Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette...

33
Année Universitaire 2008- 2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de Montpellier 1) A. Scherpereel (Université de Lille 2 ) G. Deslée (Université de Reims Champagne Ardennes H. Mal (Université Paris 7) P. Astoul (Université de la Méditerranée) Items des ECN concernés par ce cas clinique : • 45 Tabac : Morbidité, prise en charge … • 197 Orientation diagnostique devant une douleur thoracique • 198 Orientation diagnostique devant une dyspnée • 276 Conduite à tenir devant un pneumothorax Collège des Enseignants de Pneumologie

Transcript of Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette...

Page 1: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

CAS CLINIQUE

Proposé, revu et corrigé par :• Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis)• P. Demoly (Université de Montpellier 1)• A. Scherpereel (Université de Lille 2 )• G. Deslée (Université de Reims Champagne Ardennes• H. Mal (Université Paris 7)• P. Astoul (Université de la Méditerranée)

Items des ECN concernés par ce cas clinique :• 45 Tabac : Morbidité, prise en charge …• 197 Orientation diagnostique devant une douleur thoracique • 198 Orientation diagnostique devant une dyspnée • 276 Conduite à tenir devant un pneumothorax

Collège des Enseignants de

Pneumologie

Page 2: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Monsieur Pierre I..., 27 ans, consulte aux urgences à 14 heures pour une dyspnée et une douleur thoracique.

Il est informaticien et n’a pas d’antécedant médical particulier en dehors d’un tabagisme à un paquet et demi de cigarettes/jour depuis l’âge de 15 ans.

Il mesure 1,80 m et pèse 67 kg.

Il pratique sans gêne respiratoire particulière la course à pied et le lancer de javelot.

La douleur est survenue le matin même, alors qu’il prenait son petit déjeuner. Elle était basi-thoracique, lui « coupait le souffle » quand il inspirait à fond ou qu’il toussait.

Maintenant il ne persiste qu’une simple gène à droite. Il n’est pas essoufflé au repos.

Page 3: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9Premier cas de figure, l’auscultation retrouve une discrète diminution du murmure vésiculaire à droite et le cliché de thorax montre un décollement du poumon limité à l’apex droit d’un peu plus de 2 cm.

Page 4: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Page 5: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

1. De quoi souffre Monsieur Pierre I… et quelle(s) est(sont) votre(vos) proposition(s) thérapeutique(s) ?

Page 6: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

• Pneumothorax (PNO) spontané idiopathique, de petite taille

• Pas de drainage car PNO peu symptomatiques (absence de dyspnée) et de petite taille.

• A garder en observation pendant quelques heures (> 4 heures) pour s’assurer que le PNO est stable.

• Si le PNO est stable, que le patient ne vit pas seul, habite à proximité et comprend les consignes : retour à domicile avec revu à 24 - 48 heures.

• Si PNO stable mais qu’une des autres conditions n’est pas respectée on le garde en hospitalisation jusqu’au lendemain pour s’assurer que le PNO est stable.– On discuter l’ajout d’oxygène nasal à fort débit (> 10 L/min) car cela

multiplie par un facteur quatre la vitesse de résorption du PNO.

– L’ajout d’oxygène à faible débit aurait en revanche été totalement inutile.

• Si le PNO s’aggrave voir question suivante

Page 7: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Petit PNO : décollement (sommet-apex) < 3 cm

PNO à drainer (Grand PNO ) : décollement > 3 cm

Consensus de l’Am College of Chest Physicians (ACCP) 2001Consensus de l’Am College of Chest Physicians (ACCP) 2001

Page 8: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Grand PTX :• décollement sur toute

la hauteur du thorax > 2 cm

Guidelines British Thoracic Society 2003

> 2 cm

Page 9: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

En cas de stabilité clinique, seul un décollement sur toute la hauteur de la ligne axillaire doit être évacué

Page 10: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Faut-il administrer de l’oxygène ?

• Le taux de ré-expansion spontanée d’un PTX est de ≈ 1 % / j

• L’administration d’O2 peut x par 4 la vitesse de résorption. • O2 : gradient en pression entre l’espace pleural et la paroi

thoracique accélère l’absorption de l’Azote.

• BTS : un débit élevé (O2 ≥10 L/min) aux patients hospitalisés.

Peu de patients sont finalement concernés

Page 11: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Page 12: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

2. Quel(s) est(sont) le(s) facteur(s) de risque de l’affection dont souffre Monsieur Pierre I…?

Page 13: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

• Age : sujet jeune (20 à 40 ans)• morphotype longiligne• et tabagisme

– les efforts physiques ne sont plus considérés comme faisant partie facteurs de risque de survenue du pneumothorax spontané idiopathique

Page 14: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9Deuxième cas de figure, l’examen retrouve un tympanisme et une abolition du murmure vésiculaire à droite. Le cliché de thorax est le suivant 

Page 15: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

3. Quelle(s) est(sont) votre(vos) proposition(s) thérapeutique(s) ?

Page 16: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

• Pneumothorax (PNO) spontané idiopathique, de grande taille (car décollement sur toute la hauteur de la ligne axillaire)

• L’évacuation de l’air est recommandée car il s’agit d’un PNO de grande taille

• Proposition 1 :– exsufflation à l’aiguille, par voie antérieure, dont le taux de succès

est de l’ordre de 50 %, indépendant de la taille du PNO.

• Proposition 2 :– mise en place d’un drain, de petit calibre, par voie axillaire ou

antérieure.

– avec exsufflation passive de l’air de la cavité pleurale par mise du drain en siphonage soit sur valve unidirectionnelle, soit au bocal

– ou avec exsufflation active de l’air de la cavité pleurale par mise du drain en aspiration douce (- 10 à - 20 cm H2O).

Page 17: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

gentle gift of Marc Noppen. Brussels

• commencez par une aspiration manuelle

ou

• petit catheter par voie antérieure

Page 18: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Quelle taille de drain ?

ACCP 16 à 22 F BTS 14 à 20 F1 F = 0.33 mm

débit = Longueur2 x calibre5 x Δ Pression

22 F=7,26 mm

drain à « mandrin » externe

Page 19: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

drain pleural

guide rigide

drain à « mandrin » interne

Page 20: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Page 21: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Cathéter de Fuhrman 8.5 F relié à une valve unidirectionnelle.

8.5 F = 2,8 mm

Quelle taille de drain ?

Page 22: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

4. Quelle(s) consigne(s) lui donnez vous ?

Le PNO s’est recollé en quelques heures et le drain a été retiré à la 24ème heure. Le patient a été revu en consultation une semaine plus tard. L’examen clinique et la radio de thorax sont sans particularité.

Page 23: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

• sevrage tabagique, le tabac est parfaitement identifié comme facteur de risque de survenue d’un 1er épisode de PNO idiopathique. Même si l’impact du sevrage sur les récidives n’est pas prouvé, on le recommande en pratique.

• repos ou limitation des activités physiques ne sont plus recommandés car les efforts ne font pas partie des facteurs de risque de survenue du pneumothorax spontané idiopathique.

• on explique au patient qu’après ce 1er épisode de PNO idiopathique il présente un risque de récidive de l’ordre de 30%, les récidives survenant essentiellement dans les deux années qui suivent ce 1er épisode.

Page 24: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

5. Que lui proposez-vous (argumentez) ?

Trois mois plus tard le patient revient avec un tableau identique au deuxième cas de figure

Page 25: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

• on propose la réalisation d’une pleurodèse – accolement du feuillet pariétal et viscéral de la plèvre

• car le risque de récidive atteint 62% au deuxième épisode de PNO et 83% au troisième épisode

Page 26: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Page 27: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9Thoracoscopie

Page 28: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Vues du poumon lors d’une thoracoscopie

poumon sain

Page 29: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Vues du poumon lors d’une thoracoscopie

poumon de fumeur

Page 30: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

Vues du poumon lors d’une thoracoscopie

blebs

bulles

Page 31: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9talcage pleural

Page 32: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

6. Quelles informations simples pouvez vous lui donner concernant les risques liés au narguilé ?

Par rapport au tabac, le patient est en phase de préconsidération du sevrage tabagique.

Il n’a pas de réelle conscience des risques liés au tabac et vous dit qu’il est prêt à diminuer sa consommation de cigarettes pour se réorienter vers le narguilé.

Page 33: Année Universitaire 2008-2009 CAS CLINIQUE Proposé, revu et corrigé par : Ch. Marquette (Université de Nice - Sophia Antipolis) P. Demoly (Université de.

An

née U

niv

ers

itair

e 2

008

-2

00

9

• une session de narguilé équivaut à près de 40 cigarettes en fonction du temps passé et du nombre de fumeurs.

• un fumeur de narguilé inhale à peu près 1 à 2 litres de fumée par bouffée alors qu’il inhale 0,5 à 1 litre en fumant une cigarette entière

• les particules de goudron ne sont pas filtrées dans l'eau

• en raison de son mode de combustion le narguilé expose massivement au monoxyde de carbone