APFELDORFER BLOCH de yoga · reconnaître quand l’estomac est vide ou plein. S’il n’est pas...
Transcript of APFELDORFER BLOCH de yoga · reconnaître quand l’estomac est vide ou plein. S’il n’est pas...
faims, s’arrêter de manger
quand on est rassasiée...
Nos experts
DR GÉRARD
APFELDORFER
psychiatre
et spécialiste
des troubles
du comportement
alimentaire
YAEL
BLOCH
enseignante
de yoga
La méditation et la pleine conscience sont reconnues pour calmer le stress
et combattre les petites et grosses déprimes. Ces méthodes douces donnent
aussi de bons résultats quand on les invite dans notre assiette.
Voici comment les mettre au profit de notre silhouette.M anger en pleine conscience, c’est la façon
normale de manger : avec toute son atten
tion, en observant ses sensations, et le
plaisir ressenti », pose d’emblée le Dr
Gérard Apfeldorfer. Le problème ?
Cette façon « normale » est devenue très
rare. Messages nutritionnels multiples et
contradictoires, abondance de produits
plus ou moins transformés dans les rayons, culte de la
minceur... Les consommateurs ne savent plus à quel
saint se vouer. Plutôt que d’être à l’écoute de leurs corps,
ils s’imposent des restrictions qui font plus de mal que
de bien. Et utilisent souvent la nourriture pour calmer
une émotion, apaiser un stress, fuir une situation diffi
cile. Line mauvaise réponse, déconnectée des besoins
réels, qui peut à la longue peser lourd sur la balance.
Se reconnecter à son corpsLa solution est en nous et non dans des méthodes toutes
faites. « Si les régimes échouent, c’est parce qu’ils ne
prennent pas en compte l’écoute de nos sensations de
faim et de satiété », souligne la spécialiste Yael Bloch.
Encore faut-il distinguer une « vraie » faim physiolo
gique (liée à un estomac vide) d’une faim émotionnelle
(liée à un stress, une colère...). C’est là que l’alimentation
en pleine conscience prend tout son sens : écouter son
corps, reconnaître les différentes faims, s’arrêter de man
ger quand on est rassasiée, comprendre ses émotions,
les accepter sans les refouler pour ne pas en être la
proie... Comment faire en pratique ? Et quels résul
tats en attendre ? Décryptage avec nos experts.PAR ÉMILIE GODINEAU
• Pour se lancer
Deux enseignantes
de yoga, formées à la
méditation, décryptent
l’acte de manger et nous
invitent au changement en
douceur, avec des exercices
pratiques. «Manger
mieux», de Yael Bloch
et Ananda Ce b ail os,
éd. La Plage, 9,95 €.
• La référence
La pédiatre et professeure
de zen Jan Chozen Bays
enseigne l’alimentation en
pleine conscience depuis
plus de 20 ans. Voici dans
cet ouvrage les fruits de
son expérience. «Manger
en pleine conscience »,
du Dr Jan Chozen Bays,
éd. Les Arènes, 22,80 €.
Se retrouver en pleine conscience devant son assiette, ce n’est pas rentrer
dans une phase profonde de méditation, mais juste être là, dans le moment
présent, à l’écoute de ses sensations. En voici les cinq clés.
Ne rien faire d'autre
Dans notre monde multiconnecté et pressé, on
n’accorde plus assez de temps aux repas. Pour
bien faire,il faut donc éloigner toutes sources
de distraction : télévision, téléphone, radio,
ordinateur... tout ce qui pourrait détourner
nos pensées du moment présent. Et bien sûr, il
faut manger assis à table, pas avachie dans le
canapé ni en faisant ses courses ou en rangeant
les placards ! « Être dans un endroit calme et
s’asseoir le dos droit vont favoriser la présence
à l’acte de manger», souligne Yael Bloch.
Bien mastiquer
Autre mauvaise tendance actuelle : gober les
aliments sans les mastiquer correctement. Il faut
dire que les produits industriels tout mous
(lasagnes, quiches, pains de mie, gâteaux...)
n’invitent pas à la mastication. «Essayez de
astiquer 20 fois chaque bouchée et de poser
votre fourchette entre chaque bouchée »,
conseille Yael Bloc. Cela va permettre
de prendre conscience de ce que l’on mange,
mais aussi de faciliter la digestion et de laisser
le temps à la satiété d’arriver. Pour ce faire,
on préfère les aliments bruts et de qualité :
un pain à la croûte bien croquante, des fruits
et des légumes frais, des pâtes al dente...
Faire appel à ses 5 sens
D’abord on regarde son assiette, les couleurs
et les formes des aliments, puis on apprécie
leurs odeurs. Une fois en bouche, on se
concentre sur leurs textures (croquante,
soyeuse, élastique...) et sur leurs goûts. Des
cinq saveurs (sucré, salé, acide, amer, umami),
on observe celles qui dominent, comment
elles se marient. L’ouïe n’est pas oubliée,
quand on croque un aliment ou même quand
on entend croquer son convive. Passer enrevue tous ses sens permet d’être pleinement
dans le moment présent, dans le plaisir de
manger, sans laisser filer ses pensées vers
d’autres distractions ou d’autres soucis.
Avoir une attitude bienveillante
Beaucoup de personnes s’imposent des restrictions alimentaires
pour maigrir et se font des reproches quand elles ont
« craqué ». Plutôt que de s’autoflageller, mieux vaut adopter
une attitude bienveillante. « Il faut accueillir ses émotions sans
es juger, sans chercher à lutter contre elles.Cela évite qu’elles
nous enferment et permet à de nouveaux comportements
de voir le jour», explique Yael Bloch. «Manger une pomme
quand on a envie de chocolat ne fera pas passer l’envie de
chocolat. Je conseille dans ce cas de manger du chocolat
mais sans culpabiliser et en ayant conscience de ses émotions
à ce moment-là », /'ndique le Dr Gérard Apfeldorfer.
5 Reconnaître la satiété
« Lorsque l’estomac se remplit et que le bol alimentaire
avance dans le tube digestif, des messages nerveux et
hormonaux sont envoyés au cerveau pour signaler le
rassasiement», explique Yael Bloch. Pour les percevoir,
il faut manger sans se presser (afin de laisser aux
messages le temps d’arriver au cerveau) et être
à l’écoute de ses sensations corporelles. Peu à peu, le
plaisir de manger diminue, la lassitude arrive, c’est signe
que le repas est terminé. Se forcer à manger parce que
c’est l’heure ou à terminer son assiette pour ne pas
gâcher empêchent la connexion à ces précieux signaux.
1 SEMAINE DE MENUSPchitv tïtamvi
tri joieint ctiniciMKfrObserverchaque couleur, chaque saveur, chaque texture, pour bien
vivre son alimentation : avec des repas pleins de peps, des produits
variés et des recettes goûteuses, c’est facile et gourmand !
jour jour2 jour
3
(pour 4 personnes)
Détaillez 1 petit chou-fleur en fleurettes. Pelez et coupez
en cubes 1 belle pomme de terre. Mettez ces légumes
dans une casserole avec 50 cl de lait demi-écrémé et 50 cl
de bouillon de légumes. Laissez frémir 30 minutes,
puis mixez. Assaisonnez d’une pointe de muscade.
Versez le velouté dans des bols, salez, poivrez etparsemez d’amandes effilées légèrement grillées à la
poêle ou de fleurettes de chou-fleur cru émiettées.
« Rooibos
• Tartines de pain aux
noix avec un peu
de fromage frais
• Pomme
DEJEUNER
• Carottes râpées à la
coriandre ciselée
• Brochette de poulet,
poivron et oignon
parsemée de graines
de sésame, riz noir
• Yaourt au lait de soja
l»]IZI3:l
Soupe de potiron
relevée de piment
d’Espelette
Omelette aux
champignons,
salade verte
Grenade
• Thé vert
• Mélange de flocons
d’avoine, graines
de courge, baies
de goji, dés de kiwi,
avec du lait
d’amande
DEJEUNER
• Demi-avocat avec
une sauce fromage
blanc et moutarde
• Dos de cabillaud
poêlé, avec du chouromanesco et du
sarrasin
• Compote pomme
myrtille
l»JIZI3:l
• Poireaux vinaigrette
parsemés de graines
de pavot
• Lentilles au curry
et riz rouge
• Faisselle avec un
filet de miel
Avec leur Index
glycémique bas et
leur effet rassasiant,
c’est un must du petit
déjeuner.
tri
msnMsmn• Infusion à l’hibiscus
• Tartines craquantes
au sarrasin avec
un peu de purée
d’amande
• Poire
IM3• Salade de betterave
parsemée de
ciboulette ciselée
• Hareng cuit au four
avec des patates
douces, saladede mâche
• Yaourt au lait de
chèvre avec 1 figue
séchée émincée
I»]IZI3:1
« Velouté
de chou-fleur*
• Galette de
sarrasin avec
jambon,
champignons et
emmental
• Carpaccio d’orange
saupoudré
de cannelle
ftu/bU/cwijcM(pour 4 personnes"
Mélangez 150 g de farine de blé complet,
1 c. à soupe de sucre, 1/2 sachet de levure chimique
et 1 pincée de sel. Fouettez 2 œufs avec 15 cl
de lait demi-écrémé. Incorporez à la premièrepréparation et mélangez jusqu’à l’obtention d’une
pâte homogène. Laissez reposer 30 minutes.
Versez une demi-louche de pâte dans une petite
poêle antiadhésive ou légèrement huilée. Faites
cuire chaque pancake 1 à 2 min de chaque côté. Elles sont riches en
bêtacarotène, unpuissant antioxydant,
qui améliore l’état
de la peau.
jour7
w
EmEaEffina• Infusion de chicorée
• Tartines craquantes
au quinoa avec
un peu de purée de
cacahuète nature
• Kaki
(pour 4 personnes)
Égouttez 4 sardines à l’huile d’olive. Écrasez-les avec 200 g
de fromage blanc. Ajoutez 8 brins de ciboulette ciselés et le jus
de 1/2 citron. Assaisonnez d’une pincée de piment d’Espelette.
Dégustez avec de fines tranches de pain aux céréales toastées.
• Taboulé de
chou-fleur
• Steak haché à 5 %,
fenouil braisé, orgemondé
• Yaourt au lait
de brebis avec
quelques cerneaux
de noix
I»]|gl3;l
• Bouillon de légumes
• Œufs brouillés aux
petits pois et dés
de carotte
• Papillote de banane
avec un carré de
chocolat noir
Pauvre en calories
mais riche en fibres,il facilite la
digestion et draine
les toxines.
• Lait fermenté
• Tartines de pain
de seigle avec
un peu de comté
• Banane
DEJEUNER
• Pomélo
• Escalope de veau,
chou chinois braisé,
petit épeautre
• Yaourt au lait
de brebis avec
quelques raisins secs
« Rillettes
de sardines*
• Mijotée de pois
cassés avec oignons
et carottes
• Compote pomme et
fruit de la Passion
EanaanffiEa• Infusion à la menthe
• Pancakes au blé
complet*
• Clémentine
DEJEUNER
• Salade d’endive
et noix
• Wok de crevettes
avec mini-épis
de maïs, fèves
d’edamame, lanièresde poivron
• Pomme au four avec
de la vanille
l»]IZI3:l
• Soupe miso
• Demi-potimarron
farci avec du quinoa,de la fêta et des
cranberries
• Yaourt nature
DEJEUNER
• Thé Earl Grey
• Mélange de flocons
5 céréales, noisettes,
mulberries, dés
de poire, avec
du lait de soja
BHSSZB3• Salade de chou
rouge avec des
graines de grenade
• Filet mignon rôti
avec des carottes
et des navets
• Compotée de coing
DINER
• Velouté de carotte
parsemé de
coriandre ciselée
• Poêlée de tofu fumé
et champignons
shiitakés
• Carpaccio
d’ananas parsemé
de menthe ciselée
[exercice des faimsLa Dr Jan Chozen Bays, la papesse américaine du « mindful eating »,
dénombre 9 sortes de faim, dont seulement 2 impliquent de manger
(estomac et cellules). En étant à l’écoute de son corps, on apprend à reconnaître
de quel type de faim il s’agit pour y répondre de façon adéquate.
La faim des cellulesLorsque les cellules de notre corps
sont en déficit de certains nutriments,
elles nous le font savoir. Les enfants
et les femmes enceintes sont
naturellement sensibles à cette faim.
• Pour la satisfaire, il faut être
à l’écoute de son corps et reconnaître
ses messages : une envie de
viande quand on est anémiée,
une envie d’agrume quand on
manque de vitamine C...
La faim de l’estomacC’est une sensation désagréable
de vide, avec gargouillement
et tiraillement. Mais attention,
elle peut être confondue avec
des sensations de stress et
d’anxiété au niveau du ventre.
• Pour la satisfaire, il faut
reconnaître quand l’estomac est
vide ou plein. S’il n’est pas vide, on
fait une pause (marche, relaxation)
pour court-circuiter cette faim.
La faim du cœurC’est l’envie d’un aliment réconfortant
pour combler un vide dans son cœur,
ou chasser des émotions négatives :
tristesse, colère, anxiété, impatience...
• Pour la satisfaire, il faut pratiquer des activités qui
nourrissent le cœur : parler avec un ami, jouer avec un
enfant ou un animal de compagnie, offrir un cadeau, jardiner..,
La faim des yeuxVoir un plat alléchant ouvre l’appétit. Même
après un gros repas, la vue d’un beau dessert
peut déclencher la faim. Les publicitaires
utilisent cette sorte de faim dans leurs spots.
• Pour la satisfaire, il faut nourrir les yeux
de beauté. Observer attentivement le pétale
d’une fleur, une peinture, les nuages...
La faim de l’oreilleLe matin au réveil, le bruit des tartines
qui sautent dans le grille-pain peut
mettre en appétit. Tout comme le son
de pop-corn que l’on grignote ou d’une
cannette que l’on ouvre au cinéma.
• Pour la satisfaire, s’asseoir
tranquillement, les yeux fermés,
et ouvrir ses oreilles aux sons, les
plus évidents d’abord, puis les plus
subtils. Ou écouter de la musique.
La faim du nezC’est la faim qui survient quand
on passe devant une boulangerie
qui sent bon le pain et les
viennoiseries. Certaines odeurs
inscrites dans notre mémoire
suscitent aussi des émotions.
• Pour la satisfaire, il faut nourrir
son nez de parfums. Fermer
les yeux, prendre conscience
de sa respiration, puis des
variations d’odeur quand on
inspire et quand on expire.
La faim du toucherPour certains, les aliments mangés avec
les doigts sont bien plus savoureux que ceux
mangés à la fourchette. Cela favorise également
une meilleure connexion à ce que l’on mange.
• Pour la satisfaire, s’offrir un massage, demander
un massage à son conjoint, ou même pratiquer un
automassage en s’adressant des phrases bienveillantes.
La faim de la boucheLa faim de l’espritC’est la faim qui nous pousse à manger parce que « c’est
l’heure », ou à choisir tel aliment parce qu’il est « bon pour la
santé »... Elle ne se soucie pas de ce dont le corps a besoin.
• Pour la satisfaire, il faut calmer les injonctions qui de
toute façon changent au gré des époques, éviter les extrêmes
et être pleinement présent dans l’acte de manger.
C’est l’envie qu’a la bouche d’éprouver des sensations
agréables. La bouche étant le lieu de rencontre du goût,
de l’odeur et des sensations tactiles et thermiques.
• Pour la satisfaire, il faut manger en silence, avec attention,
avec l’esprit dans la bouche. Si on avale en faisant autre chose,
la faim de la bouche ne sera pas satisfaite et perdurera.