année - aude.catholique.fr · rites en l’honneur d’Aïòn, à Alexan-drie, on allait puiser de...

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1 Isaïe 60, 1-6 : Mets–toi debout et deviens lu- mière, car elle arrive, ta lumière : la gloire du SEIGNEUR sur toi s’est levée. Voici qu’en effet les ténèbres cou- vrent la terre et un brouillard, les cités, mais sur toi le SEI- GNEUR va se lever et sa gloire, sur toi, est en vue. Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton lever. Porte tes regards sur les alentours et vois : tous, ils se ras- semblent, ils viennent vers toi, tes fils vont arriver du lointain, et tes filles sont tenues solidement sur la hanche. Alors tu ver- ras, tu seras rayonnante, ton cœur frémira et se dilatera, car vers toi sera détournée l’opulence des mers, la fortune des na- tions viendra jusqu’à toi. Un afflux de chameaux te couvrira, de tout jeunes chameaux de Madiân et d’Eifa ; tous les gens de Saba viendront, ils apporteront de l’or et de l’encens, et se fe- ront les messagers des louanges du SEIGNEUR. de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens Frères, vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révéla- tion, il m’a fait connaître le mystère. Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. Ce mystère, c’est que toutes les na- tions sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’an- nonce de l’Évangile. Pour convertir en fête chrétienne, celle du 6 Janvier où l’on célébrait en Egypte l’épiphanie (c.à.d. la nativi- té en tant que manifestation ter- restre) du dieu Aïòn, [né d’une vierge-mère] et en Grèce celle de Dionysos, les chrétiens décidèrent de faire mémoire, ce jour-là, des épi- phanies du Seigneur. C’est toujours le cas en Orient ! « Les » épiphanies ? Oui, car lors des rites en l’honneur d’Aïòn, à Alexan- drie, on allait puiser de l’eau au Nil et on la gardait chez soi (un peu comme l’eau de Lourdes !). En Grèce, de l’eau placée dans des jarres mises dans le temple de Dionysos, le 5 au soir, se trouvait changée en vin, le lendemain. Ainsi le 6 janvier, les chrétiens fêtaient Cana, la première manifestation du Christ dans St J, mais y ajoutèrent celles des autres évangiles : Baptême du Christ (Mc), Nativité de Jésus (Lc) et visite des Mages (Mt). Une Lanterne N° 103 * 7 Janvier 2018 © [email protected] Heureuse année à tous ! 1° Lecture Les rois de Tarsis et des îles apporteront des of- frandes, Les rois de Saba et de Seba offriront des présents. Tous les rois se prosterneront de- vant lui, toutes les nations le serviront. Psaume 71 2° Lecture Voilà les lectures qui donnent sens à la fête de ce jour. La 1° parle dor et dencens (Mt ajoutera la Myrrhe) ; le psaume évoque des rois et Paul affirme louverture du salut à toutes les nations païennes, dont le Mages de Mt sont les symboles !

Transcript of année - aude.catholique.fr · rites en l’honneur d’Aïòn, à Alexan-drie, on allait puiser de...

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Isaïe 60, 1-6 : Mets–toi debout et deviens lu-mière, car elle arrive, ta lumière : la gloire du

SEIGNEUR sur toi s’est levée. Voici qu’en effet les ténèbres cou-vrent la terre et un brouillard, les cités, mais sur toi le SEI-GNEUR va se lever et sa gloire, sur toi, est en vue. Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton lever. Porte tes regards sur les alentours et vois : tous, ils se ras-semblent, ils viennent vers toi, tes fils vont arriver du lointain, et tes filles sont tenues solidement sur la hanche. Alors tu ver-ras, tu seras rayonnante, ton cœur frémira et se dilatera, car vers toi sera détournée l’opulence des mers, la fortune des na-tions viendra jusqu’à toi. Un afflux de chameaux te couvrira, de tout jeunes chameaux de Madiân et d’Eifa ; tous les gens de Saba viendront, ils apporteront de l’or et de l’encens, et se fe-ront les messagers des louanges du SEIGNEUR.

de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens Frères, vous avez appris, je pense, en quoi

consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révéla-tion, il m’a fait connaître le mystère. Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. Ce mystère, c’est que toutes les na-tions sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’an-nonce de l’Évangile.

Pour convertir en fête chrétienne, celle du 6 Janvier où l’on célébrait en Egypte l’épiphanie (c.à.d. la nativi-té en tant que manifestation ter-restre) du dieu Aïòn, [né d’une vierge-mère] et en Grèce celle de Dionysos, les chrétiens décidèrent de faire mémoire, ce jour-là, des épi-phanies du Seigneur. C’est toujours le cas en Orient ! « Les » épiphanies ? Oui, car lors des rites en l’honneur d’Aïòn, à Alexan-drie, on allait puiser de l’eau au Nil et on la gardait chez soi (un peu comme l’eau de Lourdes !). En Grèce, de l’eau placée dans des jarres mises dans le temple de Dionysos, le 5 au soir, se trouvait changée en vin, le lendemain. Ainsi le 6 janvier, les chrétiens fêtaient Cana, la première manifestation du Christ dans St J, mais y ajoutèrent celles des autres évangiles : Baptême du Christ (Mc), Nativité de Jésus (Lc) et visite des Mages (Mt).

Une Lanterne N° 103 * 7 Janvier 2018 © [email protected]

Heureuse

année

à tous !

1° Lecture

Les rois de Tarsis et des îles apporteront des of-frandes, Les rois de Saba et de Seba offriront des présents. Tous les rois se prosterneront de-

vant lui, toutes les nations le serviront.

Psaume 71

2° Lecture

Voilà les lectures qui donnent sens à la fête de ce jour. La 1° parle d’or et d’encens (Mt ajoutera la Myrrhe) ; le psaume évoque des rois et Paul affirme l’ouverture du salut à toutes les nations païennes, dont le Mages de Mt sont les symboles !

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L’évangile de Mt étant antérieur à celui de Lc, nous lisons aujourd’hui, ce que le P. Brown appelle « la première histoire de Noël ». Le récit est précédé d’une généalogie de Jé-sus (1,1-17) et d’une annonce à Joseph (1,18-25). Dans cette annonce, Mt se conforme au schéma des annonciations de naissance de l’Ancien Testament, comme celles d’Isaac (Gn 17,15-21) ou de Samson (Jg 13). Le portrait que dessine Mt de Joseph qui re-çoit les révélations en rêve et s’en va en Egypte (1,20 ; 2,13.19), ressemble au portrait du Joseph de l’Ancien Testament, ce pa-triarche qui fut par excellence l’homme aux songes (Gn 37,19) ! Le récit que fait Mt de la façon dont Jésus a échappé à Hérode est remarquablement sem-blable à l’histoire de Moïse échappant au Pha-raon - ce Moïse qui, comme Jésus, est revenu d’Egypte ! …/...

…/...Or, le récit biblique de la naissance de Moïse a connu, avant le 1° siècle de notre ère, un important développement populaire, digne des contes orientaux. Philon et Josèphe en té-moignent. Dans une de ces légendes, le pha-raon est prévenu par ses scribes de la nais-sance d’un enfant qui sera une menace pour la couronne (cf. ceux qui préviennent Hérode du lieu où le Messie est né). Le pharaon décide alors de tuer tous les enfants mâles des Hé-breux, comme Hérode, ceux de Bethléem ! Mais entre-temps, le père de Moïse reçoit en songe une révélation : son fils échappera au massacre … Les parents font alors en sorte de préserver la vie de Moïse. Comme le note le P. Brown, tout l’Evangile de l’Enfance de Mt (§1-2) est construit a partir de données bibliques ou de légendes juives. Voilà pourquoi, ces données ne sont pas historiques.

L’histoire des Mages et de l’étoile, fait écho à ce que le Pentateuque (les 5 premiers livres de la Bible : la Tora juive) nous rapporte de Moïse, mais en le combinant avec l’imagerie du Messie, descendant de David. Cette imagerie, Mt nous y a préparés en commençant son récit de l’Enfance par le « Livre des origines de Jésus, Christ, fils de David ». Le passage clef de notre texte se trouve au livre de Nombres (§ 22-24) qui met en scène Balaam. (Maints détails montrent que Mt s’inspire de la Bible des Septante et non de la Bible hébraïque.)

Alors que Moïse mène le peuple vers la terre promise à travers la Transjordanie, il a affaire à un méchant roi, Balaq, qui fait venir d’Orient (Nb 23,7) un voyant fameux nommé Balaam pour qu’il utilise son art contre Moïse et le peuple. C’était un visionnaire, adonné aux disciplines occultes, qui pratiquait des enchantements… bref, un homme qu’à l’époque de Jésus on appelait un mage. Oui, mais voilà, au lieu de maudire, il se montre favorable à Israël et a une vision de l’avenir : « Un homme sortira de la semence d’Israël et dominera tous les peuples… Je le vois, mais pas pour maintenant ; je l’observe mais non de près : de Jacob, se lève une étoile, d’Israël surgit un homme ... » (Nb 24,7.17) Ce texte écrit après David, a toujours été entendu comme parlant de ce roi : l’étoile, c’est lui. Le judaïsme tardif lira ensuite ce passage comme une annonce du Messie, qui sera un roi, issu de la descendance davidique ! (R. B.)

selon St Matthieu (2, 1-12) Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des

mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile (à son lever) à l’orient et nous sommes venus nous prosterner de-vant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondi-rent : …« À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Ju-da, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous rensei-gner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

Evangile

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L’Hérode du texte de Mt a les traits, non seulement du pharaon qui a tenté de sup-

primer le jeune Moïse en tuant les enfants mâles hébreux, mais encore ceux de Ba-laq qui a voulu anéantir Moïse par l’intermédiaire d’un mage venu d’Orient. Tout

comme Balaam a vu se lever l’étoile de David (c’est-à-dire a vu la naissance de Da-vid), les mages de Mt ont vu se lever l’étoile du roi des juifs (ont vu la naissance de Jésus). La traduction « à son lever » est préférable à « à l’Orient », écrit le P. Brown.

C’est bien l’imagerie de l’Ancien Testament qui sous-tend le récit de Mt, qui est pour l’évangéliste l’anticipation de la réception de la Bonne Nouvelle du Salut par les païens, réception qu’il savait ce qu’elle serait, puisqu’il écrit bien après Pâques,

quand les païens affluent dans sa Communauté et que les Juifs (Hérode, les prêtres et les scribes de notre texte) l’ont rejetée de leur synagogue.

Cependant, Mt est assez profondément juif, pour garder la tradition qui veut que, privés des Ecritures, les païens (dont les mages sont les symboles) ne peuvent avoir de révélation aussi explicite que celle des Prophètes. Car si les mages ont eu une ré-

vélation (le lever d’une étoile = la naissance d’un roi), l’Ecriture seule peut leur dire le lieu de la naissance avec précision. (P. R. Brown)

Dans son texte, Mt ne nous donne aucune

précision sur les circonstances et la date

de la naissance du Christ ; le lieu seul

nous en est donné et l’époque approxima-

tive : au temps du roi Hérode. C’est sur ce

point que Mt est différent de Lc. Cela n’est

pas fortuit, écrit Pierre Bonnard. Mt ne

s’intéresse pas aux faits pour eux-mêmes,

son intention est d’en marquer la portée à

l’aide de récits qui les éclaire plus qu’ils ne

les décrivent, car il n’a que peu ou pas de

renseignements.

Le récit laisse une impression d’irréalité

légendaire. Le plus important est l’ensei-

gnement théologique ou catéchétique qu’il

contient. On trouve dans le texte quatre

idées chères à l’évangéliste :

1) la naissance de Jésus a une portée poli-

tique : les mages ne viennent pas pour des

motifs religieux, mais pour honorer le roi des Juifs. 2) Cette expression a un intérêt : elle dé-

signe l’identité de Jésus : il est le Messie,

fils de David. Si les chefs de son peuple le

rejettent, l’Enfant est reconnu et adoré par

des étrangers au peuple juif. Cet acte pré-

figure la conversion des païens qui aura

lieu bien après sa mort.

3) Autre idée de Mt : le fait que Dieu veille

sur cet enfant et déjoue les projets crimi-

nels de ses adversaires. Enfin,

4) Mt affirme que la rencontre personnelle

avec Jésus change le cours de l’existence :

les mages « regagnent leur pays par un

autre chemin ».

Bethle em (= maison du pain ou maison de la de esse Lahama) est une ancienne cite cana-ne enne, patrie de jude ens ce le bres : Booz, Jesse et surtout David, actuellement Bêt Lahm, a l’Est de l’ancienne Bethle em. Mt et Lc font naî tre Je sus dans ce qui n’e tait a l’e poque qu’une bourgade. Le texte de Mt est une combinaison de Miche e 5,1 et de 2 Samuel 5,2. Cependant Mt a renverse le sens du texte de Miche e : Il transforme « Bethle em… trop petite pour compter parmi les clans de Juda » en « tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda ». Du moment qu’il y fait naî tre Je sus, ce lieu prend de l’ampleur !

Mt souligne alors le paradoxe (le constat de

son Eglise, quand il écrit) : ceux qui ont les

Ecritures et peuvent avoir une vision claire de

ce qu’ont dit les Prophètes, ne sont disposés ni

à reconnaître le roi nouveau-né, ni à venir se

prosterner devant lui ; bien au contraire, ils

vont conspirer contre lui. (On lit en 2,20, Ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant, ce qui semble montrer que les

prêtres et les scribes se sont associés au com-

plot d’Hérode.)

Mt se sert donc d’histoires qui reflètent des

réminiscences de l’Ancien Testament, pour

tisser un texte qui doit être lu comme une an-

ticipation de la Passion et de la Résurrection

où les « juifs » s’uniront contre Jésus qui n’a

que Dieu avec lui ; mais Celui-ci sauvera Jé-

sus en le ressuscitant !

Lu à un second niveau, le récit de l’Enfance

contient, en miniature, l’histoire essentielle

de l’Evangile. (P. Raymond Brown)

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Homélie pour la fête de l’Epiphanie (le 7/01 ; 11h : Lézignan) Chaque Dimanche, pour nous préparer à accueillir l’Evangile, la liturgie nous donne de lire en 1° lecture un texte de l’Ancien Testament. Aujourd’hui, c’est un passage du livre d’Isaïe où un disciple de ce prophète glorifie Jérusalem ! Ceux qui sont revenus de l’Exil se réinstallent sur la terre sainte. La Ville sainte a retrouvé un autel provisoire : Le judaïsme est en train de naître. Le prophète annonce alors la venue de la lumière : Dieu illuminera Jérusalem pour qu’elle illumine à son tour le monde. Plongée encore dans les ténèbres, (le Temple n’est pas reconstruit), elle apportera aux hommes la foi en Dieu pour les aider à sortir de l’obscurité : Les nations marcheront vers ta splendeur, et les rois, vers la clarté de ton aurore, écrit-il ! Ces rois (que l’on retrouve dans le psaume) nous préparent à contempler les mages, dont la tradition, par le biais de ces textes, a fait des « Rois-Mages ». Pour Matthieu, à travers eux, s’accomplit les paroles de l’Ancien Testament qui annonçaient que toutes les nations païennes se rassembleraient à Jérusalem pour y reconnaître, y adorer et y servir l’unique Seigneur. Or, cette Jérusalem illuminée est devenue une image de l’Eglise, dans le Christianisme ! Alors, « Porte tes regards sur les alentours et vois, à l’adresse de Jérusalem, devient un mes-sage pour l’Eglise, pour tout chrétien : Regarde la foule immense de ceux qui construisent et de ceux qui cherchent ! Dans les laboratoires, dans les studios, dans les déserts, dans les usines, dans l’énorme creuset social, les vois-tu, tous ces hommes qui peinent ? Eh bien ! Tout ce qui fermente par eux d’art, de science, de pensée, tout cela, accueille-le ! Ouvre tes bras, ouvre ton cœur, et vois, comme ton Seigneur, dans ce flot humain, cette inondation de sève humaine, l’or, l’encens et la myrrhe d’aujourd’hui. Considère cette sève comme une plante qui a besoin de ton Soleil pour ne pas se disperser follement en tiges stériles ! Chrétiens, nous sommes chargés de faire monter vers Dieu, à travers l’offrande du Christ, l’or des richesses humaines, l’encens de la prière universelle, la myrrhe de l’Humanité fragile et mortelle, que Dieu appelle à partager sa gloire ! Oui, comme le dit St Paul, la grâce de Dieu, le mystère du Christ de sauver l’Homme, n’est pas réservé qu’au Peuple d’Israël, mais l’accès de tous au même héritage ! Comment alors dire cela à des chrétiens d’origine juive convertis au Christianisme mais pétris de la culture sémite et connaissant l’Ancien Testament de A à Z ? Matthieu n’avait pas d’autres solutions que de rédiger, sous forme de conte merveilleux, une histoire qui « parle » à sa communauté ! Tous savaient que les païens faisaient des recherches sur les astres ! Eh bien, cette recherche, est à lire comme une quête de Dieu, leur dit Matthieu ! On disait aussi que le fondateur des mages était Balaam, qui, d’après la Bible, avait entrevu le lever d’une étoile qui, pour les juifs, était une annonce de la venue du Roi messie ! Comment dire que tous les peuples païens étaient destinés à contempler la gloire de Dieu non pas seulement à tra-vers les Ecritures, mais à travers leur quête de vérité, leur soif d’absolu ? C’est ce que signifiera désormais cette « étoile ». Elle est, en chaque homme, le symbole de cette présence lumineuse et mystérieuse de l’Esprit qui conduit l’humanité, à travers ses méandres, ses chemins caillouteux, ses déserts arides, jusqu’à la Jérusalem d’en haut, jus-qu’à la pleine vision de Dieu ! Voilà « la leçon de catéchisme » que Matthieu a composée pour ses auditeurs qui voyaient arriver dans leur communauté des convertis de tous horizons ! Désormais, chaque communauté chrétienne est déjà cette maison vers laquelle Dieu dirige certains de ceux qui cherchent un sens à leur vie ! Et l’étranger qui vient en passant dans notre communauté doit pouvoir y trouver « la Mère », c’est à dire l’Eglise. Il doit pouvoir y trou-ver « l’Enfant », c’est-à-dire le Christ ressuscité qui est le Roi de gloire que désigne l’Or, le Fils de Dieu, qu’évoque l’encens et le Fils de l’Homme qui sera enseveli, qu’annonce la myrrhe. Par sa résurrection, il est devenu notre étoile du matin, celle que nous attendons patiemment dans la foi, celle qui nourrit inlassablement notre espérance, celle qui nous inonde infiniment de sa Charité ! Voilà ce que nous dit, à la manière biblique, St Matthieu. Pas la peine donc de chercher Melchior, Balthasar et Gaspar ailleurs que dans nos frères en quête d’absolu ! Pas la peine de confier aux astronomes le soin de détecter une étoile qui se-rait apparue au début de notre ère dans la galaxie ! Pas la peine de demander à des astro-logues de chercher dans la lecture interprétative des signes du Zodiaque une étoile qui ne brille que dans le cœur de chaque être humain, pour le conduire mystérieusement à la ren-contre de Celui qui, lorsqu’on l’a rencontré, change radicalement le sens et le chemin de toute vie !