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ABC Agriculture et Agroalimentaire de Bretagne en Clair Analyse & Perspectives Edition 2016

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ABC Agriculture et Agroalimentaire de Bretagne en Clair

Analyse & PerspectivesEdition 2016

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v

ABC Agriculture et agroalimentaire de Bretagne en Clair

Analyse & Perspectives

2016

On entend souvent les propos suivants chez les par-lementaires et les élus territoriaux de notre région, « En Bretagne, il y a un avant-Doux et un après-Doux, un avant Gad et un après-Gad ». Ajoutons, un avant Quotas laitiers, et un après Quotas laitiers. Un avant et un après restitu-tions à l’exportation dans la volaille.L’année 2015 concentre, non plus des signaux de rupture, mais la concrétisation d’une transformation profonde et définitive.La Bretagne, à l’exception de certains micro-territoires, ne se céréalise pas. Elle reste une terre d’élevage et de production légumière. Mais quelle terre d’élevage ? Quelle dynamique légumière ? Cette dynamique de production de

4 Synthèse de l’année 2015

Où est la sortie de secours ?

6 Contexte politique et économique

TTIP : des raisons de s’inquiéter

8 Grandes cultures

Développer une culture économique

10 Alimentation animale

Plein de ressources

12 Focus Emploi-compétences-formation

Exploitations agricoles recherchent compétences

14 Lait

Maintenir le cap

18 Porc

Explosion de la filière porcine bretonne

22 Focus Circuits de proximité

Solidarité à travers champs

24 Volailles Œufs Lapin

La grippe fait grimper la température

28 Bovins viande

A la reconquête du consommateur2

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valeur ajoutée est-elle durable ? C’est la question qui nous est collectivement posée.En 2015, les producteurs paient au prix fort le poids exorbitant de la Grande Distribution dans le prix des produits alimentaires agricoles, quels que soient leur niveau de transformation et d’éla-boration. Ils paient aussi les effets désastreux d’un abandon par la puissance européenne de toute forme de régulation des marchés agricoles. A ce jeu-là, c’est le moins disant social de l’agro-ali-mentaire allemand qui gagne, ou le moins-disant environnemental espagnol. Il faut gagner les parts de marché de produits de base alimentaires totale-ment substituables où le seul critère qui prime est le prix le plus compétitif.Comment faire rebondir la Bretagne agricole et agroalimentaire ?En rapprochant sur les territoires les producteurs des consommateurs sur la question alimentaire, sur les filières courtes et longues, en redonnant la place qu’ils n’auraient pas dû perdre aux produc-tions régionales dans la restauration hors domicile.

En rapprochant sur les territoires les produc-teurs des consommateurs sur la question sociale. N’en déplaise aux idées reçues, la pro-duction agricole bretonne n’est pas industrielle, ni encore aux mains de financiers. Elle reste à taille humaine, familiale, associative. C’est une valeur ajoutée à défendre auprès des consom-mateurs citoyens.C’est avec ces atouts que l’agriculture bretonne doit retrouver de la rentabilité, de la fierté pour donner envie aux agriculteurs d’investir, de se moderniser, de recruter, de progresser dans l’organisation des filières et notamment dans les relations entre acteurs pour permettre à la Bretagne de rester une région agricole et agroa-limentaire qui compte en France, en Europe et dans le monde.

Jacques JAOUEN

Président de la Chambre régionale d’agriculture

de Bretagne

32 Focus Céréalisation

Céréalisation et élevage : on optimise ?

34 Légumes frais

Innover pour résister

36 Légumes transformés

Régime extra-fin

38 Focus Algues vertes

Algues vertes, construisons le futur

40 Agriculture biologique

Lait bio : l’année des records !

42 Industries agroalimentaires

L’agroalimentaire breton résiste

46 Énergie climat

La transition énergétique : un atout économique ?

48 Environnement et Territoires

Maintien ou évolution, faudra-t-il choisir ?

50 Glossaire

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«

L’ampleur des difficultés que connaît l’agriculture bre-tonne interpelle. La plupart des productions sont touchées simultanément. La combinaison du ralentissement éco-nomique des pays émergents et du démantèlement de la régulation des marchés met les exploitations agricoles en grande difficulté. La Bretagne s’interroge  : doit-elle tout miser sur la compétitivité ou chercher à mieux valoriser ses produits ?

Où est la sortie de secours ?

Crise est le mot qui revient sans cesse à l’évocation de l’année agricole 2015. Des agriculteurs qui bloquent les routes et les super-marchés, qui roulent sur Paris en

tracteur. Autant d’images fortes qui resteront dans les mémoires. Autant d’actions qui sont le symptôme d’un profond désarroi. La forte chute des prix concerne la plupart des produc-tions bretonnes : lait, porc, viande bovine mais aussi grandes cultures. Chaque marché a ses spécificités. Des causes communes sont-elles néanmoins identifiables ? Est-ce que cette si-tuation était prévisible et quelles sont les pistes pour faire face ?

De la rareté à l’abondanceLes marchés agricoles mondiaux, bien que volatils, ont connu une hausse tendancielle de-puis le milieu des années 2000. Ils suivaient en cela l’évolution des autres grands marchés des matières premières, ceux de l’énergie et des métaux. Le principal moteur est alors la forte demande des pays émergents, Chine en tête. Tous ont atteint des niveaux records. Le prix du baril de pétrole dépassa par exemple les 140 $, des émeutes de la faim se déclenchèrent. Cela a fait dire à certains que le XXIe siècle serait ce-lui de la rareté et donc de la cherté des matières premières.2015 vient contredire, au moins tempo-rairement, cette prédiction. Un fort cycle déflationniste s’ouvre, touchant l’ensemble des matières premières. Le pétrole passe de 96 $ le baril en 2014 à 49 $ en 2015. La Chine est en mutation et la crise économique commence à sérieusement affecter les pays émergents qui réduisent leurs achats. A ceci s’ajoute depuis 2014 l’embargo de la Russie, pays dépen-dant des importations en produits animaux. Inévitablement, la plupart des cours agricoles baissent : céréales, lait, viandes.

Un saut sans filetCe contexte dépressif coïncide avec l’aboutis-sement d’un processus commencé en 1992 : la libéralisation de la Pac. Avant la fin des quotas le 31 mars 2015, le lait était le dernier grand marché agricole encore régulé. C’est désor-mais chose révolue. Tous les produits agricoles suivent dorénavant la loi de l’offre et de la de-mande et sont très influencés par les marchés mondiaux. Lorsque ceux-ci se retournent, le peu d’outils de régulation que conserve l’Union européenne ne suffit pas à soutenir les prix. Or un marché agricole libéralisé possède deux propriétés intrinsèques. Une faible variation de l’équilibre entre offre et demande entraîne d’importantes variations de prix. Et les cycles de production étant longs, les volumes mettent du temps à s’ajuster à la hausse ou à la baisse.Cela se vérifie en 2015. Alors que les prix sont au plus bas, la production européenne aug-mente nettement dans plusieurs secteurs : +2,5 % en lait et en volaille de chair, +2,6 % en porc. Ces volumes supplémentaires arrivent au moment où la demande ralentit. Ce qui fait craindre que les cours demeurent bas un mo-ment. A moins d’une reprise des importations des pays émergents, l’ajustement par un repli de la production semble inévitable avec toutes les conséquences sociales qui peuvent en dé-couler.

Guerre économiqueLa situation actuelle peut se résumer à l’équa-tion : marché libéralisé + cycle dépressif = concurrence exacerbée. C’est le pays, la région ou la filière produisant le moins cher qui est le mieux placé. Dans ce contexte, le projet d’ac-cord de libre-échange en cours de négociation entre l’Union européenne et les Etats-Unis inquiète. Si ce traité, appelé Tafta en anglais, est ratifié, les filières animales européennes

Différence de coût de production entre le poulet polonais et français.

d’aliments pour le bétail fabriqués en 2015 par 48 usines.

18 %

Part de la collecte nationale de lait en bio.

2,3 %

8 millions de tonnes

Synthèse de l’année 2015

4

bio

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et bretonnes devront affronter un adversaire redoutable. Ses bovins engraissés dans des « feedlots », parcs d’engraissement pouvant contenir des milliers de têtes, ses filets de poulets ou encore ses longes de porcs et jam-bons pourraient rentrer en quantité importante sur notre territoire.La concurrence est aussi féroce au sein même de l’Union européenne. Les champions ac-tuels sont l’Irlande en lait, l’Espagne en porc et la Pologne en volaille de chair. Pour différentes raisons, ces pays ont des coûts de production plus faibles que leurs concurrents. Ce qui leur permet d’accroître leurs volumes et de gagner des parts de marchés. La filière bretonne et française de volaille de chair connaît cette situation depuis un moment : les importations en provenance des pays européens repré-sentent plus de 30 % de la consommation nationale.

Gérer l’urgence et construire malgré tout

Face à la brutalité de la crise, différentes mesures sont prises. Fonds d’allégement des charges ( Fac ), report de paiements de cotisations sociales, d’impôts, etc. Autant de mesures d’urgence financées par l’Etat visant à soutenir sur le court terme les exploita-tions les plus en difficulté. Des tentatives de soutien des prix se font jour dans différents pays : fonds laitier en Belgique abondé par les distributeurs, hausse des prix chez les hard-discounters allemands pour aider les agriculteurs. En France, sous la pression des éleveurs, des hausses de prix sont obtenues en lait, porc et viande bovine. Les 340 €/1000 litres en lait, 1,40 €/kg en porc et quelques centimes/kg supplémentaires en viande bo-vine permettent d’amortir le choc. Mais soit ces accords ne tiennent pas dans le temps, soit ils exposent les acteurs à des sanctions européennes pour entente sur les prix.Dans ce cas, quelles autres alternatives que de faire le dos rond ? Que de compresser ses charges au maximum en espérant une embel-lie ? Compétitivité est le nouveau leitmotiv. Produire moins cher que le voisin, que ce soit au niveau des exploitations ou des industries. Cela passe par des investissements bien ré-fléchis mais difficiles en période de vaches maigres et par des systèmes d’élevage les plus efficients possibles. La décision du gou-vernement d’abaisser les cotisations sociales des exploitants va aussi dans ce sens : réduire les distorsions avec nos concurrents.

Stratégie frontale ou d’évitement ?Face au sentiment d’impuissance que fait naître cette situation, d’autres pistes voient le jour. Pourquoi ne pas éviter la concurrence frontale en se différenciant ? En essayant de mieux valoriser les produits sur le marché in-térieur ? L’étiquetage de l’origine des viandes compte sur le patriotisme des consomma-teurs pour qu’ils achètent du jambon français plutôt qu’espagnol. Mais cela suffira-t-il ? D’autres réflexions portent sur la contractua-lisation avec l’aval. Intermarché a ainsi lancé un contrat de 5 ans avec des producteurs de porcs. Au-delà de cet exemple, ces faits sont une des composantes du psychodrame que connaît la filière porcine en 2015. Le Marché du Porc Breton a historiquement servi d’outil per-mettant d’avoir un prix connu, le même pour tous les éleveurs et reflétant l’état du marché. Le développement de la contractualisation questionne son rôle. Verra-t-on désormais quelques éleveurs vendrent individuelle-ment directement à la grande distribution à des conditions différentes ? Une autre voie, compliquée à mettre en œuvre, serait que la plus-value obtenue d’une différenciation soit répartie collectivement afin d’éviter des filières à plusieurs vitesses. D’évidence, une gageure.Savéol est l’exemple d’une entreprise qui a réussi cette stratégie de différenciation en tomate. Sa recette est d’innover en essayant d’avoir toujours « un coup d’avance » pour sur-prendre et faire plaisir aux consommateurs. Une règle à garder en tête pour se soustraire de l’affrontement brutal sur le seul facteur prix.

Exploitations cherchent échappatoires

La complexité du monde agricole d’aujourd’hui nécessite de former des actifs compétents. C’est un enjeu important car 30 % des agricul-teurs ont plus de 55 ans. Le chef d’exploitation se doit plus que jamais d’être bon stratège et de montrer des capacités d’adaptation. De nombreux exemples prouvent que c’est déjà le cas. Que ce soit les 2 600 agriculteurs bretons qui s’engagent dans la transition énergétique, la hausse des conversions en bio ou encore le succès des MAEC. Le recul des algues vertes et l’implication dans des démarches solidaires prouvent que les agriculteurs bretons conti-nuent de répondre aux attentes de la société. Des efforts pas cher payés ces derniers temps qui expliquent le mécontentement dans les campagnes.

Arnaud [email protected]

L’€ s’est dévalué de 17 % face au $ entre 2014 et 2015 ce qui a permis d’amortir la chute des cours.

La SAU bretonne est

très majoritairement

exploitée par des

éleveurs ; seule 6 % l’est par des exploitations céréalières professionnelles.

Depuis la fin des quotas laitiers, l’UE a

produit 4,6 milliards de

litres supplémentaires sur un an.

Qualité bio

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«

Depuis 2013, un projet d’accord de libre-échange est en

cours de négociation entre l’Union européenne et les

Etats-Unis. L’agriculture est un enjeu fort de ces négo-

ciations qui portent à la fois sur les droits de douanes

et l’harmonisation des normes et réglementations. Les

Etats-Unis ont des intérêts offensifs incontestables pour

conclure un tel accord. Les filières agroalimentaires fran-

çaises ont des raisons de s’inquiéter.

TTIP : des raisons de s’inquiéter

Le Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement ( PTCI ), connu sous l’acronyme TTIP ou Tafta en anglais, est un projet d’accord de libre-échange en cours

de négociation entre l’Union européenne ( UE ) et les Etats-Unis. Les négociations ont démar-ré en 2013 et prévoient entre autres une quasi disparition des droits de douanes, une harmo-nisation réglementaire et un accès réciproque aux appels d’offres publics. L’agriculture est un enjeu fort de ces négociations pour les Etats–Unis qui espèrent réduire leur déficit commercial agroalimentaire avec l’UE.

Etats-Unis déterminésPour inverser la tendance, les Etats-Unis comptent sur deux leviers d’action. Baisser les droits de douanes, puis réduire les bar-rières non tarifaires, c’est-à-dire harmoniser les normes et les réglementations, notamment dans le domaine sanitaire.La réduction des droits de douanes appliqués sur les produits agricoles et agroalimentaires est un enjeu important côté américain. Les droits de douanes en vigueur pour les pro-duits industriels sont faibles de part et d’autre de l’Atlantique ( aux alentours de 2 % ). Mais ils s’élèvent à 13 % pour les produits agroa-limentaires américains entrant en Europe soit près du double de ceux appliqués par les Etats-Unis.

Menace sur les filières viandesToute réduction des droits de douanes affec-terait davantage les produits européens. Ceci est encore plus vrai pour les secteurs animaux

où ceux-ci demeurent très élevés. En moyenne sur le marché européen, la protection tarifaire applicable aux viandes et aux produits laitiers est supérieure à 40 %. En viande bovine, les taux s’élèvent à 97 % pour la viande désos-sée congelé et 75 % pour la viande désossée fraîche.

La viande bovine très exposéeAvec près de 100 millions de têtes de bovins, les Etats-Unis demeurent le premier produc-teur mondial de viande bovine. Une large majorité des bovins y sont engraissés dans des « feedlots », des parcs d’engraissement très intensifs pouvant contenir plusieurs mil-liers de bovins. L’alimentation des bovins américains basée sur le maïs est complétée par un certain nombre d’additifs ( activateurs de croissance ) interdits en Europe. Face à ce modèle d’élevage très intensif, l’UE n’est pas compétitive. D’après l’Institut de l’éle-vage, même sans l’utilisation d’hormones de croissance, les exploitations américaines res-teraient plus performantes économiquement.

Des risques pour la volaille et le porcPour la volaille, les risques sont également réels. D’après l’Itavi, si les droits de douanes sont supprimés, les filets de poulet seraient susceptibles de rentrer sur le marché euro-péen. L’UE n’a pas importé de viande de volaille des Etats-Unis depuis 1997, suite à l’embargo lié au traitement des carcasses aux solutions chlorées. Si l’obstacle du lavage à l’eau chlorée est supprimé, il faudrait alors s’attendre à des importations massives qui mettraient à mal la filière avicole bretonne.

Contexte politiqueet économique

Le déficit commercial agroalimentairedes Etats-Unis avec l’Union européenne varie de -5 à -7,5 milliards de dollarsces dernières années.

Le TTIP concernerait potentiellement 820 millions de consomma-teurs.

Les produits agricoles et agroalimentaires représentent 16%des exportationseuropéennes versles Etats-Unis.

-5 à -7,5 milliards de $

16 %

820 millions

6

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La balance commerciale française est excédentaire avec les Etats-Unis, grâce aux boissons

Pour la viande porcine, l’Ifip estime que la suppression des droits de douanes ouvrirait la porte du marché communautaire aux longes et aux jambons, pièces mal valorisées sur le mar-ché américain et très demandées en Europe.

La filière laitière à l’offensive ?La seule filière animale européenne qui semble avoir un intérêt offensif dans les négo-ciations du TTIP est la filière laitière. En effet, le marché américain est en pleine croissance et l’UE aimerait pouvoir en profiter. La filière européenne a trois objectifs : faire tomber les droits de douanes, supprimer les barrières sa-nitaires et faire reconnaître aux Etats-Unis les indications géographiques pour éviter que du Comté par exemple puisse y être fabriqué sous cette appellation. Du point de vue du grand ouest laitier français, il n’est pas sûr qu’un ac-cord soit intéressant. En effet, les Etats-Unis exportent de plus en plus de produits laitiers, notamment des produits industriels qui pour-raient se retrouver en concurrence avec les fabrications françaises.

Point clé : les aspects non tarifairesPour la plupart des produits agroalimentaires, un des principaux obstacles aux échanges réside dans les pratiques d’élevage ou de fa-brication des produits. Ces aspects sont liés à la fois à la réglementation ( interdiction de

l’usage d’hormone ou du chlore par exemple ) ou à des standards en phase avec les attentes des consommateurs ( traçabilité, bien-être ani-mal, signes de qualité, non OGM… ). Du côté européen, pour rassurer les consommateurs, plusieurs responsables politiques affirment qu’il est hors de question d’abandonner nos normes et standards de production.Ce qui ne veut pourtant pas dire que le marché communautaire sera à l’abri des importations en provenance des Etats-Unis. Selon plusieurs observateurs, même si on ne parvient pas à un accord sur les barrières non tarifaires, à partir du moment où les barrières tarifaires tom-beront, les Etats-Unis sauront s’adapter à la demande des consommateurs européens en mettant en place des filières spécifiques pour accéder au marché.Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merkel ont plaidé fin avril 2016 pour que le TTIP soit conclu avant la fin de l’année. Au vue des fortes divergences qui demeurent encore aujourd’hui sur un certain nombre de volets, y compris non agricoles, cet objectif semble de moins en moins réaliste.

Mary [email protected]

L’Union européenne peut demander à exclure des négociations certains produits (viande bovine par exemple) en les classant en produits

dits « sensibles ».

Avec cet accord, les

Etats-Unis espèrent

contenir la montée

en puissance de

l’économie chinoise.

Alors qu’elle constitue un véritable outil

offensif pour les Etats-

Unis, la parité euro-dollar n’est pas un sujet des négociations.

Source : BusinessFrance

en milliards d’euros courants

3,0

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

0

-0,5

1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2008 2012

Importations Exportations

Solde

2,92

1,94

0,98

7

S

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«

Pour la vente ou directement pour l’élevage, les

céréales et les oléoprotéagineux participent au revenu

de l’exploitation. Les éleveurs bretons ont tout intérêt

à renforcer l’approche économique de leurs cultures.

Connaître son coût de production, optimiser ses charges,

penser sa stratégie de commercialisation sont les leviers

à activer davantage.

Développer une culture économique

Retour sur la moisson 2015 en Bretagne. Les conditions climatiques ont été favorables aux céréales à paille ( blé, orge, triticale et avoine ), qui occupent 75 % des surfaces

céréalières et 25 % de la SAU1 bretonne. La production 2015 flirte avec les 4,3 millions de tonnes ( Mt ) de céréales faisant de cette récolte une des trois plus abondantes des dix dernières années. Les rendements moyens régionaux sont supérieurs à la moyenne quin-quennale. Les agriculteurs ont augmenté leur sole en blé, la culture dominante en Bretagne. Cette céréale s’étend sur 304 000 hectares ( ha ), un niveau jamais atteint depuis 1989. Les surfaces d’orge sont en forte expansion au dé-triment du triticale. Le niveau de prix a eu raison du maïs récolté en grain, jugé trop faible, les producteurs ont préféré valoriser cette culture en fourrage. Les protéagineux bénéficient cette année d’un complément d’aide dans le cadre du Plan protéines. Leurs surfaces augmentent modestement ( 6 750 ha ).Côté prix, c’est une autre histoire pour cette campagne de commercialisation 2015/2016. Les signaux donnés par les fondamentaux ( offre et demande mondiales, état et locali-sation des stocks ) pointaient en faveur d’un recul du cours des matières premières. Malgré la pression ponctuelle de quelques facteurs haussiers, les cours des marchés mondiaux ont fléchi, se répercutant sur les prix payés aux producteurs bretons.

Le débouché export, une nouvelle voie

Les grains produits sur le sol breton sont direc-tement valorisés localement par l’alimentation animale. Or ce débouché décline d’année en année. L’export devient aujourd’hui un réel enjeu pour le secteur. L’émergence récente d’une filière pour assurer un débouché aux cé-réales bretonnes à l’international en témoigne. En 2015, ce sont 30 000 tonnes de maïs grain qui ont quitté les quais de Lorient.Malgré son statut d’exportateur mondial ma-jeur, la France a encore des enseignements à tirer de la dernière campagne de commerciali-sation. Les acteurs français sont pénalisés par une qualité de récolte des blés pas en phase avec la demande. Leur manque d’anticipa-tion vis-à-vis des évolutions de prix, dans un contexte de forte concurrence ( Mer Noire… ), leur a causé du tort. Le blé français n’a donc pas pu trouver ses débouchés habituels ( Égypte, Algérie… ).Si des prix bas constituent une réelle op-portunité pour les éleveurs bretons, en tant qu’acheteurs de matières premières… ils sont aussi une moins-value sur le poste culture de vente. Les volumes commercialisés et non valorisés en direct par l’agriculteur sont certes limités. Mais la collecte des céréales et des oléoprotéagineux augmente ( 3,35 Mt en 2015 ) et les surfaces qui leur sont consacrées aussi. Tirer le meilleur revenu possible de la commercialisation des productions végétales, réalisées sur les hectares disponibles de l’ex-ploitation d’élevage, tombe sous le sens.

Grandes cultures

ont été générés par l’export breton de céréales et oléopro-téagineuxen 2015.

survolés par les drones des Chambres d’agri-culture de Bretagne pour le pilotage de la fertilisation.

tonnes de maïs

grain exportées depuis le port de Lorienten 2015 contre13 400 tonnesen 2014.

7,3 millions d’euros

30 000

1 300 hectares

(1) SAU : Surface Agricole Utile8

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Des rendements 2015 au-dessus de la moyenne quinquennale

BretagneSurfaces

2015 (hectares)

Rendement 2015

(quintaux/ha)

Rendement Moyenne

quinquennale (quintaux/ha)

Production 2015

(tonnes)

Production Moyenne

quinquennale (tonnes)

Blé tendre 304 090 75,3 70,6 2 290 038 2 054 528

Maïs grain (hors semences) 129 158 83,1 81,8 1 073 787 1 118 110

Orge et escourgeon 81 400 74,2 64,4 603 655 445 140

Triticale 37 990 64,9 61,6 246 620 302 790

Colza 37 350 33,8 31,3 126 116 104 820

Avoine 9 724 54,0 50,5 52 504 55 881

Pois protéagineux 3 450 46,5 42,9 16 038 22 701

Féveroles et fèves 2 790 32,8 35,5 9 156 4 762

Seigle et méteil 370 46,1 46,1 1 706 3 099

Lupin doux 506 34,6 32,4 1 752 1 812

Lin oléagineux 293 22,4 21,5 655 1 702

Tournesol 77 23,0 22,4 177 617

Des leviers à activer au sein des exploitations bretonnes d’élevage

Dans un contexte de prix agricoles très vola-tils et bas, les producteurs bretons doivent être vigilants à la bonne valorisation de leurs productions végétales. Les Chambres d’agriculture de Bretagne accompagnent les agriculteurs pour calculer leurs coûts de pro-duction, les aider à se situer par rapport à des références. Cela dans l’objectif d’identifier les voies de progrès possibles ( réduction du coût des intrants, optimisation des charges de mé-canisation… ). Le pilotage de la fertilisation de la culture de blé, aidé des nouvelles technolo-gies telles que les drones, est un premier levier à actionner par les producteurs. D’autant plus que le taux de protéines de cette culture y sera très sensible et pourra apporter une plus-value à la vente. Ce poste de dépenses liées aux en-grais minéraux représente en moyenne 40 % des charges d’intrants de la culture ( source Résultats Groupes culture des Chambres d’agriculture de Bretagne ). Pour l’approche des charges de mécanisation, l’outil AgriSim, complété des références du projet Ecofuel, permet à partir de l’audit du parc matériel de l’exploitation et de son usage, de calculer les charges de mécanisation globales et par

culture. Puis dans un second temps, de simu-ler les gains apportés par différents scénarios ( passage au non labour, délégation d’une par-tie des travaux ). Une réelle aide dans l’objectif de leur réduction et dans le choix entre l’achat de matériel ou le recours à la Cuma2 ou encore aux ETA3 .L’évaluation du coût de production ou prix d’objectif par culture à l’échelle de l’exploi-tation constitue la finalité de la collecte des données technico-économiques. Elle est un outil d’aide à la décision de vente de sa production. Sur la sole disponible de l’ex-ploitation, le choix de la culture à implanter prendra alors tout son sens. Parmi les étapes à ne pas négliger, la gestion de la commer-cialisation, avec ou sans la réalisation de stockage à la ferme, reste le nerf de la guerre. Divers contrats existent. Chacun présente un degré de risque qui devra être intégré par le producteur pour faire son choix.

Julie [email protected]

Calculer son coût de production pour se positionner par rapport à un prixde vente proposé.

Valoriser au meilleur prix ses culturesde vente.

L’export breton,un débouché qui gagne à être exploité.

Source : Crab d’après Agreste – Statistique Agricole Annuelle provisoire

(2) Cuma : Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (3) ETA : entreprise de travaux agricoles

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Gérer la volatilité accrue des prix des matières premières

servant à la composition des aliments, fournir de l’aliment

à un prix compétitif mais répondant aux besoins des ani-

maux et avec un haut niveau de qualité sanitaire, quelques

défis parmi tant d’autres à relever… Les acteurs du sec-

teur de la nutrition animale bretonne doivent contribuer à

la performance économique des élevages.

Plein de ressources

« Tant qu’il y aura de l’élevage en Bretagne, il y aura de l’alimenta-tion animale. Non exportable pour cause de contraintes logistiques trop importantes, l’aliment industriel fabri-

qué en Bretagne trouve ses débouchés sur le territoire régional voire sur les départements limitrophes.Bien que la demande d’aliment industriel par l’élevage local s’amenuise d’année en année, le secteur reste mobilisé. 8,07 millions de tonnes ( Mt ) d’aliments sortent des usines bre-tonnes en 2015. Une baisse d’activité moindre ( 28 350 tonnes en 2015 ) que celle observée ces deux dernières années ( environ 200 000 tonnes par an ). Plus de huit tonnes sur dix sont destinées aux élevages de porcs et de volailles.Le regain général de la demande d’aliments pour les volailles ( poulets, dindes et poules pondeuses ), qui repasse la barre des 3 Mt constitue le fait marquant de 2015. Cette fi-lière est tirée par la dynamique du poulet qui consomme 50 000 tonnes supplémentaires cette année, soit 60 % du rebond enregistré par la catégorie.Avec le recul des fabrications à destination des porcins ( 3,7 Mt en 2015 ; -57 700 tonnes sur un an ), le secteur avicole pourrait, si son dynamisme persiste quelques années encore, devenir le premier soutien de l’activité indus-trielle de nutrition animale régionale. C’est d’ailleurs le cas pour la production avicole biologique. Sur les 85 000 tonnes d’aliments industriels bio, plus de 72 000 tonnes sont destinées aux volailles dont 90 % pour les poules pondeuses.

Acheteur, formulateur, fabricant et fournisseur

Dans le contexte actuel de crise que traverse l’élevage breton, la compétence du fabricant d’aliment doit s’exprimer pleinement : com-mercialiser un aliment composé économique répondant aux besoins des animaux. Son travail consiste donc en la recherche de la for-mule la plus intéressante économiquement à partir d’un pool de matières premières, dont les prix sont devenus très volatils ces der-nières années.Or, le prix de l’aliment livré aux éleveurs dé-pend des évolutions du prix des céréales notamment, mais pas uniquement. Celles-ci constituent au minimum 60 % des formules destinées aux porcins et plus de 50 % pour les volailles. Le coût de l’énergie aura également un impact, principalement celui du pétrole, du fait des coûts de fabrication et de la logistique pour l’acheminement des matières premières vers les usines, puis de l’aliment vers les éle-vages. Sans oublier la marge économique visée par le fabricant, au regard de ses propres charges ( financières, salariales… ).Un lissage, à la hausse comme à la baisse, ainsi qu’un décalage dans le temps ( environ deux mois ) s’observe entre les évolutions du prix des matières premières et celles du prix de l’aliment proposé par le fabricant. Résul-tat de sa stratégie d’approvisionnement sur le marché, de sa capacité de stockage des ingrédients, ainsi que de sa stratégie de cou-verture sur les marchés à terme. Courant 2015, des délais de paiement sont accordés par les fabricants aux éleveurs. D’après Nutrinoë ( communiqué de presse du 17 juin 2015 ), près

Alimentation animale

entreprisesbretonnes

pour plus de 4 600 salariés en 2013 dans le secteur industriel de la nutrition animale ( source donnéesInsee Esane ).

générés par le secteur régional en 2013 soit un quart du chiffre d’affaires national ( source données Insee Esane ).

74

3,4 milliards d’euros

tonnes d’aliments bio fabriqués en 2015.

Plus de 85 000

BIO

10

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Lissage et décalage dans le temps de l’impact du prix des matières premières sur le prix de l’aliment

de 130 millions d’euros ( 40 millions de plus qu’en 2014 ) sont apportés en aide de tréso-rerie aux éleveurs de porcs par les entreprises bretonnes de nutrition animale. Cela prend la forme de délais de paiement, en moyenne de 55 jours sur la période, d’aides à l’investisse-ment ou encore d’avances de céréales...Certains proposent aux éleveurs des contrats garantissant des achats d’aliment à un prix fixé sur de longues périodes, dans un souci de stabilité de ce poste de dépense pesant forte-ment dans le coût de production. Par ailleurs, une partie des céréales de l’éleveur peut être directement valorisée dans son aliment livré, ce qui réduit l’impact de la volatilité à la seule fraction protéique, la part de l’aliment la plus compliquée à se procurer à l’échelon régional.

Être autonome vis-à-vis de la protéine

Les productions végétales locales ne suffisent pas à combler les besoins des formulateurs. Ils incorporent plus de 4 Mt de céréales en 2015 : blé ( 2,2 Mt ), maïs ( 1,1 Mt ), orge ( moins de 500 000 tonnes ), substituables entre elles. Leur part varie d’une année sur l’autre du fait de leur niveau de prix et de leur disponibilité sur les marchés.

Mais, le point faible breton reste la forte dé-pendance à la protéine, issue des tourteaux ( soja/colza/tournesol ), des protéagineux ( pois et féverole ) et des autres matières ( acides ami-nés… ). Depuis quelques années, les tourteaux de colza métropolitains ou encore de tourne-sol «High Pro» ( décortiqué avec une meilleure teneur en protéines disponible ) en provenance de la Mer Noire se taillent une place dans les formules au détriment du tourteau de soja importé. Non présente en Bretagne faute de conditions pédoclimatiques adéquates, la culture de soja se développe toutefois peu à peu au niveau national, soutenue par le Plan protéines porté par les pouvoirs publics ( via une aide couplée de 58 €/ha en 2015 ).Rechercher une moindre exposition à la vola-tilité des cours des matières premières, miser sur des matières premières à forte teneur en protéines et se garantir une durabilité de leurs approvisionnements sont les défis, pour les-quels les acteurs régionaux de la nutrition animale devront déployer… toute leur énergie.

Julie [email protected]

Un rebond de la

demande en aliment

pour volailles en

Bretagne en 2015.

Le taux de marge

réalisé par le secteur

est plus élevé

que la moyenne

des industries

agroalimentaires

bretonnes ( 37 % en

2013 comparé à 21 % ).

Réduire l’exposition

à la volatilité des prix

des matières

premières : un des défis

pour le secteur.

Source : d’après Coop de France Nutrition Animale - Tableau de Bord «Prix des aliments».Les indices Ipaa et Ipampa sont calculés avec une base 100 portant sur la moyenne de l’année 2010.Indice Ipaa : calculé par l’hebdomadaire La Dépêche - Le Petit Meunier, cet indice mensuel mesure l’évolution du prix en disponible d’un panier de 16 matières premières représentatives des utilisations globales par les fabricants d’aliments.Indice Ipampa : reflète l’évolution des prix de vente sortie usine des aliments composés observés par l’Insee.

janv 2012 juil 2012 janv 2013 juil 2013 janv 2014 juil 2014 janv 2015 juil 2015 janv 2016

Prix matières premières ( Ipaa ) Prix aliments composés ( Ipampa )

indices rebasés 100 en 2010

160

150

140

130

120

110

100

90

11

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Emploi • compétence • formation

La disponibilité et la qualification de la main d’œuvre sera-t-il le facteur limitant de

la production agricole en Bretagne ? L’installation est de plus en plus risquée.

Les agriculteurs ont du mal à recruter des salariés qualifiés. Dans un environnement

macro et micro-économique complexe, le besoin en compétences est grandissant,

pour les agriculteurs comme leurs salariés. Le contexte de crise accentue encore

ce besoin en qualifications.

Après une longue période de diminution, le nombre d’actifs agricoles se stabilise. La baisse du nombre des chefs d’exploitation s’est ralentie et l’emploi salarié augmente de nouveau de façon significative.

L’agriculture a besoin d’actifs…Avec 30 % d’agriculteurs de plus de 55 ans, les départs en retraite sont actuellement nombreux. Le potentiel pour l’installation est donc important. Mais se lancer en agricul-ture est une opération risquée, notamment en cas d’investissements lourds et d’annuités d’emprunt élevées. Côté salariat, les postes de permanents se créent pour remplacer le départ d’un associé, soulager le travail de l’agriculteur, accompagner le développement de la production. Mais encore faut-il trouver les candidats. Même dans la situation actuelle de crise, avec certains agriculteurs qui mettent entre parenthèses leur projet de recrutement, ceux qui recherchent des salariés ont souvent du mal à les trouver. Le contexte agricole n’est pas propice à susciter les vocations : crises à répétition, méconnaissance de la diversité des productions et des possibilités d’emploi sont quelques-unes des explications.

… et de compétencesLe travail de l’agriculteur se complexifie pour plusieurs raisons : les marchés agricoles sont instables, les exploitations s’agrandissent, la technique et les réglementations évoluent. Cela accroît les besoins en compétences des actifs.

L’agriculteur doit s’informer pour comprendre l’environnement politico-économique dans lequel il évolue. Il doit connaître et respecter les normes réglementaires et contractuelles de production. Leur application engage sa responsabilité et son revenu. Le travail admi-nistratif, souvent dévalorisé car assimilé à une contrainte, présente un caractère incontour-nable et peut aussi être source de recettes comme dans le cas de la Pac.L’agrandissement des exploitations en sur-face, valeur capitalistique et quantité de travail augmente la prise de risque. Le droit à l’erreur se réduit tout particulièrement dans le contexte actuel de crise. Les agriculteurs doivent assurer une gestion financière et tech-nico-économique plus pointue.L’organisation du travail fait partie de la liste des choix stratégiques de l’exploitant : face à la quantité de travail à réaliser, va-t-il mé-caniser, chercher un associé, embaucher un salarié ou bien déléguer à un prestataire exté-rieur ? La communication écrite et orale est la clé de voute de toutes ces relations humaines. La gestion des ressources humaines devient une fonction fondamentale.Les progrès dans les techniques, équipements et matériels sont un des vecteurs d’améliora-tion de la productivité et des conditions de travail. Mais encore faut-il les connaître, être en capacité de les utiliser, et surtout de faire les bons choix. Avoir délégué plutôt qu’investi en s’endettant peut s’avérer salvateur quand la crise arrive.

Exploitations agricoles recherchent compétences

Des compétences requises dans de nombreux domaines.

Des compétences à adapter aucas par casen fonction du profil de l’exploitation.

Des compétences en lien direct avec l’activité agricole, mais aussi qui relèvent de la gestion de n’importe quelle entreprise.

focus

12

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Emploi • compétence • formation

Evolution 2002/2006

Evolution 2011/2015 Valeur 2015

Chefs d’exploitation -9,6 % -6,3 % 38 809

Autres actifs familiaux -30,6 % -31,7 % 2 308

Salariés en équivalent temps plein +1,2 % +11,9 % 28 077

Ensemble des actifs agricoles -8,7 % -1,0 % 69 194

Les exploitations sont aussi de plus en plus diverses : productions atypiques, agriculture bio-logique, diversification d’activités… sans oublier la multiplicité des possibilités techniques ou d’équi-pements. L’exploitant a donc une somme de choix stratégiques à faire. Encore une fois, être en veille dans les domaines considérés va l’aider à mener sa réflexion stratégique, pour ensuite conduire ses projets. La diversité des profils d’exploitations conduit à une personnalisation des besoins en compétences et donc en formation.

Polyvalence, autonomie et motivation pour les salariés

Le niveau de compétences des salariés permanents s’accroît également. Ils doivent avoir les connais-sances techniques qui relèvent de leur poste et de la rigueur pour respecter les procédures.Selon la taille des exploitations et les productions, le profil des postes varie. La polyvalence est surtout recherchée en lait, la spécialisation en porc. L’agran-dissement des exploitations tend à créer des postes plus spécialisés, ainsi que des postes d’encadre-ment. Ces derniers sont déjà bien présents en porc ou en légume ( serres ). Ils se développent ailleurs, notamment dans le machinisme agricole.Souvent, les employeurs veulent des salariés ayant de la pratique afin qu’ils soient rapidement opé-rationnels et autonomes. Deux phénomènes vont à l’encontre de cette attente : les personnes non issues du milieu agricole, de plus en plus nom-breuses, manquent des repères et bases pratiques. De plus, depuis sa réforme en 2009, le Bac Pro se prépare en 3 ans au lieu de 4, avec une diminution du temps consacré à la pratique.Face aux difficultés de recrutement et au turn over important des salariés dans certaines productions, motivation et volonté d’apprendre sont les premiers critères d’embauche pour certains employeurs, avant même le diplôme.Renouvellement des actifs, développement du salariat, acquisition des compétences, attractivité des métiers : tels sont les principaux enjeux au-tour de l’emploi agricole. Dans un secteur de plus en plus complexe et instable, la disponibilité des compétences est un facteur stratégique pour l’ave-nir de l’agriculture. Formation, engagement de la profession et ouverture d’esprit des actifs sont les principaux leviers pour relever le défi de l’emploi.

Anne [email protected]

Ralentissement de la baisse du nombre de chefs d’exploitation et augmentation du nombre de salariés

Augmentation de la part des chefs d’exploitation de plus de 55 ans

Source : MSA - Traitement statistique : Observatoire emploi formation - Crab

Source : MSA - Traitement statistique : Observatoire emploi formation - Crab

13

35

30

25

20

15

10

5

0 2000 2005 2010 2015

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hausse des

exportations

européennes

en tonnage

(équivalent lait).

collectésen France

sur 10 sont valorisés sur le marché français.

La collecte des grands bassins laitiers mondiaux croît

fortement depuis deux ans. Son expansion sera plus mo-

deste en 2016. Mais la crise s’installe. A nouveau l’année

sera tendue pour le secteur laitier. Les dispositifs euro-

péens ne suffisent pas à rétablir l’équilibre. Les initiatives

des Etats ou des opérateurs privés prennent le relai. En

Bretagne, la filière souffre mais maintient le cap.

Maintenir le cap

«des importations mondiales de produits laitiers réaliséespar laChine.

15 %

2016 sera difficile. L’excès d’offre mettra du temps à se résorber. Une fois le choc de la suppression des quotas absorbé, la situation devrait s’améliorer. La demande mondiale

devrait croître d’environ 1,9 % par an au cours de la prochaine décennie. Les exportations européennes auront un rôle important à jouer pour répondre à ces besoins. Mais la volati-lité des marchés perdurera. Dans les années à venir, les marchés ne sont pas à l’abri d’une nouvelle crise.Or, l’Union européenne semble démunie face à la volatilité. Avec la suppression des quotas, elle a renoncé à son principal outil de régula-tion. Ceux actionnés en 2015-2016 favorisent le recours au stockage. Ils ne suffisent pas à rééquilibrer les marchés. Bien que l’offre soit trop importante, le lait continue d’affluer. Les stocks s’alourdissent. L’érosion des cours mondiaux s’accentue.La crise est d’abord une crise de surproduc-tion. L’Union européenne contribue à hauteur des 3/4 de la croissance de la collecte laitière mondiale. En 2014 déjà, les 2/3 de la hausse lui étaient imputables. En cause : la suppression des quotas laitiers au 31 mars 2015. Dans les pays laitiers européens les plus dynamiques, Irlande, Pays-Bas et Allemagne notamment, éleveurs comme transformateurs investissent depuis plusieurs années. Ils se préparent à développer leur production une fois les quo-tas supprimés. Et effectivement, depuis le 31 mars, la croissance des livraisons de lait accé-lère encore dans ces pays.Mais les moteurs de la demande s’enrayent. Les importations de la Chine, acheteur majeur, fléchissent. Elles repartiront vraisem-

blablement à la hausse en 2016. Mais les hauts niveaux de croissance observés sur la dernière décennie sont désormais révo-lus. Par effet de ricochet, le recul de la Chine contribue à intensifier la compétition sur des marchés traditionnellement chasse gardée de l’Union européenne. D’autant que l’embargo russe enclenché mi-2014 se poursuit. L’Union européenne a perdu là le 1er débouché de ses fromages. Heureusement, la baisse de l’euro lui ouvre des marchés au grand-export. Tous produits laitiers confondus, ses exportations se développent en volume.Autre facteur de ralentissement, la chute du prix du pétrole. Elle pénalise les pays dépen-dant de la rente pétrolière pour financer leurs importations. L’effet semble modéré en 2015. Il pourrait s’observer davantage cette année.

L’initiative privée à la rescousseFace à l’insuffisance des dispositifs publics, les opérateurs de la filière laitière prennent le relai. En Belgique, producteurs, transfor-mateurs et distributeurs parviennent à un accord. Pendant six mois, les distributeurs s’acquittent d’une contribution pour chaque litre de lait acheté. Le fonds constitué permet de soutenir directement les éleveurs laitiers. L’aide représente environ 9 500 euros pour un élevage moyen. Les autorités de la concur-rence valident ce dispositif, considéré comme une aide temporaire à destination d’un secteur en crise. Pour le plus long terme, les opéra-teurs belges réfléchissent à la création d’un

Lait

+ 6 %

6 litres

(1) : Chambre d'agriculture de Bretagne et IDELE. Le résultat disponible recouvre l’excédent de trésorerie et la rémunération du travail des agriculteurs.

14

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Chute du prix du lait* breton en 2015

Baisse généralisée des prix du lait des principaux producteurs européens

Millions de tonnes 2013 2014 2015 2016 (p)

Union européenne à 28 142 148,5 152,2 153,3

Evolution en % +0,7 % +4,6 % +2,5 % +1 %

France 24,0 25,3 25,4 -

Evolution en % -0,5 % +1,3 % +0,2 % -

Bretagne 5,1 5,4 5,4 -

Evolution en % +0,7 % +5,8 % -0,3 % -

€/tonne 2012 2013 2014 2015 % d'évolution 2015/2014

Union européenne* 327 365 372 307 -17 %

Allemagne 320 375 376 296 -21 %

France 320 346 365 310 -15 %

Royaume-Uni 337 363 380 330 -13 %

Pays-Bas 338 395 394 306 -22 %

Italie 370 388 396 347 -13 %

Pologne 287 317 322 278 -14 %

Espagne 309 343 352 301 -14 %

Irlande 323 383 378 300 -21 %

Source : European Milk Market Observatory, Institut de l’élevage et enquête mensuelle laitière SSP-FranceAgriMer

Source : European Milk Market Observatory

Source : Enquête mensuelle laitière SSP-FranceAgriMer

Evolution contrastée des collectes européenne et bretonnefonds de solidarité destiné à la gestion des crises aiguës.De l’autre côté de la frontière, la coopérative néerlandaise FrieslandCampina se trouve dépassée par l’ampleur des livraisons. Dé-but 2016, elle verse une prime aux éleveurs qui acceptent de modérer leur production, le temps que sa nouvelle tour de séchage entre en activité. Cette initiative de courte durée marque par son caractère inédit. Autre me-sure, la filiale belge de la coopérative cesse définitivement de collecter une partie de ses producteurs belges. L’objectif pour Friesland : réajuster sa production locale à la demande du marché belge.En Allemagne, la distribution s’implique. Les hard-discounters annoncent des hausses de prix pour soutenir les prix payés aux éleveurs. En France également, certains distributeurs communiquent sur diverses initiatives en di-rection des producteurs.

Une entente en France ?La grogne monte chez les éleveurs français. Des manifestations s’organisent. Dès l’été, les opérateurs de la filière, du producteur au distributeur, se rencontrent sous l’égide des pouvoirs publics. La presse se fait l’écho d’un accord autour d’un prix du lait à 340 €/1000 litres en moyenne annuelle. Seuls sont concernés les volumes de lait valorisés sur le marché français en produits premier prix ou en produits vendus sous marque de dis-tributeur. Malgré cette importante restriction, les effets de l’accord sont tangibles. Le prix français du lait décroche moins que celui des pays voisins.Un résultat insatisfaisant aux yeux des éle-veurs. Ils estiment que le marché français, sur lequel une part prépondérante de leur production est valorisée, devrait mieux ré-munérer leur lait. Le médiateur des relations commerciales semble leur donner raison. Selon lui, la baisse des prix payés aux pro-ducteurs dépasse largement le recul des tarifs de vente des industriels. Les transformateurs pourraient-ils faire davantage d’effort vis-à-vis des éleveurs ?Du côté des autorités bruxelloises, l’analyse de la médiation française prend une tout autre tournure. Les opérateurs sont suspectés de pratiques anticoncurrentielles. Pour autant, les prix à la consommation de la plupart des produits laitiers marquent un repli en 2015. S’il y a eu entente, elle ne semble pas porter pré-judice aux consommateurs.

(p) : prévision Institut de l’Elevage

* : Prix pondéré par la production

* : Prix payé au producteur toutes qualités et toutes primes prises en compte.

Livraisons (milliards de litres) Prix du lait (€/1 000 litres)

Prix payé au producteur toutes qualités et toutes primes prises en compte

4,91

315

341

327

355

377

319

5,165,09

5,12

5,42 5,41

15

5,6

5,2

4,8

4,4

400

360

320

280 2010 2011 2012 2013 2014 2015

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chute du résultat disponible par actif familial en 2015 des exploitations laitières spécialiséesdu dispositif INOSYS - Réseaux d’élevageen Bretagne.

de chiffre d’affaires à l’exportation pour la filière bretonne en 2015, 13 % de moins qu’en 2014.

Organisations de Producteurs reconnues en Francedébut 2016.

Lait

La filière bretonne souffre mais garde le cap

La filière bretonne fait le dos rond et espère des jours meilleurs. Plus de 5,4 milliards de litres sont collectés, un niveau proche de l’an dernier. Le prix du lait s’effondre. Le résultat disponible par actif familial chute fortement en 2015. D’après le dispositif INOSYS–Réseaux d’élevage, un réseau qui suit des exploitations laitières spécialisées performantes, il passe en 2015 sous la barre des 25 500 € par actif familial en moyenne, une baisse de plus de 13 000 € par rapport à l’année précédente.Les éleveurs font appel au fonds d’allègement des charges proposé par l’Etat, compressent leurs coûts, multiplient les ouvertures de cré-dit bancaire, retardent les paiements aux fournisseurs… Les trésoreries souffrent, d’au-tant que la totalité des aides Pac tarde à être payée. Certains gardent confiance en l’avenir, en témoigne la dynamique d’installation. Les installations aidées en exploitation laitière spécialisée représentent 42 % des installa-tions bretonnes. Une proportion similaire à celle observée en 2014, soit 160 projets. C’est moins que les 200 projets de 2014, compte tenu de la baisse globale du nombre d’instal-lations aidées en 2015.A l’aval, de nouveaux mouvements d’entre-prises s’opèrent. La coopérative Armoricaine Laitière fusionne avec le groupe Even, son partenaire historique. Laïta valorisera désor-mais l’intégralité de sa collecte. Les activités laitières des coopératives Eurial et Agrial se regroupent. Ce mouvement sera entériné mi-2016 lors des assemblées générales des deux groupes. Sodiaal poursuit aussi son dévelop-pement avec une fusion envisagée avec la coopérative normande CLHN. Côté industrie privée, un rapprochement est envisagé pour 2016 entre Nestlé et le britannique R&R Ice cream, présent en Bretagne avec son site Rol-land dans le Finistère.

Malgré la crise, les industriels continuent d’investir. Une grosse vague d’investissement dans de nouvelles capacités de transforma-tion avait déjà été initiée au cours des années précédentes. En 2015, l’effort s’axe davantage sur des projets de modernisation des outils. Les résultats des transformateurs présents en Bretagne ne sont pas encore connus globa-lement pour cette année. Certains, à l’instar de Laïta, communiquent sur leur dégradation. Savencia affiche au contraire une progression soutenue par son activité à l’international. Crise oblige, Sodiaal annonce un plan de 41 millions d’euros (M€) d’économie pour 2016.Tous semblent peiner sur un marché intérieur peu dynamique. Les français diminuent leurs achats en lait de consommation et en produits ultra-frais. La crème ne progresse plus. Les achats de fromages se tassent globalement. Certains voient néanmoins leurs ventes pro-gresser, comme la mozzarella, la raclette et les fromages valorisés dans les préparations fait-maison. Du côté des exportations bretonnes de fromages et produits laitiers, la tendance est à la baisse. Le chiffre d’affaires atteint 669 M€, 13 % de moins qu’en 2014, 24 % de moins qu’en 2013.

Contrats à vendreAu 1er avril 2015, les contrats prennent la place des quotas. 2011 a été l’année de leur mise en place. 2016 sera celle de leur renouvelle-ment. Plus que cette échéance, les ventes de contrats de gré à gré font l’actualité. Les éle-veurs s’échangent contrats et parts sociales. En Bretagne notamment, les quotas ont long-temps limité les possibilités de croissance des exploitations. Or, malgré leur disparition, cer-

- 38 %

669 M€

51

16

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Morosité de la consommation 2015 de produits laitiers en France

2010 2011 2012 2013 2014 2015

Nombre d'installations aidées en production laitière spécialisée

186 220 154 208 199 163

Part des installations aidées 39 % 43 % 33 % 44 % 41 % 42 %

tains industriels refusent formellement toute augmentation du volume contractuel. Pour les éleveurs concernés, les achats de contrats sont perçus comme une opportunité. Celle de produire plus et de saturer leur outil de pro-duction. Voire, pour certains, d’éviter de subir des pénalités pour dépassement du volume contractuel. Pourtant ces achats pèsent très lourd sur les coûts de production. La fragilité juridique de ces transactions inter-pelle. A l’issue de la période contractuelle, les volumes acquis seront-ils pérennisés ? Ces échanges limitent aussi le volume disponible pour les projets d’installation. Ils privent les organisations de producteurs d’une partie

de leur pouvoir. Les volumes vendus de gré à gré échappent en effet à toute gestion col-lective qu’elles auraient pu orchestrer. Seuls quelques transformateurs acceptent ces ventes. Elles leur permettraient de réorgani-ser leur collecte sans avoir à en supporter le moindre coût. Les pouvoirs publics ont déci-dé de réagir et d’interdire prochainement les ventes de contrats… affaire à suivre.

Maud [email protected]

A 319 €/1000 litres, le prix breton du lait recule de près de 60 € par rapport à 2014 (prix payé

au producteur, toutes

qualités et toutes primes

prises en compte).

Selon la Commission européenne, la crise est conjoncturelle et ne remet pas en cause les bonnes perspectives qui s’offrent au secteur laitier. La croissance de la demande mondiale devrait représenter 16 millions de tonnes de lait supplémentaires par an dans les dix ans à venir.

En Bretagne, la dynamique du secteur laitier se maintient avec 160 installations dans des exploitations spécialisées dans la production laitière en 2015. Les transformateurs continuent d’investir, notamment pour renforcer leur compétitivité.

Maintien de la part des installations aidées en production laitière spécialisée en Bretagne

Source : FranceAgriMer d’après panel Kantar Worldpanel, cumul annuel du 29.12.2014 au 27.12.2015.

Source : Eoloas

-4 -2 0 +2 +4 +6 +8

Lait de consommation

Ultra-frais

dont yaourts

dont fromages frais

dont desserts frais

Beurre

Crème

Fromage de vache

dont emmental

dont raclette

dont mozzarella

en %

-2,1 %

-1,8 %

-2,9 %

-1,7 %

+0,3 %

+0,9 %

-0,2 %

-0,1%

+1,1 %

+5 %

+7 %

Volumes de produits laitiers achetés par les ménagesEvolution 2015/2014

17

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« L’offre est abondante dans l’Union européenne en ce début d’année 2015 alors que la consommation est atone. Ce contexte se traduit par des prix au plus bas : une moyenne de

1,189 €/kg sur 5 mois, inférieure de plus de 13 % à celle de la même période 2014. Beau-coup d’élevages voient leur santé économique se dégrader rapidement. Sous la pression de nombreuses manifestations d’éleveurs et avec la médiation de l’Etat, deux enseignes de la grande distribution ( Leclerc et Intermar-ché ) s’engagent mi-juin à soutenir le prix du porc au MPB par l’intermédiaire de leurs outils industriels afin que le cours atteigne 1,40 €/kg. L’objectif est atteint fin juillet, mais deux indus-triels Cooperl Arc Atlantique et Bigard ( 30 % des achats de porcs au MPB pour ce dernier ) décident mi-août de se retirer du cadran. Se-lon ces deux acteurs de la filière, le prix breton ne pouvait rester longtemps déconnecté des prix de nos voisins européens et principale-ment de l’Allemagne et de l’Espagne. A ce moment, l’écart entre le prix au MPB et le prix allemand atteint 25 cts/kg. Fin septembre la situation explose. Il n’y a pas de cotations au MPB pendant 7 semaines, le temps des dis-cussions pour établir une nouvelle convention au MPB. Cet outil, permettant la transparence, mis en place en 1972, est le lieu de confron-tation de l’offre et de la demande. Les règles sont connues ( grilles de paiement, délais de paiement ). La nouvelle convention établie le 26 novembre apporte quelques changements, avec en particulier un seul tour d’enchères à

la place de deux, la suppression du prix de retrait et la garantie du maintien de l’anony-mat de l’acheteur de chacun des lots. Les cotations reprennent entre 10 groupements de producteurs et 6 acheteurs, mais en l’absence du groupe Bigard.

Des tensions dans la filièreLa crise de cet été a fait « exploser » la filière, remettant en cause les relations entre ses dif-férents maillons, ainsi que les outils comme le MPB. A la production, la concurrence entre les différents pays européens est forte. La fi-lière bretonne et aussi française par manque d’investissement a perdu en compétitivité. L’atomisation des groupements de produc-teurs est critiquée. On compte au niveau national une quarantaine de groupements de producteurs. Dans une situation d’excé-dent, leur regroupement est nécessaire afin de concentrer l’offre. Plusieurs d’entre eux s’engagent à renforcer leur collaboration pour peser face à un aval plus concentré et une distribution désormais très présente dans le maillon abattage. Depuis la prise de contrôle par Intermarché des abattoirs Gad à Josselin et Holvia à Briec en 2014, un tiers des volumes de porcs charcutiers abattus en Bretagne est aux mains de la distribution avec les groupes Leclerc et Intermarché.Dans une situation où la filière est dans l’in-capacité de trouver des solutions collectives, des entreprises proposent aux producteurs des outils pour préserver leur marge. La mise en place de contrats bi-partites entre produc-

Nombre de porcs charcutiers abattus en Bretagne.

Hausse attenduedes importations chinoises en 2016par rapportà 2015.

Part de l’Allemagne dans les exportations européennesà destinationdes pays tiers.

13,59 millions

24 %

+ 26 %

Après de fortes tensions pendant l’été, la filière porcine

bretonne explose en début d’automne. Les cotations au

Marché du Porc Breton ( MPB ) sont suspendues pen-

dant plusieurs semaines. La filière n’a d’autre choix que

de se remettre en cause et d’entamer une réflexion sur

les outils à mettre en place, alors que le maillon produc-

tion n’a jamais été aussi fragilisé.

Explosion de la filière porcine bretonne

Porc

18

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Les abattages bretons retrouvent le niveau de 2011

Les 10 premiers abattoirs de porcs français en 2015

Hausse de la production dans l’Union européenne

2014 2015 Evolution 2015/2014

Union européenne à 28 250 821 258 350 +3,00%

Union européenne à 15 218 592 224 793 +2,80%

Allemagne 45 966 47 269 +2,80%

Espagne 42 389 45 862 +8,30%

Danemark 29 726 31 424 +5,70%

France 23 877 24 208 +1,40%

Pays-Bas 23 959 24 036 +0,30%

Nouveaux Etats membres 26 011 27 080 +4,10%

Pologne 15 300 16 100 +5,20%

Département Abattages (millions de têtes)

Part dans les abattages français

(en %)

22 Cooperl AA Lamballe 2,52 10,4

22 Kermené 2,08 8,6

35 Cooperl AA Monfort 1,48 6,1

56 Bernard 1,35 5,6

53 Socopa Evron 1,33 5,5

35 JPA Josselin 1,23 5,1

35 Abera 1,16 4,8

35 Gatine Viandes 1,13 4,7

29 Socopa Chateauneuf 1,10 4,5

79 Cooperl AA St Maxent 0,94 3,9

Les 10 premiers abattoirs français 14,32 59,2

Source : Eurostat.

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste-Draaf Bretagne-Enquête mensuelle auprès des abattoirs.

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Uniporc Ouest.

teurs et industriels ou même tri-partites, avec en plus le maillon distribution peuvent être une solution parmi d’autres. Il existe des initia-tives récentes. C’est le cas du contrat « SWAP valeur porc/jambon » entre Syproporcs et Herta. Il permet au producteur de fixer un prix du porc sur 6 mois. Mis en place à partir de juin 2015 pour 6 mois, il est renouvelé en ce début d’année 2016, avec un prix d’achat des porcs charcutiers fixé à 1,26 €/kg. La cota-tion de référence est la moyenne mensuelle au MPB. Plus récemment ( début 2016 ) les groupements de producteurs Aveltis et Pres-tor proposent à leurs adhérents de signer un contrat de 5 ans avec le groupe Intermarché. Le prix de vente des porcs est indexé sur les cours du blé et du soja. Reste à voir au fil du temps si ces contrats permettent aux produc-teurs de retrouver de la rentabilité.Une solution réside aussi dans la segmen-tation du marché : proposer des produits en fonction des besoins du marché. Quelques opérations de différenciation des produits à la consommation ont été mises en place, même si cela reste des niches : J’aime de Fleury Michon, Terres de Breizh de la coopé-rative Le Gouessant... Enfin la décision de la Commission européenne d’autoriser la France à expérimenter durant un an l’étiquetage de l’origine des viandes dans les plats transfor-més. Cela marque une avancée importante pour le consommateur, en droit légitime d’ob-tenir une information claire et transparente sur le produit qu’il achète. Cette initiative pour-rait être une étape vers une réglementation généralisée sur l’origine des viandes dans les produits transformés.

Offre toujours dynamiqueDans la majeure partie des pays, la production se développe. Aux Etats-Unis, les volumes dé-passent en 2015 le niveau d’avant la DEP. Au Brésil, la production poursuit son essor pous-sée par la hausse de la demande intérieure et l’importance des flux à l’exportation vers la Russie. Avec une progression des ventes de plus 50 %, la Russie représente désormais la moitié des débouchés brésiliens. En Russie, la progression de la production, favorisée par l’embargo et des aides du gouvernement, est significative. En 4 ans la production y a pro-gressé de 26 %. Dans ce paysage mondial, la Chine fait exception. Les cours bas depuis 2 ans et les contraintes environnementales plus strictes entraînent une réduction importante du cheptel truies ( 8 % ).

1 1081 131

1 1471 160 1 148 1 1491 151 1 151

1 1341 117

1 200

1 100

1 000

9002006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

en 1 000 tonnes

19

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Porc

Hausse

des exportations

brésiliennes.

consommation

individuelle de

viande de porc en

France en 2015.

Taux d’approvisionnement français en porc ( 105 % en 2013 ).

Les abattages de l’Union européenne pro-gressent de 2,6 %. L’Espagne reste le principal moteur de cette évolution et devient le premier pays européen détenteur de truies ( 20 % du cheptel ). L’Allemagne demeure le premier pro-ducteur de viande du fait de son importation massive de porcelets en provenance du Dane-mark et des Pays-Bas et de porcs charcutiers des Pays-Bas. La France garde la troisième place mais avec une production relativement stable en volume et en légère hausse en ton-nage.Les volumes bretons progressent en 2015, plus en tonnages ( +3,7 % ) qu’en têtes ( +2,5 % ) en lien avec un alourdissement des carcasses surtout en fin d’année à cause de températures clémentes et des perturbations de la filière.Cette offre abondante aux niveaux mondial et européen pèse sur le marché. Le prix est resté très bas toute l’année. Le prix moyen annuel ( départ élevage, 56 TMP ) s’élève à 1,238 €/kg, inférieur de près de 9 centimes à celui de 2014. Le prix de l’aliment destiné aux porcs ( source : Ifip ) est inférieur de plus de 5 % à celui de 2014. Selon l’Ifip, le prix au marché du porc français ES ( TMP supérieur à 55 % ) s’établirait en 2016 à 1,36 €/kg ( en baisse de 3,5 % en un an ).

La Chine domine dans les achatsAvec le maintien de l’embargo russe, les pays exportateurs se tournent vers l’Asie. La Chine devient le principal acheteur sur le marché mondial. Ses achats progressent de plus de 50 %. La Corée du sud et les Etats-Unis sont aussi très demandeurs, alors que le Japon, Hong Kong, les Philippines et l’Ukraine sont en repli. La concurrence est forte, mais l’UE réussit à tirer son épingle du jeu. Ses expor-tations progressent de 7 % et dépassent le record de 2011. Les ventes américaines dimi-nuent seulement de 2 % grâce à une reprise des ventes en fin d’année.Le commerce extérieur français est moins favorable avec la poursuite de la baisse des exportations. La situation est différente selon les destinations avec toujours un dynamisme vers les pays tiers alors que les ventes à nos partenaires européens diminuent. Les impor-tations continuent de progresser.Le maintien de l’embargo russe cumulé à une hausse de la production européenne limite les ventes bretonnes au sein de l’UE. Elles

diminuent de 20 %, principalement vers les marchés italiens, grecs et espagnols. A l’in-verse les ventes aux pays tiers progressent de 22 %, en grande partie vers les marchés chinois et japonais. Au global les exportations bretonnes diminuent de 9 % sur 1 an et de 20 % depuis 2013.La demande intérieure à l‘UE est favorable. Cependant l’évolution est différente d’un pays à l’autre. La tendance est à la baisse en Alle-magne et en France et à la hausse dans les pays du sud et de l’est. Selon Kantar Worldpa-nel, les achats des ménages français diminuent d’un peu plus de 4 % pour le porc frais. Pour les charcuteries qui jusqu’à présent tiraient leur épingle du jeu la baisse atteint 0,6 %.

2016, les difficultés persistentLa situation reste difficile en ce début d’année 2016, avec une production toujours dyna-mique. Elle devrait poursuivre sa progression en Amérique du Nord, mais aussi au Brésil ( moins fortement qu’en 2015 ). La production européenne sera proche de la stabilité à cause d’une baisse des volumes au second semestre. Les échanges mondiaux, selon l’USDA, de-vaient augmenter de 6 % en 2016 au bénéfice surtout de l’UE. Tant que la Russie reste fer-mée, la Chine demeure le principal marché, alors que sa production pourrait redémarrer en fin d’année. Les européens vont continuer à bénéficier d’un avantage concurrentiel vers la Chine compte tenu de leurs capacités à répondre à ses exigences en matière de limi-tation de l’usage de ractopamine ( promoteur de croissance utilisé en alimentation animale ) et de la valeur du dollar américain. Les me-sures européennes de marchés ne sont que de portée limitée. La Commission européenne réalise en janvier une opération de stockage privé pour alléger le marché. Elle concerne près de 90 000 tonnes ( contre 63 507 tonnes en mars 2015 ). Les deux tiers des volumes sont remis sur le marché en avril 2016 puis le reste en juin.La cotation du porc est à un niveau très bas en ce début d’année, inférieure de plus de 4 % à celui de début 2015. La production euro-

13 %

32,9 kg

102,2 %

20

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Poursuite de la dégradation du solde commercial français (yc porcs vivants)

péenne élevée pèse sur le marché. Cependant ce niveau de prix permet d’être compétitif sur le marché international. Les exportations vers les pays tiers restent dynamiques, alors que le Brésil cherche à diversifier ses marchés et s’intéresse aussi au Japon, à la Chine et au Mexique.Des tensions sont sensibles entre les mail-lons de la filière. Selon le CERFrance Côtes d’Armor, la perte moyenne pour un élevage de 200 truies depuis le début de la crise ( octobre 2014 ) est de près de 47 000 € sur 15 mois. Des avancées existent en matière de mise

en place de contrats entre les producteurs et les autres maillons de la filière, d’organi-sation de la filière, d’étiquetage des produits alimentaires, de différenciation des produits pour le consommateur… Tout cela doit per-mettre d’aboutir à un partage plus équitable des marges entre tous les acteurs de la filière afin de conforter tous les maillons de la filière.

Nathalie Le [email protected]

L’Espagne devientle 1er pays européen

détenteur de truies avec 20 % des têtes.

La balance

commerciale

française est

positive en volume (+ 60 000 tonnes) mais son déficit en valeur (-440 millions d’euros) continue de se creuser.

Le Danemark s’est spécialisé dansle naissage :

39 % des porcelets nés au Danemark sont exportés dans les pays voisins pour y être engraissés.

Un prix du porc au cadran qui a continué de diminuer en 2015

en €/kg

Source : Chambres d’Agriculture de Bretagne d’après MPB.

• 2015 : 1,238 €/kg

• 2014 : 1,327 €/kg

• 2013 : 1,464 €/kg

• 2012 : 1,454 €/kg

Source : FranceAgriMer d’après Douanes françaises.

1,8

1,7

1,6

1,5

1,4

1,3

1,2

1,1

12010 2011 2012 2013 2014 2015

10557

32 27

-82-46

-93

-342

-440

200

100

0

-100

-200

-300

-400

-500

-186

-39

en millions d’€

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

21

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Circuits de proximité

(1) Leviers pour réduire les pertes agricoles et alimentaires : comprendre, quantifier et analyser. – Inra Nov. 2015(2) Le travail d’analyse sur l’Alimentation et état nutritionnel des bénéficiaires de l’aide alimentaire note que l’état de santé des usagers de l’aide alimentaire demeure préoccupant. Il relève notamment des prévalences des pathologies liées à la nutrition (obésité, hyper-tension artérielle, diabète, certains déficits vitaminiques) particulièrement élevées.

La réduction des pertes agricoles est un enjeu pour l’ensemble des filières et

nécessite une approche impliquant tous les leviers et acteurs. En complément au

Fonds européen d’aide aux plus démunis ( Fead ), la Bretagne contribue aussi aux

dispositifs nationaux d’aide alimentaire. Depuis 2 ans, des actions-pilotes sont dé-

ployées afin de créer un circuit de valorisation des produits agricoles disponibles

au don à destination des associations caritatives.

Coûts de production, prix du marché, périodes de surproduction ou encore aléas climatiques et biologiques ( insectes, maladies… ) sont les principales causes des pertes et invendus agricoles. Selon l’Inra1, les pertes à la produc-tion agricole représentent 9 % pour le secteur des fruits et légumes, 0,5 % pour la filière œuf, 1 % pour les filières viandes, 1 % pour le lait de vache. On dénombre 8,6 millions de Français en dessous du seuil de pauvreté. Parallèlement, le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire et des pathologies liées au manque d’équilibre nutritionnel ( étude2 Abena 2012 ) ne cesse de croître. Face à une telle situation, Jean-Michel Lemetayer, ancien pré-sident de la FNSEA ( Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles ) a souhaité réagir en créant en mai 2013 l’association Solaal ( SOLidarité des producteurs Agricoles et des filières ALimentaires ). « Je ne supporte pas de voir des gens qui ont faim dans mon pays » disait-il à l’époque.En Bretagne, plusieurs actions sont mises en place avec les producteurs, les interprofes-sions, les OPA ( Organisations Professionnelles Agricoles ), les collectivités locales et l’Ademe. En cours de déploiement, les différents volets visent à s’inscrire par ailleurs dans les objectifs des politiques publiques liées à la réduction des déchets et du gaspillage alimentaire, à l’alimentation des personnes en précarité et au développement économique et social ( loi relative à l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014 ).

Fluidifier le maillon logistiqueLa logistique est un levier majeur pour les as-sociations d’aide aux démunis et pour faciliter le don. Un pilote logistique a été lancé en avril 2015 en partenariat avec Carrefour Supply Chain. Cette initiative bretonne a servi de test national pour acheminer les gros volumes de dons. Les produits donnés par des produc-teurs sont récupérés sur leur exploitation via les retours de camions à vide du distributeur et mis à disposition des associations dans l’entrepôt du Rheu. Plus de 20 tonnes de lé-gumes frais acheminés aux associations ont été données par des producteurs locaux.Le don accorde au producteur le droit de bé-néficier d’une réduction fiscale dans la limite de 5 ‰ du chiffre d’affaires, de 60 % de la valeur de stock du produit ou de 60 % du prix de revient en cas d’acheminement pris en charge par le donateur. Depuis février 2016, l’engagement des professionnels locaux a déjà permis de donner 18 tonnes de pommes et de pommes de terre pour des bénéficiaires d’Ille-et-Vilaine et des Côtes d’Armor.

Solidarité à travers champs

11 millions d’équivalent repas offerts en France via Solaal entre 2013 et 2015.

98% de produits frais, c’est la part des denrées alimentaires redistribuées par Solaal.

10 millions de tonnes/an de déchets alimentaires produits en France.

focus

22

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Circuits de proximité

Co-construire la confi anceLa pratique du don par les producteurs com-porte des formes diverses à travers les actions de mise en relation. La ressource est par nature aléatoire, imprévue et fragile. Leur engage-ment dans cette chaîne de solidarité crée du lien social et des relations interpersonnelles. Loin d’être une fi nalité, le don crée et participe à la co-construction de la confi ance entre les acteurs du système d’échange. Pour dévelop-per le dispositif, cette confi ance nécessite une adhésion de chaque maillon.

Inclusion des Esat dans la démarcheDans le circuit des dons alimentaires, le condi-tionnement au même titre que la logistique est un maillon déterminant dans l’optimisation du système. Les associations sont souvent contraintes de décliner des produits dis-ponibles au don faute de conditionnement adéquat à leurs équipements ( transport et manutention ). Depuis février et durant 6 mois, le personnel en situation de handicap des Esat ( Etablissement et Service d’Aide par le Travail ) de La Simonière à Hédé et les Ateliers Sévigné à Vitré trient et conditionnement des fruits et légumes grâce au co-fi nancement du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine. Pour conso-lider et pérenniser ce volet, plusieurs leviers de fi nancement sont activés y compris le mécénat. Ce volet répond au besoin des asso-ciations en eff ectif réduit alors que le nombre de bénéfi ciaires augmente. Cette prestation supplémentaire aide aussi à développer des compétences et des activités en Esat. Une démarche solidaire à travers champs avec son volet logistique, relationnel et alimentaire qui donne du sens à l’implication des acteurs.

Bernadette [email protected]

Christophe [email protected]

focusDémarches qualité

focusDémarches qualité

En partenariat avec le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine, le

pôle d’économie sociale et solidaire du Pays de Saint-Malo ( Ho-

rizon Solidaire ), la Ville de Saint-Malo ( Caisse communale d’ac-

tion sociale ) et Solaal, des opérations de ramassages au champ ont permis

de glaner 2,5 tonnes de légumes laissés au champ. Cette action sera re-

nouvelée et déployée. Elle crée du lien social en milieu rural, fait redécouvrir

les métiers de l’agriculture pour certains. Pour d’autres, elle revalorise les

producteurs et contribue au réemploi des légumes laissés au champ. La

démarche a été conjointement structurée et encadrée via une Charte du

Glanage solidaire cosignée avec les producteurs-donateurs. Les produits

ont été donnés au Secours Populaire, à Cancale Solidarité, à l’Entraide de

la Baie et à la Banque alimentaire pour leurs bénéfi ciaires.

Des protéines accessibles

Ramassage au champ

Renfort règlementaire

Sur la campagne 2014/2015, grâce aux dons de la fi lière laitière

française, les associations d’aide alimentaire ont reçu des produits

laitiers français équivalents à près de 11 millions de litres de lait.

Depuis 2011, 640 000 œufs ont été donnés par l’Union des Groupements

de Producteurs de Viande de Bretagne ( UGPVB ) aux Banques alimentaires

dont 108 000 œufs rien que pour le mois d’avril 2016. Les œufs donnés

sont les mêmes que ceux distribués dans le commerce. Le 15 décembre

dernier, la société Jean Le Floc’h s’est associée au don de 25 000 côtes de

porc initié par le Comité Régional Porcin.

La loi sur la lutte contre le gaspillage alimentaire est publiée au

JO depuis le 12 février 2016. Désormais en France, les actions

de lutte contre le gaspillage alimentaire sont mises en œuvre

dans l’ordre de priorité suivant : 1/ La prévention du gaspillage alimentaire,

2/ L’utilisation des invendus propres à la consommation humaine, par le don

ou la transformation, 3/ La valorisation via l’alimentation animale, 4/ L’utilisa-

tion à des fi ns de compost pour l’agriculture ou la valorisation énergétique,

notamment par méthanisation. Donner au lieu de jeter.

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A rebours des autres productions animales, l’aviculture

connaît une année 2015 globalement positive. La demande

est forte, les marges progressent, pour une fois les grou-

pements recherchent des éleveurs. Mais l’ombre de

la grippe aviaire plane sur le secteur. Le maintien des

volumes vers le grand export et la reconquête du marché

intérieur restent plus que jamais des enjeux d’actualité.

La grippe fait grimper la température

«Part du capital de Doux détenu par Terrena et Sofiprotéol depuis mars 2016.

de volailles sont im-portées en France en provenance d’Union européenne en 2015.

des exportations bretonnesde volaillesà destinationdes pays tiers.

52,5 %

59 %

528 000 tonnes

VolaillesŒufsLapin

Après une bonne année 2015, les perspectives sont mitigées en volaille de chair pour 2016. Certaines préoc-cupations demeurent. La première, d’ordre sanitaire, se nomme grippe

aviaire. Jusqu’à présent cantonnée au sud-ouest de la France, l’épidémie se rapproche de la Bretagne. Les risques sont réels de re-vivre la même chose qu’en 2006. A l’époque, la grippe aviaire, déjà elle, avait désorganisé la filière. L’export avait été particulièrement tou-ché du fait de la fermeture de la plupart des marchés des pays tiers.La seconde, la reconquête du marché inté-rieur, demeure une priorité. La filière bretonne doit encore faire des efforts d’adaptation afin d’être en mesure de résister aux importations. Sauf imprévu, l’aviculture bretonne devrait continuer sa convalescence en 2016. Dans le prolongement de 2015, les volumes de pro-duction pourraient croître légèrement. Mais pas de miracle à attendre du côté du revenu des aviculteurs : certains contrats sont même revus à la baisse !

A l’est, du nouveauContrairement aux autres produits carnés, la volaille continue à attirer les consommateurs. Ceci est vrai à l’échelle mondiale. La FAO estime que 112 millions de tonnes de volaille sont consommées dans le monde en 2015 soit +1,5 % sur un an. L’augmentation est plus forte dans l’Union européenne et en France avec des croissances respectives de 3 % et de 2,4 %. Ce contexte porteur est bénéfique pour la production. Celle-ci croît aussi à ces différents niveaux. La France produit ainsi 1,9

million de tonnes de volaille en 2015 soit une hausse de 2,5 % par rapport à 2014.La taille du gâteau augmente donc. La part française intéresse cependant toujours autant nos concurrents européens ! Les importations représentent 31 % de la consommation de volailles en France. Elles continuent de croître en 2015. La nouveauté tient à leur origine. Jusqu’à présent, elles provenaient très majori-tairement d’Europe du nord. Pour la première fois depuis longtemps, la production avicole ralentit dans ces pays. Elle régresse même en Allemagne sous la pression environnemen-tale. Mais l’Europe de l’est prend le relais ! Le nouvel aigle européen est la Pologne : elle est devenue le 1er pays européen producteur de volailles, dépassant la France en 2015. Sa croissance annuelle dépasse les 10 % et ne semble pas vouloir s’essouffler. Ses expor-tations vers la France s’en ressentent. La Pologne est d’ores et déjà le 3e fournisseur de notre marché avec une hausse de 30 % de ses expéditions en 2015. Et il est déjà ques-tion d’importations de poulets à très bas prix provenant d’Ukraine. Les effets des accords de libéralisation entre l’Union européenne et ce pays commencent à se ressentir. S’impo-ser sur le marché intérieur est plus que jamais d’actualité pour l’aviculture française !Les exportations françaises sont stables en 2015. Les envois vers les pays tiers augmen-tent de 3,3 %. La filière bretonne en a profité puisque le poulet grand export représente près du tiers des volumes produits dans la région.

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Poids de viande en milliers de tonnes nettes

Des coûts de production en poulet de chair 18 % plus élevés en France qu’en Pologne en 2013

Hausse de 2,5 % de la production bretonne de viande de volaille de chair en 2015

La Pologne devient le premier producteur européen de volailles de chair

Source : Itavi

Source : FranceAgriMer d'après Commission européenne, statistiques nationales

Poulet de chair Royaume-Uni France Pays-Bas Allemagne Pologne

Coût sortie élevage (€/kg vif) 1,05 1,02 0,98 1,00 0,94

Coûts d'abattage (€/kg mort) 0,28 0,38 0,33 0,28 0,21

Coût total (€/kg mort) 1,78 1,84 1,73 1,71 1,56

1 000 tonnes 2014 2015 % d'évolution 2015/2014

Pologne 1 758 1 947 +10,7 %

France 1 826 1 872 +2,5 %

Allemagne 1 749 1 749 -0,7 %

Royaume-Uni 1 678 1 678 +2,4 %

Espagne 1 482 1 433 -3,3 %

UE 28 13 682 14 028 +2,5 %

Poulets Dindes Autres

Dinde cherche éleveurD’après les données du Commerce Extérieur, les exportations bretonnes de viandes de volaille vers les pays tiers s’envolent de 10 % en 2015 par rapport à 2014. Doux confirme son aptitude à vivre sans les restitutions. Son rachat par Terrena sécurise son activité. Gas-tronome, la filiale volaille de la coopérative, est en effet le numéro 2 en France. Ce renfort est bienvenu au cas où les circonstances se compliqueraient. Au-delà du seul risque sani-taire, le marché des pays du Moyen-Orient est très concurrentiel. Les Brésiliens, aidés par une monnaie dévaluée, sont des rivaux redou-tables. La baisse du cours de pétrole pourrait aussi à terme affecter la consommation de ces pays. Doux devra poursuivre ses efforts pour exister demain.A l’inverse, Tilly Sabco Bretagne rencontre des difficultés : il fonctionne au ralenti et a cessé ses expéditions vers le Moyen-Orient. Les perspectives sont incertaines pour le volailler qui a abattu dans le passé jusqu’à 60 000 tonnes de poulets. Cela faisait travail-ler l’équivalent de 200 éleveurs à temps plein. En fin d’année, l’activité grand export est pénalisée par la grippe aviaire. Certains pays tels que le Japon, la Corée du sud ou l’Egypte ont fermé leurs frontières aux produits fran-çais. Les exportations bretonnes pourraient donc refluer d’environ 15 % en 2016. Les conséquences se font déjà ressentir dans les élevages.

L’année 2015 est marquée par des abattages et une production régionale en hausse. En plus de l’export, le marché du poulet s’est bien tenu. La création de la Société Bretonne de Volaille ( LDC ) en février 2015 s’accompagne d’investissements. LDC pesant désormais le tiers des abattages bretons, ce dynamisme se ressent dans l’ensemble de la filière. A tel point que les groupements cherchent des éle-veurs et des bâtiments, chose inédite depuis de nombreuses années ! Jusqu’alors, la ten-dance était plutôt à la réduction des surfaces bâtiment. La dinde en est une victime directe : faute de suffisamment d’éleveurs intéressés, sa production baisse de 3,2 % en Bretagne. Ce manque d’offre explique la baisse de la consommation française de 4,2 % en 2015.Les vides sanitaires sont courts en 2015 : 2 à 3 semaines en dinde, moins en poulet. Ils se ral-longent depuis le ralentissement du marché

700

600

500

400

300

200

100

0

651

559589 580

558 571 577 568 560 555 569

25

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Source : Statistique Agricole Annuelle provisoire

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Part de la production

française d’œufs

transformée en

ovoproduits.

De viande de

volailles produites

aux Etats-Unis,

premier producteur

mondial.

Part du

Label Rouge dans

la production française

de volailles.

Volailles • Œufs • Lapin

export de la fin de l’année. En 2016, le parc bâtiment des élevages ne devrait donc plus être un facteur limitant. La relance de la fi-lière est perceptible par les investissements réalisés dans les outils industriels. Pour que ce mouvement prenne de l’ampleur, l’amont doit aussi pouvoir investir. La modernisation des bâtiments est à cet égard une priorité. Or les revenus des aviculteurs demeurent en moyenne trop faibles pour qu’ils puissent avancer seuls l’argent nécessaire.

Des volumes oui, mais à quel prix ?Des industriels à la recherche de volailles, des groupements en quête d’éleveurs. La logique économique voudrait que ce contexte favorise la rémunération des éleveurs. Les contrats d’intégration ne sont pourtant pas revus à la hausse. Certains sont même abaissés en ce début 2016 ! L’enquête avicole des Chambres d’agriculture montre que les résultats des éleveurs s’améliorent en 2015 dans toutes les productions. La marge brute en dinde grimpe de 10 % pour atteindre 32,53 €/kg en moyenne. Cela reste en-dessous des marges en poulet export et standard. Celle en poulet lourd sexé s’élève même à 39,63 €/kg. C’est un segment en plein développement et les éleveurs de poulets lourds ont beaucoup in-vesti. Le montant élevé de leurs annuités vient grever une partie de ces bons résultats.Plus généralement, cette amélioration des marges s’expliquent par de bonnes rotations dans les bâtiments, des charges en baisse et des progrès techniques. 2016 s’annonce moins prometteur avec l’allongement des vides sanitaires, des charges stabilisées et pour certains des contrats en baisse.

Toujours la grippe en œufLe malheur des uns fait le bonheur des autres. La grippe aviaire, version H5N2, frappe dure-ment les Etats-Unis au début de l’été 2015. Résultat : près de 10 % du cheptel de poules pondeuses doit être abattu. La pénurie d’œufs

qui s’ensuit fait grimper les cours jusqu’en Europe. La cotation TNO ( Tendance Nationale Officieuse du journal Les Marchés ) progresse de près de 2 € les cent œufs entre mai et juil-let. En moyenne sur 2015, la cotation s’établit à 6,80 €/100 œufs. C’est 13 % au-dessus de 2014. Le retour à la normale aux Etats-Unis s’accom-pagne d’un recul des prix aux niveaux de début 2015. D’autant que la production française et bretonne demeure élevée. Elle est respective-ment de 14,7 et de 6,1 milliards d’œufs.

L’année est aussi marquée par une accéléra-tion de la consommation des œufs alternatifs ( poules élevées en volière, en plein air ou en bio ) aux dépens des œufs standards ( élevage en cage ). La décision de Monoprix de ne plus commercialiser d’œufs standards est en ceci emblématique. D’autres grandes entreprises affichent cette même volonté. Or les éleveurs bretons, très orientés vers ce produit, ont réa-lisé d’importants investissements dans des cages aménagées en 2010-2012 pour respec-ter la norme bien-être. Ils ne seront amortis qu’en 2022-2024. Vers quels marchés orienter cette production qui ne trouve plus preneur en GMS ( grandes et moyennes surfaces ) ? Les acteurs de la filière voient en l’export une solution. La demande en ovoproduits est forte dans certains pays. Une opportunité semble donc à saisir.

Lapin : espèce menacée en grandes surfaces

La consommation nationale de lapin connaît une nouvelle rechute en 2015 dans les grandes surfaces. Les achats des ménages français baissent de 9,6 % par rapport à 2014 d’après Kantar Worldpanel. La consommation totale française est en revanche stable : l’autocon-sommation et la restauration hors-domicile se sont bien tenues. Les abattages français s’établissent à 44 milliers de tonnes en 2015.

40 %

21 millions de tonnes

15 %

volaille

26

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Les marges brutes augmentent chez toutes les espèces en 2015

Marge brute (€/m2/an) 2013 2014 2015 Evolution

2015 /2013

Poulet export 32,41 33,71 35,92 +6,6 %

Poulet standard 28,73 31,91 33,12 +3,8 %

Poulet lourd 33,47(*) 36,76(*) 39,63(*) +7,8 %

Poulet Label Rouge 29,34 30,90 33,16 +7,3 %

Dinde médium 30,13 29,54 32,53 +10,0 %

Canard de barbarie 42,61 43,93 45,62 +3,8 %

Comparée aux 1,7 million de tonnes de vo-laille, la viande de lapin représente un marché de niche. La France est cependant le 4e pro-ducteur mondial derrière la Chine, l’Italie et l’Espagne. Elle est aussi excédentaire nette de près de 3 000 tonnes, l’Italie étant son premier client.La Bretagne pèse près du quart de la pro-duction française. Elle subit logiquement les

vicissitudes du secteur. Sa production est de 11 900 en 2015, en repli continu depuis 8 ans. La spirale du déclin ne semble pas devoir s’arrêter pour ce produit.

Arnaud [email protected]

Les élevages de18 départementsdu Sud-Ouestde la France doivent appliquer un videsanitaire de3 semaines auprintemps afind’éradiquer l’épidémie d’influenza aviaire.

Les abattoirs de Plouray ( Doux ), Sérent, Mûr-de-Bretagne ( LDC ), Riec-sur-Bélon ( Duc ) ainsi quele couvoir de Le Sourn ( Couveo )ont reçu ou vont recevoir des investis-sements supérieursà 35 millions d’eurosau total.

Dans le cadre de l’accord de libre-échange avec l’Ukraine, l’Union européenne a ouvert en 2014 un contingent d’importation à droit nul de 36 000 tonnes de volaille et de 3 500 teoc ( tonnes équivalent œufs de coquille ).

Le prix des œufs remonte durant l’été 2015 du fait de la grippe aviaire sévissant aux Etats-Unis

Source : RNM-Les Marchés

Prix des œufs calibre 53-62g (TNO) en euros/100 oeufs14131211109876543210

janv 2010 janv 2011 janv 2012 janv 2013 janv 2014 janv 2015

Moyenne Moyenne lissée sur 12 mois

27

La marge brute correspond aux ventes HT déduction faite des achats poussins/aliment et des charges variables (consommables, frais vétérinaires, main d’œuvre occasionnelle, litières,…).

(*) : lots sexés.Source : Chambres d’agriculture du Grand Ouest.

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Consommation en déclin, baisse en gamme des achats…

il faut reconquérir le consommateur. La production bre-

tonne semble en phase avec la demande. Elle repose en

grande partie sur les élevages laitiers. Ceux spécialisés

dans la production de bovins viande apportent une offre

complémentaire bienvenue. Mais les difficultés d’attrac-

tivité de l’élevage bovin viande sont réelles. La filière

cherche des solutions.

A la reconquête du consommateur

«équivalent carcasse de viande bovine consommés par an en France.

prix d’achat moyen dela viande de bœuf en 2015.

des achats de viande

bovine fraîche se font en boucherie ou sur les marchés.

23 Kg

1/5e

14,3 €/kg

Depuis plusieurs décennies, la consommation individuelle de viande bovine s’érode. En dix ans, elle a re-culé de 3 kg. Ce repli s’inscrit dans une tendance générale de baisse de

la consommation de viande. Il se double d’un changement d’ordre qualitatif : les Français délaissent les morceaux nobles, plus coû-teux. Ils se détournent des viandes à bouillir ; elles nécessitent davantage de préparation. En 2015, la consommation de viande piécée1 est particulièrement affectée. Le steak haché, peu onéreux et simple à cuisiner, s’affirme ces dernières années comme le seul segment réellement dynamique.La viande bovine souffre d’un manque de com-pétitivité par rapport aux autres viandes. La crise économique est d’ailleurs responsable d’une baisse accrue de la consommation entre 2009 et 2013. Diverses critiques formu-lées à son encontre pèsent aussi. Certains dénoncent les impacts de la viande bovine sur la santé et les conséquences des modes d’élevage sur l’environnement, via les émis-sions de gaz à effet de serre. Les conditions d’abattage sont également décriées.

Indispensables complémentaritésLa production bretonne paraît plutôt en phase avec les évolutions de la demande. Ses vaches de réforme et taurillons laitiers, respective-ment 90 % et 46 % de la production bretonne de vaches et de taurillons, sont bien adaptés pour produire du steak haché. Ce débouché dynamique constitue une opportunité pour la filière laitière. Il lui permet de valoriser, au-delà du lait, ses bovins. Pour autant, la région peut-

elle s’appuyer sur son seul cheptel laitier pour produire de la viande bovine ? Doit-elle renon-cer à l’élevage de bovins de race à viande ?Non ! Ce n’est pas si simple. Elevage laitier et élevage de bovins viande sont entremê-lés. De nombreux bovins, y compris de race à viande, sont élevés pour leur viande dans des exploitations laitières. Quant aux élevages allaitants spécialisés, ils apportent une com-plémentarité bienvenue à l’offre bretonne. Les abatteurs apprécient de pouvoir diversifier leur approvisionnement. Boucheries et mar-chés représentent près d’un cinquième des achats de viande bovine fraîche en volume en France. Or, ces circuits de distribution privilé-gient les viandes haut de gamme et les races allaitantes en particulier. Ils misent aussi sur un approvisionnement local. Les filières label-lisées ( label rouge, bio… ) sont bien valorisées, y compris par la grande distribution. Et des débouchés existent à l’export pour les races à viande.

Reconquérir le consommateurLa filière tente de se rapprocher du consom-mateur. Le nouvel étiquetage adopté en fin 2014 se veut plus lisible. Il se base sur une dé-nomination simplifiée des morceaux : steaks, rôtis, entrecôtes… remplacent désormais les poires, araignées et autres tendes de tranche. Le niveau de qualité est spécifié par des étoiles. L’utilisation culinaire des morceaux, à bouillir, à rôtir ou à griller, figure désormais sur l’étiquette.

Bovins viande

(1) Viande piécée : viande préparée en morceaux prêts pour la vente au détail ou en morceaux plus gros destinés aux boucheries. 28

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Davantage d’élevages spécialisés dans l’engraissement en Bretagne

Moindre résultat pour les spécialisés bovins viande

Très faible niveau des cotations

Source : Infocentre Identification Arsoe et EDE de Bretagne

Source : Agreste - Draaf Bretagne - FranceAgriMer - Cotation régionale hebdomadaire

Catégoriesen €/kg carcasse

Vache lait P

Vache viande R

Jeune bovin viande R

Jeune bovin lait O

Veau rosé clair O

2012 3,18 3,94 3,84 3,41 6,00

2013 3,31 4,39 3,88 3,51 6,00

2014 2,94 4,01 3,79 3,20 5,92

2015 2,86 3,96 3,76 3,26 5,54

% d'évolution 2015/2014 -2,8 % -1,3 % -0,8 % +1,7 % -6,5 %

Nombre d’élevages par catégorie 2005 2015 % d'évolution 2015/2005

Petits élevages 5 206 3 359 -35 %

Elevages allaitants naisseurs spécialisés 1 716 1 389 -19 %

Elevage naisseurs-engraisseurs spécialisés (et autres élevages allaitants spécialisés)

1 152 1 064 -8 %

Elevages engraisseurs spécialisés (jeunes bovins, autres) 993 1 094 +10 %

Elevages laitiers avec atelier d'engraissement (jeunes bovins, bœufs)

1 630 1 055 -35 %

Elevages laitiers spécialisés 15 085 10 322 -32 %

Elevages mixtes lait et allaitant 2 301 1 266 -45 %

Elevages bovins 28 083 19 549 -30 %

L’avancée de 2016 repose sur une meilleure identification de l’origine des produits. Le logo VBF, ou viande bovine française, figure déjà sur la viande fraîche ou hachée. Mais sur les plats préparés, c’est souvent l’inconnue, même si au sein de l’univers des viandes, le bœuf fait figure de bon élève. L’origine de la viande est précisée sur 70 % des pro-duits avec viande bovine selon une enquête UFC Que choisir. Contre seulement 26 % en volailles ! La Commission européenne vient d’accepter que la France expérimente durant un an l’étiquetage de l’origine des viandes dans les plats transformés. L’interprofession et les consommateurs réclamaient cette auto-risation avec une vigueur renouvelée depuis la crise des lasagnes à la viande de cheval de 2013.

La reconquête du consommateur passe aussi par une meilleure adaptation à ses attentes. Pour ce faire, la construction de relations contractuelles entre les différents maillons de la filière est parfois évoquée. Elle est vue comme un moyen de mieux ajuster la pro-duction des élevages aux attentes du client, souvent sur des produits identifiés comme plus qualitatifs. Elle peut faciliter la mise en valeur des modes de production, thème de plus en plus sensible. La contractualisation n’est pas la seule voie. La Fédération Nationale Bovine appelle à davantage de segmentation. Elle ré-clame aussi plus d’innovation sur le marketing et la commercialisation. Proposer des steaks hachés issus de races à viande, profiter des appels d’offre des marchés publics… figurent parmi les pistes évoquées. A condition que le consommateur soit prêt à en payer le prix.

Attractivité du métier à renforcerL’enjeu pour les éleveurs est clair : obtenir une meilleure valorisation de leur production. Une amélioration du prix serait un signal fort et nécessaire pour redynamiser l’élevage. Année après année, les revenus en élevage bovin viande se retrouvent loin derrière les revenus des autres productions. Faute d’attractivité, les installations aidées en bovin viande spé-cialisé sont peu nombreuses. 18 projets se concrétisent en Bretagne en 2015. Un niveau insuffisant pour permettre le renouvellement de l’activité.L’élevage allaitant tend à reculer dans la ré-gion sur le long terme. La baisse des effectifs est particulièrement plus sensible pour les

Ensemble des moyennes et grandes exploitations Otex 46 : Bovins viande

2321,8

20,8

24,4

18,1

21,1

25,4

31,8

25,3

14,213,1

11,9

15,716,9

21,2

18,515,9

30,9

34,5 35,5

40

35

30

25

20

15

10

5

0

25,227,2

29

Source : Agreste, Comptes de l’agriculture

Résultat courant avant impôt et charges sociales par Unité de Travail Agricole Non Salarié en milliers d’euros, moyenne pour la France métropolitaine

2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014

certifiée

ORIGINE

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vaches allaitantes au

1er janvier 2016 en

Bretagne.

de chiffre d’affaires

de la filière bretonne

à l’exportation.

déficit de la balance

commerciale française

( hors abats ).

Bovins viande

races ne bénéficiant pas de débouchés spé-cifiques sous signe de qualité. Mais le nombre de vaches allaitantes est relativement stable depuis 2014. Une faible augmentation des effectifs est même constatée début 2016. En cause notamment, la réforme de la Pac. Depuis deux ans, les éleveurs gardent davan-tage de vaches pour maximiser les primes reçues.Un quart des 2 400 élevages allaitants spécia-lisés bretons engraisse des jeunes bovins ou des bœufs. L’engraissement se réalise aussi au sein d’exploitations spécialisées dans cette activité ou dans des exploitations mixtes lait-viande. Le nombre d’élevages mixtes est en baisse en Bretagne. Il est dépassé depuis peu par le nombre d’exploitations spéciali-sées dans l’engraissement, reparti à la hausse depuis 2013. Certaines exploitations mixtes renoncent à la production laitière pour renfor-cer l’activité d’engraissement. Malgré tout, les mixtes détiennent encore 16 % des animaux d’engraissement bretons ( mâles et génisses de race à viande ). C’est moitié moins pour les spécialisés.

Débouché international instableDu côté des marchés, ils sont marqués en 2015 par la faiblesse de la demande française. Les cotations des gros bovins en pâtissent. Elles sont en baisse pour presque toutes les catégories d’animaux. En vaches de réforme allaitantes, l’offre est modérée. Les cours très moroses connaissent un faible rebond en cours d’été, impulsé par la consommation sai-sonnière de viande à griller. Les discussions interprofessionnelles organisées sous l’égide de l’Etat se traduisent aussi par une légère amélioration des prix. Mais en moyenne sur

l’année, le résultat est décevant. La cota-tion de la vache allaitante de conformation moyenne ( R ) baisse de 1 %.Le débouché international apporte un peu d’air pendant une partie de l’année. Au 1er semestre, la demande européenne de fe-melles laitières se renforce. Une aubaine pour la France ! Les cours sont bien orientés. En milieu d’année, le marché européen arrive à saturation. Les abattages de vaches laitières augmentent partout, alimentés par la dégrada-tion des prix du lait. Faute de débouchés, les cours décrochent. En jeunes bovins, les ton-nages abattus sont en hausse. La demande à l’export soutient les cours pour un temps. Puis, la dégradation du marché des femelles se communique à celui des taurillons. Les mâles laitiers s’en sortent quand même mieux que les allaitants, avec une cotation en légère hausse sur l’année.

Le marché européen représente 90 % de la valeur des exportations bretonnes de viande bovine. Ses évolutions ont un impact direct sur les résultats de la filière. Or certains clients traditionnels de la viande française subissent des difficultés économiques persistantes. Les marchés grecs comme italiens absorbent moins de viande française. D’autant que la concurrence des viandes moins chères, en provenance de Pologne notamment, continue de se renforcer. La Bretagne ne semble pas souffrir sur le débouché italien. Son chiffre d’affaires y remonte, après une année 2014 décevante. Sur le marché grec, au contraire le revers est important : les exportations reculent de 17 %.

113 300

156,7 M€

-110 000 tec

30

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en millions d’euros

Gros bovins dont vaches

dont jeunes bovins

dont bœufs

dont génisses

Veaux de boucherie

2013 252,1 125,6 75,4 18,6 27,6 66,2

2014 257,6 130,6 75,7 18,1 28,4 65,5

2015 258,6 130,7 77,6 18,1 27,1 66,9

% d'évolution 2015/2014 +0,4 % +0,1 % +2,4 % - -5,1 % +2,0 %

en milliers de tonnes équivalent carcasse

Hausse des volumes d’abattage bretons

(2) Pour plus d’information, se référer à l’article pages 6-7

Plus globalement, 2015 se solde par une dégradation de la balance commerciale fran-çaise en viande bovine. Le déficit atteint 110 000 tec. Et les inquiétudes s’amplifient au sujet des accords commerciaux. Accord proche d’être ratifié avec le Canada, discus-sions avec les Etats-Unis2, le Mercosur… Tous ces traités pourraient se traduire par un bond des importations.Certes, l’export peut contribuer à soutenir les prix, mais les acteurs n’ont qu’une faible maîtrise de ce débouché. Un aléa sanitaire, tel que la survenue de la Fièvre Catarrhale Ovine ( FCO ) ou d’un cas d’Encéphalopathie Spon-giforme Bovine ( ESB ), peut vite tarir un flux d’exportation. Plus de valorisation passe aus-si par plus d’organisation de la filière. Dans la filière veaux de boucherie par exemple, la pro-duction est très encadrée. Objectif : s’adapter à une consommation qui décline année après

année. Alors la production est ajustée aux be-soins du marché. En 2015, une surestimation des volumes nécessaires pèse sur les cours. Le revenu des éleveurs est malgré tout préser-vé. Les intégrateurs, pour la seconde année consécutive, revalorisent la prestation versée aux éleveurs. Il s’agit à la fois de compen-ser la baisse des aides Pac, particulièrement importante en élevage veaux de boucherie, et de permettre aux éleveurs de réinvestir. L’inté-gration n’est pas nécessairement la solution pour toutes les productions. Cependant, cette logique de coordination entre les maillons n’est-elle pas source d’inspiration ?

Maud [email protected]

La viande bovine est désormais la 3e viande la plus consommée des Français.

Le steak haché frais et surgelé représente

43 % des volumes de bœuf frais et de viande hachée que les Français consomment à leur domicile.

Avec une vingtaine d’installations aidées par an en moyenne sur les dix dernières années, l’élevage breton spécialisé bovin viande ne peut assurer son renouvellement.

Progression du chiffre d’affaires breton à l’exportation

Source : Chambre d’agriculture de Bretagne d’après Direction Nationale Statistiquesdu Commerce Extérieur

Source : Agreste - Draaf Bretagne - Enquête mensuelle auprès des abattoirs

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

200

180

160

140

120

100

80

60

40

20

0

100 93 91

109

139 133 140

109

180 176160

147157

31

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Céréalisation

Depuis plusieurs décennies, les surfaces consacrées aux

céréales tendent à se développer en Bretagne. Cette expan-

sion ne se fait pas au détriment des productions animales.

Au contraire, dans certains cas elle contribue au maintien

des activités d’élevages. La « céréalisation » en Bretagne est le résultat d’une

stratégie d’optimisation technico-économique des exploitations d’élevage.

Dans un contexte économique difficile pour les activités d’élevage, arrêter les produc-tions animales pour se consacrer aux grandes cultures peut être une tentation forte pour les éleveurs bretons, pour des raisons diverses ( amélioration des conditions de travail et donc de la qualité de vie, espoir d’un revenu meilleur… ). Qu’en est-il vraiment ? Y a-t-il réellement une réduction des productions ani-males au profit des productions végétales en Bretagne ? Pour répondre à cette question, une première approche consiste à analyser les statistiques agricoles disponibles.

Baisse des surfaces consacrées à l’élevage

Entre 1989 et 2014, la SAU ( surface agricole utilisée ) des exploitations agricoles bretonnes diminue de presque 108 000 ha ( -6 % ), pour s’établir à 1,64 million d’hectares. Ce recul im-portant est largement lié à l’artificialisation des sols ( habitat, infrastructures économiques ou de transport… ). Si les surfaces directement consa-crées à l’élevage ( prairies et fourrages annuels ) restent dominantes en Bretagne avec 57 % des terres agricoles, elles reculent plus fortement que l’ensemble de la SAU. Il est donc légitime de s’interroger sur une possible « céréalisation » de la Bretagne, et non de « végétalisation » car sur la même période, les surfaces légumières reculent de manière drastique.

Une céréalisation des surfaces avérée

Les surfaces consacrées aux cultures de cé-réales et oléo-protéagineux ( Cop ) progressent de 100 000 ha entre 1989 et 2014. Elles

occupent désormais près de de 630 000 hec-tares en 2014 soit 38 % de la SAU de la région ( 35 % en 2000 ) contre 42 % au niveau natio-nal. Au sein des Cop, ce sont les céréales qui sont nettement majoritaires : elles occupent plus de 90 % des surfaces. Le développe-ment des surfaces de Cop sur le long terme en Bretagne est clairement lié à la dynamique de croissance des surfaces de céréales.

Peu d’exploitations spécialisées en Cop

Si les surfaces consacrées aux céréales progressent régulièrement en Bretagne, les exploitations spécialisées en Cop restent peu nombreuses ( 4 400 d’après le dernier recen-sement ) et de petite taille ( un peu plus de 30 ha en moyenne contre plus de 50 ha pour l’ensemble des exploitations bretonnes ). A noter qu’avec de telles dimensions, il ne peut pas s’agir d’exploitations professionnelles : à dires d’experts, 100 à 110 ha minimum sont nécessaires pour faire vivre un actif. Ces ex-ploitations détiennent seulement 6 % de la SAU régionale en 2010, contre 4 % en 2000. La céréalisation pure, c’est-à-dire le déve-loppement des surfaces détenues par des non-éleveurs, reste limitée.Par ailleurs, depuis le début des années 2000, à l’instar du nombre d’installations total, le nombre d’installations d’agriculteurs en pro-ductions végétales a tendance à diminuer. Ces installations sont en outre pour près de 30 % le fait d’exploitants à titre secondaire.La céréalisation des surfaces agricoles bre-tonnes est une réalité. S’accompagne-t-elle d’un déclin des productions animales ? Ques-tion fondamentale compte tenu de la place de l’élevage et des activités amont et aval liées ( IAA notamment ) dans l’économie bretonne.

Céréalisation et élevage : on optimise ?

focus

Entre 2000 et 2014, les surfaces dédiées aux céréales et oléo-protéagineux ont gagné 37 600 haen Bretagne.

Cette progression s’est faite dans les exploitations d’élevage.

Les élevages porcins et avicoles exploitent près de 40 % des surfaces céréalières bretonnes.

32

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Céréalisation

Céréalisation n’implique pas baisse des productions animales

Au sein des productions animales, les évolutions sont contrastées sur la période 1989-2014. La production laitière se maintient voire tend à se développer et la production d’œufs résiste. En revanche, les productions porcines, de volailles de chair ou de viande bovine sont en recul. Pour autant, le repli des productions animales ne peut être imputé à la progression des céréales. Il ré-sulte davantage des dynamiques propres aux marchés et à chaque filière.Loin de s’opposer, productions céréalières et ani-males se complètent, à tel point que disposer de surfaces en Cop contribue au maintien de cer-taines activités d’élevage, porcine notamment. En effet, entre 2000 et 2010, la production porcine augmente de 5,9 % en tonnage et de 0,6 % en nombre d’animaux. Sur cette même période, les surfaces céréalières des exploitations porcines progressent. La céréalisation ne semble donc pas se faire au détriment de la production por-cine. Cette hausse des surfaces en céréales dans les exploitations porcines plus forte que dans les autres exploitations résulte d’une recherche d’autonomie pour l’épandage. Elle tient aussi au développement de la fabrication d’aliments à la ferme et expliquerait en partie la diminution des tonnages d’aliments porcs industriels.

L’élevage, raison d’être des céréales en Bretagne ?

Le développement des surfaces céréalières n’est pas le fruit d’un changement d’orientation de l’agriculture bretonne. L’élevage reste l’activité agricole dominante en Bretagne. Ce sont en réa-lité les pratiques d’élevage et de production qui évoluent au sein des exploitations, à la recherche d’une optimisation technico-économique des systèmes. Stratégie indispensable dans un contexte de volatilité des prix : les exploitations doivent être en mesure de résister aux fluctua-tions, devenir « résilientes ». La céréalisation des surfaces agricoles bretonnes résulte donc, pour le moment, des besoins liés à l’élevage, alimen-taires ou non ( paillage, épandage des effluents ).

Mary [email protected]

Maud [email protected]

Recul marqué de la SAU des exploitations bretonnes entre 1989 et 2014

Les surfaces fourragères ( herbe et fourrages ) restent dominantes.

Ille-et-Vilaine Côtes d’Armor

Finistère Morbihan

Surface agricole des exploitations (ha)

Répartition de la surface agricole utilisée bretonne en 2014

1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2014 Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste Disar, Statistique Agricole Annuelle.

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste Disar, Statistique Agricole Annuelle. 33

490 000

470 000

450 000

430 000

410 000

390 000

370 000

350 000

Céréales

Prairies artificielles et temporaires

Fourrages annuels

dont maïs fourrageSurfaces toujoursen herbe (STH)des exploitationsOléagineux

Légumes frais

Pommes de terre

Jachères

Protéagineux

Autres surfacesdes exploitations

SAU hors exploitations

584 887

475 380

320 947

313 828

142 414

39 779

41 939

11 217

7 679

4 934

7 226

66 376

0 100 000 200 000 300 000 400 000 500 000 600 000

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(1) Globalgap : Good Agricultural Practices ( Bonnes pratiques agricoles )

Après une très mauvaise année 2014 pour les légumes de

plein champ, 2015 s’est mieux déroulé. Mais déjà les tem-

pératures anormalement élevées en décembre et début

2016 ont fortement déséquilibré le marché des légumes

d’hiver. Face aux aléas, les organisations de producteurs

affinent leurs modes de vente et renforcent leurs straté-

gies d’innovation. Avec la tomate, 1er légume consommé,

comme star de la segmentation.

Innover pour résister

« Avec 36 % de la production natio-nale en 2015, contre seulement 8 % en 1989, la Bretagne est devenue en 25 ans la nouvelle région dominante en tomate. « Le premier des légumes a migré du Sud-Est aux serres chauf-

fées bretonnes » souligne l’étude Agreste 2015 sur la localisation des productions légumières.

SurprendreL’inauguration à Plougastel-Daoulas du nou-veau siège social de Savéol, devenue leader français de la tomate ( 82 000 tonnes en 2015 ), a été l’occasion de mettre en lumière les ressorts de cette expansion : 30 varié-tés cultivées ( grappe, ronde, cerise, cocktail, variétés anciennes,… ) ; 200 variétés testées, dont une à trois nouvelles lancées chaque année ; 14 500 ruches de bourdons pollinisa-teurs dans les serres ; 100 % des serres de tomates certifiées GlobalGap1. Cette dyna-mique est également portée par d’autres organisations de producteurs ( OP ) bretonnes telles que l’Union Coopérative de Paimpol et Tréguier ( 51 000 t ), la Sica Saint-Pol ( 30 600 t ) et Solarenn ( 26 000 t ). En 2015, la hausse de la production bretonne ( + 7 % en un an ) et des cours a fait progresser le chiffre d’affaires. La belle fin de saison a rattrapé un début d’année en manque de luminosité et de dynamisme commercial. Les prix de la plupart des réfé-rences ont progressé en 2015, de l’ordre de 5 à 10 %. Certains produits de diversification ou nouveautés ont rencontré une saison déce-vante, tandis que d’autres, aux noms souvent évocateurs ( « Téton de Vénus »,... ) recevaient un bon accueil.

Flux tirés ou poussésEn légumes de plein champ, choux, artichaut petit violet, oignon et endive connaissent une saison correcte. Cependant, la hausse des températures qui affecte les productions préoccupe la filière bretonne : ses stations expérimentales vont travailler sur des scéna-rios d’adaptation ( variétés, conduites,.. ). En termes de bilan de campagne, le chou-fleur clôture sur un prix brut moyen de 0,57 euros la tête, en hausse de 26 % par rapport à la désastreuse saison 2013/2014. 58 % de la production de chou-fleur est exportée, 5 % est transformée. La saison du brocoli est plu-tôt bonne, avec une hausse significative des prix tandis que la production baisse. L’arti-chaut petit violet connait une campagne très satisfaisante, avec un prix de 0,20 euros la tête, bien au-dessus des 0,15 euros de 2014. Ce n’est pas le cas des artichauts globuleux ( camus et castel ) dont les cours accusent un repli de 5 % en un an et de 17 % par rapport à 2014. La production en camus n’a pas été régulière, avec des pics conséquents concen-trés en fin mai et juin. Enfin, l’échalote connaît une année catastrophique, avec un prix moyen de 0,12 €/kg, en recul de 71 % par rapport à 2014, déjà en crise. Les cours se raffermissent ensuite progressivement ( 0,70 €/kg en mars 2016 ), mais sans consensus entre acteurs pour réformer la commercialisation.En termes de mise en marché, cinq modes de vente sont mis en œuvre par les OP ras-semblées au sein du Cerafel. Tout d’abord le marché au cadran, qui voit passer plus de 80 gammes de produits, dont l’embléma-tique chou-fleur : on parle pour ce légume de gestion en « flux poussés », car ses volumes non stockables au champ peuvent passer du simple au triple d’un jour à l’autre. Quand aux

Légumes frais

( +11 % ) Montant des exportations bretonnesde légumes frais.

d’artichauts en Bretagne en 2015.

de chou-fleuren Bretagneen 2015 ( - 4% ).

14 000 ha

6 900 ha

219 millions d’euros

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Choux Fleurs blancs 2013/2014 2014/2015 Evolution %

Apports( millier de têtes ) 130 592 125 377 -4 %

Surfaces ( ha ) 14 547 14 071 -3 %

Prix brut ( €/tête ) 0,45 0,57 +27 %

Artichauts Camus et Castel 2014 2015 Evolution %

Apports ( tonnes ) 29 596 30 666 +4 %

Surfaces ( ha ) 4 521 4 519 0 %

Prix brut ( €/kg ) 0,62 0,58 -6 %

Brocoli 2014 2015 Evolution %

Apports ( tonnes ) 9 061 8 517 -6 %

Surfaces ( ha ) 1 010 1 046 +4 %

Prix brut ( €/kg ) 0,58 0,68 +17 %

Echalotes 2013/2014 2014/2015 Evolution %

Apports ( tonnes ) 23 130 26 633 +15 %

Surfaces ( ha ) 1 334 1 546 +16 %

Prix brut ( €/kg ) 0,41 0,12 -71 %

Tomates de Bretagne : production et prix en hausse en 2015

Campagne correcte en légumes de plein champ, mais crise en échalote

3,0

2,5

2,0

1,5

1,0

0,5

0janv. fév. mars avr. mai juin juil. août sept. oct. nov. déc.

45 000

37 500

30 000

22 500

15 000

7 500

0

bureaux de vente, ils sont adaptés aux petits volumes et nouveautés. La télématique et la vente aux enchères à distance est mise en œuvre en échalote, légumes stockables. Les soumissions en « fl ux tirés », où l’on récolte ce qui correspond au marché, viennent d’être ex-périmentées par le Cerafel pour le poireau, qui peut assez facilement se conserver au champ. Enfi n la contractualisation intervient pour les salades de 4e gamme ( avec des négociants ou des industriels comme Florette ) et pour la transformation ( contrats avec des usines de conserve et surgélation ).

L’Allemagne, 1er clientD’un montant de 219 millions d’euros, les exportations bretonnes de légumes frais et tubercules augmentent de 11 % en 2015. En tête des produits exportés arrivent les choux-fl eurs et brocolis ( 33 % du total ), suivis par les tomates ( 24 % du total ) et les pommes de terre ( 22 % ). L’Union européenne représente 84 % des débouchés ( en hausse de 11 % par rapport à 2014 ) contre 16 % pour les pays tiers ( +13 % ).Avec des importations d’une valeur de 54 millions d’euros, l’Allemagne reste de loin le premier débouché ( 25 % du total ; +3 % par rapport à 2014 ). La Belgique arrive à la seconde place ( 18 % du total ; +16 % ), suivie par l’Italie ( +29 % ) et les Pays-Bas ( -9 % ).

Entre idéal et réalitéLes achats de légumes frais pour la consom-mation à domicile reculent en France : -1 % par rapport à 2014 ( -0,3 % en moyenne quinquen-nale ). Au « top achat » des légumes en 2015 fi gurent en première place tomate, carotte, salade, endive, courgette et oignon. L’enquête menée en 2015 par FranceAgriMer sur les pratiques de consommation montre comment les consommateurs font des compromis entre ce qu’ils souhaiteraient et les contraintes du quotidien. Si la recommandation de 5 fruits et légumes par jour constitue un objectif pour deux tiers des répondants, seuls un tiers déclare la mettre réellement en application. 6 répondants sur 10 disent préférer l’achat en commerce de proximité et circuits courts plutôt qu’en hyper/supermarché. Pourtant, ces derniers mobilisent l’essentiel des achats. Dans ce contexte, face à des acheteurs et concurrents de plus en plus structurés, les OP bretonnes renforcent leur stratégie du « coup d’avance » : innover pour surprendre. Une vision enrichissante pour toutes les productions agricoles bretonnes.

Gwénola Floc’h-Penngwenola.fl ochpenn@fi nistere.chambagri.fr

Source : AOP Cerafel et Agreste - Draaf Bretagne.

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Agreste-Draaf Bretagne.

Quantité 2014 Quantité 2015 Prix 2014 Prix 2014 Prix 2015

Prix grappe expédition €/kgen Tonnes

35

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Epargnée par le coup de chaud estival qui affecte les

récoltes nationales, la Bretagne réalise son prévision-

nel mais sans éclat : les surfaces et les prix reculent. Et

déjà la baisse prévisionnelle de 7 % des emblavements

en 2016 inquiète la filière. Certes la Bretagne dispose de

stocks importants et la consommation atone accentue la

pression. Mais c’est aussi du côté des exportations que la

filière fléchit en 2015.

Régime extra-fin

« En 2015, la France a connu des niveaux d’emblavements et de ton-nages historiquement faibles en légumes transformés.La très petite campagne en pois se

traduit par des surfaces et volumes natio-naux en recul de respectivement 8,5 % et 14 % en un an. En dehors de la Bretagne, les régions productrices de pois ont été sé-vèrement touchées par le coup de chaud de l’été, avec des récoltes en baisse de 16 % en Nord-Picardie-Centre et de 20 % dans le Sud-Ouest. Les emblavements bretons déci-dés contractuellement ont reculé de 6 % compte tenu des rendements records de la campagne précédente. Le déficit hydrique du printemps et du début de l’été ont rappelé les limites d’un faible taux d’irrigants (40 % contre 70 % ailleurs en France ). Heureusement les précipitations de mi-juillet et la fin de saison clémente ont permis d’atteindre des rende-ments satisfaisants ( 8 t/ha en Bretagne contre 6,8 t/ha dans le Sud-Ouest ), malgré un taux d’abandon assez élevé ( 5 % ). Globalement la campagne bretonne de pois s’achève avec des volumes récoltés conformes au prévision-nel, mais inférieurs de 9 % à ceux de 2014. En moyenne nationale, la valeur nette agricole perçue par les agriculteurs chute de l’ordre de 10 % pour deux raisons : la légère baisse des conditions contractuelles entre organisations de producteurs ( OP ) et industriels et le repli des rendements ( -9 % en France ). Ce dernier critère a un peu moins impacté les produc-teurs bretons que ceux du Sud-Ouest.

Prévisionnel atteint en haricotLe scénario de campagne est similaire en haricot vert. Les surfaces et les volumes natio-naux chutent de 18 % en 2015 par rapport à la campagne précédente. Cumulant baisse des surfaces et impact de la canicule estivale, le Sud-Ouest et le Nord-Picardie-Centre voient chacun leur production reculer de 24 %. En Bretagne, malgré des emblavements en retrait de 16 % et de nombreux abandons de sur-faces ( 6 % ), les rendements supérieurs de 6 % aux prévisions permettent de contenir la baisse du tonnage récolté à 8 %. Les vo-lumes récoltés correspondent au prévisionnel et représentent 37 % du total national, contre 32 % en 2014. Spécialité bretonne, les varié-tés de haricots extra-fins et très fins occupent 84 % des surfaces de ce légume contre 68 % en moyenne française. En revanche le niveau des prix 2015 n’a pas satisfait les producteurs. La baisse de l’ordre de 10 % de la valeur nette agricole nationale par hectare s’explique par le recul du règlement industriel et dans une moindre mesure par la baisse des rendements ( -4 % en moyenne en France et Bretagne ).

L’export caleLa dégradation des échanges commerciaux français de légumes transformés se poursuit. Au-delà de la hausse des importations depuis plusieurs années, le repli des exportations frappe presque tous les produits en 2015 : ha-ricots, pois et mélanges en conserve ainsi que pois, haricots et épinards surgelés. Plusieurs

Légumestransformés

Part de la Bretagne dans la production française de pois.

36 %

Surface bretonne de légumes transformés en 2015.

Exportations bretonnes de légumes transformés.

19 930 ha

84 millions d’€ (-8 %)

36

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Recul des exportations bretonnes de légumes transformés

Baisse des surfaces bretonnes de légumes transformés en 2015, recul annoncé en 2016

facteurs expliquent ces pertes de marché. D’une part, des industriels français comme Bonduelle ont investi directement dans des pays clients tels que la Russie : ce qui est pro-duit sur place n’est plus importé de France. D’autre part, des concurrents européens de plus en plus structurés achètent du légume frais en France pour le transformer dans leurs usines étrangères : les Belges s’appro-visionnent surtout dans le Nord-Picardie, les Espagnols dans le Sud-Ouest, notamment en haricot ; les Pays-Bas importent également des matières premières de France. Selon les données douanières régionales, les expor-tations bretonnes de légumes transformés, qui s’élèvent à 84 millions d’euros en 2015, baissent de 8 % en un an et de 18 % par rap-port au point haut de 2013. Les pois et haricots appertisés représentent respectivement 13 % et 7 % de ce total export, contre 40 % pour les autres légumes en conserve ( macédoine, mélanges pois/carottes et autres ). Arrivent en-suite les produits congelés ou surgelés ( 39 % du total ). Dans ce contexte, le logo « fruits et légumes de France » va être utilisé pour les fruits et légumes PRODUITS ET TRANS-FORMES en France.

Investissements belgesPour 2016, les prévisions de surfaces établies par le Cenaldi indiquent un recul breton de 7 % par rapport à 2015, plus marqué qu’au natio-nal ( -3 % ). En pois et haricot, les évolutions de surfaces françaises prévues ( respectivement -3 % et +1 % ) sont moins contraignantes qu’en Bretagne ( -7 % et -4 % ). Les industriels régionaux disposent de stocks importants et l’hiver doux n’a pas poussé à la consom-mation des nouvelles gammes de potages surgelés. Les prix payés aux producteurs s’orienteraient vers un statu quo ou une légère baisse. Signe de la restructuration en cours sur le marché du surgelé européen, un accord est intervenu le 3 février 2016 entre les deux leaders européens des légumes. Le groupe Bonduelle cède au belge Ardo la totalité de sa participation ( 50 % ) dans l’usine de Valence ( Espagne ) co-détenue avec Ardo. Avec un chiffre d’affaires de 841 millions d’euros en 2015, le groupe Ardo dispose de 20 usines de légumes surgelés dans huit pays européens, dont le site breton de Gourin. Ce dernier fait l’objet d’un important projet d’investissement de 37 millions d’euros pour créer un centre de stockage et augmenter les capacités de pro-duction.

Gwénola Floc’[email protected]

Des volumes récoltés qui répondent aux attentes en pois et haricot.

POIS 2015 Surfaces(ha)

Rendement(t/ha)

Volume(t brutes)

Abandons et refus

(ha)

Prévisions 7 170 (semées) 7,71 55 284

Réalisations 6 842 (récoltées) 8,00 54 736 328

Ecart en % 95 % 104 % 99 % 5 %

HARICOT 2015 Surfaces(ha)

Rendement(t/ha)

Volume(t brutes)

Abandons et refus

(ha)

Prévisions 6 469 (semés) 13,15 85 067

Réalisations 6 073 (récoltés) 13,94 84 658 396

Ecart en % 94 % 106 % 100 % 6 %

Résultats de la campagne 2015 - Bretagne

Source : Cenaldi

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après douanes bretonnes

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après UOPLI / Cenaldi

Nombre d’ha semés, déclarés par les 3 organisations de producteurs bretonnes

2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016

25 000

20 000

15 000

10 000

5 000

0

21 968 22 177 21 788 22 053 22 03819 927 Prévision

18 540

120

100

80

60

40

20

0 2010 2011 2012 2013 2014 2015

En millions d’€

9198 98 103

9284

Légumes congelés ou surgelés Haricots appertisés Pois appertisés

Autres légumes appertisés Autres

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Algues vertes

Un plan d’action Algues vertes qui arrive à son terme en décembre 2015, une mission

nationale qui pose ses conclusions sur le passé et ses propositions sur le futur, et

voilà un nouveau programme qui se dessine. Malgré un contexte économique très

difficile, les efforts seront poursuivis, en réfléchissant à une répartition collective des

charges financières qui ne devront pas être supportées par les seuls agriculteurs.

Suite à un pic de prolifération d’algues vertes au cours de l’été 2009, le gouvernement a présenté sa stratégie le 5 février 2010 afin d’accompagner la gestion et prévenir ces développements importants d’algues sur le littoral breton. 8 baies sont concernées en Bretagne ( voir carte ci-contre ).Ces 8 baies regroupent 16 bassins versants et représentent 3 000 exploitations agricoles, 120 000 ha de SAU et 240 000 habitants. L’en-jeu est donc non seulement environnemental mais aussi économique et social.Le plan d’actions proposé est composé de 3 volets : amélioration des connaissances et gestion des risques, approche curative avec ramassage et traitement des algues échouées, et enfin approche préventive pour limiter les flux d’azote vers les estuaires.Rappelons que le développement des algues vertes est dû à la combinaison de plusieurs facteurs, en particulier : des baies fermées ou confinées ; une température de l’eau et un éclairement suffisant ( baies sableuses peu profondes ) ; une charge en nutriments apportés par les rivières ou stockés dans les sédiments. Le principal facteur de maîtrise de ces phénomènes est l’azote.

L’heure du bilanDe 2010 à 2012, chaque baie a réalisé un dia-gnostic de territoire qui a débouché sur une charte de territoire « à bas niveau d’intrants ».Les 8 chartes ont été établies selon un cadre

harmonisé : objectifs du projet de territoire d’ici 2015 notamment en termes d’optimisation de la gestion de l’azote et de baisse des concen-trations en nitrates des cours d’eau alimentant la baie.Ainsi différentes actions avec indicateurs de suivi sont proposées, territoire par territoire, avec possibilité de financement à la clé. On peut citer : les diagnostics d’exploitation qui débouchent sur des plans d’actions indivi-duels et volontaires, entre autres de réduction des flux d’azote ; le développement du bo-cage pour limiter les transferts de surface ; la gestion du foncier et des zones humides ; le développement de l’agriculture biologique…Ces projets ont été élaborés en y associant tous les acteurs. Si la genèse a été longue, l’importance de cette concertation locale ressort aujourd’hui. Celle-ci a favorisé une meilleure compréhension des problèmes, en-vironnementaux mais aussi économiques. Elle a aussi facilité une appropriation des objec-tifs qui se traduit dans les engagements des agriculteurs de ces baies. Au niveau régional, le pilotage conjoint de l’Etat et du Conseil Ré-gional a renforcé l’articulation des dispositifs réglementaires et contractuels.

Et demain ?2016 est une année de transition. Elle doit permettre à la fois de mesurer les résultats à court terme de certaines actions, dont les engagements dans le dispositif, mais aussi de réfléchir au contenu du futur plan 2017-2021 porté par l’Etat.

Algues vertes, construisons le futur

Objectif de baisse des flux d’azote sur les 8 baies de plus de 1 500 tonnes.

75 % des exploitants des 8 baies ont déjà signé une charte individuelle de modification de leurs pratiques en faveur de territoires à très basses fuites d’azote.

Surfaces couvertes par les ulves au niveau régional divisées en moyenne par 2.

focus

38

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Algues vertes

Il faut souligner que les évolutions constatées, en particulier au niveau des concentrations en nitrates, sont le fruit d’efforts réalisés depuis plus de 20 ans par les agriculteurs et qu’elles se cu-mulent avec l’impact des actions du plan Algues vertes. En parallèle une diminution des surfaces couvertes par les algues vertes est observée sur les plages bretonnes par le Ceva ( Centre d’Etudes et de Valorisation des Algues ) au cours des dernières années ainsi qu’une tendance à la baisse des volumes d’algues ramassées par les collectivités depuis cinq ans.Toutefois, ces efforts doivent se poursuivre pour atteindre les objectifs du Sdage ( schéma direc-teur d’aménagement et de gestion des eaux ) concernant le bon état des eaux littorales au plus tard en 2027.

C’est pourquoi les orientations pour le futur pro-gramme d’actions 2017-2021 mettent en avant un certain nombre de principes : logique de résultats et non plus de moyens ; mise en place d’indica-teurs limités et accessibles ; identification baie par baie des mesures contractuelles les plus effi-caces en termes de résultats dans une logique de double performance des exploitations agricoles, environnementale et économique ; au niveau ter-ritoire, poursuite des réflexions sur la valorisation économique des filières, le foncier ; optimisation du pilotage territorial associant Etat, collectivités, Chambres d’agriculture, acteurs du territoire ; re-mobilisation de la communauté scientifique avec mise en œuvre d’un outil de suivi et de pilotage du plan au regard des objectifs environnementaux en lien avec le Sdage et les Sage ; rigueur financière des crédits publics et meilleure maîtrise du rapport coût/bénéfice des actions.Les délais sont contraints puisque les baies doivent fournir un bilan agrégé des mesures mises en œuvre d’ici l’été 2016. Elles parti-cipent dès à présent à la réflexion stratégique et de construction du cadre général du futur plan d’actions. Ce dernier devrait être envoyé pen-dant l’automne aux ministères de l’agriculture et de l’environnement pour validation, puis décliné baie par baie fin 2016. Démarrage du nouveau plan prévu début 2017.

Elisabeth [email protected]

Actions agricoles généralisées à toute les baies Extrait du plan d’actions de l’État 2010-2015

Les 8 baies concernées par le plan de lutte contre les algues vertes

• Mise en place d’une déclaration annuelle des quantités d’azote organique et minéral utilisées et échangées et introduction de cette déclaration dans la conditionnalité Pac nitrates.• Obligation de réalisation de reliquats azotés sur 3 ou 4 parcelles dans chaque exploitation et transmission de ces données à l’administration.• Renforcement du contrôle de l’équilibre de la fertilisation à la parcelle par un bilan de masse et du respect des calendriers d’épandage.• Contrôle de toutes les exploitations des baies algues vertes soumises à la réglementation Installations Classées dans un délai de 2 ans.• Plafond de 210 kg d’azote organique et minéral par hectare étendu à l’ensemble des baies.

1 Baie de Concarneau 139 exploitations agricoles

2 Baie de Douarnenez 382 exploitations agricoles

3 Anse de Guisseny 168 exploitations agricoles

4 Anse de l’Horn Guillec 465 exploitations agricoles

5 Anse de Locquirec 148 exploitations agricoles

6 Grève de St Michel 153 exploitations agricoles

7 Baie de St Brieuc 1 334 exploitations agricoles

8 Baie de la Fresnaye 184 exploitations agricoles

Baie Algues vertesRéseau routier principal

Source : Draaf Bretagne 39

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«

La demande de produits bio se renforce en France

comme à l’international. Simultanément, l’agriculture

conventionnelle fait face à des difficultés. De quoi dé-

cider de nombreux agriculteurs à franchir le cap et à

convertir leur exploitation à l’agriculture biologique. La

filière laitière ne fait pas exception… faut-il craindre une

surproduction en lait bio ? La confiance est de mise, la

prudence s’impose.

Lait bio :l’année des records !

Magazines grand public, revues agricoles…un point commun, la bio apparaît systématiquement au menu et fait désormais partie du quotidien

des français. L’Agence Bio annonce que 2015 est l’année record des achats en produit bio. Avec une progression de 10 % par an depuis 2013, c’est un marché qui compte de plus en plus. Il s’élève désormais à 5,5 milliards d’eu-ros soit environ 2,5 % du marché alimentaire français. En tête du panier bio, les fruits, les légumes et les produits laitiers… Zoom sur la filière laitière bio.En Europe, même si le marché européen est porteur et dynamique, la collecte laitière connaît en 2015 une stagnation. Ainsi au Da-nemark, le prix conventionnel élevé en 2014 et la perspective de la fin des quotas a conduit à des déconversions. En Allemagne, premier producteur européen avec plus de 680 mil-lions de litres, le nombre de conversions a été nul, malgré un prix du lait bio élevé.

L’ouest, en tête pour la production de lait bio

La France, avec 560 millions de litres début 2016, conforte sa seconde place devant le Danemark et l’Autriche. Elle connaît en 2015

une progression de 5,7 % alors que le lait conventionnel progresse de 0,3 %. La produc-tion se concentre dans l’ouest de la France avec 60 % des volumes nationaux : en tête, les Pays de Loire avec un peu moins d’un quart des volumes suivis par la Bretagne avec 21 % des volumes et plus en retrait la Nor-mandie avec 12 %.

Certes, la progression des volumes est impor-tante, mais la collecte du lait bio reste encore marginale avec 2,3 % de la collecte nationale selon le Cniel. Réalisée par 2 150 producteurs, elle est ramassée par 126 établissements de collecte et 155 établissements de transfor-mation. 60 % du volume est collecté par les coopératives ( moitié bio, moitié mixte ) et 40 % par les laiteries privées. La moitié du volume est transformée en lait liquide et en beurre. La GMS reste le leader dans la commercialisation des produits laitiers bio. Le lait bio, produit phare, représente 10 % du lait liquide vendu, les yaourts 5 % et le beurre un peu plus de 3 %… Le fromage, loin derrière avec une part de 0,7 %, est fortement concurrencé par les autres signes de qualité. Le prix du litre de lait bio y est vendu à 1,16 € contre 0,89 € tous laits confondus.

Agriculture biologique

fermes bio enBretagne début 2016 ( source : Frab ).

hectares engagésen bio en Bretagne.

+ de 2 000

75 000

des installations aidées enBretagne sonten bio.

18 %

AB

AB

AB

40

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Quelques données sur les différentes catégories de lait bio en France (2014)

Lait bio :l’année des records !

Triplement des conversionsAlors qu’en début 2015 une possible pénurie de lait bio est annoncée en France, de nom-breux éleveurs décident de franchir le pas les mois suivants. Sur cette même année, le nombre de producteurs engagés dans un pro-cessus de conversion a triplé : 145 contre 48 un an plus tôt ce qui permet d’envisager une progression de la collecte de 10 % dans les deux prochaines années. Les clignotants sont au vert. Les collecteurs à la recherche de nou-veaux volumes accompagnent la conversion en proposant pendant deux ans un com-plément de prix. Ces différentes évolutions permettent d’envisager une collecte de lait bio qui devrait dépasser les 608 millions de litres de lait fin 2017. Sur 2015, la moyenne du prix payé aux producteurs est de 443 €/1000 litres contre 330 € pour le lait conventionnel.

Nouveaux marchés en perspectivesAlors faut-il craindre une surproduction de lait bio sur le marché ? Même si plusieurs indica-teurs illustrent le dynamisme du marché, les acteurs de la filière laitière bio restent prudents mais néanmoins confiants. Certes, ils vont de-voir gérer un afflux de lait entre 2017 et 2020 et de nouveaux débouchés sont nécessaires.

Cela passe par le développement du marché intérieur avec l’arrivée de nouveaux opéra-teurs, des consommateurs de plus en plus nombreux et l’élargissement des gammes bio. Les nouveaux marchés à l’international représentent également une autre piste inté-ressante. La concertation entre acteurs reste donc essentielle afin d’éviter la crise de crois-sance !Pour répondre à toutes ces sollicitations, les structures de développement proposent des formations et des portes ouvertes. Ainsi les Chambres d’agriculture de Bretagne ont orga-nisé en mars 2015 une journée technique sur la ferme expérimentale de Trévarez qui depuis 2013 a engagé 82 ha vers l’agriculture bio-logique. Environ 200 personnes sont venues s’informer et ont entendu un certain nombre de messages. Oui, le passage en bio est pos-sible mais même lorsque l’exploitation semble proche du bio, la conversion induit des chan-gements profonds de repères techniques et économiques. Prendre le temps de mûrir sa réflexion, ne pas rester seul, visiter des exploi-tations et partager de nouvelles références permettra de respecter le cahier des charges et de trouver son équilibre.

Anne [email protected]

Aides bio :ouvertes sur toutela Bretagne,les aidesà la conversion et au maintien sont désormais respectivement plafonnées à 20 000 et 12 000€/an.

Marchés bio, un développement en dents de scie : avant de se lancer dans un projet en bio, il faut s’entourer, se faire accompagner et échanger avec ses partenaires pour connaître l’état des marchés…

Des opérateurs sur des petites productions en recherche de matière première locale : des opportunités diverses sont possibles.A chacun son projet !

Nombred’établissements

Volume(Millions de litres)

Part du bio dans la collecte nationale

Lait de vache 106 535 2,3 %

Lait de chèvre 14 4 0,9 %

Lait de brebis 16 12 4,7 %

Total établissement de collecte 126 551 2,2 %

Source : Cniel et FranceAgriMer.

41

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«

2015 est une année de quasi stabilité du chiffre d’affaires de l’indus-

trie agroalimentaire (IAA). Les volumes d’activité se maintiennent

voire progressent, l’emploi est presque stable, les exportations

repartent légèrement à la hausse, la dynamique d’investissement se

poursuit… avec des disparités selon les territoires bretons. Et les

tensions actuelles le rappelle, l’enjeu du renforcement de l’organisa-

tion des filières agricoles et agroalimentaires bretonnes reste entier.

L’agroalimentaire bretonrésiste

2015 est une année de quasi stabi-lité du chiffre d’affaires de l’industrie agroalimentaire. C’est vrai à l’échelle nationale avec un chiffre d’affaires annoncé en léger recul de 0,1 %1 par

l’Insee, mais également à l’échelle régionale avec un chiffre d’affaires en modeste hausse de 0,2 %2 selon le bilan de la Banque de France. Ce dernier chiffre traduit des réalités différentes au sein des activités régionales, avec de bons résultats pour les produits de boulangerie-pâtisserie ou encore les plats préparés mais un recul de chiffre d’affaires dans l’industrie des viandes, des produits lai-tiers et des aliments pour animaux.Cette relative stabilité de chiffre d’affaires s’appuie sur une bonne résistance des vo-lumes d’activité, voire une progression. Et c’est à noter, car après une tendance à la baisse continue et régulière, les volumes se redressent en abattage de porc, de volaille, de veaux, de gros bovins… Alors que les prix des marchés n’ont pas toujours été bien orientés, ce niveau d’activité permet aux outils indus-triels de mieux amortir leurs charges fixes.Le léger rebond observé en 2014 au niveau de l’emploi permanent dans les IAA régionales, après 3 ans de baisse, ne s’est pas prolongé. Une centaine d’emplois est perdue sur un an ( -0,1 % )3. Cependant, la dynamique n’est pas la même selon les départements bretons.

Cette situation s’est accompagnée d’un ni-veau d’investissement tout à fait honorable4.Pour 2016, les industriels présents en Bre-tagne5 anticipent une amélioration plus marquée de leur chiffre d’affaires ( +1,8 % ). La dynamique d’investissement devrait repar-tir à la hausse, à un rythme qui pourrait être soutenu. Une relative stabilité des chiffres de l’emploi dans le secteur est escomptée.

L’embargo russe, des effets qui s’estompent

Après un record atteint en 2013 à 4,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires, les exportations agricoles et agroalimentaires bretonnes ont connu un coup d’arrêt en 2014 avec une baisse de 8 % par rapport à l’année précé-dente. La faute principalement à l’embargo décrété par la Russie à l’encontre de l’Union européenne sur différents produits, qui a fer-mé des débouchés sur cette destination et renforcé la concurrence européenne sur les autres marchés.En 2015, la situation se stabilise et les expor-tations progressent de 1 % par rapport à 2014 générant un chiffre d’affaires de 4,03 milliards

Industriesagroalimentaires

Hausse du chiffre d’affaires de l’agro-alimentaire breton.

Part des exporta-tions agroalimentaires dans les exportations totales bretonnes.

Hausse du chiffre d’affaires des exportations agroalimentaires bretonnes.

+ 0,2 %

+1 %

38 %

(1) : Source : Insee, chiffre d’affaires dans l’industrie(2) : Source : Banque de France, Les entreprises en Bretagne,

Bilan 2015 - Perspectives 2016(3) : Source : Insee, Le bilan économique Bretagne, mai 2016

(4) : « Bilan des restructurations des entreprises agroalimen-taires de Bretagne » - Observatoire économique et social des filières agricoles et agroalimentaires de Bretagne

(5) : Banque de France, Les entreprises en Bretagne, Bilan 2015 - Perspectives 2016

42

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Evolution de la rentabilité d’exploitation en 2015 dans l’industrie bretonne estimée par ses acteurs : les IAA ont l’appréciation la plus négative

Base 100 en 2005

Les volumes d’activité résistent, voire progressent

L’effet « Embargo russe » sur les exportations bretonnes agricoles et agroalimentaires s’estompe

Production d’aliments composés 8,1 millions de tonnes (-0,3 %) Abattage de volailles 537 milliers de tonnes (+3 %) Abattage de veaux 66,9 milliers de tonnes (+2 %)

Abattage de porcs 1,15 millions de tonnes (+3,7 %) Abattage de gros bovins 259 milliers de tonnes (+0,4 %) Livraisons de lait 5,4 milliards de litres (-0,3 %)

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

120

110

100

90

80

70

60

BretagneDiminution

de la rentabilité

Stabilité de la rentabilité

d’exploitation

Augmentation de la

rentabilité

Ensemble de l’industrie 31,7 % 40,9 % 27,4 %

Industries agroalimentaires 41,4 % 31,4 % 27,2 %

Matériel de transport 2,8 % 91,6 % 5,6 %

Equipements électriques 23,6 % 41,3 % 35,1 %

Autres produits industriels 29,7 % 39,4 % 30,9 %

d’euros, sans toutefois retrouver leur niveau d’avant l’embargo.Les viandes de boucherie constituent le premier poste à l’export avec des ventes à hauteur de 851 millions d’euros ( -4 % par rap-port à 2014 ), soit presque un quart du total breton. Viennent ensuite les produits laitiers ( 669 millions d’euros ; -13 % par rapport à 2014 ; 17 % du total ), les viandes de volailles ( 514 millions d’euros ; +5 % par rapport à 2014 ; 13 % du total ). En légumes, les produits frais et tubercules arrivent en tête ( 219 millions d’euros ; +11 % ), suivis par les préparations et conserves à base de fruits et légumes ( 104 millions d’euros ; -1 % ).L’Union européenne reste majoritaire dans les destinations des exportations ( 61 % du total, avec l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Alle-magne et le Royaume-Uni en tête ) mais en recul de 3 % par rapport à 2014. A contrario, les destinations des pays-tiers progressent de 7 % et représentent dorénavant 39 % des ex-portations. La Chine est ainsi le premier pays tiers du palmarès mais aussi la 6e destination.Ces exportations contribuent fortement à la dynamique de l’économie de la région. En 2015, elles représentent 38,4 % des exporta-tions bretonnes tous secteurs confondus.

Toujours compliqué sur le marché intérieur

Avec un taux d’exportation de 13 % environ pour les IAA bretonnes, le marché intérieur reste primordial pour les entreprises régio-nales. Il est porté en premier lieu par les ventes en GMS qui se font dans un contexte de né-gociation difficile, alimenté cette année encore par la guerre des prix et des promotions que se livrent les enseignes. Ces dernières im-pactent déjà les marges d’un certain nombre d’entreprises IAA. En 2015, parmi les chefs d’entreprises des IAA bretonnes interrogés par la Banque de France, 41,4 % estiment que la rentabilité de leur entreprise s’est dégra-dée par rapport à l’année précédente. Seuls 27,2 % estiment qu’elle s’est améliorée.

Source : Chambres d’agriculture de Bretagne d’après Direction Nationale Statistiques du Commerce Extérieur.

Source : Banque de France - Les entreprises en Bretagne Bilan 2015 - Perspectives 2016(Evolution de la rentabilité d’exploitation exprimée en soldes d’opinion bruts pondérés par les effectifs ACOSS - URSSAF 2014).

Source : Agreste, SAA annuelle, retraitement Chambres d’agriculture de Bretagne.

en milliards d’euros

2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

5,0

4,5

4,0

3,5

3,0

2,5

2,0

1,5

1

0,5

0

2,5 2,62,8

3,23,0

3,4

4,0 4,0 4,04,3 4,4

43

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Industries agroalimentaires

Perte d’effectifs dans

les IAA finistériennes.

Les investissements industriels des IAA se maintiennent en Bretagne…

Après trois années mouvementées en matière de mouvements de capitaux, restructurations, difficultés d’entreprise, 2015 est beaucoup plus calme. Le secteur semble faire une pause après les bouleversements précédents.A l’échelle nationale, les investissements dans l’industrie agroalimentaire sont en repli en 2015 de 1 % en valeur par rapport à 2014, selon l’enquête de l’Insee en avril 2016.Le suivi des investissements du secteur en Bretagne6 montre qu’une dynamique d’in-vestissement se poursuit en Bretagne. Les investissements accompagnent les stratégies d’entreprise qui se font jour. Certains groupes, notamment suite à des acquisitions de site, réorganisent leurs ressources industrielles. C’est le cas d’Agromousquetaires du groupe Intermarché qui confirme des programmes d’investissements importants au sein de ses outils, notamment d’abattage et de découpe de porc. Plusieurs programmes de moderni-sation sont enclenchés dans l’industrie de la viande afin d’améliorer la compétitivité des ou-tils. Des extensions pour des augmentations de capacité de production sont enclenchées, notamment dans l’industrie laitière ou encore l’installation de nouvelles lignes accompagne le développement des marchés des entre-prises. Des politiques de différenciation, d’investissement vers des produits plus éla-borés font aussi partie de la stratégie d’autres acteurs. Enfin, 2015 aura vu l’annonce de l’im-plantation de nouvelles unités. Ce dernier cas est suffisamment peu courant dans le secteur industriel pour valoir la peine d’être souligné !Ces constats montrent que la Bretagne reste attractive pour le secteur agroalimentaire. Ils soulignent la confiance d’un certain nombre d’acteurs industriels du territoire dans leur capacité de développement.

… et doivent conduire à la création d’emploi

En 2015, l’Insee annonce la perte d’une cen-taine d’emplois dans le secteur, soit environ -0,1 %, en partie due à la conclusion de plans annoncés antérieurement ( Doux, Marine Har-vest ), les créations ne compensant pas ces pertes.

Le bilan fait état de disparités au sein des ac-tivités, emploi en repli dans les activités des produits de la mer, en croissance plus marquée dans le secteur de la fabrication de boulange-rie-pâtisserie, mais aussi entre départements bretons. Le Finistère perd de l’emploi ( -2,1 % en 2015, après -2,4 % en 2014 ), ainsi que le Morbihan dans une moindre mesure ( -0,2 % après +0,3 % ). Les Côtes-d’Armor ( +1,2 % en 2015, après -0,6 % en 2014 ) et l’Ille-et-Vi-laine ( +0,6 % après +2,9 % ) connaissent une évolution favorable de l’emploi salarié. Ces disparités de dynamique se traduisent aussi dans les évolutions observées de l’emploi intérimaire, toujours important dans le secteur ( environ 8 840 ETP au 4ème trimestre 2015 ).

Deux sujets interpellentD’une part, la disparité de dynamisme du secteur IAA à l’échelle des territoires bretons, qui se traduit dans l’évolution des chiffres de l’emploi et dans le rythme et la nature des in-vestissements industriels annoncés. A ce titre, l’Est de la région occupe une place particu-lière. Ces dernières années voient se renforcer son attractivité. Elle réside tout d’abord dans une situation géographique particulière qui lui confère un atout sur le plan de la logistique, porte d’entrée et sortie de la Bretagne, notam-ment vers le bassin parisien et plus près des bassins de consommation que d’autres terri-toires bretons. Au sein des grandes filières lait, porc, viande bovine qui portent l’activité agri-cole et agroalimentaire de la région, la partie orientale de la Bretagne occupe ensuite une place centrale dans un « croissant de l’éle-vage » qui comprend la Basse Normandie, la Bretagne et les Pays de la Loire, alors même que des groupes importants ( Terrena, LDC, Agrial… ) se constituent et se consolident à cette échelle.L’autre sujet réside dans le relatif décalage, dans les mêmes filières, entre la situation des entreprises de transformation et la situation de crise vécue par le maillon agricole, for-tement fragilisé en 2015 par des baisses de prix importantes. Les IAA, en fonction des marchés qu’elles visent, de leur taille, du fait qu’elles appartiennent à un grand groupe ou non... ne vivent bien sûr pas toutes les mêmes

Progression

de l’emploi intérimaire

dans les IAA bretonnes.

+ 0,4 %

-2,1 %

(6) : Source : «Bilan des restructurations des entreprises agroalimentaires en Bretagne» de la Revue de l’Observatoire des IAA de Bretagne - Avril 2016

44

Perte d’emplois

permanents dans

les IAA bretonnes.

- 0,1 %

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Source : Extrait du « Bilan des restructurations des entreprises agroalimentaires de Bretagne » - supplément du n°121, avril 2016, La Revue de l’Observatoire des IAA de Bretagne, Chambre régionale d’agriculture de Bretagne.

Principaux investissements annoncés en 2015 dans les établissements agroalimentaires bretons

réalités, mais globalement le secteur résiste correctement. C’est l’occasion de redire qu’il est nécessaire d’améliorer l’organisation d’un certain nombre de filières. L’avenir ne pourra se construire durablement que si chaque mail-lon de la filière peut générer suffisamment de résultats pour se rémunérer et investir dans

son activité, gage de pérennité pour tous. Au-delà, se profile aussi l’enjeu de relations plus apaisées et constructives avec le secteur de la distribution.

Joëlle Salaü[email protected]

En 2015, le secteur agroalimentaire breton intègreles bouleversements des dernières années et peaufine sa réorganisation.

Secteur Entreprise Objectif Localisation –Nature de l’investissement

Industriedes viandes

Josselin Porc Abattage Modernisation Josselin - 20 M€ sur deux ans pour augmenter les capacités d'abattage

et moderniser par de l'automatisation l'unité de découpe et de stockage.

Gâtine Viandes Modernisation La Guerche-de-Bretagne - 25 M€ pour moderniser la partie abattage du site pour fin 2016.

Société Briécoise d’abattage Modernisation Briec-de-l'Odet - 10 M€ pour moderniser le site d'abattage.

Kermené Extension Saint-Léry - 10 M€ pour étendre et développer la capacité de production du site spécialisé dans la fabrication de steaks hachés

Industriede la volaille

Celvia Modernisation Sérent - 10 M€ pour moderniser le site et quasiment doubler sa capacité de production.

Société Le Plenier Boscher Modernisation Mûr-de-Bretagne - 10 M€ pour des équipements du site de poulets lourds.

Charcuterie Salaisons

Brocéliande ALH Modernisation Loudéac - 30 M€ sur 2010-2017 pour moderniser et agrandir l'unité de charcuterie-salaison cuite.

Guyader Terroir et Création Modernisation Saint-Agathon - 4,8 M€ pour accompagner le déménagement de

l'activité de Quintin vers Saint-Agathon (dans l'ex-usine d'Euralis).

Brient ExtensionMordelles - 6,8 M€ pour agrandir l’atelier de production et y adjoindre une nouvelle plate-forme de 4 000 m² pour la préparation des commandes.

Société Jean Floc’h Extension Baud - 9,5 M€ sur trois ans pour l'extension de la conserverie de 4 000 m².

Kermené Extension Vildé-Guingalan - 40 M€ pour le doublement de la capacité de production du site.

Plats préparés Primel Gastronomie Extension

Plougasnou - 8 M€ pour étendre de 3 500 m² le site spécialisé dans les plats cuisinés et permettre l'installation d'une nouvelle ligne de fabrication.

Industrie laitière

Sill Entreprises Nouvelle unité Guipavas - 60 M€ pour implanter une tour de séchage pour produire de la poudre de lait destinée au marché international.

Triballat Noyal Nouvelle unitéNoyal-sur-Vilaine - 45 M€ pour un nouveau site de 10 000 m² de produits ultra-frais (bio) dont la capacité sera à terme de 12 lignes de fabrication.

Lactalis

Développement d'activité

Retiers - 54 M€ d’investissements consacrés à la fabrication de produits laitiers nutritionnels et infantiles qui devraient être poursuivis par l’installation d’une tour de séchage.

Développement d’activité

Vitré - 12 M€ notamment pour du matériel destiné à stocker des produits finis (palettier)

Produitsde la mer Chancerelle Nouvelle unité

Douarnenez - 9 M€ sur trois ans pour accompagner le déplacement du site du port de Douarnenez, trop vétuste, et investir dans les deux autres usines de l’entreprise en périphérie de la ville

Alimentation animale

Ouestmin Nouvelle unité Saint-Sauveur-des-Landes - 11 M€ pour l’implantation d’une nouvelle usine spécialisée dans la fabrication de minéraux pour l'alimentation animale.

Vitalac Extension Carnoët - 12 M€ sur 2016-2017 pour doubler la surface et augmenter la capacité de production.

Boulangerie Pâtisserie Patisfrance Puratos Extension

La Selle-en-Luitré - 5,3 M€ pour agrandir le site spécialisé dans la fabrication de produits de nappage, fourrages et sauces pour pâtisseries et glaces et conduire au doublement de la capacité de production.

45

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Face aux deux questions, comment réduire ses charges

et comment augmenter ses recettes, la transition éner-

gétique peut apporter des réponses. Plus de 2  600

agriculteurs en Bretagne sont entrés dans cette dé-

marche. Dans certains territoires, les collectivités locales

engagées dans l’autonomie énergétique peuvent aussi

créer des opportunités pour l’agriculture.

La transition énergétique : un atout économique ?

«Méthanisation agricole en Bretagne :40 unités en fonction-nement ( Sinoe/AILE ).

de la consommation électrique nationale est produite par le solaire photovoltaïque ( SoeS ).

En 2015,4 entreprises d’ins-tallation de panneaux photovoltaiques sont engagées dans le cadre de la Charte qualité « photovol-taïque bâtiments agricoles ».

40

4

1,7 %

Énergie climat

Réduire ses consommations d’éner-gie et donc sa facture énergétique reste la priorité. Sans investir, suite à un diagnostic énergie et à une meil-leure connaissance de ses usages

énergétiques, les changements de comporte-ment génèrent déjà une économie d’énergie de l’ordre de 5 %.

Alléger la facture énergiePour aller plus loin, tout un panel de techniques efficaces existe. Investir pour économi-ser l’énergie peut être rentable en quelques mois ( VEV1  sur ventilateurs par exemple ) ou quelques années. Pour un coup de pouce financier, en Bretagne, le PCAEA ( Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploita-tions Agricoles ) a pris le relais du PPE ( Plan de Performance Energétique ) et accompagne les agriculteurs. De 2009 à 2014, le PPE a permis à 2 358 exploitations d’investir dans les éco-nomies d’énergie, dont la moitié en élevage de volaille.Ainsi modernisée, l’exploitation agricole ré-duit ses charges et sa vulnérabilité face à la volatilité des prix de l’énergie. La démarche d’efficacité énergétique sur les consomma-tions directes ( électricité, gaz, fuel ) se poursuit avec une réflexion sur les énergies indirectes ( c’est-à-dire l’énergie nécessaire à la pro-duction des engrais et aliments ) en visant l’efficacité alimentaire et plus d’autonomie.

De l’énergie à revendre ou pour soiAvec la crise agricole, des agriculteurs té-moignent qu’ils se sentent plus robustes en ayant un revenu complémentaire lié à la

production d’énergie renouvelable. C’est par-ticulièrement le cas pour ceux qui ont signé, il y a quelques années, des contrats de rachats de l’énergie photovoltaïque au prix fort. Les conditions actuelles de rachat de l’énergie sont moins favorables. Néanmoins, chaque projet de production d’énergie renouvelable doit être étudié, au cas par cas, pour définir sa rentabilité et la façon dont il va s’insérer dans le fonctionnement de l’exploitation.Les projets photovoltaïques cherchent leur ren-tabilité, par exemple au travers des démarches groupées. Les projets de méthanisation doivent prendre en compte l’organisation du travail avec des temps d’astreinte quotidiens et les nouvelles compétences nécessaires. La production de bois énergie est dépendante des projets de chaufferie du territoire et des tarifs de rachat du bois. Le bois reste la pre-mière production d’énergie renouvelable par l’agriculture bretonne.Une nouvelle voie est explorée, celle de l’autoconsommation de sa propre produc-tion d’énergie. Elle est traditionnellement développée dans le domaine du bois énergie. Dans le domaine de la méthanisation, l’enjeu est d’abord de valoriser au mieux la chaleur. Concernant le solaire, l’autoconsommation devient une voie intéressante, du fait du rap-prochement entre le prix de vente et d’achat de l’électricité. Le développement des tech-niques de stockage de l’énergie apportera un regain d’intérêt pour l’autoconsommation. Le solaire thermique ( production d’eau chaude solaire ) combine depuis toujours stockage de chaleur et autoconsommation.

(1 ) VEV : variateur électronique de vitesse46

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L’efffi cience technique se traduit par des charges plus faibles sans dégrader le produit lait.

Lien vers les publications du forum interrégional énergie climat ( janvier 2016 )

Emploiset compétences

Des territoires catalyseurs ?Aider les agriculteurs à se lancer dans la production d’énergie renouvelable présente de nombreux atouts pour nos territoires très dépendants des importations d’énergie. Cela permet de relocaliser une activité de pro-duction grâce à la disponibilité d’énergie, d’apporter de la valeur ajoutée à son terri-toire, de réduire sa dépendance énergétique et maîtriser ses coûts énergétiques tout en consolidant les exploitations agricoles. Ces démarches permettent également d’améliorer le bilan carbone du territoire et de réduire son impact sur le climat.Par une succession de choix engagés vers une transition énergétique et climatique, les collectivités peuvent inclure dans leurs équi-pements des chauff eries au bois privilégiant l’approvisionnement local et de bois bocager, des bâtiments avec du bois d’œuvre local, des fl ottes de véhicules au GNV2 , des équipe-ments raccordés à un réseau de chaleur issue de la méthanisation, la valorisation de déchets en méthanisation, etc.Certes, les écarts de coûts à l’investissement et au fonctionnement sont moins attractifs dans le contexte actuel de pétrole pas cher. Mais à long terme, une dynamique positive se met en place. Ces choix se font et peuvent encore se développer notamment dans les TEPCV 3, BEL4 et les PCAET5.

C’est aussi bon pour la planète !« Réduire la facture énergétique » va de pair avec « lutter contre le dérèglement cli-matique ». Sur le plan de la lutte contre le changement climatique, l’agriculture a de nombreuses cartes à jouer : réduire ses émis-sions de GES6  et/ou stocker du carbone dans les sols et la biomasse.L’agriculture bretonne a d’ailleurs bien avancé sur la question climat, parfois en poursuivant d’autres objectifs comme ceux de la qualité de l’eau ou de l’effi cacité technique. On peut citer : la généralisation des couverts végé-taux, l’ajustement des rations ( multiphase… ), les économies d’énergie, la méthanisation ou encore le maintien de taux élevés de matière organique des sols. Des actions bonnes pour le climat qui sont méconnues du grand public !Là encore cet enjeu climat doit s’insérer dans la réalité économique des entreprises agri-coles. Le coup de pouce fi nancier pourrait bientôt venir des marchés du carbone…

Laurence [email protected]

( 2 ) GNV : gaz naturel pour véhicules( 3 ) TEPCV : territoire à énergie positive et pour la croissance verte( 4 ) BEL : boucles énergétiques locales( 5 ) PCAET : Plan climat air énergie territorial.( 6 ) GES : gaz à effet de serre.

Stocker du carbone en agriculturec’est aussi améliorer la fertilité du sol.

Les Chambres d’agriculture ont lancé une campagne de communication pour faire connaître aux agriculteurs les pratiques qui ont un effet positif dans la lutte contre les dérèglements climatiques. Certaines de ces bonnes pratiques sont d’ailleurs déjà généralisées.

Le projet BioEnergyFarm2 explore les possibilités de développement dela petite méthanisation en Bretagne et dans d’autres territoires européens.

Un élevage « bas carbone » est un élevage qui produit avec un impact plus faible sur le changement climatique que la moyenne des élevages.

http://goo.gl/C5UlCH

Source : Idele - Life Carbon Dairy

Moyenne Moyenne« Bas-carbone » « Bas-carbone »

Charges opérationnelles €/1000l lait Produit lait €/1000l190

185

180

175

170

165

160

346

345

344

343

342

186 345

15 € 2 €

171 343

47

Page 48: Analyse & Perspectives 16 - Synagri.comFILE/ABC-analyse-et-perspectives2016.pdfAnalyse & Perspectives 2016 O ... tions régionales dans la restauration hors domicile. En rapprochant

Après une première année de mise en œuvre, le nouveau

dispositif MAEC est victime de son succès. La réintégra-

tion des mesures concernant l’agriculture biologique,

ainsi que la mise en place de mesures systèmes, intégrant

à la fois la reconnaissance des efforts déjà réalisé ( MAEC

maintien ) et le soutien à l’évolution des pratiques ( MAEC

évolution ), ont relancé une dynamique que l’on croyait

mature. La question se pose quant aux modalités fi nan-

cières à prévoir pour les prochaines années.

Maintien ou évolution, faudra-t-il choisir ?

« L’année 2015 est marquée par la mise en place d’un nouveau cycle de la Politique Agricole Commune. Le second pilier voit un accroisse-ment de son budget aux dépens du premier. Il faut rappeler que l’autorité

de gestion du second pilier est maintenant le Conseil régional.Les priorités d’intervention de ce dernier portent sur les moyens permettant aux sys-tèmes de production agricoles de limiter la dégradation des milieux et de valoriser des espaces agro-écologiques. Pour cela, il s’ap-puie sur le dispositif des MAEC ( Mesures Agro-Environnementales et Climatiques ). Il pi-lote ainsi les Projets Agro-environnementaux et Climatiques ( PAEC ) et gère appels à projets, sélection, animation du dispositif...Les PAEC sont portés principalement par des collectivités désireuses d’utiliser les MAEC en réponse aux enjeux spécifi ques de leur territoire ; enjeux liés à l’eau et au sol ou à la biodiversité. Les mesures proposées aux agri-culteurs ( contractualisées pour 5 ans ) visent l’évolution des systèmes ou des pratiques, ainsi que le maintien des pratiques favorables déjà existantes.Afi n de renforcer l’effi cacité des diff érents programmes d’actions et des aides qui y sont associées, certaines aides aux inves-tissements agro-environnementaux sont accessibles en priorité aux exploitants ayant souscrits des MAEC.

2015, un cru exceptionnelAlors que la campagne 2014, campagne de transition en demi-teinte, semblait montrer un certain essouffl ement du dispositif, la nouvelle

programmation démarre sur les chapeaux de roues en 2015. Avec 26 projets de territoires ( PAEC ), ce sont aujourd’hui près de 3 300 contrats, toutes thématiques confondues, qui ont été signés.Les dossiers « Agriculture biologique », réin-tégrés dans ce dispositif dont ils avaient été exclus en 2009, représentent près d’1/3 de ces contrats. ( Voir tableau )Il faut souligner l’eff ort réalisé en Bretagne pour soutenir les exploitations les plus her-bagères. Des MAEC systèmes polyculture élevage avec plus de 65 % d’herbe dans la SAU sont ainsi proposées sur toute la région et pas seulement dans les territoires à PAEC. De plus, un fi nancement spécifi que est prévu pour le maintien des bonnes pratiques exis-tantes. En 2015, 75 % des MAEC Système polyculture élevage sont souscrites pour maintenir ces pratiques.Il est nécessaire maintenant de poursuivre la mobilisation de l’ensemble des agriculteurs pour inciter à l’évolution vers des systèmes présentant toujours moins d’impact sur l’eau et les milieux aquatiques. Il est aussi proposé d’accompagner, par le conseil, les signataires de MAEC pour leur faciliter l’appropriation et le respect du cahier des charges ( voir page suivante ).

De la contractualisation ( avec aides publiques ) au Paiement pour Services Environnementaux ( dans un cadre privé )

Les MAEC ont souvent été critiquées du fait d’un certain manque d’adaptation au contexte local. De plus, la généralisation des contrôles qu’elles entraînent est de plus en plus mal vécue.

Environnementet territoire

contrats MAEC

Système souscrits en 2015.

Budget estimé en 2015 pour les MAEC en Bretagne.

du territoire régional couvert par un Projet Agro-Environnemental et Climatique ( PAEC ) en 2016.

1 700

Près de 80 %

98 millions d’€

48

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Souscriptions en 2015 : estimations d’engagement septembre 2015

L’accompagnement des signataires de MAEC – le Pass’MAEC

Les questions qui peuvent alors se poser sont les suivantes : comment contractualiser pour produire de l’environnement et du revenu en dehors des aides publiques ? Comment passer d’une approche où l’en-vironnement est une contrainte pour l’agriculteur et doit être gratuit pour la société, à la reconnaissance économique et fi nancière des actions réalisées par les agriculteurs en sa faveur ?Les Paiements pour Services Environnementaux ( PSE ) peuvent permettre de répondre à ces interrogations. Instruments économiques, ils permettent à l’agriculteur, de par son action et son savoir-faire, de volontairement s’engager dans une pratique ( existante ou nouvelle ) en faveur d’un objectif environnemental. Non contraint par une loi ou une norme, il établira un contrat avec un tiers créant un marché de services environnementaux. Cela correspond à une démarche juridique, un accord conclu entre 2 parties ayant un intérêt fi nancier à agir sur les pratiques dans le cadre du développement du-rable des entreprises ( RSE - Responsabilité Sociale et Environnementale ).Le montant du paiement est issu d’une négociation, compromis entre les coûts d’opportunité des change-ments de pratiques de celui qui fournit le service d’une part, et le consentement à payer des bénéfi ciaires de l’autre. A l’opposé des MAEC qui sont un dédommage-ment des coûts supportés par l’exploitant à la mise en place de nouvelles pratiques.L’objectif de ces contrats est ainsi de renforcer les ser-vices environnementaux fournis par les agriculteurs, services qui favorisent les écosystèmes. On peut citer par exemple le stockage du carbone, la lutte contre les inondations, la conservation de la biodiversité…La réfl exion autour du paiement des services environ-nementaux peut redonner de la visibilité aux exploitants pour piloter au mieux leur exploitation, que ce soit au niveau économique ou environnemental. Véritable source de revenu, cela peut être un levier important pour répondre aux attentes sociétales sans renforcer des réglementations qui s’empilent sans cohérence et parfois même en opposition. Vers un changement de paradigme ?

Territoires proposant des projets en 2015 et 2016

Rappel : certaines MAE systèmes sont ouvertes sur toute la Bretagne.

Source : Conseil régional de Bretagne

Source : Conseil régional de Bretagne

Pour renforcer l’accompagnement des exploitants ayant souscrits des mesures systèmes ou des engagements « phytos » ou « mi-lieux », des suivis par groupes de 6 à 10 personnes sont mis en place. Ils apportent les éléments indispensables à la mise en œuvre des diff érents engagements des cahiers des charges des mesures : calcul de l’Indice de Fréquence de Traitement, calcul du bilan azote ( BGA ), formation à la gestion intégrée des cultures, aide à la mise en place et au suivi de plans de gestion…

Elisabeth [email protected]

Type de MAEC Nombre de contrats Total surfaces (ha)

MAEC Système 1 682 96 617

MAE Localisées eau et biodiversité 295 4 928

MAE Abeille (API) 60 /

MAE protection des races menacées (PRM)

159 /

Conversion Agriculture biologique 315 9 464

Maintien Agriculture biologique 758 21 224

Total 3 269 132 233

PCAEA et MAEC

Lancé en 2015, le Plan pour la Compétitivité et l’Adaptation des Exploitations Agricoles (PCAEA) contribue à assurer et pérenniser la compétiti-vité des exploitations bretonnes. Le volet « soutien aux investissements en matériels agro-environne-mentaux » de ce plan a pour objectif de faciliter en particulier l’adéquation des matériels à la réduction des intrants (engrais, phytosanitaires…).Ce sont ainsi 266 dossiers, représentant 474 maté-riels qui ont été soutenus en 2015, pour un montant total d’aides de 2,1 M€. Pour mémoire, le taux d’aide de base est de 25 % des dépenses éligibles.

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Ademe Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie

AOP Association d’Organisations de Producteurs

BEL Boucles énergétiques locales

Cenaldi Comité Economique National des Légumes à Destination de l’Industrie

Cerafel Comité Economique Régional Agricole des Fruits et Légumes de Bretagne

Ceva Centre d’Etudes et de Valorisation des Algues

Cniel Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière

Cop Céréales et oléo-protéagineux

Cuma Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole

DEP Diarrhée épidémique porcine

Esat Etablissement et Service d’Aide par le Travail

ESB Encéphalopathie Spongiforme Bovine

ETA Entreprise de travaux agricoles

ETP Equivalent temps plein

FCO Fièvre Catarrhale Ovine

Fead Fonds européen d’aide aux plus démunis

Pour plus d’informations, consultez

les autres publicationsdes Chambres d’agriculture

de Bretagne

BOULANGERIEPATISSERIE

ALIMENTSDU BETAILPLATS CUISINES

BOISSONS

FRUITS ETLÉGUMES PRODUITS

DE LA MER

PRODUITSLAITIERS

VOLAILLE

VIANDES

DISTRIBUTION

Service veille, études et prospective, Chambre régionale d’AgricultureRue Maurice Le Lannou - CS 74223, 35042 RENNES Cedex

Téléphone : 02.23.48.27.70 - Fax : 02.23.48.27.48 - E-mail : [email protected]

www.chambre-agriculture-bretagne.fr

desIAARevue

de l’Observatoire La

N° 121 - AVRIL 2016 • ISSN 1299 - 8095

FLASHS : TOUS LES FAITS MARQUANTS• Le Grand Lejon reprise par le groupe Gendreau

• Even se renforce dans la restauration hors domicile

• Ouestmin s’installe à Saint-Sauveur-des-Landes

• L’arrivée de Sea Value PLC à Lignol p.23

Les lauréats bretonsdu Concours Général Agricole 2016 p.36

TENDANCES AGROALIMENTAIRES

DOSSIERS

ACTUALITÉS

ACTIVITÉ

Activité agroalimentaire en France un peu au ralentiau 4ème trimestre 2015 p.2

EXPORTATIONS

Légère embellie des exportations agroalimentairesbretonnes en 2015 p.4

EMPLOI

L’emploi recule légèrement dans les IAA bretonnesau 3ème trimestre 2015 p.6

INTERVIEW : GILBERT BLANCHARD, CBB CAPBIOTEKLa Revue de l’Observatoire des IAA et l’innovation,30 ans de coopération avec CBB Capbiotek p.7

ENQUÊTE DE LA BANQUE DE FRANCE AUPRES DES IAA BRETONNESBilan 2015 et perspectives 2016 p.9

COBOTIQUELes enjeux pour les industries agroalimentaires p.12

CHARCUTERIE-SALAISONS EN EUROPEPrincipales caractéristiques de différentspays producteurs p.16

N° SPECIAL

Bilan des restructurationsd’entreprises dansl’agroalimentaire breton en 2015 L’année 2015 aura été l’occasion pour les acteursbretons du secteur agroalimentaire d’intégrerles bouleversements des années passées et depeaufiner leur réorganisation.

La Revue de l’Observatoire des IAA de Bretagnevous propose dans son numéro spécial un recense-ment des annonces majeures de mouvements decapitaux, de difficultés et d’investissements que lesecteur a connu durant l’année 2015.

EXE RevueObs121_04-2016 11/04/16 15:40 Page1

La Revue de l’Observatoire des IAAPubliée chaque trimestre, la Revue de l’Observatoire assure la diff usion des ressources de l’Observatoire écono-mique des IAA de Bretagne. Ses 40 pages alimentent les réfl exions stra-tégiques du secteur agroalimentaire breton et de son amont. Au sommaire de chaque numéro : la conjoncturerégionale (activité, exportations, em-ploi dans les IAA), la vie des entreprises (actualités, investissements, mouve-ments d’entreprises…), les synthèses d’études produites par l’Observatoire ainsi que des dossiers spécifi ques. Cette publication est disponible sur abonnement (105 €/an H.T.).

FNSEA Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles

GES Gaz à eff et de serre

GMS Grandes et moyennes surfaces

GNV Gaz naturel pour véhicules

HT Hors taxes

IAA Industrie Agroalimentaire

Ifi p Institut de la Filière Porcine

Inosys Innovations Systèmes

Insee Institut National des Statistiques et des Etudes Economiques

Ipaa Indice des prix des matières premières en disponible, entrant dans l’alimentation animale

Ipampa Indice des prix d’achat des moyens de production agricole

Itavi Institut Technique de l’Aviculture

JO Journal offi ciel

MAEC Mesures Agro-Environnementales et Climatiques

MPB Marché du Porc Breton

MSA Mutualité Sociale Agricole

Chambre régionale d’agriculture de BretagneService Veille, Etudes, Prospective

Tél : 02 23 48 27 70e-mail : [email protected]

Contact

Glossaire

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OGM Organisme génétiquement modifi é

OP Organisation de Producteurs

OPA Organisations Professionnelles Agricoles

Otex Orientation technico-économique principale

Pac Politique Agricole Commune

PAEC Projets Agro-environnementaux et Climatiques

PCAEA Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations Agricoles

PCAET Plan climat air énergie territorial

PPE Plan de Performance Energétique

PSE Paiements pour Services Environnementaux

PTCI Partenariat Transatlantique de Commerce et d’Investissement

RNM Réseau des nouvelles des marchés

RSE Responsabilité Sociale et Environnementale

SAA Statistique agricole annuelle

Sage Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau

SAU Surface Agricole Utile

Sdage Schéma directeur d’aménagement et de gestion de l’eau

Sica Société d’Intérêt Collectif Agricole

SoeS Service de l’Observation et des Statistiques

Solaal SOLidarité des producteurs Agricoles et des fi lières ALimentaires

SSP Service de la Statistique et de la Prospective du Ministère de l’Agriculture

Tafta Transatlantic Free Trade Area

TEPCV Territoire à énergie positive et pour la croissance verte

TMP Taux de muscle des pièces

TNO Tendance Nationale Offi cieuse suivie par le quotidien « Les Marchés »

TTIP Transatlantic Trade and Investment Partnership

UE Union européenne

UGPVB Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne

UOPLI Union des Organisations de Producteurs de Légumes à Destination Industrielle de la Région Bretagne

USDA United States Department of Agriculture

VEV Variateur électronique de vitesse

ABC Les chiffresEdition 2016En complément de l’ABC Analyse & perspectives, la plaquette ABC Les Chiff res est un condensé des données clés des fi lières agricoles et agroalimentaire bretonnes. Retrouvez-y les principaux éléments sur la production, l’emploi, les exportations, l’environnement, l’enseignement agricole et la recherche…Ce document est réalisé avec le soutien fi nancier du Conseil Régional de Bretagne et en étroite collaboration avec de nombreuses organisations agricoles. La plaquette est disponible gratuitement, en version française et anglaise, et téléchargeable sur : www.chambres-agriculture-bretagne.fr

ABC ConjonctureLe Réseau Economique Régional des Chambres d’agriculture de Bretagne publie tous les trimestres une analyse de la conjonc-ture des fi lières agricoles bretonnes. Cette publication de 9 pages traite des principales fi lières : lait, viande bovine, porc, volaille, légumes, grandes cultures, alimentation ani-male. Cette note conjoncturelle est disponible gra-tuitement et téléchargeable sur :www.chambres-agriculture-bretagne.fr

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Page 52: Analyse & Perspectives 16 - Synagri.comFILE/ABC-analyse-et-perspectives2016.pdfAnalyse & Perspectives 2016 O ... tions régionales dans la restauration hors domicile. En rapprochant

Pour contacterles services

économiquesdes Chambres

d’agriculturede Bretagne :

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: 02

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Cré

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Chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor

Avenue du Chalutier «Sans Pitié» - BP 540 - 22195 PLERIN CedexTél. 02.96.79.22.02E-mail : [email protected]

Chambre d’agriculture du Finistère

5, allée Sully - 29322 QUIMPER CedexTél. 02.98.52.49.97E-mail : [email protected]

Chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine

Rue Maurice le Lannou - CS 14226 - 35042 RENNES CedexTél. 02.23.48.28.10E-mail : [email protected]

Chambre d’agriculture du Morbihan

Avenue Borgnis-Desbordes - 56009 VANNES CedexTél. 02.97.46.22.00E-mail : [email protected]

ABC Agriculture et Agroalimentaire de Bretagne en Clair

Analyse & PerspectivesEdition 2016

Document édité par :

La Chambre régionale d’agriculture de BretagneRue Maurice Le LannouCS 74 223 – 35 042 RENNES CedexTél. : 02 23 48 27 70E-mail : [email protected] : www.chambres-agriculture-bretagne.fr

Avec la participation financièredu Conseil régional de Bretagne

Prix : 26 € HT (TVA à 5,5 %) - Frais de port inclus