Alfred Hitchcock 14 Le dragon qui éternuait 1970

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Transcript of Alfred Hitchcock 14 Le dragon qui éternuait 1970

Alfred Hitchcock 04 La momie qui chuchotait 1965

LE DRAGON QUI ETERNUAIT par Alfred HITCHCOCKLES chiens de Seaside disparaissent les uns aprs les autres. En se lanant leur recherche, Hannibal, Bob et Peter, les Trois jeunes dtectives, sont loin d'imaginer que ces chiens cachent... de srieux os .Ils rencontrent tour tour un sinistre individu qui les menace, un joyeux plaisantin qui se paie leur tte... et un curieux dragon qui semble enrhum.Malgr leur peur, les trois garons sont tenaces.Hannibal, en particulier, ne veut aucun prix renoncer dbrouiller le mystre de l'trange dragon qui ternue... Pour cela il faut essayer, par force ou par ruse, de pntrer dans sa caverne. Ce que vont tenter le faire les Trois jeunes dtectives que rien ne saurait arrter... sauf, peut-tre, les remarques pleines d'humour de leur matre Alfred Hitchcock.

DU MME AUTEUR

Liste des volumes en version franaiseLes titres 1. Quatre Mystres (Alfred Hitchcocks solve-them-yourself mysteries ? )2. Au rendez-vous des revenants (The Secret of Terror Castle, Robert Arthur, 1964)

3. Le perroquet qui bgayait (The Mystery of the Stuttering Parrot, Robert Arthur, 1964)

4. La momie qui chuchotait (The Mystery of the Whispering Mummy, Robert Arthur, 1965)

5. Le Chinois qui verdissait (The Mystery of the Green Ghost, Robert Arthur, 1965)

6. Larc en ciel pris la fuite 7. Le spectre des chevaux de bois (The Secret of Skeleton Island, Robert Arthur, 1966)

8. Treize bustes pour Auguste (The Mystery of the Fiery Eye, Robert Arthur, 1967)

9. Une araigne appele rgner (The Mystery of the Silver Spider, Robert Arthur, 1967)

10. Les douze pendules de Thodule (The Mystery of the Screaming Clock, Robert Arthur, 1968)

11. Le trombone du diable (The Mystery of the Moaning Cave, William Arden, 1968)

12. Le crne qui crnait (The Mystery of the Talking Skull, Robert Arthur et William Arden, 1969)

13. Lombre qui clairait tout (The Mystery of the Laughing Shadow, William Arden, 1969)

14. Le dragon qui ternuait (The mystery of the coughing dragon, Nick West, 1970)

15. Le chat qui clignait de l'oeil (The Secret of the Crooked Cat, William Arden, 1970)

16. Laigle qui navait plus quune tte (The Mystery of the Flaming Footprints, M V Carey, 1971)

17. Le lion qui claquait des dents (The Mystery of the Nervous Lion, Nick West, 1971)

18. Le serpent qui fredonnait (The Mystery of the Singing Serpent, M V Carey, 1971)

19. Le tableau se met table (The Mystery of the Shrinking House, William Arden, 1972)

20. Le journal qui s'effeuillait (The Secret of Phantom Lake, William Arden, 1972)

21. Linsaisissable home des neiges (The Mystery of Monster Mountain, M V Carey, 1972)

22. Le miroir qui glaait (The Secret of the Haunted Mirror, M V Carey, 1972)

23. Le testament nigmatique (The Mystery of the Dead Man's Riddle, William Arden, 1972)

24. La Mine qui ne payait pas de mine (The Mystery of Death Trap Mine, M V Carey, 1976)

25. Le dmon qui dansait la gigue (The Mystery of the Dancing Devil, William Arden, 1976)

26. Lpe qui se tirait (Mystery of the Headless Horse, William Arden, 1977)

27. Lditeur qui mditait (The Mystery of the Magic Circle, M V Carey, 1977)

28. La Saisie des sosies (The Mystery of the Deadly Double, William Arden, 1978)

29. Lpouvantable pouvantail (The Mystery of the Sinister Scarecrow, M V Carey, 1979)

30. le requin qui resquillait (The Secret of Shark Reef, William Arden, 1979)

31. Laveugle qui en mettait plein la vue (The Mystery of the Scar-Faced Beggar, M V Carey, 1981) 32. Le flibustier pirat (The Mystery of the Purple Pirate, William Arden, 1982)

33. La baleine emballe (The Mystery of the Kidnapped Whale, M V Carey, 1983)

34. Le drakkar hagard (The Mystery of the Creep-Show Crooks, William Arden, 1985)

35. Les caisses la casse (Hot Wheels, William Arden, 1989)

36. Envole, la volaille ! (Murder To Go, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

37. L'nesse qui se pavanait (An Ear For Trouble, Marc Brandel, 1989)

38. Silence, on tue ! (Thriller Diller, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

ALFRED HITCHCOCKLE DRAGON QUI ETERNUAITTEXTE FRANAIS DE CLAUDE VOILIER ILLUSTRATIONS DE JACQUES POIRIER,

HACH ETTE

TABLE

Alfred Hitchcock vous parle

8I. Mystrieux vnements

10II. L'horreur vient de la mer

19III. Epouvantails d'accueil

2IV. De surprise en surprise

39V. Les ennuis commencent

47VI. La caverne du dragon

52VII. Bob en pril

58VIII. Une chaude alerte

65IX. All! Ici, un revenant

75X. Maldiction sur Seaside

80XI. Le dragon

89XII. Fuite dans la nuit

99XIII. Une mauvaise plaisanterie

107XIV. La chasse au dragon

119XV. Questions et rponses

126XVI. Face au danger!

137XVII. L'ancien tunnel

148XVIII. Pris au pige

161XIX. Une situation dsespre

167XX. Alfred Hitchcock reoit des confidences

177DU MME AUTEUR.dans la mme collectionL'ARC-EN-CIEL A PRIS LA FUITELE CHINOIS QUI VERDISSAITLE SPECTRE DES CHEVAUX DE BOISUNE ARAIGNE APPELE RGNERLES DOUZE PENDULES DE THODULELE TROMBONE DU DIABLELE DRAGON QUI TERNUAITLE DMON QUI DANSAIT LA GIGUELE CHAT QUI CLIGNAIT DE L'ILL'AIGLE QUI N'AVAIT PLUS QU'UNE TTEL'INSAISISSABLE HOMME DES NEIGESLE JOURNAL QUI S'EFFEUILLAITLE SERPENT QUI FREDONNAITLE PERROQUET QUI BGAYAITLA MINE QUI NE PAYAIT PAS DE MINEAU RENDEZ-VOUS DES REVENANTSLE TESTAMENT NIGMATIQUELE LION QUI CLAQUAIT DES DENTSLE TABLEAU SE MET TABLELE MIROIR QUI GLAAITL'POUVANTABLE POUVANTAILLE REQUIN QUI RESQUILLAITL'OMBRE QUI CLAIRAIT TOUTL'DITION ORIGINALE DE CE ROMAN, RDIGAVEC LA COLLABORATION DE WILLIAM ARDENA PARU EN LANGUE ANGLAISE CHEZ RANDOMHOUSE, NEW YORK, SOUS LE TITRE :THE MYSTERY OF THE COUGHING DRAGON Random House, 1970. Librairie Hachette, 1973.Tous droits de traduction, de reproductionet d'adaptation rservs pour tous pays.hachette, 79, boulevard saint-germain, paris VI

ALFRED HITCHCOCK VOUS PARLE...

bonjour, chers lecteurs! Quelques mots seulement pour vous prsenter les Trois jeunes dtectives, hros de cette nouvelle histoire. Si vous les avez dj rencontrs, inutile de lire cette introduction. Sautez vite au chapitre premier!Nos trois amis ont constitu une sorte de firme spcialise dans les enqutes. Tout amateurs qu'ils soient, les Trois dtectives sont assez habiles pour atteindre leur but : dbrouiller les mystres qui s'offrent eux.De son propre aveu (il n'est gure modeste) Hannibal Jones est le chef et le cerveau du trio. PeterCrentch le costaud de la bande, est toujours heureux quand on fait appel sa force. Bob Andy, lui, se charge des archives et des recherches. A eux trois, Us forment vraiment une excellente quipe.Les Trois jeunes dtectives habitent Rocky, petite ville situe quelques kilomtres de Hollywood, tout prs de l'ocan Pacifique. Leur, quartier gnral n'est autre qu'une vieille caravane dissimule dans un pittoresque bric--brac tenu par Titus et Mathilda Jones, l'oncle et la tante d'Hannibal.A l'intrieur de cette caravane, fort bien amnage^ on trouve un petit bureau, un laboratoire et une chambre noire, sans parler d'un quipement spcial fait d'objets de rebut, adroitement remis en tat par les garons. Plusieurs passages secrets permettent d'accder ce Q.G. non moins secret.Et maintenant que vous voil renseigns, ' je me retire. Lisez vite! Je vous souhaite beaucoup de plaisir.alfred hitchcock

! llji illlCHAPITRE PREMIER

MYSTRIEUX VNEMENTS

CE matin-l, Hannibal Jones avait l'air songeur. Je me demande, murmura-t-il, comment il faudrait nous y prendre pour russir le vol le plus sensationnel jamais commis jusqu'ici dans le pays. Ses deux compagnons firent un bond de surprise. Bob Andy lcha le paquet de cartes de visite qu'il s'apprtait placer sous la presse imprimer. Peter Crentch, occup rparer un vieux poste de radio, eut un geste si brusque que son tournevis drapa. Qu'as-tu dit? s'cria Peter en essayant d'effacer la marque laisse par son tournevis sur te bois du poste.- Je nie demande, rpta Hannibal, comment nous devrions procder pour commettre le vol le plus important jamais tent jusqu'ici dans la rgion! C'est--dire... si nous tions des malfaiteurs. Tant que tu y es, bougonna Peter, tche d'imaginer ce qui nous arriverait si nous tions pinces. J'ai toujours entendu dire que le crime ne payait pas. Bob Andy ramassa les .cartons qu'il avait laiss tomber. Je ne pense pas que nous ferions de bons malfaiteurs, dclara-t-i. Je ne suis mme pas assez malin pour imprimer sans bavure nos cartes de visite. Oh! c'tait juste une ide comme a qui me passait par la tte, expliqua Hannibal. Aprs tout, notre mtier, c'est d'tre dtectives. Alors, si nous pouvions concevoir un vol soigneusement construit, nous n'aurions pas grand mal tirer au clair le mystre lorsqu'il s'offrirait nous. Pour a, il n'y a qu' renverser les rles et nous mettre la place des bandits. Fameuse ide, Babal! approuva Peter. Mais pour le moment c'est dans la peau de l'ancien propritaire de ce poste que je dois me mettre! Il a bricol cet appareil au point que tous les fils sont emmls. Quand j'en aurai fini avec ce truc-l, j'aurais tout mon temps pour te suivre dans tes brillantes lucubrations. Les trois garons, qui s'intitulaient Les Trois jeunes dtectives , se trouvaient dans un coin de l'atelier du Paradis de la brocante, le magasin des Jones. Us passaient l une bonne partie de leur temps, rparer diffrents objets achets bon compte par Titus Jones, l'oncle d'Hannibal. Cela rapportait quelques dollars aux garons. Une partie des profits ainsi raliss constituait leur argent de poche. Le reste servait payer des installations de luxe tel que le tlphone dont tait quipe la caravane-Q.G. des Dtectives.

Peter acheva de serrer un crou puis, triomphant, invita Hannibal contrler son travail. Cette rparation aurait cot au moins trois dollars ton oncle, dclara-t-il. Maintenant, il peut vendre ce poste comme un appareil en bon tat et non comme une vulgaire carcasse. Hannibal sourit. Oncle Titus te paiera, mais auparavant je suggre que tu vrifies si a marche. Sinon, tu n'auras pas un cent, mon vieux! Peter haussa les paules et tourna un bouton. L'appareil crachota, puis un speaker donna les informations. L'enqute relative aux tranges vnements de Seaside continue pitiner. Nous rappelons qu'au cours de la semaine dernire, cinq chiens ont disparu. Leurs propritaires sont trs intrigus... En ce qui concerne la tornade qui a dvast la rgion de... Eteins, Peter! ordonna Hannibal. Vous avez entendu? s'cria Peter en obissant. Cinq chiens ports disparus 1 C'est certainement l'uvre d'un maniaque. Voil l'un de ces malfaiteurs dont Babal parlait tout l'heure, suggra Bob en souriant. Il va kidnapper tous les cabots du coin et, une fois le march court, il les revendra prix d'or. Un moyen patant pour faire fortune! Hannibal restait muet, se contentant de se pincer la lvre infrieure ce qui, chez lui, tait un signe d'intense rflexion. Curieux! finit-il par murmurer. Cinq chiens disparus en une seule semaine! En gnral, quand des chiens ou des chats disparaissent, c'est intervalles irrguliers. Quand je te le disais! s'cria Bob. Il s'agit certainement d'un individu qui veut se rendre matre du march des chiens. Peut-tre a-t-il aussi l'intention d'en faire de la chair saucisse! Hannibal eut un faible sourire. Hypothse admissible. Mais elle n'apporte pas de rponse ma question. Pourquoi cinq chiens disparus en une semaine? Je me demande galement pourquoi personne n'a fait appel nous pour enquter au sujet de ces mystrieuses disparitions. Peut-tre n'ont-elles rien de mystrieux! dit Peter. Il n'est pas rare que des chiens se sauvent de chez eux pour ne rentrer que longtemps aprs. Peter a raison, renchrit Bob. Rien ne prouve que les chiens disparus soient des animaux de valeur. En tout cas, le speaker n'en a pas parl. Il s'agit vraisemblablement de quelconques toutous. Hannibal acquiesa contrecur. Oui, soupira-t-il. Ces disparitions simultanes ne sont sans doute que pure concidence, encore que cette hypothse soit en contradiction avec mes intuitions secrtes! Peter et Bob sourirent. Il n'tait pas rare qu'Hannibal ust de tournures de phrases compliques et d'un vocabulaire prcieux. Cela le distinguait des autres qui admiraient sa facilit d'locution. Et ses discours alambiqus impressionnaient parfois aussi les grandes personnes. Je me demande, continua le chef des Dtectives, comment nous pourrions rsoudre ce mystre sans en avoir t pris par l'un des matres des chiens disparus. Bob et Peter changrent des regards effars. Quel mystre? s'exclama Peter. Tu viens de dire toi-mme que ces disparitions n'taient que simple concidence. Possible, mais nous sommes des dtectives! Il nous est dj arriv de retrouver des animaux disparus, souviens-t-en! Et toutes ces disparitions-l taient plus ou moins lies un mystre. Bob et Peter approuvrent du chef. Ils se rappelaient en effet fort bien qu'en recherchant le chat d'Abyssinie de Mme Banfry ils avaient rsolu l'nigme de la Momie qui chuchotait. De mme, en s'efforant de retrouver le perroquet de Mlle Waggoner, ils en taient venus lucider le mystre du Perroquet qui bgayait. Seaside est au sud de Rocky, pas trs loin d'ici, continua Hannibal. Je crains que notre renomme de dtectives soit plus limite que nous ne l'imaginions. Il faudrait faire quelque chose pour remdier a! Bob s'affaira autour des cartons qu'il avait mis sous la vieille presse imprimer. Je m'en occupe justement, Babal! annona-t-il. Notre stock de cartes de visite est presque puis. Il tait temps de le renouveler. Excellente ide, approuva Hannibal. Mais je pense quelque chose d'autre. Il faut faire de la publicit intensive. Comme a, quand des vnements insolites se produiront, les gens penseront tout de suite faire appel aux Trois Jeunes Dtectives de Rocky, en Californie. Bob leva les bras au ciel. Nom d'une pipe, Babal! De la publicit! Te rends-tu compte? Nous n'avons pas les moyens de passer la tlvision ni de louer un avion pour inscrire nos noms dans le ciel. Evidemment! rpondit Hannibal en haussant les paules. Venez! Nous allons tenir conseil notre quartier gnral et voir ce que nous pouvons faire pour tre mieux connus du grand public! II se leva sans mme attendre l'avis de ses camarades, et alla dplacer dans un coin de l'atelier, une vieille grille, qui cachait l'entre d'un norme 'conduit en fonte. Les trois garons se faufilrentdans le conduit, tirrent la grille derrire eux et avancrent quatre pattes. Le tuyau de fonte, souterrain sur quelques mtres, mergeait ensuite parmi d'indescriptibles monceaux de ferraille pour aboutir finalement juste au-dessous de la caravane dont les jeunes dtectives avaient fait leur Q.G... Quand Titus Jones, l'oncle d'Hannibal, s'tait aperu que la vieille roulotte tait invendable, il en avait fait cadeau son neveu et ses amis.Les garons soulevrent une .trappe et se faufilrent l'intrieur de leur refuge secret. Il se retrouvrent dans un petit bureau meubl d'une table de travail, de quelques siges, d'un grand classeur et assez bien quip, avec machine crire, tlphone et autres commodits. Le reste de la caravane se composait d'une minuscule chambre noire, un laboratoire en miniature et un petit lavabo.

La caravane tait entoure de montagnes d'objets de rebut. Aussi faisait-il trs sombre l'intrieur. Peter alluma la lampe du bureau. Au mme instant, le tlphone sonna. Les garons se regardrent, tonns. Il tait rare que quelqu'un les appelt. Hannibal se hta de dcrocher tout en branchant un petit amplificateur qui devait permettre ses camarades de suivre la conversation. All!... Hannibal Jones? demanda une voix de femme l'autre bout du fil. M. Hitchcock dsire vous parler... Chic! murmura Hannibal. Peut-tre va-t-il nous confier une autre enqute! En effet, plusieurs reprises dj, Alfred (Hitchcock, le clbre producteur de films, avait fait appel aux Trois Dtectives. Salut, jeune Jones! lana la voix d'Alfred Hitchcock dans l'appareil. Est-ce que, vos amis et vous, vous seriez disponibles en ce moment? Oui, monsieur, rpondit Hannibal. Mais, selon la loi des probabilits, cela ne saurait gure durer. La loi des probabilits? Ha! ha! Eh bien, puisque vous n'tes pas trop occups, j'ai quelque chose pour vous. Un ancien metteur en scne de cinma que je connais a besoin de votre aide... Nous serons ravis de lui rendre service si nous le pouvons, affirma Hannibal. Quel est le problme de votre ami, monsieur? Ma foi, disons qu'il a des ennuis... de chien! Il m'a tlphon tout l'heure pour m'apprendre que le sien avait disparu! Les yeux d'Hannibal se mirent briller. Votre ami n'habiterait-il pas Seaside, par hasard? demanda-t-il.M. Hitchcock resta silencieux un instant puis, d'une voix qui trahissait son tonnement : II habite en effet Seaside, jeune Jones. Comment l'avez-vous devin? Oh! Simple travail de dduction, rpondit modestement Hannibal. Remarquable, en vrit! Je suis heureux de constater que vous restez constamment en veil, mme quand vous n'tes pas sur une enqute. Un dtective doit sans cesse ouvrir l'il, monsieur, expliqua Hannibal, flatt. Mais en ce qui concerne votre ami, vous avez dclar : Disons qu'il a des ennuis de chien. Une simple disparition ne serait pas des ennuis . Quelque chose se cacherait-il l-dessous? Dcidment, vous tes trs perspicace. Je crois en effet qu'il ne s'agit pas d'un cas ordinaire. Quand une disparition de chien s'accompagne d'une histoire de dragon, on ne peut la considrer comme ordinaire, n'est-ce pas? Hannibal se racla la gorge. Une histoire de... dragon, monsieur Hitchcock? Oui, mon garon. La maison de mon ami domine l'ocan. Juste au-dessous se trouvent des cavernes creuses dans la falaise. Le soir o son chien a disparu, mon ami affirme qu'il a vu un dragon de belle taille merger de l'ocan et pntrer dans l'une des cavernes en question. Cette fois, Hannibal resta muet. Eh bien! Que pensez-vous de cela, mon garon? Etes-vous disposs, avec vos camarades tenter d'lucider ce mystre? Hannibal tait tellement intress qu'il en bgayait : De... donnez-nous vi... vite le nom et l'adresse de votre ami, monsieur. C'est le cas le plus intressant dont j'aie jamais entendu parler! II nota avec soin les renseignements que lui donna M. Hitchcock, promit de lui faire un rapport fidle sur la marche de l'enqute et raccrocha. Puis il regarda Peter et Bob d'un air triomphant. Un dragon vivant! De nos jours! Voil qui est palpitant d'intrt, vous ne trouvez pas? demanda-t-il.Bob fit un signe d'approbation. Peter haussa les paules. Tu n'as pas l'air d'accord, Peter! fit remarquer Hannibal. C'est que... je crois que nous ne tirerons jamais cette histoire au clair, Babal! Ah! non! Et pourquoi? Peter poussa un gros soupir. Parce que, rpondit-il d'un air lugubre, si ce dragon est bien vivant, nous n'aurons pas le temps d'aller jusqu'au fond du mystre. Le dragon nous aura dvors avant!

CHAPITRE II

L'HORREUR VIENT DE LA MER

la ville de seaside, o habitait l'ami de M. Hitchcock, n'tait qu'a une trentaine de kilomtres de Rocky. Elle s'tendait le long de la route en bordure du Pacifique. Hans, l'un des deux Bavarois au service de Titus Jones, avait prcisment une course faire dans le secteur au dbut de l'aprs-midi. Il devait effectuer une livraison avec la camionnette. Hannibal demanda la permission de profiter de la voiture avec ses camarades.La tante Mathilda servit un bon djeuner aux trois garons qui, sitt aprs, s'entassrent sur le sige avant, ct de Hans. Et puis, en route pour Seaside! Tu as eu le temps de te documenter, n'est-ce pas, Bob? demanda Hannibal. Qu'as-tu appris sur les dragons? Un dragon, rcita Bob, est un monstre mythique, gnralement reprsent comme un norme reptile avec des ailes et des griffes, et crachant du feu et de la fume... Je ne me suis livr aucune recherche, coupa Peter, mais il me semble que Bob oublie une chose fort importante : les dragons ne sont pas d'un temprament sociable. Tu ne m'as pas laiss le temps de le signaler, protesta Bob. D'ailleurs le fait n'a aucune importance, contrairement ce que tu affirmes. Les dragons appartiennent au monde de la lgende, ce qui signifie qu'ils n'existent pas. Or, s'ils n'existent pas, peu importe qu'ils soient sociables ou non! Parfaitement! dit Hannibal. Les dragons sont des cratures appartenant au monde du merveilleux. Si par hasard il y en a eu jadis, il parat logique de penser que, selon les lois de l'volution, l'espce en est teinte. Voil qui me convient tout fait! dclara Peter. Cependant, s'ils n'existent plus, je ne vois gure comment nous pourrions enquter sur l'un d'eux? Cinq chiens ont disparu en une semaine dans la paisible localit de Seaside, rappela Hannibal. M. Hitchcock nous a dit qu'un de ses amis avait perdu son chien et vu un dragon prs de sa maison. Cela ne te suggre donc rien? Si! rpondit Peter. Cela me suggre de revenir bien vite Rocky pour y essayer ma nouvelle paire de patins.. roulettes au lieu de partir avec toi la chasse au dragon! Si l'ami de M. Hitchcock, un certain Henry Allen, dsire louer nos services, continua Hannibal, ce sera une aventure profitable pour les Trois dtectives. Essaie donc de voir la chose sous cet angle! Oh! pour essayer, j'essaie! dit Peter. Dragon ou pas, poursuivit Hannibal, il se passe coup sr quelque chose de mystrieux. Nous aurons bientt des donnes partir desquelles nous pourrons travailler. En attendant, efforons-nous de garder l'esprit ouvert pour aborder le sujet. Dj, on arrivait Seaside. Hans ralentit pour reprer la rue dont Hannibal lui avait donn le nom. Puis il fit halte. Je vais vous laisser ici, Hannibal! dit Hans.On ne voyait gure que des haies et des palmiers. Les maisons taient bien caches au milieu de toute cette verdure. Peter aperut une petite bote aux lettres blanche. Henry Allen! dchiffra-t-il haute voix. C'est l qu'habit notre homme! Les garons descendirent. Notre enqute prliminaire nous prendra environ deux heures, Hans, dclara Hannibal. Parfait! A ce moment-l, je reviendrai vous chercher! Comptez sur moi! L-dessus, Hans fit demi-tour et s'engagea dans la rue conduisant vers le centre de la ville. Commenons par jeter un coup d'il aux alentours, conseilla Hannibal. La connaissance des lieux pourra nous aider lorsque nous parlerons M. Allen. Les villas s'grenaient le long de la falaise dominant le Pacifique. L'endroit semblait plutt dsert. Les dtectives s'avancrent jusqu' un terrain non bti proche de la maison de M. Allen et regardrent en contrebas... Au-dessous d'eux, la plage s'allongeait, paisible, borde par les vagues tincelantes. Un coin pittoresque! murmura Bob. Et idal pour un dragon! ajouta Peter. A mare haute, il doit pouvoir entrer dans sa caverne sans avoir sortir de l'eau.

Exact! dit Hannibal. A condition que ce dragon existe. En attendant, j'ai beau tendre le cou, il m'est impossible d'apercevoir les cavernes, d'o nous sommes. Aprs notre entrevue ave M. Allen, nous descendrons faire un tour par l-bas. Et, du geste, il dsignait une vole de marches conduisant la plage. II y a d'autres escaliers qui coupent ainsi la falaise de loin en loin, expliqua-t-il. Et maintenant, allons voir M. Allen.Une porte amnage dans la haie s'ouvrit devant eux sans difficult. Au-del, un sentier sinueux s'offrait leur vue. Ils le suivirent et arrivrent bientt devant une maison d'un jaune pass, ombrage de palmiers et entoure de buissons fleuris. La proprit offrait un air d'abandon, ainsi perche au sommet de la falaise battue des vents. Hannibal souleva le marteau de la porte et le laissa retomber avec bruit.La porte fut ouverte par un petit homme, aussi dodu qu'Hannibal. Il avait de grands yeux tristes, des sourcils en broussaille et une-couronne de cheveux blancs au-dessus d'un visage tann et rid. Entrez, jeunes gens... Je suppose que vous tes les Trois Dtectives que m'a si fort recommands mon bon ami Hitchcock?

Oui, monsieur, rpondit Hannibal. Voici notre carte. Nous avons dj eu l'occasion de dbrouiller quelques cas pineux. M. Allen prit la carte entre ses doigts noueux. Il lut:LES TROIS JEUNES DTECTIVESDtection en tout genre? ? ?

Dtective en chef : hannibal jonesDtective adjoint : peter crentch

Archives et recherches bob andy

Les points d'interrogation, expliqua Hannibal, sont notre emblme. Ils reprsentent les questions sans rponse, les nigmes non claircies, les mystresinsolubles, toutes choses que nous nous efforons d dbrouiller. Eh bien, dit M. Allen en fourrant le bristol dans sa poche, venez donc dans mon bureau. J'ai vous parler. II conduisit le trio dans une grande pice ensoleille. Les garons restrent un moment bouche be devant les murs qui disparaissaient sdus une multitude de tableaux et de photos d'acteurs et d'actrices toutes ddicaces.Le gros bureau tait couvert te journaux et de statuettes de bois. Des bibliothques avaient peine contenir les livres entasss dedans, ple-mle avec des statues prcolombiennes et de curieuses sculptures orientales.Le vieil homme offrit des siges ses visiteurs et s'installa lui-mme derrire son bureau. Asseyez-vous, jeunes gens, et coutez ce que j'ai vous dire... Peut-tre mon vieil ami Alfred Hitchcock vous a-t-il dj appris que je suis metteur en scne de films? - Oui, monsieur, il nous l'a dit, en effet. Ma foi, mieux vaut parler au pass dsormais. Disons que j'tais metteur en scne. Voil plusieurs annes que je n'ai rien tourn. J'exerais mon mtier longtemps avant qu'Alfred devienne clbre. J'tais moi-mme assez connu alors... H oui, j'ai eu mon heure de gloire! Alfred est devenu le matre du suspense. Moi, j'tais spcialis dans les films d'pouvante. Alfred se cantonne dans les mystres logiques du monde moderne. Moi, je dpassais ce plan-l! Que voulez-vous dire, monsieur? demanda Hannibal. h bien, mes films concernaient le monde du bizarre. C'taient des espces de cauchemars, des visions tranges... On y voyait des monstres, des cratures surnaturelles... Ils donnaient au public des motions fortes... Voil pourquoi il m'est difficile d'aller trouver les autorits pour leur exposer mon problme actuel. A prsent, dit Hannibal, je me rappelle avoir entendu parler de vous! J'ai mme vu un de vos films dans un cin-club! Parfait! dit M. Allen. Ainsi, lorsque je vous raconterai ce que j'ai vu au bas de la falaise le soir o mon chien a disparu, vous comprendrez pourquoi j'hsite me confier la police. Vu mes productions anciennes et les difficults que j'ai actuellement pour trouver du travail, on ne manquerait pas de croire que j'invente des histoires pour attirer l'attention et me faire de la publicit gratuite. Mon temps est fini, remarquez! J'ai assez d'argent pour vivre tranquillement jusqu' la fin de mes jours. Je n'ai pas de soucis, sauf, bien sr... Sauf ce dragon qui semble avoir tabli ses pnates dans une caverne, juste au-dessous de vous, monsieur? acheva Hannibal.M. Allen fit la grimace. Heu... oui... J'ai expliqu Alfred que je l'avais, vu sortir de l'ocan. Mais j'ai omis une chose. Non seulement je l'ai vu... mais je l'ai entendu... Un silence fit suite cette dclaration. Vous avez donc entendu le dragon, dit finalement Hannibal d'une voix calme. Mais quel bruit faisait-il exactement? Et o tiez-vous ce moment-l? M. Allen sortit un grand mouchoir de sa poche et en tamponna son front moite de sueur. Je me tenais sur la falaise et je regardais l'ocan quand j'ai vu le monstre, expliqua-t-il. Peut-tre tait-ce... une illusion d'optique. Peut-tre, rpta Hannibal. Mais le brait? Le diable me confonde! s'cria M. Allen. Autant que je sache, il n'y a jamais eu de dragons dans les parages, mme aux poques les plus recules. Bien entendu, j'en ai utilis plusieurs dans mes films d'pouvant... des monstres mcanique. Nous les faisions hurler en combinant le ronflement d'un moteur et des sifflets stridents. Je vous garantis l'effet produit : terrifiant!... Mais ce que j'ai entendu moi-mme ne ressemblait en rien ces bruits-l. Imaginez une respiration haletante suivi de toux et d'ternuements. Oui, c'tait comme... comme si le dragon ternuait. Parlez-nous un peu de la caverne situe sous votre proprit, dit Hannibal. Est-elle assez vaste pour contenir un dragon ou, du moins, un animal de forte taille? Ma foi oui, affirma M. Allen. Quantit de grottes s'ouvrent au pied de la falaise, au nord comme au sud. Certaines sont trs profondes. l'poque de la prohibition, les gangsters qui faisaient le trafic de l'alcool utilisaient ces cavernes comme entrepts. Jadis, elles servaient dj de repaire aux pirates de la cte. Il y a quelques annes, tes falaises se sont effondres en partie, bloquant plusieurs de ces cavernes, surtout vers le cap Haggity. Mais les plus proches sont restes intactes. Hum! fit Hannibal. Tout de mme, c'est la premire fois que vous apercevez un dragon dans le voisinage. Pourtant, vous vivez ici depuis de nombreuses annes, je crois? Oui. Mais cela ne prouve rien. Je n'aurais pas vu le dragon si je n'tais sorti la recherche de mon chien Pirate et si je n'avais regard l'ocan cet instant prcis. La vision n'a pas dur longtemps. A propos de votre chien, monsieur, dit Hannibal, veuillez nous relater les circonstances de sa disparition, s'il vous plat... Bob, prends des notes! Bob, prpos aux Archives et Recherches , tira de sa poche un crayon et un bloc. M. Allen sourit et commena son rcit : Je viens de passer deux mois l'tranger. J'ai beau ne plus avoir mes activits d'autrefois, je n'en continue pas moins m'intresser au cinma. Chaque anne, rgulirement, je me rends en Europe pour assister la plupart des festivals de quelque importance. C'est ainsi que je vais Rome, Venise, Cannes, Paris, Londres et Budapest. J'en profite pour rendre visite de vieux amis... Chaque "fois que je m'absente ainsi, je confie mon chien un chenil de la rgion. J'ai procd de mme cette fois-ci. Je suis rentr d'Europe voici une semaine. Bien entendu, mon premier soin a t de reprendre mon brave Pirate : un setter irlandais, une bte magnifique! II fit une pause, soupira et poursuivit : Pirate adore courir. Je ne peux pas le garder toujours attach. Je le lche donc la nuit. Or, depuis quarante-huit heures, il n'est pas rentr. J'ai pens que, peut-tre, il lui avait pris la fantaisie de retourner au chenil. J'ai tlphon l-bas mais il n'y tait pas. Alors, j'ai attendu, attendu... mais en vain... J'tais prcisment sorti pour tenter de le retrouver quand... quand j'ai aperu la chose! Vous n'tes pas descendu jusqu' la plage? demanda Hannibal.Le vieil homme secoua la tte. Non, avoua-t-il. J'prouvais une trange sensation. J'ai pass les trois quarts de ma vie fabriquer des films destins pouvanter les gens... et voil que j'tais pouvant mon tour! Je ne peux vous dcrire ce que j'ai ressenti au juste. Tout d'abord, j'ai pens avec effroi que cette fantastique crature avait pu attaquer et dvorer mon chien. Puis j'ai t frapp de panique la pense que j'tais en train de perdre l'esprit. Se persuader que l'on a sous les yeux un dragon en chair et en os est plutt bouleversant, je vous l'assure! Vous n'avez donc rien fait de plus que de prvenir votre ami Alfred Hitchcock? dit Hannibal. En effet! soupira M. Allen en s'pongeant de nouveau le front. Alfred est un vieil ami trs cher, qui possde une grande exprience de l'insolite. Je savais que si quelqu'un pouvait m'aider c'tait bien lui. Il m'a conseill de me mettre en rapport avec vous. Je remets l'affaire entre vos mains, jeunes gens!

Merci, monsieur Allen, pour la confiance que vous nous tmoignez, dit Hannibal. Votre chien n'est pas le premier qui disparat dans cette ville. Cinq se sont volatiliss dans la mme semaine, selon un rcent rapport. Oui. J'ai entendu cela la radio, juste aprs la disparition de Pirate. Si je l'avais su plus tt, je ne l'aurais pas laiss vagabonder sa guise. Avez-vous parl aux propritaires des autres chiens? s'enquit le chef des Dtectives. Non. Pas encore. Je... je ne voulais pas rvler ce que j'avais vu. Est-ce que tous les gens du voisinage possdent des chiens? M. Allen sourit. Non, pas tous. Et en particulier pas M. Carter, qui habite de l'autre ct de la rue. Et pas davantage mon voisin de droite, Arthur Shelby. A vrai dire, je ne frquente gure mes voisins. Je mne une existence plutt retire entre mes livres et mes tableaux. Pirate suffit me tenir compagnie. Hannibal se leva. Nous allons vous quitter, monsieur. Nous vous tiendrons au courant des progrs de l'enqute. M. Allen serra la main des trois garons et les raccompagna la porte... Merci encore, jeunes gens! Le trio traversa le jardin et franchit la porte de clture. Peter sourit en voyant Hannibal la refermer avec soin derrire lui. Tu veux empcher le dragon d'entrer, Babal? Je doute qu'une simple porte ferme au loquet puisse arrter un pareil monstre, Peter! Serait-elle barde de fer et ferme double tour qu'il aurait vite fait de l'enfoncer! Peter frissonna : Je n'aime pas la faon dont tu parles du dragon, mon vieux! Tu donnes l'impression qu'il rde dans le coin... Le jeune garon inspecta la rue, puis regarda sa montre. O est Hans? demanda-t-il. Tu vois bien qu'il est encore tt, dit Hannibal. Nous avons encore du temps devant nous. II descendit du trottoir et commena traverser la rue. Bob et Peter le regardrent. Du temps pour quoi faire? demanda Bob. Pour rendre visite M. Carter, rpondit Hannibal. Et ensuite M. Arthur Shelby. Cela ne vous tonne pas, vous autres, que des gens vivant aussi isols ne possdent pas de chien pour les dfendre? Ma foi, non! rpondit Peter. Quoique, maintenant que tu m'y fais penser, je me demande pourquoi je n'ai pas achet un chien pour me dfendre, moi! Un chien assez gros pour ne ' faire qu'une bouche du dragon! Hannibal sourit. Ses amis lui embotrent le pas. La demeur de M. Carter se dressait de l'autre ct de la rue. Le jardin tait bien entretenu et la maison frachement repeinte. Remarquez, dit Hannibal ses camarades tout en remontant l'alle centrale, qu'ici les haies sont parfaitement tailles, la pelouse bien tondue et les massifs de fleurs visiblement soigns* M. Carter est un homme d'ordre. Le chef des Dtectives appuya sur le bouton de la sonnette. Presque aussitt la porte d'entre s'ouvrit. Un homme grand et fort apparut. Il n'avait pas l'air commode. Que voulez-vous, les gosses? demanda-t-il d'une voix peu aimable. Je m'excuse de vous dranger, monsieur, dclara Hannibal avec une exquise politesse. 'Nous venons de rendre visite votre voisin d'en face, M. Allen. Son chien, Pirate, a disparu, comme vous le savez sans doute. .Nous venions voir si vous pouvez nous fournir un renseignement quelconque au sujet de cette disparition. Les prunelles de M. Carter s'trcirent. Ses pais sourcils firent une curieuse gymnastique, se levant et s'abaissant plusieurs reprises. Sa bouche prit un pli mauvais. Tiens, tiens! s'cria-t-il. Ainsi, Allen a perdu son chien? Comme les autres du quartier, hein? Bon dbarras! Ah! oui, alors! Bon dbarras! J'espre qu'on ne retrouvera jamais ces sales cabots. J'ai horreur des chiens 1 II foudroya les dtectives du regard. Ses poings se serrrent. Un moment, les garons crurent qu'il allait se jeter sur eux.Hannibal russit nanmoins conserver une voix calme et une apparence placide pour dclarer : Je suis certain que vous devez avoir une bonne raison pour dtester les chiens, monsieur. Peut-tre, si vous vouliez bien nous expliquer ce qu'ils vous ont fait... Ce qu'ils m'ont fait! s'cria le colosse d'une voix tonitruante. Ils ont fait ce qu'on peut s'attendre les voir faire! Ils aboient et hurlent la lune toute la nuit. Ils pitinent mes massifs de fleurs. Ils ravagent ma pelouse. Ils renversent mes poubelles et souillent le trottoir. Voil ce qu'ils font sans arrt. a ne vous semble pas suffisant, peut-tre? Je suis navr pour vous! assura Hannibal gentiment. C'est la premire fois que nous venons dans le coin, voyez-vous. Nous essayons de retrouver le chien de M.-Allen. S'il a caus des dgts chez vous, je suis sr que M. Allen vous indemnisera. Il tait trs attach son chien, et vous pouvez tre certain qu'il fera n'importe quoi... Ah, oui! Il fera n'importe quoi? Eh bien, moi aussi, je suis prt faire n'importe quoi... Attendez une minute! M. Carter se baissa et prit quelque chose derrire le battant de sa porte.. Les garons eurent peine le temps d'changer des regards effars... Dj la porte se rouvrait toute grande et M. Carter se dressait sur le seuil de toute sa hauteur.Cette fois, il tenait la main un norme fusil. Voil ce que je suis prt faire! s'cria-t-il d'une voix menaante. Truffer de plomb ce sale chien! Si j'aperois seulement le bout du museau du chien d'Allen, ou de n'importe quel autre chien, d'ailleurs, je lui flanque une vole de chevrotines! Voil ce que je suis prt faire! Et il paula son fusil d'une manire fort peu rassurante.

CHAPITRE IIIPOUVANTAILS D'ACCUEILL'nergumnb fit mine d'appuyer sur la dtente. M-i Je suis excellent tireur et je ne rate jamais mon but. Vous avez d'autres questions me poser? Hannibal secoua la tte, tout en feignant d'ignorer l'arme braque sur lui. Non, monsieur. Je regrette de vous avoir drang. Au revoir, monsieur! M. Carter ricana. Je ne tiens pas vous revoir, moi! Allez, filez! Et en vitesse! Les trois garons s'loignrent reculons, sans cesser de surveiller l'homme qui n'aimait pas les chiens. Tournez-vous! ordonna Carter. Je ne veux pas que vous marchiez sur ma pelouse! Le cur battant, les Trois dtectives tournrent le dos l'irascible personnage et descendirent l'alle. Ne courons pas! conseilla Hannibal dans un souffle. Marchons posment. Bob et Peter acquiescrent en silence, se demandant si l'homme n'allait pas tirer un coup de feu derrire eux. Soudain, un claquement sec les fit sursaute: Pas d'affolement, mes amis, dit Hannibal. C'est seulement M. Carter qui vient de fermer sa porte. Bob et Peter regardrent par-dessus leur paule et ne voyant plus l'ennemi des chiens, prirent la fuite, les jambes leur cou. Ils ne s'arrtrent qu'aprs avoir dval la moiti de la rue... Personne ne leur courait aprs. La porte de M. Carter restait close. Ouf! murmura Bob. Nous l'avons chapp belle! Un fusil pareil, ce n'est pas une plaisanterie! dclara Peter en s'pongeant le front. J'ai bien cru que cet affreux bonhomme allait nous transformer en passoires. Je ne pense pas! dit Hannibal. Son arme tait au cran de sret, je l'ai bien vu! Bob et Peter jetrent un coup d'il furibond leur ami. Tu le savais et tu ne nous as rien dit! s'cria Peter. Pas tonnant que tu sois rest si calme! En brandissant son arme, continua Hannibal,M. Carter extriorisait simplement sa colre. Je l'ai mis hors de lui en abordant le seul sujet qu'il ne fallait pas : les chiens! Il me semble qu'il a un autre sujet de haine, fit remarquer Peter : les gens! Ne courons pas! conseilla Hannibal. -

Eh bien, dit Hannibal, la prochaine fois que nous approcherons M. Carter, nous y mettrons plus de formes. Peter secoua la tte avec nergie. Non, mon vieux. La prochaine fois, tu feras ce que tu voudras, toi! En ce qui me concerne, il n'y aura pas de prochaine fois. Je te laisserai tout le plaisir. J'ai oubli de te signaler que j'avais l'piderme extrmement sensible. Il est allergique au plomb de chasse. C'est comme moi, renchrit Bob. Si quelqu'un doit me tirer dessus, je prfre que ce soit avec un pistolet eau! Il faut envisager la possibilit, continua Hannibal imperturbable, que ce M. Carter nous ait jou la comdie. Dans ce cas, il pourrait bien tre ml cette histoire de disparition de chiens. Hypothse valable! estima Bob., Il nous faudra comparer la raction de Carter avec celle du prochain quidam que nous interrogerons! dit Hannibal.Peter se tourna vers Bob : De quoi diable parle-t-il prsent? demanda-t-il.Hannibal dsigna du doigt Une maison : M. Allen nous a cit deux de ses voisins qui n'avaient pas de chien. Nous venons de rencontrer le premier, Carter. Il nous reste poser quelques questions l'autre : Arthur Shelby.

Une grille hauteur de poitrine protgeait la proprit de M. Shelby. Au-del se dressait une maison d'allure imposante. L'endroit me semble sans danger, dit Bob. Je ne vois de fusil nulle part. Et personne ne parait nous guetter! ajouta Peter en scrutant la faade aux nombreuses fentres. Pas un rideau ne bouge. Peut-tre M. Shelby n'est-il pas chez lui.Hannibal fit un pas en avant. C'est bien facile de s'en assurer, dclara-t-il. Il nous suffit de franchir cette grille et... Il s'interrompit, bouche be. Ses compagnons s'immobilisrent ses cts. La grille venait de s'ouvrir, sans aucune intervention humaine, semblait-il. Comment as-tu fait a, Babal? demanda Peter. Tu as pris des leons de magie, ou quoi? C'est peut-tre le vent... , mit Bob sans conviction.Hannibal hocha ta tte. Etendant ls bras, il fit reculer ses compagnons et recula lui-mme. La grille se referma.Hannibal fit un pas en avant. La grille s'ouvrit de nouveau. Le chef des dtectives sourit. C'est trs simple, dit-il. Cette grille s'ouvre et se ferme grce une cellule photo-lectrique. Il y a des portes fonctionnant de la mme faon dans les aroports, les supermarchs et d'autres btiments modernes. Peter regarda la grille d'un air perplexe. J'ai dj vu des trucs dans e got-l, c'est sr! Mais jamais dans la maison d'un particulier. Toute manifestation de progrs et de modernisme est bon signe! dclara Hannibal avec entrain. Le fait que M. Shelby utilise ce gadget prouve qu'il a de l'originalit et de la fantaisie. C'est exactement le genre de personne avec qui l'on peut parler de choses extraordinaires... d'un dragon en train de se promener dans les parages, par exemple! Les trois garons franchirent la grille. Au centre d'une pelouse, sur leur droite, ils aperurent un grand cadran solaire. Devant eux se dressait une pergola fleurie. Les Dtectives pntrrent dans cette alle de verdure.Soudain, brusquement, une partie du treillis tomba devant eux. Les visiteurs firent halte, surpris par cet obstacle imprvu. Ils faisaient dj demi-tour quand, avec un sifflement, une autre portion de la pergola se rabattit de l'autre ct, coupant leur retraite.Les garons se trouvrent prisonniers d'une norme cage fleurie! J'espre qu'il s'agit d'une plaisanterie! murmura Hannibal en se mordillant la lvre. Nous sommes pris comme entre deux herses de chteau fort! C'est vrai! dit Bob. J'ai vu des herses dans mon livre d'histoire. C'tait en gnral la dernire dfense une fois qu'on avait pass les douves du chteau. Je ne me rappelle pas avoir franchi aucune douve! grommela Peter, trs mal l'aise.Avec un nouveau sifflement, et tout aussi soudainement qu'ils taient tombs, les deux panneaux fleuris se relevrent. Les Dtectives s'interrogrent du regard. II me semble que M. Arthur Shelby a un sens trs particulier de l'humour, murmura Hannibal avec soulagement. Allons, venez!II avait dj fait un pas en avant quand Peter lui saisit le bras : Pas dans cette direction, Babal. M'est avis que les habitants du chteau ne dsirent pas notre visite. Hannibal sourit. D'abord une grille ouverture lectronique, puis une pergola pige. M. Shelby semble uniquement proccup de gadgets scientifiques. Ce serait bien dommage de ne pas faire sa connaissance. L-dessus, Hannibal avana vaillamment, suivi de Ses camarades beaucoup moins enthousiastes. Il souriait toujours lorsqu'il appuya sur le bouton de la sonnette. Pas longtemps! Ouille! hurla-t-il en faisant un bond en arrire tout en secouant la main. Ce bouton est lectrifi. J'ai reu une de ces secousses! Trs bien. Personnellement, j'en ai assez de ce M. Shelby et de ses farces idiotes! dclara Peter. Je propose que nous renoncions l'interroger. Je suis galement de cet avis, dit Bob. J'ai ide que M. Shelby cherche nous faire comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus chez lui. Je ne crois pas, rpliqua Hannibal. Il est en train d'prouver ntre endurance, voil tout. Il nous fait passer une srie de tests conus pour effrayer. Comme pour lui donner raison, la porte eut un dclic, puis elle tourna silencieusement sur ses gonds. Les jeunes, visiteurs franchirent le seuil avec une lgre apprhension. L'intrieur de la maison tait obscur et paisible.Hannibal s'claircit la voix et s'effora de parler avec assurance : Bonjour, monsieur Shelby, dit-il. Nous sommesles Trois jeunes dtectives, venus Seaside la demande de votre proche voisin. M. Allen. Pouvons-nous entrer, s'il vous plat? Tout d'abord, il n'y eut aucune rponse. Puis les trois garons perurent comme un faible battement d'ailes. Le bruit se rapprocha, devint plus audible... Il semblait venir de la partie suprieure de la maison entnbre. Brusquement, les trois amis retinrent leur souffle. Une norme forme noire se dirigeait vers eux en mettant un son aussi perant qu'un sifflet de locomotive.Un gros oiseau noir, semblable un vautour, se mit tournoyer au-dessus du trio ptrifi. Il poussait des cris froces. Son bec s'ouvrait, ses serres semblaient prtes saisir une proie et ses yeux tincelants exprimaient une mchancet diabolique.

CHAPITRE IV

DE SURPRISE EN SURPRISE

m d'un ptard! s'exclama Peter, sidr. L'instant d'aprs, les trois garons se jetaient . plat ventre sur le sol, tandis que le rapace les survolait avec des cris affreux, en les menaant de ses terribles serres. Peu peu son vol se ralentit. Puis il s'immobilisa au-dessus du trio et cessa de crier. Il resta l, en l'air, ailes tendues mais sans bouger le moins du monde. La chose tait pour le moins surprenante.Hannibal s'tait cach le visage dans les mains afin de protger ses yeux. Surpris par le silence, il risqua un coup d'il entre ses doigts. Puis il se redressa en criant : Tout va bien, les amis. Ce n'est pas un oiseau vritable! Quoi? s'exclama Peter.Encore incrdules, Bob et lui se relevrent leur tour. L'oiseau de proie pendait au-dessus de leur tte, au bout d'un fil de cuivre. Ses yeux jaunes les fixaient sans la moindre expression. Ce n'est qu'un jouet, dit Hannibal en touchant l'animal du doigt. Il semble fait de matire plastique et de laiton. Bah! fit Peter, cur de s'tre laiss effrayer par le faux vautour.Du fond du hall obscur jaillit soudain un rire grinant, discordant. Presque aussitt, des lumires s'allumrent au plafond. Un homme grand et mince, vtu de sombre, parut se matrialiser devant les jeunes visiteurs. Il avait des cheveux roux, coups court. Bienvenue au palais du mystre! dit-il d'une voix grave, presque spulcrale. Et l-dessus, se pliant en deux, il se mit rire de tout son cur. Il riait si fort qu'il faillit s'touffer et se mit tousser. Dcidment, bougonna Peter entre ses dents, il a un sens de l'humour trs particulier! Le rouquin se redressa lentement. Ses yeux bleus brillaient. IL semblait trs content de lui. Je suis Arthur Shelby, dclara-t-il. Je ferais bien de reprendre mon oiseau avant qu'il ne vous dvore. II s'approcha de l'automate volant, qu'il dcrocha. Hannibal regarda au plafond et sourit. Je comprends, dit-il. Votre oiseau glissait le long de ces rails, l-haut, la manire d'un-train lectrique. Trs ingnieux! Bob et Peter levrent les yeux leur tour. J'adore les trains lectriques, dclara Peter. Ils ne m'ont jamais fait peur! M. Shelby se mit rire.

Je vous ai bien attraps, pas vrai? Il ne faut pas m'en vouloir. J'ai un faible pour les gadgets originaux. C'est une vritable marotte chez moi. Tenez, venez voir! II fit passer les garons dans un immense atelier plein d'outils, de morceaux de bois et de fil de laiton. Il dposa l'oiseau mcanique sur un tabli. Sa voix tait normale, grave mais douce, lorsqu'il demanda : Quel bon vent vous amne, jeunes gens? Hannibal lui tendit une de ses cartes de visite. Ceci vous expliquera qui nous sommes, monsieur. Nous nous occupons de rsoudre les problmes mystrieux. M. Shelby examina la carte sans faire de commentaires sur les points d'interrogation. Puis il sourit. Je suppose, dit-il, que l'nigme qui vous intresse actuellement concerne la disparition des chiens de Seaside? Hannibal rpondit avec prudence : Nous essayons d'aider M. Allen retrouver son setter irlandais. J'ai l'impression que la disparition de Pirate est plus ou moins lie celles des autres chiens. a se pourrait! opina M. Shelby. Je ne frquente gure mes voisins, mais je suis au courant de leurs ennuis par la radio. Allen est parti en voyage, et j'ignorais qu'il tait rentr jusqu'au moment o l'on a annonc la disparition de Pirate. J'espre qu'on retrouvera ce brave toutou. Nous sommes ici pour cela! dit Hannibal. Notre enqute commence peine et nous essayons de rassembler le plus d'informations possible sur cette affaire. Nous sommes dj alls voir M. Carter, de l'autre ct de la rue. Le connaissez-vous? M. Shelby se mit rire. Tout le quartier le connat. C'est moi qui ai les cheveux rouges mais c'est lui qui a le caractre colreux. Je parie qu'il vous a montr son fusil? Il a tent de nous faire peur mais le cran de sret tait mis. Il prtend que les chiens de ses voisins ont fait des dgts dans son jardin. Il est vident qu'il dteste les animaux. Le pauvre homme dteste les gens autant que les btes! soupira M. Shelby. Tout de mme, dit brusquement Peter, il vous plat aussi d'effrayer vos visiteurs, monsieur! Il est vrai que c'est d'une manire diffrente. Dans quel but toutes ces... heu... attrapes disposes autour de vous? M. Shelby regarda Peter d'un air amus : Ne croyez pas que je n'aime pas les gens, mon jeune ami. Mais j'ai horreur des importuns. Je me protge contre les indsirables : vagabonds, reprsentants abusifs et autres fcheux. Je vous ai vraiment fait peur? a, vous pouvez le dire! grommela Peter. J'en suis navr. Mais, voyez-vous, je suis un inventeur amateur. J'adore concevoir et raliser toute sorte de gadgets. Je veille cependant ne blesser personne avec mes petites inventions... Et maintenant, si vous me disiez en quoi je peux vous aider, jeunes gens? Au sujet de ces disparitions de chiens, dit Hannibal, avez-vous une ide personnelle qui pourrait nous aiguiller sur une piste quelconque? Hlas, non! Et je le regrette. Je sais seulement ce que la radio m'a appris. Vous feriez mieux de vous adresser directement aux propritaires des chiens. Le seul auquel nous ayons parl jusqu'ici est votre voisin, M. Allen, dclara Hannibal. Il nous a bien donn un renseignement, mais... c'est un peu difficile croire. Ah? fit M. Shelby en haussant les sourcils. De quoi s'agit-il donc? Eh bien... l'ennuyeux, voyez-vous> c'est que je ne sais pas si je suis autoris en parler... Et pourquoi pas? demanda l'homme roux. Je crains que M. Allen ne se sente gn si je divulguais ses rvlations. Excusez-moi... M. Shelby haussa les pauls. Je suppose que, dans votre mtier, le secret professionnel est de rigueur. Vous devez garder pour vous les confidences de votre client. Oui, monsieur. Mais je trouve curieux que vous ne puissiez pas me raconter la mme histoire que M. Allen. Il a aperu quelque chose de mystrieux tout prs d'ici... et vous auriez pu le voir vous-mme... M. Shelby sourit. Votre discours lui-mme est bien mystrieux, jeune homme. Quelle chose pourrais-je vous confier? Quelle chose aurais-je pu voir? Ne pourriez-vous tre un peu plus clair? C'est vrai, a, Babal! coupa Peter avec impatience... Ce qu'Hannibal devrait vous dire, monsieur, c'est que M. Allen a vu un dragon sortir de l'ocan la nuit dernire. Le chef des Dtectives parut mcontent de l'intervention de son ami : Tu as la langue trop longue, Peter! Tu n'as pas le droit de trahir les confidences de notre client. Pardon, murmura Peter, tout penaud. J'ai les nerfs fleur de peau rien qu'en pensant cette histoire. Un dragon? rpta M. Shelby d'un air stupfait. C'est donc cela qu'Allen prtend avoir vu? Hannibal hsita. Puis il haussa les paules. Aprs tout, Peter avait dj parl! M. Allen ne voulait pas rvler ce qu'il avait vu, de peur de passer pour un fou. Pourtant, il est peu prs certain de n'avoir pas eu la berlue! C'est bien un dragon qu'il a aperu!

Impossible! dclara M. Shelby en secouant la tte. Il n'a pas fait que le voir! Il l'a aussi entendu! prcisa Bob. Et le dragon s'est rfugi dans la caverne situe au-dessous de chez lui. Tout compte fait, dit Hannibal, mieux vaut que vous soyez au courant, monsieur. Si vraiment ce dragon existe, on ne saurait tre trop prudent. Attention vous si vous descendez sur la plage. Merci du conseil, mais je vais rarement au bord de l'eau. Quant aux cavernes de la falaise, il y a belle lurette que je sais quoi m'en tenir. Il est trs dangereux d'y entrer. Dangereux! Et pourquoi? demanda Bob. Pas seulement parce qu'un dragon y a lu domicile, rpondit M. Shelby en souriant. Leur mauvaise rputation est bien plus ancienne! Les glissements de terrain sont frquents le long de la cte. Ceux qui se risqueraient pntrer dans ces cavernes courraient le risque d'tre enterrs vivants. Autrefois, parat-il, elles servaient de refuges aux pirates et aux contrebandiers. Oh, il y a longtemps de cela! En ce qui concerne les effondrements de terrain, allez juste faire un tour le long de la falaise. Vous serez vite fixs. Il est mme arriv que des villas soient englouties entirement. II regarda les trois garons avec des yeux brillants : Je sais ce que vous ressentez. J'ai t enfant moi aussi. Je crois que si j'avais encore votre ge et que l'on m'et parl d'un dragon, je n'aurais rien de plus press que de jeter un coup d'il dans son repaire. Mais je dois vous mettre en garde. Ne l'oubliez pas : ces cavernes sont dangereuses! Merci de nous prvenir, dit Hannibal. Ainsi, votre avis, le dragon de M. Allen n'existe pas? M. Shelby sourit. Qu'en pensez-vous vous-mme? rpliqua-t-il. Ma foi... M. Shelby se mit rire. Eh bien, soupira Hannibal, merci encore de nous avoir reus. Peut-tre finirons-nous par dcouvrir ce que votre voisin a vu au juste... Je le souhaite pour vous, dit M. Shelby. Je sais qu'Allen tait spcialiste des films d'pouvant autrefois. Peut-tre un de ses amis ou l'un de ses ennemis s'amuse-t-il lui faire une farce. C'est possible, admit Hannibal. Dans des cas semblables, il n'est pas rare que les gens poussent la plaisanterie un peu loin, vous savez... Je regrette de ne pouvoir vous aider davantage, jeunes gens... M. Shelby guida ses visiteurs jusqu' la porte qu'il leur ouvrit. Hannibal sortit le dernier. Comme il passait devant l'homme roux, celui-ci lui tendit cordialement la main : Bonne chance, mon garon! Hannibal serra la main offerte. Je vous remercie, monsieur. La porte se referma doucement derrire lui.Alors, il baissa les yeux et resta stupfait. Un frisson d'horreur courut le long de son chine.La main droite de M. Shelby tait reste dans celle d'Hannibal!

CHAPITRE VLES ENNUIS COMMENCENTt>ouh! cria Hannibal en contemplant, horrifi, -D la main qu'il tenait. C'tait une main couleur chair, qui semblait bien relle, tant l'il qu'au toucher.C'en tait trop, mme pour le chef des Dtectives rput pour son sang-froid. Il lcha l'objet en poussant un nouveau cri de dgot. Ses camarades l'entendirent et se retournrent. Qu'est-ce que tu as? demanda Peter. Quelle horreur! s'exclama Bob. Une main! Hannibal retrouva sa voix : La main de M. Shelby, prcisa-t-il. Elle s'st dtache tandis que je la serrais. Quoi! Mais c'est impossible! Au mme instant, un clat de rire jaillit de l'intrieur de la maison, suivi d'une quinte de toux : une fois de plus, M. Shelby s'tranglait force de rire. Hannibal rougit.Quel idiot je suis! soupira-t-il. J'oubliais que M. Shelby est un joyeux plaisantin. Vivement, il ramassa la main et l'offrit ses camarades. Peter secoua la tte, mais Bob prit l'objet. Elle semble vritable, dit-il. Quel merveilleux postiche! Peut-tre M. Shelby porte-t-il un bras artificiel et sa main s'est-elle dtache accidentellement lorsqu'il t'a quitt. Penses-tu! rpliqua Hannibal. Tu ne l'as donc pas entendu rire? Il est en train de se payer ma tte. Encore une de ses farces, quoi! Il adore effrayer les gens, c'est certain. Trs drle! murmura Peter, en pinant les lvres. Dpchons-nous de filer avant qu'il ne trouve plus drle encore! Bob jeta la main artificielle. Les trois garons se dirigrent en hte vers la sortie. Gare la cage fleurie! rappela Peter.Evitant le pige des herses, les Trois Dtectives gagnrent le portail en faisant des zigzags. En approchant de la grille, ils ralentirent l'allure. Mais la grille s'ouvrit doucement. Ils se rurent sur le trottoir. En fin de compte, ce n'est pas un mchant homme, dclara Bob en descendant la rue. Il aurait pu nous jouer un tour avec sa grille au dernier moment. Attends un peu pour lui adresser des louanges, marmonna Peter. Je ne serai rassur qu'une fois trs loin de chez lui. Au bout de quelque cent mtres, les garons se concertrent. Et maintenant, que faisons-nous? demanda Bob. Nous attendons que Hans vienne nous chercher? Moi, dit Peter, je propose de prendre nos jambes notre cou et de rentrer droit Rocky. La distanc ne compte pas quand le danger vous talonne. Hannibal jeta un coup d'il sa montre. II nous reste encore un peu de temps. Que diriez-vous d'aller faire un tour du ct de la caverne? Peter regarda vers la falaise. Tu veux parler de celle o s'est rfugi le dragon? Eh bien, ma rponse est : tout sauf a! A toi de donner ton avis, Bob! dit Hannibal en se tournant vers Archives et Recherches . Je pense exactement comme Peter, avoua Bob. De plus, tu as entendu ce que M. Shelby nous a dit : les cavernes sont dangereuses. Je ne sais pas ce qui arriverait si nous rencontrions le dragon, mais je suis certain que ce ne serait pas pire que d'tre ensevelis vivants! Hannibal marcha jusqu'au bord de la falaise. Il mit la main sur la rampe de l'escalier raide qui descendait jusqu' la plage et dclara : Essayons au moins d'avoir un aperu de l'endroit! Gomme a, Une fois de retour la maison, nous aurons une ide plus nette de la situation. Et, sans attendre de rponse, il descendit quelques marches et disparut la vue de ses compagnons. Peter regarda Bob. Comment se fait-il que sa dcision l'emporte toujours, mme quand il est seul contre nous deux? maugra-t-il. C'est sans doute qu'il a plus de volont que nous... ou que nous sommes plus accommodants que lui! Oui, a doit tre a! En attendant, nous ferions mieux de le suivre avant que M. Shelby n'envoie un objet volant notre poursuite... ou que M. Carter dcide de faire un carton sur nous! Peter empoigna son tour la main courante et commena descendre. Bob lui embota le pas. Les marches en bois, troites et vtusts, taient trs rapproches les unes des autres. Bien que la pente ft accentue, les deux garons lchrent bientt la rampe pour aller plus vite. Hannibal se retourna et vit que les autres, non contents de le suivre, cherchaient le rattraper. Il sourit. Bien que grassouillet, il pouvait tre fort agile quand il le voulait... Prcipitant l'allure, il bondit de marche en marche. Il tait encore loin de la plage quand la catastrophe se produisit...Brusquement, sans que rien ait pu le laisser prvoir, une marche s'effondra sous son poids. Emport par son lan, le jeune garon ne put s'arrter. La marche suivante craqua et se rompit son tour. Hannibal tenta alors de se rattraper la main courante. Hlas! Celle-ci cda la premire pression et lui resta dans la main. Rien ne pouvait plus freiner sa chute. Hannibal tomba la tte en avant, en poussant un long cri.

Peter et Bob arrivaient juste derrire lui. Ils entendirent trop tard le cri d'avertissement de leur ami. Au-dessous d'eux, l'escalier tout entier tait en train de s'effondrer comme un chteau de cartes. Leur seule chance de salut tait la portion de rampe encore intacte, juste avant celle qui avait cd sous le poids d'Hannibal. Ils s'y accrochrent avec frnsie.La rampe se dtacha de son support.Livrs eux-mmes, les deux garons plongrent leur tour dans le vide au milieu d'une avalanche de planches.Au sein mme de la dgringolade, le cerveau d'Hannibal ne restait pas inactif. Et la seconde mme o il prit assez rudement contact avec le sol, deux ides lui vinrent l'esprit...Cet accident en tait-il bien un?Ou avait-il t provoqu pour tenir les Trois Jeunes Dtectives loigns du mystre du dragon de la caverne?Le choc ne lui permit pas de se poser d'autres questions. En outre, deux corps et une multitude de morceaux de bois lui dgringolaient dessus, comme pour l'achever.Il perdit connaissance.

CHAPITRE VI

LA CAVERNE DU DRAGON

Babal! Babal! Comment te sens-tu? Hannibal battit des paupires et finit par ouvrir les yeux. Il vit, comme travers un brouillard, les visages de Peter et de Bob penchs sur lui. Grommelant quelques mots indistincts, il se mit sur son sant. Sa figure tait pleine de sable. Il s'essuya avec soin avant de rpondre : Je me sens parfaitement bien et pourtant vous m'avez atterri dessus tous les deux. Non seulement vous m'avez coup le souffle, mais vous m'avez moiti enterr dans le sable. Peter eut un large sourire. Il est bien vivant. Il rouspte dj! J'ai entendu! rpondit Bob. son habitude, il rejette toute la faute sur nous. Cependant, si j'ai bonne mmoire, c'est sous son poids que les marches et la rampe ont cd; Que voulait-il que nous fassions? Nous aurions d nous envoler, peut-tre? .Hannibal se mit lentement debout. Du pied, il parpilla les morceaux de bois qui jonchaient la plage. H en ramassa un puis un autre, les examina avec soin et parut satisfait. Tu as raison, Bob, dit-il. Mon poids a bien fait cder les marches. Mais on m'a un peu aid. Regardez ces planches... Quelqu'un les a trafiques de manire qu'elles cdent la moindre pression. Il a suffi pour cela de quelques coups de scie htivement donns... peu de temps avant que nous ne descendions, ans doute. Nom d'un chien, Babal! s'exclama Peter. Qui donc pouvait savoir que nous viendrions nous balader par ici? Si nous n'avions pas utilis cet escalier, l'accident aurait pu arriver n'importe qui d'autre. Hannibal poussa un profond soupir et rejeta les morceaux de bois. De toute faon, dclara-t-il, nous n'avons pas le temps d'tudier fond ce problme. Et puis... je peux faire erreur! Peter et Bob changrent des regards surpris. Le chef des Dtectives n'admettait pas volontiers qu'il pouvait se tromper. N'oublions pas, continuait cependant Hannibal, que nous sommes venus ici pour explorer la plage et la grotte et essayer de trouver des traces du fameux dragon. Allons-y! .Sans un seul regard en arrire, le garon se dirigea droit vers l'ocan. Nous devons chercher des empreintes allant de l'eau la caverne, expliqua-t-il, puisque M. Allen prtend avoir vu le dragon suivre ce chemin. Bob et Peter se htrent de le rejoindre. Tous trois se mirent arpenter la vaste tendue de sable. Elle semblait Vide de traces intressantes. Au-dessus de leurs ttes, des oiseaux de mer dcrivaient des cercles en poussant des cris discordants.Peter dsigna du doigt quelques mouettes qui venaient de se poser non loin de l : Peut-tre devrions-nous leur demander si elles n'ont pas vu un dragon rcemment, dit-il. Cela nous pargnerait bien des pas inutiles. Bonne ide! rpliqua Bob. Et si elles ne rpondent pas, nous pourrions toujours poser la question cette espce de remorqueur affubl d'une voile grossire qui semble en train de pcher l-bas! II faisait allusion une embarcation sans spcialit bien dfinie qui se balanait sur les flots un mille de distance. Qui sait si ces gens-l ne sont pas eux aussi en train de chasser le dragon! Hannibal hocha la tte! Ne nous occupons pas de ce qui se passe aussi loin de nous, conseilla-t-il. C'est dans le secteur o nous sommes que nous devons trouver quelque chose. Passons-le donc au peigne fin et, pour aller plus vite, sparons-nous. Les trois garons s'cartrent les uns des autres et avancrent sans quitter le sable des yeux. Je ne vois rien que des tas d'algues, annona Bob au bout d'un moment.

Et moi de mme, dit Peter. Des algues et aussi quelques coquillages et de menues paves. A mon avis, s'il y a jamais eu des empreintes, la mare a tout effac. Sur le sable humide, d'accord! admit Hannibal. Mais il reste une large zone de sable sec entre l'endroit o nous sommes et l caverne. Allons voir! Et si le dragon se trouve l'intrieur? demanda Peter. Que ferons-nous alors? Faudra-t-il le combattre mains nues? J'espre que nous n'aurons rien combattre du tout, rpliqua Hannibal. Nous nous approcherons de l'entre de la caverne avec prcaution. Et nous n'entrerons que si le coin parat peu prs sr. Peter frona les sourcils. Puis, se baissant, il ramassa un espar apport par le flot. Ma foi, ce bout de bois n'est pas une arme bien fameuse, mais je me sens plus mon aise avec un gourdin la main. Bob, prenant exemple sur Peter, ramassa son tour un aviron bris. Je me rappelle, dit-il, avoir vu des images reprsentant saint Georges terrassant le dragon. Cette rame n'est pas un glaive et je ne suis pas saint Georges, mais il vaut mieux tre prudent. Ma foi, reconnut Hannibal avec un lger haussement d'paules, vous n'avez peut-tre pas tort! Je vais me mfier.Sur quoi il s'empara d'une planche qui tranait ses pieds. Les trois amis se regardrent, sourirent et, l'air rsolu, se mirent en marche... Ils se dirigrent droit vers l'entre de la caverne, sans cesser d'examiner le sable qu'ils foulaient. Soudain, Hannibal s'arrta. Ses yeux brillaient. J'ai trouv quelque chose! annonail..Bob et Peter regardrent ce qu'il leur montrait : deux sillons parallles sur le sable mou. Ce dragon appartient un nouveau type, dit finalement Bob. On dirait qu'il est mont sur roues. Hannibal approuva de la tte. Ces empreintes se dirigent vers la caverne, fit-il remarquer, et elles semblent bien, en effet, trahir le passage d'un vhicule quelconque. Peut-tre s'agit-il d'une jeep. Les gardes-ctes en utilisent parfois pour patrouiller le long des plages. Dans ce cas, objecta Bob, les sillons courraient paralllement la falaise, et non perpendiculairement elle. Trs juste, Archives et Recherches! dclara Hannibal.Se laissant choir quatre pattes, il examina de plus prs les deux empreintes. Peter sourit : Je crois qu'il ne faut pas trop croire ce brave M. Allen. A mon avis, il a eu des visions! Son dragon n'tait sans doute qu'une brouette des sables... Possible! rpondit Hannibal. Nous saurons du reste quoi nous en tenir si nous trouvons le vhicule dans la caverne. Cependant, une surprise attendait les Dtectives! A environ dix mtres de la caverne, les traces disparurent compltement.Interdits, les trois compagnons se dvisagrent. Un nouveau mystre lucider! grommela Peter.Avec lenteur, les Jeunes Dtectives s'avancrent jusqu' l'entre de la caverne. Autant qu'ils purent en juger, celle-ci tait vide.- Cette grotte parat assez vaste pour contenir un autobus, fit remarquer Bob en tendant te cou. Ecoutez, je vais jeter un coup d'il l-dedans et voir si elle est trs profonde. Hannibal plongea ses regards dans la caverne. Trs bien, Bob. Mais ne t'enfonce pas .trop quand mme. Reste porte de voix. Peter et moi, nous te rejoindrons ds que nous aurons examin le sable autour de l'entre. Bob brandit ton aviron 1 manire d'une lance et entra bravement dans la caverne.Peter parut tonn. Qu'est-ce-que qui le rend si courageux tout coup? demanda-t-il?Hannibal sourit. Maintenant que nous avons vu que tes empreintes appartiennent k un vhicule construit par des hommes et non une crature aussi fantastique qu'un dragon, expliqua-t-il, il est normal que nous ayons plus de courage. II leva la tte, comme s'il coutait. Peut-tre pourrions-nous avoir une ide des dimensions de la caverne rien qu'en coutant l'cho de la voix de Bob , dit-il. Puis, haussant le ton : H, Bob! Nous faisons un essai sonore, mon vieux. Dis-nous un peu comment les choses se passent l-dedans... Peter tendit son tour l'oreille, attentif la rponse de Bob. Il entendit le bruit en mme temps qu'Hannibal... Le bruit d'un grand plongeon!Puis la voix de Bob s'leva des profondeurs obscures. Elle semblait lointaine et aigu. En fait, Bob ne pronona que deux mots... mais deux mots qui les remplirent d'effroi : Au secours!

CHAPITRE VII

BOB EN PRIL

un moment paralyss par la peur, Hannibal et Peter entendirent Bob appeler pour la seconde fois : Au secours! Au secours! Il est en danger! s'cria Peter. Vite! Allons-y! Peter, l'athlte du trio, se prcipita dans la caverne. H! Pas si vite, mon vieux! recommanda Hannibal en fonant sa suite. Il nous faut avancer avec prudence... II n'acheva pas sa phrase. Dans la pnombre de la grotte, il se heurta si rudement Peter qu'il en tomba sur les genoux. Peter, en effet, venait de s'arrter net. Recule vite, Babal! J'ai trouv Bob! O cela, Peter? Je ne vois rien, moi! Aprs avoir clign des yeux plusieurs reprises, le chef des Dtectives finit par distinguer Peter quatre pattes devant lui. II est l, au fond d'un trou, dit Peter. Je me suis arrt juste temps. Je n'y vois goutte, constata Hannibal en s'efforant d'apercevoir quelque chose par-dessus l'paule de son camarade. H, Bob! O es-tu? Ici, en bas! cria Bob en retour. Je suis tomb dans une sorte de puits. On dirait que... que je m'enfonce de plus en plus. Nom d'un ptard! s'exclama Peter. Des sables mouvants! Impossible! protesta Hannibal. Pas dans cette rgion, j'en jurerais. II se rapprocha du trou, ttant le sol ingale avec ses mains. Je ne te vois pas encore, Bob. Mais toi, nous vois-tu? Oui. Vous vous profilez vaguement juste au-dessus de moi. Essaie de saisir ma main, Bob. On entendit Bob patauger. Je n'y arrive pas! dit-il au bout d'un instant. 'Chaque fois que j'essaie, je m'enfonce davantage. Alors, tends-nous ta rame, conseilla Peter. Nous te hisserons hors du trou. Ma rame! Elle s'est casse en deux quand j'ai dgringol dans mon puits. Flte! marmonna Peter. Mon espar est trop peu solide pour que tu puisses te cramponner lui. Hannibal, cependant, amorait avec prcaution le tour du puits. Tiens bon, mon vieux Bob! Je suis en train de calculer les dimensions de ton trou. Dpche-toi! cria Bob. Ce n'est pas le moment de mesurer ds primtres.r- Tu te trompes. Laisse-moi faire! J'ai mon ide! rpondit Hannibal.H eut tt fait de revenir son point de dpart. Je crois que a va marcher, dit-il Peter... Je ne sais pas de quoi tu paries, rpondit celui-ci, mais tu devrais me tenir par les jambes. J'essaierai alors d'atteindre Bob et de le tirer de l. Le temps presse, tu sais. Le chef des Dtectives hocha la tte. Je prfre suivre mon plan, dclara-t-il. Il ne faut pas esprer le hisser directement hors de cette fosse. Nous manquons d'un point d'appui solide. Mais ma planche est assez longue pour que, une fois introduite obliquement dans le puits, son autre extrmit s'enfonce solidement dans la paroi oppose, en contrebas. Nous aurons alors un plan inclin. Mais quoi cela servira-t-il? demanda Peter. Bob ne pourra jamais l'atteindre. Je crois que si, condition de placer ma planche selon un angle convenable... et de bien la coincer de l'autre ct. Peter considra la planche dHannibal sans enthousiasme. Elle lui semblait bien mince pour supporter le poids de Bob. De toute faon, nous n'avons pas le choix, soupira-t-il. Cela vaut la peine d'essayer! Hannibal se pencha sur le trou : Tu as entendu, Bob? Quand tu verras l'extrmit de la planche au-dessus de toi, tche de l'atteindre et veille ce qu'elle s'enfonce bien dans .la paroi. Ensuite, tu devras te hisser dessus avec prcaution et remonter le long de la pente. Je veux bien, dit Bob. Mais faites vite. Je m'enfonce de plus en plus.

Hannibal empoigna la planche et la descendit lentement dans le vide. Soudain, Bob cria : Je la vois. Elle est juste au-dessus de ma tte mais je ne peux pas encore l'atteindre. Attends, je la laisse filer un peu plus tout en cherchant un angle convenable pour la bloquer. Encore quelques centimtres et je pourrai l'attraper... H... qu'est-ce qui t'arrive, Babal! Oh, l, l! Je me suis trop tir... Je me sens glisser... Peter! Mais dj Peter, rpondant l'appel, agrippait les jambes d'Hannibal et le tuait en arrire. De petites mottes de terre et du sable tombrent sur la tte de Bob. D'un violent effort, le jeune athlte russit arracher Hannibal sa dangereuse position. Par bonheur, celui-ci n'avait pas lch sa planche. Merci, Peter! dit-il en haletant un peu. Maintenant, fais contrepoids un instant, le temps que j'ajuste cette maudite planche... Dix secondes plus tard, Bob poussait un cri de joie. a y est, Babal! Je la tiens!... L, elle est bien enfonce. Parfait, mon vieux, rpondit Hannibal. Peter et moi, nous tenons fermement l'autre extrmit. Grimpe sur ce pont volant et... fais-toi le plus lger possible! Un faible craquement s'leva du fond du trou. Bob se hissait sur le plan inclin form par la planche. Pourvu que celle-ci ft assez solide pour supporter son poids! Le voil qui grimpe! chuchota Peter tandis que la planche frmissait et craquait de plus belle. Tenons bon! recommanda Hannibal, secrtement angoiss. Ce bout de bois peut se rompre d'une seconde l'autre, murmura Peter derrire lui. Tiens-toi prt attraper Bob s'il est ta porte ce moment-l! On entendait Bob respirer bruyamment. J'y suis presque! annona-t-il... Me voici! Que dois-je faire prsent! Attrape ma main! La main de Bob se referma sur celle d'Hannibal. Une brve seconde, les deux garons restrent ainsi, sans bouger. Puis les doigts de Bob glissrent, Le jeune Dtective n'eut que le temps de se rattraper sa planche. A son tour, Peter l'empoigna... mais Bob lui chappa comme il avait chapp- Hannibal. ... Oh, l, l! se dsola Peter. Il est plus gluant qu'une anguille. Il n'y a pas moyen de le tenir! Essayons de l'attraper nous deux, Peter! conseilla Hannibal.Au-dessous d'eux, Bob, qui se dmenait pour remonter nouveau la pente incline de la planche, maugra d'un ton furieux. Nom d'un chien, est-ce que vous allez finir de faire des messes basses? Comme si c'tait le moment de bavarder! Allez-vous oui ou non me tirer de l? Je suis couvert d'une telle paisseur de boue que je peux peine me tenir sur cette planche. Je glisse sans, cesse... II tait facile de comprendre pourquoi ses mains chappaient celles de ses camarades.Le regard d'Hannibal explora rapidement l'intrieur de la caverne. Ce qu'il nous faudrait, dit-il, c'est une corde avec une boucle au bout... quelque chose formant lasso! . Pas de corde... et pas le temps d'aller en chercher une , soupira sombrement Peter.Brusquement, le visage d'Hannibal s'illumina. J'ai trouv! Dj, ses doigts s'activaient pour dfaire la boucle de sa ceinture. D'un geste vif, il dgagea celle-ci.Peter, bouche be, vit Hannibal passer l'extrmit de la ceinture dans la boucle, formant ainsi une sorte de petit nud coulant.Le chef des Dtectives lana ce lasso improvis Bob.

Bob! cria-t-il. Attrape ma ceinture! Introduis ta main dans la boucle de cuir qui est au bout. Nous tirerons ensemble, Peter et moi. Sous ton poids, la boucle se resserrera. Il ne restera plus qu' te hisser. Courage!

La ceinture se balana dans le vide. Hannibal attendait, anxieux, qu'une secousse vnt l'avertir que Bob avait attrap la lanire de cuir.

Chic! hurla soudain Bob. Je la tiens!

Hannibal laissa chapper un soupir de soulagement. Peter sourit et, agrippant l'extrmit que tenait Hannibal, se prpara lui prter main-forte.

Quand Bob fut prt, ses deux compagnons tirrent...

Une silhouette humaine, noire et mouille, couverte de vase de la tte aux pieds, surgit enfin hors du puits.

CHAPITRE VIIIUNE CHAUDE ALERTEbob se laissa tomber ct de ses camarades. Il tait extnu. Merci tous deux! dit-il en haletant. Je vous dois une fire chandelle. C'est Babal qui a eu l'ide d'utiliser sa ceinture, expliqua Peter. J'en ai une moi aussi, mais je n'ai pas song m'en servir. C'est que, d'instinct, tu savais qu'elle serait trop courte! plaisanta Hannibal. Tu vois que a me sert d'tre plutt fort. Mon tour de taille est suprieur au tien... et ma ceinture plus longue! Bob essuya la boue qui lui couvrait le visage. Elle m'a t terriblement utile, mon vieux Babal. Je te promets de ne-jamais plus me moquer de tes kilos en trop! Brrr! Dire que je pourrais me trouver encore au fond de ce trou! Tout est bien qui finit bien, dclara Peter. Mais que faisons-nous maintenant? Nous rentrons! dcida Hannibal. Bob est mouill. Il a besoin de se changer. C'est ma faute. Je n'aurais pas d insister pour explorer cette caverne alors que nous n'avons marne pas de lampes de poche pour nous clairer. Je suis fautif moi aussi, assura Bob avec gnrosit. Je n'aurais pas d avancer sottement, sans regarder o je posais les pieds. , Hannibal se mit debout et hocha la tte d'un air perplexe. Je trouve bizarre, dit-il, qu'un trou aussi dangereux soit aussi prs de l'entre de la caverne. Il y a l de quoi tenir les curieux distance. ; Et je me demande, moi, ajouta Peter, si ce n'est pas au fond de ce puits qu'ont disparu le chien de M. Allen et ses petits copains. Ils ont pu tomber dedans et tre aspirs par les sables mouvants. Ce n'est pas impossible, admit Hannibal, mais rappelez-vous que, jusqu'ici, nous n'avons pas trouv la moindre trace d'eux. J'espre que tu n'as pas l'intention d'en chercher! se hta de dire Peter. Filons d'ici tant que nous le pouvons. A mon avis, l'endroit est malsain. Parfaitement d'accord pour une fois, les trois amis sortirent vivement de la caverne. Une fois dehors, Hannibal se retourna. J'aimerais bien connatre la profondeur de cette grotte, murmura-t-il. On nous a affirm qu'elle avait autrefois servi de repaire des contrebandiers et des pirates. C'est exact, rpondit Peter. Et alors? La partie o nous tions ne semble gure un lieu idal pour camoufler des marchandises. Il est trop facile d'y accder. Peut-tre la caverne se prolonge-t-elle par des souterrains, mit Bob. Il arrive que les eaux se fraient un chemin travers les roches les plus tendres. Au bout de plusieurs milliers d'annes, l'rosion finit par creuser des couloirs. De toute faon, soupira le chef des Dtectives, nous n'avons pas le temps de pousser plus loin nos investigations aujourd'hui. Nous reviendrons plus tard. Je ne suis pas press! assura Peter. J'ai mon compte d'motions fortes. Pas Vous? Si fait! rpliqua Hannibal. L'ennuyeux, c'est qu'une autre semble nous attendre... Que veux-tu dire? demanda Peter d'une voix inquite.Hannibal montra l'ocan du doigt. Ses camarades regardrent dans la direction indique. Ils carquillrent les yeux. Ce qu'ils voyaient leur semblait impossible!Quelque chose de sombre et de luisant s'levait au-dessus des vagues. Je n'arrive pas distinguer ce que c'est! chuchota Bob. On dirait une petite tte noire... comme celle d'un dragon... rpondit Peter d'une voix tremblante.Une vague norme s'levait derrire la chose sombre. Elle dferla par-dessus, la recouvrant compltement.Les garons retenaient leur souffle, les yeux fixs sur l'eau cumante.Le rouleau vint se briser leurs pieds, sur la plage. Mais un second lui avait succd. Enfin, quand cette seconde vague se fut crase son tour, la forme sombre reparut.

Elle se redressa. Mince et noire, longue, elle se dirigea vers le rivage... Les garons aperurent ses pieds palms.Peter poussa un soupir de soulagement : Un plongeur sous-marin! murmura-t-il. Avec une combinaison en caoutchouc noir et des palmes. Dire que cela nous a effrays! Ce que nous sommes btes! Allons, venez! Sur le point de se remettre en route, Hannibal siffla entre ses dents : Attention! n est arm d'un fusil-harpon. Peter clata de rire. La belle affaire! Sans doute est-il en train de chasser un poisson. Mais Hannibal fit de la tte un signe de dngation. Non, non! Il vient droit sur nous. Soudain, l'homme noir se laissa choir sur les genoux. Il pointa son fusil devant lui et visa. Oooooh! Regardez! hurla Bob. C'est nous qu'il en veut! Mais... mais pourquoi fait-il a? bgaya Peter.Pivotant sur ses talons, il regarda derrire lui. Au... aucun doute! Nous sommes seuls sur cette plage!Hannibal ne quittait pas le plongeur des yeux. L'homme tenait fermement son arme et visait effectivement le petit groupe.Le chef des Dtectives avait un cerveau qui travaillait vite. La situation dfiait la logique. Elle semblait absurde. Mais ce n'tait pas le moment d'chafauder des hypothses. Le temps pressait. Sauve qui peut! ordonna Hannibal. Filons toutes jambes! Tournant le dos l'ocan, les trois amis se rurent vers la falaise. Comme ils en approchaient, ils s'aperurent que cette voie de salut leur tait ferme. En effet, dans leur panique, ils avaient oubli l'accident qui s'tait produit quelques instants plus tt. Les marches brises et les dbris de la rampe de l'escalier les ramenrent au sentiment de la ralit. Impossible de gravir la falaise. Elle tait beaucoup trop escarpe!Hannibal se tourna vers l'escalier suivant. Mais il tait fort loin de l. Pour l'atteindre, il aurait fallu courir longtemps, et dans du sable mou, encore! Sur cette plage, ils faisaient une cible parfaite!Le jeune garon rflchit toute allure : Nous n'avons qu'une chance de nous en tirer! s'cria-t-il. Vite! Retournons la caverne! Les Dtectives firent de nouveau demi-tour et coururent comme des drats en direction de la grotte. La peur les talonnait. Ils s'attendaient entendre d'une seconde l'autre le dclic du ressort du fusil-harpon... Ou encore sentir la longue flche mortelle leur traverser le corps.Le sable volait sous leurs pas. Nous y sommes presque! haleta Hannibal. Plongeons! Ce fut en effet la tte la premire que les trois garons s'engouffrrent dans l'entre bante de la caverne. Puis, ils coururent se cacher derrire les normes rochers qui s'entassaient prs d'eux. Objectif atteint! grommela Peter. Que faut-il faire prsent? Nous cacher mieux que cela! rpondit Hannibal qui avait du mal retrouver sa respiration. Cela nous donnera le temps... de dresser un plan. C'est le moment ou jamais d'essayer de dcouvrir un couloir secret! proposa Bob.Hannibal acquiesa avec enthousiasme. Excellente ide, mon vieux. Mais attendons de voir ce que va faire notre ennemi. S'il vient par ici, il faudra admettre que la situation rclame une solution d'urgence... comme de nous enfoncer l'intrieur de la caverne. Peter regardait par-dessus l'paule d'Hannibal. Sa voix tait rauque lorsqu'il annona : Je vote pour ton plan d'urgence, Babal! Le plongeur arrive grands pas! Nom d'un chien! s'exclama Bob. Je ne voudrais tout de mme pas tomber dans un autre trou! Mais Hannibal avait aperu, dans la paroi de la caverne, quelque chose qui l'intriguait. Regardez! dit-il ses camarades en les entranant.Ceux-ci, dont les yeux s'taient habitus la pnombre, constatrent qu'une palissade de planches descendait du plafond de la caverne jusqu'au sol, semblant tapisser le mur. a alors! s'exclama Peter. Comment n'avons-nous pas repr ce truc-l plus tt? Le sable et la poussire ont rendu ces planches aussi grises que le rocher. De loin, elles se remarquent peine! Et Hannibal frappa du poing contre le panneau de bois. Celui-ci rendit un son creux. II s'agit srement d'un passage secret, dclara le chef des Dtectives. Ces planches semblent avoir du jeu. Peut-tre pourrons-nous les dplacer. Regarde un peu si notre plongeur se dirige toujours par ici, Peter! Peter jeta un coup d'il au-dehors. L'ennemi s'est ddoubl, annona-t-il d'un ton lugubre. Il y a deux plongeurs maintenant. Deux? rpta Hannibal en fronant les sourcils. Htons-nous. Vite, aidez-moi! Mais c'est en vain que les trois garons poussrent

les planches et tentrent de les tirer eux. Ils n'avaient aucune prise car elles joignaient trop bien. II doit pourtant y avoir un moyen! marmonna Hannibal... Mais bien sr! Idiot que je suis! II donna un coup de pied dans le sable amass sous le panneau de bois. Nous n'avons qu' creuser un peu et dgager le bas d'une planche. Cela suffira assurer notre prise. Les trois amis se mirent genoux et creusrent toute allure. La planche remua. Parfait! dit Hannibal. A prsent, essayons de l'carter des autres suffisamment pour pouvoir nous glisser dans l'intervalle! Maintenant qu'elle avait du jeu, la planche tait facile manier. Bob et Peter pntrrent derrire.

son tour, Hannibal tenta de se faufiler par l'troite ouverture. Je... je n'y arrive pas! Je... je suis trop gros! Bob et Peter poussrent la planche de toutes leurs forces. Hannibal russit enfin passer. Laissons une petite fente pour voir! dit-il, essouffl, en aidant ses camarades remettre la planche en place.Les trois garons venaient juste d'effacer les traces de leur passage quand ils entendirent des voix.Le premier plongeur sous-marin entra dans la caverne et alluma une torche lectrique. J'aurais jur que ces gamins s'taient rfugis ici, Harry, dit-il son compagnon. Quelle dveine que ce "rouleau nous ait dsquilibrs un moment! Nous les avons perdus de vue et maintenant... Ne t'en fais pas, rpondit l'autre. S'ils sont ici, nous les trouverons bien. Et s'ils n'y sont pas, nous nous mettrons au travail. Le faisceau lumineux de la torche balaya la caverne. Derrire leurs planches, les Trois Dtectives retenaient leur souffle. Hannibal, le visage press contre la fente, retardait de tous ses yeux. Bob et Peter, l'un genoux, l'autre accroupi, collaient chacun un il leur judas improvis.Les plongeurs pntrrent plus avant dans la caverne. Peu peu, la lumire de la torche disparut. Le bruit de leurs pas diminua. Cependant, l'cho de la voix du dnomm Harry parvint de loin aux garons : Tu as certainement rv, Jack. Il n'y a personne ici! C'est donc qu'ils ont couru assez vite pour grimper par un autre escalier... Les deux hommes devaient se trouver tout prs de la fosse o Bob tait tomb. On entendit, un faible plouf , puis ce fut le silence. Hannibal ne voyait plus rien. Il s'carta de la planche contre laquelle il avait press son visage. La poussire et le sable lui chatouillaient les narines. Il se demanda si ses amis prouvaient la mme sensation. Si l'un des Dtectives ternuait, ce serait un dsastre. Pas d'ternuement, chuchota-t-il. Couvrez-vous le nez!Bob et Peter obirent puis attendirent en silence. La caverne demeura sombre et dserte. A la fin, Hannibal murmura : Ils sont partis. Profitons-en pour filer! De nouveau, les trois garons cartrent la planche. Vas-y le premier cette fois, Babal! conseilla Peter dans un souffle. Car si tu passes nous passerons aussi! Hannibal sourit et se faufila hors de l'abri. Les autres le suivirent. Aprs avoir remis la planche en place et tass le sable au bas de la palissade, les trois amis se htrent de quitter la caverne.Hannibal consulta sa montre : Nous avons pass un temps fou l-dedans! soupira-t-il. Hans doit nous attendre depuis un bon moment dj. Dpchons-nous!

CHAPITRE IX

ALL! ICI, UN REVENANT!

Alors, Peter! A ton avis, quelles conclusions devons-nous tirer de notre aventure? demanda Hannibal.Ils taient de retour au Paradis de la brocante depuis peu prs une heure. Bob avait quitt ses camarades pour rentrer chez lui afin de prendre une bonne douche et de se changer. Ce n'tait certes pas du luxe!Peter et Hannibal se trouvaient seuls au Quartier Gnral. Peter haussa les paules. Cette histoire semble n'avoir ni queue ni tte. J'ignore qui sont ces plongeurs sous-marins. Je ne connais que leurs prnoms : Harry et Jack. J'ignore pourquoi ils nous ont suivis dans la caverne. J'ignore o ils ont disparu et je ne sais pas davantage comment ils ont disparu. Je ne sais mme pas comment nous avons pu sortir de l vivants.Hannibal se pina la lvre infrieure. Ajoute le curieux incident de l'escalier s'effondrant sous nos pas, et il apparat nettement qu'il nous faut rpondre un tas de questions avant de nous attaquer au mystre qui entoure la disparition du chien de M. Allen. J'ai une ide qui pourrait nous aider, commena Peter. Ah, oui! dit Hannibal en pivotant sur son fauteuil de bureau. Et laquelle? Peter dsigna l'appareil tlphonique. Dcroche ce tlphone et appelle M. Allen. Dis-lui que nous renonons retrouver son chien. Explique-lui que nous avons failli disparatre nous-mmes. Fais-lui bien comprendre que nous sommes rsolus oublier cette histoire. Hannibal ignora la suggestion. Notre premier problme, nona-t-il, est de dcouvrir qui sont ces plongeurs sous-marins et ce qu'ils faisaient dans cette caverne. Peter secoua la tte. Pourquoi nous casser la tte au sujet de ces sinistres individus? Nous tions l-bas, nous aussi, et je me demande ce que nous y faisions nous-mmes. Tu le sais trs bien, rpliqua Hannibal avec un peu d'humeur. Nous cherchions les traces du passage du dragon et, par la mme occasion, celles du setter irlandais de M. Allen, Pirate! Nous n'avons pas trouv grand-chose, soupira Peter. Sinon ce maudit puits. Bob a fait l une magnifique dcouverte. Nous avons aussi trouv ce passage derrire la palissade, fit remarquer Hannibal. Nous n'avons pas eu le temps de l'examiner mais c'est peut-tre un tunnel secret. moins qu'il ne s'agisse d'une cachette qu'auraient utilise jadis les pirates ou les contrebandiers. Je ne vois pas en quoi cela pourrait nous intresser, rpliqua Peter avec enttement. Ce n'est pas l que se cache le chien de M. Allen. Hannibal frona les sourcils. En tant que dtectives, nous devons retourner l-bas et examiner de prs cette caverne. Tu ne le comprends donc pas? Peter acquiesa contrecur.

Si, bien sr. Mais un