Arequipa y Guadalajara

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21/8/2015 Identité régionale et construction nationale en Amérique latine. La ville seconde au Mexique (Guadalajara) et au Pérou (Arequipa), des années 1880 … https://nuevomundo.revues.org/66578?lang=pt 1/15 Nuevo Mundo Mundos Nuevos Nouveaux mondes mondes nouveaux Novo Mundo Mundos Novos New world New worlds Extratos de teses | 2014 GUILLEMETTE MARTIN Identité régionale et construction nationale en Amérique latine. La ville seconde au Mexique (Guadalajara) et au Pérou (Arequipa), des années 1880 aux années 1920 Regional Identity and Nationbuilding in Latin America. The second city in Mexico (Guadalajara) and Peru (Arequipa), from the 1880s to the 1920s Identidad regional y construcción nacional en América Latina. La segunda ciudad en México (Guadalajara) y en Perú (Arequipa), de los años 1880 a los años 1920 [27/03/2014] Resumos Français English Español S’inscrivant dans le champ désormais classique de la construction nationale, cette thèse a pour principal objectif de mettre en lumière le rôle joué par les régions dans le processus de consolidation de l’Étatnation en Amérique latine, au tournant des XIX e et XX e siècles (18801920). La thèse entend démontrer que, si cette période correspond dans tous les pays d’Amérique latine à un moment de forte centralisation du pouvoir central, c’est

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Este es un estudio comparativo de dos ciudades representativas de América, Guadalajara y Arequipa. Ambas consideradas las segundas ciudades de sus respectivos países y que desarrollaron fuertes sentimientos de identidad y anti centralismo.

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Nuevo Mundo MundosNuevosNouveaux mondes mondes nouveaux ­ Novo Mundo Mundos Novos ­ New worldNew worlds

Extratos de teses | 2014

GUILLEMETTE MARTIN

Identité régionale etconstruction nationale enAmérique latine. La villeseconde au Mexique(Guadalajara) et au Pérou(Arequipa), des années 1880aux années 1920Regional Identity and Nation­building in Latin America. The second city in Mexico (Guadalajara) andPeru (Arequipa), from the 1880s to the 1920s

Identidad regional y construcción nacional en América Latina. La segunda ciudad en México(Guadalajara) y en Perú (Arequipa), de los años 1880 a los años 1920[27/03/2014]

Resumos

Français English EspañolS’inscrivant dans le champ désormais classique de la construction nationale, cette thèse apour principal objectif de mettre en lumière le rôle joué par les régions dans le processusde consolidation de l’État­nation en Amérique latine, au tournant des XIXe et XXe siècles(1880­1920). La thèse entend démontrer que, si cette période correspond dans tous lespays d’Amérique latine à un moment de forte centralisation du pouvoir central, c’est

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également une période d’importante redéfinition des identités régionales et de leurparticipation dans les destins nationaux.Pour mener à bien ce projet d’interprétation des évolutions politiques contemporaines del’Amérique latine, l’analyse doctorale propose une comparaison du discours politique et desarguments émis par les élites de Guadalajara, au Mexique, et d’Arequipa, au Pérou, àpartir d’une révision systématique et détaillée de la presse régionale publiée dans les deuxvilles.

Belonging to the now classical historiographical field of the national construction the thesishas for main objective to understand the role played by regions in the process ofconsolidation of the nation­state in Latin America, in the transition between nineteenthand twentieth centuries (1880­1920). The thesis wants to demonstrate that, if this periodcorresponds in all Latin American countries to a strong centralization moment from thecentral power, it’s also an important moment in the definition of regional identities and itparticipation to the national destiny. To carry out this interpretative project of the political contemporary evolution of LatinAmerica, the doctoral analysis proposes to compare the political speech and argumentsemitted by the elites from Guadalajara, in Mexico, and Arequipa in Peru, from asystematic and detailed revision of the regional press published in both cities.

Como parte del campo de investigación ahora clásico de la construcción nacional, esta tesistiene como principal objetivo aclarar el papel desempeñado por las regiones en el procesode consolidación del Estado­Nación en América Latina, en la transición entre el siglo XIX yel siglo XX (1880­1920). La tesis pretende demostrar que, si bien durante este periodo seincrementó la centralización del poder central en los países latinoamericanos, también fueun momento de profunda redefinición de las identidades regionales y de su participaciónen los destinos de la nación.Para llevar a cabo este proyecto de interpretación de las evoluciones políticascontemporáneas de América Latina, el análisis doctoral propone una comparación deldiscurso político y de los argumentos emitidos por las élites de Guadalajara, en México, yde Arequipa, en el Perú, a partir de una revisión sistemática y detallada de la prensaregional publicada en las dos ciudades.

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Mots clés : Mexique, Pérou, Construction de la nation, Identité régionale, PressKeywords : Mexico, Peru, Nation­building, Regional Identity, PressPalabras claves : México, Perú, Construcción de la nación, Identidad regional, Prensa

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Informations sur la thèse

« En el panorama peruano, Arequipa tiene el carácter de una ciudad

Thèse de doctorat soutenue à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, le 8 avril2013.Directeur de thèse : M. Olivier Compagnon (Université Sorbonne Nouvelle – Paris3)Membres du jury : M. Luis Aboites Aguilar (El Colegio de México), M. Jean­François Chanet (Sciences­po Paris), M. Olivier Compagnon (Université SorbonneNouvelle – Paris 3), M. Georges Couffignal (Université Sorbonne Nouvelle – Paris3), Mme Annick Lempérière (Université de Paris 1 Panthéon – Sorbonne).

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Dans les deux volumes qui composent ses « Mémoires complètes », publiées defaçon posthume en 1967, l’écrivain et homme politique péruvien Victor AndrésBelaúnde (1883­1966) rend hommage à la ville d’Arequipa, en soulignant avecpoésie l’identité à la fois si particulière et si représentative de l’âme nationale, quicaractérise sa cité natale.

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síntesis. Es serrana por la geografía y es costeña desde el punto de vistaétnico y social. Ella representa la unión entre la costa y la sierra ; entre elblanco, el mestizo y el aborigen. […] El alma de Arequipa lleva así el selloindeleble de la peruanidad integral. […] Vibran en su espíritu las mejoresnotas del alma ibérica y al mismo tiempo los acentos del alma indígena. Seexpresa en un español tan castizo que conserva voces anticuadas pero tieneque expresar al mismo tiempo, la infinita tristeza, el desamparo y el dolorindígena. Tiene un alma romántica que ha de reflejar la altivez castellana yla abrumadora nostalgia aborigen 1 ».

« Guadalajara es más que una ciudad: es la representación misma de lamexicanidad. Los símbolos de nuestra identidad tienen su asiento enJalisco: la magia de nuestra música, el vigor de las danzas autóctonas, lasimbología del vestido charro, la exquisitez de nuestra bebida nacional.Todo encuentra en Guadalajara aliento e inspiración. Celebrar el aniversariocuatrocientos cincuenta de la capital jalisciense, es conmemorar elnacimiento de las tradiciones más mexicanas. El advenimiento de lasformas autóctonas más puras. El descubrimiento de una vocación que esvigorosa, dinámica y creativa3 ».

Historiographie régionale et

Harmonieuse synthèse de ce double héritage espagnol et indien qui compose la« péruvianité », la capitale sud­andine se voit investie d’une identité forte etcaractéristique, dans un discours qui n’est pas sans rappeler celui qui se tient 25ans plus tard dans une autre capitale régionale latino­américaine, celle deGuadalajara, au Mexique.

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En 1992, à l’occasion du 450e anniversaire de la fondation de la ville, lamunicipalité publie une série d’études historiques, compilées dans deux volumesintitulés simplement « Capítulos de historia de la Ciudad de Guadalajara ».L’introduction commune aux deux tomes, confiée à la plume efficace de l’historienet juriste jalisciense2 José Luis Leal Sanabria, rappelle l’importance du rôle jouépar la ville de Guadalajara dans la définition de l’identité nationale :

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Il appartient à chaque lecteur de démêler dans cette prose emphatique ce quirelève du fait historique, de ce qui tient plutôt de l’enthousiasme régionaliste, del’attachement de l’auteur à sa terre natale. Toutefois, ces deux citations appellentun même constat, confirmé par notre propre expérience de terrain au cours descinq dernières années. Guadalajara et Arequipa occupent, ou prétendent occuper,dans l’imaginaire historique national du Mexique et du Pérou une place à part,celle d’une capitale régionale incarnant plus que la capitale du pays elle­même lacomplexité de l’âme nationale dans ses différentes composantes.

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Cette observation invite à s’interroger sur l’interaction qui existe entre le projetde nation, en pleine phase de consolidation au Mexique et au Pérou au tournantdes XIXe et XXe siècles, et ces capitales régionales si jalouses de leur originalité.Cette interrogation soulève à son tour trois questions fondamentales, quiarticulent les différents axes analytiques de la thèse. Tout d’abord, comment estvécue la nation à l’échelle de ces deux villes à la fois si régionalistes, et en mêmetemps berceaux de la « mexicanité » et de la « péruvianité » ? Et à l’inverse, quelest le rôle qu’elles entendent jouer dans la consolidation de la nation mexicaine etde la nation péruvienne ? Enfin, et il s’agit là du grand enjeu de cette thèse : dansquelle mesure l’analyse comparée des trajectoires historiques de Guadalajara etd’Arequipa nous renseigne­t­elle sur les évolutions du processus de constructionnationale au Mexique et au Pérou au tournant des XIXe et XXe siècles ? Aucroisement de l’histoire régionale et de l’histoire nationale, ces questions animentl’ensemble de notre réflexion.

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historiographie nationale :l’impossible dialogue ?

« En diferentes momentos y respondiendo en cada caso a interesesespecíficos, el proceso de formación de los Estados nacionales en las antiguascolonias españolas da lugar a un fenómeno singular : regiones biendiferenciadas […] con claros intereses locales a veces antagónicos conrespecto a los de las capitales, afirmaron su derecho a un cierto margen deautonomía sin negar necesariamente el principio básico de lanacionalidad6 ».

L’un des grands enjeux de l’historiographie latino­américaniste reste sansconteste la compréhension des processus de construction nationale dans lesdifférents pays qui composent la région, processus entamés au début du XIXesiècle, à partir des Indépendances4. La mise en place de l’État moderne enAmérique latine doit alors composer avec un héritage conflictuel issu de la périodecoloniale, qui a opposé le centre aux pouvoirs régionaux5, « phénomènesingulier » dont l’historienne Beatriz Urias Horcasitas a su souligner lesparadoxes :

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Les villes de Guadalajara et d’Arequipa fournissent une claire illustration decette apparente contradiction. Fondées à la même période par les Espagnols(Guadalajara connaît sa fondation définitive en 1542, Arequipa en 1540), les deuxvilles se constituent très tôt en capitales autonomes, détachées voire opposées à lacapitale officielle du vice­royaume. Plus tardive dans le cas d’Arequipa, qui sedéveloppe discrètement à l’ombre du Cuzco jusqu’au début du XIXe siècle, cetteposture particulière est assumée dès sa fondation par Guadalajara, alors capitalede la Nueva Galicia, siège d’un évêché et d’une Real Audiencia. À l’Indépendance,Guadalajara se distingue en prenant la tête du mouvement libéral qui prône lamise en place d’un système fédéral au Mexique7, tandis qu’Arequipa se lance dansune série de révoltes contre le pouvoir central8. C’est ce « siècle révolutionnaire »traversé par Arequipa à l’Indépendance du pays qui fait dire à Basadre que la« Ciudad Blanca » est sans conteste « la ville la plus représentative du Pérourépublicain »9. Ainsi, farouchement attachées aux prérogatives dont ellesbénéficient durant la période coloniale ou qu’elles ont conquises à l’Indépendance,les deux villes n’ont de cesse, durant tout le XIXe siècle et jusque tardivement auXXe siècle, de lutter pour la défense de leurs propres intérêts, tout en réitérantconstamment leur attachement à la nation. C’est cette relation ambiguë, auxenjeux souvent multiples et complexes, que l’on se propose d’interroger, dansl’idée que « l’histoire du débat qui traite des rapports entre le pouvoir central et lespouvoirs locaux se confond […] avec l’histoire du pays tout entier puisque laconstitution de la nation est déterminée par la dynamique centralisatrice »10. Ceconstat émis par Anne­Marie Thiesse pour la France apparaît également justepour la plupart des pays d’Amérique latine, et plus encore pour le Mexique et lePérou, pour lesquels a prédominé la logique centralisatrice dès l’Indépendance.

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Notre étude propose ainsi de partir du terrain régional pour comprendre lesphénomènes historiques nationaux, dans un jeu d’échelles qui doit permettre derestituer tout son sens et sa complexité au dialogue région/nation au Mexique etau Pérou. Puisqu’il s’agit ici de promouvoir « la question régionale commequestion nationale »11, notre étude doit penser le terrain régional non seulementcomme une construction culturelle, politique et économique originale12, mais bienaussi comme le point de départ d’un nouveau regard sur l’historiographienationale classique, encore trop souvent pensée depuis les capitales nationales.

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Dans un récent ouvrage sur les contacts et les ruptures entre histoire nationale10

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« Vale la pena recordar que por lo menos desde la revolución mexicana, losestudiosos del pasado mexicano enfatizaron el papel protagónico delgobierno nacional. Esta institución se convirtió en el principal, si no en elúnico forjador del Estado­nación. Como reacción a este enfoque, lahistoriografía regional ha destacado la importancia y trascendencia de losacontecimientos de las sociedades regionales en ese proceso de forja delEstado y de la Nación13 ».

« ofrecer una mirada comparada sobre dos casos regionales que contrastanentre sí debido a sus relaciones con el Estado nacional y exponer así losalcances explicativos del concepto de región para comprender ciertasdinámicas en el contexto de los Estados nacionales22 ».

et histoire régionale, l’historienne mexicaine Verónica Oikion Solano explique lemanque de dialogue entre les deux échelles par un « surdimensionnement » desétudes régionales et nationales, pensées en opposition plutôt que de façonréellement complémentaire :

Les historiographies mexicaine et péruvienne, qui ne constituent pas en cela desexceptions en Amérique latine, sont ainsi souvent parues scindées en deuxbranches apparemment irréconciliables : d’un côté une histoire nationale penséeexclusivement depuis le gouvernement central, de l’autre une histoire régionalefermée sur elle­même, mais qui surestime néanmoins le rôle joué par l’espace localdans les grandes évolutions nationales. De manière générale, les travaux partantdu terrain régional pour analyser le processus d’intégration des régions à la nationsont donc encore très peu nombreux au Mexique et au Pérou, à la différence depays comme le Brésil ou l’Argentine par exemple14. Au Mexique, on trouve certesquelques études sur le Yucatán15, et de façon plus marginale sur la Basse­Californie16. Au Pérou, les travaux de Luis Miguel Glave sur le Cuzco17 ont ouvertde façon importante la réflexion sur l’intégration des régions à la modernisationnationale, réflexion assez peu suivie par l’historiographie des autres régions dupays, à l’exception de l’étude récente proposée par Frederica Barclay Rey de Castrosur le Loreto18. De façon caractéristique, et à la notable exception de l’importanteétude menée par Alex M. Saragoza sur la région de Monterrey19, ces études se sontsurtout intéressées à des régions marginalisées par le processus d’intégrationnationale, régions qui ont de ce fait connu d’importants mouvementsséparatistes20.

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Ces dernières études proposent une trame de réflexion particulièrementintéressante pour notre propre travail et témoignent d’un intérêt assez récent pourla mise en relation d’histoires locales souvent très fortes avec le centralismecroissant de l’État central, à partir de la fin du XIXe siècle essentiellement. Auprintemps 2012, le Colegio de Michoacán a ainsi consacré un numéro spécial de sarevue Relaciones à la question de l’interaction entre la « patria chica » et lanation21. Dans ce numéro, l’historien Alexander Betancourt Mendieta développeune analyse particulièrement intéressante pour notre propre étude, puisqu’elleentend

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Notre travail s’intègre donc dans une approche certes encore peu développée,mais qui suscite toutefois un intérêt croissant au sein de l’historiographie actuelle.À notre connaissance, cette approche n’a cependant jamais été adoptée pour lescas tapatío et arequipeño. C’est donc ce que nous nous proposons de réaliser danscette étude : penser l’histoire nationale mexicaine et l’histoire nationalepéruvienne par le prisme de deux capitales régionales, Guadalajara et Arequipa.

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Au sein d’une production pléthorique d’études historiques dans les deux villes,on distingue trois grands types d’ouvrages, qui peuvent faire l’objet d’un usagecomplémentaire et dessinent les contours de l’approche régionale classique enAmérique latine. La première catégorie, à mi­chemin entre l’étude historique et le

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témoignage, regroupe les ouvrages à tonalité régionaliste ou localiste.Généralement produits par des historiens et intellectuels locaux, ces étudesoffrent le plus souvent un « portrait » de la ville à un moment donné, portraitinvariablement élogieux et alimenté parfois par les propres souvenirs del’auteur23. Si nous n’entrerons pas dans une présentation détaillée de cesouvrages, rappelons toutefois le rôle important qu’ils ont joué dans la réalisationde notre étude, et ce en dépit de leur caractère souvent peu académique (absencede problématique, rare critique des sources, etc.). Ces différents écrits ont permistout d’abord d’identifier une série de stéréotypes communs caractérisant les deuxvilles, ainsi qu’une même trajectoire de cette pensée historico­localiste. Ensuite,ils offrent au lecteur une série d’informations non négligeables, notamment sur ledéveloppement urbain, économique et social local au tournant du siècle,informations qui viennent compléter de façon efficace les nombreux ouvragesmonographiques également disponibles sur les deux villes.Ces derniers composent une seconde catégorie d’études, fondamentales pour

l’historien intéressé par le fait régional. Les travaux de nature monographique,qu’ils se présentent sous une forme abrégée24 ou en plusieurs volumes25, ont pourprincipal objectif la mise à disposition d’une somme d’informations sur chaqueville, la détermination d’une chronologie qui lui soit propre, de même qu’unepremière tentative de définition de ce qui constituerait le « caractère local ». Sur cepoint, un premier décalage historiographique est perceptible entre Guadalajara etArequipa. Alors qu’il existe pour la première un très grand nombre d’ouvragesmonographiques26, on ne trouve pour la seconde que de très rares travaux de cetype27.

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Enfin, il existe un troisième type de travaux, qui correspondraient à unetendance cette fois plus récente et exclusivement universitaire de l’historiographierégionale, à savoir les études développées autour d’une problématique, qui portentsur un thème précis et/ou sur un moment bien particulier de l’histoire locale. Cesétudes permettent généralement de replacer l’histoire de la ville dans une réflexionplus complexe et analytique. À Guadalajara, ce type de travaux a été développéaussi bien par des historiens tapatíos28 que par des historiens étrangers,généralement européens ou américains29, qui se sont intéressés à toutes lespériodes de l’histoire locale. Pour Arequipa, les études historiques réellementproblématisées sont le fruit de travaux nord­américains essentiellement etconcernent surtout les XVIIIe et XIXe siècles30. Il n’existe à notre connaissanceaucune étude problématique et détaillée analysant l’histoire du XXe sièclearequipénien.

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L’analyse typologique de ces diverses études invite l’historien à un premierconstat. Si la grande majorité des ouvrages disponibles sur Guadalajara etArequipa sont d’une très grande richesse informative, ils tendent toutefois à lesprésenter comme des espaces fermés, fonctionnant en vase clos et qui suivraientdes logiques qui leur sont propres. Les études régionales concernant les deux villesreproduiraient en cela les grandes tendances de l’historiographie nationalepéruvienne et mexicaine, pensées de façon nationale exclusivement. On note ainsiune absence quasi­complète d’études problématisant cette originalité régionaledans un cadre national plus vaste, qui interviendrait directement sur la formationde l’identité régionale tapatía et arequipeña. C’est dans ce vide historiographiqueque la thèse prétend s’inscrire, tout d’abord en replaçant l’analyse monographiquerégionale des deux villes dans le cadre des histoires nationales. Ensuite, enanalysant le processus de construction nationale au Mexique et au Pérou, non pasdepuis les « marges » de la nation, mais au contraire depuis deux capitalesrégionales qui, du fait de leur intégration à la fois pleine et entière, mais aussiambiguë et souvent conflictuelle au projet de nation, constituent deux terrainsd’études passionnants.

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« Ciudad Blanca » et « Perla del Occidentemexicano » : comparaison et jeux de miroir

« Al principio de la historia poscolonial de América Latina, México y Perúeran comparables en términos generales. Habían sido los grandes centros delas civilizaciones indígenas precolombinas y del dominio del imperioespañol ; tenían las minas de plata más generosas, las élites coloniales másricas, y las mayores poblaciones indígenas en toda la América española.Ambos países entraron al llamado período nacional en un estado dedesorden político, y cada uno enfrentó alrededor de cincuenta años deguerras civiles antes de que los esfuerzos de estabilización política tuvieranresultado alguno […]. Sin embargo, a partir de estas similitudes generales,los caminos de México y Perú han sido marcadamente divergentes desde lasprimeras décadas del siglo y en especial a partir de la década de 1930 35 ».

Si la mise en regard de Guadalajara et d’Arequipa réclame un certain nombre deprécisions, c’est avant tout la comparaison entre le Mexique et le Pérou qui doitêtre explicitée. Les deux pays connaissent des trajectoires historiques parallèlesdepuis la période préhispanique jusqu’à l’Indépendance31. Dans un article publiédans l’ouvrage de Leopoldo Zea América Latina en sus ideas, l’historien Juan A.Oddone souligne ainsi la marque profonde laissée par les empires préhispaniquessur l’organisation du pouvoir colonial au Mexique et au Pérou32. Les deux paysentrent donc dans le XIXe siècle avec des structures étatiques, économiques etsociales sinon identiques, du moins comparables. Il semble donc surprenantqu’aussi peu d’études se soient attachées à les comparer. On observe en effet que leMexique comme le Pérou ont surtout été pensés nationalement parl’historiographie classique, dans le strict cadre de l’État­nation. Certes, l’historiena accès à quelques études comparatistes concernant la période coloniale, quisoulignent justement les nombreuses similitudes qui unissent les deux paysjusqu’au XIXe siècle33.

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En dépit de ces quelques travaux, comparer le Mexique et le Pérou au cours deleur histoire contemporaine reste un défi, comme en témoigne une historiographieencore très pauvre sur le sujet. Rares sont en effet les travaux qui comparent lesdeux pays après leurs indépendances respectives, du fait notamment d’une fortedistanciation de leurs trajectoires historiques à partir du début du XIXe siècle.Dans la préface d’un ouvrage qui constitue une brillante exception en la matière34,l’historienne nord­américaine Florence Mallon explique que :

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C’est cette période de distanciation des trajectoires historiques du Mexique etdu Pérou que notre étude compte analyser, afin de rendre intelligible cettetransition entre une organisation coloniale relativement similaire dans les deuxpays, vers des logiques de pouvoir contemporaines radicalement différentes àpartir des années 1930.

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Il convient de reconnaître ici qu’au sein de ces deux pays, de nombreuses villeset régions auraient pu faire l’objet d’une comparaison. Pour cette raison, le choixparticulier des villes de Guadalajara et d’Arequipa dans une comparaison jusqu’àprésent jamais mise en œuvre, ni même évoquée dans l’historiographie, réclamequelques éclaircissements, qui doivent nous amener à expliciter la construction denotre objet d’étude.

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Si Guadalajara et Arequipa présentent à la fin du XIXe siècle un importantdécalage démographique, elles n’en n’occupent pas moins la même place au seindu système urbain de leurs pays respectifs36. Dans la deuxième moitié du XIXesiècle, Guadalajara devient en effet la seconde ville du Mexique37 grâce à uneimportante croissance démographique et économique, tandis qu’Arequipas’impose progressivement face au Cuzco, alors en plein déclin. Au cours de lapériode qui nous intéresse (1884­1930), Guadalajara et Arequipa occupent donc

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chacune la place de « seconde ville» ou « seconde capitale ». Cette caractéristiqueest importante, puisqu’elle a présidé au choix des espaces analysés et fonde notreobjet d’étude. À l’inverse de l’approche proposée par Florence Mallon, il s’agit depenser la nation par le prisme de pôles urbains exerçant une grande influencedans le pays, et de ce fait capables de rivaliser avec la capitale nationale. Lanuance est d’importance et permet de contrebalancer efficacement le décalagedémographique qui existe entre Guadalajara et Arequipa. Ce statut de « secondeville » implique en effet un ensemble de rapports de force avec le pouvoir central,qui sont au cœur de notre étude.Outre cette position de « seconde capitale » du pays, Guadalajara et Arequipa

présentent également une série de caractéristiques communes, qui rendentpossible la comparaison. En premier lieu, les deux villes sont au cœur de régionsculturelles et historiques originales. Guadalajara, capitale de l’Occident mexicain,et Arequipa, capitale du Sud andin, incarnent donc consciemment des systèmesde valeurs culturelles et politiques qui se distinguent nettement du reste du pays.De ce fait, les deux villes présentent des caractéristiques sociales bien spécifiquesjusqu’au début du XXe siècle. Les sociétés tapatía et arequipeña se considèrenttoutes deux comme aristocratiques et relativement peu métissées, héritièresdirectes de la période coloniale à laquelle elles sont très attachées. Sur le planéconomique, elles se situent toutes deux à proximité des ports du Pacifique, ce quileur assure un même positionnement stratégique dans le commerce avecl’extérieur et les communications avec l’Europe. Ces multiples correspondancesfacilitent l’élaboration d’un cadre commun de la comparaison, qui va nouspermettre de nous pencher sur une série de problèmes essentiels à lacompréhension des trajectoires historiques des deux villes, et plus encore à celledes profondes mutations dans lesquelles s’engagent le Mexique et le Pérou autournant des XIXe et XXe siècles.

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Une précision s’impose cependant. Si les deux villes ont beaucoup en commundurant la période étudiée, elles s’inscrivent toutefois dans des espaces régionauxet nationaux qui présentent de nombreuses différences. L’un des apports del’exercice comparatiste ici proposé est donc de penser les similitudes locales ausein de contextes régionaux et nationaux très différents. Pour cela, il conviendratout au long de l’étude de jouer avec les échelles et de replacer la ville étudiée dansson espace régional et national. Ainsi, et pour reprendre une distinction émise parJacques Revel dans l’introduction de l’ouvrage qu’il a coordonné sur la question,ce n’est pas tant l’échelle régionale qui compte, mais bien la variation d’uneéchelle à l’autre qui donne tout son sens à l’analyse38.

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Les bénéfices de cette approche comparatiste sur plusieurs échelles sontmultiples, puisqu’elle cumule à la fois les vertus de l’analyse comparée et celles del’analyse régionale. De façon très générale, la mise en regard des cas tapatío etarequipeño doit nous permettre de repenser les grilles de lectureshistoriographiques traditionnelles, en réévaluant les grandes ruptures nationaleset internationales à l’aune de leur perception régionale. Pour cette raison, certainsévénements jugés fondateurs par l’historiographie nationale, tels que laRévolution mexicaine ou la dictature d’Augusto B. Leguía au Pérou (1919­1930),ne seront pas analysés pour eux­mêmes, mais comme une toile de fond parfoistrès secondaire dans les processus politiques et sociaux qui touchent les deuxvilles.

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Nous n’insisterons pas ici sur les nombreuses vertus de l’approchecomparatiste39, dont nous espérons que notre étude offre une illustration. Ilimporte toutefois d’en entendre les principales critiques, qui sont autant de misesen garde nécessaires au moment d’élaborer l’objet de notre analyse. Dans unimportant article sur les « limites du comparatisme en histoire culturelle »,l’historien Michel Espagne souligne ainsi plusieurs limites de l’exercice

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« Una última cuestión que surgió mientras escribía se relacionaba con lanaturaleza de mis comparaciones. Al principio trabajé esmeradamente parahacerlas equitativas : para cada capítulo sobre México, uno sobre Perú ; paracada análisis de una región, igual atención a las otras tres. Simplemente nofuncionó. […] Para cuando terminé, ya no consideraba que este aparentedesequilibrio fuera un defecto. De hecho había llegado a la conclusión deque las comparaciones perfectamente simétricas eran imposibles, o eranuna ilusión creada por sus autores 43 ».

Arequipa et Guadalajara au tournant du siècle

comparatiste40, tout d’abord en ce qui concerne « la position de l’observateur ».L’auteur regrette ainsi que dans la démarche comparatiste, « on ne [fasse] souventque comparer soi­même à l’autre »41. Notons que ce premier obstacle se trouverapidement déjoué par notre point de vue français, extérieur aux deux paysétudiés, ce qui permet une égale distance par rapport aux cas comparés.Michel Espagne souligne également le problème de la temporalité des processus

historiques, qui serait en partie occultée dans la démarche comparatiste : « lescomparaisons [donneraient] un résultat anhistorique, alors que les points decontacts entre les cultures sont impliqués dans un processus permanent »42.Plutôt que de mettre en valeur des « points de contact sémantiques », c’est­à­diredes phénomènes similaires dans les deux cas, il conviendrait donc de comparerdes moments historiques donnés, afin de restituer toute leur importance auxévolutions historiques des cas analysés. Nous souscrivons pleinement à cetteproposition de Michel Espagne. C’est pour cette raison que notre thèse, pensée àl’origine en fonction de grandes thématiques, s’organise finalement de façon pluschronologique, afin de bien mettre en valeur l’importante évolution des rapportsde force étudiés.

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Une autre difficulté importante a également été soulignée par Florence Mallondans l’ouvrage déjà cité, sur la base de sa propre expérience de recherche etconcernant cette fois la restitution des résultats de l’analyse. Celle­ci soulignel’impossible symétrie des études comparatistes, notamment concernant leMexique et le Pérou.

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Cette impossible symétrie des cas étudiés est d’importance, puisqu’elledétermine le sens de la comparaison, en axant l’analyse sur la mise en lumière dedifférences dont il s’agit d’expliquer l’origine et le sens. Ainsi, c’est ce décalageentre nos deux cas qui rend réellement possible le renouvellementhistoriographique, en révèlant certains « silences » historiques dans chacun desdeux cas, mais aussi certains vides historiographiques qui ne demandent qu’à êtrecomblés.

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Si les divisions chronologiques dans lesquelles s’intègrent les études historiquescomparées semblent parfois quelque peu arbitraires, les cinq décennies quiséparent les années 1880 des années 1930 constituent un ensemble cohérent, unepériode de transition de plus en plus analysée par les historiens. Ce largechangement de siècle représente en effet pour l’Amérique latine une étape deprofonds bouleversements politiques, économiques et sociaux, qui font entrerl’ensemble des pays latino­américains dans ce qu’il conviendrait d’appeler lamodernité du XXe siècle. Le Mexique et le Pérou quittent à cette période un ordrepolitique et économique directement hérité de la période coloniale, pour intégrerdes logiques de pouvoir plus contemporaines. C’est cette transition majeure,pensée depuis les capitales régionales, qui est au centre de notre étude.

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L’Amérique latine connaît tout d’abord, à partir des années 1870­1880, unprocessus de développement économique sans précédent, notamment grâce à une

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forte croissance des exportations44 et à la mise en place d’un important processusd’industrialisation45. Dans les décennies qui précèdent la crise économiquemondiale de 1929, l’Amérique latine entre ainsi pleinement dans l’èrecapitaliste46. Cette importante mutation économique est clairement perceptible àl’échelle régionale, comme l’illustrent aussi bien Guadalajara47 qu’Arequipa48.Une série de bouleversements politiques accompagnent cette importante

modernisation économique, bouleversements qui modifient non seulementl’organisation du Mexique et du Pérou, mais aussi l’ensemble du discours sur lanation, dont on observe alors une claire consolidation. C’est à cette périodequ’apparaît ainsi une réflexion identitaire nationale, développée autour desquestions de la « mexicanité » et de la « péruvianité ». Au Mexique, le principalbouleversement de la période reste bien entendu la Révolution, qui éclate à la finde l’année 1910 après plus de trois décennies d’un pouvoir sans partage exercé parPorfirio Díaz (1830­1915). La mise en place de la Constitution de 1917 faitdéfinitivement entrer le Mexique dans une nouvelle ère politique, dominée par uneidéologie laïque et centralisée. Au Pérou, la « République Aristocratique » installéeà la fin du XIXe siècle laisse la place en 1919 à la dictature d’Augusto B. Leguía(1863­1932), dont les onze années de gouvernance (le « oncenio ») consacrent unnouveau modèle d’État au Pérou, également axé sur un centralisme sansprécédent.

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Cette « tradition centraliste » connaît donc dans le changement de siècle unincontestable renforcement, modulé par différentes phases de retrait du centre auprofit de quelques mesures décentralisatrices. Clairement synonyme de modernitépour les élites mexicaines porfiriennes, le centralisme ne se met réellement enplace au Mexique qu’après la Révolution, une fois soumis les pouvoirs régionauxqui avaient jusqu’alors opposé une certaine résistance au projet centralisateur dePorfirio Díaz. Au Pérou, après une série de lois décentralisatrices importantesdans les années 189049, le centralisme connaît un brutal renforcement sous ladictature de Leguía, notamment avec la limitation des pouvoirs attribués auxCongrès régionaux en 192250. Ce processus centralisateur grandissant autournant du siècle permet donc une certaine cohésion chronologique, notammentdans la mesure où il se retrouve constamment au cœur des débats locaux àGuadalajara et à Arequipa durant cette période. Le centralisme constitue doncune clé d’interprétation essentielle des principales évolutions locales et nationalesdes années 1880 jusqu’à la fin des années 1920.

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Les bornes chronologiques plus précises adoptées dans notre étude sont, à cesujet, significatives. L’analyse s’ouvre en 1884, année durant laquelle se renforceau Mexique le pouvoir de Porfirio Díaz au détriment des pouvoirs régionaux, avecsa réélection à la tête du pays. Le Pérou connaît au même moment un contextetrès différent, pour ne pas dire radicalement opposé. Le pays a signé la paix avec leChili l’année précédente51, mettant fin à la « Guerre du Pacifique », et débute doncen 1884 sa lente reconstruction. Lima est sortie fragilisée de cette guerre,notamment du fait de l’occupation de la ville par les troupes chiliennes, etn’assure donc à cette période qu’un contrôle limité sur l’ensemble du territoirepéruvien. Les pouvoirs régionaux sont à cette période totalement livrés à eux­mêmes et bénéficient par conséquent d’une réelle autonomie. C’est le cas toutparticulièrement d’Arequipa, convertie brièvement en capitale du Pérou au coursdu conflit.

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Après cinq décennies de profonds bouleversements politiques, économiques etsociaux, durant lesquelles s’observe un renforcement global du centralisme dansles deux pays, les années 1929­1930 sont généralement considérées commemarquant une rupture significative, tout d’abord en raison de la crise économiquemondiale. Les relations entre le centre et le reste du pays au Mexique et au Pérouse formalisent, dans une configuration qu’elles conservent pendant toute la durée

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Conclusion

du XXe siècle. Le Mexique officialise l’hégémonie du pouvoir révolutionnaire, avecla formation du Partido Nacional Revolucionario (PNR), qui symbolise unecertaine stabilité politique nationale. Cette relative pacification des relationspolitiques au Mexique contraste fortement avec le contexte péruvien. En 1930 yéclate en effet la toute dernière révolte décentralisatrice de l’histoire nationale,engagée par Arequipa contre le pouvoir dictatorial de Leguía.Si de grandes ruptures chronologiques peuvent donc être identifiées dans les

deux pays à des moments identiques, des différences apparaissent toutefois ausein de leurs trajectoires historiques respectives à cette période. De fait, leschronologies nationales des deux pays sont rarement pensées comme nous venonsde le présenter. De façon classique, l’histoire mexicaine des XIXe et XXe siècles estgénéralement divisée en deux moments très rarement étudiés ensemble, à savoir lePorfiriat et la Révolution mexicaine. De même, les divisions chronologiques duPérou tendent à séparer les études qui concernent la « República Aristocrática »de celles qui traitent de la dictature de Leguía. Analyser ces différents momentshistoriques au sein d’une même étude est donc incontestablement une gageure.C’est aussi tout l’intérêt de l’approche comparatiste, qui doit nous permettre deremettre en cause les chronologies nationales classiques à la lumière de lacomparaison.

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L’étude introduite par ce texte entend relever trois défis principaux.37

Le premier concerne la mise en œuvre conjointe de deux approchesméthodologiques rarement conciliées, à savoir celle qui concerne l’exercicecomparatiste et celle qui articule un jeu d’échelles entre les niveaux régional,national, voire international. Toute la spécificité de notre étude réside dans cecroisement méthodologique, encore très peu développé dans l’historiographie.Certaines études récentes proposent toutefois des illustrations particulièrementparlantes des vertus d’un tel rapprochement historiographique. C’est le cas parexemple des récents travaux d’Alexander Betancourt Mendieta, qui impliquentune comparaison régionale entre le Mexique et la Colombie52. Si l’on trouve encorepeu d’études de ce type en Amérique latine, il apparaît toutefois que lacomparaison régionale est un champ amené à se développer, tant il permet derenouveler les analyses existantes, notamment celles qui concernent les grandescatégories politiques traditionnelles utilisées pour interpréter l’histoire latino­américaine à l’échelle nationale.

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Le second défi concerne la réconciliation de deux champs historiographiquesencore trop souvent pensés en opposition : la monographie locale et l’histoirenationale. Pour reprendre les termes de Luis Aboites Aguilar, il s’agitprincipalement de « nationaliser le fait régional »53, c’est­à­dire de repenserl’historiographie nationale classique par le prisme du local. Cette démarche doitnous amener à réinterroger les grandes ruptures de l’histoire nationale, afin d’ennuancer les répercussions dans des régions qui possèdent leur propre temporalité.

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Enfin le troisième enjeu fondamental de la thèse concerne l’approchecomparatiste, élaborée à partir de cet objet d’étude très spécifique qu’est laseconde ville du pays54. Celle­ci offre un cadre d’analyse particulièrementintéressant, en raison de ses différentes postures herméneutiques. Tout d’abord, laseconde ville est un véritable laboratoire des phénomènes nationaux, comme l’ontdéjà souligné Elisa Cárdenas Ayala pour Guadalajara55, et Rodrigo EspinosaDelgado pour Arequipa56. Si cette perception de la ville de province commelaboratoire de phénomènes plus amples relève désormais du poncif dans le champde l’histoire régionale, ce qui l’est moins en revanche c’est ce caractère de « ville

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Notas

1 Belaúnde, Víctor Andrés, Trayectoria y Destino. Memorias completas, Tome 1,« Escenario de Arequipa », Lima: Ed. de Edivantas, 1967, cité dans Martínez, Edgardo,Imagen y leyenda de Arequipa. Antología 1540­1990, Lima, Fundación M.J. Bustamantede la Fuente, 1996, p. 387.

2 L’adjectif « jalisciense » renvoie au Jalisco, État dont Guadalajara est la capitale.

3 Sanabria, José Luis, « Introducción » in Rendón García, Lina, Capítulos de Historia de laCiudad de Guadalajara, Guadalajara, Ayuntamiento de Guadalajara, 1992, p. 9.

4 La bibliographie sur le sujet semble inépuisable, qu’elle aborde la question dans un cadrenational spécifique, comme c’est le cas par exemple de l’étude de Roderick J. Barman sur leBrésil (Barman, Roderick J., Brazil : the forging of a nation, 1798­1852, Stanford, StanfordUniversity Press, 1988), ou qu’elle envisage l’ensemble de l’espace latino­américain,comme c’est le cas par exemple des divers ouvrages coordonnés par François­XavierGuerra : Annino, Antonio et Guerra, François­Xavier, Inventando la nación. Iberoaméricaen el siglo XIX, México, Fondo de Cultura Económica, 2003; Guerra, François­Xavier etQuijada, Mónica (coord.), Imaginar la nación, Cuadernos de historia latinoamericana, vol.2, AHILA, Münster, Hamburg, Lit., 1994. Si l’objectif de notre travail n’est pas de discuterces différentes études, celles­ci représentent toutefois un cadre fondamental pour notreréflexion. Pour le Mexique, les travaux de François­Xavier Guerra restent fondamentauxpour penser ce processus de construction nationale. Voir tout particulièrement : Guerra,François­Xavier, Le Mexique, de l’ancien régime à la Révolution, Paris, l’Harmattan, 1985.Pour le Pérou et l’ensemble de la zone andine, voir l’étude de Démélas, Marie­Danielle,L’invention politique. Bolivie, Équateur, Pérou au XIXe siècle, Paris, Éditions Recherchesur les civilisations, 1992.

5 Sur cette relation entre la construction de la nation et les pouvoirs régionaux issus del’organisation coloniale en Amérique latine, voir tout particulièrement l’ouvrage collectifsuivant : Palacios, Marco, La unidad nacional en América Latina. Del regionalismo a lanacionalidad. México, El Colegio de México, 1983.

6 Urias Horcasitas, Beatriz, « Conciencia regional y poder central : ensayo sobre elpensamiento separatista yucateco en la primera mitad del siglo XIX », Estudios deHistoria moderna y contemporánea de México, México, UNAM, vol. XI, 1988, p. 61.

7 Lee Benson, Nettie, La diputación provincial y el federalismo mexicano, México,COLMEX, UNAM, 1992 (Première édition 1955).

8 Gualberto Valdivia, Juan, Memorias sobre las revoluciones de Arequipa desde 1834hasta 1866, Lima, 1874.

9 À la différence du Cuzco, considéré comme la ville représentative de la périodepréhispanique, tandis que Lima incarnerait la période coloniale.

10 Thiesse, Anne­Marie, « L'invention du régionalisme à la Belle Époque », Le Mouvementsocial, n°160, 1992, p. 11­32, p. 24.

11 Palacios, Marco (coord.), op. cit., p. 13.

12 Nous n’entrerons pas ici dans les inépuisables débats qui divisent l’historiographierégionale sur la définition de la « région », dans la mesure où ils n’interviennent pasdirectement dans notre étude. Nous nous permettons de renvoyer le lecteur à l’importantebibliographie théorique sur la question. Pour le Mexique, on peut citer les travaux suivants,qui développent une réflexion détaillée sur la définition, le sens et les possibilités del’histoire régionale : Ibarra, Antonio, « Tribuna : un debate suspendido. La historiaregional como estrategia finita (comentarios a una crítica fundada) », Historia de México,México, Colegio de México, Volume LII, n°1, 2002, p. 241­259 ; Serrano Álvarez, Pablo(comp.), Pasado, presente y futuro de la historiografía regional de México, México,Universidad Nacional Autónoma de México, Instituto de Investigaciones Históricas, 1998 ;Taracena Arriola, Arturo, « Propuesta de definición histórica para región », Estudios de

synthèse » qui semble désigner tant Guadalajara qu’Arequipa. Les deux villesopèrent en effet une synthèse identitaire et culturelle de la nation, mais égalementune synthèse entre modernité et tradition, entre intégration à la nation etopposition régionaliste. Tiraillée entre son statut de capitale régionale et sonéloignement du centre réel du pouvoir, la ville seconde offre donc un espaceprivilégié à l’analyse des multiples contradictions du processus de constructionnationale.

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Historia Moderna y Contemporánea de México, num. 35, 2008, p. 181­204.L’historiographie péruvienne propose également quelques excellentes études deproblématisation de l’approche régionale, généralement à partir de cas concrets : Bonilla,Heraclio et Hünefeldt, Christine, « Piura : propuestas para una historia regional », Lima,Instituto de estudios peruanos, Documento de trabajo n°10, Serie Historia n°1, 1986 ;Quiroz Paz Soldán, Eusebio, « Historia regional y Sur Andino », Revista de CienciasSociales, Arequipa, Universidad Nacional San Agustín, n°5, 1998, p. 38­55.

13 Oikion Solano, Verónica, « Introducción », in Oikion Solano, Verónica (coord.), Historia,Nación y Región, El Colegio de Michoacán, 2007, p. 15­16.

14 Il existe ainsi beaucoup plus d’études analysant l’articulation entre les pouvoirsrégionaux et la construction de la nation au Brésil et en Argentine. Concernant ce dernierpays, nous invitons le lecteur à consulter la thèse de doctorat de Geneviève Verdo,L'indépendance argentine entre cités et nation (1808­1821), Paris, Publications de laSorbonne, 2006, qui problématise le processus de construction nationale à partir de cetteinteraction entre pouvoirs régionaux et pouvoir central. Pour le Brésil, voir l’étude deMônica Pimenta Velloso, ‘A brasilidade Verde­Amarela’. Nacionalismo e regionalismopaulista, Rio de Janeiro, Brasil, Fundação Getulio Vargas­ Centro de pesquisa edocumentação de Historia contemporânea do Brasil, 1990.

15 Urias Horcasitas, Beatriz, op. cit. ; Taracena, Arturo, « El Museo Yucateco y lareinvención de Yucatán. La prensa y la construcción del regionalismo peninsular ».Península, vol. II, n°1, 2007, p. 13­46.

16 Altable, María Eugenia, De la autonomía regional a la centralización en el EstadoMexicano : Baja California 1859­1880, México, Universidad Autónoma de Baja CaliforniaSur, 1999.

17 Glave, Luis Miguel, La república restaurada. Formación nacional y prensa en el Cuzco1825­1839, Lima, IEP, 2004.

18 Barclay Rey de Castro, Federica, op. cit.

19 Saragoza, Alex M., The Monterrey Elite and the Mexican State, 1880­1940, Austin,University of Texas Press, 1988.

20 Au XIXe siècle, le Yucatán réclame à deux reprises son autonomie et sa séparation dureste de la Fédération, en 1823 et en 1841, tandis que le Loreto se constitue en « Etatfédéral » en 1896, en opposition au gouvernement central et dans l’objectif de faire valoirles intérêts locaux.

21 « Amor de la patria (chica) y pasión nacional », Relaciones 130, vol. XXXIII, Colegio deMichoacán, Printemps 2012.

22 Betancourt Mendieta, Alexander, « Región y nación : dos escalas sobre un tema deestudio », Relaciones 130, vol. XXXIII, « Amor de la patria (chica) y pasión nacional »,Colegio de Michoacán, Printemps 2012, p. 25­68, p. 27.

23 À titre d’exemple, on peut citer l’ouvrage suivant pour Guadalajara: García Oropeza,Guillermo, Deja contarte Guadalajara, Guadalajara, Cámara Nacional de Comercio deGuadalajara, 1988. Pour Arequipa et dans le même registre : Espinoza de la Borda, Álvaro,Arequipa a través del tiempo. Política, Cultura y Sociedad, Arequipa, Centro de EstudiosArequipeños, Universidad Nacional de San Agustín, 2008

24 Muría, José María, Breve historia de Jalisco, México, Secretaria de Educación Pública,1988.

25 Voir Aldana Rendón, Mario (coord.), Jalisco desde la Revolución, Gobierno del Estadode Jalisco, Universidad de Guadalajara, 1987. Ouvrage en quatorze volumes.

26 Ces ouvrages sont le plus souvent collectifs, organisés en plusieurs volumes coordonnéspar la même équipe, dirigée par l’historien José María Muría. C’est le cas principalementde l’ouvrage Historia de Jalisco, publié en 1982 par le Gobierno del Estado de Jalisco, ouencore de la série Lecturas Históricas de Jalisco antes de la Independencia et Después dela Independencia, publiée l’année d’avant, également par le Gobierno del Estado deJalisco.

27 A notre connaissance le seul ouvrage présentant une véritable synthèse monographiquede l’histoire d’Arequipa et de sa région est celui édité en 1990 par la Fundación M.J.Bustamante, sous le titre de Historia General de Arequipa, et coordonné par les historienset archéologues arequipéniens Máximo Neira Avendaño, Guillermo Galdos Rodriguez,Alejandro Málaga Medina et Eusebio Quiroz Paz Soldan.

28 On peut citer à ce sujet l’ouvrage de Elisa Cárdenas Ayala, tiré de sa thèse de Doctorat :Le laboratoire démocratique : le Mexique en révolution (1908­1913), Paris I, SorbonneNouvelle. Publications de la Sorbonne, 2001.

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29 Parmi de nombreux travaux, on peut citer celui de Rivière d’Arc, Hélène, Guadalajaray su región. Influencias y dificultades de una metrópoli mexicana, México, Ed.SEP/Setentas, 1973.

30 Deux références incontournables pour comprendre l’histoire de la ville au XIXe siècle :le travail de Chambers, Sarah, The many shades of the white city : urban culture andsociety in Arequipa, Peru, 1780­1854, Madison, University of Wisconsin, 1992 ; et celui deBrown W. Kendall, Bourbons and brandy: imperial reform in eighteenth­centuryArequipa, Albuquerque, University of New Mexico, 1986.

31 Sans entrer dans les détails, rappelons simplement l’importante présence des deuxprincipaux empires préhispaniques que sont l’empire Inca et l’empire Mexica à l’arrivéedes Espagnols, les modes similaires de la conquête espagnole dans les deux pays, ainsiqu’une composition indienne et créole de la population comparable, qui conditionnent descontextes nationaux finalement très proches, jusque dans la première moitié du XIXesiècle.

32 Oddone, Juan A., « Regionalismo y nacionalismo », in Zea, Leopoldo, América Latinaen sus ideas, México, Siglo XXI, 1986.

33 Calvo, Thomas, « El Rey y sus Indias : ausencia, distancia y presencia (siglos XVI­XVIII) » in Mazin Gómez, Oscar (ed.), México en el mundo hispánico, Zamora, El Colegiode Michoacán, 2000, vol. II, p. 428 ; Hamnett, Brian, Revolución y contrarrevolución enMéxico y el Perú : liberalismo, realeza y separatismo, 1800­1824, México, Fondo deCultura Económica, 1978.

34 Mallon, Florence, Campesino y Nación. La construcción de México y Perú poscoloniales,México, CIESAS, 1999.

35 Mallon, Florence, op. cit., p. 19.

36 En 1900, la ville de Guadalajara compte un peu plus de 100 000 habitants, tandis quecelle d’Arequipa s’élève à peine à 35 000 âmes. Cet important décalage démographiqueentre les deux villes reflète celui qui sépare leurs pays respectifs, puisque pour la mêmepériode, le Mexique compte 13 607 272 habitants, contre 3800 000 au Pérou. Au début duXXe siècle, le Mexique présente donc 3,5 fois plus d’habitants que le Pérou, et Guadalajarapresque trois fois plus d’habitants qu’Arequipa.

37 Devant Puebla, seconde ville du pays jusque dans la première moitié du XIXe siècle.

38 Revel, Jacques (dir.), Jeux d’échelles : la micro­analyse à l’expérience, Paris, Gallimardet Le Seuil, Coll. Hautes Études, 1996.

39 Il existe sur le sujet une importante bibliographie. Parmi de nombreux exemples, onpeut citer les études suivantes, à commencer par l’article désormais classique de Bloch,Marc, « Pour une histoire comparée des sociétés européennes », Revue de synthèsehistorique, vol. 46, 1928, p. 15­50 ; Détienne, Marcel, Comparer l’incomparable. Oserexpérimenter et construire, Paris, Seuil, Coll. « Points Essais », 2009 [2000]. Cettedernière étude a fait l’objet d’importantes critiques dans l’article d’Anheim, Etienne etGrévin, Benoît, « ‘Choc des civilisations’ ou choc des disciplines ? Les sciences sociales et lecomparatisme », Revue d’histoire moderne et contemporaine, Tome 49, n°4­bis,Supplément : Bulletin de la Société d’Histoire Moderne et Contemporaine, 2002, p. 122­146.

40 Espagne, Michel, « Sur les limites du comparatisme en histoire culturelle », Genèses, n°17, 1994, p. 112­121.

41 Id., p. 113.

42 Id., p. 115.

43 Mallon, Florence, op. cit., p. 17.

44 Kuntz, Sandra, Las exportaciones mexicanas durante la primera globalización, 1870­1929, México, El Colegio de México, Centro de Estudios Históricos, 2010.

45 Bethell, Leslie, Latin America: economy and society, 1870­1930, Cambridge,Cambridge University Press, 1989.

46 Voir sur le sujet l’article de synthèse de Cortes Conde, Roberto, « El crecimiento de laseconomías latinoamericanas, 1880­1930 », Historia mexicana, México, Colegio de México,vol. 42, n°3, 1993, p. 633­648. Pour le Pérou, voir également l’ouvrage de Contreras, Carlos,El aprendizaje del capitalismo : estudios de historia económica y social del Perúrepublicano, Lima, Instituto de Estudios Peruanos, 2004.

47 Valerio Ulloa, Sergio Mario, Capitalismo y oligarquía en Jalisco, 1876­1910, México, ElColegio de México, Centro de Estudios Históricos, 1999.

48 Flores Galindo, Alberto, Arequipa y el Sur Andino, Lima, Ed. Horizonte, 1977.

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49 Planas, Pedro, La descentralización en el Perú republicano (1821­1998), Lima,Municipalidad metropolitana de Lima, 1998.

50 Op.cit., p. 411.

51 Le traité d’Ancón est signé le 20 octobre 1883 entre le Pérou et le Chili, et met fin àpratiquement cinq années de guerre entre les deux pays.

52 Betancourt Mendieta, Alexander, « Patria y Territorio en dos regiones de AméricaLatina: Antioquia (Colombia) y San Luis Potosí (México) », Cultura y RepresentacionesSociales, Année 2, n° 4, mars 2008, p. 94­117.

53 Aboites Aguilar, Luis, « Nación, Federación, Ciudad de México y regiones en el Méxicodel siglo XIX », in Oikion Solano, Verónica, op. cit., p. 655.

54 Il n’existe que peu de travaux prenant pour objet d’étude la « seconde ville » du pays,pensée comme source légitime du discours national et contrepoids éventuel au pouvoir ducentre. On peut toutefois citer l’article publié en 1995 par Lavergne, Marc, « Ville seconde,ville soumise ? Le cas d’Irbid (Jordanie) », Cahiers de la Méditerrannée, n°51, Tome 2,1995, p. 53­59.

55 Cardenas Ayala, Elisa, Le laboratoire démocratique…, op. cit.

56 Espinosa Delgado, Rodrigo, Consideraciones sobre la obra literaria de Don FranciscoMostajo, Facultad de Letras. Arequipa, Universidad Nacional del Gran Padre San Agustín.Thèse de « Bachiller », 1954.

Para citar este artigo

Referência eletrónicaGuillemette Martin, « Identité régionale et construction nationale en Amérique latine. Laville seconde au Mexique (Guadalajara) et au Pérou (Arequipa), des années 1880 auxannées 1920 », Nuevo Mundo Mundos Nuevos [Online], Extratos de teses, posto onlineno dia 27 Março 2014, consultado o 21 Agosto 2015. URL :http://nuevomundo.revues.org/66578 ; DOI : 10.4000/nuevomundo.66578

Autor

Guillemette MartinBecaria del Programa de Becas Posdoctorales de la UNAMInstituto de Investigaciones Histó[email protected]

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