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Étude linguistique et anthropologique des représentations cognitives de la pollution atmosphérique Rapport 2 (Avec synthèse du rapport 1) « L’empoisonneur de l’air et de la vie : la pollution * » Représentation cognitive et anthropologique de la pollution Synthèse du Rapport 1. Danièle Dubois, Philippe Resche- Rigon, Séverine Morange, IJLRA UMR 7190 CNRS, Université Pierre et Marie Curie, Ministère de la culture. * Réponse d’un sujet à une tâche d’association. ** Dessin d’un enfant de 10 ans, tâche associative par rapport à la pollution atmosphérique. 1

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Étude linguistique et anthropologique des représentations cognitives de la pollution atmosphérique

Rapport 2(Avec synthèse du rapport 1)

« L’empoisonneur de l’air et de la vie : la pollution* »

Représentation cognitive et anthropologique de la pollution

Synthèse du Rapport 1. Danièle Dubois, Philippe Resche-Rigon, Séverine Morange, IJLRA UMR 7190 CNRS, Université Pierre et Marie Curie, Ministère de la culture.

Rapport 2. Annamaria Lammel, Université Paris 8, Laboratoire Paragraphe, avec la participation de Tania Sierra, Helène Villaceque et Lucero Perez, Université Paris 8.

Paris 2010

* Réponse d’un sujet à une tâche d’association. ** Dessin d’un enfant de 10 ans, tâche associative par rapport à la pollution atmosphérique.

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Sommaire

I. Synthèse des conclusions de la première partie de l’étude : Analyse linguistique de la notion de pollution atmosphérique 7

Danièle Dubois, Philippe Resche-Rigon, Séverine Morange

I. 1. Contexte théorique de l’étude 7I. 2. Contexte lexical du terme pollution atmosphérique 9I. 3. Matériel d’étude 9I. 4 Place de la pollution atmosphérique à l’intérieur de la catégorie

« pollution » 10I. 5 Analyse lexicale 10I. 6 Caractéristiques linguistiques des expressions utilisées 11I. 7 Responsabilité(s) et place du sujet 12I. 8 Nature du phénomène 13I. 9 Conclusions : caractéristiques générales de la représentation

linguistique 14

II. Rapport II. « L’empoisonneur de l’air et de la vie : la pollution» Représentation cognitive et anthropologique de la pollution 15

Annamaria Lammel

avec la participation de Tania Sierra, Helène Villaceque et Lucero Perez

Introduction 15

II. I. Considérations théoriques 16

II. I. 1. La pollution de l’air dans les systèmes de pensée : pensée holistique vs pensée analytique 16

II. I.2. Aspects différentiels cognitif et culturels des représentations 17

II. I. 3. La pollution comme concept nouveau : approche théorique du développement des concepts 17

II. I. 4. Relation dialectique entre la structure conceptuelle et la réalité extérieure 18

II. I. 5. Les études sur le rapport à la nature et l’implication dans des actions pro-environnementales 20

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II. I. 6. La nature, l’environnement, la pollution et l’homme 21

II. I. 7. Problématiques et prédictions 22

II. II. Recherche 24

II. II. 1. Les sujets 24

II. II. 2. Le matérielII. II. 2. a. Les entretiens non-directifs et semi-directifs 25

II. II. 2. b. Tâches d’association 25

II. II. 2. c. Questionnaire 25

II. II. 2. D Les passations 25

II. II. 3. Catégorisation conceptuelle de la pollution : analyse et discussion des résultats 26

II. II. 3. 1. Les tâches d’association 26II. II 3. 1. a L’organisation conceptuelle de la pollution de l’ensemble des sujets 26II. II. 3. 1. b. L’organisation conceptuelle de la pollution des enfants parisiens 29II. II. 3. 1. c. L’organisation conceptuelle de la pollution des enfants de Perpignan 30II. II. 3. 1. d. L’organisation conceptuelle de la pollution des jeunes adultes parisiens 32 II. II. 3. 1. e. L’organisation conceptuelle de la pollution des adultes parisiens 34 II. II. 3. 1. f. L’organisation conceptuelle de la pollution des jeunes étrangers habitant à Paris 36II. II. 3. 1. g. Analyse des résultats par comparaison entre les groupes 39

II. II. 3. 2. Discussion catégorisation conceptuelle de la pollution en générale et de la pollution atmosphérique 41

II. II. 4. La représentation de la pollution 43

II. II. 4. 1. Jugement sur la pollution des différents milieux 43

II. II. 4. 1. a. Analyse de la totalité des réponses 44

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II. II. 4. 1. b. Analyse des réponses des groupes 47

II. II 4. 2. Réversibilité ou irréversibilité de la pollution des différents milieux 48

II. II. 4. 2. a. Analyse globale des réponses 48 II. II.4. 2. b. Analyse des réponses des groupes 50

II. II. 4. 3. Attribution de la responsabilité 53

II. II. 4. 3. a. Globalité des réponses 53II. II. 4. 3. b. Analyse des réponses des groupes 55

II. II. 4. 4. Implication collective 60

II. II. 4. 4. a. Globalité des réponses 60 II. II. 4. 4. b. Analyse des réponses des groupes 62

II. II. 4. 5. Implication individuelle 65

II. II. 4. 5. a. Globalité des réponses 65 II. II. 4. 5. b. Analyse des réponses des groupes 68

II. 4. 6. La nature de la pollution : questions opposées et questions orphelines 70

II. 4. 6. a. La possibilité d’un monde sans pollution 70

II. 4. 6. b. Questions contradictoires concernant la nature de la 71 pollution

II. III. Discussion générale et perspectives 73

Références Bibliographiques 70

Annexes 75

Annexe 1. Analyse statistique des échelles du questionnaire (voir annexe 3.)

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Annexes 2. Exemples des entretiens 89

Annexes 3. Questionnaires 96

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I Synthèse des conclusions de la première partie de l’Étude :analyse linguistique de la notion de pollution atmosphérique1

I. 1. Contexte théorique de l’étude

L'objectif de la première partie de cette étude était de préciser la nature de la représentation de la notion de pollution atmosphérique à travers les ressources linguistiques du Français utilisées par différents locuteurs francophones. Il s’agissait de vérifier si cette catégorie a une réelle stabilité, et si elle possède des propriétés identifiables dont l'organisation puisse être interprétable.Ces travaux sur la catégorisation ont été réalisés à partir de l'hypothèse selon laquelle en ce qui concerne les catégories cognitives relatives à des représentations relevant de la culture et des connaissances partagées, la langue dans son organisation propre constitue à la fois un donné pour chaque culture et le lieu où s'élaborent et où se manifestent d'une manière dynamique ces représentations. L’objet de cette étude était donc d’analyser les ressources langagières utilisées par des locuteurs francophones interrogés à propos de « la pollution » en général et plus particulièrement de « la pollution atmosphérique » Il ne s’agissait pas de caractériser les propriétés de la représentation de cette notion de pollution de manière différentielle selon différents groupes de sujets, à travers l’hypothèse de l’opposition analytique/holistique, tâche qui est l’objet de la deuxième partie de l’étude. L’objectif était seulement de repérer les propriétés de l’organisation catégorielle de cette notion de pollution atmosphérique émergeant des caractéristiques linguistiques du corpus recueilli sur trois plans.

- - Son Inclusion dans la catégorie générique d'un concept de pollution au sens large ;

- - l’identification de la place du fait « pollution atmosphérique » dans une chaîne causale (quelle place relative en terme d'importance occupent dans la conceptualisation du fait lui-même l'identification de la cause et/ou de ses conséquences ?) ;

- - l'identification du domaine dont relève la notion (« concept scientifique », et/ou notion de « sens commun »).

I. 2. Contexte Lexical du terme « pollution atmosphérique »

À l’origine le mot pollution appartient à l’univers religieux et désigne la souillure affectant l’univers du sacré. Ce contexte d’origine est encore cité par les dictionnaires :

« POLLUTION, subst. fém.A. Littér., vieilli

Profanation ; souillure d'un objet, d'une demeure sacrés. » (Trésor de la langue française)

1 Danièle Dubois, Philippe Resche-Rigon, Séverine Morange (cf . rapport intermédiaire Approche linguistique des représentations cognitives de la pollution atmosphérique.

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« POLLUTION. n. f. Profanation, souillure. La pollution d'une église dure jusqu'à ce qu'elle ait été bénite de nouveau. Il se dit aussi du Péché d'impureté. » (Dictionnaire de l’Académie).

Par ailleurs, si on interroge la base textuelle Frantext (base de donnée du CNRS contenant 3911 textes français de 1180 à 2007), on ne trouve que 125 occurrences de ce mot dont 58 concernent, dans des textes antérieurs au XIX siècle ce contexte de souillure religieuse.La première acception de pollution dans un glissement du sens vers le sens contemporain de contamination d’un milieu par un élément nocif, date de 1929 :

« Il signalera également toutes les dispositions nuisibles qui auraient pu être prises (tels qu'empoisonnement ou pollution de sources et de puits, etc...). » Maréchal Foch, Mémoires pour servir à l'histoire de la guerre de 1914-1918,1929, p. 309.

La première citation de la locution « pollution atmosphérique » date de 1950 :« ce sujet, si important en particulier pour l’hygiène, et il y a peu de temps encore si mal connu, a été récemment l'objet d'expériences systématiques, particulièrement en Grande-Bretagne, où la pollution atmosphérique est très forte dans certains centres industriels. » Charles Maurain, La Météorologie et ses applications », 1950, p. 236.

Après cette date on ne trouve que 10 occurrences de « pollution atmosphérique » dont une seule dans un texte proprement littéraire. Les locutions « air pollué » (3 occurrences) « pollution de l’air » (2 occurrences) « pollution de l’atmosphère » (aucune occurrence) ne sont pas plus présentes. Le phénomène d’une éventuelle mauvaise qualité de l’air en relation avec les activités humaines est cependant un lieu commun très fréquent en particulier dans l’opposition classique ville/nature qu’on retrouve sous de multiples formes à différentes époques comme par exemple :

« dans ce sale repaire de tous les vices et de tous les maux entassés les uns sur les autres, au milieu d'un air empoisonné de mille vapeurs putrides, parmi les boucheries, les cimetières, » Louis-Sébastien Mercier, Tableau de Paris, t.1 à 4, 1782, p. 137. «Jean-Jacques avait bien raison de dire que l'homme se corrompt dans l'air empoisonné des villes. » Gérard de Nerval, Sylvie, 1854, p. 619.

Il n’a cependant donc trouvé que très récemment une dénotation sous les termes simples de « pollution atmosphérique » qui semblent s’imposer du moins dans le discours officiel, institutionnel ou des médias.

Ce phénomène de la pollution atmosphérique apparaît donc déjà à la fois comme un phénomène d’évidence, partagé, et très ancien, mais qui ne s’est fixé que très récemment dans une locution figée sous la forme : « pollution atmosphérique », dont on peut déjà remarquer le caractère ambigu sur le plan linguistique. On aurait pu en effet s’attendre à voir prédominer une locution utilisant le terme « air » moins large que le terme atmosphère. Une locution du type : « pollution de l’air », ou « pollution de l’atmosphère », aurait été aussi plus juste dans la mesure ou l’expression « pollution atmosphérique » peut aussi s’interpréter comme pollution par l’atmosphère, comme quand on parle de « pollution automobile », de « pollution industrielle ». Le fait que cette locution se soit imposée est peut-être déjà une indication du caractère très large de

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cette notion à la fois en ce qui concerne la nature du milieu pollué et des agents polluants.

I. 3. Matériel d’étude

Pour réaliser cette analyse nous avions constitué un corpus de réponses à un questionnaire très général. L'intérêt de ce type de corpus est de ne pas orienter a priori la réponse et de laisser le sujet s'exprimer dans ses propres termes. Les analyses de type linguistique et anthropologique déjà mises au point dans d’autres domaines et que nous appliquons ici au concept de « pollution atmosphérique » doivent permettrent d'identifier les catégories telles qu'elles s'actualisent en discours (type de lexique utilisé, positionnement du locuteur, type de réponse linguistique donnée : définition, description, explication, etc.…).Il s’agit donc d’un corpus suscité, sur la base de questionnaires ouverts et très généraux sur cette notion de pollution atmosphérique.

Questionnaire utiliséBonjour, Nous allons vous poser quelques questions à propos de la pollution auxquelles nous vous remercions de bien vouloir répondre.

1) Citez trois mots associés pour vous au mot “ pollution ” ?2) Pour vous, qu’est-ce que la pollution ?3) Pour vous, qu’est-ce que la pollution atmosphérique ?4) À quels types de pollution atmosphérique êtes-vous confronté(e) dans votre environnement ?5) Comment percevez-vous la pollution atmosphérique ?6) À votre avis, quelles sont les causes de la pollution atmosphérique ?7) À votre avis, quelles sont les conséquences de la pollution atmosphérique ?8) Peut-on, à votre avis, mesurer la pollution ? et si oui comment ?9) Décrivez, comment, vous, vous repérez, et ressentez, corporellement la pollution atmosphérique. Dans la perspective d’observer la place de la pollution atmosphérique dans la catégorie plus générique de pollution, la locution « pollution atmosphérique » n’apparaît pas dans les premières questions.Dans la mesure où l’objet d’étude est l’ensemble des ressources linguistiques, l’analyse prend en compte l’ensemble du corpus, l’unité d’analyse pouvant n’être pas uniquement le sujet, mais chaque énoncé isolable dont l’ensemble constitue un corpus unique. Par ailleurs notre questionnement n’est pas d’ordre sociologique, notre objet au-delà ou en deçà des habitus individuels ou des classes d’habitus est d’abord le socle commun des représentations possibles d’une culture telles qu’elles se cristallisent dans les formes d’une langue partagées par les personnes interrogées Pour cette étude, nous n’avons donc utilisé que des catégories sociologiques assez grossières en retenant quatre catégories de sujets :des jeunes urbains (entre vingt et trente ans) ayant vécus majoritairement ou totalement dans la région parisienne ;des Urbains de plus de trente ans ayant vécus majoritairement ou totalement dans la région parisienne ;

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des personnes de plus de trente ans ayant plutôt vécus dans un environnement rural (bourg ou campagne). Nous avions choisi ces différents groupes de sujets non pas pour tenter d’identifier des différences entre les représentations sur des critères anthropologiques ou sociologiques – ce qui doit être au centre de la deuxième partie de l’étude – mais pour diminuer l’effet de particularités langagières spécifiques d’une population.La comparaison des productions verbales de ces différents groupes pouvait toutefois permettre de mettre en évidence, par d’éventuelles différences entre les ressources linguistiques utilisées, des hypothèses sur des différences entre les représentations produites par le discours, selon les groupes. Sur ce point, le contraste dans la nature de l’expression linguistique des réponses entre ces différentes populations n’apporte que des différences marginales sur les conclusions générales que l’on peut tirer de l’analyse.

I. 4. Place de la pollution atmosphérique à l’intérieur de la catégorie pollution

Dans les questions sur la pollution en général (sans sollicitation particulière relative à la pollution atmosphérique : questions 1 et 2), les termes que l’on peut considérer comme relevant du domaine de la pollution atmosphérique (air, gaz, effet de serre, fumée) sont le groupe le plus important. Dans les questions incitant à donner une réponse de type définition, (questions 2 et 3) formulées sous la forme qu’est-ce que ? on peut observer que généralement la structure de la définition, donne une place importante à la pollution atmosphérique (première position dans la définition, positionnement du domaine d’où va découler la suite…)

La pollution atmosphérique représente donc un cas emblématique, ou particulièrement sensible ou immédiatement accessible de la notion de pollution en général. La pollution atmosphérique serait donc un exemplaire plus typique de la pollution.À ce titre cette notion peut s’articuler à des représentations plus larges des relations entre l’homme et son environnement, et être interprétée à travers les schémas d’analyses anthropologiques qui sont étudiés dans la deuxième partie de l’étude.

I. 5. Analyse lexicale :

En procédant à une analyse lexicale sur l’ensemble du corpus, on a pu noter les éléments suivants :

- - La présence importante d’hapax (termes ne se retrouvant qu’une fois dans le corpus), ainsi 68% des mots utilisés n’apparaissent qu’une fois, ce qui indique le caractère non systématiquement fixé et partagé du vocabulaire utilisé.

- - On observe aussi une grande disparité dans les termes les plus fréquents, qui indique le fait que le vocabulaire associé à cette notion n’est pas unifié.

- - Le terme pollution est largement en tête des mots les plus fréquents  (9% des mots produits hors hapax). Cette fréquence d’emploi marque une dimension tautologique par rapport au questionnaire puisque toutes les questions comportent le mot pollution.

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- - Enfin si on considère la présence des marques de la personne (pronoms personnels) on peut observer  que dans les questions sur une réalité extérieure au sujet (2, 3, 6, 7, 8), on n’a que des pronoms qui ne marquent pas une implication personnelle (on, il, elle) ; alors que dans les questions interrogeant le sujet sur ses relations personnelles à la pollution, si on a une présence attendue importante de je (67 occurrences sur 75 réponses par question), les pronoms on, il, elle, sont aussi en grand nombre (43 occurrences).

- - De plus on est en présence en réponse à la question 9 (Peut-on, à votre avis, mesurer la pollution ? et si oui comment ?) d’un nombre important de je généralement suivi d’un verbe de modalité, (je pense, j’imagine, je ne sais pas) ce qui indique dans l’expression verbale, un positionnement par rapport à un univers de connaissance reconnu comme tel mais non partagé par le sujet.

On peut donc dire en conclusion :

- - qu’au domaine de la pollution n’est pas associé un lexique précis, partagé et faisant l’objet d’une grande homogénéité ;

- - que l’implication du sujet est faible ou se marque par une distance, et un positionnement d’incertitude et/ou d’ignorance face à ce qui serait un savoir constitué.

- - quand l’implication du sujet est induite par la nature de la question, elle est souvent représentée par des pronoms impersonnels ou à la troisième personne.

I. 6 Caractéristiques linguistiques des expressions utilisées

La question 1 Citez trois mots associés pour vous au mot “ pollution ” ? est particulièrement significative quant aux types de ressources linguistiques associés à ce terme.On a comparé la distribution de trois types de formes dans les réponses à la question 1 :

- - les noms simples : à propos desquels on fait l’hypothèse qu’ils désignent plutôt des objets et qu’ils sont plutôt de l’ordre du spécifique (46 types) ;

- - les noms construits : dérivés d’un autre nom, ou d’un verbe notamment ; à propos desquels on fait l’hypothèse qu’ils désignent plutôt des concepts, donc des entités d’un niveau d’abstraction supérieur au nom simple (17 types) ;

- - les formes composées non figées (par exemple du type nom+adjectif), 18 types ;

- - les formes composées figées qui constituent une désignation constante et spécifique (par exemple effet de serre est standardisé et ne peut être modifié2, à la différence de odeurs nauséabondes qui peut être modifiée), (18 Types).

Les noms simples et les formes composées non figées évoquent des réalités susceptibles d’évaluations et de jugements, alors que les noms construits et les formes composées figées réfèrent plus fréquemment à des concepts de référence.

2 On ne peut pas le quantifier : *effet très de serre.

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On peut donc observer ici que l’ensemble des noms simples et des formes composées non figées est le plus important ce qui indique que le mot pollution est plutôt associé à un vocabulaire non spécialisé.Cependant le petit nombre de formes composées non figées, c’est-à-dire l’association de mots simples à des qualifiants, suggère que n’est pas immédiatement disponible la possibilité de construire des conceptualisations ou des jugements.

La présence relativement importante de formes composées ou construites indique cependant que sont disponibles un certains nombres d’expression référant à des concepts relevant de savoirs constitués.

En conclusion on peut donc dire que les propriétés des ressources linguistiques utilisées pour répondre à cette question indiquent à la fois le caractère conventionnel mais peu spécifié de ce domaine, traits qui se retrouve dans l’ensemble du corpus.

I. 7 Responsabilité (s) et place du sujet :

Les responsabilités qu’elles soient évoquées incidemment ou en réponse directe à la question sur les causes de la pollution (question 6) sont assignées à des ensembles très génériques.Les domaines dont relèveraient les causes de la pollution sont généralement désignés au singulier (l’industrie, le chauffage, l’emballement du capitalisme) quand il s’agit de catégories sur-ordonnées ou au pluriel quand il s’agit d’exemplaires (les usines les engrais chimiques). Il n’y a pas ou peu d’agents spécifiés, même quand il y a jugement sur des responsabilités humaines, par l’utilisation massives de pronoms impersonnels (ils, on…) ou de termes génériques (l’égoïsme, le mauvais comportement, quand les énoncés sont assortis de jugements).

De même, l’articulation au sensible par la marque d’une implication personnelle en termes d’effets sensibles reste abstraite et peu précise. À la question comment percevez-vous la pollution atmosphérique ? seulement 21 réponses (sur 75) évoquent directement une perception sensible de la pollution atmosphérique. Celle-ci reste cependant générique (fumées, mauvaises odeurs, ou sous l’angle des conséquences négatives possibles allergies, bronchite). Un seul énoncé marque une implication personnelle : Je respire mal et fait de l’asthme.Les autres réponses comprennent l’expression comment percevez-vous comme « que signifie pour vous ».Ce qui tendrait à indiquer que la pollution atmosphérique n’est pas envisagée spontanément comme quelque chose relevant du ressenti mais comme un phénomène réel certes nuisible, mais difficilement identifiable ce dont cette réponse est une bonne illustration : Comme une nuisance imperceptible que l'on finit par oublier.

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1. 8. Nature du phénomène

À la question 8 : Peut-on, à votre avis, mesurer la pollution ? et si oui comment ?, la presque totalité des sujets interrogés répondent par l’affirmative (sur 75 réponses, il n’y a que deux réponses négatives : un non et un je ne crois pas).Ces réponses affirmatives (35 réponses commencent par le mot oui), sont soit :

- - associées à des marques de modalités : ex. : je pense que, j’imagine que, certainement en partie, sans doute, je ne sais pas (25 occurrences) ;

- - construites sur des énoncés tautologiques du type : ex. : la pollution atmosphérique se mesure avec des instruments qui donnent une mesure (30 occurrences) ;

- - restent sur le problème des nuisances et des mesures individuelle à respecter en considérant la pollution comme un fait global : ex : comme il sera possible de définir la pollution à l'échelle mondiale et donc de la mesurer, essayons de réduire ses conséquences, (8 occurrences) ;

- - seulement 15 occurrences donnent soit des modes opératoires soit utilisent un lexique technique ou scientifique : ex. : analyse de la teneur en so2, no2, no3, soufre, degré d'acidité (pH) ;

- - 7 occurrences envisagent la notion de mesure comme une comparaison entre un air « normal » et un air pollué : ex : en prélevant et séparant l’air pur des autres gaz ;.

- 11 occurrences associent la réponse affirmative à la connaissance d’indices diffusés : ex : oui je pense car il y a régulièrement des alertes de pollution.

Ces énoncés font donc référence à une connaissance dont l’appropriation est évoquée la plupart du temps comme vague incertaine ou absente (je crois que, j’imagine que, je ne sais pas), de l’existence d’une pratique de la mesure de la pollution, mais dans une absence de précision quant aux processus, aux contenus et aux acteurs de la mesure. Apparaît aussi le maintien du sens originel de pollution à savoir la souillure d’un milieu « pur » par des nuisances, dans l’idée évoquée de la mesure à travers une comparaison entre l’air « pur » et l’air pollué.D’une certaine manière la représentation des propriétés de la pollution est une boîte noire dont on ne connaît que les informations en sortie. Ce que résume assez bien cette réponse : J’imagine qu’on peut avec des éprouvettes, des filtres spécifiques, puisqu’on sait quand il y a un pic de pollution.La connaissance – la possibilité de mesure – du phénomène attesté de la pollution atmosphérique est renvoyée à l’ensemble indifférencié (corps de connaissance, experts de ces connaissances) du monde scientifique. La pollution atmosphérique est donc bien pour les sujets interrogés un phénomène relevant d’un savoir analytique. Toutefois la nature de cette représentation relève plus de la confiance accordée à « l’autorité de la science » que d’une familiarité avec les concepts scientifiques d’analyse et de compréhension du phénomène.

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I. 9. Conclusion : caractéristiques générales de la représentation linguistique

Les indices linguistiques permettent donc de dessiner à grande ligne les représentations associées au problème de la pollution atmosphérique pour des sujets francophones vivant en France, à partir des productions verbales suscitées sur ce sujet.

- - La pollution atmosphérique est le phénomène le plus typique de la notion de pollution.

- - Elle est considérée comme d’évidence (elle suscite des réponses simples et immédiates en termes d’exemplaire, de propriétés de causes et d’effets).

- - Cette évidence partagée ne constitue pas un domaine linguistique normé, les propriétés déclinées, les termes associés, les définitions présentent une grande disparité au moins de vocabulaire, et la présence de nombreuses formules de modalités (« je pense que, je crois que, j’imagine) montre que cette évidence repose sur un savoir insuffisamment partagé.

- - Ce savoir supposé est considéré comme relevant d’une norme conventionnelle.

L’utilisation importante soit de mots simples non qualifiés, soit de formes composées figées : pot d’échappement, couche d’ozone, déchets industriels, qui sont la marque d’un discours convenu faisant appel à des concepts de référence supposés fixés, est l’expression de la référence à l’existence de vérités attestées. L’absence de créativité lexicale qui se marquerait par des formes composées non figées et l’utilisation d’adjectifs, formes qui indiquent des conceptualisations en construction par le locuteur ou des jugements implicites souligne aussi ce trait de référence à un savoir constitué. Nous nous trouvons donc dans ce domaine en face d’une absence de créativité lexicale. Les catégories ou concepts de référence ainsi supposés ont cependant des contours mal définis, comme les éléments relatifs aux responsabilités ou à la mesure le montrent et ou aussi dans la mesure où les réponses présentent beaucoup d’hapax (termes utilisés une seule fois dans l’ensemble du corpus).La nature de ce savoir ainsi supposé est indexée en dernière instance sur l’autorité de la science incarnée par l’expertise seule susceptible de « prendre la mesure du phénomène » dans la mesure où il est peu sensible (comme une nuisance imperceptible qu’on finit par oublier) et n’est donc accessible que par l’information transmise par des experts ou des instruments de mesure très génériques.

Sur le plan d’une opposition, entre une représentation de type analytique et une représentation de type holistique dont l’analyse est faite dans la deuxième partie de l’étude, on peut donc observer que les ressources linguistiques utilisées par des locuteurs francophones pour s’exprimer à propos de questions très larges sur la pollution atmosphérique manifestent des types de représentation plutôt analytique.Mais nous nous trouvons en face de l’expression d’une Doxa, c’est-à-dire d’une opinion renvoyant plus, à la reconnaissance de l’existence de concepts établis et considérés comme vrais à partir de la confiance accordée à un certain nombre de discours d’autorités : la science ou l’information institutionnelle, qu’à une connaissance réelle de ces concepts. Ces concepts constituant un savoir de type analytique scientifique ou technique qui reste à distance de l’individu. Le phénomène est ainsi considéré comme global mais reste extérieur à des sujets peu présents à la fois en ce qui concerne les effets et les responsabilités.

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Rapport II

« L’empoisonneur de l’air et de la vie : la pollution* » Représentation cognitive et anthropologique de la pollution

Annamaria Lammel

avec la participation de Tania Sierra et Helène Villaceque

Introduction

La pollution, qui se définit par opposition à l’idée d’un monde ou d’une nature non souillée par les conséquences de l’activité, est devenue un aspect négatif du monde moderne industriel qui doit en gérer les conséquences sans remettre en cause les exigences du développement économique. Si la pollution a des effets concrets et mesurables, nous essayons de montrer avec cette étude qu’il s’agit également d’un objet « cognitif », qui se soumet aux contraintes cognitives et anthropologiques comme tout autre objet de représentation. La prise de conscience du phénomène et l’acceptation ou la participation à des mesures de lutte contre celui-ci dépend de ce que nous appellerons la construction sociale du concept de pollution. Nous tentons d’explorer ce dernier à travers les méthodes de la psycholinguistique, de la psychologie cognitive et de l’anthropologie.

Notre étude porte sur les représentations cognitives de la pollution de l’air en Île de France. La première partie de cette recherche a mis en évidence que les locuteurs recrutés dans cette région ont des représentations extrêmement vagues de ce phénomène et le situent dans un concept plus global : la pollution. Nous avons donc cherché à retracer les représentations de la pollution en général pour tenter de comprendre la construction conceptuelle et catégorielle de ce phénomène si complexe. Nous avons aussi intégré trois variables supplémentaires dans cette deuxième partie de la recherche : l’âge, l’environnement et le contexte culturel. Puisque notre sujet, les représentations cognitives et anthropologiques, met en jeu à la fois les processus cognitifs, qui se manifestent au niveau individuel et les « connaissances culturelles », qui se forment au niveau collectif nous avons considéré que ces deux aspects ne peuvent être étudiés si nous nous centrons seulement sur la représentation de la pollution atmosphérique des adultes français qui habitent au moins depuis 20 ans dans la région parisienne.

Dans la lignée des travaux entrepris par Lammel (1997), nous avons cherché à explorer le lien qui existe entre les connaissances culturelles, l’environnement immédiat et les représentations cognitives (Lammel, 1997 :114). L’hypothèse de départ est que la manière de percevoir et de se représenter la pollution dépend des processus cognitifs que les individus d’une société intègrent au cours de leur développement. Ces recherches ont non seulement un intérêt théorique, mais au regard des problèmes écologiques que l’on rencontre actuellement, ont aussi un intérêt pragmatique si l’on considère le lien entre les représentations et l’action.

Les représentations liées à la pollution font partie d’un système de représentations plus vaste qui intègre les phénomènes relevant de ce que dans notre culture nous avons isolé comme naturels au sens large, et à ce titre, il nous a en outre paru indispensable de prendre en considération les épistémologies « tacites » spontanées

* Réponse d’un sujet à la question associative : les mots qui viennent à l’esprit par rapport à la pollution

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qui permettent d’avoir une vision générale du monde, de son organisation et de la place de l’homme en son sein.

Dans cette perspective, nous avons cherché à comparer les représentations de la pollution de sujets vivant dans le même environnement mais d’âges variables, ou des sujets vivant dans des milieux différents, ou des sujets habitant le même lieu mais venant de milieux culturels différents

II. I. Considérations théoriques

II. I. 1. La pollution de l’air dans les systèmes de pensée : pensée holistique vs pensée analytique.

De récentes études en psychologie ont établi un lien entre l’organisation sociale, le système métaphysique, l’épistémologie et les processus cognitifs impliqués dans certaines tâches. Ainsi, la culture ne concernerait pas uniquement les croyances sur le monde, mais aussi les processus cognitifs qui permettent d’aboutir à ces croyances (Nisbett et al., 2001, Viqueira, 1977).

Deux points semblent être très importants par rapport à l’interrogation sur la perception et la représentation de la pollution atmosphérique et de la pollution en général : d’une part, le rapport de l’individu à l’environnement et à la société et d’autre part, la pensée qui en découle.

La perception et la représentation de la nature et de l’environnement sont influencées par les modes de pensée dominants dans une société. Dans la littérature interculturelle on distingue actuellement deux grands ensembles de système de pensée : la pensée plutôt holistique et la pensée plutôt analytique (Lammel, Resche-Rigon, 2007, Lammel, Kozakai, 2007). Le premier type de pensée caractérise les sociétés dites plutôt collectivistes où les obligations sociales sont réciproques et où l’individu fait partie d’une collectivité ayant des liens étroits (Nisbett, 1998 ; Peng & Nisbett, 1999). Cependant la littérature sur la pollution suggère que les enfants ont une pensée holistique indépendamment de la société où ils grandissent. Ainsi nous avons considéré comme nécessaire d’intégrer la variable âge dans notre étude. La pensée holistique se construit avant tout à partir des connaissances obtenues par l’expérience et non pas par la voie de la logique abstraite. Elle est plutôt dialectique et privilégie le changement, la reconnaissance des contradictions, les perspectives multiples et la recherche d’une solution intermédiaire entre propositions opposées. La pensée holistique est associative et ces computations reflètent similarité et contiguïté.

Dans les sociétés plutôt individualistes, dont le modèle historique reste globalement celui de notre société, les intérêts de l’individu sont prioritaires par rapport aux intérêts des membres de la société ; le soi est indépendant et la communication se réalise à partir de champs séparés : les repères ne sont pas communs. C’est la pensée analytique qui domine. Ici l’objet est isolé de son contexte, la compréhension se focalise sur les caractéristiques propres à l’objet pour déterminer son appartenance catégorielle, expliquer et prévoir des événements à partir de ses règles propres. Les inférences dérivent de la décontextualisation de la structure du contenu, en utilisant la logique formelle et en évitant la contradiction. La pensée analytique circonscrit des systèmes de représentation symboliques et sa formalisation est bâtie sur des structures de règles.

Une des différences primordiales entre ces visions du monde s’est constituée en rapport avec la notion de « nature ». Dans les sociétés dont la pensée est plutôt holistique il n’existe pas de concept de nature séparé des entités spirituelles et de l’être humain (Fung, 1983 ; Lloyd, 1991 ; Munro, 1969 ; Zhou, 1990). Ainsi, même l’être

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humain faisant partie de la nature ne se distingue pas en tant qu’objet indépendant. Nous pouvons supposer que cette vision influence la représentation et la perception de la pollution également.

II. I. 2. Les aspects différentiels, cognitifs et culturels des représentations

Les définitions concernant la représentation provenant de la psychologie sociale, de la psychologie développementale et de la psychologie cognitive (Bernoussi, 1995) mettent en évidence le caractère social et culturel des représentations et soulignent également les processus cognitifs individuels qui participent à leur constitution.

Comme le précise Bernoussi (1995), « opposer représentation mentale et représentation sociale n’aurait guère de sens puisque la plupart des représentations de l’enfant se construisent dans les interactions entre celui-ci et son milieu, lui-même inséré dans une société » (Bernoussi : 1995 : 81). Ceci est d’autant plus vrai pour notre objet d’étude, la représentation de la pollution, qu’elle est construite, d’une part sur la base des informations venant des média, de l’école, des connaissances culturelles, et d’autres part à travers des expériences quotidiennes diverses. On voit également apparaître dans ces définitions l’articulation entre la notion de représentation et celle de catégorisation qui concernait déjà la première partie de notre étude.

II. I. 3. La pollution comme concept nouveau : approche théorique du développement des concepts

Notre cadre théorique concernant la nature du concept de pollution s’appuie sur les travaux de Vygotsky qui a considéré la cognition humaine dans une perspective phylogénétique intégrant les variations reliées aux réalités historico-culturelles. Il nous semble que la construction actuelle du concept de pollution se situe dans un moment historico-culturel qui provoque des changements importants dans la prise de conscience de la difficulté à résoudre les contradictions entre les conséquences de la croissance et la nécessité de continuer à en assurer les bénéfices. Selon Vygotsky (1997) les concepts et les représentations mentales se constituent au travers de la signification accordée au mot.

Les études expérimentales de Vygotsky ont mis en évidence que « l’utilisation fonctionnelle du mot ou d’un autre signe, comme moyen de diriger activement l’attention, de différencier et de dégager les traits caractéristiques, de les abstraire et d’en faire une synthèse, est une partie fondamentale et indispensable du processus de formation des concepts » (Vygotsky, 1997 : 206).

La pensée conceptuelle est donc impossible sans la pensée verbale. Vygotsky décrit, dans le cadre de sa théorie, les différents stades de développement conceptuel selon le type de liaison entre les différents objets. Même si Vygotsky a étudié le développement du concept dans une perspective développementale, nous considérons que ces stades du développement sont applicables pour le développement des concepts nouveaux chez l’adulte.

Le premier stade distingué par Vygotsky est celui des « liaisons subjectives » pendant lequel l’enfant regroupe les objets selon des impressions concrètes que ceux-ci provoquent chez lui, et au travers de la construction « d’images syncrétiques » (Idem : 215).

Lors du deuxième stade, que Vygotsky nomme la pensée par complexes, l’enfant regroupe les objets par rapport à des liaisons objectives existant réellement entre les objets. Il ne se base plus alors sur des liaisons subjectives. Ces complexes ont la même

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Page 18: Annamaria Lammel - PRIMEQUAL · Web viewAfin de répondre à ces questions, nous avons choisi d’étudier deux dimensions : la première concerne de plus près la formation conceptuelle,

« signification fonctionnelle » (Idem : 215) que les concepts, mais contrairement à ces derniers, la liaison entre les objets n’est ni abstraite, ni logique, mais concrète, basée sur l’expérience empirique qui fait apparaître les liens qu’ils ont les uns avec les autres. Le concept a « pour base des liaisons généralisées selon un trait distinctif unique » (Idem : 217), alors que le complexe repose sur des liaisons hautement variables, et qui « n’expriment pas l’essentiel du point de vue de la logique, et n’expriment pas logiquement l’essence du phénomène » (Idem : 219). À ce stade, « les mots de l’enfant peuvent coïncider avec ceux de l’adulte dans leur référence à l’objet et ne pas coïncider dans leur signification » (Idem : 245). « L’enfant fait à ce stade ses premiers pas vers la généralisation, en réunissant les objets par groupes, il commence à unifier des impressions éparses » (Idem : .252). C’est ainsi qu’apparaît, ce que Vygotsky appelle, le concept potentiel. « Ici, le trait distinctif qui insère un objet dans un groupe général, est un trait privilégié, qui a été abstrait du groupe concret de traits distinctifs auquel il est lié de fait » (Idem : 252). Le concept, lui, « suppose non seulement l’unification et la généralisation des éléments concrets de l’expérience, mais encore leur différenciation, leur abstraction et leur isolement, et la capacité d’examiner ces éléments différenciés, abstraits, en dehors de la liaison concrète et empirique dans laquelle ils sont donnés » (Idem : 255).

La pensée s’appuie alors tout autant sur le processus de l’analyse que sur celui de la synthèse. « Et dans la formation du véritable concept, le rôle décisif, on l’a dit, incombe au mot. C’est-à-dire qu’à l’aide du mot, l’enfant (ou adolescent) dirige volontairement son attention sur certains traits distinctifs, c’est à l’aide du mot qu’il en fait la synthèse, à l’aide du mot qu’il symbolise le concept abstrait et l’utilise en tant que signe supérieur entre tous ceux qu’a créé la pensée humaine » (Idem : 258).

L’une des découvertes fondamentales de Vygotsky est donc que la signification des mots se développe et se modifie au cours du développement et varie en fonction des différents modes de pensée. La signification des mots est donc plus dynamique que statique. Elle a dans ce cadre un rôle fonctionnel dans l’acte de pensée ; le rapport entre la pensée et le mot est un processus par lequel s’opère un mouvement incessant du mot vers la pensée et inversement.

Nous considérons cependant, en s’appuyant sur les études récentes, que la formation des concepts dépend également de la nature sous-jacente de ceux-ci. Les recherches récentes ont mis en évidence que les mots dont la définition est relativement univoque et stable sont des mots dits de type nominal. Keil (1994) considère que la structure même du domaine, c’est-à-dire que certaines propriétés inhérentes à un domaine dictent notre façon d’en acquérir sa connaissance. La relative facilité ou difficulté à acquérir des connaissances sur un domaine pourrait partiellement déterminer l’âge auquel les représentations adoptent un caractère plus formel. Enfin, pour l’auteur, des concepts spécifiques peuvent être liés à des systèmes de croyance plus larges et à des théories sous-jacentes.

II. I. 4. Relation dialectique entre la structure conceptuelle et la réalité extérieure

Une autre question importante est de savoir s’il existe une relation entre le développement conceptuel et le contexte socioculturel dans lequel l’individu évolue. C’est une question à la fois anthropologique et psychologique. Jeyifous (1992) reprend dans son étude l’idée de Vygotsky qu’il existe un échange continuel entre l’individu et la société. Celui-ci est décrit comme un processus dialectique complexe caractérisé par la périodicité, par l’inégalité dans le développement de différentes fonctions, des

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transformations qualitatives d’une forme à l’autre, des facteurs internes et externes « entremêlés » et des processus d’adaptation (Vygotsky, 1978, cité par Jeyifous, 1992). Pour justifier notre démarche dans le choix des groupes de sujets, nous allons nous inspirer de l’étude réalisé par Jeyifous au Nigeria en 1992. La première hypothèse de Jeyifous (1992) est que le contexte social et culturel ainsi que le milieu spécifique dans lequel l’individu évolue, affecte la nature, le degré et la vitesse du développement conceptuel. À l’encontre d’une vision statique de la structure conceptuelle, sa deuxième hypothèse postule qu’à l’âge adulte, les concepts ne connaissent pas une structure stable, à jamais fixée, mais qu’au contraire ceux-ci peuvent continuer à évoluer, changer concomitamment à une transformation des réalités extérieures. Elle considère que l’apparente stabilité des représentations pourrait en réalité ne refléter que la relative stabilité de l’environnement et des connaissances des populations considérées dans les recherches précédentes. En effet, les connaissances que l’on a aujourd’hui sur le développement sémantique concernent principalement les enfants américains, blancs et de classe moyenne.

C’est pour tester ces deux hypothèses que Jeyifous (1992) a mené une étude sur le développement cognitif intra culturel auprès de trois groupes appartenant au même contexte culturel (les Yoruba : ruraux, urbains et élites urbaines), et à l’intérieur duquel la culture varie en fonction des conditions qui influent sur la culture comme par exemple la durée et la qualité de la scolarisation déterminées par les conditions historiques, sociales et économiques.

Les résultats montrent, en premier lieu, que ce changement qualitatif des représentations, observé par Keil, est bien un phénomène général ayant lieu chez cette population non occidentale et au travers des différents groupes socio-économiques étudiés. Cependant, les trois groupes montrent des patterns de développement variables, et les changements observés ne sont pas uniformes parmi les différents groupes. Les adultes urbains, plus que les adultes appartenant à l’élite et que les adultes vivant en milieu rural, donnent des réponses combinant « traits caractéristiques » et « traits définitoires », propres aux concepts en voie de transformation. Ce groupe est en effet celui le plus marqué par les changements de son monde extérieur (migration de la campagne vers la ville) et qui subit le plus fortement les changements profonds qui affectent la société contemporaine nigérienne, les deux autres groupes vivant dans des conditions plus stables. Jeyifous (1992) en conclut que les facteurs socioculturels influent effectivement sur la vitesse et le degré de transformation des représentations. Elle fait en l’occurrence l’hypothèse que cette « phase transitionnelle » peut refléter la nature changeante du « monde extérieur » auxquelles les représentations sont reliées. En d’autres termes, la relation dialectique entre monde extérieur et structure conceptuelle est ici envisagée comme un facteur influençant le développement conceptuel.

Jeyifous (1992) élargit ses résultats en proposant l’interprétation suivante : étant donné que ni l’individu ni le contexte dans lequel il évolue ne restent stables dans le temps, les concepts directement liés à ces changements seront rectifiés pour refléter de nouvelles réalités. Ces « ajustements représentationnels » ne sont ni immédiats, ni abrupts car les changements externes eux-mêmes ne se produisent pas ainsi, mais petit à petit (Jeyifous 1992 : .297). La « phase transitionnelle », décrite par Keil (1984), reflèterait donc plutôt une phase pendant laquelle les concepts sont en évolution, en cours de rectification, c’est-à-dire une phase transitoire dans l’histoire du développement conceptuel.

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II. I. 5. Les études sur le rapport à la nature et l’implication dans des actions pro-environnementales

Comme le souligne Ponting (1991) dans son Green History of the World (cité par Schultz et al. 2004), l’un des sujets fondamentaux traité par toutes les traditions est la relation entre l’homme et la nature. Les hommes se considèrent-ils partie intégrante de la nature ou bien séparés d’elle, et d’une certaine manière au-dessus d’elle ? Il ajoute que la réponse à cette question est déterminante dans la manière dont les penseurs et les religions décident quelles actions humaines sont considérées comme légitimes et justifiées moralement. Se pose ainsi la question de savoir si le degré de connexion avec la nature varie ou non selon les cultures.

L’une des directions de recherche dans ce domaine particulier traite du rapport entre les valeurs, les attitudes, et les comportements directement liés à la préservation de l’environnement. Le but est, entre autres, de contribuer à préciser le contenu de programmes destinés à sensibiliser les enfants et les adultes aux problèmes écologiques.

Dans cette perspective, Gagnon Thompson et Barton (1994) ont réalisé une étude dans laquelle elles définissent deux attitudes par rapport aux problèmes environnementaux, l’une « écocentrique », l’autre « anthropocentrique ». « L’écocentrisme » concerne les individus qui attribuent à la nature une valeur pour elle-même et considèrent qu’elle doit être protégée pour sa valeur intrinsèque. La nature a pour eux une dimension spirituelle et a une valeur en dehors des considérations économiques et de la qualité de vie qu’elle procure. En contraste, « l’anthropocentrisme » lie la préservation de l’environnement à la satisfaction de besoins matériels, conférant à la nature une valeur essentiellement utilitaire. Les deux attitudes se rejoignent quant à la nécessité de préserver la nature, mais pour des raisons différentes. L’hypothèse des chercheurs est que de la première attitude découlera plus fréquemment un engagement personnel dans des associations pro-écologiques ainsi que dans des actions concrètes en faveur de l’écologie. Leurs résultats confirment en effet cette tendance. Nous avons pensé que cette dimension est importante à étudier et nous avons intégré des questions qui permettent de voir dans la représentation de la pollution les attitudes vis-à-vis de la « nature ».

Schultz et al. (2004) ont développé un modèle largement exploité dans la psychologie environnementale qui met en relation les valeurs, les attitudes, les visions du monde et les comportements vis-à-vis de l’environnement. Ils reprennent les trois ensembles de valeurs présentés ci-dessous et décrits précédemment par Stern et al. (1995), associés aux attitudes concernant l’environnement.- « Égoïste » : les valeurs sont focalisées sur soi et les buts orientés par rapport à soi (moi, mon futur, ma prospérité, ma santé…). - « Altruiste » : les valeurs se focalisent sur les autres (les générations futures, l’humanité, les personnes de la communauté, les enfants…) - « Biosphérique » (« biospheric ») : les valeurs se focalisent sur le bien-être des êtres vivants (plantes, animaux, la vie marine, les oiseaux…).

Dans leur recherche, ils font l’hypothèse que le type d’implication d’une personne vis-à-vis de l’environnement dépend du fait que la personne se considère comme faisant plus ou moins partie de la nature. Ils ont créé un test INS (Inclusion of Self in Nature Scale) permettant aux sujets interrogés de figurer leur degré de « connexion » avec la nature, ou plus précisément le degré d’inclusion de ceux-ci dans la nature.

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Parallèlement, ils ont utilisé auprès des mêmes sujets le IAT (Implicit Association Test de Greenwald, McGhee, et Schwartz, 1998) qui permet de mesurer l’association automatique entre concept et attribut. Celui-ci a été remanié pour mesurer la « connexion » implicite des sujets avec la nature. Ils ont montré qu’un individu qui s’associe à la nature tend à présenter une implication plus étendue vis-à-vis de ce qui a trait à l’environnement (cf. « biosphérique »). Une personne qui s’associe moins à la nature peut être concernée par l’environnement mais ses préoccupations seront moins étendues et plus focalisés sur les problèmes qui concernent directement l’individu.

Schultz et al. (2004) ont également tenté de déterminer grâce au test EFT (Embedded Figure Test), si les différences dans les processus de traitement de l’information pouvaient être mises en relation avec le degré de connexion à la nature. Ils ont prédit qu’une moindre connexion serait associée à un traitement plus local de l’information et inversement, une plus grande connexion serait associée à un traitement plus global. Ils n’ont trouvé qu’une corrélation faible mais significative entre ces deux variables et concluent que des recherches futures pourraient étayer cette hypothèse.

Dunlap et al. (1993) ont effectué une enquête de grande ampleur sur l’environnement dans 24 pays. Les résultats viennent tout d’abord contredire l’idée générale que dans les pays développés il y aurait une plus grande préoccupation pour les problèmes écologiques que dans les pays en voie de développement, ces derniers étant avant tout concernés par leur « survie ». Cette étude montre que les pays en voie de développement sont au moins autant concernés par les problèmes écologiques que les pays industrialisés. D’ailleurs, les sujets interrogés dans les pays en voie de développement perçoivent la pollution comme plus menaçante pour la santé que dans les pays industrialisés. Dans tous les pays on retrouve une préoccupation pour la santé des générations futures, celle-ci étant légèrement plus marquée dans les pays en voie de développement. Notre choix d’intégrer dans cette étude des jeunes étrangers permet de se positionner aussi par rapport à ces questions.

II. I. 6. La nature, l’environnement, la pollution et l’homme

La relation de l’homme à l’environnement est façonnée par deux modèles culturels : le « spirituel » et l’« écologique » (Ignatow, 2006). Le point de vue spirituel et le point de vue écologique de l’environnement ont des bases sociales différentes. L’éducation occidentale implique généralement le deuxième mais pas le premier.

Dans le modèle spirituel la nature est sacrée, elle a ses propres droits et elle doit être maintenue séparée de la société humaine. Elle est menacée par la science et la technologie et comporte différentes attitudes et croyances qui insistent sur la nécessité de la respecter.

Le modèle écologique représente la nature comme un écosystème physiquement intégré dans les sociétés humaines (Bocking, 1994). Ce modèle ne prévoit pas des conflits inhérents entre le monde moderne et la nature mais considère que la science et les technologies permettent l’équilibre et l’intégration de la société moderne au sein de l’environnement naturel (Oates, 1989).

Les enfants ont une certaine conscience proche du modèle spirituel de leur environnement, comme le montre Kahn dans ses études (Howe, Kahn, Friedman, 1996). En 1996, il interroge des enfants, âgés en moyenne de 13 ans, vivant dans des régions urbaines et rurales du Brésil, afin de voir s‘ils sont conscients des problèmes de l’environnement naturel qui les entourent (tels que la pollution de l’air et de l’eau), à savoir s’ils discutent des problèmes environnementaux avec leur famille. Son étude avec

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ses collaborateurs (1996) suggère que certains aspects de la morale « pro-nature » des enfants sont universels.

Ces données nous suggèrent que le concept de nature n’est pas une simple convention culturelle ou un artefact, mais est une part de la réalité constitutive de la cognition des enfants (Soule & Lease, 1995).

Cependant d’autres études montrent que cette conscience écologique peut être bien limitée. Selon Leeming et al. (1993) l’éducation sur l’environnement et la participation aux activités environnementales ne font que favoriser certains comportements, des attitudes et des connaissances écologiques chez les enfants, mais ne suffisent pas pour changer leur système de pensée.

II. I. 7. Problématiques et prédictions

Notre problématique sur la représentation de la pollution atmosphérique en Ile de France se situe dans un questionnement plus général, à savoir : quel est le rôle de la « réalité » de l’environnement, de l’âge ou des « systèmes culturels » dans la formation conceptuelle de la pollution et plus généralement de sa représentation ?

Nous avons choisi une approche comparative pour pouvoir répondre à ces questions. Lors de cette étude comparant des données recueillies auprès des enfants de Perpignan et de Paris, des jeunes adultes parisiens et des jeunes étrangers habitant Paris et des adultes parisiens, nous avons tenté de vérifier si la représentation de la pollution et la catégorisation sous-jacente varient en fonction de l’âge, de l’environnement et de la culture.

Afin de répondre à ces questions, nous avons choisi d’étudier deux dimensions : la première concerne de plus près la formation conceptuelle, d’un point de vue quantitatif au travers de sa structure et d’un point de vue qualitatif par le biais d’une analyse des réseaux sémantiques et la deuxième se focalise sur les représentations de la pollution, au niveau développemental d’une part et au niveau éco-culturel de l’autre.

Nous avons formulé des hypothèses générales qui rendent compte des variables étudiées, puis, à partir de celles-ci, nous avons conçu les hypothèses opérationnelles qui nous ont permis de réaliser l’analyse quantitative et qualitative des données que nous avons recueillies grâce à un questionnaire.

II. I.7. 1. Pensée analytique versus pensée holistique

II. I.7. 1. a) Continuité versus discrétisation

Nous faisons l’hypothèse que les sujets français exprimeront des représentations qui s’appuient sur une pensée analytique de la pollution (Nisbett et al., 2001) tandis que chez les sujets étrangers confrontés à la même pollution parisienne c’est la pensée holistique qui va être dominante.

Nous pensons également que tandis que les enfants au niveau conceptuel auront une construction plus analytique leurs représentations seront plus holistiques.

Prédiction 1 : Les sujets étrangers et les enfants donneront des réponses reflétant la continuité entre les phénomènes naturels, c’est-à-dire que la pollution s’étend à tous les domaines de la nature. Les adultes français quant à eux, plus enclins à traiter les objets de façon discrète, se représenteront les effets de la pollution sur chaque élément naturel selon la catégorie à laquelle il appartient et selon les règles attribuées à cette dernière.

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II. I.7. 1. b) Dialectique versus principes fondamentaux et logique

Selon les études de Nisbett et al. (2001), dans un système de pensée de type holistique, le raisonnement admet la contradiction, ce qui n’est pas le cas dans la pensée analytique qui selon une logique hypothético-déductive, respecte le principe de non-contradiction.

Prédiction 2 : Les adultes français auront moins de contradictions dans leurs réponses que les enfants ou les adultes étrangers.

II. I.7. 1. c) Représentation de la gravité de la pollution

Nous faisons la prédiction qu’une vision holistique des problèmes liés à la pollution donnera lieu à une représentation plus dramatique de la situation environnementale car la pollution s’étend à tous les éléments naturels et met en danger tous les êtres vivants. Une vision plus analytique de la pollution, au contraire, en segmentant les diverses conséquences de la pollution, donnera une représentation moins alarmante et plus distanciée.

Prédiction 3 : Les enfants et les jeunes étrangers auront une représentation plus négative de la pollution et de ses conséquences que les jeunes adultes et adultes français.

II. I. 7. 2. Individualisme versus collectivisme et possibilité de changer de style de vie

Nous nous sommes intéressés au lien entre les valeurs collectivistes et individualistes et le fait d’accepter des changements de vie, dans le but implicite de diminuer la pollution.

Prédiction 4 : Nous prédisons que les enfants et les jeunes étrangers, adoptant des valeurs plus collectivistes, seront plus enclins à faire des sacrifices et à changer de style de vie dans l’intérêt du groupe. Une adhésion à des valeurs plus individualistes par les jeunes adultes et adultes français s’accompagnera, au contraire, d’une réticence à faire des sacrifices et à changer de style de vie. Ici nous pouvons distinguer la différence dans les valeurs sous-jacentes : « égoïste », altruiste, biosphérique (Schultz, 2004) ou bien anthropocentrique ou éco-centrique (Gagnon Thompson, Barton, 1994).

II. I.7. 2. b) Individualisme versus collectivisme : optimisme et possibilité d’agir

Selon les travaux de Naroll (1983, cité par Triandis, 1988) les sociétés collectivistes se caractérisent par de faibles niveaux de pathologie sociale et ses individus vivent moins dans un sentiment d’insécurité. Dans les sociétés dites individualistes, les individus sont plus sujets au stress émotionnel et physique et aux maladies psychiques. Par ailleurs, il semble que ces derniers soient plus sensibles à l’illusion de contrôle (Nisbett et al., 2001) que les individus appartenant à une société plus collectiviste.

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Prédiction 5 : Nous faisons les prédictions que les enfants et les jeunes étrangers seront plus optimistes que les jeunes adultes et adultes parisiens, mais déclareront avoir moins de possibilités d’agir personnellement pour pallier la pollution. Les jeunes adultes et les adultes français, au contraire, seront plus pessimistes quant à « l’avenir environnemental » mais auront plus confiance en leur possibilité d’action personnelle.

II. II. Recherche

II. II. 1. Les sujets

Comme nous l’avons déjà précisé, nous avons considéré que pour vérifier les hypothèses basées sur la littérature et la première partie de notre étude, il est indispensable d’intégrer dans notre recherche les enfants, mais aussi les étrangers qui habitent dans la région parisienne au moins depuis trois ans. Nous avons également pensé que dans la mesure où la pensée enfantine montre des particularités par rapport à celle de l’adulte, il faut intégrer la variable « environnement », pour pouvoir interpréter les éventuelles différences dans la construction des représentations. Nous avons donc choisi de constituer un groupe à Perpignan, où les enfants peuvent avoir des expériences différentes de la pollution. Nous avons également considéré nécessaire de distinguer les jeunes adultes, « adolescent », selon les critères actuels de la psychologie du développement, des adultes déjà bien installés dans la vie et ayant plus « profité » des « bienfaits » de la société industrielle. Les jeunes étrangers sont des étudiants qui vivent à Paris ou dans la région parisienne au moins depuis trois ans. Ils sont originaires des pays où, selon la littérature ci-dessus présentée, la pensée dominante est considéré plutôt holistique. En les intégrant dans notre recherche nous avons voulu tester le rapport entre la « réalité de la pollution » et le système de pensée déjà intégré au cours du développement cognitif.

Nous avons ainsi constitué cinq groupes :Gr. 1. Paris enfants n = 57, M = 10 ans 4 mois (scolarisés en CM2 et CM1 dans des écoles privées et ne présentant pas de troubles cognitifs). Gr. 2. Perpignan enfant n = 68, M= 10 ans 1 mois (scolarisés en CM2 et CM1 dans des écoles privées et ne présentant pas de troubles cognitifs). Gr. 3. Jeunes adultes n = 45, M= 20 ans 6 mois (de nationalité française, vivant depuis leur naissance à Paris où dans la région parisienne)Gr. 4. Adultes Paris n = 30, M = 37 ans 2 mois (de nationalité française, vivant depuis au moins vingt ans à Paris où dans la région parisienne)Gr. 5. Jeunes adultes étrangers, n=35, M = 22 ans 4 mois (ce sont des étudiants à Paris et ils sont issus des pays suivants : Albanie (1), Algérie (7), Belém (1), Cameroun 1, Congo (4), Corée de Sud (1), Haïti (3), Ile Maurice (1), Japon (1), Mali (2), Maroc 3, Moldavie (1), Monténégro (1), Sénégal (1), Tunisie 2, Vietnam (5)).

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II. II. 2. Le matériel

II. II. 2. a. Les entretiens non-directifs et semi-directifs

À la suite de l’étude des ressources linguistiques utilisées en français concernant ce domaine de la « pollution », nous avons pu constater que la notion de pollution atmosphérique est une locution de sens commun aux définitions très variées qui ne représente pas un « terme » c’est-à-dire un mot dont le signifié ou le référent (quand il est connu) peut être résumé dans une définition précise éventuellement technique et consensuelle. Dans la deuxième partie de la recherche, dans un premier temps, nous avons réalisé des entretiens non directifs avec des sujets « tout venant ». Dans l’Annexe 2 nous présentons quelques transcriptions. Ces entretiens nous ont désigné des thèmes qui ont été évoquées spontanément par nos sujets. Ces entretiens nous ont aidés à établir un questionnaire en fonction de nos prédictions concernant la représentation et la perception de la pollution atmosphérique et la pollution en général.

II. II 2. b. Tâches d’association

Nous avons intégré dans la deuxième partie de notre recherche les tâches d’associations, mais nous les avons exploitées de manière différente que dans la première partie de la recherche. Les propriétés des mots, selon la théorie des représentations sociales peuvent apparaître comme centrales dans une représentation. Dans le cas du mot pollution, comme la première partie de l’étude le montre, il s’agit d’un mot assez vague sans être toutefois, à proprement parler, polysémique, en ce sens qu’il peut être défini à partir de différents points de vue (propriétés, conséquences, causes, agent etc..) auquel il est possible d’associer un certain nombre de concepts qui permettent d’identifier les modes de sa représentation. Rouquette qualifie de « supra-concept » une catégorie première (1998 : 37) dont l’une des qualités principales est sa puissance associative. C’est également l’élément le plus saillant et le plus facile d’accès, notamment par le biais de la technique d’association libre. D’après Rouquette (1998), cette dernière permet à la fois d’étudier le contenu d’une représentation, sa structure et le système catégoriel employé. Cependant nous avons utilisé une méthode différente en identifiant les réseaux sémantiques et des caractéristiques de ces réseaux à l’aide des méthodes d’analyse basées sur la théorie des graphes.

II. II. 2. c. Questionnaire

Le troisième outil est un questionnaire de 30 items sur une échelle ordinale de 7 points. (Annexe 3).

II. II. 2. d. Les passationsNous avons réalisé les entretiens non directifs et semi-directifs individuellement avec des sujets tirés au hasard. La passation dans les groupes des tâches d’association et du questionnaire a été collective.

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II. II. 3. Catégorisation conceptuelle de la pollution : analyse et discussion des résultats

II. II. 3. 1. Les tâches d’association

Les entretiens non directifs ont montré que la représentation de la pollution atmosphérique est inséparable de la notion même de pollution. Ainsi, il nous a semblé plus juste d’étudier la représentation de la pollution en général, en pensant que les résultats ainsi obtenus nous permettront d’extrapoler les représentations réelles des processus de la pollution sur les représentations de la pollution atmosphérique.

Nous avons étudié les mots produits dans les tâches associatives, dans un premier temps pour identifier la nature du champ représentationnel et conceptuel de la pollution, et, dans un deuxième temps, pour analyser son organisation sémantique.

En ce qui concerne l’étude du champ représentationnel et conceptuel nous avons calculé chaque fois l’indicateur « étendue » qui renvoie à la richesse et grandeur du champ de la représentation mais également permet de saisir la richesse conceptuelle analogique et imagée de la représentation de la pollution (Lammel, Marquez, 2009). Nous avons calculé le rapport entre le nombre total d'éléments générés et le nombre d'éléments différents produits par tous les individus. Cet indicateur nous permet de comparer la richesse du concept dans les différents groupes. Quand la valeur de l’étendue est plus grande nous pouvons en déduire que le champ représentationnel est plus riche. L’autre indicateur que nous avons calculé est « l’hapax » qui permet d’identifier la cohérence globale du champ représentationnel et conceptuel de l’objet étudié. Le plus l’indice d’hapax est bas, plus élevé est le « niveau de stabilité de l'organisation cognitive » du champ représentationnel (Flament et Rouquette, 2003). Cet indicateur nous permet de voir si le concept de pollution dispose d’une organisation stable ou non.

Dans un deuxième temps nous avons analysé des données à l’aide du logiciel EgoNet (2005) dans le but d’appréhender l’organisation sémantique du concept de pollution.

II. II. 3. 1. a. L’organisation conceptuelle de la pollution pour l’ensemble des sujets

Dans ce chapitre nous allons présenter l’analyse des trois mots produits par tous les sujets dans le but d’identifier des caractéristiques d’une « représentation dominante ».

En utilisant la méthode de Marquez (Lammel, Marquez, 2009), nous avons pu identifier la richesse et la stabilité du concept de pollution (tableau 1). Les analyses montrent que le concept de la pollution est assez pauvre en expression et très peu stable. Nous pouvons donc ici confirmer ce que les recherches du premier volet ont montré : la pollution est un concept mal défini, flou et peu riche.

étendu 0,35hapax 0,64

Tableau 1. Résultats de la tâche d’association pour tous les sujets.

Sur l’ensemble des sujets, les trois mots les plus fréquemment évoqués dans les tâches associatives étaient : « déchets », « voiture » et « destruction ». Nous avons relié

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chacun de ces trois mots avec les autres mots qui leur ont été associés. Et ceci pour l’ensemble des trois mots.

Figure 1. Réseau sémantique de l’ensemble des sujets

Le graphique (figure 1) nous donne déjà quelques indications : le concept de pollution semble être très peu organisé. L’air y est un constituant mineur. Les trois termes les plus fréquents désignent d’une part les causes de la pollution : déchet (Degree Centrality: Degree normalized3 39,24 %), voiture (17,72 %), saleté (17,72 %) et les conséquences : destruction (30,38%)

Les mots qui sont associés aux causes sont majoritairement reliés à d’autres mots et constituent des réseaux sémantiques très denses autour du mot déchet et de manière moins importante autour du mot voiture. Deux concepts relient les « causes » et les « conséquences » : la saleté et la maladie. Le mot destruction, même s’il est relié aux causes, est associé majoritairement à des concepts « orphelins» comme désagrément, éradication, vie-mort, termes qui portent des jugements sur le phénomène de la pollution.

Cependant la multiplicité des relations entre les mots ne permet pas de conclure définitivement sur la nature de la représentation de ce concept. Ainsi nous avons eu recours à la constitution des groupes identifiés par le logiciel EgoNet qui nous donne un éclairage plus précis sur l’organisation de ce concept. Bien qu’il n’existe qu’un seul cluster, il y a de très nombreux sous-groupes (30). Nous en avons distingué trois types : celui qui réuni des causes et des conséquences très négatives, celui qui regroupe les causes et les conséquences négatives et finalement celui qui ne mentionne que différents composants des causes. Les mots des sous-groupes sont détaillés dans le tableau 2.

Ces groupes de mots nous donnent une idée plus précise sur le contenu sémantique du terme « pollution ». La pollution est présentée comme quelque chose de négatif, de sale, d’obscur. Il s’agit d’un monde d’objets industriels, de déchets, de fumée, de saleté, de marée noire, comprenant des processus de destruction. Des visions anthropologiques

3 Le degré de centralisation montre le nombre de connexion avec d’autres termes, et le degré de centralisation normalisé le convertit en pourcentage.

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organisent ainsi les objets et les processus dans un système d’opposition binaire : la pollution est opposée, par la logique d’exclusion, à un monde de couleur et de vie. Cette vision permet de constater et de prévoir la destruction et le danger d’une manière générale mais aussi à partir de faits réels : le réchauffement de la planète, les maladies, le déséquilibre, les désagréments. Il s’agit donc d’un univers hostile où l’homme est absent. Un seul terme, le gaspillage, fait référence à la présence humaine. Cette absence signifie-t-elle que l’homme n’est pas mis en cause ou bien qu’il est représenté comme quelqu’un qui fait partie de la vie, de la nature ? Bien que quelques mots orphelins suggèrent une mise en cause de l’activité humaine dans la pollution, ces mots, comme la mondialisation, la production, la concurrence effrénée, l’égoïsme restent des éléments périphériques ici, et concernent des activités humaines sans sujet.

Le terme pollution atmosphérique n’apparaît pas. Cependant des mots comme la fumée, le CO², les mauvaises odeurs, le réchauffement du climat évoquent la pollution de l’air.

Causes et conséquence très

négatives

Causes et conséquen

ce négatives Causes

Groupe 1 Group 1 Groupe 1déchet déchet déchet

destruction destruction fuméemaladie tri voituresaleté Groupe 2 Groupe 2

Group 2 déchet déchetCO² maladie usine

déchet voiture voituredestruction Groupe 3 Groupe 3

saleté déchet déchet

Group 3mauvais

odeur marée noirecouche d'ozone saleté voiture

déchet Groupe 4 Groupe 4destruction danger déchet

réchauffement de la planète déchet fuméeGroup 4 poubelles poubelledéchet Groupe 5 saleté

destruction déchet Groupe 5Groupe 5 pétrole déchetdestruction pétrole

maladie saletéterre Groupe 6

Groupe 6 déchetdéséquilibre fuméedestruction gaz

maladie Groupe 7déséquilibre déchetGroupe 7 gazdestruction pétrole

nocivité Groupe 8réchauffer déchetGroupe 8 gazallergies polluer

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désagrément Groupe 9destruction déchetGroupe 9 gaz

déchet pot d’échappementfumée Groupe 10

réchauffement de la planète déchet

gaspillagepétrole

Groupe 11déchetrestes

Groupe 12 couper les arbres

produits chimiquesvoiture

Tableau 2. Les sous-groupes produits par la totalité des sujets se référant aux divers niveaux des causes et conséquences ou uniquement des conséquences de la pollution (groupes identifiés par l’analyse du logiciel EgoNet)

II. II. 3. 1. b. L’organisation conceptuelle de la pollution des enfants parisiens (Gr.1)

Les analyses de la richesse et de la stabilité conceptuelle des mots des enfants parisiens montrent les mêmes caractéristiques pour le concept de pollution que la totalité des sujets, cependant il est légèrement plus riche en expression et un petit peu plus stable. (Voir tableau 3).

étendu 0,46hapax 0,61

Tableau 3. Résultats de la tâche d’association des enfants parisiens (Gr. 1)

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Figure 2. Réseau sémantique produit par les sujets parisiens (Gr. 1).

L’analyse des données à l’aide du logiciel EgoNet est représentée dans la figure 2. Le graphique de réseau sémantique des enfants parisiens n’est pas entièrement connecté, il est constitué de trois clusters bien distincts (Voir tableau 4.). On constate, à l’aide du logiciel EgoNet, qui calcule le degré de centralité normalisé des mots, que les trois mots qui dominent le réseau sont « polluer », soit 23,52 %, « déchets », soit 23,52 % et « voitures », soit 20,58 %. Toutefois d’autres variantes s’ajoutent au terme « polluer » : « pollueur » (8,82 %), « polluants » (5,88 %) ou même « pollution » (2,91 %). Les trois clusters s’organisent autour des trois mots les plus fréquemment cités. Le premier groupe se centre sur le mot « polluer » que nous catégorisons sous le terme de « mot vide », dans le sens sémantique. Pour les enfants parisiens, « polluer » est associé au danger, au toxique, à la pourriture, à une population trop nombreuse, à la ville, à l’environnement et au réchauffement climatique. Le deuxième groupe se centre autour du mot « déchet ». Dans les mots qui lui sont reliés, on trouve des aspects différenciés tels que des agents pollueurs : « pot d’échappement », « usine », « gaz », « poison », « poubelle », « fumée » et des conséquences de la pollution : « danger », « destruction », « réchauffement de la planète », « pollution sonore ». Le mot central du troisième groupe est « voiture ». Ici ne sont pas cités que des objets polluants.

La représentation des enfants parisiens semble être très vague, vide et peu consensuelle. L’organisation sémantique de ce concept montre une image floue d’objet peu cohérent et une vision plutôt analytique de ce phénomène. Cependant dans une perspective anthropologique, il est évident que la pollution se présente comme une face négative et sombre du monde. L’homme n’apparaît qu’indirectement par son acte de « coupeur d’arbre ». Le seul être vivant cité est « la vache qui pollue ». Dans cette représentation il manque également un jugement de valeur sur ce phénomène, les enfants constatent simplement les faits même s’ils évoquent des termes « danger » (5,88 %) et « dangereux « (5,88 %).

Le terme pollution atmosphérique n’apparaît pas directement. Certains termes y font référence, principalement à des éventuelles causes comme « gaz », « fumée », « bombe aérosol », « produits chimiques » ou bien « les vaches qui pètent ».

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. Ce fait montre qu’il est difficile pour les enfants de constituer spontanément la notion de pollution de l’air en tant que réalité à part.

Cluster 1 (13) Cluster 2 (12) Cluster 3 (10)

dangereux dangerbombe aérosol

la ville déchetcouper les arbres

l'environnement destruction égoutmonde en danger eau moto

papier effet de serreobjets plastiques

polluants fumée pollution

polluer gazproduit chimique

polluer la terre poison usine

pollueur pollution sonorevaches qui pètent

pourriture pot d'échappement voitureréchauffement climatique poubelle  

toxiqueréchauffement de la planète  

trop de population    

Tableau 4. Les trois clusters des termes produits par les enfants de Paris (Gr. 1.)

II. II. 3. 1. c. L’organisation conceptuelle de la pollution des enfants de Perpignan (Gr. 2)

Les analyses de la richesse et de la stabilité conceptuelle des mots des enfants de Perpignan montrent que le concept de pollution est nettement plus pauvre en expression que le concept des enfants parisiens mais, en revanche un peu plus stable que celui de tous les sujets ou des sujets de Paris (voir tableau 5).

étendu 0,36hapax 0,59

Tableau 5. Résultats de la tâche d’association des enfants de Perpignan (Gr. 3)

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Figure 3. Réseau sémantique produit par les sujets de Perpignan (Gr. 2).

On constate qu’à Perpignan le graphique contient trois points culminants, à savoir « saletés » (48,83 %), « déchets » (37,20 %) et « fumée » (25,58 %), les trois mots étant reliés entre eux. Les mots gaz et pétrole, avec 6/6 relations ont un degré de centralisation normalisé de 13,95%. L’ordure et l’air sont reliés 4 fois et les mots voiture, sales et couche d’ozone trois fois. On peut délimiter deux clusters. Le premier, constitué de 18 mots s’organise autour du terme saleté. On trouve des composants aériens : air, gaz carbonique, poussière ; des éléments génériques : terre, nature ; les problèmes de santé : maladies et aussi l’idée de la mort, avec celle de la mort de la nature.

Le deuxième cluster, constitué de 26 mots s’organise autour des termes déchets et fumée. On peut distinguer des agents pollueurs : voiture, usine, essence de voiture, gaz d’échappement ; des composants aériens : gaz, fumée. Les enfants citent aussi des expressions qui expriment leurs sentiments et leur ressenti : mauvaises odeurs, gaspillage, sale, pas propre, mauvaises qualités de vie.

En outre, on peut remarquer que les mots employés à Perpignan sont fréquemment de nature perceptive ce qui nous suggère que les enfants de Perpignan expérimentent plus directement les effets de la pollution que les enfants parisiens pour qui ce phénomène semble plus constituer un discours qu’une réalité vécue. On peut noter l’absence des mots savants dans le vocabulaire des enfants des deux groupes.

II. II. 3. 1. d. L’organisation conceptuelle de la pollution des jeunes adultes parisiens (Gr. 3)

Le concept de pollution des jeunes parisiens est un peu moins pauvre en expression que pour les groupes précédents mais il reste très peu stable. La pollution est un concept mal défini, flou et relativement pauvre (voir tableau 6).

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étendu 0,50hapax 0,64

Tableau 6. Résultats de la tâche d’association des jeunes adultes de Paris (Gr. 3.)

Figure 4. Réseau sémantique des jeunes adultes de Paris (Gr. 3).

Les relations entre les mots sont présentées dans la figure 4. Dans les tâches associatives les trois mots les plus fréquemment évoqués étaient : déchets (38,46 %), danger (38,46 %) et environnement (30,76 %). Le mot maladie dispose de 4 connexions (15,38 %) et les mots : fumée, destruction et saleté de 3 connexions (11,53 %). Les autres mots n’ont que deux ou une seule connexion. L’analyse des données, à l’aide du logiciel EgoNet, nous montre que le réseau sémantique s’organise dans un seul cluster. Cependant contrairement aux réseaux sémantiques des enfants où il n’y avait pas de sous-groupes, ici nous trouvons six sous-groupes (voir tableau 7) Chez les jeunes parisiens apparait le terme environnement qui est finalement une catégorie superposée dont la pollution fait partie. Ces groupes ne reflètent donc pas simplement une juxtaposition des causes et des effets ou bien des éléments séparés mais une certaine relation hiérarchique, donc une organisation taxonomique plus complexe. La pollution fait partie des constituants de l’environnement, et l’environnement fait partie de la planète. Donc c’est l’environnement, et même la planète qui sont associés à la pollution. L’image prototypique de cette pollution, en tant qu’objet causal est le « déchet » auquel est associé le « danger ». Finalement le « déchet » est dangereux pour « l’environnement » (groupe 1) et pour la « planète » (groupe 3). La pollution est représentée principalement par ces relations mais également avec des sous-catégories qui sont des conséquences : maladie, toxique, CO² et saleté. La pollution de l’air apparait comme un sous groupe de la pollution (groupe 5) : air, déchet et respiration.

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Le réseau sémantique des jeunes parisiens, montre une construction plus complexe d’un point de vue organisationnel et une vision plus holistique que ceux des enfants, comme nous l’avons supposé dans notre prédiction Toutefois l’homme, avec ou sans responsabilités reste absent dans cette représentation.

* groupe #1 (3)

* groupe #4 (3)

danger CO²déchet déchetenvironnement saleté   * groupe #2 (3)

* groupe #5 (3)

déchet airenvironnement déchetmaladie respiration   * groupe #3 (3)

* groupe #6 (3)

déchet dangerenvironnement environnementtoxique planète

Tableau 7. Les 6 groupes du réseau sémantique des jeunes parisiens (Gr. 3.)

II. II. 3 1. e. L’organisation conceptuelle de la pollution des adultes parisiens (Gr.4)

Les analyses de la richesse et de la stabilité conceptuelle des mots des adultes parisiens montrent que le concept de pollution des adultes est plus riche que celui des autres groupes, cependant il extrêmement mal défini est pas du tout stable. (tableau 8).

étendue 0,68hapax 0,80

Tableau 8. Résultats de la tâche d’association des adultes parisiens (Gr. 4)

Le réseau sémantique (Figure 5) reflète cette absence d’une représentation sociale bien établie. Bien que le nombre des sujets soit moins important que dans les groupes précédents ce fait n’explique pas ce manque de conceptualisation consensuelle des adultes. La première partie de notre recherche a bien mis en évidence la nature floue du concept de pollution que la deuxième partie confirme. La représentation des adultes se construit autour de trois termes qui sont peu reliés aux autres mots : « saleté » et « maladie » avec 9 connexions et avec un degré normalisé de 39,13 %, le mot « destruction » dispose de 5 connexions (21,73%). Les autres mots ne sont reliés qu’une ou deux fois. Les trois termes n’indiquent la présence d’aucun système classificatoire : ils font référence aux conséquences, « la saleté » et éventuellement également aux causes.

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Figure 5. Réseau sémantique produit par les adultes de Paris (Gr. 4).

Bien que le graphe soit connecté, il est constitué de deux clusters (tableau 9), donc de deux ensembles d’éléments séparés l’un de l’autre. Dans le cluster 1 le terme le plus fréquemment cité est la « saleté » : les autres mots y sont reliés. Ce cluster est constitué de plusieurs conséquences (bruit, couche d’ozone, eau sale, mauvais odeur), des jugements négatifs (irrespect, négligence) mais avec une seul cause : « la voiture ». La saleté d’un point vue anthropologique reste une catégorie englobant les aspects perceptibles de la pollution, ainsi que le jugement négatif porté sur l’acte de polluer. Toutefois les jugements restent assez neutres et impersonnels. Dans le deuxième cluster les deux termes dominants sont la maladie et la destruction. Nous pouvons penser que la maladie va intéresser plus les adultes que les enfants et les jeunes. Ce terme reste très périphérique dans leurs représentations. Chez les adultes « la maladie » est une catégorie superposée avec des sous-catégories comme « allergies » et « microbes ». Des éléments constituants de l’univers, comme l’air et la terre, apparaissent, et suggèrent la présence d’association entre conséquences négatives de la pollution et l’avenir de la planète, comme le réchauffement de la planète. Des causes plus fondamentales de la pollution apparaissent également : « mondialisation » et « production ». La pollution apporte des désagréments et la destruction, toujours sans mentionner la responsabilité de l’homme et sans attribution de responsabilité individuelle.

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* Cluster #1 (10) * Cluster #2 (14)bruit aircouche d'ozone allergiesdélaissement dangereau sale désagrémentirrespect destructionmauvais odeur égoutsnégligence maladieodeur mauvaissaleté microbesvoiture mondialisation  poussière  production

 réchauffement de la planète

  terre

Tableau 9. Les deux clusters des termes produits par les adultes de Paris (Gr. 4.)

Le réseau sémantique des adultes n’a que deux sous-groupes (tableau 10). Le premier groupe est constitué des trois termes les plus souvent cités qui sont reliés entre eux. Dans le deuxième groupe apparaît une relation classificatoire : la pollution est associée au mot terre qui suggère que la pollution provoque sa destruction directement où bien par les maladies.

* groupe #1 (3) * groupe #2 (3)destruction destructionmaladie maladiesaleté terre

Tableau 10. Les deux sous-groupes du réseau sémantique des adultes de Paris (Gr. 4.)

Malgré la présence de quelques relations intéressantes, cette représentation reste extrêmement dispersée, centrée sur les conséquences touchant le sujet même en tant qu’individu par la maladie ou bien par les « désagréments » causés par la pollution. Comme nous avons pu le constater précédemment la pollution atmosphérique bien qu’elle ne soit pas associée directement au terme « pollution » est une partie intégrante de sa représentation.

II. II. 3. 1. f. L’organisation conceptuelle de la pollution des jeunes étrangers habitant à Paris (Gr. 5)

Dans ce paragraphe nous allons analyser les trois mots produits par les jeunes étrangers qui habitent au moins depuis trois ans à Paris ou dans la région parisienne et sont donc exposés aux mêmes phénomènes de pollution atmosphérique que les groupes 2, 3 et 4.

Les résultats montrent (tableau 11) qu’au niveau de la richesse du concept la représentation des jeunes étrangers s’approche de celle des adultes parisiens. Le concept est très peu consensuel ce qui peut être attribué également à l’origine multiple de la population (voir sujets, gr. 5).

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étendue 0,59hapaxe 0,83

Tableau 11. Résultats de la tâche d’association du groupe de sujets composé des jeunes étrangers habitant à Paris (Gr. 5)

L’analyse des données à l’aide du logiciel EgoNet, nous permet de visualiser l’organisation sémantique de ce concept chez les étrangers vivant à Paris donc ayant une même exposition à la pollution atmosphérique et à la pollution en générale que les autres groupes parisiens. Le graphe (figure 6) nous montre une autre représentation de la pollution que celle observée dans les autres groupes.

Figure 6. Réseau sémantique produit par les étrangers habitant à Paris (Gr. 5).

Dans la figure 6 nous pouvons tout de suite voir que deux termes dominent la représentation : « destruction » et « danger ». Le troisième mot le plus souvent utilisé est « les maladies » qui malgré ces nombreuses liaisons reste plus éloigné du centre. D’un point de vue organisationnel le graphe n’est pas connecté. Trois clusters se forment, comme on le présente dans le tableau 12. Ces clusters ne montrent pas simplement trois représentations différentes mais plutôt les trois facettes du même phénomène où les causes et les conséquences ne sont pas séparées mais sont reliées par une pensée holistique qui situe ce problème à une échelle planétaire, où l’espèce humaine a sa place à la fois comme responsable mais aussi comme victime et les processus sont situés dans le temps ! Dans le cluster 1 les termes d’objet, comme « déchet » sont reliés à des concepts abstraits, que nous appelons concepts moraux (« inconscience », « irresponsabilité ») ainsi que des concepts existentiels (« vie-mort ») et aux processus comme « santé » ou « destruction ».

Dans le cluster 1 nous pouvons aussi observer de multiples hiérarchies, par exemple : planète - égoïsme de l’homme envers la nature – destruction (éradication). Le

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cluster 2, organisé autours du mot « maladies », transmet le même message alarmant de la pollution dans une relation causes et effets : voiture + industrie > mauvais qualité d’air, saleté, couche d’ozone > destruction de l’environnement, maladie et finalement les dimensions temporelles : menaces de disparition. Ce cluster montre également de multiples systèmes hiérarchiques et une dimension temporelle où apparaît l’avenir. Le troisième cluster est organisé autours du mot danger qui concerne, toujours dans une pensée plutôt holistique, « la flore », » l’espèce humain » et » la France » ! Il s’agit donc d’une vision hiérarchique où les éléments sont reliés. Des sous catégories comme « mauvaise santé » ou les causes inhérentes aux objets « polluants » comme toxique ou sale apparaissent également.

* Cluster #1 (13) * Cluster #2 (9)* Cluster #3 (7)

bruit cancer danger

concurrence effréné couche d'ozoneespèce humaine

déchetdestruction de l'environnement la flore

destruction industrie la Franceégoïsme de l'homme envers la nature maladies

mauvaise santé

éradicationmauvais qualité d'air sale

étouffementmenaces de disparition toxique

inconscience saleté  irresponsabilité voitures  planète    réchauffement climatique    santé    vie-mort    

Tableau 12. Les trois clusters des mots produits par les étrangers habitant à Paris (Gr. 5)

Ces résultats montrent que les jeunes étrangers ne se représentent pas la pollution comme un phénomène local, comme « la pollution atmosphérique en Ile de France », mais comme un phénomène holistique, global qui touche la planète, mais également la santé individuelle et qui est dû à l’activité irresponsable et à l’égoïsme de l’être humain. Une autre particularité de cette représentation consiste dans sa dimension temporelle. Tandis que dans les autres réseaux sémantiques il s’agissait plutôt de la constatation des phénomènes actuels, même si la destruction peut évoquer éventuellement le futur, dans la représentation des jeunes étrangers se dessine un avenir sinistre. Le futur n’est pas indépendant des actes réalisés dans le présent. Dans ce sens là aussi, les jeunes étrangers ont une représentation holistique du phénomène de la pollution.

Il faut évoquer ici un autre fait, un des jeunes étrangers utilise le terme « mauvaise qualité d’air », il est le seul parmi les 237 sujet ! Ce mot cependant reste orphelin il est simplement relié à la maladie. Il n’y a pas non plus dans ce groupe une représentation scientifique mais il nous semble que leur représentation « associative » est plus proche d’une vision écologique scientifique que celle des autres groupes.

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II. II. 3. 1. g. Analyse des résultats par comparaison entre les groupes

Nous avons supposé que « la pollution atmosphérique » ne peut être représentée spontanément mais que sa représentation est conceptuellement intégrée dans celle de la pollution en général. Nous avons également fait l’hypothèse, que le concept de pollution est constitué par une collection d’objets et gérée par une pensée analytique chez les adultes et même chez les enfants (due à la difficulté de conceptualiser ce phénomène si complexe).

Pour tester cette prédiction nous avons catégorisé les mots associés à la pollution dans les différents groupes dont le degré de centralité était de plus de 11 % en trois groupes ; 1/ mot vide (par ex. pollueur) ; 2/. objet (par ex. déchet) ; 3/. processus (par ex. environnement) (tableau 13). Les données sont présentées dans le tableau 13. Nous considérons que ces trois catégories correspondent à trois niveaux de conceptualisation :

1/. la catégorie 1 indique que la pollution est un terme sans signification ; 2/. la catégorie deux indique que la pollution est considérée dans son existence concrète et discrète; 3/. la troisième catégorie désigne la pollution en tant que processus dans sa complexité de cause à effet, donc elle est discontinue.

Nous pouvons constater que ce sont les enfants parisiens qui produisent le concept le plus pauvre. Les enfants de Perpignan ont une représentation plus « avancée » mais très analytique, qui confirme notre prédiction (II. I.7. 1. a. Continuité versus discrétisation). La différence entre la construction conceptuelle des enfants et des adultes s’explique également par leurs niveaux développementaux. Toutefois nos données montrent que le rôle de l’environnement est important dans la construction conceptuelle et peut produire des différences développementales.

Les jeunes adultes et les adultes disposent des représentations mixtes : objets (analytique) et processus (holistique). Ce sont les jeunes étrangers qui associent le plus de « processus » à la pollution, donc nous considérons que leur représentation est la plus complexe.

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Gr 1. Degré de centralité Catégorie

polluer 23,53% videdéchet 23,53% objetvoiture 20,59% objetGr. 2  déchets 48,84% objetsaletés 37,21% objetfumée 25,58% objetgaz 13,95% objetpétrole 13,95% objetGr. 3.  déchet 38,46% objetenvironnement 30,77% processusdanger 30,77% processusmaladie 15,39% processusfumée 11,54% objetdestruction 11,54% processussaleté 11,54% objetGr. 4.  saleté 39,13% objetmaladie 39,13% processusdestruction 21,74% processusGr. 5.  destruction 46,43% processusmaladies 25,00% processusdanger 17,86% processus

Tableau 13. Les pourcentages de degré de centralisation des mots des 5 groupes et leurs appartenances catégorielles

Nous avons également supposé que la structure de l’organisation sémantique peut varier selon les groupes étudiés. Dans le tableau 14 nous ne présentons que les différences importantes qui nous permettent de voir certaines tendances.   Gr. 1. Gr. 2. Gr. 3. Gr. 4. Gr. 5

Diamètre : 6 5 5 5 4

Distance géodésique :2,87 2,65 2,74 2,76 2,35

Densité : 0,06 0,06 0,09 0,09 0,07

Organisation de la centralisation :

2,72 0,5 0,42 0,45 6,2

Distance de centralisation :0,22 0,55 0,45 0,45 0,45

Tableau 14. L’organisation selon l’analyse d’EgoNet des réseaux sémantiques des cinq groupes

En absence de littérature sur ce sujet nos constatations sont exploratoires. Nous pouvons constater que le diamètre des réseaux sémantiques varie entre les groupes. Celui des enfants parisiens est le plus grand et celui des jeunes étrangers est le plus petit.

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Ces différences extrêmes peuvent être mises en relation avec le niveau de construction du concept de pollution. Nous trouvons des données similaires pour les deux groupes d’adultes parisiens et l’organisation conceptuelle des enfants de Perpignan en est proche. Cependant une grande différence existe entre les groupes concernant le paramètre de « l’organisation de la centralisation » (closeness centralisation). Nous pouvons donner des explications préliminaires en supposant que tandis que dans le groupe 1 le concept est mal défini donc n’est pas très centralisé autour des « mots clefs », chez les jeunes étrangers ce fait désigne la complexité et la plus grande richesse du concept.

Ces données nous montrent que l’organisation conceptuelle des jeunes adultes et des adultes parisiens ont des caractéristiques semblables, alors que celle des enfants de Perpignan se rapproche plutôt de celle des adultes parisiens, sauf dans la dimension de densité, et que les enfants de Paris et les jeunes étrangers disposent d’une organisation conceptuelle spécifique.

II. II. 3. 2. Discussion : catégorisation conceptuelle

En premier lieu nous pouvons conclure que la pollution atmosphérique ne constitue pas explicitement une partie de la pollution en général, bien qu’elle soit présente à travers ces « sous-catégories », comme cause (par exemple,  fumée) ou bien conséquence (par exemple, couche d’ozone). Le mot « atmosphère » n’a jamais été évoqué ce qui suggère que dans la pensée « naïve » ce concept est absent.

Nous pouvons constater également, comme nous l’avions supposé après la première partie de notre étude, que le concept de pollution est un concept « jeune » qui se situe au niveau de sa formation dans une étape « primaire ». Cette question est primordiale pour la communication entre scientifiques et décideurs et le public puisque comme Vygotsky l’a justement dit “un problème qui émerge ne peut pas être résolu qu’à travers la formation d’un concept “ (Vygotsky, 1962 : 55).

Notre méthodologie était différente que celle de Vygotsky étant donnée le caractère exploratoire de notre étude. Cependant les analyses des représentations spontanées par les taches associatives nous montrent que la conceptualisation de la pollution se trouve principalement dans les deux premiers stades identifiés par Vygotsky et présentés dans la partie théorique : dans celui des « liaisons subjectives » ou bien dans le stade des « complexes ». Dans le premier cas il s’agit du regroupement des objets selon des impressions subjectives ou bien des liaisons objectives qui se divisent en deux groupes : causes et conséquences exprimées à travers des mots d’objets. Ce niveau conceptuel est donc caractérisé par un ensemble d’unités discrètes, donc analytique. Cependant apparaissent des « images syncrétiques » (Vygotsky, 1997 : 215), non pas grâce à une logique sous-jacente d’organisation interne des mots évoqués mais par leurs aspects symboliques qui désignent le côté « sombre » et « négatif » du monde. Par exemple, « la voiture » n’apparaît pas reliée à la possibilité de partir en vacance, mais à la fumée, ou bien aux mauvaises odeurs.

Le deuxième stade, celui des « complexes », ne permet pas la formation d’un véritable concept puisque la « signification fonctionnelle »  de l’objet et du processus ne se relient pas d’une manière abstraite ou logique, mais à un niveau concret, basé sur les impressions, des discours ou bien sur des expériences empiriques multiples et variables sans arriver à une généralisation.

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C’est simplement chez les jeunes étrangers qu’apparaît en partie le concept potentiel, mais d’une manière très vague et dispersé à travers l’intégration importante des termes « super-ordonnés », de la dimension temporelle ou bien des jugements.

Ainsi nous pouvons dire que la pollution n’est pas encore arrivée à un stade où elle a pu devenir un véritable concept, selon les critères de Vygotsky. Le fait que le concept est peu riche et très peu stable montre que la signification de ce mot est dans une dynamique de construction.

Nos données montrent suivant nos hypothèses que l’âge, le milieu spécifique dans lequel l’individu évolue et la culture qu’il a intégrée affecte la nature du développement conceptuel (Jeyifous, 1992). Nous considérons que même à l’âge adulte, les concepts ne disposent pas d’une structure stable et permanente mais qu’ils évoluent en fonction des réalités extérieures. Nous avons pu nous attendre à ce que des enfants du même âge et fréquentant des « mêmes » classes, donc passant également par les apprentissages comparables (privés) aient des représentations similaires. Cependant nous avons pu constater des différences importantes concernant l’organisation et les caractéristiques sémantiques des mots associés à la pollution qui ne sont liées ni à l’âge ni à des connaissances disponibles. Nous pouvons en déduire que l’environnement direct de l’enfant influence sa conception de la pollution au niveau sémantique mais également au niveau de son organisation. Selon nos données l’âge joue un rôle dans la construction conceptuelle. La troisième variable choisie, la culture intervient également dans la formation conceptuelle : une différence importante existe dans l’organisation sémantique et structurale chez les jeunes parisiens et chez les jeunes étrangers partageant le même milieu.

Malgré sa jeunesse, le rôle fonctionnel du mot « pollution » apparaît déjà dans la pensée. Notre étude montre que la pensée, dans sa globalité influence la construction structurale et sémantique du concept de pollution. Nous avons pu constater que les concepts peuvent être liés à des systèmes de croyance plus larges et à des théories sous-jacentes et ainsi prendre place différemment dans les réseaux sémantiques conceptuels, comme l’a montré Keil (1994). La différence entre la pensée analytique, dominant la pensée occidentale et la pensée holistique dominant la pensée autant africaine qu’orientale peut bien être à l’origine des différences constatées entre les jeunes adultes. Ceci nous suggère que l’environnement est perçu chez les adultes à travers des schémas généraux préexistants, définis par les principales caractéristiques de la pensée intégrée. Nous considérons que dans cette perspective la pensée holistique favorise plus la construction conceptuelle de la pollution que la pensée analytique.

Nos données vont dans le sens de notre première prédiction concernant la formation conceptuelle dans ses dimensions de continuité versus discrétisation : les enfants et les adultes français ont une conceptualisation qui s’appuie avant tout sur la pensée analytique (Nisbett et al., 2001) ; chez les sujets étrangers qui expérimentent la même pollution à Paris c’est la pensée holistique donc la continuité qui semble être dominante.

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II. II. 4. La représentation de la pollution

(Analyse quantitative et qualitative des questionnaires des cinq groupes (les enfants de Paris (Gr. 1), les enfants de Perpignan (Gr. 2), les jeunes adultes parisiens (Gr. 3), les adultes parisiens (Gr. 4) et les jeunes étrangers (Gr. 5))

Les entretiens non directifs et semi-directifs ainsi que l’analyse des données de la tâche associative nous ont montré que la pollution atmosphérique n’est pas représentée spontanément chez les sujets, malgré qu’elle soit une sous-catégorie de la pollution en général. Comme nous avons pu le voir, la pollution elle-même, est un concept jeune, peu structuré et diffus.

Cette partie de notre recherche vise à identifier certains éléments de la représentation de la pollution à l’aide d’un questionnaire de 30 items (Annexe 3) pour lesquels les sujets devaient exprimer un niveau d’accord sur une échelle de 1 à 7 (parfaitement en désaccord (1) ; parfaitement en accord (7)).

Dans un premier temps nous avons testé les caractéristiques statistiques générales de l’échelle à partir des données de divers groupes. Dans un deuxième temps nous avons procédé à une analyse détaillée de l’ensemble des sujets ci-dessus (N= 243) ainsi qu’à une analyse groupe par groupe. Nous avons effectué les analyses selon les dimensions suivantes :

- Jugement de la pollution des différents milieux- Réversibilité ou irréversibilité de la pollution des différents

milieux- Attribution de la responsabilité- Implication collective- Implication individuelle- La nature de la pollution : questions opposées et questions

orphelines- La possibilité d’un monde sans pollution- Questions contradictoires concernant la nature de la pollution

L’étude de ces dimensions devait nous permettre de contribuer à la compréhension de la représentation de la pollution.

II. II. 4. 1. Jugement de la pollution des différents milieux

Nous allons essayer de vérifier nos hypothèses par une analyse plutôt qualitative de nos données. Dans un premier lieu nous étudierons des réponses qui concernent la dimension « Jugement sur la pollution des différents milieux ». Cette analyse nous permettra également de situer la perception de la gravité de la pollution atmosphérique par rapport à la pollution d’autres constituants de notre planète.

Nous avons considéré que les éléments dont nous avons demandé de juger la pollution concernent plusieurs questions de notre problématique générale. Nous avons supposé que si c’est la pensée analytique qui domine dans la perception et l’évaluation de la pollution atmosphérique et de la pollution en général, les réponses vont manifester une forte différentiation quant au jugement porté sur la pollution des différents milieux. Nous y avons également intégré une question sur le niveau de la pollution du corps propre pour ainsi voir si le sujet se situe dans sa relation avec d’autres éléments de

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l’environnement. Nous avons pensé que si le sujet juge que son corps n’est pas pollué ceci suppose qu’il se considère comme « observateur » extérieur à la pollution.

Les sept premières questions de notre questionnaire concernent donc le jugement du niveau de la pollution. Cette partie de notre analyse est basée sur les cinq groupes définis ci-dessus.

II. II. 4. 1. a. L’analyse de la totalité des réponses

Les énoncés sur les jugements de la pollution des différents milieux vont être traités ici comme une sous-échelle indépendante. Elles concernent les sept premiers énoncés du questionnaire : Q 1. Les animaux sont victimes de la pollution ; Q 2. Les plantes sont affectées par la pollution ; Q 3. Les océans, les rivières et les lacs sont pollués ; Q 4. Le sol est pollué. Q 5. Les bâtiments sont pollués ; Q 6. L’air est pollué ;Q 7. Notre corps est victime de la pollution.

Nous avons calculé la fiabilité de cette sous-échelle, qui donne les résultats suivants : Alpha Cronbach : ,680321 Alpha Standardisé : ,684951 Corrél. moy. inter-quest.: , 239788.

Toujours en tenant compte de la totalité des réponses nous présentons l’histogramme à partir des moyennes des réponses. (Figure 6.)

0

1

2

3

4

5

6

7

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q7

Sˇ rie1

Graphique 1. Les moyennes des réponses aux premières sept questions. (Q1. Les animaux sont victimes de la pollution. ; Q2 Les plantes sont affectées par la pollution. ; Q3. Les océans, les rivières et les lacs sont pollués. ; Q4. Le sol est pollué. ; Q5. Les bâtiments sont affectes par la pollués. ; Q6. L’air est pollué. ; Q7. Notre corps est victime de la pollution.)

Le graphique 1 montre que les sujets attribuent le chiffre le plus élevé à la pollution de l’air, suivi par la pollution des eaux. Les niveaux de la pollution des animaux, des plantes, de « notre corps » et du sol sont moins élevés. Les bâtiments sont les moins pollués. La projection des données sur le plan factoriel donne des résultats suivants.

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Graphique 2. Projection des variables sur le plan factoriel à la française

Une interprétation qualitative de ces données permet de mettre en évidence une conception de la pollution et même au-delà, une vision du monde intéressante. Le niveau de la pollution des animaux et de la terre constitue un groupe qui est proche de celui de la pollution des plantes et du corps propre, qui constituent un deuxième groupe. Ces deux groupes sont séparés de la pollution de l’air et des eaux dont le degré de pollution est jugé le plus élevé. Les bâtiments constituent un élément séparé et éloigné du reste.

Dans le graphique 3 nous présentons le tracé de « Boîtes à moustache » pour toutes les observations. Ce graphique nous indique la dispersion des réponses. Nous pouvons voir que nos sujets sont plutôt d’accord concernant les niveaux de la pollution de l’air et des eaux, un peu moins d’accord en ce qui concerne la pollution des animaux et des plantes. Les réponses sont très dispersées en ce qui concerne la pollution des bâtiments et du sol, mais également du corps propre.

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Tracˇ de Bo”tes moustaches

Toutes les observations

Mˇdiane 25%-75% Min-Max

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q70

1

2

3

4

5

6

7

8

Graphique 3. « Boîtes à Moustache » des sept premières questions

Les représentations graphiques des données de l’ensemble de la population suggèrent que les différents constituants de l’environnement sont globalement considérés comme très pollués. Ceci manifeste une vision plutôt holistique du monde, même si à l’intérieur il existe des groupements séparés. Le fait que le corps propre est également victime de la pollution va dans le sens d’une représentation plutôt holistique de l’environnement, donc de la présence d’un monde continu. Le seul élément qui est séparé des autres est la pollution des bâtiments.

  Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q7Q1 1 0,33 0,15 0,36 0,14 0,18 0,31Q2 0,33 1 0,21 0,3 0,02 0,27 0,38Q3 0,15 0,21 1 0,17 0,08 0,34 0,27Q4 0,36 0,3 0,17 1 0,4 0,22 0,22Q5 0,14 0,02 0,08 0,4 1 0,05 0,19Q6 0,18 0,27 0,34 0,22 0,05 1 0,37Q7 0,31 0,38 0,27 0,22 0,19 0,37 1

Tableau 15. Corrélations entre les jugements de la pollution. Corrélations significatives marquées en rouge à p < ,05, N=203

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II. II. 4. 1. b. L’analyse des réponses des groupes

Nous avons décidé d’analyser le jugement à propos de la pollution des différents éléments pollués dans une perspective différentielle pour pouvoir identifier le rôle de l’âge (enfant, jeune adulte, adulte), du lieu d’habitation (Paris / Perpignan) et de l’appartenance culturelle (jeunes étrangers habitant la région parisienne). Nous avons également voulu observer si la perception de l’air à Paris est dépendante des représentations anthropologiques et sociales ou bien s’il existe une correspondance entre la représentation et l’objectivité de la « réalité » perceptible. Le graphique 4 présente les moyennes des réponses.

Moyens des rˇ ponses des sept premi¸ rs ˇ noncˇ s

0

1

2

3

4

5

6

7

Q1 Q2 Q3 Q4 Q5 Q6 Q7

ˇ noncˇ s

vale

urs

Gr 1

Gr 2

Gr 3

Gr 4

Gr 5

Graphique 4. Moyennes des réponses des sept premiers énoncés(Q1. Les animaux sont victimes de la pollution. ; Q2 Les plantes sont affectées par la pollution. ; Q3. Les océans, les rivières et les lacs sont pollués. ; Q4. Le sol est pollué. ; Q5. Les bâtiments sont affectes par la pollués. ; Q6. L’air est pollué. ; Q7. Notre corps est victime de la pollution.)

Malgré les différences entre les groupes, nous pouvons voir que tous les sujets jugent le niveau de la pollution de l’air (Q6) au dessus de la valeur 6, bien que pour les enfants l’air est légèrement plus pollué que pour les adultes. Le deuxième élément considéré être le plus pollué est l’eau (sous ses différentes formes). A l’exception des enfants de Perpignan qui la situent légèrement au dessous de la valeur 6, elle est jugée presque aussi polluée que l’air. Les enfants de Perpignan habitent à coté de la mer !

De point de vue anthropologique il est très significatif que les sujets soient d’accord sur leur jugement concernant la pollution de l’air et de l’eau indépendamment de leur âge, région ou culture d’origine. Ici, il nous semble qu’il s’agit presque d’un a priori qui relie l’air à l’eau comme des entités discontinues que les éléments polluants pénètrent facilement. Et si nous regardons le graphique 4, bien que nous n’ayons pu mettre en évidence des différences statistiquement significatives nous pouvons voir que contrairement à nos prédictions préalables les enfants et les jeunes étrangers considèrent que la pollution des êtres vivants y compris les êtres humains (corps propre) est moins

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« grave » que celle de l’air et de l’eau. De ce point de vue les adultes parisiens ont-ils une pensée plus holistique que les enfants ou les jeunes étrangers ? Où bien, s’agit-il d’une réflexion plus scientifique appuyé sur les visions anthropologiques ?

Nous pouvons supposer qu’il s’agit peut-être des conceptions anthropologiques que la pensée adulte a bien intégrées. Dans de nombreuses langues et dans de nombreuses cultures la fin de la vie est désignée par une ultime respiration : l’âme, qui elle-même peut être constituée d’air, est ainsi liée à la vie. Il s’agit également d’une expérience primaire : le nouveau-né doit être capable de respirer et la mort est accompagnée par l’arrêt de la respiration. Ainsi l’air, et sa bonne qualité sont inséparables de la vie humaine et sa pollution la met en péril. De même l’eau qui constitue un pourcentage important de notre corps est indispensable pour la vie.

Les résultats soulèvent d’autres questions : pourquoi les enfants parisiens jugent-ils différemment le niveau de la pollution des différents éléments, tandis que les jeunes adultes et les adultes parisiens considèrent qu’ils sont pollués au même degré.

On peut avancer trois explications : 1/. Le niveau du développement a une influence sur la procédure de jugement ;2/. Les enfants ont grandi dans un environnement déjà plus pollué que les adultes dont ils peuvent mieux différentier le niveau de pollution ;3/. Comme les études le montrent, les enfants sont plus éco centriques que les adultes et ainsi peuvent plus difficilement imaginer que le monde vivant soit très pollué.

II. II. 4. 2. Réversibilité ou irréversibilité de la pollution des différents milieux

Le deuxième ensemble de questions concerne la réversibilité ou bien l’irréversibilité du niveau de la pollution. Nous avons choisi les items qui correspondent aux éléments constituants de notre environnement physique (air, eaux, terre) pour voir la représentation de la réversibilité des processus de pollution, la place de l’air par rapport aux autres éléments, et l’interrelation entre eux. Nous considérons que selon les représentations anthropologiques dans la majorité des cultures ces éléments sont considérés comme préexistants à la vie et constituent la condition nécessaire de celle-ci. La problématique de l’irréversibilité des niveaux de la pollution est apparue fréquemment dans les entretiens non-directifs et semi-directifs. L’irréversibilité, en tant que processus physique, est un concept difficile à représenter. Par exemple, les enfants en développement sont justement en train de mettre en place les opérations qui permettent de comprendre la permanence de substance, du poids et de volume et d’intégrer la notion de réversibilité. Ainsi, nous avons considéré que la reconnaissance de l’irréversibilité n’est pas liée à des opérations issues d’une logique abstraite, mais plutôt d’une pensée dominée par une vision dialectique du monde physique.

II. II. .4. 2. a. Analyse globale des réponses

Les caractéristiques de sous-échelle concernant l’irréversibilité de la pollution des eaux, du sol et de l’air sont les suivantes N actif:237 (réversibilité) Alpha Cronbach: ,7157, Alpha Standardisé : ,7163, Corrél. moy. inter-quest.:,457259.

Dans le graphique 5 nous présentons la moyenne des réponses aux questions concernant les jugements sur l’irréversibilité de la pollution des eaux, du sol et de l’air. La pollution de l’air est considérée comme la moins irréversible, suivie par la pollution des eaux. En ce qui concerne la pollution du sol elle est jugée plus réversible que celle des deux autres éléments. Ainsi sur le plan factoriel (graphique 5) les eaux et l’air sont

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ensemble, comme dans le jugement sur le niveau de la pollution et le sol constitue un élément séparé.

4

4

4

4

4

4

5

5

5

Q8 Q9 Q10

Sˇ rie1

Graphique 5. Histogramme à partir de la moyenne des réponses aux énoncés 8, 9 et 10. (Q 8. Les océans, les rivières et les lacs sont irréversiblement pollués. ; Q. 9. Le sol est irréversiblement pollué. ; Q 6. L’air est irréversiblement pollué.)

Projection des variables sur le plan factoriel ( 1 x 2)

Active

Q8

Q9

Q10

-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0

Fact. 1 : 63,81%

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

Fact. 2 : 18,88%

Graphique 6. Projection des variables sur le plan factoriel.

L’irréversibilité des trois éléments est corrélée. (Tableau 16).

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Q8 Q9 Q10Q8 1,00 0,46 0,48Q9 0,46 1,00 0,44

Q10 0,48 0,44 1,00

Tableau 16. Corrélations irréversibilité. Corrélations significatives marquées en rouge à p <,05, N=237

II. II. 4. 2. b. Analyse des réponses des cinq groupes

Le graphique 7 indique des différences dans la représentation de la réversibilité de la pollution et dans les relations entre les réversibilités des trois éléments étudiés. Ce sont les enfants de Perpignan suivis par les enfants de Paris qui jugent le plus sévèrement l’irréversible de la pollution des différents milieux.

0

1

2

3

4

5

6

Enfant

Paris

Enfant

Perpign

an

Jeun

es A

dulte

s

Adulte

s

Etrang

ers

Q8

Q9

Q10

Graphique 7. Des réponses des cinq groupes concernant l’irréversibilité(Q 8. Les océans, les rivières et les lacs sont irréversiblement pollués. ; Q. 9. Le sol est irréversiblement pollué. ; Q 6. L’air est irréversiblement pollué.)

Nous allons maintenant étudier les corrélations concernant le jugement de la réversibilité de la pollution des trois éléments à l’intérieur de chaque groupe de sujet.

50

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  Q8 Q9 Q10Q8 1,00 0,21 0,28Q9 0,21 1,00 0,37Q10 0,28 0,37 1,00

Tableau 17. Corrélations (réversibilité) de Gr. 1. (Enfants Paris) Corrélations significatives marquées à p < ,05 (en rouge)

Les enfants parisiens pensent que l’irréversibilité de la pollution du sol (terre), des eaux et de l’air est en corrélation tandis que l’irréversibilité de l’air et des océans n’est pas corrélée.

Pour les enfants de Perpignan la réversibilité des trois éléments est corrélée entre eux.

  Q8 Q9 Q10Q8 1,00 0,41 0,29Q9 0,41 1,00 0,36Q10 0,29 0,36 1,00

Tableau 18. Corrélations (réversibilité) de Gr. 2. (Enfants Perpignan) Corrélations significatives marquées à p < ,05000 N=237 (rouge)

Les résultats des jeunes adultes présentent encore les corrélations plus importantes entre les trois éléments : la corrélation la plus importante est entre l’irréversibilité de la pollution des Océans et de l’air et la moins importante entre le sol et la terre.

  Q8 Q9 Q10Q8 1,00 0,61 0,68Q9 0,61 1,00 0,44Q10 0,68 0,44 1,00

Tableau 19. Corrélations (réversibilité) de Gr. 3. (Jeunes adultes) Corrélations significatives marquées à p < ,05 (rouge)

À l’instar du jugement sur le niveau de la pollution pour lequel il y avait peu de différences entre les jeunes adultes et adultes nous retrouvons les mêmes similitudes dans le jugement de la réversibilité, donc des fortes corrélations déjà remarquées chez les jeunes adultes.

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  Q8 Q9 Q10Q8 1,00 0,68 0,67Q9 0,68 1,00 0,58Q10 0,67 0,58 1,00

Tableau 20. Corrélations (réversibilité) de Gr. 4. (adultes) Corrélations significatives marquées à p < ,05 (rouge)

Cette fois-ci les données des adultes étrangers montrent les mêmes corrélations que celles des jeunes adultes et adultes parisiens.

  Q8 Q9 Q10Q8 1,00 0,68 0,68Q9 0,68 1,00 0,51Q10 0,68 0,51 1,00

Tableau 21. Corrélations (réversibilité) de Gr. 4. (Étrangers) Corrélations significatives marquées à p < ,05 (rouge)

Pour les enfants la pollution de l’air et des eaux est plus irréversible que pour les adultes. Est-ce à cause de la non mise en place de la notion de la réversibilité ou bien de l’influence de l’environnement des enfants ? Ce sont les enfants de Perpignan qui sont les moins « optimistes », suivis par les enfants parisiens. Nous pouvons supposer que les enfants sont largement sensibilisés aux problèmes liés à la pollution à l’école, et en outre soumis à la multiplication des informations alarmistes des mass média. De l’autre côté ils expérimentent depuis leur plus jeune âge les conséquences de la pollution. Ainsi, ils peuvent facilement construire des représentations bimétriques de la pollution qui sont fortes et stables. La représentation bimétrique (Lammel, Nemes, 1988) est une représentation organisée en reliant deux ensembles d'éléments à des sources de connaissances différentes (même contradictoires ; par exemple, expérience directe, discours religieux) dans le but d’obtenir un état d'équilibre désigné par un but commun. La métrie (distance) de ces deux côtés du but (équilibre) désiré détermine la force des bimétries : plus petite est la distance entre les sources de connaissances plus forte est la bimétrie. Ainsi les enfants qui d’une part entendent des informations alarmistes sur la pollution et d’autre part ont une expérience quotidienne de celle-ci, peuvent très facilement construire des représentations bimétriques : la pollution très élevée selon leurs représentation est irréversible ou bien peu réversible.

Ces résultats suggèrent la présence d’une pensée holistique : l’acceptation du déterminisme des processus incontrôlables qui contribue à l’irréversibilité de la pollution.

Les jeunes étrangers sont les plus optimistes. Cependant nous pensons que le pessimisme des enfants et l’optimisme des jeunes étrangers, par des processus différents, reflètent une pensée plutôt holistique. Les enfants montrent des constances dans leurs jugements et les jeunes étrangers montrent une pensée basée plutôt sur les relations dialectiques qui permettent la contradiction.

Les jeunes adultes et les adultes considèrent que les processus de la pollution ne sont ni réversibles, ni irréversibles. Ceci peut refléter d’une part la présence d’une pensée basée sur une logique abstraite mais également l’inconsistance des informations concernant ce sujet.

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II. II. 4. 3. Attribution de la responsabilité

Dans les entretiens non directifs et semi-directifs ainsi que dans les définitions de la pollution les sujets ont posé la notion de la pollution atmosphérique et de la pollution en générale dans des relations causales. Les sujets n’évoquent pas les aspects physiques et chimiques de la pollution mais ses causes et ses effets. Dans leurs discours les « responsables » de la pollution sont tantôt les objets, tantôt les « hommes » en général, tantôt l’industrie et plus rarement les animaux ou l’agriculture. Nous avons choisi les « responsables » les plus souvent cités parmi lesquels nous avons retrouvé les victimes aussi. Nous avons donné le nom « attribution de la responsabilité » à une sous-échelle qui englobe les questions 13-20.

II. II. 4. 3. a. Globalité des réponses

La synthèse de la fiabilité de la sous-échelle « attribution de la responsabilité » est (N : 237) ; Alpha Cronbach : ,5890, Alpha Standardisé : ,596, Corrél. moy. inter-quest.:,1592.

La cohérence interne de cette sous échelle est plus faible que celle des autres étant donné les grandes différences entre la nature des items. 

0

1

2

3

4

5

6

7

Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20

Sˇ rie1

Graphique 8. Moyenne des valeurs données aux énoncés 13-20 

(Q 13. Les industries sont responsables de la pollution. ; Q14. Les moyens de transport sont responsables de la pollution. ; Q 15. Les animaux sont responsables de la pollution. ; Q 16. Les hommes sont responsables de la pollution. ; Q 17. Les appareils ménagers (les appareils électriques, les ampoules, les frigidaires, etc.) sont responsables de la pollution ; Q 18. Les ordures ménagères sont responsables de la pollution ; Q 19. L’agriculture est responsable de la pollution. ; Q 20. Les emballages sont responsables de la pollution.)

Le graphique montre clairement que les animaux et l’agriculture sont jugés les moins responsables de la pollution tandis que la responsabilité des hommes (en général), de l’industrie et des transports sont considérées avec les « chiffres » les plus élevés.

Le tableau 22 indique la corrélation entre les différentes attributions de la responsabilité.

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  Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20Q13 1 0,4 0 0,36 0,19 0,26 -0,03 0,27Q14 0,4 1 -0,11 0,26 0,15 0,22 -0,05 0,14Q15 0 -0,11 1 -0,17 0,15 -0,04 0,29 -0,15Q16 0,36 0,26 -0,17 1 0,23 0,25 0,12 0,29Q17 0,19 0,15 0,15 0,23 1 0,24 0,26 0,19Q18 0,26 0,22 -0,04 0,25 0,24 1 0,11 0,38Q19 -0,03 -0,05 0,29 0,12 0,26 0,11 1 0,14Q20 0,27 0,14 -0,15 0,29 0,19 0,38 0,14 1

Tableau 22. Corrélations significatives marquées à p <, 05, en rouge, N=237

Dans le tableau 22 apparaissent des corrélations négatives qui indiquent que les animaux constituent une catégorie à part, dont la responsabilité ne peut pas être mise en relation avec celle des autres pollueurs.

Dans le cas de l’attribution de la responsabilité nous pouvons distinguer trois groupes qui se différencient : 1/. L’homme avec son industrie, ses transports, ses emballages ; 2/. Les objets pollueurs mais peu responsables (appareils ménagers) ou bien les objets qui proviennent des activités humaines (ordures ménagères) ; 3/. La « nature », englobant les animaux et l’agriculture.

Ces trois grandes catégories selon les explications anthropologiques peuvent bien représenter dans notre monde industriel l’opposition entre « nature » (animaux, plantes (agriculture)) et l’homme qui est « instrumentalisé » et « objectivé ». Derrière l’industrie, le transport ou les emballages se cachent l’activité humaine industrielle et polluante. Dans cette opposition homme/nature, l’homme est représenté avec ses « prolongements objectivés » qui sont considérés comme porteurs de responsabilité sur l’état actuel de notre planète. Entre ces deux pôles se situent des objets qui semblent être exemptés, comme les appareils ménagers et les ordures ménagères, et qui se situent entre la bonne nature et le « méchant » homme-industrie.

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Projection des variables sur le plan factoriel ( 1 x 2)

Active

Q13 Q14

Q15

Q16

Q17

Q18

Q19

Q20

-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0

Fact. 1 : 29,21%

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

Fact. 2 : 18,22%

Graphique 9. Projection des variables (Annoncés, Q 13-20) sur le plan factoriel

Nous allons maintenant examiner les différences développementales et interculturelles dans l’attribution de la responsabilité.

II. 4. 3. b. Analyse des réponses des groupes

Le graphique 10 représente les moyennes des réponses des sujets des cinq groupes.

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0,0

1,0

2,0

3,0

4,0

5,0

6,0

7,0

Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20

Enfants Paris

Enfants Perpignan

Jeunes adultes

Adultes

Etrangers

Graphique 10. Moyenne des réponses aux énoncés 13-20 (Q 13. Les industries sont responsables de la pollution. ; Q14. Les moyens de transport sont responsables de la pollution. ; Q 15. Les animaux sont responsables de la pollution. ; Q 16. Les hommes sont responsables de la pollution. ; Q 17. Les appareils ménagers (les appareils électriques, les ampoules, les frigidaires, etc.) sont responsables de la pollution. ; Q 18. Les ordures ménagères sont responsables de la pollution. ; Q 19. L’agriculture est responsable de la pollution. ; Q 20. Les emballages sont responsables de la pollution).

  Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20Q13 1 0,33 -0,07 0,45 0,04 0,22 -0,15 0,45Q14 0,33 1 -0,03 0,2 0,33 0,19 -0,05 0,1Q15 -0,07 -0,03 1 -0,29 0,19 -0,3 0,36 -0,45Q16 0,45 0,2 -0,29 1 0,1 0,19 -0,08 0,38Q17 0,04 0,33 0,19 0,1 1 -0,01 0,05 0Q18 0,22 0,19 -0,3 0,19 -0,01 1 -0,2 0,46Q19 -0,15 -0,05 0,36 -0,08 0,05 -0,2 1 -0,05Q20 0,45 0,1 -0,45 0,38 0 0,46 -0,05 1

Tableau 23. Corrélations significatives marquées à p < ,05, en rouge, Enfants de Paris

Tandis que dans la totalité des réponses la majorité des corrélations étaient significatives, selon les données des enfants parisiens les corrélations sont restreintes : entre la responsabilité des hommes, des industries et les transports ; entre les ordures ménagers et les emballages ; entre la responsabilité des animaux et de l’agriculture. La responsabilité des animaux est négativement corrélée avec celle des hommes, avec celle des ordures ménagères et avec celle des emballages. Les animaux sont ainsi exclus de la responsabilisation de l’état actuel de la pollution.

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Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20Q13 1 0,34 0,2 0,21 0,35 0,28 0,01 -0,1Q14 0,34 1 -0,06 0,27 0,17 0,31 0,04 -0,05Q15 0,2 -0,06 1 0,03 0,28 0,27 0,29 0,05Q16 0,21 0,27 0,03 1 0,27 0,14 0,19 -0,03Q17 0,35 0,17 0,28 0,27 1 0,32 0,33 -0,01Q18 0,28 0,31 0,27 0,14 0,32 1 0,09 0,16Q19 0,01 0,04 0,29 0,19 0,33 0,09 1 0,09Q20 -0,1 -0,05 0,05 -0,03 -0,01 0,16 0,09 1

Tableau 24. Corrélations significatives marquées à p <,05, en rouge, Enfants de Perpignan

Les enfants de Perpignan (tableau 24) distribuent différemment la responsabilité que les enfants parisiens. La responsabilité de l’industrie est corrélée, en plus d’avec transport, avec les appareils ménagers et avec les ordures ménagères. La responsabilité de l’homme n’est corrélée qu’avec celle du transport et des appareils ménagers. Le transport et les ordures ménagères sont également positivement corrélés. Par contre, les emballages forment une catégorie à part. Les animaux et l’agriculture sont positivement corrélés mais les enfants y intègrent les appareils ménagers et ces jugements montrent une corrélation positive entre la responsabilité des animaux et des ordures ménagères.

La vision des enfants de Perpignan semble être plus holistique, dans le sens qu’ils n’établissent pas de frontières entre les trois catégories présentés plus haut, comme le font les enfants parisiens. Nous pouvons penser que la différence de leurs milieux de vie et les spécificités des rapports avec celui-ci peuvent influencer la construction des représentations des enfants indépendamment de leur âge.

  Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20Q13 1 0,41 -0,05 0,09 0,17 0,29 0,03 0,25Q14 0,41 1 0 -0,09 0,08 0,22 -0,08 -0,16Q15 -0,05 0 1 0,02 0,13 -0,14 0,1 0,04Q16 0,09 -0,09 0,02 1 0,34 0,2 0,14 0,48Q17 0,17 0,08 0,13 0,34 1 0,57 0,45 0,59Q18 0,29 0,22 -0,14 0,2 0,57 1 0,44 0,57Q19 0,03 -0,08 0,1 0,14 0,45 0,44 1 0,39Q20 0,25 -0,16 0,04 0,48 0,59 0,57 0,39 1

Tableau 25. Corrélations significatives marquées à p <,05, en rouge, Jeunes adultes

Le tableau 25 présente un regard encore très différent en ce qui concerne les corrélations entre la responsabilité attribuée aux différents « pollueurs ». Le trafic et l’industrie son corrélés mais constituent une catégorie à part, comme les animaux. La responsabilité de l’homme est toutefois corrélée avec les éléments que nous avons désignés comme les éléments intermédiaires : les appareils ménagers et les emballages. Contrairement aux enfants de Perpignan les jeunes parisiens considèrent que la

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« responsabilité » des appareils ménagers, des ordures ménagères, de l’agriculture et des emballages sont en relation. Cela nous suggère qu’ils catégorisent l’agriculture par les propriétés de ces produits finaux (produit « emballé », plat cuisiné, conserves, etc.) et non pas par sa relation aux plantes ou aux animaux qui sous-entend une appartenance à un certain concept de « nature ».

  Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20Q13 1 0,5 0,24 0,37 0,35 0,54 0,01 0,5Q14 0,5 1 -0,29 0,21 0,11 0,18 -0,08 0,3Q15 0,24 -0,29 1 -0,25 -0,11 0,12 0,26 0,06Q16 0,37 0,21 -0,25 1 0,54 0,25 0,18 0,69Q17 0,35 0,11 -0,11 0,54 1 0,64 0,11 0,68Q18 0,54 0,18 0,12 0,25 0,64 1 0,19 0,51Q19 0,01 -0,08 0,26 0,18 0,11 0,19 1 0,28Q20 0,5 0,3 0,06 0,69 0,68 0,51 0,28 1

Tableau 26. Corrélations significatives marquées à p <, 05, en rouge, N = 32, Adultes

Dans la représentation des adultes (Tableau 26) les animaux et l’agriculture constituent des entités indépendantes de l’homme et de son univers industriel. Ils n’ont aucune corrélation ni entre eux, ni avec des autres « responsables ». Ce fait suggère la présence d’une représentation d’une nature bipolaire : les animaux font partie d’une nature sauvage ou domestiquée et l’agriculture est considérée tout simplement comme nature industrialisée. La responsabilité de l’homme est corrélée avec celle de l’industrie, des appareils ménagers et des emballages ! Curieusement la responsabilité de l’homme et celle du transport ne présentent pas de corrélations.

Chez les adultes apparaît une catégorie que nous pouvons intituler la responsabilité de l’industrie et de ses produits : transport, appareils ménagers, ordures ménagères et emballages. Ces derniers « produits » sont corrélés entre eux, mettant ainsi la responsabilité du transport à part avec celle de l’industrie.

Finalement nous allons examiner ce que les jeunes étrangers vivant à Paris « pensent » de la responsabilité des pollueurs (tableau 27).

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  Q13 Q14 Q15 Q16 Q17 Q18 Q19 Q20Q13 1 0,48 -0,48 0,48 0,08 0,21 0,04 0,31Q14 0,48 1 -0,28 0,56 -0,16 0,18 -0,12 0,33Q15 -0,48 -0,28 1 -0,33 0,01 -0,05 0,27 -0,2Q16 0,48 0,56 -0,33 1 0,05 0,47 0,12 0,22Q17 0,08 -0,16 0,01 0,05 1 0,08 0,11 0,14Q18 0,21 0,18 -0,05 0,47 0,08 1 0,41 0,28Q19 0,04 -0,12 0,27 0,12 0,11 0,41 1 0,13Q20 0,31 0,33 -0,2 0,22 0,14 0,28 0,13 1

Tableau 27. Matrice de corrélation. Corrélations significatives marquées à p <,05, en rouge, Jeunes adultes étrangers

Chez les jeunes étrangers résidant à Paris (tableau 27) apparaît, comme dans tous les groupes, une corrélation significative entre l’industrie et le transport et cette fois-ci ces responsabilités sont corrélées avec celle de l’homme, comme dans le tableau de corrélation de la totalité des données (tableau 22), mais avec une valeur plus élevée. La responsabilité de l’homme est corrélée également avec celle des ordures ménagères. La responsabilité de l’industrie est négativement corrélée avec celle des animaux. Comme les enfants de Perpignan les jeunes étrangers constituent une classe à part : les emballages. De plus, les appareils ménagers constituent aussi une catégorie à part. L’agriculture n’est corrélée qu’avec les ordures ménagères, une association qui apparaît également chez les jeunes adultes parisiens.

Du point de vue développemental nous pouvons constater que les enfants de Paris et de Perpignan ne jugent pas la responsabilité de la même manière : les enfants de Perpignan considèrent que l’industrie, le transport et les emballages sont plus responsables que ne le pensent les enfants parisiens. En général les enfants parisiens attribuent moins de responsabilité aux hommes, aux appareils ménagers et à l’agriculture que ne le font les jeunes adultes et les adultes. Les enfants de Perpignan considèrent que le transport est plus responsable que les jeunes adultes et les adultes parisiens, qui, de leur côté, attribuent plus de responsabilité à l’agriculture, les adultes « accusent » plus les animaux. Il existe peu de différence entre la représentation de la responsabilité des jeunes adultes et des adultes parisiens. La seule différence importante concerne la responsabilité des animaux.

Les représentations des enfants et des jeunes étrangers ne différent que dans une seule dimension : la différence avec les enfants de Paris concerne la responsabilité de l’industrie que est jugée plus importante par les jeunes étrangers, et les jeunes étrangers considèrent que les emballages sont moins responsables que ne le pensent les enfants de Perpignan.

La différence dans les jugements du niveau de responsabilité entre les jeunes adultes, les adultes parisiens et les jeunes étrangers est importante dans trois domaines : les appareils ménagers, les ordures et les emballages sont jugés moins responsables par les adultes parisiens que par les étrangers. Pour leur part, les jeunes étrangers attribuent moins de responsabilité à l’agriculture que ne le font les adultes parisiens.

Dans cette partie nous nous sommes intéressés aux représentations des responsables de la pollution, dont la pollution atmosphérique qui a été jugée la plus importante et le moins réversible. Les résultats nous montrent que concernant les « responsables » les représentations peuvent dépendre de l’âge (différences

59

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enfants/adultes), mais également de l’influence du milieu de vie (enfants de Perpignan/ enfant de Paris), ainsi que des expériences prolongées avec un environnement donné que ce soit physique ou idéologique et des appartenances culturelles.

Cette partie de l’étude nous a permis d’identifier l’intégration progressive de certains discours qui détournent la responsabilité humaine vers les objets fabriqués ou bien vers les déchets. Cependant dans la représentation des enfants et des jeunes étrangers, l’homme qui est producteur de la pollution est confronté au monde innocenté des animaux et, sous-entendu, des plantes. La représentation de la responsabilité dans sa globalité exprime un jugement négatif sur l’homme, sur ses « produits » et sur ses activités polluantes. Cette représentation se rapproche plutôt des valeurs « Biosphériques » (« biospheric ») selon la catégorisation de Schultz et al. (2004). La « nature » est victime et non plus une « source » de bien-être pour l’homme. Ici nous somme témoins d’une vision plutôt « écocentrique» qui suggère que les attitudes polluantes irresponsables mettent en péril la « nature » (Gagnon Thompson, Barton, 1994).

60

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II. II. 4. 4. L’implication collective

Les entretiens non-directifs et semi-directifs ont relevé que la représentation de la pollution atmosphérique ainsi que d’autres formes de pollution soulèvent la question de l’implication ou plutôt du manque d’implication collective dans la résolution des problèmes liés à ce phénomène. Nous avons choisi les thèmes évoqués par nos sujets pour voir dans quelle mesure ils peuvent imaginer « la vie collective» sans les « progrès » de notre société industrielle. Nous avons choisi les items ayant un lien de sens commun avec la société industrielle : usine, électricité, transport et la voiture. Cette dernière fait partie de la réalité quotidienne mais elle est également un symbole de la modernité et de la richesse.

II. II. 4. 4. a. Globalité des réponses

La fiabilité de cette sous-échelle suggère qu’elle a des dimensions assez indépendantes (Alpha Cronbach : ,57 ; Alpha standardisé : ,54, Corrélation moy. entre questions : ,24).

Graphique 11. L’implication collective. Histogramme à partir de la moyenne des réponses aux énoncés

21-24. (Q. 21. Nous pouvons vivre sans usine. ; Q. 22. Nous pouvons vivre sans voiture. ; Q. 23. Nous pouvons vivre sans électricité. ; Q. 24. Nous pouvons vivre sans moyen de transports.)

Le graphique 11 indique que les usines sont jugées par les sujets comme les moins indispensables pour notre vie, suivies par l’électricité, la voiture et finalement par les moyens de transport en général. Cette représentation, dans sa globalité reflète une réalité bien « française » où malgré la délocalisation de l’industrie (des usines) la vie continue ; cependant l’électricité, les voitures ou bien les transports en communs sont indispensables pour mener une vie « normale ».

Le tableau de corrélation (tableau 28) ainsi que la projection des variables sur le plan factoriel indiquent clairement que l’usine est une catégorie à part, tandis que

61

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

6,00

Q21 Q22 Q23 Q24

Sˇ rie1

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l’électricité, les moyens de transport et les voitures sont corrélés entre eux et se positionnent ensemble.

Q21 Q22 Q23 Q24Q21 1,00 0,02 0,05 0,03Q22 0,02 1,00 0,43 0,45Q23 0,05 0,43 1,00 0,40Q24 0,03 0,45 0,40 1,00

Tableau 28. Matrice de corrélations (implication collective) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge, N=237 (Observations à VM ignorées)

Projection des variables sur le plan factoriel ( 1 x 2)

Active

Q21

Q22 Q23 Q24

-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0

Fact. 1 : 46,50%

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

Fact. 2 : 24,92%

Graphique 12. Projections des énoncés (Q 21- Q 24) sur le plan factoriel.

Toutefois nous pensons qu’il existe de fortes différences développementales et interculturelles concernant le jugement sur l’implication collective possible.

II. II. 4. 4. b. Analyse des réponses des groupes

L’histogramme présenté (graphique 13) nous indique déjà des différences entre les items et entre les groupes. Cet histogramme indique que ce sont les enfants de Paris qui considèrent – plus que les autres groupes –que nous pouvons vivre sans les avancées technologiques de notre civilisation industrielle. Le transport en général semble être l’élément le plus indispensable et ce pour tous les groupes.

62

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0

1

2

3

4

5

6

7

Enfants

Pari

s

Enfants

Perp

ignan

Jeun

es ad

ultes

Adulte

s

Etrang

ers

Q21

Q22

Q23

Q24

Graphique 13. L’implication collective. Histogramme à partir de la moyenne des réponses aux énoncés Q 21-24. (Q. 21. Nous pouvons vivre sans usine. ; Q. 22. Nous pouvons vivre sans voiture. ; Q. 23. Nous pouvons vivre sans électricité. ; Q. 24. Nous pouvons vivre sans moyen de transports.)

Les coefficients de corrélations selon les groupes nous confirment les différences.

Q21 Q22 Q23 Q24Q21 1,00 0,07 -0,05 -0,05Q22 0,07 1,00 0,32 0,41Q23 -0,05 0,32 1,00 0,26Q24 -0,05 0,41 0,26 1,00

Tableau 29. Matrice de corrélations Enfants de Paris (implication collective) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Dans le jugement des enfants parisiens la différence par rapport à la totalité des réponses consiste dans le fait qu’ils ne corrèlent pas la nécessité des transports en général avec l’électricité. Ils considèrent avec les chiffres les plus élevés que nous pouvons vivre autant sans voiture que sans électricité, les deux étant corrélés entre eux .

Q21 Q22 Q23 Q24Q21 1,00 0,02 0,06 0,08Q22 0,02 1,00 0,31 0,39Q23 0,06 0,31 1,00 0,38Q24 0,08 0,39 0,38 1,00

Tableau 30. Matrice de corrélations Enfants de Perpignan (implication collective) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Dans les jugements des enfants de Perpignan (tableau 30), des jeunes adultes (tableau 31) et des adultes (tableau 32) nous retrouvons les mêmes types de corrélations que dans la population générale.

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Q21 Q22 Q23 Q24

Q21 1,00 -0,11

-0,10

-0,02

Q22 -0,11 1,00 0,55 0,47Q23 -0,10 0,55 1,00 0,49Q24 -0,02 0,47 0,49 1,00

Tableau 31. Matrice de corrélations  Jeunes de Paris (implication collective) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Q21 Q22 Q23 Q24Q21 1,00 0,01 0,08 0,05Q22 0,01 1,00 0,48 0,50Q23 0,08 0,48 1,00 0,40Q24 0,05 0,50 0,40 1,00

Tableau 32. Matrice de corrélations Adultes de Paris (implication collective) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Les données des étrangers habitant à Paris présentent une relation entre la nécessité des usines et de l’électricité pour la vie de tous les jours.

Q21 Q22 Q23 Q24Q21 1,00 0,00 0,35 0,05Q22 0,00 1,00 0,32 0,53Q23 0,35 0,32 1,00 0,48Q24 0,05 0,53 0,48 1,00

Tableau 33. Matrice de corrélations des étrangers de Paris (implication collective) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Les enfants ne jugent pas de la même manière la nécessité de l’usine et de l’électricité : les enfants de Paris imaginent plus difficilement de vivre sans usine mais par contre ils considèrent que nous pouvons nous passer de l’électricité, contrairement aux enfants de Perpignan. Les enfants parisiens se représentent une vie où nous pouvons plus facilement renoncer aux voitures et à l’électricité que ne le pensent les adultes en général. Cependant l’usine reste plus nécessaire pour les enfants parisiens que pour les adultes.

Les enfants de Perpignan bien que moins « altruiste » en faveur de l’environnement que les enfants parisiens, sont néanmoins plus « altruistes » que les adultes. Ces données vont dans le sens de l’étude de Kahn et al. (1996) qui considère que les enfants ont une certaine conscience proche du modèle « spirituel » de l’environnement dont ils considèrent que la pureté est importante. Pour eux les usines, les voitures et l’électricité sont moins indispensables pour la vie quotidienne qu’elles ne le sont pour les jeunes adultes, les adultes ou les étrangers.

Les étrangers habitant à Paris jugent les usines et l’électricité significativement plus indispensables que ne le font les adultes parisiens.

Le fait que les jugements des adultes se ressemblent suggère que la représentation dominante dans le monde des adultes est l’ « indispensabilité » des objets mis en cause dans les processus de pollution. La voiture et le transport sont considérés comme les plus néfastes pour la pollution de l’air. C’est la pollution atmosphérique qui

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est jugée la plus élevée et la plus irréversible. Cependant les adultes considèrent que sans voitures ou sans transport nous ne pouvons pas vivre ! Ce fait souligne bien la difficulté de la question de la pollution. Les enfants des deux régions, malgré le fait qu’ils ne jugent pas de la même manière l’importance des objets « pollueurs », montrent une plus grande tendance à considérer ces objets comme non-indispensables à la vie quotidienne. Il peut, bien-sûr, s’agir ici d’une simple « immaturité » de la pensée enfantine. Nous considérons cependant que la question est plus complexe : l’approche des enfants semble être plus holistique, donc selon notre point de vue, plus adaptée que celle des adultes. Il nous semble qu’ils montrent également une attitude plus cohérente et consciencieuse vis-à-vis de l’environnement que les jeunes adultes ou les adultes parisiens.

Comment expliquer la contradiction entre la représentation de la gravité de la pollution et une vision de l’impossibilité à renoncer aux causes de la pollution chez les jeunes étrangers ? Nous avons vu que la pensée holistique est basée avant tout sur les expériences et non sur les expérimentations. Nous pouvons supposer que les jugements des jeunes étrangers concernant la responsabilité collective sont basés sur des expériences et la vision holistique permet justement l’acceptation de la présence des contradictions.

II. II. 4. 5. Implication individuelle

Nous avons considéré que l’implication individuelle dans la « lutte » contre la pollution peut être un bon indicateur de la représentation de ce phénomène : comment se situe le sujet lui-même dans les processus de pollution ? Pense-t-il qu’un seul individu peut faire quelque chose contre les conséquences néfastes de notre monde industriel. Nous avons considéré que ces réponses peuvent nous donner des indications concernant les représentations des sujets.

II. II. 4. 5. a. Globalité des réponses

La sous-échelle de l’implication individuelle concernant l’attitude vis-à-vis de la pollution, du point de vue statistique, n’est pas homogène : Alpha Cronbach : ,55 ; Alpha standardisé : ,53 ; Corrélation moy. entre quest.: ,28

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0

1

2

3

4

5

6

Q25 Q26 Q29

Sˇ rie1

Graphique 14. L’implication individuelle. Moyenne des réponses aux énoncés Q 25-26, et Q 29. (Q.25 Tu/vous peux/pouvez vivre sans télévision. ; Q 26. Tu/vous peux/pouvez vivre sans aller au »fast food »/ au restaurant. ; Q. 29. Tu/vous peux/pouvez faire quelque chose pour améliorer la qualité de l’air.)

Même si nous sommes conscients de la nature différente de ces questions nous avons jugé pertinent de les analyser ensemble. Nous avons choisi deux items de « loisir » et nous y avons ajouté une question très précise concernant le jugement de la possibilité d’agir personnellement pour améliorer l’état de l’air. Comme le graphique 14 le montre dans la globalité des réponses, l’énonce 29 (Q 29) qui est à la fois  flou et général est associé aux chiffres les plus élevés.

Malgré la faible fiabilité de l’échelle nous avons calculé les corrélations (tableau 34). Tous les items sont corrélés, même si la corrélation entre la question 25 et 26 est nettement plus forte qu’entre les questions 29 et 25, 26. Ceci nous suggère que l’implication individuelle est moins forte quand il s’agit de renoncer à des activités concrètes que quand il s’agit de « faire » quelque chose en général.

Q25 Q26 Q29Q25 1,00 0,51 0,16Q26 0,51 1,00 0,17Q29 0,16 0,17 1,00

Tableau 34. Matrice de corrélations de la globalité des réponses (implication individuelle) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge, N=237

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Projection des variables sur le plan factoriel ( 1 x 2)

Active

Q25 Q26

Q29

-1,0 -0,5 0,0 0,5 1,0

Fact. 1 : 53,26%

-1,0

-0,5

0,0

0,5

1,0

Fact. 2 : 30,35%

Graphique 14. Projection des variables de l’implication individuelle sur le plan factoriel

La projection des variables sur le plan factoriel nous montre que les réponses aux énoncés (Q) 25 et 26 sont très proches et qu’elles sont séparées des réponses données à l’énoncé (Q) 29.

Ce résultat va dans le sens des résultats de la première partie de la recherche concernant l’absence de la conceptualisation d’une implication et responsabilisation individuelle dans le concept de pollution. Cependant nous pensons qu’il y aura des différences dans les réponses des différents groupes.

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II. II. 4. 5. b. Analyses des réponses des groupes

0

1

2

3

4

5

6

Enfants

Pari

s

Enfants

Perp

ignan

Jeun

es A

dulte

s

Adulte

s

Etrang

ers

Q 25

Q 26

Q 29

Graphique 15. L’implication individuelle. La moyenne des réponses aux énoncés Q 25-26, et Q 29. (Q.25 Tu/vous peux/pouvez vivre sans télévision. ; Q 26. Tu/vous peux/pouvez vivre sans aller au »fast food »/ au restaurant. ; Q. 29. Tu/vous peux/pouvez faire quelque chose pour améliorer la qualité de l’air.)

Dans tous les groupes, le plus difficile est de renoncer à la télévision, suivi du fast-food et finalement les possibilités d’agir d’une manière globale contre la pollution de l’air donnent un résultat plus élevé

Nous avons vu qu’au niveau de la totalité des réponses les trois questions ont été corrélées. Ici nous allons étudier les corrélations groupe par groupe.

Q25 Q26 Q29Q25 1,00 0,44 0,25Q26 0,44 1,00 0,35Q29 0,25 0,35 1,00

Tableau 35. Matrice de corrélations Enfants Paris (implication individuelle) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Les enfants de Paris corrèlent (tableau 35), de manière significative, les questions 25 et 26 et d’une manière moins forte les questions 26 et 29.

Q25 Q26 Q29Q25 1,00 0,53 0,36Q26 0,53 1,00 0,33Q29 0,36 0,33 1,00

Tableau 36. Matrice de corrélations Enfants de Perpignan (implication individuelle) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

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Les réponses des enfants de Perpignan aux trois questions sont également corrélées (tableau 36) bien que la corrélation entre les jugements concernant la renonciation à la télévision et au « fast-food » soit plus forte qu’entre ces deux items et la possibilité personnelle de faire quelque chose en générale pour améliorer l’état de l’air.

Q25 Q26 Q29Q25 1,00 0,45 0,16Q26 0,45 1,00 -0,15Q29 0,16 -0,15 1,00

Tableau. 37. Matrice de corrélations des jeunes adultes (implication individuelle) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Le tableau de corrélation des jeunes adultes (tableau 37) montre une tout autre image. Tandis que les questions 25 et 26 sont corrélées nous trouvons même une corrélation négative entre les réponses aux énoncés (Q) 26 et 29. Chez les adultes ces tendances sont encore plus marquées (tableau 38). Les jeunes étrangers ne diffèrent pas non plus dans ses réponses.

Q25 Q26 Q29Q25 1,00 0,66 -0,20Q26 0,66 1,00 -0,18Q29 -0,20 -0,18 1,00

Tableau 38. Matrice de corrélations des adultes (implication individuelle) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Q25 Q26 Q29Q25 1,00 0,50 -0,13Q26 0,50 1,00 0,06Q29 -0,13 0,06 1,00

Tableau 39. Matrice de corrélations des jeunes étrangers (implication individuelle) Corrélations significatives marquées à p < ,05 en rouge

Ici nous pouvons identifier une différence développementale qui montre que les enfants sont plus cohérents dans leurs implications concrètes et globales et sont plus disposés à faire quelque chose pour l’environnement. Ceci est en harmonie avec leurs attitudes « altruistes » et relève probablement d’une vision plus « biosphérique ».

Les réponses des adultes montrent bien une vision égocentrique concernant la pollution atmosphérique où les actions ne s’inscrivent que dans un discours général. Ceci nous renforce dans l’idée qu’ils disposent d’une vision analytique du phénomène de la pollution où l’implication personnelle n’est intégrée qu’au niveau discursif.

Concernant les jeunes adultes étrangers cette fois-ci il est difficile de justifier une vision « holistique » qui gérera l’implication individuelle.

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II. II. 4. 6. La nature de la pollution : questions opposées et questions orphelines

En dernier lieu nous allons étudier quelques aspects de la représentation des caractéristiques propres à la pollution. Nous allons également chercher à voir dans quelle mesure nos sujets peuvent ou non imaginer l’existence d’un monde sans pollution.

II. II. 4. 6. a. La possibilité d’un monde sans pollution

Selon le jugement de la totalité des sujets, il n’y a pas beaucoup d’espoir d’avoir un monde sans pollution, mais en même temps cette possibilité n’est pas totalement exclue. La moyenne des réponses est cependant un petit peu plus proche d’une réponse affirmative (graphique 16).

Monde sans pollution

00,5

11,5

22,5

33,5

44,5

1

Totalitˇ des sujets

Vale

urs

Sˇ rie1

Graphique 16. Le monde sans pollution. Moyenne des réponses à l’énoncé 30 (Q 30 : Il pourra exister un monde sans pollution.)

Si nous étudions les réponses selon les groupes (graphique 17) nous pouvons remarquer que les enfants de Perpignan suivis par des enfants de Paris sont les plus optimistes. Les jeunes adultes suivis par les jeunes étrangers sont les plus pessimistes et la représentation des adultes se situe entre les deux visions. Ces résultats suggèrent que les enfants ont une vision plus probabiliste et moins déterministe que les adultes. Cependant ces différences restent qualitatives et d’autres études plus fines seront nécessaires afin de les confirmer statistiquement.

70

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Monde sans pollution

0

1

2

3

4

5

6

Gr. 1 Gr. 2 Gr. 3 Gr. 4 Gr. 5

Groupes

Vale

urs

Sˇ rie1

Graphique 17. Le monde sans pollution. Histogramme à partir de la moyenne des réponses de chaque groupe à l’énoncé 30

(Q 30 : Il pourra exister un monde sans pollution.)

II. 4. 6. b. Questions contradictoires concernant la nature de la pollution

Nous avons proposé deux énoncés concernant la nature négative/positive de la pollution en faisant l’hypothèse que les réponses des sujets peuvent nous donner des indications concernant la cohérence de leurs représentations (Graphique 18). Nous avons supposé qu’ils vont considérer que si la pollution est complètement négative, on ne peut pas présumer l’existence d’une forme de pollution positive. Étant donné que les sujets ne considèrent pas que la pollution soit totalement négative, ils n’excluent pas la possibilité d’une forme de pollution positive. Ceci confirme nos idées préalables que la représentation de la pollution, malgré un jugement très négatif, reste ambiguë. 

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Nature de la pollution

0

1

2

3

4

5

6

Q27 Q28

Questions

Vale

urs

Sˇ rie1

Graphique 18. Histogramme à partir de la moyenne des réponses tous les sujets aux énonces 27, 28.(Q 27. La pollution est complètement négative. ; 28 Il existe une forme positive de la pollution.) 

Contrairement à nos attentes nous n’avons pas constaté des différences très grandes entre la représentation de nos groupes. Curieusement ce sont les adultes qui donnent les réponses les plus contradictoires.

Nature de la pollution

0

1

2

3

4

5

6

Gr1 Gr2 Gr3 Gr4 Gr5

Groupes

Vale

urs

Q27

Q28

Graphique 19. Histogramme à partir de la moyenne des réponses de chaque groupe aux énoncés 27, 28((Q 27) La pollution est complètement négative. ; (Q 28) Il existe une forme positive de la pollution). 

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II. III. Discussion générale et perspectives

Les travaux en psychologie sociale ont montré que les représentations sont certes le fruit d’une reconstruction individuelle de la réalité (Jodelet, 1989), mais qu’elles sont avant tout le fait de l’acquisition de représentations déjà constituées dans l’environnement culturel d’un individu. Alors que la pollution dans sa progression actuelle, par ses conséquences néfastes et par ses causes incontrôlables n’est pas « gouvernable », selon la terminologie4 de Jodelet (Jodelet, 1989). Il s’agit également d’un concept « jeune » qui est encore dans une phase primaire de conceptualisation, comme nous avons pu le démontrer.

Nous pouvons relier nos résultats concernant l’organisation des concepts à l’approche théorique qui différencie l’importance de l’organisation sociale sur la représentation du monde. Si l’on se réfère aux travaux de Hofstede (1980), la communication entre les individus en France s’effectue dans des sphères séparées, et les personnes qui échangent les informations n’ont pas les mêmes systèmes de références. Bien que la pollution soit un sujet d’actualité largement médiatisé, et le discours sur ce phénomène atteint tous les individus, les représentations qui se forment au niveau conceptuel restent très différentes puisque chaque individu traite ces informations à sa manière.

Notre étude a mis en évidence la présence d’une représentation anthropologique d’unité entre le monde végétal et l’homme et sa séparation d’avec le monde animal qui est cependant considéré comme victime et non responsable de l’état actuel de notre planète. L’air, qui nous intéresse particulièrement dans cette étude, forme une unité avec l’eau mais est séparé de la terre.

Notre approche développementale et interculturelle nous a permis de constater des différences entre les groupes. Selon les résultats de notre analyse, les enfants et les adultes n’ont pas les mêmes représentations concernant la relation entre ses différents polluants : les enfants constituent des « facteurs » entre les animaux, le corps propre et les plantes, contrairement aux adultes parisiens. Dans les représentations des jeunes adultes, des adultes et des adultes étrangers le degré de pollution du corps propre est carrément à l’opposé de celui des plantes et des animaux et se rapproche plus des autres éléments pollués, comme l’air ou l’eau. L’aspect « analytique » de la pensée des adultes est bien confirmé et montre que le corps humain ne constitue pas une partie de la nature vivante. Pour les jeunes adultes même le degré de pollution de la terre est jugé plus proche de celui de leurs corps que celui des animaux ou des plantes !

D’après notre analyse, la représentation de la pollution s’organise autour de quatre axiomes :

1/. Les contraintes matérielles (impossibilités/possibilités de vivre sans les sources de la pollution) ;

2/. L'utilitarisme (la pollution est un mal mais les sources de la pollution sont utiles) ;

3/. Le déterminisme du milieu (la nature comme victime/ le pouvoir de l’homme sur la nature) ;

4 « Nous apprenons moins à construire le monde que nous n’apprenons la construction déjà réglée de ce monde, les catégories qui l’organisent, les valeurs qui le polarisent, les principes mêmes de compréhension qui la rende gouvernable » (Jodelet, 1989 : 54.).

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4/. L'individualisation/collectivisation (la pollution se construit à travers des activités individuelles/collectives et a des effets sur l’individu et sur les hommes).

Nous pouvons en conclure, en suivant certains idées de l’anthropologie « matérialiste » et « environnementaliste » (White, 1959, Harris, 1979), que la représentation de la pollution ainsi que les attitudes que nous avons pu en déduire reflètent des adaptations aux contraintes matérielles de l’environnement. La pollution jugée néfaste est en même temps une fatalité. Cependant nous avons vu que les enfants et les jeunes étrangers voient ces questions quelque peu différemment des adultes. On pourrait dire que tandis que les adultes parisiens ont une représentation déterministe de la pollution, les enfants et les jeunes adultes étrangers ont une approche plus probabiliste. Selon eux il est possible que les processus de pollutions soient réversibles les enfants envisageant plus facilement un monde sans pollution.

Bien que notre sujet d’étude porte sur la représentation de la pollution atmosphérique en le de France, il nous semble que nous ne pouvons pas comprendre cette représentation en particulier sans la situer dans une perspective anthropologique plus globale. Nous considérons que les représentations sont des moyens d’adaptation au processus de changement pour un meilleur accommodement entre l’organisme et l’environnement (facteur fondamental entre adaptation, évolution, histoire et écologie). La culture joue ici le rôle de médiateur qui doit être capable de fournir des systèmes de signification qui établissent les rapports entre les populations humaines et leurs environnements. En conséquence, les systèmes culturels sont des « systèmes d’informations ouverts » (Clarke, 1968, Kirsh, 1982) permettant l’échange des groupes culturels avec leurs environnements (Kirsh, 1982). Dans ce processus, les cognitions et les comportements humains les mieux adaptés aux contraintes d’environnement seront retenus par une sorte de sélection interne.

Nous considérons qu’il existe un processus de co-contruction entre l’environnement et les aspects cognitifs et sociaux des individus et des groupes humains. Il nous semble qu’une grande confusion s’est établie dans cette co-contruction : aux niveaux cognitifs les phénomènes environnementaux, comme la pollution, sont peu ou pas compris et aux niveaux sociaux c’est plutôt une co-destruction qui s’installe. Est-il possible d’améliorer cette situation ? Nos données curieusement suggèrent que dans cette situation de changements environnementaux accélérés ce ne sont pas les représentations des adultes parisiens, dominés par une pensée analytique, qui doivent être sélectionnées pour une meilleure co-construction homme/environnement, mais plutôt des approches holistiques, éco-centriques et altruistes des enfants et partiellement des jeunes étrangers. Cette vision peut paraître utopique et contradictoire avec les ressources dominantes dans notre culture, mais le caractère peu structuré du concept de pollution tel qu’il apparaît à travers notre étude peut laisser penser qu’il serait nécessaire de l’intégrer à l’ensemble des éléments qui définissent un rapport global à l’environnement impliquant les interactions entre les responsabilités collectives et individuelles et les enjeux qui en découlent.

Nous pensons que les discours publics peuvent se servir de ces perspectives pour privilégier des approches basées sur une vision plus holistique des problèmes de la pollution atmosphérique et aider à construire un véritable concept de pollution !

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ANNEXES

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ANNEXE 1.

Analyse statistique des échelles du questionnaire

(questionnaire : voir annexe 3)

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Dans la première partie (en 3) nous présentons une analyse univariée des réponses aux échelles en sept points du questionnaire. Nous exposons d’abord les résultats concernant les trois groupes suivants : les adultes parisiens, les enfants français (Paris+Perpignan) et les enfants colombiens. Les résultats sont présentés par thème : Existence de la pollution, Irréversibilité de la pollution, Responsabilités, Changements de comportements, Jugement, Amélioration.Nous comparons ensuite enfants et adultes de Paris, enfants de Paris et enfants de Perpignan, enfants colombiens et enfants français (Paris+Perpignan).

Dans une deuxième partie (en 4) nous présentons une analyse multivariée pour étudier la structure des réponses.

1. Sujets

Trois groupes de sujets ont répondu au questionnaire :

- 72 enfants colombiens de la région de Bogota (28 filles, soit 38.9% et 44 garçons), âgés de 7 à 10 ans (moyenne d’âge : 8.9 ans)5. Seuls 52 enfants (20 filles, 38.5%, 32 garçons) ont répondu à l’ensemble des 25 questions.

- 125 enfants français (74 filles, soit 59.2% et 51 garçons), âgés de 9 à 11 ans (moyenne d’âge : 10.2 ans), qui se décomposent en :

68 enfants perpignanais (44 filles, soit 64.7% et 24 garçons) âgés de 9 à 11 ans (moyenne d’âge : 10.0 ans) ;

57 enfants parisiens (30 filles, soit 52.6% et 27 garçons) âgés de 9.5 à 11 ans (moyenne d’âge : 10.5 ans). (1 Non Réponse en Q5) ;

- 80 adultes français parisiens (54 femmes, soit 67.5% et 26 hommes), âgés de 19 à 65 ans (moyenne d’âge : 28.3 ans).

2. Logiciels utilisés

Pour les histogrammes et les analyses en composantes principales : Statistica (version 7.1), StatSoft France (2005), www.statsoft.fr. Pour les inférences (analyse de variance avec extensions bayésiennes) : LePAC, Lecoutre B. & Poitevineau J., (1992-2010), www.univ-rouen.fr/LMRS/Persopage/Lecoutre/Eris.htm. Les inférences bayésiennes utilisées sont basées sur une distribution initiale non informative (solution bayésienne standard : pas d’intégration d’informations autres que celles fournies par les données elles-mêmes).

3. Etude univariée des résultats

Les distributions des résultats aux 30 questions, pour chacun des groupes, sont présentées en Annexe 3. Les intervalles de crédibilité (bayésien standard) à 95% pour les moyennes sont présentés dans le Tableau 39.

5 N.B. Ce groupe a été interrogé en premier, et à l’époque le questionnaire ne comprenait pas les questions Q3, Q4, Q5, Q6, Q15 qui ont été ajoutées ultérieurement.

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Non RéponsesChez les français, il n’y a pratiquement pas de non réponse : une seule en Q5 pour un enfant parisien.En revanche, elles sont plus nombreuses chez les colombiens : seuls 52 enfants sur 72 ont répondu à l’ensemble des 25 questions.

Existence de la pollution (Q1-Q7)L’existence de la pollution est reconnue. En effet, chez les Français, adultes et enfants, les moyennes des réponses aux questions Q1 à Q7 sont supérieures à 4 (le « neutre »), sauf pour la question Q5 (les bâtiments) chez les enfants, mais celle-ci reste difficile à interpréter dans la mesure où il n’est pas habituel d’évoquer la pollution des bâtiments.Chez les enfants colombiens, la pollution est très largement identifiée pour Q1 et Q2 (animaux et plantes), mais peu pour Q7 (notre corps). S’agit-il d’un phénomène culturel ?

Irréversibilité de la pollution (Q8-Q10)L’opinion selon laquelle la pollution est irréversible prédomine, chez les enfants, pour l’air et l’eau. Les adultes comme les enfants, sont incertains en ce qui concerne le sol.

Liaison entre les différentes formes de pollution (Q11, Q12)Dans tous les groupes, une liaison entre diverses pollutions est reconnue.

Responsabilités (Q13-Q20)Dans tous les groupes, on reconnaît très largement la responsabilité des industries (Q13), des hommes (Q16,) des ordures ménagères (Q18), alors qu’on exonère tout aussi largement les animaux (Q15) (rappel : pas de Q15 chez les colombiens).Les moyens de transports (Q14), les appareils ménagers (Q17), les emballages (Q20) sont mis en cause par les Français (adultes et enfants) ; mais pas par les colombiens (Q14, Q17) ou bien ceux-ci sont très partagés (Q20). L’agriculture (Q19) est jugée responsable de pollution par les adultes, mais pas par les enfants.

Changements de comportements (Q21-Q26)Dans l’ensemble, il est envisageable de se passer de télévision (Q25) et de « fast food » (Q26), bien que plus difficilement pour les enfants colombiens. Par contre, cela n’est pas le cas pour l’électricité (Q23), ni pour les transports (Q24) chez les Français, les enfants colombiens étant un peu plus partagés. Quant aux usines (Q21) et voitures (Q22), si les enfants sont plutôt d’avis de s’en passer, c’est moins le cas des adultes, surtout en ce qui concerne les usines.

Jugement (Q27 Q28) La pollution est considérée comme négative, quelle que soit la forme de la question, c’est-à-dire qu’on ne lui trouve pas d’aspect positif. Les avis sont encore plus marqués chez les enfants.

Amélioration (Q29 Q30)Dans tous les groupes, les sujets pensent pouvoir agir pour l’amélioration de l’état de l’air, les enfants plus que les adultes. Les enfants sont optimistes et idéalistes, croyant à un monde sans pollution, alors que les adultes sont partagés.

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Adultes Paris (N=80)

Enfants français(N=125)

Enfants colombiens (N variable)

Q1 [6.099 , 6.551] [5.036 , 5.604] [5.418 , 6.138] (N=72)Q2 [6.162 , 6.538] [4.910 , 5.475] [5.063 , 5.910] (N=72)Q3 [6.011 , 6.489] [5.939 , 6.349]Q4 [5.404 , 6.046] [4.972 , 5.525]Q5 [4.211 , 4.989] [3.289 , 3.888]Q6 [5.984 , 6.441] [6.308 , 6.635]Q7 [6.055 , 6.520] [4.748 , 5.316] [2.881 , 3.766] (N=68)Q8 [3.889 , 4.561] [4.651 , 5.157] [4.384 , 5.227] (N=72)Q9 [3.907 , 4.568] [4.019 , 4.573] [4.256 , 5.058] (N=70)Q10 [3.930 , 4.620] [4.806 , 5.354] [5.062 , 5.827] (N=72)Q11 [4.861 , 5.514] [4.311 , 4.945] [5.309 , 5.977] (N=70)Q12 [4.775 , 5.450] [4.675 , 5.245] [4.438 , 5.248] (N=70)Q13 [5.813 , 6.237] [5.675 , 6.149] [4.992 , 5.714] (N=68)Q14 [5.431 , 6.019] [5.683 , 6.142] [1.869 , 2.674] (N=70)Q15 [1.670 , 2.255] [1.651 , 2.141]Q16 [6.291 , 6.709] [5.729 , 6.207] [5.301 , 6.032] (N=69)Q17 [5.125 , 5.725] [4.522 , 5.110] [3.132 , 3.954] (N=70)Q18 [5.596 , 6.079] [5.220 , 5.740] [4.582 , 5.389] (N=70)Q19 [4.287 , 4.988] [3.055 , 3.729] [2.023 , 2.904] (N=69)Q20 [5.191 , 5.784] [5.115 , 5.608] [3.425 , 4.343] (N=69)Q21 [2.825 , 3.575] [4.078 , 4.722] [3.843 , 4.757] (N=70)Q22 [3.393 , 4.207] [4.529 , 5.199] [3.802 , 4.786] (N=68)Q23 [2.369 , 3.156] [2.722 , 3.390] [3.802 , 4.786] (N=69)Q24 [2.238 , 3.062] [3.223 , 3.929] [3.332 , 4.286] (N=68)Q25 [4.153 , 5.072] [4.384 , 5.104] [3.674 , 4.674] (N=69)Q26 [4.346 , 5.254] [4.913 , 5.631] [3.855 , 4.841] (N=69)Q27 [5.037 , 5.813] [4.781 , 5.475] [4.960 , 5.864] (N=68)Q28 [2.477 , 3.348] [2.677 , 3.307] [2.323 , 3.344] (N=66)Q29 [5.091 , 5.784] [5.221 , 5.804] [4.781 , 5.644] (N=66)Q30 [3.013 , 3.787] [4.365 , 5.027] [5.405 , 6.201] (N=66)

Tableau 39. Intervalles de crédibilité à 95% pour les moyennes parentes

Comparaisons Adultes / Enfants (Paris)

Pour étudier ce facteur, ne sont retenus que les 2 groupes comparables, c’est-à-dire de même localisation : adultes (N=80) et enfants parisiens (N=57) (135 degrés de liberté pour les t de Student, 134 pour Q5).

Les limites d’effet notable ou négligeable sont rapportées dans le Tableau 40. Par exemple, pour Q1, la différence observée entre la moyenne des adultes et celle des enfants est de 0.851. La probabilité pour que dans la population entière la différence (toujours dans le sens Adultes – Enfants) soit supérieure à 0.419 est de 95%. Mais comme cette valeur (moins d’un demi point) n’est pas très forte, on ne peut pas conclure avec une probabilité de 95% à l’existence d’une différence importante (malgré le fait

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que la différence observée soit significative à 5%.). Il y a une probabilité de 90% pour que la différence soit inférieure à 1.187 en valeur absolue. Mais comme cette limite, de plus d’un point, n’est pas elle-même négligeable, on ne peut pas conclure, non plus, à une différence négligeable (en fait, ici, il était évident qu’on ne pourrait pas obtenir d’énoncé inférentiel de négligeabilité la valeur observée étant déjà elle-même non négligeable).

Les plus grosses différences observées (≥ 1point) entre adultes et enfants concernent les questions 2, 5, 7, 19, 21, 22 et 30. Pour Q2 et Q7, adultes et enfants vont dans le même sens, mais les adultes sont plus extrêmes.

Sont significatives à 5% (bilatéral), les différences sur les questions 1, 2, 4, 5, 7, 10, 11, 13, 16, 17, 19, 20, 21, 22, 24, 30.

Mais on ne peut conclure avec une probabilité ≥ 0.95 à une différence marquée au niveau des populations, c’est-à-dire d’au moins un point, que pour Q7 (et avec une probabilité de 0.94 pour Q22, de 0.89 pour Q21, de 0.87 pour Q19).

Pour les autres questions on ne peut pas établir, pour aucune, même en se limitant à une probabilité de 0.90, que les différences soient faibles, c’est-à-dire inférieures à ½ point en valeur absolue.

Autrement dit, adultes et enfants se démarquent en ce qui concerne le corps (Q7 ; pollution encore plus reconnue chez les adultes), se passer de voitures (Q22 ; les enfants pour, les adultes partagés), d’usines (Q21 ; les enfants pour, les adultes contre) et la responsabilité de l’agriculture (Q19). Mais pour les autres questions on reste dans l’incertitude, puisque qu’on ne peut pas montrer que les différences sont affirmées ni qu’elles sont négligeables.

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Limite x de la différence des moyennes des populations parisiennes Adulte - Enfant (δ) telle que

Différence observée

Pr(δ>x)=0.95 ou Pr(δ<x)=0.95 Pr(|δ|<x)=0.90

Q9 0.325 Pr( δ >-0.161)=0.95 Pr( |δ|<0.704)=0.90Q8 -0.494 Pr( δ <-0.023)=0.95 Pr( |δ|<0.861)=0.90Q7 1.586 Pr( δ >1.121)=0.95 Pr( |δ|<1.947)=0.90Q6 -0.314 Pr( δ <0.008)=0.95 Pr( |δ|<0.564)=0.90Q5 1.136 Pr( δ >0.598)=0.95 Pr( |δ|<1.554)=0.90Q4 0.988 Pr( δ >0.479)=0.95 Pr( |δ|<1.384)=0.90Q30 -1.074 Pr( δ <-0.490)=0.95 Pr( |δ|<1.527)=0.90Q3 0.390 Pr( δ >-0.005)=0.95 Pr( |δ|<0.698)=0.90Q29 -0.194 Pr( δ <0.314)=0.95 Pr( |δ|<0.599)=0.90Q28 -0.105 Pr( δ <0.482)=0.95 Pr( |δ|<0.612)=0.90Q27 0.092 Pr( δ >-0.478)=0.95 Pr( |δ|<0.590)=0.90Q26 -0.604 Pr( δ <0.027)=0.95 Pr( |δ|<1.094)=0.90Q25 -0.002 Pr( δ <0.657)=0.95 Pr( |δ|<0.659)=0.90Q24 -0.876 Pr( δ <-0.280)=0.95 Pr( |δ|<1.340)=0.90Q23 -0.395 Pr( δ <0.178)=0.95 Pr( |δ|<0.842)=0.90Q22 -1.551 Pr( δ <-0.975)=0.95 Pr( |δ|<1.999)=0.90Q21 -1.396 Pr( δ <-0.855)=0.95 Pr( |δ|<1.818)=0.90Q20 0.698 Pr( δ >0.251)=0.95 Pr( |δ|<1.046)=0.90Q2 1.087 Pr( δ >0.652)=0.95 Pr( |δ|<1.425)=0.90Q19 1.374 Pr( δ >0.828)=0.95 Pr( |δ|<1.799)=0.90Q18 0.522 Pr( δ >0.083)=0.95 Pr( |δ|<0.863)=0.90Q17 0.881 Pr( δ >0.414)=0.95 Pr( |δ|<1.244)=0.90Q16 0.816 Pr( δ >0.417)=0.95 Pr( |δ|<1.126)=0.90Q15 -0.020 Pr( δ <0.422)=0.95 Pr( |δ|<0.443)=0.90Q14 0.321 Pr( δ >-0.139)=0.95 Pr( |δ|<0.680)=0.90Q13 0.534 Pr( δ >0.135)=0.95 Pr( |δ|<0.844)=0.90Q12 0.463 Pr( δ >-0.042)=0.95 Pr( |δ|<0.857)=0.90Q11 0.626 Pr( δ >-0.115)=0.95 Pr( |δ|<1.024)=0.90Q10 -0.637 Pr( δ <-0.120)=0.95 Pr( |δ|<1.040)=0.90Q1 0.851 Pr( δ >0.419)=0.95 Pr( |δ|<1.187)=0.90

Tableau 40. Limites d’effet notable ou négligeable, adulte - enfant (Paris)

Comparaisons Paris / Perpignan (enfants)

Sont comparés ici les enfants parisiens (N=57) et perpignanais (N=68) (123 degrés de liberté pour les t de Student, 122 pour Q5). Les limites d’effet notable ou négligeable sont rapportées dans le Tableau 41.

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Les enfants de Paris et de Perpignan répondent dans le même sens et ne diffèrent qu’en intensité. Les plus grandes différences observées concernent Q4 (le sol), Q14 (les transports) et Q20 (les emballages).

Sont significatives à 5% (bilatéral), les différences sur les questions 3, 4, 9, 13, 14, 20, 22.

Même en se limitant à une probabilité ≥ 0.90 on ne peut conclure à aucune différence parente au-delà d’un point. Si l’on fixe la limite de négligeabilité à ½ point, on peut conclure avec une probabilité de 0.90 que la différence parente est négligeable uniquement pour Q6 (l’air) (pour Q15, la probabilité est de 0.86). Pour toutes les autres questions on ne peut donc pas conclure sur la grandeur des différences.

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Limite x de la différence des moyennes des populations enfants Paris - Perpignan (δ) telle que

Différence observée

Pr(δ>x)=0.90 ou Pr δ<x)=0.90 Pr(|δ|<x)=0.90

Q9 -0.705 Pr( δ<-0.273)=0.95 Pr( |δ|<1.137)=0.90Q8 -0.340 Pr( δ<0.056)=0.95 Pr( |δ|<0.736)=0.90Q7 -0.607 Pr( δ<-0.163)=0.95 Pr( |δ|<1.051)=0.90Q6 0.100 Pr( δ>-0.155)=0.95 Pr( |δ|<0.366)=0.90Q5 -0.227 Pr( δ<0.241)=0.95 Pr( |δ|<0.707)=0.90Q4 -0.940 Pr( δ<-0.508)=0.95 Pr( |δ|<1.371)=0.90Q30 -0.409 Pr( δ<0.108)=0.95 Pr( |δ|<0.927)=0.90Q3 -0.523 Pr( δ<-0.203)=0.95 Pr( |δ|<0.843)=0.90Q29 0.220 Pr( δ>-0.235)=0.95 Pr( |δ|<0.687)=0.90Q28 0.047 Pr( δ>-0.445)=0.95 Pr( |δ|<0.638)=0.90Q27 0.378 Pr( δ>-0.164)=0.95 Pr( |δ|<0.922)=0.90Q26 0.242 Pr( δ>-0.318)=0.95 Pr( |δ|<0.822)=0.90Q25 -0.239 Pr( δ<0.323)=0.95 Pr( |δ|<0.822)=0.90Q24 -0.091 Pr( δ<0.459)=0.95 Pr( |δ|<0.724)=0.90Q23 0.187 Pr( δ>-0.334)=0.95 Pr( |δ|<0.738)=0.90Q22 0.895 Pr( δ>0.371)=0.95 Pr( |δ|<1.419)=0.90Q21 0.361 Pr( δ>-0.141)=0.95 Pr( |δ|<0.866)=0.90Q20 -1.049 Pr( δ<-0.661)=0.95 Pr( |δ|<1.436)=0.90Q2 0.131 Pr( δ>-0.310)=0.95 Pr( |δ|<0.607)=0.90Q19 -0.237 Pr( δ<0.289)=0.95 Pr( |δ|<0.780)=0.90Q18 -0.302 Pr( δ<0.104)=0.95 Pr( |δ|<0.709)=0.90Q17 -0.500 Pr( δ<-0.042)=0.95 Pr( |δ|<0.959)=0.90Q16 -0.522 Pr( δ<-0.149)=0.95 Pr( |δ|<0.895)=0.90Q15 0.159 Pr( δ>-0.224)=0.95 Pr( |δ|<0.557)=0.90Q14 -0.935 Pr( δ<-0.576)=0.95 Pr( |δ|<1.293)=0.90Q13 -0.774 Pr( δ<-0.403)=0.95 Pr( |δ|<1.144)=0.90Q12 -0.572 Pr( δ<-0.127)=0.95 Pr( |δ|<1.016)=0.90Q11 -0.130 Pr( δ<0.358)=0.95 Pr( |δ|<0.663)=0.90Q10 -0.308 Pr( δ<0.119)=0.95 Pr( |δ|<0.738)=0.90Q1 0.283 Pr( δ>-0.160)=0.95 Pr( |δ|<0.729)=0.90

Tableau 41. Limites d’effet notable ou négligeable, enfants Paris - Perpignan

Comparaisons Colombie / France (enfants)

On compare ici les enfants colombiens et les enfants français (Paris+Perpignan) qui ont répondu aux 25 questions communes (174 degrés de liberté pour les t de Student). Les limites d’effet notable ou négligeable sont rapportées dans le Tableau 42.

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Les plus grandes différences observées concernent Q7 (notre corps), Q30 (monde sans pollution) et surtout Q14 (les transports) où les réponses sont à l’opposé (63% des colombiens notent 1 et 44% des français notent 7) : pour les colombiens, les moyens de transport ne sont pas source de pollution.

Sont significatives à 5% (bilatéral), les différences sur les questions 7, 10, 11, 13, 14, 17, 19, 20, 22, 26, 30.

On ne peut conclure avec une probabilité ≥ 0.95 à une différence parente d’au moins un point que pour Q7, Q14 et Q20. Pour Q14, il y a même une probabilité de 0.996 pour que la différence parente soit supérieure à 3. Toujours en fixant la limite de négligeabilité à ½ point, on peut conclure avec une probabilité de 0.90 que la différence parente est négligeable uniquement pour Q16 (responsabilité de l’homme). Pour toutes les autres questions on ne peut donc pas conclure sur la grandeur des différences.

Limite x de la différence des moyennes des populations France - Colombie (δ) telle que

Différence observée

Pr(δ>x)=0.95 ou Pr(δ<x)=0.95 Pr(|δ|<x)=0.90

Q1 -0.488 Pr( δ<0.021)=0.95 Pr( |δ|<0.884)=0.90Q2 -0.231 Pr( δ<0.308)=0.95 Pr( |δ|<0.657)=0.90Q7 1.571 Pr( δ>1.020)=0.95 Pr( |δ|<1.999)=0.90Q8 -0.135 Pr( δ<0.376)=0.95 Pr( |δ|<0.557)=0.90Q9 -0.569 Pr( δ<-0.054)=0.95 Pr( |δ|<0.970)=0.90Q10 -0.689 Pr( δ<-0.192)=0.95 Pr( |δ|<1.076)=0.90Q11 -1.176 Pr( δ<-0.634)=0.95 Pr( |δ|<1.597)=0.90Q12 0.075 Pr( δ>-0.459)=0.95 Pr( |δ|<0.548)=0.90Q13 0.797 Pr( δ>0.335)=0.95 Pr( |δ|<1.156)=0.90Q14 3.739 Pr( δ>3.284)=0.95 Pr( |δ|<4.093)=0.90Q16 0.141 Pr( δ>-0.300)=0.95 Pr( |δ|<0.498)=0.90Q17 1.239 Pr( δ>0.692)=0.95 Pr( |δ|<1.665)=0.90Q18 0.519 Pr( δ>0.013)=0.95 Pr( |δ|<0.912)=0.90Q19 0.969 Pr( δ>0.359)=0.95 Pr( |δ|<1.443)=0.90Q20 1.629 Pr( δ>1.116)=0.95 Pr( |δ|<2.028)=0.90Q21 0.208 Pr( δ>-0.403)=0.95 Pr( |δ|<0.699)=0.90Q22 0.768 Pr( δ>0.129)=0.95 Pr( |δ|<1.265)=0.90Q23 -0.194 Pr( δ<0.428)=0.95 Pr( |δ|<0.699)=0.90Q24 -0.289 Pr( δ<0.361)=0.95 Pr( |δ|<0.802)=0.90Q25 0.513 Pr( δ>-0.153)=0.95 Pr( |δ|<1.032)=0.90Q26 0.984 Pr( δ>0.315)=0.95 Pr( |δ|<1.504)=0.90Q27 -0.603 Pr( δ<0.018)=0.95 Pr( |δ|<1.086)=0.90Q28 -0.027 Pr( δ<0.595)=0.95 Pr( |δ|<0.624)=0.90Q29 0.204 Pr( δ>-0.341)=0.95 Pr( |δ|<0.640)=0.90Q30 -1.169 Pr( δ<-0.580)=0.95 Pr( |δ|<1.628)=0.90

Tableau 42. Limites d’effet notable ou négligeable, France - Colombie

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4. Etude multivariée des résultats : la structure des questions

Pour chaque groupe on a réalisé une analyse en composantes principales à partir de la matrice des corrélations de l’ensemble des questions, suivie d’une rotation varimax brute pour la recherche d’une structure simple. Dans l’ensemble, les corrélations des questions entre elles ne sont pas très élevées ; les valeurs les plus élevées concernent le plus souvent des questions adjacentes (par exemple, chez les adultes parisiens, un coefficient de 0.74 entre les questions 23 et 24, de 0.69 entre les questions 1 et 2). Les coefficients de corrélation des questions avec les axes après rotation sont donnés en Annexe 5.

Les résultats sont très voisins pour les 3 groupes : il s’avère qu’il existe, pour l’essentiel, une structure (très) simple avec pratiquement, pour chaque axe, une seule question qui lui est fortement associée. Seules quelques modulations sont à apporter selon les groupes, qui ne remettent pas en cause cet aspect général :- chez les enfants colombiens, un axe (7% de la variance totale) regroupe 2 questions : Q14 (moyens de transport) et Q19 (agriculture).- chez les adultes parisiens, 2 axes (respectivement 6.6% et 6.1% de la variance totale) regroupent chacun 2 questions : Q23 (vivre sans électricité) et Q24 (vivre sans transports) pour l’un ; Q1 et Q2 (animaux et plantes touchés par la pollution) pour l’autre. La question 9 (pollution du sol) est un peu plus « diluée » que les autres, étant surtout liée à deux axes (1 et 30).

Pour l’essentiel, les 30 questions (25 pour les Colombiens) apparaissent presque indépendantes linéairement, c’est-à-dire relativement « autonomes », à quelques petits « paquets » près. Dans un tel cas, on peut aussi bien parler d’absence de structure.

Les analyses séparées pour les enfants de Paris et de Perpignan, donnent des résultats pratiquement identiques.

L’analyse en composantes principales de l’ensemble des groupes (analyse de la matrice des corrélations restreinte aux 25 questions communes) ne permet pas vraiment de mieux différencier les groupes6, et la rotation varimax brute aboutit encore à la structure simple avec 1 question/axe.

5. Conclusion des analyses statistiques générales

Ces analyses confirment que les propriétés attribuées à la pollution ne sont pas très structurées, et les différences conséquentes (adultes/enfants, Colombie/France) qui ont pu être établies ne portent que sur quelques éléments particuliers (le corps, la place des usines et des voitures, les transports).

6 Il existe bien une certaine différentiation Colombie/France, mais celle-ci est due à la caractérisation des enfants sur les questions 7, 14, 20 telle qu’elle est rapportée dans l’étude univariée  ; on n’a donc rien de plus ici que ce qui apparaissait déjà en univarié.

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ANNEXE 2

Exemples des entretiens non-directifs

et semi-directifs

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1. Entretiens réalisé avec Julia, 9 ans.

Interviewer : Julia, donc, je vais d’abord te laisser te présenter : ton âge, dans quelle classe tu es, dans quelle école, dans quelle ville, si tu fais des activités en dehors de l’école, etc.…je te laisse te présenter un petit peu. D’accord ?Julia : J’m’appelle Julia et j’ai 9 ans, je suis en CM1 dans l’école Carnot, dans la ville de Noisy-le Sec. En dehors de l’école je pratique comme activité du chorale, hein, de la chorale, hein, du solfège, euh de la contrebasse, de la danse et du théâtre, et avec mon maitre on fait le jeudi du rugby et le lundi de la piscine. Voilà.Interviewer : Alors maintenant Julia, si tu veux bien, j’aimerais que tu me dises ce que tu sais de la pollution de l’air, ce que tu penses de la pollution, ce que tu as envie de dire. Alors il n’y a pas de choses interdîtes à dire, il n’y a pas de bonnes réponses, il n’y a pas de mauvaises réponses, tu dis vraiment ce qui te vient à l’esprit.Julia : Moi c’que j’pense de la pollution, ben, c’est qu’c’est pas très bien pour la nature, parc’que bon, c’est sûr que pour se déplacer les voitures c’est pratique, mais bon faudrait qu’on invente d’autres voitures, qu’on est en train d’inventer, qui polluent moins ; parc’que en plus ça met aussi la vie des autres et notre vie en danger, parc’que si la nature est polluée, par exemple les arbres qui nous aident à respirer, si jamais y a plus d’arbres on pourrait plus vivre. Donc voilà, et moi c’qu’j’pense de la pollution ben voilà, c’est pas bien, mais bon, on pourrait trouver des choses pour l’améliorer… voilà, et…euh…ben c’j’connais y a ça et aussi que la pollution on peut la trouver dans l’eau aussi et qu’c’est pas bien non plus, parc’que si jamais on boit de l’eau polluée, ben, ça peut nous rendre malade, et dans des pays, en Afrique et tout, euh… ben par exemple y-z-ont pas d’eau, donc aussi si nous on pollue d’l’eau, y faut comprendre aussi, faut penser qu’y en a d’autres qui n’en ont pas…donc voilà.Interviewer : En fin, tu me parles de la pollution de l’eau…Julia : Hon…Interviewer:…Et donc au début, quand tu as commencé à parler, c’était de la pollution de quoi ?Julia : Ben j’parlais de la pollution des pots d’échappement, de l’essence, par exemple les pétroles, parfois quand on s’trouve sur les plages, ça tue les oiseaux, euh ça abime la nature quoi, d’la terre.Interviewer : Qu’est-ce que tu peux dire d’autre sur la pollution ?Julia : Bah…euh…on la trouve aussi dans l’air la pollution…parfois on respire de l’air pollué et on peut être euh…on peut pas aimer, parfois on n’aime pas cet air, donc euh…c’est pour ça qu’aussi, euh … ça amène notre vie en danger, celle de la nature, celle des animaux aussi euh, ça met beaucoup de gens en danger quoi … (un silence).Interviewer : Oui d’accord.Julia : Et en fait on invente des choses euh, qui polluent amplement.Interviewer : Et t’as des idées pour ça, toi ?Julia : Bah…euh…j’y ai pas encore réfléchi, mais bon euh, pour les voitures par exemple y vont inventer des voitures à l’électricité qui faudra améliorant…pour améliorer, parc’que si faut les r’charger tout l’temps c’est sûr que…sinon ya ça…euh, pour l’eau, euh, au lieu de la polluer en jetant des choses pas bonnes dedans…euh…, les pétroliers et tout, euh…je sais qu’y sont en train de nettoyer les plages et là en c’moment, ça la trouve …y pourraient inventer des machines qui polluent pas, qui sont faites par exemple avec de l’huile… végétale, j’ai vu dans une émission, euh, y-z- habitaient à coté d’quelqu’un qui faisait de l’huile avec des tournesols et donc il en achetait, euh… au lieu de prendre de l’essence.Interviewer : Très bien.Julia : Comme ça, ça polluait pas.Interviewer : D’accord. Et si je te demandais, par exemple de me dire 3 mots qui te viennent à l’esprit, quand on te dit « pollution ». Est-ce que tu pourrais me dire par exemple, comme ça, 3 mots.Julia : Euh… (Bref silence)Interviewer : Je te dis « pollution », qu’est-ce-que tu peux me dire comme mots.

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Julia : (Bref silence.) … Euh… vie en danger…Interviewer : Ouais.Julia : …Euh… (bref silence)…ne pas polluer…euh… (bref silence) …d’arrêter la pollution… (bref silence) …euh… (bref silence)…Ben voilà. (silence)… En fait ce que j’sais c’est qu’il faut l’arrêter… enfin, en ce moment chez nous, on est en train d’abimer l’avenir de nos enfants et tout, parce que si jamais ils ont plus d’arbres, plus de nature, c’est sûr que, s’il y a que du béton partout… euh…ce s’ra plus la terre … ce s’ra…euh… Enfin la terre elle a besoin de nature, aussi, donc … (bref silence)… Voilà.Interviewer : Alors toi, toutes ces choses là que tu connais sur la pollution, comment tu les…comment tu as appris ce que tu sais sur la pollution ?Julia : Ben euh…on en a un peu parlé à l’école ; j’ai un livre sur la pollution, j’avais fait un exposé euh… l’année dernière… euh sinon, … ben ma mère parfois elle m’en parle, parce que j’trouve parfois… j’suis abonné au p’tit quotidien, j’trouve des choses qui me choquent beaucoup euh… et puis euh aussi, j’apprends rien qu’en regardant autour de moi, c’est sûr que, même le béton qu’ya sur le sol…euh… si jamais…euh … enfin, ça pollue aussi. Et les voitures quand j’ regarde, parfois j’vois un gros nuage de fumée…euh… j’vois qu’ça pollue l’air et qu’ça met vraiment l’avenir en danger, quoi, voilà.Interviewer : Et toi qu’est-ce-que tu peux faire, à ton avis ? Une petite fille de 9 ans, de CM1, est-ce que tu pense que tu peux faire…d’autres choses…Julia interrompant Interviewer : Ben, en parler à d’aut’es personnes, en parler à la Directrice pour qu’y-z-arrêtent de j’ter des papiers par terre…essayer euh… enfin un peu de créer des choses qui pourraient améliorer, par exemple euh… y faudrait qu’dans la cour y ait aucun papiers par terre…euh… qu’on ait par exemple plus d’arbres, qu’on laisse des parcs euh… on en a d’jà mais qu’on mette des plantes par exemple …que…par exemple aussi on pourrait…euh… je sais pas s’déplacer en vélo pour aller quelque part où c’est pas très loin, par exemple si jamais on habite près de la médiathèque, au lieu d’y aller en voiture on peut y aller à pieds ou en vélo, comme ça, ça pollue pas, et puis voilà hein.Interviewer : Toi tu le fais, toi ?Julia : Ben oui, le matin j’y vais à pied à l’école, comme j’habite dans la rue …Interviewer : Alors là dans tout ce que tu m’as dit, j’ai l’impression que tu as parlé souvent des arbres…Julia : Ben …Interviewer : Est-ce que tu peux me dire pourquoi ? Julia (pressée de répondre) : Ben par’ce que…Interviewer : Ça revient beaucoup comme ça quand tu parles de la pollution.Julia : Parc’ qu’en fait, si jamais on pollue, y a déjà la nature qui sur la terre qui est plus touchée que celle qui est en d’ssous et donc comme les arbres ils nous aident à respirer, si y a plus aucun arbre sur la terre, ben il y aurait plus d’hommes, et aussi moi quand j’pense nature j’pense plus arbres euh…feuilles, tout ce qui est un peu vert quoi.Christine : Mais ce que je ne vois pas c’est le rapport entre la pollution et les arbres.Julia : Bah c’est que en fait, si on pollue les arbres, et ben, et qu’y en a plus et ben, de une on montre que avec du béton ben ce s’rait pas vraiment… beau quoi… Après chacun à son avis…moi j’trouve ça comme ça… et puis les arbres on peut grimper d’ssus, on peut s’amuser avec… les arbres aussi c’est un peu comme les humains : les branches c’est les bras, le tronc … c’est tout le corps quoi, les racines c’est…enfin les jambes… et donc moi souvent je parle des arbres dans la pollution parc’ que quand je m’imagine la pollution c’est plus les arbres que ça touche, mais j’pense aussi à l’eau parc’ que si on pollue l’eau on pourrait plus boire et ça aussi ça permet de vivre à l’homme et à d’aut’es personnes, aux animaux , l’arbre aussi il a besoin d’eau.Interviewer : Ouais.Julia : Voilà.Interviewer : Est-ce-que tu veux dire d’autres choses, est-ce-que tu as envie de rajouter à ce que tu as dit déjà..?Julia : Ben j’aimerais bien que toutes les personnes, les personnes qui enfin… qui sont comme moi, qui veulent protéger la nature et qui essaient de se déplacer quand y peuvent à pieds ou en vélo, qui-z-essayent de pas jeter leurs papiers par terre, que l’eau, y-z-essayent de pas la polluer

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et euh… par exemple si jamais y a une rivière et qui-z-ont…qui mangent une sucette, de pas jeter la sucette dans l’eau, ou quelque chose comme ça ; qui parlent aussi à certaines personnes de ça pour que…ah voilà…quoi…y est plus d’ tout ça quoi…(bref silence)…Qu’on soit tous… voilà… que la nature soit en harmonie avec l’homme, en fait.Interviewer : D’accord. Si tu veux, ce que je te propose, si tu veux plus rien ajouter, est-ce que tu veux réécouter ce que tu as dit ou ce que tu as pas envie…Julia (interrompant Interviewer) : Hum, j’veux bien.Interviewer : Tu veux bien ? On va réécouter à ce moment là ce que tu as dit.

2. Entretien réalisé avec Laurent, 17 ans

Interviewer : Alors je voudrais simplement pour commencer que tu me dises ton prénom et ton âge, et dans quelle classe tu es.Laurent (L) Donc, je m’appelle Laurent, je suis en première et j’ai 17 ans.Interviewer : D’accord. Maintenant, ma question en fait c’est “qu’est-ce que c’est pour toi la pollution ?”L. La pollution c’est l’air qu’on respire, qui contient plein de... de particules, on va dire, qui sont mauvaises pour nous ; c’est aussi l’eau, qui est parfois polluée, qu’on va traiter. Euh... voilà.Interviewer : Est-ce que tu pourrais me donner trois mots qui définissent la pollution, qui sont associés à la pollution ? L. Euh... je dirais ... le CO². Interviewer : Mmhh.L. Euh...Interviewer : Qui signifient la pollution .... Parce que tu parlais donc au début de l’air, donc la pollution de l’air..L. Oui, avec les gaz d’échappement des voitures...Interviewer : Oui.L. Après l’eau, c’est tous les déchets que déversent les usines de dedans, par exemple, qui la polluent, le pétrole qui pollue la mer,... Voilà.Interviewer : Mmhh. Et par rapport au CO², c’est quoi plus exactement, que tu voulais dire, en fait ?L. C’est ce qui est rejeté justement par les voitures, et qui est mauvais pour nous, parce que nous on a plus besoin d’oxygène que de CO2.Interviewer : D’accord. Donc, c’est les voitures, les usines, et le pétrole, essentiellement... (Voilà)... les responsables. Tu vois d’autres choses en fait ?L. Oui, après... en fait, cela engendre justement le réchauffement climatique, par exemple, aujourd’hui il fait bon alors qu’on est en plein mois d’avril, quoi...Interviewer : Oui. D’accord, ok. Il y a d’autres conséquences que tu connais ou que tu imagines, de la pollution ? Il y a le réchauffement climatique...L. Ben... En Afrique, ça va faire avancer le désert, donc plus de gens seront pauvres, il y aura des famines. Et puis au nord ça fera fondre la banquise, donc il y aura plein d’espèces en voie de disparition.Interviewer : D’accord, donc les animaux aussi... Et sur l’Homme, en fait, tu vois des conséquences ? Tu m’as dit la pauvreté, les famines, tu vois d’autres choses ?L. Ben... par exemple, ici, à Paris, vu qu’il y a quand même beaucoup de pollution, je sais que moi, je suis plus allergique au pollen, et ça s’est vachement développé ces dernières années, donc ça fait justement ce genre de choses...Interviewer : D’accord. Il y a d’autres choses que tu vois ?L. Non.Interviewer : D’accord. On arrête là alors ?L. Ok.Interviewer : Ok, merci !

3.

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Entretien réalisé avec Alice (A), 20 ans

Interviewer: Est-ce que tu peux me dire trois mots qui te viennent à l’esprit quand je te dis le mot « pollution » ?A : Alors, trois mots… Je peux réfléchir ?Interviewer : Oui autant que tu veuxA : Genre les mots qui me viennent direct à l’esprit ou les mots euh…Interviewer : les mots qui te viennent à l’esprit, à quoi ça te fait penser ?A : à la Terre, euh, l’avenir euh, et la politique.Interviewer : la politique ?A : ouais.Interviewer : Alors, tu m’as dit la Terre, euh pourquoi la terre ?A : Parce que c’est l’image qui me vient à mon esprit. Genre l’image de la planète.Interviewer : d’accord. Tu m’as dit l’avenir.A : hum hum, parce que euh… c’est quoi la question ?Interviewer : Bah est ce que tu peux développer cette idée ?A : Bah l’avenir parce que… la pollution ça détruit notre avenir.Interviewer : ouais… Pourquoi ?A : parce que euh, si on continue à polluer comme ça, notre planète n’a pas d’avenir.(Silence)A : quoi ?Interviewer : rien, je t’écoute.A : bah c’est tout c’est ça.Interviewer : d’accord. Et tu m’as dit la politique.A : ouais.Interviewer : pourquoi la politique ?A : Parce que c’est un sujet, au centre des débats politiques.Interviewer: hum hum(Silence)Interviewer : Et donc la pollution, t’en penses quoi ?A : C’est pas bien. Interviewer : c'est-à-dire ?A : bah, faut arrêter de polluer pour avoir un monde meilleur, une terre qui a un avenir. Faut que ça rentre dans la politique actuelle pour que le réchauffement de la planète se stoppe. Et qu’il y ait un développement durable. (Rire) je raconte n’importe quoi…Interviewer : mais non c’est bien.A : ouais après ? C’est tout ?Interviewer : non mais vas y continue.A : bah continue quoi ?Interviewer : tu penses à rien d ‘autre ?A : Tu veux dire d’autres mots ? T’as dit trois non ?Interviewer : Oui, mais après j’ai élargit ma question, en règle générale, la pollution c’est quoi pour toi, ça te fait penser à quoi ?A : ben, hum, ce sont des gens qui exploitent la planète pour trouver des richesses. Des richesses qui sont, euh, comment dire… pas limitées, comme par exemple euh, enfin pas l’oxygène mais euh si on utilise trop d’oxygène tu vois et qu’on rejette trop de co2… ou par exemple euh, les arbres, par exemple pleins de trucs tu vois. Donc y a les riches qui exploitent les pauvres qui exploitent les ressources de la terre, et après notre terre va se détruire comme ça. Donc au final la pollution c’est aussi une question d’inégalités.Interviewer : ce que tu veux dire c’est que c’est les pauvres qui polluent ?A : nan, à cause des riches.Interviewer : c'est-à-dire ? Tu peux m’expliquer ?A : Hum, bah, euh, soit déjà les riches ils polluent eux même euh, toutes leurs usines et tout, toutes leurs grandes productions et tout, genre ils font des grands champs en Amérique du sud,

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ou leurs grandes centrales dans les pays de l’est… enfin bref pleins de trucs comme ça, ou sinon ils exploitent les, les , gens par exemple, en Asie, bah ceux qui sont pauvres ils sont obligés d’aller pécher du poisson et tous les poissons ils les prennent et après y a plus de poisson. Et ça c’est à cause de leur pauvreté, donc c’est à cause des inégalités qu’on puise trop dans les ressources naturelles, et qu’on détruit la terre.Interviewer : D’accord, donc la pollution c’est dû aux inégalités.A : ouais. Et aux politiques, euh, ouais, et euh, ouais globalement. Parce que soit c’est les pauvres qui puisent dans les ressources parce qu’ils ont rien ; soit les riches qui pour faire du profit, qui s’en foutent, qui prennent tout. Ils polluent, ils font tout ce qu’ils veulent.Interviewer: hum hum(Silence)Interviewer : et t’en pense quoi ?A : de quoi ?Interviewer : de ce système ?A : bah faut changer le système.Interviewer : comment ?A : bah avec une politique plus axée sur l’environnement, et aussi plus axée sur la réduction des inégalités sociales.Interviewer : hum, parce que pour toi si on réduit les inégalités sociales on réduit la pollution ?A : bah euh, c’est un peu basé sur les deux, parce que c’est pas obligatoire que ça fasse les deux. Parce que genre faut que ce soit global dans le monde entier parce que genre si c’est que un pays qui réduit ses inégalités sociales, il va réduire ses inégalités sociales par rapport à la croissance du pays, ça va faire des taxes sur les entreprises et tout alors que les entreprises elles font leur profit en polluant, alors ça va revenir au même tu vois, parce qu’il va prendre l’argent en fait sur, grâce à la pollution.Interviewer : hum humA : donc tu vois faut que ça soit les deux ensembles. Et pas des qui veulent réduire les inégalités et des qui veulent réduire la pollution tu vois, faut qu’il fassent ensemble.Interviewer : hum humA : c’est tout ?Interviewer : bah je sais pas, t’as d’autres choses à dire ?A : hum… les ogm c’est pas bien.Interviewer : raconte.A : c’est ma prof de philo qui m’a dit hum, comme quoi y’en avait qui voulaient donner, enfin pas vraiment donner la vie mais euh… genre par exemple y’avait genre les graines de céréales bah ils voulaient les faire de sorte à ce qu’elles se reproduisent pas tu vois ? Interviewer : hum humA : genre qu’elles poussent une fois et après c’est mort il fallait tout racheter des céréales. Genre parce que les céréales qu’elles allaient produire elles allaient être pas fertiles, juste à manger tu vois ?Interviewer : hum humA : et donc ils allaient commercialiser entre guillemets la vie tu vois ? Enfin le fait que ce soit le cycle de la vie tu vois ?Interviewer : hum humA : et que… euh, chaque champs d’ogm en plus, il allait contaminer les champs d’à côté et donc après tu vois, la société elle a tout compris, elle gagne tout quoi. Donc c’est bien pour eux, les riches qui exploitent et tout mais comme je te disais pour les pauvres après qui n’ont pas d’argent pour renouveler ça… Tu vois normalement tu te dis vas y j’ai un champs et tout, je suis pauvre mais au moins je cultive mon champs. Et bah non, même si tu veux faire de l’agriculture toi-même, manger toi-même, et bah tu ne peux pas parce que tu dois aller acheter les graines qui sont fertiles…Interviewer : hum humA : … à l’entreprise.Interviewer : hum hum donc les ogm ça fait partie de la pollution aussi ?

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A : ouais. Silence… tout ce qui dégrade la nature, afin de faire des profits personnels et qui pollue. Ouais, c’est bon ?Interviewer : t’as plus rien à dire ?A : nan.Interviewer : t’es sûre ?A : ouais.Interviewer : d’accord, bah merci beaucoup.

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ANNEXE 3.

Questionnaire

(Version enfant)

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1/. A quoi te fait penser le « mot » pollution ? Donne-moi 3 mots !

Entoure le chiffre qui te semble le plus en accord avec les affirmations suivantes :

Parfaitement Parfaitement

en désaccord en accord

1/. Les animaux sont victimes de la pollution 1 2 3 4 5 6 7

2/. Les plantes sont affectées par la pollution 1 2 3 4 5 6 7

3/. Les océans, les rivières et les lacs sont pollués 1 2 3 4 5 6 7

4/. Le sol est pollué 1 2 3 4 5 6 7

5/. Les bâtiments sont affectes par la pollution 1 2 3 4 5 6 7

6/. L’air est pollué 1 2 3 4 5 6 7

7/. Notre corps est victime de la pollution 1 2 3 4 5 6 7

8/. Les océans, les rivières et les lacs sont déjà 1 2 3 4 5 6 7 irréversiblement pollués

9/. Le sol est irréversiblement pollué 1 2 3 4 5 6 7

10/. L’air est pollué de façon irréversible 1 2 3 4 5 6 7

11/. La diminution de la pollution de l’air diminue aussi  1 2 3 4 5 6 7 L’effet de la pollution sur les animaux

12/. Lorsque la pollution de la terre augmente celle des 1 2 3 4 5 6 7 océans augmente aussi 

13/. Les industries sont responsables de la pollution  1 2 3 4 5 6 7

14/. Les moyens de transport sont responsables de la 1 2 3 4 5 6 7 pollution

15/. Les animaux sont responsables de la pollution 1 2 3 4 5 6 7

16/. Les hommes sont responsables de la pollution 1 2 3 4 5 6 7

17/. Les appareils ménagers (les appareils électriques, 1 2 3 4 5 6 7 les ampoules, les frigidaires, etc.) sont responsables de la pollution. 

18/. Les ordures ménagères sont responsables de 1 2 3 4 5 6 7 la pollution 

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19/. L’agriculture est responsable de la pollution  1 2 3 4 5 6 7

20/. Les emballages sont responsables de la pollution  1 2 3 4 5 6 7

21/. Nous pouvons vivre sans usine 1 2 3 4 5 6 7

22/. Nous pouvons vivre sans voiture  1 2 3 4 5 6 7

23/. Nous pouvons vivre sans électricité 1 2 3 4 5 6 7

24/. Nous pouvons vivre sans moyen de transports 1 2 3 4 5 6 7

25/. Tu peux vivre sans télévision  1 2 3 4 5 6 7

26/. Tu peux vivre sans aller au Mac Do 1 2 3 4 5 6 7

27/. La pollution est complètement négative  1 2 3 4 5 6 7

28/. Il existe une forme positive de la pollution  1 2 3 4 5 6 7

29/. Tu peux faire quelque chose pour améliorer 1 2 3 4 5 6 7 l’état de l’air

30/. Il pourra exister un monde sans pollution  1 2 3 4 5 6 7

Merci d’avoir répondu à ce questionnaire et bonne continuation !

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