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Fiqh al-Wâqi’ (de Aïssam Aît-Yahya) – Critique du livre parPascal Lemmel, Co-fondateur de la revue “Les Cahiers del’Islam”

Quand l’indispensable et tant attendue réforme de l’Islam aura-t-elle lieu ? Par quel moyen ? Unlivre récemment paru tente de nous montrer en quoi la discipline des sciences Islamiques nomméeFiqh Al Wâqi’, qui prend ses racines aussi bien dans la Révélation que dans la Raison, au traversd’une réforme de la méthodologie d’acquisition du savoir en Islam, pourrait contribuer à cetteréforme.

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Auteur : Aïssam Aït-YahyaCollection : C.I.R.D (Centre Islamique de Recherche et de

documentation)ISBN:978-2-9533909-9-5

Nombre de pages:158Dimensions:150mm x 210mmDate de parution: mai 2012

Prix: €12,00

Biographie de l’auteurAuteur du livre « De l’idéologie islamique française » paru en2011 où il retraçait la généalogie du modernisme occidentalet son conf lit inéluctable avec l’Islam, Aïssam Aït-Yahya signeici son second ouvrage. Diplômé de Sciences polit iques et deDroit, il représente parf aitement la nouvelle génération demusulmans f rançais, à la f ois identitaires et décomplexés. Sadouble culture et sa double érudition (occidentale etislamique) lui permettent de développer une lecture crit iquedu monde contemporain puisant aussi bien dans la Foi quedans la Raison. Anticonf ormiste et peu enclin à tolérer lenéo- impérialisme occidental qu’il soit polit ique ou intellectuel, sa réf lexion crit ique n’épargne doncpersonne en pointant les schizophrénies des uns et les incohérences des autres.

Le SujetL’ouvrage dont nous proposons ici la recension est consacré à la problématique du savoir religieuxmusulman et de son interaction avec le savoir dit «prof ane ». L’auteur y expose une méthoded’acquisit ion et de traitement du savoir en Islam nommée « Fiqh al Wâqi’ », en présentant et commentantun texte [1] du théologien saoudien Nâsir al- ’Umar, leader du mouvement « réf ormiste » de lasahwa (réveil) [2]. Il y insiste particulièrement sur les objectif s et les enjeux pour les musulmans queconstitue l’utilisation d’une telle démarche.

Sur la formeSur la f orme, le livre se divise en deux parties. Après une brève introduction, dans la première partie,l’auteur présente et commente un essai sur le thème du Fiqh al Wâqi’ publié en Arabie Saoudite en 1991par le théologien Nâsir al- ’Umar. C’est le cœur de l’ouvrage (environ 100 pages). Vient ensuite une

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seconde partie, assez courte (25 pages), composée de commentaires de l’auteur sur le texte présentéprécédemment et s’appuyant sur dif f érents commentaires réalisés par des Ulémas parmi lesquels oncitera Mouhammad Nâsir ad-Dîn d’Al-Albânî.Le propos est clair, l’ouvrage est aisé à lire. A noter toutef ois, que le texte du cheikh Nâsir al- ’Umar estabondamment commenté, explicité ou encore contextualisé par l’auteur lors de sa présentation. A telpoint, que parf ois nous pouvons en venir à perdre le f il du texte (certains commentaires pouvants’étendre sur cinq pages). Par ailleurs, ces derniers seront plus ou moins repris dans la seconde partiequi est assez courte. Cela donne parf ois une impression de redite ou de « martèlement » del’argumentation. Et ce, d’autant plus que le propos est souvent partisan, voire parf ois vindicatif .

L’introduction

Cheikh Nâsir al ‘Umar

f eqeh-alwaqei.pdf (383.65 Ko)

Dès l’introduction, l’auteur “plante le décor”. Il nousexplique les motif s ayant conduit au choix du sujet traitéainsi qu’au choix de ce texte et nous of f re une courtebiographie cheikh Nâsir al ‘Umar.Concernant la biographiedu cheikh Nâsir al ‘Umar (p11), nous retiendrons que cedernier, né en 1952, est saoudien et qu’il est l’un desleaders du mouvement « réf ormiste » de la « Sahwa »,« synthèse complexe de la matrice militante des Frèresmusulmans et du dogme wahhabite prévalant dans leroyaume ». [3]. Son engagement, l’a conduit dans lesannées 1990 à passer quatre années en détention. « Il futà la tête du mouvement de contestation lorsque legouvernement saoudien pris des mesures pour réformer son système d’Education (suite aux attaquesdu 11 septembre 2001) afin de se soumettre aux demandes occidentales et aux pressionsaméricaines de retirer de ses programmes d’enseignement la partie traitant du domaine de l’ “alliance et leDésaveu ” (al wala wal bara) ». « En 2003, il a fait partie des 26 oulémas ayant signé une fatwa légitimant leJihad des Irakiens contre les forces américaines. ». Enf in, « Au début de l’année 2011, il était lereprésentant de près de 70 universitaires saoudiens chargé de transmettre une lettre de recommandationau roi Abdallah al Saoud pour exiger des réformes d’urgence en mettant un terme à la corruption, enlicenciant les fonctionnaires incriminés et les opportunistes profiteurs, en cessant le gaspillage de l’argentpublic, en libérant les détenus d’opinions. »Le texte présenté et commenté par l’auteur, est une épître qui« a été publiée pour la première fois en Arabie Saoudite en 1991 sous le titre: ” Fiqh al waqi’muqawwimatuhu wa athâruhu wa masâdiruhu “, que l’on peut traduire par : ” La jurisprudence de la réalité :fondements, influences et sources” (voir texte original ci-joint). Comme le cheikh nous l’explique lui-même, ils’agissait pour lui de reprendre dans un exposé écrit ce qu’il avait présenté dans plusieurs conférencesréalisées à ce sujet dès la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix ». Pourl’auteur, nous sommes f ace à un texte f ondateur sur la notion de Fiqh al waqi’ dans lequel le savantsaoudien « analyse cette notion de manière réellement universitaire » (p10), « dans un style trèsaccessible » et où ce dernier « répond directement à bon nombre d’interrogations et éclaircit de nombreuxpoints obscurs qui gravitent autour de cette importante notion de Fiqh al waqi’, permettant à tout lecteurintéressé de mieux appréhender ce que recouvre ce principe ». Nous adhérons en grande partie à cepoint de vue même si le volume des commentaires et annotations est là pour nous rappeler que lespropos ont souvent besoin d’éclaircissements (et surtout de contextualisation). Enf in, pour l’auteur, unautre atout du texte (plus discutable d’un point de vue scientif ique) vient de ce que « le cheikh Nâsir al‘Umar est l’un des principaux acteurs de la sahwa en Arabie Saoudite et son épître ” Fiqh al waqi’ ” est danscet exact esprit ” sahwiste “ ».

L’EpitreLe “décor planté”, venons-en au sujet proprement dit et donc à l’épitre présentée dans la première

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partie.Celle-ci commence en réalité par un commentaire de l’auteur visant à expliciter linguistiquement leterme «Fiqh al wâqi’ » (p19). Le terme « wâqi’ » est assimilé à « Réalité » sur la base de l’exégèse de laSourate al Wâqi’a, dont le nom est traduit communément par « l’Evènement ». Par ailleurs, deux sens duterme « Fiqh » sont donnés : Compréhension et « savoir/connaissance », l’auteur précisant que l’onretrouvera ces deux sens dans l’exposé du cheikh et qu’en conséquence le « Fiqh al wâqi’ » pourraparf ois être vu comme une science (‘Ilm), parf ois comme la « capacité de l’intelligence […], de saisirparfaitement la signification d’une chose ». D’où la déf init ion de «Fiqh al wâqi’ » f inalement avancée parl’auteur : « On comprendra à la fin de cette épitre, que « Fiqh al wâqi’ » en arrivera à signif ier uneméthodologie islamique de réflexion et d’analyse du monde contemporain, de ses sociétés et deshommes ». Cette déf init ion sera d’ailleurs reprise en f in d’ouvrage (p146) et la notion « ‘Ilm al wâqi’ »sera distinguée et explicitée comme étant ce qui « constitue l’ensemble des sciences, des connaissancesthéoriques, techniques ou pratiques disponibles à un moment précis de l’histoire. C’est aussi un ensemblede savoirs académiques issus d’une multitude de disciplines, et les plus diverses qui soient ».De son côté, dans son épitre, le cheikh Nâsir al ‘Umar donne la déf init ion suivante de « Fiqh al wâqi’ »(p35) : « C’est une science qui consiste à analyser les situations qui prévalent à notre époque, àcomprendre les facteurs qui exercent une influence sur la société, les forcent qui orientent les Etats. Maiselle consiste aussi à étudier les idées destinées à déstabiliser le dogme (‘aqida), ainsi que les moyenslégitimes qui permettent de protéger l’Oumma et [d’assurer] son progrès présent et futur ».Plusieursremarques ou questions viennent alors à l’esprit du lecteur : Peut-on trouver dans les disciplinesoccidentales un équivalent au « Fiqh al Wâqi’ » ? A l’évidence non. L’assimiler à une SHS [6] serait pourl’auteur, une erreur (p35). Le Fiqh al Wâqi’ présente une dimension prospective et peut intégrer dessciences dites « dures ». Pour autant ce serait aussi certainement une erreur que de l’assimiler à unescience au sens épistémologique que lui donne l’occident [7] (p36). C’est pourquoi on parlera plutôtde méthodologie . Un autre concept, plus actuel, vient immédiatement à l’esprit du lecteur : celui deThink-Tank (la mise en place de telle structure sera d’ailleurs évoquée plus loin comme l’une des« f inalités » du Fiqh al waqi’, p81).Autre question : Tout spécialiste (même non musulman) d’une science prof ane n’est- il pas en capacité deremettre en question une f atwa semblant « erronée » ou « injustif iée » ?…Enf in, quels sont lesf ondements d’une telle science en Islam ?… C’est l’objet du second chapitre de l’épitre. Le Coran,la sunna (les deux sources principales du Fiqh ) mais aussi l’histoire des premiers calif es sont évoqués.La sunna, pour montrer que le Prophète de l’Islam (ç) a notamment accordé une grande importance à sonenvironnement géo-polit ique (exil en Abyssinie, missives envoyés « aux nations, aux rois et aux tribus »,p42). De même, le Coran contient de nombreux versets renseignant les musulmans sur la nature, lesobjectif s et les projets de leurs opposants. D’ailleurs, pour le cheikh, f aisant l’analogie entre la situationdes musulmans du temps de la révélation menacés par les empires rivaux Romain et Perse et lesmusulmans d’aujourd’hui menacés par les blocs rivaux Américain et Russe (nous sommes en 1990), c’estla preuve que l’utilisation du Fiqh al wâqi’ est impératif . En complément à ces sources, Nâsir al ‘Umar f eraréf érence entre autres à Ibn Taîmiyya et son disciple Ibn Al-Qayyim ou encore à Abderrahman Ibn Sa’di(1889-1956) et Mohammed Qotb, f rère de Saïd Qotb. L’auteur évoquera ce dernier comme source en f ind’ouvrage (p141).Mais pourquoi les Musulmans auraient- ils l’impérieuse nécessité d’utiliser et dedévelopper cette discipline ?… C’est qu’aussi bien pour le Cheikh Nâsir al ‘Umar (p 27 à 31) que pourl’auteur, les musulmans, après avoir été à la pointe des civilisations ont régressé de f açon tragique. Orles causes sont à rechercher tant à l’intérieure de la Umma ou les musulmans se sont éloignés desenseignements f ondamentaux de l’Islam et de la voie des prédécesseurs (Salaf ) qu’à l’extérieur dumonde musulman ou les ennemis « complotent et planif ient » (p31). Ce n’est qu’en menant une analyseapprof ondie de « la réalité » que les causes de cette décadence pourront être déterminées et les bonnesdécisions prises en vue d’un redressement.C’est ainsi que « Le fiqh al wâqi’ permet de concrétiser le principe de l’alliance et du désaveu (al wala walbara) en actualisant les principes dogmatiques islamiques à la réalité du kufr et du shirkcomtemporain » (p50) puisqu’il permet au musulman, en analysant et en comprenant la « réalité » dedécouvrir les f ormes actuelles de kuf r (mécréance) et de shirk (associationnisme). Au passage, il est clairtant pour le Cheikh Nâsir al ‘Umar que pour l’auteur, que la f aute de la « décadence » des paysmusulmans incombe en grande partie aux dirigeants qui oscillent entre une allégeance ou une imitationservile de l’occident et le maintien de dictatures quasi « laïques ».C’est pourquoi, le Fiqh al waqi’permettra entre autres (chap IV, p71) de :

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Prendre conscience de la réalité de la situation , de mesurer la responsabilité de chacun f ace àcette situation et à terme de surmonter les obstacles,(p87)

produire des Fatwa réellement adaptées au contexte des musulmans, ancrée dans la réalité,

« optimiser » la prédication (Dawa’), (p77)

prendre de bonnes décisions, réellement f ondées (p78)

constituer des élites pluridisciplinaires, ayant une approche systémique af in de proposer unevision globale et non des solutions parcellaires aux problèmes (p79)

planif ier à long terme les actions de la Oumma p81

déjouer les plans des ennemis de l’Islam p83 et redonner aux musulmans le rayonnement passé

Pour atteindre ces objectif s, le savant devra mettre en œuvre une méthodologie précise (chap V, p93) etnotamment vis-à-vis : de la collecte et du traitement de l’inf ormation ou les sources doivent être f iableset vérif iées, (p94,95,115), des « avis prospectif s » (anticipation de l’avenir) réalisés qui doivent être« réalistes » et surtout ne pas être érigés en « vérité »(p97, car personne ne peut réellement prédire lef utur) et enf in, éviter « d’admirer les mécréants et les égarés » (p100) dans le sens ou les étudiants enFiqh al waqi’ pourraient en venir à « admirer » les penseurs non musulmans étudiés et adhérer à certainesde leur opinions non conf ormes aux préceptes de l’Islam. Enf in, on ne devra jamais oublier que lescauses des événements ne sont pas uniquement « matérielles » ou rationnelles mais peuvent releverd’un ordre supra-rationnel.Enf in, nous l’avons déjà souligné, les sources utilisées dans cette discipline sont à la f ois Islamiques etprof anes (Chap VI, 105). C’est là, la particularité et certainement aussi toute la dif f iculté du Fiqh al Wâqi’,car qu’elles sont les limites des utilisations repectives des deux champs ?. Coté Islamique, il s’agit enpremier lieu du Coran et de son exégèse, de la Sunna, mais aussi de la biographie des prédécesseurs,des ouvrages sur le dogme et la jurisprudence. Autant de sources classiques en sciences Islamiques.D’après le Cheikh, viennent ensuite se rajouter l’étude de l’histoire, les écrits relevant des sciencespolit iques ainsi que les sources médiatiques. L’auteur y rajoutant toute science utile pour traiter le sujetconcerné.

Commentaires de l’auteur sur l’épitreDans la seconde partie, plus courte, l’auteur nous livre ses commentaires. Il commence par y rappeler quela restauration de l’utilisation au Fiqh al Waqî’ est le f ait du mouvement de la Sahwa f ace à la « menace »occidentale et à des gouvernants « déf aillants », restauration à laquelle s’opposa les deux courants des« libéraux modernistes pro-occidentaux » et des « religieux conf ormistes progouvernementaux »saoudiens (p125) représentés à ses yeux notamment par les cheikhs Rabi’ ibn Hadi al Madkhali et dansune moindre mesure, Sâlih al-Fawzan. Ces deux courants s’attaquèrent à la pertinence de l’utilisation duf iqh al wâqi’ avec une argumentation que l’auteur considère comme « f aible » (il présente ses contre-arguments) et qui « prouve que le Fiqh al Waqî’ en lui-même reste fondamentalement incompris» (p131)ou encore que « les attaques contre le fiqh al waqi’ sont très subjectives et poursuivent très souvent un butinavoué : celui d’interdire une critique d’inspiration islamique (au sens théologique) des systèmes politiquesactuels, afin de limiter au maximum son intrusion dans le champ politico-social ». Car pour l’auteur, c’estpeut-être en cela que réside l’intérêt principal du f iqh al waqî : « statuer sur la réalité des Etats arabo-musulmans, sur leur responsabilités réelles dans la situation actuelle de l’Oumma, mais aussi surtout celanous permet de définir leur nature intrinséque. »(p133). Il en veut pour preuve les f atwas émises par lecheikh Ibn Bâz (alors grand Muf ti d’Arabie Saoudite) en f aveur de trêves avec Israël, basés sur desarguments classiques issus d « ‘ilm shar ’ri » sans prendre en compte « la réalité contemporaine ducontexte au Proche-Orient » (donc sans utiliser le Fiqh al wâqi’). Au f inal, les trêves ne f urent jamaismises en application… ce qu’avaient « prédit » les Oulemas de la Sahwa… preuve pour l’auteur de l’utilitédu Fiqh al Waqî’ .Dans sa « conclusion », l’auteur nous rappelle que pour lui « l’idée fondamentale qu’elle recouvre [ladénomination du fiqh al wâqi’] a toujours existé chez les juristes et les « théoriciens du droit ». », et ceci,même si certains savants la considèrent comme une hérésie. Pour l’auteur, ces derniers sont soit dessavant incapables de comprendre le Fiqh al Wâqi’, soit des savants agissant dans le cadre « d’une luttepartisane et idéologique ». Car pour l’auteur, à n’en pas douter, le Fiqh al wâqi’ est la clé pour

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« appréhender les causes, étudier et analyser le réel pour proposer les solutions et les actions les pluslégitimes et les plus pertinentes, pour le présent afin de garantir le futur de l’Oumma ».

Que retenir ?Au f inal, nous avons ici un texte au langage clair sur un sujet incontestablement d’actualité. En ef f et,comme l’auteur, nous pouvons adhérer à l’idée qu’une réf orme de la conception du savoir en Islam estindispensable en vue de la reconstruction d’une élite musulmane à la f ois respectueuse des préceptesIslamiques, de son éthique et en phase avec les déf is et enjeux contemporains. De f ait, dans un ouvrage dont l’aspect didactique est la principale f orce, nous comprenons bien pourquoi et en quoi le Fiqh al wâqi’pourrait constituer un élément de cette réf orme. De même, il devient clair que le f iqh’ al Wâqi’ correspondà une voie médiane entre les partisans d’une transmission f igée des Textes et les partisans d’uneoccidentalisation radicale dans la méthode d’acquisit ion du savoir.Mais, quant au comment pour la miseen oeuvre, le lecteur restera sur sa f aim. A notre sens, il aura un peu de mal à voir comment pourrait êtremis en œuvre le Fiqh al Wâqi dans le cadre d’émission de Fatwas destinées au « grand public », ou pourrésoudre les problématiques des musulmans d’occidents. En ef f et, seuls des exemples concernant lagéo-polit ique, relative au proche orient, sont évoqués. A tel enseignement, qu’au f il de la lecture, le f iqh Alwâqi’ ne semble plus qu’être une « arme » pour lutter contre un occident toujours plus impérialistene cherchant qu’ « maintenir l’Islam en état d’infériorité et de dépendance envers l’Occident, envers sasacro-sainte Modernité et son modèle de développement ».De plus, le propos est quelque peu desservitpar une argumentation souvent partisane (même si l’auteur s’en déf end p15) et un ton parf ois belliqueux.Seuls les savants rattachés à la mouvance Salaf iste (en particulier Wahhabite) sont cités en réf érence oril aurait certainement été intéressant de connaitre l’opinion d’autres savants modernes ou classiquesappartenant à d’autres branches. Cela aurait conf orté le lecteur sur le statut du Fiqh al wâqi’. De même,en cantonnant à la seule sphère saoudienne les échanges sur le sujet, la légit imité du f iqh al wâqî au seindes sciences islamiques semble s’en trouver limitée. Nous avons parf ois l’impression qu’il ne s’agit qued’un pur « produit » du mouvement de la Sahwa ou bien encore que le sujet n’est qu’un prétexte pouralimenter une querelle de « minarets ».Au-delà de ces points, le livre est donc à conseiller pour découvrir ce qu’est le Fiqh’ al Wâqi’. Grace à sonaspect didactique, le lecteur pourra sans aucun doute comprendre ce qu’est Fiqh al wâqi’ et mesurerl’ampleur de la ref orme à entreprendre.

________________________________________________________[1] dont nous f ournissons en pièce jointe le texte original en arabe

[2] qui notamment s’opposa à la Fatwa autorisant l’intervention des américains lors de la première guerrecontre l’Iraq

[3] Stéphane Lacroix, Les islamistes saoudiens: une insurrection manquée, Paris, Presses Universitairesde France, 2010,

[4] (nous conf irmons ce dernier point).

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[5] p14. « le mouvement de la sahwa est une synthèse particulièrement réussie et pertinente, entre lesdifférentes tendances se réclamant toutes de l’orthodoxie sunnite, de sa tradition et de sa filiation : enArabie Saoudite avec la da’wa najdiyya initié par le cheikh Muhammad ibn Abdel-Wahâb, dans le Proche-Orient le mouvement réformiste de la salafiyya du 20éme siècle et la tradition ” moderniste ” (au senscommun du terme) issue de la matrice des premiers Frères Musulmans en Egypte. […] Or, par son actionvolontariste, elle fut prise entre l’enclume et le marteau, en ayant à combattre sur trois fronts intérieurs : lesimams et prédicateurs passéistes progouvernementaux, les intellectuels modernistes pro-occidentaux et lesservices de l’Etat lui-même. »

[6] Sciences Humaines et Sociales

[7] Cf Karl Popper.

Source : Les Cahiers de L’Islam