Appel a Contribution

8/18/2019 Appel a Contribution

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Par Mathilde Bertrand – maître de conférences à Paris III

BARBEY D’AUREVILLY ET L’ÂGE CLASSIQUE

« En religion, nous sommes pour l’Eglise ; en politi ue, pour la monarchie, enlittérature, pour la grande tradition du si!cle de "ouis #I$, %nité et autorité & 'ous nerépudions aucun de nos héritages et nous ne faisons la guerre u’au( )*tards +-

.n connaît la profession de foi du criti ue /ules Bar)e0 d’1ure2ill0, ui prétendaitrendre ses 3ugements à la lumi!re du passé, dont il fut l’un des « proph!tes +4, muni de cestrois attri)uts hautement s0m)oli ues, « la )alance, le glai2e et la croi( +5-

Polémi ue, autant ue mélancoli ue, son 6u2re toute enti!re témoigne d’unenostalgie pour l’1ncien 7égime et plus particuli!rement pour le r!gne de "ouis #I$, « cet.l0mpien de "ouis #I$ si naturellement dieu u’il est le seul sou2erain de l’histoire u’on ait pu adorer sans )assesse +8 , – « le dernier roi ui ait incarné purement et intégralement en sa personne le principe ui a fait 2i2re, pour la premi!re fois dans les annales du monde, pendanthuit cents ans, une Monarchie +9-

: la gloire du grand si!cle, Bar)e0 oppose les 2ices du #$III!me si!cle, immoral, philosophe et li)ertin, u’il rend responsa)le de l’a2!nement sanglant de la 7é2olutionfran aise et de la médiocrité na2rante du #I#!me si!cle- Il déplore la splendeur ro0alesouillée et a2ilie par les dé)auches de la 7égence et celles de "ouis #$, conduisant la


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u’il a2ait pris pour son s0m)ole +D, correspond une « littérature de l’unité et de l’ordre +G,dénaturée )ientHt par l’influence mau2aise des m6urs et de la philosophie du #$III!mesi!cle ; née sur les décom)res du trHne et de l’autel ren2ersés et sur les ruines de l’esthéti ueclassi ue, la littérature du #I#!me est, à l’in2erse, une « littérature de l’indépendance et de la2ariété et m me du dér!glement dans sa 2ariété +@- ?i l’6u2re de Bar)e0, « 2enu trop tarddans un monde trop 2ieu( +, comme ses contemporains de la premi!re génération romanti ue,tient fatalement da2antage de la seconde ue de la premi!re, elle fait néanmoins signe 2ers cetidéal littéraire, ui l’informe en profondeur- 1u premier rang des références aure2illiennes, oncompte ainsi "a


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Bar)e0 n’est pas à une contradiction pr!s, on l’a dit, et la )*tardise u’il pourchasse, ila pu la 2oir aussi dans le go t classi ue pour l’1nti ue Ndont il a)sout cependant Korneille, le« 2ieu( tragi ue chrétien +F, 7acine, sau2é par Esther et Athalie , mais aussi Moli!re et "a

« "e 7omantisme en effet N u’importe son nom O était dans les lettres la "égitimitéreprenant la place usurpée par la B*tardise & "a ci2ilisation chrétienne périssant sous laci2ilisation paQenne, ressortie de ses ruines depuis le #$e si!cle, le mort re2enant tuer le 2if,la tradition coupée comme une corde de harpe, les anc tres niés, les langues retardées dansleur dé2eloppement par ce latin ui n’était plus le ro)uste latin des moines dans le uel palpitaient l’*me et le génie du Mo0en 1ge, mais un latin ui singeait l’anti ue et ui puait latom)e sous ses élégances comme les momies sous leur rouge > l’imitation su)stituée àl’originalité et l’emp chant m me de naître, tel fut, en uel ues mots, le crime intellectuel dela 7enaissance, et ce crime, dont nous portions la peine, s’était épuisé dans des littératures uin’a2aient plus une goutte de sang dans les 2eines +4-

"es romanti ues seraient ainsi parado(alement, selon Bar)e0, des légitimistes enlittérature, contre les )*tards classi ues de l’1nti uité--- a2ant ue le romantisme ne de2ienneluiJm me un nou2eau classicisme > « "e 7omantisme est maintenant le classicisme de notre*ge, mais la Kriti ue ui se fie à l’inépuisa)le Beauté, attend des poésies au( formes et au(

aspirations nou2elles +5, affirmeJtJil en effet dans un article de @9C- .n rel!2era cheR ce passéiste amoureu( du grand si!cle une conscience étonnante des nécessaires NrOé2olutionsesthéti ues-

Pour cet écri2ain e(cessif et scandaleu(, dénué de son propre a2eu de la mesure et du )on go t classi ues8, pour ce 2ieu( romanti ue chéri de la 3eunesse décadente, le ?i!cle de"ouis le Arand demeure cependant un point de rep!re essentiel, le moment de coQncidence

10 Oeuvre critique , t- I,op. cit -, p- 98F-

11 Ibid -, p- G9-

12 Ibid -, p- 9@D-

13 Ibid -, p- C54-

14 « Moi, 3e suis un )ar)are )ien sou2ent, ui se retrou2e sans cesse, a2ec des go ts de sau2age- +, à Lre)utien,8 a2ril @9 ,Correspo da ce !é érale , t- 5, Paris, Belles "ettres, C@ J C@C, p- 58 ; « Moi, 3’ai de temps en

temps de la poussée et de la flammeS mais 3e man ue de go t, disentJils- +, à Lre)utien, @ septem)re @9 ,ibid. , p- CD ; « T---U des emp*tements de )ar)are se m lent sou2ent à ce langage d’1thénien ue le dou("uéri m’a laissé sur les l!2res comme un sou2enir d’héritage & +, à Lre)utien, 4 mars @94,ibid. , p- 85-

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idéale entre une politi ue, une métaph0si ue, une morale et une esthéti ue, dont l’unité s’estmalheureusement progressi2ement dissoute tout au long du #$III!me si!cle, pour 2oler enéclat à l’au)e du #I#!me-

=ans sa criti ue, comme dans le reste de son 6u2re, romanes ue, poéti ue, épistolaireet dans les #emora da , on interrogera le rapport ue Bar)e0 d’1ure2ill0 entretient a2ec l’*geclassi ue d’un point de 2ue tout à la fois histori ue, politi ue, métaph0si ue, éthi ue etesthéti ue- Ke collo ue entend mettre en é2idence le lien tr!s fort, et finalement tr!s peue(ploré, ui unit Bar)e0 au grand si!cle et à son om)re portée, le #$III!me ui en fit la fin,« ce si!cle u’on a le 2ice d’aimer uand on en a la fai)lesse +9 Nsingulier a2eu sous la plumede celui u’on a sou2ent accusé de penser comme /oseph de Maistre, mais d’écrire comme lemar uis de ?ade, et dont les personnages romanes ues ne sont pas e(empts, loin s’en faut, dela « )eauté hideuse +D des li)ertins de « ce monstre charmant +G de "aclosO- Ke faisant, ont*chera de perce2oir la cohérence et l’unité derri!re les contradictions et 2ariations de surfaced’un écri2ain en ui 7ém0 de Aourmont 2o0ait l’un de « ces classi ues singuliers et commesouterrains ui sont la 2érita)le 2ie de la littérature fran aise +@-

Quelques pistes de réflexi !

"# $ist ire% &'urs et & r(leBar)e0 criti ue des historiens du #$IIe et du #$IIIe si!cle"a monarchie a)solue et la figure de "ouis #I$"’identité aristocrati ue"es mémoires aristocrati ues Nduc de ?aintJ?imon, comte de Aramont, ---O"es correspondances NMme de ?é2igné, Mme du =effand, /ulie de "espinasse, Madame de?a)ran ---O"es moralistes N"a 7ochefoucauld, "a Bru0!re, Khamfort, 7i2arol, ---O

15 Œuvre critique , t- I,op. cit -, p- 84-

16 Ibid. , p- G5-

17 Ibid -, p- 45@-

18 7- de Aourmont, « "a 2ie de Bar)e0 d’1ure2ill0 +, #ercure de $ra ce , #"I$, no2em)re CF4, p- 5C J8FG-

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"a uestion de la race et de la )*tardise"a uestion de la tradition

)# Reli*i ! et p+il s p+ie/ansénisme et augustinisme7ationalismePascal=escartes"e matérialisme, la li)reJpensée, l’athéisme"es Philosophes, les "umi!res N$oltaire, =iderot, 7ousseau, ---O

,# Questi !s d’est+étique

"’esthéti ue classi ue Nclarté, ordre, mesure, unité, le )eau et son statut, le su)lime, la )ienséanceO"’esthéti ue du courtisan> la lég!reté, le naturel, la spre%%atura de Kastiglione, lae!le!e tiadili!e s

Boileau

"ien entre littérature et morale, littérature et 2érité, adé uation du langage à l’idéeBar)e0 et les « classi ues + Nla culture anti ue, la m0thologie, Vinc elmann, "essing,---O"a tragédie et la comédie NKorneille, 7acine, Moli!re, Mari2au(, Beaumarchais, ---O"es romanciers N pour uoi uelles différences ?ur uels crit!res 3ugeJtJil leurs productions O

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