Aperçus sur l'ésotérisme islamique et le taoïsme

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AVANT-PROPOS

« Dans l'Islamisme, a écrit Guénon, la tradi-tion est d'essence double, religieuse et métaphy-sique on peut qualifier très exactement d'exoté-.rique le côté religieux de la doctrine, qui est eneffet le plus extérieur et celui qui est à la portéede tous, et d'ésotérisme son côté métaphysique,qui en constitue le sens profond, et qui estd'ailleurs regardé comme la doctrine de V éliteet cette distinction conserve bien son sens propre,puisque ce sont là deux faces d'une seule et mêmedoctrine. »

Il convient d'ajouter que, pour Guénon,l'ésotérisme est toujours et partout le même,quels que soient les noms qu'on lui donne suivantla variété des pays et des traditions. Si laconnaissance véritable de l'ultime Réalité est

l'objet final de la recherche ésotérique, lesméthodes utilisées, bien que souvent analogues,ne sont pas forcément identiques elles peuventvarier comme varient aussi les langues et lesindividus. « La diversité des méthodes, nous

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Esotérisme islamique et Taoïsme

écrivait Guénon le 3 octobre 1943, répond à ladiversité même des natures individuelles pourlesquelles elles sont faites c'est la multiplicitédes voies conduisant toutes à un but uni-

que. »

Dans ce petit livre, nous avons réuni enchapitres un certain nombre d'articles anciensrelatifs au Çûfisme (Et-Taçawwûf), c'est-à-direà l'ésotérisme islamique. On complétera nonseulement par quelques passages qui y font allu-sion dans ses différents ouvrages, notammentdans Le Symbolisme de la Croix, mais aussipar deux articles reproduits dans les Symbolesfondamentaux « Les mystères de la lettre Nûn »et « Sayful-Islam ».

Nous avons donné comme premier chapitrel'article sur F Esotérisme islamique, paru dansles Cahiers du Sud, bien qu'il soit postérieuraux autres pour la date de parution, parceque c'est celui qui précise le mieux les particu-larités de l'initiation dans l'Islam, en définissantles notions fondamentales du TaçawwûfShariyah Tarîqah Haqîqah; la premièreconstituant la base exotériquc fondamentalenécessaire la seconde la Voie et ses moyensla troisième le but ou le résultat final. Dans lesautres chapitres, Guenon expose avec sa clartésynthétique habituelle ce qu'est le Tawhid et leFaqr, et donne des exemples de sciences tradi-tionnelles à propos de V Angélologie de l'alphabet

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Avant-propos

arabe, de la Chirologie et de la Science deslettres (Ilmûl-hûrûf).

René Guenon a longuement parlé, notammentdans les Aperçus sur l'initiation, Le Règnede la quantité et les signes des temps etInitiation et réalisation spirituelle, de ce qu'il aappelé la « Contre-initiation » et la « Pseudo-initiation v. Les auteurs arabes ont traité aussi

de cette question à propos des awliyâ es-shaytânet à propos des «faux çûfis » qui sont, dit l'und}eux, « comme des loups parmi les hommes ».'

Abû Ishâq Ibrâhîm al-Holwânî demandait unjour à Hussein ibn Mançûr al-Hallâj ce qu'ilpensait de l'enseignement ésotérique (madhabal-bâtin). Al-Hallâj lui répondit « Duquelveux-tu parler, du vrai ou du faux? (bâtin al-bâtil aw bâtin al-Haqq). S'il s'agit de l'éso-térisme vrai, la voie exotérique (sharîyah) estson aspect extérieur et celui qui la suit vraimentdécouvre son aspect intérieur qui n'est autreque la connaissance d'Allâh (marifah billah);quant aufaux ésotérisme, ses aspects extérieuret intérieur sont tous les deux plus horribles etdétestables l'un que l'autre. Tiens-t'en donc àl'écart. »

Guénon dira semblablement « Quiconque seprésente comme instructeur spirituel sans serattacher à une forme traditionnelle déterminéeou sans se conformer aux règles établies parcelle-ci ne peut avoir véritablement la qualité

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qu'il s'attribue ce peut être, suivant les cas,un vulgaire imposteur ou un illusionnéignorant les conditions réelles de l'Initiationet dans ce dernier cas plus encore que dansl'autre, il est fort à craindre qu'il ne soit tropsouvent, en définitive, rien de plus qu'un instru-ment au service de quelque chose qu'il ne soup-çonne peut-être pas lui-même 1. »

Le dernier chapitre est consacré au Taoïsmeet au Confucianisme. Il montre que la différenceentre l'ésotérisme et l'exotérisme se rencontre

également dans les formes non religieuses de laTradition. Et c'est normal, puisqu'il s'agit là,tant pour les rites que pour la perspective, d'unedifférence de nature et même de nature profonde.

Beaucoup plus ancien que La Grande Triade,le dernier livre que Guénon ait publié de sonvivant, et où il a parlé le plus de la civilisationchinoise, cet article contient une réflexion finalequi ne manque pas d'intérêt. Guénon y déclareen effet que quelles que soient les conditionscycliques qui pourront entraîner la disparitionplus ou moins complète de l'aspect extérieur dela tradition chinoise, l'ésotérisme de celle-ci, leTaoïsme, ne mourra jamais, parce que, dans sanature essentielle, il est éternel, c'est-à-dire au-

delà de la condition temporelle.

i. Initiation et réalisation spirituelle; chapitre sur« Vrais et faux instructeurs spirituels », p. 144-145.

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Avant-propos

Comme nous l'avons fait précédemment pourles recueils posthumes que nous avons présentésaux lecteurs depuis plusieurs années Étudessur la franc-maçonnerie et le compagnonnage,Études sur l'hindouisme, Formes tradition-nelles et cycles cosmiques ainsi que pour lanouvelle édition du Théosophisme nousavons ajouté quelques comptes rendus de livreset de revues où René Guénon donne d'intéres-

santes précisions sur l'orthodoxie traditionnelle.

Roger Maridort,février 1973.

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De toutes les doctrines traditionnelles, la

doctrine islamique est peut-être celle où estmarquée le plus nettement la distinction dedeux parties complémentaires l'une de l'autre,que l'on peut désigner comme l'exotérismeet l'ésotérisme. Ce sont, suivant la termi-

nologie arabe, es-shariyah, c'est-à-dire litté-ralement la « grande route », commune à tous,et el-haqîqah, c'est-à-dire la « vérité » inté-rieure, réservée à l'élite, non en vertu d'une

décision plus ou moins arbitraire, mais parla nature même des choses, parce que tous nepossèdent pas les aptitudes ou les « qualifi-cations » requises pour parvenir à sa connais-sance. On les compare souvent, pour exprimerleur caractère respectivement « extérieur »et « intérieur », à l' « écorceet au« noyau »(el-qishr wa el-lobb) ou encore à la circon-

CHAPITRE 1

L'ésotérisme islamique

Cahiers du Sud, 1947, p. 153-154-

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férence et à son centre. La shariyah comprendtout ce que le langage occidental désigneraitcomme proprement « religieux », et notammenttout le côté social et législatif qui, dans l'Islam,s'intègre essentiellement à la religion; onpourrait dire qu'elle est avant tout règled'action, tandis que la haqîqah est connais-sance pure; mais il doit être bien entendu quec'est cette connaissance qui donne à la shariyahmême son sens supérieur et profond et savraie raison d'être, de sorte que, bien quetous ceux qui participent à la tradition n'ensoient pas conscients, elle en est véritablementle principe, comme le centre l'est de la circon-férence.

Mais ce n'est pas tout on peut dire quel'ésotérisme comprend non seulement lahaqîqah, mais aussi les moyens destinés à yparvenir; et l'ensemble de ces moyens estappelé tarîqah, « voie » ou « sentier » conduisantde la shariyah vers la haqîqah. Si nous repre-nons l'image symbolique de la circonférence,la tarîqah sera représentée par le rayon allantde celle-ci au centre; et nous voyons alorsceci à chaque point de la circonférencecorrespond un rayon, et tous les rayons, quisont aussi en multitude indéfinie, aboutissent

également au centre. On peut dire que cesrayons sont autant de turuq adaptées auxêtres qui sont « situés » aux différents points

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L'ésotérisme islamique

de la circonférence, selon la diversité de leursnatures individuelles; c'est pourquoi il est ditque « les voies vers Dieu sont aussi nombreusesque les âmes des hommes » (et-tu-ruqu ila'Llahi Ka-nufûsi bani Adam) ainsi, les« voies » sont multiples, et d'autant plusdifférentes entre elles qu'on les envisage plusprès de leur point de départ sur la circon-férence, mais le but est un, car il n'y a qu'unseul centre et qu'une seule vérité. En touterigueur, les différences initiales s'effacent,avec l' « individualité » elle-même (el-inniyah,de ana, « moi »), c'est-à-dire quand sontatteints les états supérieurs de l'être et quandles attributs (çifât) d'el-abd, ou de la créature,qui ne sont proprement que des limitations,disparaissent (el- fanâ ou l' « extinction »)pour ne laisser subsister que ceux d'Allah(el-baqâ ou la « permanence »), l'être étantidentifié à ceux-ci dans sa « personnalité »ou son « essence» (edh-dhât).

L'ésotérisme, considéré ainsi comme com-

prenant à la fois tarîqah et haqîqah, en tantque moyens et fin, est désigné en arabe parle terme général et-taçazvzvuf, qu'on ne peuttraduire exactement que par « initiation »;nous reviendrons d'ailleurs sur ce point par lasuite. Les Occidentaux ont forgé le mot« çûfisme » pour désigner spécialement l'ésoté-risme islamique (alors que tafawwuf peut

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s'appliquer à toute doctrine ésotérique etinitiatique, à quelque forme traditionnellequ'elle appartienne); mais ce mot, outre qu'iln'est qu'une dénomination toute convention-nelle, présente un inconvénient assez fâcheuxc'est que sa terminaison évoque presque inévi-tablement l'idée d'une doctrine propre à uneécole particulière, alors qu'il n'y a rien de telen réalité, et que les écoles ne sont ici que desturuq, c'est-à-dire, en somme, des méthodesdiverses, sans qu'il puisse y avoir au fondaucune différence doctrinale, car « la doctrine

de l'Unité est unique » (et-tawhîdu wâhidun).Pour ce qui est de la dérivation de ces dési-gnations, elles viennent évidemment du motçûfî\ mais, au sujet de celui-ci, il y a lieu toutd'abord de remarquer ceci c'est que personnene peut jamais se dire çûfî^ si ce n'est par pureignorance, car il prouve par là même qu'il nel'est pas réellement, cette qualité étant néces-sairement un « secret » (sirr) entre le véritableçûfî et Allah; on peut seulement se diremutafawwuf, terme qui s'applique à qui-conque est entré dans la « voie » initiatique, àquelque degré qu'il soit parvenu; mais leçûfî, au vrai sens de ce mot, est seulementcelui qui a atteint le degré suprême. On aprétendu assigner au mot çûfî lui-même desorigines fort diverses; mais cette question,au point de vue où l'on se place le plus habi-

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L'ésotérisme islamique

tuellement, est sans doute insoluble nousdirions volontiers que ce mot a trop d'éty-mologies supposées, et ni plus ni moins plau-sibles les unes que les autres, pour en avoirvéritablement une; en réalité, il faut y voirplutôt une dénomination purement symbo-lique, une sorte de « chiffre », si l'on veut, qui,comme tel, n'a pas besoin d'avoir une déri-vation linguistique à proprement parler; etce cas n'est d'ailleurs pas unique, mais onpourrait en trouver de comparables dansd'autres traditions. Quant aux soi-disant

étymologies, ce ne sont au fond que dessimilitudes phonétiques, qui, du reste, suivantles lois d'un certain symbolisme, corres-pondent effectivement à des relations entrediverses idées venant ainsi se grouper plus oumoins accessoirement autour du mot dont il

s'agit; mais ici, étant donné le caractère dela langue arabe (caractère qui lui est d'ailleurscommun avec la langue hébraïque), le senspremier et fondamental doit être donné parles nombres; et, en fait, ce qu'il y a departiculièrement remarquable, c'est que parl'addition des valeurs numériques des lettresdont il est formé, le mot çûfî a le mêmenombre que El-Hekmah el-ilahiyah, c'est-à-dire « la Sagesse divine ». Le çûfî véritable estdonc celui qui possède cette Sagesse, ou, end'autres termes, il est el-ârif bi' Llah, c'est-à-

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dire « celui qui connaît par Dieu », car Il nepeut être connu que par Lui-même; et c'estbien là le degré suprême et « total » dans laconnaissance de la haqîqah 1.

De tout ce qui précède, nous pouvons tirerquelques conséquences importantes, et toutd'abord celle-ci que le « çûfîsme » n'est pointquelque chose de « surajouté » à la doctrineislamique, quelque chose qui serait venu s'yadjoindre après coup et du dehors, mais qu'ilen est au contraire une partie essentielle,puisque, sans lui, elle serait manifestementincomplète, et même incomplète par en haut,

t. Dans un ouvrage sur le Taçawvmf, écrit en arabe,mais de tendances très modernes, un auteur syrien, quinous connaît d'ailleurs assez peu pour nous avoir prispour un « orientaliste a, s'est avisé de nous adresser unecritique plutôt singulière; ayant lu, nous ne savonscomment, eç-çûfiah au lieu de çûfî (numéro spécial desCahiers du Sud de 1935 sur L'Islam et l'Occident), il s'estimaginé que notre calcul était inexact; voulant ensuite enfaire lui-même un à sa façon, il est arrivé, grâce à plusieurserreurs dans la valeur numérique des lettres, à trouver(cette fois comme équivalent d'eç-çûfî, ce qui est encorefaux) el-hakîm el-ilahî, sans du reste s'apercevoir que, un yevalant deux he, ces mots forment exactement le même totalque el hekmah el-ilahiyah1 Nous savons bien que l'abjadest ignoré de l'enseignement scolaire actuel, qui ne connaîtplus que l'ordre simplement grammatical des lettres;mais tout de même, chez quelqu'un qui a la prétention detraiter ces questions, une telle ignorance dépasse les bornespermises. Quoi qu'il en soit, el-hakîm el-îlahi et el-hekmahel-ilahiyah donnent bien le même sens au fond; mais la

première de ces deux expressions a un caractère quelquepeu insolite, tandis que laseconde, celle que nous avonsindiquée, est au contraire tout à fait traditionnelle.

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