Amélioration de la gestion des ressources une...

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Au cours des quarante dernières années, l’expansion des systèmes de production agricole a eu une incidence considérable sur la base de ressources naturelles. Environ 40 % des terres arables dans le monde sont désormais dégradées et, chaque année, la production cesse sur quelque 20 millions d’hectares de terres agri- coles en raison de la dégradation des sols. L’agriculture irriguée, qui consomme aujourd’hui environ 70 % du volume total d’eau douce utilisée par l’homme, a eu de graves conséquences sur l’environnement, telles que la salinisation, la baisse des niveaux phréatiques, l’engor- gement des sols et la dégradation de la qualité de l’eau. En outre, 20 à 30 % des forêts de la planète ont été déboisées. Les moyens d’existence en zone rurale sont étroitement liés à la situation des ressources naturelles qui constituent le principal actif en milieu rural — notamment dans les pays en développement et pour les 1,3 milliard de personnes qui vivent sur des terres marginales. La gestion des ressources naturelles concerne les processus et les pratiques en matière d’affectation et d’utilisation de celles-ci. Une gestion durable tire le meilleur parti possible des ressources natu- relles pour satisfaire les besoins de subsistance actuels, tout en maintenant et en améliorant le stock et la qualité des ressources naturelles pour les générations futures. Pourquoi la Banque mondiale appuie-t-elle l’amélioration de la gestion des ressources naturelles ? La gestion durable des ressources naturelles est essen- tielle pour lutter contre la pauvreté sur deux principaux fronts. Premièrement, elle doit permettre de répondre aux besoins nutritionnels à long terme de la population mondiale. Si l’effet d’érosion qu’opère la dégradation des ressources sur la capacité productive se poursuit, la capacité à satisfaire les besoins alimentaires futurs se trouvera sérieusement compromise. Inévitablement, les plus pauvres sont ceux qui souffriront le plus du fait de l’augmentation des coûts des produits alimentaires et de la vulnérabilité de leurs moyens d’existence. Deuxièmement, la gestion intégrée des ressources natu- relles contribue à lutter contre la pauvreté en améliorant les possibilités de revenu pour les agriculteurs pauvres et leurs communautés locales. Le fait d’améliorer à la fois le stock et la gestion des ressources naturelles facilite la transition vers des systèmes de production qui sont mieux adaptés aux ressources disponibles (naturelles, humaines et physiques) ; mieux à même de répondre aux signaux du marché ; et plus rentables et plus durables que les stratégies actuelles d’exploitation des ressources. La gestion des ressources naturelles permet également d’augmenter les possibilités de revenu et d’emploi au profit d’une communauté plus vaste, comme le montrent l’éco/agrotourisme et l’accroissement de la productivité de l’agroforesterie qui attire les industries de transfor- mation en aval. Des revenus plus élevés et plus stables réduisent la vulnérabilité des moyens d’existence liée à l’environnement à haut risque des systèmes agricoles reposant sur des bases de ressources appauvries et en dégradation. Qui plus est, le développement agricole et l’amélioration des revenus offrent de meilleures possibi- lités de résoudre les problèmes environnementaux à long terme. Que fait la Banque mondiale ? Avant les années 80, la plupart des investissements consacrés aux ressources naturelles étaient à caractère extractif — récolte du bois, pêche et exploitation de l’eau aux fins d’irrigation. À la fin des années 80, la pénurie croissante de ressources a entraîné une réorien- tation des activités vers la conservation et la gestion durable des ressources naturelles. Au cours de cette Amélioration de la gestion des ressources naturelles : solutions durables pour une réduction effective de la pauvreté 1818 H Street, N.W. Washington, D.C. 20433 USA www.worldbank.org/rural BANQUE MONDIALE ADR AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL D’ici à 2025, la population mondiale devrait pas- ser à 7,9 milliards d’habitants. Plus de 80 % des habitants de la planète vivront dans des pays en développement. Pour nourrir cette population, il faudrait que la production céréalière à elle seule augmente de 52 %.

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Au cours des quarante dernières années, l’expansion dessystèmes de production agricole a eu une incidenceconsidérable sur la base de ressources naturelles.Environ 40 % des terres arables dans le monde sontdésormais dégradées et, chaque année, la productioncesse sur quelque 20 millions d’hectares de terres agri-coles en raison de la dégradation des sols. L’agricultureirriguée, qui consomme aujourd’hui environ 70 % duvolume total d’eau douce utilisée par l’homme, a eu degraves conséquences sur l’environnement, telles que lasalinisation, la baisse des niveaux phréatiques, l’engor-gement des sols et la dégradation de la qualité de l’eau.En outre, 20 à 30 % des forêts de la planète ont étédéboisées. Les moyens d’existence en zone rurale sontétroitement liés à la situation des ressources naturellesqui constituent le principal actif en milieu rural —notamment dans les pays en développement et pour les1,3 milliard de personnes qui vivent sur des terresmarginales.

La gestion des ressources naturelles concerne lesprocessus et les pratiques en matière d’affectationet d’utilisation de celles-ci. Une gestion durabletire le meilleur parti possible des ressources natu-relles pour satisfaire les besoins de subsistanceactuels, tout en maintenant et en améliorant lestock et la qualité des ressources naturelles pourles générations futures.

Pourquoi la Banque mondiale appuie-t-ellel’amélioration de la gestion des ressourcesnaturelles ?

La gestion durable des ressources naturelles est essen-tielle pour lutter contre la pauvreté sur deux principauxfronts. Premièrement, elle doit permettre de répondreaux besoins nutritionnels à long terme de la populationmondiale. Si l’effet d’érosion qu’opère la dégradationdes ressources sur la capacité productive se poursuit, lacapacité à satisfaire les besoins alimentaires futurs setrouvera sérieusement compromise. Inévitablement, lesplus pauvres sont ceux qui souffriront le plus du fait de

l’augmentation des coûts des produits alimentaireset de la vulnérabilité de leurs moyens d’existence.Deuxièmement, la gestion intégrée des ressources natu-relles contribue à lutter contre la pauvreté en améliorantles possibilités de revenu pour les agriculteurs pauvres etleurs communautés locales. Le fait d’améliorer à la foisle stock et la gestion des ressources naturelles facilite latransition vers des systèmes de production qui sontmieux adaptés aux ressources disponibles (naturelles,humaines et physiques) ; mieux à même de répondre auxsignaux du marché ; et plus rentables et plus durablesque les stratégies actuelles d’exploitation des ressources.La gestion des ressources naturelles permet égalementd’augmenter les possibilités de revenu et d’emploi auprofit d’une communauté plus vaste, comme le montrentl’éco/agrotourisme et l’accroissement de la productivitéde l’agroforesterie qui attire les industries de transfor-mation en aval. Des revenus plus élevés et plus stablesréduisent la vulnérabilité des moyens d’existence liée àl’environnement à haut risque des systèmes agricolesreposant sur des bases de ressources appauvries et endégradation. Qui plus est, le développement agricole etl’amélioration des revenus offrent de meilleures possibi-lités de résoudre les problèmes environnementaux àlong terme.

Que fait la Banque mondiale ?

Avant les années 80, la plupart des investissementsconsacrés aux ressources naturelles étaient à caractèreextractif — récolte du bois, pêche et exploitation del’eau aux fins d’irrigation. À la fin des années 80, lapénurie croissante de ressources a entraîné une réorien-tation des activités vers la conservation et la gestiondurable des ressources naturelles. Au cours de cette

Amélioration de la gestion des ressourcesnaturelles : solutions durables pourune réduction effective de la pauvreté

1818 H Street, N.W. Washington, D.C. 20433 USA

www.worldbank.org/rural

BANQUE MONDIALE

ADRAGRICULTUREET DÉVELOPPEMENT RURAL

D’ici à 2025, la population mondiale devrait pas-ser à 7,9 milliards d’habitants. Plus de 80 % deshabitants de la planète vivront dans des pays endéveloppement. Pour nourrir cette population, ilfaudrait que la production céréalière à elle seuleaugmente de 52 %.

période, la Banque a considérablement accru ses inves-tissements dans la gestion des ressources naturelles et laforesterie ; les investissements annuels (y compris tousles investissements liés à la sylviculture) ont culminé àplus de un milliard de dollars en 1994. Ces investisse-ments baissent régulièrement depuis 1998 pour se situerautour de 250 millions de dollars par an. Une nouvellestratégie forestière qui met l’accent sur la gestiondurable, une initiative sur la pêche et l’aquaculture, etdes pratiques de gestion novatrices en matière d’irriga-tion reflètent un réalignement des objectifs ainsi qu’uneintégration des opérations qui devraient avoir pour effetde redynamiser les opérations de prêt consacrées auxressources naturelles.

Des projets récents renforcent les capacités des groupesd’usagers et des pouvoirs publics dans les domaines del’organisation, des techniques et de la gestion, pour leurpermettre d’améliorer la gestion des ressources. Le lienétabli entre la gestion des ressources naturelles et lesinvestissements générant des revenus reflète la prise deconscience du fait que pour améliorer la gestion des res-sources naturelles il faut tenir compte de la viabilitégénérale des moyens d’existence et des systèmes écono-miques en milieu rural. De ce fait, on assiste à une aug-mentation du nombre de projets intégrés et axés sur lescommunautés, en particulier de projets de bassinshydrologiques et de micro-bassins hydrologiques, demême que du nombre de projets intégrant des fonds dedéveloppement rural et d’autres possibilités de revenu.

Étant donné que les parties prenantes exigentsouvent des investissements complémentaires quiproduisent plus d’effets immédiats sur les revenuset la pauvreté, les projets bénéficiant du soutiende la Banque deviennent de plus en plus multi-sectoriels. Ces projets adoptent souvent une stra-tégie décentralisée, axée sur la communauté quipermet aux collectivités locales et aux groupesd’usagers d’identifier les investissements qui ontune incidence directe sur leurs moyens d’existenceet qu’ils sont effectivement en mesure de contrôler,d’établir des priorités entre ces investissements etde les gérer.

Les orientations futures en matière d’amélioration de lagestion des ressources naturelles exigent d’intégrer despolitiques bien conçues et des solutions techniquesnovatrices et de mettre en place des institutions localesviables et efficaces. Le renforcement des capacités tech-niques et institutionnelles est essentiel pour promouvoiravec succès l’adoption et la mise en œuvre de pratiquesintégrées de gestion des ressources naturelles.

La Banque mondiale sur le terrain —Le projet de gestion des ressourcesde Matruh en Égypte

La pauvreté en Égypte, dont le taux se maintient auxalentours de 20 à 25 %, est concentrée de façon dispro-portionnée dans les zones rurales. Étant donné qu’elle sefait davantage sentir dans les zones reculées telles que lacôte méditerranéenne du nord-ouest, les ressourcesnaturelles sont absolument cruciales pour assurer desmoyens d’existence durables. Les Bédouins, qui repré-sentent 85 % de la population de la région, sont essen-tiellement tributaires de l’agriculture pluviale et de l’éle-vage. Le premier projet de gestion des ressources deMatruh (exercices 94-03) visait à assurer la conserva-tion des ressources en eau et en terre et de la végétationde la zone du projet, tout en réduisant la pauvreté et enaméliorant la qualité de vie de la population locale deBédouins.

Ce projet comprenait la récupération de l’eau et l’amé-nagement des bassins versants ; la gestion des pâturageset des parcours naturels ; la recherche d’adaptation axéesur la demande ; et l’amélioration des services de vulga-risation et de formation. L’équipe chargée du projet asuivi un processus axé sur la demande appliqué dans lecadre des organisations tribales. Le projet de Matruh apermis de mettre en places des installations de stockagede l’eau de 1,2 million de mètres cubes, d’établir250 unités de gestion des parcours, et de planter desarbustes et des arbres fourragers sur 5 000 hectaresenviron. Ces investissements se sont traduits par uneaugmentation des revenus grâce à l’amélioration de lasanté animale et de la productivité des cultures (voirtableau). Des investissements connexes consacrés à l’eaupotable ont également contribué à améliorer la santé etla productivité. Outre les investissements physiques, leprojet de Matruh a eu pour effet de renforcer lescapacités locales pour la poursuite de la gestion desressources naturelles par le biais de l’assistance tech-nique, de la formation et du soutien à l’organisationsociale. Dans l’ensemble, le premier projet de gestiondes ressources de Matruh a amélioré les conditionssocioéconomiques de 10 440 ménages.

Septembre 2003 www.worldbank.org/rural

Culture

OrgeOlives et figues

Légumes

Accroissementde la productivité

Pourcentage

706027