an- - henry-lemoine.com · CURIOSITÉS DU DISQUE• Luckey Roberts enregistre pour Columbia deux...

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Apparues vraisemblablement dans les années 1890, trois types de musiques noires vont avoir uneinfluence certaine sur le développement du jazz : il s’agit du gospel (sorte de modernisation du spiritual),du blues rural et du ragtime. Seul ce dernier bénéficie de moyens de diffusion importants au tournantdu siècle. Originaire de St. Louis, le ragtime devient à la mode dans les années 1900-10 grâce auxrouleaux de piano, au disque et à la partition (cf. 1897). Musique entièrement écrite, par des compositeursconnus contrairement au blues, le ragtime est essentiellement pianistique, même s’il fut souventtranscrit pour banjo ou orchestre.

Depuis les années 1890, le jazz est en gestation, essentiellement à La Nouvelle-Orléans, mais il nesera pas diffusé par le disque avant 1917.

On distingue deux types d’orchestres à La Nouvelle-Orléans : les fanfares de rue (les fameux « streetbands » ou « brass bands », simplification des fanfares semi-militaires) et les orchestres de danse,jouant une musique syncopée à base de ragtime et de blues, qu’on n’appelle pas encore jazz. Ces der-niers orchestres comprennent une section mélodique formée généralement d’un cornet, d’un trombone,d’une clarinette, voire d’un violon et d’une section rythmique composée à l’origine d’une batterierudimentaire, d’une guitareet d’une contrebasse à cordeset très rarement d’un banjoet d’un tuba, contrairement àune idée reçue tenace. Cesorchestres n’ont générale-ment pas de piano, ce qui leurpermet une plus grandemobilité. Les musiciens jouentassis en ligne, dans un ordreimmuable, de gauche à droite :batterie, trombone, cornet (outrompette), clarinette (plustard saxophone), violon, gui-tare (ou banjo), contrebasse,comme on peut le voir sur laphoto ci-contre.

Cette photo de l’orchestre de Kid Ory en 1905 montre clairement l’orchestration néo-orléanaise de cette période et la disposition habituelle des instrumentistes.

l e s a n -n é e s . . .

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• Les États-Unis achètent les îles Vierges au Danemark.

• Cinéma muet : D.W. Griffith réalise INTOLERANCE.

• Naissances : le compositeur Henri Dutilleux, le chanteur populaireLéo Ferré, le violoniste Yehudi Menuhin, le chef d’orchestre demusique latine Perez Prado.

• Décès : Enrique Granados, Jack London.

ENREGISTREMENTS • CONWAY’S BAND (Vic) : Two-Key Rag.• HARRY THOMAS (Vic) : A Classical Spasm ; Delirious Rag.• THE VERSATILE FOUR (HMV) : Down Home Rag.

PREMIER ENREGISTREMENT SOUS SON NOM • WilburSweatman (34 ans).

CURIOSITÉS DU DISQUE • Luckey Roberts enregistre pourColumbia deux solos de piano rejetés. Il lui faudra attendre 1946pour pouvoir enfin enregistrer à nouveau sous son nom !• Le premier enregistrement d’un morceau comportant lemot jazz dans son titre est That Funny Jas Band fromDixieland, gravé par Arthur Collins & Byron G. Harlan le1er décembre (Edison).

ACTIVITÉS • En mars, un groupe de musiciens blancs quitteLa Nouvelle-Orléans pour Chicago ; ils forment, sous la directiondu batteur Johnny Stein, le Stein’s Dixie Jass Band. Après ledépart du leader et quelques changements de personnel, ilsdeviennent l’Original Dixieland Jass Band (ODJB) sous ladirection musicale du cornettiste Nick LaRocca. L’histoire esten marche (cf. 1917).• Selon la légende, quand la compagnie Victor voulut enregistrerl’Original Creole Band, Freddie Keppard aurait déclaré :

« Rien à faire, les gars. On va pas mettre nos trucs sur disque pourqu’on nous les pique ! »

DIVERS • Une partition publiée à Chicago porte le mot jazz dansson titre : When I Hear That “Jaz” Band Play (m. Eddie Gray -p. Jerry Joyce) (voir aussi rubrique Curiosités du disque).

DISQUE • Premiers enregistrements chez Brunswick.• Fondation du label Paramount appartenant à la compagnieRecording Laboratories.• Premiers disques Vocalion.

ÉDITION MUSICALE •Fondation de TriangleMusic Co. par Joe Davis quiéditera beaucoup de jazz-men compositeurs noirs.

À L’ÉCRAN • Bert Williams tourne une série de courts-métrages.Pendant la projection d’un de ses films à Brooklyn, une émeuteraciale fait deux morts.

COMPOSITIONS • Beale Street Blues (mp. W.C. Handy) ; Downin Honky Tonk Town (mp. Chris Smith, Chas R. McCarron) ; I Ain’tGot Nobody (m. Spencer Williams - p. Roger Graham) ; Ole Miss(m. W.C. Handy) ; Poor Butterfly (m. Raymond Hubbell - John L.Golden) ; Shim-Me-Sha-Wabble (mp. Spencer Williams).

NAISSANCES • Svend Asmussen (vln), Red Callender* (b),Charlie Christian* (g), Don Ewell (p), Slim Gaillard* (voc), TinyGrimes* (g), Bill Harris (tb), Harry James (tp), Al Lirvat (tb), JayMcShann* (p), Oscar Moore* (g), Les Paul (g).• R&B : Bill Doggett*.

DÉCÈS • Le minstrel Sam Lucas* (75 ans).

• Révolution russe.

• Les États-Unis déclarent la guerre à l’Allemagne.

• George M. Cohan compose illico Over There qui deviendra lachanson la plus populaire de la guerre.

• Première du ballet PARADE par les Ballets Russes au théâtre duChâtelet à Paris ; musique d’Erik Satie (comprenant des sons desirènes et de machine à écrire), livret de Jean Cocteau, chorégraphiede Leonide Massine, décors et costumes de Pablo Picasso. Dans sadescription du ballet pour le programme, Guillaume Apollinaireutilise le mot surréalisme pour la première fois.

1916

1917

ANNÉES 1920 : LE SAXOPHONE ENVAHIT LA MUSIQUE POPULAIRE ET LE JAZZ

Rudy Wiedoeft, premier saxophoniste virtuose dansla musique populaire, a contribué au succès de

l’instrument dans les années 1920. Il jouait de l’altoet du ténor en ut (« C-melody sax ») et a écrit de

nombreuses pièces pour l’instrument ainsi qu’uneméthode. Ce recueil de solos date de 1928.

« Le saxophone est aujourd’hui l’ins-trument le plus populaire en Amériqueet il le devient chaque jour davantage»,nous dit cette publicité datant de 1926.

© 1923

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Black and Blue, France Culture, émission du 18 novembre 2005

Préfacé par l’excellent Claude Carrière, le livre dePhilippe Baudoin, publié par Outre Mesure dontson fondateur, Claude Fabre, a fait une des mai-sons les plus exemplaires au monde en cedomaine […] se présente, explicitement, commeune chronologie du jazz, du XVe siècle à l’an 2000inclus. À partir de 1900, l’ouvrage laisse voir ceque sera bientôt sa forme définitive, laquelle nousest dévoilée aux alentours de 1912, ce qui esttrès tôt […]. Une année dans la vie du jazz, selonBaudoin, c’est un contexte politique, social, éco-nomique et esthétique, à l’échelle de la planète.Exemple : 1952, cette année s’ouvre sur l’obser-vation suivante : « première année sans lynchageconnu, aux États-Unis ». […] On explore le com-portement du sujet, on examine son corps soustoutes les coutures, quand on n’autopsie pas soncadavre, et le miracle dans l’histoire, c’est que,par petites touches successives, c’est l’âme d’unemusique qui nous est révélée, et qu’à force d’in-terroger le quotidien, c’est ce qu’il y a en cettemusique de plus intemporel que l’auteur nous metdevant les yeux. On pourrait se noyer dans lesdétails : tout au contraire, chacun d’eux concourtau rassemblement des informations brassées parce livre. Chacun d’eux se range dans une per-spective parfaitement claire. Et voilà le paradoxefécond de cette entreprise : pariant sur l’analysemicroscopique, elle réalise une remarquable syn-thèse. De là encore, nous sortons un peu plusintelligents : ce n’était pas du luxe ! (Alain Ger-ber)

Jazz Magazine, septembre 2005Il est fou Philippe Baudoin ! Depuis le temps qu’onl’espérait ce monumental inventaire de l’aventuredu jazz : de sa préhistoire jusqu’à l’an 2000. […]Traversant le jazz de toutes les manières possi-bles […], ces annales tiennent la gageure de s’im-poser à la fois comme outil pédagogique etcomme un passionnant objet de lecture. BravoBaudoin. (Philippe Carles)

Jazz classique, septembre 2005Le livre de Philippe Baudoin nous aide à y voirclair. Il ne se contente pas d’apporter quantitéd’informations peu connues sur tout un tas desujets […], il nous permet de les situer, d’enapprécier la portée en utilisant les cases chrono-logiques que nous avons déjà construites grâce ànos discothèques. […] Pour arriver à un tel résul-tat, il fallait deux qualités que P.B. possède auplus haut point. D’abord une érudition sans faille,ensuite un état d’esprit. La « Chronologie » est

un travail d’historien, le travail de quelqu’un qui neconfond pas ses goûts et la réalité de son sujet,qui est suffisamment informé pour apprécier tousles aspects du jazz. Nous reconnaissons bien làP.B., sa curiosité, son absence de sectarisme. La« Chronologie du jazz » n’est pas seulement unlivre édifiant, c’est aussi un livre séduisant, avecune belle mise en page et – quel bonheur ! – uneiconographie riche et originale […]. Voilà une« Chronologie du jazz » qui fera date. C’est à coupsûr le livre de l’année 2005 ! (Guy Chauvier)

Charlie Hebdo, 28 septembre 2005Un très bel album vient de paraître aux ÉditionsOutre Mesure […]. Il fera les délices de tous ceuxqui aiment cette musique […] Bourré d’anecdotes,de faits divers et de joyeuses « perles » écritespar des spécialistes à l’inculture envahissante, celivre est, de plus, riche d’une iconographie excep-tionnelle et quasi inédite. Indispensable dans labibliothèque du jazz-fan. (Siné)

Jazzman, octobre 2005Baudoin part du noyau dur indiscutable du jazzhistorique, fouille ses origines avec passion etmarche vers la fin du siècle avec une curiositéperplexe : jusqu’où ça va ? Qu’est-ce qu’il enreste ? […] Avec son index par rubriques, […] lachronologie de Baudoin détrônera sur l’étagèrecelle de Ken Vail. (Franck Bergerot)

Sud-Ouest, 2 octobre 2005Un des ouvrages sur le jazz les plus divertissantset les plus passionnants de ces dix dernièresannées. […] On trouve peu de ce qu’on croitsavoir, beaucoup de ce qu’on aurait dû penser,un vrai régal. Une machine à remonter le tempoqui s’impose au chevet d’une musique qui abesoin de ce genre de passion pour durer. Vite !(Yves Harté)

Jazz Hot (www.jazzhot.net), supplémentInternet (n° 624), octobre 2005

L’ensemble, richement illustré avec des docu-ments parfois rares, est établi selon une typogra-phie normalisée rigoureuse, qui en rend l’accèsfacile, d’autant que le mode d’emploi très clair etla présentation très visuelle du sommaire en amé-liorent la lisibilité. C’est un ouvrage qui permettrade replacer le jazz dans la perspective du tempset à ceux qui ont besoin de repérages chronolo-giques d’y accéder avec facilité et relativementrapidement […]. Ce livre ressemble à son auteuret correspond à la conception actuelle d’une cer-

EXTRAITS DE PRESSE

taine histoire ; le souci du détail et la précision,d’une part, le rassemblement des informations etleur organisation dans une normalisation prag-matique, d’autre part. Dans cette perspective, ils’agit d’un travail remarquable. Philippe Baudoin afait œuvre d’archiviste en collationnant l’informa-tion et en permettant, dans un classement sim-ple, d’y accéder alors qu’elle est souvent épar-pillée, voire inaccessible. Bravo ! (Félix W. Sportis)

www.citizenjazz.comLorsque Philippe Baudoin, musicien, spécialistedu jazz, se lance dans une recherche c’est pourillustrer le terme « exhaustivité ». Ce chercheur,professeur, membre de l’Académie du jazz n’enest pas à son coup d’essai. Pourtant, l’ouvragequ’il publie aujourd’hui est resté « en construc-tion » pendant de nombreuses années. C’est doncune sage décision que d’avoir compilé et concen-tré toutes ces informations en un ouvrage concis,simple et efficace.À quoi sert cette Chronologie du jazz ? À rien,bien sûr, si du passé l’on a fait table rase.Mais le mélomane curieux qui d’un coup, auréveil, en proie au plus affreux doute, sedemande en quelle année Eric Dolphy a enregistréson premier disque, se précipitera sur sa chrono-logie pour y trouver la réponse (et passer ainsiune bonne journée).Philippe Baudoin classe. Il a choisi d’organiser leschamps en rubriques qui devraient répondre àquasi toutes les questions. Les chapitres sontregroupés par décennies, et chacun d’eux faitl’objet d’une introduction historique générale (àl’exception des premières pages qui vont du XVeà 1900). Ensuite, les chapitres sont découpés parannées, soit de 1900 à 2000. Pour chaque année,il a (le cas échéant) consigné un choix d’enregis-trements significatifs, le premier enregistrementd’un musicien sous son nom, des curiosités dis-cographiques ou musicologiques, des événementsparticuliers du monde du jazz, des prestationsscéniques remarquables, les « premières » (émis-sions de radio, créations de revues, fondationsde labels, publications de livres, inaugurations delieux), un sottisier, les films, spectacles ou revuessur ou avec du jazz, les compositions, les nais-sances et décès de musiciens ou personnalités dujazz.Pour illustrer ses propos, cet éternel collection-neur a puisé dans sa réserve et en a sorti plus detrois cents illustrations (en noir et blanc), dontcertaines tiennent plus de l’icône sacrée que desimages Poulain. Enfin, un petit portfolio de l’au-teur clôt cet ouvrage.Pour faciliter la recherche, il a composé un indexde 64 pages classé par rubriques. De plus, surson site www.baudoinjazz.com, Philippe Baudoinproposera très vite les illustrations en couleurs,les ajouts, les corrections, tout le matériau néces-saire pour donner à cette « Chronologie » unmouvement perpétuel.International, le champ d’action est néanmoins

très francophile. On y retrouve ainsi quelquessouvenirs personnels, quelques lacunes aussi. Carles dernières années (1990-2000) sont moinsétoffées, par « manque de recul ». Or c’est bience qui caractérise cet ouvrage : le recul. PhilippeBaudoin a su attendre le temps nécessaire pourqu’une échelle de valeurs lui paraisse évidente.Comme toute compilation d’informations, ellereste très personnelle. Mais, son objectivité nesaurait être remise en cause. Il est de toute façonimpossible de choisir objectivement et sans pas-sion une vingtaine de références discographiquespour illustrer une année qui en comptait 300. Il adonc tranché.Cet ouvrage, sorti chez Outre Mesure, honore unefois de plus son auteur par la précision de sontravail, et son éditeur par la qualité de l’objet.(Matthieu Jouan)

[ÉLU]

Le Bulletin des nouveautés (Ministère desAffaires étrangères), n° 22, septembre 2005

[…] voici qu’il [Baudoin] nous offre enfin, en uneluxueuse synthèse, des sortes d’annales illustrées[…] qui traversent la jazzosphère de sa préhis-toire jusqu’à l’aube du XXIe siècle, […] enn’omettant jamais de rappeler le contexte poli-tico-historique […] Ce pourrait être déjà unesomme formidablement utile pour le néophyte etle professionnel, pour l’ignorant et le chercheur,mais Baudoin a pris soin […] de pimenter sonouvrage de traits d’humour aussi divertissants etinstructifs qu’un « sottisier » et nombre de« curiosités du disque ». Un outil indispensable,mais pas seulement. (Philippe Carles)

Trad Magazine (www.tradmagazine.com)Un ouvrage très complet illustré d’un nombreimpressionnant de reproductions de couverturede partitions et d’affiches. Il fallait un connais-seur érudit, historien du jazz et musicien commePhilippe Baudoin pour mener à bien un tel tra-vail. Comme le dit Claude Carrière dans la pré-face, « cet ouvrage n’a pas d’équivalent dans lalittérature jazzistique ». Autant les biographiesde musiciens sont légions, autant les ouvragespédagogiques, documentés, précis sont beaucoupplus rares dans le domaine du jazz. Après unetrentaine de pages relevant les principales datesde l’histoire sociale et musicale des États-Unissont passés en revue année par année les princi-paux évènements musicaux du jazz entre 1900 et2000. De manière claire et synthétique, les prin-cipaux évènements musicaux, poétique, poli-tiques, cinématographiques sont répertoriés dansun classement par rubriques telles que : enregis-trements, activités, compositions, édition musi-cale, et même un sottisier qui relève avec humeurquelques perles tel cet extrait paru dans unerevue américaine des années vingt qui affirmeque « le jazz est nuisible aux esprits et aux corpsdes jeunes » et c’est « peut-être l’explication del’énorme taux de criminalité actuelle ». Doté d’un

puissant index d’auteurs et de compositions cetouvrage à peine sorti est d’ores et déjà plus quenécessaire, indispensable ! (Michel Plisson)[BRAVO Trad Magazine]

Deux sets à neuf, France Musiques, émission du 17 novembre 2005

[…] Appelé à devenir une bible, sinon une réfé-rence dans le monde du jazz. (Lionel Esparza)

Le Journal de l’Île, 13 novembre 2005

Un chef-d’œuvre d’érudition« La machine à remonter le tempo ». Dans sonouvrage, « Une chronologie du jazz » aux Édi-tions Outre Mesure, Philippe Baudoin nous pré-sente une vision originale de l’histoire du jazz,voir de sa préhistoire, à travers un siècle d’évé-nements de 1900 à l’an 2000. Ce livre uniquecouronne vingt ans de recherches dans lesdomaines du disque, de l’édition, du cinéma, de laradio, du spectacle et de l’enseignement. Pasmoins de vingt rubriques s’offrent à la curiosité dulecteur dressant un inventaire quasi exhaustif desenregistrements de l’année concernée ainsi quedes compositions et des standards et mention-nant les naissances et les décès des jazzmenconnus. Pour rendre beaucoup plus attrayante savaste étude de trois cents pages, Philippe Bau-doin l’a illustrée avec autant de documents pourla plupart inédits et en noir et blanc issus de sacollection personnelle telles que couvertures departitions et revues anciennes, pochettes demicrosillon d’hier ou photos d’affiches et deconcerts. À titre d’exemple, ont été sélectionnéestrente deux photos de partitions du célèbre SaintLouis Blues composé en 1914 par William-Chris-topher Handy. Il en existe plus de mille cinq centsversions enregistrées révèle Philippe Baudoin.Dans cette « chronologie » la vie du jazz enFrance occupe une place de choix. L’auteur rap-pelle que, dès 1920, le jazz avait envahi les spec-tacles de la capitale : au Casino de Paris dans larevue « Paris qui jazz » Mistinguett crée la chan-son Mon homme, futur standard qu’interpréte-ront notamment, plus tard, Billie Holiday et Dizzy.A l’Eldorado, le fantaisiste Alibert chante Y’a dujazz partout. En 1925 « La Revue nègre » triom-phe aux Champs Élysées avec Joséphine Bakeret un certain Sidney Bechet. Neuf ans plus tard,naît la première formation à cordes de l’histoiredu jazz, le quintet mythique du Hot Club deFrance, conduit par Django et Grappelli. Cettevitalité du jazz en France ne s’est jamais démen-tie entretenue, notamment, par un nombre crois-sant de festivals – près de trois cents recensés àce jour – l’ouverture de nombreux clubs et caba-rets, la création de classes spécialisées dans desconservatoires de régions. La première date de1963 à Marseille dirigée par le trompettiste GuyLongnon, l’oncle du bouillant Jean-Loup. Dans unsouci pédagogique, Philippe Baudoin fait précé-der chaque décennie d’une synthèse de deuxpages relative aux principaux courants et aux

acteurs clés de la période concernée. Dans la syn-thèse de la dernière décennie, 1990-2000, l’au-teur aborde sous forme de conclusion l’avenir dujazz : « Chaque courant musical meurt un jourde sa belle mort. Un siècle c’est déjà beaucouppour un art singulier comme le jazz et, commerien n’est jamais fini, nous serons réconfortés à lapensée que la plupart des musiques du futur vontbénéficier longtemps de la formidable liberté quele jazz leur laisse en héritage ». (Jean-Claude deThandt)

Bulletin du Hot-Club de France (www.hot-club.asso.fr) :

Encore un magnifique ouvrage de Philippe Bau-doin, véritable puits de science du jazz en France.[…] Suggestions pour se constituer une disco-thèque de base. Un ouvrage vraiment complet etsuperbement documenté. (Alain Hautrive)

Sefronia (www.sefronia.com), 15 septembre 2005

Les remarquables Éditions Outre Mesure quedirige Claude Fabre avec passion, présentent pourcette rentrée 2005, une pièce rare et vraimentattendue en France : une chronologie du jazz (etde quelques musiques improvisées jusqu’en l’an2000) par Philippe Baudoin. Ce livre est un régal,un « usuel » au même titre qu’un dictionnairedans lequel, non seulement tout amateur de cesmusiques, mais encore tout lecteur, se délecterade trouvailles aussi originales que pédagogiques.Cette somme de 300 pages et 309 illustrations(pour la plupart inédites) traverse l’histoire dujazz et du XXe siècle, en déclinant plusieurs thé-matiques : jazz et cinéma, jazz et photographie,jazz et humour, les clubs de jazz, le jazz et lestrains…Les principaux enregistrements historiques, lesmeilleurs spectacles (à la scène comme à l’écran),les ouvrages essentiels, les standards du jazz, lespochettes des albums les plus marquantes, etd’autres « curiosités », sans oublier de précieux« détails » comme par exemple, les premiersenregistrements sous les noms des principauxmusiciens, sont répertoriés dans divers index etrubriques facilement consultables. Un formidabletravail qui constitue un livre de chevet tout à faitcaptivant, à la mise en page des plus agréables,que l’on ne se lassera pas de consulter. Bravo àl’auteur et à son éditeur pour avoir concrétisé ceprojet ! (Sophie Chambon)

Jazz Notes, n° 85, octobre 2005Un ouvrage qui va combler les passionnés dejazz. […] Un document pédagogique qui permet-tra de bien mieux connaître cette musique et devous constituer une discothèque. Bref, un travailqui n’avait jamais été fait, et qui permettra auxnéophytes, comme aux érudits, d’apprécier cettemine d’informations. En outre, cela se lit avecavidité. (Gérald Mathieu)

Politis, 15 décembre 2005Une approche, richement illustrée, qui permet desaisir les dynamiques de création dans le tempslong, tout en retrouvant précisément les momentsimportants qui les ont jalonnés, toujours repla-cés dans l’histoire sociale et politique des États-Unis. Indispensable pour tous. (Denis-ConstantMartin)

Les Cahiers du Jazz, n° 3, 2006Je ne serais pas surpris si un de mes amis, infor-maticien de haut niveau, m’apprenait qu’en cher-chant « jazz » sur son ordinateur puissant et per-fectionné, il s’était vu répondre : « TapezBaudoin. » Ni qu’en cherchant « Timbre-poste »sa bécane lui avait dit : « Petite vignette au versode laquelle peut s’écrire tout ce que Philippe Bau-doin ne connaît pas sur l’ancrage socio-historiquedu jazz ». Par ailleurs, on me dit aussi que si l’ontape « Pic de la Mirandole » sur le clavier, on voitapparaître sur l’écran ces simples mots : « VoirBaudoin, Philippe. » Mais je n’ai pas pu en avoirconfirmation.Quoi qu’il en soit, le bénédictin français de la syn-cope a encore frappé. Et très fort. Son dernierouvrage, un livre de trois cents pages, est, si jepuis me permettre un oxymoron hardi, une ency-clopédie sélective. Ce superbe bouquin est véri-tablement un « must », comme on dit en français,qui devrait ravir non seulement les vieux connais-seurs, mais aussi bien les jeunes qui ne com-prennent pas très bien comment le jazz s’estformé ni en quoi il se distingue des musiques syn-copées contemporaines. Quelques exemples prisau hasard dans cette riche mine d’informationsferont peut-être mieux comprendre, un peu plusloin, mon étonnement et mon admiration.Baudoin, chez qui on trouve l’inhabituelle conjonc-tion d’une remarquable finesse d’analyse et d’unepuissante capacité de synthèse, a découpé sonlivre en sections représentant l’histoire du jazzpar décennies. Chaque chapitre, 1900-1910,1910-1920 et ainsi de suite jusqu’à 1990-2000,est précédé d’un court mais dense survol de l’é-volution du jazz durant cette période. Puis vient leregard détaillé qui inscrit le jazz dans son contextehistorique, géographique et social. Ainsi, pourBaudoin, l’année 1929, par exemple, n’est passeulement celle où Duke Ellington enregistre sonsuperbe Tiger Rag en deux parties, où ColemanHawkins grave son Hello, Lola avec les Mound CityBlue Blowers, Bessie Smith son Nobody KnowsWhen You’re Down and Out, où le tout jeune CabCalloway triomphe dans une fameuse bataille dejazz au Savoy Ballroom de Harlem contre cinqorchestres dont celui d’Ellington. C’est aussi l’an-née où a lieu le krach de Wall Street qui devaitplonger les États-Unis mais aussi le monde entierdans une terrible crise économique, laquelle allaitnotamment favoriser en Allemagne l’accession aupouvoir de Hitler, mais aussi celle où Hergé publieson premier Tintin, où naissent Jacques Brel etMartin Luther King et où un certain Mezz Mezzrowse produit en quartette à l’Hermitage Moscovite de

Paris, avec Dave Tough à la batterie. Curieuse-ment – nobody’s perfect – Baudoin oublie designaler que c’est aussi l’année où j’ai reçu monpremier ours en peluche à l’occasion de mon troi-sième anniversaire. À ce propos, Philippe, tunégliges aussi de mentionner le fait que, aumoment même où je sortais en poussant unvagissement du ventre de ma mère, Armstronggravait The King of the Zulus et Lonesome Blues.Sautons deux décennies : en 1945, Charlie Parkerenregistre l’ahurissant Ko Ko tandis que, peut-être dans un studio voisin, Bunk Johnson, filsd’esclave, gravait un sautillant High Society, peude temps avant que Hitler ne se suicide dans sonbunker souterrain de Berlin, quelques mois avantle lancement de la première bombe atomique surHiroshima. Duke Ellington ne pensait sans doutepas au bouleversement extraordinaire que devaitapporter cette nouvelle arme lorsqu’il confia audisque, la même année, It Don’t Mean a Thing,qu’on pourrait traduire par « Ça n’a pas d’impor-tance. »Encore un bond dans le temps. En 1986, la cen-trale atomique soviétique de Tchernobyl explosependant que meurent Simone de Beauvoir, Colu-che, Benny Goodman et Teddy Wilson et que septjazzmen tchécoslovaques sont emprisonnés pour« activités commerciales illégales ». Mais le des-sinateur Robert Crumb joue de la mandoline dansun disque de jazz français, Francis Paudras publieLa Danse des infidèles, son livre magistral surBud Powell, et les postes américaines sortent untimbre de 22 cents à l’effigie de Duke Ellington.Deux ans plus tard, Baudoin remarque que lesdeux personnes les plus proches de TheloniousMonk, la baronne Nica de Koenigswarter et lesaxophoniste ténor Charlie Rouse meurent lemême jour, six ans après le décès de “Sphere”.J’espère que ce que vous venez de lire vous don-nera envie de foncer chez votre libraire acheter lenouveau Baudoin. Si vous hésitiez encore,essayez de vous représenter la merveilleuse ico-nographie qui illustre ce livre. On se demande oùl’auteur a été dénicher toutes ces photos inédites,ces gravures anciennes et ces couvertures de par-titions. Enfin, dernier remerciement admiratif :Philippe Baudoin est, à ma connaissance, le pre-mier auteur au monde à avoir décidé de rendrejustice au rôle des Afro-Américains dans la créa-tion et l’évolution de la musique que nous aimonsen faisant suivre d’un petit astérisque tous lesnoms des Noirs qui ont participé à cette aventure– que dis-je ! à cette épopée. Ah ! j’allais oublier :à la fin de l’ouvrage, une soixantaine de pagesd’index(s) croisés permettent de trouver très rapi-dement ce que l’on cherche. (Jacques B. Hess)

Le Soir Magazine, n° 3836, 28 décembre 2005Par inclination, j’aime les ouvrages touffus, bour-rés de renseignements inédits, à la limite de l’ex-haustif, conçu par un auteur d’une culture inso-lente engendrée par la passion. Cette brillantechronologie correspond exactement à notreattente. Deux manières de l’appréhender sont

envisageables. Soit s’en servir en tant qu’ouvragede référence, soit la lire d’un bout à l’autre, sanssauter une ligne, ce que nous nous sommesempressés de faire avec délice. […] Bref, d’ores etdéjà, cette étude est un outil indispensable dansla bibliothèque du jazzman averti. (Marc Danval)

Le Temps, novembre 2005Trois cents pages pour mettre le jazz en chiffres,en titres, en dates ? L’idée frise le canular : com-ment et de quel droit figer le plus mouvant desphénomènes musicaux en tableau périodique deséléments ? C’est dire qu’on entre dans le livre del’érudit Philippe Baudoin bien résolu à n’en fairequ’une bouchée critique. On en ressort, si tantest qu’on réussisse à s’arracher à ses incantatoi-res énumérations, la mine réjouie, avec la cons-cience d’avoir arpenté autrement un territoirequ’on croyait familier. Organisé en sections (com-positions, naissances, décès, enregistrements,curiosités du disque, etc.), ce répertoire passe aucrible chaque année du XXe siècle. L’explorationde ce mille-feuille chronologique dévoile, sur lemode du quiz, son lot de surprises : Franz Kafkaaurait pu vibrer aux premières cires du CREOLE

HAZZ BAND de King Oliver ; Bill Frisell attendit sontrentième anniversaire pour enregistrer sous sonnom, alors que Bireli Lagrene s’estima mûr à 13ans ; Louis Armstrong revint aux petites forma-tions néo-orléanaises l’année où Art Blakey fondales JAZZ MESSENGERS et où Thelonious Monk signachez Blue Note. Pétillant ! (Michel Barbey)

The Lion, n° 581, juillet-août 2006Philippe Baudoin est une espèce de phénomène,un surdoué, une encyclopédie vivante de lamusique de jazz […] Avec son épouse IsabelleMarquis, il a eéalisé ce monument d’érudition,unique en son genre en France. […] C’est épous-touflant, beau et admirable. Une bible, une formidable banque de données agréable et facileà consulter, l’indispensable livre de chevet de l’amateur de jazz. (Pierre Shavey)

US Magazine, n° 626, 7 octobre 2005Ce « manuel », « dictionnaire » – comment l’ap-peler ? le Baudoin tout simplement – vous devien-dra vite indispensable. (Nicolas Béniès)

Soul Bag, n° 181, décembre 2005« Chronologie : n.f. 2. Ouvrage décrivant uneévolution, l’histoire, dans l’ordre » (Le Robert).La période couverte va du XVe au XXe siècle, dela découverte de l’Amérique par ChristopheColomb en 1492 jusqu’à l’an 2000. Si l’approchechronologique ne permet pas d’appréhender lesmouvements profonds, elle reste par contreindispensable par la mise en perspective qu’elleorganise. Le choix des rubriques selon lesquellesvont s’organiser les évènements est déterminantet les choix faits en la matière par Baudoin sontpertinents : pas moins de 19 rubriques concernent

le jazz proprement dit, et une les évènements detoute nature (faits historiques, socio-économiqueset culturels, innovations technologiques, histoiredes négro-américains…) que l’auteur a choisi demettre en contrepoint. Les 19 rubriques couvrentl’ensemble du champ et concernent aussi bien lesenregistrements que les musiciens (naissance,décès), les médias (radio, marques de disques,cinéma), l’édition (revues, livres, partitions) oule show-biz (inaugurations de clubs, écoles,comédies musicales…). Un sottisier complète l’en-semble, ainsi que qu’une dizaine d’entrées thé-matiques parmi lesquelles le jazz et les trains,jazz et tap dancing, jazz et photographie, jazz ethumour…Cet ouvrage, unique en son genre dans l’éditionfrancophone, intéressera tous les amateurs desmusiques noires américaines ; l’iconographie estabondante ; la plupart des documents présentés,qui proviennent pour l’essentiel de la collectionparticulière de Baudoin, sont rares et inédits. Unouvrage de référence. (Jean-Paul Levet)

L’éducation musicale, n° 531/532, mars/avril 2006

Voici un ouvrage qui n’a pas son précédent : lejazz et ses prolongements, année par année duXVe siècle à l’an 2000. Dans un style à la foisclair, sérieux et distrayant, Philippe Baudoin ouvreles portes d’un univers passionnant. Tous lesaspects sont abordés : l’histoire depuis l’arrivéedes premiers esclaves en Amérique, les stylesmusicaux, les événements politiques et sociaux,les enregistrements historiques, célèbres ouméconnus, le tout servi par une iconographiesplendide. De quoi ravir les amateurs, les profes-sionnels et surtout les enseignants de lycée etcollège par la précision pédagogique de l’ouvrage.Magnifique !

www.lemonticule.comArticulé chronologiquement, ce livre balaie unepériode immense, année par année, de 1800 à1999. Les événements historiques du XIXe siècleévoqués ici aident à mieux cerner les circonstan-ces qui ont entouré la naissance du jazz. Quandon aborde le XXe siècle, les années deviennentde plus en plus fertiles. En événements et encréation, d’autant que l’auteur envisage diversaspects satellites du sujet, traitant aussi bien lecontexte historique, les événements-clef que lesenregistrements, les concerts, le cinéma, l’édi-tion, une nécrologie etc. On a ainsi une visionsynthétique pour chaque année du siècle, et il esttrès facile, cet ouvrage en main, de situer rapide-ment un évènement dans son contexte. Le livre est richement illustré, et on trouve à la finune bibliographie, un glossaire des termes utili-sés, un index par rubriques. Cette chronologie sera certainement prisée parles amateurs et deviendra à coup sûr une réfé-rence incontournable. (Noël Lopez)

www.percussions.org, 25 mars 2006N’attendez pas ! Courez acheter ce livre, ou com-mandez-le sur la toile. Il est indispensable… pourl’amateur de jazz évidemment, pour le chercheur,pour celui qui veut faire un livre du même typesur un autre genre de musique (les idées origina-les sont copiables). Veuillez m’excuser, mais c’estle genre de bouquin que je rêvais de faire. Donc,comprenez mon enthousiasme. En fait, quand j’aireçu le paquet envoyé par « Outre Mesure », jen’ai pu résister à l’envie de feuilleter le livre qu’ilcontenait, mais lorsque j’ai eu constaté la qua-lité et l’intérêt des photos, j’ai immédiatementvoulu jeter un regard sur chaque cliché, pageaprès page. Quel régal ! Cette vive impressionpremière ne m’a pas retenu d’admirer l’organisa-tion de l’ouvrage en champs, e n rubriques et enchapitres Les multiples recherches transversalesque cette structuration permet sont vraimentfructueuses et excitantes. L’appareil critique esttrès pertinente et très efficace ; je le résume :bibliographie, glossaire, index par rubriques(enregistrements – premiers enregistrementssous leur nom – curiosité du disque – particulari-tés, innovations – activités – prestations - radio -divers – faits divers - inaugurations – disques –sottisier – éditions – à l’écran – à la scène – com-positions – naissances et décès – table des illus-trations). Ne parlons pas des vertus de la miseen page pour ne pas attenter à la modestie deClaude Fabre (l’éditeur). Alors, dites-moi, quelbibliothécaire hésitera à commander plusieursexemplaires de cet ouvrage ? Quel amateur dejazz ne sera pas tenté ? Quel chercheur oseraignorer son existence ? (mf)

L’Homme, n° 177-178, 2006La chronologie n’est pas l’histoire ; on peut ren-voyer sur ce point aux réflexions de ReinhartKoselleck. Le sens lui échappe. Elle présente lesfaits sans glose ni commentaire, sans même leshiérarchiser, se contentant de les sélectionner. Àl’horizon d’un tel constat, une question se pro-file : une chronologie peut-elle avoir un auteur ?Celui-ci n’est-il pas qu’un scribe, au mieux unérudit, qui enregistre les événements ? Mais unechronologie, celui qui la présente, précisément lacompose. La sélection des événements présen-tée est opérée en fonction d’une idée qu’il se faitau préalable de l’histoire. C’est donc une visionparticulière de celle-ci – vision subjective – qu’ellepropose. Mais le dispositif de présentation (deslistes, année par année) lui donne l’allure de l’ob-jectivité, de l’exhaustivité, l’allure du calendrier.Pour chacune des cent années qu’examine,décennie par décennie, cette Chronologie du jazz,de 1900 à 2000, dix-neuf rubriques sont ouvertes(elles ne sont pas toutes mobilisées à chaqueannée) comme un filet à mailles fines qui ne lais-serait passer aucun événement, le plus anecdo-tique comme le plus essentiel : « Enregistre-ments. Premiers enregistrements sous leur nom.Curiosités du disque. Particularités, innovationsmusicales. Activités. Prestations. Radio. Divers.

Faits divers. Inaugurations. Disque. Sottisier. Édi-tion musicale. Édition. À l’écran. À la scène. Com-positions. Naissances. Décès ». Divers petitssignes ajoutés, comme celui qui signale un« enregistrement historique », viennent mettrede l’ordre dans l’accumulation des événements,des personnalités et des œuvres. Un astérisque,accolé à leur nom, distingue les « Noirs ou Créo-les américains ». Le procédé peut provoquer desréticences. Philippe Baudoin en est conscient qui,« après avoir longtemps hésité et passé outre aupolitiquement correct » (p. 13), le justifie en invo-quant l’histoire : les Noirs ont connu aux États-Unis un destin unique marqué par l’oppression(serait-il alors démagogique de proposer, puisque,comme l’affirme l’Avant-propos, cette chronolo-gie choisit de donner la priorité aux descendantsdes Africains déportés, « sans qui la musique quenous aimons n’aurait jamais vu le jour » [p. 11],qu’il aurait été plus pertinent de réserver l’asté-risque aux Blancs ?). Une présentation de« quelques événements généraux extrinsèques »ouvre chaque année : il est traité là, sous formede liste toujours, de la vie politique, culturelle etartistique « en général ». Des digressions théma-tiques (« Le jazz et les trains », « Le CottonClub », « Le jazz et l’humour », etc.), disperséesau fil des chapitres, et finalement peu nombreu-ses, complètent cet appareil. Ces digressions etces ouvertures introduisent une interrogation :existe-t-il bien une relation entre le jazz et cesévénements ? Un exemple, 1946 : quel rapportentre le jazz en cette année et la proclamationde la République en Italie, en Hongrie, en Alle-magne ? Entre le jazz et la mort de Raimu ?…Inévitablement une chronologie invite à uneréflexion sur la notion d’événement. Aussi« importants », « décisifs », « historiques » appa-raissent-ils, ne sont-ils pas qu’une écume ? Ilexiste, en deçà, des forces profondes qui tra-vaillent et que le tamis de la chronologie ne peutsaisir. Pareillement, des hommes et des femmesapportent leur pierre sans que la renomméeretienne leur nom… La chronologie nous amèneau seuil de l’histoire, au seuil de l’ethnologie (onpourrait dire aussi, en considérant non plus l’en-deçà mais l’au-delà des œuvres, au seuil de lacritique) mais elle ne le franchit pas.Évidemment, le choix des intitulés, et par consé-quent le contenu des rubriques, et par consé-quent le profil de chacune des années, reflète lavision de l’auteur. Un moyen « objectif » de ren-dre manifeste ce caractère « subjectif » de lachronologie ? Compter le nombre de pages consa-crées aux différentes décennies : le tracé qui sedessine est révélateur d’une conception singu-lière. Chez Philippe Baudoin donc, les années1940 et les années 1930 dominent respective-ment avec vingt-neuf et vingt-sept pages ; lacourbe est harmonieuse puisque les décennies1920 et 1950, qui les encadrent, se voientpareillement attribuer vingt-trois pages ; puis ladécrue se poursuit : treize et cinq pages pour lesdécennies 1910 et 1900, en amont ; vingt et unepour les années 1960, quinze à égalité pour les

années 1970 et 1980, et douze pour la dernièredécennie du siècle, en aval. Tous les amateurs dejazz ne traceraient pas la même courbe… Mais ledécoupage en décennies est-il bien pertinent ?Prenons par exemple le texte de présentation desannées 1930 : « La première moitié de la décen-nie est gravement atteinte par la Dépression quiaffecte le marché du disque jusqu’à la fin de laguerre » (p. 73). Le découpage pertinent n’estdonc pas 1930-1939 mais 1935-1945 – bien sûr,la mise en avant d’autres critères conduirait àd’autres découpages : musicaux avec l’apparitiondu be-bop, politiques avec la guerre comme bar-rière historique (son déclenchement ? sa fin ?) oubien l’entrée des États-Unis dans le conflit ? etc.,etc. Les angles d’attaque peuvent être multipliés.Une chronologie on le voit n’est pas un documentmais une construction – une construction dont laprincipale qualité tient à… sa valeur documen-taire ! Pourquoi avoir fait alors le détour par lachronologie-construction-d’un-auteur si c’est pourrevenir à la conception de la chronologie-docu-ment ? Pour éviter d’avoir à formuler des critiquesinutiles. Oui, Philippe Baudoin sélectionne et hié-rarchise ; oui, son idée de l’histoire du jazz estdéjà faite ; oui, il laisse parler ses préférences,parfois ouvertement (des élans d’admiration irré-pressibles et sympathiques, tels, p. 65, dans uneliste de titres, « Weather Bird, fantastiqueduo… », ou, p. 95, dans la rubrique Enregistre-ments : « la séance sublime qui donne WhenLights Are Low, Hot Mallets… »). Mais tout cela,c’est la loi du genre. L’utilisation des illustrationsconfirme la difficulté à faire le départ entre ledocument et le commentaire. L’iconographieapparaît immédiatement porteuse de l’« aura »caractéristique de telle ou telle période. Parmi les

images, dont la majorité sont extraites des col-lections de l’auteur – nous retrouvons les préfé-rences ! – plus nombreuses sont les reproduc-tions d’objets présentant déjà eux-mêmes lamusique et les musiciens (affiches, partitions,programmes, pochettes de disques, couverturesde magazines…) que les photographies qui lesdonnent à voir, si l’on peut dire, « en direct ».On découvre ainsi l’inventivité des graphistes,peintres et dessinateurs, créateurs de ces objetsen lesquels actualité et réflexivité se trouventconjointes. Certains d’entre eux jouent véritable-ment un rôle de révélateurs, ainsi les couverturesdes partitions des chansons de Fats Waller,publiées en 1929 (p. 71) : on n’y voit, mélanco-liques ou exubérantes, que d’élégantes et min-ces jeunes femmes blanches.Si donc la part prise par les choix de l’auteurempêche de considérer la chronologie comme uneœuvre scientifique, proposons pour conclure qu’ils’agit d’un genre littéraire. Genre dont la pauvretéapparente – des listes – vole en éclats dès lorsque le lecteur comprend qu’il lui demande d’in-venter sa lecture. Et celle-ci devient un véritableplaisir une fois que l’on maîtrise (ce qui n’est pasdifficile, l’organisation de l’ouvrage est parfaite-ment claire) l’utilisation des différents index. Cha-cun alors trace ses propres parcours dans le foi-sonnant paysage qui est offert. Cette Chronologiedu jazz est bien l’œuvre d’un auteur, Philippe Bau-doin, musicien (pianiste), musicologue, ensei-gnant, personnalité respectée dans le milieu dujazz, mais tout lecteur, à un moment ou à unautre de sa lecture, est saisi par l’envie de lebousculer, de lui prendre la place et de composersa chronologie du jazz ! (Patrick Williams)