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Allocution de M. Eric STRAUMANN

Président du Conseil Départemental du Haut-Rhin Séance publique du 2 avril 2015

Mes chers collègues, élus départementaux et nationaux, Mes chers amis, Je vous remercie très chaleureusement de la confiance que vous avez bien voulu me témoigner, en m'élisant à la présidence du premier Conseil Départemental du Haut-Rhin. Je suis évidemment très heureux de cette élection et m'évertuerai à en être à la hauteur. J’en suis d’autant plus fier que s’ouvre aujourd’hui, grâce aux binômes que vous constituez, une page décisive de l’engagement des femmes dans la vie politique départementale. Il est de tradition en pareille circonstance, à la fois, de souligner l'honneur qu'il est fait d'assumer une telle fonction, et de mettre en exergue l'ampleur de la tâche qu'il incombe désormais de réaliser. Sachez que je n'ai jamais cherché le premier et que je ne redoute absolument pas la seconde.

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En fait, cette élection s'inscrit, je crois, dans un parcours personnel et humain. Je tiens d’ailleurs à remercier du fond du cœur, tous ceux qui ont soutenu ma démarche, sans qui je n’aurais sans doute pas la chance de m’exprimer devant vous aujourd’hui. Car contrairement à ce qui a pu être écrit ici ou là, tout ne m’a pas toujours réussi du premier coup. Heureusement d’ailleurs, car plus la réussite est aisée, plus elle rend parfois aveugle. J’ai d’ailleurs souvent pu vérifier l’adage selon lequel « on apprend plus de ses échecs que de ses victoires ». Ainsi, je ne l’oublie pas, j’ai débuté ma carrière politique en 1998 par une défaite, en l’occurrence contre Constant GOERG qui allait devenir Président du Conseil Général quelques jours plus tard. Je tiens d’ailleurs à le saluer ici très chaleureusement, ainsi que deux autres anciens Présidents, Henry GOETSCHY et Jean-Jacques WEBER, qui nous font également l’honneur de leur présence A partir de 2001, devenu maire de HOUSSEN, c’est l’apprentissage de la gestion d’une cité qui s’est imposé à moi. Celui des satisfactions notamment humaines qu’on en retire, mais aussi et surtout, celui des difficultés et des réalités auxquelles on se trouve confronté. Je pense cependant pouvoir dire qu’en quittant ce mandat 13 ans plus tard, j’ai laissé à mon successeur une commune totalement transformée et ce, quasiment sans le moindre endettement.

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Les campagnes électorales suivantes se sont avérées, elles aussi, particulièrement riches en enseignements pour moi. Ainsi, en 2004, lors des élections cantonales remportées contre cinq autres maires, j’ai appris que l’on pouvait être des concurrents sans pour autant être des ennemis et que, très vite, l’esprit de collaboration l’emportait sur l’esprit de compétition. Trois ans plus tard, en 2007, grâce à la confiance accordée par plus de deux tiers des électeurs, la chance m’a été donnée de représenter la 1ère circonscription du Haut-Rhin à l’Assemblée nationale et, ainsi, de découvrir les arcanes de la vie politique nationale, avec ses codes et ses règles. J’adore mon activité de parlementaire et je me suis engagé dans le deuxième mandat comme je l’ai fait dans le premier, avec beaucoup de passion et de détermination. Alors, certains se demanderont sans doute « mais pourquoi donc s’embarquer dans cette présidence du Conseil départemental ? ». Je leur répondrai que notre collectivité (dont je rappelle qu’au début 2014, elle était encore destinée à disparaître du paysage institutionnel) arrive à un tournant décisif de son histoire vieille de plus de 220 ans.

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Nous devrions connaître d’ici fin juin, l’étendue précise de ses missions. A partir de 2016, il faudra négocier les modalités financières et humaines du transfert des compétences vers la méga région. Or, je pense que mon statut et mon expérience de député seront de nature à donner à notre Département, le poids politique dont il aura besoin dans les négociations qui s’ouvriront avec les autres collectivités et le Gouvernement. Il est un lieu commun de dénoncer le cumul, mais je constate en pratique qu’à Paris, un président de collectivité est invisible et inaudible s’il n’est pas parlementaire. Le bateau « Département » va pénétrer dans une zone de tempête et je souhaite qu’il la traverse dans les meilleures conditions possibles. J'aborde donc ce mandat, certes avec humilité, mais également animé par une force, celle d’avoir été élu en compagnie de Brigitte KLINKERT avec le meilleur score à l’échelle régionale, et par une volonté inébranlable, celle de retrouver la prospérité d'une Alsace à l'histoire si singulière au sein de la République. Une Alsace dont les habitants vivent en harmonie entre eux et avec leur environnement. Une Alsace où chacun trouve sa place et un emploi. Une Alsace ouverte sur le monde, mais sûre de ses valeurs. Une Alsace maîtresse de son destin.

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L'échec du référendum du 7 avril 2013 a été pour moi une blessure profonde, car il a empêché la construction de cet « idéal ». Un tel échec relève forcément d'une responsabilité collective, une responsabilité dans laquelle, moi aussi, je m’inscris, notamment au travers de ces lourdes modalités juridiques que j’avais votées à Paris, mais qui se sont avérées insurmontables ici. En toute honnêteté, je pense donc que mon prédécesseur, Charles BUTTNER a été trop vite et trop facilement désigné comme seul bouc émissaire de cet échec. A cet égard, vous le savez, je n’ai pas toujours partagé les options stratégiques de mon prédécesseur. Mais n’oublions pas qu’il a du gérer, durant les dix dernières années, le « nœud gordien» de l’érosion constante et progressive de nos marges de manœuvre, en raison de la baisse de nos ressources et de l’explosion des dépenses sociales. C’est pourquoi, je tiens ici et maintenant, au nom des anciens élus du Conseil Général, à saluer l’énergie que Charles BUTTNER a consacrée au service de notre Département. Outre l’échec du référendum de 2013, un autre moment qui m’a été tout particulièrement douloureux à vivre, a été la disparition de l'Alsace en tant que collectivité. Les parlementaires alsaciens se seront battus jusqu'au bout, pour mettre en échec ce funeste découpage. Mais les termes de la Constitution de la Vème République, inspirée par le Général de Gaulle, ont fait que c'est la majorité qui commande.

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Les élus socialistes alsaciens en ont durement payé le prix lors des ces élections départementales. Telle a été la sanction infligée par les électeurs alsaciens qui se sentaient méprisés parce que non consultés sur la disparition de leur région. Un autre élément important du dernier scrutin départemental a d’ailleurs été le score historique d'Unser Land, un score à travers lequel les Alsaciens ont tenu à délivrer un message que le Gouvernement se doit absolument d’entendre. J'ai toujours dit que les intentions d'Unser Land étaient totalement légitimes et qu’il était parfaitement possible, d’un point de vue juridique, que l'Alsace retrouve ses contours administratifs actuels. Mais cette décision appartient dans nos institutions au Parlement, et en définitive à l'Assemblée nationale. La pétition qui circule actuellement et qui renvoit à l'article L1112-16 du Code Général des Collectivités Territoriales, ne peut avoir cette vocation. Il suffit de prendre le temps de lire cet article pour en être convaincu. On a également entendu dire que notre Département était en faillite. Nous avions à la fin de l’année 2014, plus de 60 M€ de trésorerie dans nos caisses. Mais il ne faut pas se laisser abuser par ce montant qui n’est que le résultat d’un report financier. Je vous rappellerai ici un seul chiffre : dans le budget 2015, nous n’avons viré que 3 M€ du budget de fonctionnement vers le budget d’investissement !

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Tous les Conseils Départementaux de France connaîtront des difficultés budgétaires sans précédent. Cette institution est en effet confrontée à un problème de modèle économique qui est lié à deux éléments : un facteur exogène, à savoir celui du chômage que nous ne maîtrisons pas et qui va impacter le niveau du RSA, et une certitude, celle de l’augmentation de l’espérance de vie qui va entraîner celle du coût de la dépendance. Si la situation de l’emploi ne s’améliore pas et si la question du financement de la dépendance n’est pas assurée au niveau national, je le répète, TOUS les Départements seront inévitablement en situation de crise financière à très court terme. Nous devons donc impérativement poursuivre et même accentuer le travail de recherche d’économies, ainsi que celui qui consistera à dégager des marges de manœuvre financières, afin de pouvoir continuer à financer des équipements et, ainsi, de maintenir l’activité économique et l’emploi. Ce travail se fera notamment en lien étroit avec le Département du Bas-Rhin qui présente la même structure financière que la nôtre. On le voit, l’heure doit être plus que jamais à l’unité des Alsaciens. C’est pour cette raison que je souhaite aujourd’hui plus que tout, mettre un terme à cette rivalité absurde qui semble opposer les Haut-Rhinois et les Bas-Rhinois, et qui ne peut au final que nous affaiblir.

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Je me suis d’ores et déjà entretenu avec celui qui vient probablement, à l’heure qu’il est, d’être élu Président du Conseil Départemental du Bas-Rhin, à savoir Frédéric Bierry, et nous avons décidé de partager certaines convictions fortes qui orienteront nos actions à venir. Il s’agira d’abord de relancer et de renforcer la coopération entre nos deux Départements, ceci afin d’aboutir à un rapprochement de nos politiques respectives et donc, à la fois, à une optimisation des dépenses publiques et à une meilleure visibilité de nos actions aux yeux de nos concitoyens. Nous proposerons notamment une convergence de notre politique d'aide aux collectivités locales et aux tiers. Il s’agira aussi et surtout, de défendre ENSEMBLE les intérêts de l’Alsace, tout particulièrement dans le cadre des prochaines discussions et négociations à mener en vue de la création de la méga région. Car ce sont désormais bel et bien nos deux Départements qui seront, à la fois, les derniers remparts face aux volontés gouvernementales de dilution de notre région, et les derniers garants de nos spécificités culturelles, mais aussi de nos atouts économiques.

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A cet égard, il conviendra évidemment d’intensifier encore et toujours, nos relations avec nos partenaires allemands et suisses dont la proximité ne peut que contribuer au développement économique de notre département, et donc, à la situation de l’emploi. Ne nous le cachons pas, chers collègues, notre tâche sera ardue, mais elle sera avant tout passionnante car essentielle pour le développement de nos territoires et pour le « mieux-vivre » de nos concitoyens. Je sais pouvoir compter sur une majorité solide, sur des engagements fidèles et sur un niveau d’exigence que nous avons tous en commun, et c’est bien là l’essentiel à mes yeux. Je sais également pouvoir compter sur une administration performante, composée de collaborateurs compétents et dévoués. Je tiens absolument à délivrer aujourd’hui, en réponse à leurs légitimes inquiétudes face aux diverses réformes en cours, un message de foi en l’avenir et en notre potentiel à exercer avec efficacité, l’ensemble de nos missions. Je vous remercie une nouvelle fois de votre confiance, et vous propose de passer à la suite de l’ordre du jour de cette première réunion de notre nouvelle assemblée.