André de BROUSSE DE MONTPEYROUX 1915-1986

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André de BROUSSE DE MONTPEYROUX 1915-1986 Sources : AD Paris, Gallica (BnF), Rivarol du 2 juin 1961 R, Patrick de Montpeyroux Je tiens à remercier tout particulièrement le fils d’André de Brousse de Montpeyroux, Patrick, ainsi que Monsieur Michel Richard, qui m’ont fourni de nombreuses informations et documents pour la rédaction de cet article. André de BROUSSE de MONTPEYROUX des PRINCES de LIMOGES-BRETAGNE est né le 16 avril 1910 à Paris 10 ème , fils de Pierre, 33 ans, comte de Brousse de Montpeyroux … et Blanche Augustine BONNEAU, 34 ans, fleuriste

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André de BROUSSE DE MONTPEYROUX 1915-1986

Sources : AD Paris, Gallica (BnF), Rivarol du 2 juin 1961 R, Patrick de Montpeyroux Je tiens à remercier tout particulièrement le fils d’André de Brousse de Montpeyroux, Patrick, ainsi que Monsieur Michel Richard, qui m’ont fourni de nombreuses informations et documents pour la rédaction de cet article.

André de BROUSSE de MONTPEYROUX des PRINCES de LIMOGES-BRETAGNE est né le 16 avril 1910 à Paris 10ème, fils de Pierre, 33 ans, comte de Brousse de Montpeyroux … et Blanche Augustine BONNEAU, 34 ans, fleuriste

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Le 10 novembre 1926, il assiste au mariage du Roi Léopold de Belgique avec la princesse Astrid de Suède : il est au bras de la Princesse Maria-Angelina.

En 1927, il entre à l’Ecole Militaire. Le 8 avril 1931, assiste à la cérémonie nuptiale du Comte de Paris avec la princesse Isabelle d’Orléans : il est au bras de la Princesse Maria-Angelina.

En 1931, il participe à la campagne de Syrie.

En 1932, il fait des recherches sur la famille de Brousse ayant vécu à Alep en Syrie. En 1934, il quitte l’armée après la campagne de Syrie et se consacre à des œuvres sociales et au journalisme.

En juillet 1936, il s’engage, dans la guerre d'Espagne, aux côtés de la Tradition. Le 9 avril 1938, à Neuilly sur Seine, il épouse Marie Magdalena Joanna VARENDONCK, née le 10 juillet 1902 à Gentbrugge (Belgique).

Dans le Figaro du 25 août 1938, on peut lire que la marquise de Brousse de Montpeyroux a participé au cocktail du Motor Yacht Club de la Côte d’Azur.

Dans le Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, on peut lire que M. le marquis de Brousse de Montpeyroux a été élu membre de la société dans sa séance du 25 octobre 1938. On apprend qu’il réside à Torteron dans le Cher et villa Les Lilas 26 boulevard d’Argenson à Neuilly sur Seine.

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Mobilisé en 1939, il est désigné pour le Proche-Orient et, sur sa demande, doit rejoindre le 1er

Spahis Marocains (3ème escadron) comme sous-lieutenant …

La débâcle l’en empêche et il sera volontaire pour les corps francs et groupes de reconnaissance.

Il est chargé par le 3ème Bureau de la IVème D. I. N. A. de faire liaison avec le PC de la 9ème

Armée (Corap). Après avoir réussi à passer la Dyle, en Belgique, et à franchir les lignes allemandes, il forme un commando avec des Nord-Africains séparés de leurs unités et se fait un passage sur Avesne-sur-Elpe, d’où l’état-major de l’armée est parti. La ville est bombardée et l’ennemi commence à l’investir. Il se dirige vers La Capelle (Aisne) où il est blessé une première fois. Une partie de ses hommes disparaissent. A Guise, il évite de justesse d’être pris par les Allemands, mais, trompé par un jeune espion, il tombe dans une embuscade montée par des paras ennemis. Pendant deux heures, il combattra seul, dans le sous-sol d’une maison où est installé le PC allemand. Il faudra un char pour l’en déloger. Blessé par une grenade, il réussit à brûler une partie des documents dont il est porteur, malgré l’ennemi qui le harcèle et sur lequel il tire ses dernières cartouches. Il sera atteint par une balle de pistolet dans les côtes, et fait prisonnier. Sur la place du village, on rassemble les prisonniers devant les cadavres des Allemands et on fait creuser sa tombe au prisonnier Montpeyroux, qui, perdant son sang, ne peut bientôt plus tenir son outil. Une relève opportune de troupes allemandes lui vaut d’être gracié et il rejoint les autres prisonniers. Dans l’espoir d’une évasion, il est volontaire pour les corvées de ravitaillement du camp de Morialmé, et, avec quelques autres, organise le sabotage des réservoirs d’essence. Envoyé à la frontière germano- polonaise, il tombe épuisé et doit être hospitalisé six mois à La Chapelle-Saint-Mesmin, après avoir subi l’extraction d’une balle à l’hôpital Villemain de Paris. Il passe ensuite une semaine dans sa famille en Berry …

Dans l’Echo annamite du 19 juin 1940, on peut lire que la marquise de Montpeyroux a fait don à la Croix-Rouge d’un bracelet de brillants racheté par un planteur mutilé de guerre pour la somme de 150 000 francs.

Dans l’Information d’Indochine du 28 décembre 1940, on apprend qu’ils sont séparés de biens. En décembre 1942, il franchit la zone rouge à Bar-le-Duc pour s’installer à Nancy, où il organise un réseau de passages et d’évasions.

Le 8 avril 1943, premier mariage dissout par le tribunal de Nancy.

Le 12 avril 1944, il épouse Marie Louise Blanche VERRY DE LA PLUME en la chapelle privée de l’évêque de Nancy et de Toul, Primat de Lorraine.

Il aura deux fils avec son épouse : Jean-François Guy Charles de Blois, né en décembre 1944 et décédé accidentellement le 8 juin 1982. Patrick Louis Yves, comte de Brousse des Princes de Limoges-Bretagne né en 1946, en résidence à Nancy.

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En mai juin 1944, André de Brousse de Montpeyroux fera partie de l’organisation « Ceux de la Résistance » CDLR Lecomte-Boinet.

En 1944, il s'engage dans l'Armée du Général de Lattre de Tassigny, où son état de santé le prive de service actif ; il est affecté au service de presse du Général Raoul Salan lors de la campagne d'Allemagne d'où il rentre avec comme trophée l'épée saisie au Général von Braunschweig.

Il subit ensuite une lourde intervention chirurgicale (7 côtes enlevées, il ne lui reste de valides qu'un bras, un poumon et une jambe.) Il est réformé à 100%.

En 1944, il publie Pages d'histoire aux Iles du vent : esquisse d'héraldique et d'histoire sur le passé de la République d'Haiti, autrefois Saint-Domingue, et colonie française des Antilles chez C. Ranchon.

En 1944, il publie également La Comédie PG, de la route vers l’exil, aux chausse-trapes du retour.

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En 1945, il publie le Trésor du château de Crevant chez Humblot

En 1945, avec l’armée De Lattre de Tassigny

Dans le Journal Officiel du 2 février 1948, André de Brousse de Montpeyroux résidant à Nancy est fait officier d’académie pour services rendus aux lettres.

En 1950 il rentre en Berry dans sa nouvelle propriété de Saint-Benoît du Sault. Dans le Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, liste des membres non-résidents 1951 Marquis de Montpeyroux-Brousse château de Saint-Benoît-du- Sault (Indre).

En 1953 il devient Maire de Saint-Benoît du Sault et conseiller général du canton, membre influent du Comité de l’Association des Maires de France et d’Outre-Mer.

Il est également Président de la Commission de la Jeunesse et des Sports de l’Associations des Maires de France. Européen convaincu, il accède à des fonctions importantes au Conseil Européen des Maires.

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Dans Vie et bonté (journal de la Croix-Rouge) d’avril 1954 : sa sœur, Madame Bertoletti née Renée de Brousse de Montpeyroux, décède le 31 janvier 1954 à la suite d’une longue et douloureuse maladie supportée avec un exceptionnel courage.

Elle avait appartenu pendant de longues années à la fondation d’Heuqueville en tant qu’infirmière attachée au service de rapatriement du ministère de la santé et IPSA au ministère de l’Air.

Il est titulaire des décorations suivantes : 2 croix de guerre (TOE et 1945 avec palmes), médaille militaire, chevalier de Grâce Magistrale de l’Ordre de Malte, Légion d’honneur.

Les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur lui seront remises le 11 novembre 1955 lors d’une prise d’armes sur la grande place de Châteauroux par le Colonel Emile Coulandon dit Colonel Gaspar, un des principaux chefs de la résistance française en Auvergne, avec cette dédicace : « En ce 11 novembre 1955, j’ai inscrit sur le registre de l’Ordre, avec émotion, un nom au passé prestigieux en recevant : André, comte de Brousse, Marquis de Montpeyroux, Chevalier de la Légion D’honneur ».

En 1956, il se porte volontaire pour participer, malgré son handicap, aux opérations d’Algérie.

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De 1956 à 1957, il est lieutenant, chef de la SAS de Masséna, au Sud-Ouest d’Orléansville.

En janvier 1957, il est blessé lors de l’attaque de son poste : son cheval est tué sous lui.

Le 1er janvier 1957, il publie l’Algérie aux enchères ou les clés de la paix.

En février 1957, il obtient la soumission à la France de tous les douars de la région qui rallient son calot rouge.

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Lors de son départ de Masséna la population lui offre une plaque « assise » sur le marbre où se tient une panthère noire en bronze.

En 1957, il publie Esquisses historiques et archéologiques sur la cité de Saint-Benoit-du-Sault et la vicomté de Brosse : guide des promenades et excursions dans le canton et la région de Saint-Benoit.

De 1957 à 1961, il est de nouveau maire de Saint-Benoît-sur-Sault dans l’Indre et Conseiller général (source l’Impartial).

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En 1958, il publie Autour d’une erreur politique, l’affaire Bellounis (tué le 14 juillet 1958), précédé d’une lettre ouverte à M. le Président du Sénat.

En 1958, Rapport au Général de Gaulle : ou le miracle d'Alger.

En 1959, Second Rapport au Général de Gaulle à l'occasion de sa visite en Berry et à Châteauroux. En avril 1960, il repart secrètement à Masséna, dans la région d'Orléansville, puis à Mostaganem où il abrite un cheikh (parent du Roi de Libye) qui dirige une importante confrérie religieuse.

En décembre 1960, avec René Villard, fonctionnaire de l’Aéronautique civile en Algérie, il est co-fondateur de France Résurrection, réseaux de résistants issus de la droite nationaliste.

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Le 15 février 1961, dans l’Oranais, près de Mostaganem, à environ 80 km au nord-est d’Oran, il est le co-fondateur d’un premier maquis « Algérie française » avec le capitaine de l’Armée de l’Air Jean-René Souètre et le cheikh Si El Hadj Tekouk Ben Tekouk Senoussi.

Le 23 février 1961, 9 membres dont les deux chefs sont capturés par les gendarmes mobiles. Une partie de leurs hommes s'enfuit avec 400 armes et se fondent dans d'autres maquis en formation.

Afin d’éviter le massacre de leurs hommes, les deux chefs se sont ainsi sacrifiés.

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Dans Paris Presse du 1er mars 1961 :

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André de Brousse est interné et hospitalisé à Alger puis renvoyé à Paris le 13 avril par avion militaire.

Le 22 avril 1961, il est démissionné d'office (19 voix sur 19 votants) par le Conseil Général de l'Indre de son mandat de Conseiller Général puis destitué par le Préfet de son mandat de Maire.

Rivarol du 2 juin 1961 évoque « Le cas tragique d’André de Montpeyroux »

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En 1961, il publie « Faut-il suivre Salan ? »

On y apprend la devise de la famille De Brousse de Montpeyroux : « Oncques ne rebrousse » (jamais ne recule) ainsi que son surnom « El Ghoul » le démon : ses amis musulmans l'avaient baptisé ainsi par sa faculté à apparaitre là où personne ne l'attendait et à disparaitre comme il était venu.

Il est placé au secret à Paris jusqu'à la fin juillet dans ce qu'il décrit comme « une ancienne

cellule de la Gestapo ». Une procédure est ouverte contre le Préfet de Police pour non-

assistance à personne en danger. Il est sorti sur un brancard et hébergé par un curé, sous

contrôle judiciaire. Déguisé en ouvrier (avec un bleu de travail) il franchit la frontière suisse et

est accueilli par un médecin qui lui fournit des faux papiers ; il s'envole à Madrid sous le nom

de Jean Marty.

Ses amis musulmans l'aident à prendre le dernier bateau quittant Alger pour Alicante en juillet

1962.

Entre 1963 et 1965, on le trouve à la tête de troupes berbères dans les montagnes de Kabylie.

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Pourchassé, il se réfugie en Espagne, au monastère bénédiction de Los Caïdos, dans la Vallée des Morts.

Il y exerce les fonctions de bibliothécaire jusqu'à la fin 1969, sous le nom monastique de Fray Patricio. Auparavant, par acte notarié établi chez un notaire de Madrid, il avait renoncé à ses TITRES et ARMES au profit de ses enfants. Il est aussi bibliothécaire du Centre d'Etudes Sociales d'Espagne. Il est découvert lors d'une visite du Ministre français de l'Intérieur Roger Frey qui exige en vain l'extradition de ce "dangereux terroriste" et qui, selon ses dires, lui aurait ensuite envoyé des barbouzes pour l'enlever ou l'abattre.

Il entre en correspondance avec la dissidence du général Raoul Salan qui lui confie la responsabilité des maquis indigènes pro-français.

Il essaie de traverser la Méditerranée à Alicante en accompagnant un troupeau mais se ravise en apprenant qu'il a été trahi.

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Avec l’aide de contrebandiers, il passe la frontière française à Saint-Jean-de-Luz et prend le train jusqu’à Marseille où il apprend l’arrestation du général Raoul Salan, le 20 avril 1962.

Il rejoint l'Algérie une nouvelle fois en se glissant à l'aéroport de Marseille dans la suite officielle d'un ministre.

Le 20 janvier 1962 est fondée à Alger la Société des Amis de René Villard : André de Montpeyroux en est président d’honneur.

Dans les Mémoires de la société des sciences naturelles et archéologiques de la Creuse pour l’année 1966 : M. de Montpeyroux-Brousse a envoyé une étude sur l’abbaye d’Aubigny.

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En 1967, il publie Pirates d’hier et soldats de France : de la croix au croissant en passant par les Conciles, aux éditions de la Tour Saint-Jean.

En décembre 1969, il quitte l'Espagne de Franco pour le Congo de Mobutu où il exerce jusqu'en août 1971 la direction du centre hospitalier de Mbandaka à la demande de l'Archevêque.

En août 1970

En aout 1971, et sous couvert des différentes lois d’amnistie, il peut revenir à Saint-Benoît-du- Sault.

Le journal « La Nouvelle république » daté du 10 décembre 1971 consacre une page entière au retour de André de Brousse sous le titre suivant : « Premier maquisard de l’Algérie française et moine-soldat du XXème siècle, André de Montpeyroux a retrouvé sa demeure de Saint-Benoît du Sault, son exil politique aura duré 11 années ».

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Il s’intéresse de nouveau à sa commune et c’est ainsi que l’on peut lire dans la revue Sites et monuments : bulletin de la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France de janvier-février-mars 1976 : « A la suite d’une série de protestations, dont la première fut publiée par la Nouvelle République du Centre-Ouest du 4 juillet 1974, sous la signature d’A. de Montpeyroux-Brousse, ancien maire et conseiller général, les travaux suspendus furent enfin repris, le préfet étant personnellement venu constater le bien-fondé de la réclamation. »

En janvier 1982, il publie Feuillets d’exil avec un avant-propos du Colonel Rémy.

Il décède le 22 mai 1986 à Saint Benoît-du-Sault (Indre) où il repose dans le caveau familial.

Dans l’Algérianiste de 1987, Jacques Villard, fils de René, écrit un article « André de Brousse de Montpeyroux, mort en proscrit ». En 1989, sont publiés les Contes du fleuve et de la forêt.

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En 2011, son fils Patrick publie Le diable se fait moine aux éditions AMD

André de Brousse de Montpeyroux de la Maison de Limoges-Bretagne avait fait de sa vie un défi et de sa mort un simple passage à l’éternité.

De son vivant, son courage avait été salué par le Colonel Rémy, Georges Bousquet et le général

Raoul Salan.

Aujourd’hui encore il demeure un exemple.

Eric SAFRAS le mercredi 25 mars 2020