Apprenez les maths pendant vos maladies!€¦ · 18 juillet 2011 – No 507 Hebdomadaire distribué...

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18 juillet 2011 – No 507 Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève- Gland-Saint Cergue). 186 504 exemplaires certifiés REMP/FRP. Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick Gravante Maquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie Hostettler Flashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SA Distribution: Epsilon SA Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected] © Plurality Presse S.A., 2011 www.toutemploi.ch L a preuve par trois, avec le glaucome, l’apnée, la sciatique. A l’œil, c’est du luxe Le glaucome, mal sournois et indolore, est l’objet de campagnes de prévention, par affiches dans les trams. Vite, à la clinique ophtalmique… premier contrôle… deu- xième rendez-vous… troisième examen… quatrième convocation… ne sachant pas compter au-delà de mes doigts, j’aban- donne la partie. Bien plus tard, profitant d’une «Journée du glaucome» avec dépis- tage gratuit, j’apprends enfin que tout va bien, sans la moindre ombre. Alors, pourquoi ai-je payé deux ans plus tôt un millier de francs à la clinique, sans solution en vue? «Vous n’avez pas d’assurance?», répondait alors la chef de bureau avec aga- cement. Et «Mêlez-vous de vos oignons!», s’exclamait à son tour le testeur gratuit, quand on comparait les prix. En clair, les rendez-vous à répétition ne servaient pas à soigner le patient, mais à faire vivre la clinique. Et à donner des yeux à ronger aux étudiants: c’est sans doute une bonne cause, mais est-ce aux assurances à payer la formation des médecins, et le métier de cobaye ne mériterait-il pas d’être rétribué? Dormir demande du pif Autre vedette de l’actualité, dont on ignore si Adam, Noé ou Sancho Pança en souf- frait déjà: l’apnée du sommeil, devenue soudain l’alibi de Gaston Lagaffe pour faire la sieste. Même si le conjoint est prompt à dire «Arrête de ronfler», on ne s’est guère soucié en un siècle d’observer les chambrées dans les hôpitaux. Et soudain, l’apnée est à la mode: «Quinze ans de vie en moins», disent de ce mal certains médecins. Le souffle s’arrête, le cœur s’agite, la tête s’énerve… pourtant, peu de campagnes d’information… pas un mot au Congrès de prévention cardiaque… silence à l’Assemblée mondiale de la santé! «Elle touche surtout les obèses, alors nos cam- pagnes contre la malbouffe sont du même coup des campagnes contre l’apnée», s’ex- cusent les autorités médicales. A voir, car si les Oliver Hardy sont plus menacés, les Stan Laurel ne sont pas à l’abri. Peu de chiffres, en l’état, mais on dit qu’un homme sur quatre est touché, et un sur vingt doit se soigner. Mais comment? Et c’est là qu’on revient aux affaires de gros sous: plus que les pilules, ou une prothèse, c’est un injecteur d’air qui offre la solution. «Un aspirateur inversé», aux dires de l’inventeur lui-même… mais au coût de trois à quatre mille francs. Officiellement, d’où – pour les assurances - quatre à cinq francs par jour de location auprès d’une boutique agréée. Mais on trouve cet appareil sur le Web pour moitié prix, et les boutiques le paient le quart du prix… couvert par une première mensualité «forfaitaire». Est-ce à dire que les cinq francs par jour soient dès lors du pur bénéfice? «Bonne question», admet-on dans le milieu, mais avec des bémols: même si le «service» prévu dans le contrat se résume souvent à la factu- ration, les appareils s’usent, les patients réclament, et on susurre qu’une ristourne va aux médecins. D’autant que c’est parfois le même prestataire qui fait la location… et le diagnostic (lequel exige des appareils chers, mais est remboursé à part). Alors, conflits d’intérêts… d’autant que c’est par- fois la boutique qui pose le diagnostic? En tout cas, si un Genevois sur dix louait un appareil, ça ferait cent millions par an à diviser entre deux ou quatre boutiques. La médecine protège bien le marché de ses aspirateurs. La maison des emplâtres «Vous avez trop porté de livres»… «Des cachets calmeront le nerf»… «Une crampe au muscle pour la physio»: face à une sciatique, les médecins sont souvent hési- tants. Pour ne plus m’entendre geindre, ils me dopent au Brufen et Dafalgan… ça va mieux, puis rechute… j’appelle le Centre anti-douleur de l’hôpital, prêt à me calmer en… trois mois, et qui me renvoie donc aux urgences. Longue attente, test musculaire, radio de la colonne… en fin de compte, aux deux cachets de base, on ajoute un zeste d’opiacé. Facture: dans les 350 francs… pour un emplâtre sur une jambe de bois. Car le mal reste intact… l’hôpital ne prévoit pas d’échec… seul remède pro- posé: quatre autres heures de queue. Il y a bien une solution: à chaque coin de rue, les feux pour piétons en piteux état. Une ou deux lampes manquent, et on prend une jambe rouge fixe pour une jambe verte leste. On traverse… et on se retrouve soi- même une jambe en moins. Par chance, celle à la sciatique. n Boris Engelson Apprenez les maths pendant vos maladies! Les bobos de santé font le plus souvent oublier l’arithmétique: du moment que l’assurance paie… Mais parfois, un zéro de trop oblige à y regarder de plus près. Et c’est là qu’on découvre que l’arithmétique médicale est très originale. POUR EN SAVOIR PLUS Voir les sites healtheconomics.com, sommeil.ch, lung.ch, cenas.ch, sosoxygene.com, sleep-health. ch, sleepandhealth.com, sleep-disorders.org, talka- boutsleep.com. TOUT L’EMPLOI & FORMATION • N O 507 • 18 JUILLET 2011

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18 juillet 2011 – No 507

Hebdomadaire distribué gracieusement à tous les ménages du Canton de Genève, de l’agglomération de Nyon et de toutes les autres communes de la Zone économique 11 (Triangle Genève-Gland-Saint Cergue). 186 504 exemplaires certifiés REMP/FRP.

Edité par Plurality Presse S.A. Paraît le lundi Directeur-Rédacteur en chef: Thierry Oppikofer Coordination, Publicité, Gestion des annonces: Patrick GravanteMaquette: Imagic Sàrl Carouge, Daniel Hostettler, Sophie HostettlerFlashage et impression: Courvoisier-Attinger Arts Graphiques SADistribution: Epsilon SA

Rédaction, Administration, Service de publicité: 8, rue Jacques-Grosselin • 1227 Carouge Tél. 022/307 02 27• Fax 022/307 02 22 CCP 17-394483-5 E-mail: [email protected]

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L a preuve par trois, avec le glaucome, l’apnée, la sciatique.

A l’œil, c’est du luxeLe glaucome, mal sournois et indolore, est l’objet de campagnes de prévention, par affiches dans les trams. Vite, à la clinique ophtalmique… premier contrôle… deu-xième rendez-vous… troisième examen… quatrième convocation… ne sachant pas compter au-delà de mes doigts, j’aban-donne la partie. Bien plus tard, profitant d’une «Journée du glaucome» avec dépis-tage gratuit, j’apprends enfin que tout va bien, sans la moindre ombre. Alors, pourquoi ai-je payé deux ans plus tôt un millier de francs à la clinique, sans solution en vue? «Vous n’avez pas d’assurance?», répondait alors la chef de bureau avec aga-cement. Et «Mêlez-vous de vos oignons!», s’exclamait à son tour le testeur gratuit, quand on comparait les prix. En clair, les rendez-vous à répétition ne servaient pas à soigner le patient, mais à faire vivre la clinique. Et à donner des yeux à ronger aux étudiants: c’est sans doute une bonne cause, mais est-ce aux assurances à payer la formation des médecins, et le métier de cobaye ne mériterait-il pas d’être rétribué?

Dormir demande du pifAutre vedette de l’actualité, dont on ignore si Adam, Noé ou Sancho Pança en souf-frait déjà: l’apnée du sommeil, devenue soudain l’alibi de Gaston Lagaffe pour faire la sieste. Même si le conjoint est prompt à dire «Arrête de ronfler», on ne s’est guère soucié en un siècle d’observer les chambrées dans les hôpitaux. Et soudain, l’apnée est à la mode: «Quinze ans de

vie en moins», disent de ce mal certains médecins. Le souffle s’arrête, le cœur s’agite, la tête s’énerve… pourtant, peu de campagnes d’information… pas un mot au Congrès de prévention cardiaque… silence à l’Assemblée mondiale de la santé! «Elle touche surtout les obèses, alors nos cam-pagnes contre la malbouffe sont du même coup des campagnes contre l’apnée», s’ex-cusent les autorités médicales. A voir, car si les Oliver Hardy sont plus menacés, les Stan Laurel ne sont pas à l’abri. Peu de chiffres, en l’état, mais on dit qu’un homme sur quatre est touché, et un sur vingt doit se soigner. Mais comment? Et c’est là qu’on revient aux affaires de gros sous: plus que les pilules, ou une prothèse, c’est un injecteur d’air qui offre la solution. «Un aspirateur inversé», aux dires de l’inventeur lui-même… mais au coût de trois à quatre mille francs. Officiellement, d’où – pour les assurances - quatre à cinq francs par jour de location auprès d’une boutique agréée. Mais on trouve cet appareil sur le Web pour moitié prix, et les boutiques le paient le quart du prix… couvert par une première mensualité «forfaitaire». Est-ce à dire que les cinq francs par jour soient dès lors du pur bénéfice? «Bonne question», admet-on dans le milieu, mais avec des bémols: même si le «service» prévu dans le contrat se résume souvent à la factu-ration, les appareils s’usent, les patients réclament, et on susurre qu’une ristourne va aux médecins. D’autant que c’est parfois le même prestataire qui fait la location… et le diagnostic (lequel exige des appareils chers, mais est remboursé à part). Alors, conflits d’intérêts… d’autant que c’est par-fois la boutique qui pose le diagnostic? En tout cas, si un Genevois sur dix louait un

appareil, ça ferait cent millions par an à diviser entre deux ou quatre boutiques. La médecine protège bien le marché de ses aspirateurs.

La maison des emplâtres«Vous avez trop porté de livres»… «Des cachets calmeront le nerf»… «Une crampe au muscle pour la physio»: face à une sciatique, les médecins sont souvent hési-tants. Pour ne plus m’entendre geindre, ils me dopent au Brufen et Dafalgan… ça va mieux, puis rechute… j’appelle le Centre anti-douleur de l’hôpital, prêt à me calmer en… trois mois, et qui me renvoie donc aux urgences. Longue attente, test musculaire, radio de la colonne… en fin de compte, aux deux cachets de base, on ajoute un zeste d’opiacé. Facture: dans les 350 francs… pour un emplâtre sur une jambe de bois. Car le mal reste intact… l’hôpital ne prévoit pas d’échec… seul remède pro-posé: quatre autres heures de queue. Il y a bien une solution: à chaque coin de rue, les feux pour piétons en piteux état. Une ou deux lampes manquent, et on prend une jambe rouge fixe pour une jambe verte leste. On traverse… et on se retrouve soi-même une jambe en moins. Par chance, celle à la sciatique. n

Boris Engelson

Apprenez les maths pendant vos maladies!Les bobos de santé font le plus souvent oublier l’arithmétique: du moment que l’assurance paie… Mais parfois, un zéro de trop oblige à y regarder de plus près. Et c’est là qu’on découvre que l’arithmétique médicale est très originale.

pour eN sAvoir pLus

Voir les sites healtheconomics.com, sommeil.ch, lung.ch, cenas.ch, sosoxygene.com, sleep-health.ch, sleepandhealth.com, sleep-disorders.org, talka-boutsleep.com.

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