Architecture vernaculaire

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Histoire Le peuple Innu tel que nous le connaissons aujourd’hui est le résultat de milliers d’années d’évolution ayant commencé par l’arrivée sur le territoire Nitassinan de populations migrantes en provenance du sud-ouest. Avec le temps, leur culture accumula un impressionnant bagage de connaissances adaptés à la survie dans des conditions hautement défavorable, ils nomment ce bagage l’Innu Aitun », ce qui signifie l’âme Innu. La transmission de ce savoir était assuré par son utilisation quotidienne ainsi que par la tradition orale. À l’arrivée des européens, ils devinrent alliés des français et peu à peu, leur mode de vie se modifia en fonction de leurs relations avec ces derniers. Par exemple, ils furent les premiers à créer une réserve faunique afin de préserver leurs territoires de chasse et se sédentarisèrent sous la pression des blancs. Cas d’étude L’objet de notre étude est la grande tente de prospecteur, habitation de base du campe- ment Innu de la famille Mark établie au mois de mai 1983 sur la rivière Washicoutai, près de la réserve Unamen-Shipu (La Romaine). Pour eux, l’année se divise en deux moitiés: l’hiver qui dure de septembre à avril, et l’été qui dure de mai à août. Le mois de mai est appelé Nishk-pishum en langage innu, ce qui veut dire « quand l’outarde arrive ». Durant cette période, ils chassent l’outarde, le castor et pêchent le homard. Ils font également la cueil- lette des baies conservées sous la neige tout au long de l’hiver. Pour ce travail, nous avons étudier le périple d’une famille Innu traditionaliste au cour d’une année. Cependant, en 1983 la majorité des Innu étaient sédentarisés et habitaient dans les réserves établies par le gouvernement. Un peuple qui voyage Les Innu ont longtemps été un peuple nomade, voyageant en canot sur les rivières et à pieds dans lors des portages. Ils parcouraient leur territoire au gré des saisons, se déplaçant d’un camp principal à un autre et suivant un trajet familier. Le camp d’hiver principal des Innu était construit en bois rond et ils utilisaient la tente de prospecteur pour la mobilité qu’elle permet lors des voyages. L’automne, on partait pour l’intérieur des terres pour ensuite rester l’hiver. Ils revenaientt peu à peu sur leurs pas pour être près de la côte le durant “ l’été ” . LA GRANDE TENTE DE PROSPECTEUR Nitassinan Nitassinan La Romaine “Campement” , d’après JAUVIN, 1993, p.14. “Rivière Washicoutai” , d’après JAUVIN, 1993, p. 6. “Nitassinan” , d’après http://forces.si.edu/arctic/04_00_28.html. Architecture vernaculaire Université Laval 2010 Benoit Comeau Jean-Claude Dumas Jean-Pierre Lapointe

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Le camp de propsecteur des Innus de Nitassinan.

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Histoire

Le peuple Innu tel que nous le connaissons aujourd’hui est le résultat de milliers d’années

d’évolution ayant commencé par l’arrivée sur le territoire Nitassinan de populations migrantes

en provenance du sud-ouest. Avec le temps, leur culture accumula un impressionnant bagage

de connaissances adaptés à la survie dans des conditions hautement défavorable, ils nomment

ce bagage l’Innu Aitun », ce qui signifie l’âme Innu. La transmission de ce savoir était assuré par

son utilisation quotidienne ainsi que par la tradition orale. À l’arrivée des européens, ils devinrent

alliés des français et peu à peu, leur mode de vie se modifia en fonction de leurs relations avec

ces derniers. Par exemple, ils furent les premiers à créer une réserve faunique afin de préserver

leurs territoires de chasse et se sédentarisèrent sous la pression des blancs.

Cas d’étude

L’objet de notre étude est la grande tente de

prospecteur, habitation de base du campe-

ment Innu de la famille Mark établie au mois

de mai 1983 sur la rivière Washicoutai, près de

la réserve Unamen-Shipu (La Romaine). Pour

eux, l’année se divise en deux moitiés: l’hiver

qui dure de septembre à avril, et l’été qui dure

de mai à août. Le mois de mai est appelé

Nishk-pishum en langage innu, ce qui veut

dire « quand l’outarde arrive ». Durant cette

période, ils chassent l’outarde, le castor et

pêchent le homard. Ils font également la cueil-

lette des baies conservées sous la neige tout

au long de l’hiver.

Pour ce travail, nous avons étudier le périple

d’une famille Innu traditionaliste au cour

d’une année. Cependant, en 1983 la majorité

des Innu étaient sédentarisés et

habitaient dans les réserves

établies par le

gouvernement.

Un peuple qui voyage

Les Innu ont longtemps été un peuple nomade, voyageant en canot sur les rivières et à pieds

dans lors des portages. Ils parcouraient leur territoire au gré des saisons, se déplaçant d’un camp

principal à un autre et suivant un trajet familier. Le camp d’hiver principal des Innu était construit

en bois rond et ils utilisaient la tente de prospecteur pour la mobilité qu’elle permet lors des

voyages. L’automne, on partait pour l’intérieur des terres pour ensuite

rester l’hiver. Ils revenaientt peu à peu sur leurs pas pour être près de

la côte le durant “ l’été ”.

LA GRANDE TENTE DE PROSPECTEURNitassinan

Nitassinan

La Romaine

“Campement”, d’après JAUVIN, 1993, p.14.

“Rivière Washicoutai”, d’après JAUVIN, 1993, p. 6.

“Nitassinan”, d’après http://forces.si.edu/arctic/04_00_28.html.

Architecture vernaculaireUniversité Laval 2010Benoit ComeauJean-Claude DumasJean-Pierre Lapointe

LA GRANDE TENTE DE PROSPECTEURNitassinan

Chasse et alimentation

Le mode de vie traditionnel du peuple Innu est

réglé d’après les saisons et suit le cycle migra-

toire du gibier. L’hiver, ils habitaient l’intérieur

des terres pour le piégeage (petit gibier) et la

chasse (gros gibier). L’été, ils s’installaient près

de la côte et de l’embouchure des rivières

particulièrement pour la pêche mais aussi pour

la chasse (oiseaux et phoque). Pour complé-

menter leur diète, les Innu cueillaient aussi les

fruits sauvages et cuisaient un pain que l’on

appelait la “bannique”.

Durant leurs déplacements, il ils se nourrissent

de provisions d’aliments séchés qu’ils emmè-

nent avec eux ou de nourriture entreposée sur

des plateformes stratégiques (caches) aména-

gées au début de l’hiver précédent. Celles-ci

sont construites sur un îlot, question de décour-

ager les animaux ayant peur de l’eau. Ponctuel-

lement, ils s’arrêtent en groupes aux grands

Répartition des tâches

Les femmes et les jeunes filles

s’occupaient du bois de chauffage et

de l’installation du sapinage au plancher

des tentes. En plus de l’entretien de la

tente au quotidien, elles faisaient la

cueillette des baies sauvages, la

préparation de la nourriture

et la fabrication des vêtements.

Quand les hommes étaient

absents, les femmes vérifiaient les

collets et levaient parfois les filets de pêche. Les hommes

se chargeaient de toute construction (habitation, canot, outils), de la trappe des animaux et

surtout de la chasse du petit et du gros gibier. Les tâches mixtes consistaient à faire sécher et/ou

fumer la viande et apprêter les animaux. Ils fumaient la viande en embrasant une vieille souche

d’épinette sous la viande suspendue.

portages, des lieux de transition prédéter-

minés où ils en profitent pour refaire leurs

provisions de nourriture.

Relation avec “mère nature” et spiritualité

Les Innu ont un grand respect pour la nature et les animaux. Par exemple, lorsqu’ils chassent le

castor, ils ne détruisent jamais entièrement leurs huttes. Quand ils chassent l’ours, ils le prient de

ne pas se venger de sa mort. Ils le traitent avec révérence en les attachant au sommet d’un arbre,

dans une poche d’écorce afin d’éviter que les charognards y aient accès.

“Nishk-Pishum”, d’après JAUVIN, 1993.

“Habiter la tente”, d’après JAUVIN, 1993, p. 81.

“La cuisine”, d’après JAUVIN, 1993.

“Couteau croche” et “Harpon à mâchoires”

D’après www.tipatshiumuna.ca/1200_f.php.

Architecture vernaculaireUniversité Laval 2010Benoit ComeauJean-Claude DumasJean-Pierre Lapointe

LA GRANDE TENTE DE PROSPECTEURNitassinan

La grande tente de pros-

pecteur : organisation et

structure

Apparues vers la fin du 19e siècle, on les

nomme « tente de prospecteur » car

l’enveloppe était constituée de toile de coton,

fréquemment utilisée par les prospecteurs. Ils

l’utilisaient surtout pour sa facilité et rapidité

de transport, d'assemblage et de démontage.

La tente de forme ovale ou ronde était un

modèle primitif qui fut remplacé par le modèle

de type"rectangulaire", une forme introduite

sous l’influence coloniale. On pouvait retrouver

chez ce dernier modèle quelques variantes

dans la forme et le mode d’assemblage des

composantes tout en conservant les mêmes

principes constructifs de base.

Ils mesuraient la longueur de leur tente en

largeur de toile. Une largeur équivalait à 1 verge

(3 ‘) et en moyenne, on comptait 4 largeur pour

une tente. En périphérie de la tente, on plantait

des piquets auxquels on fixait des ficelles ratta-

chées à la toile à une hauteur de 4’. Les essences

de bois utilisées étaient l'épinette noire pour sa

force structurale par rapport à un diamètre

minimal et le bouleau. La toile était fixée à l’aide

de cordage de nylon.

Emplacement et occupants

Le campement Innu était aménagé

à l’abri du vent et à proximité du bois.

L’installation se faisait près des cours

d’eau où ils pouvaient pêcher du

poisson. La vue à partir du site devait

être non obstruée, question de voir

tout gibier passant.

L’organisationdans la tente était

en fonction de la répartition des

tâches et de la hiérarchie familiale.

Les aînés se plaçaient près de

l’entrée où était localisé le

poêle. Ainsi ils alimentaient le feu

avec les buches situées à l’extérieur près

de l’ouverture. Ils réservaient une place

particulière aux visiteurs. Ils y ajoutaient

une couche supplémentaire de sapinage pour attribuer

un confort particulier à l’invité. Pour qu’il sache où s’installer, on disposait son bagage à cet

endroit spécifique. L’avant de la tente servait habituellement de rangement, et c’est à l’arrière

qu’ils mangeaient et dormaient.

Il existait deux principaux types d'activités innu : le campement de chasse d'automne et les

voyages d'automne et hiver-printemps. Le campement était constitué d'une famille élargie (3

générations) ou de plusieurs familles nucléaires apparentées (2 générations). Le voyage, caracté-

risé par sa courte durée et la chasse au gros gibier, était une activité pratiquée par un groupe

composé surtout d'Innu de sexe masculin.

L'objet de notre étude porte sur un voyage de chasse au mois de mai. Selon une étude de

l’anthropologue Paul Charest, un groupe du genre pouvait compter environ 9 personnes dont 2

sont des enfants : 7 Innu de sexe masculin et 2 Innu de sexe féminin. Les vieillards ne partici-

paient pas régulièrement aux voyages à cause des difficultés de déplacement. On pouvait aussi

retrouver quelques chiens parmi le groupe.

qu ge

4. PILOTIS VERTICAUX (RENFORTS INTÉRIEURS)

5. ÉTÉ : SAPINAGE / HIVER : SECONDE COUCHE

3. TOILE “BÂCHE” - PROTECTION CONTRE HUMIDITÉ

1. FAÎTE “TETAUAN”

2. TOILE DE PROSPECTEUR EN COTON

1.

2.

3.4.

5.

Architecture vernaculaireUniversité Laval 2010Benoit ComeauJean-Claude DumasJean-Pierre Lapointe

ATUSSEUN, Nutshimiu, [19??]. Akuanutin : nutshimiu-aimun. Sept-Iles : Centre de formation Nutshimiu Atusseun.CHAREST, Paul, 1995. La composition des groupes de chasse chez mes Mamit Innuat. Version numétique : Cégep de Chicoutimi

FRENETTE, Pierre, [2002]. Pessamiulnuat utipatshimunnuau mak utilnu-aitunuau = Histoire et culture innues de Betsiamites. [Tadoussac] : Les Presses du Nord.

GILL, Pierre, 2003. Pekuakamiulnuatsh : histoire et culture. Mashteuiatsh : Conseil des Montagnais du Lac-Saint-Jean.JAUVIN, Serge, 1993. Aitnanu : the lives of Hélène and William-Mathieu Marc. Montreal : Libre expression.

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Site : http://www.innuaitun.com/ [Accédé le 7 février 2010]RCIP, Tipatshimuna, 2005. Tipatshimuna – Récits innus de la

terre. [En ligne] (Date de mise à jour)Site : http://www.innuaitun.com/ [Accédé le 7 février 2010]

“Montage de la tente”, d’après ATUSSEUN, p.78.

“Variantes d’assemblages”, d’après ATUSSEUN, p.72.

“Plan” , d’après JAUVIN, 1993, p. 81.

POÊLE EN TÔLECUISSON ET CHAUFFAGE

LIEU DE REPOS

SEUIL

“Ouverture pour cheminée”D’après Archives Musée de la Civilisation.

VUE DE COUPE DÉTAIL

VUE GLOBALE