Analyse comparative des préférences des producteurs...
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Analyse comparative des préférences des producteurs et des transformateurs pour les
contrats de production du riz local
Codjo Ogoudélé Simon, Fiamohe Rose, Biaou Gauthier, Kpenavoun
Sylvain and Acclassato Denis
Invited paper presented at the 5th International Conference of the African Association of
Agricultural Economists, September 23-26, 2016, Addis Ababa, Ethiopia
Copyright 2016 by [authors]. All rights reserved. Readers may make verbatim copies of this
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1
Analyse comparative des préférences des producteurs et des transformateurs
pour les contrats de production du riz local
Codjo Ogoudélé Simon1*, Fiamohe Rose
2, Biaou Gauthier
1, Kpenavoun Sylvain
1 and Acclassato
Denis1
*Correspondant: [email protected] / [email protected]
Résumé
La présente recherche vise à analyser les motivations des producteurs et des transformateurs à
participer aux contrats de production du riz au Bénin. Contrairement aux recherches précédentes,
celle-ci compare les préférences des producteurs pour les attributs des contrats à celles des
transformateurs qui proposent ces contrats pour s’approvisionner en riz paddy. Les données ont
été collectées auprès de 300 producteurs et de 140 transformateurs, de riz sélectionnés
aléatoirement. Une estimation du modèle logit conditionnel (LC) indique que les producteurs
préfèrent des contrats avec des modes de payement direct, avec préfinancement, avec des prix de
vente supérieur au prix de marché. Quant aux transformateurs, ils préfèrent le contraire. En outre,
les producteurs préfèrent des contrats spécifiant une pénalité au partenaire commercial en cas de
non-achat de la quantité convenue dans les contrats, mais rejettent des contrats spécifiant des
pénalités pour eux. Les producteurs de riz sont prêts à effectuer une réduction de 25,8 et de 6,64
FCFA/kg sur le prix du paddy pour que le contrat spécifie respectivement un mode de payement
comptant et un préfinancement de la production. En réponse, les transformateurs préfèrent
réduire le prix du kg de paddy, de 4,91 et 19,48 FCFA respectivement pour le mode de payement
direct et le préfinancement de la production. Les transformateurs sont prêts à payer un montant
supplémentaire de 15,13 FCFA/kg pour un paddy de qualité.
Mots clés : Design des contrats, Logit conditionnel, Logit à classes latentes, Producteurs et
transformateurs de riz, Bénin.
1 University of Abomey-Calavi
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1. Introduction
En Afrique de l’Ouest, et particulièrement au Bénin, la satisfaction des besoins en riz des
consommateurs constitue un défi important pour l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur.
En effet, la consommation domestique du riz connait une évolution très rapide au Bénin. En
2000, la consommation du riz était de 9,5 kg/hatitant/an. Cette valeur est passée à 42,2
kg/hatitant/an en 2005 et à 50.4 kg/hatitant/an en 2010 (FAO, 2016). Cette importante
augmentation de la consommation est accompagnée par une exigence de plus en plus sévère des
consommateurs face à la qualité de cette denrée (Balasubramanian et al, 2007 ; Fall et all, 2007 ;
Opoku and Akorli, 2009). Pour donc satisfaire le besoin des populations en riz, le Bénin fait
recours aux massives importations. Comparé aux riz locaux, ces riz importés sont souvent de
qualité supérieur (Demont and Neven, 2013 ; Campbell et al, 2009) et disponible sur le marché
durant toute l’année (Demont and Neven, 2013 ; Stryker, 2013 ; Diako et, 2010). Pour donc
rendre le riz local plus compétitif, l’ensemble de la chaine de valeur nécessite d’être organisé aux
fins de permettre une production de qualité et un approvisionnement moderne et régulier des
transformateurs en paddy afin de rendre disponible sur les différents circuits de distribution, un
riz répondant aux besoins des consommateurs.
Selon Reardon et al (2009), la demande croissante pour les produits alimentaires de qualité dans
les pays en développement occasionne des changements importants dans les chaînes
d'approvisionnement, qui impliquent souvent les petits exploitants. Pour ce faire, les
transformateurs qui sont souvent à la recherche de nouvelles et efficientes méthodes pour
s’approvisionner en matière première de qualité ont largement embrasé l’agriculture
contractuelle comme une approche pour coordonner la chaine d’approvisionnement (Birthal et
al., 2005; Swinnen, 2009; Schipmann and Qaim, 2011). Kambewa (2007) explique que
l’agriculture contractuelle constitue un outil pouvant permettre aux acteurs des pays en
développement de se conformer aux normes de qualité et de présenter sur le marché des produits
complétifs.
L’agriculture contractuelle est une forme d’intégration verticale des filières agricoles qui confère
à une entreprise un contrôle plus étroit sur le processus de production, mais également sur la
quantité, la qualité, les caractéristiques et le calendrier de ce qui est produit (Prowse, 2013). Elle
peut permettre aux petits producteurs d’avoir accès aux intrants de production, aux technologies,
3
aux services de vulgarisation et faciliter leur connexion aux marchés rémunérateurs (McDonal et
al, 2004). Concernant les transformateurs, le recours au contrat peut permettre d’assurer une
stabilité dans l’approvisionnement en matière première avec une garantie de qualité. Cet outil
permet de définir oralement ou de façon écrite, les spécifications du produit objet de transaction
et les conditions de sa production ou de sa commercialisation.
La participation au contrat présente des avantages aussi bien pour le producteur que pour son
partenaire. Cependant, les producteurs y prendront part seulement si le gain que cela leur procure
excède ce qu’ils perdent (Bellemare, 2012). De la même manière, les partenaires choisiront le
contrat si le gain que cela leur procure est supérieur à ceux des autres alternatives, telles que
avoir recours au marché au comptant ou à l’auto-production (Abébé, 2013). Ainsi, les parties
contractantes cherchent des contrats pouvant leur procurer plus d’utilité que d’autres alternatives.
En effet, quelle que soit la procédure utilisée pour élaborer les contrats ou les détails du contenu,
pour réussir et être durables, les dispositions du contrat doivent être élaborées de sorte à
promettre des bénéfices à chaque partie contractante (Will, 2014).
La conception des contrats parait donc très importante pour inciter les acteurs à y participer et
leur succès ou non en dépend. Ceci étant, la conception des contrats peut crucialement affecter la
participation des petits producteurs. Les contrats sans crédits et avec des modes de payement en
différé peuvent ne pas intéresser les petites exploitations agricoles (Schipmann et Qaim, 2011).
Pour donc encourager les producteur a y participer, une variété d'instruments d'incitation, tels
que la fourniture d’intrant de production, les visites du champ du producteur par l’acheteur,
l'évaluation de la qualité, et la rémunération incitative, qui visent à maintenir un produit de
qualité sont souvent utilisées (Hueth et al., 1999; Bellemare, 2010). A cet effet, pour une
élaboration de contrats consensuels, il est important de connaitre les attributs qui peuvent limiter
leurs échecs.
4
Les recherches qui ont abordé les questions liées aux attributs des contrats se focalisent
généralement sur ceux que les producteurs préfèrent (Zossou, 2014 ; Abébé, 2013 ; Saenger et al,
2012). De plus, elles expliquent le choix des répondants seulement par les attributs des contrats
sans s’intéresser aux caractéristiques de ces répondants. Ces recherches omettent également que
les contrats sont proposés par des partenaires et que ces derniers ont aussi des préférences. Ainsi,
la présente recherche contribue à la littérature analytique des attributs des contrats en comparant
les préférences des producteurs de riz pour les attributs des contrats à celles des transformateurs
qui proposent ces contrats. Elle explique le choix des acteurs par les caractéristiques des contrats
et des répondants. Cette démarche permettra d’une part, d’identifier les attributs qui permettront
la conception de contrats plus consensuels et d’autre part, une formulation de politiques efficace
d’accompagnement des acteurs.
2. Modèle théorique
La modélisation du choix repose sur des modèles de choix discrets dont l’objectif est de
comprendre les choix des individus. Dans le cas de cette recherche, ces modèles permettent
d’analyser les facteurs de choix d’un type de contrat par rapport à d’autres. Ces facteurs peuvent
être à la fois les caractéristiques des contrats proposés et celles des répondants.
Les modèles de choix discrets dérivent de deux éléments de la théorie classique du
consommateur. Il s’agit de la théorie de Lancaster et de la théorie de l’utilité aléatoire Random
Utility Theory. Suivant ces théories, l’utilité U procurée par le contrat i, caractérisé par un
vecteur Xi de K attributs k, à un individu n, caractérisé par un vecteur Zn de A caractéristiques
observables a, est composée d’une partie déterministe et observable V(Xi, Zn), et d’une partie
aléatoire non observable ε(Xi, Zn):
𝑈𝑛𝑖 = 𝑉(𝑋𝑖 , 𝑍𝑛) + 𝜀(𝑋𝑖 , 𝑍𝑛) (1)
La partie observable de cette fonction d’utilité dépend des attributs 𝑥𝑖𝑘 et du poids de ces
attributs dans l’utilité procurée par le contrat i représenté par les paramètres 𝛽𝑖𝑘 du vecteur 𝛽𝑖.
Elle est également fonction des caractéristiques individuelles 𝑧𝑎𝑛, et de leur poids 𝛼𝑎𝑛 dans la
fonction d’utilité:
5
𝑉(𝑋𝑖 , 𝑍𝑛) = ∑ 𝛽𝑖𝑘𝑥𝑖𝑘
𝐾
𝑘=1
+ ∑ 𝛼𝑎𝑛𝑧𝑎𝑛
𝐴
𝑎=1
(2)
Selon le modèle logit conditionnel tel que développé par MacFadden (1974), la probabilité
𝑃𝑖𝑛 qu’un individu n choisisse le contrat i parmi l’ensemble C des contrats (ou alternatives) qui
lui sont proposés, correspond à la probabilité que ce contrat i soit celui qui lui procure la plus
grande utilité :
𝑃𝑖𝑛 = 𝑃[𝑉𝑖𝑛 + 𝜀𝑖𝑛 > 𝑉𝑗𝑛 + 𝜀𝑗𝑛, ∀𝑗 ∈ 𝐶, 𝑗 ≠ 𝑖] (3)
𝑃𝑖𝑛 = 𝑃[𝜀𝑗𝑛 < 𝑉𝑖𝑛 − 𝑉𝑗𝑛 + 𝜀𝑖𝑛, ∀𝑗 ∈ 𝐶, 𝑗 ≠ 𝑖] (4)
Les termes d’erreur 𝜀𝑖𝑛 étant inobservables, on suppose que les 𝜀𝑖𝑛 sont indépendamment et
identiquement distribués (IID) au sein de cette population et entre les alternatives selon une
distribution extrem value de type 12. On a alors :
𝑃𝑖𝑛 =exp (𝛽𝑖
′𝑋𝑖)
∑ exp (𝛽𝑗′𝑋𝑗)𝑗∈𝐶
(5)
L’équation 5 représente l’expression du modèle logit conditionnel (CL). Ce modèle repose sur
une forte hypothèse d’indépendance des alternatives non pertinentes. De plus, on suppose
qu’avec un modèle CL, les 𝛽𝑖𝑘 sont les mêmes pour tous les individus, ce qui ne permet pas de
prendre en compte l’hétérogénéité des préférences au sein de la population.
Les analyses sont étendues à un modèle dérivé du CL permettant de relaxer, au moins
partiellement, l’hypothèse d’IID sur les termes d’erreur et de prendre en compte l’hétérogénéité
des préférences : le modèle à classe latente (Greene and Hensher, 2003). Ce type de modèle
suppose que les membres d’une même « classe » 𝑠 ∈ 𝑆 ont un vecteur de paramètres 𝛽𝑠, où S est
une partition de la population. On estime alors les différents vecteurs 𝛽𝑠, 𝑠 ∈ 𝑆, pour chacune des
classes identifiées dans la population ciblée.
La population totale est donc partitionnée en S classes au sein desquelles les préférences sont
homogènes et les 𝜀𝑖𝑛 sont IID d’une part, mais entre lesquelles les préférences sont hétérogènes
d’autre part. On obtient ainsi, pour chaque classe s :
6
𝑃𝑖𝑛|𝑠 =exp (𝛽𝑠𝑖
′ 𝑋𝑖)
∑ exp (𝛽𝑠𝑗′ 𝑋𝑗)𝑗∈𝐶
(6)
Et pour l’ensemble de l’échantillon :
𝑃𝑖𝑛 = ∑ 𝑀𝑛𝑠
exp (𝛽𝑖,𝑠′ 𝑋𝑖)
∑ exp (𝛽𝑗,𝑠′ 𝑋𝑗)𝑗∈𝐶
𝑆
𝑠=1
(7)
avec 𝑀𝑛𝑠 la probabilité d’appartenance de n à la classe s.
3. Méthodologie
3.1 Méthodes de collecte des données
Les données utilisées proviennent d’un dispositif d’enquête mis en œuvre conjointement par
l’Institut National des Recherches Agricoles du Bénin (INRAB) et le Centre du Riz pour
l’Afrique (AfricaRice). Elles ont été collectées dans le pôle de développement rizicole de
Glazoué constitué des communes de Dassa, Glazoué, Savalou et Bantè. Dans chacune de ces
commune, une liste des villages producteurs de riz et de ceux possédant des unités de
transformation, a été constituée avec l’aide des responsables des Centres d'Action Régional pour
le Développement Rural (CADER) et des associations de producteurs et de transformateurs. La
liste des ménages producteurs de riz et des unités de transformation a été constituée à partir des
associations de producteurs ou de transformateurs. Elle a été complétée par un recensement des
autres producteurs ou unités de transformation de chaque village. Dix (10) et cinq (05) villages
ont été sélectionnés aléatoirement dans chaque commune respectivement pour les producteurs et
pour les transformateurs. Huit (08) producteurs ont été sélectionnés aléatoirement dans chaque
village de production et sept (07) transformateurs pour les villages de transformation du riz. Au
total 320 producteurs et 140 transformateurs ont été prévus pour être enquêté. La totalité des
transformateurs a été enquêté. Cependant, compte tenu de la disponibilité des producteurs, le
nombre d’exploitants enquêtés a varié d’un village à un autre et d’une commune à autre. Ainsi,
300 producteurs de riz ont été enquêtés, soit un taux de réalisation de 93,75%. Le tableau 1
présente le nombre de villages, de producteurs et de transformateurs enquêtés.
7
Tableau 1 : Nombre de villages et d’enquêtés par commune
Producteurs Transformateurs
Commune Nombre de
villages
Nombre
d’enquêtés
Nombre de
villages
Nombre
enquêtés
Dassa 10 70 5 35
Glazoué 10 76 5 35
Savalou 10 74 5 35
Bantè 10 80 5 35
Total 40 300 20 140
Source, enquêtes Bénin, 2015
3.2 Mise en place du dispositif expérimental
Choix des attributs
Les attributs décrivant les contrats dans le questionnaire d’enquête doivent correspondre aux
caractéristiques des contrats qui semblent les plus importants pour les acteurs concernés. Il est
généralement conseillé de sélectionner au maximum six (06) attributs pour des raisons
statistiques et de compréhension (Green et al, 1990). Dans le cadre de cette recherche, une
première sélection des attributs et de leurs niveaux a été réalisée en fonction de la littérature
(Abebe, 2013 ; Zossou, 2014) et des différentes discussions avec les chercheurs du Centre du Riz
pour l’Afrique. Le tableau 2 présente la revue des attributs des contrats.
Tableau 2: Revue des attributs des contrats
Catégories Fonctions du contrat Attributs du contrat
Coordination Coordination de la production, de la
récolte, de la transformation, de la
commercialisation et partage de risque
Forme du contrat, spécification de la qualité du produit,
spécification de la qualité des semences, mécanisme du
contrôle de qualité, lieu de contrôle de qualité, fourniture
d’intrant, assistance technique, transport et préfinancement(
l’octroi de crédit)
Motivation Fourni une motivation pour les efforts et
les investissements, réduit
l’opportunisme et la renégociation
Option du prix, forme du contrat, spécification de la qualité,
spécification de la quantité, durée du contrat, mécanisme de
contrôle de qualité
Coût de
transaction
Réduit les coûts directes et indirectes du
contrat ; Augmente la transparence
Forme du contrat, spécification de la qualité, sanctions et
procédures de résolution des conflits.
Source : Abébé, 2013
Après la revue de littérature, trois focus groups ont été organisés afin de retenir les attributs à
utiliser pour concevoir les contrats théoriques. Les deux premiers focus group ont réuni chacun,
huit producteurs et transformateurs (deux représentants de chaque commune). Ces acteurs ont
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procédé séparément à la classification des attributs. Le dernier focus group a réuni les deux types
d’acteurs et a permis de retenir, de manière consensuelle, les attributs à utiliser. Le tableau 3
présente le résultat des focus group organisés.
Tableau 3 : Résultats des focus group organisés avec les acteurs
Classement des attributs
Attributs Focus group
des producteurs
Focus group des
transformateurs Ensemble
Option du prix 2 1 1
Préfinancement 4 6 5
Mode de paiement 1 5 2
Assistance technique 3 7 6
Accord sur la quantité 5 3 4
Accord sur la qualité 6 2 3
Lieu de livraison 8 4 7
Durée du contrat 7 9 8
Type d’organisation 9 8 9
Forme du contrat 10 10 10
Source : Focus group Bénin, 2015
Les attributs présentés dans le tableau 4 ont été retenus suite aux étapes successives
décrites ci-dessus. Ceux-ci apparaissent comme les plus pertinents dans le cadre de cette
recherche et pour les problématiques rencontrées par les producteurs et les transformateurs du
riz :
Option du prix : Les producteurs fixent souvent le prix du produit avec le partenaire dans le
contrat au moment du semis pour réduire l’incertitude du marché (Singh, 2002 ; Berdegué et al.,
2005). Le prix du kg de paddy fluctue habituellement au tour de 150 FCFA. Ainsi, au cours du
focus group ayant réuni l’ensemble des acteurs, ce prix a été retenu par consensus pour être
considéré comme le prix du marché. Les parties contractantes peuvent alors conclure un prix
contractuel supérieur (prix du marché + 5FCFA) au prix du marché ou inférieur (prix du marché
- 5FCFA) à celui-ci. Ces différents niveaux ont été également définis au cours du focus group.
Mode de paiement : Les agriculteurs préfèrent recouvrir la totalité de leurs fonds à la livraison
du produit. (Singh, 2002 ; Berdegué, 2002).
9
Les producteurs estiment que le mode de payement constitue le premier attribut pour entrer en
contrat, car, après avoir engagé des dépenses dans la production en contractant parfois des prêts,
ils préfèrent entrer en possession de leur fond à la livraison du produit.
Quant aux transformateurs, le mode de payement bien qu’étant indispensable pour la fidélisation
du producteur, ne constitue pas le facteur le plus important. Ils estiment que le mode de
payement peut être négocié surtout lorsque les acteurs se connaissent et se font mutuellement
confiance.
Préfinancement: Le préfinancement est très important pour l’installation des cultures à temps et
pour le respect de l’itinéraire technique. Ainsi, le préfinancement des activités facilite l’achat des
intrants de production.
Pour certains producteurs, le préfinancement des activités de production par le partenaire
constitue une garantie pour l’achat du produit. Cependant, les effets des changements climatiques
amènent certains producteurs à refuser d’être préfinancés, car si la saison est mauvaise, ils
rencontrent des difficultés à rembourser les fonds. Encore que les transformateurs sont reticent à
l’octroi de préfinancement à cause des mêmes raisons.
Accord sur la quantité : lorsque les agriculteurs produisent sous contrat, la quantité à produire
est habituellement préétablie auprès des acheteurs (Key et Runsten, 1999 ; Singh, 2002). Au cas
où le producteur ne respecte pas les clauses liées à la quantité convenue, il crée des perturbations
dans le système d’approvisionnement de son client. De la même manière, lorsque le client
n’achète pas la quantité convenue, le producteur fait face à une quantité supplémentaire pour
laquelle il doit rechercher un marché. Ainsi, comme le spécifient déjà les contrats avec
l’Entreprise de Service et d’Organisation des Producteurs (ESOP), des pénalités à introduire dans
ces contrats théoriques ont été définies lors du focus group ayant réuni les deux acteurs. A cet
effet, lorsque le producteur ne parvient pas à honorer son engagement, il doit payer une pénalité
de 10 FCFA/kg de paddy non livré pour permettre à son client de couvrir les frais
supplémentaires générés par la recherche de la quantité non livrée. De la même manière, le
partenaire devra payer une pénalité de 10 FCFA/kg de paddy non acheté pour couvrir les frais
qu’engendrera la recherche de marché pour la quantité non achetée au producteur. La dernière
option retenue par les deux parties consiste à ne faire aucun accord sur la quantité.
10
Assistance technique : L’assistance technique permet au partenaire d’accompagner le
producteur dans le processus de production. A cet effet, le partenaire s’implique totalement ou
partiellement dans les activités de production. Lorsque cette assistance est totale, le partenaire
s’implique dans le processus de production de bout en bout, en prodiguant des conseils au
producteur. Le partenaire s’assure également du respect de l’itinéraire technique par le
producteur.
Par ailleurs, l’implication du client dans les activités de production permet de limiter les risques
du détournement de la vente du produit après la récolte. Cependant, tous les clients n’ont pas la
possibilité de se placer à tous les niveaux du processus de production (le cas par exemple de la
plupart des étuveuses). Certains clients estiment que la détérioration de la qualité du paddy
survient souvent au moment de la récolte. Soit parce que la récolte n’est pas effectuée à temps
soit parce qu’elle n’est pas effectuée avec soin. Ainsi, si le client estime qu’il est nécessaire de
suivre les activités de production, à défaut de suivre toutes les activités, il s’implique dans la
récolte.
La qualité du paddy: L’incertitude sur la qualité constitue une véritable source de risque dans
les transactions (Wolf et al., 2001). La recherche de produit de bonne qualité augmente le
consentement des partenaires des producteurs à s’engager dans les contrats (Goodhue, 2011;
Henson et al., 2005). On comprend ici donc que la qualité est un paramètre très important pour
les transformateurs du paddy. Un paddy de qualité comporte peu de corps étrangers et est
constitué de grains homogènes. Par ailleurs le taux d’humidité de ce paddy doit être compris
entre 12-14%. Les accords sur la qualité peuvent conduire le producteur à fournir des efforts
pour offrir à son partenaire un produit de qualité.
Tableau 4 : Liste des attributs et leurs niveaux
Critères Description Niveaux
1 Mode de
payement
Mode de payement utilisé par le
client pour payer le producteur
1=Payement au comptant ; 2= 50% à la livraison et
le reste un mois après.
2 Option du prix
du paddy
Accord sur l’option du prix du
paddy
1= Prix moyen du riz sur le marché au moment de
la livraison;
2= Prix moyen du riz sur le marché au moment de
la livraison +5 FCFA;
3= Prix moyen du riz sur le marché au moment de
la livraison -5 FCFA
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3 Préfinancement
de la production
Taux de préfinancement de la
production par le client
1=Sans préfinancement ; 2= 25% du coût de
production
4 Accord sur la
quantité
Accord sur la pénalité lié à la
quantité convenue dans le contrat
1= Pas d’accord 2=Pénalité de 10f/kg de quantité
non livré par le producteur; 3= Pénalité de 10f/kg
de quantité non achetée par le client
5 Assistance
technique
Implication du client dans les
activités de production
1= Non ; 2= Récolte uniquement ; 3=Tout le
processus de production
6 Accord sur la
qualité Accord sur la qualité 1=Oui ; 2= Non
Source : Focus group, mai 2015
Les contrats théoriques à évaluer par les producteurs et les transformateurs sont conçus sur la
base des attributs retenus et de leurs niveaux. Il est recommandé de sélectionner au plus six
attributs à utiliser pour concevoir les contrats théoriques (Green et Srinivasan, 1990). Cette
disposition permet d’éviter les confusions de choix au niveau des enquêtés (Sawtooth Software,
2008). Du fait, six (6) attributs ont été retenus dont trois sont constitués chacun de deux niveaux
et les trois autres, de 3 niveaux (cf. tableau 4). La combinaison de ces modalités permet de
former plusieurs contrats hypothétiques, soit (23 × 33) = 216 contrats différents possibles.
L’ensemble de ces contrats est appelé le plan factoriel complet. Il n’est pas envisageable que tous
les contrats représentant le plan complet, soient présentés aux personnes interrogées. Comme
proposé par Rose et Scarpa (2008), un processus de génération fractionnelle a été ensuite utilisé
pour réduire le nombre de contrats théoriques. Un plan factoriel fractionnaire (Louvière et al.,
2000) efficient a été construit à partir de la méthode orthogonale de SPSS. Ce plan fractionnaire
est composé de 16 contrats.
Après avoir défini les contrats hypothétiques, il existe plusieurs méthodes expérimentales
pour soumettre les contrats aux répondants. Il s’agit de la méthode de choix dichotomique, la
méthode de classement et la méthode de groupement (Louvriere et al., 2010). La méthode de
groupement a été utilisée au cours de cette recherche, elle suggère que parmi les alternatives
possibles, il y a des formes qui sont apparentées. Pour cela, des groupes d’alternatives similaires
sont créés. Dans chaque groupe, l’enquêté choisit la meilleure. Comme le recommande
Adamowicz et al. (1998), un statu quo a été créé dans le cadre de cette recherche pour permettre
aux répondants de choisir une alternative au cas où les contrats proposés dans un groupe ne les
intéresseraient pas.
12
Les contrats composant le plan fractionnaire sont répartis en quatre groupes de quatre
contrats et d’un statu quo. Chaque producteur ou transformateur sélectionne donc une alternative
parmi les cinq (4 contrats et un statu quo) dans chaque groupe.
3.3 Spécification du modèle empirique
L’utilité U procurée par le contrat i (i=1…5), à un individu n (n=1…N), est exprimée en fonction
des attributs pris en compte dans l’établissement d’un contrat pour le modèle logit conditionnel
et, en fonction de ces attributs et des caractéristiques des répondants dans le modèle logit en
classes latentes. Les variables explicatives introduites dans les modèles et leurs descriptions sont
présentées dans le tableau 5.
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Tableau 5 : Description des variables introduites dans les modèles
Variable Description Type de
variable Modalités
Option du prix de vente (PVente) Prix du Kg du paddy Continue
1=145 FCFA (prix du kg de riz -5
FCFA) ;
2= 150 FCFA (prix du kg de riz) ;
3=155 (prix du kg de riz +5 FCFA)
Mode de payement (MPaye) Mode de payement utilisé pour
régler le producteur Binaire
1= Direct à la livraison; 0= 50% à la
livraison et le reste un mois après
Préfinancement
(Préfinance)
Préfinancement de la production du
paddy Binaire 1= Oui ; 0= Non
Pénalité du producteur (PProd)
Accord sur la pénalité à appliquer
au producteur en cas de non-
livraison de la quantité convenue
dans le contrat
Binaire 1= Oui ; 0= Non
Pénalité du transformateur (PTrans)
Accord sur la pénalité à appliquer
au transformateur en cas de non-
achat de la quantité convenue dans
le contrat
Binaire 1= Oui ; 0= Non
Assistance technique pour la récolte
(AsRecolte)
Assistance technique du
transformateur pour la récolte Binaire 1= Oui ; 0= Non
Assistance technique pour tout le processus
de production (AsProduction)
Assistance technique du
transformateur tout le processus de
production
Binaire 1= Oui ; 0= Non
Accord sur la qualité (AcQualité) Accord sur la qualité Binaire 1= Oui ; 0= Non
Appartenance à une plateforme (ApPI) Appartenance à une plateforme
d’innovation Binaire 1= Oui ; 0= Non
Expérience en contractualisation (ExpContr) Expérience en contractualisation Binaire 1= Oui ; 0= Non
Formation (Formation) Formation agricole Binaire 1= Oui ; 0= Non
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Le modèle logit conditionnel s’écrit :
𝑈𝑛𝑖 = ∝ +𝛽1𝑃𝑉𝑒𝑛𝑡𝑒 + 𝛽2𝑀𝑃𝑎𝑦𝑒 + 𝛽3𝑃𝑟é𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒 + 𝛽4𝑃𝑃𝑟𝑜𝑑 + 𝛽5𝑃𝑇𝑟𝑎𝑛𝑠 + 𝛽6𝐴𝑠𝑅é𝑐𝑜𝑙𝑡𝑒 + 𝛽7𝐴𝑠𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛
+ 𝛽8𝐴𝑐𝑄𝑢𝑎𝑙𝑖𝑡é + 𝜀𝑛 (8)
Le modèle logit en classes latentes s’écrit
𝑈𝑛𝑖 = ∝ +𝛽1𝑃𝑉𝑒𝑛𝑡𝑒 + 𝛽2𝑀𝑃𝑎𝑦𝑒 + 𝛽3𝑃𝑟é𝑓𝑖𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒 + 𝛽4𝑃𝑃𝑟𝑜𝑑 + 𝛽5𝑃𝑇𝑟𝑎𝑛𝑠 + 𝛽6𝐴𝑠𝑅é𝑐𝑜𝑙𝑡𝑒 + 𝛽7𝐴𝑠𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛
+ 𝛽8𝐴𝑐𝑄𝑢𝑎𝑙𝑖𝑡é + 𝛽9𝐴𝑝𝑃𝐼 + 𝛽10𝐸𝑥𝑝𝐶𝑜𝑛𝑡𝑟 + 𝛽11𝐹𝑜𝑟𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 + 𝜀𝑛 (9)
3.4 Méthode d’estimation du Consentement A Payer (CAP)
Le CAP représente le montant supplémentaire en FCFA qu’un acteur serait prêt à débourser (cas
du transformateur) ou à accepter (cas du producteur) pour un niveau d’attribut non monétaire.
C’est le montant supplémentaire que le producteur exige pour un critère particulier dans la
conception d’un contrat avec le partenaire. Pour le transformateur, cette valeur correspond au
montant supplémentaire qu’il propose au producteur pour lui permettre d’accepter chaque
attribut proposé dans le contrat. Le consentement à payer marginal (CAP) pour un attribut k, en
moyenne sur la population enquêtée, s’exprime de la manière suivante :
𝐶𝐴𝑃𝑘 = −𝑑𝑥𝑚
𝑑𝑥𝑘= −
𝑑𝑉𝑑𝑥𝑘
⁄
𝑑𝑉𝑑𝑥𝑚
⁄= −
𝛽𝑘
𝛽𝑚 (10)
Avec 𝑥𝑘 et 𝑥𝑚 respectivement l’attribut k et l’attribut monétaire 𝛽𝑘 et 𝛽𝑚 leurs paramètres dans
le modèle Logit Conditionnel. Ces CAP peuvent permettre de comprendre la motivation des
répondants et de quantifier leurs niveaux de préférence.
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4. Résultats et discussions
4.1 Caractéristiques socio-économiques des enquêtés
Le tableau 6 présente les caractéristiques socio-économiques des producteurs et des
transformateurs de riz enquêtés. En moyenne, les producteurs sont plus âgés que les
transformateurs. La production du riz est dominée par les hommes (61,20%) alors que la
transformation est une activité fortement exercée par les femmes (95%). En effet, la
transformation est assurée principalement par des femmes qui utilisent des kits d’étuvage
traditionnels ou modernes pour étuver le paddy. L’étuvage du riz a été encore plus développé
avec l’installation d’un système amélioré GEM d’étuvage du riz dans la commune de Glazoué.
Les producteurs et les transformateurs de riz sont en majorité non instruits. Environ 24% de ces
acteurs ont le niveau primaire contre 24,41% de producteurs et 10% de transformateurs pour le
secondaire. Cependant, très peu d’acteurs ont le niveau supérieur. 45,71% des transformateurs
exercent comme activité principale, la transformation du riz contre 54,29% la production et
d’autres activités (Commerce, élevage, artisanat, fonctionnaire). Les acteurs bénéficient
d’importantes formations grâce à l’appui de diverses structures (AfricaRice, PPAAO, VECO
ONG, SNV, GIZ ect.) qui les accompagnent dans leurs activités. Respectivement 29% et 57%,
de producteurs et de transformateurs appartiennent des plateformes qui, constituent des creusets
d’échanges qui facilitent le partage de connaissances et le brassage entre les acteurs. Enfin, les
résultats montrent que 32,78% des producteurs et 26,43% des transformateurs disposent d’une
expérience en matière de contractualisation.
16
Tableau 6 : Caractéristiques socio-économiques des enquêtés
Caractéristiques Producteurs Transformateurs
Nombre de répondants 300 140
Age moyen 46,35 40,58
Sexe (%)
Homme 61,20 5,04
Femme 38,80 94,96
Niveau d’éducation (%)
Aucun 52,17 65,71
Primaire 23,08 24,29
Secondaire 24,41 10
Supérieur 0,33 0
Activité principale (%)
Agriculture 72,33 32,86
Transformation 13,33 45,71
Autres 14,33 21,43
Formation agricole (%) 82,94 90
Superficie moyenne de riz (ha) 1,28 0,8
Appartenance à une plateforme (%) 29,10 57,14
Participation au contrat (%) 32,78 26,43
Enquêtes Bénin, 2015
4.2 Résultats des préférences des producteurs et des transformateurs pour les
attributs des contrats : estimation du modèle logit conditionnel (LC)
Le modèle LC utilisé permet d’obtenir une première estimation des paramètres βk, révélant les
facteurs qui influencent les choix des producteurs et des transformateurs en moyenne sur la
population interrogée (cf. tableau 6).
Les coefficients associés à l’assistance technique pour la récolte et à l’accord sur la qualité sont
positifs et significatifs à 5%, pour les deux catégories d’acteur. Ainsi, la spécification de
l’assistance technique au niveau de la récolte, influence positivement le choix des contrats par les
deux catégories d’acteurs. Ces résultats sont soutenus par ceux de Abebe (2013). Selon cet
auteur, les producteurs de patate en Éthiopie souhaitent des contrats avec une assistance
technique. La spécification de l’accord sur la qualité par les transformateurs influence
positivement la proposition des contrats par ces derniers. Ainsi, les transformateurs souhaitent
proposer des contrats spécifiant un accord sur la qualité.
17
Les coefficients associés au mode de payement et au prix de vente sont positifs et significatifs à
1% pour le modèle des producteurs. Ainsi, la spécification d’un mode de payement direct et d’un
prix de vente supérieur au prix du marché, influence positivement le choix des contrats par les
producteurs. Ces résultats sont soutenus par ceux de Zossou(2014) et de Shipmen et Qaim
(2012). Selon Zossou (2014), les producteurs souhaitent des contrats avec des modes de
payement direct et des prix supérieurs au prix du marché. Shipmen et Qaim (2012) ont trouvé
que les contrats spécifiant des prix élevés augmentent la probabilité de choix de ces contrats par
les producteurs. Les transformateurs quant à eux préfèrent les contrats spécifiant des modes de
payement en différé et des prix de vente inférieur à ceux du marché. Ainsi, la spécification d’un
mode de payement direct et d’un prix de vente supérieur au prix du marché, influence
négativement la proposition des contrats par les transformateurs.
La spécification d’un préfinancement des activités de production dans les contrats influence
positivement le choix des contrats par les producteurs et négativement par les transformateurs.
Ces résultats confirment ceux de Shipmen et Qaim (2012) qui ont trouvé que l’octroi de crédit en
nature ou en argent motive les producteurs à participer au contrat. Ces résultats sont également
similaires à ceux de Blandon et al (2009) qui a analysé les préférences des producteurs pour les
fruits et légumes. Les résultats obtenus au niveau des transformateurs pourraient s’expliquer par
le fait qu’ils éviteraient de prendre des risques. En effet, avec l’impact des pluies tardives ou
erratiques, plusieurs producteurs perdent souvent une importante partie ou la totalité de leur
production. Pour donc éviter des situations difficiles à régler, certains transformateurs préfèrent
signer des contrats sans préfinancement.
En ce qui concerne l’accord sur la quantité, la spécification de l’application d’une pénalité au
producteur en cas de non-livraison de la quantité convenue influence négativement le choix des
contrats par les producteurs. Par contre, les producteurs sont favorables à des contrats spécifiant
une pénalité au partenaire commercial en cas de non achat de la quantité convenue dans les
contrats. Les transformateurs quant à eux sont prêts à proposer aux producteurs des contrats
spécifiant aussi bien une pénalité au producteur qu’au transformateur en cas de non-respect de la
quantité convenue dans le contrat. En effet, pour satisfaire la demande de la clientèle, les
transformateurs ont besoin d’effectuer des prévisions sur la quantité. Pour donc contraindre les
différentes parties à respecter les clauses contractuelles liées à la quantité, certains contrats
18
spécifient les pénalités liées au non-respect des clauses. Les transformateurs sont prêts à verser
10 FCFA/kg de paddy non acheté lorsqu’ils n’auraient pas honoré leur engagement. Ils
souhaitent également que cela soit pareil pour les producteurs. Cependant les producteurs
estiment qu’ils ne sont pas « dame nature » pour être certain de la quantité à livrer. Ils préfèrent
donc des contrats sans accord sur la quantité.
Tableau 6 : Résultats des préférences des producteurs et des transformateurs pour les attributs
des contrats
Attributs Producteurs Transformateurs
Coefficients Odds
ratio Coefficients
Odds
ratio
Paiement au comptant 1,63*** 5,14 -0,35** 0,7
Prix de vente 0,06*** 1,06 -0,07*** 0,93
Préfinancement de la production 0,42*** 1,52 -1,38*** 0,24
Pénalité du producteur due au non-respect de
la quantité convenue -1,48*** 0,22 0,45*** 1,56
Pénalité du transformateur due au non-respect
de la quantité convenue 0,33** 1,39 0,64*** 1,90
Assistance pour la récolte 0,86*** 2,37 1,33*** 3,78
Assistance pour tout le processus de
production 0,03 1 0,58*** 1,79
Accord sur la qualité 0,22** 1,24 1,07*** 2,94
N
(observations
) :6000
N
(individus) :3
00
LI :-1503,47
Chi2 :855,71
N
(observati
ons) :2800
N
(individus
) :140
LI :-
774,51
Chi2 :253,
54
***P<0.01 ;** P<0.05 ; *P<0.1.
Le passage d’un modèle Logit Conditionnel à un modèle à classes latentes permet d’améliorer le
pouvoir explicatif du modèle, quel que soit le nombre de classes choisies. Les coefficients BIC
présentent des minima pour trois classes au niveau des producteurs, limitant les analyses à ces
19
trois classes. Au niveau des transformateurs le plus petit BIC se présente au niveau de 2 classes.
Ainsi les analyses se limitent à deux classes au niveau des transformateurs.
Tableau 7 : Critères de sélection du modèle par acteur
Producteurs Transformateurs
LC
LCL LC
LCL
2 classes 3 classes 4 lasses 2 classes 3 classes
LI -1559,48 -1468,87 -1387,92 -1397,22 -774,51 -703,19 -715,77
AIC 3134,96 2977,75 2839,84 2878,44 1467,47 1446,38 1415,49
BIC 3188,55 3111,67 3054,12 3159,68 1514,94 1565,13 1605,48
4.3 Résultats des préférences des producteurs et des transformateurs pour les attributs des
contrats : estimation du modèle logit à classes latentes
Les classes retenues au niveau des producteurs présentent des facteurs de choix des attributs des
contrats très différents. En effet, comme le montrent les estimations des β, les attributs pèsent de
manières différentes sur l’utilité que les contrats proposés procurent aux répondants. Les
caractéristiques des individus composant ces classes sont les suivantes :
Les producteurs qui ont une plus grande probabilité d’appartenir à la première classe, sont ceux
qui n’ont pas une expérience en contractualisation. Le coefficient associé à l’appartenance à une
plateforme d’innovation est positif, mais pas significatif. Cependant, les producteurs appartenant
à cette classe seraient également constitués de producteurs appartenant aux plateformes (cf.
tableau 8). Les producteurs appartenant à cette classe ne sont pas favorables aux contrats
spécifiant des prix inférieurs au prix pratiqués sur le marché mais veulent des payements au
comptant. Ils souhaitent aussi un accompagnement pour les activités de récolte et un accord sur
la qualité.
La deuxième classe est constituée des producteurs qui n’appartiennent pas à une plateforme
d’innovation. Ces producteurs souhaitent des modes de paiement au comptant, les prix de vente
supérieurs à celui pratiqué sur le marché et un préfinancement. Ils ne souhaitent pas des contrats
spécifiant des pénalités pour eux s’ils ne livrent pas la quantité convenue, mais préfèrent que le
transformateur soit pénalisé s’il ne respecte pas ses engagements.
20
Les producteurs de la troisième classe sont ceux qui appartiennent à une plateforme
d’innovation. Ces producteurs sont prêts à accepter des payements en différé. Ils sont également
prêts à accepter des contrats qui spécifient des pénalités aussi bien pour eux que pour le
transformateur si l’un ne respectait pas les clauses liées à la quantité. Ces producteurs souhaitent
aussi des contrats qui spécifient un accompagnement technique pour l’ensemble de la
production.
Tableau 8 : Résultats des préférences des producteurs pour les attributs des contrats par classe
Attributs Logit
Conditionnel
Logit à Classes Latentes
Classe 1 Classe 2 Classe 3
Paiement au comptant 1,63*** 4,51*** 2,81*** -1,55***
Prix de vente 0,06*** -0,52*** 0,13*** -0,08
Préfinancement de la production 0,42*** 33,97 0,88*** 0,31
Pénalité du producteur due au non-
respect de la quantité convenue -1,48*** -33,37 -1,27*** -2,08***
Pénalité du transformateur due au non-
respect de la quantité convenue 0,33** -31,40 0,66*** -1,65***
Assistance pour la récolte 0,86*** 2,58*** 0,82*** -0,33
Assistance pour tout le processus de
production 0,03 42,67 -0,07 1,27***
Accord sur la qualité 0,22** 4,35*** 0,04 0,56*
Facteurs d’appartenance aux classes
Appartenance à une plateforme - 0,01 -4,34*** Réf
Expérience en contractualisation - 1,67*** 0,95 Réf
Formation - -1,06 -0,23 Réf
***P<0.01 ;** P<0.05 ; *P<0.1.
Concernant les transformateurs, ceux qui ont une plus grande probabilité d’appartenir à la
première classe sont ceux qui n’ont pas d’expérience en contractualisation (cf. tableau 5). Ces
transformateurs ne souhaitent pas des contrats qui spécifient des modes de payement au
comptant, des prix de ventes supérieur au prix pratiqué sur le marché et des préfinancements de
la production. Par contre, ils sont prêts à signer des contrats qui spécifient des accompagnements
techniques aussi bien pour la récolte que pour l’ensemble de la production.
Les transformateurs pouvant se retrouver dans la deuxième classe, sont ceux qui effectuent des
approvisionnements contractuels et qui pourrait appartenir à une plateforme d’innovation. Ces
transformateurs souhaitent proposer des contrats avec des modes de payement au comptant, mais
21
avec des prix de vente inférieurs à ceux pratiqués sur le marché et sans préfinancement. Par
ailleurs, ils sont intéressé par un accompagnement technique du producteur pour la récolte.
Tableau 9 : Résultats des préférences des transformateurs pour les attributs de contrats par
classe
Attributs Logit
Conditionnel
Logit à Classes Latentes
Classe 1 Classe 2
Paiement au comptant -0,35** -0,34** 4,35**
Prix de vente -0,07*** -0,06*** -0,86***
Préfinancement de la production -1,38*** -1,19*** -11,09***
Pénalité du producteur due au non-respect de la
quantité convenue 0,45*** 0,10 14,25*
Pénalité du transformateur due au non-respect de
la quantité convenue 0,64*** 0,26 15,87***
Assistance pour la récolte 1,33*** 1,27*** 3,5***
Assistance pour tout le processus de production 0,58*** 0,61*** -0,19
Accord sur la qualité 1,07*** 0,93*** 6,3***
Facteurs d’appartenance aux classes
Appartenance à une plateforme -2,3 Réf
Expérience en contractualisation - -4,33*** Réf
Formation - -0,42 Réf
***P<0.01 ;** P<0.05 ; *P<0.1. Les variables entre parenthèse sont les alternatives qui servent
de référence pour l’interprétation des résultats.
4.4 Résultats des consentements à payer, des producteurs et des
transformateurs pour les attributs des contrats de production
Les données collectées peuvent également permettre d’estimer le consentement à payer moyen
des producteurs et des transformateurs pour adopter un niveau de chacun des attributs, plutôt que
de conserver la situation actuelle. Le tableau 10 présente les CAP des producteurs et des
transformateurs du riz.
Tableau 10 : Résultats des consentements à payer, des producteurs et des transformateurs pour
les attributs des contrats de production
Attributs des contrats Producteur Transformateur
Mode de paiement -25,86 -4,91
Préfinancement -6,64 -19,48
Pénalité du Producteur due au non-respect de
la quantité convenue 23,46 6,31
22
Pénalité du transformateur due au non-
respect de la quantité convenue -5,23 9,02
Assistance technique pour la récolte -13,65 18,65
Assistance technique pour toute la production -0,05 8,18
Accord sur la qualité -3,47 15,13
Les producteurs sont prêts à effectuer une réduction moyenne de 25,86 FCFA/kg de
paddy pour que le contrat spécifie un mode de payement direct. Ce résultat est soutenu par les
travaux de Zossou (2014), qui ont montré que les producteurs de riz sont prêts à réduire le prix
du riz de 11,01 FCFA/kg pour obtenir un mode de payement direct. Pour ce même attribut, les
transformateurs souhaitent réduire en moyenne le prix du kg de paddy de 4,91 FCFA, afin de
spécifier un mode de payement direct dans le contrat. Les producteurs ne peuvent donc obtenir
un mode de payement direct dans le contrat que s’ils sont prêts à réduire le prix du riz de près de
5 FCFA.
Le crédit représente un intrant important pour la production. Cependant, les producteurs
préfèrent réduire le prix du kg de paddy de 6,64 FCFA pour que le partenaire commercial
préfinance la production. Le transformateur quant à lui, souhaite réduire le prix du kg de paddy
de 19,48 FCFA pour préfinancer la production. Cette valeur constitue un taux de 13% lorsqu’on
considère que le kg du paddy est à 150 FCFA. Ainsi, les transformateurs souhaitent préfinancer
la production à un taux d’intérêt de 13%. Cependant, pour que le producteur obtienne un crédit
de 100 000 FCFA, le transformateur est prêt à percevoir un intérêt de 13 000 FCFA.
Les producteurs souhaitent des contrats spécifiant des pénalités aux partenaires
commerciaux s’ils n’achètent pas la quantité convenue dans le contrat. Par contre, ils rejettent les
contrats qui définissent les pénalités à leurs égards s’ils ne fournissent pas aux partenaires
commerciaux, la quantité convenue dans le contrat. A cet effet, pour qu’ils acceptent les
pénalités à leur endroit, ils sont prêts à augmenter le prix du paddy de 23,46 FCFA. Quant aux
transformateurs, ils souhaitent une spécification des pénalités dans le contrat aussi bien pour les
producteurs que pour eux-mêmes.
Les transformateurs sont prêts à payer un montant supplémentaire de 15,13 FCFA/kg de
pour un paddy de qualité. La recherche de produits de bonne qualité augmente le consentement
23
des partenaires des producteurs à s’engager dans les contrats (Goodhue, 2011; Henson et al.,
2005). Ce CAP élevé justifierait l’importance que les transformateurs accordent à une matière
première de qualité. Les transformateurs sont donc prêts à investir davantage pour l’obtention
d’une matière première de qualité. La chaîne de valeur nécessite donc d’être accompagnée pour
faciliter les contrats entre acteurs à travers les attributs qui les intéressent.
5. Conclusion
Les récentes discussions sur l’agriculture contractuelle se sont focalisées sur son impact sur le
bien-être des petits producteurs et la motivation de ces derniers à y participer. Cette recherche,
non seulement s’est intéressée aux motivations des petits producteurs de riz à participer aux
contrats de production, mais également, à celles de leurs partenaires à proposer de contrats.
Les résultats de cette recherche ont montré que les producteurs préfèrent des contrats avec
préfinancement de la production, des modes de payement au comptant, une assistance technique.
Les transformateurs quant à eux, préfèrent proposer des contrats sans préfinancement, avec des
modes de payement en différé, avec accord sur la qualité et un accompagnement technique. En
plus, ils sont prêts à proposer des contrats spécifiant des pénalités liées au non-respect des
quantités convenues dans le contrat aussi bien pour eux que pour les producteurs. Ils sont par
ailleurs prêts à payer 15,13 FCFA supplémentaires sur le prix du kg de paddy afin d’obtenir un
paddy de qualité. Aussi, pour le préfinancement de la production, ils ne sont prêts à effectuer des
préfinancements qu’à un taux d’intérêt de 13%. En effet, les transformateurs souhaitent réduire
le prix du kg de paddy de 19,48 FCFA c'est-à-dire un taux d’intérêt de 13% afin de préfinancer la
production.
Pour le succès des contrats, il est impératif de spécifier un accompagnement technique et un
accord sur la qualité. En effet, pour satisfaire aux exigences de qualité du riz, les transformateurs
ont besoin du paddy de qualité. Aussi, faudrait-il signaler qu’un accompagnement technique peut
également contribuer à l’amélioration de la qualité du paddy. Concernant le mode de payement,
des arrangements doivent être trouvés entre le producteur et son partenaire. A la livraison, le
producteur peut par exemple recevoir une partie de sa paie. En ce qui concerne le
préfinancement, des arrangements peuvent être trouvés avec des institutions de financement pour
faciliter l’accès au crédit aux producteurs, à travers les transformateurs.
24
Les recherches futures devraient évaluer les préférences des producteurs et des transformateurs
pour les attributs des contrats en utilisant les méthodes des préférences révélées. Ces recherches
doivent cependant utiliser les résultats de la présente recherche pour concevoir les contrats à
proposer aux acteurs. Afin de rendre les informations liées aux contrats plus complet le long de
la chaine de valeur riz, il serait aussi intéressant d’évaluer les préférences des transformateurs
pour les attributs des contrats qu’ils souhaitent conclure avec les commerçants, les boutiques et
les supermarchés.
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