ANS FRANCE La Caverne · Dans une circulaire du 4 juin, le Garde des Sceaux avait demandé aux...

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FRANCE FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 80 ème année - Hebdomadaire n°2938 - 9 juillet 2004 www.france-catholique.fr 3, 50 NOS PAGES SPECIALES La Caverne de l’Agneau Quand les Américains repartiront Quand les Américains repartiront Quand les Américains repartiront 11/15 ANS

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80ème année - Hebdomadaire n°2938 - 9 juillet 2004 www.france-catholique.fr 3,50 €

NOS PAGES SPECIALES

La Cavernede l’Agneau

Quand lesAméricains

repartiront

Quand lesAméricains

repartiront

Quand lesAméricains

repartiront

11/15ANS

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BREVES

2 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

FRANCE

35 HEURES : Le gouvernement envi-sage un assouplissement des 35 heuresqui pourraient intervenir à l’automnedans le cadre de la loi sur l’emploi ; leministre de l’Economie, Nicolas Sarkozy ,a préconisé le 30 juin la suppression detoute taxation sur les heures supplémen-taires ; de son côté, le Premier ministrea souhaité que la France augmente lenombre total d’heures travaillées. Rap-pelons qu’un rapport parlementaire pu-blié en mars dernier estimait le coût des35 heures à 10 milliards d’euros en 2003et que les socialistes estimaient qu’ellesavaient permis de créer 400 000 emplois.Le nombre de demandeurs d’emploi aaugmenté de 0,8% au mois de mai, soitun total de 2 451 000 chômeurs, selon leministère du Travail.JUSTICE : Pierre Bodein surnommé"Pierrot le fou", interpellé dans le cadrede l’enquête sur la disparition de Julieprès de Schirmeck (Bas-Rhin), a été misen examen le 1er juillet pour "enlèvementet séquestration suivis de mort" ; il s’agitd’un multirécidiviste qui avait bénéficiéd’une libération anticipée il y a deuxmois. En dépit de la proximité, aucun lienn’a été établi jusqu’à présent avec l’enlè-vement de Jeanne-Marie pour lequeldeux nouvelles personnes ont été misesen examen (soit huit au total) le 3 juillet.Les enquêteurs français ont entendu le1er juillet Michel Fourniquet emprisonnéen Belgique depuis juin 2003 pour l’enlè-vement d’une adolescente ; le suspect adéjà reconnu neuf assassinats ; desfouilles ont commencé dans sa propriétédes Ardennes où deux corps ont étéretrouvés le 3 juillet. Aux assises du Pas-de-Calais, les jurésont suivi le réquisitoire de l’avocatgénéral en infligeant des peines dequinze à vingt ans de réclusion criminel-le aux principaux accusés et en acquit-tant sept autres ; la condamnation desix accusés, dont celle de l’abbé Wiel àsept ans de prison, a causé la surprise ;condamné à 18 mois de prison avec sur-sis, l’ancien huissier Alain Marécaux atenté de se donner la mort le 3 juillet ;plusieurs avocats de la défense ont déci-dé de faire appel. La chancellerie envi-sage de proposer des pistes de réflexionsur le fonctionnement défectueux du

système judiciaire.Dans une circulaire du 4 juin, le Gardedes Sceaux avait demandé aux magis-trats "une réponse judiciaire exemplaire"aux fauchages d’essais de culturesOGM ; en réaction, José Bové a appeléle 1er juillet "les faucheurs volontaires" àun rassemblement les 24 et 25 juillet àVerdun-sur-Garonne pour manifestercontre la poursuite des essais d’OGM enFrance.ECONOMIE : La fourniture d’électricitéet de gaz aux professionnels est ouverteà la concurrence depuis le 1er juillet ; lesparticuliers ne seront concernés qu’enjuillet 2007.En prenant le contrôle d’IXIS, la banqued’investissement de la Caisse des dépôts,les Caisses d’épargne deviennent unegrande banque privée française.VOILE ISLAMIQUE : Dans une lettreaux musulmans de France renduepublique le 1er juillet, l’UOIF conseille auxélèves de se présenter à la rentrée dans latenue de leur choix (y compris avec levoile islamique) ; elle prend ainsi lerisque d’une épreuve de force avecl’Education nationale ; des contacts au-raient été pris avec l’enseignement privéet l’enseignement catholique pour ac-cueillir des élèves musulmanes. VACANCES : Le 21 juillet prochain,Franciliens et touristes découvriront latroisième édition de Paris-Plage avec desactivités musicales et sportives et unbassin de 220 mètres carrés.SPORTS : Départ le 3 juillet à Liège du91e tour de France cycliste dans une am-biance tendue en raison de plusieurs af-faires de dopage.

MONDEIRAK : Saddam Hussein et onze anciensdirigeants du régime bassiste ont compa-ru le 1er juillet devant le Tribunal spécialirakien pour se voir notifier les chargesretenues contre eux, notamment cellesde génocide et de crimes contre l’huma-nité. Le gouvernement iranien envisagede porter plainte contre Saddam. SOUDAN : En visite au Darfour, KofiAnnan et le secrétaire d’Etat américainColin Powell ont brandi la menace d’uneaction des Nations Unies si le gouverne-ment de Khartoum ne désarme pas lesmilices arabes ; des pourparlers avec les

rebelles devaient débuter le 2 juillet auTchad.ISRAEL : La Cour suprême a ordonné le1er juillet à l’armée de suspendre la cons-truction d’une partie du mur de sépara-tion près de Noumane ; elle avait modi-fié la veille le tracé de la ligne de sépara-tion en Cisjordanie afin de préserver lesdroits des Palestiniens lésés par ce tracé.RUSSIE : Le groupe pétrolier Ioukosdont le principal actionnaire, MikhaïlKhodorkovski, est emprisonné depuis huitmois, a été l’objet le 1er juillet d’un re-dressement fiscal qui porte à 6,7 mil-liards de dollars le montant des pénalitésréclamées et pourrait aboutir à la miseen faillite et même à l’arrêt de la pro-duction, en attendant une probable ré-trocession à l’Etat russe de cette activitévitale pour le redressement pays.HONG KONG : Plusieurs centaines demilliers de manifestants ont défilé le 1er

juillet en faveur du suffrage universel,perspective refusée par Pékin.SERBIE : Elu le 27 juin à la présidencede la Serbie - Monténégro avec 54% desvoix, le démocrate Boris Tadic souhaiteune intégration rapide de son pays dansl’Union européenne et s’engage à coopé-rer avec le Tribunal pénal internationalpour l’ex-Yougoslavie.ETATS-UNIS : En relevant le 30 juind’un quart de point, à 1,25%, son princi-pal taux directeur, la Réserve fédérale amis fin au crédit à très bon marché.La première pierre de la Tour de la Libertéqui s’élèvera sur l’emplacement des toursjumelles détruites le 11 septembre 2001a été posée le 4 juillet, jour anniversairede l’Indépendance des Etats-Unis en1776.EUROPE : Le Premier ministre néerlan-dais qui préside l’Union européenne àpartir du 1er juillet mettra l’accent sur lamodernisation de l’économie et une ges-tion plus rigoureuse des budgets.ESPACE : Après un voyage de 3,5milliards de kilomètres, la sonde Cassini-Huygens s’est mise en orbite autour deSaturne le 1er juillet ; elle doit notam-ment photographier les anneaux de laplanète et larguer une sonde dans l’at-mosphère du satellite Titan à la fin decette année.FOOTBALL : En Coupe d’Europe, vic-toire finale de la Grèce sur le Portugal (1– 0) le 4 juillet.

J.L.

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EDITORIAL

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 3

‘actualité de ces dernières semaines est remplie de ce queGeorges Bernanos aurait appelé “les mauvais rêves”. Notrepauvre humanité semble, en effet, se dissoudre dans ununivers où le mal régnant en maître, la réalité se dérobe. Etmême si des cohortes de spécialistes de l’inconscient se

trouvaient mobilisées pour nous porter assistance, nous ne pour-rions que rester interdits devant cet abîme d’iniquité qui nous faitfrémir. Est-il besoin de reprendre ces récits qui s’étalent sur nosécrans et dans nos journaux ? Du procèsd’Outreau aux macabres découvertes dela forêt ardennaise et de la plaine alsa-cienne, nous ne cessons d’évoluer dansun univers d’enfance violée et martyri-sée, de criminels incompréhensiblesparce qu’ils ont franchi la limite à partirde laquelle il n’y a que les rêves infer-naux, insaisissables parce que relevantd’une intériorité occluse.

Bernanos, dans son œuvre roma-nesque, n’a cessé d’aiguiser sa luciditéspirituelle afin de comprendre ce que lapensée critique et l’investigation psychologique ne pouvaient luirévéler. Je ne connais pas de meilleur secours dans notre triste etmorbide actualité que cette quête des âmes, qui a définitivementrenoncé à toute curiosité, indécente ou complice, et tente dereconnaître dans le mystère de l’iniquité, la réalité du péché et l’ap-pel de la grâce. Il fallait un théologien de génie comme Hans Ursvon Balthasar pour entrer dans l’œuvre bernanosienne à ce degréd’acuité où tout retrouve sens. On ne saurait, à ce propos, tropremercier les éditions Parole et Silence, d’avoir réédité son prodi-gieux livre “Le chrétien Bernanos”, traduit il y a un demi-siècle parMaurice de Gandillac pour les éditions du Seuil. Le seul chapitreconsacré aux mauvais rêves et à la sainteté suffirait à nous arra-cher aux interprétations décidément inadéquates de nos cauche-mars. Ne serait-ce que pour prendre conscience de cette mort inté-rieure qui produit irréalité et néant.

“Le rêve, écrit le père Balthasar, n’est plus seulement la projec-tion des idées hors de l’âme, mais la suppression de tout sens, l’ex-ténuation de l’être, un creux, un miroir brisé, une dissolution inté-rieure non seulement de la substance, mais aussi de toute forme oùelle puisse s’exprimer. Il existe un idéalisme (philosophique) de l’ab-sence de Dieu, qui traduit de façon parfaite la perte de l’être dans lepéché”. Si les saints sont si présents dans les romans de Bernanos,c’est qu’ils sont habités par la seule réalité qui puisse juger le néantet l’enfer : “La réalité fondamentale où vient se briser le rêve dupéché, ce n’est pas l’image sensible de Satan, mais bien la Croixtaillée à coups de hache et dressée au-dessus de l’abîme”. �

Hans Urs von Balthasar, Le chrétien Bernanos, Parole et Silence, 508 pages, 30 €.

Les mauvais rêvesde l’actualité

L

SOMMAIREACTUALITÉ

4 SOCIAL Pour la cohésionAlice Tulle

5 ATLANTIQUE Le problème de l’OtanYves La Marck

DOSSIER : Irak6 Quand les Américains partiront

Anne-Sophie Le Mauff9 Chronique de l’Œuvre d’Orient

Philippe Brizard10 Bagdad, capitale des enlèvements

A.-S. L.M.11 Quelques oubliés de la souveraineté

A.-S. L.M.

ESPRIT

12 LECTURES 15e dimancheMichel Gitton

13 MEMOIRE DES JOURS L’éclair de la rencontreRobert Masson

14 VOCATION Visite au carmel de LisieuxSamuel Pruvot

18 BD Avec Jean-Paul II, tome 2, 26/38Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux

19 ECCLESIA ŒcuménismeZenit

22 ECOLOGIE Les colloques de KlingenthalRené Coste

MAGAZINE

24 PRE-ADOS La caverne de l’AgneauSamaël

28 FAMILLE Le guide des grands-parentsAnne Montabone

30 LIVRES Les OVNIPatrick Chalmel

31 IDEES Les intellectuels et le libéralismeRené Pucheu

32 THEATRE “Au petit bonheur la chance”Pierre François

33 HISTOIRE Le livre de GiaoFrédéric Aimard

34 TÉLÉVISION Votre début de soiréeMarie-Christine d’André

36 CINEMA “Un mariage à Boston”M.-Ch. d’A.

36 LIVRES Sélection pour votre étéLuc de Goustine

38 BLOC-NOTES Vie associative et d’EgliseBrigitte Pondaven

LE JOURNAL NE PARAÎTPAS EN AOÛT

Dessin de couverture© CHAUNU

Une offre spéciale “TL” pour lescatéchistes et les enseignants

en page 15...

par Gérard LECLERC

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e tableau reste toujoursaussi sombre dans ledomaine de l’emploi. Le30 juin dernier, legouvernement enregis-

trait une hausse de 0,8% dutaux de chômage pour le moisde mai (soit 2 451 000 deman-deurs d’emploi) et les prévi-sions indiquent que latendance ne s’inversera pasavant plusieurs mois.

Les données relatives auxallocataires du RMI sont en—core plus préoccupantes : en-tre mars 2003 et mars 2004,leur nombre est passé de 1, 09million à 1,19 million, soit uneprogression de 8,9% en France– et de 9,6% sur le territoiremétropolitain. Ceci malgré unereprise de l’activité écono-mique qui devrait se confirmerau second semestre de cetteannée.

Une réaction s’imposed’autant plus que ces mauvaischiffres expliquent pour unepart les revers subis par l’UMPaux élections régionales eteuropéennes. Dès le mois demars dernier, le thème de laréduction de la "fracture so-ciale" lancé par Jacques Chiracen 1994 a été remis à l’ordre dujour et le projet de loi présentépar Jean-Louis Borloo auconseil des ministres du 30 juins’inscrit dans cette perspective.

Pour renforcer la cohésion

sociale, Jean-Louis Borlooveut agir dans trois domai-nes :

Quant à l’emploi, ilest prévu de créer uncontrat d’activité à l’in-tention des allocatairesdu RMI et des chômeursen fin de droits - soit unmillion et demi de per-sonnes - qui perçoiventl’allocation spécifiquede solidarité. Des"maisons des ressourceshumaines" se—ront char-gées de la coordination desactions qui, dans le cadrecommunal, viseront à remettreau travail plusieurs centainesde milliers de personnes. Uneloi sur l’emploi est par ailleursannoncée pour l’automne.

Dans le même temps, uneffort important sera accom-pli au nom de l’égalité deschances pour favoriser l’entréedes jeunes sur le marché dutravail. Jean-Louis Borloo ainscrit dans son plan le principede la formation en alternance(en école et en entreprise)grâce à plusieurs types decontrats destinés avant tout àdes jeunes peu ou pas qualifiés.

Enfin, le plan prévoit ledoublement du nombre de lo-gements à bon marché : 100 à120 000 logements neufs se-ront financés chaque année,contre 58 000 en 2003 et plu-

sieurs milliers de HLM serontréservés à des personnes engrandes difficultés.

L’addition de ces mesurescoûte cher et le risque étaitgrand de voir le financementde ce plan se réduire commepeau de chagrin au fil des an-nées. Mais Jean-Louis Borloo aobtenu du premier ministreque son plan prenne la formed’une loi de programmationpluriannuelle : dix milliardsseront donc affectés à la cohé-sion sociale, sur une périodede cinq ans.

Cependant, en 2005, lefinancement du plan ne por-tera que sur un milliard d’eu-ros, et c’est en 2006 et 2007que les dépenses atteindront3 milliards par an.

Ainsi résumé, le plan Borlooa été approuvé par l’ensembledes ministres – y compris par

Nicolas Sarkozy qui vise unerigueur budgétaire maximale.

En revanche, la réaction dela CFTC, premier syndicat àréagir, fut assez mitigée. Lesyndicat chrétien approuve lavolonté gouvernementale delutter sur le front de l’emploi,de la formation professionnelleet du droit au logement. Maisil craint que le gouvernementne chercher à échanger laremise en cause progressivedes trente cinq heures, évo-quée par Nicolas Sarkozy,contre la réalisation du planBorloo.

L’ouverture de la discussionparlementaire permettra d’ensavoir plus sur les compromisque le gouvernement entendpasser pour équilibrer lesdépenses sociales et les re-cettes budgétaires d’une ma-nière qui ne mécontente pastrop l’électorat qu’il faudramobiliser dès 2006 en vue desélections qui auront lieu l’an-née suivante. �

Le thème de la réduction de la fracturesociale a été remis à l’ordre du jour(

ACTUALITE

4 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

Lpar Alice TULLE

SOCIAL

Face à la hausse du taux de chômage et du

nombre de bénéficiaires du RMI, Jean-Louis

Borloo présente un projet de loi qui vise un

redressement de la situation à moyen terme.

Pour la cohésion

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e mois d’intense acti-vité diplomatiquetransatlantique devaitculminer avec une ré-conciliation specta-

culaire entre tous les membresde l’Alliance autour de la souve-raineté rendue au peuple irakien.Il n’en a rien été. Des querellesmesquines, une irritation perma-nente attribuée à un Chirac "bou-gon", auraient gâté la fête.

La presse conservatrice amé-ricaine est revenue aux beauxjours du dénigrement antifran-çais, allant même jusqu’à prêterà l’Elysée le noir dessein de favo-riser le succès du candidat démo-crate à la prochaine électionprésidentielle. Pourquoi dès lorsles Américains se priveraient-ilsde choisir leurs hommes dans lavie politique française, en l’oc-currence Nicolas Sarkozy, sacré àWashington dès sa prise de fonc-tions aux finances ? Lui au moinsne partagerait pas l’antiaméri-canisme de son chef ni son sui-visme vis-à-vis de l’Allemagne.L’opposition allemande – la dé-mocratie chrétienne – ne se privepas de clamer haut et fort dansla capitale américaine que toutchangera lorsqu’elle reviendra aupouvoir.

Ces bas calculs politiciensrévèlent que l’administration auxEtats-Unis n’a rien compris àl’Europe. Une autre incompré-hension majeure se manifestepar l’insistance mise à prônerl’entrée de la Turquie dansl’Union européenne. Quand le

président Chirac, qui croit àl’inéluctabilité de cette entrée,dit aux Américains de ne pass’en mêler parce que ce nesont pas leurs affaires, il nefait que répéter une véritéd’évidence. Les Américains n’ontaucune idée de ce qui fait lasubstance de l’Europe et doncde la nature des argumentséchangés en faveur ou contrecette adhésion par rapport àcette idée de l’Europe et de sonavenir. Quand le président Chiracdit qu’il ne va pas, lui, s’occuperdes relations américano-mexi-caines, on peut douter que sonhomologue américain com-prenne le sens de sa répartie.Dans les deux cas, en effet, ils’agit de problèmes intérieurs auxEtats-Unis ou à l’Europe et pas dequelque dessein extérieur.

Le raisonnement est étenduau Moyen-Orient. A-t-on réflé-chi à l’impact de la présence del’OTAN aujourd’hui en Irak ou enAfghanistan ? Aujourd’hui, c’est-à-dire dans le cadre d’un proces-sus électoral. Chirac a dit oui à unrelèvement du nombre des unitésde l’OTAN en Afghanistan maispas avant les élections prévues enseptembre. En Irak, l’Europe et lacommunauté internationaledonnent la priorité aux électionsde janvier. Le calcul de certainsest de faire précéder ces élec-tions de la reconstitution d’un

pouvoir militaire qui se verraittout naturellement remettre lepouvoir. A cet égard, il n’est pasindifférent que l’entraînement dela nouvelle armée se fasse en Irakou à l’extérieur. Loin qu’il s’agissed’assurer la sécurité des élec-tions, il s’agit plutôt de garantirdes élections sûres. Cela peut êtreaux yeux de certains une porte desortie mais ce serait reculer pourmieux sauter. La priorité doit allerà l’organisation du pouvoir civilet non au militaire.

Ceci est conjoncturel. Leproblème de l’OTAN ne tient pasà telle ou telle personnalité, ni àdes majorités politiques. Il résidedans la définition de sa missionet à l’adéquation des moyens. Levéritable défi qui n’a encore ja-mais été traité est la transfor-mation de l’appareil militaire issude la guerre froide et de sa prépa-ration aux conflits présents et à

venir. En dépit de tonnes d’étu-des sur le sujet, l’OTAN est loind’avoir pris la mesure exacte desmenaces, à la fois politiquementet techniquement. Un expert es-timait que sur 1,2 milliond’hommes que comptent lesforces des pays membres del’OTAN, seuls 80.000 seraientvraiment utilisables pour lesconflits nouveaux. Et que diredes équipements ?

La France dispose de quel-ques-uns des meilleurs dans sesunités spéciales, mais ce sontceux qui doivent par exempleservir en Afrique et ne sont doncpas disponibles pour l’OTAN. Oubien il faut reconvertir plusd’hommes et de moyens, ou bienil faut que chacun partage lespriorités des autres. Sinon chacunsera une fois de plus seul face àses propres démons. �

Le problème de l’Otan ne tient pas àtelle ou telle personnalité(

ACTUALITE

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 5

Le problème de l’OtanDIPLOMATIE TRANSATLANTIQUE

Le sommet de l’Alliance Atlantique à Istanbul

(28-29 juin) n’a pas été à la hauteur des

enjeux. Si le président Chirac est désigné

comme bouc émissaire, l’inadéquation de

l’Alliance au monde d’aujourd’hui est apparue

avec éclat. par Yves LA MARCK

C

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� Père Manuel, an après l’offensive américaine sur l’Irak,comment percevez-vous la situation du pays ?

Les Irakiens doivent remercier les Américainsde les avoir libérés. Le fait de pouvoir s’exprimerlibrement est déjà une victoire. Il faut se rappelerla paranoïa qui saisissait même les étrangers dutemps de la dictature. Personne n’osait rien dire,rien écrire... On n’avait même pas le droit de seplaindre ! Au moins a-t-on aujourd’hui ce droit etd’ailleurs, la presse indépendante se développe àgrande vitesse. Mais il faut maintenant donner letemps au pays de se reconstruire. Remettre surpied un pays détruit politiquement, économique-ment, socialement, moralement n’est pas simple etprend du temps.

Le père Manuel connaît

les missions

extrêmes.

Après trente

ans passés au

Congo Kinshasa,

ce frère Carme

se trouve depuis

quatre mois en Irak. Il est arrivé

à Bagdad peu avant le premier

anniversaire de la chute de

Saddam Hussein. C’est à ce

moment-là que les attentats

et les enlèvements ont pris

une proportion massive.

Le couvent des Carmes se

trouve juste à côté du siège

de la coalition et du nouveau

gouvernement intérimaire irakien.

C’est un des endroits les plus

dangereux de la ville. Ce religieux

espagnol ne compte plus les

explosions. Les roquettes qui

passent au-dessus du couvent

dès le levé du jour rythment ses

journées et ses peurs. Mais le père

Manuel s’inscrit dans une position

consensuelle. Puisqu’il les

partage, il comprend les

souffrances du peuple irakien et,

en même temps, défend le

nouveau gouvernement. ll est

contre la guerre, mais garde une

foi profonde dans les actions que

les hommes peuvent entreprendre

pour sauver leurs semblables.

Un reportage d’Anne-Sophie LE MAUFF

IRAKREPORTAGE

6 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

Quand les partiront

Quand lespartiront

Un partisan deMoktada Sadr

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� Pour vous, la guerre était non seulement inévitablemais indispensable.

Je n’ai pas dit cela. Il est indéniable que le pré-sident Bush a commis une erreur en attaquantl’Irak comme il l’a fait. En revanche, une chose estsûre : tous les tyrans devraient être démis de leurfonction de chef d’Etat. La vie et la mort des gensne peuvent dépendre d’hommes qui se prennentpour Dieu. Cela ne veut pas forcément dire qu’ilfaille entrer en conflit armé frontal contre le pays.

� Dès la fin de la guerre, l’Espagne a envoyé des troupesen Irak. Pensez-vous que cette décision ait été uneerreur de la part du gouvernement Aznar ?

Absolument pas. Cette décision a été intelli-gente et courageuse. Les Irakiens savent très bienque les soldats espagnols ont consacré leur temps

à la construction d’hôpitaux et de stations de puri-fication d’eau.

Dernièrement, l’évêque de Bassorah m’a confiéque la population regrettait le départ des troupesespagnoles car leur arrivée avait permis d’apaiserla situation sanitaire. J’éprouve beaucoup de pei-nes pour ces jeunes soldats occidentaux ou asia-tiques qui se font tuer, et vont continuer à se fairetuer, par dizaines. Les militaires américains commenos propres soldats ne sont ni des Rambos ni desassassins en puissance comme veulent bien le pré-tendre certains journaux et opinions publiques.

La France et l’Allemagne ont fait beaucoup demal en parlant de guerre d’occupation. Recon-naissons ouvertement - et c’est l’opinion de beau-coup d’Irakiens aujourd’hui - que ces deux pays etla Russie n’ont pas voulu s’impliquer dans la guerreuniquement en raison des contrats qu’ils avaientavec Saddam Hussein.

Aujourd’hui, toutes les critiques se concentrent

Il est fauxde dire quele gouverne-ment va êtreà la botte desAméricains

REPORTAGE

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 7

AméricainsAméricains©

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sur les Etats-Unis. Mais il faut voir la réalité enface, l’Irak ne pourrait maintenir son existence-même sans la présence des troupes de la coalition.

� L’Irak peut-ilsombrer dans uneguerre civile encas de départ destroupes américai-nes ?

C’est l’évi-dence même. Ilexiste une mo-saïque d’eth-nies et de reli-gions dont cer-tains membressont indépen-dantistes. Il y ales risques d’in-

gérences des Etats voisins. Il y a tout simplementun risque d’anarchie du fait qu’il n’y pas encore enIrak, en dehors des idéologies qui se sont effon-drées, une conscience nationale très développée.

Actuellement, des groupes extrémistes veulentfaire basculer le pays dans le chaos au moyen duterrorisme. Ils craignent et refusent la nouvelle for-

mation gouvernementale. Il est beaucoup plusfacile pour eux de se faire entendre par la voie dela terreur que par la voie des urnes dont ils n’at-tendent rien de bon pour eux.

� L’Irak vient donc de retrouver sa souveraineté aprèsplus d’un an de vide gouvernemental. Comment jugez-vous ce nouveau gouvernement irakien ?

Il est faux de dire que ce gouvernement va êtreà la botte des Américains. Les Etats-Unis ont offi-ciellement reconnu qu’une fois le pouvoir transmis,les Irakiens pourront voler de leurs propres ailes.J’espère que les Irakiens vont finalement se rendrecompte que ce gouvernement est bien le leur etqu’ils vont pouvoir jouir, progressivement, de leurpleine souveraineté même si l’armée américainedoit poursuivre sa tâche jusqu’à temps que le payssoit suffisamment fort pour assumer sa sécuritéintérieure et extérieure.

� Comment percevez-vous l’avenir de l’Irak ?

Malgré les difficultés, qui semblent aujourd’huiinsurmontables, j’envisage le futur de l’Irak avecbeaucoup d’optimisme. Les Irakiens ont un poten-tiel humain très fort. Les gens sont entreprenants,travailleurs et déterminés à s’en sortir. L’autrepotentiel, loin d’être négligeable, est le pétrole quiconstitue la principale richesse du pays. Sans parlernon plus de l’Euphrate et du Tigre, ces deux fleuvesqui peuvent faire de ce pays un véritable paradisterrestre. Il faut bien reconnaître que les possibili-tés économiques de ce pays sont immenses.

� Selon vous, le terrorisme porte-t-il une signature reli-gieuse ?

Bien évidemment. Ils veulent imposer un islamradical, intransigeant, intégriste et immobiliste. Ilscontraignent les gens à suivre leur chemin de mort.Ils font dire à Dieu ce qui les intéresse de manièreà manipuler la population. Contrairement à ce quel’on peut croire, les principes laïcs ne sont pasenracinés dans cette société.

Que penser de ceux qui posent des bombes ?Arrêteront-ils avec le départ des Américains ? Non,bien au contraire, ils se croiront tout permis. Cesera la course au pouvoir par tous les moyens, sansautre frein que celui d’adversaires encore plus dé-terminés, plus violents.

J’insiste : sans cette présence américaine, quedeviendra cette population qui n’a cessé de souf-frir ?

Lesprincipeslaïcs nesont pasenracinésdans cettesociété

8 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

“Combattantsdu Mehdi”

A gauche, un Irakien devant la prisond’Abu Ghraib : la plus grossedéfaite psychologique des Américains.

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REPORTAGE

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 9

� Quel regard portez-vous sur l’islam ?

J’admire la foi des musulmans. Mais ce qui faitle plus de tort au pays c’est sans doute la mauvaiseinterprétation que font les intégristes de l’islam. Ilssont un obstacle à tout progrès social. Ils veulentvivre comme au XVe siècle et ne respectent mêmepas les paroles du Coran. La religion comme lepouvoir tribal se doivent d’être un facteur de ras-semblement, d’union et de paix. L’islam peut êtreune religion de paix... Cette question me vient sou-vent à l’esprit comment Mahomet a pu pénétreravec autant de force chez le peuple arabe ?

En tout cas, pour être légitime, la religion nedoit pas être inconvénient. Elle doit se fondre dansla société. Les religions ne doivent pas être un fac-teur de régression intellectuelle, sociale, écono-mique et politique.

� Quelle est aujourd’hui la situation des chrétiens enIrak ? S’est-elle dégradée ?

Autant que j’ai pu en juger, on ne peut pas direqu’elle se soit vraiment dégradée. Cela dit, leschrétiens souffrent énormément de par le simplefait qu’ils sont minoritaires et qu’ils sont entourésd’extrémismes. L’absence d’Etat les met directe-ment aux prises avec les factions qui pensent avoirla force avec elles parce qu’ils se sentent majori-taires. Le prêtre se doit de réconforter les minori-taires chrétiens dans leur douleur actuelle.

Mais vous savez, les chrétiens souffrent surtoutau même titre que l’ensemble des Irakiens. La po-pulation, en général, souffre du manque d’eau, d’é-lectricité et de nourriture. Il apparaît de plus enplus clairement qu’il aurait fallu se débarrasser deSaddam d’une autre manière. �

CHRONIQUE DE MGR PHILIPPE BRIZARD SURRADIO NOTRE-DAME SAMEDI 26 JUIN 2004

Point de vue de l’Œuvre d’OrientNous sommes à quelques jours du transfert de souveraineté en Irak.Force est de constater que la situation devient de plus en plusinquiétante. Une rencontre devait avoir lieu à Rome avec le Nonceapostolique à Bagdad. Les événements l’ont empêché de venir. Vousêtes au courant des nombreux attentats qui sont perpétrés, surtoutdans et autour de la capitale. Que peut-on dire de plus ?Tout d’abord que les missions d’aide ont dû suspendre leurs activitésparce qu’elles sont dans l’incapacité d’assurer la sécurité nonseulement de leurs membres mais aussi des employés locaux dontelles avaient loué les services. Or, la misère s’accroît. Un rapportindique un niveau élevé de pauvreté chronique et un taux alarmant dedépendance des rations alimentaires mensuelles. On estime à 60%,soit 15 millions d’habitants, la part de population dépendant desrations alimentaires. Quel paradoxe, le pays a besoin d’être aidé et lesmissions d’aide ne peuvent pas travailler. Remarquez, en outre, que lepays en lui-même n’est pas pauvre. Un minimum de réorganisationpermettrait à l’économie de repartir. Mon Dieu, cette affaire d’Irak,quel gâchis !Et dans ce chaos, que deviennent les chrétiens ? Les Chaldéens, quisont catholiques comme on sait les plus nombreux parmi leschrétiens, sont encore 600 000. Au moins, deux fois ce nombre aémigré au cours des dernières années. Leurs évêques s’inquiètentparce que, bien qu’ils fassent la moitié des chrétiens du pays, lesChaldéens ne sont pas représentés au gouvernement provisoire. Leseul non-musulman de ce gouvernement est issu de la communautéassyrienne, la plus petite des trois plus grandes communautéschrétiennes du pays. Quelle sera la sécurité des chrétiens quand letransfert de souveraineté aura eu lieu ? Plus de 200 chrétiens ont ététués par des extrémistes musulmans depuis le début de la guerre.Pourtant, les chrétiens sont bien chez eux, plus originaires qued’autres. Ils ont déjà payé un lourd tribut à la fin de l’Empire ottomanet à la fin du mandat britannique : on peut même parler de génocide.Je le répète, si les Puissances font la bêtise de promouvoir unedémocratie libérale en Irak à la manière occidentale, les chiitesprendront le pouvoir et ne laisseront aucun droit aux minorités,encore moins de liberté religieuse. Sombres perspectives.Les organisations catholiques qui soutiennent les Eglises en Irak et quiapportent une aide aux populations ont décidé de poursuivre leurtravail en relation avec leurs partenaires locaux. Pour sa part, l’Œuvred’Orient, non seulement continue de subventionner les institutionschrétiennes, mais, grâce à la générosité de ses donateurs, poursuit larénovation de l’hôpital St Raphaël de Bagdad et la restauration deséglises qui ont été endommagées par les opérations militaires.Aidez-nous à poursuivre notre mission.

Mgr Philippe BRIZARD

ŒUVRE D’ORIENT, 20, rue du Regard 75006 ParisTél. : 01 45 48 54 46 - Fax : 01 42 84 05 97

Vieillefemme surun marchéde Bagdad©

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ivre à Bagdad est une aventure incer-taine. Plus encore que les bombes, cesont les enlèvements quotidiens quiconstituent le cauchemar de la popula-tion. Aux séquestrations "politiques"

s’ajoutent les prises d’otages maffieuses. Des com-merçants, des hommes d’affaire sont rançonnés.Dans un Irak livré aux mains des guérillas et desgangs de tout type, la population se sent en sursis."Il ne se passe pas un jour sans qu’une de nosconnaissances ne se fasse enlever. C’est terrible,nous vivons dans un climat de suspicion totale",s’inquiète Fikra, une journaliste aujourd’hui à la re-traite. Il y a deux semaines, son ami d’enfance a,lui aussi, été victime de trois hommes armés. Ilsl’ont roué de coups en pleine rue avant de l’en-fourner, sac sur la tête, dans une vieille BMW. Lascène s’est déroulée au cœurde la capitale, à deux ruesseulement de l’Université deBagdad, en plein après-midi.Depuis, sa famille est sansnouvelle. Tous attendent unhypothétique coup de télé-phone fixant le coût de lalibération.

"Les enlèvements sontdevenus un phénomènecourant. Avant la guerre,cette situation aurait sembléimpensable. Celui qui dispa-raissait était victime dugouvernement, non desgangs mafieux", explique unprofesseur de droit cons-titutionnel de l’Université deBagdad. Quelques joursaprès la passation de pou-voir aux Irakiens, le climat d’insécurité reste letalon d’Achille du tout nouveau gouvernementintérimaire.

"Lyad Allaoui, qui a pris les rênes du Comité deSécurité Nationale, n’est pas au bout de ses pei-nes", proteste une mère de famille naguère aisée,qui a réussi, à force d’emprunts, à verser une ran-

çon de plus de 40 000 dollars pour faire libérer sesdeux fils. Aujourd’hui, le manque de sécurité, plusencore que le chômage endémique alimententchez certains la mélancolie du régime déchu. "Que Saddam re-vienne une bonnefois pour toute etqu’il nous délivrede tous ces as-sassins. Les Amé-ricains nous ontenchaînés plusqu’ils nous ontlibérés. Qu’on enfinisse avec cerégime de ter-reur", lance, à quiveut bien l’enten-dre, une personnequi a dû faire ver-ser une rançon àdes bandits poursa propre libération.

Ismaël garde en effet encore toutes les tracesphysiques et morales de son expérience. Enlevé parsept hommes dans son entreprise du quartier chré-tien de Bagdad, à Karada, il a dû payer 50.000dollars pour avoir la liberté et la vie sauve.Transporté dans le coffre d’une voiture les yeuxbandés, il a été enfermé dans une maison. Les sé-vices ont rapidement commencé. Eau bouillantesur le corps, brûlures de cigarettes, menaces d’exé-cution, les trois premiers jours on été un cauche-mar pour cet homme de 70 ans. Ismaël croit que,plus qu’à son argent, c’est à sa qualité de chrétienqu’on s’est attaquée. Il a eu de la chance. Les ravis-seurs lui demandaient 200.000 dollars. Ils se sontcontentés du quart de cette somme, preuve d’uncertain amateurisme qui n’a rien de rassurant.Comble de l’histoire, l’argent de la rançon a étéremis à proximité d’un poste de police irakien. �

REPORTAGE

10 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

Il y a dusacré là oùl’on a unerencontrephysique duvisible et del’invisible

Bagdad,capitale des enlèvements

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Ce matin, on enterreun voisin, victime

d’un attentat, maisce que l’on redoute

le plus ce sont lesenlèvements...

Une Irakienne chiite.

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REPORTAGE

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Quelquesoubliésde la souveraineté

a souveraineté ?”interroge le vieilAhmed, en fixantl’horizon d’un re-gard vide. Désa-

busé, il se répond : “C’estcomme l’histoire des Milles etune Nuits version américaine.Vous pensez bien que rien nechangera pour nous du jour aulendemain. Le seul qui pouvait faire cela, c’étaitSaddam. Il rasait tout et tuait tout le monde. ABagdad, personne ne pense que la souveraineté vatransformer le pitoyable quotidien. Un an après lachute du régime, aucun des changements promis nese sont concrétisés. Le seul élément tangible est laliberté de parler." “Pour le reste, se plaint Ahmed AlSadi, les choses ont empiré. Nous avons en plus l’in-sécurité qui est précisément un héritage de l’occu-pation américaine."

Au cœur de la rue Sadoun, à quelques mètres dupérimètre sécurisé de l’hôtel Sheraton et Palestine,la rue s’anime étrangement. Commerçants, mar-chands ambulants, conducteurs tous ont les yeuxrivés sur un âne transportant dans une charrettedes dizaines de bombonnes de gaz. L’angoisse se litsur les visages. La scène, bien que cocasse, en rap-pelle une plus dramatique. Il y a six mois, le mêmeanimal avait servi de base de lancement au tir d’uneroquette. Cette dernière avait atterri au 16e étagede l’hôtel Sheraton blessant grièvement un journa-liste. “Qu’ils s’attaquent aux militaires américains etpoliciers irakiens, on comprend, mais que nous, lescivils soyons les premières victimes, c’est inadmissi-ble”, hurle un vendeur de téléphone du quartier, lasde cette insécurité grandissante. Violence, chômage(50% de la population est au chômage), tracasjournaliers tels que le manque d’eau et d’électricitésont coutumiers aux Irakiens.

Le chef de la tribu Al Raja sait très bien ce quesignifie tout perdre. Dès la fin de la guerre, cethomme a poussé les siens à émigrer du sud du paysvers la capitale irakienne. Ils sont quelque vingtfamilles à avoir échoué dans la périphérie sordidede Bagdad. Leurs maisons bombardées ou désor-

mais occupées, ils n’ont eu d’autre choix que se ré-fugier dans la grande ville. Musiciens et danseurs deprofession, ceux que l’on appelle "les Gitans", nepeuvent même plus aujourd’hui exercer leur Art."L’occupation a tout chamboulé. A part les mariés,qui oseraient faire la fête aujourd’hui ?", demande-t-il. Agglutinés sous leurs tentes, écrasés par la pau-vreté, méprisés par la société et ignorés par lesAméricains, ces dizaines d’hommes et de femmessont les plus grands abandonnés de la souveraineté.

Que signifie la souveraineté pour la petiteRawa, 10 ans, une jambeen partie déchiquetée parles éclats d’une mine anti-personnel, que l’on supposeaméricaine ? "Vous pensezque la souveraineté va luiredonner les morceaux quilui manquent", lance sonpère. Elle, n’a pas encored’amertume et attend tou-jours que ces nouveauxmaîtres de la souverainetépuissent la conduire dansun hôpital à l’étranger dans l’espoir de se fairegreffer. �

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“Gitans”de la tribuAl Raja

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Rawa, blessée par une mineantipersonnel, américaine croit-on...

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Héritières deTerres lointaines,les pages heb-domadaires TL(destinées auxcollégiens) sontactuellement uti-lisées par diffé-rents éduca-teurs, pour l'ac-compagnementd'une animation

pastorale ou d'une réflexion régulière avecune classe. Cette année, TL a déjà été choisidans une vingtaine de classes des collègesSaint-Thomas de Villeneuve à Chaville, duPrieuré à Sambin, de Saint-Vincent à Blois,de la Providence à Thionville, deMontrichard, de Montoire...La publication des pages TL dans FranceCatholique (qui reprendra en septembre)permet de proposer aux enseignants ou auxaumôniers des conditions d'abonnementmultiple. Avec cette formule, chaque enfantd'une classe pourra recevoir "son" journal,soit une quarantaine de numéros par an,

pour un coût équivalent à 8 euros seule-ment par élève, au lieu de 58 euros (prixd'un abonnement individuel). L'offre est simple : l'éducateur souscrit unabonnement "FC / classes collège". Ainsirecevra-t-il chaque semaine l'hebdo. pouradulte FC + 25 exemplaires des pages TL*,destinées aux 11-15 ans (en dehors desvacances scolaires). Dans certains numérosde FC, l'éducateur trouvera des élémentspédagogiques pour animer un échange avecles collégiens lecteurs de TL, à partir desarticles parus dans leurs pages.

Les 25 exemplaires de TL seront adresséschaque semaine à l'abonné, sous enveloppe, séparément de FC. Le prix de l’ABONNEMENT D’1 AN à FranceCatholique + 1 an au supplément collégiensTL x 25 exemplaires a été fixé à 275 € TTC(facture sur demande). Chèque à l'ordre de SPFC60, rue de Fontenay92350 LE PLESSIS-ROBINSONCette offre n’est valable que jusqu’au débutseptembre 2004. sites : www.france-catholique.fr et www.tousenligne.com

ESPRIT

� "Quand on veut, on peut !" disent les uns. "Je voudrais bien,mais je n'y arrive pas !" répondent les autres. Tel est ledialogue de sourds qui se reproduit sans cesse, et même ennous-même, entre les exigences de la Loi et les faiblesses de lachair. Face à cette situation, le Christ n'est pas venu apporterde nouveaux développements à la Loi (en matière de charitéfraternelle par exemple), ni une nouvelle insistance pour nousy obliger. Il est venu prendre en compte la situation réelle del'homme blessé dans sa volonté, depuis le péché originel, pourle relever et lui rendre sa liberté.

� Déjà le Deutéronome, à la fin de l'énoncé précis des loisd'Israël, nous laissait entrevoir que l'obéissance à la volonté deDieu n'était pas le parcours du combattant, ou un idéalinaccessible pour le commun des mortels, mais que la Parolede Dieu, en ce domaine, était "tout près", "dans notre boucheet dans notre coeur". Loin de nous surplomber de toute sahauteur, Dieu venait proportionner ses exigences à notrefaiblesse. Première lumière sur notre route.

� Saint Paul, dans le célèbre passage de la Lettre auxColossiens, nous donne la clef du changement opéré parl'Incarnation. Jésus est le "premier né par rapport à toutecréature" : il est donc de notre côté. Si Dieu le Père continuede nous attendre sur la ligne d'arrivée, il a envoyé son Fils semettre avec nous sur la ligne de départ, pour faire avec nousl'épreuve de la course. C'est pourquoi il peut être dit le"chemin" (et pas seulement le but). C'est encore pourquoi saint

Paul peut écrire que le Père "a voulu toutréconcilier par Lui (Jésus) et pour Lui, enfaisant la paix par le sang de sa croix."

� Ce n'est pas nous qui nous réconcilions, faisant un bout dechemin vers Dieu, qui, en retour, en ferait un dans notre sens.Cela, nous en sommes radicalement incapables. Jésus a faittout le chemin, il a réalisé à notre place, et dans lescirconstances les plus terribles, l'oeuvre d'adoration etd'obéissance filiales que nous n'arrivions plus à offrir. Et ainsi,positivement, il nous a réconciliés avec Dieu.

� Alors seulement, nous pouvons entendre en vérité laparabole du bon Samaritain, sans l'appauvrir et la ramener àune banale leçon de service. L'homme tombé aux mains desbrigands, c'est nous, c'est chacun de nous, dans l'échec denotre vie morale et spirituelle, dans l'incapacité d'aimer, d'êtrefidèle, de donner un sens à notre vie. Et Jésus, Lui, le plusétranger à notre manière d'être, l'homme de l'extérieur, leSamaritain, se fait le prochain de notre misère, la prend surLui, la porte comme il a porté la croix, après avoir soigné nosblessures par ses sacrements (signifiés ici par l'huile et le vin)et avant de nous confier à son Eglise, comme à l'auberge oùnous pourrons prendre des forces "jusqu'à son retour".

� C'est pour nous la seule issue : il s'agit d'accepter d'êtresoigné pour retrouver le dynamisme de notre vie faite pourDieu. �

Lectures de la messe du 11 juillet 200415e dimanche du temps ordinaire par Michel GITTON

Concours :2 invitationsà la Mer de Sableoffertes aux25 premièrespersonnesrépondant àà la question ci-dessous.

Quel est le nom du chat mascotte de TL (représenté sur la couverture au début decet article). Répondre au 01 46 30 37 38, avant le 18 juillet 2004.

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En mémoire des jours

e livre qui, cette année, areçu le prix des écrivainscroyants mérite à tous

égards l ’attention dont onl’honore. Son titre résume sonpropos : “L’éclair de la ren-contre, juifs et chrétiensensemble témoins de Dieu”.Son auteur rassemble en cespages ce qui fut le combat desa vie : une compréhensionrenouvelée entre les fidèles dela synagogue et ceux de l’égli-se, et cela en vertu d’uneascendance commune quin’aurait jamais dû en faire desfrères indifférents et encoremoins ennemis. C’est tout demême d’un messie juif dont leschrétiens sont les disciples. Lemoins qu’on puisse dire c’estqu’on ne semblait plus guères’en souvenir. Il fallut l’immen-se épreuve de la shoa pourouvrir les yeux sur ce mystèred’Israël que la persécutionnazie entendait extirper de lamémoire des hommes.

Colette Kessler, l’auteur dulivre dont je parle, n’était alorsqu’une enfant mais qui réali-sait ce qu’il en était de cetteétoile jaune qu’elle devait por-ter comme un signe d’op-probre. Les rabbins qui l’ins-truisaient soulignaient à juste

titre que la torrah de Dieu n’a-vait rien d’une couronne ettout d’un fardeau sous lequelpérirent six millions de juifsqui étaient autant d’innocentset de martyrs pour tout dire.L’inattendu, et qui cette foisvenait de Dieu, ce fut au len-demain de cette épouvante,une démarche réciproque dejuifs et de chrétiens qui entre-prirent de se parler, et en destermes tout autres. Non pasceux de l’anathème mais dudialogue. On se prenait enconsidération et au niveau leplus essentiel qui est le conte-nu de la foi. On la sait sourcequi est pour nous dans cesdeux Testaments qui nous fonthéritiers d’une Parole dont onn’a pas épuisé les effets. Pourles chrétiens, il devrait aller desoi que Jésus n’est pas venuabolir mais accomplir ce qu’il ya dans la Loi. Comme annonce,Jésus fut certes pierre d’a-choppement pour les juifs,comme il l’est encore pourbien d’autres. La grâce d’unedémarche comme celle deColette Kessler, c’est de nousouvrir à l’intelligence de cetteLoi, dont pas un trait, pas uniota n’est révolu. “Si les na-tions de la terre avaient su,écrit Colette Kessler, combienIsraël leur était utile, n’au-raient-elles pas, au lieu delever l’épée contre lui, au lieude tenter de l’assimiler par laforce, de le faire plier en l’em-pêchant d’étudier sa torrah,voire de l’éradiquer, n’aurait-elle pas permis à Israël de vivreen paix, de telle sorte que savie tout entière soit une of-frande pour toutes les nationsde la terre”.

Ce qui fonde le mystèred’Israël, ce sont en effet les

promesses de Dieu, dontMaritain disait qu’elles étaientsans repentance. Sous laplume de Colette Kessler, on netrouve rien qui fasse offense àla foi des chrétiens. C’estmême un signe que des juifspuissent aborder à nouveau laquestion de Jésus. Commesouvent, il leur est demandépar leurs amis chrétiens. Nousavons tout à gagner dans cetteapproche qui nous renvoie ànos propres sources. A ce pre-mier Testament qui est notrebien partagé. Il est impression-nant de voir tout ce qu’en tirela méditation juive. Jésus n’estpas absent de cette quête.Kessler en parle avec respect etmême un peu plus.

Le temps est vraiment venude se parler en vérité et enadorateurs, les uns et les aut-res. Le titre de ce livre deColette Kessler dit l’essentiel,et il éclaire notre devenir et ceque nous tenons de Dieu lesuns et les autres. Sans confu-sion. C’est dans la différenceque nous allons. D’une lecturequi l’avait beaucoup marquée,Colette Kessler observe qu’ellelui donna l’occasion de méditersur sa propre foi et sur celle del’autre : “En ce temps, écrit-elle encore, où les chrétienssemblent de plus en plus mett-re l’accent sur la Parousie, lesretours de Jésus, je voudraisdire que notre attente res-pective au lieu de s’effectuerdans la déchirure d’un déjà oud’un pas encore, pourrait deve-nir une espérance communesur le chemin du peuple éter-nel”.

Ce qu’il faudrait évidem-ment éviter, c’est de connaîtrele judaïsme et d’ignorer lesjuifs. Collette Kessler nous le

recommande. On ne peutguère tomber dans ce traversavec ce livre où à chaque pagenous est offerte la rencontrevraiment fraternelle d’une âmejuive. ce qui grève notre histoi-re c’est ce passé de nuit qui fitde la Croix un symbole pour lesjuifs. Il ne faisait pas bon fré-quenter la synagogue lesVendredis Saints au temps despogroms où l’on faisait lachasse aux juifs. Il n’est pas in-terdit d’espérer un jour oùchrétiens et juifs iront plusloin dans l’approfondissementdes questions essentielles tou-chant leurs différences, pour laplus grande gloire de Dieu etpour devenir ensemble béné-diction pour toutes les nationsde la terre.

Evoquant Edith Stein, Co-lette Kessler écrit : “personneavait-elle prévenu, ne pourraitlui tirer le secret de sa conver-sion. Nous touchons là leniveau de silence qui dépasseles institutions parce qu’en sapersonne s’est produite commeune anticipation eschatolo-gique, d’une rencontre entrel’âme juive et l’âme chrétienne.Elle fait partie d’une de sesrares femmes habitée par untel souci de la vérité dans lafoi qu’elles sont prêtes, selonl’expression de MargueriteLéna, à toutes les déchiruresen elles-mêmes et avec leurentourage”.

Les temps ont bien changédepuis qu’entre juifs et chré-tiens l’emporte un rapportd’estime, et pourquoi pas d’a-mitié. C’est bien à quoi parti-cipe ce livre. On ne le refermepas comme on l’avait ouvert. �

Colette Kessler, L’éclair de la rencontre,Parole et Silence, 300 p., 25 €, Prixdes écrivains croyants.

Un ouvrage rare

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Par RobertMasson

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ous ne voulons pas vivredans un musée !" MèreDominique, supérieure ducélébrissime Carmel de Lisieuxn’aime pas la naphtaline.

Après tout, c’est la devise de son Ordreempruntée au prophète Elie : "Il estvivant celui devant qui je me tiens !"Mère Dominique se veut une femmed’aujourd’hui et une carmélite sanscomplexe. "Nous ne vivons plus autemps de la petite Thérèse", ajoute-t-elle avec un calme plein de détermina-tion. C’est vrai, le temps des fondationssemble bien lointain Nous sommes en1887. Monsieur Guérin, veuf, quitteAlençon avec ses filles pour s’installer àLisieux, aux Buissonnets : "C’est, selonMarie Guérin, une charmante habitation,riante et gaie avec ce grand jardin oùCéline et Thérèse pourront prendre leursébats. Il n’y a que l’escalier qui laisse àdésirer et aussi le "chemin du paradis"comme tu l’appelles, car en effet, il estétroit. "

La petite Thérèse ? Elle sentirait,paraît-il, l’eau de rose et s’habilleraitcouleur sépia. Mais ses détracteurs ont-ils bien regardé son visage limpide ?

Cette étoile filante était pressée d’arriverau but. Elle n’a que 24 ans quand ellequitte la terre, crachant le sang etconfessant son amour. Même Docteur del’Eglise, elle continue de faire fuir lesintellos. C’est que Thérèse de l’EnfantJésus est une sainte populaire. Ils sontdes millions à prier Dieu par son inter-cession.

A Lisieux, c’est la règle du nova etvetera comme dirait Mgr Guy Gaucher.Rien de l’ancien Carmel n’a été détruit.On a juste construit du neuf dans lacontinuité du vieux couvent en briquesrouges. Au ciel comme sur terre, Thérèsevit désormais hors clôture. Ses reliquesfont chaque année plus de kilomètresque dix chefs d’Etat réunis. Alors queThérèse, post mortem, joue au globetrotter, de l’Irak aux Sécheylles, et que lemonde entier vient frapper à la porte deLisieux, il fallait une refondation.

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Au nom de “France

Catholique”, les portes du

fameux Carmel de Lisieux

se sont ouvertes à Samuel

Pruvot. Il a rencontré

quelques sœurs qui, dans

leurs bâtiments rénovés,

lui ont confié une part du

secret de leur vocation.

A pied jusqu'àJérusa

Le monde entier vient frapperà la porte de Lisieux(

Le christianismec’est pas Lifting dans la par Samuel PRUVOT

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VISITE

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FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 15

"Construire une communauté estplus difficile que de bâtir des mursavoue Mère Dominique. Changer debâtiment, c’est aussi changer de menta-lité… "Nouvel oratoire, nouveau réfec-toire, etc. Le but est de répondre à lasoif des fidèles, de les associer de plusprès à leur prière. Les carmélites font-elles aussi peur que du temps de Ber-nanos ? Sans doute que non. Leur prièreest cachée, obscure parfois, mais ellefait descendre le ciel sur la terre, à l’ins-tar de l’expérience foudroyante de la

petite Thérèse : " O Verbe, gloire du Père,je te contemplais dans le ciel. Main-tenant, je vois sur la terre le Très-Hautdevenu mortel. "Au Carmel, plus qu’ail-leurs, toutes les morts sont des nais-sances.

� Mes sœurs, qu’est-ce que cela change d’êtreà Lisieux, dans le même couvent que la petiteThérèse ?

Sœur M-M : La présence de Thérèseest presque physique ici. Quand je suis

arrivée, j’avais parfois l’impression de lavoir traverser le cloître ! "N’est-ce pasThérèse qui passe ?" Elle est dans lesmurs, elle imprègne la maison dans uneatmosphère de simplicité et d’humilité.J’ai une relation fraternelle avec elle,comme si elle était encore vivante. Saprésence n’est pas magique, ce n’est pasune sorcière d’Harry Potter !

Sœur M : Nous ne vivons pas dansun musée ! Thérèse de l’Enfant-Jésus nenous ramène pas en arrière - dans le

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sorciergrande tradition AU CARMEL DE LISIEUX

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passé - elle nous tire en avant. C’est unesœur qui a eu beaucoup d’audace. Elle afait preuve de confiance et d’abandon.Ce qui me frappe, dans sa vie, c’est sarecherche, son combat. Tout n’est pastombé du ciel ! Dieu se manifeste aussipar son absence. Il nous dit : "Lève-toiet marche !"

Sœur F.M : Heureusement que je neressens pas en permanence la présencede Thérèse, sinon j’étoufferais ! Je re-trouve moins Thérèse dans les pierresque dans les personnes. Cette vision esttrès dynamique, même si la vie commu-nautaire n’est pas facile tous les jours !

� Comment devient-on carmélite ?

Sœur M.B : J’avais une tante carmé-lite en Chine. On en parlait en famille.Depuis toujours, je savais que je devien-drai carmélite. J’ai grandi avec cettecertitude. Mais je ne savais pas ce quecela voulait dire ! Cet appel, entre nous,ne me plaisait pas trop. Je rêvais dedevenir hôtesse de l’air ou chirurgien !Après deux années d’études de méde-cine, j’ai obtenu mon diplôme d’infir-mière… J’avais un métier en poche. LeSeigneur m’a dit : "C’est maintenant, situ veux…". Je ne voulais pas entrer aucarmel de Niort, dans ma ville. Fina-lement, je suis partie à Lisieux.

Sœur M.M : Je travaillais dans uncentre de santé, à Kigali, au Rwanda. Jerencontrais beaucoup de souffrances. Jeme suis dit : "Il faut trouver un moyenpour rejoindre la souffrance du plusgrand nombre de gens". Une carmélitede Kigali m’a répondu : "Par la prière, tupeux rejoindre le monde entier. Il n’y aplus de limites, ni de lieu, ni de temps."Je suis entrée au Carmel pour cette rai-son. La petite Thérèse n’était pas pourmoi une maîtresse mais une amie. Ons’entendait bien toutes les deux jusqu’aujour où je me suis mis en colère contreelle… C’était en 1993, quand j’ai étéenvoyée en Belgique. J’ai confié mafamille - et spécialement une sœur - àsa protection. "Tu vas veiller sur elle !"Mais tout le monde a été massacré. J’aidit à Thérèse : "On n’agit pas comme çaavec ses amis ! Tu m’as déçu." Je ne lui

parlais plus, je ne supportais plus saphoto. Nous sommes réconciliées depuis,rassurez-vous !

Sœur F.M : J’ai tout laissé tomberaprès ma profession de foi. Et je neregrette pas ! Je préférais le football.J’aime tellement les ballons ! A 19 ans,j’ai rencontré Dieu. J’ai grandi avec undésir, le désir d’aimer. J’aurais pu penserau mariage. Autour de moi, mes amiesavaient déjà des "copains". Mais mondésir persistait, comme une énigme quime faisait souffrir. Je suis issue d’une fa-mille non pratiquante (sauf maman quis’est convertie !). Je participais à ungroupe de prière entre Tours et Château-roux. Le désir d’aimer ne me quittaitplus. Je n’avais personne à qui en parler.Un jour, dans la bibliothèque de petitessœurs dominicaines auxquelles je don-nais un coup de main, je suis tombée surHistoire d’une âme de Thérèse de Lisieux.J’ai vu son désir du Christ. C’était ça ! Jesuis partie à Lisieux pour une retraite.Dans ma chambre, tout est devenu évi-dent. Aimer Jésus dans la vie religieuse,c’était pour moi !

Sœur M : J’ai tout lâché à l’âge 20ans… Je croyais vaguement en Dieu. A25 ans, je me suis posé des questions surl’intériorité. J’ai rencontré un groupespirituel à Paris, dans la tradition dusoufisme. A cette occasion, je me suisreplongée dans les Evangiles. Mon idéeétait de lire un livre de sagesse. Mais leSeigneur m’a saisie. J’ai fait l’expériencedu Dieu vivant ! Je sentais que ma viebasculait. Mais après ? J’ai dit : "Si tu esDieu, conduis-moi où tu veux !". Quel-ques heures plus tard, j’apprends qu’unelointaine relation va faire "profession"dans un carmel. Il s’agissait d’une jeunefemme moderne, bien dans sa peau,"normale" quoi. Tout est devenu clair. Jedevinais le terme de ma longue recher-che... Ma vie était bien remplie et pas-sionnante mais j’ai quitté mon travaildans une grosse boîte et mes amis. Jesuis entrée au carmel de Saint-Sever(Calvados). Il y avait beaucoup de jeu-nes, je n’étais pas trop dépaysée !

� Entrer aujourd’hui au carmel, n’est-ce pasaller contre le " sens de l’histoire " ?

Sœur M.B : Il y a une rupture avecles proches qui est dure. Notre choix lesinterroge. "Tu n’es pas libre !" Lesincroyants, surtout, sont confrontés bru-talement à la question de Dieu.

Sœur F.M : "Tu ne vas past’enfermer ! Tu aurais pu choisir un ordreapostolique…" "Au Carmel, tu vas deve-nir une mémére !" J’ai une cousine trèsproche qui m’a confié récemment. "Tu estoujours la même ! Ça fait plaisir."

� La vie cloîtrée et le célibat, n’est-ce pas uneamputation de la féminité ?

Sœur M : La maternité existe aussichez nous à travers la dimension de l’ac-cueil. Nous vivons en communauté, avecd’autres femmes qui partagent la mêmerecherche de Dieu. Par certains côtés,nous sommes libérées du carcan socialqui emprisonne l’image de la femme.Pour ma part, j’ai appris à être femme auCarmel ! Femme à toutes les étapes dela vie. Je partage la même dynamiqueque les autres femmes. Mais j’ai l’im-pression d’avoir un espace plus largepour vivre ma féminité. Notre époux estquelqu’un de fidèle. Il est toujours là ! LeChrist est gage d’une liberté fantastique.Avec lui, je n’ai plus peur de vieillir. Plusj’avance dans la vie religieuse et plus jesuis disponible, plus je redécouvre lavertu d’enfance et finalement la fraî-cheur. La maternité qui est la miennedépasse les possibilités humaines. J’aides enfants un peu partout. Cette fé-condité est pour moi colossale, évidente.

Sœur M.B : Nous communions enprofondeur à ce que peuvent vivre lesfemmes d’aujourd’hui. Par notre vie desilence, nous creusons cette fraternité.

Sœur M.M : J’aime les enfants ! AuRwanda, on me disait : "Tu ne pourrasjamais vivre sans enfants à côté de toi !Plutôt que d’aller au Carmel, on va t’ai-der à trouver un mari !" Etre mère etépouse, c’était fait pour moi. Mais leSeigneur voulait transformer ces épou-sailles humaines. Après avoir fait cechoix, je ne me sens pas diminuée. Jen’ai rien perdu de ma féminité. Le Sei-gneur nous donne au centuple. J’ai desmilliers d‘enfants autour de moi !

� L’image du Christ "époux" et de la religieuse"épouse", n’est-ce pas un peu démodé ?

Une jeune femme moderne, biendans sa peau, “normale” quoi...(

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ESPRIT

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 17

Sœur M : La question est de savoirsi le Christ est quelqu’un de vivant !C’est la devise du Carmel empruntée auprophète Elie : "Il est vivant le Dieudevant qui je me tiens !" Le Christ peutêtre notre époux mais aussi notre ami,notre frère. Chaque religieuse vit cemystère à sa façon.

Sœur M.M : Son amour me comble !Sa présence est capable d’envahir toutema vie. Nous avons le désird’aimer. Il est réalisé ! Nousfaisons l’expérience d’êtreaimés par Dieu. Surtout dansles petites choses. "Il n’y aque Lui pour faire cela !"Notre vie religieuse est uneréponse à son amour. Il nousa aimées le premier.

� N’avez-vous pas l’impressionque la vie contemplative aquelque chose d’inutile ?

Sœur M : C’est un durlabeur que de travailler àêtre face à Dieu ! Une explo-ration sans fin. Je n’ai jamaisle sentiment d’être inutile. Je sens toutun peuple derrière moi ! Parfois, j’ai l’im-pression d’avoir raté quelque chose parmes absences.

Sœur FM : C’est difficile de passerdu faire à l’être ! Peut-être à cause demon jeune âge ? C’est un combat qued’apprendre à lâcher prise, un vrai tra-vail !

� Thérèse de l’Enfant Jésus est "patronne desMissions", elle qui n’a pas quitté les murs desa petite cellule… Ce choix de l’Eglise n’est-il pas un peu farfelu ?

Sœur M.B : Récemment, quelquespersonnes ont eu la permission de visiterla cellule de Thérèse. Il s’agit d’une pe-tite pièce avec un lit et une table denuit. Il fallait dire un mot aux visiteurs…J’ai choisi de leur lire un passage du ma-nuscrit B "Ma vocation, c’est l’amour !".C’est dans cet espace modeste queThérèse a écrit ses plus beaux textes surla mission. Elle a dépassé toutes lesfrontières en plongeant dans sa profon-deur.

La vie contemplative fait reculer lesdimensions de l’espace et du temps. Noscontemporains ont besoin de bouger, de

changer d’air. Pour moi, il suffit de descen-dre dans mon cœur. Il y a un espace infini.Le tout, c’est d’accepter d’y plonger !

� Quelle est votre manière de prier au Carmel ?

Sœur M : Nous n’entrons pas auCarmel pour avoir des extases ! J’aimebeaucoup le frère Laurent de la Résur-rection qui fait oraison dans sa cuisine,en cuisant une omelette. Le Bon Dieu est

dans les marmites ! Il suffit de vivre àfond notre désir de Dieu. Il faut toujourslaisser une case vide.

Au Carmel, on ne demande rien d’ex-traordinaire. C’est la raison du "succès"de nos saints. Il suffit de vouloir vivre àfond avec Dieu. Dans l’oraison, nous nepouvons faire quelque chose qu’au dé-but et à la fin. Sinon, pas de méthode !Au départ, on se met en présence deDieu et à la fin on lui dit au-revoir. Maisentre les deux… Il y a l’effort de revenirsans cesse à la présence de Dieu. Malgrétoutes les distractions. Si vous êtes decuisine et que vous avez oublié quelquechose, il faut résister à la tentation devous lever et de sortir. Il faut rester àl’oratoire, marquer la primauté de notrerelation à Dieu. Dans la prière, Dieu esttoujours là. Mais nous, pas toujours ! Ilnous demande de revenir à Lui. Celasuppose une décision de notre part, sansvolontarisme.

� Saint Jean de la Croix parle de la nuit obs-cure. C’est une drôle de prière ?

Sœur M.M : La nuit, l’obscurité etl’impuissance font partie de la vie, ducombat spirituel. Cela nous arrive unjour ou l’autre. Chacun doit passer par

là. Le tout est de ne pas se décourager.Je vis des hauts et des bas, des jourssombres. C’est un peu comme la météo,instable par nature : brouillard, pluie,éclaircie, grand soleil…

Sœur M : Quand vous êtes au milieudu tunnel, la lumière continue de brillerau bout. La petite Thérèse aime à direque le soleil continue de briller derrièreles nuages. C’est simple mais tellement

vrai. Je suis à l’oraison.Tout me semble sec. Demon côté, je ne voisrien. Mais pour Dieu,c’est différent !

Sœur M.B : Nuit.J’aime ce mot. On nevoit plus grand-chosemais on continue demarcher avec la lumièrequi nous est donnée.Non, je ne sais pas oùDieu me conduit. La foidoit aller jusque là.Certains seraient sur-pris de savoir ce qu’en-durent certaines sœurs.

On les voit calmes et souriantes. Mais àl’intérieur ! Nous savons que Dieu nenous tentera pas au-dessus de nos for-ces. Plus on donne, plus on devientdisponible. Il peut faire de nous ce qu’ilveut ! Les premiers moines ne partaient-ils pas au désert pour le combat, accom-pagnés des anges de lumière et desanges des ténèbres ? Le martyr, chez unecarmélite, est invisible. Mais il peut sur-venir.

Sœur M.M : Je pense à Mère Teresade Calcutta qui vient d’être béatifiée.Son œuvre est immense ! Mais elle avécu la nuit de la foi pendant de longuesannées. Elle a fait tout ce travail dans lanuit…

Sœur M : Dieu reste le Tout Autre."Mes pensées ne sont pas vos pensées"dit le Seigneur ! Nous avons notre idéepour approcher Dieu. Ce n’est pas forcé-ment la sienne. Il faut donc lâcher prise.Dans un couple, l’autre ne répond pasforcément à vos attentes. C’est le proprede l’altérité. A fortiori quand le parte-naire est Dieu ! Cela nous fait mal par-fois. Mais personne ne peut mettre lamain sur Dieu ni le posséder. Sinon ilserait bientôt impossible de l’adorer. �

D.R

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Avec Jean-Paul IIL'infatigable pèlerin

Avec Jean-Paul IIL'infatigable pèlerin

© Editions du Triomphe, 7, rue Bayen, 75017 Paris

28/38par Dominique Bar, Louis-Bernard Koch, Guy Lehideux

FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

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PIERRE ET ANDRÉ

Une liturgie incrustée de signes decommunion répétés, a marqué cettefête du 29 juin 2004 à Rome, où secélébrait aussi l’anniversaire de larencontre entre le pape Paul VI et lepatriarche œcuménique Athéna-goras Ier : le pape Jean-Paul II uti-lisait un évangéliaire byzantin, lepatriarche Bartholomée Ier unévangéliaire latin, et, place Saint-Pierre, un chœur orthodoxe en-tonnait les "tropaires".Au cours de la liturgie de la Parole,le Pape, successeur de Pierre, et à sadroite le Patriarche, en quelquesorte successeur du frère de Pierre,André, sur deux trônes semblablesont tenu chacun une homélie,Pierre donnant d’abord la parole àAndré, et ils ont professé ensembleen grec la foi de Nicée-Constanti-nople, selon l’usage liturgique desEglises byzantines.Le Patriarche a fait son entrée sur leparvis de la basilique à côté duPape, revêtu de la longue robe vio-lette et or, et une traîne portée parun diacre, à la main son pastorald’argent.Durant la prière universelle, intro-duite et conclue par le Pape en ita-lien, les intentions ont été présen-tées en français, en grec, en es-pagnol, en portugais, en allemand,et en polonais : prière où n’a pasmanqué la supplication pour leprogrès de l’unité des chrétiens.Au terme de la liturgie de la parole,le Patriarche a quitté l’autel : tout cequi pouvait être célébré ensemblel’a été.Le Patriarche a ensuite assisté à laliturgie de remise du pallium auxnouveaux archevêques catholiqueset la liturgie eucharistique rythméespar les chœurs latin et byzantin.L’imposition du pallium, cette étolede laine blanche brodée de petitescroix noires, symbolisant à l’originela figure du Bon Pasteur qui porte sabrebis sur ses épaules, et signifiant

ECCLESIA - N° 49 - 9 JUILLET 2004 19

ŒcuménismeEn la Solennité des Apôtres Pierre et Paul, mardi 29 juin, le Pape a présidé

place Saint-Pierre - à 18 h - une messe solennelle à laquelle a participé lepatriarche œcuménique Bartholomée Ier.

Le Patriarche et le Pape ont prononcé l'homélie après la lecture en latin eten grec de l'Evangile du jour. Ensuite, ensemble, ils ont proclamé le Credo deNicée-Constantinople, en grec.

A l'homélie, le Patriarche a abordé les progrès accomplis depuis larencontre historique entre Athénagoras Ier et Paul VI. Déplorant ce qui sépareencore les Eglises, Bartholomée Ier ajoutait : "Nous espérons que ce qui n'a pasété possible jusqu'ici le sera et au plus tôt". Il soulignait le sens de sa présenceà cette célébration : "Notre présence de ce jour exprime clairement notre vœusincère de dépasser tous les obstacles ecclésiaux qui n’ont pas de contenudogmatique, afin que notre effort se concentre sur l'étude des différencesessentielles et des vérités dogmatiques qui divisent encore nos Eglises, commesur la manière de vivre la vérité chrétienne de l'Eglise unie".

L'unité de l'Eglise, soulignait le Patriarche, n'est pas comparable à celle desEtats. Il s'agit, expliquait-il, "d'une recherche spirituelle dont le but est de vivreensemble la communion spirituelle avec Notre Seigneur". "Les difficultés nemanquent pas dans cet effort", insistait le patriarche qui dénonçait l’attitudequi consiste à présenter chacun ses propres positions en les prêtant à Dieu."Etant donné que ces diverses positions ne coïncident pas entre elles, ni avecle vécu du Christ, il en découle des discordes", concluait le patriarche avantd’ajouter : " Il ne faut donc pas seulement s'attacher à une union d'apparencemais à celle de l'esprit, dans l'Esprit du Christ".

De son côté, Jean-Paul II a évoqué le 40e anniversaire de la rencontrefraternelle de Paul VI et d'Athénagoras Ier. "Elle ne peut se réduire, insistait lePape, à un simple souvenir. C'est un défi commun qui nous montre la voie dela découverte réciproque et de la réconciliation". Après avoir cité son en-cyclique "Ut Unum Sint", publiée en 1995, juste avant la première venue dupatriarche à Rome, le pape précisait : "Croire dans le Christ signifie vouloirl'unité, vouloir l'unité signifie vouloir l'Eglise, vouloir l'Eglise signifie vouloir lacommunion de grâce inscrite de tout temps dans le dessein du Père".

"Telle est, continuait le Pape, la signification de la prière du Christ, UtUnum Sint". Il insistait sur ce que signifie la communion : ce n’est pas, disait-il, "un vague rapport de bon voisinage" mais "le lien indissoluble de la foithéologale auquel nous sommes appelés". "Tout ce qui, au long des siècles, arompu notre unité dans le Christ, a été vécu dans la souffrance, ajoutait lepape. Dans cette optique, cette rencontre ne se réduit pas à un geste decourtoisie mais correspond à une réponse au mandat du Seigneur".

Il insistait : "L'Eglise de Rome s'est engagée avec volonté et sincérité dans lechemin de la pleine réconciliation par le biais d'initiatives de plus en plusconcrètes et utiles (...). Mais leur accomplissement dépend aussi de nous tous".

Jean-Paul II soulignait combien son magistère et son action pour l’unité deschrétiens étaient inspirés par la "boussole sûre" du concile Vatican II.

"Je réaffirme aujourd'hui, disait-il, que l'engagement pris par l'Eglisecatholique avec ce Concile est irréversible. On ne saurait renoncer à cela".

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20 ECCLESIA - N° 49 - 9 JUILLET 2004

aujourd’hui avant tout la commu-nion des archevêques métropoli-tains et les Eglises locales avec leSuccesseur de Pierre.Le Patriarche est à nouveau montéauprès de Jean-Paul II pouréchanger avec lui le signe de paixavec lui devant l’autel, avant lacommunion, comme le prévoit laliturgie latine.Enfin, à l’issue de la célébration eu-charistique, le Patriarche s’est denouveau approché de Jean-Paul IIet, l’un après l’autre, ils ont bénil’assemblée, le Pape utilisant la for-mule latine, le Patriarche la formulegrecque.Ensemble, côte à côte, le Patriarcheet le Pape sont repartis vers le nar-thex de la basilique vaticane, tandisqu’un chœur grec entonnait d’an-tiques hymnes orthodoxes appeléstropaires en l’honneur des saintsapôtres dont c’était la fête.

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LE CREDO

Le Credo de Nicée-Constantinople,que le Pape et le Patriarche ontprofessé ensemble en grec deuxfois, lors de la messe de la fête dessaints apôtres Pierre et Paul le 29juin 1995, dans la basilique Saint-Pierre, et le 29 juin 2004, sur leparvis de la basilique vaticane, estun lien entre l’Orient et l’Occident.Le "symbole" (au sens de "formulesmises ensemble", du grec, sum-ballo, "jeter ensemble") de Nicée-Constantinople est commun auxEglises d’Orient et d’Occident au-delà du schisme de 1054, marquépar les anathèmes levés par Paul VIet Athénagoras Ier à la suite de leurrencontre à Jérusalem les 5 et 6janvier 1964, il y a quarante ans.Le "symbole" du Ier concile oecu-ménique de Nicée (325) répondaitaux grandes discussions christolo-giques, et en particulier à l’hérésied’Arius (+336). Il condense la tra-dition primitive sur le Christ, "vraiDieu… qui s’est incarné". Le prêtrealexandrin Arius avait été à l’origined’une hérésie niant l’unité et l’i-dentité de "substance", ("nature" ditla traduction française), la "consubs-tantialité" du Père et du Fils.Le Ier concile de Constantinople381) devait y introduire d’autres élé-ments car les décisions de Nicée

n’avaient pas empêché la naissancede nouvelles interprétations er-ronées concernant non seulementJésus-Christ, mais aussi l’Esprit-Saint. Le Ier concile de Constan-tinople précisa donc certains pointsde la foi reçue des apôtres : ilproclame en particulier la divinitéde l’Esprit Saint.

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INTERVIEW

A l’issue de sa rencontre avec Jean-Paul II, le Patriarche de Contanti-nople a confié, ses impressions aumicro de Giovanni Peduto pourRadio Vatican.

� Comment qualifier les sentiments qui voushabitent à l’issue de votre rencontre ?

Excellents. Nous nous sommesrencontrés, avec Sa Sainteté le Pape,pour la troisième fois depuis 1995lorsque j’ai fait ma visite officielleauprès de lui, et après 2002, lorsqueje suis venu pour la Journée deprière pour la paix, à Assise. Mais jepeux dire sans sous-évaluer mesdeux premières visites à Rome quecette rencontre a été plus émou-vante, plus humaine, plus frater-nelle. Et cela je l’ai surtout ressentile dernier jour, lorsque nous noussommes de nouveau rencontrés etque le Pape et moi avons signé laDéclaration commune et que nousavons ensuite déjeuné ensemble,nous avons vécu l’agapè ensemble.Et j’ai eu l’occasion de l’inviter ànous rendre visite à Istanbul : pourlui, ce serait sa seconde visite, aprèscelle de 1979, lorsqu’il a rendu vi-site à mon prédécesseur, le pa-triarche Dimitrios Ier. Le Pape m’aparu très content d’accepter cette in-vitation. Naturellement, il doit enparler avec ses collaborateurs, maissa première réaction a été positive. Ilétait très heureux, très content, etmoi encore plus. La perspective del’accueillir chez nous à Constan-tinople, premier siège de l’ortho-doxie, et de pouvoir donc program-mer ensemble nos pas pour l’avenir,vers le futur de nos relations. Sur lecontenu de cette troisième ren-contre, je peux dire qu’il a été plutôtde nature spirituelle que proto-colaire. J’ai cette impression, etcomme je l’ai dit dans mon homélie

place Saint-Pierre, en ce moment,en cette étape, l’unité, les effortsvers l’unité sont un événementspirituel, un événement de prière. Etdonc, cette rencontre avec le papeet mon humble personne a étéréalisée dans cette atmosphère, danscet esprit. C’est pourquoi je retourneau Phanar très ému et très content,et très optimiste pour l’avenir de nosrelations.

� Comment voyez-vous aujourd’hui lesrelations entre catholiques et orthodoxes ?

Les difficultés que l’on sait existentencore, mais il y a sans aucun doutede part et d’autre la bonne volontépour avancer, continuer le dialogue.Il y a une volonté de ne pas inter-rompre le dialogue. Au cours denotre conversation avec le Pape etdurant nos conversations avec leconseil pontifical pour l’Unité deschrétiens, nous avons mis en relief etsouligné à nouveau notre décisionde trouver des chemins et desmoyens de reprendre le dialoguethéologique, qui a traversé une crise,si l’on peut dire, après Baltimore.Nous avons maintenant parlé avecle cardinal Kasper, le président duconseil pour l’Unité, et avec sescollaborateurs et nous avons fixéquelques points, quelques mé-thodes, pour pouvoir sortir desdifficultés présentes et continuer ledialogue. Le dialogue est la seulepossibilité qui nous soit offerte pourrésoudre les problèmes existantencore entre nous. L’amitié existe, lafraternité existe, et existe aussi ladécision d’avancer et d’améliorer lesrelations. Nous avons besoin dediscuter en profondeur la primautéde l’évêque de Rome, l’infaillibilité,la position de l’évêque de Romedans la structure de l’Eglise chré-tienne dans son ensemble, parceque c’est là que se trouvent lespoints les plus difficiles dans nosrelations, et ils empêchent encore lapleine communion, la participationau même calice.

� Quelle signification a eu, pour la com-munauté orthodoxe de Rome l’inaugurationde l’église San Teodoro ?

Comme je l’ai dit à Sa Sainteté lePape durant notre déjeuner en-semble, ça a été un geste concretd’amitié et de fraternité entre nosEglises. Je l’ai remercié, naturel-

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lement, lui-même, et la vénéréeEglise de Rome. Et je lui ai dit quedes gestes de ce genre sont unecontribution essentielle à notredialogue parce qu’ils démontrentque nous ne nous limitons pas à desparoles, mais que nous avançonsaussi par des actes courageux, sym-boliques, pleins de sens et d’im-portance. Lorsque nous avons "inau-guré" pour ainsi dire officiellementl’église de San Teodoro au Palatin,les gens, les orthodoxes mais aussiles catholiques qui participaient à lacérémonie étaient enthousiastes.Deux cardinaux étaient présents,ainsi que d’autres prélats catho-liques, et ils ont participé à notrejoie. J’ai remercié officiellement SaSainteté le pape et l’Eglise de Rome.A l’avenir, le sacré archidiocèsegrec-orthodoxe ici en Italie, qui auracette église à sa disposition, commeun symbole d’amitié et de fraternité,sera témoin de ce lien spirituel quinous unit de façon particulière, ici,dans la Ville éternelle. Je pense quece geste de Sa Sainteté le pape seratrès apprécié au-delà du patriarcatœcuménique, et de sonarchidiocèse. Il sera apprécié partoute l’Orthodoxie, et ce sera unexemple à imiter dans les relationsœcuméniques parce qu’il concrétisela bonne volonté et la fraternité inNomine Domini.

ZF04070201

OLIVIER CLEMENT

Le théologien orthodoxe, OlivierClément, français, a commenté dansles colonnes du quotidien italien"Avvenire" la rencontre entre Jean-Paul II et Bartholomée Ier .

� Quel est, selon vous l’héritage le plus fort dela rencontre historique entre Paul VI etAthénagoras I ?

Ce fut une ouverture considérablede l’Europe occidentale chrétienne àla réalité orthodoxe. Et même si cesdernières années des dévelop-pements au plan institutionnel sesont interrompus – je pense surtout àla commission mixte – la réalitépsychologique de fond, jaillie decette rencontre subsiste. Personnel-lement je le constate aussi enFrance. Je pense par exemple à cequi s’est passé dimanche dernier à

Amiens. La vile conserve une re-lique de saint Jean-Baptiste qui a étéenlevée par les croisés à Constan-tinople en 1204. En souvenir decela, l’évêque d’Amiens a organiséune cérémonie pour demander par-don aux orthodoxes. Surtout auxGrecs. Tout cela est possible aujour-d’hui grâce à la rencontre d’il y aquarante ans.

� Sur la prise de Constantinople, Jean-Paul IIa de nouveau exprimé l’"indignation" et la"douleur" de l’Eglise catholique. Qu’éprou-vez-vous en entendant ces paroles ?

Ce que le Pape avait déjà dit sur cepoint à Athènes est magnifique ettrès important. Cela a simplifiébeaucoup de choses et ouvert beau-coup de cœurs. Les relations entrel’Eglise catholique et l’Eglise ortho-doxe, surtout l’Eglise russe, ne sontpas très bonnes actuellement. Maisaprès la visite de Jean-Paul II àAthènes, on observe d’importantesaméliorations.

� Les blessures plus récentes sont en train decicatriser ?

Certaines, sûrement. Mais les Russesdevraient comprendre que ce qui estarrivé lorsque Staline a liquidél’Eglise gréco-catholique en Ukrainea été un crime. Et a trouvé l’Egliseorthodoxe russe de l’époque plus oumoins complice. Ces événementsdevraient devenir aujourd’hui l’oc-casion d’une initiative dans le sensd’une demande de pardon. Maiscette fois de la part du monde or-thodoxe.

� Le Pape a exprimé le vœu que le dialoguethéologique soit réactivé grâce à lacommission mixte. Quelle est votreévaluation de la phase actuelle ?

Du point de vue théologique untravail énorme a été fait. Aujourd’huiil peut reprendre et se développertrès rapidement. Mais il faut trouverun nouveau point de départ. Je croisque le problème du "filioque" pourraêtre surmonté. Les problèmes lesplus compliqués restent lesproblèmes ecclésiologiques. Laquestion de la création de diocèsescatholiques en Russie fait partie desproblèmes qui pourront être résolus.Mais cela a suscité l’irritation desRusses qui ont un sentiment pourainsi dire nationaliste de leur Eglise.Du point de vue liturgique, au

contraire, l’accord est total. Il y ades différences qui sont acceptéescomme un enrichissement mutuel.

� La réconciliation passera aussi par uneimportante relecture du passé ?

Oui, certainement. Mais j’ajouteraisaussi la nécessité de la résolutiondes problèmes intra-orthodoxes. Jeme réfère en particulier à l’op-position entre Moscou et Constan-tinople sur des questions comme laquestion ukrainienne (avec dif-férentes "branches" de l’orthodoxie,ndlr), et celle de l’Estonie. Tant queces problèmes ne seront pas résolusles relations entre catholicisme etorthodoxie s’en ressentiront.

� Quels sont selon vous les sentimentsémergeants entre les chrétiens d’Orient etd’Occident ?

Je crois qu’il existe chez de nom-breux fidèles, soit ouvertement, enEurope occidentale, et en Amérique,soit de façon plus cachée en Russie,un grand désir d’unité. C’est unsentiment qui me frappe. Je l’aiclairement perçu à Amiens où unegrande foule a participé à la céré-monie et a bien accueilli la confé-rence d’un jeune théologien ortho-doxe. C’est à ces occasions quedevient évident le désir de fond desfidèles de dépasser les oppositions.Tout cela doit poser question auxhiérarchies. Surtout à la hiérarchierusse.

ZF04063008

IRAK

Un télégramme a été adressé le 30juin au nom du Pape par le cardinalsecrétaire d'Etat, Angelo Sodano, aucheikh Ghazi Ajeel Al-Yawar, pré-sident transitoire de l'Irak.

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NOMINATIONS

Le 30 juin, Jean-Paul II a nomméévêque de Cahors Mgr NorbertTurini, né en 1954 et ordonné prêtreen 1982. Il était jusqu'ici vicairegénéral du diocèse de Nice. Lemême jour, le Pape a nomméévêque auxiliaire de Lille Mgr PascalDelannoy, né en 1957, ordonnéprêtre en 1989, jusqu'ici vicaireépiscopal du diocèse de Lille.

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ECCLESIA - N° 49 - 9 JUILLET 2004 21

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e 1995 à 2001, Pax Christi-France aorganisé en Alsace une série de cinqcolloques internationaux consacrés àl’écologie, avec des participants descinq continents, qui représentaient à

la fois les disciplines scientifiques concernées, lesgrandes religions et les religions traditionnelles,ainsi que les diverses cultures de l’humanité.Avec des parlementaires, des universitaires, desthéologiens, des hauts fonctionnaires et desresponsables d’organisations non gouverne-mentales. Leur but était de définir la complexitéet l’urgence des problèmes que pose la dété-rioration écologique de notre planète.

Le premier colloque (1995) était consacré àL’Usufruit de la Terre. Il s’est terminé par L’Appelde Klingenthal, qui demandait que chacun appro-fondisse sa spiritualité et sa culture pour y décou-vrir les motivations l’incitant à une gestiondurable des ressources naturelles.

Le second colloque portait sur L’Eau, sourcede vie.

Sol, cultures, spiritualité ont constitué lethème du troisième colloque.

Quant au quatrième (1999), il a étudié L’Arbreet la forêt.

Chacun de ces colloques a donné lieu à unepublication qu’on peut obtenir auprès de laFondation Charles Léopold Mayer (38, rue SaintSabin, 75011 Paris) ou auprès de Pax Christi-France (5, rue Morère, 75014 Paris). De même que

celle qui est consacrée au dernier colloque(2OO1) : Des animaux pourquoi faire, coéditéepar Jean-Pierre Ribaut et Elisabeth Bourguinat.Parmi ses recommandations, nous retiendrons :celle qui préconise le développement de systè-mes d’élevage et de labels favorisant des condi-tions de vie des animaux correspondant à leursbesoins et celle qui recommande que la produc-tion agricole serve à nourrir décemment leshommes et non à privilégier des logiques écono-miques uniquement basées sur le profit.

Ayant participé personnellement à tous cescolloques, je puis attester qu’ils ont tous cons-titué des événements d’une grande richesse intel-lectuelle et spirituelle. Le matériel disponiblegrâce aux publications que j’ai mentionnées metà la disposition des lecteurs une documentationinappréciable.

Avec Jean-Pierre Ribaut, ancien directeur duservice de l’environnement du Conseil del’Europe, qui a été leur dynamique organisateur,je n’hésite pas à écrire que "c’est cette ouver-ture tous azimuts qui a caractérisé les diverssymposiums de Klingenthal et a incontestable-ment constitué leur grande originalité.

En effet, si les réunions œcuméniques etinterreligieuses se multiplient un peu partout,nous ne connaissons pas d’exemple semblableà celui de Klingenthal où des peuples indigèneset des non-croyants ont été associés aux repré-sentants des diverses religions."

Au niveau de la planète, où il est essentiel dese placer pour ces problèmes véritablementmondiaux, c’est là un caractère spécifique d’unegrande importance. La société industrielle doitrespecter les peuples indigènes beaucoup plusqu’elle ne l’a fait jusqu’à présent. Plus que tousles autres, les chrétiens devraient en êtres cons-cients et s’en faire les promoteurs. Vus à notreaune "économique", ne font-ils pas partie desplus pauvres de la planète et ne devons-nous pasnous rappeler l’option préférentielle de l’Évan-gile et de l’Église pour les pauvres ? �

ESPRIT

22 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

LES COLLOQUES DE KLINGENTHALpar le père René COSTE

Un matériau considérable a été

accumulé pour aider les

gestionnaires des différents

patrimoines naturels à exercer

leur mission d’une manière

responsable. Où on voit que les

spirituels ont quelque chose à

dire aux techniciens.

La sociétéindustrielledoit respecter les peuplesindigènes

Pour un usufruitresponsable de la Terre

D

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R E S U R R E C T I O NLa théologie au service de l'évangélisation

Revue fondée en 1956 par Mgr Maxime Charles

Théologie du Dieu personnel"Liaisons personnelles" (Charles des Rochers)

"L'Absolu est une personne - approches du Dieu personnel dans l'Ancien Testament" (Isabelle Rak)

"Personne et hypostase chez les Pères grecs au IVème siècle" (Bruno de la Fortelle)

"Contempler Dieu en trois personnes" (Anne Robadey)

"Dieu personnel chez Teilhard de Chardin"(Marie Gil)

Varia : "La connaissance de la Trinité chez Cyrille d'Alexandrie : approches, méthodes et limites" (Matthieu Cassin)

Pour commander le numéro,écrire à :Revue Résurrection, 57, rue du Simplon,75018 PARIS.

n° 101, prix : 7, 50 €

BULLETIN D’ABONNEMENTA retourner à REVUE RESURRECTION, 57, rue du Simplon, 75018 Paris

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Je joins mon règlement par : ❏ CCP❏ Chèque bancaire❏ Autre : .............................................

CCP 8049 03 A, Paris, à l’ordre de RESURRECTION

B O N D E C O M M A N D E

ANCIENS NUMEROS DISPONIBLES…... ex du n° 74 Hommage au P. Louis Bouyer 7,50…... ex du n° 75 Miettes bibliques 7,50…... ex du n° 76 Le Purgatoire 7,50…... ex du n° 77-78 La psychanalyse 13,70…... ex du n° 79 La vocation et les vocations 7,50…... ex du n° 80-81 L’évolution 13,70…... ex du n° 82 La justification par la foi 6,10…... ex du n° 83 L’apologétique 6,10…... ex du n° 84-85 Les mystères de la vie de Jésus 12,20…... ex du n° 86-87 Jésus, vraiment ressuscité 7,50…... ex du n° 88-89 Dieu peut-il souffrir ? 13,50…... ex du n° 90 Le pardon 7,50…... ex du n° 91 La communion eucharistique 7,50…... ex du n° 92-93 Retrouver Denys le Mystique 13,00…... ex du n° 94-95 Homme et femme il les créa 10,00…... ex du n° 96-97 Questions de bioéthique (1) 10,00…... ex du n° 98 Questions de bioéthique (2) 7,50…... ex du n° 99-100 La traduction de la Bible 13,00

Total .............. €

Théologie du Dieu personnel

N° 101

Directeur-gérant : Père Michel Gitton - Rédaction : Paul Airiau, Isabelle Rak,Jacques-Hubert Sautel, Charles-Olivier Stiker-Métral - Publication : Catherine Bergot

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La Caverne de

l’AgneauLE ROMAN DE L’ÉTÉ

Chapitre III

LA VEILLÉE

L ucille et Christophe se sont occupés desenfants. Chacun le sien. Après une toiletteénergique, ils ont revêtu des habits propres,ayant jadis appartenus aux deux adolescents.Nathalie arbore une jupe bleue et un tee shirt

rouge, Yann un short marron et un sweet vert. Ils se sontmis à table devant une assiette de soupe fumante. Déjàils empoignent une cuillère quand ils voient se lever lesdeux aînés. Un sourire de Lucille les encourage à faire demême. Les yeux écarquillés, ils les voient tracer un signede croix, et doucement parler à quelqu’un qui manifes-tement n’est pas dans la pièce :

"Seigneur, notre Père, daigne bénir ce repas et donnerdu pain à qui n’en a pas."

"A qui parles-tu ?", demande Yann"A Dieu ?""A qui ?""Cyrille t’expliquera qui est Dieu"

Après le dîner, tous rejoignent Cyrille devant la grotte.Il ne pleut plus, les étoiles scintillent doucement au-dessus de leur tête.

"Les enfants vont bientôt aller dormir, mais avantnous allons dire merci à Celui qui les a protégés spécia-lement aujourd’hui", dit le maître des bergers. Il trace surlui le même signe que Lucille avant de dîner

"Loué sois- tu ! Seigneur Dieu notre Père pour cettenuit si belle. Merci d’avoir conduit chez nous ces deuxenfants qui ne te connaissent pas encore."

Nathalie regarde les étoiles et murmure "que c’est

beau" et s’appuyant tout contre Cyrille, glisse douce-ment dans le sommeil.

"Emportez la jusqu'à son lit, dit Cyrille en souriant,bonne nuit Yann, demain nous ferons mieux connais-sance".

Chapitre IV

LA MÉMOIREDES SIÈCLES

Le soleil s’est levé depuis un bon moment. Les enfantsont dormi profondément. Le réveil est joyeux, le petitdéjeuner copieux et très apprécié. Christophe vient cher-cher Yann et Nathalie et les conduits jusqu'à Cyrille, assisà la même place qu’à la veillée. Il sourit en les voyant arri-ver. Sans façon, les deux enfants s’assied face à lui, et sansattendre un seul instant Nathalie le presse :

"Dis, qui c’est Dieu ?" "Tu veux dire qui est Dieu ? Il est notre Père, celui qui

nous a fait""Tu le connais ?", questionne Yann"Oui, mais pas comme tu peux le penser. Je ne l’ai

jamais vu, mais je Lui parle car je sais qu’Il m’entend etqu’Il m’aime."

"Comment le sais-tu ?""Voudriez-vous apprendre à le connaître. Lui, vous

connaît, et Il vous aime"."Dis-nous tout.""Yann, va chercher Christophe."

Cyrille a pris sa décision. Il va parler aux enfants, ré-pondre à leurs questions mais aussi leur fournir des expli-cations grâce à Memoria, le super ordinateur, l’hôte secretde la Caverne de l’Agneau.

UNE HISTOIRE CONÇUE PAR L’EQUIPE DE T.L.

par SAMAEL

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DES FAMILLES

Tandis que la situation s’aggravait au cours des der-nières décennies et que les gouvernements mettaient enlieu sûr le patrimoine de l’humanité, les responsables del’Eglise construisaient un super ordinateur dans un lieuinaccessible aux intempéries et aux destructeurs de toutgenre. La source d’énergie dépendait de panneaux solaireset d’éoliennes. Tout ce que contenaient les bibliothèques,les ordinateurs, tout ce qui constituait le dépôt sacré del’Eglise y était entré, ainsi que l’histoire universelle, lesdécouvertes scientifiques... En somme, tout ce qui pouvaitconcerner la grande aventure de l’homme, créature aiméede Dieu, qui avait reçu de son Créateur la mission desoumettre la terre, de la porter à son achèvement, etsurtout qui existait pour devenir son enfant d’adoption.

"Christophe, va mettre en marche Memoria, nous allonste rejoindre."

"Il m’aime.", murmure Nathalie.

Chapitre V

AUCOMMENCEMENTChristophe jubile. Il ne va pas lancer lui-même le

programme sur l’ordinateur, encore qu’il en serait capable,mais il va prévenir les techniciens de la venue de Cyrilleet des enfants, et c’est pour lui l’occasion de chausser...ses rollers. Le chemin qui mène au cœur du massif a étécreusé comme jadis les galeries des mines, ou même lestunnels parfois très longs qui permettaient aux auto-mobilistes de ne pas avoir à escalader les cols pour rejoin-dre un point dans la montagne. C’est une véritable route

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FEUILLETON

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souterraine, avec une partie en voie ferrée et une autrebitumée sur laquelle il s’élance après avoir coiffé uncasque de protection. Il sait que Cyrille et les enfantsemprunteront le chariot à levier qui permet au plateausur roues d’évoluer sur les rails. Il a oublié le terme quidésigne ce véhicule, mais il pense à avertir de sa mise enservice imminente. Et déjà il a pris son élan et roulejoyeusement en direction du bloc central. De fait il y estbientôt rejoint par le petit groupe. Nathalie est touteexcitée de cette nouvelle aventure.

"Bonjour Antoine, dit Cyrille à l’homme qui vient audevant de lui et l’introduit dans le sas d’entrée. Les enfants,c’est grâce à Antoine que vous allez pouvoir découvrir biendes choses aujourd’hui. Vous pourrez venir le voir souvent,mais jamais seuls, toujours avec une grande personne."

Antoine a salué respectueusement Cyrille, et celaimpressionne Yann. La porte du sas s’ouvre sur une passe-relle dont les parois sont en verre très épais et laissententrevoir un puits immense d’une largeur et d’une profon-deur impressionnantes. Des étages succèdent aux étages,reliés par des escaliers qui courent le long de la paroi circu-laire, et par un ascenseur unique. Les enfants suiventCyrille qui se dirige vers une pièce aménagée sur l’étagesupérieur. Des fauteuils font face à un écran de bonnesdimensions. L’obscurité s’installe tandis que tous pren-nent place. Cyrille a donné un code secret à Antoine"Genèse I 1... Genèse 2, 4". Et soudain une voix proclame :

"Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Laterre était informe et vide, les ténèbres couvraient l’abîme,et l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux.

Dieu dit "Que la lumière soit ! et la lumière fut. Dieuvit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumièred’avec les ténèbres. Dieu appela la lumière jour il appelales ténèbres nuit : Il y eut un soir, il y eut un matin :premier jour."

La lumière sur l’écran commence à jaillir en mêmetemps qu’un déferlement d’images plus somptueuses lesunes que les autres. Les enfants, émerveillés, contemplentl’espace et les astres, l’infiniment grand et l’infinimentpetit.

"Dieu dit : Qu’il y ait une voûte au milieu des eaux, etqu’elle sépare les eaux d’avec les eaux ! Et il en fut ainsi! Dieu fit donc comme une voûte et il sépara les eaux quisont au-dessous de la voûte, des eaux qui sont au-dessusde la voûte. Dieu donna un nom à cette voûte : le ciel. Ily eut un soir, il y eut un matin : deuxième jour.

“Dieu dit Que les eaux qui sont au-dessous du ciels’amassent en une seule masse et que le sol ferme appa-raisse ! Il en fut ainsi. Dieu donna un nom au sol ferme :la terre et il appela mers la masse des eaux. Dieu vit quecela était bon. Dieu dit : Que la terre produise de la verdure,de l’herbe portant sa semence, et des arbres qui donnentsur terre des fruits contenant leur semence, chacun selonson espèce ! Il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure,de l’herbe portant sa semence selon son espèce, et des

arbres dont les fruits ont en eux leur semence selon leurespèce. Dieu vit que cela était bon, Il y eut un soir, il yeut un matin : troisième jour.

“Dieu dit : qu’il y ait des luminaires à la voûte du cielpour séparer le jour de la nuit, pour marquer les saisons,les jours et les années : ils brilleront à la voûte du ciel pouréclairer la terre ! Il en fut ainsi. Dieu fit donc les deuxgrands luminaires, le grand luminaire pour gouverner lejour, et le petit luminaire pour gouverner la nuit. Il fit aussiles étoiles. Dieu les fixa à la voûte du ciel pour éclairerla terre, pour gouverner le jour et la nuit, pour séparer lalumière des ténèbres. Dieu vit que cela était bon. Il y eutun soir, il y eut un matin : quatrième jour.

Dieu dit : Que les eaux se peuplent d’une multituded’êtres vivants, et qu’il y ait des oiseaux pour voler au-dessus de la terre en dessous de la voûte du ciel ! Dieucréa donc les grands monstres de la mer et tous les êtresvivants qui se glissent et qui foisonnent dans les eauxselon leur espèce, et tous les oiseaux selon leur espèce.Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit et leur dit"développez-vous, multipliez-vous, remplissez les eauxde la mer, et que les oiseaux se multiplient sur la terre !"Il y eut un soir, il y eut un matin : cinquième jour.

Dieu dit : Que la terre produise des bêtes de touteespèce : animaux des champs, reptiles, bêtes sauvages,chacun selon son espèce ! Il en fut ainsi. Dieu fit les bêtessauvages selon leur espèce, les animaux des champs selonleur espèce, et tous les reptiles de la terre selon leurespèce. Dieu vit que cela était bon.

Dieu dit : Faisons l’Homme à notre image et à notreressemblance. Qu’il ait autorité sur les poissons de la mer,les oiseaux du ciel, les animaux des champs et toutes lesbêtes sauvages et les reptiles qui rampent sur la terre ! Dieucréa l’Homme à son image, à l’image de Dieu il le créa ;Homme et Femme il les créa. Dieu les bénit et leur ditDéveloppez-vous, multipliez-vous, remplissez la terre etdominez-la. Ayez autorité sur les poissons de la mer, lesoiseaux du ciel et tous les animaux qui vont et viennentsur la terre !

Dieu dit Je vous donne en ce jour toutes les plantes àgraines qui poussent sur toute la terre, et tous les arbresqui portent des fruits avec leur semence : ce sera là votrenourriture. L’herbe verte sera la nourriture des bêtes sauva-ges, des oiseaux du ciel et de tous les animaux qui vont etviennent sur la terre. Il en fut ainsi. Dieu vit tout ce qu’ilavait fait : cela était très bon. Il y eut un soir, il y eut unmatin : sixième jour.

C’est ainsi que le ciel et la terre et tout ce qu’ilscontiennent furent achevés. Au septième jour Dieu avaitachevé son travail et il se reposa en ce septième jouraprès tout le travail qu’il avait fait. Dieu bénit le septièmejour et il en fit un jour saint, parce que ce jour-là Dieus’était arrêté de travailler, après toute cette création qu’ilavait faite. Voilà l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ilsfurent créés."

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FEUILLETON

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 27

La voix s’est tue, l’écran s’éteint doucement, les enfantsrestent immobiles encore sous le charme. Yann murmure :"merci c’était si beau". Cyrille remercie encore Antoine,et le petit groupe prend le chemin du retour. Avant de s’en-gager sur la draisine, Cyrille se penche vers Yann et dési-gnant quelques paires de roller en attente, lui propose ensouriant, "tu veux essayer, avec Christophe ?" Il y a long-temps que l’enfant n’a pas fait un tel saut de joie...

C’est l’heure de la veillée. Il fait bon sous les étoiles.Cyrille laisse les questions venir, elles ne peuvent manquer.Nathalie commence "dis, qu’est-ce que ça veut direcréer ?"

“Créer veut dire faire à partir de rien. Il n’y avait rien,Dieu dit que cela soit, et cela est.”

“Est-ce que toi aussi tu peux créer ?”“Non, Dieu seul le peut.”“Et Dieu, qui l’a créé ?”

“Personne, répond Yann, à la surprise de Cyrille, car siquelqu’un l’avait fait il ne serait pas Dieu.”

“Bravo, petit, comme il est vrai que l’Esprit Saint révèleces choses aux cœurs simples.”

“Mais alors, reprend Nathalie, quand a-t-ilcommencé ?”

“Dieu n’a pas commencé, répond Cyrille, Il est depuistoujours.”

“Est-ce qu’il va mourir ?”“Dieu n’est pas comme nous, il n’a pas de fin. Nous

disons de Lui qu’il est éternel.”“Il peut tout faire.”“Cela se dit tout-puissant.”

(à suivre la semaine prochaine)Les citations de la Bible, sont issues de La Bible des peuples,

traduite par Bernard et Louis Hurault, éd. Fayard 1998 - Le Sarmentéd. du Jubilé, avec l’aimable autorisation des éditions du Jubilé.

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FAMILLE

� Marie-Madeleine Martinie, pourquoi avez-vous décidé d’encourager les grands-parents ?Parce que je pense depuis long-

temps que les grands-parents sont lestémoins d’un passé qu’il est utile deconnaître. Pour les familles, qui sontau fondement de la société, la catas-trophe vient si les grands-parents se,cramponnent à leur passé d’une façonnostalgique et déprimante. Ou bienau contraire, s’ils ne savent pas dire lesvaleurs de leur passé, c’est-à-dire s’ilsles cachent par peur.

� Comment les partager si l’entourage y esthostile ?Il n’est pas toujours nécessaire de

parler. Je connais une grand-mère àqui sa propre fille avait défendu deparler de religion à sa petite fille. D’unemanière ou d’une autre, cette petite aquand même été touchée lorsque, sansaucun commentaire, sa grand-mèrese rendait à la messe. Sans discours, ilsuffit parfois de vivre de nos valeurs,qui sont fondamentalement bonnes.

� Pourquoi donc ? Les grands-parents d’au-jourd’hui ont-ils vécu à une époque pluséquilibrée ?Ils ont appris le bien et le mal. De

nos jours, chacun doit trouver lamorale tout seul. Vous voyez, pour unpetit, le mal est ce que Papa défend,et le bien se résume à ce que Mamanpermet. Un enfant à qui on n’opposejamais aucun "non", n’a même plus lanotion du bien et du mal. On n’a pasassez d’une vie pour moduler la défi-nition du bien et du mal, mais la simplenotion est à inculquer dès le plus jeuneâge. Cet oubli est une erreur drama-tique de la permissivité générale denotre époque.

� D’où vient, selon vous, cette ambiance la-xiste ?

De fort loin… Elle a commencé avecle siècle des Lumières. Et Freud a eu unrôle particulièrement néfaste. Le tempsde la mort du Père, c’est une démoli-tion terrible, parce que c’est la mort del’homme tout court !

� Les grands-parents sont-ils écoutés ? Oui, s’ils savent passer par la ten-

dresse et la compréhension. De toutesfaçons, qu’ils soient obéis ou non, il estnécessaire qu’ils disent certaineschoses. Par exemple, mon mari inter-disait les gros mots à la maison. Enpratique, ce n’était pas toujours res-pecté, mais au moins les enfants sa-vaient que ce n’était pas bien.

� Mais n’avez-vous pas peur que les parentssoient considérés comme d’ennuyeux mora-lisateurs ?Il y a la manière de faire… Il faut

d’abord laisser vivre. Avant de penserà inculquer des valeurs, il faut fairedes choses avec ses petits-enfants,avoir des projets en commun. Mon pe-tit-fils Valentin, un jour, a refusé queson père le laisse seul avec moi. J’ai dûme mettre à quatre pattes et aboyer,mais au moins nous avons passé unexcellent après-midi ensuite ! Il fauttoujours s’adapter à eux.

� Vous ne pouvez pas, de toutes façons, fairedes remarques sur tous les sujets non plus,sans les assommer. Evidemment. Quelquefois d’ail-

leurs, les grands-parents ont le bonrôle par rapport aux parents : ilspeuvent avoir plus de souplesse,accepter par exemple une tenue vesti-mentaire que la mère aurait défen-due ! Chacun sa partie. En outre, parcequ’ils sont extérieurs à leur scolarité,et se préoccupent moins des notes, lesenfants auront tendance à raconter

Marie-Madeleine Martinie,

femme de marin, mère de

cinq enfants et grand-mère

de dix-neuf, a collaboré

à de nombreux hebdoma-

daires. Sa passion ?

L’éducation et la

caractériologie. Elle met

son expérience au service

des autres grands-parents.

MARIE-MADELEINE MARTINIE

De nos jours, chacun doittrouver la morale tout seul(

28 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

par Anne MONTABONE

Le guidedes grands-p

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des histoires d’école, qu’ils n’auraientjamais révélées à leurs parents. C’est unavantage.

� Dans votre livre, vous parlez de caractériologie.En quoi cette méthode peut-elle aider à commu-niquer ?Le problème des relations familiales

est que les parents pensent la plupart dutemps que leurs enfants leur ressem-blent… Or c’est bien sûr faux, un enfantest unique, il n’est pas le portrait de sesgéniteurs. La caractériologie, c’est unefaçon de comprendre qui est l’autre, etd’améliorer l’entente mutuelle, sansmettre une étiquette de caractère en dixminutes de questionnaire. La caractério-logie rappelle ce que l’on oublie trop sou-vent : la personne ne se forme passeulement avec de l’acquis, il y a en elleune part d’inné que l’on ne peut ignorer.

� Vos petits-enfants doivent être remarquables,dotés d’une grand-mère semblable !Ils sont comme les autres ! L’autre jour,

l’un d’entre eux, relativement turbulent,a barbouillé de rouge à lèvres des enve-loppes prêtes à être postées… j’ai convo-qué le coupable, et lui ai demandécomment ce massacre était arrivé. Il m’arétorqué, l’air savant : "Dans monopinion, ça a été fait avec du rouge àlèvres !" �

Marie-MadeleineMartinie,Guide Totus des grands-parents,éd. du Jubilé, 370 pages, 15 €.

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Traditionnellement utilisée en cas de

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LIVRES

30 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

� OVNI : 60 ANS DE DÉSINFORMATIONde François Parmentier, préface de Vladimir Volkoffet postface de Jean-Jacques Vélasco. Collection Désinformation dirigée par V. Volkoff, Editions du Rocher, 300 p., 18,90 €.

Les objets volants non identifiés constituentdepuis 60 ans une énigme persistante. Près de 15%des milliers d’observations faites par des témoinscrédibles, détectées par les radars et enregistréespar divers instruments, ne peuvent être réduites,après enquête par les experts des services officiels, àdes phénomènes naturels ou artificiels connus. Etles citoyens n’en savent rien. (Dé)formés par lesmédias, nous associons toujours les histoires de sou-coupes à des bobards de frappadingues ou aux abusd’alcool du samedi soir. Un réflexe qui ne doit rienau hasard, montre François Parmentier dans cetouvrage de haute tenue et parfaitement documenté.Nous reflétons la mise en œuvre, réussie, d’une poli-tique de désinformation décidée par les pouvoirspublics dans le sillage des autorités américaines ;pour des raisons qui pouvaient se comprendre à l’o-rigine, mais qui n’en constituent pas moins uneatteinte à la dignité des citoyens et à la démocratie.

� OVNIS L’ÉVIDENCEde Jean-Jacques Vélasco avec Nicolas Montigiani,Editions Carnot, 221 p., 18 €.

J.J. Vélasco, ingénieur, est responsable du SEPRAqui selon la nouvelle dénomination adoptée en 2000doit se lire "Service d’expertise des phénomènes raresaérospatiaux" signifiant un recentrage sur sa missionoriginelle… l’étude des OVNI. Exception française,nous sommes, en effet, l’un des rares pays au mondeofficiellement doté d’un organisme public d’étudedes OVNI. Et si le titre de l’ouvrage semble plutôtmalheureux, parce qu’en matière d’OVNI il n’y aguère d’évidence justement, sauf pour d’éventuelstémoins d’une observation rapprochée, il s’expliquepar son contenu. A l’évidence expose l’auteur, lesenquêtes et études coordonnées par le GEPAN (puisle SEPRA) obligent à conclure pour trois cas au moinsà l’irruption dans notre atmosphère d’objets volantsdont les performances et les modes de propulsionsont hors de portée de nos connaissances actuelles ;sans qu’on puisse préciser de quoi ou de qui il s’agit.

� ROSWELL, ENQUÊTES, SECRETS ET DÉSINFORMATIONde D. Gildas Bourdais, Ed. JMG, 480 p., 15 €.

En 1947, l’U.S. Air Force de Roswell indiquaitdans un communiqué avoir récupéré une soucoupevolante ; bien vite réduite à des débris de ballonmétéo. Etrange affaire qui aurait pu en rester là, sidepuis les années 1980, de nombreux acteurs dé-sormais à la retraite, un général et deux colonelsnotamment, ne s’étaient exprimés, accréditant larécupération d’un OVNI accidenté. Jusqu’à déclen-cher une enquête à l’initiative du Congrès et lapublication de deux explications différentes de l’ar-mée, se prononçant in fine pour des ballons destinésà détecter les essais atomiques soviétiques. "Ledébat sur ce qui s’est crashé à Roswell continue"

concluait le GAO mandaté par le congrès tandis queles enquêteurs privés continuent à traquer lestémoins ou leurs proches pour recueillir leurs attes-tations. Un dossier complexe minutieusementdécortiqué par l’auteur.

� LES OVNI ET LA DÉFENSELe rapport Cometa, préface du général B. Norlain, Ed.du Rocher, 222 p., 17 €.

En 1999, un certain nombre de personnalitésfrançaises (général, amiral, ingénieur général de l’ar-mement, etc.), anciens auditeurs de l’Institut deshautes études de défense nationale, constituaient legroupe Cometa et cosignaient un rapport adressé auPrésident de la République et au Premier ministre.Ce texte étudie un certain nombre d’observationsd’OVNI bien documentées et étayées par des tracesau sol ou confirmées par radar, et conclut à la réalitédes OVNI. Considérant qu’on ne peut écarter l’hypo-thèse d’une origine non terrestre de ces engins, ils’interroge sur les conséquences de ces intrusionspour la Défense et pour nos sociétés et formule uncertain nombre de préconisations.

� LA SCIENCE FACE À L’ÉNIGME DES OVNISde Peter A. Sturrock, Editions Presses du Châtelet,334 p., 20,50 €.

Depuis la première grande vague de 1947, la dé-sinformation des autorités comme les délires sou-coupistes de certains ufologues ont empêché nombrede scientifiques de prêter leur concours à l’étude desOVNI. Pour y remédier, le mécène L. S. Rockefellerdemanda à l’astrophysicien, Peter Sturrock, de l’uni-versité de Stanford d’organiser un colloque qui réuniten 1997 un panel de scientifiques de haut niveau,parmi lesquels quatre français, pour faire le point surcette énigme. L’auteur rapporte comment cessavants, au départ plutôt méfiants, ont disséqué lescas les plus frappants des cinquante dernières an-nées, reconnu leur importance et suggéré les travauxscientifiques à conduire pour en savoir plus.Quelques développements un peu techniques ne nui-sent pas à la lecture de ce passionnant ouvrage.

� OBJETS VOLANTS NON IDENTIFIÉSde Bernard Thouanel, Ed. Michel Lafon, 352 p., 22 €.

L’auteur expose une sélection d’observationsd’OVNI, parmi les plus crédibles et les mieux étudiées.Et à la différence de beaucoup, il livre à la sagacitédu lecteur la documentation de première main :schémas, dessins réalisés par les témoins, photos,données scientifiques, fac-similés des documentsd’enquête et autres courriers officiels. Autre atout del’ouvrage, B. Thouanel, journaliste spécialisé dans l’a-viation, privilégie la présentation de "cas aéronau-tiques", autrement dit de rencontres en plein ciel fai-tes par des pilotes civils et militaires, dont on recenseprès d’un millier à ce jour. Moins connus, ils offrentsouvent davantage d’intérêt, grâce à la qualité destémoins, formés aux disciplines scientifiques commeà la reconnaissance de ce qui peut s’observer dans leciel, et du fait de nombreux enregistrements du phé-nomène par les radars et autres instruments. �

SELECTION

OVNIpar Patrick CHALMEL

A Aimé Michel, ancien chroniqueur scientifique

de France Catholique et pionnier de l’étude

des OVNI, in memoriam.

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FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 31

IDEES

onne et attractive question, assu-rément. Oui, mais, des centaines delivres, d’articles, ont déjà, étépubliés sur les tribus intellec-tuelles ! Certes, ces gens-là sont

un rouage capital des sociétés modernes.Quand même, c’est lassant ! En plus, à forcede se raconter, de se questionner sur eux-mêmes, de s’exposer… de célébrer ou deconfesser leurs faits et gestes, ils se détrui-sent. Car, ils se désacralisent.

Jadis prophètes, ils finissent par appa-raître des humains ordinaires en proie auxpassions courantes. Ce n’est pas d’aujour-d’hui : Elisabeth Badinter a souligné lavolonté de puissance tracassant Voltaire etles autres philosophes.

Aujourd’hui, il y a ceux, animés par la"libendo scienci", la passion de savoir et decomprendre ; il y a, aussi, des militants, muspar "l’éthique de conviction", poursuivantmoins la quête du vrai que la collection desfaits et circonstances utiles à leur cause. Enplus, ceux-ci, ceux-là et les autres ont undésir plus ou moins dévorant de visibilité,pour prendre les catégories de RaymondBourdon. Avec, à l’horizon de la visibilité,dans le contexte actuel, forcément, le soucide l’audimat. Evidemment, ces trois passions

peuvent se conjuguer dans le même être.C’est même la situation la plus courante.

Si l’on en croit Raymond Bourdon, pourfaire carrière dans les sciences sociales, ilest recommandable de ne pas faire profes-sion de "libéralisme". Non seulement, il fauthaïr le libéralisme économique, mais aussiconsidérer de haut le libéralisme philoso-phique, et sa représentation de l ’êtrehumain comme sujet autonome, auteur deses choix.

Pourquoi ce rejet de cette pensée qui eutde grands ancêtres d’Adam Smith à MaxWeber, en passant par Tocqueville, etc. ? Passeulement pour des raisons intellectuelles.Plutôt parce que, dans les sociétés de masse,la demande intellectuelle aspire à l’assu-rance. Or, les pensées libérales n’imaginentpas de "fin de l’Histoire" et n’offrent pas"une théorie du monde clés en main".

Donc, elles ne peuvent concurrencersérieusement, même s’ils sont usés, les vieuxschémas explicatifs prétendant que lesinjustices et défauts de nos sociétés sontdus au complot des classes dominantes.Voilà pourquoi, le trotskisme est si puissam-ment présent au cœur de l’idéologie actuel-lement dominante.

Bref, l’univers illibéral ne serait-il pas denature magique ? Il est vrai que... quellechose, quel mot, quelle action ne relève pasdu magique ?

Stop ! Inutile de préciser que l’on n’a puou su rendre compte ci-dessus de la finesseet de la richesse des analyses de ce livretant sur les variantes de la pensée libéraleque sur celles des attitudes et idées illibé-rales. On s’est laissé aller à faire confidenced’impressions. Appétitive. On l’espère ! �

SCIENCES SOCIALES

" Et un de plus ! ", tel est le cri qui

monte aux lèvres quand on

découvre, trônant en bonne place

sur les gondoles (des librairies) ce

titre du professeur Raymond

Bourdon, maître de grande

réputation en sciences sociales :

“Pourquoi les intellectuels n’aiment

pas le libéralisme" (Ed. Odile Jacob, 2004).

BUn désirplus oumoinsdévorant devisibilité

Intellos ou magicienspar René PUCHEU

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'Essaïon est mort, vive l'Essaïon. Le théâtredu sympathique José Valverde a vécu, fauted'une subvention annuelle égale au cachetd'une soirée pour faire lire Phèdre par uncomédien célèbre.

Dans ses murs intacts, dont la pierre de taillecouve le public de façon toujours aussi chaleu-reuse, les spectacles sont désormais à tendancemusicale. Miouzikhôle, comme dit la brochure deprésentation. Une des salles est dédiée à la chan-son, l'autre aux spectacles plus construits.

C'est dans cette dernière que se donne "Aupetit bonheur la chance", bonne comédie musi-cale, mais pas seulement. En tant que comédie,elle explore tous les registres musicaux, y comprisles plus inattendus dans ce genre de spectacle. Onpasse ainsi des airs larmoyants à la manière de"Notre Dame de Paris" à celui de la femme descavernes si seule au milieu de tant de mâles. Oubien du ballet façon grand siècle à la séductionanimale du tango. A chaque fois, le style est clai-rement identifiable, mais jamais ces airs ne som-brent dans le pastiche ou la caricature d'uneœuvre connue. Tout est réglé au millimètre et à laseconde près. Les nombreux changements decostume se font dans des délais records. Et jamaisle rythme ne s'essouffle.

Par ailleurs, cette pièce pétrie de musique, dechorégraphie et de bonnes répliques a sa vie etson histoire propre. Le sujet autorise tous les dé-lires : des comédiens voulant s'extraire de leurcondition intermittente sont prêts à tout pourrechercher la gloire. On a donc en alternance desrépétitions, dans un genre musical différent àchaque fois, et la vie quotidienne d'une compa-gnie. Crises de nerfs pour cause de narcissisme oude nymphomanie inassouvis, prise de tête pourtrouver un sponsor, animation du rayon charcute-

rie d'un supermarché pour renflouer les caisses,création d'un projet dont le texte doit mentionnerl'adresse électronique du sponsor, sujet volé par leproducteur qui leur a dit que le thème n'était pas

porteur, tout y passe... Y compris lamise en scène SM pour contenterl'unique producteur intéressé (mol-lement d'ailleurs). Jusqu'au mo-ment de la révolte salutaire. On neva tout de même pas faire "unechorégraphie déguisés en chatspour vendre des litières !" s'ex-clame l'une des comédiennes.

On entre dans cette histoireaussi abracadabrante que réalistedès les premières minutes. Le spec-tacle dégage une énergie quicontamine la salle. Les acteurs

osent jouer leur personnage de façon plus queridicule. C'est d'ailleurs la clé de leur succès. Car lepublic ne s'y trompe pas. Non seulement l'effetqu'il a sous les yeux est comique à lui en tirer par-fois les larmes, mais derrière chaque séquence il ya un message. L'univers de rêve pour les specta-teurs peut être un cauchemar éveillé pour ceuxqui le leur livrent. La loi de la jungle est la mêmepour tous, mais il est interdit de le dire à cause dufameux adage selon lequel le spectacle doit conti-nuer. L'hypersensibilité des acteurs est à la foisleur talon d'Achille et leur force.

Il y a dans ce spectacle un suspense : on entretellement vite en empathie avec les personnagesqu'on a vraiment envie de savoir comment ils vonts'en sortir. Aussi porte-t-on un intérêt égal auxparties chantées et aux intermèdes qui révèlent lavie quotidienne d'une troupe. On n'y a pas demérite : tous les aspects de la pièce et des comé-dies musicales dans la pièce sont travaillés avec lemême soin. Le spectacle dépasse à peine l'heureet on a pourtant l'impression d'avoir assisté à l'en-tière gestation d'un projet artistique, sans lon-gueurs ni raccourcis. Au moment où Avignonouvre son supermarché du théâtre, voilà pour ceuxqui passeront à Paris un divertissement qui n'arien à envier à bien des pièces du off. �

THEATRE

32 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

Tambourbattant"AU PETIT BONHEUR LA CHANCE"

par Pierre FRANÇOIS

Bien divertir et laisser le

spectateur repartir avec

au cœur de quoi nourrir

une réflexion sur le monde

théâtral, voilà ce que réussit

fort bien "Au petit bonheur

la chance". (1)

L

Cettecomédieexploretous lesregistresmusicaux

(1) "Au petit bonheur la chance", de Lydie Mulleret Emmanuel Touchard. Du mercredi au samedi à22h. A l'Essaïon, 6 rue Pierre au lard, 75004 Paris.Places à 15/10 euros. Tél. : 01.42.78.46.42.

Avec Aurélien Berda, GuillaumeBouchede, Rémi Cotta, SophieGautzine, Guillaume Melanie, Christina Palma, Barbara Beretta, Florence Savignat.

D.R

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FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 33

HISTOIRE

eune étudiant en droit, fils d’un hautfonctionnaire, apparenté à la familleimpériale, Nguyen Huu Giao devint déjàun leader patriote au moment de lagrande rébellion bouddhiste de 1966.

Puis il entama une carrière de conseiller ju-ridique pour une société de plantation d’hé-véas, ce qui lui donna l’occasion de se pen-cher sur la question des grèves et des exi-gences des guérilleros viet-congs, dont ilpressentit l’absolu mépris pour le peuple…Tout en observant les bévues américaines.

En 1975, le Sud-Vietnam s’effondre. Lepassé patriotique de Giao ne plaide pas pourlui aux yeux des communistes. Son présentde défenseur des droits de l’homme encoremoins. Il est suspecté, à juste titre, d’être leprincipal organisateur de la proclamationpublique, devant la cathédrale de Saïgon, uncertain 18 avril 1977, d’une "Déclaration desVietnamiens déshérités sur les droits del’homme".

Dès lors il connaîtra le Goulag indochi-nois, qu’il nous décrit, avec une très grandepudeur, ce qui en rend peut-être encore pluspalpable toute l’horreur. 10 ans de camps oùil attribue au yoga, à sa foi bouddhiste et ausoutien, pourtant lointain, de sa famille, lefait qu’il ne soit pas mort ou devenu fou.

Libéré en 1987, il est devenu un paria, un

risque pour ses amis et sesparents et décide de fuir.On le retrouvera, après uneodyssée qui pour avoir étémille fois répétée par d’au-tres boat-people n’endépasse quand même pasmoins l’imagination. Et ceseront encore deux ansdans un camp de réfugiésà la frontière khméro-thaïlandaise, ou il devien-dra l’ami du père Ceyrac.Partout, il se révèle un lea-der incontournable. Saforce de caractère, sesqualités d’organisateur luiservent à rétablir un peud’équité dans un mondeoù les actions humani-taires côtoient le sordideet même y participent par-fois.

En 1990, la France luiaccordera un visa. Il commence une nouvellevie, repasse ses examens d’avocat, se marieavec une journaliste française. Tout l’appelleà jouer un rôle moral important dans ladiaspora vietnamienne qu’il exhorte à l’uni-té, quand il est victime d’une attaque céré-brale. Sa disparition laisse un vide d’autantplus douloureux que l’absence d’une élitepolitique est un des handicaps les plusgrands que le Vietnam aura à surmonterquand il recouvrera enfin la liberté. �

Nguyen Huu Giao, Le Livre de Giao, au cœur duViet Nam, La Table Ronde, édition établie par safemme France-Aimée Nguyen Huu Giao, préfacede Bernard Kouchner, 217 pages, 16,80 €.

GIAO NGUYEN HUU

Nguyen Huu Giao est mort en

1994, à Paris, après avoir passé

dix ans dans les camps de

rééducation communistes du

Vietnam. Sa femme édite

aujourd’hui son autobiographie

inachevée qui nous révèle un

héros de notre temps.

J

Partoutil se révèleun leaderincontournable

Un héros vietnamienpar Frédéric AIMARD

D.R

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TELEVISION

34 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

Les Triplettes de BellevilleTous Mercredi 14, sur Canal + à 21h00

Champion, un petit garçon rondelet et mélan-colique, a été adopté par une grand-mère por-tugaise, la très volontaire Madame Souza.Remarquant chez l’enfant une grande passionpour le cyclisme, celle-ci décida, un jour, d’enfaire un vrai champion. Le petit garçon aban-donna ses rondeurs pour devenir un as de lapetite reine et participer au Tour de France.Mais voilà que, pendant la course, Championest enlevé par deux gangsters. ��� La carrière de Sylvain Chomet sepasse entre la bande dessinée et l’animation,

et elle est jalonnée de récompenses, aussi bien pour ses albums que pour ses courts mé-trages. Dessinateur, scénariste et animateur, il a fait le grand pas avec «Les Triplettes», sélec-tionnées à Cannes et seul film hexagonal à y recevoir un accueil chaleureux. Impossible derésister à l’humour de Sylvain Chomet, à son graphisme terriblement caricatural qui déformepersonnages et décors dans une ambiance des années cinquante.L’œuvre de ce réalisateur sesert surtout de la variété des personnages, de leur cohérence et de leur originalité, dans unstyle jusqu’alors inédit dans l’animation connue.�� Il va de soi que l’histoire est non seulement amusante, mais aussi un exemple de vertusdiverses, en particulier celles de l’ineffable Madame Souza.

PardaillanAdolescents Dimanche 18, sur France 3 à 14h45Au XVIIIe siècle, le jeune Pardaillan et son père, le cheva-lier de Pardaillan, vivent d’expédients à Paris. Ayant euvent d’une prime pour la capture de deux jeunes femmes,le chevalier de Pardaillan se met en chasse. ���� C’est le réalisateur de cinéma Edouard Nier-mans qui s’est aventuré dans le téléfilm de cape et d’é-pée avec un réel bonheur. Une caméra très mobile, unephotographie soignée (mais trop souvent sombre), durythme, une excellente reconstitution historique, telssont les atouts de cette œuvre sympathique et légère. L’interprétation est de grande classe etles combats à l’épée nous rappellent les films de notre enfance. Les puristes remarquerontque l’époque mise en images n’est pas celle du roman de Michel Zévaco.� Un héros positif qui n’hésite pas à s’opposer à son père. Quelques jurons (heureusementd’époque !).

LUNDI 12 JUILLET20.50 Voix singulière. "BenoîtMiribel", de Didier DematonsBenoît Miribel est devenu direc-

teur du centre de formation Bioforce, chargé de préparerles futurs expatriés, missionnés par les ONG, aux réalitésdes opérations sur le terrain.MARDI 13 JUILLET20.50 Solidarités Sans Frontières. Emission spéciale "LesPetits Princes", présenté par Muriel Darnaud L’association "Petits Princes" créée en 1987 aide les en-fants gravement malades à construire un projet de vie àpartir de leur imaginaire. Entre espoir et refuge, ces rêvesréalisés leur permettent de se projeter dans l’avenir. Avecla participation d’Yves Duteil, parrain de l’association.MERCREDI 14 JUILLET20.50 Les Anges de Bucaramanga, de Grzegoz TomczakAlbeiro Vargas continue aujourd’hui une action débutée àl’âge de 7 ans, auprès des personnes âgées au sein de saFondation créée à Bucaramanga, au Nord de la Colombie. Aces côtés des enfants surnommés "les anges" œuvrent pourleurs aînés. En 2000 il est récompensé par le "Juste d’or".

JEUDI 15 JUILLET20.50 Le fils de Paul, de Didier Grousset ClémentMarié et père d'un petit garçon, Paul a toujours été trèsproche de son père, musicien bohème. A la suite d'une dis-pute avec son fils et sa belle-fille, Paul disparaît sans lais-ser de traces. Avec Jean Pierre Cassel, Anaïs Jeanneret...VENDREDI 16 JUILLET20.50 Musique Rhandi, de Claude-Pierre ChavanonSur la côte sénégalaise, les enfants imitent les musicienstraditionnels, les griots en utilisant divers ustensiles usa-gés en guise d'instruments de musique.Samedi 17 juillet20.55 Passion Callas, de G. Seligmann et G. Caillat1948 : La critique italienne consacre la voix éblouissante etle tempérament artistique hors du commun de Maria Callas.DIMANCHE 18 JUILLET20.50 KTO Magazine. "Se reconstruire", par Richard BoutryJuive, Odette Adijes a connu dans son enfance l’horreur dela Seconde Guerre Mondiale. Aujourd’hui, une nouvelle nais-sance s'offre à elle par la peinture. Chacune de ses œuvresest empreinte d’une souffrance passée mais surtout d’uneespérance vivante. Peut-être aussi d’un pas vers le pardon.

DR

DR

Lundi 12 juilletZodiaque (3/5) GA. Feuilletonavec Francis Huster, Claire Keim.�� Assez prenant.TF1, à 20h55.

Band of brothers - Frères d’ar-mes : «Carentan», «Les rempla-çants» J. Téléfilms avec RichardLewis (1h59). ���� Deuxépisodes très réussis, avec descombats impressionnants, unenote spirituelle et une bonneapproche des notions de coura-ge et de lâcheté. Des violences.France 2, à 20h55.Fanny J. Comédie dramatiqueen NB (1932) de Marc Allégret,avec Raimu, Pierre Fresnay (2h).�� Pas la meilleure de la tri-logie, mais des dialogues tou-jours aussi éblouissants. France 3, à 20h55.Jonny Vang. Comédie drama-tique en VO (2003) de J. Lien,avec Aksel Hennie (1h24).Arte, à 20h45.Le gendarme et les extrater-restres J. Comédie (1978) deJean Girault, avec un Louis deFunès fatigué (1h30). � Pasterrible.M6, à 20h50.40 jours et 40 nuits Ø. Co-médie (2002) de M. Lehman,avec Josh Hartnett (1h32).�� Crétin et vulgaire.Canal +, à 21h00.Woyzeck. Théâtre de GeorgBüchner, avec Bruno Cathomas,Christina Geisse (2h20).Arte, à 22h10.

Mardi 13 juilletLes 100 plus grands... bêti-siers. Divertissement.TF1, à 20h55.Le petit baigneur J. Comédie(1968) de et avec Robert Dhéry,et avec Louis de Funès (1h29).�� Une succession de gagspas toujours toujours très fins.France 2, à 20h55.La carte aux trésors «LaManche : L’hydrologie du maraiset du bocage». DivertissementFrance 3, à 20h55.

Care

ntan

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TELEVISION

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 35

Marilyn malgré elle GA.����. Passionnant et trèsémouvant. Une allusion à demultiples avortements.Arte, à 20h45.Zone interdite «Pompiers : Lescommandos de l’espoir». M6, à 20h50.[MI-5]. Série.Canal +, à 21h00.L’amour des trois oranges.Opéra de Prokofiev, directionmusicale de T. Sokhiev, avec An-drey Ilyushnikov, Julia Smoro-dina, Aleksey Tanovitsky (1h50).Arte, à 21h40.Vie privée, vie publique«Peut-on tout dire, tout dévoi-ler ?». Magazine.France 3 à 23h25.

Mercredi 14 juilletSagas «La télévision». Maga-zine.TF1, à 20h55.FBI : Portés disparus : «Faireson devoir», «Témoignages».Série. France 2, à 21h00.Des racines et des ailes «Al’école des chefs». Magazine.France 3, à 220h55.Les mercredis de l’histoire«Les grands duels du sport :Merckx/Ocana» J. �� Pas malfait.Arte, à 20h45.Prise d’otages en pleinemer. Téléfilm avec Casper vanDien, Danielle Cormack (1h23).M6, à 20h50.Les Triplettes de Belleville T.Dessin animé (2003) de SylvainChomet, avec les voix de Béa-trice Bonifassi, Marie-Lou Gau-thier, Lina Boudreault (1h18).(Voir notre analyse)Canal +, à 21h00.Ça se discute jour aprèsjour, les jours d’après...«Mariage mixte, coming-out,recherche de l’âme sœur :L’amour dans tous ses états».Magazine.France 2, à 22h30. R

epère

s

(Voir notre analyse)France 3, à 20h55.Banzaï GA. Comédie (1983) deClaude Zidi, avec Coluche(1h38). ��� Une comédieassez enlevée, avec de la bonnehumeur. Des scènes un peu sug-gestives, mais drôles.TF1, à 20h55.

La cité de la joie GA. Dramede Roland Joffé (1992), avecPatrick Swaize, Pauline Collins(2h15). ��� Spectaculaireadaptation du formidable livrede Dominique Lapierre. Maisc’est très américain et l’œuvrede Mère Teresa est occultée.France 2, à 20h55.Siska : «Sans mobile apparent»,«Double enquête». Téléfilms avecPeter Kremer. France 3, à 20h55.Soirée thématique «Au ryth-me des croisières»

Elle et lui GA. Comédie drama-tique (1957) de Leo McCarey,avec Cary Grant, Deborah Kerr(1h55). ��� Un pur chef-d’œuvre romanesque, interprétépar deux comédiens magni-fiques.Queen Mary 2, reine desmers. Documentaire. Buon viaggio, Michelangelo. Arte, à partir de 20h45.Capital «Fringues, le dessousdes marques». Magazine.M6, à 20h50.Suspect n°1. Série.Canal +, à 21h00.Richard III GA. Drame (1956) deet avec Laurence Olivier, et avecJohn Gielgud (2h43). ���Une superbe adaptation.France 3, à 00h20.

Wanda GA. Drame en VO(1970) de et avec Barbara Loden(1h45). �� Une œuvre poi-gnante.

Va savoir GA. Comédie drama-tique (2001) de Jacques Rivette,avec Jeanne Balibar, SergioCastellito, Jacques Bonnaffé(2h28). ���. Une très joliecomédie, avec des dialoguesbrillants et des comédiens for-midables.France 2, à 00h55.

Jeudi 15 juilletJulie Lescaut «Récidive. Télé-film avec Véronique GenestTF1, à 20h35 ou 20h55.

Faites entrer l’accusé ««Hu-man Bomb, prise d’otages à lamaternelle» GA. ��� Unereconstitution poignante.France 2, à 20h55.Le battant A. Policier (1982) deet avec Alain Delon (2h).��� Efficace, mais assezcommercial et complaisant.France 3, à 20h55.L’homme qui venait d’ail-leurs A. Science fiction en VO(1976) de Nicolas Roeg, avecDavid Bowie (2h13) (- 12 ans).�� Pas mal, mais des lon-gueurs, des facilités et des scè-nes sensuelles.Arte, à 20h45.Opération séduction : Lesparents s’en mêlent. Diver-tissement.M6, à 20h50.Investigation : «Permis detuer», «Islam en France : En-quête sur de mystérieux mis-sionnaires». Magazine.Canal +, à 21h00.Trafic.musique «Spéciale Mon-treux». Magazine. France 2, 22h45.

Vendredi 16 juilletKoh-Lanta. Divertissement. TF1, à 20h50.PJ : «Gang de filles», «Chienméchant» GA. Téléfilm avecBruno Wolkowitch (1h43).��� Prenant, mais le se-cond épisode est dramatique ettrès ambigu.France 2, à 20h55.Thalassa «Voyage dans les îles(1/7)». France 3, à 20h55.Pepe Carvalho «La rosed’Alexandrie» A/Ø. Téléfilmavec Juanjo Puigcorbé, JeanBenguigui (1h40). ����Assez original, mais avec desscènes complaisantes.Arte, à 20h45.Le grand zap «Spécial ma-riage». Divertissement.M6, à 20h50.Sex fan des sixties A. Co-médie (2002) de Bob Dolman,avec Goldie Hawn, Susan Saran-don (1h34). �� Amusant,mais maladroit et un peu vul-gaire.Canal +, à 21h00.

Samedi 17 juilletA prendre ou à laisser. Di-vertissement.TF1, à 20h55.Fort Boyard. Divertissement.France 2, à 20h55.Les rebelles de Moissac J. Té-léfilm avec Annie Cordy, Fran-çoise Christophe. �� Sym-pathique, mais conventionnel etennuyeux.France 3, à 20h55.L’aventure humaine «Le fabuleux destin des inven-tions (3) : Charles Goodyear etle caoutchouc».Arte, à 20h45.La trilogie du samedi :«Smallville», «Jake 2.0», «MutantX». Séries.M6, à 20h50.La fureur dans le sang. Série.Canal +, à 21h00.

Dimanche 18 juilletPardaillan J. Téléfilm de E.Niermans, avec Jean-Luc Bideau,Guillaume Canet, Garance Clavel.

T : Tout publicJ : AdolescentsGA: Grands AdolescentsA : Adultes

ø : Œuvre (ou scène) nocive� : Élément positif� : Élément négatif

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CINEMA

36 FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004

S on nom est synonyme d’éléganceet de légèreté. Joseph L. Mankie-wicz a signé quelques-uns des

chefs-d’œuvre du cinéma («Chaînesconjugales», «Eve», «Jules César», «Lacomtesse aux pieds nus», «Guêpier pourtrois abeilles», «Le limier»). Pourtant, «Unmariage à Boston» n’est jamais sorti enFrance, le négatif étant jugé longtempsen trop mauvais état pour autoriser descopies. Aujourd’hui enfin restauré, il per-met de découvrir ce pur bijou.

George Apley est un notable deBoston, fier de ses traditions. Nous som-mes en 1912, et la haute société bosto-nienne considère de haut ceux qui nesont pas nés dans la ville, siège du bongoût et de l’élégance. Son fils John doitépouser Agnes, une jeune cousine, mais

il est amoureux d’une autre femme, quihabite en dehors de la ville. Quant àEleanor, sa fille, elle s’est amourachéed’un New-Yorkais ! Le monde de Georgeprend eau de toutes parts.

Une mise en scène élégante et raffi-née, des dialogues éblouissants, unemultitude de rebondissements, descomédiens épatants, tels sont les atoutsde cette comédie de mœurs qui croque,avec un vrai bonheur, les travers d’unesociété figée sur ses principes. Les per-sonnages sont parfaitement dessinés etils incarnent, avec beaucoup de justesse,l’éternel débat entre raison et senti-ments, en matière de mariage. On pour-

rait croire le film suranné, voire désuet :il est, au contraire, d’une brûlante ac-tualité. C’est aussi drôle que profond, etles vraies questions posées par les per-sonnages reçoivent de vraies réponses.Eblouissant ! �

Un mariage à Boston. Comédie américaine en noir etblanc (1947) de Joseph L. Mankiewicz, avec Ronald Colman(George Apley), Peggy Cummins (Eleanor Apley), VanessaBrown (Agnes), Richard Haydn (Horatio Willing), Edna Best(Catherine Apley), Percy Waram (Roger Newcombe), MildredNatwick (Amelia Newcombe), Richard Ney (1h38). Sortiele 7 juillet 2004.

Super size mePeut-on survivre en mangeant trois fois par jourdans un McDonald’s ? En tout cas, on peut enfaire un film. C’est avec ce point de départiconoclaste sur la «malbouffe» que MorganSpurlock, un jeune réalisateur, se révèle un digneémule de Michael Moore. Mettant son pari à exécution, Morgan Spurlocknous fait vivre son calvaire (trois repas composésde super size hamburgers, de frites et de Coca) auquotidien, non sans nous renseigner sur les aspectsscientifiques de l’alimentation. C’est aussipassionnant qu’inquiétant, surtout lorsqu’on saitque 400 000 personnes meurent aux Etats-Unis,chaque année, de problèmes liés à l’alimentation.On frémit en constatant l’état dans lequel se trouvele réalisateur après son «régime». Ce documentairerisque d’en dégoûter plus d’un, d’autant qu’unescène d’opération est assez pénible.

M.-L. R.

Documentaireaméricain (2003) de Morgan Spurlock(1h38). Sortie le 30 juin 2004.

God fathers and sonsDans ce sixième volet de la collection «The Blues»,le film de Marc Levin est, sans doute, l’un desmeilleurs. On suit Check D. («Public Enemy»), lalégende du hip-hop, et Marshall Chess, héritier deChess Records, à Chicago, où ils produisent unalbum réunissant les vétérans du hip-hop et dublues, mettant ainsi en relief les filiations entre cesdeux styles de musique.Comme dans les autres volets de cette bellecollection, Marc Levin explore les musiques néesdu blues. On retrouve avec émotion quelques-unesdes figures de cette musique, aujourd’huidisparues (Otis Rush, Magic Slim, Ike Turner, KokoTaylor, etc.). Les liens entre blues et hip-hop, puisrap, sont explorés, et les musiques sontmagnifiques. Mais, au-delà de la recherchehistorique, ce sont les relations entre desgénérations différentes de musiciens qui serventde fil conducteur à une œuvre fascinante.

M.-C. A.

Film musical américain(2003) de Marc Levin,dans la collection «TheBlues», produite parMartin Scorsese(1h36). Sortie le30 juin 2004.

Les aventures extraordinaires de Michel StrogoffAprès avoir bien travaillé à l’entretien de la bibliothèque municipale, unebande de jeunes rats se repose en écoutant la lecture d’un livre faite par lerat prof, qui les entraîne dans des aventures merveilleuses. C’est ainsi qu’ilcommence à leur lire «Michel Strogoff», de Jules Verne, qui retracel’histoire du courrier du tsar.C’est une nouvelle série de dessins animés français qui débute avec cette

adaptation du célèbre roman de Jules Verne. Les dessins ne sont pas très sophistiqués, ce qui est dommage, car,grâce aux techniques numériques, la plupart des spectateurs sont habitués à mieux. Mais l’ensemble ne manquepas de charme et réjouira les enfants auxquels ce film est destiné. Bientôt, on pourra découvrir des adaptationsde Dickens, Victor Hugo, Alexandre Dumas ou Rudyard Kipling.

M.-L. R.

Film d’animation française (2004) de Bruno-René et Alexandre Huchez, d’après l’œuvre de Jules Verne. Musique de Jean-Jacques Debout, avec les voixde Anthony Delon (Michel Strogoff), Claire Keim (Nadia Fedor), Mike Marshall (Ivan Ogareff), Michel Elias (le rat Prof) (1h25). Sortie le 30 juin 2004.

Un bijou, signé Mankiewicz,

que l’on peut voir pour la

première fois en France.

Raison et SentimentsUN MARIAGE À BOSTON

par Marie-Christine D’ANDRÉ

Cette comédiebrillante et raffinéea conservétoute son actualité(

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LIVRES� CLAIRE MARVELpar John Burnham Schwarz,Ed. Albin Michel, 2003, 364 p., 19,90 €.

Un grand roman d’amour est toujours de sai-son. En voici un, campé dans le milieu très actueldes universitaires, notamment en sciences poli-tiques, aux USA. Un étudiant en fin d’études ren-contre sous un parapluie comme dans la chansonune jeune fille au charme sauvage et à la vie énig-matique ; à partir de leurs manœuvres d’approchepar petites touches anodines, puis par élans crois-sants, ils sont happés par la contradiction des cir-constances et des sentiments, et voilà la grandedéferlante des passions qui les emporte, aussi loinque Tristan et Iseult, aussi profond qu’Orphée etEurydice… La démesure de certains amours trophumains, qui fait se heurter à l’impossible et netrouver d’issue que dans la mort, trouve une fataleillustration dans cette idylle tragique à l’anglo-saxonne, dont les plus beaux chapitres se dérou-lent en France, au cœur du Quercy, sur fond deCausse aride et de permanence paysanne.

� DE TROUBLANTS DÉTOURSpar Maïca Sanconie,Quidam Éditeur, 2004, 132 p., 15 €.

Pour les amoureux de l’Italie, de la littérature,et pour les amoureux tout court, voici un déli-cieux premier roman. Imaginez au cœur de laville de Lucques – et certes, il faut y avoir vécupour y pérégriner aussi élégamment – une Pas-ticceria e Biscotteria à louer située entre la viaMordini et la via dell’Anfiteatro Romano, "au toutdébut de la via Santa Zita", et une jeune damenommée Ottavia, éprise de littérature amoureuse.Comme guidée par une radiesthésie mystérieuse,elle cherche où implanter "Au Transport amou-reux" une librairie exclusivement dédiée aux liv-res traitant de l’amour, et la boulangerie pâtisse-rie lui convient.

Elle convient, semble-t-il, à la ville entière,voire même au culte de la sainte Zita, qui paraît sepolariser autour de la boutique comme d’un lieuoraculaire, un Delphes de la rencontre ou de lamédiation entre les cœurs. Au prix de quels tourset détours dans la ville comme dans l’âme certainsy trouveront la trace de l’être aimé, c’est ce quireste à découvrir au lecteur de ce petit roman fol-lement littéraire, précieux de style comme de sen-timents, qu’on s’émerveille de voir naître et pa-raître si actuel aujourd’hui plutôt qu’au temps deMadame de La Fayette ou de Stendhal.

� TOMBEAU DE L’ÉLÉPHANT D’ASIEGérard Busquet et Jean-Marie Javron, Chandeigne, 2002, 23 €.

Marcel Cohen se trouve avoir préfacé cet im-pressionnant "tombeau" dédié au pachydermeoriental que plusieurs traits distinguent de son

cousin d’Afrique. Tombeau éminemment littéraire,de Malcolm Lowry à Rudyard Kipling et de Via-latte à Montaigne, puisant dans le bestiaire quechaque écrivain élabore comme une héraldiquepersonnelle. Bien des surprises émanent desrécits de voyageurs, surtout anglo-saxons auXVIIIe siècle, et de leurs compatriotes civils oumilitaires en poste en Inde ou en Birmanie, pourqui l’éléphant est un inépuisable sujet d’observa-tion et joue le rôle d’un révélateur de l’indigène,tandis qu’il est pour nous révélateur de ceux quil’observent. Les légendes et rituels de la hautetradition de l’hindouisme font la part belle à l’a-nimal dont l’intelligence et le goût de la fréquen-tation des hommes font un génie familier, sorted’ange potelé quoique sujet à de terribles vio-lences. Mais qui connaît l’éléphant du papeLéon X ? Qui a remarqué que la forme de sesoreilles reproduit la carte de l’Inde ? Au demeu-rant, à quoi lui servent-elles ? A mesurer la lati-tude du lieu ? Pourquoi pas ? Quant à croire quel’éléphant sécrète des perles… Ses amis, nomb-reux parmi nous, plongeront dans ces morceauxchoisis éléphantesques et se rouleront entre sespages avec autant de plaisir que le monumentalanimal lui-même lorsqu’il peut, chaque soir, sedoucher de la trompe dans les eaux de la rivière…

� JEAN-FRANÇOIS MARMONTEL, UN INTELLECTUEL EXEMPLAIRE AU SIÈCLE DES LUMIÈRESCollectif, sous la direction de Jacques Wagner, Ed. Mille Sources, Tulle, 244 p.., 19 €.

Quatorze auteurs, dont plusieurs universitai-res internationaux participants aux commémora-tions Marmontel de Clermont-Ferrand et Bort-les-Orgues en 1999, contribuent à renouvelernotre regard sur l’un des hommes de lettres lesplus célèbres du "siècle des Lumières". Mé-morialiste inscrit dans la sensibilité du siècle deRousseau, protégé de Voltaire, auteur public àsuccès par ses œuvres théâtrales et romanesques,et surtout par ses Contes moraux que Louis XVIen prison faisait encore lire au Dauphin, secré-taire perpétuel de l’Académie Française, il fut l’undes plus maîtres de la sensibilité politique modé-rée qui souhaitait la rénovation du royaume en1789 et condamna vivement le détournement su-bi en 1792 par la Révolution. Sa fidélité royalisteet la modération de son jugement, que Chamfortestimera "à l’eau de rose" lui valurent sans douteune destinée posthume modeste. Mais, ce volumerévèle le spectre de ses intérêts intellectuels etesthétiques : sa passion pour l’Amérique, à la foisparadis originel d’une humanité sauvage et sti-mulante utopie de l’avenir, résume bien l’universmental et les espérances de ce XVIIIe siècle euro-péen dont nous ne sommes pas encore tout à faitsortis. �

SELECTION

Livres d’étépar Luc DE GOUSTINE

FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 37

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ParisParis✔ Du 13 juillet au 23 octobre, àNotre-Dame de Paris, tous lesjours, sauf le vendredi (pas de pro-jections les 19/7, 23/8, 28/9 et 19/10)un spectacle "Domus Domini -La Maison du Seigneur" est pro-posé, pour tous, sur écran géant,mêlant subtilement narration,musique et projection de chefs-d'œuvre de la Cathédrale, unevisite historique depuis 1163, àl'aube de son édification, jusqu'ànos jours.Bas-RhinBas-Rhin✔ Les Petites Sœurs Francis-caines, 1, rue du Couvent, 67440Thal-Marmoutier, ✆ 03.88.03.12.03, fax 03.88.03.12.08, propo-sent une journée d'éveil, à la viedans l'Esprit, expression charis-matique, le 5 septembre (9h-

18h30), sur le thème "Accueillirla faiblesse sans illusion", animéepar Marcel Kany et accompagnéepar un prêtre.CalvadosCalvados✔ La Communauté des Béatitudes,19, avenue Sainte Thérèse, 14100Lisieux, ✆ 02.31.32.44.04, prévoitun rassemblement d’été, du 2 au 6août "Dieu, je veux te voir", avecla participation de Guy Lepoutre,Philippe Madre, Salvatore Marti-nez, Mgr Guy Gaucher...Haute-SavoieHaute-Savoie✔ Au monastère des Visitandines,11, avenue de la Visitation, 74000Annecy, ✆ 04.50.45.22.76, unehalte spirituelle est prévue "Labeauté : chemin d'humanité,reflet de Dieu", par Marie-LoretteFernandez.✔ Le Foyer de Charité "La Fla-

tière", 943, route de la Flatière,74310 Les Houches, ✆ 04.50.55.50.13, fax 04.50.54.59.11, pré-voit une retraite du 2 au 8 août"Baptisés au nom du Père, du Filset du Saint Esprit" (Fondementsde la foi), par le père Jean-François Hüe.✔ Une halte spirituelle est organi-sée le 16 juillet, à l'ErmitageSaint-Germain, 74290 SaintGermain sur Talloires, ✆ 04.50.60.73.02, "La foi... comme unemarche", par le père EmmanuelBlanc.✔ Au monastère Les Monts-Voi-rons, Notre Dame de la GloireDieu, 74420 Boège, ✆ 04.50.39.14.01, une halte spirituelle estproposée le 23 juillet "Servirl'espérance aujourd'hui", avec lepère Jean-Claude Sancey.

Ille-et-VilaineIlle-et-Vilaine✔ Au centre La Hublais, avenuede la Hublais, 35510 CessonSévigné, ✆ 02.99.83.11.02, desretraites sont proposées : du 18(17h) au 23 juillet (15h) "Donnercorps à la Parole", avec DaniellePérez ; du 19 (19h) au 23 juillet(9h) "Apprendre à écrire commeau Moyen Age", avec Marie-Jeanne Durand, présidente del'association Calligraphie pourtous.IndreIndre✔ Un pèlerinage, organisé par lesanctuaire Notre-Dame de Misé-ricorde, Centre de pèlerinages,3b, rue Notre-Dame, 36180 Pel-levoisin, ✆ 02.54.39.06.49, fax02.54.39.04.66, est prévu les 28et 29 août prochain, sur le thème"L'Eucharistie : «Le Sacrement deson amour»" (15e apparition du 8décembre 1876). Marche-pèleri-nage, procession de la Vierge-Ma-rie, veillée-témoignage, proces-sion du Saint-Sacrement, ensei-gnement,... messe solennelle pré-sidée par Mgr André Vingt-Trois,archevêque de Tours.Pas-de-CalaisPas-de-Calais✔ Au Foyer de Charité, 19, rueSacriquier, BP 105, 62240 Cour-set, ✆ 03.21.91.62.52, fax 03.21.83.87.13, une retraite des 15-18ans est organisé du 23 au 26août : musique, enseignement, té-moignage, prière, détente, ser-vice... animation par le père etdes membres du foyer. Egalementdes retraites d'été, seul ou enfamille, du lundi (18h) au diman-che (15h), accueil des enfants àpartir de 4 ans. 5 jours completsrythmés par des temps d'ensei-gnement, de prière personnelle eten Eglise, dans un climat de si-lence : du 2 au 8 août, du 9 au 15août (proposition Sport/Prière/Création pour les 13/16 ans), du16 au 22 août ; du 20 au 26 sep-tembre.✔ La Maison diocésaine "LesTourelles", 12, av. de l'Yser,62360 Condette, ✆ 03.21.83.71.42, fax 03.21.92.42.86 proposeune retraite-randonnée du 15(19h) au 20 août (14h), sur lethème "Marcher avec Jésus", avecMichel Wallart, diacre à Calais.✔ La Maison diocésaine d'ac-cueil "Ave Maria", 5, La Place,62120 Wardrecques, ✆ 03.21.93.55.48, fax 03.21.95.61.09,organise une retraite du 6 (17h)au 14 août (14h), "Prier, aimer,vivre dans l'Esprit", animée parle père Pierre Guilbert, prêtre dudiocèse de Pontoise.Saône-et-LoireSaône-et-Loire✔ Au Foyer du Sacré-Cœur, 14rue de la Visitation, 71600 Paray-le-Monial, ✆ 03.85.81.11.01,une retraite de cinq jours est pro-posée du dimanche 12 (19h) au

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samedi 18 septembre (19h), avecle père Jean Meeûs s.j. sur lethème "Dieu est plus grand quenotre cœur" (1 Jn 3, 20).✔ Du 21 (19h) au 28 août (9h),la famille du Prado invite les 18-35 ans à une marche-retraite versTaizé. Ces 15 km par jour per-mettront de vivre des partagesd'Evangile et de prières avecsaint Paul, la découverte deslieux traversés (Cluny, Mazille etTaizé) ainsi qu'une approche dela vie et du message d'AntoineChevrier. Avec des temps dedétente, d'amitié et de convivia-lité. Cette proposition est accessi-ble aux personnes ayant un han-dicap. Rens./insc. Le Prado, 13,rue Père-Chevrier, 69007 Lyon,✆ 04.77.32.89.70, ✆ 06.63.17.39.22.SartheSarthe✔ A Notre-Dame du Chêne, LaChapelle du Chêne, 2, rue desBleuets, 72300 Vion, ✆ 02.43.95.48.01, une retraite est prévuedu 18 au 24 juillet, "Lève-toi etmarche", un cheminement spiri-tuel en vue de la guérison inté-rieure, par Béatrice Soulary et lepère Auzeney.SavoieSavoie✔ L'abbaye de Tamié (trappistes),73100 Plancherine, ✆ 04.79.31.15.50, propose une halte spiri-tuelle "Etre libre en Christ", marche des jeunes, avec le pèreHervé Rivoiron, les 24 et 25juillet prochain.VVarar✔ Au sanctuaire Notre-Dame deGrâces, 83570 Cotignac, ✆ 04.94.69.64.90, fax 04.94.69.64.91,"La Semaine Mariale" aura lieudu 7 au 15 août, avec 2 Messessolennelles, procession aux flam-

beaux, pèlerinage"Familles en diffi-culté", spectacles,conférences...CampCamp✔ Pour les 12/15ans, un camp d'été àvélo, en Thiérache(près de La Capelle),

du 23 au 27 août, est proposépar l'aumonerie des jeunesruraux de l'Aisne. Inscriptions :Véronique Lévêque, 5, placeJeanne d'Arc, 02350 Liesse.Participation/frais : 45 €.✔ Du 28 juillet au 3 août, àOrnon-sur-Isère, se tiendra lecamp pour les enfants et adoles-cents servants d'autel ou qui ontenvie de le devenir. Avec destemps d'approfondissement de safoi (célébrations, catéchèses,échanges), des temps d'ateliersmanuels et d'activités sportivesainsi que des activités ludiques.Rens. P. Alexis Rigot, ✆ 04.77.54.96.96, ou Mathieu Goutte-fangeas, ✆ 06.77.77.26.06.SuisseSuisse✔ A Genève, un an d'Ecole deVie avec la Communauté deSaint-Jean. Formation philoso-phique et théologique, vie deprière quotidienne, vie aposto-lique au service de l'Eglise (caté-chisme, colonies, aide aux en-fants du quartier, scoutisme, fo-rum, Amour et Vie), Art et chantchorale, vie communautaire etamitié à 6 ou 7, garçons et filles,de nationalités différentes. Ap-prendre à vivre l'Evangile auquotidien : miséricorde, fidélité,joie, amour. Rens. (00.41).022.708.10.06, frère Hubert-Marie.VVocation au mariageocation au mariage✔ Pour les célibataires, fiancésou non, à partir de 18 ans, du 26au 31 août, 3e session à Nant,dans l'Aveyron, prédicateur lepère Jean-Paul Maisonneuve.Programme : messe, prière, en-seignement, détente, randon-nées. Rens/insc. : centre duTrouzil, 12230 Nant, ✆ 05.65.62.18.79.

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FRANCE CATHOLIQUE - hebdomadaireN° Commission Paritaire de la Presse : 0404 I 50615 - CNIL : 6778405

60, rue de Fontenay, 92350 Le Plessis-RobinsonTéléphone : 01.46.30.79.06 - 01.46.30.37.38 - Fax. : 01.46.30.04.64.

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Imprimé par ROTO CHAMPAGNE, 2, rue des Frères Garnier, 52000 ChaumontLes documents envoyés spontanément ne sont pas retournés.

L'essentiel des collaborateurs du journal est composé de bénévoles.France Catholique apporte chaque semaine, depuis 1924, des informations et des

commentaires tendant à éclairer le jugement des citoyens français et de leursenfants sur l'actualité politique, culturelle et spirituelle, nationale et internationale.

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FRANCECatholique N°2938 9 JUILLET 2004 39

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