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Renforcer la Résilience Sans Frontières au Sahel ANALYSE PARTICIPATIVE DE LA VULNÉRABILITÉ CLIMATIQUE ET DE LA CAPACITÉ D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Engager les communautés de base dans la construction de la résilience climatique au Burkina Faso, au Mali et au Niger AID TREE

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Renforcer la Résilience Sans Frontières au Sahel

ANALYSE PARTICIPATIVE DE LA VULNÉRABILITÉ CLIMATIQUE ET DE LA CAPACITÉ D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE Engager les communautés de base dans la construction de la résilience climatique au Burkina Faso, au Mali et au Niger

AID

TREE

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Analyse participative de la vulnérabilité climatique et de la capacité d’adaptation au changement climatique 2

REMERCIEMENTS

Cette étude a été réalisée par CARE International UK (CIUK) pour le compte de CIUK, le Réseau Billital Maroobe (RBM – le réseau des associations pastorales en Afrique de l’ouest), SNV (Organisation néerlandaise de développement) et TREE AID grâce au financement du département britannique en charge du développement international (Department for International Development – DFID) dans le cadre de l’appel pour la formulation du « programme de construction de la résilience et de la capacité d’adaptation aux extrêmes climatiques et aux catastrophes – BRACED ». Cette étude est publiée dans le cadre de la réponse du consortium dirigé par CARE, RBM, SNV et TREE AID à l’appel de BRACED, plus particulièrement à l’occasion de la phase de conception de la proposition complète du « projet pour renforcer la résilience transfrontalière au Sahel – BRWB ». BRWB (Building Resilience Without Borders in the Sahel) est la dénomination anglaise du projet proposé par le consortium en réponse à l’appel de DFID pour BRACED. BRWB vise à soutenir les femmes vulnérables et les hommes au Burkina Faso, au Mali et au Niger pour leur adaptation aux conditions climatiques extrêmes.

Cette etude a été traduit depuis la version originale anglaise, publiée sous le titre de: Participatory analysis of climate change vulnerability and adaptive capacity: Informing efforts to build climate resilience in Burkina Faso, Mali and Niger (CARE International UK, RBM, SNV, TREE AID, août 2014).

© CARE International UK, RBM, SNV, TREE AID, août 2014

Photo de couverture : Personne puisant de l’eau dans un puits communautaire utilisé par les éleveurs dans la région aride de Diffa au Niger oriental © CARE/Melanie Brooks

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TABLE DES MATIÉRES

Introduction 4

Commune de Gorouol, au Niger 7

Commune de Takougounadje, au Burkina Faso 10

Commune de Konna, au Mali 12

Leçons pour la construction de la résilience climatique 14

Conclusions 17

Notes 18

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BUILDING RESILIENCE WITHOUT BORDERS in the Sahel (BRWB) (projet pour renforcer la résilience transfrontalière au Sahel) est un projet élaboré par CARE International UK, RBM, SNV et TREE AID dans le cadre de la réponse à l’appel de DFID pour un programme de construction de la résilience et de la capacité d’adaptation aux extrêmes climatiques et aux catastrophes (BRACED). Ce projet rassemble l’expérience des quatre membres du consortium et celle des partenaires techniques AGRHYMET (le Centre régional de recherche et de formation en agrométéorologie et hydrologie au Sahel) et l’ICRISAT (International Crops Research Institute for the Semi-Arid Tropics) qui travaillent aux côtés des acteurs locaux dans une approche intégrée de construction d’une résilience climatique.

BRWB vise à construire la résilience climatique d’environ 1 million de femmes et d’hommes au Burkina Faso, au Mali et au Niger à travers des changements qui seront opérés dans trois domaines clés :

• améliorer la pertinence, l’accès et l’utilisation des services d’information climatique pour la planification et la gestion des risques ;

• offrir un meilleur accès à des moyens de subsistance durables et résilients au climat et en favoriser l’adoption ;

• promouvoir une gestion équitable, durable et résiliente au climat des ressources naturelles.

Construire la résilience climatique implique des solutions appropriées au contexte. Le projet utilise l’analyse participative de la vulnérabilité climatique et de la capacité d’adaptation au changement climatique (AVCA ou CVCA en anglais) comme première étape dans son approche globale. C’est une étape cruciale pour engager un dialogue ouvert et inclusif sur les risques climatiques. Il s’agit de hiérarchiser les activités, notamment aux niveaux communautaire et communal en prenant en compte la vulnérabilité climatique et la capacité d’adaptation courante des acteurs locaux.1

Comprendre la vulnérabilité différentielle et les différences fondées en particulier sur le genre, est une priorité durant l’évaluation préliminaire et la mise en œuvre ultérieure des activités. Le projet s’inspire de la méthode exposée dans le manuel de CARE sur l’analyse des vulnérabilités et des capacités face aux risques de changement climatique.2 Il intègre les leçons tirées de l’expérience pratique de l’application des outils et

Des femmes de communautés pastorales de la région aride de Diffa au Niger oriental portant des bidons d’eau © CARE/Melanie Brooks

INTRODUCTION

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processus CVCA dans un large éventail de contextes et de programmes, notamment dans le Programme pilote de CARE pour l’apprentissage sur l’adaptation au changement climatique en Afrique.3 Les leçons et bonnes pratiques ainsi retenues sont essentielles pour permettre au projet BRWB de sortir des sentiers battus et de faire la différence dans la construction de la résilience climatique des communautés engagées dans l’action.

Dans le cadre du processus de conception du projet, CARE, en partenariat avec les autres membres du consortium, a conduit des exercices CVCA préliminaires dans 12 collectivités de l’une des communes ciblées par le projet au Niger. Ce processus a été conçu pour générer un apprentissage concernant la vulnérabilité et la résilience climatique au niveau communautaire. Cet apprentissage a permis d’éclairer la conception du projet, de démontrer la valeur de l’approche, de commencer à renforcer les capacités communautaires et de créer les bases de l’engagement des parties prenantes sur la question de l’adaptation aux extrêmes climatiques.

Le consortium s’appuie également sur des analyses similaires réalisées au Burkina Faso et au Mali par d’autres programmes fonctionnant dans les mêmes zones géographiques et contextes agro-écologiques. On s’assure ainsi que du point de vue de la problématique du risque climatique, la conception du projet BRWB reste pertinente et appropriée au contexte particulier du Sahel et des zones ciblées par le projet.

Ce rapport présente un bref aperçu de ce que ces analyses ont permis d’apprendre. Il est illustré par l’étude de cas d’une commune particulière de chaque pays et résume les leçons à tirer pour la programmation sur la résilience climatique au Sahel et au-delà.

ANALYSE PARTICIPATIVE DE LA VULNÉRABILITÉ CLIMATIQUE ET DE LA CAPACITÉ D’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Le changement climatique exige de nouvelles approches du développement et de l’action humanitaire qui reconnaissent le défi auquel sont confrontées les communautés locales pour faire face à un climat de plus en plus changeant ainsi qu’aux incertitudes et aux extrêmes climatiques.

Les chocs récurrents et les contraintes résultant du changement des températures et des régimes pluviométriques affectent la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance dans le Sahel, avec des conséquences pour la santé, les ressources naturelles

de base et la sécurité humaine. Les institutions locales disposent de ressources limitées et d’une faible capacité à réagir de façon appropriée et à soutenir les personnes affectées par ces changements.

Les répercussions du changement climatique affectent différentes personnes de différentes façons, en fonction de leurs stratégies de subsistance, de leur statut socio-économique, de leur pouvoir de décision et de leur accès aux ressources, aux services et aux informations. Au Sahel, ces différences sont particulièrement marquantes entre hommes et femmes, les femmes étant souvent confrontées à des barrières et obstacles sociaux, culturels et religieux qui limitent leurs choix et leurs actions.

Pour concevoir des programmes efficaces qui tiennent compte de ces aspects, il faut avoir une meilleure compréhension au niveau local de la dynamique de la vulnérabilité de la population et des communautés aux répercussions du changement climatique et leur capacité à s’adapter à son impact. Le processus CVCA fournit un cadre d’interrogation visant à analyser ces dynamiques, y compris les répercussions des aléas climatiques sur les moyens de subsistance, les tendances et les changements des conditions et extrêmes climatiques ainsi que le potentiel et/ou les limitations des stratégies de réponse actuelles en relation avec la perspective des projections climatiques pour le futur.

Des outils sont fournis pour la collecte des informations nécessaires, y compris des approches de recherche sur des sources primaires et secondaires ainsi que des outils d’analyse participative. Ces outils peuvent être utilisés avec différents groupes pour faire émerger des différences fondées sur le sexe, l’âge et le système de subsistance et faciliter ainsi l’identification des groupes particulièrement vulnérables au sein des communautés.

Le cadre CVCA reconnaît l’importance d’un environnement favorable et inclut donc des pistes de réflexion sur la capacité des institutions aussi bien au niveau communautaire qu’au niveau local et national. Le cadre inclut aussi des pistes de réflexion sur l’existence des politiques et la disponibilité des ressources pour soutenir l’adaptation par l’intermédiaire des communautés.

L’expérience de CARE a montré que ce type d’analyse fait la différence en termes de conception d’un programme et des résultats qu’on en obtient.4 Il a été possible de conduire des exercices CVCA dans plus de 100 collectivités de plus de 20 pays à travers l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine et le Moyen-Orient. Grâce au Programme

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d’apprentissage sur l’adaptation climatique en Afrique, ces analyses ont alimenté l’élaboration de Plans d’action communautaires d’adaptation (Community Adaptation Action Plans) au Ghana, au Kenya et au Niger, ainsi que d’innombrables autres types de projets et actions communautaires dans d’autres pays. La Commission nationale de planification du développement du Ghana a intégré le processus dans les dernières directives du gouvernement pour la planification au niveau des districts. En Éthiopie, l’analyse a été utilisée pour favoriser l’intégration du changement climatique dans deux programmes nationaux de « filets sociaux » – le Programme de « filet de sécurité » productif et le Programme de renforcement des actifs des ménages (Productive Safety Net Programme et Household Asset Building Programme) – grâce à des processus participatifs de planification dans des bassins hydrographiques. En Équateur, au Pérou et en Bolivie, l’analyse CVCA a éclairé l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme transfrontalier important sur le recul des glaciers, financé par la Banque mondiale, tandis qu’au Bangladesh, les analyses CVCA ont fourni des informations essentielles pour la conception de plusieurs projets sur les moyens de subsistance à grande échelle. Ces processus ont conduit à la prise de décisions plus éclairées et plus inclusives et ont contribué à la responsabilité et à l’autonomie des communautés face au changement climatique.

Les études de cas suivants apportent une meilleure compréhension du contexte dans les communes situées dans les zones cibles du projet BRWB et démontrent les connaissances qui peuvent être générées par un processus de CVCA.

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LA COMMUNE DE GOROUOL se trouve dans le département de Téra en région de Tillabéry au Niger. Le département de Téra est situé à l’ouest du pays et partage des frontières avec le Burkina Faso et le Mali. La commune de Gorouol comprend 26 villages, dont la population est en majorité Sonrai (80 %) et Bella Touareg (15 %). La commune est gérée par un Conseil de 12 représentants élus, qui comprend deux femmes.

CARE, RBM, SNV, les élus locaux, les services gouvernementaux et des partenaires locaux ont conduit une analyse participative dans 12 localités de Gorouol, en mettant l’accent sur Yatakala, qui se trouve à côté de la frontière malienne et Dolbel, qui se trouve sur la frontière avec le Burkina Faso.5 Le processus a également puisé dans des sources secondaires d’information sur la région, notamment le Plan de développement de la commune (commune Development Plan) pour 2013-2017.6

DONNÉES CLIMATIQUES

Gorouol est situé dans la zone sahélienne du Niger, qui enregistre entre 300 et 400 mm de pluie par an en moyenne. Les températures ont augmenté depuis les années 1980, et les projections du changement climatique suggèrent que cette tendance va se poursuivre. Les données des précipitations locales

révèlent une diminution de la pluviosité annuelle moyenne pendant les décennies 1970 et 1980, suivie d’une augmentation à partir des années 1990. Cependant, même avec l’augmentation récente, la pluviométrie moyenne annuelle n’est pas revenue au niveau connu dans les années 1960. De plus, la variabilité saisonnière et interannuelle des précipitations a augmenté, avec une alternance d’années humides et d’années sèches et des saisons des pluies moins fiables et beaucoup plus incertaines. Au cours des deux dernières décennies, la quantité maximale moyenne de pluie tombée en une seule journée a augmenté de plus de 25 mm. Ainsi, les crues ont augmenté, particulièrement le long de la rivière Gorouol.

RESSOURCES NATURELLES

Ces changements ont un impact significatif sur les ressources naturelles dans le Gorouol. Les communautés tablent sur les plans d’eau permanents et semi-permanents, dont les rivières et les étangs, pour leur usage domestique, la production de semences et l’élevage. La taille de ces plans d’eau a diminué en raison de l’assèchement et de l’envasement, réduisant la disponibilité et la qualité de l’eau.

COMMUNE DE GOROUOL, AU NIGER

Des femmes participant à l’exercice CVCA © CARE

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Les sols dans la zone sont généralement sablonneux, avec une teneur en argile supérieure le long des rivières et des latérites sur les plateaux. Une augmentation de l’assèchement et de l’érosion ont rendu les sols plus fragiles et moins fertiles. Le couvert végétal a diminué et les dunes de sable ont empiété sur des terres agricoles et menacent des maisons, en particulier près de la frontière malienne.

PASTORALISME

Bien que cette région soit généralement considérée comme une zone pastorale, de nombreux ménages ont perdu une partie importante de leurs troupeaux, notamment lors de la grave sécheresse qui les a atteints en 1984 ou durant des crises alimentaires plus récentes, en 2006 et 2010. Pour ceux qui ont encore du bétail, le troupeau restant n’est généralement pas suffisant pour répondre aux besoins domestiques (notamment socio-économiques et alimentaires).

Il y a un certain nombre d’obstacles au rétablissement des troupeaux, y compris le manque de capitaux, la pression foncière importante conduisant à une concurrence sévère entre agriculture et élevage, augmentant les difficultés d’accès à l’eau et aux pâturages ainsi que les contraintes de mobilité en raison d’obstacles administratifs et de l’insécurité avec la frontière du Mali. Ainsi, la majorité des ménages pastoraux du Gorouol a adopté l’agriculture pluviale comme principale stratégie de subsistance, s’éloignant ainsi de leur tradition pastorale.

PRODUCTION AGRICOLE

Les cultures essentielles dans la région comprennent le millet et le sorgho. Les champs sont généralement contrôlés par l’homme, chef du foyer – les femmes peuvent se voir attribuer une petite parcelle pour des cultures secondaires comme le sésame, le niébé, l’arachide et le gombo.

En raison des rendements faibles et des pertes dus à la variabilité de la pluviométrie, à la sécheresse et aux animaux ravageurs, les ménages sont rarement en mesure de couvrir leurs besoins en céréales tout au long de l’année. Pour y faire face, les agriculteurs ont multiplié l’étendue de leurs terres agricoles, avec des conséquences négatives pour le couvert forestier et la disponibilité des pâturages, ce qui crée un obstacle supplémentaire à l’élevage du bétail.

La pêche, l’artisanat et la production du niébé représentent également des stratégies de subsistance importantes pour certains membres de la communauté.

RÉPERCUSSIONS DES PHÉNOMÈNES CLIMATIQUES EXTRÊMES

Les principaux extrêmes climatiques qui touchent les habitants du Gorouol sont les années de faible pluviosité, les sécheresses et les inondations. La distinction entre sécheresses graves et années sèches repose sur les effets observés : les sécheresses provoquent des famines et déciment les troupeaux, alors que les faibles précipitations provoquent des déficits alimentaires et fourragers, une pénurie d’eau et une dépendance à l’égard des banques céréalières. À plus long terme, les communautés ont observé la disparition de certaines espèces d’oiseaux et de plantes, qu’ils attribuent aux périodes de sécheresse.

Les inondations détruisent les cultures, endommagent les champs, notamment par l’épuisement des nutriments du sol, et provoquent l’érosion des berges des rivières, phénomène qui a entraîné des conséquences assez graves dans certaines zones au point de forcer certains villages de la commune à se déplacer pour s’installer ailleurs.

Lorsqu’ils sont touchés par ces chocs et ces tensions, qui progressivement réduisent les capacités de production, les femmes et les hommes du Gorouol ont peu d’options durables et sont obligés de migrer, vendre leurs actifs, s’engager dans le travail manuel et/ou dépendent de dons ou de prêts pour faire face à la situation. En conséquence, beaucoup sont pris au piège dans un cycle de production faible, de dégradation des actifs et d’endettement croissant.

RÉPERCUSSIONS SUR LES FEMMES

Ces questions sont particulièrement critiques pour les femmes de Gorouol, qui dépendent de leurs parents hommes ou de leurs conjoints pour l’accès à la terre. Du fait de ces déséquilibres entre les sexes dans la jouissance des droits fonciers, les veuves, les femmes divorcées ou particulièrement vulnérables n’ont généralement pas accès à la terre. Même lorsque les femmes se sont vues allouer une parcelle de terre à cultiver, elles en ont rarement le contrôle et les zones les plus fertiles demeurent toujours sous le contrôle de leurs homologues masculins.

En raison de normes culturelles, les femmes n’ont pas de pouvoir de décision au sein des organisations communautaires telles que les banques de céréales et d’aliments de bétail. Quoiqu’elles soient membres et aient des droits fondamentaux au sein de l’organisation, elles ont peu d’influence sur la gestion des banques et les mouvements des stocks. Ces barrières exacerbent

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la vulnérabilité des femmes dans les ménages pauvres, car elles limitent leurs options pour gérer les risques et répondre aux chocs.

POINTS D’APPRENTISSAGE ET ASPECTS AUXQUELS IL FAUT AIDER À RÉPONDRE

Face à ces défis, des mécanismes de soutien sont nécessaires pour permettre aux personnes de sortir de ce cycle, d’adopter des moyens de subsistance plus souples, plus durables et ayant une meilleure résilience climatique. Cependant, les systèmes existants, y compris la préparation et les réponses humanitaires ou de développement à plus long terme ne traitent pas les causes sous-jacentes de la vulnérabilité climatique.

Plusieurs projets de développement sont mis en œuvre dans la commune, mais ils ne s’appuient pas sur la concertation et la coordination nécessaires pour maximiser leur efficacité. L’administration de la commune est la structure la plus proche des communautés, mais elle manque de ressources et de capacité de planification et de mise en œuvre d’actions préventives qui créeraient des dynamiques génératrices de résilience et de capacités d’adaptation.

Les principaux services techniques déconcentrés du gouvernement sont situés à deux heures des communautés ciblées du Gorouol, ce qui rend difficile ou inexistant le soutien technique pour les activités de subsistance.

À l’heure actuelle, l’investissement dans la régénération et la gestion durable des ressources naturelles n’est pas prioritaire. Les écosystèmes locaux deviennent de plus en plus sensibles à la dégradation de l’environnement et aux répercussions du changement climatique. Ces facteurs influencent négativement la disponibilité des ressources naturelles essentielles pour la subsistance.

Lorsque les crises se produisent, la capacité du système local et national à répondre efficacement ou de façon appropriée est restreinte et les plans à plus long terme pour la gestion des risques climatiques ne sont pas en place.

Ces constats fondent et justifient la conception du projet BRWB et sa mise en œuvre dans une commune comme le Gorouol et dans 11 autres communes de la région.

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LA COMMUNE DE TAKOUGOUNADJE est située dans la Province du Yagha, dans l’est du Burkina Faso, le long de la frontière avec le Niger. Un processus CVCA a été réalisé dans deux localités de Takougounadje dans le contexte du financement du Programme (WA-WASH) de l’USAID en Afrique de l’Ouest pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’hygiène, mis en œuvre au Burkina Faso par un consortium qui comprend CARE.7 CARE assure la responsabilité des volets genre et changement climatique dans le programme.

Le programme vise à améliorer l’accès à l’eau potable et l’assainissement ainsi que l’hygiène en Afrique de l’Ouest. Reconnaissant les répercussions des changements climatiques sur la qualité et la disponibilité de l’eau, l’adaptation au changement climatique est un aspect fondamental du programme, qui met l’accent sur le soutien à la planification communautaire pour l’adaptation climatique dans le domaine de l’eau.

MOYENS DE SUBSISTANCE

La population de Takougounadje est principalement tributaire de la production de cultures pluviales, généralement pratiquée en association avec l’élevage du bétail et des moutons. Comme la pluviométrie devient de plus en plus incertaine, les autres stratégies génératrices

de revenus, comme les mines d’or et la récolte et la vente des produits forestiers non ligneux (notamment feuilles et fruits de baobab), sont adoptées pour compléter les activités agricoles. La production agricole dans les basses terres humides est de plus en plus importante comme source d’alimentation.

RESSOURCES

Du point de vue des membres des communautés, les ressources les plus importantes sont les terres agricoles, le bétail et l’eau, lesquels sont très sensibles aux changements climatiques. Les marchés, les produits forestiers non ligneux, les pâturages et les mines d’or ont été également mentionnés comme étant importants pour la subsistance de la communauté, mais ceux-ci sont perçus comme étant moins sensibles au changement climatique et à ses répercussions.

RÉPERCUSSIONS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

La sécheresse et les maladies du bétail apparaissent régulièrement dans la commune, mais les membres de la communauté les voient se produire plus fréquemment. Ces dernières années ont été marquées par des inondations, des vents forts et une augmentation de la température.

Femmes triant des feuilles récoltées d’un baobab têtard (Barsalogho, Burkina Faso) © TREE AID/Mike Goldwater

COMMUNE DE TAKOUGOUNADJE, AU BURKINA FASO

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Les précipitations de plus en plus erratiques et imprévisibles et les conditions météorologiques ont un fort impact sur les moyens de subsistance, ce qui rend les activités difficiles à planifier et cause des pertes lorsque les pluies n’arrivent pas comme attendues. Les membres des communautés rapportent que les points d’eau sont asséchés, ce qui constitue un défi pour accéder à l’eau pour le bétail durant la saison sèche. Ils décrivent d’autres changements dans l’environnement, y compris l’absence de régénération des ressources forestières et les répercussions négatives des activités minières sur les ressources en eau.

RÉPONSES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Les collectivités de Takougounadje ont réagi en associant agriculture et élevage comme stratégie de répartition des risques pesant sur les moyens de subsistance. Pour les communautés, le bétail est un actif qui peut être vendu lorsque les récoltes échouent. Il y a des preuves de l’adaptation des pratiques agricoles, y compris par l’utilisation de semences améliorées, des engrais organiques et par la prévalence des jardins potagers.

Il existe également des preuves de la diversification des sources de revenus, certains membres de la communauté s’engageant dans le petit commerce et le troc de biens.

Dans cette commune, les habitants ont également l’option de l’orpaillage, qui constitue une importante stratégie de génération de revenus lorsqu’une crise se produit. Toutefois, cette activité est pénible et dangereuse en raison du risque d’effondrement des mines, et nécessite des quantités importantes d’eau pour le traitement, ce qui crée une pression supplémentaire sur des sources en eau de plus en plus rares. Ainsi, les femmes chargées de nettoyer les roches recueillies le font souvent de nuit, de façon à éviter les périodes de forte utilisation des points d’eau, ce qui les expose à des risques de violence et de conflits domestiques. L’extraction de l’or a également des répercussions environnementales négatives à long terme. Ces conséquences négatives sont reconnues par les communautés, mais la pratique continue en raison du manque d’alternatives.

PLANS D’ACTION COMMUNAUTAIRES D’ADAPTATION

S’appuyant sur les analyses CVCA, deux communautés ont élaboré des Plans d’action communautaires d’adaptation qui servent à identifier les activités d’adaptation prioritaires que les membres de la communauté souhaitent mettre en place pour relever

les défis identifiés. Les activités de première importance identifiées comprennent :

• L’amélioration de la production agricole par le biais de la production et de l’utilisation de semences améliorées, l’acquisition de matériel agricole comme des charrues et des chariots et le développement du maraîchage.

• Le soutien à la gestion de l’élevage en sécurisant les zones de pâturage, la coupe et la conservation des fourrages et la mise en place de cultures fourragères ; L’amélioration de la santé animale grâce à la formation d’assistants vétérinaires et aux efforts pour accroître la couverture vaccinale du troupeau.

• L’établissement de banques de céréales et de fourrage pour atténuer les crises futures.

• L’amélioration de la disponibilité de l’eau grâce à des systèmes de captage de l’eau de pluie, la rétention de l’eau et une utilisation plus efficace de celle-ci.

• Privilégier la gestion améliorée des ressources naturelles par le biais du reboisement, de l’application de mesures de conservation du sol et de l’eau, et de l’amélioration des systèmes et des structures de gestion des ressources naturelles.

Outre la mise en œuvre de ces actions concrètes pour aborder les priorités communautaires, le processus d’analyse et de planification a créé un consensus parmi les membres de la communauté sur les priorités de soutien de la commune.

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LA COMMUNE DE KONNA se trouve au milieu du cercle de Mopti dans la région de Mopti, qui borde le Burkina Faso. Un processus de CVCA s’est déroulé dans la commune dans le cadre du projet « Partenaires pour la résilience ou Partners for Resilience, PfR », une initiative multi-pays mise en œuvre par CARE, Cordaid, la Croix Rouge/Red Crescent Climate Centre, la Croix-Rouge néerlandaise et Wetlands International et financée par le ministère néerlandais des Affaires étrangères.

Le projet PfR vise à réduire la vulnérabilité des communautés en renforçant leur capacité à traiter les causes et les conséquences des catastrophes. Au Mali, cela sera réalisé grâce à trois stratégies clés : renforcer la résilience climatique des populations ciblées, renforcer la société civile et influer sur les politiques locales et internationales.

Le processus de CVCA a été une étape essentielle dans la mise en place du projet. Dans la commune de Konna, le processus a été facilité au sein de quatre communautés.

MOYENS DE SUBSISTANCE ET RESSOURCES

Les habitants de Konna sont en majorité agriculteurs et éleveurs, pratiquant un mélange d’agriculture et d’élevage. Une petite proportion de la population dépend de la pêche pratiquée sur les affluents du fleuve Niger.

Bien que chacune des collectivités étudiées soit dotée d’une école et d’un centre d’alphabétisation, le taux d’analphabétisme demeure élevé. Les communautés n’ont pas de centre de santé et dépendent des agents de santé communautaires et des accoucheuses traditionnelles. Les associations de femmes et d’hommes représentent des réseaux sociaux importants.

Le manque d’eau potable est une préoccupation majeure pour les collectivités, car cela exacerbe les différents risques pour la santé, y compris les maladies d’origine hydrique, en particulier chez les enfants. L’accès à l’eau est réalisé au moyen de forages, de puits traditionnels et sur les étangs.

RÉPERCUSSIONS DU CHANGEMENT CLIMATIQUE

La grave sécheresse de 1984 a été un événement majeur dans l’histoire de Konna, qui a causé des ravages dans les moyens de subsistance et un exode massif des villages ruraux. Certaines familles n’y sont jamais retournées.

Compte tenu de leur proximité avec les voies d’écoulement vers le fleuve Niger, l’inondation est le risque le plus important pour les communautés. Les inondations causent des dommages énormes, détruisent les maisons, tuent le bétail et endommagent les récoltes.

Une communauté participant à un exercice CVCA © CARE

COMMUNE DE KONNA, AU MALI

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Certains villageois ont été obligés de déplacer leur maison plus loin de la rivière en raison des inondations récurrentes causées lors de fortes précipitations. L’envasement des voies d’écoulement, causé par l’érosion des sols, aggrave les risques d’inondation en réduisant la profondeur des voies et en facilitant les débordements et les épandages.

Les sécheresses constituent également un danger important, puisqu’elles rendent difficile l’accès à l’eau potable, avec des conséquences néfastes pour les cultures et le bétail. D’autres facteurs affectant la sécurité et la durabilité des moyens de subsistance comprennent la baisse de la fertilité des sols, la prolifération des mauvaises herbes et la déforestation.

STRATÉGIES PROPOSÉES

Comme dernière étape de l’analyse, les communautés ont discuté des stratégies qu’elles aimeraient mettre en œuvre pour améliorer leur résilience aux risques climatiques identifiés. Pour atténuer les risques de crues, les communautés se proposent de construire des digues et des canaux de dérivation qui protégeraient la communauté contre les inondations. Ils sont disposés à s’imprégner des pratiques agricoles durables, y compris la rotation des cultures et l’utilisation des engrais organiques. La culture maraîchère, le reboisement et l’amélioration de la gestion des ressources en eau sont désignés comme des priorités.

MISE EN ŒUVRE D’ACTIVITÉS

En réponse aux conclusions de l’analyse CVCA, le projet PfR a soutenu les communautés par la mise en œuvre d’une gamme d’activités :

• Deux des communautés de Konna ont reçu un soutien pour construire des digues d’argile, qui sont plantées de graminées locales en protection contre les inondations.

• Le projet a facilité des accords avec un certain nombre de communautés pour approvisionner des groupes de femmes ayant accès à la terre afin de les aider à développer les cultures maraîchères (culture d’’oignons, de pommes de terre, de légumes verts et de poivrons).

• Grâce à un partenariat avec l’Institut national de recherche agricole (Institut d’Économie rurale), des membres de la communauté ont pu avoir accès à des variétés de semences qui sont adaptées à des conditions climatiques particulières (par exemple, plus tolérantes à la sécheresse).

• Afin de soutenir une prise de décision qui intègre le risque, le projet facilite l’accès à l’information climatique à travers un réseau de contrôleurs communautaires qui sont chargés de la surveillance et de diffusion de l’information sur les précipitations, avec l’appui du Service météorologique national.

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Ces différences impliquent des approches adaptées à la construction de la résilience et qui répondent aux besoins spécifiques et aux priorités identifiées par les communautés. Facilitées de manière appropriée, les analyses CVCA et les processus similaires permettent d’identifier de manière participative les besoins et les priorités, d’accroître le potentiel des mesures du gouvernement, de la société civile et des acteurs du secteur privé, dans une perspective réactive et inclusive.

L’analyse participative est une première étape dans le renforcement du pouvoir des communautés à affronter des conditions climatiques extrêmes et des catastrophes

Engager les femmes et les hommes dans le dialogue sur les risques climatiques et l’analyse des options d’adaptation permet de regarder différemment leurs moyens de subsistance autant que leur perception des risques, de leur répercussion et des réponses. Le processus aide également les personnes à identifier les tendances et à discuter des changements qu’ils observent, en reliant ces observations locales aux informations scientifiques sur les changements climatiques observés et projetés à des niveaux plus élevés.

Préparation du sol pour la plantation dans la région de Tahoua, au Niger © CARE/Rodrigo Ordonez

LEÇONS POUR LA CONSTRUCTION DE LA RÉSILIENCE CLIMATIQUE

CES BRÈVES ÉTUDES de cas donnent un bref aperçu du contexte en termes de risques climatiques et de capacité d’intervention dans les communes de Takougounadje, Konna et Gorouol. Lorsqu’on approfondit ces études de cas particulières et qu’on regarde l’apprentissage résultant de la mise en œuvre des analyses CVCA par CARE en Afrique et dans le monde, les leçons ci-dessous peuvent être retenues. Ces leçons éclaireront les efforts de construction de la résilience climatique au Sahel dans le cadre de BRACED et contribueront plus largement aux connaissances sur l’importance des processus participatifs dans la construction de la résilience climatique.

L’analyse participative de la vulnérabilité climatique et de la capacité d’adaptation au changement climatique constitue une base solide pour identifier les soutiens appropriés permettant de renforcer la résilience climatique.

Les études de cas démontrent la nature contextuelle de l’information acquise grâce à un processus d’analyse participative comme la CVCA. Elles illustrent également les différences subtiles entre les communautés – même celles situées dans des zones agro-écologiques similaires – en ce qui concerne les risques qu’elles affrontent, leur capacité à réagir et leurs priorités pour l’adaptation au changement climatique.

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diverses stratégies se modifie au gré des fluctuations du climat, ainsi que d’autres facteurs tels que les prix du marché.

Dans certaines situations, cela permet aux personnes de gérer les risques, alors que dans d’autres, en particulier pour les membres les plus pauvres de la communauté, les alternatives peuvent être simplement un moyen de faire face au choc ce qui peut avoir des effets négatifs sur la résilience à long terme. Afin d’augmenter la résilience climatique de tous les groupes au sein des communautés, ces dynamiques doivent être comprises et des efforts doivent être faits pour soutenir la gestion adaptée des moyens de subsistance, en s’écartant des stratégies d’adaptation potentiellement négatives.

La résilience climatique exige une approche intégrée, combinant des actions à court et à moyen/long terme ainsi que des mesures du type « processus » (mesures « douces ») et des mesures du type « réalisation physiques » (mesures « dures »)

Comme le montrent les études de cas du Burkina Faso et du Mali, lors de l’identification des options d’adaptation, les communautés ont tendance à donner la priorité à des mesures « dures » répondant à leurs préoccupations de subsistance, par exemple des variétés plus tolérantes à la sécheresse et des infrastructures pour l’eau. Toutefois, telle qu’évoquée ci-dessus, l’adaptation exige également une planification plus éclairée et tournée vers l’avenir et des processus décisionnels permettant aux intervenants locaux de prendre les meilleures décisions possibles pour gérer les risques climatiques.9 Les efforts de construction de la résilience climatique doivent donc viser à répondre à la fois aux besoins immédiats identifiés par les communautés et aux besoins de renforcement de la capacité d’adaptation à plus long terme.

La résilience climatique nécessite un environnement favorable à des moyens de subsistance facilement flexibles et adaptables

Les études de cas démontrent que les extrêmes climatiques sont source de nouveaux défis pour la production agricole et l’élevage au Sahel. Avec une perte généralisée des troupeaux en raison de crises récurrentes, on constate que la dépendance à l’égard de la production agricole s’accroît. Cependant, les études de cas montrent également qu’avec une variabilité climatique croissante, le passage de l’élevage à la production agricole expose les populations à des nouveaux risques.

Par le biais de ces dialogues, les acteurs locaux peuvent construire des connaissances sur les causes et les effets du changement climatique et informer le processus décisionnel concernant les moyens de subsistance et la gestion des ressources naturelles. Les participants au processus de CVCA acquièrent des compétences analytiques qui sont essentielles pour accroître leur capacité d’adaptation.

L’analyse de la vulnérabilité climatique et de la capacité d’adaptation tenant compte du genre est nécessaire pour assurer des approches équitables de la résilience climatique.

Quoiqu’une analyse tenant compte du genre soit encore requise pour acquérir une compréhension plus globale et plus complète de la dynamique de genre dans les communautés ciblées, chacune des études de cas fournit déjà des éléments de genre dans la problématique liée aux répercussions du climat et aux réponses entrevues ou mises en œuvre.

Il apparaît clairement que les femmes et les hommes font face différemment à différents défis dans la gestion des risques climatiques et par conséquent exigent des types de soutien différents. Cela inclura souvent des actions particulières pour permettre aux femmes de surmonter les obstacles et barrières auxquels elles sont confrontées en raison de l’inégalité des genres. Les hommes seront négociés et engagés dans le soutien à ce type d’actions spécifiques visant les femmes. L’engagement des hommes facilite le succès et la durabilité dans les résultats.

Une analyse tenant compte du genre et des possibilités et obstacles à la résilience climatique est cruciale pour informer ces actions. Une analyse plus approfondie des lignes spécifiques d’enquête liées au genre peut être également requise pour obtenir une image complète et assurer une approche équitable.

Une meilleure compréhension des moyens d’existence et de la capacité d’adaptation existante est nécessaire pour construire efficacement la résilience climatique.

La résilience climatique nécessite des moyens de subsistance plus flexibles, permettant aux personnes de s’adapter aux nouvelles données et aux modifications de leur environnement, et aussi de réagir aux chocs et aux tensions. Comme le montrent les études de cas, beaucoup de personnes au Sahel s’appuient sur un mélange dynamique de stratégies, notamment l’élevage, la production agricole et non agricole et des activités génératrices de revenus. L’importance relative de ces

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Lorsque l’agriculture est viable, des méthodes telles qu’une utilisation plus efficace de l’eau, l’amélioration des sols et de la gestion des matières organiques, des meilleures pratiques d’agro foresterie et des options telles que l’agriculture de conservation pourraient être explorées pour garantir des résultats maximum en termes de production et d’adaptation pour la sécurité alimentaire comme pour une meilleure gestion des ressources naturelles...

Dans le même temps, il est nécessaire de surmonter les obstacles auxquels se heurtent les communautés pastorales en les aidant à maintenir la souplesse et l’adaptabilité de leur système de subsistance en intégrant la mobilité réduite, les difficultés de reconstitution des troupeaux après les crises, l’accès à l’information climatique et des marchés permettant une gestion plus efficace du troupeau. Avec un meilleur accès aux informations et aux ressources productives, les populations seraient en mesure d’évaluer elles-mêmes les coûts, les avantages et les risques associés aux différentes options et de prendre ainsi les meilleures décisions pour leur résilience climatique.

Le processus des analyses CVCA fournit une base pour identifier les caractéristiques de la résilience spécifiquement au contexte.

Un des enjeux du suivi des changements en matière de résilience est qu’il s’agit d’un concept multidimensionnel. Les caractéristiques d’une personne, d’une communauté ou d’un système résilient sont spécifiques au contexte et changent avec le temps. Il est donc difficile d’identifier des indicateurs standards, statiques qui puissent être utilisées dans des contextes différents et dans la durée.

L’analyse participative comme la CVCA peut activer localement les déterminants de la résilience à identifier, sur la base de l’analyse des tensions principales et des chocs, des conséquences des dangers et des options de réponse actuelles.10 Cela fournit une base pour le suivi et l’évaluation participatifs des processus qui permettent aux acteurs locaux d’observer et d’analyser au fur et à mesure les changements de contexte et de caractéristiques de résilience.11

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Une femme a Maradi, Niger, portant des herbes locales pour l’ensemencement dans une zone de pâturage © CARE/Melanie Brooks

CONCLUSIONSLES PREUVES TIRÉES de l’expérience de CARE dans la conduite des processus d’analyse CVCA indiquent que l’analyse participative de la vulnérabilité climatique et de la capacité d’adaptation au changement climatique devrait être un élément fondamental des programmes visant à renforcer la résilience climatique. Ce type d’analyse fournit les informations cruciales, adaptées au contexte, induites des capacités et des connaissances locales, qui sont nécessaires pour concevoir, suivre et évaluer des programmes qui répondent aux priorités et aux besoins locaux, y compris pour les groupes particulièrement vulnérables. Il est aussi important qu’une telle approche représente la première étape du renforcement des capacités des acteurs locaux à intégrer les risques et les modifications (dans le temps plus ou moins long) du climat dans leurs propres plans et processus de prise de décision.

CARE, RBM, SNV et TREE AID utiliseront cette connaissance pour conduire des processus CVCA sur mesure lors de la phase de démarrage du projet BRWB. Ces processus CVCA intégreront une analyse de genre. Ces analyses alimenteront la prise de décisions du projet et serviront d’étape importante pour engager la participation à plus long terme des acteurs et décideurs locaux dans le processus de construction de la résilience climatique.

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NOTES1. La communauté est une circonscription politique dans plusieurs pays du Sahel, distincte des communautés locales en tant que structure sociale.

2. CARE (2009), Climate Vulnerability and Capacity Analysis Handbook (Manuel d’analyse des vulnérabilités et des capacités face au climat), disponible à www.careclimatechange.org/cvca

3. Le Programme d’apprentissage concernant l’adaptation (ALP) fonctionne au Ghana, au Kenya, au Mozambique et au Niger pour améliorer la capacité des ménages vulnérables à s’adapter à la variabilité et au changement climatiques. Il est financé par le ministère britannique pour le développement international, le ministère des Affaires étrangères du Danemark, le ministère des Affaires étrangères de Finlande et la coopération autrichienne en matière de développement. Pour plus d’informations, consultez www.careclimatechange.org/adaptation-initiatives/alp

4. CARE (2011) Understanding vulnerability to climate change: Insights from application of CARE’s Climate Vulnerability and Capacity Analysis (CVCA)methodology (Comprendre la vulnérabilité au changement climatique : Aperçus de l’application de la méthodologie CARE d’analyse de la vulnérabilité climatique et des capacités – CVCA), www.careclimatechange.org/files/adaptation/CARE_Understanding_Vulnerability.pdf

5. CARE International au Niger (2014) Analyse des risques et de la vulnérabilité conduite dans la commune de Gorouol (Département de Téra, Région de Tillabéry, Niger)

6. Commune du Gorouol (2013) Plan de développement communal de la commune rurale du Gorouol

7. CARE au Burkina Faso (2014) Program WAWASH: Rapport de synthèse du processus d’élaboration de 8 plans communautaires d’adaptation aux changements climatiques au Burkina Faso

8. CARE International au Mali (2011) Rapport d’enquêtes CVCA++: L’analyse des besoins de résilience prioritaires des communautés ciblées par le projet Partners for Resilience (huit villages des communes de Konna et Borondougou)

9. Voir, par exemple, Africa Climate Change Resilience Alliance (ACCRA) (2010) The ACCRA Local Adaptive Capacity framework (Cadre visant les capacités d’adaptation à Accra), http://community.eldis.org/.59d669a7/txFileDownload/f.59d669a7/n.ACCRA%20Local_Adaptive%20Policy_new.pdf

10. Voir, par exemple, N Brooks, Aure E et M Whiteside (2014) Draft report (projet de rapport) : Assessing the impact of ICF programmes on household and community resilience to climate variability and climate change (Évaluation de l’impact des programmes ICF sur la résilience au changement climatique des foyers et des communautés), Landell Mills et Garama 3C Ltd pour Evidence on Demand, www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/279639/Draft-measuring-resilience-report.pdf

11. Voir, à titre d’exemple CARE (2014) Participatory Monitoring, Evaluation, Reflection and Learning for community-based adaptation: A revised manual for local practitioners (Suivi participatif, évaluation, réflexion et apprentissage pour une adaptation fondée sur la communauté : un manuel révisé pour les pratiques locales), http://insights.careinternational.org.uk/media/k2/attachments/CARE_PMERL_revised_manual.pdf

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AOÛT 2014: CARE INTERNATIONAL UK, RBM, SNV, TREE AID

CARE International UK89 Albert EmbankmentLondon SE1 7TPUKwww.careinternational.org.ukRegistered charity number 292506

Réseau Billital Maroobe (RBM)BP : 10648, NiameyNigerwww.maroobe.org

SNVDr Kuyperstraat 52514 BA, The HagueThe Netherlandswww.snvworld.org

TREE AIDBrunswick CourtBrunswick SquareBristol BS2 8PEUKwww.treeaid.org.uk