Archéologie médiévale et moderne au Maroc resp. J....

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Archéologie médiévale et moderne au Maroc resp. J.-P. Van Staëvel, Professeur Programme 1 - La montagne d’Igîlîz (province de Taroudant, Maroc) : à la recherche des débuts de l’empire almohade (XII e s.) Depuis 2009, la Mission archéologique franco-marocaine à Igîlîz mène des recherches interdisciplinaires sur un site niché dans l’Anti-Atlas, dernière chaîne de montagne avant le Sahara. La forteresse d’Îgîlîz constitue, au début des années 1120, l’épicentre de la révolution almohade, puissant mouvement religieux et tribal qui devait aboutir, un quart de siècle plus tard, à l’avènement de l’Empire almohade, le plus puissant empire qu’ait connu l’Occident musulman durant le Moyen Âge. Au-delà du rôle historique majeur qu’il a joué dans l’histoire du Maroc médiéval, le site d’Îgîlîz, à la fois fortification-refuge, centre d’exploitation agricole, pôle de dévotion (ribât), point de ralliement des tribus montagnardes, lieu de mémoire et de pèlerinage enfin, offre aux archéologues l’opportunité de pouvoir étudier la culture matérielle d’une région éloignée des grands centres urbains. Depuis le début des opérations de fouille, la mission accorde une large place dans ses objectifs de recherche et de formation à l’enquête archéobotanique et archéozoologique, avec pour ambition de restituer les modalités d’exploitation, dans un environnement aride, des ressources végétales et animales, domestiques et sauvages. La fouille permet également de documenter des pratiques religieuses et rituelles jusqu’alors très peu connues, et de mesurer le processus d’islamisation et d’acculturation des régions présahariennes. L’originalité du site tient enfin dans sa dimension rurale, montagnarde et tribale, ce qui en fait un excellent poste d’observation de l’évolution des sociétés du nord du Sahara à l’époque médiévale et prémoderne. Dominante : archéologie médiévale et moderne, archéologie rurale Méthodes d’approche : fouille et prospections Spécialités : fouille d’habitat ; prospection en milieu montagneux ; recherches en archéoenvironnement Resp. : J.-P. Van Staëvel, A. Fili (Univ. El Jadida), A. Ettahiri (INSAP, Rabat) Mission archéologique soutenue par le Ministère des Affaires Etrangères (France) et le Ministère de la Culture (Maroc), la Casa de Velázquez, l’UMR 8167 « Orient & Méditerranée », le Labex RESMED et l’UMR 7209 « Archéozoologie et archéobotanique ». La Mission a obtenu le Grand Prix d’Archéologie de la Fondation Simone et Cino Del Duca / Institut de France en 2015. Vue aérienne du sommet de la montagne d’Igîlîz, avril 2016. © Mission archéologique à Igîlîz, R. Schwerdtner

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Archéologie médiévale et moderne au Maroc – resp. J.-P. Van Staëvel, Professeur

Programme 1 - La montagne d’Igîlîz (province de Taroudant, Maroc) : à la

recherche des débuts de l’empire almohade (XIIe s.)

Depuis 2009, la Mission archéologique franco-marocaine à Igîlîz mène des recherches

interdisciplinaires sur un site niché dans l’Anti-Atlas, dernière chaîne de montagne

avant le Sahara. La forteresse d’Îgîlîz constitue, au début des années 1120, l’épicentre

de la révolution almohade, puissant mouvement religieux et tribal qui devait aboutir,

un quart de siècle plus tard, à l’avènement de l’Empire almohade, le plus puissant

empire qu’ait connu l’Occident musulman durant le Moyen Âge. Au-delà du rôle

historique majeur qu’il a joué dans l’histoire du Maroc médiéval, le site d’Îgîlîz, à la

fois fortification-refuge, centre d’exploitation agricole, pôle de dévotion (ribât), point

de ralliement des tribus montagnardes, lieu de mémoire et de pèlerinage enfin, offre

aux archéologues l’opportunité de pouvoir étudier la culture matérielle d’une région

éloignée des grands centres urbains. Depuis le début des opérations de fouille, la

mission accorde une large place dans ses objectifs de recherche et de formation à

l’enquête archéobotanique et archéozoologique, avec pour ambition de restituer les

modalités d’exploitation, dans un environnement aride, des ressources végétales et

animales, domestiques et sauvages. La fouille permet également de documenter des

pratiques religieuses et rituelles jusqu’alors très peu connues, et de mesurer le

processus d’islamisation et d’acculturation des régions présahariennes. L’originalité du

site tient enfin dans sa dimension rurale, montagnarde et tribale, ce qui en fait un

excellent poste d’observation de l’évolution des sociétés du nord du Sahara à l’époque

médiévale et prémoderne.

Dominante : archéologie médiévale et moderne, archéologie rurale

Méthodes d’approche : fouille et prospections

Spécialités : fouille d’habitat ; prospection en milieu montagneux ; recherches en

archéoenvironnement

Resp. : J.-P. Van Staëvel, A. Fili (Univ. El Jadida), A. Ettahiri (INSAP, Rabat)

Mission archéologique soutenue par le Ministère des Affaires Etrangères (France)

et le Ministère de la Culture (Maroc), la Casa de Velázquez, l’UMR 8167 « Orient

& Méditerranée », le Labex RESMED et l’UMR 7209 « Archéozoologie et

archéobotanique ».

La Mission a obtenu le Grand Prix d’Archéologie de la Fondation Simone et Cino

Del Duca / Institut de France en 2015.

Vue aérienne du sommet de la montagne d’Igîlîz, avril 2016.

© Mission archéologique à Igîlîz, R. Schwerdtner

Programme 2 - Moulay Abdallah Amghar (province d’El Jadida, Maroc) :

archéologie du bâti et relevés 3D dans un pôle de sainteté (XIe-XVe s.)

La commune aujourd’hui dénommée Moulay Abdallah abrite les vestiges de l’un

des plus célèbres pôles de dévotion (ribât) du Maroc médiéval : Tît-n-Fitr (ou plus

couramment : Tît). Fondé par les Banû Amghâr, puissante famille de saints, ce pôle

de dévotion a joué un rôle important dans la diffusion du soufisme au Maghreb

extrême à partir du XIIe siècle. C’est durant la même période que le site connaît une

phase de construction remarquable, dont témoignent encore aujourd’hui divers

monuments plus ou moins restaurés : l’enceinte de l’agglomération, ses portes, et

surtout deux minarets dont le décor rappelle celui des grandes mosquées impériales

de l’époque almohade (deuxième moitié du XIIe siècle). La Mission archéologique

franco-marocaine à Tît a entrepris l’étude de ces monuments encore en grande

partie inédits, et initie un travail d’archéologie préventive visant à mieux

comprendre les dynamiques spatiales à l’œuvre dans le développement de cet

établissement religieux.

Dominante : archéologie médiévale et moderne, archéologie du bâti,

archéologie préventive

Méthodes d’approche : relevés du bâti, photogrammétrie, lasergrammétrie,

modélisation 3D

Spécialités : analyse muraire, relevés et modélisation

Resp. : J.-P. Van Staëvel, A. Fili (Univ. El Jadida), S. Gaime (INRAP), en

collaboration avec la plateforme de numérisation mobile Plémo3D@SU

(Sorbonne Universités)

Institutions partenaires : Labex RESMED, INRAP, Sorbonne-Universités,

UMR 8167 « Orient & Méditerranée »

Conditions de recrutement des étudiants pour les deux programmes :

niveau Master 1 minimum

recherche en relation avec la spécialité (archéologie des pays d’Islam)

bonne expérience archéologique : maîtrise des techniques de fouille et de

relevés ; maîtrise des outils de DAO (Photoshop, Illustrator) ; capacité à étudier

le mobilier appréciée

capacité à s’intégrer à une équipe dans des conditions de confort minimales

bonne condition physique

Opération de relevé au scanner des élévations du tombeau du saint et

du minaret adjacent, mai 2016.

© Mission archéologique à Tît et Mission MoPtaMa Plémo3D@SU

TANIS

(M., Frédéric. Payraudeau)

Depuis 2014, l’Université Paris-Sorbonne et l’UMR 8167 du Cnrs sont parties

prenantes des travaux de la Mission française des fouilles de Tanis (EA 4519 —

Égypte ancienne : archéologie, langue, religion, École pratique des hautes études,

Section des Sciences religieuses) dirigée par François Leclère. Tanis (Sân el-

Hagar) fondée sous la XXIe dynastie (v. 1069), fut la capitale de l’Égypte pendant

la Troisième Période intermédiaire (1069-655) et nécropole royale (XXIe et XXIIe

dynastie). Elle prenait à la fois le relai de Thèbes, capitale du culte d’Amon (Sud),

et de Piramsès, résidence des Ramsès (Delta). Un programme de recherches

archéologiques, géomorphologiques, géophysiques et céramologiques vise à

préciser l’organisation générale de l’agglomération antique et son contexte

géographique.

Frédéric Payraudeau (MCF Paris-Sorbonne), directeur-adjoint de la MFFTl’objectif

premier est la publication d’un grand nombre d’inscriptions et de décors de la

Troisième Période intermédiaire mis au jour lors d’anciennes fouilles mais restés,

pour une bonne part, inédits.

Un ensemble de blocs inscrits et décorés remployés dans la tombe du roi Shéshonq

III proviennent initialement de tombes de particuliers de la XXIe dynastie (c.

1069-943). Il s’agit des seules tombes privées de la XXIe dynastie connues dans le

Delta. Leur étude par Fr. Payraudeau et R. Meffre (post-doctorante Fondation

Thiers/UMR 8167) documente l’évolution des croyances funéraires dans cette

période troublée mais aussi l’administration de la cour tanite.

Un second ensemble de blocs, remployés dans le Lac sacré d’Amon, appartient à

deux temples bâtis par le pharaon Shéshonq V (c. 773-735), l’un en l’honneur du

dieu-lune Khonsou, l’autre pour son jubilé.

Un programme de paléographie hiéroglyphique est également en cours dans les

tombes royales de la XXIIe dynastie (c. 943-735), auxquels un doctorant et une

post-doctorante de Paris-Sorbonne participent activement.

Ce programme a valu à la MFFT l’obtention du Prix Jean et Marie-Françoise

Leclant 2015, décerné par la Fondation Jean Leclant de l’Académie des Inscriptions

et Belles-lettres et le ‘Label Archéologie’ de l’Académie pour l’année 2016.

Pour plus d’informations :

ephe.fr/recherche/equipes-de-recherche/mission-francaise-des-fouilles-de-tanis-mfft

ephe.fr/recherche/equipes-de-recherche/egypte-ancienne-archeologie-langue-

religion

aibl.fr/fouilles-archeologiques/article/programme-tanis-egypte-francois

eveha-international.com/fr/intervention/tanis

Travaux archéologiques sur la Vaison tardive (Vaison-la-Romaine, Vaucluse).

Sous la direction de Me Caroline Michel d’Annoville (PR en archéologie de

l’Antiquité tardive et du haut Moyen-Age, UMR Orient et Méditerranée).

Ces recherches archéologiques concernent une période, l’Antiquité tardive (IVe-VIe

siècle), et deux sites mieux connus à Vaison-la-Romaine durant cette période de

l’histoire, la cathédrale et le forum (l’étude se fait ici en collaboration avec J.-M.

Mignon, archéologue départemental et D. Lavergne, conservateur). Ces deux sites

ont été l’objet de plusieurs années de recherches réalisées à des époques différentes

(les années 1950 et 1970 puis les années 2000) et dans des contextes variés,

répondant à des aménagements de plus ou moins grande ampleur, destructeurs ou

non, mais la synthèse reste encore à faire. Afin de mener cette réflexion, des

campagnes d’études sont organisées chaque année pour les étudiants. Suivant les

opportunités de travaux, ces opérations peuvent être fondées sur la relecture de

fouilles anciennes, les données recueillies par les archéologues et la ré-observation

du matériel ancien, ou bien elles peuvent être la collecte de nouvelles informations

(relevés 3D et lecture de bâti, dégagement de nouvelles zones de fouilles…).

Travailler sur l’évolution de la cathédrale et du forum permet de s’interroger plus

largement sur les transformations de la ville durant l’Antiquité tardive et de

réfléchir aux dynamiques particulières, d’abandon et de réutilisation,

caractéristiques des villes héritières d’un lourd patrimoine antique. De façon plus

large, ces recherches sur Vaison enrichissent un dossier encore maigre sur les villes

tardives de Gaule méridionale. En effet, les grands centres, comme Arles et

Marseille, sont bien connus alors que les métamorphoses des villes de moindre

envergure restent à apprécier.

Deux clichés en appui :

• Relevé au scanner laser du chevet de la cathédrale de Vaison par deux

étudiantes, campagne de 2016.

• Vue de la basilique romaine de Vaison. En cours de réétude. Photo. 2016.

LES SARAPIEIA DE DÉLOS Mme Hélène Brun (direction)

Vue aérienne de l’île de Délos

L’île de Délos (Cyclades, Grèce) était dans l’Antiquité le siège d’un important

sanctuaire d’Apollon (elle passait pour le lieu de naissance de ce dieu et de sa sœur

jumelle Artémis). Elle est devenue, à l’époque hellénistique, un port marchand très

fréquenté : de nombreux étrangers, Italiens et Orientaux, s’y sont installés.

Accompagnant ces populations étrangères, les divinités exotiques les plus diverses

sont également arrivées dans l’île. Parmi ces dieux « étrangers », Sarapis, Isis et

Anubis, divinités égyptiennes hellénisées, se distinguent particulièrement : pas

moins de trois sanctuaires – trois Sarapieia – leur sont consacrés dans l’île. Deux

sont des établissements privés ; le troisième, le Sarapieion C, est un sanctuaire

public, car le culte de Sarapis a été officiellement reconnu par la cité de Délos vers

180 av. notre ère. Ces trois sanctuaires ont été fondés à la fin du IIIe ou au début du

IIe siècle av. notre ère. Ils ont continué de prospérer – en particulier le Sarapieion C

– jusque au début du Ier siècle av. notre ère.

Histoire des fouilles

Les Sarapieia de Délos ont été fouillés principalement entre 1909 et 1911, même si

le Sarapieion C était connu dès avant cette date. Les inscriptions très nombreuses

qui y ont été découvertes ont permis l’identification assurée des ruines et ont fait

connaître l’histoire du culte des divinités égyptiennes dans l’île. Ces textes ont été

publiés, dès 1916, par P. Roussel, l’un des fouilleurs des Sarapieia. Dans son

ouvrage intitulé Les cultes égyptiens à Délos, il se concentre principalement sur les

textes et sur leur exploitation historique. Ainsi, l’architecture de ces trois sanctuaires

demeure inédite à ce jour, alors même qu’ils sont parmi les plus anciens Sarapieia

de Grèce et qu’ils sont remarquablement conservés.

La mission actuelle et l’étude architecturale des Sarapieia de Délos

C’est pourquoi, depuis plusieurs années, des missions ont lieu à Délos pour analyser

l’architecture et l’organisation matérielle de ces sanctuaires. Pour les besoins de

l’étude architecturale, menée en collaboration avec Fr. Muller (architecte), j’ai

procédé à des fouilles complémentaires. En effet, les fouilleurs du début du siècle

précédent n’avaient pas achevé le dégagement des ruines, s’arrêtant souvent sur ce

qu’ils considéraient comme un niveau de sol, sans se préoccuper de pratiquer des

sondages profonds. Nous avons ainsi obtenu des résultats significatifs et révisé la

datation, l’histoire et parfois la fonction de la plupart des constructions de ces

sanctuaires. Nous avons pu également mettre en évidence des états antérieurs à leur

dernier état d’occupation ; enfin, nous avons eu la chance de trouver, dans les

Sarapieia B et C, des résidus sacrificiels associés à des autels qui ont apporté un

éclairage inédit sur les pratiques cultuelles et renouvelé nos connaissances des

cultes égyptiens à Délos.

Les travaux aux Sarapieia de Délos constituent une occasion de formation des

étudiants en archéologie au travail de terrain : des étudiants de master et de doctorat

(plus exceptionnellement de licence) prennent part tant aux travaux de fouilles

qu’aux différentes tâches de gestion et d’étude du matériel dans les réserves du

Musée de Délos. Par ailleurs, nous contribuons à la formation de stagiaires

architectes et/ou archéologues à l’étude architecturale (catalogue et relevé de blocs

d’architecture, étude préliminaire à la restauration et à la mise en valeur des

constructions, étude préliminaire des bases d’offrandes et de statues…). La dernière

campagne de fouilles a eu lieu en juillet 2014, dans les Sarapieia A et B. Des

étudiants de Paris-Sorbonne et de Bordeaux III y ont participé. Certains ont été

également associés au travail dans les réserves du Musée (post-fouille) en 2015 et

en 2016.

Le Sarapieion C, vu du Sud (2015)

La fouille de 2014 (Sarapieion B) La fouille de 2014 (Sarapieion A)

Estampage d’une inscription (Sarapieion B-2014) Initiation au relevé de blocs architecturaux (2015)

Etude archéologique de l’ancien prieuré Saint-Martin de Mesvres (Saône-et-Loire)

sous la direction de Me. Sylvie Balcon-Berry

Les campagnes de relevés d’élévations réalisées entre 2008 et 2015 avaient montré

tout le potentiel archéologique du site de l’ancien prieuré Saint-Martin de Mesvres,

qui, à partir de la fin du Xe siècle, dépend de Cluny : de nombreux remplois

antiques et mérovingiens ainsi que les élévations carolingiens, romanes et gothiques

conservées témoignent de la continuité de l’occupation, confirmée par les sources

textuelles.

La fondation du site monastique (un « monasterium ») relèverait en effet du début

du IXe siècle avec probablement la présence d’une chapelle antérieure. Cet édifice

aurait remplacé un temple antique, selon une tradition établie au XIXe siècle que

semble confirmer le grand sondage archéologique entrepris en août 2016.

Au vu des résultats de cette première campagne, il est envisagé de développer un

programme de fouilles pour explorer de façon plus approfondie les origines du site

et ses transformations qui ont vu la mise en place d’édifices destinés à la vie

commune des moines. Ce site offre en effet l’opportunité rare d’aborder un

ensemble religieux dans toute sa complexité et de façon diachronique. La

connaissance des édifices antiques de type cultuel en zone rurale serait ainsi

sensiblement accrue, puis le processus d’appropriation par une communauté

religieuse chrétienne et son développement, selon des problématiques très actuelles.

Pour ce faire, il est nécessaire d’étendre le sondage initial aux autres zones de

l’église ainsi qu’au cloître et au bâtiment ouest, visiblement implanté sur des

structures antiques.

C’est aussi la question des inhumations - inhumations attestées pour l’Antiquité à

l’ouest du prieuré et évidemment inhumations médiévales - qui sera approfondie

lors des prochaines campagnes de fouille. Un caveau et cinq sépultures ont

d’ailleurs été mis au jour en août 2016. L’assistance d’une anthropologue de terrain

s’est avérée essentielle, outre les datations au C14.

Par ailleurs, ce site a fait l’objet de plusieurs relevés en 3D grâce à la mise à

disposition d’un scanner par Sorbonne Universités, couplés à de la photogrammétrie

par drone réalisée en 2016. En août 2016, il a été possible d’expérimenter l’emploi

du scanner au cours de la fouille, ce qui a permis de renforcer l’enregistrement des

données.

Programmes archéologiques du CeRAP

( Centre de Recherche sur l’Amérique Préhispanique )

Université Paris Sorbonne et Ecoles des Hautes Etudes en Sciences sociales

Chantier-école de Monte Albán (Oaxaca, Mexique)

Dominant de 400 m la fertile vallée de Oaxaca, Monte Albán est une colline qui a

été façonnée par l’homme à partir de l’an 800 avant J.-C., afin d’y installer un

complexe architectural où voisinent constructions religieuses, édifices politiques,

places publiques et nécropoles, le tout distribué sur quelque 500 ha.

La mission archéologique Monte Albán porte sur l’organisation de l’espace

cérémoniel à travers l’étude d’un ensemble architectural connu sous le nom de «

Sistema 7 Venado », situé dans la partie sud du site de Monte Albán. L’ensemble,

qui s’étend sur trois hectares, est installé sur une bande de terre aplanie sur la crête

sud de la colline de Monte Albán, de 100 m de large pour 300 m de long et d’axe

NO-SE. Ce groupe architectural est composé de six places ouvertes disposées en

décrochement, articulées par quatre escaliers monumentaux, de deux patios fermés,

d’une esplanade surélevée, de trois hautes pyramides et de onze édifices bas.

Il s’agit en fait du site de fondation de Monte Albán, qui date de l’époque olmèque

(époque I). Cette partie du site de Monte Albán a été occupée en continu pendant

dix siècles, puis cérémoniellement abandonnée au IIIe siècle de notre ère.

Le complexe Siete Venado, qui n’avait été que brièvement exploré dans les années

1930, est fouillé depuis 2009 par l’équipe du CeRAP, sous la direction du

professeur Christian Duverger. Les fouilles actuelles permettent d’accéder à la plus

ancienne architecture de Méso-Amérique.

La mise en œuvre de ce programme bilatéral franco-mexicain entre dans le cadre de

la convention signée en 2005 entre l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire

du Mexique, l’EHESS et l’Université Paris Sorbonne. Il a reçu, depuis l’origine,

l’appui du Ministère des Affaires Étrangères. Des programmes d’analyses du

matériel lithique, de la céramique, de la faune et des restes humains sont également

menés en collaboration avec le MNHN. Ce chantier-école, qui forme chaque année

de jeunes archéologues français et mexicains, constitue un élément phare de la

coopération franco-mexicaine.

Le site de Monte Albán est classé au Patrimoine mondial de l’Humanité.

Programme archéologique Animas Altas, Ica, Pérou

Paracas : architecture, territoires et sociétés

Directeurs :Aïcha Bachir Bacha,Oscar Daniel Llanos, CeRAP

(EHESS/Paris Sorbonne)

Situation du complexe archéologique d’Animas Altas/Animas

Bajas (Bachir Bacha & Llanos, 2013).

Le complexe archéologique d’Animas Altas/Animas Bajas est localisé sur la côte

Sud du Pérou dans la vallée d’Ica, district d’Ocucaje, à Callango. Daté de 600 av. J.-

C. à 150 ap. J.-C., il est considéré comme l’établissement majeur de la culture

Paracas.

Le programme archéologique Animas Altas, Ica, Pérou, a été approuvé par la

commission consultative des fouilles françaises à l’étranger en décembre 2008.

Depuis 2009, faisant suite à une prospection et à un relevé topographique réalisés en

2004 et 2007, ont eu lieu huit saisons de terrain avec prospections, fouilles et

conservation.

Les recherches menées dans le cadre de ce programme ont pour objectifs de

comprendre la séquence occupationnelle du site, de caractériser l’architecture et

d’appréhender les grandes lignes du fonctionnement d’un centre « urbain »

Paracas (voir publication en ligne).

Animas Altas/Animas Bajas s’étend sur plus de 90 hectares et comprend une

centaine de monticules dont les plus importants atteignent 185 m de long, 90 m de

large et 6 m de haut. La configuration du site témoigne d’une architecture planifiée

et complexe. Les travaux de terrain réalisés à ce jour ont révélé des plates-formes

civico-cérémonielles, des dépôts, des aires domestiques et de production ainsi que

des cimetières, la plupart inexplorés. Animas constitue un centre politico-

religieux résidentiel, une ancienne ville andine. Et sa culture matérielle

témoigne bien d’un urbanisme naissant sur la côte sud du Pérou.

Ce programme concerne également la conservation et la mise en valeur des frises

et des monuments d’Animas. Depuis sa création, la sensibilisation de la

population de Callango à la protection et à la valorisation du site en tant que

patrimoine historique et opportunité de développement local, a toujours été une

priorité du programme.

Dans le cadre de celui-ci sont formés des étudiants en archéologie appartenant à

des institutions françaises (EHESS, Paris Sorbonne, Rennes 2, l’Université de

Strasbourg) et péruviennes comme la Pontificia Universidad Católica del Perú

(PUCP), la Universidad Nacional Mayor de San Marcos (UNMSM), la Universidad

Nacional Federico Villareal (UNFV) et la Universidad Nacional Gonzaga d’Ica

(UNICA). A l’échelle internationale, le chantier-école est ouvert à des étudiants

présentés par leurs universités. Récemment le programme a accueilli des étudiants

de l’Universitat Autonoma de Barcelona (UAB).

Fouilles et conservations du Monticule 1, « Edifice des frises ». Campagne 2013 (© photo Bachir Bacha).

Reconstitution tridimensionnelle du « Temple des dunes », PAAA IP/VIZUA 2014

(© Bachir Bacha & Llanos).

MISSION ARCHÉOLOGIQUE PUCARA-TIAHUANACO

RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES DANS LE DÉPARTEMENT DE LA PAZ, BOLIVIE

SOUS LA DIRECTION DE M. FRANÇOIS CUYNET, CERAP

(PARIS-SORBONNE/EHESS)

La Mission Archéologique Pucara-Tiahuanaco a été créée en 2013 sous l’impulsion

du CeRAP et du Ministère des Affaires Étrangères français. Après plus d’un siècle

d’absence, elle marque le grand retour d’une équipe française sur le site cérémoniel

monumental de Tiwanaku, en Bolivie. En partenariat étroit avec les institutions et

les autorités locales, ce programme pluridisciplinaire tente de percer les mystères

des origines et du devenir du premier empire préhispanique d’Amérique du Sud.

Situées au cœur de la Cordillère des Andes, à près de 4 000 mètres d'altitude au sein

du bassin du lac Titicaca, les études menées actuellement ont pour objectif d’offrir

une meilleure compréhension des phases de passation culturelle entre les sociétés

pré-inca de cette région de l’Altiplano. Plongeant ses racines dans la culture Pucara

(500 av. J.-C. à 300 ap. J.-C.), le pouvoir Tiahuanaco va depuis le site-capitale

s’étendre sur un vaste territoire jusqu’en 1150 ap. J.-C, traçant les limites du futur

empire inca.

Cette mission se veut complémentaire des travaux antérieurs afin de considérer

l'aire du bassin du lac Titicaca comme une entité culturelle pleine et entière, telle

qu'elle l’était à l'époque préhispanique. Les travaux réalisés depuis 2013 dans le

secteur périphérique de la plaine d’Achaca ont déjà fourni de nombreuses données

totalement inédites. Par endroits, c’est plus d’un mètre de niveaux d’occupation

liturgique Tiahuanaco qui a été identifié sans discontinuité dans un secteur réputé

auparavant stérile. Les travaux de fouilles ont également démontré l’existence d’une

intense activité cérémonielle postérieure à la chute du pouvoir Tiahuanaco, incarnée

par de nombreux complexes d’offrandes cérémonielles parmi lesquels figurent en

bonne place des éléments issus de sacrifices humains.

Ces témoins attestent de l’existence dans ce secteur d’une importante zone

d’activité rattachée au nucleus central du site-capitale de Tiwanaku. À terme, c’est

toute l’histoire du patrimoine culturel de l'Altiplano andin qu’il conviendra de

réécrire.

Site monumental de Tiwanaku, Bolivie

Diodurum – La Ferme d’Ithe

(Le Tremblay-sur-Mauldre / Jouars-Pontchartrain, Yvelines)

Le vicus gallo-romain de Diodurum, s'étend dans la plaine de Jouars (78, Yvelines)

sur près de 30 hectares. Identifiée depuis le milieu du XIXe siècle, cette

agglomération secondaire est implantée en territoire carnute, à la croisée de

plusieurs voies importantes reliant d'est en ouest Lutèce à Durocasses (Dreux) et du

nord au sud Caesaromagus (Beauvais) à Austricum (Chartres) et Orléans

(Cenabum). Elle fait l'objet, depuis 2004, d'une fouille programmée (direction

Olivier Blin, Inrap, UMR 7041 du CNRS) qui s'inscrit en continuité des fouilles

préventives réalisées dans le cadre du tracé de la RN12 entre 1994 et 1998.

De la fin de l'Indépendance gauloise, jusqu'aux Ve /VIe siècles de notre ère, le site

est régulièrement occupé. Plusieurs indices permettent d'envisager une continuité,

au moins sur certains secteurs, durant le haut Moyen-Âge. Le XIIe siècle voit

l’implantation des bâtiments d’une grange cistercienne dépendant de l’Abbaye des

Vaux de Cernay (Vallée de Chevreuse), affermée à partir du XVe siècle jusqu’à son

abandon au milieu du XXe siècle dont les vestiges bien que ruinés, sont conservés

en élévation.

Un nouveau programme inter institutionnel (Université Paris-Sorbonne, UPMC,

Paris 1, Inrap, CNRS, Ecole des Chartes) et pluridisciplinaire débute en 2017. Il

s'oriente vers la reconnaissance des niveaux précoces du site antique (fondation

augustéenne de la ville) et des niveaux antérieurs protohistoriques dont la présence

a été attestée lors de la campagne de sondages réalisée pendant l’été 2016. En

parallèle, la fouille des niveaux médiévaux et modernes se poursuit, ainsi que

l'étude du bâti cistercien.

Sur le plan méthodologique, les étudiants sont formés à l’application des hautes

technologies dans une perspective interdisciplinaire et combinée pour les différents

instruments (relevés scanner laser 3D et surfacique, photogrammétrie et

modélisation 3D, imagerie aérienne par drone etc.) La formation s’effectue sur le

terrain et, durant l’année universitaire, en post-fouille (traitement des données de

terrain et étude du mobilier).

Equipe de recherche et encadrement :

Olivier Blin (Inrap, UMR 7041 du CNRS)

Nathalie Ginoux (Paris-Sorbonne, UMR 8167 - Orient & Méditerranée)

Stéphane Harlé (Inrap)

Claude de Mecquenem (Inrap, UMR 8584 du CNRS)

Bertrand Triboulot (Service régional de l’archéologie d’Île-de-France)