Antiquité Orientale

34
1. LesMces et les Formes PHÉNICIE JUDÉE ARABIE  INDE PERSE ARYAS D'ASIE MINEURE DEUXIÈME  ÉDITION KALDÉE ASSYRIE CHINE MERCVRE DE FRANCE XXVI,  RUE DE  CONDÉ,  XXVI PÉLADAN Antiquité  orientale EGYPTE PARIS MCMYIH 1

Transcript of Antiquité Orientale

  • 1.

    LesMceset les Formes

    PHNICIE JUDE ARABIE INDE

    PERSE ARYAS D'ASIE MINEURE

    DEUXIME DITION

    KALDE ASSYRIE CHINE

    MERCVRE DE FRANCE

    XXVI, RUE DE COND, XXVI

    PLADAN

    Antiquit orientale

    EGYPTE

    PARIS

    MCMYIH 1

  • 1LES IDES ET LES FORMES

  • LA TERRE DU SPHINX (Egypte), 1900.LA TERRE DU CHRIST (Pa)estine), 1901.LA DERNIRE LEON DE LONARD DE VINCI. 1904.ORIGINE ET ESTHTIQUE DE LA TRAGDIE, 1905.LA CL DE RABELAIS (secret des corporations), 1905.DE PARSIFAL A DON QUICHOTTE (secret des troubadours), 1906.INTRODUCTION A L'ESTHTIQUE, 1906.DE LA SENSATION D'ART, 1907.LA DOCTRINE DE DANTE, 1907.RAPPORT AU PUBLIC SUR LES BEAUX-ARTS, 190S.

    LE RONDACHE (1906).THRIAQUE.

    I. COMMENTON DEVIENT MAGE (thique), in-8, 1891.tl. COMMENTON DEVIENT FE (rotique), in-8, 1892.III. COMMENTON DEVIENTARTISTE (esthtique), in-8, 189-t.IV. LE LIVRE DU SCEPTRE (politique), in-8, 1895.V. L'occuLTE CATHOLIQUE (mystique), in-8,1898.

    VI. TRAIT DES ANTINOMIES (mtaphysique), in-8, 1901.VII. LA SCIENCE DE L'AMOUR(en prparation).

    (Les .Y.W ouvrages antrieurs de cette srie sont puiss.)L'ART OCHLOCRATIQUE, in-8, 1888.L'ART IDALISTE ET MYSTIQUE, in-8, 1894.LE THTRE DE WAGNER (les xn Opras, scne par scne),1895.

    D~~VE AUI'EUR

    La Dcadence latine (Etbope).I. LEVICESUPRME(1884).

    II. CURIEUSE (1885).HI.L'INtTtATtONSENTtMEN-

    TALE (1886).IV. A COEUR PERDU (1887).V.ISTAR(1888).

    Vt.LAVtCTOIREDUMAR;

    (1889).VII. COEUR EN PEINE (1890).

    VIII. L'ANDROGYNE (1891).IX. LA GYNANDHE (1892).X. LE PANTHE (1893).XI. TYPHONIA (1894).

    XII. LE DERNIER BOURBON

    (1895).XIII. FtNISLAT!NORUM(1898)X[V. LA VERTU SUPRME

    (1900).XV. PEREAT! (1901).

    XVI. MODESTtE ET VANIT

    (1903).XVJI. PRGRINE ET PER-

    GRtN (1904).XVIII. LA LICORNE (1905).XIX. LE NtMBE NOIR (1906).XX. POMONE.

    Les Drames de la Conscience (Plon).

    Amphithtre des sciences mortes.

    La Dcadence esthtique.

  • LA RPONSE A TOLSTO, in-8, 1898.INTRODUCTION l'histoire des peintres de toutes les colesdepuis les origines jusqu' la Renaissance, avec repro-duction de leurs chefs-d uvre et pinacographie spciale,in-4, format de Charles Blanc l'Orcagna et l'Angelico.

    LESXI CHAPITRESMYSTRIEUXDUSEPHERBERESCHIT,1891.LASCIENCE,LA RELIGIONET LACONSCIENCE,1893.LE PROCHAIN CONCLAVE (instructions aux cardinaux),1898.SUPPLIQUE'AU PAPE POUR LE DIVORCE, 1904.RFUTATION ESTHTIQUE DE TAINE (Mercure), 1906.

    7Y~A77}E

    LE FILS DESTOILES,comdie en 3 actes, le 19 mars 1891,aux soires de Rose -f- Croix, et le dimanche et le lundide Pques 1893, au Palais du Champ de Mars.

    BABYLONE,tragdie en 4 actes, les 11, 12,16, 17 et 19 mars1893, au Palais du Champ de Mars le 28 mai 1894, authtre de l'Ambigu, et le 30 mai au thtre du Parc, Bruxelles. Elle a t donne par Lady Caithness, duchessede Pomar en sa salle des ftes, le 5 juillet 1894.

    OEDIPEET LE SPHINX,tragdie en 3 actes, le 1" aot 1903,au thtre antique d'Orange, par les artistes de la Com-die-Franaise et de l'Odon.

    sMiRAMis,tragdie en 4 actes, le 34 juillet 1904, l'AMPHiTHATRE ANTIQUEDENIMES,sous les auspices du Syndicat d'ini-tiative des intrts rgionaux du Gard, par les artistes dela Comdie-Franaise et de l'Odon le 23 janvier 1905,pour l'inauguration du THTREANTIQUEDE LA NATURE,a Champigny (Darmont, fondateur), sous la prsidence deM. le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts,par les socitaires de la Comdie-Franaise le 12 aot1905, au THATREDELA BOURBOULE,sous la prsidence deM. le ministre des Colonies, par les socitaires de ta Co-mdie-Franaise.

    THATRE PUBLI

    LE PRINCE DE BYZANCE, 1892, puis.LE FILS DES TOILES, 1894, eptn'se.BABYLONE, 1895, puis.LA PROMTIDE, 1896.OEDIPE ET LE SPHINX, 1902, Mercure de France.

    sMiRAMis, 1904, Mercure de France.

    EN EA'~ECr~r/VE

    Drames CAGLIOSTRO,en cinq actes.CSAR BORGIA, en cinq actes.

    FRANOISD'ASSISE,en cinq actes.

  • Droits de traduction et de reproduction rservs pour tous pay.s.

    JUSTIFICATION DU TIRAGE

    ,~321 ~'i.7 6Y

  • INTRODUCTION

    Il faut avoir vu c'est le complment d'avoirlu. La Grce respire aux mtopes du Parthnonc.omme dans les tragdies de Sophoclel'gypte nous a lgu ses temples et non sestextes. On le comprend aujourd'hui le muse faitsuite la bibliothque et la connaissance desformes est ncessaire la comprhension desides.

    Jusqu' l'imprimerie, l'art a t l'expressionsentimentale de l'humanit, quel livre racontele moyen ge comme une cathdrale?A considrer les origines, elles sont toutes s

    orientales. Malheureusement ce trs lointainpass s'enveloppe d'incertitudes innombrables.Une vue panoramique de l'uvre orientale,en

    suivant l'volution, commence par l'gypte, au-rore de l'histoire, de la civilisation et de l'art,la Kalde vient aprs ces deux civilisationsmres ont tout invent, ides et formes.

  • LES IDES ET LES FORMES8

    Malgr son isolement la Chine occupe la troi-sime place, par sa date.

    Les Smites, Phniciens et Juifs reprsententla quatrime tape de l'humanit nos anctresindiens et persans apparaissent enfin.Comme l'archologie est une science en for-

    mation perptuelle et qu'une fouille heureuse,comme celle de M. de Sarzec Sirtello, ressus-cite d'un coup de pioche des milliers d'annes,on utilise des notions pour ainsi dire d'attente,sur les Aryas d'Asie Mineure, Chypriotes,Troyens, Hettens, Phrygiens, Lydiens et Ly-ciens.L'ancien monde tient mal dans un cadre si

    troit. Mais les monographies abondent pourceux qui veulent approfondir un coin du pass,tandis que le manuel prcis et synthtiquemanque.Ce livre est destin ceux qui veulent com-

    plter leur culture littraire par la connaissancede l'art ancien, envisag aussi bien dans son ca-ractre d'expression doctrinale qu'au point devue esthtique.

    L'art pour l'art est une conception trs r-cente. Jadis il exprimait des ides. On a donnles religions et les doctrines inspiratrices enmme temps que les uvres ralises.

    Ni lmentaire quoiqu'il contienne les l-

  • INTRODUCTION
  • LES IDES ET LES FORMES10

    Cette tude demande une application pluslongue. Combien de lettrs et mme d'crivainsillustres n'ont jamais su voir ? Erasme ne con-cevait pas qu'on s'extasit devant un marbregrec.

    Sans doute Lonard appelle justement le des-sin une langue universelle. L'enfant reconnatles objets avant de syllaber leur nom mais pourlui tout homme est unbon homme adolescentil s'intresse l'action du bonhomme, et pas en-core au torse bris du Belvdre. Aprs ses hu-manits, on comprend les histoires que l'art ra-conte, sans pntrer l'arcane de la beaut. Pour-quoi, de deux vases semblables de matire etsans ornementation, l'un passe-t-il pour chef-d'uvre et l'autre est-il tenu pour un vulgairepot? Pourquoi les arcades des rues de Bolognesont-elles nobles et celles de la rue de Rivoliquelconques ? Pourquoi une monnaie antiquemrite-t-elle l'admiration tandis que la ntreest voue au mpris ? Parce que la ligne de l'ar-cade, du vase, et le relief de la pice donnentl'impression d'un rythme parfait. Si on de-mande les rgles de ce rythme, personne nerpondra c'est littralement un mystre.

    Le Beau est le mystre des formes. Il fautdonc une initiation pour le comprendre enmme temps qu'une disposition.

  • INTRODUCTION n

    Les sciences imitables et quantitatives sontcelles o le disciple se fait gal son matre,comme les mathmatiques dit Lonard, mais les sciences inimitables et qualitativessont celles qui ne peuvent se lguer par hritageet o le disciple n'atteint jamais le matre. LaBeaut ne se prouve pas, elle s'prouve. Il y acependant des rgles pour la produire commepour la reconnatre. Ne d'une sensibilit admi-rable, elle s'adresse la sensibilit.

    En cartant la question d'individualisme, nos{.acuits dpendent de la culture que nous leurdonnons; et les vertus spirituelles comme lesmorales mritent l'pithte d'habitudes.

    A chaque tude, il faut des principes lascience s'appuie sur le phnomne, avec scu-rit l'art trouvera ses lois dans les chefs-d'uvre, phnomnes aussi vidents que ceux dela Cosmologie.

    L'esthtique serait dj une science consti-tue, si on l'avait considre indpendammentdes systmes philosophiques. On l'a traitecomme un annexe de la croyance, la baptisant etla paganisant tour tour, suivant qu'on frquen-tait la paroisse ou la Facult.

    Qu'est-ce que l'Art? La cration humaine.Dieu a fait l'univers (macrocosme), l'homme

    a fait le temple (microcosme) d'o les arts sont

  • LES IDES ET LES FORMES12

    sortis. Ce n'est pas tourdiment qu'on attribue il'homme la facult de crer? Les formes archi-tectoniques en tmoignent et si la caverne ainspir la crypte, l'arbre la colonne et la fortle vaisseau ecclsial, il restait beaucoup faire son gnie.Les relations des thmes naturels avec les

    uvres rentrent dans les spculations mystago-giques l'art n'est pas une activit propre notre espce, mais particulire un trs petitnombre d'hommes d'une espce surminente. Lemtier imite et rpte l'oeuvre d'art, l'industriela rpand. Une gnration de touche--tout ainvent cette ineptie les arts d'agrment , cequi conteste l'infinie dignit du vritable ar-tiste et la surnaturalit des chefs-d'uvre. Beau-coup de gens tendent des couleurs sur de latoile, cela ne permet pas de mconnatre qu'au-trefois le pinceau ouvrit le ciel nos yeux mor-tels et nous fit voir des visages d'ternit.

    Les plus dignes des hommes sont ceux quiexpriment l'humanit, et lui fournissent l'es-sence de sa vie spirituelle et les formes de sonrve. Les vagues gens qui exposent aux salonsannuels ne sauraient tre compris dans l'ordredes pasteurs esthtiques non plus que leprtre routinier ne saurait se muter la choriedes saints.

  • INTRODUCTION 13

    L'art est, de toute la manifestation humaine,le mode le plus bas et le plus niais ds qu'il sertde passe-temps.

    Moralement, il y a l'honntet trs diffrentede la saintet, esthtiquement l'uvre n'est quel'lment du chef-d'uvre. Les ouvrages mon-trent entre eux la mme distance que les hommes;mais tandis que ces derniers peuvent plaire parun mlange tel quel de qualits et de dfauts, lespremiers sont tenus prsenter un ensembleharmonique, une unit qualitative.La forme, langage prodigieusement synth-

    tique, tire de la ralit une abstraction nommeligne ou volume.Qu'est-ce qu'un monument, sinon un calcul

    de lignes et de volumes pour l'expression d'unevolont spirituelle? De l'aile de la fort et dela caverne une cathdrale, le travail de l'hommeapparat colossal. Qu'est-ce qu'une figure commele sphinx ou le taureau ail face humaine,sinon une combinaison philosophique de motifsnaturels pour la manifestation d'une ide? Duchat au sphinx, du taureau sauvage au gnie quigarde le seuil des temples, l'artiste, par des

    oprations quasi-divines, se haussa jusqu'aurle de crateur. Or, la comprhension de telsmiracles n'appartient pas tous, et nul ne les en-tend sans un effort.

    0

  • LES IDES ET LES FORMES14

    Pour un esprit philosophique, il n'y a vrai-ment dans le pass de l'humanit que trois his-toires de premier intrt l'histoire grecque,l'histoire d'Isral et l'histoire romaine. Ces troishistoires runies constituent ce qu'on peut ap-peler l'histoire de la civilisation, la civilisationtant le rsultat de la collaboration alternativede la Grce, de la Jude et de Rome. Qui ditcela ? un prcepteur du Dauphin, un prdces-seur du bon Rollin? Non, cette opinion qui por-terait l'estampille du XVIIe est celle d'unhomme qui passe pour un novateur et mme untmraire, qui a voyag en Syrie, qui s'est con-sacr aux tudes smitiques, Ernest Renan.Or, ni les ides, ni surtout les formes de

    ces trois civilisations ne sont originales. Israls'est tour tour inspir de la Chalde et de laPbnicie la Grce archaque ressemble l'gypte et Rome imita la Grce, ds qu'ellevoulut s'lever. L'historique demanderait desmonographies, la preuve esthtique se prsented'un coup et premptoire.

    Le paralllisme des ides et des formes de-viendra la mthode mme de l'histoire philoso-phique, lorsqu'un homme officiel la prsenteraau public. Pour en saisir l'importance, il faut se

    souvenir du thme hugolien dans Notre-Damede Paris, l'imprimerie a substitu les mots aux

  • !KTROUUCTION ]5

    formes et ferm l're synthtique pour ouvrircelle.de l'analyse et de la spcialisation la R-volution en dispersant les antiques commu-nions comme les corporations, a dtruit les mo-tifs de l'expression esthtique en mme tempsque les garanties d'excution. Aujourd'hui, l'artpour l'art, qui n'est pas une doctrine mais unfaitconsquentiel de l'tat social, quivaut unethorie de parler pour ne rien dire et en proposindividuels et inintressants.

    Des affinits lectives existent entre une ca-tgorie humaine et une catgorie d'ouvrageset les procs intents au nom du got opposentdes personnalits entre elles et non des vrits.Le sentiment joue un tel rle dans l'apprciationqu'il serait aussi fou de demander compte quelqu'un de ses prdilections que de ses pas-sions et la philosophie esthtique ne vautgure que par la richesse expressive d'un en-thousiasme souvent exagr.

    Toutefois, Platon a donn une asctique despassions base sur l'esthtique, lorsqu'il dit dese plaire d'abord la beaut parse, puis sasynthse, enfin sa moralit. L'volution de lapense se fait par un double passage du plansensible l'affectif et de l'affectif l'abstrac-tion.

    Il y a autant de mtaphysique transcendan-

  • 16 LES IDES ET LES FORMES

    tale dans un marbre que dans un trait d'Aris-tote, seulement, ceux qui lisent sont lgion au-prs du petit nombre de ceux qui voient.

    La Ncessit fut la premire muse; on ne lanomme jamais, l'homme croirait ainsi diminuer la fois son origine et son devenir, il ne veutd'autre preuve de son gnie, que son art, lacration dsintresse de la beaut. II oublievolontairement l'incommensurable effort quepatronna Promthe, pour s'enorgueillir d'avoirdcouvert la perfection.

    Car le plaisir esthtique rsulte d'une ren-contre de notre esprit avec un reflet de l'ab-solu rencontre d'une volupt surminente quel'art seul procure.

    trange condition que celle d'un tre qui nes'estime que dans la mesure o il sort de lui-mme et du prsent? Qui met son honneur sacrifier ses instincts des sentiments et supportetout pourvu que ses peines soient le prix d'unrve!

    Plus trange encore que nos maux et nosbiens positifs tiennent moins de place que ceuxque nous imaginons et que les seuls motifs quinous soient chers s'appellent des abstractions.

    L'apprhension et le regret torturent plus quel'vnement et l'homme domin par ses impres-sions autant que par les ralits, s'efforce d'af-

  • INTRODUCTION 17

    firmer son immortelle destine et comme la no-tion divine est le sommet de sa pense, il faitle Dieu, en crant son tour des formes rali-satrices de sa volont. Les grands artistes dontla psychologie nous est connue, ne dcouvrentpas tous un tat de conscience aussi transcen-dantal peu d'hommes savent ce qu'ils. font, soiten bien, soit en mal, et le gnie de l'humanit secache derrire le gnie individuel.

    L'uvre d'art renferme la manifestation ma-jeure de notre espce et la plus haute expres-sion de son dsir. Au lieu de lui imposer unsens doctrinal, mieux vaut l'entendre commeune exaltation de l'me.

    La tradition est le nom mtaphysique de l'ex-prience l'exemple qui prouve les rgles, le d-terminisme sensible.

    Ce qui est beau, emprunte ce caractre desmmes principes, d'un bout l'autre de l'histoireet l'esthtique offre sans cesse la manifestationde thories permanentes et propres son es-sence, en dpit des lieux et des races.

    La culture littraire suffit-elle un homme duvingtime sicle? Celui qui aurait beaucoup luserait-il l'honnte intellectuel ayant des clartsde tout? Non.

    L'admirable Racine qui traduisait Sophocle livre ouvert, devrait aujourd'hui connatre le

  • LES IDES ET LES FORMES18

    Parthenon et ses mtopes et Bossuet irait aumuse avant d'crire sur les gyptiens.

    Des exemples illustres montrent que le philo-logue peut se passer des longs et pniblesvoyages, et les textes testamentaires de l'espritse rvlent l'esprit qui les interroge l'uvred'art et surtout l'difice, je ne crois pas qu'onle puisse sentir d'aprs le livre qui ne se rvlepas en image. La terre qu'on foule, le ciel quiplafonne, l'air mme qui passe sont des tru-chements de la comprhension. Je n'ai comprisla Grce qu'au Parthenon et l'gypte qu'Thbes.

    Les textes reoivent de l'tude des monu-ments une clatante lumire. Bossuet, d'aprsDiodore, ne croit-il pas quele jugement de l'me,en Egypte, se fait sur la terre, et que le ver-dict consiste la permission ou au refus de laspulture ? Et depuis combien de temps sait-onque Paris ou baris, la ville qui a pour emblmeune nef, porte le nom de la barque sacre enEgypte?

    Pour juger du mrite d'une littrature, il fauten savoir la langue et en comprendre le texteor, la forme traduisant toujours une ide, on nedcidera de sa perfection que par la connais-sance de cette ide.Les formes sont nes des ides et leur servent

  • INTRODUCTION 19

    de corps, j'ai recherch comme divisions de cettetude panoramique les points synthtiques: troisrapports majeurs celui de crature crateurexprim par le temple, celui de la vie la mort,manifest dans le tombeau, celui enfin del'homme s'interprtant lui-mme. Cela conduita une histoire du temple du tombeau et de lafigure humaine.

    Ces catgories perdent leur importance sui-vant les poques. Le Pre-Lachaise n'a pas deproportion avec la ncropole memphite etles Halles aux draps d'Ypres galent en impor-tance une cathdrale la Renaissance les pa-lais l'emportent sur les glises. D'autre part, otrouverions-nous en Orient, des difices civilsde l'importance des Thermes de Caracalla oudes htels de ville flamands? Les divisions del're orientale ne conviendraient pas l'autre.

    Faut-il justifier cette mthode? L'homme nedpend-il pas surtout de deux notions, son ori-gine et sa fin et ses actes collectifs et surtoutesthtiques ne sont-ils pas ainsi dtermins ?

    Nous sommes habitus aux philosophies plusqu'aux religions les premires abstraites par-ticipent moins au temps, au lieu et la race.L'art fut sans cesse inspir par les religions quilui fournissaient des thmes autrement fconds.Il n'existe pas d'art philosophique parce que la

  • LES IDES ET LES FORMES20

    forme donne un corps aux mes et non aux con-

    cepts.Avant d'crire, l'homme dessina. Pour que le

    disque s'identifit au soleil, puis au jour, lavie, la victoire, la richesse et devnt un ido-gramme, une cl expressive, un hiroglyphe, ilfallut une longue laboration. Les rbus de nosjournauxitiustrsoucriture parles choses, cons-tituent des hiroglyphes phontiques. D'abordon abrgea les formes, un point fut un il, uneplume un oiseau, la convention intervint unetoile sous le croissant signifia le mois.

    Champollion, en lisant les noms de Brniceet de C!optre sur les cartouches royaux, d-couvrit un alphabtisme; du jour o la formedevint lettre, et qu'il y eut une criture, elle setransforma et commena sa vritable destinede ralisation optique.

    L'il, le sens magnifi par Lonard (i) au-dessus de tous les autres, a dot l'esprit d'unefacult spciale d'inventer les corps pour tousles sentiments ralisant pour tous l'impressiond'un seul.

    Cette facult n'a aucun rapport avec l'imita-tion qui n'est qu'un acheminement vers la con-ception artistique. La photographie a mieux

    (1)LOKAEDDEViNCf,Texteschoisis,p. 153.

  • INTRODUCTION 21

    servi la vritable esthtique que les spculationstranscendantales un instantan ne fournitqu'un document et jamais la beaut, quin'existepas plus que la vrit ou la justice, ou touteautre abstraction que l'homme conoit parcequ'il la contient. Toutefois, si la vrit, si la jus-tice ne parviennent l'vidence, la beaut s'im-pose et dfie le doute et la contradiction c'estle seul aspect de la perfection qu'il nous soitdonn de contempler.L'homme cr en 4138, postrieurement au

    grand Sphinx, le dluge universel en 3~82 autemps o les Elamites envahirent la Kalde, voilles dates pour i85o. Un immense horizon his-torique s'est rvl nous depuis un sicle.

    Les personnes mres ont appris l'histoire dansdes manuels forcment errons, puisque les d-couvertes de ces derniers temps taient impar-faites et l'tat de nouveauts pendant leurducation celui qui fit ses classes vers la findu second empire n'entend plus rien l'histoiregnrale, s'il n'a recommenc son instructionpar la lecture et le muse.

    L'oblisque de la place de la Concorde privde son pyramidon dor, de sa base propre, etperdu au milieu d'un trop vaste espace, ne donneaucunement l'effet rel qu'il produit en avantd'un temple l'architecture trapue.

  • LES IDEES ET LES FORMES22

    En gypte, les temples inonds de soleil parl'croulement des dalles de la toiture ne mani-festent pas le caractre mystrieux d'autrefoiso la pnombre rgnait dans le sanctuaire.Pour ressusciter des aspects aussi complte-

    ment abolis, un problme surgit chaque pas.Par exemple la colonne seize pans de Beni-Hassan est-elle le prototype du dorique ?

    Ce manuel runit dans un volume ordinairedes notions certaines, c'est--dire acceptes peu prs unanimement sur l'histoire des ides etdes formes. Ce ne sont que des aperus, mais ilsforment un index de l'volution humaine.Le dveloppement littraire qui seul cre l'in-

    trt de lecture devait tre banni d'un rsumqui englobe l'antiquit orientale, et l'Asie etl'Afrique.J'ai ajout l'Orient classique, la Chine et

    l'Inde, malgr que le travail historique sur cescivilisations soit encore incomplet et incertain.Les Ioniens adorateurs d'Athn sont bien lesfils des Yavanas, adorateurs de l'Athana v-dique, et Promthe porteur de feu est identique Pramantha le bois, qui sert incarner Agni.

    Quant l'empire du Milieu son antiquit bienplus haute que celle d'Isral, sa prochaine et re-doutable entre dans les intrts de l'Occident,l'imposaient.

  • INTRODUCTION 23

    La notion exclusivement littraire est souventfausse il faut avoir vu Jrusalem pour se rendrecompte de la disproportion prodigieuse entre laralit de cette ville et le prestige de son nom,tandis que, le Parthenon seul tmoigne pleine-ment du gnie d'Athnes et rend explicablel'pithte de barbare que les Attiques prodi-guaient tout venant.La connaissance du pass ne comporte pas

    exclusivement que les chefs-d'uvre et l'tudelivre au lettr autre chose que des merveilles,un complment d'information sur les races quijourent un rle dans l'univers.

    Isral n'a point d'art qui lui soit propre maisil est intressant de connatre comment ce petitpeuple si littraire construisit son temple.

    La Phrygie ne nous livrera rien d'admirable,pourtant notre mmoire s'intresse Tantale, Niob. N'est-ce pas le vainqueur de Tantale,Ilos, qui fonde Troie? N'y a-t-il pas, parmi lesmodes grecs, le phrygien? Cyble est phry-gienne comme Dionysos est thrace. Cela suffitpour que les ruines de ces pays nous intres-sent.

    Dans un cadre aussi restreint, on ne traiteaucune poque fond, on les marque toutes,de faon compenser par l'ensemble panora-mique la brivet de chaque section.

  • LES tDES ET LES FORMBS2~

    Rien n'est aussi ingrat que ces indicationsprcises o l'crivain disparat et rompt saphrase pour gagner de la place peut-tre aussi,rien de plus utile que ces quelques renseigne-ments srs et clairs, dans leur aridit.Ce point pratique, le lecteur devra l'envisa-

    ger pour se montrer quitable envers cet essaiqui n'est ni une histoire ni une archologie, niune esthtique, et qui cependant runit quel-ques traits de chacune de ces sciences proposde chaque famille humaine.

    Ni scolaire quoiqu'il contienne les lmentsde l'archologie; ni d'enseignement transcen-dantal quoiqu'il tende des conclusions syn-thtiques ce livre est corollaire des ancienneshumanits et s'adresse ceux qui ont dj lu etqui veulent tendre le domaine de leurs connais-sances. Plus qu'un rsum, moins qu'un trait,c'est un outil de travail, propre faciliter le d-veloppement du sens esthtique.

    L'oeuvre d'art illustre plutt qu'un texte, unecroyance, et qui ignore la thorie gyptiennedu devenir ne comprendra ni la pyramide, ni lecolosse. L'art ralise une pense, j'entends l'artancien le ntre ne manifeste plus qu\me per-sonnalit. Comment comprendre les taureauxails de la Babylonie, ces gnies protecteurs duseuil, si on ignore la pullulante superstition de

  • INTRODUCTION 25

    ce pays o la vie mentale tait tout occupe craindre et conjurer les mauvais gnies ?II est donc ncessaire d'exposer l'ide gnra-

    trice en mme temps qu'on montrera sa forme.Quant aux divisions elles changent avec les

    races, la tombe qui tient tant de place dans lavalle du Nil, n'offre aucun aspect au bord del'Euphrate la peinture si fconde dans notrere n'est qu'une polychromie architecturale enOrient.Enfin, il y a quelque abngation crire pour

    dix annes au plus. Dix ans font de tout travailarchologique une inutile vieillerie.

    Un seul coup de pioche Ereck a rvl lastatuaire katdenne et M. de Sarzec a ajout l'histoire des civilisations primitives un chapitrecapital mais les ttes dcouvertes, ces ttesrases aux pommettes saillantes sans rapportavec la race smitique se dressent en nigmes.A quelle race appartient ce type?

    Les dcouvertes n'claircissent pas les pro-blmes, elles en multiplient les termes et forcent procder par formule dubitative, moins dese contenter de mots sans ralit.La Tour de Babel est l, sous le nom de Birs

    Nimroud, et si la curiosit tait vive on attaque-rait avec fruit cet amas de dcombres. Unefouille de ce genre et aussitt le prsent livre ne

  • LES IDES ET LES FORMES26

    vaudra plus rien les points encore douteuxseront claircis, d'autres qui semblent clairss'obscurciront.

    Deguignes n'a-t-il pas crit Les Chinois nesont qu'une colonie gyptienne, je l'ai prouvdans un mmoire lu l'Acadmie et encore, dumme On a trouv dans la langue sanscrtanedes mots grecs et latins , et cependant c'tait unsavant. Le premier, il vit l'origine gyptienne ethiroglyphique de l'alphabet phnicien.

    Philarte Chasles n'tait pas un imbcile et ila crit que l'Inde tait fille de la Grce.Le fait le plus important de l'archologie est

    assurment la ruine du prestige smitique, ilentrane des consquences incalculables.La sparation des deux Testaments ne ren-

    contre plus qu'une opposition disciplinairepour ceux qui croient la Divinit du Christ,Iahv est un horrible Dieu; et le rle cor-rupteur de l'lment juif dans notre civilisationpoussera les Aryas connatre leurs origines et invoquer le Mrou au lieu du Sina.

    Un prochain clerg retrouvera les anctresdans ceux qui insrrent dans l'Avesta, leVerbe fils du pre et leur coexistence avec l'es-prit et qui abolirent le sacrifice sanglant, don-nrent aux moines leurs prototypes, dans lesordres mendiants de l'Inde Boudhique car

  • INTRODUCTION 27

    suivant la nave exclamation du missionnaireBury en Chine II n'y a aucune pice de notrehabillement, aucune fonction sacerdotale, au-cune crmonie de l'glise romaine, dont lediable n'ait invent une copie en ce pays .Les inventions prtendument diaboliques se

    trouvent tre les vritables originaux d'aprs les-quels, le gnie Aryaque a su s'lever au-dessusde ses matres et ayant reu tous les modles,les surpasser.

  • SOURCES GNRALES

    Atlas de l'histoire de /'a~. Premire partie, 100 planches,diteur Seeman, de Leipzig, 1900.Ce recueil, d'une commodit incontestable, donne la

    meilleure et surtout la moins coteuse suite de figuresncessaires l'esthticien. La librairie franaise nepossde rien d'quivalent.PERROT et CHipiEz, Histoire de l'art dans l'antiquit,6 vol. gr. in-8 illustrs. Paris, Hachette, 1882-1901.

    EDGARQUINET, le Gnie des religions.GABRIEL SAILLES, Essai sur le gnie dans l'art.EMILE MiCHEL, Essai sur l'histoire de l'art.PELADAN, /!e/u~a~'o/: esthtique de Taine.J. RUSKIN, les Sept Lampes de l'architecture.BoscH, Dictionnaire d'architecture.BATissiER, l'Art monumental.MASPERO, Histoire ancienne des peuples de /'0~'e~! c/a.~sique, 3 vol., 1895-1899.

    GusAVE LEBON, les Premires Civilisations.LENORMANDet BABELON, Histoire ancienne de l'Orient,9~ dition, Paris, 1885.

    .CAROTTI, Cours lmentaire d'histoire de l'art, 2 vol.avec 1.000 gravures, Hpli, Milano, 1907.Ces ouvrages contiennent les indications bibliogra-

    phiques d'une tude plus approfondie.

  • LE PR-HISTORIQUE

    i. L'humanit primitive e~'ap/'es la Gense.

    Dans une tude o l'on envisage l'oeuvre hu-maine il n'y a pas tenir compte de la cosmolo-gie mais l'art n'tant qu'uneforme sensible de lapense, il convient de citer la fable la plus belle etla plus gnrale, comme type d'invention. Que leBereschit s'accorde ou non avec l'Acadmie dessciences, il donne un pome complet de la cra-tion, en une coordination curieuse. D'antiquestraditions, Kan et Abel, Henock et Worad, Mel-housael et Lamech, que sont-ils ? videmment,des allgories dont nous ignorons le sens.Dans le livre des gnrations adamiques, il y

    a autre chose qu'une rverie, un legs d'une con-ception trs vnrable. Sem, Cham et Japhetdont on a fait des prototypes de race reprsen-tent peut-tre des priodes volutives.

    MOLOGM?

  • LES IDES ET LES FORMES33

    Quoique le texte de la Gense (Sepher Beres-chet) ne nous soit parvenu qu'en langue hbra-que, il est de toute vidence que Mose n'en estpas l'auteur, tout au plus le copiste. Le tenait-ildes prtres gyptiens qui l'levrent?

    Serait-il vrai que l'hbreu ait servi de languesecrte au sacerdoce pharaonesque et que Mosel'enseigna comme langue nationale cet amassmitique dont il fit un peuple? Comme la Biblea servi de base la totalit des livres occiden-taux, qu'elle fournit, tort ou raison, la base dela croyance et de la recherche, il fallait la citer.Aussi bien les autres versions de l'humanitprimitive sont moins plausibles encore.La traduction qu'on va lire, et qui a eu pour

    point de dpart celle de Fabre d'Olivet, ne pr-tend pas claircir un texte nigmatique de faonsatisfaisante, mais seulement avancer un peuvers le sens probable et rationnel.

    Gense, C. IV

    v i. Et le principe Adamique copula avec le prin-cipe Hwaque, son complmentaire; et il en rsultale principe Kanique, force centripte. Hwa ditalors J'ai acquis un nouveau principe hominalselon loh. v 2. Hwa, c'est--dire la passivit d'Adam, com-

    plta sa manifestation en enfantant Habel, force cen-

  • LE PR-HISTOniQUE 33

    trifuge, principe parallle Kan; or Habel, devaitprsider au macrocosme (cosmos) et Kan l'volu-tion du microcosme (adamit) ou terrestrit.

    v 3. Le principe Kanique projeta vers Ihoah uneffort conforme l'Adamit mais dpassant l'actuellestase phnomnique.

    v Habel lui aussi, des prmices de son activitcosmique projeta son effort galement l'tat dequintessence; et Ihoah confirma l'effort d'Habel etl'agra comme harmonique son verbe.

    v 5. Ihoah ne confirma pas l'effort du principeKanique et ne l'agra pas comme harmonique sonverbe et sitt le principe Kanique se contracta,s'embrasa et ses manifestations strilises cessrent.v 6. Alors Ihoah dit au principe Kanique: Pour-

    quoi t'es-tu contract en t'embrasant et pourquoi as-tu cess ta manifestation.

    v 7. Si ton effort est harmonique tu es confirmfit si tu n'es pas confirm c'est que ton effort estinharmonique. Et cela se voit tes manifestations.Ou la dsharmonie t'entrane en son vertige ou bientu te complais y cder.

    v 8. Alors l'entit Kanique projeta sa norme versson parallle Habel; c'tait pendant une laborationnormonique o tous deux agissaient ensemble leprincipe Kanique exaltant sa substance, absorbale principe Hablique, son parallle.v 9. Ihoah dit au principe Kanique O est le

    principe Hablique, ton parallle ? Et Kan dit< Le sais-je; suis-je son gardien?

  • LES JOES ET LES FORMES3-t

    v in. Ihoah dit: Qu'as-tu fait? La srie volutive Hab!ique s'lve vers moi rclamant son principe qui tait ton parallle.v 11. Dsormais tu seras maudit par ce principe

    Hablique, lequel a d subir une douloureuse

  • LE PR-HtSTORIQUE ~0

    v ly. L'lment Henoch se modalisa, son tour, enWorad (nergie diffuse).Worad se modalisa en Mthousal (force concr-

    tive extrieure); Mthousal se modalisa en Mthou-sal, force dissolvante intrieure.

    Enfin Mthousa!, la force dissolvante intrieurese ralisa en Lamech (l'agglutinatif, le cohsif).v 18. Le cohsif Lamech se combina avec deux

    facults cosmiques Wadah, la rgularit phnom-nique, et Tzillah, la potentialit latente (cyntisme).

    v 19. La potentialit latente Tzillah se modalisaen loubal (la production fertile) la germination de laterre, la force distributive et qui fermente.v 20. Et la parallle de loubal, le producteur fertile

    fut Tubalkan, c'est--dire cette mme productionfertile transporte dans le monde inorganique et in-visible des affinits. Tubalkan avait pour paralllepassive Nahamah le principe sriel.v 21. Alors Lamech, le cohsif, dit ses facults

    cosmiques, Wadah, la rgularit phnomnique, etTzillah, la potentialit latente coutez, modalitsde Lamech, entendez mon verbe; j'ai dissous lesindividualits, de la substance pour la dilatation demon principe et l'volution de mes modalits.v 22. Comme il a t dit que toute opposition au

    principe Kanique septimerait sa force, toute opposi-tion l'lment Lamech, l'exaltera septante fois septfois. v a3. Cependant l'Adamit copula avec son passif

    Hewaque et Hewa enfanta de nouveau un principe

  • LES IDES ET LES FORMES36

    du nom de Seth, et elle dit Suivant son nom ilsera la base de mes gnrations a, car les tres dl-gus de l'Etre avaient rsolu la naissance de Sethpour tenir la place de Habelque le principe Kaniqueavait absorb (vaporis).v 2~. Et Seth engendra son tour et nomma sa

    modalit ~Enosch (l'homme propre voluer) et dslors, l'Adamit enfin sortie des laborations cosmi-ques espra et connut en son cur son Dieu,et cra-teur, Ihoah.

    Gense V

    v i. Voici le livre des gnrations Adamique?. Lestres dlgus de l'Etre, en concevant la cration del'espce humaine avaient ds lors dtermin la loi deson volution.v 2. Ils crrent l'espce humaine androgyne et

    l'appelrent Adamit, ils la bnirent et la nommrentds l'abord, du nom sriel Adamit.v 3. Aprs une priode de trois dcuples et une

    centaine, l'Adamit, grce sa facult assimilatrice,gnra d'aprs elle, projetant son ombre en ralisa-tion une entit qu'elle nomma Seth.

    v 4. Aprs que l'Adamit eut gnr l'entit Seth,elle volua pendant huit centaines ontologiques,gnrant encore des activits et des passivits.

    v 5. Et les priodes ontologiques de l'Adamitatteignirent neuf centaines et trois dcuples et l'Ada-mit fut absorbe.

  • LE PR-HISTORIQUE 37

    3

    v 6. Mais Seth (le fondement) existait depuis cinqpriodes ontologiques et une centaine lorsqu'il gnraj~Euosch (l'homme volutif).

    v y. L'entit Seth volua encore aprs la gnra-tion ~Enosch sept. priodes ontologiques et huit cen-taines et il gnra encore des activits et des passi-vits.

    v 8. Or l'ensemble des priodes ontologiques del'entit Seth furent au nombre de deux et un dcupleet une centaine et il fut absorb.

    va. Cependant ~Enosch (l'homme volutif) existait

    depuis neuf dcuples ontologiques lorsqu'il gnral'entit Kanan.v 10. ~nosch exista encore aprs cette gnration

    pendant cinq priodes, un dcuple et huit centaines;il engendra des activits et des passivits.v n. Or l'ensemble des priodes ontologiques de

    l'entit j~Enosch atteignit cinq priodes et neuf cen-taines et il fut absorb.

    v 12. Kanan existait depuis sept dcuples, quandil gnra Mthousal le splendide.

    v i3. Et Kanan exista encore aprs, pendantquatre dcuples et huit centaines, et il engendra desactivits et des passivits.v i~. Or l'ensemble des priodes ontologiques de

    l'entit Kanan fut de dix priodes et neuf centaineset il fut absorb.

    v t5. Cependant le splendide Mthousacl existait

    depuis huit priodes et six dcuples quand il gnraIred (analogue Whorad, modalit de Kan).

  • LES IDES ET LES FORMES38

    v 16. Et Mthousal exista encore, trois dcupleset huit centaines et engendra des activits et despassivits.

    v ty. Ainsi, l'ensemble des priodes ontologiquesde l'entit Mthousal fut de cinq priodes neufdcuples et huit centaines et il fut absorb.

    v 18. Cependant Ired avait exist pendant deuxpriodes, six dcuples et une centaine lorsqu'ilgnra ~Enosch.

    v ig. Or Ired exista encore aprs huit centaines etil engendra des activits et des passivits.

    v 20. Ainsi l'ensemble des priodes ontologiquesde l'entit Ired atteignit deux priodes, six dcupleset huit centaines et il fut absorb.

    v si. Cependant JEnosch avait exist pendant cinqpriodes et six dcuples lorsqu'il gnra Mthousal(le mouvement de la mort).v 22. Or ~nosch suivit les enseignements des

    OElohim et il exista encore trois centaines, apr&avoir gnr et il produisit des activits et des passi-vits.

    v a3. Or l'ensemble des priodes ontologiques del'entit .~Enoch atteignit cinq priodes, six dcupleset trois centaines.

    v a4 Il s'eHorca. l'imitation des OElohim et sesublimisa; et il entra dans la sphre spirituelle.v 26. Cependant Mthousal existait depuis sept

    priodes, huit dcuples et une centaine, quand ilgnra l'entit Lamech.v 26. Or Mthousal exista encore aprs deux

  • LE PR-HISTOniQUE 3~

    priodes, huit dcuples et sept centaines et il gnrades activits et des passivits.

    v 27. Ainsi, l'ensemble des priodes ontologiquesde Mthousal, atteignit neuf priodes, six dcupleset neuf centaines; et il fut absorb.

    v 28. Lamech existait depuis deux priodes, huit d-cuples et une centaine lorsque qu'il engendra un fils.

    v ag. Il le nomma Nouah (l'quilibre hominal) etlui dclara sa pense Celui-ci nous soutagera denotre effort et de ce qui l'augmente, en cette sphreAdamique qui volue sous la svrit de lohah. v 3o. Lameeh exista encore aprs cinq priodes,

    neuf dcuples et cinq centaines et il gnra des acti-vits et des passivits.

    v 3t. Ainsi l'ensemble des priodes ontologiquesde Lamech atteignit sept priodes, sept dcuples etsept centaines et il fut absorb.

    v 3a. Nouah (l'quilibre hominal, l'homme voluqui tait le rsultat de cinq centuples priodes onto-

    logiques), gnra Sem, le corporel, Cham, l'animi-

    que, et Japhet, l'intellectuel expansif.

    ~2. La Forme primitive.

    Sous les noms successifs de monuments drui-diques, celtiques, mgalithiques, on dsigne desouvrages singuliers, sans aucune indication dedate ni de race.

  • LES IDES ET LES FORMES10

    Sont-ils contemporains de l'aube gyptienneet kaldenne ou antrieurs ou postrieurs?

    Ils affectent deux formes.Le mene-hir ou ~eH/u/t, pierre verticale, pro-

    totype de l'oblisque (Pennmark).Le dolmen ou pierre horizontale pose sur

    deux verticales, prototypes de la porte et du por-tique, de l'autel. Une suite de mene-hirs demoyenne dimension forment les alignements c-lbres de Karnach (Morbihan). Une successionde dolmens juxtaposs constitue une alle cou-verte (Saumur). Les cromlechs sont des pierresarranges en cercle. Tous ces ouvrages sont-ilsfunbres ou religieux? A une poque primitive,ces deux ides d'evaient se fondre.Leur caractre essentiel consiste dans le rap-

    prochement ou la superposition de gros blocsbruts sans aucune maonnerie.

    En gypte, les tombes de la quatrime dy-nastie ont a droite et gauche de la porte depetits mene-hirs calcaires d'un mtre, tandis quecelui de la reine Hatshopsitou, Karnach, atteint t33 mtres. Au quatrime sicle de notre re, on re-trouve encore le mene-hir, Axoum (thiopie).

    ~T~o~ese. La plus haute antiquit se ren-contre au delta du Nil et celui de l'Euphrate.Toutefois la civilisation a remont le fleuve

  • LE PR-mSTOHtQUE 41

    au lieu de le descendre ce qui induirait penserqu'elle y a t apporte par mer et toute faite,puisque l'uvre memphite s'affirme la plus par-faite de toute l'gypte.

    D'aprs les traditions, le fameux dluge auraitenglouti un continent, l'/U/a/tht/e, qui portaitalors une civilisation complte; et la race Atlanteou rouge, disperse par le cataclysme se retrou-verait prospre vers le Nil, moins nombreuse etvite mlange en Kalde, errante et dsemparesur la cte Armoricaine, stupfie et dchue dansl'Amrique du Nord.Cette hypothse qui engage et la gologie et

    la palontologie ne recevra jamais de solutionmais les relations de formes entre les mgali-thes et les types gyptiens s'imposent.On suppose encore que ceux qui devaient se

    fixer au Nil abordrent d'abord au delta du Ti-gre et de l'Euphrate et ne trouvant pas ce lieumarcageux propice leur tablissement, quit-trent en grand nombre le delta persique, traver-srent le dsert, et se fixrent l'autre delta.Je crois utile de donner ici l'ethnologie bibli-

    que pour la commodit du lecteur tous les li-vres la discutent, quand ils ne l'adoptent pas.

  • LES IDES ET LES FORMES42

    ~3. Identification /nsfor~ue des fils de TVo.

    v i. Or voici les gnrations manes des Noahi-des, selon la prdominance en eux d'une des troisfacults; les Shemides, les Hamides et les Japhe-tides voici les subdivisions de la prdominanceexpansive d'icelles, aprs l'intumescence des eaux.v 2. Voici donc les tribus JaphetidesCogner (Kimmriens, Kersonse Taurique; en assy-

    rien Gimirra; Trako-phrygiens tablis des deuxcts du Pont-Euxin, Cappadoce).

    ~e~oy (Scythie, prophtie d'Ezechiel, il parle deGagie, le Gog du prophte).Mada'i'(Medie).Yavan (Yavanas, ioniens).ru6a/(Asie Mineure, Tibadniens).Mouschki (Moschiens, Cappadoce, Haut Euphrate).Thiras (Taurus, Cilicie ou Thrace?)v 3. Les peuplades manes de GomerAshkaniens (nord de la Phrygie, Ashkagne fils

    d'Ene ou Phrygie).Ripha (Paphlagonie, monts Riphes).Toghorma (au nord de la Syrie Armnie Occiden-

    tale, tradition Thorgome, anctre).v li. Les Ben Javan (Ioniens).Elischah (Eoliens?)Tarsis (Touirscha, Tursans ou Glages Tyrherdas,

    cte Asie Mineure, les de la Mer Ege).

  • LE PR-HISTORIQUE 43

    A7~m (Chypre ou ville de Kit).Dodanim (Samaritain Rodanim, les de Rhodes et

    Cariens).v 5. Ainsi par ces expansions populeuses, l'huma-

    nit tablit des centres civilisateurs chaque raceobissant sa propension et se constituant en tat,suivant ses apptences diverses.v 6. Les peuplades manes d'H'am furentH'am (race brune, gypte, Phnicie et thiopie;

    actuellement Nubiens, Abyssins et Touareg avecune sous-race gypto-Berbere), gnra quatre peu-plades.

    Kusch (le Nil, sud de la Nubie et de la merd'Oman aux embouchures de l'Indus).Misraim (Egypte).Pu~/i (Lybie fleuve Fut, en Mauritanie, Pount, cte

    africaine des Somalis et cte orientale de l'Arabieheureuse).Kanaan (Phniciens).v y. Les Bene-Kusch se subdivisrent enSba (Sabata de Ptolme, rive occidentale de la

    mer Rouge).~4u

  • LES IDES ET LES FORMES44

    Dadene (Iles Bahrenes).v 8. De Kusch sortit Nimroud namarud (splendeur),

    en lui commena la royaut. H s'tablit puissammentsur la terre. H dressa son orgueil de conqurantdevant l'ternel et depuis l'on a dit proverbialementcomme Nimroud le conqurant qui oppose son des-potisme la face de l'ternel.

    II rgna sur Babel (Babilou). Ereck (Eridou). Ac-cad et Kalan au pays Schinaar.De ce pays sortit Assour. Il btit Niniye.Rhobothhir, Kalsk, Resen, cit entre Ninive et

    Kalak, c'est la grande ville, btie en i3oo par Salma-nasar.v i3. Les Bene Misraim furent:Les Ludim (gyptiens), Lot la race par excellence.Les ~Ina/n/M (Les Anous des inscriptions de Den-

    drah et d'Ermonthis).Les Lehabim (Labou, Lybiens).Les~Vap/u/n (Memphis, Na-phtah).Les Patrusim, Thbade. Pathrouscites (Thbade).Les Casluhim, pays du natron, Hesmen,nomelybi-

    gades d'o sont'sortisLes Philistim (Phniciens).Et les Caphtorim (le de Kaphthor, la Crte).v i5. Les Bene-Kenahan engendrent Sidon, idon

    (Phniciens).Heth (Kthae, Hatti, Hittim).v 16. Et les lebusiens (Yebous, plus tard Yerous-

    chalaim).Les~/KO/'e'e/s (Montagnards d'Ephram et deJuda).

  • LE PR-HISTORtQUE 45

    3.

    Les Gu/e~e/:s (Kanaan?)v 17. Les Huiens (Hivi, Sichem et mont.Hermon).Les Arkiens (Arka, Liban).Les Siniens (Liban).Les Aruadiens (Arvad, Aradus classique).Les y~e/7!ar/e/!s (imirra classique).Les 77a/Ka//e~s (Hamath, vaUe de t'Oronte).v ig. Ensuite les tribus Kananenes se dispersrent,

    elles atlrent du ct de Ghurar.Jusqu' Gaza et jusqu' Lexha du cte de Sedom,

    Ghamora, Adma, eboim, Lescha.v 20. Telles sont les gnrations de H'am selon

    leur race et leur progression.v 21. Les Ben-Shem, les frres du splendide

    laphet furent:v 22. Elam, Suzian ou Elimas grec, entre le Tigre

    et la Perse.~!ssu/ Assyrie.~)/!a /~as~ (Limitrophe du Kalden).Lud (peuple de Lot, ~Egyptiens).v 23. Aram (Syrie mridionale).Les Bene Aram furent:Usts (au nord des D'om).7:/t;/ (sur le lac Mro).Gueter (Huree).~aec/i (Mexene).v 2~. ~4/'p/:a~aze~ engendra Schlasch qui alla vers

    l'occident et Schlasch engendra Hber au del del'Euphrate, hbreu.

    Hber engendra Peleg (division).

  • LES tDES ET LES FORMES46

    Son frre s'appelait lokthan (canton au nord del'Ymen.

    v 2&. lokthan engendraAlmodad (partie du Hedjaz).Scheleph (Salapeni grec).7~C!~sarmaue~ (Schatramotites).lerak (Alilens).v 27. Iladoram (Adramites).~a/ (canton de Ymen).Dikla (pays de palmier).v 28. Obal (Gebanitae de Pline, r0. de l'Aouzal).Abimael (canton de Mahrah, Mali).Sba (Saben, Arabie heureuse).v 29. Ophir (Ymen).Havila (Ymen, l'orient de Aden).Yobab (Yobar, Arabie mridionale).v 3o. Telle fut la distribution des peuples sur la

    terre depuis l'homme volu jusqu' la forme socialeet civilise.v 3i. Tels les peuples de Sehm suivant leur race

    et leur succession, leur lieu et leur tendance.

    4. C/asst/:ca~o/! anf/:ropo/o~!gue.

    L'anthropologie fournit une nomenclaturepurile, comme des sauvages la concevraientelle divise leshommes en blancs, jaunes et noirs.Cette ineptie, digne d'un planteur, ne devrait pas

  • LE PR-HISTORIQUE 47

    sortir de la conversation courante. La colora-tion du pigment change avec le climat lesimple passage du midi au nord suffit plir levisage en quelques gnrations.

    Les dsignations de formes valent mieux quecelles de couleur le prognathisme ou avance-ment de la mchoire suprieure est bien un stig-mate de race.Quant aux dsignations de source gographi-

    que, elles ont le tort de donner chaque typeun point de dpart sans aucune historicit.

    Qu'est-ce quec'estque la race borale?Cellequiest intermdiaire entre les blancs et les jaunes

    La race Altaque comprend les Japonais et lesLapons!Voulez-vous tre inform sur la race malayo-

    polynsienne ? Elle participe la fois du typengre, du mongolique et du blanc

    On est arriv dcrire dix familles humainesavec cette prcision.La classification linguistique seule prsente

    de la sret pour l'tude de l'homme civilis, pen-seur et artiste l'humanit se divise par ses u-vres et se classe suivant leur date.

    C'est en Afrique qu'elle apparat d'abord sousles traits de l'gypte et d'une race particulire,rouge (?)Atlante (?), en tout cas diffrente des au-tres et antrieure toutes.

  • LES !DES ET LES FORMES48

    L'gyptien n'est ni mongol, ni smite, niarya.Le second acte de la civilisation se passe en

    Kalde, ayant pour protagoniste un lmentjaune (?) mongolique (?) touranien (?) et pourcriture le systme cuniforme, visiblement ap-parent aux caractres chinois.

    Le troisime acte a lieu encore en Kaide,l'lment smitique se mle l'lment toura-nien et forme l'Assyrie. C'est la premire civili-sation smitique. La Phnicie sera la seconde,la Jude la troisime, l'Arabie musulmane la der-nire.Au quatrime acte, la race Arya (Inde et Perse)

    se montre et entre en contact avec les lmentssmitiques et touraniens.

    5. //tcer/~u

  • LE PB-HtSTOHIQUE 49

    C'est la France qui a dcouvert l'gyptel'expdition de Bonaparte donna lieu une publi-cation splendide, et Champolliondevina l'nigmedu hiroglyphe.

    Botta et Layard retrouvrent Ninive et l'As-syrie.C'est encore la France qui, avec M. Renan, a

    le mieux tudi la Phnicie.Enfin, le fameux mot du prtre Svate Selon

    0 Grecs vous n'tes que des enfants , ne prendson sens que des nouvelles dcouvertes qui ontressuscit l'histoire et l'art de la Mditerrane.Traant une ligne partant de Memphis, joi-

    gnant le delta du Nil et de l'Euphrate, englo-bant l'Asie Mineure et revenant par la Phniciesur les les, le lecteur se demandera pourquoion laisse de ct la Haute Asie, la civilisa-tion du Gange et celle du fleuve Jaune, puisqueles Ioniens sont fils des Yavanas, que Ahana(l'aurore) fut le premier nom d'Athena et quel'identit des trigrommes de Fohi avec les cu-niformes, et celle des races kaldennes et tou-raniennes ne font plus de doute.

    D'abord, les rapports de guerre et de com-merce entre la Haute Asie et l'Asie Mineuren'ont pas t tablis avec sret. L'histoire ac-tuellement touche l'Inde comme a faitAlexandre,mais ne la conquiert pas non plus. Nous savons

  • LES IDES ET LES FORMES50

    que certains hymnes du Veda remontent auquatorzime sicle avant J.-C., mais nousne connaissons pas de monuments de cetteantiquit. La Chine, pays ferm et sans contact,se dveloppa par sa propre force, sans expan-sion.Peut-tre, dans un sicle, force de dchiffre-

    ments et de fouilles, trouvera-t-on la placeexacte desHindous et des Chinois dans l'histoirede l'art actuellement on aligne des hypothsessans preuves on expose un systme plus oumoins probable et non le constat de l'exprience.

    II se produit dans les tudes historiques unphnomne singulier. Tant qu'on ne possdeque des notions gnrales, elles satisfont parune espce de prcision apparente le manuel,en isolant les racespar ses chapitres, leur donneune physionomie saillante et soulageante pour lammoire.

    Ds que le document se multiplie, l'incertitudese lve chaque pas. Et d'abord ni la nomencla-ture biblique ni mme les divisions anthropolo-giques n'offrent de sret. Appeler les gyptiensdes Koushites, c'est dire ce qu'ils ne sont pas,et non ce qu'ils sont de mme pour les toura-niens qui forment la premire couche de la civili-sation kaldenne.

    M. Halvy a protest notamment contre la

  • LE PRE-HISTORIQUE 511

    consanguinit des Isralites et des Phniciens,que la langue et le gnie apparentent double-ment, physiquement et moralement. Un auteurdoit prendre parti, dans le cas de certitude; au-trement il s'abstiendra. On peut se tromper, onne doit pas tromper.

    Le dfaut du livre scolaire inhrent sa des-tination, c'est d'offrirala mmoire des assertionsde fantaisie et des tableaux isols les civilisa-tions se prsentent comme les fresques de Che-navard, en groupements synthtiques, absolu-ment faux.

    La chane de l'volution, que l'anneau soitde fer ou d'or pur, ne s'interrompt pas, au grde la composition livresque. Qui expliquera com-ment Paris, le Paris de la Tour Eiffel et de l'au-mobilisme ait pour armes la barque d'Isis, labarque d'Abydos, et que l'aigle deux ttes deRussie provienne d'une sculpture htenne?

  • L'Egypte est un don du Nil, dit Hrodote, leplus ancien voyageur de cette contre et Mas-pero l'Egypte n'est qu'une bande de terre v-gtale tendue travers le dsert, une oasisallonge au bord du fleuvePrimitivement, la Mditerrane baignait le

    plateau sablonneux o se dresse le Sphinx;l'embouchure du Nil se trouvait au nord deMemphis. Le golfe se combla graduellementavec la terre charrie des monts abyssins, enformant des marais comme ceux du delta du

    JD~Af/~E PARTIE

    L'GYPTE

    CHAPITRE PREMIER

    GNRALITS

    i. Le pays.

  • LES IDES ET LES FORMES~4

    Phne. Au temps historique, le fleuve sejette la mer par trois branches, plusiaque, sebnny-tique et canopique et forme jusqu' quatorzebouches (Pline).

    Le fleuve est tout dans ce pays d'une seulevalle qu'il inonde, tous les ans, par ses crues.Sous le nom d'Hapi il tait dieu. On dit H-rodote que le pays tait encore sous les eaux, ia premire dynastie. Nulle part la gographien'a aussi profondment dtermin la pensed'une race, isole par la mer et les dserts. LaBasse gypte comprend le Delta et la Hautes'tend jusqu' la premire cataracte.La couronne blanche (midi) et la rouge (nord)

    forment le pschent du pharaon.Le paysage gyptien a deux aspects gran-

    diose et serein l o passe la majest vivifiantedu Nil morne et fataliste ds qu'on ne voitque la terre, c'est--dire le dsert.Lacoloration dusoltonne t'it, c'est moins

    de la terre que de la cendre. Cette contre quinous a lgu surtout ses ncropoles semble sablede ses propres ossements; on dirait un poudroie-ment de momie.

    La srnit du ciel, la scheresse de l'air,l'absence de pluie font de ce pays un sjour en-chanteur.

  • L'GYPTE 55

    2. La Race.

    On a abandonn l'opinion d'une origine thio-pienne. La civilisation a visiblement remontle cours du fleuve.H'am (Cham) gnra Kusch (Kouschites),

    Misram (gypte) Puth (Fut, Pount) et Kanaan(Phniciens).

    Ils vinrent d'Asie par l'isthme de Suez, moinsd'admettre l'hypothse Atlante. Mais ils vin-rent avec une religion forme et un art complet,ces Shesou-Hor (serviteurs d'Horus) qui refoul-rent une race noire, au del des cataractes.

    De quelque nom qu'on les nomme, AtlantesouProtosmites, les gyptiens sont les ans del'humanit civilise, par le dveloppement de leurdoctrine, la beaut de leurs uvres, la certitudedes dates et esthtiquement par la cration destypes architectoniques les plus gnraux et uneralisation trs noble de la forme humaine.

    Les Grecs, dit Renan, guids en cela par unejuste vue de l'antiquit de la monarchie des bordsdu Nil, aimaient s'attribuer une origine gyp-tienne et trouvaient en cette origine prtendueun titre de noblesse (Ccrops, Danas).

  • LES IDES ET LES FORMES56

    3. Les Ides.

    La religion gyptienne serait plutt que la ju-daque le prototype du catholicisme unit deDieu comme essence et triplicit de personnesimmortalit de l'me, purgatoire, paradis etenfer, anglologie. Ce qu'on appelle la confes-sion ngative traduit l'ide exacte du sacrementchrtien de la pnitence.

    A l'inverse de l'hbreu qui s'est spiritualispar la succession des contacts, le verbe du Nilest all s'obscurcissant. Le temple du Sphinxsans aucun signe, sans mme un hiroglyphecorrespond la notion la plus abstraite. tait-ceun temple public ou un lieu d'initiation?

    Pour restituer une antique doctrine, il fautvoquer simultanment la pense de l'initi etl'habitude dvotieuse. Une poque spirituelletient, la fois; sa philosophie et ses supersti-tions car il y eut toujours des initis et desingnus dans le mme systme. L'ide de mon-trer aux hommes le dieu sous forme animale estune conception profondment rflchie.

    L'instinct de la bte prsente moins de scanda-leuses surprises que la perversit de l'homme,et le crocodile que les prtres exhibrent Cl-

  • L'GYPTE 57

    ment d'Alexandrie ne valait-il pas dans son hor-reur limite, telle figure de mauvais pontife?

    A la naissance, ~d (l'me) se vt de A~OM(corps fluidique), il est A/:a< (l'organisme) ceque la vapeur est une machine. Khou (l'esprit)s'involue dans Z?a (l'me). C'est la plus ancienneide sur la constitution de l'homme. 7V

  • LES IDES ET LES FORMES58

    juste s'appelle unOsiris, l'lu un Horus il s'iden-tifie avec le dieu qu'il a servi.Les Dieux se divisent en solaires Ka, Amon,

    Aten; funraires: Anubis, Osiris, Isis, Nepthys,Pthah; lmentaires Set (terre), Nout (ciel), Api(Nil).Le Panthon gyptien comprend beaucoup de

    types. Le Dieu (Nuter) est reprsent souventpar un animal. Le scarabe de Phtah tour tourver, chrysalide et papillon, allgorise l'volution.Il se subdivise selon les fonctions et selon leslieux le Dieu, quand il passe de puissance enacte s'appelle Ammon; comme suprme intelli-gence il se nomme Imhotep Phtath, s'il raliseavec art et vrit, et Osiris, quand il fait grce M.

    Une page de la mythologie du Nil est nces-saire la comprhension des monuments.

    Osiris pousa sa sur Isis, dans le sein de samre Nouit. Tandis que l'Orphe du Nil civilisait,sa sur se trouva rgente. Set Tiphon, dans unfestin, offrit un coffre magnifique qui saurait s'yplacer. Osiris ne se mena pas; on rabattit lecouvercle et le coffre, renfermant le Dieu, fut jetau Nil. Isis, enceinte d'Horus, retrouva le coffre l'ombre d'un acacia, mais Set Typhon dcoupale cadavre en quatorze morceaux et les dispersaIsis les rassembla. Aprs une lutte entre Horuset Typhon, Thot par une sentence rendit au fils

  • L'EGYPTE 59

    d'Osiris le pays du Deltajusqu' la premire cata-racte. Pour reconstituer le corps d'Osiris, Anu-bis inventa l'art d'embaumer et ce fut la pre-mire momie.

    Pour ressusciter Osiris, ils firent une statue, ils firent le geste d'ouvrir les yeux, de donnerles souples , et l'me d'Osiris se rincarna. Ilrefusa les fonctions de Dieu de vie et se fit Dieudu devenir, ordonnant son pouse-sur Isis, son fils Horus, Anubis et Thot de faire pourses fidles ce qu'ils avaient fait pour lui, de l'em-baumer et de le ressusciter.

    Le Dieu a deux formes l'une humaine et a!or&il se distingue par ses attributs, l'autre animaleet conventionnelle. L'ibis est Thot, le scarabePhtah, l'pervier Horus, le chacal Anubis Se-beck le crocodile, Mot une chatte, la lionneSekket, la vache Hathor; l'oie Amon, le milanKhonsou, le buf Ra; le blier, Osiris. Mais ontrouve Thot en singe, Osiris en vanneau.

    On ne peut suivre les divinits sous toutesleurs formes Scbou et Nouit, le ciel et la terre,celui-ci tendu sous celle-l ou bien un jars etla desse chatte ou la gnisse Hathor et un tau-reau ?

    La hirarchie sociale si rigoureuse se repro-duit dans une gradation indfinie de sous-divi-nits, Maskhontla marraine et Raninit qui donne-

  • LES tDES ET LES FORMES60

    le nom, se tiennent prs du berceau. Le livre desmorts mentionne des officiers divins d'une fonc-tion trs limite et des gnies assistants dans lerle des cynocphales qui avaient pour officede saluer le lever et le coucher du soleil.

    Le mythe solaire domine et son mouvementd'orient en occident figure la vie et la mortmais chaque rgion et presque chaque templeavait son dieu Phtah Memphis, Amon The-bes, Hathor Denderah, Anhouri Tinis taientdes Dieux fodaux quoique proclams suzerainsdans le rituel. Il y avait gaHt entre desses etdieux. On pourrait distinguer les dieux clestes,les dieux terrestres, les infernaux et les dieux-Nil. Le dieu prit femme et eut un fils ou bien ladesse prit un dieu consort et eut un dieu-fils ilexiste des triades deux desses. Chaque nomepossdait la momie de son dieu qui habitaitplusieurs sanctuaires en divisant son double ets'incarnant sous forme animale.

    La vieille ide lycanthropique, le loup garou,vient d'gypte les dieux marquaient les btesqu'ils devaient animer. Le buf Apis tait l'med'Osiris et la rsurrection de Phtah.La mlancolie empreinte sur les faces de la

    statuaire et que la Grce donnera ses hrosdepuis le Thse d'Olympie jusqu'aux figuresd'Alexandre se trouve dans la tradition reli-

  • L'EGYPTE (U

    gieuse. Ra, l'origine, voyant la terre nue etdserte pleura: les hommes naquirent de seslarmes. La larme divine est le germe de la vie.L'gyptien tait plus que pieux, dvot et sur-

    tout soigneux de son devenir aucune race n'aaussi constamment pens au lendemain de lamort.La vache Hathor devait lever l'osirien la

    rgion sereine; l, Thot le transportait sur unebarque fe et l'me entrait dans la salle de v-rit. Osiris vert en maillot et mitres blancs sigeentre Isis et Nephthys. L se place la fameuseconfession ngative et la psychostasis a lieu.Horus et Anubis mettent dans un plateau l'imagede la vrit, dans l'autre le cur du postulantsi la balance demeure immobile, on rend soncur au dfunt et il habite l'le osirienne, com-battant les Typhons et travaillant. C'est pour cetravail posthume que l'on mettait dans le cer-cueil des statuettes qui, animes par leur matre,devaient accomplir les corves de l'autre monde.Dans toute thocratie la maladie passe pour

    une possession nos microbes ont succd auxinvisibles. Le Sa (ambroisie grecque, pomme deFreia) forme un lac qui abreuve les immortels.Le Dieu transfuse le Sa son fidle accroupientre ses jambes en lui faisant des passes surl'occiput. Le mystre est l'atmosphre mme de

    4

  • LES IDES ET LES FORMES62

    l'esprit gyptien; le scribe s'appelle matre dessecrets et aussi l'officier de cour matre dessecrets de la parole royale .

    Si nous ne savions pas la conception gyp-tienne du devenir, ses monuments resteraientincomprhensibles.La momie n'est pas un mort. Il faut, par un

    effort mental, considrer la tombe (pyramide oumastaba) comme habite et concevoir une vieposthume du double et aussi l'utilit des statuescomme supports du double, comme formes derefuge pour lui. Alors s'clairent l'importanceextraordinaire des spultures et la colossalit desicones pharaoniques. Dans une civilisation quicroit une survie fantomatique o tout dfunt estrevenant, le roi et le riche assurent leur avenir,avec le plus grand effort de luxe et de scurit.La pyramide avec ses faux couloirs destins dpister les sacrilges n'est plus un dfi d'or-gueil, mais l'amplification royale d'une croyance.

    L'gypte avait donc deux populations une

    organique et l'autre fluidique, conception vrai-ment sans analogue. L'me, vivant ct ducorps, a les mmes besoins et attend les mmessatisfactions, et comme la forme du corps peuten tenir lieu, l'image des objets les remplace dansla vie posthume. Le signe quivaut l'objet, pourle dsincarn.

  • L'GYPTE 63

    Au livre des Morts Dieu apparut dans leNout et dit au soleil Viens nous .

    L'gyptien surpasse tous les hommes dansle culte qu'ils rendent aux dieux et par cons-quence ce fut le plus soumis des peuples. Ouaurait tort de croire qu'ils diffrassent extrme-ment de nous.

    Thot donne l'ternel repos aux mes dansl'Amenti et fait briller, sur elles, la lumire quine s'teint pas Ra, nous te prions aujour-d'hui pour l'me de ton serviteur que tu as enle-ve 'ce monde.

    Ne la livre pas aux mains de l'ennemi, maisordonne Anubis et aux deux nourrices de la

    prendre entre leurs mains spirituelles et de la

    porter dans le paradis qui est sa vraie patrieEst-ce gyptien ? Est-ce chrtien ? on retrou-

    verait aisment nos sacrements chez les gyp-tiens et particulirement le baptme, la confir-mation, l'extrme-onction et la dvotion aux mesdu Purgatoire, la plus mystrieusement puis-sante de toutes.

    Si l'me humaine ne survit que par la durede sa momie ou de son corps artificiel, la statue,le Dieu ne se meut l'aise sur cette terre qu'aumoyen d'un corps organique, d'un double.

    Selon ce vieil axiome des initiations, l'es-prit se devt pour monter et se revt pour des-

  • LES IDES ET LES FORMES6t

    cendre . Le Dieu lui-mme ne pntrerait pasdans le monde sensible, sans se plier ses loiset voil pourquoi Horus a une tte d'pervier,Anubis une de chacal, et Thot une d'ibis.

    L'gyptien n'adorait pas plus les animaux quenous n'adorons la colombe, l'agneau, le plican,le buf, l'aigle et le lion mais ils saluaient dansla lionne Sekhet et dans le buf les formes choi-sies par chaque divinit, pour son incarnation.

    On nous a persuad que l'humanit avaitattendu Mose pour concevoir noblement la di-vinit le livre juif, qui reprsentait le passoriental jusqu' ces dernires annes, calomniedlibrment le gnie universel et ses Dieuxpour s'exalter lui-mme et Iaveh.

    Le premier soin de l'tudiant en archologieorientale sera de ragir contre une traditionfausse et qui dshonore d'admirables races. Il n'ya aucune raison pour croire l'lection d'unpeuple entre tous, par une partialit divine.

    4. La Soctl.

    Menes (Mna) substitua la monarchie la tho-cratie et cet empire jusqu' Nectanbo, avec sestrente dynasties, offre quatre mille ansd'nnates.

  • L'EGYPTE M

    1

    Ancien Empire (1-XI), Moyen Empire (XI l'invasion), Nouvel Empire des Hycsos aux Per-ses. Maspero divise excellemment selon la su-prniatie des villes, en priode memphite (I-X),thbaine (XI-XX). sate (XX-XXXI).

    Mariette place Mna au cinquantime sicleavant J.-C. L'apoge politique se produit sousThoutmes 111.

    Il faut retenir l'an g8o o Salomon rgnait Jrusalem et Scheskonk, sur le Nil.

    Le droit divin du pharaon est lgitime. Ral'engendre et un double spcial, un double pha-raonesque s'veille son avnement. Sur lesbas-reliefs, Isis lui donne le sein. La reine estdesse. Le pharaon clbre le culte de ses an-ctres.

    Aucune monnaie on paie tout en nature,et, pour la rentre de l'impt, on btonne et onmutile. Les professions sont hrditaires et lesmtiers forment des castes. Le soldat pendant lapaix redevenait cultivateur.

    Les prisonniers de guerre ont rarement suffiaux travaux, la corve y supplait par une levebrusque cela explique la remarque de Mariette Les temples pharaoniques sont, en gnral.btis avec une ngligence extrme.

    Le bon plaisir royal s'lve au-dessus de touteautre considration autant que les colosses

  • LES IDES ET LES FORMES66

    d'Amenopbis au-dessus de la plaine, mais l'his-toire nous apprend que les dlgations dupouvoir absolu se manifestent avec le mmeabsolutisme.

    Pas de caste Amasis vint d'en bas au trne:Ahms, chef des nautoniers, fut simple soldat(XVIII).

    On se trompe en voyant le pharaon commetout-puissant et surtout plus puissant quele sacerdoce. Sans doute, il est plus quepape, consort des dieux, et sa statue seule s'rigedevant le temple. Cet excs d'honneur me faitcroire une dpendance bien troite en aban-donnant l'affirmation extrieure, les prtresgardrent la ralit du pouvoir conduite d'unehabilet transcendantale.

    Dfendons-nous de croire que le penseur d'au-trefois fut infrieur l'artiste et que les grandsouvrages ne soient pas ns d'une grande ide.Combien de traits de l'actualit dfient laraison et l'idalit la fois Faisons crdit ces vieilles civilisations dont nous ne possdonsque les formules officielles. Le livre des mortsn'est qu'un office obituaire, un recueil d'orai-sons et les colosses de la plaine de Thbes ti-rent leur origine de la croyance.

    La thocratie du Nil faisait du pharaon unfils des dieux et mme un dieu aprs sa mort.

  • L'GYPTE 67

    A Gournali, Ramses 1~ reoit les offrandes de sonpetit-fils Ramses II.

    L'pervier tte humaine volant vers lamomie en lui apportant la croix anse: quel em-blme de spiritualit et qui rsume toute notreidalit.

    La course du soleil prise pour type de l'exis-tence et l'homme mourant identifi Ra, dispa-raissant travers la montagne, est une nobleconception. Comme on voyage sur le fleuvedans un pays qui n'est qu'un rivage, la barquesera la forme du devenir La damnation pourl'gyptien c'tait l'anantissement, la gueuled'hippopotame de Sinou mais le purgatoiren'tait pas facilement vitable. Dans le Kerne-ter, l'Osirien devait franchir quinze pylonesgards par des monstres.

    Le papyrus Harris reproduit sans doute unvieux livre attribu Thot lui-mme et il mon-tre que le fidle s'identifie sans cesse aux dieuxpour chapper aux embches ou plutt auxpreuves.

    Malgr sa proccupation du devenir, le peuplegyptien ne fut jamais triste. II s'agitait deuxfois l'an sous le bton des huissiers levant l'im-pt et le 17 du mois de Thot, au jour des morts.

    Un Ramss 111donne cent mille prisonniers deguerre aux temples, mais le fellah tait cor-

  • LES IDES ET LES FORMES68

    vable pour le service monumental comme pourl'arme on recrutait pour btir comme pourguerroyer.

    Le plus ancien des monuments humains estune tombe, c'est l qu'on a retrouv intactes les

    premires statues et les fresques primitives.A Medinet Abou, un texte donne la femme

    la libert de sortir et de se parer son gr. L'amiti entre poux est exprime dans lesinscriptions de faon fort touchante. (MA-RIETTE.)L'Egypte a t calomnie par toute notre re.

    Virgile, un initi pourtant, se moque de l'aboyeurAnubis, Juvnal s'crie: 0 sainte nation dontles dieux naissent dans les jardins o et Cicron.

    pour justifier la valle du Nil prtend qu'elle n'adivinis que des btes utiles L'Egypte trs f-tide, dira le pre de l'glise.

    5. Les Z)e~es.

    En cette anne, Sa Majest Houni mourut. Sa

    Majest Snofrovi s'leva, bienfaisante (Papy-rus Prisse). Selon Maspero, cette anne est ~.100,trente-huit ans aprs la cration de l'homme,d'aprs l'histoire de Victor Duruy.

  • L'GYPTE 6)

    Le tumulus de Snofrovi est cette pyramide deMedoun semblable une zigurrat.

    Un fonctionnaire de la cinquime dynasties'intitule scribe de la maison des livres.

    L'hgmonie de Thbes fit l'unit de l'gypteen absorbant les dynasties locales, sous Mon-thotpou.Amenemhahit, pre d'Antouf, distribua l'eau

    suivant l'ancien cadastre son palais taitvers Darchour: mon labour alla jusqu' Ele-phantis, ma protection jusqu'au Delta; j'ai ras-sassi tout le monde, je suis un roi aim H. Ousir-tasen fut associ l'Empire. Les deux sicles dela douzime dynastie furentheureux, mais survin-rent les Shaousou (Hycksos) qui s'installrentvers Memphis luttant avec des chars contre lesbarons de Thbes. En ce temps, les Bene-Is-ral s'tablirent en gypte Ahmosis vainquitles Hycksos du Delta et les employa releverles ruines qu'ils avaient faites. Ce fut l'redes grandes constructions. Toutmes menases armes en Asie: l'thiopie s'gyptianisa,mais la civilisation assyrienne rgna encore enSyrie.Amenoteph adopta le culte populaire d'Ato-

    nou, il drogea en pousant une certaine Tii etfit marteler les cartouches d'Amon. L'hrsieroyale branla la dynastie.

  • LES IDES ET LES FORMES70

    A Tell-el-Armana, on voit Nofriti sur les ge-noux de Khoumatonou.

    Seti s'illustra Abydos. Ramses II rgna undemi-sicle. Thbes, Louqsor, Ipsamboul tmoi-gent de son gnie: il futle Louis XIV de l'gypte.L'exode d'Isral eut lieu sous Menephtah. SousRamses III, on construit Medinet Abou. Puis,tour tour, l'thiopie prit l'gypte et l'gyptereprit l'thiopie.A l'poque Tanite, les Lybiens comme mer-

    cenaires pesaient lourdement. Thbes saccageparAssour-Akiddin, reprise par Assourbanbabalflorit un instant avec Psammecteck qui attira desIoniens premier contact entre la Grce etl'gypte.Kambyses crasa le pays du Nil.

    PRIODE MEMPHITE OU DES TOMBES

    5ooo d 25oo

    Tombeau de Menes Kakad ses successeurs Abydos. Pyramides Zigurrat de Sakara pyramides deMemphis.

    PRIODE THBAINE OU DES TEMPLES

    3Soo il i8oo

    Thoutmes, Amenophis, Seti et Ramss.

    NOUVEL EMPIRE

    i8oo

    Monuments Karnak et Louqsor. Les Ramessides

  • L'GYPTE 71

    PRIODE SATK

    95o 338

    Psammetik, Amasis, conqute persane.

    PRIODEPTOLMAOUE332 31 aprs J.-C.

    Denderah Edfou Esn.

    6. Les Formes

    La Pyramide, le mastaba, )e speos tombes.L'oblisque (tenant du mene-hir et de la

    stle).Plan monumental, rectangle et dveloppement

    en profondeur.lvation, murs inclins en talus; toit plat.Supports, piliers carrs sans base et osi-

    riaques, c'est--dire flanqus d'une statue d'Osi-ris.

    Chapiteau, palmiforme, lotiforme, campani-forme, hatorique ( la tte de vache).

    Pylone, porte triomphale entre deux tours.P/'ojo

  • LES IDES ET LES FORMES73

    ~y. Le hiroglyphe.

    Le hiroglyphe a influenc l'art qui a cherchet adopt un dessin synthtique et par cons-quent poncif, analogue l'criture.

    Nous crivons phontiquement ou musicale-ment les sons, les anciens gyptiens crivaientidographiquement ou en rbus.Ainsi un croissantdit lune , ou nuit ou

    femme'), ou mois . Trs tt la conventionfournit un blason aux ides, gupe signine roisans qu'on saisisse bien l'analogie. Plus tard laforme se simplifia jusqu'au schmatisme du ca-ractre et s'inspira de la prononciation. II yeut rbus plontique.

    On sait que le sens des hiroglyphes et leurvaleur comme son, doit sa dcouverte Fran-ois Champollion; il lut les noms de Brnice etde Cloptre sur les cartouches et tudiantles noms de l'poque ptoimaque il publia ent8ao son prcis du systme hiroglyphique.L'gyptologue passe de Memphis Abydos

    ville o on gardait la tombe d'Osiris et o lesoleil disparaissait chaque soir et de l, Thbes. En y ajoutant Ipsamboul, comme exem-plaire du speos, on a tous les types monumen-taux et de la statuaire colossale.

  • CHAPITRE

    ARCHITECTURE

    i. Le Temple.

    Le temple gyptien ne s'lve pas, il s'tend,it s'largit derrire le pylone, c'est une architec-ture trapue, courte, d'une robustesse incompa-rable, on peut dire aussi que c'est une architec-ture de plaine.

    L'architrave avec ses supports constitue la

    porte, le portique et pour ainsi dire l'difice toit plat.

    Lotiforme ou campaniforme lacolonne paratcourte, elle tonne et ne charme pas, plus trangeque belle, plus solide que noble.

    Le module grec qui dtermine les proportionsrespectives des parties, et qui a pour canon lediamtre de la colonne, n'existe pas en gypte.

  • LES IDES ET LES FORMES74

    La maison divine se compose d'une partiecleste, le sanctuaire, chambre rectangulaire one pntrent que les prtres et le pharaon etrenfermant une arche ou une barque. Devant cesaint des saints, s'lve une salle hypostyle, sou-vent prcde d'une cour portiques, avec py-lne et oblisques.A vol d'oiseau, l'horizontale prdomine, non

    seulement parce que le monument se dveloppeen profondeur, mais parce que son fate platparait d'autant plus bas, ct du pylone. Leplus beau des temples de Thbes a tous les ca-ractres de l'hypoge. Strabon a donn une bonnedescription du temple gyptien. Une voie dalle(dromos grec) menait au temple. Le dromos deLouqsor Karnack avait une demi-lieue. Une en-ceinte forme le temple o on entre par le pyloneou porte monumentale, encadre de deux tourscarres.

    A Karnack, le temple de Mouth a trois avant-pylones avant celui de l'enceinte, qui sont analo-gues de destination l'arc triomphal et destins augmenter l'impression du fidle par un rap-pel dcoratif de la dignit du lieu.

    Le plus grand pylone, celui de Karnack,ptolmaque, a 44 mtres.

    Prs de chaque temple, un lac compris dansl'enceinte servait aux crmonies.

  • E'EGYPTE 75

    Le circuit de Karnack enserre les ruines deonze temples dans ses quatre enceintes dont lasalle hypostyle est le chef-d'uvre i3A colonnesde to mtres de diamtre (colonne Vendme)sur 21 de haut.

    Aprs le grand temple de Karnack, celui deLouqsor; Mariette, dans ses planches, montre lesconstructions successives, de la XIIo aux Ptol-mes.

    En traversant le Nil, on trouve les templesfunraires de Gournah, Medinet-Abou, Rames-seum et, un kilomtre de ce dernier, le templedes Toutms et ceux de Ramss III.

    Le temple gyptien pourrait s'appeler unecrypte, au ras du sol.

    Esthtiquement, il exprime plus de certitudeque d'espoir l'inbranlable confiance du prtreen ses dieux et du peuple en ses prtres c'estune architectonique de credo, de puissante affir-mation. Il serait intressant de le comparer,lui l'an des sanctuaires, avec notre cathdraleogivale qui est certainement la forme suprmede la maison ternelle.

    L'immense largeur des bases est le traitcaractristique , dit Charles Blanc. Peut-treserait-il plus prcis de dire que la prdominanced'une seule dimension produit un effet d'inten-sit. Idalement, l'difice manque d'une hauteur

  • LES IDES ET LES FORMES76

    proportionnelle, vu de l'extrieur et intrieure-ment les supports, piliers du temple de granitou colonnes hatoriques, augmentent encore l'im-

    pression d'un art trop trapu et ramass sur lui-mme, par leur robustesse que rien ne dissimule.Karnack a des linteaux de 8 mtres.

    Selon Mariette, le temple gyptien n'est pasune glise pour les fidles, mais l'oratoire du

    pharaon.La procession travers les salles et autour

    des lacs semble avoir t un rite essentiel lepeuple n'a jamais dpass la salle hypostyle quiest le vestibule du vrai temple.

    Avec son enceinte qui le drobe aux yeux etson dveloppement horizontal, le sanctuaire nese rvle que par le pylone. Comme aspect,c'est un rectangle aux murs inclins en talus.

    La profondeur est la proportion dominante iln'est pas orient.De mme qu'on martelait le cartouche des

    prdcesseurs pour y inscrire celui du pharaonrgnant, on modernisait les anciens temples, ense servant des matriaux. Champollion a retrouv Ombos des fragments attribuables Touth-ms III. On a beaucoup reconstruit, en agran-dissant, mais on conserva toujours le carac-tre traditionnel; mme sous les Csars, l'dificegyptien garde, a l'aspect du moins, toute sa

  • L'EGYPTE 77

    personnalit. L'exode nous montre les Hbreuxforcs faire des briques avec un mlange depaille et de limon.Chaque fois que la pierre doit recevoir un

    enduit de stuc colori, l'architecte ne soignepas l'appareillage et c'est le cas pour l'gypte.En outre, les pharaons exigrentsans doute queles fondations fussent excutes au plus vite.Nous savons que l'oblisque de la reine Hatasoua t taill, charri et dress en sept mois,depuis le commencement dans la montagne.On associe trop volontiers le granit avec l'di-

    fice gyptien. Le temple du Sphinx seul est engranit de Syene et couvert en albtre Kar-nack, il y a des salles appeles les appartementsdegranit, un linteau de 8 mtres mais le cal-caire et le grs rgnent Abydos.

    galement on croit que la colonne monolitheprimitive l'emporte, alors qu'elle se forme detambours superposs, de vritables tranches depierre, comme h Olympie.Ce qui trompe le contemplateur des images, c'est

    qu'un enduit destin recevoir la couleur couvrela maonnerie et fait disparatre les joints dansla plupart des cas.

    L'gyptien connut la vote plein cintre au S-rapeum, greniers du Ramesseum, mais elle ne luireprsentait pas la solidit du linteau de pierre.

  • LES IDES ET LES FORMES78

    L'art religieux, en Orient, obit la croyance;il ne faut donc pas s'entter une critique es-thtique sans base. Celui qui a cisel la.tte dusphinx, celle de Setti 1 ou de Ramss pouvaitfaire un Zeus et un Apollon.

    Si les dynasties d'Abydos ddient leurs vux Osiris et Isis, si Phtah rgne Memphis, siAmmon n'apparat pour ainsi dire qu'au momentde l'hgomonie thbaine, enfin si Horus etHathor sont privilgis l'poque ptolma-que, ces mouvements de la foi ne changent rienaux formes employes. Il n'y a pas ici troisstyles, comme chez nous roman, ogival et Re-naissance et sauf le temple du Sphinx, uniqueen son aspect, les autres sanctuaires sont sembla-bles d'Abydos Thbes et de Memphis Philae.

    Le second empire thbain remplit de sesuvres Abydos, Karnach et Louqsor (XVIIIet XXIX). Thbes possde les plus beaux sanc-tuaires.

    De la priode Sate, nous avons les descrip-tions d'Hrodote. Le passage du second empireaux Ptolmes est rempli par l'hgmonie per-sane qui imita l'art Sate.Sauf le temple de granit, les sanctuaires qui

    nous sont parvenus ont t remanis ou recons-truits peu prs sur le planprimitif. L'architecteptolmaque, s'il multiplie les chapelles et les

  • L'GYPTE 79

    couloirs, ne change rien la disposition monu-mentale. Pour agrandir un difice, on y ajou-tait des pylones ou des salles hypostyles.

    En regardant les images des temples du Nil,dont les dalles plafonnantes sont presque par-tout tombes, il faut se souvenir que la pnom-bre emplissait l'hypostyle et que l'ombre allaiten s'paississant, mesure qu'on avanait versle sanctuaire. Les rites processionnels avaientlieu sous les portiques, autour des lacs sacrs,mais les tnbres gardaient l'intrieur qui euttoujours un caractre de crypte.

    Techniquement, la grande pyramide, la ga-lerie du caveau offre le meilleur travail, unepreuve matrielle que la civilisation du Nil, nepouvant pas tre dite spontane, fut importetoute forme.Le classement chronologique est difficile.

    Ousartesen (XII, dy.) commena Karnack, on ytravailla jusque sous les derniers Ptolmes,pendant trente sicles.

    Le temple type s'annonait par une avenue desphinx. Le pylone, porte de l'Orient o le soleilse lve, sort de la montagne, figure par ses deuxtours Isis et Nephthys levant le disque.

    Aprs les cours portique venait le sanctuaireOusekt et ses trois parties, la salle hypostyle ou

    propitiatoire, la salle des offrandes (Notep) ou

  • LESIDESETLESFORMES80

    offertoire, et la salle de la vivification (ousekht-kha.

    D'aprs le temple de granit qui gardera sansdoute jamais son nigme, on pourrait induirepar l'importance des tombes et leur antiquitque le culte des anctres fut la base de la reli-gion primitive et que le sacerdoce, au dbut,n'eut pas l'importance qu'il prit plus tard. Ammonouvre la liste des dynasties, Thbes.

    Le temple du Sphinx, quarante mtres suddu colosse, est, cette heure, le plus ancien del'univers. Son plan affecte la forme d'un tau double barre avec diverses prolongations d'uti-lit. Dcouvert en i835, dblay intrieurement,sa faade reste encore sous le sable. Il s'ouvrepar son toit dont les dalles d'albtre sont bri-ses. Jamais la pierre dure n'a t polie et ajus-te comme ici, avec un art de joaillier. La main-d'uvre ne dpassera jamais ce rsultat.

    Dix piliers de 5 mtres sur ) m. 4o de ctforment une nef de 17 mtres sur g. A l'angleS.-O. du transept, il y a une chapelle six ni-ches. Au milieu du transept s'ouvre un corridordont les murs ont 4 mtres d'paisseur; le secondtransept plus troit se termine, des deux cts,par une chapelle carre.La paroi luit comme un miroir mtallique,

  • L'GYPTE 81

    sans un signe inscrit, sans autre forme quel'angle droit.

    Cette nudit absolue impressionne fortementelle avertit qu'un pareil lieu runissait les plussubtils d'une race. Les dificateurs taient devieux penseurs pour comprendre si bien le prixdu silence de ces murs si lisss et polis qu'ous'y mire. Affranchis des crmonies et dessymboles, les Shesou-hor, en ne ddiant pas l'ou-vrage, invoqurent logiquement le Dieu sansnom.Abydos, sanctuaire des dieux infernaux,

    s'adosse la montagne avec sept nefs et deuxsalles hypostyles, 27 colonnes papyriformes enun espace de 52 sur n, sept sanctuaires ou cha-pelles votes consacres chacune une divi-nit 36 tableaux reprsentent les dvotions quedevait accomplir le pharaon. Il y eut aussi l,un temple de granit rouge et noir.

    En remontant le Nil, c'est le premier templedigne d'tude; coll au mont, il se dveloppe enlargeur; construit en calcaire de Tourah, il aperdu ses pylones, mais l'hypostyle, 24 colonnespapyriformes, merveille encore

    C'est dans l'aile sud qu'on a trouv la clbreliste qui, avec Manthonet le papyrus de Turin,permit la chronologie des dynasties.Abydos possdait un second temple, fondation

    5.

  • LES IDES ET LES FORMES82

    de Ramss II, en granit rouge et noir et albtre,mais les piliers osiriaques sont bas.L'gyptien allait Abydos, comme l'Arabe va

    a la Mecque, il dressait une stle, point derepre pour le jour o il viendrait dsincarn ce port d'ternit, ce lieu d'embarquementpour le devenir. On apportait les momies pourles faire bnir et on les ramenait leur tombe.

    La musique et la danse taient interdites Abydos.Denderah, quoique ptolmaque et d'un style

    grcisant, reproduit un plan de XII" dynastie.Les dcombres l'ont chang en hypoge, on ydescend, au lieu d'y entrer. Le pronaos a co-lonnes hathoriques. A la gorge de la faade s'ta-lent les ailes du disque une inscription grecqueindique qu'il fut inaugur sous Tibre, et sur lesmurs c'est l'empereur romain qui adore Hathor.L'hypostyle chapiteaux palmifres surmontsde la tte d'Hathor reoit ta lumire par des joursspciaux. Le pronaos montre vingt-quatre co-lonnes hathoriques.

    Ddi Hathor comme pouse d'Horus, lamusique et la danse y taient en honneur.

    Sous le temple, quatorze cryptes bas-reliefspeints sous Ptotme XIII extraordinaireexemple des traditions d'art se conservant peu prs intactes jusqu' la plus basse poque,

  • L'EGYPTE 83

    puisqu'ici c'est Tibre qui fait, les offrandes.La division de Desaix, accable par la soif,

    lorsqu'elle aperut les ruines de Thbes, saisied'admiration, se mit battre des mains. L'ima-gination qui, en Europe, s'lance bien au-dessusde nos portiques, s'arrte et retombe impuissanteau pied des 1~0 colonnes de la salle de Karnack.Si j'en traais une faible esquisse, je passeraispour un enthousiaste et peut-tre mme pour unfou. (CHAMPOLUON.) Imaginez une fort detours t~o colonnes gales en diamtre lacolonne Vendme et la hauteur de notre oblis-que, couvertes de bas-reliefs et de hiroglyphes. (AMPRE.) II est impossible de rendre l'impres-sion qu'on prouve en pntrant dans cettefort de colonnes, entre ces grandes figures dedieux et de rois qui les couvrent (LEPsms.)La ville d'Ammon, la Thbes de Ramss, est la

    plus prestigieuse des ruines de l'univers. Nullepart, une telle affirmation religieuse ne s'estpareillement leve en dfi du temps. Athnessera plus parfaite, la cathdrale plus sublime,Thbes gardera, avec sa date, le caractre de sapuissance expressive.

    Thbes, c'est Louqsor sur une rive et Karnacksur l'autre. A droite le temple d'Ammon, gauchela valle des rois, le Ramesseum, les Colosses,Medinet Abou, la valle des reines, Dir-el-Me-

  • LES IDES ET LES FORMES84

    dinet. Comme si une volont mystrieuse avaitvoulu rsumer l'gypte en un lieu, la nature ya prodigu sescharmes etl'art ses chefs-d'uvre;fleuve et montagne, sable et verdure, tout con-court faire de ce coin de terre la grande oasismonumentale.Louqsor.- Le temple de la Triade, Ammon,.

    Mot et Khonsou a 200 de long sur 5o de large.Une double range de sphinx et de bliers couchsle reliait Karnack. On l'appelait les trnesdu monde'). Sethos rtabli t!e cartouche d'Ammonmartel sous Amenoteph IV. Ramss 1~ difiale pronaos colonne, le pylone, les oblisqueset augmenta l'difice de 60 mtres. I! s'tend lelong du fleuve qui littralement le vivifie. C'estMaspero qui l'a dblay, retrouvant la trace d'untemple en brique de la XIIe.

    Des six colosses, il en reste deux assis de14 mtres.Le pendant de l'oblisque de Paris, dresse

    son granit rose. La cour a eu 7~ colonnes papy-riformes.

    Les murs de la seconde cour sont tombs,les colonnes et l'architrave restent debout.

    Le naos a un couloir d'enceinte ruin parCambyse, relev par Alexandre. La galerie dufond a six portes de chapelles trs dtriores.

    Karnack. L'avenue des bliers, tenant entre

  • L'GYPTE 85

    leurs pattes plat la statuette du pharaon d-dicataire, comprenait mille exemplaires espacssur 2 kilomtres et reliait Louqsor Karnackune autre avenue allait au fleuve.Le temple de ~onsou est le type achev du

    nouvel empire on voit au pylone les rainureset les trous des grands mts banderolles.Le grand temple, surnomm les trnes du

    monde , a un pylone de n3 sur 43, ouvrageptolmaque. Les colonnes de la grande cour nesont pas sculptes.

    Enclav, le petit temple de Setos avec 3 cha-pelles.

    Ensuite une cour piliers osiriaques; enfinla merveille de Karnack et de l'architecture duNil, la salle hypostyle. Si l'impression d'ter-nit peut jaillir d'un ouvrage humain, c'est decelui-l. Art vraiment fabuleux, les i3~ colonnesont la grosseur de la Trajane. Au milieu 12 co-lonnes lotiformes font une nef centrale de 20 m-tres de hauteur. Sur les cts 122 colonnesforment seize nefs le chapiteau a 3 mtres etle fut 10. Ces dimensions, si nulles sur le papier,en ralit, concourent un effet magique. Dansce ddale de ruines colossales on va, de pyloneen pylone, avec un tonnement qui ne cesse pas.

    De deux oblisques de Thoutms, un dresseencore 23 mtres son affirmation unitaire.

  • LES IDES ET LES FORMESSG

    On traverse la salle piliers la campanerenverse et on marche, comme sans un, tra-vers ces dbris jusqu' la haute porte de Nec-tanbo. Au nord, un amas de pierres qui fut untemple de Mot et un sanctuaire de Phtah d-grad, ensabl. D'autres temples prcipits parles tremblements de terre ou les invasions con-tinuent ce Campo Santo indicible o les tombessont des basiliques dmesures et les stles destours gantes.

    Traversant le Nil Luxor, on trouve le templede Thoutms III qui a t remani jusqu'auxAntonins.

    Le premier pylone n'a plus que deux colonnes.Au second, aprs une cour des Ptolomes, lesanctuaire entour de portiques, sans trace d'hy-postyle.

    Les scnes sacres commentent une thoriefluidique qui n'est pas explique au livre desMorts: vivification opre par le roi et distribueaux quatre points cardinaux, vivification de lamomie, vivification du roi par l'image de Dieu.La transmission de la vie, selon la pense gyp-tienne, attend son explicateur.

    Afec~e/46ou.Aprs le pylone de 65 sur 22,une cour piliers osiriaques. Le second pyloneprcde une cour portique de 38 sur 40 aveccolonnes lotiformes et piliers osiriaques au

  • L'EGYPTE

    del de la seconde cour, des chambres. Ce sanc-tuaire a une grande importance pour sa dcora-tion guerrire