Amanda Stevens - Troublante Imposture

8/10/2019 Amanda Stevens - Troublante Imposture

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Nichée dans un vallon en forme de fer à cheval, en plein golfe du

Mexique, Jacob’s Pass était une olie petite ville du !exas" Mais

une ville au passé obscur"

#e our, les b$timents aux couleurs pastels miroitaient au soleil,telles des pierres précieuses" Mais d%s la tombée de la nuit, un fort

sentiment d’inquiétude se mettait à planer sur le pa&sage" !ous les

habitants, qui s’empressaient de verrouiller leur porte et de fermer

leurs volets, semblaient retenir leur souffle en attendant que l’aube

vienne chasser les créatures de la nuit et renvoie celles'ci dans leur

tani%re" (ela durait depuis plus de trente ans) depuis que le

premier corps avait été découvert" *mma Novic+ leva les &eux vers le ciel tandis qu’elle regagnait à

grandes enambées sa voiture, garée pr%s de la etée" a ournéeavait passé à toute allure" e soleil commen-ait déà à dispara.tre

sous la cime des arbres" *ncore une heure et il ferait nuit"

Pour sa part, ce n’étaient pas d’anciens meurtres qui la rendaient

nerveuse à l’arrivée du crépuscule, mais l’agression dont elle avait

été victime un an plus t/t" #u doigt, elle effleura la cicatrice située à la base de son cou,

tandis qu’un frisson la parcourait" a nuit, allongée dans son lit,

elle sentait encore parfois les mains de son agresseur sur son

corps, ainsi que son souffle chaud sur son visage" Mais il était

inutile de s’appesantir sur le passé, songea't'elle" *lle avaitsurvécu et, gr$ce à son témoignage, le coupable se trouvait en

prison" 0l ne pourrait plus amais s’en prendre à elle, ni à personned’autre"

présent, la solitude était l’unique chose qu’elle devait redouter"

a perspective de vieillir seule la terrifiait" ’idée de vivre sans

amour ni passion, simplement parce qu’elle était incapable de tirer

un trait sur le passé, et qu’elle continuait de r2ver à un homme qui

n’existait plus 3 qui n’avait peut'2tre m2me jamais existé,

excepté dans ses r2ves 3, lui était insupportable"

(haque fois qu’elle se regardait dans le miroir, sa crainte

s’amplifiait à la vue des signes du temps sur son visage" (ertes, à



bient/t trente ans, elle était encore eune" 4eulement, elle s’était

touours imaginé qu’à cet $ge'là elle serait déà mariée, avec des

enfants"

u lieu de cela, elle passait ses ournées à satisfaire les caprices

d’une femme t&rannique, dont l’unique oie dans la vie était derendre misérables les gens qui l’entouraient"

a pensée d’5elen (orbett lui fit accélérer le pas" *lle n’avait pas

prévu de rester aussi longtemps en ville, mais il faisait tellement

beau et chaud qu’elle n’avait pas pu résister" #’autant qu’avec son

travail, ses sorties étaient plut/t rares"

4on manque de ponctualité allait indubitablement contrarier

5elen, et elle en subirait les conséquences" Néanmoins, sa br%ve escapade avait valu le coup, décida't'elle,

tandis que le vent fouettait sa upe et agitait ses cheveux bruns"(ela faisait des années qu’elle ne s’était pas sentie aussi eune et

insouciante"

4e trouver vieille à vingt'neuf ans était sans doute stupide, mais

les ours o6 5elen se montrait particuli%rement intraitable, *mma

avait l’impression de sentir sa eunesse se flétrir" 7ien que s’étant touours considérée comme une femme forte,

a&ant de la résistance 3 dans le cas contraire, elle ne serait amais

revenue à Jacob’s Pass 3, elle avait appris à ses dépens qu’5elen

(orbett était capable de mettre à l’épreuve la patience d’un saint"

e caract%re de la vieille femme, qui avait touours été difficile,s’était dégradé aussi rapidement que sa santé" 8ictime d’une

attaque deux ans plus t/t, elle s’était retrouvée confinée dans unfauteuil roulant pendant pr%s de six mois, et ne s’en était amais

compl%tement remise"

(e n’était que gr$ce à une détermination et un ent2tement sans

faille qu’elle était auourd’hui capable de se déplacer à l’aide

d’une canne" *lle reparlait presque normalement, bien qu’elle ait

pratiquement perdu l’usage de la parole au cours de l’année

précédente"

ussi fr2le qu’un moineau, elle dissimulait sous sa silhouette en

apparence fragile une volonté de fer et un c9ur de pierre" *lle ne



faisait amais preuve de gentillesse, mais *mma avait touours

éprouvé de l’admiration et du respect à son égard"

4ans oublier qu’à une époque elles partageaient un point commun

: une dévotion absolue à sh (orbett"

e petit'fils d’5elen, qui était la prunelle de ses &eux, étaitégalement le grand amour d’*mma, usqu’à ce qu’il parte sans un

mot, dou;e ans plus t/t" #epuis ce our, aucune d’elles n’avait plus

été la m2me, et c’était sans doute la raison pour laquelle *mma

parvenait à se contr/ler face à la vieille femme irascible" *lle

comprenait mieux que quiconque à quel point la vie pouvait 2tre

vide et am%re sans sh"

(omme elle approchait de la etée, elle tendit le visage vers lachaude brise marine, et fit une pause pour admirer le pa&sage" *lle

adorait regarder le défilé des embarcations de p2che et des bateauxà moteur qui rentraient au port pour la ournée" *lle s’imaginait

alors à la proue d’un grand navire, sh la tenant dans ses bras,

comme dans cette fameuse sc%ne du film Titanic"

#écidément, il fallait qu’elle cesse de penser à sh, songea't'elle"

(ela ne servait strictement à rien" #’autant qu’apr%s plus de dixans d’absence, il pourrait tout aussi bien 2tre mort" *lle se

souvenait encore de la nuit o6 il avait quitté la ville, sans un regard

en arri%re) (’était seulement quelques semaines apr%s l’horrible

découverte survenue sur 4hell 0sland"

Non pas qu’il & ait un lien quelconque" Malgré les rumeurs a&antcirculé à l’époque, *mma refusait de croire qu’sh ait pu ouer un

r/le dans cette histoire macabre" Par ailleurs, il n’était encore qu’un bébé lorsque le premier

meurtre s’était produit"

a premi%re victime, Mar& <erris, eune professeur de l&cée, avait

disparu depuis presque deux semaines lorsque son corps avait été

retrouvé, affreusement mutilé" (onfronté à une communauté

effra&ée, et cherchant à éviter un mouvement de panique générale,

le chef de la police locale avait insisté sur le fait qu’il s’agissait

d’un événement isolé, et que la pauvre eune femme avait sans

doute été victime d’un amant aloux ou bien d’un vagabond



déséquilibré de passage en ville" vides de croire qu’ils étaient

encore en sécurité che; eux, les habitants de Jacob’s Pass s’étaient

empressés d’accepter cette explication"

4eulement, dix'huit ans plus tard, un autre corps mutilé avait été

découvert par un groupe d’adolescents s’étant rendus sur 4hell0sland pour & faire la f2te"

=ne fouille minutieuse de l’.le avait permis d’en découvrir six

autres, à des stades divers de décomposition" =n médecin légiste,

appelé sur les lieux pour aider à l’identification, avait conclu que

la mort des eunes femmes s’était produite sur une période de cinq

ans"

=ne seule victime, apparemment décédée depuis plus longtempsque les autres, était restée non identifiée"

!ouours selon le légiste, ces femmes avaient toutes entre vingt'cinq et trente ans et avaient été torturées"

gée de dix'sept ans à l’époque, *mma se rappelait tr%s

distinctement la terreur qui s’était emparée de la communauté à la

suite de cette découverte macabre" 4on p%re, à l’instar des autres

parents de la ville, avait mis un frein à ses activités parascolaires,et l’avait couvée à tel point qu’elle avait presque eu l’impression

d’étouffer" 4ans ses rende;'vous secrets avec sh, elle serait

probablement devenue folle"

7ien qu’ils aient été tr%s proches à cette époque, elle ne lui avait

néanmoins amais confié son plus grand secret) à savoir qu’elleaurait sans doute pu emp2cher que ces pauvres femmes, retrouvées

sur 4hell 0sland, ne connaissent un sort aussi terrible" Peut'2tre que c’était d’un orgueil démesuré de sa part d’endosser

ce genre de responsabilité, seulement elle avait eu l’horrible

pressentiment, d%s l’instant o6 elle avait posé le pied sur la plage,

et bien avant la découverte du premier corps, qu’une chose terrible

s’était produite sur l’.le"

*lle regrettait de ne pas en avoir parlé à ce moment'là, mais qui

aurait cru une enfant de dou;e ans > es autorités auraient mis cela

sur le compte d’une imagination débordante et auraient

probablement eu raison" (e pressentiment avait sans doute été



généré par toutes les légendes qu’elle avait entendues au fil des

années"

#’ailleurs, c’était à cause d’elles qu’elle s’était rendue là'bas en

premier lieu" 4a classe de cinqui%me étudiant la culture locale, elle

avait harcelé son p%re usqu’à ce qu’il accepte d’emprunter un bateau afin de l’emmener sur cette .le imprégnée d’histoire et de

traditions populaires"

Jusque dans les années 1?@A, 4hell 0sland était habitée par une

poignée de familles qui, comme les amish, avaient fui les

commodités de la vie moderne" Puis, une à une, elles avaient

migré vers le continent usqu’à ce qu’il ne reste plus sur l’.le que

des maisons abandonnées et une vieille église en pierre" Pendant un moment, des rumeurs de cérémonies noires et de

cultes ritualistes avaient suivi les habitants usqu’au continent, puis ces histoires avaient fini par 2tre oubliées"

*n dehors d’adolescents cherchant à faire la f2te et du chasseur de

fant/mes ou de l’archéologue de passage, personne n’& retournait

plus" en croire la légende, l’endroit était autrefois un vieux

cimeti%re indien" es histoires que racontaient ses camarades declasse avaient probablement nourri son imagination" *lle n’avait

pas fait part de son malaise à son p%re, mais, comme ils

progressaient au milieu des maisons désertées, son agitation s’était

accrue"

*t lorsqu’ils avaient atteint la vieille église, elle avait été ph&siquement incapable d’en franchir la porte, comme retenue par

une force obscure" (inq ans plus tard, le premier corps avait été découvert dans cette

m2me église" *videmment, elle n’avait aucun mo&en de savoir si

oui ou non la vive inquiétude qu’elle avait éprouvée sur le seuil de

la porte était une prémonition de ce qui allait se produire"

*lle n’avait parlé de cette expérience à personne, et surtout pas à

sh, craignant qu’il ne se moque d’elle et ne la prenne pour une

enfant immature a&ant tendance à exagérer"

Plaquant ses cheveux courts derri%re ses oreilles, elle porta les

&eux au loin" cette heure de la ournée, 4hell 0sland était à peine



plus grosse qu’un point contre l’hori;on, mais, sachant exactement

o6 regarder, elle n’eut aucun mal à l’apercevoir"

*trangement, chaque fois qu’elle se remémorait ce our, la m2me

sensation de terreur revenait la hanter"

B B B

3 *mma C *mma Novic+ C

*lle n’avait aucune idée du temps qu’elle avait passé là, à

contempler l’hori;on"

Pivotant brusquement sur ses talons, elle aper-ut une eune

femme blonde, de l’autre c/té de la rue, en train d’agiter

frénétiquement les bras pour attirer son attention" *mma luirépondit d’un geste de la main tandis que celle'ci traversait la rue

en courant, sans prendre garde aux voitures" 3 ttention C s’exclama't'elle"

vec un petit cri, ane& (arroDa& sauta sur le trottoir uste au

moment o6 un véhicule passait derri%re elle dans un coup de

Elaxon furieux"

3 0l s’en est fallu de peu C fit'elle en éclatant de rire, le soufflecourt"

3 !u vas bien > s’enquit *mma, préoccupée"

u lieu de répondre, ane& souleva ses lunettes de soleil et la

augea d’un rapide coup d’9il"

3 lors, c’est vraiment toi > dit'elle, visiblement étonnée" J’aifailli ne pas te reconna.tre" !u as l’air si différente"

3 J’ai simplement coupé mes cheveux, murmura't'elle" *lle n’aimait pas trop parler de son apparence"

3 !u as également perdu du poids, reprit ane& en continuant à

l’étudier" 4i on ne m’avait pas parlé de ton retour en ville, e

n’aurais amais su que c’était toi"

3 vec le temps, ’imagine que nous changeons tous, observa

*mma avec un sourire"

3 !ous excepté moi, déclara ane&" Je suis touours exactement

la m2me que le our de la remise des dipl/mes, au l&cée"

4on teint recouvert de taches de rousseur et ses traits malicieux



3 !u as eu touours eu beaucoup trop de tact" !out le contraire de

moi" Je vois que sur ce point, tu n’as pas changé"

3 Je te signale qu’on parle de la femme qui m’emploie, fit

remarquer *mma d’un ton circonspect"

moins de vouloir se retrouver au ch/mage, elle devait faire preuve d’une certaine dose de discrétion"

e visage de ane& devint brusquement sérieux"

3 Pourquoi es'tu revenue ici, *m > ux derni%res nouvelles, tu

avais un travail génial à #allas" es choses avaient l’air de bien

marcher pour toi, et tout le monde sait qu’5elen (orbett est une

vraie harpie" lors ne me dis pas qu’elle t’a fait une offre que tu

ne pouvais pas refuser parce que e n’& croirai pas" 0l & aforcément autre chose"

3 *n effet" M2me si elle n’avait aucune explication à fournir à qui que ce soit

au suet de son déménagement, elle savait pertinemment que les

gens allaient se poser des questions" *lle avait donc préparé une

réponse"

3 Papa commence à se faire vieux et il n’& a personne d’autreque moi pour prendre soin de lui" Gui plus est, ’avais besoin de

changement"

e sourire de ane& révéla sa compassion"

3 Je comprends mieux, maintenant" Parfois, e m’ennuie

tellement dans ce trou perdu que ’ai envie de me mettre à hurler"J’avais donc beaucoup de mal à comprendre ta décision de quitter

#allas pour revenir ici, mais ’avais oublié que ton p%re avait euune crise cardiaque l’année derni%re" (ela n’a pas dF 2tre une

période facile pour vous deux"

*t -a l’était encore moins d’essa&er de prendre soin de lui tout en

occupant un travail à plein temps et en faisant face au contrecoup

de son agression, songea *mma" l’époque, il & avait des matins

o6 elle n’avait m2me pas le courage de sortir de son lit"

Néanmoins, tant bien que mal, elle était parvenue à surmonter

cette épreuve"

uourd’hui, elle était plus forte et se sentait beaucoup mieux"



(ar voir la mort de pr%s l’avait transformée" (ertains ours, elle

s’était presque sentie comme une étrang%re dans son propre corps,

et avait fini par devenir de plus en plus agitée au fil du temps"

*t puis une rencontre due au hasard avec Hesle& (orbett, le fils

d’5elen, dans le vestibule de l’immeuble abritant la société quil’emplo&ait, avait précipité les choses"

pr%s qu’ils eurent échangé quelques civilités, Hesle& lui avait

tendu sa carte, en lui disant de l’appeler si amais elle avait besoin

d’un emploi, ce qu’elle avait fait deux ours plus tard"

4on offre l’avait néanmoins prise au dépourvu car, au lieu d’un

poste administratif similaire à celui qu’elle occupait à #allas, il lui

avait proposé de devenir la dame de compagnie et assistante personnelle de sa m%re"

(ette derni%re ne se rendait plus à son bureau mais, étant encore pleinement impliquée dans les affaires de la société familiale, lui

avait'il expliqué, elle avait besoin d’une personne capable

d’assister à sa place aux réunions de conseil" =ne personne qui ne

fasse pas partie de sa famille et qui soit digne de confiance" 0l

souhaitait également que sa m%re ait quelqu’un à qui parler endehors des domestiques, craignant le fait que sa solitude ne finisse

par la rendre sénile"

3 *mma >

a voix de ane& la tira brusquement de ses pensées"

3 Je suis désolée" !u disais > 3 !on p%re se porte mieux maintenant, n’est'ce pas >

3 Iui, #ieu merci" Néanmoins, il doit encore restreindre sesactivités et surveiller son alimentation"

3 0l a de la chance de t’avoir pour l’aider, et réciproquement, dit

ane& avec mélancolie" Je me rappelle à quel point vous étie;

proches, autrefois" #’ailleurs, ’ai touours été un peu alouse de

votre relation"

ane& avait perdu son p%re lorsqu’elle n’était encore qu’une

enfant, et avait dF supporter un défilé constant de beaux'p%res"

*mma avait perdu sa m%re tr%s eune, elle aussi, mais plut/t que

de remplir ce vide en se remariant, son p%re avait préféré vouer sa



vie à l’élever"

0l avait quitté son travail au sein de (orbett *ntreprises, une

compagnie pétroli%re, pour devenir gardien au service de la

famille de ses anciens emplo&eurs" #ans leur petite chaumi%re, à

la lisi%re du domaine, il avait construit un fo&er douillet et, commedans les vieux films, *mma avait grandi en regardant et en

admirant les (orbett de loin, tout en r2vant à une romance avec

sh"

3 0l faut qu’on se revoie tr%s vite, insista ane&" Nous devons

rattraper le temps perdu"

3 vec plaisir, répondit *mma avec un sourire" Je t’appellerai

lorsque ’aurai eu le temps de m’installer compl%tement" 3 Promis >

3 Promis" 3 Parce que, autrement, c’est moi qui te téléphonerai" J’ai encore

le numéro de ton p%re"

3 Je vis au manoir, à présent, répondit *mma"

es conditions d’hébergement avaient été l’un des atouts maeurs

de la proposition de travail de Hesle&" *lle avait sa propre suite, comprenant plusieurs pi%ces, avec une

entrée privée" Guand 5elen n’avait pas besoin d’elle, elle pouvait

aller et venir à sa guise" *lle avait acc%s à la piscine, aux courts de

tennis) à tout ce dont elle avait envie, afin qu’elle se sente

comme che; elle" Chez elle) mais pas tout à fait comme elle l’avait imaginé dans

ses r2ves" *lle sortit un st&lo, puis un carnet, de son sac"

3 !iens, voilà mon numéro de portable, fit'elle en tendant à

ane& un morceau de papier"

*n vo&ant son amie distraite par ce qui se passait derri%re elle,

*mma se retourna afin de voir ce qui avait attiré son attention"

Plusieurs hommes étaient regroupés sous la etée"

3 Gue font'ils > demanda't'elle avec curiosité"

3 0ls ont dF attraper quelque chose" ’autre our, quelqu’un a

sorti un requin de l’eau" llons voir C proposa ane& avec



excitation, en la saisissant par le bras"

3 0mpossible" 4i e ne rentre pas tr%s vite, 5elen va 2tre furieuse"

3 Ih, pour une fois, laisse'la attendre" a ne lui fera pas de mal,

dit'elle avec un large sourire" 8iens, allons eter un coup d’9il"

vant qu’elle ne puisse refuser, ane& l’entra.na vers la etée"pr%s avoir enambé la rambarde en métal, les deux eunes

femmes descendirent tant bien que mal la pente lég%re menant à la

plage"

3 5é, Kic+ C interpella ane&"

*mma reconnut Kic+ 7ledsoe, qui allait au m2me l&cée qu’elle"

4on p%re avait mentionné qu’il était à présent adoint au shérif du

comté mais, auourd’hui, il avait délaissé son uniforme pour unshort et des sandales, et semblait tout uste revenir de la p2che"

orsqu’il aper-ut ane&, il lui adressa un signe de la main" 3 Gue se passe't'il > *st'ce que quelqu’un a attrapé un autre

requin > s’enquit'elle"

0l secoua lentement la t2te et quitta le groupe pour venir à sa

rencontre, se pla-ant entre les hommes et elle" *mma, qui demeura

lég%rement en retrait, eut une parfaite visibilité de la sc%ne, dansl’espace laissé vacant par le départ de Kic+, et aper-ut un bras

étendu sur le sable"

a bouche s%che, elle s’arr2ta brusquement, saisie d’effroi"

4’étant rendu compte de sa réaction, Kic+ eta un coup d’9il dans

sa direction avant de poser la main sur l’épaule de ane&" 3 !u ferais mieux de ne pas aller là'bas"

3 Pourquoi pas > (e n’est pas la premi%re fois que e vois unrequin, répliqua cette derni%re en reetant ses cheveux blonds en

arri%re"

3 (e n’est pas un requin, intervint *mma sans laisser à Kic+ le

temps de répondre"

’air confus, son amie se retourna vers elle"

3 #e quoi s’agit'il, alors >

(omme *mma croisait le regard de Kic+, ce dernier hocha la t2te,

le visage sombre"

3 #’un corps, dit'il doucement"



3 Quoi ?

ane& pivota sur ses talons pour lui faire face, en portant la main

à sa bouche"

3 Ih, mon #ieu C Gui est'ce > =ne personne que nous

connaissons > 0l hésita"

3 #ifficile à dire" Je ne crois pas l’avoir amais vue" Je sais

uniquement que c’est une femme, expliqua't'il, touours à voix

basse"

3 Je ferais peut'2tre bien d’& eter un 9il, reprit ane&"

3 Je ne crois pas que ce soit une bonne idée"

*mma vit alors une lueur vaciller dans le regard de Kic+" =nelueur qui lui gla-a le sang"

3 0l a raison, dit'elle" Peut'2tre que nous ferions mieux de partir" Mais son amie demeura inflexible"

3 #u calme, tous les deux" u cas o6 vous l’aurie; oublié, e suis

infirmi%re" Je peux le supporter"

Kic+ secoua la t2te"

3 (rois'moi, e doute que tu aies amais vu quelque chosed’aussi horrible"



L

Un mois plus tard

3 partir d’auourd’hui, vous vous appele; shton (orbett" !om

7lac+ n’existe plus" ’individu qui, encore trois ours plus t/t, répondait à ce nom eta

à l’avocat un regard méprisant"

3 N’est'ce pas un peu prématuré > Nous ne nous sommes m2me

pas mis d’accord sur l’argent"

3 #ois'e donc en déduire que vous accepte; mon offre à

condition d’obtenir un arrangement financier satisfaisant >

s’enquit l’homme d’un ton brusque" 3 Je suis là, non >

3 Iui, en effet" *t plus vite nous commencerons, plus vite nous pourrons mener cette affaire à bien, pour la plus grande

satisfaction de tous"

#avid !obias se frotta les mains en ubilant"

3 (ommen-ons par le commencement" partir de maintenant, e

m’adresserai à vous uniquement en vous appelant sh, et vousdevre; agir et penser en conséquence" Pour que cela fonctionne,

vous ne deve; pas simplement faire semblant d’2tre sh (orbett"

8ous deve; devenir lui" <aites'vous bien la distinction entre les

deux >

3 Mon nom est shton (orbett, répondit l’homme d’une voixmonotone" 8ous pouve; m’appeler sh"

’avocat se renfrogna" 3 llons, mette;'& un peu plus de conviction" *tre un (orbett est

une chose dont on est fier" (e n’est pas rien, par ici"

3 Je m’entra.nerai, répliqua s%chement l’homme"

3 0l vous faudra faire plus que -a" 8ous devre; vivre, respirer et

dormir en pensant shton (orbett, si nous voulons que cela

marche"

3 8ous dites que e ressemble à ce t&pe, mais tout de m2me, e

doute que ce soit suffisant pour berner sa famille"

3 N’oublie; pas qu’il est parti depuis dou;e ans" 0l n’avait que



dix'huit ans lorsqu’il a quitté la demeure familiale et, avant cela, il

avait passé plusieurs années en pension" 0l n’était pratiquement

amais là" Par ailleurs, les traits de certaines personnes changent

beaucoup en vieillissant" *t puis, vous ave; été victime d’un

accident de voiture plut/t grave, pas vrai > 8ous n’aure; qu’àraconter que vous ave; eu recours à la chirurgie plastique"

3 Ne seront'ils pas étonnés que e n’aie aucune cicatrice >

3 a médecine moderne fait des merveilles, répondit l’avocat

avec un haussement d’épaules" rr2te; de voir tout en noir et

faites'moi confiance" Je ne prendrais pas un tel risque si e n’étais

pas absolument certain de la réussite de ce plan" 8ous n’2tes peut'

2tre pas la copie conforme de l’homme qui se trouve sur les photosque e vous ai montrées, mais vous ave; une certaine

ressemblance avec son p%re, du moins suffisamment pour que l’oncroie à votre lien de parenté"

’homme n’était touours pas convaincu, mais préféra ne rien dire

tandis que l’avocat poursuivait son discours"

3 Nous allons devoir 2tre extr2mement prudents car, m2me si

’ai été sidéré par la ressemblance lorsque e vous ai vu pour la premi%re fois, ’ai également remarqué des différences" #ans votre

allure, dans la mani%re dont vous vous tene;) J’ai su presque

instantanément que vous n’étie; pas sh (orbett"

3 Pourtant, cela ne vous a pas emp2ché d’aller fouiller dans mon

passé" ’avocat sourit"

3 Je devais savoir avec certitude à qui ’avais affaire avant denouer le contact" Pour ce qui est de la compensation financi%re,

’ai mentionné plus t/t que Kenata (orbett, la défunte m%re

d’sh) pardonne;'moi) votre défunte m%re, vous avait laissé

un héritage asse; conséquent"

3 (ombien >

3 #eux cent cinquante mille dollars" Maintenant que vous ave;

plus de vingt et un ans, vous 2tes en mesure de toucher cet argent"

3 Je doute que les (orbett me remettent une telle somme sans

poser de questions"



3 0ls n’auront pas le choix" Kenata a pris toutes les dispositions

nécessaires avant de vous ramener en 0talie apr%s la mort de votre

p%re" (et argent n’a rien à voir avec le reste de la famille"

!obias ouvrit son porte'documents d’un geste brusque"

3 ’héritage sera à vous à condition que vous vous conformie;aux termes de notre accord, à savoir convaincre 5elen (orbett que

vous 2tes son petit'fils et que vous n’2tes absolument pas intéressé

par le fait de diriger (orbett *ntreprises" 4i vous n’& parvene; pas

dans un temps raisonnable, notre accord prendra fin"

’imposteur traversa la pi%ce et alla s’asseoir sur le lit"

percevant son reflet dans le miroir, au passage, il détourna

rapidement le regard" 0l sortit alors une cigarette de la poche de sa chemise, attrapa un

briquet sur la table de chevet et l’alluma" 3 *teigne; -a sur'le'champ C s’écria !obias d’un air affligé"

3 Je vous demande pardon > s’étonna l’homme en plissant les

&eux vers son interlocuteur à travers le nuage de fumée bleue"

!obias s’approcha de lui à grandes enambées, lui arracha d’un

geste vif la cigarette des mains, puis l’écrasa dans le cendrier" 3 8ous ne fume; pas"

3 (’est -a, oui C s’exclama't'il en laissant échapper un rire

soudain"

3 sh (orbett ne fume pas, reprit l’avocat plus calmement"

(ompris > 3 (omment le save;'vous > s’enquit l’homme d’un air amusé"

8ous ne m’ave; pas vu depuis des années" J’ai peut'2tre pris demauvaises habitudes dont vous n’2tes pas au courant"

!obias lui lan-a un regard noir"

3 (eci n’a rien d’une plaisanterie, mon vieux" 0l est dans l’intér2t

de tout le monde que ce plan fonctionne, mais plus

particuli%rement dans le v/tre" vec votre casier, vous pourrie;

passer un sacré bout de temps en prison si vous faisie; tout rater"

lors, e vous conseille de m’écouter tr%s attentivement) Ash"

3 #u calme, ’ai compris, répliqua't'il d’une voix paresseuse"

a't'il autre chose que e ne suis pas autorisé à faire >



3 Nous verrons -a plus tard" Pour l’instant, laisse;'moi éclaircir

un point" orsque le plan sera enclenché, il n’& aura aucun retour

en arri%re possible" 4i vous ave; des questions ou des réserves,

c’est le moment ou amais de les formuler"

3 Je crois que c’est plut/t vous qui devrie; avoir des réserves" 3 Pour quelle raison > s’étonna !obias en fron-ant les sourcils"

’imposteur se leva du lit et vint se poster pr%s de la fen2tre, le

regard fixé sur l’extérieur"

3 0maginons que e parvienne à convaincre cette vieille

femme)

3 5elen (orbett" <aites preuve d’un peu de respect envers votre

grand'm%re" 3 0maginons que e parvienne à convaincre ma grand-mère

adorée, reprit'il en adressant un bref sourire à l’avocat par'dessusson épaule, que e suis son petit'fils perdu de vue depuis des

années) Pourquoi aurais'e encore besoin de vos services >

Gu’est'ce qui m’emp2cherait de mettre la main sur tout le

pactole >

’expression de !obias devint méfiante" 3 Gue voule;'vous dire par tout le pactole O >

3 J’ai effectué quelques recherches depuis que vous vous 2tes

montré au chantier, l’autre our" (orbett *ntreprises vaut beaucoup

plus qu’un quart de million" 0ls poss%dent des forages pétroliers

dans tout l’*tat du !exas et au Mexique" Gu’est'ce qui vous faitcroire que e vais me contenter de l’argent de ma défunte m%re >

3 4implement le fait que c’est un quart de million de plus que ceque vous posséde; à l’heure actuelle, répondit s%chement l’avocat"

*t vraisemblablement beaucoup plus que ce que vous pourrie;

gagner dans toute votre vie"

0l n’avait pas tort sur ce point, pensa l’imposteur"

3 N’oublie; pas que ’ai effectué des recherches, moi aussi,

poursuivit !obias en agitant le dossier qu’il tenait dans sa main"

!om 7lac+ est compl%tement fauché" 0l a grandi dans la pauvreté à

Plaquemines Parish, en ouisiane, a perdu ses parents à l’$ge de

dou;e ans, est passé d’une famille d’accueil à une autre usqu’à



ses dix'huit ans, a servi dans l’armée puis a passé quelque temps

dans un établissement pénitentiaire de l’*tat, s’est installé à a

Nouvelle'Irléans et s’est essa&é aux métiers du b$timent usqu’à

ce que l’ouragan Eatrina l’oblige à évacuer vers 5ouston avec des

milliers d’autres personnes" #e là, il a fini par déménager à 4anntonio avant d’atterrir ici, à (orpus (hristi" 0l vit d’une paie à

l’autre, dans un motel infesté de rats en attendant d’avoir

économisé suffisamment d’argent pour se remettre sur pied" sh

(orbett, lui, poss%de L@A AAA dollars dont il peut disposer comme

bon lui semble" 0l pourrait retourner à a Nouvelle'Irléans) ou

bien dispara.tre de la surface de la terre"

3 Je constate que vous ave; bien fait vos devoirs, dit l’hommeavec une pointe de ranc9ur"

3 (e n’est qu’un aper-u, mais e crois que vous vo&e; o6 e veuxen venir, répondit l’avocat" 8ous ave; beaucoup à gagner de notre

collaboration mais, si vous tente; de réclamer davantage que

l’héritage, votre statut d’imposteur sera étalé au grand our et vous

n’échappere; pas à la loi, cro&e;'moi" *t si l’idée vous prenait de

vouloir me faire tomber avec vous, réfléchisse;'& à deux fois" =ne cruauté qu’il avait dissimulée usqu’à présent vint se m2ler à

la lueur de cupidité qui brillait dans ses petits &eux de fouine"

e sous'estimer serait une erreur, songea !om" (’en serait

également une d’imaginer qu’il pouvait s’enfuir avec l’argent

aussi facilement" 0l avait appris à ses dépens qu’aucun plan ne sedéroulait amais comme prévu"

7aissant une lamelle de store, il observa le par+ing à l’extérieurdu motel" a chaleur montait de l’asphalte et chato&ait comme un

mirage contre la toile de fond des palmiers affaissés et des

lauriers'roses difformes" 4a vieille (hevrolet déglinguée 3 dont

la bosse la plus récente était à peine visible à cause de la rouille et

de la corrosion 3 était garée tout au fond"

*lle avait grand besoin d’une révision de la transmission, d’un

silencieux et d’une paire de pneus neufs" Mais l’avocat avait

raison sur un point : !om 7lac+ était fauché comme les blés"

3 M2me si e parviens à berner cette femme 3 ma grand'm%re



3, vous dites qu’elle a deux fils et une fille, dit'il en rel$chant les

stores d’un geste brusque tandis qu’il se retournait" ’un d’entre

eux va forcément demander un test #N"

3 (e ne sera pas un probl%me, répliqua !obias en haussant les

épaules" !om vint s’asseoir pr%s de la table en croisant les bras"

3 (omment -a > Je doute qu’ils soient suffisamment crédules au

point d’accepter de me croire sur parole quant à mon identité"

Moi, e ne le ferais pas"

’avocat sourit"

3 Ne vous inquiéte; pas pour -a" 8otre apparence est différente

mais, comme e vous l’ai dit, nous pouvons trouver uneexplication convaincante à cela" a ressemblance est encore asse;

frappante et, lorsque nous en aurons terminé, vous saure; deschoses au suet d’sh 3 et de sa famille 3 dont lui seul pourrait

2tre au courant"

3 Je vois que vous ave; pensé à tout"

3 J’ai fait mon possible, mais m2me en étant compl%tement

préparé, e sais que certains auront encore des doutes" 0ls ont cru pendant des années qu’sh était mort" *t vous alle; refaire surface

maintenant, comme si vous tombie; du ciel)

0l marqua une pause"

3 =n des oncles, peut'2tre m2me les deux, exigera davantage de

preuves) 8ous ave; probablement raison sur ce point" Mais celan’a aucune importance car nous possédons un échantillon d’#N

du véritable sh" 3 Nous > releva !om"

=ne tierce personne, dans l’ombre, tirait les ficelles, songea't'il

!obias n’était qu’une marionnette" *t celui qui était à la t2te de

l’opération avait besoin d’sh (orbett en vie)

=n terrible pressentiment l’envahit tandis qu’il dévisageait

l’avocat"

3 i'e envie de savoir comment vous ave; obtenu son #N >

!obias esquissa un large sourire, affichant une rangée de dents

parfaitement blanches"



3 Guelques cheveux sur un peigne, une vieille brosse à dents"

0nutile de vous soucier de ces détails" 4ache; simplement que le

moment venu, nous remplacerons votre #N par le sien"

3 ussi facilement que cela"

3 Guand on a de l’argent, rien n’est impossible" !out le monde aun prix" 8ous en 2tes la preuve vivante, non >

!raversé par une décharge de col%re, !om serra les poings,

résistant à l’envie de mettre le petit avocat en pi%ces, bien que

d’une certaine fa-on celui'ci n’eFt pas enti%rement tort" 0l avait

effectivement accepté de faire partie de cette arnaque en échange

d’une importante somme d’argent"

3 0l reste une chose que e ne comprends pas" 3 4eulement une >

0gnorant le ton sarcastique de l’avocat, !om se leva et poursuivit : 3 Gue retire;'vous de tout ceci >

3 Je suis généreusement rémunéré, e vous assure"

3 Par qui >

!obias hésita"

3 Je ne suis pas autorisé à vous le révéler" 3 0l s’agit forcément de l’un des fils d’5elen (orbett" moins

que ce ne soit sa fille"

3 (omme e l’ai dit, e n’ai pas le droit de divulguer l’identité de

mon client et, m2me dans le cas contraire, e ne le ferais pas" 4i

vous étie; au courant, vous risquerie; de vous trahir" <aites'moiconfiance, c’est mieux ainsi" #e cette fa-on, vous ne courre; pas

le risque d’abaisser votre garde avec qui que ce soit" !obias rangea le dossier dans son porte'documents avant de

refermer celui'ci"

3 #’autres questions >

3 =ne seule, pour l’instant, répondit !om en se tournant vers la

fen2tre" Guand commen-ons'nous >

3 0mmédiatement" J’ai déà préparé le terrain pour le retour

d’sh" Néanmoins, vous ne fere; pas votre apparition au manoir

avant au moins un mois" 0l nous faudra bien tout ce temps pour

nous préparer"



!om plongea la main dans sa poche pour attraper son paquet de

cigarettes, avant de se raviser" Plissant les &eux, il tenta de décider

s’il avait le cran ou non d’aller au bout de cette escroquerie"

#’un autre c/té, quel choix avait'il > 4’il renon-ait à l’offre de

#avid !obias, quel genre de vie l’attendait > 3 Gue voule;'vous que e fasse pour l’instant > demanda't'il

enfin"

3 *mballe; vos affaires et donne; un préavis de départ à votre

emplo&eur" Nous devons vous faire quitter (orpus avant qu’une

autre personne vous rep%re" u cours des prochaines semaines,

vous séournere; dans un chalet, compl%tement isolé, situé à 5ill

(ountr&" Pas de téléphone, ni de télévision, aucune distraction"Mais ne vous en faites pas, vous n’aure; pas le temps de vous

ennu&er" Je vous fournirai tout ce dont vous ave; besoin pour vousimmerger dans la vie d’sh (orbett" !outefois, malgré cette

préparation intensive, il & aura forcément des complications

inattendues" J’esp%re que vous 2tes doué pour l’improvisation,

monsieur 7lac+, parce que vous devre; réagir vite" 5elen (orbett

n’est pas née de la derni%re pluie" !om se retourna pour lui faire face"

3 (’est à moi que vous parle; > #ésolé, e ne connais personne

répondant au nom de 7lac+" Je m’appelle sh (orbett"

’avocat lui adressa un large sourire"

3 Je crois que cet arrangement va fonctionner à merveille" B B B

4ur les conseils de l’avocat, il commen-a à entrer dans la peau de

son personnage" !om 7lac+ n’étant pas une personne dont il était

réellement fier, il n’éprouva pas tellement de difficultés à faire une

croix sur lui"

certains égards, se débarrasser de cette identité était comme lui

/ter un grand poids des épaules" !om 7lac+ était un raté, un petit

escroc de pacotille, qui n’avait amais semblé avoir de chance"

sh (orbett, lui, était instruit et fils de bonne famille, menant une

vie de patachon rebelle et disposant d’une fortune lui permettant



de partir à la recherche de sa place dans le monde"

(’était un homme qui inspirait le respect partout o6 il allait" lors

que !om 7lac+ était invisible" Iu du moins il l’avait été usqu’à ce

qu’il soit repéré sur un chantier par un proche de la famille (orbett

quelques semaines plus t/t" e souvenir de ce our était encore frais dans son esprit" Guelques

t&pes et lui étaient en train de construire la charpente d’un

immeuble en bord de plage lorsqu’ils avaient remarqué la

Mercedes noire pour la premi%re fois"

Pendant presque une semaine, la voiture s’était montrée tous les

ours, à la m2me heure, passant au ralenti devant le chantier" u

début, ses coll%gues et lui avaient plaisanté, pensant que l’und’eux avait un admirateur tr%s riche, mais, au fil du temps, un

certain malaise s’était installé et ils avaient commencé à se poserdes questions"

la fin de la semaine, une Jaguar argent avait remplacé la

Mercedes noire" *lle s’était garée sur le c/té de la route quelques

minutes avant la fin de la ournée de travail" (e our'là, !om avait

du mal à faire démarrer sa voiture, et s’était retrouvé le dernier sur le chantier" lors qu’il était affairé sous le capot pour tenter de la

réparer, un homme était descendu de la Jaguar et s’était approché

de lui de mani%re hésitante"

3 sh > 8ous 2tes sh (orbett, n’est'ce pas >

!om avait eté un 9il par'dessus son épaule, en continuant àgratter la corrosion autour de sa batterie"

3 #ésolé" 0l & a erreur sur la personne, mon vieux" 3 8ous n’2tes pas shton (orbett >

3 Ma batterie va repartir si e réponds oui >

3 Pardonne;'moi, s’était excusé l’homme avec un sourire

contrit" Je vous ai pris pour quelqu’un d’autre"

3 In dirait, effectivement, avait répliqué !om" Maintenant, que

dirie;'vous de m’aider à faire repartir ma batterie >

3 Je vous propose un marché" ccorde;'moi quelques minutes

de votre temps et, en échange, ’appelle mon auto'club afin qu’il

vienne s’occuper de votre voiture"



*n vo&ant son hésitation, l’homme avait aouté :

3 Je vous offrirai m2me une nouvelle batterie"

3 *t pourquoi ferie;'vous -a >

3 Par bonté d’$me, avait'il répondu"

4eulement, son sourire n’avait rien de bon" 3 Je vous assure que vous ne le regrettere; pas, monsieur 7lac+"

Parcouru par un frisson, !om s’était redressé de dessous le capot"

3 (omment connaisse;'vous mon nom >

8isiblement content de lui, l’homme avait esquissé un large

sourire"

3 Je connais beaucoup de choses à votre suet, & compris que

vous ave; séourné quelque temps en prison" 8otre emplo&eur est'il au courant de votre passé udiciaire >

3 Gui diable 2tes'vous et que voule;'vous > s’était écrié !om ensaisissant l’individu par les revers de sa veste et en le etant contre

la voiture"

Malgré la lueur de peur dans son regard, ce dernier s’était

rapidement ma.trisé"

3 Je m’appelle #avid !obias" Je suis avocat" 3 =n avocat, avait répété !om avec mépris en l$chant son

manteau" Je n’aime pas beaucoup les avocats"

3 Non, ’imagine, apr%s ce qui vous est arrivé en ouisiane" a

partie plaignante n’avait que des présomptions contre vous"

N’importe quel avocat de la défense compétent vous aurait faitacquitter, seulement vous ave; eu la malchance de vous voir

assigner Nevil 7ates, de l’assistance udiciaire" #’apr%s les proc%s'verbaux, il n’a m2me pas fait subir de contre'interrogatoire aux

témoins de la partie adverse, ni n’a émis d’obections à la

prétendue preuve fournie contre vous" Non, il s’est contenté de

regarder un procureur ambitieux et un uge trop ;élé vous expédier

en prison, et maintenant, pour le reste de votre vie, vous devre;

vivre avec votre passé de criminel" 4i cela peut vous consoler,

Nevil 7ates a depuis été ra&é du barreau"

!om avait écouté l’avocat usqu’au bout de son exposé puis s’était

remis au travail sur sa batterie sans le moindre commentaire"



3 In peut dire que vous traverse; vraiment une mauvaise passe

depuis votre sortie de prison, pas vrai, monsieur 7lac+ >

3 lle; vous faire voir, avait'il lancé sans relever la t2te"

3 J’irais m2me usqu’à dire que ce mauvais +arma remonte au

our o6 vous 2tes né d’un p%re alcoolique et d’une m%re droguée"Mais votre chance est sur le point de tourner"

3 Ih, vraiment > avait'il rétorqué en refermant le capot d’un

geste brusque avant de s’essu&er les mains sur son ean crasseux"

*t vous 2tes qui, au uste > Ma bonne fée >

3 *n un sens"

e sourire de l’avocat lui avait donné la chair de poule"

3 Je suis ici pour vous proposer beaucoup d’argent" *n échange,il vous suffit de prétendre que !om 7lac+ n’a amais existé"

(ette partie du contrat avait été facile à remplir" !om 7lac+ pouvait rester mort à tout amais, il s’en moquait éperdument"

(’était la seconde partie de l’escroquerie qui n’était pas si

évidente à exécuter"

!obias avait raison" 0l se trouvait dans une mauvaise passe depuis

plus longtemps qu’il ne s’en souvenait, et il avait fait certaineschoses dont il n’était pas tr%s fier afin de s’en sortir" Mais m2me

lui trouvait le fait de tromper les gens qui avaient sinc%rement eu

de l’affection pour sh (orbett ignoble"

7ien qu’a&ant de nombreux défauts, il n’avait amais

délibérément fait preuve de cruauté ou d’insensibilité envers quique ce soit" Malheureusement, des temps désespérés appelaient

des actes désespérés" Tu peux le aire, s’encourageait'il en fixant son reflet dans le

miroir, chaque matin" 0l savait qu’il était capable de réussir cette

arnaque car, d’une certaine mani%re, il s’& était préparé toute sa

vie"

B B B

(onformément à la promesse que lui avait faite l’avocat, le chalet

qu’il habitait depuis ces deux derni%res semaines était

compl%tement coupé du monde" 0l n’avait ni le téléphone, ni la



télévision par c$ble, ni un réseau de téléphone portable" 0l n’avait

pas non plus de véhicule" #avid !obias lui rendait visite tous les

deux ours afin de lui apporter des provisions et de l’interroger sur

ses progr%s"

0l s’était vu remettre une montagne de documents et de photos àétudier, de m2me que plusieurs vidéos amateurs pour qu’il

examine minutieusement les expressions faciales, les attitudes

particuli%res et tous les tics habituels d’sh" 0l avait modifié sa

fa-on de sourire et travaillé son port de t2te, autant de petits détails

qui avaient transformé son apparence de mani%re spectaculaire" 0l

commen-ait à ressembler davantage aux photos que !obias lui

avait fournies, et il avait également passé beaucoup de temps às’entra.ner pour prendre la m2me intonation de voix que celle

d’sh, qu’il avait entendue sur les vidéos" la fin du premiermois, l’avocat fut impressionné par ses progr%s"

3 e our J est proche, annon-a't'il, tandis qu’ils étaient assis

sous le porche en train de regarder le soleil décliner sous la cime

des arbres"

es écureuils allaient et venaient à toute allure sur les branchesfeuillues au'dessus de leurs t2tes pendant qu’un lapin grignotait un

lit d’impatientes" #ans une heure environ, lorsque la nuit serait

tombée, le cerf se montrerait à son tour, songea !om" 0l passait

parfois des heures, assis dans l’obscurité, à observer la faune et la

flore et à penser à la famille insouciante qu’il était sur le pointd’escroquer"

Peu importe la mani%re dont il ustifiait ses actes, quand toutserait terminé, de nombreuses vies allaient 2tre changées, peut'2tre

m2me détruites s’il ne se montrait pas prudent"

3 Guand dois'e prendre contact avec eux >

4ans répondre, !obias ouvrit le porte'documents qui ne le quittait

amais et sortit un paquet de photos"

3 (elles'ci sont nouvelles, dit'il" Kegarde;'les une par une et

tente; de reconna.tre les personnes qui se trouvent dessus"

!om s’exécuta et commen-a à réciter les noms à voix haute :

3 Mon oncle Hesle& et sa femme, Pamela" Mon oncle 7rad et sa



femme, &nette" !ante Maris" Qrand'm%re"

0l poursuivit ainsi au fur et à mesure des clichés, qui incluaient

d’autres photos de famille, ainsi que des membres du personnel"

lors que son regard se posait sur une eune femme se trouvant

dans le m2me cadre que le gardien, #ominic+ Novic+, il marquaune pause"

0l étudia la photo un long moment avant de la tendre à !obias"

3 Gui est'ce >

’avocat & eta un 9il, puis la reposa sur la table"

3 *mma Novic+, la fille du gardien" 8ous ave; déà vu des

photos d’elle, dit'il" *lle se trouvait m2me sans doute sur

quelques'unes des vidéos amateurs que e vous ai remises" Je merappelle vous avoir déà parlé d’elle" *lle travaille pour 5elen, à

présent" sh tendit la main pour reprendre la photo, et fron-a les sourcils

tandis que son regard se fixait de nouveau sur le visage de la eune

femme"

3 *lle a l’air différente, marmonna't'il entre ses dents"

3 Normal" *lle n’était qu’une adolescente lorsque vous 2tes parti" uourd’hui, elle doit avoir) quoi > Presque trente ans,

’imagine"

!om ne parvenait pas à détourner son regard de la photo" #essus,

*mma Novic+ tournait la t2te" *t à la mani%re dont elle se tenait

pr%s du bord du cadre, il se demandait si elle avait essa&é de ne pas se faire photographier" 0l ne pouvait pas distinctement voir son

visage, mais il semblait s’en dégager un air de tristesse" *lle était loin de la fille souriante qu’il avait vue sur les vidéos,

aux c/tés d’sh" !obias avait mentionné qu’ils étaient vite

devenus inséparables lorsqu’il était venu vivre che; sa grand'

m%re, mais qu’au fil des années, 5elen s’était assurée qu’ils

sachent tous deux o6 se trouvait leur place"

fin qu’il puisse c/to&er des gens de son rang, elle avait expédié

son petit'fils en pension, dans le Nord et, lorsqu’il rentrait pour

l’été et les vacances scolaires, elle s’occupait de remplir son temps

en organisant des f2tes gigantesques et des soirées somptueuses"



4elon !obias, sh s’était désintéressé de son amitié avec *mma,

mais il était évident, sur ces vieilles vidéos amateurs, à la mani%re

dont elle le dévisageait lorsque personne ne la regardait, que celle'

ci éprouvait de forts sentiments à son égard"

a caméra avait capturé une olie eune fille discr%te, avec delongs cheveux bruns et de grands &eux expressifs" *t en regardant

la femme qu’elle était devenue, !om ne put s’emp2cher

d’éprouver une certaine compassion"

*mma n’avait pas dF avoir une vie facile" =n mauvais divorce,

peut'2tre, ou bien une liaison qui s’était mal terminée" Guoi qu’il

en soit, un événement avait imprimé de la tristesse sur les traits

délicats de son visage" *t le lien inattendu qu’il éprouva vis'à'visd’elle, tandis qu’il fixait la photo, était indéniable"

Kelevant rapidement les &eux, il surprit le regard de l’avocat fixésur lui"

3 Je sais ce que vous ave; derri%re la t2te, lui dit ce dernier" Mais

n’& pense; m2me pas"

3 #e quoi parle;'vous >

3 *mma Novic+ est peut'2tre olie, mais ce n’est pas le genre defemme qui attire sh (orbett"

3 *t comment le save;'vous >

!obias lui arracha brusquement la photo des mains"

3 Ne complique; pas les choses" 8ous deve; concentrer toute

votre attention sur 5elen" 3 Ne vous inquiéte; pas pour moi, répondit !om en fron-ant les

sourcils" Je connais mon r/le" *t il avait la ferme intention d’aller usqu’au bout, peu importait

ce que cela lui coFterait"



R

(e soir'là, alors qu’*mma se trouvait dans sa chambre, elle avait

été surprise, en décrochant le téléphone, d’entendre la voix

d’5elen (orbett à l’autre bout de la ligne" =ne fois qu’elle l’avaitrenvo&ée pour la ournée, celle'ci la rappelait rarement" <ait

encore plus inhabituel, elle lui avait demandé de la reoindre dans

sa suite et non dans le bureau situé au re;'de'chaussée, o6 elles

travaillaient en temps normal"

#epuis qu’elle vivait au manoir, *mma ne s’était rendue qu’une

seule fois dans l’aile qui abritait les quartiers privés d’5elen, afin

de lui remettre un paquet" (ette derni%re ne l’avait m2me pasinvitée à entrer et en avait profité pour lui préciser clairement

qu’une fois retirée à l’étage, elle ne devait 2tre dérangée sousaucun prétexte"

4on avertissement glacial était encore frais dans l’esprit d’*mma,

et m2me si cette fois'ci c’était la vieille dame en personne qui

avait requis sa présence, elle éprouva néanmoins une certaine

appréhension au moment o6 elle frappa à sa porte" Marquant une pause à l’entrée de la pi%ce, elle eta avec curiosité

un coup d’9il autour d’elle" e mobilier, lourd d’ornements et

dans les tons bordeaux, correspondait parfaitement à la vieille

femme, constata't'elle aussit/t"

e plafond en voFte et les fen2tres de verre coloré donnaient unair maestueux à la pi%ce, tandis que les somptueuses tentures de

soie, ainsi que le lustre en cristal, apportaient une touched’opulence" e décor élégant et faussement ancien sentait le

raffinement et le luxe de bon goFt à plein ne;"

*lle fut soudain ravie de ne pas avoir quitté son tailleur bleu

marine" e ean et les bas+ets qu’elle portait habituellement une

fois sa ournée de travail terminée auraient détonné dans des

appartements si luxueux"

N’a&ant pas la moindre idée de la raison pour laquelle elle avait

été convoquée à une heure aussi tardive, elle se demanda si cela

avait un rapport avec la visite de #avid !obias, apr%s le déeuner"



5elen l’avait renvo&ée afin de s’entretenir avec son avocat en

privé"

*lle en avait alors profité pour aller prendre l’air dans le ardin et,

lorsqu’elle avait vu #avid !obias quitter le domaine, elle était

rentrée afin de savoir si 5elen souhaitait terminer la lettre qu’ellesétaient en train de rédiger avant d’2tre interrompues"

#istraite et incapable de se concentrer, cette derni%re avait trouvé

à redire aux moindres changements qu’*mma proposait, avant de

finalement lever les mains en signe d’exaspération et de quitter le

bureau en pestant à voix basse à propos de son incompétence"

Montée directement dans sa chambre, la vieille femme s’& était

enfermée usqu’à ce qu’elle lui demande de venir quelquesminutes plus t/t"

3 Madame (orbett, c’est *mma" pr%s avoir refermé la porte, elle traversa rapidement le salon,

tapissé d’une moquette épaisse, en direction de la chambre"

e sanctuaire d’5elen était clair et spacieux, moins formel, mais

tout aussi élégant et charmant avec sa cheminée et ses immenses

portes'fen2tres" Koulé en boule sur le tapis, un chat faisait la sieste" #’une

certaine mani%re, la vue de l’animal, si détendu et indifférent au

décor splendide qui l’entourait, aida *mma à se sentir un peu

moins intimidée"

3 8ous voulie; me voir > demanda't'elle depuis l’embrasure dela porte"

e parfum de la vieille femme, un mélange exotique de tubéreuseet de muguet, spécialement con-u pour elle par un cél%bre créateur

de parfums parisien, flottait dans la pi%ce"

3 J’ai besoin de votre aide, *mma, répondit'elle en se retournant

à demi sur son tabouret, face à sa coiffeuse" !heresa étant

lég%rement enrhumée, ’ai préféré la renvo&er" #ieu sait que

tomber malade est bien la derni%re chose dont ’ai besoin"

!heresa Kamon était la femme de chambre personnelle d’5elen

depuis aussi longtemps qu’*mma pouvait se le rappeler" N’étant

plus toute eune elle non plus, elle continuait néanmoins de



satisfaire aux moindres caprices d’5elen" *t m2me si cette

derni%re ne l’admettrait amais, !heresa lui était devenue

indispensable depuis son attaque"

3 7ien sFr, madame (orbett" *n quoi puis'e vous aider >

3 J’ai quelques difficultés avec le fermoir de ce collier" 0l seferme dans le sens contraire"

a dextérité d’5elen avait été sév%rement compromise par sa

maladie, mais cela faisait également partie des choses qu’elle

n’admettrait amais" (’était beaucoup mieux de prétendre que le

biou avait un défaut"

3 aisse;'moi faire"

!out en se retournant face à sa coiffeuse, 5elen lui tendit lecollier"

!lle sem"le diérente, pensa *mma, surprise, tandis que leursregards se croisaient dans le miroir"

es &eux bleus d’5elen scintillaient d’excitation tandis que les

coins de sa bouche se contractaient de temps à autre, comme si

elle dissimulait un secret"

a nouvelle dont #avid !obias lui avait fait part 3 quelle qu’ellesoit 3 la réouissait manifestement"

Malgré son $ge et son état de santé, 5elen était encore séduisante"

N’a&ant amais été d’une beauté renversante, elle avait néanmoins

touours eu beaucoup de présence, et dégageait un certain m&st%re"

*nfant, *mma avait pour habitude de grimper au ch2ne situé au bord de la terrasse dallée afin de se cacher parmi les branches pour

observer les f2tes gigantesques données au manoir" (’était commed’avoir un aper-u sur un monde magique incro&able"

#e minuscules lumi%res blanches installées dans les arbustes et

des bougies dérivant dans l’immense piscine illuminaient la

terrasse" u printemps, lorsque les roses avaient éclos, leur parfum

remplissait l’air de la nuit, se m2lant à l’ar/me doux des lis, des

camélias et des narcisses a&ant poussé dans une serre"

*n été, les parfums plus exotiques du asmin et du frangipanier

flottaient de mani%re insistante et attra&ante dans la chaleur"

*t au centre se tenait l’élégante et distante 5elen, en grande



toilette et parée de diamants, comme touours" (es bioux 3

froids et durs à l’extérieur, mais avec des éclats de feu à l’intérieur

3 lui allaient à la perfection"

3 *h bien > demanda la vieille femme" 8ous & arrive;, oui ou

non > 3 #ésolée"

4’empressant de chasser ses souvenirs, *mma enclencha le cran

de sFreté" e scintillement des pierres attira de nouveau son regard

sur le reflet de la vieille femme"

3 8ous 2tes tr%s séduisante, ce soir, madame (orbett"

3 *pargne;'moi vos flatteries, *mma, e ne me fais pas

d’illusions" *t e ne suis pas non plus aveugle" Je ne suis qu’unevieille femme qui a fait son temps"

Mais en dépit de son ton railleur, une lueur d’espoir semblaitsubsister dans ses &eux bleus tandis qu’elle faisait courir ses

doigts le long de la manche de soie de sa robe"

3 Je dois vous sembler un peu trop habillée pour un simple d.ner

de famille, mais il s’agit d’une occasion particuli%re" Je tiens à 2tre

à mon avantage ce soir, car ’ai une annonce importante à faire" *mma se demanda de quoi il pouvait s’agir"

3 0l est presque LA heures, dit'elle en etant un coup d’9il à sa

montre" *t ’étais sur le point de sortir" 8oule;'vous que e vous

accompagne au re;'de'chaussée >

Proposer son aide à 5elen sans en avoir l’air n’était pas choseaisée" *mma avait appris à ses dépens que cette derni%re avait peu

de patience pour ceux qui essa&aient de la materner à cause de son$ge ou de son état de santé, et elle était si fi%re qu’elle ne

s’abaissait amais à demander de l’aide m2me si elle en avait

besoin"

3 #ans un instant"

e regard de la vieille femme était touours posé sur elle dans le

miroir, mais l’excitation subtile qui illuminait ses &eux était

devenue faussement mi%vre, tandis qu’elle ne cessait de retoucher

sa coiffure alors que chaque boucle de ses cheveux était

parfaitement en place"



3 ’obet de mon annonce doit susciter votre curiosité,

’imagine"

*mma hésita, incertaine quant à la réponse qu’elle était censée

fournir à cette question"

3 Je suppose qu’il s’agit d’une affaire de famille, répondit'elleen haussant lég%rement les épaules"

utrement dit, cela ne la regardait pas"

5elen pressa précautionneusement ses l%vres dans un mouchoir

en papier"

3 *n effet, c’est le cas" *t e m’attends à ce que la nouvelle vous

surprenne autant que tous les autres"

*tait'elle renvo&ée > se demanda *mma avec une soudaineinquiétude, avant de se réprimander aussit/t pour avoir tiré des

conclusions h$tives" M2me si 5elen ne la complimentait amais, elle ne savait que trop

bien que la vieille femme n’hésiterait pas à lui faire part de son

mécontentement si elle trouvait que son travail n’était pas à la

hauteur"

Par ailleurs, son renvoi ne ferait en aucun cas l’obet d’uneannonce formelle lors d’un d.ner de famille"

3 (omme vous le save;, mon avocat m’a rendu visite,

auourd’hui, dit 5elen" 0l m’a fait part d’une nouvelle tout à fait

inattendue" #ans un premier temps, e ne savais pas vraiment quoi

en penser" Ne voulant pas avoir trop d’espoir, ’osais à peine &croire"

ces mots, *mma ne put s’emp2cher d’éprouver de la curiosité" 3 J’en déduis qu’il s’agit d’une bonne nouvelle"

3 In pourrait m2me qualifier cela de miracle, s’il s’av%re que

c’est vrai, répliqua 5elen" a réponse à toutes mes pri%res"

es mains d’5elen tremblaient quand elle porta de nouveau le

Eleenex à sa bouche, cette fois'ci pour étouffer la vague soudaine

d’émotion qui la submergeait"

*mma ne l’avait amais vue ainsi" (ette attitude ne ressemblait

tellement pas à la stoSque 5elen C M2me apr%s une attaque

dévastatrice, sa force n’avait amais vacillé"



3 Gu’& a't'il > ne put'elle s’emp2cher de demander"

=ne vive lueur scintillait dans le regard bleu d’5elen" *lle était

émotive, oui, mais son attitude calculatrice était encore bien

présente, elle aussi" *lle avait quelque chose derri%re la t2te) et

ce quelque chose la concernait, songea *mma" 4oudain nerveuse, elle sentit un fourmillement lui parcourir la

nuque tandis que leurs regards se croisaient de nouveau dans le

miroir"

3 sh est de retour, annon-a enfin 5elen en redressant

impérieusement le menton"

Pendant une fraction de seconde, *mma ne réalisa pas ce qu’elle

venait d’entendre" Puis les paroles d’5elen firent leur effet, et la prise de conscience la frappa en plein ventre"

*lle dut lutter pour contr/ler ses propres émotions, et garder àl’esprit qu’5elen ne savait rien de ses rende;'vous nocturnes avec

sh, ni des secrets qu’ils avaient partagés, ni des caresses

passionnées qu’ils avaient échangées"

3 sh est de retour, répéta't'elle d’un air hébété" 0l est) ici >

Jacob’s Pass > 3 Non, pas encore" pparemment, il se trouve à (orpus (hristi"

0l a contacté #avid il & a quelques ours et a demandé à me voir"

*mma était abasourdie"

cet instant m2me, il se trouvait à quelques +ilom%tres d’elle à

peine" 3 Je ne comprends pas, dit'elle doucement" Pourquoi s’adresser

à votre avocat au lieu de venir directement vous voir > 3 0l craignait que ce ne soit un trop grand choc pour moi" *tant

donné les circonstances de son départ soudain, e suppose qu’il se

demande également quel accueil lui sera réservé"

*mma avait du mal à respirer"

3 M" !obias vous a't'il dit o6 il avait passé toutes ces années >

3 8aguement"

’éclat qui brillait dans les &eux d’5elen était presque égal à celui

de ses diamants"

3 0l a passé quelque temps dans l’armée" 0l a beaucoup vo&agé"



Je pense qu’sh nous racontera toute l’histoire"

a bouche d’*mma était si s%che qu’elle avait presque peur de

parler" Mais elle savait qu’5elen attendait une réponse et elle ne

pouvait pas laisser le n9ud dans sa gorge ou le soudain

tremblement de ses genoux trahir ses émotions" 3 Je n’arrive touours pas à & croire, fit'elle, stupéfaite que sa

voix puisse para.tre si normale alors qu’elle était profondément

bouleversée" 4’il est vivant et qu’il se porte bien, alors pourquoi)

ne vous a't'il amais contactée >

*lle s’était retenue de dire : Pourquoi ne m’a't'il amais

contactée > O *lle essa&a de se ressaisir autant que possible avant

de poursuivre" 4i elle tenait à garder son emploi, elle devaitmesurer chacune de ses paroles"

3 Pourquoi vos détectives ne sont'ils pas parvenus à lelocaliser >

3 Parce que e n’en ai pas engagé, répliqua 5elen, les l%vres

pincées"

3 Mais e cro&ais)

3 Gue ’avais pa&é des gens pour retrouver la trace de mon petit'fils >

*lle eta le Eleenex dans la poubelle"

3 !out le monde cro&ait que e le ferais" sh l’a sans doute

également pensé, mais c’était sa décision de partir" Je n’allais pas

le faire pourchasser comme un criminel pour ensuite le supplier derentrer"

Alors# vous l$avez laissé sortir de nos vies% *mma n’en cro&ait pas ses oreilles" *lle avait touours supposé

qu’5elen avait remué ciel et terre pour faire revenir sh au

manoir, raison pour laquelle elle n’était amais parvenue à

comprendre comment il avait pu dispara.tre aussi facilement"

4i seulement elle avait su la vérité, à l’époque)

!t &u$aurais-tu ait au juste ? se demanda't'elle"

Gu’aurait'elle pu faire > *lle avait à peine dix'sept ans quand sh

était parti" *lle n’aurait pas eu l’argent nécessaire pour engager un

détective privé, ni n’aurait su de quelle mani%re s’& prendre pour



mener ses recherches toute seule"

*lle avait fini par se convaincre qu’il avait dF lui arriver malheur"

0l n’& avait pas d’autre explication à son silence" e eune homme

qu’elle avait connu et aimé ne l’aurait amais abandonnée

intentionnellement, en la laissant dans l’incertitude, s’il avait pufaire autrement"

Pourtant, c’était visiblement ce qu’il avait fait"

*t à présent, il était de retour"

a voix d’5elen interrompit ses pensées"

3 #ésapprouve;'vous la mani%re dont ’ai géré la situation >

4urprise par la question, *mma se demanda pourquoi la vieille

dame se souciait de son opinion" *lle déglutit pour tenter de dénouer sa gorge serrée par l’émotion

et haussa les épaules" 3 Je suis simplement étonnée" Mais cela ne me regarde

absolument pas"

3 Pourtant, sh et vous étie; amis, autrefois" 8ous ave; dF vous

interroger sur les raisons de son départ > moins) qu’il ne vous

en ait fait part > a question était subtile, mais *mma per-ut une pointe

d’accusation dans la voix d’5elen"

*lle secoua la t2te"

3 Non, bien sFr que non"

3 0l ne vous a amais contactée apr%s son départ > e ventre d’*mma se serra d’effroi" I6 5elen voulait'elle en

venir > 3 Pas une seule fois, répondit'elle avec honn2teté" Pourquoi

pense;'vous une chose pareille >

3 (e n’est pas le cas" Pas vraiment"

<ron-ant les sourcils tandis qu’elle se regardait dans le miroir,

5elen accusait tout à coup chacune de ses soixante'dix'neuf

années" Guelles que soient les décisions qu’elle avait prises

concernant sh, celles'ci n’avaient pas été sans regrets"

'aigre consolation, songea *mma avec amertume"

3 J’aurais sans doute géré la situation différemment s’il n’avait



pas été aussi ent2té, expliqua 5elen" e portrait craché de son

p%re" Keese a quitté la maison, lui aussi, vous save;" *videmment,

il est revenu, ce dont e n’avais amais douté" 4eulement, il a fallu

qu’il ram%ne cette femme dans nos vies"

a haine qui per-ait dans la voix de la vieille dame fut un autrechoc pour *mma" *lle n’avait amais su qu’5elen nourrissait de

l’animosité à l’égard de la m%re d’sh"

orsque *mma était enfant, le personnel discutait librement

autour d’elle, parce que la plupart du temps, personne ne la

remarquait" *lle réussissait habituellement à surprendre les

derniers ragots concernant les (orbett, mais elle ne se rappelait

pas une conversation au suet d’un désaccord entre 5elen etKenata"

*lle se souvenait à peine des parents d’sh" 0ls n’avaient pas vécuau manoir avec 5elen, et autant qu’elle sache, lui rendaient tr%s

peu visite, bien qu’à l’époque de la naissance d’sh, son p%re soit

déà à la t2te de (orbett *ntreprises"

Keese venait touours seul au manoir, mais elle n’avait amais

compris la signification de ses visites solitaires usqu’àauourd’hui" #e toute évidence, 5elen désapprouvait Kenata"

*lle avait un souvenir fugace de celle'ci" Pendant qu’5elen

manipulait son collier en diamants, elle se rappela qu’à l’époque

de ses dix ans, alors qu’elle était cachée dans le ch2ne au cours de

l’un des bals donnés au manoir, elle avait aper-u une femme auxcheveux bruns, v2tue d’une robe du soir bleue, sans bretelles,

courir sur la terrasse" (ette derni%re ressemblait à une star de cinéma ou à une princesse

exotique" (’était la plus belle femme qu’elle ait amais vue"

Guelques instants plus tard, Keese (orbett l’avait suivie sur la

terrasse et tous deux avaient commencé à se disputer" #es bribes

de cette conversation lui revinrent tandis qu’elle se demandait

pourquoi elle ne s’en était pas souvenue plus t/t"

3 In ne peut pas la faire attendre indéfiniment, Kenata, avait dit

Keese" *lle veut voir son petit'fils"

3 (’est pour cette raison qu’elle m’a invitée ici, ce soir, n’est'ce



pas > *lle est finalement pr2te à m’accepter si cela signifie qu’elle

peut mettre la main sur mon fils" a n’arrivera amais, Keese" Pas

tant que e serai en vie"

3 (’est aussi mon fils, Kenata"

3 (ertes, mais e le ram%nerai en 0talie d%s que e pourrai prendre les dispositions nécessaires" 4i quelqu’un essaie de

m’arr2ter, ’irai voir la police"

3 vec quoi > #es spéculations > #es rumeurs > Personne ne te

croira"

3 !u es pr2t à courir ce risque >

3 Kenata, e t’en prie" aisse'moi simplement un peu plus de

temps" 3 Nous sommes à court de temps" !u ne vois donc rien > Plus

nous restons ici, plus grande sera son influence sur sh" Madécision est prise, Keese" Je t’aime et e souhaite de tout mon c9ur

que tu nous accompagnes" Mais ’ai bien peur que tu ne veuilles

amais repartir d’ici"

!ous deux demeur%rent silencieux pendant un long moment, puis

Kenata s’approcha de lui et leva la main pour lui caresser la oue" 3 !u es un homme bon, Keese" Guelqu’un d’honn2te" !u n’es

pas comme les autres" Ne l’oublie amais"

3 Je suis un (orbett, rétorqua't'il am%rement, /tant sa main de

son visage" Kien ne changera amais cela"

e souvenir s’éloigna de la mémoire d’*mma et le reflet d’5elenréapparut devant ses &eux" (elle'ci l’observait d’un air étrange,

comme si elle était capable de lire dans ses pensées" Gue signifiait ce souvenir > s’interrogea la eune femme tandis

qu’un frisson remontait à toute allure le long de son échine" *t

pourquoi n’& avait'elle amais repensé avant auourd’hui > Peut'

2tre que la haine dans la voix d’5elen lorsqu’elle avait parlé de sa

défunte belle'fille l’avait déclenché" *lle avait oublié cette

conversation surprise entre Keese et Kenata parce que, usqu’à

maintenant, elle n’avait amais rien signifié pour elle"

#e toute évidence, la disparition de Kenata n’avait pas été une

grande perte pour 5elen, et *mma ne pouvait s’emp2cher de se



assumer les responsabilités de son héritage"

es responsabilités de son héritage"

.a "arrière &ui s$était toujours dressée entre eux# pensa *mma

avec une soudaine pointe de col%re" Peut'2tre était'ce également la

raison pour laquelle Kenata l’avait détestée" Keese était le fils a.né d’5elen et il avait été préparé depuis

l’enfance à prendre le contr/le des intér2ts de la famille"

sa mort dans un accident de voiture, sa participation maoritaire

dans la compagnie était revenue à 5elen, qui l’avait administrée

pour sh, usqu’à ce qu’elle le uge apte à reprendre les r2nes"

=ne autre chose revenait à l’esprit d’*mma, à présent, une chose

à laquelle elle n’avait pas pensé depuis des années" Guelquessemaines apr%s les funérailles de Keese, la m%re d’sh avait fait

ses valises et avait emmené son fils en 0talie vivre avec sa famille"*mma avait surpris des membres du personnel en train d’en

discuter, mais s’il & avait eu des spéculations à l’époque

concernant ses raisons, *mma ne s’en souvenait pas" es

domestiques avaient semblé penser que c’était naturel que la eune

m%re veuille 2tre aupr%s de sa famille pendant son deuil" 4eulement, quelques ours plus tard, la tragédie avait de nouveau

frappé" #épressive à cause de la mort de son mari, Kenata avait

avalé une trop forte dose de somnif%res et ne s’était amais

réveillée" lors $gé de dou;e ans, sh s’était retrouvé une

nouvelle fois arraché à sa maison pour venir vivre avec sa grand'm%re paternelle, qui s’était vu confier sa tutelle"

*mma se rappelait encore son arrivée au domaine" (alme, il avaitcependant le regard le plus triste qu’elle ait amais vu" 0l ne lui

avait pas adressé deux mots ce our'là, et avait à peine fait cas de

sa présence" Mais pour elle, le coup de foudre avait été immédiat"

3 *t à présent, il est de retour, murmura't'elle"

3 Iui, dit 5elen avec un soupir" 0l revient che; lui, là o6 est sa

place" Mais d’apr%s #avid, e ne devrais pas trop espérer"

*mma fron-a les sourcils"

3 Pour quelle raison > 0l l’a vu, non >

3 *n effet" 0l a également effectué une enqu2te préliminaire et



usque'là son histoire tient debout"

3 (omment -a >

3 pparemment, son apparence a changé de mani%re asse;

spectaculaire" 4uite à un accident, il a dF avoir recours à la

chirurgie réparatrice" 3 Guel genre d’accident > demanda *mma d’un ton anxieux"

Avait-il été gravement "lessé ? /$était-il complètement remis ?

3 =n accident de voiture" 0l prétend que c’est la chirurgie qui a

modifié son apparence, mais #avid n’est pas compl%tement

convaincu"

5elen marqua une pause, l’air pensif"

3 7ien sFr, comme il est mon avocat, il se doit d’2tre prudent"4’il devait amener un imposteur sous mon toit, ce serait

évidemment la fin de sa carri%re" (ette possibilité n’avait m2me amais traversé l’esprit d’*mma"

=n imposteur" =n homme se faisant passer pour sh"

(ela expliquerait certainement son silence durant toutes ces

années"

*lle ne savait pas si l’idée d’un imposteur la faisait se sentirmieux ou moins bien" *lle avait envie de croire qu’sh était

encore en vie et bien portant quelque part, mais le fait de savoir

qu’il avait été capable de la quitter si facilement lui restait sur le

c9ur" *t elle s’en voulait d’avoir encore des sentiments pour lui"

(’était tellement stupide de sa part C songea't'elle" #ans l’un ou l’autre des cas, il n’était pas l’homme dont elle était

tombée amoureuse, celui qui l’avait serrée si tendrement dans ses bras et l’avait embrassée si passionnément cet été'là" (e qu’ils

avaient partagé n’était rien de plus qu’un amour d’adolescents"

=ne relation interdite a&ant pris de l’importance parce qu’elle était

secr%te"

*mma prit une profonde inspiration"

3 (omment quelqu’un pourrait'il réussir une telle escroquerie

compte tenu de toute la technologie moderne dont nous

disposons > 0l vous suffit de demander un test #N"

3 8oilà que vous vous mette; à parler comme #avid C s’exclama



5elen d’un ton moqueur" 8ous me cro&e; vraiment incapable de

reconna.tre mon propre petit'fils > (e ne sont pas dou;e années

qui l’auront changé tant que -a" #ix minutes dans la m2me pi%ce

que lui et e saurai à qui ’ai réellement affaire"

0ix minutes 1 2l ne me audra pas autant de temps# songea *mma" !out ce qu’elle avait à faire, c’était de le regarder dans les &eux"

5elen attrapa sa canne et se leva tant bien que mal" *mma savait

qu’il valait mieux ne pas lui offrir son aide" *lle attendit qu’5elen

se soit stabilisée sur ses pieds, puis déclara :

3 Je vous accompagne usqu’au re;'de'chaussée" Je dois me

rendre che; mon p%re"

5elen hocha la t2te tandis qu’elle traversait la pi%ce" Marchantquelques pas devant *mma, elle se retourna soudain et lui eta un

coup d’9il par'dessus son épaule" 3 (e que e vous ai dit est confidentiel" Je ne veux pas que la

nouvelle se répande avant que ’aie vu ce eune homme de mes

propres &eux"

3 (ompte; sur moi" Je n’en parlerai m2me pas à mon p%re"

3 Merci" vant d’atteindre le couloir, elle marqua une nouvelle pause"

3 8ous deve; vous demander pour quelle raison e me suis

confiée à vous alors que e n’ai m2me pas encore mis le reste de la

famille au courant"

3 Je suis persuadée que vous ave; vos raisons, murmura *mma" a main d’5elen s’enroula autour de la t2te en argent de sa canne,

et *mma vit ses articulations blanchir" 3 Je sais qu’à une époque vous vous imaginie; 2tre amoureuse

de mon petit'fils"

3 (om) (omment > béga&a *mma, sous le choc"

a vieille femme lui adressa un regard dédaigneux"

3 Je vous en prie" N’insulte; pas mon intelligence en essa&ant de

le nier" Je savais beaucoup plus de choses au suet de votre relation

avec sh que vous n’en avie; conscience" 4i e n’ai pas tenté d’&

mettre un terme, c’est parce que e savais qu’il finirait par se lasser

de cette amourette"



3 Je) Je ne sais pas quoi vous répondre, parvint à articuler

*mma"

3 0nutile de dire quoi que ce soit"

4a bouche se tordit cruellement et ses &eux prirent une teinte bleu

métallisé" 3 Je vous ai informée du retour de mon petit'fils par gentillesse,

afin que vous ne l’apprenie; pas par un membre du personnel ou

quelqu’un d’autre, en ville" Je pensais que vous méritie; bien -a"

3 Merci, répondit *mma, sachant pertinemment que ce n’était

pas la gentillesse, mais une autre raison, qui avait poussé 5elen à

lui en parler"

3 8otre p%re est un emplo&é appliqué et dévoué depuis denombreuses années et il serait le premier à dire que sa lo&auté a

largement été récompensée" Je détesterais que quoi que ce soitvienne se mettre en travers de cette relation, particuli%rement

maintenant qu’il approche de la retraite"

a menace n’était ni subtile ni lég%re" 4i *mma nourrissait

l’espoir de reprendre leur relation là o6 sh et elle s’étaient

arr2tés, 5elen était pr2te à recourir à des mesures drastiques, àsavoir renvo&er son p%re" son $ge, et avec ses probl%mes de

santé, il lui serait pratiquement impossible de trouver un nouvel

emploi"

es oues chauffées par la col%re, *mma préféra ne pas répondre,

craignant de prononcer des paroles qu’elle pourrait regretter" 3 8ous 2tes une femme intelligente, reprit 5elen en souriant" Je

suis contente de voir qu’au fil des ans vous ave; appris à faire preuve de retenue"



T

Malgré la tension qui s’était installée entre elles suite à la mise en

garde d’5elen, cette derni%re se cramponna au bras d’*mma

tandis qu’elles descendaient l’escalier" pr%s son attaque, ses enfants avaient fait installer un ascenseur,

mais une fois que la mobilité de la vieille dame avait progressé au

point qu’elle n’ait plus besoin de fauteuil roulant, elle avait refusé

de s’en servir" !out comme de déménager au re;'de'chaussée pour

des raisons de commodité" &ant passé la maeure partie de sa vie

dans l’aile ouest, au premier étage, elle insistait sur ce point et ne

désirait aucunement s’installer ailleurs, peu importent lesavantages que cela entra.nait pour le personnel"

Mais son ent2tement avait ses limites" u moment o6 ellesatteignirent le bas de l’escalier, sa force avait visiblement diminué"

a main qui serrait fermement le bras d’*mma tremblait à cause

de l’effort et ses pas sur le marbre du vestibule étaient lents et

mesurés"

Néanmoins, lorsqu’elles atteignirent la biblioth%que, 5elen nelaissa rien para.tre de sa fatigue" (’était stupéfiant de la regarder

masquer sa douleur et son épuisement tandis qu’elle redressait les

épaules et le menton d’un air déterminé"

4i elle ne s’aidait pas d’une canne pour se déplacer, personne

n’aurait pu deviner qu’elle avait perdu l’usage de ses ambes et dela parole, un an plus t/t" 4on courage était indéniable"

*mma hésita sur le pas de la porte pendant une fraction deseconde avant de faire demi'tour" *lle avait prévu de s’esquiver

une fois qu’5elen serait arrivée sans encombre au re;'de'

chaussée, mais la voix grave de Hesle& (orbett l’arr2ta"

3 *mma C Ne parte; pas si vite C 8ene; donc boire un verre avec

nous"

4e retrouver happée au milieu d’un drame de la famille (orbett

était bien la derni%re chose dont elle avait envie" *lle n’avait

aucune idée de la réaction que la nouvelle d’5elen allait

provoquer, et ne s’en préoccupait pas franchement" Pour l’instant,



elle avait besoin de temps pour anal&ser ses propres émotions"

3 Merci, mais mon p%re m’attend pour d.ner"

3 Je suis sFr que ce n’est pas un petit verre qui va vous mettre en

retard" 8ene;" J’insiste"

#ebout pr%s de la cheminée, Hesle& la regardait avec insistancedepuis l’autre bout de la pi%ce"

0l était v2tu d’un costume gris anthracite et d’une cravate argent,

et ses cheveux bruns peignés en arri%re dégageaient son front large

et intelligent" 4es &eux bleus, qu’il tenait de sa m%re, avaient la

m2me lueur perspicace 3 parfois sarcastique 3 que ceux de la

vieille dame"

cinquante'cinq ans, c’était un homme séduisant, accessible, sFrde lui, et qui avait le sourire facile" (ependant, comme sa m%re, il

émanait de lui un certain m&st%re" 0l ne bougea pas pour venir aider 5elen à s’installer sur une

chaise car, tout comme *mma, il savait qu’il valait mieux la

laisser se débrouiller seule"

4on épouse, Pamela, était assise sur l’un des sofas blancs qui

encadraient la cheminée" *lle portait une robe verte de soie avecune série de gros bracelets en or autour de chaque poignet et des

chaussures à talons hauts"

e bref sourire qu’elle adressa à *mma fut cordial, mais ses &eux

vert émeraude étaient pleins de mépris et de dédain"

3 Iui, oigne;'vous à nous, *mma, dit'elle" urie;'vous lagentillesse d’apporter un verre de vin à M%re > !heresa est

souffrante, ce soir" 3 Je m’en charge, intervint gaiement Hesle& avant que la

situation ne devienne embarrassante" M%re, e vous sers la m2me

chose que d’habitude > *mma >

3 Je ne peux vraiment pas rester)

3 Ne dites pas de b2tises, e refuse que vous déclinie; mon

invitation" J’espérais bien vous croiser, ce soir"

!andis qu’il s’affairait au bar, la lumi%re du lustre vint se refléter

sur les deux verres de vin qu’il était en train de remplir"

3 Je voulais vous faire savoir à quel point nous apprécions votre



travail, lui lan-a't'il par'dessus son épaule" #’apr%s M%re, vous

2tes devenue indispensable"

3 Je n’ai amais rien affirmé de la sorte, déclara 5elen, mais le

regard qu’elle adressa à *mma était étonnamment bienveillant"

*lle toucha son collier du doigt, puis aouta : 3 8ous pourrie; tout aussi bien entrer et venir prendre un verre,

maugréa't'elle" Hesle& n’arr2tera pas de vous rebattre les oreilles

usqu’à ce que vous le fassie;"

Mal à l’aise, *mma se décida finalement à entrer dans la pi%ce"

*lle remarqua alors le plus eune fr%re de Hesle&, 7rad, ainsi que

l’épouse de ce dernier, &nette, tous deux assis en face de Pamela"

0ls la salu%rent poliment mais, comme d’habitude, l’expression de7rad était tout sauf chaleureuse"

*ntrant dans la cinquantaine, il avait la beauté fanée d’un hommequi a vécu sa vie sans aucune discipline pendant bien trop

longtemps, contrairement à son fr%re a.né"

!outes ces années 3 d’abord dans l’ombre de Keese, puis dans

celle de Hesle& 3 avaient indubitablement dF ébranler son ego,

pensa *mma" e peu dont elle se souvenait du p%re d’sh luilaissait l’impression d’un homme charismatique, à la beauté

sensuelle et à la personnalité troublante" =ne combinaison

irrésistible qu’elle ne connaissait que trop bien"

7ien que n’étant pas aussi beau que Keese, Hesle& avait son

propre charme" 0l possédait le genre de personnalité plus grandeque nature qui faisait passer tout le monde, particuli%rement son

plus eune fr%re, à l’arri%re'plan" &ant touours apprécié Hesle&, elle n’avait amais compris

comment il avait pu 2tre attiré par une femme aussi froide et

calculatrice que Pamela) en dehors du fait qu’elle était d’une

beauté renversante et avait au moins quin;e ans de moins que lui"

ussi blonde que sa belle's9ur, l’épouse de 7rad était une olie

femme discr%te possédant une silhouette voluptueuse qui adis

aurait fait tourner les t2tes mais qui, selon les crit%res

contemporains, serait probablement classée dans la catégorie des

personnes a&ant quelques +ilos en trop 3 contrairement à Pamela



qui était aussi mince qu’un fil"

*lle portait une robe noire et une seule rangée de perles autour du

cou, et ses chaussures, bien qu’étant sans aucun doute hors de

prix, étaient à talons plats et plus pratiques que ravissantes"

&nette était assise tout contre 7rad, sur le sofa, ses doigtsentrelacés aux siens, comme si elle avait peur qu’il puisse s’en

aller si elle le l$chait" e sourire qu’elle adressa à *mma semblait

sinc%re, m2me s’il était quelque peu distrait"

(ette derni%re accepta le verre de vin que lui tendait Hesle& et se

demanda quand elle pourrait poliment s’échapper"

3 *ncore combien de temps comptes'tu faire durer le suspense

au suet de cette grande nouvelle > demanda 7rad à 5elen" e ton de sa voix semblait un peu condescendant, songea *mma,

mais sa m%re ne parut pas le remarquer ou s’en offusquer" 3 Je préf%re attendre que Maris soit ici, répondit'elle"

3 (ela pourrait prendre un bout de temps" *lle est probablement

retenue à l’h/pital"

Maris (orbett était la benamine de la famille, et exer-ait la

profession de médecin" 7rillante et belle, elle avait touours fait preuve de gentillesse à l’égard d’*mma, mais il & avait quelque

chose d’étrange che; elle, comme si son comportement aimable ne

reflétait pas compl%tement la vérité de ses émotions"

3 In parle de moi >

!ous se tourn%rent comme elle faisait son entrée dans la pi%ce"*lle était grande, avec l’allure maestueuse de sa m%re et le sourire

facile de son fr%re le plus $gé" Manifestement, elle avait pris le temps de se changer avant de

venir au domaine" a robe blanche, aux lignes pures, qu’elle

portait était moulante et ses talons assortis de huit centim%tres

avaient été con-us plus pour attirer l’attention que pour 2tre

confortables"

3 #ésolée pour mon retard, s’excusa't'elle en se dép2chant

d’aller embrasser 5elen sur la oue" 0l & a eu une urgence à

l’h/pital" Je n’ai pas pu faire autrement"

3 !u es pile à l’heure, répliqua cette derni%re" Nous en sommes



touours aux boissons"

Maris se redressa et se retourna vers Hesle&"

3 Ih, apr%s la ournée que e viens d’avoir, un petit Martini ne

serait pas de refus"

3 Je te sers tout de suite" e regard de Maris s’illumina lorsqu’il se posa sur *mma" 4i voir

un membre du personnel boire un coc+tail en compagnie des

membres de sa famille la surprit, elle n’en laissa rien para.tre"

3 *mma C 7onsoir"

3 7onsoir, docteur (orbett" (ontente de vous voir"

3 #e m2me" (omment se porte votre p%re, ces ours'ci >

3 7ien, merci" Maris lui adressa une expression à demi sérieuse"

3 8eille;'vous à ce qu’il surveille son alimentation et fassesuffisamment d’exercice >

3 Je fais de mon mieux" #’ailleurs, e m’appr2tais à le reoindre"

*lle posa son verre de vin sur une table basse, pressée de quitter

la pi%ce aussi rapidement et gracieusement que possible"

3 Je vais & aller" 0l m’attend" 3 7ien, salue;'le de ma part, dit Maris avec un sourire" *t qu’il

me téléphone s’il a besoin de quoi que ce soit"

3 *ntendu, merci"

3 7onne nuit, *mma"

3 7onne nuit, docteur (orbett" pr%s avoir adressé un signe de t2te au reste de la famille, elle se

h$ta de sortir avant que quiconque puisse la retenir" *lle se rendit usqu’au petit salon et sortit dans le ardin en

passant par les portes'fen2tres" a nuit était tombée, mais il & avait

encore un peu de couleur dans le ciel, là o6 le soleil avait disparu

sous l’hori;on"

7ien que le domaine se situ$t à plusieurs centaines de m%tres de

la plage, *mma pouvait sentir l’odeur de la mer et un soup-on de

pluie dans l’air chaud qui arrivait du golfe" a lune était en train

de se lever au'dessus de la cime des arbres, un croissant à demi

caché par la dérive des nuages sombres et légers"



’air était doux et parfumé" *t le chant des criquets fit remonter

d’anciens souvenirs à la surface"

!andis qu’elle progressait le long du chemin dallé, son épaule

effleura un brin de asmin et l’explosion de minuscules étoiles

blanches l$cha un ar/me divin" *lle s’arr2ta et cassa net un autre brin, puis porta les fleurs blanches au niveau de son ne;" (e

parfum lui rappelait touours l’été" insi que)

Ash%

=n soupir fit trembler sa poitrine"

*lle n’arrivait touours pas à croire qu’à cet instant m2me, il se

trouvait pr%s d’ici"

<ermant les &eux, elle essa&a d’imaginer à quoi il pouvaitressembler à présent, mais ne vit rien d’autre que la mani%re dont

il l’avait regardée uste avant de l’embrasser pour la premi%re fois" 4es &eux bleus avaient changé tandis qu’il levait une main pour

coincer un brin de asmin dans ses cheveux" Puis il avait glissé les

doigts au creux de sa nuque avant de l’attirer contre lui" 4on c9ur

battait la chamade lorsqu’il s’était penché vers elle"

*lle venait d’avoir dix'sept ans, cet été'là, et n’avait amais étéembrassée" *nfin pas vraiment" Pas de la mani%re dont il l’avait

embrassée cette nuit'là"

sh n’avait qu’un an de plus qu’elle, mais il avait déà de

l’expérience, et une flopée de filles, beaucoup plus belles et plus

sophistiquées qu’elle, qui lui tournaient autour" #avantage enaccord avec son rang social, elles représentaient tout ce que sa

grand'm%re approuvait" orsqu’il était entré au pensionnat, *mma avait cru qu’il l’avait

compl%tement oubliée" 0l ne semblait m2me pas savoir qu’elle

existait"

Mais quand elle avait levé les &eux vers lui, ce soir'là, elle avait

su que le genre d’intimité qu’ils partageaient n’était pas dF au

hasard" 0l avait envie de l’embrasser depuis longtemps" e désir

était présent dans ses &eux, et dans sa voix, lorsqu’il avait

murmuré son prénom"

!mma%



*lle pouvait presque entendre son murmure grave dans son

oreille, sentir ses l%vres effleurer son cou, et elle frissonna à ce

souvenir"

eur intimité n’avait fait que prendre de l’ampleur au fil des

ours" *t à la fin de l’été, elle était éperdument amoureuse, etcertaine qu’il éprouvait la m2me chose à son égard"

(’est alors qu’une nuit, il avait plié bagage et quitté le domaine

sans dire un mot, ni à elle ni à personne d’autre"

#urant des ours, elle était restée pr%s du téléphone, persuadée

qu’il l’appellerait" Mais il ne l’avait amais fait" 0l ne lui avait pas

non plus écrit et, au bout d’un moment, elle avait rangé tous ses

souvenirs 3 la branche de asmin, le collier d’anniversaire, lesnotes qu’il avait laissées pour elle dans le pavillon d’été 3 et

s’était efforcée tant bien que mal de recoller les morceaux de sonc9ur et de poursuivre sa vie"

4eulement, elle ne l’avait amais vraiment oublié"

*t à présent, il était de retour"

vec un long soupir, elle referma la bo.te aux souvenirs" (ela

n’avait plus d’importance, réalisa't'elle" (e qui avait existé entresh et elle était mort et enterré, et elle serait stupide de continuer à

espérer apr%s toutes ces années et ce qu’il avait fait"

M2me si se remémorer cette époque la rendait nostalgique, cela

ne signifiait rien" *lle ne s’autoriserait pas à laisser ses sentiments

remonter à la surface" *lle ne pouvait pas se le permettre" Jetant le brin de asmin sur le sol, elle se retourna et sortit du

ardin" a petite maison o6 elle avait grandi était presque enti%rement

cachée par les vieux ch2nes d’eau qui bordaient l’allée privée" u

lieu de s’aventurer sur le chemin sinueux, elle préféra emprunter

celui qui coupait directement à travers les bois"

Perchée pr%s de l’entrée du domaine (orbett, la petite maison à

un étage semblait tout droit sortie d’un r2ve" es fen2tres à

battants étaient ouvertes pour attraper la brise et un carillon tintait

doucement sous le porche couvert"

a lumi%re était allumée dans la cuisine, et tandis qu’elle



remontait les marches en pierre en courant et ouvrait la porte, un

ar/me de chili con carne l’enveloppa"

3 Papa >

3 Par ici C

*lle traversa le salon modestement meublé pour le reoindre dansla cuisine" *n vingt'cinq ans, l’endroit n’avait pas beaucoup

changé"

es solides meubles de pin et les gonds noirs des portes de grange

étaient d’origine, de m2me que le plancher" e vieux plaid placé

de mani%re stratégique devant l’évier était décoloré à force d’avoir

été trop souvent lavé"

Mais peu importait à quel point la petite maison était défra.chie etrustique, *mma s’& sentait che; elle et ce serait probablement

touours le cas" #ebout devant le vieux four, son p%re était occupé à remuer le

plat de chili" Qrand et musclé, il avait des &eux marron brillants

ainsi qu’une barbe épaisse et grisonnante"

3 a sent bon C s’exclama't'elle en s’approchant pour goFter"

3 vant que tu ne fasses une remarque, c’est une recettevégétarienne, fit'il observer"

3 Pour ta gouverne, e n’allais pas dire un mot"

*mma souffla sur la cuill%re, avant de la mettre dans sa bouche"

3 5um, pas mauvais"

3 Pas terrible, non plus" Ketirer la viande du chili, c’est lui /tertoute sa saveur, expliqua #ominic+ Novic+ avec un grand soupir"

3 Iui, mais ton c9ur t’en sera reconnaissant" *mma lui donna une tape sur l’épaule"

3 *t moi aussi"

3 ttrape les bols, c’est pr2t, dit'il"

3 4i -a ne te dérange pas, papa, e préférerais remettre -a à une

autre fois" Je n’ai pas tr%s faim" J’aimerais simplement aller me

promener puis rentrer me coucher t/t"

4on p%re fron-a les sourcils tandis qu’il avan-ait vers la fen2tre

ouverte"

3 =ne promenade en pleine nuit >



3 Je vais simplement marcher usqu’à la grille de l’entrée et e

reviens"

=ne lueur d’inquiétude traversa le regard sombre de son p%re

tandis qu’il l’observait attentivement"

3 !u n’essaies pas de prouver quelque chose, n’est'ce pas,*mm& >

Kamenée directement à son enfance par ce surnom, elle se

contenta de hausser les épaules en guise de réponse" orsque le

regard du vieil homme s’adoucit, elle détourna la t2te"

3 Je ne vois pas de quoi tu veux parler"

Mais son p%re n’en cro&ait pas un mot"

3 4i, tu le sais tr%s bien" !es promenades nocturnes) *lles n’ontrien à voir avec ce qui est arrivé à #allas, si >

0l avait touours lu en elle comme dans un livre ouvert, raison pour laquelle elle n’avait nullement l’intention de mentionner le

retour d’sh"

3 Je ne veux pas devenir une nouvelle fois prisonni%re dans ma

propre maison, expliqua't'elle" lors, oui, e crois que ’essaie de

prouver quelque chose" 3 (’est insensé, répondit'il avec opini$treté" (e qui est arrivé

n’était pas ta faute"

3 J’en suis consciente" Mais m2me apr%s sa condamnation, ’ai

laissé cet animal prendre le contr/le de ma vie, et me faire

craindre ma propre ombre" Je ne veux plus vivre de cette fa-on, papa"

3 *t tu crois qu’aller te promener dans le noir toute seule est lasolution >

3 Probablement pas, reconnut'elle en haussant les épaules" Mais

’ai besoin de le faire"

3 4i seulement tu t’accordais un peu de répit, maugréa't'il" (e

que tu as enduré effraierait n’importe qui" !u es extr2mement

courageuse, *mma" J’ai touours été fier de toi"

es larmes lui mont%rent aux &eux"

3 J’aimerais que ce soit vrai, mais ce n’est pas le cas"

*lle esquissa un bref sourire"



3 (’est plut/t ironique, pas vrai > J’ai de nouveau emménagé ici

pour fuir la violence de la ville et, une semaine apr%s mon arrivée,

un autre corps est rep2ché dans le golfe"

4on p%re posa la cuill%re de bois sur le c/té de la casserole et

s’approcha de l’endroit o6 elle se tenait, pr%s de la table" 3 0nutile de t’inquiéter" (e meurtre horrible n’a rien à voir avec

l’affaire sordide d’il & a dou;e ans" e shérif a déà procédé à une

arrestation" e mari de la victime a tout avoué"

3 Je suis au courant"

pparemment, la pauvre femme que ane& (arroDa& et elle

avaient vue sur la plage plus de deux mois auparavant avait été

victime de maltraitance domestique" (ela n’avait assurémentaucun lien avec le retour d’*mma à Jacob’s Pass"

*lle embrassa son p%re sur la oue, puis tira sur sa barbe" 3 !u as raison" (omme tu l’as si bien dit, ce sale t&pe est

derri%re les barreaux, là o6 est sa place" lors, cesse de t’inquiéter

pour moi" Je ne vais pas sortir du domaine"

0l ne lui demanda pas si elle faisait allusion au mari qui avait

assassiné sa femme ou à l’étranger qui était entré par effractiondans son appartement, à #allas, et l’avait agressée"

3 !u as ton portable > se contenta't'il de demander"

3 Juste là, répondit'elle en tapotant la poche de sa veste" 4i ’ai

besoin de toi, e t’appellerai"

u bout de l’allée, elle se retourna et lui adressa un bref signe dela main, puis remonta vers la route sinueuse qui menait au manoir"

4’effor-ant de ne pas accélérer le pas et de ne pas constammentregarder par'dessus son épaule, elle se rappela qu’elle n’avait

aucune raison d’avoir peur" *lle faisait une simple promenade"

4eulement, les souvenirs se rapprochaient d’elle" e hululement

d’une chouette lui donna la chair de poule tandis que son c9ur se

mettait à battre à tout rompre dans sa poitrine"

2l est en prison et ne peut plus te aire de mal% Tu n$as rien )

craindre%

*lle répéta ces paroles, tel un mantra, encore et encore tandis

qu’elle marchait dans le noir" ’homme qui l’avait suivie usque



che; elle depuis son travail et s’était introduit dans son

appartement avait été appréhendé alors qu’il fu&ait les lieux"

’a&ant reconnu au cours d’une séance d’identification, elle avait

ensuite témoigné contre lui lors de son proc%s, au terme duquel il

avait été condamné à une longue peine de prison" Tu as eu de la chance, se rappela't'elle" 0l n’avait pas eu le temps

de la violer comme cela avait été le cas pour les deux autres

femmes qui s’étaient présentées comme témoins" 0l l’aurait

certainement fait si un voisin ne l’avait pas vu s’introduire dans

son appartement et n’avait pas appelé la police"

!enant un couteau sur sa gorge, l’agresseur avait arraché les

boutons de son chemisier tout en remontant sa upe" Paral&sée parla peur, elle avait été incapable de le repousser" e fait qu’elle ait

été pr2te à se soumettre plut/t que de se battre pour sa vie necessait de la hanter"

#u doigt, elle effleura sa cicatrice, à la base de son cou"

3ais un seul "ruit et je t$égorge, l’avait'il menacée"

#’apr%s le conseiller du centre d’aide aux victimes, elle avait fait

ce qu’elle devait faire pour survivre" #e toute évidence, l’hommen’aurait pas hésité à se servir de son couteau" *lle n’avait aucun

reproche à se faire pour ce qui s’était passé" ’agression n’était pas

sa faute"

u fond d’elle, elle en avait parfaitement conscience" *lle n’avait

pas invité un étranger che; elle et n’avait certainement rien fait pour le provoquer" 0l avait avoué l’avoir choisie parce qu’il aimait

ses cheveux" #%s le lendemain de l’agression, elle s’était doncempressée d’aller les faire couper" Puis elle avait fait changer les

serrures de sa porte d’entrée et avait varié ses itinéraires pour se

rendre à son travail et pour en revenir" *lle avait fait tout ce qui

était en son pouvoir pour se protéger) excepté repousser son

assaillant"

bsorbée dans ses pensées, elle n’entendit pas la voiture

approcher, usqu’à ce qu’elle aper-oive la lueur des phares au

détour d’un virage serré" e véhicule fon-ait droit sur elle"

a lumi%re éblouissante la fit se figer sur place pendant une



des phares per-ait l’obscurité qui les enveloppait"

#avid !obias avait raison, pensa't'elle" es années et son accident

l’avaient changé"

l’exception de sa bouche et de ses &eux, qui paraissaient 2tre

encore les m2mes) 4on port de t2te l’emp2chait de plonger sonregard dans le sien"

3 !u as l’air différente, observa't'il, lui /tant les mots de la

bouche"

3 !u trouves >

*lle toucha furtivement ses cheveux courts sur sa nuque"

3 (ela fait longtemps"

3 Iui, en effet" *tait'ce du regret qu’elle entendait dans sa voix > Iu bien

proetait'elle simplement ses propres émotions sur lui >s’interrogea't'elle"

3 !u ne sembles pas surprise de me voir"

(omme il penchait la t2te, il ressembla soudain au souvenir

qu’elle avait de lui"

4entant les larmes lui monter aux &eux, elle dut prendre un instantafin de contr/ler ses émotions" (e n’était qu’un bref aper-u du

passé, se dit'elle" sh était différent" 0l n’était pas la m2me

personne que dou;e ans plus t/t, et elle non plus"

3 !a grand'm%re m’a informée de ton retour, expliqua't'elle,

soulagée que sa voix semble si normale" *lle était un peu essoufflée, peut'2tre, mais elle doutait qu’il l’ait

remarqué" 3 *lle ne s’attend pas à te voir ce soir"

0l haussa les épaules"

3 Je n’avais pas envie d’attendre" Par ailleurs, rien de tel que de

prendre quelqu’un par surprise pour découvrir ce qu’il ressent

vraiment pour vous"

3 !u penses qu’elle ne sera pas ravie de te voir > s’étonna't'elle"

Pourtant, tu as touours été son préféré"

3 (e n’est pas tellement sa réaction à elle qui m’inqui%te) mais

plut/t celle des autres"



e c9ur d’*mma s’emballa" *lle s’humecta les l%vres tandis

qu’elle levait les &eux vers lui, dans l’obscurité"

3 (omme qui >

es bras croisés, il s’appu&a contre la voiture"

3 Guand on part comme e l’ai fait, on laisse beaucoup d’affairesà régler derri%re soi"

3 Je suppose, en effet"

Perplexe, elle songea au nombre de fois o6 elle avait imaginé le

moment de leurs retrouvailles" *lle avait m2me répété dans sa t2te

ce qu’elle lui dirait"

Comment as-tu pu tirer un trait sur ce &u$il 4 avait entre nous ?

,our&uoi m$as-tu laissée croire toutes ces années &ue tu étaismort ? Comment as-tu pu (tre aussi cruel ?

'$as-tu jamais vraiment aimée ? !andis que toutes ces vieilles questions refaisaient surface, elle

prit conscience qu’il était trop tard pour les poser" présent, cela

n’avait plus d’importance" *t c’était la raison pour laquelle ils

n’avaient rien à se dire"

3 J’aime tes cheveux" 4urprise par le compliment, elle sourit d’un air g2né"

3 8raiment > utrefois, tu m’avais pourtant fait promettre de ne

amais les couper"

3 Promesse que tu n’as pas tenue, à ce que e vois"

e regret lui serra la poitrine" Pas parce qu’sh et elle n’étaient plus que des étrangers l’un pour l’autre, mais à cause de toutes ces

années perdues, de ces nuits solitaires passées à r2ver d’un hommequi était apparemment mort la nuit o6 il avait quitté le domaine"

3 Je ne veux pas te retenir, fit'elle" !u es probablement impatient

de voir ta famille" #’ailleurs, e dois te prévenir qu’ils sont tous à

la maison"

0l grima-a"

3 !ous >

3 !a grand'm%re a réuni les siens pour le d.ner apr%s avoir appris

ton retour"

3 Qénial C s’exclama't'il avec une ironie perceptible" J’aurais



aimé 2tre une petite souris pour voir la t2te de mes oncles

lorsqu’ils ont appris que le neveu prodigue était de retour et venait

réclamer son dF"

3 *st'ce pour cette raison que tu es revenu > ne put'elle

s’emp2cher de demander" Pour réclamer ta part dans (orbett*ntreprises >

3 Non, ’étais simplement fatigué de fuir"

4a réponse la surprit"

3 <uir quoi >

0l hésita longuement, puis leva une main et se frotta la nuque"

3 es responsabilités et les obligations familiales, e crois"

N’est'ce pas pour cette raison que les héritiers g$tés s’enfuienttouours >

’amertume dans sa voix la surprit une nouvelle fois" sh avaitété beaucoup de choses autrefois, mais amais amer, pas m2me

apr%s la mort tragique de ses parents"

*lle se demanda soudain ce qu’il avait enduré durant ces dou;e

derni%res années, et à quoi sa vie avait bien pu ressembler" #’apr%s

les informations fournies par 5elen, il avait passé quelque tempsdans l’armée, ce qu’*mma devinait lég%rement à sa posture"

M2me appu&é contre sa voiture, les bras et les chevilles croisés, il

& avait dans son comportement de la vigilance et de la méfiance"

3 Je ne vais pas te retenir, répéta't'elle, pressée que cette

premi%re entrevue soit enfin terminée" *lle était impatiente d’2tre seule afin d’essa&er de donner un sens

à sa propre vie" *lle était revenue à Jacob’s Pass pour guérir et pour se souvenir, mais en vo&ant sh, l’ombre de l’homme qu’elle

avait aimé autrefois, elle sut que le moment était venu pour elle de

l’oublier"

3 *st'ce que tu te rends au manoir > s’enquit'il"

3 Iui" Je) vis là'bas maintenant" Je travaille pour ta grand'

m%re"

3 (’est ce que ’ai entendu dire" Monte" Je t’emm%ne"

3 Merci, mais e préf%re terminer ma promenade"

3 !u es sFre > (’est le moins que e puisse faire, étant donné)



*tant donné quoi > se demanda't'elle" Gu’il avait failli la

renverser ou bien qu’il lui avait autrefois brisé le c9ur >

*lle secoua la t2te"

3 e temps est agréable" Je vais marcher"

Pendant un instant, il parut avoir envie de la faire changer d’avis"0l se contenta finalement de hausser les épaules"

3 (omme tu veux, répliqua't'il en se redressant sans la quitter

des &eux" bient/t, alors"

3 Iui, ’en suis sFre"

4i sa rencontre avec 5elen se passait bien, il emménagerait

probablement au manoir, songea *mma" 0ls se croiseraient donc

quotidiennement" Non pas que cela ait encore de l’importance, se rappela't'elle une

nouvelle fois tandis qu’elle regardait les phares de sa voituredispara.tre au loin"



@

#ans son rétroviseur, il ne la quitta pas des &eux usqu’à ce

qu’elle ait totalement disparu de son champ de vision" 4on c9ur

battait à tout rompre et ses paumes étaient si moites qu’il dutresserrer les mains autour du volant"

0étends-toi% C$est terminé% Tu t$en es "ien sorti# se dit'il pour se

rassurer, m2me s’il avait conscience qu’il aurait pu faire beaucoup

mieux"

vec le temps, cela deviendrait plus facile"

*n tout cas il l’espérait, parce qu’à ce r&thme, il n’était pas sFr de

tenir le coup face à la pression" Maintenant, le moment était venu de passer à l’obstacle suivant :

affronter la famille (orbett" Pour cela, il devait d’abord parvenir à reprendre le contr/le de ses

nerfs" Parce qu’une fois à l’intérieur du manoir, il n’aurait pas

l’obscurité de la nuit pour le protéger"

0l poussa un long soupir" 8oir *mma Novic+ de mani%re si

inattendue 3 au milieu de la route 3 l’avait pris par surprise"7on sang, il l’avait presque renversée C 0l était donc naturel qu’il

ait été décontenancé"

Par ailleurs, elle paraissait différente elle n’était pas tout à fait

comme sur les photos que lui avait montrées #avid !obias" (es

clichés ne la mettaient vraiment pas en valeur" *n vrai, elleressemblait davantage à la eune fille des vieilles vidéos amateurs

qu’il visionnait depuis des semaines" moins que la nuit noire ne l’ait protégée, elle aussi" (elle'ci

avait peut'2tre adouci ses traits, mais il en doutait" ’obscurité

n’avait rien à voir avec l’impact qu’*mma Novic+ avait eu sur lui"

3 Iublie -a, marmonna't'il en fron-ant les sourcils, le regard

fixé sur la route"

#avid !obias avait raison" 0l n’était pas ici pour renouer avec un

ancien amour de eunesse" 0l devait garder les idées claires 3 et

rester concentré 3 avant de pénétrer dans le manoir et de se

retrouver face à 5elen (orbett"



4’il avait su que les autres membres de la famille seraient

également présents ce soir, il aurait réfléchi à deux fois avant de

débarquer à l’improviste" orsque !obias apprendrait ce qu’il avait

fait, il allait piquer une crise" 4eulement arriver sans 2tre attendu

semblait 2tre le genre de choses qu’aurait fait sh (orbett" 0l avait donc décidé de suivre son instinct et d’improviser"

(onformément aux conseils de l’avocat"

pr%s s’2tre garé au bord de la route, il laissa son regard

vagabonder quelques instants" e domaine ressemblait à un

véritable palace" a grande maison, avec ses tours et ses d/mes,

lui rappelait ces habitations en vieux calcaire et en granit de

l’époque victorienne, le long de 7roadDa& 4treet, à Qalveston" #avid !obias lui avait fourni une copie des plans de l’habitation,

qu’il avait appris par c9ur" 0l ne risquait donc pas de se perdremalgré l’immensité de l’endroit"

3 8otre chambre se trouve au deuxi%me étage, avait expliqué

l’avocat en suivant du doigt sur le papier le lab&rinthe de couloirs

et d’escaliers" (’est vous qui l’ave; choisie lorsque vous 2tes venu

vivre che; votre grand'm%re, notamment parce que les fen2tresdonnent sur le golfe"

!andis que le souvenir de cette conversation s’éloignait

lentement, il resta assis en tambourinant des doigts sur le volant,

perplexe, se demandant s’il devait oui ou non faire son entrée par

la porte principale" #’apr%s !obias, la famille se garait habituellement sur le c/té du

manoir et entrait par les portes du ardin, mais sh étant partidepuis longtemps, rien ne garantissait qu’il allait 2tre accueilli à

bras ouverts" rriver à l’improviste était une chose, entrer par la

porte latérale, comme s’il était en pa&s conquis, en était une autre"

0nutile de partir du mauvais pied, décida't'il" ppu&er sur la

sonnette d’entrée et attendre qu’on l’escorte à l’intérieur serait un

signe de respect, et montrerait une certaine somme de contrition et

d’incertitude, ce qu’5elen (orbett apprécierait probablement"

!rois voitures étaient garées sur le c/té : une 7MH blanche, une

exus beige et un TxT" #’apr%s les informations que lui avait



fournies !obias, il savait que la premi%re appartenait à Hesle&, la

deuxi%me à Maris, et la derni%re à 7rad et sa femme, &nette"

Mais dans ce cas, qui se trouvait dans la Mercedes noire qui était

passée devant le chantier our apr%s our > s’interrogea't'il"

*ntrant par l’allée circulaire, il se gara devant la maison et sortitde la Mustang d’époque que !obias lui avait achetée"

(e dernier lui avait expliqué qu’il ne lui fallait pas un véhicule

trop tape'à'l’9il, mais que le tas de ferraille rouillé qu’il

conduisait ne faisait pas non plus l’affaire" *n effet, s’il donnait

l’impression de traverser une mauvaise passe, il risquait d’éveiller

les soup-ons"

#avid !obias avait pensé à tout" *n tout cas, c’était ce qu’il prétendait"

<ace à l’immense porte d’entrée, il prit une profonde inspiration,soudain assailli par un doute : et si l’avocat avait mal évalué la

situation > Kien ne disait qu’5elen (orbett n’allait pas simplement

renvo&er son petit'fils sans prendre la peine d’écouter l’histoire

qu’ils avaient soigneusement mise au point"

2l est trop tard pour reculer , songea't'il" Prenant une nouvelle inspiration, il pressa le pouce sur le bouton

de la sonnette" a porte s’ouvrit quelques secondes plus tard sur

une eune femme en uniforme noir et blanc"

3 Puis'e vous aider > s’enquit'elle en l’observant d’un air

curieux" 3 Je suis ici pour voir Mme (orbett" 5elen (orbett"

#’un air lég%rement désapprobateur, la eune femme le détaillades pieds à la t2te" 0l avait opté pour une tenue décontractée : un

ean et une chemise, que !obias avait commandés sur le site

0nternet d’un grand magasin" 0l avait eu droit à une nouvelle

garde'robe" 4i les choses ne se déroulaient pas comme prévu avec

5elen, il ressortirait au moins de cette affaire mieux habillé"

3 Mme (orbett vous attend'elle >

3 Iui, mais pas ce soir" Pourrie;'vous, s’il vous pla.t, la prévenir

que son petit'fils souhaite la voir >

e choc se refléta pendant une fraction de seconde sur le visage



agréable de la servante, avant qu’elle ne reprenne son r/le"

3 4uive;'moi, e vous prie, l’invita't'elle en reculant pour le

laisser passer" Mme (orbett est en train de d.ner, e vais l’informer

de votre présence" 8ous n’ave; qu’à l’attendre dans la

biblioth%que" l’instant o6 il franchit la porte, il fut subugué par la

magnificence du vestibule" evant les &eux vers le lustre en cristal

suspendu au plafond, il promena ensuite son regard sur l’escalier

en arrondi usqu’au balcon du deuxi%me étage o6 étaient

accrochés des portraits d’anc2tres"

=n immense bouquet de lis et de roses avait été placé sur un

piédestal doré, au pied de l’escalier" (omme il suivait la domestique sur le sol en granit rose et gris, il

tenta de ne pas céder à la curiosité et garda les &eux fixés droitdevant lui tandis que la eune femme le conduisait le long d’un

large couloir aux murs recouverts de boiseries" orsqu’ils furent

arrivés devant la biblioth%que, elle en fit coulisser les portes, puis

se décala sur le c/té afin de le laisser entrer"

3 Mme (orbett vous reoindra d’ici peu" 3 Merci"

pr%s un dernier regard curieux, elle sortit et referma les portes

derri%re elle, le laissant de nouveau seul"

(omme il traversait la pi%ce pour examiner les étag%res remplies

de livres, il se remémora les paroles de #avid !obias" 3 5elen (orbett re-oit touours ses invités et sa famille dans la

biblioth%que" 4on mari 3 votre grand'p%re 3 et elle partageaientune m2me passion pour la collection d’ouvrages rares" (ette pi%ce

lui permet sans doute de se sentir encore proche de lui, m2me si

elle n’a amais été tr%s sentimentale" #u moins, pas en surface"

0l passa un doigt le long des couvertures en cuir tandis qu’il

étudiait les titres" *n tombant sur une copie de +o"inson Crusoé, il

ne put s’emp2cher de sourire" *nfant, il adorait ce livre" a lecture

était l’un de ses passe'temps favoris, m2me si cela n’était pas de

bon ton de l’admettre dans son école"

Iccupé à feuilleter les pages et à admirer les illustrations, il



entendit soudain quelqu’un entrer" !ournant le dos à la porte, il ne

releva pas immédiatement la t2te, mais son c9ur se mit à cogner

fortement contre sa poitrine"

Nous 4 sommes 1 songea't'il"

(’était maintenant que tout allait se ouer" pr%s avoir calmement remis le livre à sa place, il se retourna

enfin"

4’armant de courage pour affronter la vieille dame, il fut surpris

de découvrir une femme bien plus eune, qui l’observait d’un 9il

noir depuis l’autre bout de la pi%ce"

*nviron la cinquantaine, grande et séduisante, elle avait des

cheveux blonds lui arrivant aux épaules, et des &eux aussi per-antsqu’une lame de couteau" entement, elle avan-a vers lui, sans le

quitter du regard un seul instant" 3 lors, c’est vraiment toi, dit'elle doucement"

=ne pointe de mécontentement transparaissait dans sa voix"

8isiblement, elle n’était pas ravie de le voir"

3 Je n’en ai pas cru mes oreilles lorsque M%re nous a annoncé

que tu étais de retour" *t quand ucia est venue la prévenir que tul’attendais dans la biblioth%que, il a fallu que e vienne voir -a de

mes propres &eux"

cause de sa grande taille et de ses talons hauts, ses &eux

arrivaient à la hauteur des siens" *lle était si proche de lui qu’il lui

était impossible ne pas voir ses l%vres pincées par lemécontentement"

3 7onour, tante Maris, lan-a't'il avec un sourire timide" =ne lueur de col%re traversa son regard tandis qu’elle redressait le

menton"

3 Ne prends pas ce ton avec moi" !u vas devoir nous fournir pas

mal d’explications, eune homme"

Puis sa col%re disparut soudain tandis qu’un sourire contrit

illuminait son visage"

3 Je n’arrive touours pas à croire que c’est réellement toi, reprit'

elle en secouant la t2te"

3 *n chair et en os"



Ne sachant pas vraiment quoi dire, il décida de la laisser diriger la

conversation"

3 *h bien > !u ne m’embrasses pas >

3 4i, bien sFr"

0l enroula maladroitement ses bras autour de sa fine silhouette etl’étreignit un instant, puis recula" Mais elle resserra son étreinte et

l’embrassa sur la oue avant de le rel$cher"

3 0l & a quelque chose de différent che; toi, observa't'elle en

faisant un pas en arri%re, les sourcils froncés"

3 Nous ne nous sommes pas vus depuis dou;e ans" Je ne suis

plus un enfant"

3 (’est exact" !u es devenu un adulte responsable" *lle l’examina attentivement, comme si elle essa&ait de repérer

les cicatrices de son opération" moins qu’elle ne recherche descicatrices intérieures, songea't'il"

3 J’étais sérieuse quand e disais que tu allais devoir rendre des

comptes, sh" 4urtout aupr%s de ta grand'm%re" J’esp%re que tes

explications la satisferont"

3 Je n’ai que la vérité à lui offrir, répondit'il en haussant lesépaules"

3 (’est un début, ’imagine" N’aie pas l’air si inquiet" !out se

passera bien, tenta't'elle de le rassurer en lui tapotant le bras" *lle

est tellement heureuse que tu sois revenu que e suis certaine

qu’elle acceptera presque tout ce que tu lui raconteras" 7ienévidemment, elle ne l’admettra amais" 0l faudra que tu rampes un

peu pour lui permettre de sauver la face" 3 Je n’ai amais été tr%s doué pour -a, mais e verrai ce que e

peux faire"

*lle éclata de rire à ses paroles"

3 ucun (orbett digne de ce nom ne l’est" Mais e me rappelle

que tu étais le plus ent2té d’entre nous" (ela n’a pas dF changer,

avec les années"

0l se contenta d’esquisser un large sourire"

Puis leurs visages reprirent un air sérieux"

3 Je ne sais pas ce qui s’est passé la nuit de ton départ" M%re



5elen (orbett entra la premi%re, la posture si droite et la

démarche si réguli%re que sans la canne à t2te d’argent qu’elle

tenait dans sa main droite, il n’aurait amais deviné que sa santé

était aussi fragile"

(omme son regard se posait sur lui, il & eut une étincelle dans ses&eux bleus, mais elle n’esquissa pas le moindre sourire" *t son

attitude rigide ne l’invita pas à approcher"

0l demeura là o6 il se tenait tandis que 7rad, &nette et Pamela

arrivaient derri%re elle" Hesle& 3 une version masculine et plus

grande de Maris 3 fermait la marche" #%s qu’il vit sh, la chaleur

disparut de son visage, de m2me que son sourire" 4es l%vres se

pinc%rent et son regard devint glacial" 3 4ouviens'toi que e suis de ton c/té, lui murmura Maris à

l’oreille en lui serrant la main" Je l’ai touours été" Puis elle s’éloigna doucement, et le laissa seul face aux lions"

B B B

lors qu’elle rentrait de sa promenade, *mma remarqua la voiture

d’sh garée dans l’allée circulaire, devant la maison et non sur lec/té, avec les autres" *lle se demanda si c’était un geste délibéré

de sa part ou bien une mani%re inconsciente de faire savoir qu’il ne

se considérait plus comme faisant partie de cette famille"

moins qu’il n’ait simplement pas voulu se montrer trop

présomptueux, pensa't'elle" M2me si 5elen l’avait touours adoré,elle avait également la rancune tenace et ne pardonnerait ni

n’oublierait pas si facilement" Peu importait à quel point le retourd’sh la réouissait, elle ne le laisserait pas s’en tirer comme cela"

Pas tant qu’il ne se serait pas suffisamment repenti"

Pensive, elle observa le véhicule un instant" *lle était loin de

ressembler à la Porsche que sa grand'm%re lui avait offerte pour

son sei;i%me anniversaire" (onsidérer sh (orbett comme un t&pe

ordinaire, forcé de travailler pour gagner sa vie et pa&er ses

factures, était une chose qu’elle avait encore beaucoup de mal à

faire"

*lle ne put s’emp2cher de se demander si sa voiture 3



(omme 5elen, plus t/t, elle allait à la p2che aux informations,

avec apparemment une idée bien précise en t2te" Mais *mma

n’avait nullement l’intention de mordre à l’hame-on"

3 (omme e l’ai dit, reprit'elle prudemment, e ne l’ai vu que

pendant quelques instants" 3 Mais vous lui ave; parlé, non >

Pamela tira longuement sur sa cigarette"

3 Gu’a't'il dit >

3 Pas grand'chose" 0l voulait s’assurer que e n’étais pas blessée"

Pamela sourit à travers la fumée"

3 (’est bien son genre" 0rréfléchi) mais immanquablement

poli" #u sh tout craché" *mma frissonna face au ton qu’avait emplo&é Pamela" Gu’avait

bien pu faire sh pour ustifier un tel mépris > 3 4i vous voule; bien m’excuser, e me rendais dans ma

chambre"

3 4ans saluer 5elen >

3 Je ne veux pas l’interrompre" Je la verrai demain matin" 7onne

nuit, madame (orbett" *mma commen-a à se diriger vers les portes'fen2tres, mais alors

qu’elle passait devant la fontaine, Pamela la saisit par le bras"

3 Je suis au courant pour sh et vous, lan-a't'elle, ses &eux

brillants dans l’obscurité"

e c9ur battant à tout rompre, *mma recula" 3 *h oui, e sais tout, poursuivit'elle d’un air suffisant" es

regards, les sourires, les rende;'vous secrets dans le pavillon d’été"Guel cliché C Mais vous étie; sans doute trop eune pour vous en

rendre compte" Iu peut'2tre que vous vous en moquie;, tout

simplement, persuadée que vous serie; l’exception et que vous

finirie; par épouser votre prince charmant"

*mma s’humecta les l%vres" #écidément, c’était la nuit de toutes

les révélations, songea't'elle"

3 (omment ave;'vous)

Pamela haussa les épaules"

3 =n soir, e vous ai vue vous faufiler à travers les bois" Je



m’ennu&ais, alors ’ai décidé de vous suivre usqu’au pavillon, o6

sh vous attendait" 0l était évident que vous étie; un peu plus que

de simples amis" Mais ne vous en faites pas, e n’en ai amais rien

dit à 5elen ou à Hesle&" 8otre secret était en sécurité avec moi" 0l

l’est encore) aussi longtemps que ’aurai votre coopération" *mma sentit son sang se glacer dans ses veines à la simple idée

de se retrouver m2lée à un complot avec une personne de l’acabit

de Pamela"

3 Je ne comprends pas" Gu’attende;'vous de moi >

3 (’est simple" Je veux que vous so&e; mes &eux et mes oreilles

dans cette maison"

3 (omment -a > 3 8ous 2tes une fille intelligente, *mma" 8ous save; exactement

o6 e veux en venir" ’homme que ’ai vu il & a quelques minutesest tr%s différent de celui qui est parti d’ici il & a dou;e ans" 8ous

ave; dF également le remarquer"

Kefusant de laisser voir son inquiétude à Pamela, de peur qu’elle

ne s’en serve contre elle d’une mani%re ou d’une autre, *mma

s’effor-a d’emp2cher sa voix de trembler" 3 Je n’ai pas vraiment pu en uger" Nous n’avons parlé qu’un

instant et il faisait sombre" Je ne l’ai pas tr%s bien vu"

3 (e n’est pas uniquement de son apparence qu’il s’agit, m2me

si, personnellement, e trouve qu’il n’est plus aussi beau qu’avant"

4es traits sont plus durs) 0l a beaucoup changé en dou;e ans" 3 (omme nous tous, fit remarquer *mma"

3 *xact" Malgré tout, ’ai beaucoup de mal à croire que notreapparence puisse autant se transformer" M2me s’il a effectivement

eu un accident et subi de la chirurgie réparatrice, cela n’explique

pas pourquoi il n’a amais téléphoné ni écrit durant son absence" Je

comprends qu’il soit parti en col%re, mais garder rancune pendant

dou;e ans, c’est tr%s long" *t e trouve également curieux qu’il ait

choisi ce moment précis pour réappara.tre, pas vous >

3 8ous pense; qu’il s’agit d’un imposteur > s’enquit *mma avec

stupeur"

Pamela s’éloigna de la fontaine et s’approcha d’elle, une volute



de fumée tra.nant derri%re elle dans l’obscurité" ’odeur $cre du

tabac se mélangea à son parfum et à la douce senteur des fleurs du

ardin"

3 Guel est votre avis >

3 Je n’ai aucune raison de croire qu’il n’est pas qui il prétend2tre"

3 Peut'2tre pas pour l’instant"

e regard de Pamela brillait d’une lueur indéchiffrable"

3 Mais vous vous trouve; dans une position asse; unique" 4’il &

a bien une personne capable de déterminer si oui ou non l’homme

qui se trouve dans cette maison est un imposteur, c’est vous"

3 Gue voule;'vous dire > 3 <aites'vous expr%s d’2tre aussi stupide > 8ous me déceve;"

3 Madame (orbett) 3 rrange;'vous pour vous retrouver seule avec lui" *t laisse; la

nature faire les choses"

es oues d’*mma rougirent sous l’effet de la col%re"

3 8ous me demande; de le séduire et ensuite de venir vous dire

si oui ou non e pense qu’il s’agit d’un imposteur > Je ne crois pasavoir été engagée pour -a"

3 Ih, descende; de vos grands chevaux, rétorqua Pamela d’un

ton cinglant" (e n’est pas comme si vous ne l’avie; pas déà séduit

par le passé" 8ous n’avie; aucune honte à lui courir apr%s

autrefois, alors e vous en prie, épargne;'moi vos airs supérieurs"Par ailleurs, e ne vous demande pas de coucher avec lui" moins

que vous n’en a&e; envie, bien entendu" rrange;'voussimplement pour vous retrouver seule avec lui" 8ous deve; avoir

partagé des secrets, tous les deux"

#’abord 5elen qui lui intimait de rester loin de son petit'fils, et à

présent Pamela qui essa&ait de l’amener à le séduire" *mma eut

soudain le sentiment d’2tre piégée entre deux prédateurs tr%s

dangereux et elle sut qu’elle devait avancer prudemment" e

gagne'pain de son p%re et le sien en dépendaient"

3 Je suis désolée, madame (orbett, mais ce ne sont pas mes

affaires" Gui que soit cet homme, c’est un étranger pour moi et ’ai



l’intention de faire en sorte qu’il en reste ainsi" #e plus, 5elen fera

assurément demander un test #N"

3 (ertainement, mais cela risque de prendre des semaines"

Pendant ce temps, un arnaqueur intelligent 3 ce que e le

soup-onne d’2tre 3 pourrait causer beaucoup de torts à cettefamille" *t s’il s’insinuait dans les bonnes gr$ces d’5elen et

qu’elle apprenait ensuite qu’il n’est pas son cher sh adoré >

(ro&e;'vous qu’elle pourrait supporter un tel choc >

’inquiétude de Pamela pour sa belle'm%re sonnait faux" *lle

avait certainement une autre idée en t2te, et quoi que ce soit,

*mma ne voulait pas du tout & 2tre m2lée"

3 8ous ne devrie; pas autant sous'estimer Mme (orbett, dit'elle"(’est une femme tr%s perspicace" *lle n’aura pas besoin de moi

pour voir clair en lui" 3 5elen est intelligente, e vous l’accorde" Mais apr%s toutes les

épreuves qu’elle a traversées au cours de cette derni%re année, son

esprit n’est plus aussi vif qu’autrefois" #e plus, elle adorait son

petit'fils" *lle l’a touours fait passer avant n’importe lequel de ses

autres fils" 0l est évident qu’elle va désespérément vouloir croireque c’est bien lui"

3 Je persiste à penser que vous la sous'estime;, insista *mma"

3 J’esp%re que vous ave; raison" Mais selon moi, 5elen croira à

peu pr%s à n’importe quoi si cela signifie qu’elle peut avoir son

précieux sh aupr%s d’elle" e ton de Pamela était devenu amer"

3 0l est touours son héritier, vous save;" u cours de toutes cesannées, elle n’a pas modifié son testament" M2me apr%s tout ce

que Hesle& a fait pour la compagnie"

(’était donc -a, songea *mma" 0l était question d’argent"

*lle n’était pas surprise" *lle avait touours per-u Pamela (orbett

comme étant du genre intéressé" Naturellement, elle avait ses

propres intér2ts à c9ur, peut'2tre m2me plus que ceux de son mari"

3 4i vous ne voule; pas le faire pour moi, alors faites'le pour lui,

dit'elle en tentant de l’amadouer" pr%s tout, il s’est donné du mal

pour vous obtenir ce travail aupr%s de sa m%re" *t d’apr%s vous,



qui a pa&é les frais médicaux de votre p%re, l’année derni%re >

e regard d’*mma revint se poser sur elle"

3 4on assurance"

3 *lle ne couvrait qu’une partie des coFts, expliqua Pamela en

secouant la t2te" Hesle& s’est chargé de régler la différence" 3 Mon p%re ne m’en a amais rien dit)

3 Parce qu’il n’est pas au courant" Hesle& a préféré garder cela

pour lui" Je vous en parle uniquement parce que e pense que vous

deve; vous montrer lo&ale envers lui"

3 4i ce que vous dites est vrai, alors e suis tr%s reconnaissante à

M" (orbett pour la générosité dont il a fait preuve, dit'elle" *t e le

rembourserai intégralement" Mais e pense que votre mari serait le premier à reconna.tre que e me dois avant tout de faire preuve de

lo&auté envers sa m%re" Je travaille pour elle" 4i e sens qu’elledoit 2tre mise au courant de quelque chose, e le ferai" *n dehors

de cela, vos affaires ne me regardent pas"

vant que Pamela ne puisse de nouveau la retenir, elle se dirigea à

la h$te vers les portes'fen2tres, et eta un coup d’9il derri%re elle

avant d’entrer dans la maison" e visage de Pamela était éclairé par les lumi%res du ardin, et elle put voir asse; distinctement la

haine tordre ses traits séduisants" =n frisson glacial lui parcourut

alors la nuque"

*lle avait l’horrible sentiment qu’elle venait de se faire une

ennemie dangereuse et tr%s rusée"



U

a rencontre avec la famille avait été moins difficile qu’sh ne

l’avait prévu" Qr$ce aux semaines de préparation avec #avid

!obias, il n’avait eu aucun mal à réussir ce premier interrogatoire"’avocat et lui s’étaient mis d’accord sur le fait qu’il collerait à la

vérité autant que possible" #e cette mani%re, il aurait moins de

chances d’2tre surpris en train de mentir"

0l leur raconta donc une grande part de ce qui lui était réellement

arrivé au cours de ces dou;e derni%res années, notamment la

création de son entreprise de construction, à a Nouvelle'Irléans,

et comment celle'ci avait été bala&ée par l’ouragan Eatrina"’unique détail qu’il laissa de c/té fut le court séour de !om

7lac+ en prison" 3 insi, tu as connu des revers de fortune, dit Maris avec un

sourire empreint de compassion" 0l n’& a aucune honte à cela"

Pourquoi ne nous as'tu pas contactés plus t/t > Nous sommes ta

famille, sh" Nous aurions pu t’aider"

3 Je voulais m’en sortir par moi'm2me, répondit'il" #’ailleurs,c’est touours le cas" 8ous trouvere; sans doute cela difficile à

croire, mais e ne suis pas ici pour l’argent" orsque e suis parti il

& a dou;e ans, e savais que e ruinais toutes mes chances" Je ne

prévo&ais m2me pas de revenir" #u moins pas usqu’à ce que e

puisse me prouver que ’étais mon propre ma.tre" 0l eta un coup d’9il en direction d’5elen" 4on expression

demeura impassible, mais il décela une lueur révélatrice dans ses&eux bleus"

3 #ans ce cas, pourquoi es'tu là >

(ontrairement aux autres, Hesle& avait refusé de s’asseoir" 0l

s’était placé de mani%re stratégique pr%s de la cheminée, afin de

pouvoir embrasser toute la pi%ce du regard" Perplexe, il surveillait

de pr%s son neveu"

3 Je suis revenu car ’ai appris ce qui était arrivé à grand'm%re"

*t parce que ce que ’ai vécu à a Nouvelle'Irléans m’a

confronté à ma propre mortalité" a vie est trop courte pour vivre



#%s que tout le monde fut sorti et que les portes de la

biblioth%que se furent refermées, un silence mesuré s’installa dans

la pi%ce" Malgré son $ge et son état de santé, 5elen se tenait tr%s

droite et ses &eux convergeaient tel un ra&on laser sur lui,

constata't'il en etant un 9il dans sa direction" Plaquant les deux mains sur sa canne, elle se pencha lég%rement

en avant"

3 Ne reste pas planté là" pproche et viens t’asseoir pr%s de moi

que e puisse te regarder de plus pr%s"

0l s’exécuta rapidement et, une fois installé pr%s d’elle, fut une

nouvelle fois examiné de la t2te aux pieds"

3 Hesle& a raison" !u ne ressembles pas beaucoup à mon petit'fils, observa't'elle en fron-ant les sourcils" Mais il & a quelque

chose dans tes &eux) 4a voix s’estompa, tandis que l’expression de son visage se

durcissait"

3 !u es peut'2tre capable de berner les autres, mais pas moi,

eune homme"

3 (omment -a > demanda't'il, la gorge serrée" 3 !u n’es pas revenu parce que tu as connu un revers de fortune,

répondit'elle en resserrant les doigts autour de sa canne" (’est la

seule chose vraie que tu aies dite de toute la soirée" Je connais la

véritable raison de ton retour ici"

3 8raiment > 3 !u es rentré parce que tu as enfin compris ce que cela signifiait

d’2tre un (orbett" es traits de la vieille femme s’adoucirent de mani%re

imperceptible, alors que les larmes lui montaient aux &eux"

7ien que surpris, il sut soudain exactement quoi faire, et lui prit la

main pour la poser contre sa oue"

B B B

4uite à sa confrontation avec Pamela, dans le ardin, *mma était

directement montée dans sa chambre pour se coucher" Mais au lieu

de rev2tir sa chemise de nuit apr%s s’2tre douchée, elle enfila un



ean et une chemise en coton lég%re, puis ressortit"

*lle traversa le couloir sur la pointe des pieds, et descendit aussi

silencieusement que possible l’escalier de service, espérant éviter

quiconque serait encore debout"

=n peu plus t/t, elle avait vu les voitures quitter le domaine une àune 3 d’abord 7rad et &nette, puis Hesle& et Pamela, et enfin

Maris, qui était probablement restée un peu plus longtemps pour

accompagner 5elen usqu’à sa chambre" *lle lui avait peut'2tre

m2me donné un léger somnif%re pour contrebalancer l’excitation

de la soirée, ce qui signifiait avec un peu de chance que la vieille

dame ferait la grasse matinée et lui laisserait ainsi le temps de se

mettre à our dans la paperasserie" !out le monde était parti à l’exception d’sh" 4a voiture se

trouvait encore dans l’allée" 0l avait certainement été invité à passer la nuit, sinon à emménager de mani%re permanente au

manoir" (omme *mma se faufilait par les portes'fen2tres du petit

salon, son c9ur s’accéléra soudain) Mais elle n’était pas certaine

de savoir si c’était dF à l’excitation ou à l’appréhension"

(e qu’avait dit Pamela un peu plus t/t était uste" 4’il & avait une personne capable de déterminer la véritable identité de l’homme

qui prétendait 2tre sh, c’était elle" *lle était la seule à conna.tre

certaines choses le concernant"

M2me si Pamela les avait vus ensemble dans le pavillon et

qu’5elen avait deviné ses véritables sentiments, personne nesavait réellement ce qui s’était passé entre eux, ni ne connaissait la

profondeur de leurs émotions ou bien les secrets qu’ils avaient partagés) à moins qu’il ne le leur ait raconté" *t le sh qu’elle

connaissait n’aurait amais fait -a"

4eulement, ce dernier était parti, se rappela't'elle une nouvelle

fois" ’homme qu’elle avait aimé si désespérément cet été'là ne

reviendrait amais"

Malgré la lune qui brillait dans le ciel, elle se retrouva dans

l’obscurité totale d%s qu’elle sortit du ardin" =n bruissement dans

les lauriers'roses la fit se retourner brutalement, apeurée, avant

qu’elle ne constate qu’il s’agissait de l’un des innombrables chats



qu’5elen possédait"

*lle l’observa un instant, puis continua son chemin" Peut'2tre

qu’elle ne devrait pas 2tre dehors si tard, pensa't'elle en se tordant

les mains sous l’effet de la nervosité" *ssa&er de surmonter ses

peurs était une chose, mais tenter le destin délibérément en étaitune autre"

#’un autre c/té, le domaine (orbett était entouré de murs en

pierre et de cl/tures" *lle était en sécurité, ici" #ans le cas

contraire, elle ne serait amais revenue s’& installer"

e pavillon d’été se trouvait dans une grotte artificielle, aménagée

avec des foug%res et des broméliades, et dissimulée par des

bananiers et des palmiers" =n petit ruisseau traversait également le parc"

#ans ce ro&aume féerique, luxueux et frais, il était difficiled’imaginer que la plage était si proche, mais la brise salée qui

arrivait du golfe le lui rappelait constamment"

’un des chats s’était installé dans le pavillon clair et spacieux

pour la nuit" orsqu’il aper-ut *mma, ses oreilles s’abaiss%rent en

arri%re et il s’enfuit si vite qu’elle dut s’écarter du chemin d’un bond pour le laisser passer"

Puis elle avan-a au centre de la structure voFtée tandis que les

souvenirs l’assaillaient"

*lle n’& était pas venue une seule fois depuis qu’elle avait

commencé à travailler pour 5elen" =ne partie d’elle'm2me sefor-ait à croire qu’elle était trop occupée" 4eulement, elle avait

tout le temps nécessaire d’effectuer des promenades ou de passerdes heures à lire dans le ardin" Kien ne l’aurait emp2chée de venir

& faire un tour si elle l’avait réellement souhaité" e véritable

probl%me était qu’elle avait peur de cet endroit, ainsi que des

fant/mes et des souvenirs qu’il abritait" *lle craignait de ne amais

retrouver le genre de bonheur qu’elle avait connu ici m2me, dans

les bras d’sh"

Maintenant qu’il était de retour, elle n’avait pas pu résister à

l’envie de s’& rendre"

Pendant un temps infini, elle observa fixement le ciel à travers les



nonchalant"

4on ton prosaSque la fit vaciller" Malgré la profonde obscurité qui

les entourait, il n’avait aucun mal à imaginer le doute qui dansait

dans son regard"

3 Pourquoi es'tu ici > 3 #ans le pavillon > Je pourrais te poser la m2me question,

rétorqua't'il en faisant un nouveau pas dans sa direction"

(roisant les bras comme pour mettre une barri%re entre eux, elle

répondit :

3 Je n’arrivais pas à dormir, alors ’ai eu envie de me balader"

3 =ne autre promenade, hein >

0l regrettait de ne pas la voir plus distinctement" 0l devait faire tr%sattention à ses paroles"

Peut'2tre qu’il avait commis une erreur en la suivant usqu’ici,mais quand il l’avait vue se faufiler dans le ardin, il avait agi

impulsivement"

3 J’avais envie de faire une promenade, moi aussi, dit'il"

*lle se tourna vers lui, les &eux brillants"

3 Mais pourquoi ici > 3 Pourquoi pas >

3 !u le sais parfaitement)

4a voix s’estompa sur une note de suspicion, et il se réprimanda

intérieurement pour avoir forcé une autre rencontre si t/t" Mais si

ses propres soup-ons étaient fondés, plus il attendait, plus elle pourrait devenir dangereuse"

3 Je pensais que tu serais peut'2tre ici et e voulais te parler" Nous en avons à peine eu l’occasion tout à l’heure" 0l & a certaines

choses que nous devrions tirer au clair afin de détendre

l’atmosph%re"

0l sentit qu’elle se renfrognait"

3 #étendre l’atmosph%re) à propos de quoi >

3 #e ce qui s’est passé il & a dou;e ans"

0l détestait ce qu’il s’appr2tait à lui faire, mais il n’avait pas

d’autre choix" =ne bonne fois pour toutes, il devait s’assurer

qu’elle ne représenterait pas une menace" la longue, ce serait



également mieux pour elle"

moins qu’il ne se soit fait de fausses idées > Peut'2tre qu’elle

n’en pin-ait plus pour sh (orbett" 4eulement, il devait le

découvrir pour de bon"

3 J’ai conscience que mon départ t’a fait énormément de mal et ’en suis profondément désolé"

3 (’était il & a bien longtemps" uourd’hui, cela n’a plus

vraiment d’importance"

Malgré sa dénégation, sa voix tremblait sous le poids de

l’émotion"

0l comprit alors qu’il avait vu uste" M2me apr%s dou;e années,

ses sentiments pour lui la rendaient encore vulnérable" *t ils’appr2tait à la blesser une nouvelle fois, alors que c’était la

derni%re chose dont il avait envie" 3 lors, tu m’as compl%tement oublié, dit'il"

*lle eut un petit rire"

3 *videmment C Guel ego, e n’en reviens pas C Nous n’étions

que des enfants, nom d’un chien"

3 #ans ce cas, pourquoi ne t’es'tu amais mariée > 0l l’entendit retenir sa respiration une nouvelle fois" Puis sa voix

se durcit"

3 Je te retourne la question, répliqua't'elle" moins que) tu ne

sois marié"

3 Non" Mais ’ai demandé le premier" 3 Je suppose que e n’ai pas rencontré la bonne personne,

répondit'elle en haussant les épaules" Mais ’ai encore le temps, ene suis pas si vieille que -a"

0l sourit"

3 J’ai remarqué"

=ne pointe de regret lui serra le ventre comme elle réagissait à ses

paroles" *lle redressa alors la t2te vers lui et il vit le clair de lune

scintiller dans ses &eux"

3 Je n’arrive pas à croire que tu sois vraiment là"

3 !u n’es pas la seule" J’ai moi'm2me un peu de mal"

3 Pourquoi es'tu vraiment revenu, sh > Pourquoi maintenant,



apr%s toutes ces années >

5ésitant, il choisit ses mots avec circonspection"

3 Probablement pour la m2me raison que toi" Mes racines sont

ici" *t puis ’ai appris à mes dépens que dans les moments

cruciaux, la famille, c’est tout ce qui compte" !u devraiscomprendre cela mieux que personne" N’est'ce pas pour pouvoir

2tre aux c/tés de ton p%re que tu as accepté la proposition de

travail de mon oncle >

3 (omment es'tu au courant >

3 #avid !obias" 0l m’a informé d’un bon nombre de choses

a&ant eu lieu depuis mon départ" Je suis désolé pour ton p%re"

Mais il va mieux, auourd’hui, n’est'ce pas > 3 Iui, merci"

3 8ous ave; touours été tr%s proches" !u as dF avoir une peur bleue lorsqu’il a eu ses probl%mes de santé"

3 (’est vrai" Je ne sais pas ce que e ferais si e le perdais" 0l est

tout ce que ’ai, murmura't'elle doucement"

3 #ans ce cas, tu comprends ce que e veux dire"

3 Parfaitement, mais toi, tu n’as amais été tellement proche deta famille"

3 l’époque, e n’étais qu’un enfant" Je prenais beaucoup de

choses pour acquises" uourd’hui, e ne suis plus le m2me"

3 (’est ce que e constate"

Pendant un instant, tous deux demeur%rent silencieux" !andisqu’*mma promenait son regard sur sa silhouette, il se demanda ce

qu’elle avait pu éprouver en apprenant que l’homme qu’elle aimaitétait parti sans un mot et sans se retourner" (ette trahison l’avait'

elle rendue méfiante au point d’hésiter à s’engager dans une autre

relation > *tait'ce pour cette raison qu’elle était encore

célibataire >

sa posture, il devinait qu’elle était sur ses gardes et, pendant un

instant, il fut tenté d’essa&er de faire tomber ses défenses"

e désir ouait avec ses bonnes résolutions tandis qu’il l’observait

dans l’obscurité" Mais il ne céderait pas, décida't'il" Peu importait

à quel point il la trouvait séduisante, il ne pouvait pas se permettre



de se rapprocher d’elle, et risquer qu’elle ne voie ses sentiments"

(’était beaucoup trop dangereux) pour tous les deux"

#%s ce soir, il devait mettre un terme définitif à leur histoire" 0l

fallait simplement qu’il agisse avec finesse pour ne pas risquer de

lui mettre la puce à l’oreille" 4entant son regard fixé sur lui, il réalisa qu’il était resté silencieux

pendant bien trop longtemps" 0l s’appr2tait à relancer la

conversation quand elle le devan-a"

3 lors, comment c’était > #e revoir ta famille, e veux dire" *st'

ce ce à quoi tu t’attendais >

0l prit le temps de la réflexion avant de répondre :

3 Iui et non" Je suppose qu’une partie de moi voulait 2treaccueillie à bras ouverts indépendamment du temps qui avait

passé" 3 !u ne parles pas sérieusement, si > pr%s avoir laissé tout le

monde croire que tu étais mort pendant dou;e ans, tu as de la

chance que ta grand'm%re t’ait laissé entrer" !u sais à quel point

elle peut se montrer t2tue"

a pointe d’amertume qui transparaissait dans sa voix lui fitl’effet d’une gifle" 0l se passa une main dans les cheveux tandis

qu’il avan-ait vers l’encadrement de la porte et regardait fixement

l’obscurité, au'dehors" Puis il se tourna de nouveau vers *mma"

3 Guand e suis parti, e n’avais aucunement l’intention de

revenir" Je me disais qu’il valait mieux définitivement couper les ponts avec) tout le monde" Mais les choses changent" es

sentiments changent" (e qui me paraissait 2tre une situationimpossible avec ma grand'm%re, il & a dou;e ans, me fait l’effet

auourd’hui de n’avoir été qu’un caprice d’enfant g$té qui refusait

de grandir et de faire face à ses responsabilités"

3 (ela ne ressemble pas au sh que ’ai connu, murmura't'elle"

In croirait entendre parler 5elen"

4a voix se durcit"

3 4i tu t’étais déà retrouvée sans un sou en poche ni aucun

espoir, tu ne me ugerais peut'2tre pas aussi vite"

3 (e n’est pas ce que e fais, s’empressa't'elle de lui assurer"



4eulement, autrefois, tu ne te souciais amais de l’argent)

3 Parce que e n’en manquais amais, dit'il en laissant percer sa

propre amertume" Mais maintenant que ’ai vu l’envers du décor,

e sais qu’2tre son propre ma.tre n’est pas aussi sensationnel qu’on

le prétend" 4a déception était palpable"

3 lors, tu n’es pas revenu parce que ta famille te manquait,

mais pour l’argent, dit'elle lentement"

3 uourd’hui, e me rends compte que c’est la m2me chose" Je

suis un (orbett" M’enfuir n’a pas changé cela" a m’a seulement

donné envie de l’accepter"

3 vec tout ce que cela suppose > es responsabilités > esattentes >

*lle secoua la t2te, comme si elle n’arrivait touours pas à croirece qu’il disait"

3 =n our, tu m’as avoué que tu n’accepterais amais la vie que

ta grand'm%re avait choisie pour toi"

3 *t e ne l’ai pas fait" J’ai tenté de mener ma barque à ma fa-on"

Kevenir était mon choix et uniquement le mien" 3 Je vois"

*n entendant le sentiment de défaite qui per-ait dans la voix

d’*mma, il n’éprouva aucun plaisir à l’idée d’avoir brisé ses

illusions" a blesser était la derni%re chose dont il avait envie,

mais il ne pouvait pas la laisser vivre dans un monde defantasmes" (e serait encore pire" ’homme qu’elle avait aimé était

certainement parti pour touours" Peut'2tre qu’il allait enfin lui permettre d’aller de l’avant"

3 Jusqu’à maintenant, e ne cro&ais pas vraiment ce que tout le

monde disait au suet du fait que tu avais changé, mais) Guand e

t’ai vu plus t/t)

*lle s’interrompit et détourna le regard"

3 #ou;e ans, c’est tr%s long"

0l hocha la t2te"

3 !u as changé toi aussi, tu sais" *t e ne parle pas uniquement

de ta coupe de cheveux" !u n’as plus cette étincelle dans le regard"



I6 est'elle, *mma >

3 ucune importance"

3 7ien sFr que si" (e n’est pas parce que nous sommes différents

auourd’hui que e ne m’intéresse plus à ce qui peut t’arriver"

J’aimerais vraiment que nous restions amis" 3 mis > répéta't'elle d’un air interloqué"

0l résista à l’envie de saisir son menton afin de la forcer à le

regarder dans les &eux"

3 Je vais avoir besoin de tous les alliés possibles"

pr%s un long moment, elle lui répondit enfin :

3 !u me laisses sans nouvelles pendant des années 3 ’ai m2me

cru que tu étais mort 3 et voilà qu’auourd’hui tu réapparais dansma vie comme si de rien n’était, et tu esp%res que e vais accepter

d’2tre ton amie > 4a voix se brisa sous le poids de la col%re"

3 !u ne manques pas de culot"

lors qu’elle tentait de partir, il la saisit par le bras"

3 Gue les choses soient claires)

0l marqua une pause avant de lui enfoncer le dernier coup decouteau en plein c9ur"

3 ) e ne suis pas revenu dans ta vie comme si de rien n’était"

(’est ma vie" Ma maison" Ma famille" Je suis ici che; moi, que -a

te plaise ou non"

B B B

*mma s’éloigna du pavillon sans se retourner" *lle ne savait pas si sh la suivait, ou bien s’il avait au moins la

décence de lui laisser un moment pour se ressaisir"

*n toute franchise, il lui faudrait du temps pour accepter ce qui

venait de se passer" *n une seule conversation, il avait détruit ses

r2ves et amoindri ce qu’ils avaient été l’un pour l’autre, par le

passé" *ncore pire, il l’avait rendue honteuse de touours éprouver

des sentiments pour lui"

(omment avait'elle pu 2tre aussi stupide et continuer à nourrir

l’espoir qu’il éprouverait la m2me chose à son égard >



0l était parti depuis si longtemps C *t beaucoup de choses lui

étaient arrivées durant son absence" (’était vrai qu’elle n’était plus

la m2me personne, elle non plus, mais une partie de son c9ur était

restée piégée dans ce pavillon d’été durant toutes ces années,

attendant le retour d’sh afin qu’ils puissent reprendre leurhistoire là o6 elle avait été interrompue" #ans ses r2ves, il n’avait

amais cessé de l’aimer" 0l avait eu une bonne raison pour partir,

pour dispara.tre sans lui laisser un mot, mais rien de tout cela

n’aurait d’importance lorsqu’ils se reverraient"

présent, apr%s la conversation qu’ils venaient d’avoir, *mma &

vo&ait clair pour la premi%re fois depuis des années" *lle s’était

accrochée aussi fermement au fantasme de son enfance parce quec’était une défense, un autre mur qu’elle avait érigé autour de son

c9ur" e fait qu’elle tienne touours à sh lui avait fourni une excuse

pour repousser les autres hommes, et se couper de la possibilité

d’avoir une relation sérieuse"

*ffra&ée à l’idée de prendre un risque, elle s’était convaincue

qu’il était l’amour de sa vie, alors qu’en réalité leur histoiren’avait été rien d’autre qu’un flirt d’été, qu’il avait probablement

oublié d%s l’instant o6 il avait quitté la ville"

*t maintenant, il voulait 2tre son ami" =ne fa-on classique de la

laisser tomber en douceur"

4a premi%re impulsion fut de regagner directement sa chambre,de faire ses bagages, et de partir aussi loin que possible de Jacob’s

Pass" 7lessée et humiliée, elle redoutait la perspective de devoir lecroiser tous les ours"

Mais s’enfuir ne résolvait amais rien" sh en était la preuve"

Peut'2tre que le voir quotidiennement serait au contraire le

meilleur mo&en de tirer un trait définitif sur lui, songea't'elle"

Parce que l’homme face auquel elle s’était retrouvée dans le

pavillon d’été était quelqu’un qu’elle n’aimait pas beaucoup"

B B B

4a mission était accomplie"



ssis dans l’obscurité, en train de fumer, sh repensait à la

conversation qu’il venait d’avoir avec *mma" 0l n’avait pas

l’impression de s’2tre trahi de quelque mani%re que ce soit"

0l avait m2me plut/t le sentiment de s’2tre montré prudent et

sacrément malin" 0l n’avait eu qu’à la laisser diriger laconversation et elle s’était dévoilée avec une facilité

déconcertante"

Manifestement, elle n’était amais parvenue à oublier son premier

amour" *t heurter ses sentiments lui avait été tr%s désagréable"

4eulement, il ne pouvait pas lui laisser croire que quelque chose

était encore possible entre eux" 4i elle devenait trop proche de lui

3 et pire encore, s’il l’embrassait 3 elle découvrirait la vérité àson suet"

a sonnerie de son téléphone portable le tira brusquement de ses pensées" *n vo&ant que l’appel provenait de #avid !obias, il faillit

ne pas répondre, puis il se ravisa et plaqua l’appareil contre son

oreille"

3 I6 diable 2tes'vous > tonna l’avocat"

3 8ous n’ave; pas l’air heureux" 3 Je ne suis pas d’humeur à ouer, l’avertit !obias" #ites'moi o6

vous 2tes"

3 la maison"

3 8ous mente;" Je me trouve au chalet en ce moment m2me"

8otre voiture et vos v2tements n’& sont plus" Nous avions unaccord" 4i e dois vous traquer et vous ramener)

3 #u calme, l’interrompit'il en etant sa cigarette par la porteouverte du pavillon" Je ne vous ai pas fait faux bond" Je suis au

domaine"

3 #es (orbett >

3 (’est le seul que e connaisse, répondit'il"

=ne longue pause s’ensuivit avant que !obias ne reprenne la

parole d’une voix plus calme"

3 Gu’ave;'vous fait > demanda't'il d’un ton mena-ant"

0l pourrait s’avérer dangereux d’avoir #avid !obias comme

ennemi, songea celui qui se faisait passer pour sh, il devait donc



se montrer extr2mement prudent"

3 =niquement ce que vous m’ave; demandé" savoir faire en

sorte qu’5elen (orbett m’accepte comme son petit'fils"

3 8ous l’ave; vue >

3 Je l’ai quittée il & a quelques minutes" Nos retrouvailles ont ététr%s poignantes" *lle me prend réellement pour sh (orbett"

3 *lle n’est pas née de la derni%re pluie, répliqua l’avocat d’un

ton soup-onneux" Gue lui ave;'vous dit >

3 Je l’ai laissée mener la maeure partie de la conversation" Puis

e lui ai raconté l’histoire que nous avions répétée" *t tout s’est

déroulé à merveille"

3 Je ne vous crois pas" 8ous ave; quelque chose derri%re la t2te" 0l & eut une autre pause tendue"

3 aisse;'moi vous dire une chose" Je suis un homme tr%s puissant dans la région" 4i vous me double;, vous ne vous en

sortire; pas vivant" (e que vous ave; connu en ouisiane, ce ne

sera rien comparé au genre de ustice que vous trouvere; ici" 8ous

comprene; ce que e dis >

3 Parfaitement" Mais vous n’ave; pas besoin de vous en faire àmon suet" J’ai agi exactement comme vous me l’avie; demandé"

3 Je vous avais demandé de rester tranquille usqu’à ce que ce

soit le bon moment, gronda l’avocat"

3 sh (orbett aurait'il patienté usqu’à ce que vous lui donnie;

le feu vert pour qu’il aille voir sa grand'm%re > !obias ne répondit pas"

3 (’est ce que e pensais" Nous savons tous les deux qu’il auraitagi exactement de la m2me fa-on que moi"

3 4ans doute, mais ce n’est pas pour autant que ’approuve votre

fa-on de faire" !out écart par rapport au plan original est un risque

inutile"

3 Mais vous save; autant que moi que pour que cela fonctionne,

une certaine dose d’improvisation est nécessaire" *t à l’évidence,

-a marche, puisque 5elen (orbett me prend réellement pour son

petit'fils"

3 (omment save;'vous qu’elle ne oue pas simplement la



comédie pour essa&er de vous faire commettre un faux pas >

3 (e n’est pas le cas"

3 (omment pouve;'vous en 2tre aussi sFr > Gue lui ave;'vous

dit pour qu’elle vous accepte aussi rapidement >

a suspicion était de retour dans la voix de l’avocat" 0l n’allait pasl$cher prise"

3 *coute;, si vous voule; que e sois sh (orbett, vous deve;

arr2ter de me rappeler que e ne suis pas lui, et me laisser agir à

ma fa-on" Iu bien 5elen (orbett finira par voir clair dans notre

eu à tous les deux"

3 (e qui ne doit surtout pas arriver"

3 #ans ce cas, laisse;'moi un peu d’espace pour man9uvrer"lle;'& doucement avec les menaces et ne vous attende; pas à ce

que e me souvienne de chaque conversation mot pour mot" 4’il se passe quelque chose que vous deve; savoir, e vous contacterai"

3 a, par exemple, murmura !obias d’un ton sardonique" 4i e

n’étais au courant de rien, e urerais entendre le vrai sh (orbett"

Mais nous savons tous les deux ce qui lui est arrivé lorsqu’il a

croisé la route de la mauvaise personne, n’est'ce pas > e faux sh sentit un frisson lui parcourir l’échine"

3 (omment -a > Je cro&ais vous avoir entendu dire qu’il était

parti de che; lui de son propre chef"

(omme l’avocat ne répondait pas, son inquiétude s’accrut" 5élas,

il était trop tard pour changer d’avis" orsqu’il avait accepté de prendre part à cette escroquerie, il l’avait fait en connaissance de

cause, a&ant ses propres raisons pour accepter les conditions de!obias mais alors que l’obscurité se rapprochait soudainement de

lui, il fut une nouvelle fois assailli par le doute"

3 lors, que fait'on maintenant > demanda't'il finalement"

3 In patiente et on voit comment les autres acceptent votre

retour"

3 Nous n’aurons pas à attendre longtemps" 0ls étaient tous ici, ce

soir" ’un de mes oncles, ou bien les deux, vous contactera

probablement dans la matinée, sinon plus t/t"

3 Hesle& et 7rad se trouvaient au domaine > s’étonna !obias,



paniqué"

3 5elen a réuni toute la famille apr%s votre rende;'vous de cet

apr%s'midi" *lle prévo&ait d’annoncer mon retour apr%s d.ner,

mais mon arrivée inattendue a quelque peu changé ses plans" J’ai

pris tout le monde par surprise" !obias laissa échapper un uron"

3 Je n’aime vraiment pas -a"

3 8ous vous répéte;" Pourtant, e vous assure que tout s’est passé

comme vous l’avie; prévu" Maris était asse; contente de me voir"

0l est évident qu’elle est de mon c/té" Par contre, les oncles

risquent de poser davantage de probl%mes"

3 Normal, ils ont beaucoup plus à perdre, fit remarquer !obias,qui avait soudain repris un ton professionnel, comme si ses

menaces et ses remarques énigmatiques au suet d’sh n’avaient amais été proférées" *t plus particuli%rement Hesle&" 0l va se

sentir menacé par votre retour" 8ous devre; donc faire preuve de

prudence quand vous traitere; avec lui"

3 Iui, c’est l’impression que ’ai eue" Mais, étonnamment, c’est

7rad qui m’inqui%te le plus" ’avocat éclata de rire"

3 0l n’& a vraiment aucune raison de s’en faire à son suet"

Hesle& est celui qui détient tout le pouvoir"

3 4ans doute, mais ’ai senti une asse; forte hostilité de la part

de 7rad, et e ne pense pas que cette rancune soit uniquement dueà la compagnie ou au pouvoir" #’apr%s moi, son neveu et lui sont

en conflit sur un plan personnel" 8ous ne me cacherie; pas deschoses, par hasard >

3 #e quoi voule;'vous parler >

3 a't'il un élément concernant leur relation que ’ignore >

3 Pour autant que e sache, ils ont eu tr%s peu de rapports l’un

avec l’autre" Hesle& et 7rad avaient déà tous deux déménagé du

manoir lorsque sh est venu s’& installer" *t puis, quelques années

plus tard, 5elen a envo&é ce dernier en pension" 0l n’était donc

pratiquement amais au domaine, en dehors des étés" 4i 7rad a un

probl%me avec lui, ce n’est probablement qu’une histoire de



alousie" Keese a touours été le fils préféré d’5elen, et apr%s sa

mort, elle s’est tournée vers Hesle&" orsque sh est venu vivre

avec elle, elle a transféré son affection sur lui parce qu’il

ressemblait beaucoup à son p%re" (ela n’a pas ennu&é Hesle& tr%s

longtemps, du moment que sa m%re le laissait régner en touteliberté sur la compagnie, mais 7rad a touours été mis de c/té" (e

n’est pas surprenant qu’il éprouve du ressentiment"

3 In dirait que vous éprouve; une certaine compassion à son

égard, observa't'il" 4erait'il possible que 7rad soit celui qui signe

vos ch%ques >

!obias éclata de rire"

3 7ien essa&é, mais e vous ai déà expliqué auparavant quel’identité de mon emplo&eur 3 et le v/tre 3 ne vous concernait

pas" 3 J’aime savoir avec qui e fais affaire"

3 (’est un peu tard pour vous en soucier, répliqua !obias" <aites

seulement ce qu’on vous dit et tout le monde en ressortira gagnant"

!out le monde) excepté *mma Novic+, songea l’imposteur"

3 *coute;, e dois vous dire) =n bruissement dans les buissons le fit sursauter et s’interrompre

au milieu de sa phrase"

3 =n probl%me > s’enquit !obias"

3 J’ai cru entendre quelque chose"

3 I6 2tes'vous > u lieu de répondre, il se contenta de scruter l’obscurité sans

bouger" 0l n’était pas seul, des &eux invisibles étaient fixés sur lui,comprit'il tandis qu’une décharge d’adrénaline lui traversait le

corps"

=ne personne était'elle en train d’écouter sa conversation avec

!obias >

(’est alors que quelque chose aillit comme une fl%che et fon-a

dans sa direction" !out était allé tellement vite qu’il n’avait pu

s’emp2cher d’avoir un sursaut de panique" Mais il se mit

rapidement à rire"

3 Gue se passe't'il > demanda l’avocat d’un ton anxieux"



3 Kien du tout" J’ai cru qu’on avait surpris notre conversation,

mais ce n’était qu’un chat"

3 8ous en 2tes sFr >

3 bsolument" 0l est assis non loin de moi, en train de

m’observer" !obias demeura silencieux un instant, avant de rire à son tour"

3 8ous ave; l’air effra&é"

3 #isons simplement que e ne raffole pas des chats" J’& suis

allergique"

3 *h bien, faites attention lorsque vous sere; en compagnie

d’5elen" Je ne saurai trop vous conseiller de prendre un

antihistaminique" 4i vous vous mette; à éternuer, elle pourraittrouver -a louche"

orsque l’imposteur raccrocha, le chat l’observait encore depuisl’encadrement de la porte"

3 Minou, minou, appela't'il d’un ton hésitant"

’animal se leva instantanément et avan-a dans sa direction"

pr%s avoir reniflé ses chevilles pendant quelques instants, le félin

bondit sur le banc, à c/té de lui, avant de venir s’installer sur sesgenoux"



#écidant de ne pas se laisser déconcerter, elle s’effor-a de se

débarrasser de la col%re et du ressentiment qu’elle éprouvait

encore, afin de trouver l’énergie nécessaire pour afficher un

sourire sur son visage"

3 7onour, madame (orbett" 8ous vous 2tes levée t/t, à ce que evois"

3 In ne peut pas en dire autant de certaines personnes, répliqua

5elen d’un ton brusque"

*mma eta un long regard à sa montre, pour faire remarquer à sa

patronne qu’elle n’était pas censée 2tre à son bureau avant une

heure, ce que celle'ci savait parfaitement"

*lle continua néanmoins à sourire, malgré son irritation" Mettant de c/té les contrats qu’elle était en train de lire, la vieille

femme /ta ses lunettes et redressa la t2te" 3 8ous save; qu’sh est ici"

(’était une affirmation, pas une question"

*mma acquies-a"

3 Iui, ’ai vu sa voiture dans l’allée"

a bouche d’5elen se crispa" 3 ’ave;'vous vu > s’enquit'elle"

#’abord tentée de mentir, *mma se ravisa en songeant à la

possibilité qu’sh ait déà fait part de leur entrevue à sa grand'

m%re"

3 4eulement quelques instants" Je revenais de che; mon p%re,hier soir, lorsqu’il est arrivé en voiture"

(’était asse; proche de la vérité, m2me si on pouvait considérer lefait de ne pas mentionner leur conversation au pavillon comme

étant un mensonge par omission"

3 #ésire;'vous une tasse de café > proposa't'elle en se levant"

es l%vres pincées, 5elen l’observa d’un air désapprobateur"

3 Non, merci, ’en ai déà bu au petit déeuner"

3 4i cela ne vous dérange pas, e vais m’en servir une tasse"

4ans attendre sa réponse, *mma traversa la pi%ce usqu’au service

à café en argent qui se trouvait sur une table pr%s de la fen2tre"

(omme elle se saisissait de la cafeti%re, elle fut soulagée de voir



que ses mains ne tremblaient pas trop, ce qui était plut/t

surprenant étant donné la succession d’événements survenus au

cours des dou;e derni%res heures"

*lle avait d’abord été menacée par son emplo&eur, puis ses r2ves

s’étaient effondrés avec fracas autour d’elle, et une femme qu’elleméprisait avait enfin tenté de la faire chanter afin de la forcer à

séduire de nouveau son premier amour"

Iui, on pouvait dire qu’elle était sur une sacrée lancée, songea't'

elle"

3 *h bien > lui demanda 5elen, tandis qu’elle retournait à son

bureau et allumait son ordinateur"

*mma haussa un sourcil interrogateur" 3 Je vous demande pardon >

3 8ous disie; avoir vu sh, hier soir" #e quoi souhaitait'il vous parler >

Ce ne sont pas vos aaires, eut envie de lui répondre *mma"

3 Notre conversation a été tr%s br%ve" 0l semblait avoir h$te de

revoir sa famille et e ne voulais pas le retenir"

3 (’est un eune homme bien différent de celui qui est parti d’iciil & a dou;e ans, fit remarquer 5elen en esquissant un sourire"

8ous ave; dF le noter"

3 Iui, en effet"

e regard de la vieille femme s’intensifia au moment o6 il se posa

sur elle" 3 0l semble enfin avoir compris o6 se situent ses priorités"

e sens de ses paroles ne pouvait pas 2tre plus clair" !raversée par une décharge de col%re, *mma sentit ses oues s’empourprer"

#écidée à ne pas se laisser emporter, elle s’empara d’un dossier

posé au coin de son bureau, puis compta usqu’à dix dans sa t2te

avant de répondre"

3 Keprenons'nous la lettre que nous étions en train d’écrire hier

lorsque M" !obias est arrivé > 8ous voulie; qu’elle parte avant la

prochaine réunion du conseil d’administration"

3 (ela peut attendre"

3 Mais la réunion doit avoir lieu la semaine prochaine" 4i elle



d’importantes responsabilités" Je me souvenais de vous comme

d’une eune fille touours dans la lune, et m2me si votre travail a

été satisfaisant ces derni%res semaines, votre comportement n’a

rien fait pour me détourner de cette idée" Je n’ai amais beaucoup

aimé les r2veurs" 3 *tes'vous en train de me renvo&er, madame (orbett > s’enquit

*mma en croisant les mains sur son bureau"

a vieille femme haussa un sourcil"

3 Guelle idée C Non, e ne crois pas que ce sera nécessaire" en

uger par votre attitude de ce matin, e sais que e me suis bien fait

comprendre, hier soir"

*lle esquissa un léger sourire" 3 moins que ce ne soit sh qui se soit bien fait comprendre >

(omment diable 5elen était'elle au courant de la conversationqu’ils avaient eue la veille > s’interrogea *mma" 0ls étaient seuls

dans le pavillon" ’unique personne susceptible de l’avoir mise au

courant ne pouvait donc 2tre qu’sh"

4a trahison lui fit l’effet d’une gifle" *lle dut lutter de toutes ses

forces pour ne pas laisser voir à 5elen à quel point ses parolesl’affectaient"

(ette derni%re retourna s’asseoir à son bureau"

3 Hesle& a besoin de ces contrats avant midi, annon-a't'elle

brusquement, comme si leur conversation précédente n’avait

amais eu lieu" Je l’ai prévenu que vous les déposerie; à son bureau ce matin"

3 *ntendu" 3 *t vous n’ave; qu’à prendre le reste de la ournée" #éeune; en

ville, faites les magasins, ce qui vous chante, poursuivit 5elen" Je

n’aurai plus besoin de vous auourd’hui" J’ai des proets avec mon

petit'fils"

3 !r%s bien, madame (orbett, acquies-a *mma en se levant" Je

vais aller chercher mon sac"

(omme elle sortait précipitamment du bureau, elle résista à

l’envie de eter un 9il par'dessus son épaule pour voir si la vieille

femme la regardait, ce dont elle doutait fortement" Maintenant



qu’elle s’était fait comprendre, elle la laisserait tranquille"

B B B

=ne fois dans sa chambre, elle se h$ta d’/ter sa tenue de travail

pour rev2tir une upe plus décontractée et des sandales" 7iendécidée à profiter de sa ournée de congé, elle voulait 2tre à son

aise"

!andis qu’elle redescendait, quelques minutes plus tard, elle

trouva sh dans le vestibule en train de la dévisager" Malgré ses

bonnes résolutions, elle ne put emp2cher son c9ur de palpiter"

=ne vive inquiétude s’empara également d’elle" #ans l’obscurité

de la nuit, les changements n’avaient pas été aussi évidents" Mais,à présent, elle comprenait pourquoi #avid !obias avait demandé à

5elen de faire preuve d’une extr2me vigilance" ’homme qui setenait au pied de l’escalier était tr%s différent de celui de ses

souvenirs"

4on sh était un eune homme de dix'huit ans à la beauté

ravageuse, alors que l’individu qui se tenait auourd’hui devant

elle était plus vieux et avait des traits plus durs" 4on apparence ph&sique n’était toutefois pas le changement le

plus stupéfiant" 0l dégageait un fort magnétisme, et elle dut se

cramponner à la rampe de l’escalier pour 2tre sFre de ne pas

trébucher"

*tait'il vraiment celui qu’il prétendait 2tre > 0l ne pouvait pas en 2tre autrement, songea't'elle" (omment un

imposteur pourrait'il 2tre au courant au suet du pavillon > #e la m2me mani%re que Pamela (orbett, comprit'elle"

(omme elle posait le pied sur la derni%re marche de l’escalier, il

lui adressa un sourire dans lequel elle crut reconna.tre, l’espace

d’une fraction de seconde, le véritable sh, avant que cette

impression ne disparaisse"

3 7onour, dit'il"

3 7onour"

3 !u t’appr2tes à sortir, à ce que e vois, observa't'il en indiquant

son sac d’un signe de la t2te"



haussant les épaules"

es l%vres pincées, elle l’observa attentivement depuis l’autre

bout de la pi%ce"

3 !u n’aurais pas une autre raison pour me proposer de sortir

déeuner avec toi, par hasard > 0l esquissa un large sourire"

3 !u veux dire comme te faire pa&er l’addition >

3 Je veux dire comme un rende;'vous secret avec *mma >

4urpris, il haussa les sourcils"

3 Gu’est'ce qu’elle a à voir avec le fait que toi et moi déeunions

en ville >

3 N’insulte pas mon intelligence, shton" !u sais exactement o6 e veux en venir" Je n’ai pas envie de te voir renouer avec cette

fille" =ne lueur de col%re brillait dans les &eux de la vieille dame"

3 =n our, e t’ai prévenu que e ferais le nécessaire pour vous

tenir éloignés l’un de l’autre" (’est encore valable auourd’hui"

8eux'tu 2tre responsable de son renvoi > *lle a besoin de cet

argent" Pour son p%re) 3 rr2te C s’exclama't'il avec sévérité"

5elen se figea, et sa bouche se crispa"

3 Personne ne me parle sur ce ton)

3 *t personne ne me fait chanter"

0l posa sa tasse de café et se dirigea vers le bureau de sa grand'm%re" es deux mains plaquées sur la surface du meuble, il se

pencha vers elle" 3 Je suis le seul à décider de qui e peux ou ne peux pas voir"

*st'ce clair >

Malgré la rage qui brillait dans ses &eux, le visage d’5elen

demeura impassible"

3 !ant que tu vivras sous mon toit, tu ne fréquenteras pas cette

femme"

3 7ien, répondit'il en se redressant" !oi et moi savons tous les

deux que nous pouvons parfaitement trouver d’autres compromis"

0ls se dévisag%rent durant un long moment avant qu’5elen ne



détourne finalement le regard"

3 Je veux ce qu’il & a de mieux pour toi, sh" #epuis touours"

3 Non, tu cherches simplement à ruiner ma vie, comme

autrefois" Mais les r%gles ont changé, grand'm%re"

*lle lui décocha un regard noir" 3 Je n’aime pas les menaces, moi non plus"

3 Je le sais" Mais ce n’en est pas une" Je te demande simplement

de me laisser prendre mes propres décisions, sans quoi e repars

sur'le'champ" (e n’est pas une menace, c’est une promesse" Ma

vie privée ne regarde personne d’autre que moi"

3 e fait de porter le nom de (orbett entra.ne certaines

responsabilités" 3 Je suis au courant" 4i e n’étais pas pr2t à m’en montrer digne,

e ne serais amais revenu" Mais e refuse que tu te m2les de mavie privée" !u vas donc devoir me faire confiance quand e te dis

que e ferai ce qu’il faut" *n ce qui concerne *mma, inutile de

t’inquiéter"

0l alla récupérer sa tasse de café et aouta :

3 Je n’ai aucunement l’intention d’entamer une relation avecelle"

3 J’aimerais le croire, répondit sa grand'm%re en le dévisageant,

mais ’ai bien vu de quelle mani%re tu la regardais tout à l’heure"

3 !u as vu ce que tu voulais voir, rétorqua't'il en avalant une

gorgée de café" Guels qu’aient été mes sentiments pour *mma Novic+, ils sont morts depuis longtemps"

B B B

(orbett *ntreprises occupait les six derniers étages de l’un des

plus hauts b$timents du centre'ville de Jacob’s Pass" a plupart

des cabinets offraient une vue panoramique sur le golfe" Hesle&

était plongé dans la contemplation du pa&sage lorsque *mma

frappa doucement à sa porte"

0l se retourna aussit/t, dans un sursaut"

3 *mma C Je ne savais pas que vous étie; ici" *ntre;"

3 8otre secrétaire m’a dit que vous m’attendie;, répondit'elle"



0l hocha la t2te"

3 Je ne pensais pas que vous serie; là si t/t, mais e suis content

que ce soit le cas, car e souhaite faire valider ces contrats le plus

vite possible"

4’éloignant de la fen2tre, il vint se rasseoir à son bureau" pr%squ’*mma lui eut remis le paquet, il l’ouvrit, puis eta un 9il aux

papiers qu’il contenait avant de les mettre de c/té"

3 4ouhaite;'vous que e rapporte des documents à Mme

(orbett > demanda *mma"

3 Non, pas auourd’hui" Mais ne parte; pas si vite" sse&e;'

vous, un instant" J’aimerais discuter d’une chose avec vous"

*mma pensait savoir de quoi il s’agissait" (es ours'ci, tout lemonde semblait n’avoir qu’un seul et m2me suet à la bouche"

5ésitante, elle s’assit en etant un coup d’9il à la pi%ce" esmeubles étaient sombres et traditionnels, l’atmosph%re presque

lugubre" 4ans la vue maestueuse sur le golfe et la lumi%re

éclatante filtrant par les fen2tres, elle aurait trouvé l’espace

lég%rement oppressant"

*lle devait néanmoins admettre que le décor collait à Hesle& à la perfection" M2me sa garde'robe était classique, faite sur mesure,

avec des cravates discr%tes et élégantes" 0l n’& avait pas la moindre

touche de fantaisie dans sa tenue, alors qu’*mma était bien placée

pour savoir qu’il avait un sacré sens de l’humour" 0l était m2me

peut'2tre le seul dans sa famille à en posséder" 0l la regarda d’un air pensif pendant un instant"

3 8ous save; que mon neveu est revenu" *lle acquies-a"

3 Je l’ai croisé bri%vement hier soir, et de nouveau ce matin" 0l se

trouvait avec votre m%re lorsque ’ai quitté la maison"

3 (’est ce que e craignais" J’esp%re qu’il ne me fait pas perdre

mon temps"

4on expression devint soudain sombre, comme s’il venait de

recevoir de mauvaises nouvelles"

3 J’étais farouchement opposé à ce que ma m%re l’accueille sous

son toit aussi vite" Je pense qu’elle aurait dF attendre que nous



ambition, Hesle& lui avait touours paru 2tre un homme bien"

3 J’aimerais que vous gardie; un 9il sur ma m%re"

3 Mme (orbett)

*lle marqua une pause, ne voulant pas l’offenser, mais sachant en

m2me temps qu’elle devait 2tre claire sur ce qu’elle était pr2te ounon à faire pour garder son emploi"

3 J’apprécie vraiment ce que vous ave; fait pour moi, mais e ne

crois pas 2tre en mesure d’espionner votre m%re" M2me si vous

m’ave; obtenu cet emploi, e travaille pour elle" 0l faut qu’elle

puisse avoir confiance en moi"

0l parut lég%rement décontenancé"

3 (e n’était pas ce que e suggérais" Pour commencer, elle s’enrendrait immédiatement compte" *t ensuite, e la respecte trop

pour faire une telle chose" Non, *mma, e souhaite simplementque vous me tenie; informé si amais vous remarque; qu’elle en

fait trop et que ses forces s’amenuisent" Iu mieux encore, que

vous appelie; Maris" *lle a touours su s’& prendre avec M%re" Je

n’attends rien d’autre de votre part"

3 Je suis désolée, s’excusa't'elle avec un haussement d’épaules"Je n’avais pas l’intention de tirer des conclusions h$tives de vos

paroles" (’est simplement que)

*lle s’interrompit, hésitante"

0l lui adressa un regard entendu"

3 =ne personne vous a déà demandé de l’espionner, c’est -a > *mma demeura silencieuse"

3 8ous n’2tes pas obligée d’en dire davantage" J’ai une vagueidée de l’identité de cette personne" *t vous ave; absolument

raison de refuser" Ne vous laisse; pas intimider ou contraindre à

faire quoi que ce soit" 8ous travaille; pour ma m%re" *t pour

personne d’autre" 4i l’on vous approche encore à ce suet, faites'

le'moi savoir" Je m’en occuperai"

3 Merci, mais ce ne sera pas nécessaire" Je pense avoir été claire

quant à ma position sur ce suet"

0l hocha la t2te"

3 J’en suis certain" J’ai pleinement confiance en vous, cela va



sans dire" #ans le cas contraire, amais e ne vous aurais proposée

pour ce poste" Néanmoins, il est touours gratifiant de savoir que

e ne me suis pas trompé" J’apprécie votre lo&auté et ma m%re

également"

0l posa le st&lo sur le c/té" 3 Mais changeons de suet" Je sais que ma m%re vous a donné

congé pour le reste de la ournée" 8ous ave; probablement des

proets, alors e ne veux pas vous retenir"

*mma commen-a à se lever avant de se raviser"

3 *n fait, il & a une chose dont ’aimerais vous parler si vous

ave; un instant"

3 7ien sFr" Gu’& a't'il > #’abord hésitante, et incertaine de savoir comment aborder le

suet, elle décida finalement de ne pas & aller par quatre chemins" 3 Je sais que vous ave; réglé une partie des frais

d’hospitalisation de mon p%re, l’année derni%re" Je viens

seulement de le découvrir, et e suis à peu pr%s certaine que mon

p%re n’en sait rien" 4eulement, maintenant que e suis au courant,

e tiens à vous rembourser" Hesle& secoua la t2te"

3 (’est inutile"

3 4i, -a l’est"

3 *mma, ce n’était rien" 8otre p%re avait besoin de soins et

’étais en position de l’aider" (’est un homme bon" Je voulaism’assurer qu’il obtiendrait les meilleurs soins possible"

3 *t e ne veux pas para.tre ingrate, expliqua't'elle les &euxembués de larmes" Je vous suis reconnaissante de ce que vous

ave; fait pour nous, mais e me sentirais mal à l’aise si ’acceptais

qu’on me fasse la charité"

3 (e n’est pas -a du tout" Je suis simplement un ami venant en

aide à un autre" Néanmoins, e comprends votre position" 8oici ce

que e vous propose : d%s que la situation sera redevenue un peu

plus calme, e demanderai au service comptabilité d’établir une

sorte de plan de financement pour vous" Gu’en dites'vous >

3 J’apprécie, merci, répondit'elle en se levant" Je ne vais pas



vous prendre davantage de votre temps"

3 *mma >

3 Iui >

3 Je tiens simplement à ce que vous sachie; qu’en ce qui me

concerne, nous sommes quittes" J’ai aidé votre p%re de la m2memani%re que vous aide; ma m%re" (’est moi qui vous suis

reconnaissant"

*mma hocha la t2te, mais une pensée lui traversa soudain l’esprit"

*tait'ce pour l’obliger à surveiller sa m%re que Hesle& lui avait

offert ce travail au manoir > 0l se doutait bien qu’en apprenant la

vérité au suet des frais médicaux de son p%re, elle aurait une dette

envers lui et serait en conséquence plus coopérative lorsqu’il luidemanderait de lui rendre service)

&ant touours apprécié Hesle&, elle refusait de croire qu’il puisse2tre aussi calculateur, mais au fond, c’était un (orbett"

(omme elle sortait du bureau, elle salua de la main sa secrétaire,

puis se dirigea à grandes enambées vers l’ascenseur" u moment

o6 les portes s’ouvrirent, elle aper-ut deux personnes à l’intérieur"

’une d’elles était Pamela (orbett" *t l’autre, 7rad" e pan de chemise de ce dernier était de travers et les cheveux de

Pamela étaient tout décoiffés" *lle n’eut aucun mal à deviner ce

qu’ils venaient de faire"

*n l’apercevant, 7rad austa rapidement ses v2tements et sortit de

l’ascenseur, tandis que Pamela esquissa à peine un sourire en prenant tout son temps"

*mma entra dans l’ascenseur et comme elle se retournait, elle vitle plus eune des fils (orbett lui eter un coup d’9il par'dessus son

épaule" ’air mena-ant affiché sur son visage la fit frissonner, et

elle se demanda si elle l’avait sous'estimé"

0l avait touours semblé se fondre dans l’arri%re'plan en présence

de son fr%re a.né, mais peut'2tre que sa personnalité quelconque

était une couverture délibérée et qu’il menait une double vie" #’un

c/té, il était le cadet qui s’inclinait touours devant Hesle&, plus

d&namique"

*t de l’autre) un homme froid et sournois n’a&ant aucun



scrupule à avoir une aventure avec sa belle's9ur, uste sous le ne;

de son fr%re"



W

*n revenant de sa promenade en ville, *mma appela ane&

(arroDa& et elles convinrent de se retrouver dans un petit

restaurant de fruits de mer, au bord de l’eau" #e l’extérieur,l’endroit ne pa&ait pas de mine, mais la vue pittoresque du golfe

compensait le manque de cachet" Par ailleurs, elle se souvenait

qu’ils & servaient de délicieux g$teaux de crabe"

orsqu’elle arriva, son amie l’attendait déà à une table et lui fit

un petit signe de la main au moment o6 elle franchit la porte"

3 Je suis tellement contente que tu aies téléphoné, dit'elle tandis

qu’*mma s’asse&ait en face d’elle" Mon service ne commence pasavant 1U heures" !u m’as épargné tout un apr%s'midi à regarder

des idioties à la télévision" 3 *t toi, tu m’as évité d’avoir à arpenter des boutiques

d’antiquités toute seule, répondit *mma avec un sourire"

*lle eta un coup d’9il autour d’elle"

3 Je n’ai pas mangé ici depuis des années, mais cet endroit n’a

absolument pas changé" 3 Nous & étions venus le soir du bal de promo, lui rappela son

amie" es gar-ons voulaient grignoter un morceau avant d’aller à

(orpus (hristi"

3 (’est vrai" J’avais compl%tement oublié"

*mma déplia sa serviette et l’étala sur ses genoux" 3 Je n’arrive m2me pas à me souvenir qui étaient nos cavaliers

cette nuit'là" ane& esquissa un large sourire"

3 Parce que nous étions toutes les deux folles amoureuses

d’autres gar-ons, à l’époque" J’avais un faible pour (raig

!hompson, mais il avait invité Eristi evitt" *t toi)

*lle poussa un soupir r2veur"

3 !u te languissais encore d’sh (orbett"

ane& était l’unique personne à qui *mma avait amais confié ses

sentiments pour lui"

3 (ela fait si longtemps"



a serveuse leur apporta deux verres d’eau et le menu, permettant

à *mma de trouver une excuse pour changer de suet"

3 Je me demande si les g$teaux de crabe sont aussi bons que

dans mes souvenirs"

3 (’est le cas" J’en ai mangé la derni%re fois que e suis venueici" M&ra n’a amais changé ses recettes, expliqua ane&, en

faisant référence à la propriétaire du restaurant"

3 *h bien, c’est bon à savoir"

*lle continua d’étudier le menu"

3 *mma >

3 Iui > demanda't'elle en redressant la t2te"

=n sourire étira les coins de la bouche de ane&" 3 !u n’as pas à éviter le suet" Je sais qu’sh (orbett est de

retour" e c9ur d’*mma s’emballa aussit/t"

3 (omment le sais'tu > Mme (orbett m’a expliqué qu’elle

préférait garder la nouvelle secr%te pour l’instant"

3 4i e te le dis, tu devras me promettre de ne pas le répéter à

cette vieille virago" (e serait bien son genre de renvo&er une personne parce qu’elle a laissé une information lui échapper au

cours d’une conversation"

3 Je ne dirai rien, promit'elle"

3 0l s’agit de la fille de !heresa Kamon" Nous travaillons

ensemble à l’h/pital, au service puériculture, et nous sommesdevenues d’asse; bonnes amies au fil des ans" *lle m’a téléphoné

ce matin lorsqu’elle a appris pour sh" !heresa l’a laissé échapper par accident, Kachel m’a donc fait urer de garder le secret" #e

toute fa-on, encore un our ou deux et cela n’aura plus aucune

importance" a nouvelle aura fait le tour de la ville" 4i ce n’est pas

déà le cas, dit'elle avec un petit sourire" !u sais comment -a se

passe dans cette ville"

*mma haussa les épaules"

3 #e la m2me mani%re que dans toute autre petite ville"

3 Iui, les gens aiment parler parce qu’il n’& a pas grand'chose

d’autre à faire" Mais e dois l’admettre, sh (orbett revenant



d’entre les morts, voilà une nouvelle croustillante"

Puis, apr%s quelques instants de silence, elle reprit"

3 lors, tu l’as vu > demanda't'elle à voix basse en se penchant

vers *mma"

(ette derni%re se saisit de son verre d’eau, mal à l’aise" 3 Iui"

3 *t alors > insista ane&" #e quoi a't'il l’air > *st'il touours

aussi beau > Gu’est'ce que e raconte, évidemment qu’il l’est" es

m$les (orbett ne font que s’améliorer avec l’$ge"

3 *h bien, tu viens tout uste de répondre à ta propre question,

dit *mma, espérant une fois de plus changer de suet"

3 Ih, mais e ne vais pas te laisser t’en tirer aussi facilement" Jet’en prie, *m" Mets'moi au parfum" *t n’omets aucun détail"

Guand l’as'tu vu pour la premi%re fois et que lui as'tu dit > *t plusimportant encore, que t’a't'il dit >

es &eux de son amie brillaient d’impatience"

3 #ésolée de te décevoir, mais il n’& a vraiment rien à raconter,

répliqua *mma" Je ne l’ai croisé que bri%vement la nuit derni%re et

de nouveau ce matin" 3 *t >

3 *t quoi >

ane& la regarda d’un air consterné"

3 !u es folle de ce gar-on depuis que tu as dix ans C !u m’as

rebattu les oreilles avec lui durant toutes nos années de coll%ge etde l&cée" lors, tu ne peux pas me laisser sur ma faim" *st'ce qu’il

t’attire encore > 3 0l vient seulement de revenir" J’ai à peine passé plus de

quelques minutes avec lui" *t par ailleurs, apr%s dou;e années de

séparation, nous ne sommes plus que des étrangers l’un pour

l’autre"

3 #es étrangers > Mais tu dois encore éprouver quelque chose

pour lui"

ane& plaqua une m%che de cheveux blonds derri%re son oreille"

3 Kachel a dit qu’il avait eu une sorte d’accident et qu’il avait

recouru à la chirurgie esthétique" 4on apparence n’a plus rien de



celle d’autrefois" (’est vrai >

*mma réfléchit un instant"

3 0l para.t différent, mais c’est encore sh"

ane& poussa un nouveau soupir"

3 (’est ce que e pensais" Je me disais bien qu’il ne pouvait pasavoir tant changé que -a" (es &eux bleus avec ces cheveux

sombres) 0l représentait l’image de l’homme idéal, autrefois"

*lle adressa un sourire entendu à *mma"

3 #’ailleurs, à l’époque, ’étais alouse de toi, tu sais" Je me

disais que le fait de fréquenter sh (orbett faisait de toi la femme

la plus chanceuse au monde"

3 0l n’& avait pas de quoi 2tre alouse, rétorqua *mma enfron-ant les sourcils" (ette romance n’aurait amais abouti à rien"

5elen ne l’aurait pas permis" ’amertume qui transparaissait dans sa voix la fit grimacer"

Pourquoi laissait'elle le passé l’atteindre autant > Pourquoi cela

avait'il encore de l’importance qu’elle n’ait amais été à la hauteur

des attentes d’5elen pour son petit'fils >

3 Je sais, mais c’est ce qui faisait que c’était si romantique,reprit ane&" 8ous étie; comme des amoureux maudits" *st'ce que

e viens uste de dire -a > dit'elle en faisant mine d’avoir un haut'

le'c9ur" (’était ringard"

3 Iui, en effet" Je crois que tu devrais rester éloignée des soap'

opéras, la taquina *mma avec un large sourire" *t nous reoindredans le monde réel"

3 #’accord, ’admets que e m’emballe parfois, reconnut ane&en haussant les épaules" (e n’est pas la fin du monde"

4on regard fila sur l’entrée du restaurant tandis qu’elle se

redressait sur son si%ge"

3 *t en parlant de romance)

Jetant un coup d’9il par'dessus son épaule afin de voir ce qui

avait attiré l’attention de son amie, *mma reconnut Kic+ 7ledsoe,

dans son uniforme, qui venait d’entrer dans le restaurant et

attendait qu’on le conduise à une table"

3 In dirait Kic+, dit'elle en se retournant face à ane&"



3 (’est lui" N’est'il pas sublime dans cet uniforme > 0l a les plus

olies fesses que ’aie amais vues"

lors qu’elle s’appr2tait à se tourner de nouveau, son amie lui

attrapa le bras au'dessus de la table"

3 rr2te de le regarder C 0l va savoir qu’on parle de lui" 3 #ésolée"

3 Keste simplement décontractée"

ane& fit mine de lire son menu, mais continua à l’observer

subrepticement"

3 #epuis son divorce l’année derni%re, e meurs d’envie qu’il

m’invite à sortir"

3 Pourquoi ne fais'tu pas le premier pas > suggéra *mma" 3 Pour -a, il faudrait d’abord que e puisse me retrouver seule

avec lui" (haque fois que nous nous croisons, il & en a touours unde nous deux qui est en service" (/té timing, on ne peut pas dire

que nous avons eu beaucoup de chance"

3 *t pourquoi pas maintenant > pparemment, il attend pour

avoir une table" !u n’as qu’à lui proposer de se oindre à nous"

3 (ela ne te dérange pas > *mma se replongea dans la lecture de son menu"

3 7ien sFr que non" Je l’ai touours beaucoup apprécié"

3 ttention, e l’ai vu la premi%re, la mit en garde ane& avec un

clin d’9il, en se levant"

(e badinage bon enfant fit sourire *mma" (ela faisait vraimentdu bien de fréquenter des amis de son $ge, songea't'elle" *lle ne

s’était pas rendu compte à quel point elle avait été isolée aumanoir au cours de ces derniers mois" es courses qu’elle faisait

pour 5elen lui permettaient de sortir, certes, et elle avait ses

promenades du soir et ses d.ners avec son p%re" Mais elle n’avait

pas eu de déeuner avec une amie, encore moins de rende;'vous,

depuis bien trop longtemps"

4on st&le de vie solitaire avait débuté à #allas, apr%s son

agression" Kapidement, elle avait cessé toutes sorties, et s’était

enfermée dans son appartement toutes les nuits, effra&ée à l’idée

de s’aventurer plus loin que sa bo.te aux lettres"



Mais elle vo&ait à présent à quel point son comportement lui avait

été préudiciable" #’une certaine mani%re, elle avait mis sa vie en

suspens"

0l était temps que cela cesse"

3 *mma, tu te souviens de Kic+" *lle s’extirpa de sa r2verie et redressa la t2te"

3 7ien sFr" 7onour, Kic+" (’est bon de te revoir"

3 4alut, *mma"

0l marqua une pause, visiblement hésitant"

3 8ous 2tes sFres que e ne m’impose pas au milieu de votre

déeuner > 8ous ave; probablement un millier de choses à vous

raconter" 3 Ih, c’est déà fait, s’empressa de lui assurer ane&" Pas vrai,

*mma > 3 *xact"

*lle sourit à Kic+"

3 ssieds'toi" Nous avons vraiment envie que tu te oignes à

nous"

0l s’assit à c/té de ane& et posa sa casquette sur la chaise vide, àc/té d’*mma"

3 lors, qu’ave;'vous prévu pour la ournée >

3 Nous étions ustement en train de parler de ce que nous

voulions faire apr%s déeuner, pas vrai, *m > Je ne dois pas

retourner au travail avant 1U heures" J’ai tout mon apr%s'midi delibre"

e sourire de ane& était tout sauf subtil" 3 *t toi, *mma > demanda Kic+"

3 Je suis en congé pour la ournée, mais e rentrerai

probablement au manoir apr%s déeuner)

*lle s’interrompit au milieu de sa phrase avec un grognement

tandis que ane& lui donnait un coup de pied sous la table"

3 8ous ave; déà passé commande >

3 Non, nous étions sur le point de le faire"

!andis que la serveuse, une olie étudiante, flirtait ouvertement

avec Kic+ tout en notant les commandes, *mma pouvait



pratiquement voir la fumée sortir des oreilles de son amie"

orsqu’elle s’en alla enfin, ane& ne perdit pas une seule seconde

pour attirer de nouveau l’attention du policier sur elle"

3 #e quoi parlions'nous > Ih, oui, de nos proets pour le reste

de la ournée" 0l se trouve qu’*mma et moi sommes libres commel’air tout l’apr%s'midi" *t toi >

3 Je suis encore de service, répondit'il" Ma garde ne se termine

pas avant 1V heures"

e visage de ane& s’assombrit"

3 (’est vraiment dommage" J’espérais que nous pourrions aller à

la plage un moment tous les trois" (omme au bon vieux temps du

l&cée" Nous pourrions m2me prendre une glaci%re" Je voulais peaufiner mon bron;age"

Kic+ poussa son verre d’eau sur le c/té et posa un bras sur la tabletandis qu’il considérait ane&" *mma ne vo&ait pas comment il

pourrait lui résister" 4on sourire et sa personnalité pétillante étaient

adorables" M2me sa mani%re éhontée de le séduire était charmante"

3 Je n’ai pas le temps d’aller à la plage, répliqua't'il" Mais nous

pourrions faire une balade en bateau, si -a vous tente" e regard de ane& s’illumina"

3 J’adore les bateaux C Gu’est'ce que tu as en t2te >

Kic+ eta un coup d’9il à *mma, et l’ombre rapide qui vacilla

dans ses &eux lui fit redouter ce qu’il s’appr2tait à dire"

3 Je dois me rendre à 4hell 0sland, cet apr%s'midi" 8ous pouve;m’accompagner, si vous voule;"

a respiration d’*mma s’accéléra, et elle ouvrit la bouche pourdécliner l’invitation" Mais ane& était déà en train d’accepter

pour toutes les deux"

3 Guelle bonne idée C (ela fait des lustres que e ne me suis pas

rendue sur cette .le, dit'elle" Nous adorerions venir avec toi, pas

vrai, *m >

3 Je ne sais pas)

3 Ih, dis oui" In va bien s’amuser"

3 Pourquoi dois'tu te rendre à 4hell 0sland > demanda't'elle à

Kic+"



d%s l’instant o6 Kic+ arr2ta le bateau pr%s de la etée délabrée,

*mma sut qu’elle avait commis une grosse erreur" Jamais elle

n’aurait dF accepter de venir"

4’effor-ant de minimiser sa réaction, elle tenta de se rappeler

qu’il n’& avait plus rien à craindre" (ela faisait des années qu’onn’& avait plus découvert de corps" (omme Kic+ l’avait fait

remarquer, l’endroit se résumait auourd’hui à de la terre et de

vieilles maisons abandonnées"

une époque, l’.le abritait une communauté en plein

épanouissement, mais ce n’étaient pas les fant/mes de ceux qui

avaient vécu ici qui hantaient *mma"

#ou;e ans plus t/t, six corps & avaient été découverts" #ans une période de cinq ans, six eunes femmes avaient été amenées sur

l’.le et on n’avait plus amais entendu parler d’elles" Guelqu’un lesavait sauvagement assassinées et le meurtrier n’avait amais été

capturé"

*t dix'huit ans avant cela, le corps mutilé de Mar& <erris avait été

reeté dans la baie" Kien ne disait qu’elle n’avait pas également été

tuée sur l’.le" ’idée que le meurtrier n’ait pas frappé depuis plus de dou;e ans

n’apaisait pas *mma" (ar il était encore dans la nature" *t il était

impossible de dire qu’il n’& avait pas d’autres corps enterrés

ailleurs"

e soleil cognait dur sur ses épaules, pourtant, elle n’arrivait pas às’arr2ter de trembler"

Kic+ attacha le bateau, puis tendit la main à ane& pour l’aider àdescendre"

3 (et endroit donne vraiment la chair de poule C s’exclama't'elle

avec un petit rire nerveux"

3 *t nous n’avons m2me pas encore quitté la etée, la taquina

Kic+" ttends de voir les maisons"

3 !u avais pourtant dit que ce n’était plus effra&ant, intervint

*mma qui n’était pas encore descendue du bateau"

présent, elle n’était plus certaine d’en avoir envie"

3 Je crois que e vais vous attendre ici"



Kic+ lui adressa un sourire encourageant en lui tendant la main"

3 Je n’avais pas l’intention de t’effra&er" 8iens" (et endroit est

fascinant" Je t’assure que tu n’as rien à craindre"

C$est ce &ue tu crois 1 pensa *mma en saisissant sa main pour le

reoindre sur la etée" ’.le était minuscule, mais la végétation était si haute que les

maisons n’étaient pas visibles depuis la plage" Kic+ passa en t2te

de leur petit groupe sur un chemin étroit, à travers les palmiers et

les lauriers'roses"

(omme ils progressaient en file indienne, ane& eta un coup

d’9il derri%re elle et articula en silence un merci à son amie" Puis

elle indiqua Kic+ d’un signe de t2te en pla-ant la main sur sonc9ur" 5e crois &ue je suis amoureuse"

*mma secoua la t2te en souriant" e pantomime ridicule de ane&était parvenu à dissiper une partie du malaise qui planait sur elle

depuis qu’ils se trouvaient sur l’.le"

quelques m%tres du rivage, ils atteignirent enfin la premi%re

maison" (omme toutes les autres habitations, il s’agissait d’un

édifice en bardeau à un étage avec des marches branlantes menantà un porche couvert" a porte d’entrée était affaissée et la plupart

des fen2tres avaient été brisées des années plus t/t"

a vue de la maison lui donna aussit/t la chair de poule" 4e

frictionnant vigoureusement les bras, *mma s’effor-a de se

persuader qu’il ne s’agissait que d’une vieille demeure et que toutallait bien" Jetant un coup d’9il par'dessus son épaule, elle fouilla

du regard les épaisses broussailles" (’est alors que ane& la saisit par le bras, la faisant sursauter"

3 Ma parole, on dirait que tu as vraiment la frousse" 4uis'moi,

déclara't'elle en lui prenant la main" llons eter un 9il à

l’intérieur"

3 8ous n’ave; qu’à vous & rendre toutes les deux pendant que e

vais inspecter l’église, suggéra Kic+" (’est habituellement là que

les vandales se réunissent pour faire leurs b2tises" 4urtout, faites

bien attention o6 vous mette; les pieds" =ne partie du plancher a

commencé à pourrir" *t ne vous éloigne; pas trop" Je serai de



centre de la pi%ce"

3 8ise'moi -a, fit'elle en étendant les bras et en effectuant

lentement un tour sur elle'm2me"

Ne comprenant pas dans un premier temps ce qu’elle faisait,

*mma baissa les &eux vers le sol et constata que son amie se tenaitau milieu d’une sorte de pentacle rouge"

=ne bombe aérosol avait été abandonnée à c/té" vec un soupir

de soulagement, elle se rendit compte que contrairement à sa

premi%re pensée, le s&mbole n’avait pas été dessiné avec du sang"

3 ton avis, depuis quand ce dessin se trouve't'il ici > s’enquit

ane& en restant au centre"

3 a peinture para.t asse; fra.che, répondit *mma avec un calmesurprenant" (ette ;one n’est pas aussi poussiéreuse que le reste"

3 Je me demande si Kic+ est au courant de -a" Je devrais probablement aller le chercher pour l’en informer"

3 *t me laisser toute seule ici > laissa échapper *mma, ne

parvenant pas à ma.triser sa nervosité"

3 !u peux m’accompagner, si tu veux"

Mais le ton de son amie traduisait clairement son désir d’2treseule avec l’officier de police"

3 !u n’as rien à craindre" Je suis certaine que c’est simplement

l’9uvre de gosses qui faisaient les imbéciles"

ane& avait probablement raison" pr%s tout, le coupable avait

laissé sa bombe de peinture derri%re lui" 3 Kic+ a dit qu’il allait à l’église" *st'ce que tu as une idée de

l’endroit o6 elle se trouve > 3 Je suis venue sur l’.le quelquefois" Je crois m’en souvenir, et

par ailleurs, dit ane& avec un large sourire, e poss%de un sixi%me

sens pour ces choses'là" Ne t’en fais pas, e le trouverai" 4i e ne

suis pas de retour dans une heure, envoie une équipe de secours"

3 4i tu n’es pas de retour dans une heure, e prends le bateau et

e retourne en ville, l’avertit *mma en suivant son amie à

l’extérieur de la maison"

*n bas des marches, cette derni%re marqua une pause et leva les

&eux vers elle"



3 !u es sFre que -a ne te dérange pas > Je sais que tu es venue

ici uniquement parce que e te l’ai demandé, et à présent, voilà que

e t’abandonne" 4eulement, tu comprends, c’est la premi%re

opportunité depuis des si%cles que ’ai de me retrouver en t2te à

t2te avec Kic+" *t il me pla.t vraiment beaucoup, *m" Gui était'elle pour se mettre en travers de l’amour > pensa *mma"

Iu du désir, si c’était de cela qu’il s’agissait"

3 8as'&, dit'elle avec un haussement d’épaules insouciant" !out

ira bien"

pr%s tout, elle était adulte" 4i elle était incapable de rester seule

quelques minutes, en plein milieu de l’apr%s'midi, elle avait de

plus gros probl%mes que ce qu’elle cro&ait" B B B

pr%s avoir passé cinq minutes sous le porche, *mma décida

qu’elle se moquait de g$cher l’unique opportunité de ane& d’2tre

seule avec Kic+" #e nouveau gagnée par la peur, elle ne voulait

pas passer une seconde de plus toute seule dans cette maison"

Peut'2tre que ce pentacle sur le sol de la chambre avaiteffectivement été peint par des adolescents, mais étant donné le

passé de l’.le, elle n’allait pas se culpabiliser d’2tre un peu secouée

par le s&mbole"

*nvisageant dans un premier temps de regagner le bateau et

d’attendre Kic+ et ane& là'bas, elle changea d’avis en apercevantle toit de l’église au milieu de la végétation"

*lle ne se souvenait pas que l’édifice était aussi proche de la plage" #’un autre c/té, elle n’était $gée que de trei;e ans lorsque

son p%re l’avait amenée ici pour la premi%re fois" *lle ne se

rappelait pas non plus que l’.le était à ce point envahie par les

mauvaises herbes, ou encore que les maisons se trouvaient dans un

tel état de délabrement, m2me si cela n’avait rien de surprenant

puisque plus personne ne vivait à 4hell 0sland depuis les années

cinquante"

l’époque, l’.le était habitée par une poignée de familles a&ant

fui les commodités de la vie moderne" a plupart des hommes



n’entrerait m2me pas" !out ce qu’elle souhaitait, c’était voir à quoi

ressemblait cet endroit"

(omme elle émergeait de la clairi%re quelques minutes plus tard,

elle marqua une pause, parcourant du regard l’édifice à un étage

qui se prolongeait dans la végétation épaisse, lui donnantl’apparence d’un tunnel artificiel" (ontrairement aux maisons,

l’église était b$tie à m2me le sol" a véranda, en revanche, était

surélevée et le sol était onché de canettes de bi%re et de

décombres"

e b$timent, gr$ce à ses murs en pierre, était en bien meilleur état

que les maisons" Mais les fen2tres avaient également été brisées, et

les murs étaient couverts de graffitis" van-ant de quelques pas en direction du b$timent, elle appela

ane& et Kic+" (omme aucun des deux ne répondait, elle grimpales marches et tira sur la poignée de la porte" e grincement

sinistre des gonds fit remonter un frisson le long de sa colonne

vertébrale"

3 ane& > Kic+ > 8ous 2tes là > cria't'elle une nouvelle fois

depuis l’encadrement de la porte en etant un coup d’9il àl’intérieur"

’endroit ne ressemblait en rien au lieu sombre et froid, rempli

d’ombres, qu’elle s’était imaginé"

u contraire, les ra&ons du soleil filtrant par les fen2tres béantes

remplissaient enti%rement la pi%ce de lumi%re" *t les murs en stuc blanc amplifiaient la sensation claire et spacieuse qui s’en

dégageait" ’endroit était suffisamment grand pour accueillirtoutes les familles a&ant autrefois vécu sur l’.le"

’église n’avait absolument rien d’effra&ant, réalisa *mma" 0l

suffisait de ne pas penser au corps de la eune femme qui avait été

découvert à l’intérieur" pr%s tout, depuis ce drame, survenu dou;e

ans plus t/t, aucun autre événement similaire ne s’était produit ici"

es cauchemars qu’elle avait faits à propos de l’.le avaient éveillé

sa curiosité"

<aisant un pas à l’intérieur, elle eta un coup d’9il autour d’elle"

a plupart des meubles avaient été détruits ou volés depuis bien



longtemps, mais il restait tout de m2me quelques bancs délabrés"

#es initiales étaient profondément gravées sur certains d’entre eux

qui étaient renversés" ’autel avait été emporté, lui aussi"

7ref, en dehors d’une pi%ce vide contenant quelques toiles

d’araignée et des urons griffonnés sur les murs, il ne restaitvraiment plus grand'chose à voir"

4entant comme un poids se lever de ses épaules, *mma fut

soudain contente d’2tre venue"

*lle avait passé tant d’années à porter en elle ce terrible sentiment

de culpabilité, persuadée qu’en parlant de sa prémonition elle

aurait sans doute pu sauver la vie de ces eunes filles, qu’elle

éprouva une sorte de libération" présent, elle mesurait à quel point elle avait été stupide

d’endosser ce genre de responsabilités" Guel que soit le sortqu’avaient connu ces femmes, cela n’avait aucun lien avec elle"

*lle n’aurait rien pu faire pour les sauver"

*t cette église) n’était rien d’autre qu’une église" 4i le mal &

était entré un our, il en était ressorti depuis bien longtemps"

*lle se frotta vigoureusement les bras, soudain parcourue d’unfrisson" (elui'ci n’était pas dF à la peur, mais au froid glacial qui

régnait à l’intérieur de l’édifice en pierre"

Kéalisant que ane& et Kic+ n’étaient touours pas là, elle se

demanda o6 ils avaient bien pu partir" es avait'elle manqués sur

le chemin > Peut'2tre l’attendaient'ils à la premi%re maison" (omme elle se retournait pour partir, le vent s’engouffra par les

fen2tres brisées et la porte se referma en claquant"



?

e c9ur d’*mma se mit à battre furieusement"

Ce n$est &u$un courant d$air , se dit'elle pour se rassurer"

Mais alors qu’elle tendait la main pour attraper la poignée de la porte, elle entendit un bruit derri%re elle" *lle n’était pas seule

dans l’église"

3 Kic+ > ane& > appela't'elle tandis qu’un frisson lui gla-ait la

nuque"

e c9ur battant à tout rompre, elle se retourna lentement afin de

bala&er la pi%ce du regard"

’endroit était suffisamment éclairé" 4i quelqu’un se dissimulaitdans un coin, elle aurait dF 2tre en mesure de le voir" 4eulement,

elle ne vo&ait rien" =ne fois de plus, elle laissait son imagination prendre le dessus,

mais elle s’en moquait" =ne seule chose lui importait en cet instant

: sortir de cette église le plus rapidement possible"

Plaquant les deux mains contre la porte de bois, elle essa&a de la

pousser de toutes ses forces, mais celle'ci refusa de s’ouvrir" pr%s plusieurs tentatives vaines, elle sentit la panique

s’accro.tre"

3 ane& C Kic+ C cria't'elle en frappant le bois de ses poings"

8ous 2tes là > a porte est bloquée C

*lle continua à appeler et à tambouriner usqu’à ce que ses mainsdeviennent douloureuses"

3 l’aide C bout de forces, elle finit par abandonner et s’adossa contre la

porte" 0l devait forcément & avoir un autre mo&en de sortir de cet

endroit, songea't'elle en regardant attentivement autour d’elle" es

fen2tres étaient relativement hautes, mais en pla-ant l’un des vieux

bancs uste en dessous, elle n’aurait plus qu’à grimper dessus pour

les atteindre" 0l fallait également qu’elle trouve de quoi briser le

reste du verre"

0l n’& avait aucune raison de paniquer, songea't'elle"

(’est alors qu’une pensée lui traversa soudain l’esprit" *t si ane&



et Kic+ étaient déà repartis en la laissant ici >

Arr(te de dire n$importe &uoi# se réprimanda't'elle en son for

intérieur"

Premi%rement, ils ne feraient amais cela, du moins pas avant

d’avoir fouillé toute l’.le à sa recherche auparavant" *tdeuxi%mement, ils ne s’étaient quittés que depuis quelques

minutes"

lors qu’elle se dirigeait vers l’une des fen2tres, elle entendit de

nouveau du bruit" a bouche s%che, elle s’arr2ta net"

4a réaction était probablement démesurée, mais elle ne pouvait

pas s’en emp2cher" e corps d’une femme avait été retrouvé ici

m2me" *t cinq autres avaient été enterrées à proximité" 0l était m2me possible que ces femmes aient toutes été tuées dans

cet endroit" Guelle idée lui était donc passée par la t2te de venir ici > se

demanda't'elle avec nervosité" (e n’était pas pour rien qu’elle

faisait des cauchemars à propos de cette église"

4on p%re avait raison" *lle n’avait pas à prouver son courage" *lle

n’était responsable ni des meurtres qui s’étaient produits dou;eans plus t/t, ni de l’agression dont elle avait été victime dans son

appartement" 4i elle n’avait pas tenté de repousser son assaillant,

c’était parce qu’il tenait un couteau contre sa gorge en la

mena-ant"

3 0l t’aurait tuée si tu n’avais pas fait ce qu’il te disait, avaitinsisté son p%re" !u as agi comme il fallait"

3 Iui, mais il aurait tr%s bien pu me tuer quand m2me si monvoisin n’avait pas appelé la police, avait'elle répondu" *t e serais

morte sans opposer la moindre résistance"

e moment était mal choisi pour ressasser le passé, songea't'elle

en chassant ses pensées" #e toute fa-on, elle ne pouvait plus rien &

changer"

(’est alors que la porte s’ouvrit brusquement derri%re elle"

0ncapable de contenir sa peur, elle se mit aussit/t à hurler"

3 5é, tu n’as rien à craindre, lui cria Kic+" (’est nous"

3 *st'ce que tu vas bien > s’enquit ane& en se précipitant vers



elle"

*mma hocha la t2te, tremblante"

3 a porte était coincée" Je crois) que e me suis un peu laissé

emporter par mon imagination"

3 Kien d’étonnant à cela, répliqua ane& en promenant sonregard sur la pi%ce" (’est ici que -a s’est produit, n’est'ce pas >

3 ’un des corps a été retrouvé dans cette église, en effet, déclara

Kic+" Néanmoins, e ne pense pas que la victime & ait été

assassinée"

3 Pourquoi cela > s’étonna *mma"

3 J’ai eté un 9il aux dossiers" a quantité de sang prélevée sur

les lieux par les experts n’était pas asse; importante" es meurtresont donc vraisemblablement été commis ailleurs, avant que

l’assassin ne vienne déposer les corps ici, persuadé qu’ils neseraient amais découverts"

3 Pourtant, à l’exception de celui qui a été retrouvé dans cette

pi%ce, il a enterré tous les autres, fit remarquer ane&" 4i e me

souviens bien, le médecin légiste de (orpus (hristi a déclaré que

la mort de la victime ne remontait pas à si longtemps que -a" Manifestement parcourue du m2me frisson d’horreur qu’*mma,

ane& se frotta les bras pour en chasser la chair de poule"

3 0l avait probablement l’intention de le faire, mais a manqué de

temps, suggéra Kic+ en haussant les épaules" Peut'2tre que le

corps a été découvert avant qu’il n’ait la possibilité de s’enoccuper"

3 Guand e pense que le responsable de ces crimes est encore encavale, murmura ane&" 0l pourrait s’agir d’une personne que nous

connaissons, avec qui nous travaillons, ou bien que nous c/to&ons

tous les ours, aouta't'elle en reportant son regard sur Kic+"

3 5é C s’exclama ce dernier en levant les mains en l’air" J’esp%re

que tu ne me mets pas sur ta liste de suspects" orsque ces corps

ont été découverts, e n’étais qu’un enfant"

3 *mma et moi avions dix'sept ans à l’époque" *tant donné que

tu étais deux classes au'dessus de nous, à l’école, tu devais en

avoir dix'neuf" Je ne trouve pas que ce soit si eune que -a"



#’apr%s les ournaux, ces femmes ont été tuées dans un intervalle

approximatif de cinq ans" u moment du premier assassinat, tu

avais donc quator;e ans"

3 !u plaisantes, ’esp%re C répliqua't'il" Ne me dis pas que tu me

crois sérieusement impliqué dans ces meurtres" Pas apr%s) 0l s’interrompit et échangea un regard avec ane&, qui éclata de

rire"

3 7ien sFr que non" Je ne faisais que prouver ce que ’avan-ais, à

savoir que l’assassin pourrait 2tre n’importe qui" M2me une

personne à laquelle on ne s’attend pas"

3 Iu bien c’est peut'2tre un parfait étranger, rétorqua Kic+" =n

tueur en série ne chasse habituellement pas devant che; lui" *mma, qui était demeurée silencieuse durant ces derni%res

minutes, dit en frissonnant : 3 *st'ce qu’on pourrait parler de -a ailleurs > (et endroit me

donne la chair de poule"

3 *videmment, répondit Kic+ en libérant le passage afin de la

laisser sortir" ttende;'moi à l’extérieur" Je vais faire une rapide

inspection des lieux, puis nous rentrerons" 3 4ois prudent, lui lan-a *mma" J’ai entendu un dr/le de bruit

dans le fond" (e n’était probablement qu’une souris, ou bien un

serpent"

3 Je etterai un 9il"

!andis que les deux femmes descendaient les marches de l’église,ane& prit la main d’*mma dans la sienne"

3 !u vas bien > orsque e t’ai entendue crier) ’ai cru qu’unechose horrible s’était produite"

3 *n vo&ant que e ne parvenais pas à ouvrir la porte, ’ai un peu

paniqué, reconnut *mma" Mais tout va bien, à présent"

3 Je suis désolée de m’2tre sauvée et de t’avoir laissée toute

seule, s’excusa son amie d’un air penaud, avant de lui adresser un

sourire entendu" Mais pour ce que -a vaut, Kic+ 7ledsoe embrasse

comme un dieu"

B B B



tr%s loin"

3 (ela ne me dérange pas du tout, c’est sur ma route" *t puis

c’est le moins que e puisse proposer pour me faire pardonner de

t’avoir entra.née sur cette .le"

*lle ne tenta pas de discuter davantage et grimpa dans la voiturede patrouille de Kic+" pr%s quelques minutes, ils arriv%rent sur le

par+ing du restaurant"

lors qu’elle s’appr2tait à descendre de voiture, elle se retourna

vers lui"

3 Je peux te poser une question >

3 7ien sFr" Gu’& a't'il >

3 !u as dit avoir lu les rapports des meurtres a&ant été commis il& a dou;e ans" Gu’en est'il de la premi%re victime) Mar& <erris >

(rois'tu qu’elle ait été tuée par la m2me personne > 3 Pour autant que e sache, il n’& a amais eu aucune preuve

reliant son affaire aux autres" (ela s’est produit il & a quoi > !rente

ans > cette époque, ils ne possédaient pas le matériel nécessaire

pour effectuer les prél%vements de preuves et les tests #N,

comme c’est le cas auourd’hui" Nous ne saurons probablement amais si ce meurtre était oui ou non lié aux autres"

*mma hésita un instant avant de poursuivre"

3 *t qu’en est'il de la femme qui a été découverte dans la baie il

& a quelques mois) nn Hebster >

3 4on mari a été inculpé du meurtre" 3 Je sais, répondit'elle en hochant la t2te" J’ai cru comprendre

qu’il avait tout avoué" 3 Plus ou moins"

Kic+ détourna le regard et demeura silencieux un instant"

3 Kécemment, des rumeurs ont circulé selon lesquelles on

l’aurait contraint à faire cette confession"

3 Gui l’aurait forcé >

8isiblement préoccupé et en col%re, il reposa son regard sur elle"

3 Je ne peux rien dire de plus au suet de cette affaire, excepté

ceci : cette ordure est coupable, et s’il s’en tire pour vice de

procédure, quelqu’un le retrouvera et lui fera pa&er son crime"



3 es preuves contre lui sont'elles aussi solides > s’enquit'elle,

surprise de voir Kic+ aussi furieux" N’& a't'il pas la moindre

chance qu’il puisse 2tre innocent >

3 I6 veux'tu en venir, *mma > répliqua't'il en fron-ant les

sourcils" 3 Je me demande simplement si la personne qui a tué ces

femmes il & a dou;e ans pourrait également avoir assassiné nn

Hebster"

3 (’est impossible" 4on mari est vraiment coupable" Par ailleurs,

dou;e ans d’intervalle entre les meurtres, c’est tr%s long"

3 e corps de Mar& <erris a bien été retrouvé dix'huit ans avant

que les autres ne soient découverts sur 4hell 0sland" J’ai entendu parler de tueurs en série qui restent en sommeil pendant de

longues périodes, suggéra *mma" (’est une possibilité, tu ne crois pas >

Perplexe, il la dévisagea un instant"

3 Pourquoi ressasses'tu toute cette affaire > (’est du passé"

3 Je sais, répondit'elle en haussant les épaules, mais ane& a dit

une chose asse; inquiétante, tout à l’heure" e tueur est touoursen cavale" 0l pourrait s’agir d’une personne que l’on conna.t"

3 mon avis, vous regarde; un peu trop de séries télévisées,

toutes les deux, dit'il, flegmatique" nn Hebster a été assassinée

par son bon à rien de mari" <in de l’histoire" *n ce qui concerne

les autres) tu devrais vraiment cesser d’& penser" !u vas finir paren faire des cauchemars"

*mma s’effor-a de sourire" 3 Probablement" Merci de m’avoir ramenée, Kic+"

3 ucun probl%me"

*lle marqua une pause avant d’aouter :

3 Je me m2le sans doute de ce qui ne me regarde pas, mais

ane& est quelqu’un de génial"

3 (e n’est pas moi qui vais te contredire sur ce point, répliqua't'

il en étendant un bras en travers du dossier de son si%ge" *lle est

tout de m2me un peu rentre'dedans parfois" Je ne suis pas

franchement habitué à -a"



4’empressant de la baisser, persuadée qu’il s’agissait de Kic+, elle

fut surprise de voir sh se pencher vers elle"

3 7esoin d’aide > s’enquit'il"

*lle tenta d’ignorer le tiraillement de nervosité dans son ventre"

*lle avait eu sa dose d’émotions fortes pour la ournée" 3 Ma voiture refuse de démarrer, expliqua't'elle avec un soupir"

Je m’appr2tais à appeler mon p%re pour qu’il vienne me donner un

coup de main"

3 pparemment, le réservoir d’essence est plein" *t e ne crois

pas que ce soit un probl%me de batterie, dit'il en se redressant"

Iuvre le capot que e ette un 9il"

3 Mais) tu t’& connais un peu en voitures > 0l se retourna et sembla hésiter un instant, avant d’esquisser un

large sourire" 3 Pas vraiment, mais peut'2tre qu’avec un peu de chance le

probl%me sera évident"

*lle s’exécuta et le regarda bricoler quelques fils"

3 !u trouves quelque chose > lui cria't'elle par la vitre baissée"

3 Pas vraiment" *ssaie de démarrer pour voir ce qui se passe" *lle tourna la clé dans le contact, mais obtint le m2me résultat :

un grondement suivi d’un gémissement"

sh referma le capot en le faisant claquer et revint à sa hauteur"

3 Je te conseille d’appeler une dépanneuse" !u vas avoir besoin

d’un mécanicien" pr%s avoir /té la clé du contact et récupéré son sac, elle

descendit du véhicule" 3 Je passerai au garage cet apr%s'midi afin de voir si Jimm& a le

temps d’& eter un 9il"

3 Jimm& >

3 Jimm& 8aughn" 0l a acheté le garage de Met; il & a quelques

années"

3 Qrimpe, e t’& emm%ne, lui proposa't'il en indiquant sa

Mustang d’un signe de t2te"

e tremblement au fond de son ventre n’a&ant pas cessé depuis

qu’il était arrivé, *mma n’avait nullement l’intention de monter en



ils ressortaient touours de mani%re aussi saisissante contre sa peau

bron;ée"

utrefois, elle avait l’habitude de le taquiner en lui disant qu’il

pourrait devenir une star de cinéma s’il le voulait, ce à quoi il se

contentait de rire en rétorquant qu’il ne réussirait amais à5oll&Dood car il n’était pas doué pour faire semblant"

orsqu’il tourna la t2te vers elle, elle se h$ta de fixer la route"

3 Je ne suis pas surprise que tu ne te souviennes pas du garage

de Met;, fit'elle" !u emmenais touours faire réviser ta Porsche à

(orpus" !u adorais cette voiture" #’ailleurs, que lui est'il arrivé >

3 Je l’ai vendue quelques semaines apr%s 2tre parti d’ici"

3 8raiment > Je suis surprise que ta grand'm%re t’en ait remis lesdocuments"

3 *lle ne l’a pas fait" Mais tu peux pratiquement acheter etvendre n’importe quoi si le prix est bon, lui expliqua't'il en vo&ant

son air perplexe"

7ien que troublée par son regard, elle se rendait compte, à force

de passer du temps en sa compagnie, à quel point ils s’étaient

éloignés l’un de l’autre" *xtérieurement, il commen-ait de plus en plus à ressembler à sh" Mais intérieurement, c’était un homme

compl%tement différent"

3 Pourquoi l’as'tu vendue > le questionna't'elle"

0l demeura silencieux quelques instants"

3 #’abord parce que ’avais besoin d’argent, et ensuite parcequ’une voiture de ce genre ne passait pas vraiment inaper-ue dans

certains des endroits o6 e me suis retrouvé" Je ne voulais pasattirer l’attention, ’ai donc décidé de m’en débarrasser" *t puis,

’ai pensé que grand'm%re risquait de l’utiliser pour retrouver ma

trace"

*mma s’appr2tait à répondre à son dernier commentaire, mais se

ravisa"

3 Gu’& a't'il > la pressa't'il"

3 Kien du tout"

3 !u étais sur le point de dire quelque chose" Je veux savoir ce

que c’était"



3 Iublie -a, fit'elle" (ela n’a plus aucune importance, à présent"

3 !u ne crois pas qu’elle aurait utilisé la voiture pour me

localiser > lui demanda't'il en continuant à l’observer"

*mma soupira"

3 Je ne sais pas" *t de toute fa-on, quelle différence cela peut'il bien faire, auourd’hui >

3 *lle n’a pas essa&é de me retrouver, c’est -a > répliqua't'il en

se concentrant de nouveau sur la route"

3 !u le savais > s’étonna't'elle d’un air choqué"

3 Non, pas usqu’à maintenant"

es traits de son visage se durcirent"

3 Je me demandais pourquoi c’était si facile de dispara.tre, maisen & repensant, la mani%re dont elle a réagi est censée" *lle

n’aurait pas voulu courir le risque de passer pour une faible" 3 (’est exactement ce qu’elle a dit, que puisque c’était ta

décision de t’en aller, ce devait 2tre la tienne de revenir" Je suis

désolée" Pour ce que -a vaut, e pense qu’elle est consciente de son

erreur"

0l laissa échapper un rire amer" 3 J’en doute" Qrand'm%re n’a amais été du genre à reconna.tre

ses torts" 4i seulement e l’avais su il & a dou;e ans, cela m’aurait

épargné bien des ennuis"

3 *t tu aurais pu garder ta Porsche, souligna *mma"

3 *xact, acquies-a't'il en lui adressant un sourire qui lui donnal’impression, l’espace d’un bref instant, qu’ils ne s’étaient amais

quittés" B B B

pr%s qu’elle eut remis la clé de sa voiture à Jimm& 8aughn, sh

et elle reprirent le chemin du manoir" #urant la maeure partie du

traet, *mma garda le regard fixé sur le pa&sage qui défilait"

0l ne restait sans doute rien de leur amour d’adolescence, excepté

une forte attirance encore bien présente" Mais pendant une fraction

de seconde, lorsque leurs regards s’étaient croisés alors qu’ils se

souriaient, il & avait eu comme une étincelle entre eux" *t la lueur



qu’elle avait vue dans ses &eux lui laissait penser qu’il avait

ressenti la m2me chose"

3 lors, qu’as'tu fait durant toutes ces années > lui demanda't'il

finalement, apr%s plusieurs minutes de silence"

3 (omment -a > s’étonna't'elle en se retournant vers lui, lessourcils froncés"

3 #avid !obias m’a expliqué que tu ne travaillais pour grand'

m%re que depuis quelques mois" Gue faisais'tu avant >

3 J’étais emplo&ée dans une compagnie d’assurances, à #allas"

3 *t encore avant >

3 J’allais à l’université"

3 Gu’est'ce qui t’a décidé à quitter ton travail pour revenir ici > poursuivit'il en gardant les &eux fixés sur la route"

3 Pour commencer, e voulais me rapprocher de mon p%re au caso6 il aurait besoin de moi"

*lle marqua une pause avant d’aouter :

3 *t puis e suis également revenue pour des raisons

personnelles dont e préf%re ne pas parler"

3 !u fais allusion à ce t&pe en compagnie de qui tu te trouvaistout à l’heure > la questionna't'il d’un ton circonspect"

3 Gui -a > Kic+ > s’exclama't'elle en tournant la t2te vers lui"

3 Kic+" (’est donc comme -a qu’il s’appelle > fit'il en lui etant

un coup d’9il furtif"

3 Kic+ 7ledsoe" Nous sommes allés au l&cée ensemble" 0l estadoint au département du shérif, à présent"

3 (’est ce que ’en ai déduit à sa voiture" *t ’ai également présumé qu’il s’agissait d’une rencontre amicale puisque tu ne

semblais pas 2tre en état d’arrestation"

3 Gu’essaies'tu d’insinuer > demanda *mma, surprise par le ton

étrange de sa voix"

0l l’examina longuement"

3 Kien du tout" Je me contente de faire la conversation"

3 lors pourquoi ai'e l’impression de subir un interrogatoire >

3 !u te fais des idées" (omme e l’ai dit, e fais simplement la

conversation" 4i mes questions te posent probl%me, tu n’as qu’à ne



pas & répondre"

4tupéfaite, elle croisa les bras sur sa poitrine"

3 Képondre à tes questions ne me pose aucun probl%me" (’est le

fait que tu me les poses qui me dérange" In dirait que tu es)

*lle s’interrompit et regarda par la vitre" 3 In dirait que e suis quoi >

3 aisse tomber" (hangeons simplement de suet, d’accord > Je

ne veux pas 2tre grossi%re" J’ai eu une longue ournée et e n’ai

vraiment pas envie d’en parler"

3 7ien sFr" (omme tu veux"

*lle n’eut aucun mal à deviner au ton de sa voix qu’il était

ennu&é, mais elle s’en moquait" #e quel droit lui posait'il toutesces questions au suet de sa vie personnelle > 4’il ne lui avait pas

fait clairement comprendre qu’il voulait uniquement 2tre son ami,elle aurait presque cru qu’il était aloux, ce qui aurait signifié

qu’elle ne le laissait pas aussi indifférent qu’il voulait bien le faire

croire"

7ien que mourant d’envie de se retourner vers lui pour voir

l’expression de son visage, elle préféra garder les &eux fixés sur le pa&sage" !ous deux demeur%rent silencieux durant le reste du

traet, usqu’à ce que la voiture heurte une bosse et qu’sh laisse

échapper un uron"

3 #ésolé, marmonna't'il"

3 ucun probl%me, répondit'elle en tournant finalement la t2te"Je ne t’ai amais entendu dire ce genre de mots auparavant" !u

faisais touours tellement attention à ton langage C 3 =n petit séour à l’armée m’a permis d’élargir mon

vocabulaire, de m2me que mes hori;ons"

3 orsque ta grand'm%re en a parlé, poursuivit'elle, e t’avoue

avoir eu du mal à l’imaginer"

3 Pour quelle raison > s’étonna't'il en lui adressant un bref

regard" cause de mes origines > !u crois que les gar-ons dans

mon genre n’ont pas le sens du devoir envers leur pa&s >

3 Non, e voulais simplement dire) *xcuse'moi, e n’avais pas

l’intention de t’offenser, dit'elle doucement"



3 Je ne le suis pas"

!endu, il /ta une main du volant pour se frotter la nuque"

3 *n tout cas, c’est bon de savoir quelle opinion tu avais de moi"

3 sh)

3 Iublions -a, tu veux > Je n’ai pas tr%s envie de parler, moi non plus"

=n silence pesant s’installa de nouveau entre eux, et persista

usqu’à ce qu’ils atteignent enfin le manoir"

lors qu’sh se garait sur le c/té de la maison, elle se retourna

vers lui et le remercia rapidement de l’avoir ramenée"

Puis elle s’empressa d’ouvrir la porti%re et de descendre du

véhicule, espérant pouvoir atteindre le manoir avant qu’il n’ait letemps d’arriver à sa hauteur" 5élas, alors qu’elle s’appr2tait à

pousser la grille du ardin, il vint se placer devant elle" 3 *coute, e suis désolé que les choses soient devenues un peu

tendues durant le traet" Je n’aurais pas dF mettre le ne; dans ta

vie"

3 *t e n’aurais pas dF remettre en doute ton patriotisme" Nous

n’avons qu’à dire que nous sommes quittes" (omme elle essa&ait de le contourner, il la saisit par le bras"

3 *mma)

a mani%re dont il murmura son prénom) dont il la dévisagea)

*lle ferma les &eux un instant, afin de se ressaisir"

3 Gue veux'tu de moi, sh > 5ier, tu n’as cessé de me répéterque e n’avais aucune place dans ta vie, et auourd’hui, tu te

comportes comme si) e regard d’sh s’assombrit"

3 (omme si quoi >

3 (omme si mes activités ou les personnes que e fréquente

t’intéressaient, répondit'elle, lég%rement tremblante, apr%s avoir

pris une profonde inspiration"

3 *videmment" Je veux que nous so&ons amis"

3 (ela ne me para.t pas 2tre une bonne idée" Je crois qu’il

vaudrait mieux que tu restes loin de moi, annon-a't'elle sans

prendre de gants"



3 *tant donné que nous vivons sous le m2me toit, cela risque

d’2tre un peu difficile"

3 a maison est grande" 4i nous faisons tous les deux des efforts,

il n’& a aucune raison pour que nous n’& parvenions pas"

lors qu’elle effectuait une nouvelle tentative pour poursuivreson chemin, il refusa encore une fois de la l$cher" Puis son regard

changea en se posant sur son cou"

3 Gue t’est'il arrivé > demanda't'il d’une voix rauque"

a plupart du temps, elle faisait en sorte de garder sa cicatrice

dissimulée sous ses v2tements" 4eulement, elle avait retiré sa veste

un peu plus t/t, et le haut qu’elle portait en dessous laissait sa

gorge compl%tement exposée" !endu, il leva la main et caressa doucement sa cicatrice"

3 Gue s’est'il passé > répéta't'il" 3 Kien du tout" =n) accident"

3 rr2te de mentir"

orsque leurs &eux se crois%rent, elle frissonna en vo&ant

l’expression de son regard"

3 Je sais reconna.tre une cicatrice causée par une lame decouteau" Gui t’a fait -a, *mma >

3 ucune importance, répondit'elle en couvrant son cou de la

main"

3 7ien sFr que si" lors, qui est'ce > Je le connais >

*lle secoua la t2te" 3 Non" Je ne l’avais amais vu auparavant" =ne nuit, il s’est

introduit dans mon appartement et m’a attaquée" Mais e suis envie et c’est tout ce qui compte"

3 I6 est'il, à présent > demanda't'il d’une voix calme, mais

empreinte d’une tension qu’elle n’avait amais entendue

auparavant et qui l’effra&a lég%rement"

3 *n prison" 0l va & rester un sacré bout de temps" !out -a fait

partie du passé, à présent" 0l est inutile de continuer à en parler" *t

cesse de me regarder de cette mani%re"

3 #e quelle mani%re >

*lle redressa le menton d’un air de défi"



3 (omme si tu avais le droit de savoir des choses sur ma vie

personnelle" (e n’est pas le cas"

3 4ans doute" Mais si tu crois que c’est -a qui va m’arr2ter)

vant qu’elle ne comprenne ses intentions, il se pencha vers elle

et pressa ses l%vres contre les siennes" 4tupéfaite, elle se trouva incapable de réagir" *lle ne lui rendit pas

son baiser, mais ne chercha pas non plus à s’écarter de lui"

#emeurant aussi immobile qu’une statue tandis qu’il pressait son

corps contre le sien, elle entrouvrit finalement les l%vres lorsqu’il

chercha à glisser sa langue à l’intérieur de sa bouche"

0l enroula les bras autour de sa taille et l’attira fermement contre

lui" (e baiser n’était ni doux ni violent" 4i elle avait dF choisir uneémotion pour le définir, elle aurait opté pour le désespoir, car

c’était exactement ce qu’elle éprouvait" *lle essa&ait peut'2tre un peu trop durement de retrouver un sentiment qui avait tout

simplement disparu"

Qlissant d’abord la main dans ses cheveux, il la posa ensuite sur

sa oue" 4a caresse était si famili%re que le désespoir s’esquiva

lentement, pour 2tre remplacé par un désir doux'amer qui eutraison de ses bonnes résolutions" !ransper-ant les années de

souffrance et de désillusions, elle lui rappela instantanément à quel

point elle l’avait aimé autrefois"

0l avait touours su comment l’embrasser, o6 la toucher, et quand

murmurer ce qu’elle avait besoin d’entendre" une époque, il la connaissait mieux qu’elle ne se connaissait

elle'm2me, et auourd’hui, il était en train de s’en servir afind’anéantir la derni%re de ses défenses"

orsqu’ils s’écart%rent finalement l’un de l’autre, *mma se

contenta de le dévisager en silence pendant un instant, les genoux

tremblants"

3 Pourquoi as'tu fait -a > s’écria't'elle"

3 Je n’en avais pas l’intention"

0l semblait aussi bouleversé qu’elle"

3 Je suis désolé, reprit'il en détournant la t2te" a ne se

reproduira plus"



3 Pourquoi >

0ncapable de la regarder dans les &eux, il fixa son attention sur un

point au loin"

3 !u le sais tr%s bien"

3 Parce que e ne suis pas suffisamment bien pour toi, répliqua't'elle, surprise par le ton amer de sa voix" (’est -a >

e regard d’sh vacilla lég%rement"

3 Non" (’est moi qui ne suis pas asse; bien pour toi, répondit'il

enfin"



Je suis passée par là, moi aussi" Je sais reconna.tre de la tension

sexuelle quand ’en vois, particuli%rement lorsqu’elle suinte

pratiquement de chaque pore de la peau, comme c’était le cas pour

*mma et toi à l’instant m2me" 0nutile de te dire que M%re ne va

pas 2tre contente" 3 (e ne sont pas ses affaires, répliqua't'il en fron-ant les

sourcils"

3 *lle ne verra pas les choses sous cet angle" sh, si tu n’es pas

plus prudent, tu risques de faire de la vie d’*mma un enfer" (’est

quelqu’un de bien" Je ne veux pas la voir blessée" Par toi ou par

M%re"

3 Je ne lui ferai aucun mal" pr%s ce qui venait de se passer, ses paroles sonnaient lég%rement

faux" 3 0l n’& a rien entre nous" Nous évoquions simplement le bon

vieux temps"

3 (’est comme -a qu’on appelle cela, auourd’hui > répliqua

Maris en secouant la t2te" Je ne sais pas pourquoi e me fatigue à

t’en parler" (omme d’habitude, tu n’en feras qu’à ta t2te" *t puis,tu n’es plus un enfant" !u n’as pas besoin que e te sermonne sur ta

vie amoureuse"

e regard fixé sur l’escalier, sh mourait d’envie de reoindre

*mma" Mais sa tante avait raison" a meilleure chose à faire,

c’était de rester loin d’elle" 0l avait déà laissé son attiranceéchapper à son contr/le" *t *mma commen-ait certainement à se

faire de fausses idées au suet de leur avenir, songea't'il" 0l avait échoué en beauté" présent, il allait devoir trouver un

mo&en de réparer les dég$ts" *t il n’avait pas la moindre idée sur

la mani%re dont il allait s’& prendre pour & parvenir sans risquer de

la blesser une nouvelle fois"

3 4uis'moi, lui dit Maris par'dessus son épaule alors qu’elle

s’appr2tait à entrer dans le bureau d’5elen" M%re veut te parler de

quelque chose), aouta't'elle avec un sourire"

Guand ils pénétr%rent dans la pi%ce, 5elen (orbett se comporta

comme si elle n’avait amais été témoin de la sc%ne qui venait de



se dérouler sous ses &eux" ssise derri%re son bureau, elle fit signe

à sh de venir s’installer en face d’elle"

3 J’ai demandé à Maris de venir auourd’hui afin que nous

puissions commencer les tests, annon-a't'elle" e plus t/t nous

aurons réglé cette affaire, le plus t/t nous pourrons commencer àfaire des proets pour l’avenir"

3 #e quoi parles'tu > demanda't'il d’un air soup-onneux" Guels

tests et quels proets >

3 ’anal&se #N, expliqua't'elle" *n ce qui me concerne, il ne

s’agit que d’une simple formalité, mais e ne veux pas que qui que

ce soit remette en doute mon ugement"

0l s’effor-a de ne pas para.tre inquiet" 3 ucun probl%me" Je cro&ais simplement que c’était #avid

!obias qui devait prendre les dispositions nécessaires" 4i ce dernier n’était pas impliqué, leur plan allait s’écrouler" *t il

aurait des probl%mes plus graves à gérer que le fait d’avoir heurté

les sentiments d’*mma"

3 #avid s’est occupé de tout" Je ne fais que recueillir les

échantillons" Maris s’approcha du bureau d’5elen et ouvrit sa trousse

médicale"

3 Je me suis déà occupée de M%re" présent, il ne me reste plus

qu’à prélever ton sang"

3 7ien sFr" llons'&, acquies-a't'il en tendant le bras tandis queMaris enfilait une paire de gants et sortait une seringue de sa

trousse" 3 J’esp%re que tu n’as pas développé une phobie pour les

aiguilles, durant ton absence"

3 4i e ne m’évanouis pas, tu pourras prendre -a pour un non"

pr%s avoir désinfecté son bras et préparé la veine, Maris releva

les &eux vers lui avec un sourire énigmatique"

3 Ne t’en fais pas" Je suis tr%s douée pour les piqFres" !u ne

sentiras rien"

B B B



(e soir'là, alors qu’elle d.nait avec son p%re, *mma ne put

s’emp2cher de penser à sh, m2me si elle s’était fait la promesse

quelques heures plus t/t qu’elle ne ressasserait pas ce qui s’était

passé entre eux" *lle ne voulait pas que son p%re se rende compte

que quelque chose n’allait pas" 4’inquiéter pour elle était laderni%re chose dont il avait besoin"

Mais comme ils se tenaient devant l’évier, en train de faire la

vaisselle, il se mit à la questionner"

3 Pourquoi n’as'tu pas mentionné, hier soir, qu’sh était de

retour >

3 Je voulais t’en parler, mais 5elen m’a demandé de ne rien dire

avant d’avoir eu l’occasion de le voir de ses propres &eux" Je croisqu’elle voulait s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’un imposteur

tentant de se faire passer pour son petit'fils" 3 (’est vrai qu’il a l’air différent, fit remarquer son p%re, en

rangeant les assiettes qu’il venait d’essu&er" Néanmoins, e le

reconna.trais n’importe o6"

*mma leva les &eux vers lui, surprise"

3 !u l’as vu > 3 0l est passé quelques minutes, cet apr%s'midi"

3 Gue faisait'il ici >

4on p%re haussa les épaules"

3 pparemment, il voulait simplement venir me saluer" Mais

entre toi et moi) 0l marqua une pause tandis qu’il s’emparait d’une casserole

ruisselante dans l’évier" 3 Je crois qu’il te cherchait"

3 Moi > Pourquoi >

3 Je ne sais pas, *mma" toi de me le dire"

(ette derni%re se concentra sur le plat qu’elle était en train de

frotter"

3 Je ne vois pas de quoi tu parles, papa" 4i sh est venu ici) e

suis certaine que cela n’avait rien à voir avec moi" 0l savait que e

faisais des courses pour Mme (orbett"

3 Peut'2tre a't'il pensé que tu avais fini plus t/t" Gu’as'tu fait,



auourd’hui >

*lle ne sut pas si elle devait 2tre soulagée que son p%re change

subitement de suet"

3 J’ai déeuné avec ane& (arroDa& et, ensuite, nous sommes

allées sur 4hell 0sland avec Kic+ 7ledsoe" 3 4hell 0sland >

4on p%re se retourna et l’observa un instant"

3 Pourquoi >

3 Kic+ a dit que la police s’& rendait de temps en temps pour

vérifier qu’il n’& avait pas de vandales" Nous avons simplement

décidé de l’accompagner"

pr%s avoir terminé de laver le dernier plat, elle tira le bouchondu tu&au d’écoulement pour laisser l’eau s’évacuer"

3 !u te souviens de ce our o6 tu m’as emmenée là'bas, lorsque ’étais en cinqui%me > Je faisais un devoir sur l’histoire locale pour

l’école"

3 *videmment que e me rappelle" *t alors >

3 Je ne t’en ai amais parlé, mais ’ai éprouvé un sentiment

étrange pendant que nous & étions" Presque comme une prémonition" Plus tard, quand tous ces corps ont été découverts, e

me suis touours demandé si ’aurais dF en parler"

3 =n tas de rumeurs a circulé au suet de cette .le" Je doute que

quiconque t’aurait prise au sérieux" Par ailleurs, tu as touours eu

beaucoup d’imagination" Je suis certain que ce n’était rien de plus,*mm&" !u n’as amais eu d’autre prémonition apr%s -a, si >

3 Non" Mais à cause de ce que ’ai ressenti, c’est comme si unlien s’était créé entre cette .le et moi" *t cela ne m’a pas quittée au

fil des ans" (’est pour cette raison que ’& suis allée, auourd’hui"

Je voulais voir si e ressentais encore cette connexion"

3 *t alors >

*mma réfléchit quelques instants avant de répondre"

3 (e n’était pas comme avant" Mais il n’emp2che que ma

curiosité à propos de cet endroit est touours aussi forte" s'tu

connu des gens qui vivaient là'bas autrefois >

4on p%re fron-a les sourcils, essa&ant de se rappeler"



3 Guelques hommes étaient emplo&és par les (orbett à une

époque"

3 (omment étaient'ils >

3 !r%s travailleurs, pour autant que e me souvienne"

3 #es détails au suet de leur religion > poursuivit'elle enessu&ant le comptoir à l’aide du torchon à vaisselle"

3 0ls étaient asse; pieux, dit'il" Pas de urons, pas d’alcool" Je

n’ai amais demandé d’autres détails" (ela ne me regardait pas"

3 ane& et moi avons vu un pentacle peint sur le sol de l’une des

maisons, auourd’hui, et cela m’a fait me souvenir de toutes ces

rumeurs au suet des sacrifices et des rituels" !u ne crois pas que

ces histoires étaient fondées, pas vrai > 3 4i tu me demandes si e pense que ces gens étaient des

adorateurs de 4atan, la réponse est non" 0l ne s’agissait que deragots" (es t&pes étaient des gens bien"

3 !u as sFrement raison, acquies-a *mma" e pentacle a dF 2tre

dessiné par des gosses s’étant rendus sur l’.le pour & faire des

b2tises" 0l & avait également beaucoup de graffitis" (’est

simplement que) apr%s ce qui s’est passé là'bas, e me posais desquestions"

e visage de son p%re se durcit"

3 Je ne crois pas que tu devrais & retourner si cet endroit te

perturbe autant, fit'il remarquer en allant s’asseoir dans son

roc+ing'chair" 0nqui%te de le voir un peu moins en forme, *mma fut désireuse de

changer de suet" 3 J’ai pleinement assouvi ma curiosité, cet apr%s'midi" Je ne m’&

rendrai plus, lui assura't'elle tandis qu’elle s’essu&ait les mains"

!u n’as pas oublié de prendre tes médicaments, auourd’hui, n’est'

ce pas > demanda't'elle en s’effor-ant de prendre un ton

désinvolte"

3 J’ai un probl%me cardiaque, *mma" Je ne suis pas sénile"

3 Je le sais" Mais e sais également comment tu es quand tu es

occupé"

3 Iui, ’ai pris mes médicaments, répondit'il d’un ton maussade"



Je vais bien" Je suis seulement un peu fatigué, ce soir, c’est tout"

3 !u devrais sans doute ralentir un peu la cadence, niveau

travail, suggéra't'elle" Kéduire tes heures"

3 *t songer à prendre ma retraite >

*mma haussa les épaules" 3 (ela pourrait 2tre s&mpa de ne pas avoir à se lever et à aller

travailler tous les matins" !u aurais du temps pour faire les choses

dont tu as touours eu envie"

dossant la t2te contre le fauteuil, il ferma les &eux"

3 Pour -a, il faut de l’argent, tu sais"

3 !u t’en sortirais tr%s bien avec tes économies et ton plan'

retraite" 3 *ncore quelques années" *nsuite, ce sera plus facile"

4achant qu’il était inutile de le contredire, elle préféra ne pasinsister"

3 Prends simplement soin de toi, d’accord >

3 rr2te de t’inquiéter, marmonna't'il, à moitié endormi"

3 7onne nuit, papa"

3 7onne nuit" 4ois prudente en rentrant" 3 (omme touours, répondit'elle en déposant un baiser sur le

sommet de sa t2te" *t ne passe pas la nuit dans ce fauteuil, sinon tu

auras la nuque raide, demain matin"

pr%s avoir obtenu un grognement en guise de réponse, elle le

regarda un instant, puis sortit" u lieu de remonter l’allée principale, elle décida d’emprunter le

raccourci" e ciel était mena-ant et l’air lourd et humide" u moment o6 elle émergeait du bois, les feuilles se mirent à

bruisser au'dessus de sa t2te, et quelques secondes plus tard, les

premi%res gouttes de pluie tomb%rent" e pavillon se trouvant à

proximité, elle décida d’aller s’& réfugier"

(omme elle pénétrait à l’intérieur, elle constata qu’elle n’était pas

la seule à avoir eu cette idée"

3 *ntre, dit sh, assis dans le noir, une cigarette à la main"

*mma sentit son c9ur faire un bond dans sa poitrine"

3 Je me suis fait surprendre par la pluie en revenant de che; mon



p%re" J’esp%re que e ne te dérange pas"

3 Pas du tout" Je regarde simplement les gouttes tomber"

3 Je ne savais pas que tu fumais, dit'elle en se passant la main

dans ses cheveux humides"

3 *n vieillissant, on prend de mauvaises habitudes" 4a voix était étrange, compl%tement différente de celle d’sh"

M2me son accent n’était pas le m2me"

3 Je suis contente d’2tre tombée sur toi, ce soir, fit'elle d’un ton

hésitant" Je voulais te parler"

3 Je suis tout ouSe" #is ce que tu as à dire"

=n instant déconcertée par son indifférence, elle rassembla son

courage et se lan-a" 3 Nous devrions discuter de ce qui s’est passé auourd’hui"

3 8raiment > Personnellement, e ne vois pas l’utilité de revenirsur le suet" Je t’ai embrassée, tu m’as rendu mon baiser, fin de

l’histoire"

3 Mais ce n’était pas un simple baiser anodin, sh" !u)

3 Je quoi > l’interrompit'il en etant sa cigarette avant de se

lever" !u as cru que ce baiser signifiait quelque chose > *mma se mordit la l%vre tandis que les larmes lui montaient aux

&eux"

3 Pourquoi fais'tu -a >

3 Je ne vois pas de quoi tu veux parler"

3 5ier, tu m’as clairement fait comprendre que tu n’étais pasrevenu ici à cause de moi" uourd’hui, tu me fais subir un

véritable interrogatoire sur ma vie personnelle, comme si tu étais aloux des personnes que e fréquente" *nsuite tu m’embrasses)

comme tu le faisais autrefois" *t à présent) tu as cette attitude

étrange"

*lle le regarda d’un air dubitatif"

3 !u n’arr2tes pas de m’envo&er tous ces signaux

contradictoires" Je serais presque tentée de croire que)

3 (ontinue"

3 Je serais presque tentée de croire que tu n’es pas sh, dit'elle

calmement"



3 sh n’agirait amais comme tu viens de le faire, répliqua't'elle

en redressant le menton"

3 !u en es certaine >

(omme elle se rapprochait petit à petit de la porte, il devina ses

intentions et vint rapidement lui bloquer le passage" 3 aisse'moi partir, ou e me mets à hurler si fort que tout le

comté m’entendra, le mena-a't'elle"

3 Ne fais pas -a, *mma"

4a voix était redevenue étonnamment calme"

Portant une main tremblante à sa bouche, elle l’observa

attentivement"

3 !u n$es pas sh, n’est'ce pas > 0l secoua lentement la t2te"

3 Non, e ne suis pas ton précieux sh" *t il va falloir que ce petit secret reste entre nous parce que e n’ai aucunement

l’intention de retourner en prison"

B B B

Malgré l’obscurité, il n’eut aucun mal à voir qu’*mma tremblaitde peur et il détestait 2tre obligé de lui infliger -a" 4eulement, si

elle continuait à rassembler les morceaux, elle finirait par

reconstituer le pu;;le par elle'm2me, et il valait mieux qu’il

prenne le contr/le de la situation et essa&e de réparer les dég$ts

avant qu’il ne soit trop tard" 3 Gui es'tu > demanda't'elle avec nervosité"

a peur n’avait pas disparu de sa voix, mais elle ne s’était pasencore enfuie" 0l n’était pas sFr de savoir si c’était bon signe ou

non"

3 Keste calme et e te dirai ce que tu veux savoir" Mais n’él%ve

pas la voix, d’accord >

3 Pourquoi devrais'e croire un seul mot de ce que tu racontes >

poursuivit'elle en etant un regard anxieux derri%re lui, en

direction de l’entrée"

3 Parce qu’en ne connaissant qu’une partie des faits, tu ne ferais

que nous causer des ennuis à tous les deux" Ir tu ne veux pas



qu’une telle chose se produise" 8iens t’asseoir, e t’en prie" Je ne te

ferai aucun mal"

3 Gui es'tu > répéta't'elle en refusant de bouger"

3 Je m’appelle !om 7lac+"

3 I6 est sh > 0l haussa une épaule"

3 Je ne sais pas" Mort, probablement"

3 Gu’est'ce que tu lui as fait > s’enquit'elle, haletante et au bord

des larmes"

3 bsolument rien" (’est la vérité, e le ure"

3 lors comment sais'tu qu’il est mort > reprit'elle, la peur a&ant

cédé le pas à la col%re" 3 Je ne suis pas au courant de ce qu’il lui est arrivé" Je ne l’ai

amais vu" Mais dou;e ans, c’est tr%s long, *mma" !u devrais peut'2tre songer à l$cher prise"

*lle détourna la t2te"

3 4i tu n’es pas sh, comment as'tu su pour le pavillon >

Pourquoi & reviens'tu sans cesse >

3 a nuit derni%re, e t’ai suivie" 4ur les vieilles vidéos amateursque ’ai étudiées, il paraissait asse; évident que tu éprouvais de

forts sentiments pour sh (orbett" *t quand nous nous sommes

rencontrés sur la route, la nuit derni%re, ’ai tout de suite per-u que

c’était encore le cas" lors, e me suis dit que si quelqu’un pouvait

voir clair en lui, ce serait toi" *n particulier si nous devenions trop proches l’un de l’autre" 8oilà pourquoi ’ai décidé de te convaincre

que tout était terminé entre nous" 3 Pourtant, tu as dit certaines choses dont lui seul était au

courant"

3 Non, c’est faux" Kéfléchis, *mma" Je n’ai fait que répondre à

ce que tu disais"

4es &eux brillaient dans l’obscurité"

3 Pourquoi fais'tu cela >

3 J’ai mes raisons"

3 !u cours apr%s l’argent d’5elen, l’accusa't'elle"

3 Non, e cours apr%s celui d’sh" 4a m%re lui a laissé des fonds



en fidéicommis" (ela fait des années que cette somme est amassée

là, à ne profiter à personne" Je ne vois pas l’utilité de laisser cet

argent 2tre g$ché, alors que e n’en ai pas"

3 !u ne t’en tireras pas comme -a" 4i e raconte à 5elen ce que

tu viens de me dire) 3 !u n’en feras rien"

a respiration d’*mma s’accéléra soudain"

3 #u calme, e ne vais pas te faire de mal" Je n’en aurai pas

besoin"

3 Pourquoi -a >

3 ton avis, que se passerait'il si tu retournais à la maison, là

maintenant, et que tu disais à 5elen (orbett ce que tu viensd’apprendre > J’arriverais uste derri%re toi et e dirais que tu as

inventé toute cette histoire pour me créer des ennuis parce que ’aireeté tes avances" #’apr%s toi, qui croira't'elle >

3 Je trouverai le mo&en de l’obliger à me croire, s’écria't'elle" 0l

est impossible que tu saches absolument tout sur sh"

3 J’en sais suffisamment" !u n’imagines tout de m2me pas que

e me serais lancé dans cette escroquerie sans & 2tre préparé, si >Kegarde les choses en face" !ous mes arri%res sont assurés, *mma,

et n’oublie pas que tu restes une étrang%re" *ssaie de me créer des

ennuis et la famille serrera les rangs" (’est ce que des gens tels

que les (orbett font" 0ls se prot%gent les uns les autres" *n révélant

la vérité, tu ne réussiras qu’à te faire renvo&er" *t peut'2tre qu’ilarrivera également la m2me chose à ton p%re" *st'ce vraiment ce

que tu souhaites > 3 Je ne peux pas te laisser t’en sortir sans rien faire, dit'elle dans

un murmure"

3 Pourquoi pas > qui est'ce que e fais du mal > 5elen

(orbett > *lle n’est pas exactement ta plus grande fan, au cas o6 tu

ne l’aurais pas remarqué" N’aurais'tu pas envie de le lui faire

pa&er > Par ailleurs, cet argent ne lui appartient pas" 0l ne lui

manquerait m2me pas"

0l marqua une pause avant d’aouter :

3 Kegarde à quel point elle est contente que son petit'fils soit



enfin de retour" 4i tu lui enl%ves -a, elle risque d’avoir une autre

attaque" !u veux vraiment avoir ce poids sur la conscience >

3 (omment oses'tu > !u n’es pas son petit'fils" (e que tu fais est

mal"

3 Pas si elle ne découvre amais la vérité" 3 !/t ou tard, elle l’apprendra" (e n’est qu’une question de

temps" *t que se passera't'il lorsque les résultats des tests #N

arriveront > *lle saura tout à ce moment'là"

3 Non, puisqu’ils concorderont" 0l n’& aura aucun probl%me"

!andis qu’*mma l’observait en silence, dans l’obscurité, il sut

qu’elle essa&ait de le percer à our" =ne partie d’elle se raccrochait

encore à la nécessité de croire qu’il n’était pas un imposteur"(’était l’unique raison pour laquelle elle ne s’était pas enfuie du

pavillon" 3 (omment les échantillons peuvent'ils correspondre si tu n’es

pas sh > Képonds'moi, bon sang C maugréa't'elle entre ses dents

serrées lorsqu’il se contenta de hausser les épaules" (’est le moins

que tu puisses faire"

3 Mon échantillon sera remplacé par l’#N du véritable sh" 3 (omment te l’es'tu procuré >

3 *mma, laisse tomber, d’accord >

4on esprit travaillait furieusement, essa&ant de rassembler toutes

les pi%ces du pu;;le"

3 Je ne vois qu’un seul mo&en" 4i tu ne l’as amais vu) 4i tu nelui as pas fait de mal) lors, cela signifie forcément qu’une

personne a&ant un acc%s à la famille, et à cette maison, t’aide" *lle marqua une pause, dans l’attente d’une réponse"

3 J’ai raison, n’est'ce pas > !u as un complice" Jamais tu

n’aurais pu mener à bien ce coup tout seul" Guelqu’un t’a fourni

les informations, t’a conseillé sur comment agir, comment parler,

ou m2me tenir ta t2te" In t’a parlé de moi, n’est'ce pas > Gui est'

ce > Gui est derri%re tout -a >

3 Je n’en sais rien" (’est un intermédiaire qui m’a contacté"

3 (omment -a >

3 =ne tierce personne s’est chargée de prendre toutes les



dispositions nécessaires" Je n’ai eu affaire à personne d’autre"

3 #avid !obias, l’avocat d’5elen C s’exclama't'elle en levant les

&eux au ciel" *lle a dit qu’il avait pris toutes les dispositions

nécessaires pour le test #N" (’est de cette mani%re qu’ils vont

procéder à l’échange, n’est'ce pas > 0l était à la fois stupéfait et pas tr%s ravi par sa perspicacité"

3 (ela n’a aucune importance" Nous réussirons avec ou sans ton

aide" Mais si tu persistes à vouloir t’impliquer, tu ne parviendras

qu’à 2tre blessée" lors, pour ton propre bien, contente'toi

d’oublier cette conversation"

3 Mais c’est impossible" (e que tu fais est illégal" Je ne veux pas

2tre complice de cela" 3 *mma, si tu ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, oublie

ce que e viens de te dire" *lle retint son souffle"

3 *s'tu en train de me menacer >

3 orsque e t’ai dit que e ne te ferai aucun mal, e le pensais" Je

ne suis pas un homme violent"

3 Mais tu ne sais pas de quoi les autres sont capables, c’est -a > 0mmobile, elle demeura silencieuse un long moment alors qu’elle

tentait d’assimiler ce qu’il venait de lui révéler" 0l n’avait aucune

idée de la mani%re dont les événements allaient se dérouler, à

présent" *t si *mma décidait d’aller tout raconter à 5elen, il ne

savait pas non plus usqu’o6 il serait pr2t à aller pour l’arr2ter" Mais à sa grande surprise, elle s’assit soudain et se retourna face à

la porte pour regarder la pluie tomber" 3 Int'ils tué sh > demanda't'elle apr%s un long silence" es

gens avec qui tu travailles, e veux dire"


3 Je ne sais pas" Je ne crois pas qu’il ait été assassiné" #’apr%s

moi, sh a simplement disparu pour fuir sa famille" 0l se peut qu’il

soit encore en vie, quelque part, mais) e ne pense pas qu’il

reviendra, *mma"

3 Gui es'tu > le questionna't'elle de nouveau sans détourner les

&eux de la pluie"



3 J’ai déà répondu à cette question"

3 Je veux dire) qui es'tu vraiment >

3 Personne, répliqua't'il en venant s’asseoir pr%s d’elle" Juste un

t&pe qui n’a amais vraiment eu de chance dans la vie"

4tupéfaite par sa réponse, elle tourna brusquement la t2te dans sadirection"

3 !u crois que -a ustifie tes actes >

3 7ien sFr que non" #’ailleurs, e ne me cherche aucune excuse"

J’essaie simplement de répondre à ta question" Je suis né en

ouisiane" Ma m%re est morte lorsque ’avais dou;e ans et e suis

passé d’une famille d’accueil à l’autre usqu’à mes dix'huit ans"

pr%s avoir passé quelque temps dans l’armée, ’ai monté uneaffaire de construction à a Nouvelle'Irléans, mais l’ouragan

Eatrina a tout anéanti" J’ai tout perdu" lors, ’ai été évacué vers5ouston avec beaucoup d’autres, et ’ai fini par atterrir à (orpus

(hristi" Guelqu’un a dF me repérer un our et penser que e

ressemblais à sh, ’imagine" *t peu de temps apr%s, on m’a offert

un quart de million de dollars simplement pour convaincre une

vieille femme que ’étais son petit'fils perdu de vue depuis desannées"

3 Plus t/t, tu as mentionné avoir fait de la prison"

3 J’& suis resté dix'huit mois pour un vol que e n’avais pas

commis"

3 !u esp%res vraiment que e vais croire à ton innocence avecl’arnaque dans laquelle tu es impliqué >

3 (’est la vérité" (e que tu penses, e m’en moque" Mais tu dois me croire sur un point" a personne qui a concocté ce plan 3 qui

qu’elle soit 3 a beaucoup d’argent et d’influence" #es archives

ont été modifiées, des faux documents officiels fabriqués" 0ls se

sont assurés que mon identité ne puisse amais 2tre remise en

cause, et s’ils découvrent que tu connais la vérité)

(omme elle se retournait de nouveau face à lui, elle aper-ut la

lueur de peur qui brillait dans son regard, malgré l’obscurité"

3 !u ne dois parler de -a à personne, *mma, c’est compris >

3 4i e vais voir la police)



a le plus à gagner, c’est vrai, mais e ne fais pas compl%tement

confiance à l’autre fr%re non plus" Jusqu’à quel point connais'tu

7rad (orbett >

3 Pas aussi bien que Hesle&"

3 I6 crois'tu qu’il se situe sur le testament > 3 Je n’en ai pas la moindre idée, répondit *mma" Mais puisqu’il

est à présent deuxi%me dans la hiérarchie de la compagnie, e

présume qu’il en hériterait seulement s’il arrivait quelque chose à

Hesle&)

*lle s’interrompit brusquement"

3 Gu’& a't'il >

3 Je viens de repenser à une chose" u moment o6 e quittais le bureau de Hesle&, auourd’hui, e suis tombée sur 7rad et Pamela

qui sortaient de l’ascenseur" 0ls avaient l’air d’avoir été surprisdans une position compromettante"

3 *t alors > M2me s’ils entretiennent une liaison, cela ne les rend

pas coupables de quoi que ce soit, fit'il remarquer en se frottant la

nuque" *coute, *mma, nous pourrions passer la nuit enti%re à

spéculer sur l’identité de celui qui m’a engagé" Mais mon unique préoccupation, pour l’instant, c’est ce que tu as l’intention de

faire"

3 Je n’en sais rien"

3 #ois'e donc en déduire que tu n’iras pas voir la police > Iu

5elen > 3 J’ai dit que e ne savais pas, s’écria't'elle avec col%re" Mais e

ne peux pas te laisser t’en sortir comme -a" #ans le cas contraire,quel genre de personne cela ferait'il de moi >

3 =ne survivante, dit'il d’un air sév%re" N’est'ce pas ce que nous

sommes tous >

3 Iui, répliqua't'elle en redressant le menton" 4eulement, il & a

certaines choses avec lesquelles on ne peut pas vivre"

*lle se leva brusquement"

3 J’ai besoin de temps pour réfléchir, annon-a't'elle" 4i tout ce

que tu m’as raconté est vrai, alors e ne dois pas uniquement me

préoccuper du travail de mon p%re" 0l se pourrait qu’il soit en



danger à cause de ce que e sais" *t si e ne parle pas)

3 Personne ne sera blessé" (’est un choix facile, *mma"

3 Peut'2tre pour toi" Mais ’ai une conscience" *t e te méprise

pour m’avoir mise dans une telle position, lui lan-a't'elle

froidement"



11

pr%s une nuit blanche, *mma était touours aussi indécise"

M2me si elle allait voir 5elen pour la mettre au courant de ce

qu’elle avait découvert, rien ne garantissait que celle'ci la croirait"Maintenant qu’elle s’était convaincue que le eune homme vivant

sous son toit était son petit'fils, elle ne se laisserait pas facilement

persuader du contraire" *t selon sh, le résultat du test #N ne

ferait que confirmer ce qu’elle pensait déà"

sh"

*lle n’arrivait touours pas à penser à lui différemment"

4a vie était si simple il & a encore vingt'quatre heures, quand ellen’avait qu’à se préoccuper d’un homme qui ne l’aimait plus C

Maintenant que son p%re et elle encouraient un danger éventuel,elle se sentait totalement désarmée et impuissante"

(onsidérant un instant la possibilité de contacter Kic+ 7ledsoe,

elle chassa rapidement cette idée de son esprit, ne cessant de

repenser aux paroles d’sh" N’importe qui pouvait facilement 2tre

acheté" Kien ne garantissait donc qu’elle pouvait faire confiance àl’officier"

lors qu’elle se dirigeait vers l’escalier, elle n’avait touours pas

trouvé la moindre solution à son dilemme" *n aucune fa-on, elle

ne pouvait tenter quoi que ce soit risquant de mettre en danger la

vie de son p%re" Mais d’un autre c/té, l’idée de rester sans rienfaire lui était insupportable"

*lle devait mettre 5elen au courant" *lle ne pouvait pas ne pas lelui dire" (ette femme avait le droit de savoir ce qui se passait sous

son toit" Plus *mma autoriserait que cette mascarade continue,

plus cela causerait de dég$ts pour les personnes concernées"

4eulement, en entrant dans le bureau, elle sentit ses bonnes

résolutions s’envoler en apercevant le faux sh, posté devant la

fen2tre, les &eux fixés vers l’extérieur" 0l se retourna aussit/t vers

elle" u moment o6 leurs regards se crois%rent, le c9ur d’*mma

s’emballa de mani%re inattendue" Malgré tout ce qu’elle avait

appris à son suet, elle le trouvait encore attirant" (omment était'



ce possible > s’interrogea't'elle" a réponse à cette question était

évidente : il ressemblait tellement à sh C

3 7onour, *mma"

4urprise par cette voix masculine alors qu’sh n’avait pas dit un

mot, elle pivota vivement sur ses talons en direction du bureaud’5elen" ssis sur le rebord, Hesle& buvait tranquillement un

café"

3 8ous 2tes en retard, lan-a la vieille femme d’une voix

impérieuse, derri%re lui"

3 *n fait, elle est en avance, rectifia Hesle& avec un sourire, en

reposant sa tasse" moins que tu ne fasses habituellement venir

cette pauvre eune femme aux premi%res lueurs de l’aube" 3 Je ne pensais pas que vous aurie; besoin de mes services avant

W heures, expliqua *mma" Je suis désolée" 3 Ne vous excuse; pas de vouloir préserver des horaires décents,

répondit Hesle&" M%re va penser qu’elle peut vous avoir à son

enti%re disposition vingt'quatre heures sur vingt'quatre"

3 (esse; de parler comme si e n’étais pas là, s’emporta

brusquement 5elen" Maintenant que vous 2tes enfin arrivée,*mma, ’aimerais vous parler d’une chose"

3 Moi aussi, -a tombe bien"

#u coin de l’9il, elle vit sh s’éloigner de la fen2tre et venir se

placer derri%re elle"

3 vant que M%re et vous vous laissie; entra.ner à discutertravail, e voulais vous dire que ’ai vu votre p%re, ce matin,

*mma, dit Hesle& en la fixant de son regard bleu par'dessus satasse" 0l n’avait pas l’air bien" *tes'vous sFre qu’il prend bien soin

de lui >

Nerveuse, elle sentit son c9ur se serrer" *tait'ce délibéré de sa

part de lui parler de son p%re, ou bien une simple coSncidence > se

demanda't'elle, perplexe" *tait'ce lui le cerveau de cette

escroquerie > (ertes, si 5elen modifiait son testament, il était celui

qui avait le plus à gagner" !outefois, elle avait du mal à croire

qu’un homme a&ant décidé de prendre à sa charge les dépenses

médicales de son p%re puisse 2tre capable d’arnaquer sa propre



0l posa la main sur son bras avant de terminer sa phrase"

3 Ne vous en faites pas" Je suis sFr qu’il ira bien"

(omme elle se retournait, *mma vit sh qui ne la quittait pas des

&eux" 0l hocha la t2te de mani%re presque imperceptible puis quitta

la pi%ce à son tour" B B B

3 !u as fait ce qu’il fallait, dit'il quelques minutes plus tard

lorsqu’il se retrouva seul avec elle"

3 Je t’interdis de me parler de cette fa-on, répliqua't'elle

froidement en s’écartant de lui"

Perplexe, il fron-a les sourcils" 3 (omment -a >

3 N’agis pas comme si nous étions tous les deux dans le m2me bateau" !u m’as mise dans une position impossible" !u sais que e

ferais n’importe quoi pour protéger mon p%re" *t il se peut que e

décide encore que la meilleure fa-on d’& parvenir soit d’aller

prévenir la police"

3 (e serait commettre une grave erreur, fit'il remarquer" a police ne peut pas t’aider, *mma" (omme e te l’ai expliqué, hier,

ils ont couvert leurs arri%res" ’unique fa-on de vous en sortir

indemnes, ton p%re et toi, c’est de ne rien dire" aisse faire les

choses et il n’& aura aucun blessé" Personne ne te reprochera

d’avoir agi comme tu l’as fait" 4ans doute, pensa't'elle" Mais elle n’aimait pas 2tre manipulée"

4avoir qu’une menace pesait sur son p%re était pire que tout lereste" *t le moment était peut'2tre venu pour elle de faire preuve

d’un peu de courage et de commencer à rendre les coups"

B B B

Guelques ours apr%s sa rencontre avec sh, elle se trouva seule

dans la maison, ce dernier étant sorti pour déeuner et 5elen

s’étant rendue che; le médecin, en ville"

#evant la fen2tre du bureau, elle avait attendu que la voiture

d’sh disparaisse au fond de l’allée avant de se précipiter au



troisi%me étage, o6 se trouvait sa chambre" es quartiers du

personnel se situaient à l’étage inférieur, si bien qu’il avait le

dernier étage pour lui seul" (’était la premi%re fois qu’elle se

rendait dans cette partie de la maison, mais elle savait

parfaitement o6 se situait la pi%ce, a&ant passé un temps infini,autrefois, à observer sa fen2tre depuis sa propre chambre"

orsqu’ils étaient devenus proches, il s’amusait à faire clignoter

une lampe pour lui dire qu’il pensait à elle"

*lle secoua la t2te, comme pour chasser les souvenirs de son

esprit" 0l fallait absolument qu’elle l’oublie, décréta't'elle" #u

moins, le véritable sh" pr%s dou;e années d’absence, il ne

reviendrait plus" présent, elle devait se concentrer sur la mani%redont son p%re et elle allaient se sortir de cette pagaille en un seul

morceau" =ne fois devant la porte de la chambre, elle en tourna la poignée,

et constata avec soulagement qu’elle n’était pas fermée à clé"

pr%s avoir eté un coup d’9il à gauche et à droite du couloir, elle

se faufila à l’intérieur" Marquant une pause à l’entrée, elle regarda

autour d’elle et se demanda par o6 elle allait commencer" 0l devaitforcément & avoir une preuve concernant la véritable identité de

cet homme quelque part" Guelque chose dont elle pourrait se

servir pour prouver à 5elen et à la police qu’elle disait la vérité,

contrairement à ce qu’indiquaient les résultats du test #N"

a chambre était exactement comme elle l’avait imaginée"Propre, rangée et peu meublée" Mais les lignes simples du

mobilier étaient trompeuses" !out dans cette pi%ce était hors de prix" 5elen avait engagé un décorateur de #allas pour refaire la

suite lorsque sh avait emménagé la premi%re fois et elle

recommen-ait tous les deux ou trois ans"

’unique chose qui avait amais changé dans sa chambre à elle,

c’étaient les posters collés aux murs qui reflétaient ses goFts en

musique et cinéma durant les diverses périodes de sa eunesse"

4’effor-ant de faire aussi vite que possible, elle commen-a par

fouiller les tiroirs de son bureau, puis des tables de nuit, avant de

passer à l’armoire" u bout d’une demi'heure, elle n’avait pas



veux que tu fasses un chec+'up" a m’inqui%te de te voir autant

travailler"

3 Je vais bien, *mm&, cesse de t’en faire pour moi"

$chant le maga;ine qu’il était en train de lire, il l’observa

longuement" 3 (’est plut/t toi qui m’inqui%tes" Kegarde'toi" !u n’as que la

peau sur les os" *t tu n’as pas l’air de beaucoup dormir non plus"

3 Je vais bien" Nous sommes tous dans une situation critique ces

ours'ci, dit'elle pour le rassurer tandis qu’elle venait s’asseoir en

face de lui" utrefois, quand e grimpais à cet arbre pr%s de la

terrasse et que e regardais les f2tes d’5elen à distance, e n’avais

aucune idée de la somme de travail qu’un tel événement requérait"(’est épuisant"

4on p%re l’examinait touours attentivement" 3 !u es sFr que ce n’est que -a >

3 Gue veux'tu dire >

3 J’ai l’impression que quelque chose te tracasse depuis

quelques ours, *mm&" #e quoi s’agit'il > Je peux peut'2tre

t’aider" lors que les larmes commen-aient à lui brFler les &eux, elle

détourna rapidement le regard" Maintes fois, elle avait été tentée

de mettre son p%re au courant pour l’imposteur" 0l était l’unique

personne qui la croirait sur parole"

Mais elle savait également qu’il insisterait aussit/t pour qu’elle en parle à 5elen et à la police, mena-ant de le faire lui'm2me si elle

continuait à se taire" 0l se moquerait probablement de la menace dedanger, mais elle savait d’expérience que ces menaces étaient

parfois mises à exécution"

6uvre la "ouche et je t$égorge# lui avait murmuré son agresseur"

a nuit o6 elle avait été attaquée, elle avait fait ce qu’on lui disait

de faire" *lle s’était tue, ne s’était pas défendue" Mais cette fois'ci,

ce serait différent" #’abord, elle devait s’assurer que les chances

étaient en sa faveur" 4on p%re étant tout ce qu’il lui restait, elle ne

pouvait pas se permettre de courir le risque qu’il lui arrive quoi

que ce soit"



B B B

(e soir'là, elle emprunta le raccourci pour retourner au manoir"

(omme elle émergeait du bois, elle eta un coup d’9il au pavillon

d’été, et aper-ut la silhouette du faux sh à l’entrée du b$timentainsi que la lueur orange de la cigarette qu’il portait à sa bouche"

#emeurant un instant dans l’obscurité, immobile, à l’observer,

elle tourna le dos au pavillon et se dirigea vers la maison" lors

qu’elle traversait le ardin, il la rattrapa" *n entendant le

grincement de la grille derri%re elle, elle sentit un frisson lui

parcourir l’échine"

3 Gu’est'ce que tu veux > le questionna't'elle en se retournantvivement tandis qu’il s’approchait d’elle"

4ans répondre, il continua d’avancer" a nuit était encore calme"4euls les bruits de la fontaine et des battements effrénés de son

c9ur lui parvenaient" *lle tenta de se persuader qu’il ne lui faisait

pas peur, mais c’était pourtant le cas" Pas parce qu’elle s’imaginait

qu’il allait lui faire du mal" Mais parce qu’il lui rappelait sh"

M2me en a&ant découvert la vérité, elle ne pouvait emp2cher sonc9ur de s’emballer chaque fois qu’elle le vo&ait" *lle se

demandait ce que cela signifiait : comment pouvait'elle 2tre

ph&siquement attirée par un homme qui n’avait clairement pas une

once de morale et d’honn2teté en lui >

Kedressant le menton, elle lui eta un regard noir" 3 Je t’ai dit de rester loin de moi"

Qr$ce aux lumi%res du décor, elle le vo&ait distinctement" 4estraits étaient à la fois étranges et familiers"

3 !u as trouvé ce que tu cherchais >

Perplexe, elle fron-a les sourcils"

3 #e quoi parles'tu >

3 ’autre our, quand tu as fouillé ma chambre, tu as trouvé

quelque chose >

#écidée à nier dans un premier temps, elle se ravisa finalement et

haussa les épaules"

3 Non" Pas encore" Mais -a viendra" *t à l’instant o6 tu



3 !/t ou tard" *t alors tu pourras m’oublier"

3 Je n’oublierai pas ce que ’ai fait, répliqua't'elle am%rement"

!u m’as rendue complice de cette affaire ignoble et e serai

incapable d’aller de l’avant aussi facilement que tu sembles le

penser" (haque fois que e regarderai 5elen) 3 !u verras une vieille femme cruelle et vindicative qui a chassé

son unique petit'fils" Ne g$che pas ta pitié pour elle"

3 !u essaies simplement de ustifier tes actes, fit'elle remarquer"

*t e me moque de ce que tu dis, e crois que tu ferais à peu pr%s

n’importe quoi pour éviter d’aller en prison"

3 a mani%re dont tu me regardes à cet instant est pire que

n’importe quelle prison, dit'il durement" !u ne vois donc pas que e déteste ce que e t’ai fait, fit'il en fermant bri%vement les &eux"

*t que e hais ce que e te demande de faire" 3 Pourquoi > demanda't'elle presque craintivement"

3 Parce que e suis en train de tomber amoureux de toi, répondit'

il avant de sortir du ardin sans aouter le moindre mot"

basourdie, *mma demeura immobile, le regard fixé dans le

vide, pendant un temps infini" *lle aurait voulu ne ressentir que dudégoFt pour ce qu’il venait de dire, mais une part d’elle'm2me

avait éprouvé une sensation qui l’effra&ait au plus haut point"

B B B

3 Je présume que vous ave; une robe appropriée pour la f2te, luidit 5elen quelques ours plus tard"

3 Je ne pensais pas & assister, répondit *mma en relevant la t2te,surprise"

3 7ien sFr que si" 8ous devre; vous occuper d’un millier de

détails de derni%re minute"

(e n’était pas vraiment l’invitation dont elle avait r2vé, mais

*mma éprouva néanmoins un frisson d’excitation" (’était sa

premi%re réception che; les (orbett" *lle travaillerait,

évidemment, mais au moins, elle serait là, au milieu de la f2te et

des invités, et pas en train d’observer la sc%ne depuis les branches

d’un ch2ne"



3 Je devrais réussir à trouver quelque chose, murmura't'elle"

J’irai en ville à la premi%re occasion"

3 8ous m’apportere; le re-u, reprit 5elen" (’est une dépense de

travail, alors assure;'vous d’acheter quelque chose de convenable"

*n d’autres termes, ne vene; pas dans un morceau de chiffon bonmarché et vulgaire qui me mettrait dans l’embarras, pensa't'elle"

B B B

a f2te ne devait avoir lieu que dans quelques ours, mais la

maison était en effervescence à cause des préparatifs" *mma avait

travaillé plus dur que amais, ce qui, d’une certaine mani%re, était

une bénédiction" insi, elle n’avait pas beaucoup de temps pour penser à autre chose qu’aux t$ches innombrables qu’on lui

confiait" 4uite à sa conversation avec 5elen, elle avait réussi à libérer une

ournée pour aller faire du shopping" *n compagnie de ane&

(arroDa&, elle s’était rendue usqu’à 5ouston"

Pendant des heures, elles avaient arpenté les boutiques chic de la

Qalleria, et malgré le prix exorbitant des v2tements, *mma avaiteu le coup de foudre pour pratiquement tout ce qu’elle avait

essa&é" Jamais elle n’avait vu autant de olies tenues" Néanmoins,

ce fut une robe en mousseline de soie blanche, qui ondo&ait

magnifiquement à chacun de ses mouvements, qui retint son

attention" (’était exactement le genre de robe qu’elle s’était touours

imaginé porter lorsqu’elle ferait son entrée par le somptueuxescalier en arrondi du manoir (orbett" #ans ses r2ves, sh se

tenait en bas des marches, les &eux levés vers elle" 0l prenait sa

main et la conduisait dans une salle de bal étincelante o6 ils

dansaient usqu’au bout de la nuit dans les bras l’un de l’autre"

*n réalité, évidemment, elle aurait du travail usqu’au cou, ce

soir'là, mais elle s’en moquait" *lle n’aurait peut'2tre plus amais

l’occasion de porter une telle robe"

#e retour au manoir, elle monta directement dans sa chambre

pour ranger ses achats" 0l était tard" Itant le v2tement de son sac



protecteur, elle se dirigea vers le miroir et la tint devant elle"

Qlissant le portemanteau par'dessus sa t2te, elle se tourna d’abord

sur un c/té, puis sur l’autre, faisant virevolter le bas du upon, telle

de l’écume à ses pieds"

3 4ublime" vec un sursaut, elle pivota sur ses talons et trouva sh debout

dans l’encadrement de la porte" *lle tint la robe fermement

plaquée contre son corps, m2me si elle était enti%rement habillée

en dessous" e voir dans sa chambre) en train de la regarder si

intimement) la mettait mal à l’aise"

3 Gue veux'tu > s’enquit'elle en se décidant enfin à eter la robe

sur son lit" 3 !u as été partie pratiquement toute la ournée, fit'il remarquer"

Je commen-ais à m’inquiéter pour toi" 3 J’avais des achats à faire"

Puis elle aouta froidement :

3 7ien que -a ne te regarde pas"

!out en esquissant un sourire, il pénétra dans la pi%ce"

3 Je ne t’ai pas invité à entrer, lan-a't'elle avec col%re" 3 !u ne m’as pas non plus demandé de partir, à ce que e sache"

es bras croisés, elle lui eta un regard noir"

3 8a't’en, s’il te pla.t"

3 #ans une minute" <ais'moi voir ce que tu as acheté"

vant qu’elle puisse l’arr2ter, il s’empara de la robe et la tint à bout de bras devant lui"

3 Joli C s’exclama't'il avec admiration" J’ai h$te de voir cequ’elle donne sur toi" !u seras la plus belle femme de la soirée"

3 Ne touche pas à mes v2tements, répliqua *mma en lui

arrachant la robe des mains" *t e t’interdis de me parler de cette

fa-on"

0l eut l’air amusé"

3 #e quelle fa-on >

3 Ne reste pas planté là à te comporter comme s’il & avait

quelque chose entre nous, parce que ce n’est pas le cas et -a ne le

sera amais"



3 !u en es certaine, *mma >

3 !u crois que ’ai vraiment cru ce que tu m’as raconté l’autre

soir > rétorqua't'elle en redressant le menton"

*lle eut un petit rire amer"

3 Je sais à quoi tu oues" (e n’est qu’une tentative de plus pouressa&er d’acheter mon silence"

3 (’est vraiment ce que tu penses >

*lle ne put s’emp2cher de remarquer que ses &eux étaient

particuli%rement bleus, ce soir" #’une couleur tr%s intense" lors

qu’elle tentait de détourner le regard, il lui saisit le menton et la fit

se retourner face à lui"

3 Je n’ai pas menti" (’est la premi%re chose honn2te que ’ai ditedepuis des années" Je suis en train de tomber amoureux de toi"

*lle s’écarta de lui d’un mouvement brusque" 3 rr2te"

3 Pourquoi cela te fait'il si peur >

3 (e n’est pas le cas"

3 4i"

4on regard brFlait dans le sien" 3 Je le vois dans tes &eux" !u as peur de moi" Mais pas parce que

tu crois que e vais te faire du mal" Non, tu crains, en te laissant

aller, de ressentir quelque chose pour moi"

3 (ela n’arrivera amais, lui assura't'elle avec col%re" Jamais e

ne pourrai tomber amoureuse d’un homme de ton genre" 4es traits se durcirent de mani%re imperceptible"

3 Parce que e ne suis pas sh > 3 Gue veux'tu de moi > reprit *mma avec un soupir" J’ai fait ce

que tu m’as demandé" Je me suis tue" Pourquoi ne peux'tu pas me

laisser tranquille, à présent >

3 Parce que tu es toi, murmura't'il"

0l glissa une main dans ses cheveux et tous deux demeur%rent

silencieux pendant un moment"

(onsciente qu’elle ferait mieux de s’éloigner de lui, *mma tenta

de garder en t2te qu’elle ne devait pas oublier qui il était" *t qui il

n’était pas" 4’abandonner au désir qui brFlait dans son regard bleu



était une chose qu’elle ne pouvait pas se permettre"

Mais lorsqu’il se pencha pour l’embrasser, elle n’essa&a pas de

l’arr2ter" *lle ferma les &eux et se mit à trembler" 5e ne peux pas

tom"er amoureuse de lui, pensa't'elle désespérément" 5e ne peux

pas le laisser m$atteindre" 4on baiser était hésitant et doux, mais la passion couvait, pr2te à

exploser à l’instant o6 elle lui répondrait"

*lle s’effor-a de résister, mais la mani%re dont il l’embrassait)

différente de tout ce qu’elle avait connu auparavant, eut raison de

sa résolution"

sh était son premier amour" 0l était eune, beau, charismatique"

Mais une partie de l’attirance qu’*mma éprouvait pour lui n’avaittouours été qu’un r2ve" (ar sh était un (orbett" a quintessence

m2me de ce qu’elle désirait sans pouvoir l’obtenir" ’homme qui se tenait devant elle était bien réel, lui" 4ans

scrupules, fourbe, escroc et menteur, il avait séourné en prison et

avait probablement vu des endroits qu’elle serait m2me incapable

d’imaginer" 0l l’avait impliquée dans une escroquerie susceptible

de mettre sa vie et celle de son p%re en danger" *t pourtant, elle nefaisait rien pour le repousser"

u contraire, elle se pressa plus fermement contre lui et entrouvrit

les l%vres"

vec un gémissement, il leva son autre main et la glissa à son tour

dans ses cheveux, maintenant son visage immobile pendant qu’ill’embrassait plus profondément, tandis qu’elle n’arrivait pas à

s’arr2ter de trembler" (omme il redressait lég%rement la t2te, il l’attira dans ses bras et

enfouit son visage dans ses cheveux"

3 Je suis désolé, dit'il dans un murmure" Je n’aurais pas dF faire

-a" Mais ’en avais envie depuis si longtemps) depuis que e t’ai

vue sur la route, cette premi%re nuit"

*mma ne savait plus quoi penser" *lle n’arrivait m2me pas à

comprendre ses propres émotions" Peut'2tre qu’elle avait envie de

lui uniquement parce qu’il ressemblait à sh, et qu’apr%s toutes

ces années, elle n’arrivait touours pas à lui dire au revoir"



3 Gu’allons'nous faire > demanda't'elle en relevant les &eux

vers lui"

3 Kien du tout, répondit'il"

0l la rel$cha avant d’aouter :

3 Nous devons 2tre prudents" 0l ne faut pas que ceci sereproduise" Pas tant que cette affaire ne sera pas terminée"

3 *t que se passera't'il ensuite > l’interrogea't'elle calmement"

(omme il demeurait silencieux, elle devina la réponse à sa

question" =ne fois l’escroquerie menée à bien, il partirait,

retournerait en prison) ou bien s’exilerait dans un endroit o6 les

(orbett ne pourraient amais le retrouver"

Mais dans l’un ou l’autre des cas, elle ne l’accompagnerait pas"



Maris avait posé une main sur le bras d’*mma"

3 Je ne peux vous dire à quel point ’apprécie tout ce que vous

ave; fait pour elle 3 moi, mais aussi le reste de la famille"

*mma s’était soudain sentie mal à l’aise face à ces louanges

chaleureuses" 3 Je fais uniquement ce pour quoi e suis pa&ée, avait'elle

répliqué"

3 J’en doute, mais m2me si c’est le cas, cela signifie

énormément pour nous d’avoir une personne digne de confiance

dans cette maison"

*lle n’avait touours pas /té sa main du bras d’*mma et avait

m2me lég%rement resserré ses doigts" 3 (omme e ne veux pas vous mettre mal à l’aise, e n’aouterai

rien de plus, mais e tenais simplement à vous faire savoir que vosefforts ne sont pas passés inaper-us" *t qu’ils sont appréciés"

Malgré le sourire de Maris, *mma avait senti un frisson remonter

le long de son dos en notant une lueur étrange dans son regard"

7os eorts ne sont pas passés inaperus% !t ils sont appréciés%

=n doute l’avait soudain envahie" Maris était'elle la personne quiavait engagé un imposteur pour escroquer sa m%re >

premi%re vue, Hesle& paraissait 2tre le coupable idéal car il

avait plus à gagner que les autres, cependant elle n’avait pas

totalement écarté 7rad de sa liste, notamment maintenant qu’elle

le soup-onnait d’entretenir une liaison avec Pamela, la femme deHesle&, laquelle semblait capable de tout, & compris organiser un

complot pour remplacer son mari par son amant à la t2te de(orbett *ntreprises"

Mais usqu’à cet instant précis, elle n’avait amais envisagé que

Maris puisse avoir ses propres raisons de souhaiter que sa m%re

change son testament"

B B B

(e soir'là, au lieu de faire la grande entrée dont elle avait touours

r2vé, *mma, v2tue de sa robe blanche dont la rangée de perles à la

taille était assortie à ses talons hauts couleur argent, descendit par



dans la foule"

&nette (orbett surgit alors devant elle"

3 7onsoir, *mma, dit'elle en souriant" 8ous 2tes tr%s olie, ce

soir"

3 Merci, vous aussi" *t c’était vrai" e bleu métallique de sa robe mettait en valeur ses

&eux, de la m2me couleur, et ses cheveux blonds, tandis qu’un

bracelet en diamant scintillait autour de son poignet"

3 Je suis à la recherche de 7rad, expliqua't'elle" In dirait qu’il

s’est volatilisé" 8ous ne l’aurie; pas aper-u, par hasard >

3 Non, désolée"

#’ailleurs, elle n’avait pas non plus vu Pamela (orbett, songea*mma" Pourtant, il était difficile de ne pas la remarquer dans sa

robe rouge écarlate, ornée de perles" *lle se demanda si 7rad etelle étaient ensemble, quelque part dans une des pi%ces du manoir"

4oudain, &nette parut préoccupée, elle se mordit la l%vre"

3 Pourrions'nous aller dans un endroit moins fréquenté >

J’aimerais vous parler"

4urprise par sa requ2te, *mma hésita" 3 (’est'à'dire que ’étais sur le point d’aller voir o6 en était le

champagne)

3 (ela ne prendra qu’un instant" Pour votre bien, e me sens

obligée de vous mettre au courant de certaines choses"

lors qu’elle s’appr2tait à inventer une excuse pour s’éclipser,*mma se ravisa"

3 Nous n’avons qu’à nous installer dans le bureau, suggéra't'elle"

=ne fois à l’intérieur de la pi%ce, &nette eta un 9il dans le

couloir avant de refermer les portes" Puis elle se retourna vers

*mma, l’air inquiet"

3 (e ne sont probablement pas mes affaires, mais e vous ai vue

danser avec sh" *t e n’ai pu m’emp2cher de remarquer la

mani%re dont vous vous regardie;"

3 Nous ne faisions que danser" 0l n’& a absolument rien entre

nous"



3 8ous vous méprene;, dit'elle doucement" Je ne désapprouve

pas" Gue vous so&e; amoureuse de lui ne me dérange pas"

#’ailleurs, e serai m2me pr2te à vous souhaiter tout le bonheur du

monde, excepté que) dans cette famille, c’est impossible"

3 Madame (orbett, e ne l’aime pas" 3 7ien sFr que si, répliqua't'elle tristement" 0l me suffit de

regarder votre visage, à cet instant m2me, pour savoir que vous

2tes amoureuse de lui" *t vous ne save; pas à quel point cela me

rend triste pour vous"

ces mots, *mma demeura muette de stupéfaction"

3 8ous save;, cette famille a de terribles secrets"

3 #e quoi parle;'vous > s’étonna't'elle tandis que sa gorge senouait de peur"

3 4i vous épouse; sh, vous deviendre; une (orbett" (es secretsferont alors partie de vous" *t si vous essa&e; de les fuir, vous

finire; comme la m%re d’sh"

3 (omment -a > insista *mma, haletante"

3 <u&e; sur'le'champ, la pressa &nette avec désespoir" Parte;

sans regarder derri%re vous" 3 Madame (orbett)

lors que cette derni%re s’approchait de l’entrée, elle marqua une

pause devant la porte et eta un coup d’9il en arri%re, dans sa

direction"

3 Nous n’avons amais eu cette conversation" Pour notre bien àtoutes les deux, ne parle; de -a à personne et fu&e; tant que vous

en ave; encore la possibilité" B B B

4’effor-ant de se ressaisir, *mma demeura dans le bureau durant

quelques minutes qui lui parurent durer une éternité"

Profondément choquée par la mise en garde de &nette, elle savait

que son visage trahirait ses émotions"

Mais elle était également consciente qu’elle ne pouvait pas rester

éloignée de la f2te trop longtemps, sinon les gens risquaient de se

poser des questions" *lle quitta donc le bureau pour reprendre ses



rondes d’inspection, m2me si, intérieurement, elle était tremblante

de peur"

Gue diable &nette avait'elle voulu dire en parlant de terribles

secrets > se demanda't'elle" #e toute évidence, elle ne faisait pas

allusion à sh puisqu’elle paraissait ne pas croire qu’il s’agissaitd’un imposteur" tel point qu’elle l’avait m2me mise en garde en

lui demandant de rester loin de lui"

Mais alors quoi >

u bout d’un moment, elle parvint à se faufiler à l’extérieur

pendant quelques minutes pour reprendre son souffle" =ne

multitude de questions se bousculaient dans son esprit"

Manifestement, elle était impliquée dans une affaire qui allait bienau'delà d’une simple arnaque" es (orbett étaient des gens

puissants" 4i elle devait d’une mani%re ou d’une autre provoquerleur col%re) elle n’avait pas la moindre idée de la fa-on dont ils

réagiraient"

<rémissante, elle traversa la terrasse et s’enfon-a dans l’obscurité

profonde du ardin" Marquant une pause au pied d’un ch2ne, elle

eta un regard derri%re elle, en direction de la maison" (ombien defois avait'elle observé les f2tes données par les (orbett depuis ce

m2me endroit, et r2vé d’appartenir à cette foule parée de bioux et

de paillettes à l’intérieur >

l’époque, elle cro&ait que les (orbett étaient des gens en or,

semblable à une ro&auté qui ne pouvait 2tre admirée que de loin" présent, elle se rendait compte que les guirlandes électriques,

les fleurs et le champagne qui coulait à flots ne créaient rien de plus qu’une illusion" =n magnifique voile qui recouvrait une

obscurité horrible en dessous"

3 Je me demandais o6 tu étais passée, dit sh"

*mma se retourna dans un sursaut" cet instant, elle était presque

contente qu’il soit un imposteur" (ar l’expression qu’elle avait vue

dans le regard de &nette lorsque celle'ci l’avait implorée de rester

loin des (orbett l’avait effra&ée plus que tout ce que !om 7lac+

avait pu lui raconter usqu’à présent"

3 0l faut que e parte d’ici, annon-a't'elle, frissonnant dans l’air



4on regard revint sur la terrasse"

3 Parle moins fort"

3 4’ils sont aussi dangereux que tu le prétends, pourquoi es'tu

revenu > s’étonna't'elle"

3 cause de toi" *ncaissant un nouveau choc, elle écarquilla les &eux"

3 0l fallait que quelqu’un soit là pour te protéger, reprit'il d’une

voix plus dure" Je savais que ton p%re était malade et que tu

n’avais aucune idée de ce dont cette famille était capable" Je

devais faire quelque chose"

3 Mais) e ne comprends pas" Pourquoi ne pas simplement

revenir > Pourquoi feindre d’2tre un imposteur) a voix d’*mma se brisa tandis qu’un éclat de rire retentissait à

proximité" sh l’attira contre lui, dans l’obscurité, et murmura à son oreille :

3 In ne peut pas parler ici" Je te reoindrai dans ta chambre, plus

tard"

Puis il s’éclipsa, la laissant seule et tremblante dans le noir"

B B B

*mma s’était changée et avait rev2tu une tenue plus décontractée

3 un ean et un chemisier 3 à la place de sa robe" #ebout pr%s de

la fen2tre, elle scrutait l’obscurité lorsque l’on frappa lég%rement à

la porte" !raversant la pi%ce à la h$te, elle entreb$illa la porte etaper-ut sh dans le couloir"

pr%s qu’il eut refermé derri%re lui, tous deux demeur%rentsilencieux pendant un long moment" *lle n’avait cessé de se

demander ce qu’elle allait lui dire" Pouvait'elle réellement croire

qu’il disait la vérité en affirmant 2tre le vrai sh >

(omme s’il savait exactement ce qu’elle avait en t2te, il esquissa

un léger sourire"

3 In t’a retiré ton appareil dentaire l’été précédant l’année o6

ma grand'm%re m’a envo&é en pension, dit'il" es 4mashing

Pump+ins était ton groupe favori à cette époque" Je t’ai m2me

offert un de leurs (# pour ton anniversaire"



es &eux embués de larmes, elle ne répondit rien"

3 Pour tes sei;e ans, e t’ai acheté un minuscule pendentif en or,

en forme de c9ur, avec nos deux prénoms gravés au dos" Plut/t

ringard, e l’admets, mais e n’ai amais prétendu 2tre tr%s original"

3 J’adorais ce collier, dit'elle enfin en effleurant son cou, àl’endroit o6 le c9ur reposait autrefois contre sa peau" pr%s ton

départ, ’ai continué à le porter pendant tr%s longtemps" Je me suis

finalement décidée à l’enlever lorsque ’ai compris que tu ne

reviendrais amais" Mais e ne m’en suis pas débarrassée pour

autant" #’ailleurs, e l’ai encore, de m2me que toutes les autres

choses que tu m’as données"

0l tendit la main et lui caressa tendrement la oue" 3 !u aurais dF le eter" uourd’hui, tu devrais 2tre mariée et

avoir des enfants" 4i quelqu’un mérite d’2tre heureux, c’est toi" 3 (omment aurais'e pu l’2tre en te cro&ant mort >

0l ferma les &eux en poussant un profond soupir"

3 !u n’imagines pas le nombre de fois o6 ’ai voulu t’appeler

pour te faire savoir que ’allais bien"

3 Pourquoi n’en as'tu rien fait > 3 (’était beaucoup trop dangereux"

3 #angereux > sh, que se passe't'il > Je ne comprends rien"

3 (’est une tr%s longue histoire, poursuivit'il en s’écartant d’elle

et en se dirigeant vers la fen2tre" Je ne sais m2me pas par o6

commencer" 3 Pourquoi pas par la nuit de ton départ > répondit'elle en venant

se placer derri%re lui" 5aussant lég%rement les épaules, il prit une vive inspiration"

3 Qrand'm%re et moi nous sommes disputés, ce soir'là" *lle m’a

lancé un ultimatum, en mena-ant de renvo&er ton p%re et de

s’assurer qu’aucun de vous deux ne remette amais les pieds au

manoir, si e ne mettais pas fin à notre relation" 4achant de quoi

elle était capable, e l’ai crue"

0l se retourna, l’air désolé" 0l & avait également un soup-on de

col%re dans sa voix"

3 !u comprends, *mma, avec elle, il ne s’agit pas d’amour, mais



de contr/le" *lle est douée pour déceler le point faible des gens et,

une fois qu’elle a du pouvoir sur eux, ils ne peuvent plus lui

échapper" Mon p%re a essa&é" 0l est parti un moment, puis elle a

trouvé le mo&en de le persuader de revenir, et il a fini par aimer

davantage le fait d’2tre un (orbett plut/t que ma m%re et moi"Qrand'm%re ne pouvait pas contr/ler ma m%re et c’est pour cette

raison qu’elle la détestait" Je ne voulais pas qu’elle rende ta vie

aussi misérable que la sienne"

3 lors, tu es parti"

3 *xact" J’étais suffisamment eune et naSf pour penser que e

pourrais m’en aller seul et commencer une nouvelle vie,

simplement parce que ’en avais décidé ainsi" (ontrairement àmon p%re, e ne prévo&ais pas de revenir" *t lorsque ’aurais été

installé, avec un bon travail, e t’aurais contactée" 3 Pourquoi n’en avoir rien fait > s’enquit'elle calmement" Peu

importe l’endroit, e t’aurais reoint, tu sais"

3 J’& comptais bien" Mais c’est alors qu’un événement est

survenu et m’a fait comprendre que, malgré la distance parcourue,

ma famille finirait touours par me retrouver" !ant que e porteraisle nom de (orbett, ils ne me laisseraient pas tranquille"

3 lors, tu en as pris un autre >


3 a n’a pas été aussi simple que -a" Je me suis débarrassé de la

Porsche parce que e ne voulais pas que grand'm%re s’en serve pour retrouver ma trace" Je l’ai échangée contre une vieille <ord

déglinguée et ’ai gardé les documents du propriétaire précédent, persuadé que ce serait suffisant" Mais on m’a retrouvé" =ne nuit,

on a forcé ma voiture à passer par'dessus un pont et on m’a laissé

pour mort"

*mma retint son souffle"

3 5elen ne ferait amais une chose pareille" (’est une vieille

femme ent2tée, sh, mais elle t’aimait"

3 (e n’était pas elle qui voulait me voir mort"

3 Gui, alors >

3 Je ne peux pas le prouver, mais ’ai touours pensé que c’était



Hesle&" Personne d’autre n’avait autant à gagner que lui si e

venais à mourir"

3 0l s’agissait peut'2tre d’un accident"

sh secoua la t2te"

3 (ette camionnette a délibérément percuté ma voiture" a routeétait déserte" (ette nuit'là, il avait dF nous suivre hors de la ville"

3 Nous >

3 =n t&pe que ’avais rencontré sur un chantier à 4hreveport se

trouvait avec moi" Nous nous rendions ensemble à a Nouvelle'

Irléans afin de postuler pour un travail dont il avait entendu

parler" pr%s que la voiture fut passée par'dessus le pont, ’ai

réussi à le sortir de l’eau, mais il était déà mort" Je ne pouvais plus rien faire pour lui" ce moment'là, e me suis souvenu qu’il

m’avait dit n’avoir aucune famille" 4es parents étaient mortslorsqu’il avait dou;e ans" Personne n’allait le rechercher" J’ai donc

pris ses papiers d’identité et c’est à partir de cet instant que e suis

devenu !om 7lac+"

3 *st'ce pour cette raison que tu ne m’as amais appelée, ni

écrit > s’enquit *mma" 3 Je ne pouvais pas courir le risque que Hesle& découvre que

’étais encore en vie" *t puis e ne voulais pas te mettre en danger"

*n apprenant que ’étais touours vivant, il aurait pu se servir de

toi pour m’atteindre, et e refusais de laisser une telle chose se

produire" Guand ’ai su que tu t’étais installée à #allas, ’ai ététenté d’entrer en contact avec toi" Je m’& suis m2me rendu, un

our" Mais cela faisait des années que ’étais parti" Je doutais quetu veuilles encore entendre parler de moi" *t e craignais que

Hesle& puisse l’apprendre d’une mani%re ou d’une autre" lors, e

me suis garé de l’autre c/té de la rue de ton appartement et ’ai

attendu que tu sortes" Je t’ai regardée monter dans ta voiture et

t’éloigner, puis e suis parti"

*mma ferma les &eux" 0l avait été si proche d’elle, ce our'là" 4i

seulement elle avait su C songea't'elle"

3 Guelque temps plus tard, ’ai entendu dire que tu avais

emménagé au manoir" partir de ce moment'là, ’ai compris que



e ne pouvais pas ne pas revenir" !u n’avais aucune idée de ce

dont cette famille était capable" 0l fallait que e m’assure que tu

étais en sécurité"

3 Je ne comprends touours pas pourquoi tu n’es pas revenu sous

ta véritable identité > 3 Parce que Hesle& était encore dans les parages" Je ne voulais

pas qu’il me voie" Mon plan était de parler à ton p%re afin qu’il te

persuade de partir" 4eulement, une personne m’a repéré sur un

chantier et, quelques ours plus tard, #avid !obias m’a approché

pour me proposer de participer à cette escroquerie"

3 !e prenait'il pour !om 7lac+ >

3 Iui, il s’était renseigné sur moi" 3 Pourtant, il devait bien & avoir des photos du vrai !om 7lac+

quelque part" sh haussa les épaules"

3 Juste une photo d’identité udiciaire qui ne lui ressemblait

m2me pas" !om vo&ageait beaucoup" 0l n’a pas laissé beaucoup de

traces écrites derri%re lui en dehors de son casier udiciaire" Par

ailleurs, ils n’ont pas creusé tr%s profondément parce qu’ils étaientdéà convaincus que ’étais mort"

3 *t tant qu’il en était ainsi, tu étais en sécurité"

3 *t toi aussi"

3 0ls t’ont donc abordé pour te proposer de te faire passer pour

sh afin d’obtenir d’5elen qu’elle change son testament" 3 (’est pour cette raison que e pense que Hesle& est derri%re

tout -a" 0l avait toutes les raisons de croire que ’étais mort et quela voie était libre, mais pas grand'm%re" *t elle refusait de changer

son testament" 0l pouvait soit attendre qu’elle meure et espérer que

les autres ne s’opposeraient pas à ce qu’il reprenne les r2nes de la

compagnie, soit s’arranger pour que celle'ci lui soit confiée avec

la bénédiction d’5elen"

3 Mais tu n’as aucune certitude sur sa culpabilité, dit *mma"

3 Ni sur le fait que c’est lui qui a vraiment tenté de me tuer"

Mais quelqu’un l’a fait"

4oudain épuisée par les événements de la soirée et les révélations



0l éclata lég%rement de rire"

3 ucun risque"

3 (omment peux'tu en 2tre aussi certain > 0l s’est écoulé

tellement de temps depuis la derni%re fois que nous nous sommes

retrouvés tous les deux" N’a&ant connu que tr%s peu d’hommesapr%s toi, e n’ai pas franchement acquis beaucoup d’expérience

dans ce domaine"

3 M2me chose pour moi"

*lle esquissa un sourire"

3 Pourquoi ai'e du mal à te croire, tout à coup >

3 (’est la vérité" Guoi qu’il en soit, -a n’a aucune importance,

parce qu’aucune des femmes que ’ai connues n’était toi" 3 sh, murmura't'elle avec un soupir tandis qu’il l’attirait contre

lui" 0ls s’embrass%rent longuement, puis la bouche d’sh descendit le

long du cou d’*mma, effleura sa cicatrice bri%vement, avant de se

poser sur son sein"

es genoux tremblants, *mma se cramponna à ses bras" *lle

n’arrivait pas à & croire" sh était enfin de retour et ils s’étaientretrouvés" Plus incro&able encore, leurs corps étaient touours

capables de produire la m2me magie qu’autrefois"

pr%s avoir déboutonné son ean, il le fit glisser le long de ses

ambes, puis fit de m2me avec ses sous'v2tements" *lle le poussa

alors en arri%re sur le lit et s’installa sur lui, couvrant son torse,ainsi que son ventre plat, de baisers"

0l était différent, ne put'elle s’emp2cher de constater" #éà dotéd’un corps magnifique étant eune, il avait auourd’hui la

musculature d’un homme a&ant travaillé dur pour gagner sa vie, et

sachant se servir de ses mains"

son tour, elle acheva de lui /ter ses v2tements, et il ne resta plus

entre eux deux que dou;e années de solitude, qui s’évanouirent

d%s l’instant o6 leurs corps entr%rent en contact pour la premi%re

fois"

4e redressant en position assise, il l’attira sur ses genoux" (omme

elle enroulait les ambes autour de ses hanches, il la souleva et



l’installa sur lui" a respiration d’*mma s’accéléra" 4on c9ur se

mit à battre la chamade dans sa poitrine tandis qu’elle remuait

lentement au début, puis de plus en plus vite au fur et à mesure

que les souvenirs s’éloignaient" Plus rien ne comptait à part cet

instant) 3 sh)

3 Je sais, murmura't'il dans un souffle" Profitons simplement de

ce moment"

*lle noua les bras autour de lui et le serra fort tandis qu’ils

atteignaient ensemble l’orgasme" *ncore frissonnant, il se laissa

tomber en arri%re, sur le lit, et l’attira avec lui"

B B B

=n moment plus tard, alors qu’ils s’étaient glissés entre les draps,*mma était blottie au creux de ses bras, la t2te posée sur son torse"

3 !u ne peux pas repartir, et dispara.tre comme tu l’as fait la

derni%re fois, sh, murmura't'elle" Je refuse de te perdre une

nouvelle fois"

0l resserra son bras autour d’elle" 3 Guand e quitterai le domaine, tu viendras avec moi"

3 Mais c’est impossible" !u seras encore en danger" *t e ne

veux pas que Hesle& m’utilise pour te retrouver"

3 !out sera bient/t terminé" u petit déeuner, hier matin, grand'

m%re a annoncé qu’elle était pr2te à apporter des modifications àson testament" =ne fois que Hesle& sera devenu son héritier, il

possédera ce qu’il veut, et n’aura aucune raison de nous pourchasser"

3 Je te rappelle qu’il a tenté de te tuer" !u ne crois tout de m2me

pas qu’il va l’oublier aussi vite >

3 *n aucune fa-on e ne peux prouver qu’il s’agissait

effectivement de lui" Par ailleurs, c’est sh qu’il voulait voir mort"

!ant qu’il me prend pour !om 7lac+, il n’a aucune raison de s’en

prendre à moi"

*mma remonta sa main sur son c9ur" e r&thme en était régulier

et rassurant"



3 Guand crois'tu que tout sera réglé >

3 Qrand'm%re a annoncé qu’elle prendrait rende;'vous avec

#avid !obias dans un our ou deux" *nsuite, elle réunira la famille

et procédera à une annonce officielle"

3 *t ensuite, ce sera terminé, fit'elle" *t tout le monde obtiendrace qu’il désire"

3 *n ce qui me concerne, e l’ai déà, répliqua't'il"

*mma se redressa pour l’embrasser longuement et tendrement,

ouvrant son c9ur et mettant ses émotions à nu" certains égards,

ce baiser était encore plus intime que de faire l’amour"

3 Je t’aime, murmura't'il contre ses l%vres"

3 Moi aussi, e t’aime" B B B

son réveil, elle le trouva déà levé et habillé"

3 I6 vas'tu > s’enquit'elle d’une voix endormie"

3 Je dois retourner dans ma chambre avant que quelqu’un ne me

voie sortir d’ici" Kendors'toi, lui murmura't'il apr%s l’avoir

embrassée" llongée sur le dos, elle le regarda fixement"

3 !outes ces cachotteries) -a me rappelle le bon vieux temps,

pas toi >

3 7ient/t, ce sera terminé, promit'il" présent, repose'toi un

peu" !u ne voudrais tout de m2me pas que les gens s’interrogentsur ce que tu as fait toute la nuit)

0l ouvrit la porte et eta un rapide coup d’9il dans le couloir, puissortit avant de refermer derri%re lui"

B B B

*mma se leva à son heure habituelle, se doucha puis s’habilla"

*lle se dirigeait vers l’escalier pour se rendre dans le bureau

lorsqu’un cri transper-a la maison"

Marquant une pause en haut des marches, elle sentit son sang se

glacer dans ses veines" Puis elle se mit à courir en direction du

bruit, qui provenait de la suite d’5elen"



Par la porte ouverte, elle vit cette derni%re étendue sur le sol,

inconsciente" genouillée pr%s d’elle, !heresa Kamon leva les

&eux, horrifiée, tandis qu’*mma pénétrait dans la pi%ce"

3 Je l’ai trouvée comme -a lorsque e lui ai apporté son petit

déeuner, expliqua't'elle" Je crois qu’elle ne respire plus" 3 Je vais appeler les secours, annon-a *mma en se dirigeant vers

le téléphone"

lors qu’elle composait le numéro des urgences, sh arriva à son

tour"

3 Gue s’est'il passé >

#%s qu’elle eut raccroché, elle s’empressa de le reoindre, tandis

qu’il s’agenouillait pr%s d’5elen" 3 *st'ce qu’elle est)

3 Je sens son pouls, mais il est faible, dit'il l’air sombre"(ombien de temps avant que l’ambulance n’arrive >

3 #ix minutes, environ" *lle est en route"

3 Je ne sais pas si ce sera suffisamment rapide"

0l vérifia son pouls une nouvelle fois"

3 ccroche'toi, grand'm%re, murmura't'il" es secours seront bient/t là"

B B B

es secouristes arriv%rent au bout de huit minutes, suivis de pr%s

par Maris" e visage aussi sombre que celui d’sh, elle vérifia lessignes vitaux d’5elen" Puis, apr%s qu’ils eurent installé cette

derni%re dans l’ambulance, elle monta à son tour dans le véhiculeafin de faire le chemin avec elle usqu’à l’h/pital"

3 Je téléphone d%s que ’ai du nouveau, promit'elle"

=ne fois que le véhicule eut disparu au bout de l’allée, *mma se

tourna vers sh"

3 Je suis tellement désolée" Gue crois'tu qu’il soit arrivé >

3 Je n’en sais rien" *lle n’a peut'2tre pas supporté toute

l’excitation occasionnée par la f2te"

3 (’est une dure à cuire, aouta't'elle" *lle va s’en sortir"

3 Pas cette fois'ci, répliqua't'il en hochant la t2te" M2me grand'



m%re a ses limites"

*mma posa la main sur son bras"

3 sh) elle n’a pas encore changé son testament"

3 Je sais, répondit'il, le regard sombre, tandis qu’il baissait les

&eux vers elle" Mais e n’ai pas le temps de me préoccuper de cela, pour le moment" 0l faut que ’aille à l’h/pital"

B B B

*mma passa la ournée à surveiller le netto&age de la f2te" sh lui

passa un coup de téléphone pour l’informer que l’état d’5elen

était critique" (omme elle avait souffert d’une autre attaque

foudro&ante, les médecins ne pensaient pas qu’elle & survivrait" *mma ne pouvait s’emp2cher de penser à quel point sa rechute

avait réintégré sh dans la famille" ’inquiétude sur son visage,lorsqu’il l’avait vue étendue sur le sol, était indéniable"

*videmment, sa réaction était parfaitement normale" Peu importe à

quel point cette femme était cruelle et vindicative, elle n’en restait

pas moins sa grand'm%re" 4a chair et son sang" *n fait, ce n’était

pas son attitude qui la contrariait, mais le fait de savoir qu’au caso6 elle mourrait, il allait hériter de tout" *lle se demandait si cela

allait changer quoi que ce soit à ce qu’il éprouvait pour elle"

4’en voulant de songer aux conséquences de la mort d’5elen,

alors que celle'ci était encore bien vivante, elle s’empressa de

chasser ces pensées de son esprit" #’autant qu’5elen était une battante et que s’il & avait bien une personne capable de surmonter

ceci, c’était elle" Plus tard, cet apr%s'midi'là, elle appela l’h/pital puis reoignit son

p%re pour d.ner" 0ls évoqu%rent un peu ce qui était arrivé à 5elen,

mais la maeure partie du repas fut maussade et silencieuse" *mma

ne s’attarda pas et repartit aussit/t apr%s, pressée de rentrer au

manoir au cas o6 sh serait revenu"

(omme elle sortait du bois, elle eta machinalement un coup

d’9il en direction du pavillon et aper-ut la lueur orange d’une

cigarette" 4on c9ur s’emballa aussit/t"

0l faisait si sombre à l’intérieur qu’elle pouvait à peine distinguer



la silhouette qui s’& tenait" #e dos, l’homme regardait fixement

l’obscurité devant lui"

3 sh"

*lle s’approcha et posa la main sur son épaule"

(omme il venait recouvrir sa main de la sienne, elle soupiralonguement"

3 Je ne savais pas que tu étais revenu" (omment va 5elen >

3 *lle est morte il & a presque une heure, répondit Hesle& en

resserrant les doigts autour du poignet d’*mma" *t maintenant,

votre cher sh est un homme extr2mement riche"

lors qu’elle tentait de reculer, il la retint fermement et se

retourna face à elle" *lle ne parvenait pas à voir son visage, maisson regard, qui brillait dans le noir, avait quelque chose de

sauvage" 4’effor-ant de ne pas paniquer, elle se rappela qu’il ne savait pas

qu’elle connaissait toute la vérité au suet d’sh" *lle réussirait

probablement à se sortir de cette situation en bluffant"

3 Je suis désolée pour votre m%re"

0l éclata de rire" 3 Personne n’est désolé pour elle"

3 (’est faux)

3 *mma, fit'il en secouant la t2te" 8ous ne comprene; touours

pas, pas vrai >

3 #e quoi parle;'vous > *lle essa&a une nouvelle fois de s’éloigner de lui, mais il refusait

touours de la laisser partir" 3 Je vous en prie, l$che;'moi" 8ous me faites mal"

3 8raiment >

0l desserra alors ses doigts et /ta sa main"

3 8oilà" 8ous 2tes libre comme l’air"

Mais elle savait qu’il valait mieux ne pas se mettre à courir, pas

tant qu’elle n’avait pas une meilleure chance de parvenir à

s’enfuir" *lle voulait encore croire à la possibilité de réussir à

sortir d’ici en discutant"

3 I6 est sh > demanda't'elle avec désinvolture"



3 *ncore à l’h/pital, avec les autres" 0l se défend bien, e dois

dire, il est déà en train de prendre la situation en main" 8ous

devrie; le voir" 0l se comporte comme un vrai (orbett"

*lle ne répondit rien, trop occupée à chercher le mo&en de lui

échapper" 3 *ncore un our ou deux, et ’aurais été à sa place, dit'il" (’est

stupéfiant de voir à quel point tout peut basculer en un claquement

de doigts"

3 es choses ne sont pas forcées de changer, fit'elle remarquer"

sh ne s’intéresse pas à (orbett *ntreprises, mais uniquement à

l’argent"

3 Ne so&e; pas naSve" *tre à la t2te de la compagnie lui permettra d’obtenir ce que tout le monde désire" e pouvoir" Gui

ne serait pas intéressé par cela > 3 sh)

3 0l est comme les autres, s’écria Hesle& d’une voix rageuse"

(’est un (orbett, *mma" Kien ne changera cela"

e c9ur de cette derni%re s’accéléra face au ton mena-ant de sa

voix" 3 *xcepté) qu’il n’est pas réellement un (orbett, n’est'ce pas >

murmura't'elle"

3 8ous 2tes donc au courant > s’étonna't'il en éclatant de rire"

8ous n’imagine; tout de m2me pas que e suis aussi stupide, si >

7ien sFr que c’est sh" Je vous l’ai dit l’autre our, ’ai su qui ilétait d%s l’instant o6 ’ai posé les &eux sur lui" Peu importe le nom

par lequel il se fait appeler" 3 lors pourquoi)

3 Pourquoi l’ai'e engagé pour faire semblant d’2tre lui'm2me >

8ous connaisse; la réponse à cette question" fin qu’il puisse

amener M%re à changer son testament"

3 8ous n’allie; donc pas le laisser repartir, e me trompe >

3 (’est uniquement maintenant que vous commence; à

comprendre" Je crois que vous n’ave; pas encore compl%tement

réalisé quel était votre r/le dans toute cette histoire"

3 #e quoi parle;'vous > le questionna't'elle en essa&ant de se



rapprocher peu à peu de la porte"

3 8ous cro&e; vraiment que nous nous sommes croisés par

hasard ce our'là, dans le hall de votre lieu de travail > Je

connaissais l’adresse de votre appartement et celle de votre

bureau" *t e savais que si e réussissais à vous faire revenir audomaine, il ne tarderait pas à suivre"

3 lors vous m’ave; utilisée pour l’atteindre, murmura't'elle

d’une voix tremblante"

3 (’était en effet la principale raison pour laquelle e souhaitais

votre retour" *h oui, *mma)

0l marqua une pause et leva la main pour lui caresser la oue"

3 Je vous ai à l’9il depuis des années" 4a peau brFlait sous ses doigts et elle s’écarta brusquement de lui"

0l l’attrapa alors par le bras et la souleva contre le mur" 4es &eux brillaient dans l’obscurité, et son souffle était chaud contre son

visage"

3 aisse;'moi partir, exigea't'elle en essa&ant de détourner la

t2te"

3 0mpossible" 8ous posséde; une chose dont ’ai besoin" 3 rr2te;)

3 8ous pouve; me donner du pouvoir" e genre de pouvoir 3

unique 3 que l’argent ne peut pas acheter, ce que seul quelqu’un

comme vous peut comprendre, contrairement à Mar& et à toutes

les autres" !andis qu’*mma commen-ait à saisir le véritable sens de ses

paroles, un sentiment d’horreur l’envahit" (’était lui, réalisa't'elle" Hesle& était l’auteur des meurtres en série"

*t voilà qu’il prévo&ait de faire d’elle sa prochaine victime"

Maintenue fermement contre le mur, elle fut incapable de bouger

et de crier tandis que des larmes ruisselaient le long de ses oues"

Ne aites pas a 1 le supplia't'elle silencieusement, m2me s’il

semblait évident qu’il ne restait plus une once de compassion en

lui"

(’est alors qu’elle sentit la pointe d’une aiguille s’enfoncer dans

son bras" 4es genoux céd%rent" Puis tout devint noir autour d’elle"



B B B

orsqu’elle se réveilla, elle se trouvait touours dans une profonde

obscurité" es événements lui revinrent peu à peu à la mémoire, et

elle sut soudain exactement o6 elle se trouvait : dans la vieilleéglise de 4hell 0sland" Hesle& l’avait l’allongée sur une sorte

d’autel" *t elle comprenait, à présent, que la terrible sensation

qu’elle avait éprouvée, des années plus t/t, alors qu’elle se tenait

sur les marches, n’avait rien à voir avec les autres victimes" 4a

prémonition concernait sa propre mort"

(omme elle tentait de remuer les bras et les ambes, elle se rendit

compte qu’elle n’était pas ligotée" Mais lorsqu’elle tenta de selever, elle fut aussit/t prise de vertiges à cause des effets

secondaires de la drogue qui lui avait été administrée" (hancelante, elle se dirigea tant bien que mal vers l’entrée,

malgré la pi%ce qui tourno&ait furieusement devant ses &eux" fin

de s’équilibrer, elle tendit les bras devant elle et, au bout de

quelques secondes, commen-a à se sentir plus forte"

pr%s un ultime faux pas, elle atterrit enfin contre la porte" songrand désarroi, elle constata que celle'ci était fermée à clé" !andis

qu’elle pivotait sur ses talons, son regard s’illumina en se posant

sur les longues fen2tres" 4i elle parvenait à trouver un obet sur

lequel se hisser, elle pourrait facilement les atteindre"

7ien qu’elle eFt encore la t2te qui tourne, elle parvint à tra.nerl’un des vieux bancs et grimpa dessus" Mais comme elle s’affairait

à débla&er les débris de verre à l’aide du pan de son chemisier, ellese dit que c’était un peu trop facile" I6 était Hesle& > Pourquoi ne

l’avait'il pas ligotée > s’interrogea't'elle" 0l devait forcément

savoir que d%s l’instant o6 elle reprendrait connaissance, elle

tenterait de s’échapper"

4auf s’il pensait que la drogue allait faire effet plus longtemps, se

dit'elle"

bsorbée dans ses pensées, elle sursauta soudain en entendant le

bruit d’une clé dans la serrure" (omprenant qu’elle n’aurait pas le

temps de sortir par la fen2tre sans qu’il la voie et la rattrape, elle



décida qu’elle avait besoin de davantage de temps"

*lle se h$ta donc de descendre du banc et retourna

précipitamment s’allonger sur l’autel de fortune"

es &eux fermés, elle entendit la porte se refermer en claquant,

puis des pas sur le sol en pierre, avant de sentir Hesle& penché au'dessus d’elle tandis qu’une lame de couteau effleurait sa gorge"

’espace d’un instant, elle se revit dans son appartement, à

#allas, son assaillant allongé sur elle, en train de lui arracher ses

v2tements" *t la m2me terreur impuissante la submergea au

contact du couteau contre son cou"

lors que Hesle& demeurait au'dessus d’elle, elle leva la main

d’un geste brusque et lui taillada le visage à l’aide du débris deverre qu’elle avait récupéré pr%s de la fen2tre"

4urpris, il trébucha en arri%re, tandis que du sang aillissait entreses doigts qu’il tenait plaqués sur sa oue"

4’empressant de descendre de l’autel, *mma se précipita en

courant vers la porte" *lle était encore lég%rement chancelante

mais, fort heureusement, l’effet de la drogue commen-ait peu à

peu à se dissiper" =ne seule pensée l’obsédait : atteindre la poignée à tout prix"

orsqu’elle parvint enfin à sortir de l’église, elle fut frappée de

plein fouet par l’air frais de la nuit" &ant les idées un peu plus

claires, elle hésita un instant, puis se précipita en direction de la

plage" B B B

#%s qu’elle eut atteint le bateau, au bord de la etée, elle rampa à

l’intérieur, s’effor-ant désespérément de trouver la clé pour le faire

démarrer ou bien une arme" Ne parvenant à dénicher ni l’une ni

l’autre, elle se contenta de s’emparer d’une lourde lampe de poche

et s’& cramponna de toutes ses forces tandis qu’elle redescendait

de l’embarcation"

=n grand bruit dans les broussailles la fit alors sursauter" Hesle&

se rapprochait rapidement d’elle" Nul doute qu’il allait commencer

par eter un 9il à l’intérieur du bateau" *t s’il ne l’& trouvait pas, il



n’allait pas en rester là" ’.le était minuscule et il n’& avait aucun

mo&en d’en partir" 0l la traquerait usqu’à ce qu’il finisse par

mettre la main sur elle" 4on unique solution était de se cacher là o6

elle pourrait le prendre par surprise"

*vitant le chemin principal, elle retourna à la maison que ane&et elle avaient explorée le our o6 elles étaient venues sur 4hell

0sland" Peu rassurée en entendant les planches craquer de mani%re

inquiétante au moment o6 elle franchit la porte, elle avait

conscience qu’un plus grand danger encore était tapi à l’extérieur"

4e pressant contre le mur, elle s’effor-a de contr/ler sa

respiration"

0l ne s’écoula que quelques minutes avant qu’elle n’entende des bruits de pas sur le porche" =n instant plus tard, la porte s’ouvrit"

4’armant de courage, elle patienta usqu’à ce que Hesle& soit àl’intérieur avant de lui assener un coup de lampe torche sur la t2te,

de toutes ses forces"

lors qu’il atterrissait lourdement sur le sol avec un grognement,

Hesle& l’attrapa par le pied et l’entra.na dans sa chute" 5aletante,

elle se retourna et vit le sang ruisseler de son visage" 3 *sp%ce de garce, cracha't'il en la tirant vers lui"

orsqu’elle le frappa une nouvelle fois au visage, il rel$cha sa

cheville" !ant bien que mal, elle s’éloigna de lui avant de se

relever d’un bond pour s’enfuir en courant dans le couloir, en

direction de l’une des pi%ces situées à l’arri%re de la maison"Malheureusement, alors qu’elle tentait de refermer la porte

derri%re elle, elle constata qu’il était déà sur ses talons, en train delui bloquer le passage" Kepoussant la porte d’un geste brusque, il

demeura un instant immobile, l’air mena-ant, dans l’encadrement"

Jetant frénétiquement un coup d’9il autour d’elle, elle constata

qu’il n’& avait qu’une seule fen2tre et qu’il en était plus proche

qu’elle"

*lle était piégée, et il éclata de rire, avant de se diriger lentement

vers elle, la lame du couteau brillant dans sa main"

3 !u poss%des une chose dont ’ai besoin, *mma" (omme toutes

les autres"



3 Ne faites pas -a, murmura't'elle"

3 0l le faut" (’est comme l’argent" =ne fois qu’on & a goFté, on

n’en a amais asse;" Mar& était ma premi%re" *t tu seras ma

derni%re" #u moins pour un petit moment"

(omme il traversait la pi%ce, les planches craqu%rent fortementsous ses pieds avant de céder brusquement" 4tupéfaite, elle le

regarda avec incrédulité passer à travers le plancher" *lle eut envie

de pousser un soupir de soulagement, mais constata qu’il était déà

en train de se hisser à la surface, les &eux flambo&ants de rage"

4e h$tant de sortir, elle se mit à courir le long du couloir" Hesle&

était déà sur ses traces, comme si sa soif de sang le rendait

invincible" orsqu’il la rattrapa sous le porche, elle se débattit de toutes ses

forces, mais, m2me blessé et le visage en sang, il parvint encore àla dominer" 0l la eta violemment sur les marches" *n heurtant le

sol, elle entendit quelque chose se casser net avant de sentir une

douleur fulgurante aillir le long de sa ambe"

*lle essa&a de se lever mais en vain, tenta de s’enfuir en rampant,

mais il se tenait déà au'dessus d’elle" e sang de son visage coulasur le sien comme il l’attrapait par les cheveux"

3 !u n’as pas idée à quel point cela va me plaire, dit'il"

3 Hesle& C

4urprise, *mma redressa la t2te"

3 *loigne'toi d’elle C cria une voix dans l’obscurité" Hesle& marqua une pause l’espace d’une seconde, puis

commen-a à abaisser le couteau vers elle" =n coup de feu retentit alors, suivi d’un second" Hesle& s’écroula

en arri%re sans un bruit"

sh reoignit précipitamment *mma et s’agenouilla à c/té d’elle"

Jetant les bras autour de son cou, elle le serra fort, incapable de

prononcer le moindre mot pendant un long moment"

3 a va, murmura't'il" !out est fini, la rassura't'il en lui

caressant les cheveux" Je vais te conduire à l’h/pital"

3 Je crois que ’ai la ambe cassée, parvint'elle finalement à

articuler" Mais e ne me suis pas laissé faire, dit'elle furieusement"



Je n’allais pas mourir sans me battre"

3 !u as été formidable, fit'il en la soulevant"

*mma enroula les bras autour de son cou et demanda :

3 (omment as'tu su que ’étais ici >

3 orsque e ne t’ai pas trouvée au manoir, ’ai été envahi d’uneétrange sensation de peur" J’ai également cherché Hesle&" *n

constatant que son bateau n’était plus là, ’ai eu la forte impression

qu’il t’avait amenée ici"

3 !u as eu un pressentiment, fit'elle remarquer"

3 Je savais simplement que tu étais en danger, répondit'il" *t

qu’il fallait absolument que e te retrouve car e ne pourrais pas

vivre le reste de ma vie sans toi" 3 Moi non plus, murmura't'elle"

=n moment plus tard, ils étaient en route pour le continent à borddu bateau" llongée sur le sol, *mma ne quittait pas sh des &eux"

#e temps à autre, il etait un 9il vers elle pour s’assurer qu’elle

allait bien"

*lle n’arrivait touours pas à croire à tout ce qui s’était passé"

5elen et Hesle& étaient morts" *t sh se retrouvait à présent à lat2te de la fortune des (orbett"

!outefois, ce ne fut que beaucoup plus tard, à l’h/pital, qu’elle

put s’entretenir avec lui, de mani%re cohérente, au suet de leur

avenir" a ambe immobilisée dans un pl$tre, elle flottait

confortablement dans un brouillard d’antidouleurs" ssis sur le rebord de son lit, il lui tenait tendrement la main"

#epuis qu’il l’avait ramenée de l’.le, il n’avait pas quitté sonchevet"

3 !u vas devoir faire face à de nombreuses responsabilités, à

présent, fit'elle remarquer" Je veux que tu saches que e

comprendrais si tu) si les choses devaient changer entre nous"

3 (es responsabilités, e n’en ai amais voulu, expliqua't'il en lui

serrant la main"

3 Mais tu ne peux pas simplement les fuir" !rop de gens

comptent sur toi"

3 Je m’en rends compte" *t ’agirai en conséquence" Mais peu



importe ce qui se passe, e veux que tu sois à mes c/tés, *mma"

4ans toi, e n’& arriverai pas"

*lle leva la main pour caresser son visage"

3 Je ne parviens touours pas à croire que tu es ici, que nous

sommes ensemble" J’ai peur de me réveiller et de découvrir que cen’était qu’un r2ve"

0l se pencha et l’embrassa"

3 Guand tu ouvriras les &eux, e serai encore là" Plus amais e ne

te quitterai" Je t’aime trop pour -a" Je ne sais pas comment ’ai fait

pour vivre sans toi durant toutes ces années"

3 Je t’aime aussi, murmura't'elle" Mes sentiments pour toi n’ont

amais changé" Je t’aimerai touours" pr%s un moment de silence, elle finit par s’endormir" *lle r2va

d’sh, de leur avenir ensemble, d’un mariage en automne, de lanaissance d’une magnifique petite fille, de NoYl, d’anniversaires et

de noces d’or, f2tées en compagnie de leurs petits'enfants et de

leurs arri%re'petits'enfants"

Guand elle se réveilla enfin, sh était à c/té d’elle, comme il le

lui avait promis"



Titre original 8 #I=7* 0<*

Traduction ranaise 8 8N*44 =(NI!

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est une marque déposée par le Qroupe 5arlequin 7(E KI4*Z

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Photos de couverture

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Pa&sage : [ Q*!! 0MQ*4\ <0(EK K<

Kéalisation graphique couverture : *" (I=K!*(=044* ]5arlequin 4^

[ LAAU, Maril&n Medloc+ mann" [ LAAV, LA1R, 5arlequin 4""

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Amanda Stevens - Troublante Imposture

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