Approches 2012-4

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MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRèRES DE LA CHARITé ap proche s Paraît 4 fois l’an | mars - juin - sep - déc | 3ième année DECEMBRE 2012 | N° 12 APPROCHES VOUS SOUHAITE UN JOYEUX NOëL ET UNE BONNE ET HEUREUSE ANNéE 2013 ! Lauréat du magazine du personnel de l’année 2012 fois dire non au tabac 6 Le bon équilibre entre famille et travail DOSSIER Sabine Legrandhenri et l’impact de la reconversion

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Approches is het personeelsmagazine van de Broeders van Liefde in Wallonië

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MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRèRES DE LA CHARITé

approches Paraît 4 fois l’an | mars - juin - sep - déc | 3ième année DECEMBRE 2012 | N° 12

Approches vous souhAite un Joyeux noël et une bonne et heureuse Année 2013 !

Lauréat

du magazine du

personnel de l’année 2012

fois dire non au tabac6

Le bon équilibre entre famille et travail

DOSSIER

Sabine Legrandhenri et l’impact de la reconversion

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Sommaire

3 Edito

4 Quoi de neuf ? Télex

7 In memoriam

8 Un coin à soi Sabine Legrandhenri

10 En image

12 Billet

13 Dossier Le bon équilibre entre famille et travail

17 Le collègue autrement Jean-Luc De Baere

15

« L’image du funam-bule est très belle et t

el-lement juste !!! De fa

it, il

n’est pas toujours facile, à

l’heure actuelle, de concilier

nos vies professionnelle et

familiale. »

« C’est un beau et courageux choix de vie

!Il est vrai qu’il est te

mps

et important de revenir

aux sources, à la nature …

Ne soyons pas égoïstes !

Pensons à nos enfants et

petits enfants ... »

Tout d’abord, félicitations

au Frère Luc Lemmens !

En tant que directrice de

la seule école en Wallonie,

donc un peu loin de mes

collègues du nord … Je

suis contente de retrouver

au sein de notre équipe,

les valeurs que partage

le Frère Luc, à savoir :

solidarité, soins, écoute,

partage, ensemble, concer-

tation …

18 Equilibre 6 fois dire non au tabac

20 Loin et pourtant proche La solidarité produit son effet

21 A l’écoute Le Frère Luc Lemmens, le nouveau Supérieur Régional

25 A bon marché

26 Et cetera Lauréat de médaille olympique

27 A qui le prix ?

28 Portrait Le Frère Emmanuel Brys

Mme Gisèle Bodart est notre goûteuse !

Gisèle est notre antenne locale pour l'epsis à bonneville. vous pouvez toujours lui communiquer des idées pour Approches.

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La goûteuse

2 > approches décembre 2012

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approches décembre 2012 > 3

Edito Colophon

Être funambule   L’évolution sociétale fait que les questions du bien-être occupent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne et la question de la conciliation entre une vie professionnelle et une vie familiale est devenue une préoccupation principale pour bon nombre de travailleurs. Qui n’a pas été fasciné, en étant enfant, par le funambule avançant pas à pas sur son fil avec rigueur, persévérance et volonté … aurions-nous cru qu’un jour, nous aussi, nous serions tel un funambule, essayant jour après jour de trouver un équilibre, par-fois bien délicat, entre un travail et une vie après le travail, entre des rôles multiples que nous souhaitons jouer, ceux de conjoint, présent aux côtés de l’autre, de parent dans ses multiples facettes et de professionnel actif dans un environnement de travail épanouissant ? Pour nous, il est de temps en temps difficile de passer d’un rôle à un autre parfois sans réelle transition voire même, au vu des évolutions technologiques, de superpo-ser différents rôles de façon simultanée. Cela peut être dur, comme maman, d’être à la fois présente pour sa famille, à l’écoute de ses enfants, efficace dans la gestion quotidienne mais aussi opérationnelle une fois sur son lieu de travail. L’organisation, l’ouverture, la communication, l’introspection sont probablement les maîtres mots dans l’accessibilité à cet équilibre entre ces deux sphères d’une même vie.  Alors, oui … il y a compatibilité entre la possibilité de s’épanouir en exerçant une activité professionnelle et la volonté de donner ce qu’il a de mieux à sa famille … c’est une épreuve difficile … chacun peut y arriver pour autant qu’il trouve le bon dosage et ne tombe pas du fil sur lequel il a commencé son chemin …

www.approches.be

MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

approches Paraît 4 fois l’an | mars - juin - sep - déc | 3ième année DECEMBRE 2012 | N° 12

APPROCHES VOUS SOUHAITE UN JOYEUX NOËL ET UNE BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2013 !

Lauréat

du magazine du

personnel de l’année 2012

fois dire non au tabac6

Le bon équilibre entre famille et travail

DOSSIER

Sabine Legrandhenri et l’impact de la reconversion

couverture : Gregory Struykenphotographie : François Dehombreux

Tous les collaborateurs des Frères de la Charité en Belgique reçoivent « Approches » (Wallonie) ou « Dichtbij » (Flandre). Les Frères de la Charité constituent une congrégation et une organisation qui se consacrent à l’accompagnement et aux soins des enfants, des jeunes et des adultes, dans les secteurs de l’enseignement, des établis-sements de soins (soins de santé mentale et soins aux personnes âgées), de l’aide sociale (soins orthopédagogiques, garderies d’enfants et ateliers protégés/sociaux) et de l’enseignement spécial.

Conseil de rédactionGisèle Bodart (EPSIS Bonneville), Christian Bodiaux (CFPJT), Jean-Baptiste Butera (Dave), Jacques Canivet (Manage), Lieven Claeys (Gand), Mattias Devriendt (Gand), le Frère Henri Fransen (Les Sauvèrdias), Philippe Hody (Coordinateur du magazine), Annelies Naert (Gand), le Frère Michel Paquet (administrateur), Albert Pfund (Bonneville), Eric Pierrard (CFPJT), Francis Pitz (CFPJT), Edwin Vercruysse (Gand).

Rédacteur en chef et éditeur responsableFrère Veron Raes – Stropstraat 119 – 9000 Gand. « Approches » est une publication de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité.

Abonnement« Approches » paraît quatre fois l’an et est gratuit pour tous les collaborateurs des Frères de la Charité. Vous souhaitez un abonnement ? Veuillez prendre contact avec le secrétariat de rédaction.Tirage: 1500 exemplaires

Collaborer?Si vous souhaitez collaborer au magazine « Approches », vous pouvez prendre contact avec le membre du conseil de rédaction de votre établissement ou avec [email protected].

Mise en pages et impressionKliek Creatieve CommunicatieImprimerie De Windroos

> Avez-vous vous-même une idée que vous souhaitez partager par le biais de cet éditorial avec vos collègues ? Prenez alors certainement contact avec la rédaction : [email protected]

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> Agnes prégaldien (43) est directrice des soins aux patients pour le C.P. Saint-Martin à Dave. Elle ap-précie la nature et seconde son mari et ses enfants dans leur activité agricole paraprofessionnelle.

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Quoi de neuf ?

inauguration officielle des premières maisons à AndenneREDACTION > Albert Pfund PHOTOGRAPHIE > C.O. Saint-Lambert

> Visite de la maison Autonomie-socialisation, située au 37, rue de l’Hôpital, où les usagers et les intervenants ont accueilli chaleureusement les visiteurs.

> Monsieur Claude Eerdekens, Député bourgmestre de la ville d’Andenne, a joliment relevé les expressions des usagers lors de leur entrée dans les maisons et exprimé son soutien au projet.

> A l’initiative de l’Atelier Picasso, chaque personne qui pense avoir, même un peu, contribué à ce projet a été invitée à marquer de son empreinte un tableau par une clé de couleur.

entrée dans les maisons et exprimé son soutien au projet. Madame Alice Baudine, Administratrice générale de l’AWIPH a rappelé que l’Agence demande et « ne va pas arrêter de demander » une évolution des ser-vices comme le Centre St-Lambert le montre à ce jour. Monsieur Marc Palate, Directeur général du Centre Saint-Lambert a invité l’assemblée à lire ou relire la Parabole des talents de Matthieu. « C’est cela l’ambition de notre projet : prendre le pari, et donc le risque, de faire grandir les talents. » Ensuite, Laurence Warnant, Direc-trice pédagogique, a invité au nom des usagers les participants à visiter leur « maison ». Les invités d’une heure sont revenus impressionnés par l’infrastructure, mais aussi la chaleur humaine ressentie dans ces lieux.

> Photos et impressions sur www.approches.be

Hendrik Delaruelle, responsable du secteur aide sociale et enseignement spécial.

»

» Je suis tellement heureux que c’est réalité maintenant et je veux en remercier et féliciter sincèrement vous et vos collaborateurs !

Le vendredi 26 octobre dans l’après-midi, les nouveaux habi-tants d’Andenne (usagers), ainsi que leurs accompagnants (travailleurs) ont été très heureux de compter sur la présence d’une petite cen-taine de personnes lors de la séance d’inauguration de leurs nouveaux lieux de vie.

En introduction, la projection d’une vidéo réalisée le jour du déménage-ment (2 octobre 2012) par le Filma Club d’Andenne a mis en images de touchants témoignages : peurs, larmes, joies, espoirs, étonnements, émerveillements, …Monsieur Francis Pitz, Administrateur délégué de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité a fort justement rappelé les principes qui ont guidé la recon-version et le chemin parcouru depuis quelques années. Monsieur Claude Eerdekens, Député bourgmestre de la ville d’Andenne a joliment relevé les expressions des usagers lors de leur

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> Toutes les 2 années une journée sportive se déroule à Manage.

Télexune deuxième chAire

Les Frères de la Charité ont érigé une deuxième chaire au sein de la KU Leuven. Le Dr Erik Meganck devient le titulaire de la chaire pour la recherche et l’enseignement dans le domaine de la métaphysique et la philosophie de la religion à l’Institut Supérieur de Philosophie.

FÊteLe 11 décembre a eu lieu la fête de Saint-Martin à l’HNP de Dave. Il y avait aussi une exposition et un marché de Noël.

nouveAu supérieur réGionAlTous les 6 ans, les fonctions dans l’administration de la congrégation des Frères de la Charité changent mondi-alement. Le Frère Veron Raes, l’ancien supérieur régional (responsable pour la Belgique) devient le supérieur provin-cial (responsable pour l’Europe). Le Frère Luc Lemmens devient le nouveau supérieur régional (responsable pour la Belgique). En 1997 le Frère Luc Lem-mens est devenu directeur général du C.O. St-Gregorius. Dès a présent il as-sumera sa tâche de Supérieur Régional. Vous trouvez une interview étendue du Fr. Luc Lemmens à la page 21.

Journée sportive à manageREDACTION > Jacques Canivet PHOTOGRAPHIE > C.P. Saint-Bernard

Le vendredi 14 septembre, s’est déroulée, à Manage, la « journée sportive » que l’on prévoit de mettre sur pied tous les 2 ans en alternance avec la fête de la musique. Nous en étions à la 2ème édition initiée par le médecin-chef, le Dr Feys, et coordonnée par Jérôme Cambier et le personnel du hall des sports. Au menu, marche en matinée pour patients, résidents, membres du personnel, démonstrati-ons de spinning du groupe du Dr Scoman, mini-foot avec 4 équipes de St-Bernard et aussi du basket « garçons » contre « filles ». Bonne humeur et moments sym-pas étaient au rendez-vous.

pèlerinage à beauraing REDACTION > Marie Dumont PHOTOGRAPHIE > Mélanie Melas

A l’Hôpital Neuropsychiatrique St-Martin de Dave, tout a com-mencé avec les préparatifs dès le mois d’août : appel à l’inscription pour le pèlerinage et pour l’accompagnement des patients, contacts au sanctuaire marial pour la réservation des salles et des repas, avec l’autocariste à Burnonville pour la réservation du car et le fleuriste à Gilles pour les fleurs d’ornement. Nonobstant la résistance de départ constatée, liée peut-être au con-texte actuel de déchristianisation de notre société, une cinquantaine de pèlerins, toutes les catégories con-fondues, issus de Dave, sont arrivés, contre tout vent et marées, à honorer la Vierge au Cœur d’or de Beauraing.

> Le pèlerinage à Beauraing a lieu chaque année. Plus d'infos chez Marie Dumont.

> C.P. Saint-Bernard, Rue Jules Empain 43, Manage 7170

> Une cinquantaine de pèlerins, toutes les catégories confondues, issus de Dave, sont arrivés à Beauraing.

La messe était présidée par Mgr Vancottem. L’homélie faite était arti-culée sur le message de sérénité, de partage et d’espérance et était issue de l’évangile de Luc qui a trait sur la tempête apaisée que les patients et les éducateurs pour la plupart de Manage, ont su jouer en scénettes à l’étonnement de tout le monde. Ainsi, dévots à Marie, par ce geste de la

marche ensemble vers elle et par elle, à son Fils Jésus Christ, les pèlerins ont pu témoigner leur intelligence par la vénération profonde à Marie, recon-naissant, à travers le chapelet récité en chœur, son pouvoir d’intercession et son rôle de médiatrice.

Je suis tellement heureux que c’est réalité maintenant et je veux en remercier et féliciter sincèrement vous et vos collaborateurs !

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rencontre et art à namurREDACTION > Alexandra Desmit et Catherine Sulmon - CAP PHOTOGRAPHIE > C.P. Saint-Martin

L’Hôpital Neuropsychiatrique Saint-Martin a récemment participé à l’incontournable exposition Renc’Art, organisée en octobre de chaque année à Namur. Renc’Art – « Rencontre et Art » organise une exposition d’art différencié qui nécessite une préparation d’une année par des bénévoles, associations, institutions, etc. Un véritable travail d’équipe.

Les exposants, personnes « différentes » mais, avant tout, artistes, trouvent ainsi une place marquante en rencon-trant le regard du public, en suscitant son intérêt, en éveil-lant son imagination au travers d’ateliers organisés sur place. Quelle qu’en soit sa forme, l’art permet l’expression de la sensibilité, souvent cachée, de l’artiste différent et contribue à la valorisation de la personne en situation de handicap. L’ASBL Renc’Art permet au public, du-rant l’exposition, de voter pour 3 œuvres présentées et élire ainsi le prix « Coup de Cœur » qui sera utilisé pour la promotion de l’exposition l’année suivante. Cette année, l’HNP a remporté 4 prix sur 10 dont le premier prix du public décerné à un patient de l’hôpital de jour, en présence de représentants politiques wal-lons.

>L'HNP Saint-Martin a remporté 4 prix sur 10 dont le premier prix du public.

25 ans d'existence ! REDACTION > Philippe Hody PHOTOGRAPHIE > Les Sauvèrdias

> On peut voir un petit film de l’octroi du prix sur www.approches.be

le premier « dr Guislain Award » remporté par un indonésien REDACTION ET PHOTOGRAPHIE > Musée Dr Guislain

Bagus Utomo est le premier lauréat du Dr Guislain Award « Briser les Chaînes du Stigmate ». Il a obtenu le prix pour son engagement infatigable afin de procurer de l’information sur la schizophrénie et lutter par son organisation Komunitas Peduli Skizofrenia Indonésie (KPSI) contre la stigmatisation de cette maladie.Utomo, un bibliothécaire de Jakarta (Indonésie), a commencé sa mission quand son frère a commencé à manifester des symptômes de schizophrénie, ce après quoi il a été traité pendant des années, sans résultat. La famille d’Utomo, qui voulait que le frère eût la meilleure chance d’un rétablissement total, a recherché en vain de l’information et des méthodes de traitement. C’est pourquoi Utomo a fondé la KPSI, qui offre de l’information en ligne sur la schizophrénie et donne un appui de quartier aux patients et à leurs familles. C’est une organisation non marchande reconnue par l’Etat indonésien.

> Bagus Utoma œuvre pour une meilleure accessibilité à l’information sur la schizophrénie.

Le 23 octobre 1987, le Révérend Frère Henri Fransen ouvrait les portes des Arondes (Maison située au bas de la côte de l'Hôpital Neuropsychiatrique St-Martin) aux plus démunis. Le 20 octobre 2012, c'est par une cérémonie religieuse présidée par Monseigneur Vancottem, évêque de Namur, que la Maison d'accueil devenue « Les Sau-vèrdias » et située chaussée de Liège à Jambes, a fêté ses 25 ans.

> 25 ans de service aux démunis.

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In memoriam

Le Frère Massias Vanderveken (1927-2012)

Cristelle Liégeois (1975-2012)

Le Frère Massias restera connu dans la con-grégation comme un exemple de serviabilité. Provenant de St-Niklaas, il est entré dans la congrégation plutôt tard : tard pour cette épo-que et sans avoir parcouru la formation clas-sique préalable. Ainsi, après sa première pro-fession en 1948, il a été immédiatement mis dans le plein travail et cela pour les soins aux enfants avec une déficience intellectuelle à Gand. Nous voyons le Fr. Massias à Zelzate, à Mortsel, à Bourg-Léopold, à Dave pour reve-nir en 1961 de nouveau à Gand où il s’engage avec beaucoup d’amour et de dévouement dans les soins et l’accompagnement d’enfants

avec une déficience intellectuelle lourde, comme bras droit du Frère Longinus à la section St-Kamiel, une section bien connue à l’époque. Les dernières années la santé a un peu décliné et il a pu ralentir le pas dans notre couvent et maison de repos à Beernem où il est également décédé le 20 octobre 2012. Le Frère Massias se sentait comme chez lui auprès des humbles et des petits, parce qu’il était lui-même humble et petit. Probablement il pourra comprendre maintenant pleinement ce que saint Paul a exprimé d’une façon si interpellante : « Quand je suis faible, je suis fort ».

Cristelle Liégeois était encore jeune. A peine 37 ans. Educatrice au Centre Saint-Lambert, elle était quelqu’un sur qui les usagers et ses collègues pouvaient compter. Elle rayonnait d’une chaleur humaine et de sa générosité. Dans son travail, elle apportait du savoir-faire mais aussi du cœur, cette valeur ajoutée qui donne du sens à la vie. Assurément une de ces personnes qui partageaient de précieux petits instants de bonheur dans le quotidien et laissaient dans notre mémoire un souvenir lumineux.

Mais faut-il parler à l’imparfait de quelqu’un que nous ne pourrons pas oublier ? Elle ne sera plus parmi nous. Le soir du dimanche 25 novembre, elle se rendait à Andenne où elle travaillait depuis le 2 octobre. Elle n’y est pas arrivée. Son destin l’avait attendu sur la route. Désormais, il man-quera une lumière pendant les nuits. Merci, Cristelle, d’avoir parcouru un bout de chemin avec nous avec tant d’enthousiasme. Ton sourire éternel et tes grands yeux bleus nous manqueront beaucoup.

» Parti pour toujours, mais pour toujours présent dans notre coeur. »

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Avec l’installation du nouveau conseil d’administration dans l’ASBL coordonnante Provincialat des Frères de la Charité (à laquelle ressortissent beaucoup d’écoles et d’établissements en Flandre) le chapitre se termine. La nouvelle administration peut se mettre au travail pour une législature de six années.

une nouvelle équipe entre en jeu REDACTION > Annelies Naert PHOTOGRAPHIE > Filip Erkens

> De gauche à droite : Koen Oosterlinck, Raf De Rycke, Luk De Staercke, le Fr. Luc Lemmens, le Fr. Louis Verschueren, le Fr. Frans Van Hoorde, (consultatif) Francis Pitz et Hendrik Delaruelle.

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Un coin à soi

» Je veux prendre le temps de partager le quotidien des usagers. »

Avec ses collègues, Sabine réalise un travail dont on ne parle pas beaucoup dans notre institution et que tout

le monde apprécie sans s’en rendre compte toujours. Assurément un tra-vail qui peut être perçu comme ingrat mais qui pourtant participe à la qualité de vie pour tout le monde, travailleurs et usagers. « Les usagers ont droit de vivre dans un endroit propre comme n’importe quelle personne. Après tout, l’hygiène fait partie de la normalité », raconte Sabine. Nous l’accompagnons pendant une journée et arrivons dans les nouvelles habitations où les rési-dents séjournent maintenant.

Une ambiance plus familialeEt oui, ces nouveaux bâtiments où elle travaille depuis le 2 octobre, donnent aussi pour elle un contenu totalement nouveau à sa tâche. « Avant, j’œuvrais dans les grands pavillons accueillant une quarantaine d’usagers. Désormais,

Prendre la tasse de café ensemble, manger un bout dehors, se retrouver, tout cela a bien changé. Mais même avec ces changements, je me plais dans ma nouvelle existence profession-nelle. »

Une tâche discrète

Nous voyons à midi comment Sabine prend son repas avec les usagers de la maison où elle se trouve. Une chose plus difficile à imaginer sur le site et que selon elle il faudrait encourager pour mieux les connaître. « C’est enlever des barrières. C’est prendre le temps de partager leur quotidien. La propreté, l’hygiène, bien sûr. Mais tout cela doit être au service du bien-être des autres, usagers ou travailleurs. » Quand Sabine termine sa semaine, elle ressent la satisfaction de partir en sachant que toutes les maisons où elle est passée sont propres et qu’il fait bon y vivre ou y travailler. « Entretenir des lieux de vie est une tâche lourde, ingrate, qui passe facilement inaperçue

c’est dans des maisons d’une taille plus modeste que je m’occupe », explique-t-elle. Une ambiance plus familiale que visiblement Sabine apprécie. Les usagers aussi : ils semblent bien plus détendus. Pour Sabine, le 1er cluster semble être une réussite aussi bien dans le travail que dans la relation qu’elle a avec les usagers. « Dans cette nouvelle structure, je me sens mieux reconnue dans ce que je fais parce que ce ne sont plus des pavillons mais des maisons à l’échelle plus humaine. Seul regret sont les personnes que je rencontrais sur le site au cours de mes prestations et que je ne vois plus depuis que je suis « descendue dans la ville ».

Le C.O. Saint-Lambert à Bonneville a connu une grande transformation les semaines passées. Une partie des résidents et une partie du person-nel ont déménagé vers des habitations dans la commune. Cela n’est pas seulement un changement important pour eux, mais aussi pour Sabine Legrandhenri, technicienne de surface, pour qui les nouveaux bâtiments donnent un nouveau contenu à sa tâche. « Je n’ai plus de chariot comme j’avais pour m’occuper des grandes surfaces à Bonneville et ça ne me manque pas », dit-elle. REDACTION > Albert Pfund PHOTOGRAPHIE > François Dehombreux

Un miracle inaperçu

Sabine Legrandhenri

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» Je me sens plus reconnue nettoyant des maisons à l’échelle plus humaine. »

parce que tellement discrète dans le quotidien. C’est une tâche répétitive, qui demande un effort physique consi-dérable et qu’il faut reprendre semaine après semaine pour garantir à ceux qui y ont droit un environnement de qua-lité. Ce n’est pas évident pour les per-sonnes qui ne réalisent pas ce travail d’en percevoir l’ampleur et la néces-sité. Pourtant il en faut, de l’endurance physique et nerveuse ! Le mal de dos, les tendinites et l’épuisement guet-tent les personnes qui sont affectées au nettoyage, comme d’ailleurs à la bu-anderie. Dans de telles conditions, un peu de reconnaissance, un compliment sont particulièrement appréciés ! », explique-t-elle avec passion.

J’en fais partie

Sabine est confiante pour l’avenir. « Je suis convaincue que tout va bien

se passer dans les changements qui prennent place. Je ressens beaucoup de respect de la part des éducateurs et des autres personnes que je croise au quotidien. Je fais tout simplement par-tie de la maison et les contacts s’en ressentent positivement. Un respect mutuel qui motive chacun à faire de son mieux. » Sabine n’a plus de chari-ot comme elle en avait pour s’occuper des grandes surfaces à Bonneville et il ne lui manque pas. « Je suis même résolue à ne plus enfiler de tablier car je veux m’intégrer dans le lieu de vie que je viens entretenir. Je ne veux plus qu’on dise « c’est la technicienne de surface qui vient nettoyer » mais bien « c’est Sabine et elle fait partie de la maison ». » Cela aussi c’est le 1er cluster. On vous l’avait dit, un changement profond et une page que Sabine ne regrette non plus d’avoir tournée. n

sabine legrandhenri a 50 ans. Elle a un fils de 21 ans et une fille de 20 ans. Depuis le 19/9/2005, elle travaille au centre Saint-Lambert en tant que technicienne de surface. Entretien avec une personne pour laquelle l’hygiène n’est pas un vain mot. Un coup d’œil sur une fonction méconnue et pourtant tellement nécessaire.

QUI est Sabine

Legrandhenri ?

> Aussi pour Sabine Legrandhenri, la reconversion à Bonneville a des conséquences importantes pour le déroulement de sa journée.

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En image

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LES CRAZy SPINNERSPHOTOGRAPHIE > Mattias Devriendt

Bernadette Scoman, médecin généraliste au C.P. St-Bernard à Manage depuis 3 ans, est l’initiatrice de l’activité Spinning pour le personnel. Les séances ont lieu en fin de journée du lundi au vendredi. « Nous, les « Crazyspinners » remercions chaleureusement le super coach Bernadette qui nous transmet joie et dynamisme. Elle nous permet aussi de voir nos collègues « autrement », dit Steve Wallemme, le secrétaire du groupe et assistant du coach. Lors de la journée sportive (voir la p. 5) il y avait une session de spinning pour le personnel à un autre endroit que d’habitude et cela a connu du succès. Dans une même tenue chacun a donné le meilleur de lui-même.

Sur le site web www.approches.be vous trouvez une belle série de photos du Spinning comme il a lieu deux fois par semaine. Les photos sont prises par Claudio Bernardone. Plus d’information auprès de Bernadette Scoman.

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Billet> christian bodiaux est l’agent pastoral central de l’ASBL

Œuvres des Frères de la Charité et travaille à Dave et à Manage. Il se plaît parfois à écrire des haïkus. En voici un qui dit davantage sur lui que tout descriptif.

rudes mélèzes menhirs fichés en terre tanins enivrants

La vie chouetteEn contraste avec cette vie chouette, voici autre chose. Un boulanger, vieux et barbu comme il se doit, pétrit sa pâte au fond d’une boulangerie beaucoup plus vieille que lui. Il a atteint la maîtrise parfaite du geste. Calme, précis, fluide, rien de superflu … Il le faut voir diviser sa pâte, peser ses pâtons, les façonner, puis les apprêter en un ordre impec-cable sur la longue planche à enfourner … Il coiffe ensuite une casquette, ouvre le four encore rougeoyant de braises, procède au décendrage, puis empoigne son écouvillon dé-trempé et se met à le faire tournoyer vigoureusement sur la sole afin de la bien nettoyer tout en humidifiant le four pour la cuisson. Vapeurs, senteurs rustiques … Ne reste plus qu’à enfourner. Gestes archaïques, essentiels, éternels. Cet homme manifeste un splendide respect du matériel et de la matière et, en cela, de lui-même.

« Cet homme manifeste un splendide respect du matériel et de la matière et, en cela,

de lui-même. »

Entendu à la radio : La vie chouette triomphe sur la vie pas chouette. À en croire le magazine bling-bling dont voilà le slogan, voici en quoi consiste la vie chouette :

la célébration de la jeunesse, les derniers caprices de la mode, l’exemple de tel créatif richissime et (parfois) célèbre, les voyages d’exception, les rêves de luxe et, pour que le plaisir soit complet, le sexe. Bref, la vie de dandy.

D’après ce même spot publicitaire, la vie pas chouette, c’est celle du soupir, du « bof ». La vie chouette, c’est sympa, c’est cool, pas de prise de tête, on dévore la vie comme elle vient. Et surtout, on a un paquet de fric à claquer. Ça c’est le plus important. Parce que sans ça, pas de mode dernier cri, pas de penthouse avec vue sur New York, pas de voyage d’exception, et pas de sexe avec des créatures de rêve.

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Ce boulanger est un maître. Il me rappelle le conte zen à propos du maître de thé et du samurai. Passons les détails, mais il en ressort que pourvu qu’on se consacre sincère-ment à sa voie, qu’on l’investisse en profondeur, on aboutit à un état de maîtrise commun à toutes les voies.

Cette vie-là est sans rapport avec le penthouse à New York ou la vie du créatif griffonnant un projet entre Pékin et Pa-ris. Peut-être le boulanger pense-t-il au sexe, mais ça, il ne me l’a pas dit.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi, si devais choisir, je saurais quoi.

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approches décembre 2012 > 13

La vie chouette

DOSSIER LE BON EQUILIBRE ENTRE FAMILLE ET TRAVAIL

REDACTION > Albert Pfund, Gregory Struyken, Mattias Devriendt, Annelies Naert, Ariano Alfreda PHOTOGRAPHIE > François Dehombreux, Albert Pfund, Claudio Bernardone

Est-ce que vous aussi êtes parfois au bout de votre latin ? Est-ce que vous souhaitez parfois qu’un jour compte plus d’heures ? Est-ce que votre vais-selle également reste parfois quelques jours sans être lavée et ne réussissez- vous pas de temps en temps à repas-ser les vêtements à temps après une longue journée de travail ? Le travail et la famille, c’est souvent danser sur la corde raide. Pourtant cela vaut la peine d’aspirer à cet équilibre, car qui se sent bien au travail, est plus con-tent chez lui et inversement.

LE BON éQUILIBREentre famille et travail

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14 > approches décembre 2012

DOSSIER

> « Ma fille et moi, nous avons un tableau noir sur lequel toutes les choses à ne pas oublier sont inscrites », explique Martine Henry.

les grilles d’horaire dans le secteur des soins ne sont pas toujours compa-tibles avec le fait d’avoir des enfants. martine henry également l’a remar-qué. elle travaille comme éducatrice au centre saint-lambert depuis 1996 et a une fille de 11 ans. mère séparée, elle assume la garde de son enfant en alternance avec le père. entretien avec une femme qui tient un rôle difficile mais qui y puise une force de vivre.

Un tableau noir

comment, en tant que femme divorcée, réglez-vous un bon accueil pour votre fille ? « Avec le travail, on pense inévitable-ment aux horaires. Etre éducatrice, c’est choisir une vie professionnelle qui n’est pas facilement compatible avec une vie de famille. Mère célibataire,

j’ai la chance de pouvoir compter sur un père très présent pour notre fille. Nous nous organisons pour assurer une garde alternée dans les meilleures conditions possibles pour notre enfant. Les semaines où ma fille se trouve chez moi, je travaille le matin. Ce n’est pas toujours évident pour elle de se lever et d’être seule à la maison en mon absence. Il a fallu s’adapter. Nous avons par exemple acheté un tableau noir sur lequel toutes les choses à ne pas oublier sont inscrites. Nous avons aussi emménagé près de son école afin qu’elle puisse s’y rendre seule. »

comment vous organisez-vous pendant les vacances ?« Les congés scolaires constituent une période délicate. Il faut se libérer les jours où l’enfant n’est pas à l’école. C’est une source potentielle de conflits avec les collègues. Tout le monde veut prendre congé à ces moments-là. Surtout si on vit séparé. On ne peut pas compter sur une solidarité parce que chacun veut être avec ses enfants, ce qui est normal. C’est au respon-sable d’équipe à gérer et ce n’est pas évident. Heureusement, je peux encore faire appel à des grands-parents et

« Les congés scolaires sont une source potentielle de conflits avec les collègues. Tout le monde veut

prendre congé à ces moments-là. »

Educatrice et mère seule, un miracle quotidien

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approches décembre 2012 > 15approches décembre 2012 > 15

LE BON EQUILIBRE ENTRE FAMILLE ET TRAVAIL

d’autres proches. Du moins, tant qu’ils n’avancent pas trop en âge … Le plus difficile, c’est lorsque ma fille est mala-de. Quand je ne suis pas encore partie au travail, je peux encore m’arranger. Par contre, si j’apprends la maladie de mon enfant au travail, c’est bien plus compliqué. Je ne sais pas toujours me libérer et je peux me culpabiliser terriblement à l’idée d’abandonner ma fille dans un tel état. »

Dialoguer avec son enfantest-ce important à un tel moment de bien dialoguer avec son enfant ? « Les situations difficiles ne manquent pas et elles pèsent sur moi et sur ma fille. Heureusement, elle fait preuve de maturité. J’ai réalisé que face à de telles difficultés, c’est essentiel d’avoir un dialogue avec mon enfant. Il faut lui expliquer, mettre des mots sur des choses. C’est une occasion pour elle de grandir en comprenant les réalités de la vie. »

ble pour moi, je ne sais pas prendre du temps pour me faire plaisir. Il faut savoir l’accepter. Les semaines où je me retrouve avec ma fille, je ne délègue rien, je veux être totalement avec elle. Ce n’est donc pas un moment pour souffler car tout pèse sur mes épaules pendant une semaine. »

Relativiser

une épreuve peut être l’occasion d’avancer dans la vie« Travailler à deux comme éducateurs dans un couple n’est pas toujours facile.

Il faut savoir faire le vide en quittant son travail sinon on n’arrête pas d’en parler. Je suis aussi consciente de la chance que j’ai, en tant que mère célibataire, d’avoir un travail à temps plein que j’apprécie beaucoup. Il peut parfois être pénible mais je n’oublie pas que c’est le revenu que j’en tire qui me permet de continuer ma vie sans rien devoir à personne. C’est important d’essayer de voir les côtés positifs des épreuves que l’on traverse dans la vie. Elles peuvent être des occasions de relativiser, de mettre des mots sur des choses pour mieux les surmonter. »

« C’est important d’essayer de voir les côtés positifs des épreuves que l’on traverse dans la vie. »

les heures d’une éducatrice ne sont pas toujours compatibles avec une vie de famille. est-ce que cela rend les choses très difficiles ?« Quand j’ai commencé ma carrière d’éducatrice, j’ignorais à quel point cette profession peut impliquer des contraintes sur la vie privée. Pour-tant les horaires ne me pesaient pas particulièrement mais avec les années qui passent, c’est moins évident. Les semaines où je n’ai pas ma fille chez moi, je travaille le soir à Bonneville. Les jours où je pourrais être disponi-

Source : Klasse voor ouders, www.ouders.net, www.confront.be, UNIZO et l’Union des Familles

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tuyaux5PrioritésQuels sont pour vous les objectifs principaux dans votre tra-vail et quels sont les objectifs principaux dans votre famille ? Gardez-les clairement à l’esprit. Si nécessaire, notez-les et affichez-les à un endroit bien visible.

Parent pour qui bon est suffisantNe vous faites pas accroire quelque chose, la perfection n’existe pas. Non plus comme parent. Le monde ne périra pas quand les chaussures ne sont pas nettoyées aujourd’hui. Gérez votre senti-ment de culpabilité et devenez un parent pour qui bon est suffisant.

AperçuFaites un aperçu de toutes les activités de votre famille. Avec un planning solide de la semaine et du mois le ménage sera comme sur des roulettes.

Chacun aideLes enfants sont déjà plus grands ? Faites les participer au travail ménager et assignez-leur quelques tâches. Ainsi ils apprennent à planifier, à résoudre des problèmes et à prendre de la responsabi-lité. Et cela allège votre travail.

La routineC’est ennuyeux, mais cela rapporte : insérez des routines ! Vous verrez, cela vous fera gagner beaucoup de temps. Organiser, on peut l’apprendre, mais cela demande bien la discipline nécessaire.

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16 > approches décembre 2012

DOSSIER LE BON EQUILIBRE ENTRE FAMILLE ET TRAVAIL

Mon époux et moi-même avons dû depuis toujours agencer nos horaires pour l'éducation de nos enfants : pas facile de concilier vie privée et vie pro-fessionnelle. Dans le cadre de ma fonc-tion d'accompagnatrice dans le service entretien, je suis amenée depuis plus de 10 ans à élaborer les horaires du personnel dont j'assure le suivi. Dans le nettoyage, la plupart du per-sonnel a un emploi à temps partiel (4 ou 6 h/jour) qui habituellement vient en complément du salaire du con-joint. Trop souvent aussi, c'est le seul salaire du ménage car certaines fem-mes élèvent seules leurs enfants. Dans mon rôle, je me dois de tenir compte de l'aspect « disponibilité » : comme il y a plusieurs créneaux horaires dans les différents postes de

travail, la possibilité existe d'attribuer un horaire convenant au mieux. Mais à ce devoir auquel je m'astreins, je me dois aussi de répondre aux obligations attendues : présence, continuité du service, prestations décalées.  et là, je compte sur le dévouement de chacun pour y donner suite. La plupart du temps, cela suffit mais il arrive aussi qu'un effort supplémentaire soit exigé. Et il ne faut pas croire qu’après avoir élevé ses enfants, c’est fini : le rôle fa-milial recommence très vite mais d'une autre façon et toute aussi réjouissante. Je suis l’heureuse grand-mère, depuis 4 mois, d'une ravissante petite fille.

> Ariano Alfreda (54)> Travaille comme accompagnatrice

dans le service d’entretien au C.P. Saint-Bernard à Manage

> Est mariée depuis 34 ans et elle a 2 enfants de 32 et 22 ans et est devenue récemment grand-mère.

> Fait des grilles d’horaires pour ses collègues et ne trouve pas cela toujours facile.

> Gregory struyken> Travaille comme infirmier a l’HNP

Saint-Martin à Dave> Est devenu l’année passée le père

d’Elsa> A décide de prendre un congé

parental.

Depuis un peu plus d’un an, nous sommes les heureux parents d’une petite fille prénommée Elsa. Notre petite famille se porte bien, et chaque jour nous apprenons avec elle notre nouveau « métier » de parents. Bien que nous l’avions anticipé, il est évident que l’arrivée d’un enfant bouleverse notre emploi du temps. Ma compagne et moi-même travaillons à temps plein. Quant à moi, je suis infirmier à l’HNP Saint-Martin depuis plus de 6 ans. Je m’investis aussi syndicalement dans l’entreprise puisque je siège au CE, avec la fonction de secrétaire. Outre mes activités à l’HNP Saint-Martin, j’exerce aussi le métier de pompier volontaire à Namur. Une nuit sur six, j’effectue une garde à la caserne. Je suis dans ma deuxième année de pratique et en stage de nomination, je dois encore effectuer beaucoup de formations. Les cours d’aide médicale urgente (AMU) sont dispensées deux soirs par semaine et s’ajoute à cela les cours « sapeurs-

pompiers » à raison d’une journée par semaine … Comme vous l’aurez com-pris, toutes ces activités me prennent beaucoup de temps. J’ai donc fait le choix de réduire mon temps de travail, et de pouvoir bénéficier d’un congé parental de 1/5 temps. Ce qui me per-met de passer plus de temps avec ma famille, et de m’occuper d’Elsa.

Je pense avoir fait le bon choix ! Ces dernières années, les mentalités ont beaucoup évolué, les femmes s’investissent plus dans leurs activi-tés professionnelles et les hommes prennent une plus grande part dans les tâches parentales. Ce qui est plutôt

une bonne chose. En tout cas, pour l’instant, cela nous convient très bien.

« Les mentalités ont beaucoup évolué : les femmes s’investissent plus dans leurs activités professionnelles et les hommes dans les tâches parentales. »

Agencer des horaires

Faire le choix

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approches décembre 2012 > 17

Le collègue autrement

ce n’est un secret pour personne : nous mangeons de plus en plus mal. Nous avons vite n’importe quoi dans no-tre assiette. Nous vivons à une époque du paraître mais la réalité est tout autre … Plutôt que de me lamenter sur l’état de notre monde, j’ai choisi ma voie : vivre en autarcie dans un écosystème naturel. J’élève des lapins, des poulets pour en faire mes produits alimentaires. Des spécialités du ter-roir comme par exemple des pâtés, des rillettes de canard, du foie gras qui sont en vente en novembre et décembre.

vivre de ses ressources, une vie marginale ? Non, c’est un retour aux sources. Avec ses charmes et ses contrain-tes. Au lieu du chauffage central, je me chauffe au bois. J’ai des œufs, des poussins, des poulets. Vivre au rythme de la nature, c’est se lever tôt, récolter les pommes de terre, rentrer les ballots de foin. C’est mener une existence simple mais authentique. Rien à voir avec la publicité, la télévision et autres medias.

mener une vie saine, respectueuse et proche de la nature, cela s’apprend. Je vis dans une ferme près de Marche que nous avons baptisée « Aux crins de la colline ». C’est un endroit où les visiteurs peuvent déguster des produits naturels. C’est aussi une ferme pédagogique où les enfants peuvent découvrir des chevaux frisons, des poneys, des ânes, des moutons et des chiens. Une découverte ouverte à tous, avec ou sans déficience. Depuis peu, nous organisons aussi des anniversaires à la ferme. Des familles viennent à 14 h et nous organisons des activités en plein air autour de la vie paysanne. A mes quatre enfants, j’ai donné un conseil : étudiez, apprenez l’anglais et faites quelque chose que vous aimez vraiment. C’est important d’être authentique, d’être soi-même. Le paraître est si futile. On est trompé, manipulé, abusé par la publicité sans même s’en rendre compte. Au lieu d’acheter des tas de choses inutiles et d’investir dans les apparences, ne vaut-il pas mieux vivre ses rêves ?

REDACTION > Albert Pfund PHOTOGRAPHIE > François Dehombreux

Jean-Luc De Baere (48) est père de 4 enfants. Depuis 1986, il travaille au Centre St-Lambert. Figure bien connue de l’équipe éducative qui veille sur les usagers pendant la nuit, il nous fait découvrir une autre approche de la vie.

I

Jean-Luc De Baere : Le bonheur est dans le pré

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18 > approches décembre 2012

Equilibre

ADIEUMonsieur Cigarette !

Une nouvelle année, de nouvel-les intentions. Le fait que la cigarette sera fumée après maint dîner de Noël fera également que cette même cigarette deviendra dans les entretiens l’objet de bonnes intentions pour 2013. Mais comment arrêter de fumer ? Comment le fait-on exactement ? Est-ce une question de caractère, d’accompagnement ou de per-sévérance ? Approches a parlé avec Jean-Pol Nesi, infirmier hygiéniste formé en tabacologie, du C.P. Saint-Bernard à Manage.

REDACTION > Jean-Pol Nesi PHOTOGRAPHIE > Stockphoto, Claudio Bernardone

Ainsi la cigarette fonctionne …La relative accessibilité du produit, son coût qui augmente tout en restant accessible au plus grand nombre, en font un produit de base dans le panier d’un quart de la population. Son ac-croche est rapide : la nicotine atteint les récepteurs nicotiniques en moins de 10 secondes et sa consommation entraîne un phénomène de tolérance. La relation de dépendance biologique à la nicotine s’installe extrêmement rapidement : 3 mois pour les jeunes filles, 6 mois pour les garçons, ce qui est comparable à un produit comme l’héroïne ! Le fumeur ne se satisfait pas d’une cigarette, mais, a besoin as-sez rapidement d’augmenter les doses pour obtenir les effets désirés !

La cigarette : une amie qui nous veut du bien ?Le fumeur retire bien évidemment des bénéfices de sa consommation. Fumer entraîne des conséquences et des sensations vécues positivement. Tantôt cigarette détente, apaisante, anti-dépressive, anti-solitude. Tantôt cigarette stimulante, décontractante, festive, coupe-faim, … la cigarette et la fumée qui l’accompagne forment un halo, une bulle protectrice pour le fumeur, une amie vers laquelle on se tourne en cas de nécessité ou rien que pour le plaisir de la retrou-ver. L’asservissement au tabac qui s’installe chez nombre de fumeurs réguliers peut procurer un sentiment d’insatisfaction, de privation de liberté, une perte de sens dans la recherche du bien-être. Outre ceci, les effets du tabagisme sur la santé ont largement été démontrés (cardiovasculaire, respi-ratoire, fertilité, …) tout en exposant, de façon limitée ou non, les proches.

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approches décembre 2012 > 19

ADIEUMonsieur Cigarette !

Où commencer comme individu ?1 listez vos motivations Faites une liste de toutes les

raisons qui vous poussent à ar-rêter, y compris tous les avanta-ges bénéfiques à votre santé. Par exemple, votre goût s’améliorera considérablement et votre toux matinale disparaîtra.

2 Fixez-vous une date d’arrêt Décidez du jour où vous arrêterez et entourez ce jour dans votre agenda. Évitez

les jours d’événements spéciaux, il sera difficile d’arrêter ces jours-là. Si une autre personne de votre entourage arrête de fumer en même temps que vous, cela facilitera grandement votre démarche.

3 Annoncez-le Dites à toute votre famille et à vos amis que vous avez arrêté de fumer. Deman-

dez-leur de vous aider en ne fumant pas près de vous et en ne vous proposant pas de cigarette.

4 préparez-vous Jetez tous vos cendriers, paquets de cigarettes, allumettes et briquets. Cela

peut parfois vous aider lorsque vous serez tenté. Les premiers jours, ayez quel-que chose pour remplacer la cigarette. Si vos mains semblent vides, prenez un stylo ou un crayon.

5 Faîtes un peu d’exercice Bougez plus. Vous serez détendu, plus en forme et c’est bon pour le moral.

Prenez l’escalier au lieu de l’ascenseur, faites de la natation ou du jogging. Inscrivez-vous dans un centre de remise en forme.

6 mangez sainement En arrêtant de fumer, un fumeur grossit en moyenne de 2 à 3 kg. Il est donc re-

commandé de manger sainement et de manière équilibrée. N’essayez pas im-médiatement de perdre cette prise de poids. Il est déjà assez difficile d’arrêter de fumer.

Où commencer comme institution ?1 prenez en compte et traitez la dépendance du personnel

2 formez le personnel et assurez-lui une supervision quant aux stratégies de prise en charge du tabagisme

3 incluez le syndrome de sevrage à la nicotine dans le listing de la symptomato-logie et dans le plan de traitement.

4 mettez en place une signalisation claire et cohérente sur la politique en mati-ère de gestion du tabagisme au sein du service afin qu’il n’y ait pas d’ambiguïté à ce sujet tant pour les patients, que pour le personnel et les visiteurs.

« La relation de dépendance biologique à la nicotine s’installe extrêmement rapidement. »

> Jean-pol nesi (48) est infirmier-chef de l’unité de soins 61 et infirmier hygiéniste formé en taba-cologie. Il est maître de formation pratique à la haute Ecole Louvain en Hainaut site de Jolimont (HELhA). Jean-Pol est marié, père de 2 enfants. Son fils Pierre se destine à l’ingénierie du son et sa fille Camille à la publicité. Il possède un « pied à terre » en Haute Savoie d’où il pratique beaucoup la Montagne et l’alpinisme.

Jean-Pol est sévère pour les fumeurs.

Qui est Jean-Pol Nesi ?

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20 > approches décembre 2012

Loin et pourtant proche

« Le Frère Michael, le directeur de l’école à Trincomalee, ouvre la grande porte de l’école. Je suis tout étonnée. Les élèves nous attendent, formant une haie. Mon mari Selm et moi, nous recevons une magnifique couron-ne de fleurs autour du cou. » L’enseignante Anita Leynen est allé regarder de ses propres yeux comment l’argent de l’Action Sud au Sri Lanka est utilisé et elle a été accueillie les bras ouverts.

REDACTION > Jan Decoene PHOTOGRAPHIE > Anita Leynen

Je n’en crois pas mes yeux. Je reconnais le bâtiment et les corridors de la présentation multimédias de l’Action Sud.

Ici je suis en présence des gens que je connais aussi par les images : cela m’a donné la chair de poule ! »« Dans une grande salle nous devons nous asseoir devant, sur les chaises d’honneur. Quelques enseignants prennent la parole et nous souhaitent la bienvenue, ensuite les élèves nous présentent par des chants, de la danse et du théâtre un message de collabo-ration et de paix mondiales. Je suis un peu mal à l’aise, mais avec du chaud au cœur. »« Ensuite je fais un pas en avant. En tant qu’enseignante j’ai déjà vécu bien des choses, mais prendre la parole ici est quand même bien unique. D’abord en hésitant, mais ensuite aisément, je raconte à propos de notre école, com-ment nous voulons être solidaires avec

les élèves et les enseignants au Sud et comment nous avons organisé cette année l’Action Sud. »« L’école à l’air très propre et soigné. Il y a une forte équipe d’enseignants. Le Frère Michael rayonne une simpli-cité incroyable et une grande force de volonté. Je sens immédiatement un respect énorme pour cet homme. Les élèves l’admirent. Le récit de l’Action Sud, je l’entends maintenant de leurs propres bouches. »« Plus que jamais je suis convaincue que notre argent a reçu une belle des-tination. Je suis vraiment rentrée chez moi avec le sentiment : « Nous faisons de bonnes choses ! Notre solidarité avec le Sud produit son effet ! » n

» J’entends le récit de l’Action Sud de leurs propres bouches. »

« La solidarité produit son effet ! »

> Anita a été accueillie chaleureusement à l’école technique à Trincomalee, le projet de l’Action Sud 2012.

> Vous aussi souhaitez visiter le Sud ? Voulez-vous également faire la connaissance des Frères de la Charité au Sud ? Caraes organise annuellement un voyage au Sud pour les membres du personnel des Frères de la Charité, où l’on fait profondément connaissance avec le fonctionnement au Sud. Les anciens voyageurs au Sud ont en outre l’opportunité à s’engager bénévolement au Sud ou à visiter des projets. Des voyages spontanés sur la propre initiative sont déconseillés par Caraes. En effet, les projets ne sont pas des attractions touristiques. www.zuidreis.be Lisez le rapport étendu avec des photos supplémentaires sur www.approches.be

> Anita est enseignante à l’Ecole Fondamentale St-Michiel à Bourg-Léopold. De toutes sortes de façons cette grand-mère du tout jeune Lode s’engage pour les projets de Caraes. Cet été elle a motivé de cette façon 43 collègues à équiper 3 tentes de café à Pukkelpop et pour faire l’entretien du camping des collaborateurs. Le salaire complet de ces bénévoles était pour Caraes.

Qui est Anita Leynen?

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Le Frère Luc Lemmens

A l’écoute

« Emprunter le même sentier, ensemble »L’année 2012 a été pour la congrégation des Frères de la Charité une année importante. Le Frère René Stockman a été réélu supérieur général, le Frère Veron Raes succède au Frère Luc Maes pour la tâche de supérieur provincial et le Frère Luc Lemmens est venu remplacer le Frère Veron. Approches a parlé avec le nouveau supérieur régional, de son rôle comme dirigeant et de sa vocation, de défis et de l’avenir, du charisme chez les collaborateurs et de collaborer et avoir confiance.

REDACTION > Annelies Naert PHOTOGRAPHIE > Filip Erkens

approches : Quelles sont les tâches du supérieur régional des Frères de la Charité ?« Aujourd’hui nous devons avec le conseil régional nous pencher sur la nouvelle structure d’organisation. On y a apporté des accents différents que par le passé. Avec le conseil régional nous examinons ce que cette nouvelle structure signifie pour la congréga-tion aujourd’hui et à l’avenir et dans quelle mesure nous allons en tant que congrégation participer encore à l’organisation. »« Comme conseil régional, nous allons devoir surtout continuer à donner de l’orientation aux Frères et aux

membres associés. Nous sommes à un tournant, parce que le groupe de Frères diminue en nombre. Cela deviennent des personnes avec un âge avancé. Cela signifie que ces person-nes auront besoin de beaucoup de soins. Prendre soin est pour moi très important. C’est un défi, qui doit de-mander beaucoup de mon temps. »

« L’organisation a son management, mais évidemment le conseil régional veut également continuer à participer à l’organisation. Les semaines à venir nous allons discuter dans le conseil d’administration comment on va abor-der cela. »

« C’est maintenant depuis un mois que je suis au travail comme supéri-eur régional, et j’entre en contact avec beaucoup de nouvelles choses. Pour moi c’est commencer de zéro, car je n’ai jamais avant assumé un mandat dans l’administration à ce niveau. Beaucoup de choses viennent vers moi avec lesquelles je dois me familiariser. Je dois encore chercher ma voie. »

approches : Comment aborder cela ?« Dans ma première semaine j’ai beaucoup lu, mais je constate que cela est insuffisant. Je peux encore lire des mois durant. Aujourd’hui je sors vers l’extérieur, je vais sur le terrain. Je veux rencontrer des gens et les écouter. »« Ainsi j’ai eu une rencontre très inté-ressante et profonde avec les initiatives à Knesselare : Béthanië, Jona, accueil d’enfants, cela est très divers. Un cer-tain nombre de choses m’ont touché profondément là-bas. On fait appel à nous et le défi consiste à répondre à cet appel : comment abordons-nous cela ? Comment appuyons-nous ces projets pour donner à ces personnes une base portante ? »

approches décembre 2012 > 21

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> Le Frère Luc Lemmens est le nouveau supérieur régional des Frères de la Charité en Belgique.

« J’ai planifié encore d’autres visites. Mais un jour passe vite et chacun veut raconter son histoire. Quand on rentre alors, souvent tard dans la soirée, on est fatigué et pour une part satisfait, mais alors le travail ne fait que com-mencer : comment aborder cela, com-ment offrons-nous un appui correct ? C’est tout un défi. »

approches : Qu’attendez-vous des six années à venir ?« Evidemment c’est une option que la congrégation et l’organisation con-tinuent à cheminer ensemble. Mais j‘ose indiquer qu’un processus de changement est en train de s’opérer. En tant que communauté de Frères, nous devrons lâcher des choses. Et en même temps la relation avec toutes ces choses que nous lâchons, est énormément importante. Des initiatives comme les membres as-sociés, des communautés spirituelles et des germes d’espérance peuvent fortifier pour une part ces liens. Le fait de rester en relation avec cela, est très important. L’administration précédente a jalonné pour cela des balises claires et c’est maintenant ma tâche et celle du conseil régional de continuer à naviguer dans le sens in-diqué. Je pense par exemple aux com-munautés conventuelles. Il y a encore deux Frères ici, deux autres encore là : nous devons regarder si cela reste encore viable. Est-ce que nous pouvons laisser les gens là-bas et qu’en est-il des Frères qui ont encore des engagements bénévoles dans ce que nous appelons les « oeuvres d’apostolat » ? Nous ne pouvons pas simplement couper ces liens, mais

» Aujourd’hui je sors vers l’extérieur, je vais sur le terrain. Je veux rencontrer des gens et les écouter. »

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il y a bien des situations que me font poser des questions sérieuses. »« Nous sommes en train de regarder comment nous pouvons réunir les Frères et les membres associés et quel message nous pouvons y don-ner. Je n’improvise pas simplement ici, cela demande du travail d’étude. J’espère que nous pouvons faire une bonne proposition lors de la deuxième session du chapitre régional, qui aura probablement lieu en l’an 2013. »

approches : Comment gérer la tension entre d’une part lâcher certaines choses en tant que communauté de Frères et en même temps renforcer les liens ?« Par le passé, de nombreux efforts ont été fournis pour plonger les col-laborateurs laïcs dans le bain spirituel des Frères de la Charité. Beaucoup de collaborateurs laïcs sont entre-temps familiarisés avec cela, entre autres par le fonctionnement pour l’identité. L’un l’est davantage que l’autre. Cela me paraît évident. Tout cet esprit, ce fondement, ce charisme qui nous est donné comme Frères, nous pouvons donc pour une part aussi le transmet-tre. De cette façon nous restons quand même ancrés. »

nos collaborateurs, c'est l’élan et le dynamisme pour toujours persévérer. Est-ce parce qu’ils travaillent chez les Frères de la Charité et y rencontrent une fonction d’exemple ? Cela se pourrait. Dans ma vie antérieure au C.O.R. St-Gregorius j’ai été fortement engagé comme Frère de la Charité. J’aime donner de nouvelles chances aux gens. Pour moi, l’évangile n’est pas un texte vide. L’exemple du Christ implique pour moi des points de départ à partir desquels je trouve moi-même l’élan d’aller vers les gens et de leur donner de l’espace, des soins et des chances. Cela peut paraître prétentieux, mais je crois que des gens – même s’ils ne vous connaissent pas personnellement – remarquent bien qu’on part de cette inspiration. Je crois que je suis réaliste en cela, mais je veux également être un peu naïf et dire que cela a un effet contagieux. Ce ne sont pas des Frères ou des Sœurs de la Charité, mais je remarque qu’il y a beaucoup de charisme présent chez les collaborateurs. »

approches : Remarquez-vous une dif-férence à travers le temps ? Est-ce dif-férent d’il y a par exemple vingt ans ?« Je remarque que de jeunes person-nes sont en effet bien sensibles à cela. Ils posent beaucoup de questions, ils sont pour une part des « chercheurs de sens ». J’ai vu très souvent dans des entretiens de demande d’emploi la grande ouverture à partir de laquelle les jeunes gens abordent ce thème. Ce qui nous a menés vers des entretiens intéressants sur le plan du contenu, où j’ai toujours remarqué le respect dont les jeunes témoignent et l’élan pour collaborer à notre projet, même s’ils n’ont pas immédiatement cette conviction ou même la même convic-tion religieuse. Je trouve cela fantas-tique. Cela signifie que le travail de la congrégation et de tant de Frères peut rester et restera vivant. »

approches : Les années passées vous étiez fortement engagé pour le C.O.R. St-Gregorius. Maintenant vous devez pour une part lâcher cela. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?« C’est une des choses les plus dif-ficiles qui peuvent arriver, non. Je le compare un peu à un divorce. Quand

on assume tant d’années des choses avec les collaborateurs … Ce que vous réalisez professionnellement, vous ne le faites pas seul. On le fait avec beaucoup et beaucoup de col-laborateurs. Je pense que les gens à St-Gregorius l’ont également vécu ainsi : c’est quelque chose que nous partageons ensemble, ce n’est pas un projet de Luc Lemmens. »

« A un certain moment on vous demande alors de quitter cela. Cela n’est pas facile. Je dois être honnête, je ne me suis pas lancé à la légère. J’ai demandé du temps pour pouvoir réfléchir. Et je suis allé en profondeur. Ce n’était pas la première fois que l’on m’a posé cette question. J’ai donc posé explicitement la question de sa-voir pourquoi on arrivait toujours chez moi. Et j’ai été fortement confronté avec ma propre vocation. »

« A un certain moment il faut consta-ter : il y a quelque chose de plus. Il y a quelque chose au-dessus de moi qui me dirige. On fait appel à moi. Cela concerne pour moi tout à fait la vocation. Pour moi c’était clair : on a passé tant d’années à St-Gregorius. Que cela est maintenant interrompu, cela ne se fait pas sans plus. Cela a été décisif dans ma réponse pour dire « oui ».

« St-Gregorius m’est très cher. Mais, et c’est étonnant, on fait un clic et on peut regarder le passé avec une collaboration très belle et une belle réalisation grâce à l’aide et l’appui de nombreux collaborateurs. L’histoire de St-Gregorius continue et une bouffée d’air frais peut avoir un effet favorable. »

approches : Quel type de dirigeant êtes-vous ? « Je travaille au départ d’une invita-tion large à la participation. Je n’ai jamais travaillé selon un modèle top-down et je ne le ferai mainte-nant pas non plus dans ma nouvelle tâche. Je veux partager beaucoup avec des gens, regarder ensemble quelle est notre destination. J’aime la concertation, et le travail de réflexion, j’aime le faire avec d’autres. Je donne volontiers un mandat aux gens et je

» En tant que communauté de Frères, nous devrons lâcher des choses. »

« Je rencontre des personnes dont je remarque qu’il y a davantage en eux que, façon de parler, travailler de 8 heures à 17 heures. Des gens chez qui il y a vraiment un élan, comme je peux l’écouter chez un Frère de la Charité ou un membre associé. Qu’il y ait des différences, je trouve que c’est bien, mais il y a bien cette solidarité. Com-ment pouvons-nous donner un visage à cela ? En restant présent. »

approches : Quelles sont pour vous les caractéristiques les plus importantes d’un travailleur chez les Frères de la Charité ? « Ce que j’ai remarqué toujours chez

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24 > approches décembre 2012

les laisse alors pleinement aller pour cette responsabilité. Que je pourrais faire cela tout seul, je n’y crois pas. »

approches : Vous l’avez déjà indiqué : être supérieur régional n’est pas un poste pour lequel on fait une demande d’emploi, on vous demande. Comment gérez-vous cela, vivre une vie où l’on est complètement au service de la con-grégation et de l’organisation ?« A un certain moment de sa vie on entre dans la congrégation et on suit une formation. On apprend à vivre et travailler dans cette congrégation. On partage cette vie communautaire et on y est constamment défié. Pour moi c’est maintenant déjà le cas plus de 35 ans. Cela fait qu’on ne s’arrête pas et qu’en tant que Frère de la Charité on vit une croissance. »

« Je pense que de grandes théories vont parler différemment, mais mon expérience est qu’en tant que respon-sable final on est en effet seul pour une part. Est-ce de la solitude ? Cela est autre chose. J’ai eu la chance de pouvoir toujours retomber sur des collègues et des gens autour de moi. Mais cela est également une interac-tion. La base qu’on crée soi-même, le tampon qu’on construit soi-même et qu’on a installé au départ de la con-fiance qu’on donne aux gens et qu’ils vous rendent, fait que l’on peut faire beaucoup. Et on est bien parfois seul, mais mon expérience me dit qu’on peut très rapidement attirer des gens et de nouveau entrer en dialogue. Cela peut être très éclaircissant et donner un appui pour quand même continuer. »

approches : Que faites-vous en dehors de votre travail ?« Beaucoup de choses culturelles. Je vais vers toutes sortes de repré-sentations, du théâtre à la danse et à des conférences. Je le fais presque chaque semaine. Un choix conscient. Il y avait un temps où j’annulais des représentations pour le travail, mais j’ai appris de quand même maintenir cela. Sinon on ne tient pas en tant que personne. J’ai encore fait du théâtre moi-même, c’était pour moi un moyen pour me défouler. Depuis plusieurs années

cela n’est plus possible, mais je peux bien savourer une représenta-tion. Ainsi je suis très fortement les représentations d’Alain Platel. C’est quelque chose dont je peux faire quel-que chose dans ma vie et mon travail. Ses représentations de danse peuvent vraiment m’émouvoir. J’ai besoin de cela aussi. »

« Ce qu’il m’arrive moins de faire, et je voudrais y travailler, c’est de m’asseoir dans un fauteuil et lire un livre. Mais je lis bien le magazine Knack, de bout en bout. »

approches : Est-ce que vous avez un message pour les collaborateurs des Frères de la Charité ?« Je veux surtout exprimer mon appréciation et donner un grand compliment à tous les collaborateurs qui s’engagent jour après jour et per-sévèrent dans leurs efforts. Cela peut paraître un cliché, mais je le pense vraiment. Je veux faire route avec ces gens. Ensemble, nous pouvons mener les choses à bonne fin, pour autant qu’il y ait une fin. Les Frères ont besoin des collaborateurs pour pro-clamer le patrimoine d’idées et pour porter les réalisations qui en suivent. C’est pourquoi je veux volontiers invi-ter à entrer en dialogue. » n

» Ce que j’ai remarqué toujours chez nos collaborateurs, c'est l’élan et le dynamisme pour toujours persévérer. »

> Le Frère Luc Lemmens est né

le 26 janvier 1957. > Il était directeur du Centre

Orthopédagogique « De Bewe-ging » à Gijzenzele et directeur général du Centre Orthopéda-gogique Royal St-Gregorius, avant de devenir en octobre le supérieur régional des Frères de la Charité.

> Il a toujours habité à Gent-brugge.

Qui est le Frère

Luc Lemmens?

« J’ai eu le bonheur de pouvoir faire pendant de nombreuses années des choses qui m’intéressaient humaine-ment : prendre soin. Prendre soin de personnes avec une lésion cérébrale acquise a été mon dada depuis de longues années, où dans les années quatre-vingts on faisait quand même du travail de pionnier. Cela fait bouger tant de choses. Et on y expérimente une croissance, cela devient plus ri-che. C’est une expérience qui fait que l’on croît dans sa vie religieuse, qu’on devient plus fort, même si l’on passe parfois des moments difficiles. »

approches : Est-ce que vous ne vous sentez jamais solitaire ? En tant que responsable final vous êtes pour une part quand même seul.

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approches décembre 2012 > 25

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Et cetera

« Pieter a l’œil d’un rapace »Depuis cet été nous comptons un lauréat de médaille olympique parmi nos clients : Pieter Verlinden et son équipe ont obtenu la médaille de bronze lors des Jeux Paralympiques à Londres dans la discipline de la « boccia ». Il est donc temps d’un entretien sur le grenier boccia du C.O. « De Beweging » à Gijzenzele avec son père Jean-Pierre Verlinden, avec Pieter même et avec ses accompagnateurs.

REDACTION > Annelies Naert PHOTOGRAPHIE > Filip Erkens

ici au C.O. « De Beweging », nous avons un « grenier boc-cia », raconte l’accompagnateur

Bart Gosselin. « C’est un espace fait sur mesure avec un sol adapté de façon à ce que Pieter et d’autres joueurs puissent s’exercer sous l’accompagnement de proches, de stagiaires ou de collaborateurs agogiques », dit-il avec fierté.

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A qui le prix ?

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> Vous pouvez trouver l’interview complète et plus de photos de Pieter, de son père et de son accompagnateur sur www.approches.be

approches : Comment les gens pratiquent-ils la boccia ?Jean-pierre: « La boccia est jouée dans beaucoup d’institutions de notre pays : à Kwatrecht, Landegem, Gits, Diepenbeek et en Wallonie. Mais en dehors des établis-sements la boccia est peu connue. Quand Pieter a com-mencé à faire de la compétition, il y avait trente joueurs dans sa catégorie. Maintenant, grâce à Sporza et d’autres personnes qui ont lutté pour mettre en image les Para-lympiques, cela a un peu changé. »

» Nous avons été surpris par tous les sms, mails et coups de téléphone que nous avons reçus pour nous féliciter. »

approches : Simplement jouer avec quelqu’un d’autre, ce n’est probablement pas évident ?Jean-pierre: « Pieter a commencé en 2002 et depuis 2007 il a commencé à jouer bien. Pieter a l’avantage qu’il a l’œil d’un rapace : il sait viser parfaitement. Je suis personnellement l’accompagnateur de Pieter. Je tourne le dos au jeu et je regarde surtout Pieter : quelles tâches me donne-t-il ? Pieter communique avec les yeux. Ainsi il indique où il veut que le conduit soit mis (c’est une pièce dans laquelle il lâche la boule au moyen d’un casque sur sa tête, ndlr.) : plus haut, plus bas, vers la gauche, vers la droite. Il sait également indiquer lui-même quelle vitesse la boule doit prendre : plus le conduit est long, plus de vitesse la boule prendra. »

approches : Comment vous préparez-vous à un tel concours important ?Jean-pierre: « Normalement Pieter ne se couche pas avant 23 heures, mais lorsqu’il y a un concours ou un tournoi, nous devons être sévères, car il est important pour des joueurs de boccia de s’être bien reposés. Ils doivent réfléchir bien et clairement sur les possibilités

Cette fois également vous pouvez gagner quelque chose. Pour cela, participez au concours. Répondez aux trois questions suivantes et envoyez la réponse à [email protected]. Cette fois il y a la pos-sibilité de gagner une bonne bouteille de vin. Peut-être c’est vous qui l’emporterez ! participer est également possible par www.approches.be

de jeu. Même s’il revêt parfois les mêmes sous-vêtements pour une compétition, Pieter n’a pas beaucoup de rites ou de superstition. Mais il prend bien souvent quelque chose à mâcher en bouche. »

approches : Est-ce que l’on vous aborde plus souvent maintenant ?Jean-pierre: « Nous avons été surpris par tous les sms, mails et coups de téléphone que nous avons reçus pour nous féliciter. La boccia a reçu bien de la publicité par l’attention des médias pour les Jeux et le sport en a be-soin. Maintenant nous essayons de le garder ainsi. C’est un sport idéal pour des personnes avec une déficience qui autrement ne pourraient rien faire, c’est une possibilité pour ces gens de se défouler. »

approches : Quels sont vos plans pour l’avenir ?Jean-pierre: « Nous allons essayer d’encore augmenter notre niveau et – cela ne sera pas facile – d’également passer avec succès les sélections suivantes. Et nous continuons à nous entraîner. Mais peut-être est-il bon de ne pas miser tout sur la boccia : il y a encore bien d’autres choses dans la vie, non. Les dernières années nous devi-ons être présents à chaque entraînement et nous avons mis de côté bien d’autres choses. Mais Pieter aime bien aller à Werchter, par exemple. »

1. Quel équilibre Grégory struyken cherche-t-il ?

2. Qu’est-ce que le Frère luc lemmens remarque toujours chez les collaborateurs ?

3. Quel œil pieter verlinden a-t-il ?

Boccia: qu'est-ce? La boccia est apparentée à la pétanque. Mais pendant que pour la pétanque on joue avec un cochonnet, pour la boccia la boule blanche – appelée « jack » – est aussi grande que les boules rouges et bleues. A tour de rôle, chaque joueur accède au terrain et essaie de position-ner la boule coloriée le plus près possible de la boule blanche. L’adversaire essaie alors d’écarter cette boule.

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Le Frère Emmanuel Précision et attention PHOTOGRAPHIE > Pierre Wautier

C’est avec dévouement que le Frère Emmanuel prépare chaque année le centre de formation pour la période de Noël. Avec précision et beaucoup d’attention il prépare le sapin de Noël et il installe la crèche de Noël. Le Frère Emmanuel travaille au Centre de Formation Pierre Joseph Triest (CFPJT) à Dave. Qui y vient, sait qu’il vous souhaite la bienve-nue. De sa propre façon tranquille, contente. Et cela ne sera pas différent dans cette période de Noël, froide mais agréable.

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