'en ficher. Ce sont, autrementdit, des foutaises, des foutaisons ou avec le son dusouffle bb des babioles, des bibelots, des bimbelots, desbibus, Angl. baubles, bubbles des bulles d'eau et ba-bioles. La balle est la tte, parce qu'on se l'imagineronde. Balle et bille tant rondes dsignent l'argent :de l billancher payer, (V. au mot billon.) Le souf-fle bl semble avoir renfl et arrondi PaXovo le gland la forme sphrique, pila la balle, le ballon, bille,boule, boulon, pelote, peloton, la sphre avec r pour /,le bilboquet (bille et bouche), bail la boule, derBail id. BXo., pilum (javelot), d'o blemnitecoquille fossile de la classe des cphalopodes, pile laflche, der Pfeil id. et le skt/)z7 lancer sont des varian-

  • 31

    tes des mots ci-dessus indiquant une transformation duprojectile arrondi en flche (1) ou projectile allong afinde s'adapter l'arc et l'arbalte. Lepilier d'un pontAIL der Pfeiler affecte la forme d'une flche d'arc. Leprojectile en forme de flche courte lance par l'arba-lte s'appelle Angl. boit, Ail. der Boteen. La formechange ainsi pour s'approprier de nouveaux usages,mais l'ide primitive subsiste toujours. Envoyer boulerveut dire envoyer promener avec un mouvement deboule, en sktpal marcher, en L. polari errer; aboulerskt bal donner, diriger sur quelqu'un la guise d'uneballe qu'on lui lance; le boulevari est le bruit du bou-leversement (vari-verto). La peau est, ainsi qu'entmoigne le physique du mot, une enveloppe gonfle :bal protger, ?Xofe, pellis, pellicule, peau{2),balle, fell la peau, das Fell id. Vemballage estl'enveloppe. En argot criminel tre ballonn ou emballveut dire : tre en prison. Pour ne pas manquer un jeu demots, celle-ci s'appelle le bal. Soit dit en passant que

    les barres de fer de la fentre d'une prison s'appellentla harpe dont elles figurent les cordes. Le dtenu pincede la harpe quand, pour regarder au dehors, il s'ap-proche des barreaux de sa cage. Le vendeur de bal

    est le ramasseur de chiffons, en Sudois, pialter lam-

    beaux. Le paltocjuet est l'homme dont les habits sonten lambeaux et qui est dchu au physique et au moral :c'est uue variante de pleutre, H. ploert (plorren les

    (1) La flche semblerait tirer son nom de ce qu'elle frappe, fligo,Angl. to fling frapper en lanant. V. au mot affliger.

    (2) La blaude, la blouse et avec r le bourgeron reprsentent ce v-tement comme assimil la balle.

  • 32

    lambeaux). Le poil porte le nom de la peau qu'il re-couvre : *tXo feutre, pilas, poil, piler, pelisse,

    pelletier, feutre, felt, cler FiL. De l le chapeau,L. pileus le feutre et le bloutn, le bloumard, mots quise rattachent l'Ail, cler Flaiim le duvet. La fla-nelle est une toffe pileuse, une laine couverte de pelu-

    che. Faireflanelle joue surflne etflner : c'est flnerd'un caf l'autre sans dpenser, comme sur le trot-

    toir. Flner veut dire aplanir, polir les pavs, H. straat-slypen moudre la rue. V. aux mots plat, plan.

    La bulle est une boule d'air dans une enveloppe d'eau :puppula borborygme, ttc^oXu?, bulla, bulle,

    bell, die Belle; la billevese est une imagination creuse

    et vaine comme la bulle et la vessie. C'est un mot com-

    pos o un terme renforce l'autre plutt qu'une batto-logie. Floutire, qui rappelle le mot filou, veut dire :

    rien, tu es vol!

    D'un corps renfl par le vent l'esprit peut ne retenir

    que la forme extrieure et admettre que l'intrieur soitrempli en matire solide : ainsi on dit bombe pleine etbombe creuse. Disons en passant que ce mot est unevariante de pomme et de pompon. Ainsi dans \&fouUtitude, mot form de Joule et d'un dbris de multi-tude, la premire partie rappelle le skt pul tre grand,pur remplir, parus moult, rcX^o; la multitude,

    plebs, populus, le peuple, la plbe, le populaire, la

    foule, folks le peuple, das Volk id. et puni,

    tcXso, plenus, plein, remplir, plantureux, plant

    en abondance, Jull plein, voll id., comme aussi

    wXoBto la richesse, la plnitude des biens Plutus le

  • 33

    dieu de la richesse, la ploutocratie, Plut us, Plutonla richesse souterraine, le dieu des Enfers, fulnessl'abondance, die Fulle id. L'eau souleve par levent forme des renflements pleins dans les noms des-quels persiste le bruit du souffle : sktplava moutonner,ondoyer, nekorf la mer, le flot, ofd^z (1) le flot dusang, jluctus le flot, pluie, flot, fluctuation, phl-bite, fluide, toflow ondoyQr,flood le dluge,fliesz-en ondoyer, couler. Des flottes veut dire beaucoup, flots. Plonger revient immerger dans les flots,skt pul, H. plonsen, plempen. Spoelen en H. veutdire rincer. Fluctut nec mergitur Ma barquese maintient sur les flots est la devise de Paris,Mergre immerger veut dire : couler en mer, commeplonger s'enfoncer dans les flots. V. au mot mer, Mer-gus L. est l'oiseau appel plongeon. L'Angl. dit pourcouler: to be swamped; le sens de swamp est marais,Ail. der Smgfle terrain spongieux, imbib, g&jao, etc. Lo blague est une peau gonfle : arkfarxyq l'intestin,5A>/.T'.; ampoule, pustule, bulga le sac, leflanc leventre, malebolge, bougette, budget

    belly le ventre,

    bilge le ventre du navire, bulge sac, der Balg le sac,le ventre. Le L. stomachor s'estomaquer est une ex-pression qui place le sige de la colre dans l'estomacIl se traduit en H. par zich belgen s'irriter. Pour le Hla colre prend aussi son origine dans l'estomac, le ven-tre : de balg, L'Angl. voit l'acte du ventre boursouffl

    (1) En L. vena veine, de vent, analogue arteria artre que Plinedfinit spiritus semita le chemin, le couloir du souffle. C'est le con-duit d'ai pris pour le canal du sang.

    3

  • 34

    dans to belch roter . Vocan courrouc, leflot courroucsontdes mtaphoreshardies .Ce qualificatifveutdirerouge

    de colre : il drive de cqrusco,e ruscus rouge, rutilant,

    Le rouge est la couleur de la colre, mais le flot est dans

    l'intention du pote Neptune lui-mme. L'expressionhollandaise : de verbolgen oceaan l'ocan en colre ex-

    prime le courroux par un mot qui rappelle le flot, le

    sein de l'ocan soulev par la colre. Fluetus.flanc (1)et verbolgen sont de la mme origine. H. zich belgens'estomaquer. Chez Homre on trouve la mme imageo'(z\m 0Xa

  • 35

    maison (Has) construite avec des billes de bois. Blo-quer a perdu le us qui rpond Has et veut dire telqu'il est l : enserrer avec des billes de bois. H. balk

    poutre, skt pallava branche.

    La bille (1) et le billon, Angl. hullion le mtal mon-nayable en barre, ainsi que billot, se rattachent, comme

    on voit, bloc et expriment comme lui un morceaumassif plus ou moins approchant de la boule et pouvantservir de rouleau. Baloufen langage de voleur veutdire gonfl, excessif.

    l^Vipoche, Sud. pose etjficka de posa bouffir, Angl.poke, pouc/i, pocket ipoche et bag sac, Ail. der Bauchle ventre, le sac reparat dans bagage avec une formeindividuelle. Une bagatelle est une chose de rien, sansvaleur intrinsque, d'intention premire une blague.Le gilboque est le billard, pourvu qu'il est de poches et

    de calots. La panse, H. pens, Angl. paunch, Ail.der Wanst est une variante onomatopique du Sktpandale ventre h-zpzv, cause de la perte du digamma,ventre, botulus le boyau farci, le saucisson boyau,bedon, bedaine, bedonner ballotter comme un gros ven-tre, aller bedon bedaine bowels les intestins derBeutel le sac par prosopope. La bote terme de m-pris pour maison est un objet industriel dont le type setrouve dans la nature. En Angl. le mot pod, variantede bass, bast enveloppe, corce, est le nom de la cap-

    sule qui contient la graine des fleurs. C'est, comme la

    bouture, une transformation du bouton, H. bot bouton,

    (1) Les mots qpXXo, palus, palissade, pale, poteau, ple,perche, der Pfahl le poteau sont des variantes de bille, billon.

  • 36

    uitbotten bourgeonner. Oter cette gousse, cette corce

    a donn les onomatopes pat dpouiller g-oUm enle-ver l'corce putare peler, nettoyer; put us nettoy,

    propre amputer, butin dpouille booty id. die

    Beute id. Le G. yacz vsicule, follicule etc., sont des

    variantes onomatopiques de bouton. Dans tous ces motson aperoit la prsence d'un des sons radicaux du souf-fle. Les correspondants dbote son wu( diminutif

    pyxis baquet, bac, box d'curie, bote, poquette ren-flement, pochette box bote (1), bunker caisse,pox lapetite vrole die Poche id. H. bus bote. La bous-sole I. bossola est prise pour la tte, la bote crnienne

    qui dirige, la raison qui sert d'aiguille aimante. La

    bote, la capsule a fourni le modle pour le tonneau :b'anda vase, pitaka corbeille tco Pithaegia ftequi concidait avec le poissement des tonneaux, vas levase - bassin, bouteille, bidon, vat tonneau

    das Fasz id. dex Bottich id. - Bassiner veut direennuyer parce qu'on s'ennuie le temps qu'on bas-

    sine le lit et qu'il faut attendre pour y entrer. L'Esp.

    bodega est la cave aux vins, et par extension, la r-colte, ce qu'on met dans les tonneaux, ainsi que le maga-

    sin qui les contient. De l par un nouvel largisse-ment du sens la boutique en Arg. la boutance, la bou-toque, le boucard, La gousse, la bote donne l'ide de

    (1) Le thme de boite se trouve dans l'Angl. bolsterous gonfl, toboast se vanter. La bagnole est la casquette, la tte, la mesure, labagnole le cabriolet, la behasseles travaux forcs sur les pontons, aller la bche ou bcher aller au lit; le bocson, le bocard, le bouts sontdes boites, des mauvais lieux. Le bateau se rapporte la patacheembarcation et voiture.

  • 37

    la cale du vaisseau : de la pta bateau ?aair)Xo la goussepour le fruit

    phaseolus fsole bateau, vaisseau,pont, ponton, pont bac boat le bateau das Bootid. H. boot vaisseau et tonneau. La patache est lebtiment lger des douaniers et la voiture publique.

    Faire office d'corce, couvrir est le sens des mots skt et

    G. spud revtir, gafafj vtement, H. bast corce.Dans ce qui prcde nous avons vu les mots qui se rap-

    portent la vie et sa reproduction provenir de radicaux

    reprsentant divers son s du souffle. Tels taient le ventre,le flanc chez la femme, le bouton p&ravov, la fleur chezAes vgtaux. On peut ajouter (tXpo, bulbus bulbe bail de/- Bail, H. bol pour les plantes. La vieelle-mme s'exprime par bu vivre,, b' tre (1), avoir lesouffle, p'usp fleurir, pus' alimenter ?uu) engendrer,

    -at; diminutif, un petit enfant, l'lve, rS^ parent

    pupilla une mineure, poppeia poupe, pupillus l'orphe-lin, pusio le petit garon^ pumilus le nain, pupille,poupon poupe, poupard, boy enfant, garonnet

    cler Bbe le garon. Ce dernier a fourni l'argot \epufde spispufj AU. der Spitebube, celui qui tient la ttede la corporation : die Spitze la pointe. Avec la formejl nous avons bla jeune enfant, uXyj la tribu, tt&Xcjeune cheval ou autre petit d'animal Jllius \s,pulluspoulain, pouliche, polisson avec le sens de dvergond,polichinelle,, poule, foal poulain, filly pouliche

    das Fllen le poulain. Sud. pilt le garon. D'autresmots encore ont t forms de ce son spontan : TusXXala jeune fille Pallas la vierge Athnienne, pellex la

    (1) Etre est stare exister, tre debout. C'est une autre onomatope.

  • 38

    fille de mauvaise vie le paillard le coureur de filles,paillasse l'quivalent de polichinelle der Biihle Ail.

    l'amant. La feuille qui sort d'un renflement en bourgeons'appelle/) 'ulha feuille, ytfXXcv folium feuille, fo-liole blade das Blatt. V. au mot feuille ailleurs.

    Le son pu, put a form putt tre petit putra fils

    9'jtov la branche puer le g&rcon,fustis la branche, latrique fustiger donner des coups de bton, puril,futaie, poutron oupute fille, putain fille et fille de mau-vaise vie Fitz (1) dans les noms propres die Piitedinde analogue poule Patois Nerlandais poeter

    coq. Le bb alias bibi qui piaule, qui prend la poupede la nourrice en skt papu, l'enfant qui bgaie a donnles variantes piote le petit militaire et pioupiou le li-gnard. Ce sont des rminiscences defaute enfant, bbd'o lefantassin. Les mots skts pta, ptaka un jeunequelconque se retrouvent dans le pjoratif potache lecollgien-. Pantin est un jeu de mots surfantoche : ilfait allusion pante, ou peintre. Pantre et Pantinoissont les faux noms que par jeu de mots l'argot du crimedonne Paris-ls-Pantin. Paris (2) s'appelle galementPantruche. Le pantin, le fantoclie s'appelle aussi lebouiboui variante de bb; par jeu de mots bouiboui

    (1) Czareviteh le fils du czar a son quivalent dans i fils vi-geo tre fort vgtation wight enfant, der Wicht id. mais avecun sens avili, maintenant, H. icicht un petit enfant.

    (2) Pantin rappelle Pantano le Marais : pota fond 7i6vxo pro-fundum le fond bottom der Boden. Bath Angl. et das BadAil. le bain marquent l'endroit o l'on se baigne; bed. Angl. et dasBett le lit marquent le trou H. bedding lit du fleuve. Skt. bad sebaigner.

  • 39 -

    s'applique au boxon, la boite (1), an bordel. Au Centreon appelle une petite fille pauque, sktpijga jeune ani-mal mme mot que le Danois pike o que ke qui-vaut au quin de mannequin, bouquin, AIL chen va-riante de kind petit enfant, petit. Puck Angl. est unpetit bonhomme, le Sud. piga une petite fille, le H.pinh une jeune vache. L'lve de l'cole polytechniques'appelle pipo, forme fantaisiste qui semble rappelerl'ide de jeune, hepivaste est le bb qui tette. Ce motjoue sur piti boisson, vin. Il en est demmedejo-vouine le tendron, de pouijfe ou pouiffle la fille publi-que. La pouffiaee est la prostitue. La pougniffe et laponante ont la mme signification. La forme du pre-mier semble pousse dans le sens de ponere, mettre surun mme plan avec l'horizon.La branche,, le brin est le bourgeon, dvelopp en

    skt paru. lisse rattachent pras, pra procrer gpjwbourgeonner, pulluler

    frons\s feuillage embryon,frondaison sprout le bourgeon der Sprosz id.

    H. spruiten bourgeonner. Un souffle de vie gonfle lebouton et le fait perler sur la tige. Le bras skt parvannud, joint estcomme une branche du tronc humain,lafourche un embranchement comme la brisque lechevron en fourche qui marque les annes de servicemilitaire sur la manche du briscard. Le bersaglier bra-que son fusil, le pose sur unefourche pour liminer deson tir l'effet de la vibration de ses nerfs. Rembroquer

    (1) Le sens primitif de ce mot est un meuble en planches ou bar-deaux, de la mme racine que la brette le sabre en argot la plancheAil. das Brett la planche, Angl. cupboard l'armoire, le dressoir. Lenom Holl. de bordel est Kast chsse, caisse.

  • 40

    rembroquable voir, visible sont des dformationsde braquer les yeux, les lunettes. La bricole ^iyzzest la branche qui sert de lien : c'est le bras vgtal quiembrasse. Abraqu veut dire li, dbringu dnote unedmarche dhanche, dfringue et dbraill marquentl'absence de (freins) brides (1) dans la toilette. Atta-cher se traduit dans le centre par brayer, H. breyen tri-

    coter.

    La frette est un anneau de fer qui sert de bride, delien. Il offre l'image de la rondeur, d'une embrasse,Esp. abarcon, G. zp-r, anneau. Cette qualit trans-porte aux ronds qui facilitent le roulement des mar-

    chandises nous valent les mots braque liard, bridocheet brobche centime, ainsi que la brisque l'anne, labroquille la minute, le temps qui parcourt un cercle.L'anneau est la brobicante.

    La bricole au billard est le mouvement de ressautqu'imprime la bande lastique la bille. L'esprit se re-porte la branche qui revient sa premire positionpar son ressort naturel chaque fois qu'une force tran-gre lui a fait quitter sa position normale. Ce mot r-pond l'Angl. to spring, Ail. springen sauter. L'Angl.springe signifie le trbuchet. Le brin d'estoc est uneadaptation franaise du H. springstok. Broncher, It.brancolare, skt b'ranc, indique le manque de fixitcomme dans la branche agite. Franchir un foss sefait en imprimant aux jarrets le ressort de la branche,H. springen sauter

    ;fringant sautillant quivaut

    l'Angl. tofrisk.

    (1) La bridaukil est la chane de montre vole et vtndue au kilo.

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    Le berceau est la couchette de l'enfant qui s'branle

    comme la branche balance par le vent; brimbale est le

    manche d'une pompe qu'on lve et abaisse; brandir,skt b'rnta mis en mouvement et branler parlent d'unmouvement de va et vient imprim d'autres objets ;la brancllllante est la sonnette, la branlante la montre

    avec son mouvement oscillatoire. Frtiller, unfrtillon,

    lefretin rappellent la petite branche flexible excutant

    un mouvement vibratile : skt sp'ar vibrer, avoirun mouvement brusque comme une branche qui fait

    ressort, szatpo) frtiller, vibrare avec rduplica-

    tion vibrer, vibration .frtiller, to sprawl agiterles jambes. purzeln id. Lafertille (frondaison,sprout) est le chaume agit : fertasser, ferclasser etvardiller dans le Centre sont comme le pullulement de

    cette forme. Le motfronde dsigne un instrument ba-listique auquel le bras imprime le mouvement de labranche qui revient dans son tat normal aprs qu'uneforce a pes dessus. Si ce mot se base sur le L.funda,il y a de fortes prsomptions que l'branlement de labranche, son brandissement tant analogue celui

    de la funda et se prsentant l'esprit comme son image, a fourni le r qui a tout fait l'air de s'tre gliss

    dans ce mot la faveur de ce rapprochement.Les rejetons d'une mme famille sont des bourgeons,

    des branches d'un arbre gnalogique humain : bhrtfrre, ?MTiP frre et associ.

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    franchi celui qui appartient la confrrie des voleurs,un frre de l'argot, unefranciune une amie,franchirfaire amiti, embrasser, lefarnandel oufanandel Yami(analogue au Grec p6[xs; articulation et amiti), Angl.friend ami, Ail. der Freund. LefHanche est le d-linquant qui va en cassation pour se rendre amis lesjuges. Enfrayer veut dire enchanter; le franc, Vaffran-chi est le complice. Lefralin et lefrangin sont le frre.Le Sud. fria, en AIL freien veut dire courtiser.Ma vieille brandie (1) veut dire mon vieil ami, monvieu-t-ami par une liaison bon fide. Les cheveuxont t considrs comme une bourre, comme une fron-

    daison vgtale. C'est pour cela qu'ils ont reu le nom

    de hrigants ou hrigeants, termes qui rappellent les motsbourgeon, bourre et brosse. La transformation du vrainom est due l'influence qu'a exerce sur lui le rap-prochement avec le mot brigand, le forban qu'on al'habitude de se figurer hirsute.La vgtation qui se dveloppe du bourgeon, bour-

    souffl par la sve, montre son activit dans le sens quenous accordons : bri nourrir, vfih, vrij, produire,

    (1) L'argot a souvent la main heureuse. Le mot franchir embrasserest comme une rsurrection du Grec

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    fructifier, gpw crotre, aica^i tre gonfl de sve,

    fruticor fructifier, fruor jouir des fruits, les recueillir,brutus natif, l'tat de nature, frons la frondaison,

    bourgeon^ brin;fruit, brousse, burre, sprig bran-

    che, to sprout bourgeonner, spriesjsen id. et jaillir,der Sparren le chevron. Une blinde est une femmelongue et maigre. Brouter, en Angl. to browse veutdire : manger les jeunes pousses; la broute est la nour-riture. La branche dsigne dans le langage populairela patte, AU. die Brante la patte de Tours, It. branca

    la griffe par assimilation avec la branche et ses rami-

    fications. Abraqu veut dire embrass, li ensemble parune branche, tenu par ce qui forme bras. La bourre,chez Hesychius Mfov, est un produit animal ou vg-tal : l'esprit la rapporte toujours au bourgeon. C'estelle qui a donn le nom l'animal qui en est hriss :yzi-io; le hrisson marin, l'oursin (1), porcus, porc

    le broussailleux qui fournit la bourre pour les brosses

    le bourru le caractre hriss d'asprits, la bardanela carde

    farrow le goret, brush la brosse, boarlesanglier, das Ferkel le goret, die Bilrste, la brosse,der Burzel la queue du cerf, du sanglier. Les picotsdes vgtaux ont pu donner leur nom l'acte de Kputraverser foro forer, foret to bore, to prick

    percer bohren forer. La bourre de soie est la femmede mauvaise vie, porca. L'Esp. borracha est une peaude mouton, une outre,, quivalent gupaa bursa

    (1) Oursin est le petit ours, le petit velu mi? la place de hrisson.L'origine de ce mot est skt us, uro brler, cause de son poil rouxou brun. Bear Angl., der Bar Ail. dsignent galement le brunBruin H. est le surnom de l'ours, en skt fralla le noir, l'ours.

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    bourse purse die Brse. Borra ou horrego est lemouton, en Sud. far. La bourriche, primitivementl'outre en peau de mouton ou de chvre, a donn sonnom des rceptacles comme le panier aux hutres. Semonter le bourrichon (la caisse) se monter la tte, pa-raphrase par peu prs, l'Espagnol borraehear s'eni-vrer, se remplir l'outre, le sac. La brosse est une repro-duction artificielle des plantes qui grattent, telles que labardane, Angl. bur/\ Se brosser le ventre est uneexpression ironique et cruelle. Quand on a bien bu, bienmang, il y a des gens qui se carressent le ventre, don-nant entendre par l qu'ils y prouvent un sentimentde satisfaction. Tu peux te brosser veut dire : tu n'aspas eu ce que tu dsires, tu es frustr. On dit de la mmefaon : tu peux tefouiller V. ce mot. Des brosses et lesvariantes brica, broquille veulent dire : rien, tu peux

    te brosser. Une brousse est une brosse, un raclage, uneratapiaule, une racle. Les mots viridis et vert mar-

    quent la couleur de la vgtation ( V. au mot bourgeon)skt paru tre vert irpaasv porrum poweau

    H. prei. S'arrondir en bourgeon, en perle, en [gemme,en bulle vgtale a signal pour l'originateur du nom laprsence du souffle vital : flare souffler. De l p'als'panouir, phul fleurir gXaaTavio s'panouirpullu-lare se reproduire to blow s'ouvrir blhen fleurir.Replie dans le bourgeon, quand la feuille fait claterson enveloppe, elle commence s'tendre dans le sensde la largeur et de la longeur jusqu' ce qu'elle atteignesa forme parfaite. Cette forme plane de la feuille, digiteou non, a de la ressemblance avec la main. En effet, nous

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    pouvons lareplier et l'tendre; si nous cartons les doigtsnous donnons la main la forme de la feuille digite oudente; si nous les resserrons, par contre, elle a laforme d'une feuille bords unis. C'est grce ce rappro-chement que la main s'appelle p'alka corps tendu

    raXapit] palma paume(l) palm diePalme ilde la vigne, empan et rameau du palmier. La paumequi frappe se fait sentir et entendre dans la plantasse,lajlamousse, vlan! Ce vlan s'crit aussi avec une apos-trophe v'ia/i, comme si l'on y voyait un compos inter-verti de : en voil, en v'i. Il n'est cependant qu'uneconsonnance de plan, rataplan! le bruit de la mainplane ou plate transport aux sons du tambour. Vlanest synonyme de tape. C'est tap veut dire : c'est tou-ch juste, bien fait, beau, et grce cet enchanementd'analogies vlan prend le sens de iischutt. Une paumeest une perte, un coup, une plamasse (2). Toucher, tter,examiner de la main, de la paume s'appelle Wrfayt* palpo palper. Comme la paume de la main, laplante du pied, qui lui est assimile, doit son nom l'clatement du bourgeon qui permet la feuille de sedvelopper, Le pied est fait comme la main : l'un etl'autre sont digits ; les articulations du doigt s'appel-lent orteils (pour arteils) quand il s'agit de celles du

    (1) Pomaquer veut dire prendre, mettre dans sa paume.

    (2) On ne rencontre pas dans plamasse le bruit qui sort de l'objetfrapp, bien que l'esprit soit port croire que c'est cela que le motdoit exprimer. C'est le son radical du phonme paume qui tient laplace des diversits de bruits que produit son application sur les dif-frents objets dont elle rveille le son. La nature du son provoqupeut-tre spcifi par des prdicats.

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    pied; l'animal se sert de ses pieds comme de mains poursaisir, tenir; le mot patte s'emploie pour la mainet pour le pied (1). La plante du pied s'appelle77A[xa planta plante du pied et pied d'arbuste,d'o planter, planton plant pied de vgtal diePflanze la plante. Le sens abstrait de plan, plat tireson nom de la plante du pied, le pied pos plat, d'ol'expression de plain pied. Le dveloppement horizon-tal de ce membre du corps humain est assimil lafeuille. L'tendue horizontale est dcrite dans prathtendre Tckt-ti la palette plaudo claquer des pau-mes applaudir, aplatir, plat, le plateau Jlatplat platt comme aussi dans xXtvOo; la planche,la dalleplanus plan, polir, plain uni plan leplan der Plan la plaine. La largeur est une autreproprit du dveloppement dans l'espace. Elleemprunte sa dnomination la largeur de la paume oude la plante du pied : la main et le pied ont longtempsservi d'unit pour la mesure de l'tendue. La largeurs'exprime p&rpraf largir tcXcctu large ampluslarge ample broad large breit id. Le motsprachir que le Wallon cite juste titre comme preuvede la puissance imitative de son langage, exprimel'aplatissement de la chose crabouille. C'est le sans-kritpraV taler.

    Le pied et sa variante la patte doivent leur nom labouche dont ils partagent la prhensilit, la facult des'ouvrir, de se fermer, etc. Ils ont, en outre, plusieurs

    (1) Son correspondant vgtal est le ptale, la feuille, skt patra.

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    aptitudes qui leur sont spciales, entre autres celles de

    battre, de courir, de former le fond, la surface plane,

    l'extrmit. Telle est la faon do