Alfred Hitchcock 10 Les douze pendules de Théodule 1968

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Alfred Hitchcock 04 La momie qui chuchotait 1965

TREIZE BUSTES POUR AUGUSTE par Alfred HITCHCOCK*SI vous trouvez un vieux rveil lectrique, vitez de le brancher!Si, cependant, vous ne pouvez pas rsister la tentation, ne vous tonnez pas de l'entendre pousser un hurlement vous faire dresser les cheveux sur la tte!C'est ce qui est arriv aux Trois Jeunes Dtectives, Hannibal, Peter et Bob, qui, sans perdre un instant, se lancent dans une nouvelle aventure o ils vont de surprise en surprise. Et il leur faut beaucoup d'audace et d'intelligence pour surprendre le secret de l'trange bibliothque o sont rassembles les douze pendules de l'inquitant Thodule.

DU MME AUTEUR

Liste des volumes en version franaiseLes titres I. Quatre Mystres (Alfred Hitchcocks solve-them-yourself mysteries ? )II. Au rendez-vous des revenants (The Secret of Terror Castle, Robert Arthur, 1964)

III. Le perroquet qui bgayait (The Mystery of the Stuttering Parrot, Robert Arthur, 1964)

IV. La momie qui chuchotait (The Mystery of the Whispering Mummy, Robert Arthur, 1965)

V. Le Chinois qui verdissait (The Mystery of the Green Ghost, Robert Arthur, 1965)

VI. Larc en ciel pris la fuite VII. Le spectre des chevaux de bois (The Secret of Skeleton Island, Robert Arthur, 1966)

VIII. Treize bustes pour Auguste (The Mystery of the Fiery Eye, Robert Arthur, 1967)

IX. Une araigne appele rgner (The Mystery of the Silver Spider, Robert Arthur, 1967)

X. Les douze pendules de Thodule (The Mystery of the Screaming Clock, Robert Arthur, 1968)

XI. Le trombone du diable (The Mystery of the Moaning Cave, William Arden, 1968)

XII. Le crne qui crnait (The Mystery of the Talking Skull, Robert Arthur et William Arden, 1969)

XIII. Lombre qui clairait tout (The Mystery of the Laughing Shadow, William Arden, 1969)

XIV. Le dragon qui ternuait (The mystery of the coughing dragon, Nick West, 1970)

XV. Le chat qui clignait de l'oeil (The Secret of the Crooked Cat, William Arden, 1970)

XVI. Laigle qui navait plus quune tte (The Mystery of the Flaming Footprints, M V Carey, 1971)

XVII. Le lion qui claquait des dents (The Mystery of the Nervous Lion, Nick West, 1971)

XVIII. Le serpent qui fredonnait (The Mystery of the Singing Serpent, M V Carey, 1971)

XIX. Le tableau se met table (The Mystery of the Shrinking House, William Arden, 1972)

XX. Le journal qui s'effeuillait (The Secret of Phantom Lake, William Arden, 1972)

XXI. Linsaisissable home des neiges (The Mystery of Monster Mountain, M V Carey, 1972)

XXII. Le miroir qui glaait (The Secret of the Haunted Mirror, M V Carey, 1972)

XXIII. Le testament nigmatique (The Mystery of the Dead Man's Riddle, William Arden, 1972)

XXIV. La Mine qui ne payait pas de mine (The Mystery of Death Trap Mine, M V Carey, 1976)

XXV. Le dmon qui dansait la gigue (The Mystery of the Dancing Devil, William Arden, 1976)

XXVI. Lpe qui se tirait (Mystery of the Headless Horse, William Arden, 1977)

XXVII. Lditeur qui mditait (The Mystery of the Magic Circle, M V Carey, 1977)

XXVIII. La Saisie des sosies (The Mystery of the Deadly Double, William Arden, 1978)

XXIX. Lpouvantable pouvantail (The Mystery of the Sinister Scarecrow, M V Carey, 1979)

XXX. le requin qui resquillait (The Secret of Shark Reef, William Arden, 1979)

XXXI. Laveugle qui en mettait plein la vue (The Mystery of the Scar-Faced Beggar, M V Carey, 1981) XXXII. Le flibustier pirat (The Mystery of the Purple Pirate, William Arden, 1982)

XXXIII. La baleine emballe (The Mystery of the Kidnapped Whale, M V Carey, 1983)

XXXIV. Le drakkar hagard (The Mystery of the Creep-Show Crooks, William Arden, 1985)

XXXV. Les caisses la casse (Hot Wheels, William Arden, 1989)

XXXVI. Envole, la volaille ! (Murder To Go, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

XXXVII. L'nesse qui se pavanait (An Ear For Trouble, Marc Brandel, 1989)

XXXVIII. Silence! (Thriller Diller, Megan Stine et H. William Stine, 1989)

DU MME AUTEURdans l'Idal-Bibliothque

QUATRE MYSTERESAU RENDEZ-VOUS DES REVENANTSLE PERROQUET QUI BEGAYAITdans la Bibliothque Verte

LA MOMIE QUI CHUCHOTAITLE CHINOIS QUI VERDISSAITL'ARC-EN-CIEL A PRIS LA FUITELE SPECTRE DES CHEVAUX DE ROISTREIZE BUSTES POUR AUGUSTEUNE ARAIGNEE APPELE A REIGNERl'dition originale de ce roman, rdigavec ta collaboration de robert arthur,a paru en langue anglaise chez ranboithouse, new yobk, sous le titre :THE MYSTERY OF THE SCREAMING CLOCK Random House, 1968. Librairie Hachette, 1972.Tous droits de traduction, de reproductionet d'adaptation rservs pour tous pays.librairie hachette, 79 boulevard saint-germain, paris VIe

ALFRED HITCHCOCKLES DOUZE PENDULES DE THEODULETEXTE FRANAIS DE JEAN MURAY ILLUSTRATIONS DE JACQUES POIRIER,

HACHETTE461TABLEI. Un mot d'Alfred Hitchcock

8II. Un trange rveil!

10III. Hannibal trouve un indice

18IV. Sur la piste

23V. Hannibal revient la charge!

29VI. Pour tous les gots

37VII. Le mystre s'paissit

42VIII. Tentative de vol

49IX. Qui est Rex?

55X. Les mystres s'accumulent

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XI. Une surprise dsagrable!

72XII. L'autre Grald

81XIII. Questions... Sans rponses

90XIV. Bob fait des dcouvertes

99XV. Bob en dtresse

109XVI. Le pige

119XVII. Une rencontre inattendue

129XVIII. Dans les griffes de l'ennemi

137XIX. Retour chez Thodule

143XX. A la guerre comme a la guerre.

153XXI. Evnements stupfiants

160XXII. La parole est Alfred Hitchcock

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UN MOT D'ALFRED HITCHCOCK

A tous mon salut amical. Quel plaisir nous allons avoir, vous et moi, partager les nouvelles aventures de ces garons remarquables qui ont choisi de s'appeler les Trois jeunes dtectives! Cette fois, c'est un rveil (peu banal : il ne sonne pas, il hurle !) c'est un rveil, dis-je, qui va les attirer au beau milieu d'une espce de toile d'araigne. Indices, mystres, rebondissements, suspense.Je suppose que vous connaissez dj les Trois jeunes dtectives. Par consquent, vous savez qu'ils se nomment Hannibal Jones, Bob Andy et Peter Crentch, et qu'ils habitent la Californie, plus prcisment Rocky, petite agglomration sur l'ocan Pacifique, peu de distance d'Hollywood. Cependant, an cas o vous les rencontreriez pour la premire fois, laissez-moi ajouter qu'ils ont tabli et cach leur quartier gnral dans une vieille roulotte du Paradis de la Brocante, formidable dpt de bric--brac appartenant M. et Mme Jones, oncle et tante d'Hannibal. Tout le monde, a besoin d'argent de poche. Les Trois jeunes dtectives travaillent donc pour M. et Mme Jones... de prfrence lorsqu'ils ne sont pas sur une piste.Mais assez d'explications. Je m'arrte. Maintenant, place l'action. Ecoutez bien. Vous allez l'entendre, le rveil!alfred hitchcock.

CHAPITRE PREMIER

UN TRANGE RVEIL!le rveil hurla. C'tait le hurlement d'une femme en proie une terreur mortelle. Un hurlement qui commena trs bas, puis monta, monta... et pera finalement les tympans d'Hannibal. Celui-ci sentit un frisson lui parcourir le dos. Il n'avait jamais rien entendu d'aussi terrifiant.Pourtant, il ne s'agissait que d'un fieux rveil lectrique passablement dmod. Hannibal s'tait content de le brancher, histoire de voir s'il fonctionnait. Rsultat : ce hurlement en pleine figure!Il s'empressa de retirer la prise de courant. Le hurlement cessa. Hannibal poussa un soupir de soulagement. La dchirante voix de femme qui jaillissait de ce rveil avait de quoi vous faire perdre la boule!Soudain, Hannibal entendit des pas prcipits. Bob Andy et Peter Crentch, qui travaillaient dans la cour du Paradis de la Brocante, s'arrtrent prs de lui en drapant sur le sol. Babal, demanda Bob haletant, qu'est-ce qui se passe? Peter scruta Hannibal : Tu n'es pas bless, au moins? Hannibal secoua la tte : Ouvrez bien vos oreilles. Je veux que vous entendiez quelque chose d'assez peu banal. II rebrancha le rveil et, de nouveau, la voix terrifiante emplit l'atmosphre. Il retira la prise de courant : le hurlement cessa sur-le-champ. Nom d'un chien ! s'exclama Peter. Un rveil qui hurle, et Babal appelle a quelque chose d'assez peu banal! Bob ricana : Qu'est-ce qu'il dirait si ce rveil avait des ailes et s'envolait? Peut-tre trouverait-il ce phnomne tout fait extraordinaire. Un rveil qui hurle! Moi, pauvre innocent, je ne crois pas m'tre jamais trouv nez nez avec quelque chose de plus stupfiant! Hannibal paraissait n'accorder aucune attention aux sarcasmes amicaux de Peter et de Bob. Il prit le rveil, l'examina, le retourna dans sa main. Ah! fit-il d'un ton satisfait. Ah! quoi? demanda Peter. Hannibal expliqua : Regardez... l, ce petit levier. Il est la position sonnerie . Je l'abaisse. Puis je remets la prise de courant... Ds qu'il fut pass du geste la parole, le rveil fit entendre un ronronnement touff. Rien d'autre. Maintenant, voyons ce qui va se passer , reprit Hannibal.II remonta le levier la position sonnerie . Immdiatement, le hurlement commena, s'leva, devint de plus en plus aigu. Hannibal se hta de dbrancher. Voil! fit-il. Nous avons perc une partie du mystre, la premire. Ce rveil ne sonne pas, il hurle. Quel mystre? demanda Peter. Et quelle premire partie? Babal estime qu'un rveil qui hurle est un mystre, dit Bob. Il vient de dmontrer pourquoi il hurle. Hannibal rectifia : Je n'ai pas dmontr pourquoi il hurle, mais quand. Il faut, pour cela, que le levier soit la position sonnerie . Cependant, vous avez entendu, il ne sonne pas, il hurle. a, c'est un mystre, et de taille! J'ai comme une ide qu'il y a l une enqute intressante faire. Une enqute? rpta Peter. Comment t'y prendras-tu, Babal? Tu as l'intention d'interroger ce rveil? Et, s'il refuse d'avouer, tu le tortureras? Hannibal haussa les paules : Pour moi, pas de doute. Un rveil qui hurle aulieu de sonner, il y a un mystre l-dessous. Il ne faudrait tout de mme pas oublier que nous sommes les Trois jeunes dtectives et que nous avons pour devise...- Enqutes en tout genre! dclamrent ensemble Peter et Bob.Peler ajouta : D'accord, Babal, il y a un mystre. Mais, je le rpte, comment vas-tu t'y prendre pour conduire ton enqute?- Je vais dcouvrir pourquoi ce rveil hurle, bref pourquoi on a modifi son mcanisme, plutt sa sonnerie. En ce moment, nous n'avons pas d'enqute sur les bras. Je propose donc que nous nous occupions srieusement de cette affaire, et sans le moindre retard. Pour commencer, nous allons voir ce qu'il a dans le ventre, notre rveil hurleur ! Oh! non! grommela Peter. Il faudrait d'abord tracer les grandes lignes d'un plan. Mais Bob, lui, tait intress : Vas-y, Babal! Hannibal ouvrit le tiroir de l'tabli porte de sa main et y prit une bote outils. Les garons se trouvaient dans leur atelier, au cur mme du Paradis de la Brocante dont Titus et Mathilda Jones, oncle et tante d'Hannibal, taient la fois propritaires et directeurs. L, cachs aux regards indiscrets, ils pouvaient travailler en toute tranquillit.Sur l'un des cts de l'atelier et lui servant en quelque sorte d'abri, un norme tas form d'objets divers, poutrelles d'acier, rondins, caisse claire-voie (on y voyait mme un de ces toboggans utiliss dans les cours de rcration) avait t assez adroitement construit pour cacher aussi une petite roulotte, quartier gnral des Trois jeunes dtectives. Ceux-ci pntraient dans la roulotte par des entres secrtes, trop troites pour les adultes. Mais, cet instant, c'tait dans leur atelier qu'ils s'affairaient.Hannibal prit un tournevis et dmonta le dos du rveil. Puis il scruta l'intrieur. Et, au bout de quelques secondes, il fit de nouveau : Ah! En mme temps, avec le tournevis, il montrait quelque chose qui semblait avoir t ajout : un disque aussi grand qu'une pice d'un dollar, mais plus pais. C'est ce disque, j'en suis persuad, qui produit les hurlements, dit-il. Quelqu'un de trs habile en mcanique l'a substitu la sonnerie. Pourquoi? demanda Bob.

- Tel est le mystre. Si nous voulons y voir un peu plus clair, il faut d'abord que nous sachions qui a fait ce travail. Moi, bougonna Bob, je ne vois pas comment nous pourrions y arriver!- Tu ne raisonnes pas comme un vritable dtective, dit Hannibal. Fais un effort de rflexion, que diable! Une enqute comme celle-ci, par quel bout la prendrais-tu? Eh bien, il me semble que j'essaierais de dcouvrir la provenance du rveil. Pas mal. Et comment procderais-tu? Ce fut Peter qui rpondit : Ce rveil est arriv avec un tas de vieilleries au Paradis de la Brocante. Je suppose, Babal, que ton oncle l'a achet. Peut-tre sait-il d'o il provient. M. Jones achte beaucoup de choses, commenta Bob d'un air sceptique. Il ne garde pas toujours trace de leur provenance.- Exact, Bob, fit Hannibal. Cependant, Peter a raison. Il faut, en premier lieu, demander oncle Titus s'il sait d'o vient le rveil. Il me l'a donn il y a juste une demi-heure, avec cette bote pleine d'autres objets. Voyons un peu ce qu'elle contient.En effet, une bote de carton tait pose sur l'tabli. Hannibal y plongea la main. Il en retira un hibou empaill qui perdait ses plumes; une brosse habits use aux trois quarts; une lampe dont le pied col de cygne tait bris; un vase brch; deux serre-livres reprsentant des ttesde chevaux et diffrentes vieilleries comme avait dit Peter, presque toutes casses et sans doute inutilisables. Quelqu'un a fourr tout cela dans cette bote et a jet la bote sur une dcharge, remarqua Hannibal. L, elle a t rcupre par un chiffonnier, puis vendue oncle Titus. Mon oncle achte peu prs tout. Il compte sur notre habilet rafistoler les objets et les rendre vendables. Moi, dit Peter, je ne donnerais pas un dollar de tout le lot. Bien sr, il y a le rveil. 11 semble en assez bon tat. Malheureusement, il ne sonne pas, il hurle. Je n'aimerais gure recevoir le matin ce hurlement dans les oreilles! Hannibal resta un instant songeur. Puis : Imaginez que vous vouliez faire peur quelquun... jusqu' la mort. A la pince du rveil habituel, vous mettez en douce celui-ci dans la chambre. Le lendemain, hurlement prolong, dchirant. Rsultat : crise cardiaque. Tu crois, Babal, qu'une chose pareille a pu se produire? demanda Bob. Je n'en ai pas la moindre ide, rpondit Hannibal. J'envisageais simplement une hypothse... Maintenant, allons interroger oncle Titus au sujet de notre rveil. Sur ces mots, Hannibal, suivi de Peter et de Bob, sortit de l'atelier et se dirigea vers la cabane qui, place l'entre du Paradis de la Brocante, servait de bureau. Hans et Conrad, les deux robustes employs d'oncle Titus, rangeaient par tas, avec soin, des objets encore ngociables. Un peu plus loin, oncle Titus en personne examinait d'autres objets en trs mauvais tat. C'tait un homme de petite taille, aux yeux brillants, et dont la lvre suprieure s'ornait d'une norme moustache. Eh bien, les enfants? fit-il en voyant les trois garons s'approcher de lui. Quand vous voudrez gagner un peu d'argent de poche, j'ai l pas mal de camelote qui aurait bien besoin d'tre rpare et repeinte.Nous nous en occuperons ds que possible, oncle Titus, promit Hannibal. Pour l'instant, nous nous intressons ce rveil. Il tait dans une bote que tu m'as remise tout l'heure. Peux-tu nous dire d'o elle vient? M. Jones se plongea dans une rflexion profonde : Pas facile. Tout ce que je sais, c'est que je l'ai eue gratuitement... avec d'autres bricoles que j'avais achetes. Le vendeur me l'a laisse comme a, par-dessus le march, avec le reste. C'est un chiffonnier qui habite... sur la route d'Hollywood, je crois. Il va chez les gens, vide les greniers, les caves, et vend ce qui garde un peu de valeur.- Oncle Titus, as-tu retenu le nom de ce chiffonnier ?- Je n'ai retenu que son prnom : Tom. Rien d'autre. D'ailleurs, je l'attends ce matin. Il doit m'apporter un nouveau chargement. Tu pourras le questionner. A ce moment, une vieille camionnette franchit le seuil du Paradis de la Brocante. Un homme barbu, vtu d'une salopette, en descendit. Justement, le voil, dit M. Jones. Salut, Tom.- Salut, Titus. Je vous apporte un chargement. Premier choix. Et c'est du presque neuf. Vous voulez dire du pas trop vieux ! gloussa

CHAPITRE II

HANNIBAL TROUVE UN INDICE VOILA une enqute arrte avant mme d'avoir V commenc, remarqua Peter. Etant donn que nous n'arrivons pas savoir d'o vient le rveil, il nous est impossible de... Babal, qu'est-ce que tu fabriques? Les Trois jeunes dtectives avaient regagn leur atelier. Dans ses mains, Hannibal tournait et retournait la bote de carton, maintenant vide, qui avait contenu le rveil. Sur une bote, dit-il, il y a quelquefois l'adresse de la personne laquelle on l'a envoye... M. Jones. Ecoutez, je vous en donne dix dollars, sans mme y jeter un regard. Tom se hta de rpondre : Tope l. O est-ce que je mets a? Ici?__ Non, derrire le bureau. Mais, auparavant, mon neveu Hannibal a quelque chose vous demander. Vas-y, garon, j'coute, dit Tom.__ Eh bien, voil, commena Hannibal. Nous cherchons d'o provient une bote de carton que vous avez donne mon oncle. Parmi les objets qu'elle contenait, il y avait ce rveil. Nous avons pens que vous auriez peut-tre une ide... Tom ricana : Des rveils comme celui-l, j'en ramasse une douzaine par semaine. Une ide? Non... vraiment non. Bob prit la parole : La bote contenait aussi un hibou empaill. a ne vous dit rien? Un hibou? Si, a me dit quelque chose. C'est pas tous les jours que je trouve un hibou. Je me souviens de celui-l. Je l'ai dnich dans une maison... Donnez-moi une minute que je rflchisse. C'tait chez... A la fin, Tom secoua la tte : Dsol. Vous comprenez, il y a de cela deux semaines. Oui, j'ai gard la bote en carton deux semaines dans mon garage. O me l'avait-on donne? Dcidment, je ne me souviens pas. Bob dclara : C'est tout fait le genre des botes utilises par les piciers. Tu as raison, approuva Hannibal. En tout cas, il n'y a pas d'adresse. C'est bien ce que je disais, reprit Peter. Voil une enqute qui... De nouveau, il s'interrompit : Bob, qu'est-ce que tu fais? Bob ramassait un papier, de forme rectangulaire, qui venait de voltiger jusque sous la presse imprimer. II est tomb de la bote, dit-il Hannibal. Il y a dessus quelque chose d'crit. Sans doute une liste de produits d'picerie , suggra Peter.Il s'approcha de Bob. En effet, sur le papier, il y avait quelques courtes phrases, crites l'encre. Hannibal les lut haute voix :Cher Rex,Demandez Imogne, Demandez Grald, Demandez Martha,Puis passez l'action! Le rsultat vous surprendra. Mme vous.Bob s'exclama : a alors! Qu'est-ce que a peut bien signifier? Peter gmit : Demandez Imogne! Demandez Grald! Demandez Martha! Qui sont ces gens? Qu'est-ce que nous sommes censs leur demander? Et pourquoi? J'ai l'impression qu'il y a l une partie du mystre du rveil , observa Hannibal.Bob sursauta : Qu'est-ce qui te fait dire a, Babal? Il ne s'agit que d'un bout de papier qui tait dans la bote. Comment pourrions-nous affirmer qu'il a un rapport quelconque avec le rveil? Hannibal regarda ses compagnons : Ce rapport existe, j'en ai nettement l'impression. Examinez le papier. Il a t dcoup avec des ciseaux. Longueur environ dix centimtres, largeur cinq. Je le retourne. Que voyez-vous?- De la colle sche, semble-t-il, suggra Bob. Exactement. Ce papier a du tre coll quelque chose. Maintenant, je retourne le rveil. L, dessous, vous voyez ce petit espace. Vous constatez que le papier s'y place exactement. Ensuite, j'enlve le papier, je passe mon doigt sur le mtal. Je sens quelque chose. Pas de doute, c'est de la colle sche. La dduction est simple : le papier tait coll contre le fond du rveil hurleur. Et ce qui l'a dtach, ce sont les secousses donnes au rveil quand il tait dans la bote. Peter ne paraissait pas satisfait de cette explication : a ne tient pas debout. Qui aurait l'ide de coller un message incomprhensible comme celui-l contre le fond d'un rveil? Un mystre, pour en tre un vraiment, doit tre mystrieux, rpliqua Hannibal. D'accord, Babal, admit Peter. N'empche que nous ne sommes pas plus avancs. Au contraire. Nous voil revenus notre point de dpart. Nous sommes toujours incapables de savoir d'o provient le rveil... Babal, qu'est-ce que tu fais encore? Je gratte la colle sche sur le fond du rveil, expliqua Hannibal. On dirait qu'il y a quelque chose dessous. Des lettres graves, petites, trs petites, et pleines de colle. On ne pourrait les lire. Vite, au PC. II passa derrire la presse imprimer, dplaa un grillage qui semblait se trouver l par hasard, et il dmasqua un norme tuyau de tle d'une dizaine de mtres, dans lequel, l'un aprs l'autre, les Trois jeunes dtectives s'engagrent. C'tait ce qu'ils appelaient le Tunnel numro 2. Ils y avaient tendu de vieux tapis, afin de ne pas s'corcher au contact de la tle. Ce passage secret, en partie souterrain, les conduisait directement leur quartier gnral, leur PC comme ils disaient entre eux.A l'extrmit du tuyau, Hannibal souleva une trappe. Les trois amis se hissrent jusqu'au minuscule bureau du PC. Cela faisait dj longtemps qu'ils y avaient rassembl une table, un petit classeur, une machine crire, un magntophone et un appareil tlphonique. Hannibal alluma la lampe qui pendait au plafond. Puis, ayant pris, dans le tiroir de la table, une grande loupe, il examina le fond du rveil, hocha la tte, et tendit la loupe et le rveil Bob.Celui-ci se livra au mme examen et put en effet dchiffrer un nom grav en lettres minuscules dans le mtal : A. Flix. Qu'est-ce que a signifie? demanda-t-il. Je crois que nous allons bientt le savoir, rpondit Hannibal. Peter, passe-moi l'annuaire, le volume des professions. Ds que Peter le lui eut remis, Hannibal le feuilleta. Il ne tarda pas pousser une exclamation de triomphe : Regardez! A la rubrique Horlogers , il y avait un encadr publicitaire : A. Flix, horloger. Tous travaux spciaux. Suivaient une adresse Hollywood et un numro de tlphone.Hannibal crut devoir renseigner ses compagnons : Les horlogers gravent souvent un numro de code sur les montres, les rveils et les pendules qu'ils repurent. Cela leur permet d'identifier l'objet s'il leur revient. Parfois aussi ils gravent leur nom, quand ils sont tiers de ce qu'ils ont accompli. J'ai l'impression que nous avons dnich celui qui a trafiqu notre rveil, bref celui qui l'a fait hurler. Dans notre enqute, c'est un premier pas en avant, le premier indice. Maintenant, il faut aller demander M. Flix de nous indiquer le nom de la personne qui lui a confi ce travail.

CHAPITRE IIISUR LA PISTE

l'horlogerie d'A. Flix n'tait qu'une petite boutique situe dans une rue voisine du clbre Hollywood Boulevard. Vous pouvez nous arrter ici, Warrington , dit Hannibal.Warrington tait un chauffeur anglais. Au volant d'une superbe et trs dmode Rolls-Royce dore sur tranche, il avait amen de Rocky les Trois jeunes dtectives. C'tait la suite d'un concours, qu'il avait gagn, qu'Hannibal pouvait utiliser sa guise le chauffeur et la voiture. Cependant, peu de temps auparavant, les garons avaient eu chaud. Le dlai accord par le jury du concours venant expiration, allaient-ils pouvoir continuer leurs enqutes? Ils savaient, par exprience, que les distances, en Californie, taient grandes. Mais un miracle s'tait produit. Grce la gnrosit d'un certain Auguste, qu'ils avaient aid puissamment entrer en possession d'un hritage considrable, ils pouvaient de nouveau se servir de la fabuleuse voiture et de son chauffeur. Trs bien, monsieur Hannibal , rpondit Warrington avec dignit.Il arrta la Rolls-Royce. Les garons descendirent.Ils regardrent la boutique travers une troite vitre poussireuse sur laquelle s'caillait la peinture d'une inscription : A. Flix. La vitrine tait pleine de pendules et de rveils anciens et modernes, les uns petits, les autres assez grands, certains trs simples, quelques-uns orns de fleurs et d'oiseaux. Soudain, la porte d'une pendule en bois s'ouvrit. Un minuscule personnage apparut, s'avana, brandit une trompette et lana plusieurs notes pour indiquer l'heure. Voil qui me plairait assez, observa Peter. Une trompette, c'est tout de mme plus agrable que des hurlements. Entrons, proposa Hannibal. Il faut savoir si M. Flix a quelque chose nous apprendre. Ds qu'ils eurent franchi le seuil, ils eurent l'impression d'tre environns par les bourdonnements d'un million d'abeilles. Puis ils se rendirent compte que ces bourdonnements provenaient de plus de cent rveils et pendules fonctionnant ensemble. Par un couloir situ au fond de la boutique et bourr lui aussi de pendules et de rveils, un petit homme, presque un nain, s'avana vers les visiteurs. Il portait un tablier de cuir. Ses sourcils blancs taient broussailleux, ses yeux noirs et trs vifs. Y a-t-il quelque chose qui vous intresserait particulirement? demanda-t-il d'un ton jovial. Ou bien dsirez-vous simplement faire rparer une montre? Hannibal rpondit : Non, monsieur. Nous voudrions vous consulter au sujet de ce rveil. II portait un sac fermeture glissire. Il l'ouvrit, y prit le rveil hurleur et le posa sur le comptoir.M. Flix l'examina un moment, puis : Un rveil lectrique, et pas de premire jeunesse. Quant sa valeur... peuh! Je ne crois pas qu'il vaille la peine d'tre rpar. Il ne s'agit pas de le rparer, monsieur, dit Hannibal. Si a ne vous fait rien, voulez-vous le brancher? L'horloger haussa les paules et brancha le rveil. Maintenant, voulez-vous tre assez aimable pour mettre la sonnerie. M. Flix s'excuta. Immdiatement, le terrible hurlement emplit la petite boutique. L'horloger se hta d'abaisser le levier de la sonnerie. Le hurlement s'attnua, ne fut bientt plus qu'un murmure. M. Flix retourna le rveil, l'examina de nouveau, sourit : Maintenant, je me souviens. Un travail bizarre, une sorte de farce. Mais j'en ai fait bien d'autres du mme genre!

C'est donc vous qui l'avez fait hurler? demanda Peter. Oui, c'est moi. Assez ingnieux, n'est-ce pas? Malheureusement, je ne puis vous rvler pour qui j'ai excut ce travail. Secret professionnel! Tous mes travaux sont confidentiels.Bien sr, monsieur, reprit Hannibal. Cependant, voyez-vous, ce rveil a t trouv sur une dcharge. Peut-tre l'y a-t-on jet par erreur. Le propritaire avait d vous payer un bon prix pour cette transformation. Il se peut qu'il soit trs ennuy d'avoir perdu sou rveil. Nous voudrions le lui porter.- Je comprends... dit M. Flix, pensif. Bob intervint : Nous esprons aussi recevoir une rcompense. M. Flix inclina plusieurs fois la tte : Ce serait normal. En effet, ce rveil n'a pu tre jet sur une dcharge que par erreur. Il marche trs bien. Dans ces conditions, pourquoi ne vous donnerais-je pas les renseignements dont je dispose? Le nom du client pour lequel j'ai excut ce travail est... Tick. Surpris, Bob et Peter rptrent : Tick?- Oui, T. Tick. Comme tic-tac! J'ai toujours pens que c'tait une blague. Et il ne m'a pas apport que ce rveil. De temps en temps, il m'apportait une pendule, une pendulette. Hannibal rflchissait : En effet, a n'a pas l'air d'un vrai nom. Mais, s'il vous a donn son adresse, nous pourrons toujours aller le voir.__ Hlas, il ne m'a donn qu'un numro de tlphone. Mien ne vous empche de l'appeler. Sur ces mots, M. Flix plongea derrire son comptoir et reparut charg d'un norme registre. Il l'ouvrit, tourna quelques pages : Voil, T. Tick. Numro de tlphone... Bob avait en hte tir un carnet de sa poche et notait le numro. Vous n'avez rien d'autre nous apprendre, monsieur? demanda Hannibal.L'horloger secoua la tte : Non, rien. Je vous en ai peut-tre dj trop dit. Maintenant, messieurs, veuillez m'excuser. Ce n'est pas l'ouvrage qui me manque. Et le temps est prcieux. Il ne faut pas le gaspiller. Au revoir, au revoir ! Et M. Flix trottina vers le fond de sa boutique. Hannibal se redressa de toute sa taille et dit en sortant de l'horlogerie avec ses compagnons : Nous avons fait quelque progrs. Maintenant, nous allons tlphoner. J'ai aperu tout l'heure une cabine au coin de la rue. Quand il entra dans la cabine, Peter lui demanda : Qu'est-ce que tu vas dire, Babal? Je vais me dbrouiller pour avoir l'adresse. Afin de mieux entendre la conversation, Bob et Peter s'entassrent avec lui dans la cabine. Hannibal glissa une pice de monnaie dans la fente, posa son index sur le disque et composa le numro. Au bout d'un moment, une voix de femme se fit entendre. Bonjour, madame , dit Hannibal en s'efforant de prendre l'intonation d'un adulte. II avait des dons d'imitation qui lui rendaient parfois de srieux services. Ici, reprit-il, la compagnie des tlphones. Nous avons des ennuis. Il y aurait des erreurs dans les transmissions...- Des erreurs dans les transmissions? rpta la femme. Je ne comprends pas.Nous avons des plaintes. Certaines personnes obtiennent de mauvais numros. Pourriez-vous me donner l'adresse d'o vous me parlez? Cela faciliterait nos vrifications.- L'adresse? C'est facile, 309 Franklin Street. Mais je ne vois toujours pas comment... Elle fut interrompue par un hurlement. Mais un hurlement qui, par sa gravit et sa sonorit, ne pouvait tre pouss que par un homme en pleine force, et qui, de surcrot, devait avoir terriblement peur. Les trois garons en auraient sursaut, s'ils n'avaient t serrs l'un contre l'autre, dans la cabine.Le hurlement cessa. Hannibal appela : Madame! Mais il n'y avait plus personne au bout du fil.

CHAPITRE IV

HANNIBAL REVIENT A LA CHARGE! Nous sommes presque arrivs, Warrington, dit M Hannibal. Ralentissez. Cela nous permettra de chercher le numro. Trs bien, monsieur Hannibal , rpondit le chauffeur.Il s'engagea lentement dans Franklin Street.Cette rue se trouvait au cur de l'ancien quartier lgant de la ville. A droite et gauche, les maisons taient vastes, mais assez dlabres. Halte! cria Peter. Nous y sommes. Warrington arrta la Rolls-Royce le long du trottoir.. Les garons descendirent, examinrent la maison. Les stores taient baisss. L'immeuble entier donnait une impression d'abandon. Deux marches permettaient d'accder la porte. Les Trois jeunes dtectives les gravirent. Hannibal sonna.Une longue minute s'coula avant que la porte ne s'ouvrt en grinant. Une femme apparut sur le seuil. Elle n'tait pas vraiment ge. Mais son visage aux traits tirs avait une expression de tristesse. Je vous prie de m'excuser, dit Hannibal. Puis-je parler M. Tick?- M. Tick? rpta la femme en levant des sourcils tonns. Il n'y a personne ici de ce nom.- Ce n'est peut-tre pas son vrai nom, reprit Hannibal. Il s'intresse aux rveils, pendules. Et il habite ici. Du moins, il y a habit... Rveils? Pendules? Sans doute faites-vous allusion M. Hadley? Malheureusement, M. Hadley est... La femme fut interrompue par une voix imprieuse : Ne leur dis rien, maman! Et un garon aux cheveux noirs, de dix-sept ans environ, vint se planter entre elle et les Trois jeunes dtectives. Sourcils froncs, il scruta les visiteurs et insista : Maman, je ne veux mme pas que tu leur adresses la parole! Referme la porte. Ils n'ont rien faire ici. Rien ne les autorise nous poser des questions. Voyons, Harry, il faut tre au moins poli! rpliqua la mre sur un ton de reproche. Ces garons semblent bien levs. Ils cherchent M. Hadley. En tout cas, c'est ce que je crois comprendre. Hannibal demanda tout trac : Etait-ce M. Hadley qui hurlait tout l'heure? Harry le regarda fixement. Oui, c'tait lui! brailla-t-il. Il a hurl avant de rendre le dernier soupir. Maintenant, fichez le camp. Il faut que nous enterrions M. Hadley.

Et, sans plus attendre, il referma la porte au nez des visiteurs. Tu as entendu! s'exclama Peter. Ils ont tu quelqu'un, et ils sont dans l'obligation de l'enterrer! Vous ne croyez pas qu'il faudrait appeler la police? suggra Bob. Pas encore, dit Hannibal. Nous n'avons pas assez de faits prcis. Et puis, il faut de nouveau essayer d'entrer dans cette maison. Par la ruse? demanda Bob.Hannibal secoua la tte : Non. Il est indispensable que ces gens nous laissent entrer de bon gr. Regardez : Harry nous surveille. Il est post la fentre, prs de la porte. Donc, je reviens la charge. II appuya sur le bouton de la sonnette, plus longtemps que la premire fois. La porte s'ouvrit soudain. Je vous ai dj dit de partir! cria Harry. Ce n'est pas le moment de nous embter!Telle n'est pas notre intention, rpliqua vivement Hannibal. Nous enqutons sur des faits mystrieux. Nous avons besoin de votre aide. Tenez, voil notre carte. D'un geste prompt, il tira une carte de sa poche et la tendit Harry. Celui-ci la prit et lut :

LES TROIS JEUNES DTECTIVES

Enqutes en tout genre? ? ?Dtective en chef : HANNIBAL JONESDtective adjoint : PETER CRENTCHArchives et recherches : BOB ANDYHarry eut un ricanement : Qu'est-ce que c'est que ces points d'interrogation? Ils signifient peut-tre que vous ne savez pas ce que vous faites?- Ils reprsentent des mystres qui n'ont pas encore t percs, des nigmes dont on n'a pas encore trouv la clef, expliqua Hannibal. Notre devise figure sur la carte : enqutes en tout genreEn ce moment, nous enqutons sur un rveil trs trange. D'ailleurs, le voil. II prit le rveil dans son sac et le plaa presque sous le nez d'Harry. Celui-ci, obissant la curiosit, ne put s'empcher de l'examiner : Qu'a-t-il de si trange?- Je vais vous le prouver, si vous nous permettez d'utiliser une prise de courant , dit Hannibal.Et, comme s'il tait certain que Harry ne lui refuserait pas d'entrer, il franchit le seuil. Peu aprs, les trois visiteurs se trouvaient dans un vestibule sombre et troit. A droite, un escalier donnait accs au premier tage. A gauche, se dressait une grande horloge dont le balancier faisait tic-tac, tic-tac. Prs de cette horloge, il y avait une table sur laquelle tait pos un appareil tlphonique.Bob et Peter regardaient de tous cts, esprant dcouvrir le corps de M. Hadley. Mais ils ne virent rien de suspect. En revanche, Hannibal repra une prise de courant ct de l'horloge. Je branche le rveil, expliqua-t-il. Puis je mets ce petit levier sonnerie . Ecoutez! Le hurlement habituel s'leva, devint si dchirant que, dans ce vestibule assez sombre, Bob et Peter en avaient la chair de poule.Hannibal se hta de dbrancher. Eh bien, demanda-t-il Harry, pensez-vous toujours que ce rveil ne vaut pas la peine qu'on entreprenne une enqute son sujet? Je le pense plus que jamais! rpliqua le jeune homme avec un accent brutal. N'importe qui peut faire hurler un rveil ou une pendule, peu importe. Je vais vous le prouver immdiatement. A votre tour, coutez! De derrire l'horloge, il tira un fil lectrique l'extrmit duquel il y avait une fiche. Puis il enfona cette fiche dans la prise de courant. Alors, les trois garons sentirent leurs cheveux se dresser sur leurs ttes. Une voix d'homme, qui avait dbut par un gmissement, montait, montait sans cesse, se changeait petit petit en un hurlement. Enfin, au bout d'un De derrire l'horloge, il tira un fil lectrique.

moment, elle perdit de son intensit, s'loigna, comme si l'ho.mme tombait d'une haute falaise.La grande horloge avait hurl! Hannibal, Bob et Peter eurent la mme pense : C'est le hurlement que nous avons entendu tout l'heure dans la cabine tlphonique! D'une pice situe l'extrmit du vestibule, la femme accourut : Pour l'amour de Dieu, Harry, ne me casse pas les oreilles! Qu'est-ce que... En apercevant les Trois jeunes dtectives, elle s'arrta, gne : Harry, pourquoi les as-tu laisss entrer? Que veulent-ils? Ils ont un rveil qui hurle, rpondit Harry en retirant la fiche de la prise de courant. Un petit rveil que je vois pour la premire fois, mais qui a d appartenir M. Hadley. II prit le rveil sur la table et le montra sa mre. Elle secoua la tte : Moi aussi, je le vois pour la premire fois. Tu es sr qu'il appartient M. Hadley? A peu prs sr, maman. Seul M. Hadley avait la manie de faire transformer un rveil banal en rveil hurleur. C'est vrai... du moins je le crois. Mais o ces garons ont-ils pu se procurer un rveil comme celui-l?- a, je ne le sais pas encore , rpondit Harry.Sa colre tait tombe. Sa voix commenait mme avoir un accent presque amical. Ces garons, reprit-il, sont des espces d'enquteurs. Ils se prtendent dtectives. En tout cas, puisqu'ils possdent l'un des rveils de M. Hadley, nous aurions peut-tre intrt savoir ce qu'ils veulent. II ouvrit une porte et fit signe aux visiteurs d'entrer. Ceux-ci se trouvrent dans une bibliothque spacieuse. Quelques tableaux peints l'huile taient accrochs aux murs lambrisss. Les trois garons virent leurs reflets dans une glace qui, place tout au fond, faisait paratre la pice encore plus vaste. Des tagres, o se pressaient des centaines de livres, montaient du plancher au plafond.Mais le plus remarquable tait les rveils, pendulettes, pendules, horloges, poss a et l, sur les tables, sur les tagres, mme sur le plancher. Il et t difficile de les dnombrer. Vingt, trente, cinquante. Les seules pendules s'levaient au nombre de douze. Tous ces objets, anciens et visiblement prcieux, avaient t lectrifis. El effet, ils ne produisaient pas l'habituel tic-tac, mais un bourdonnement monotone. Vous voyez ces rveils, ces pendules ? dit Harry. Eh bien, je vais vous faire une rvlation. Ils hurlent tous!

CHAPITRE V

POUR TOUS LES GOTS...

quel concert! Cela commena par uncri aigu de bb effray. A ce cri succdrent les beuglements d'un homme furieux. Ces beuglements cdrent la place aux grondements d'un animal, certainement une panthre. Aprs quoi, ce furent, jaillissant de tous cts et se mlant, des voix qui gmissaient, braillaient, rugissaient et formaient un concert si terrifiant que les trois garons, assis cte cte sur un canap, se sentaient glacs jusqu'aux os. install devant un pupitre, Harry manipulait des manettes qui lui permettaient de diriger sa fantaisie cet trange orchestre. Maintenant, les visiteurs ne pouvaient en douter : toutes les pendules, toutes les pendulettes et tous les rveils rassembls dans cette pice taient pourvus, comme le vieux rveil auquel ils s'intressaient, d'un mcanisme spcial. Harry, avec l'aisance que donne une longue habitude, les dclenchait soit l'un aprs l'autre, soit ensemble.Il jeta aux trois garons un sourire en coin, abaissa les manettes et dit, lorsque le silence fut rtabli : Je parie que vous n'avez jamais rien entendu de semblable. Maintenant, comprenez-vous pourquoi votre rveil ne m'tonne pas? Ces trucs-l, je les connais depuis longtemps.- Cette pice est-elle insonorise? demanda Hannibal. Si elle ne l'est pas, les voisins vont srement nous envoyer la police! Elle l'est, tranquillisez-vous. C'est ici que M. Hadley s'asseyait souvent, le soir, et mettait tous ces bidules en marche. Il m'a mis au courant avant de... Bref, il m'a mis au courant.- Que lui est-il arriv? dit Hannibal. Harry rpliqua avec un regard flamboyant : Rien, voyons! Qu'aurait-il pu lui arriver? Vous venez de dire : Il m'a mis au courant avant de... Pourquoi n'avez-vous pas termin votre phrase? Il est parti, voil tout. D'ailleurs, qu'est-ce que a peut faire? Hannibal expliqua : Nous commenons une enqute an sujet d'un rveil qui hurle. Et voil que nous tombons dans une pice o il y a des rveils, des pendulettes, des pendules, des horloges. Et tout cela hurle qui mieux mieux ! J'ai l'impression que le mystre s'approfondit. Pourquoi tous ces rveils qui hurlent, toutes ces pendules. a ne tient pas debout!- En effet, a ne tient pas debout, renchrit Peter. Je n'ai jamais rien vu d'aussi farfelu! Harry se tenait maintenant sur la dfensive : C'tait la passion, la marotte de M. Hadley. Est-ce que cela s'explique? Il voulait quelque chose de vraiment original. Alors il a collectionn les rveils et les pendules qui hurlent. El, s'adressant plus spcialement Hannibal : Vous n'avez pas de marotte, vous? Si. J'aime chercher la clef de certains mystres, comme celui pour lequel nous sommes ici en ce moment, mes camarades et moi. Je vous ai dj dit qu'il n'y a pas de mystre! C'est possible, admit Hannibal. Cependant, j'ai l'impression que quelque chose vous tracasse. Votre attitude est celle de quelqu'un qui a tout le monde en grippe. Confiez-vous nous. Pourquoi pas? Nous pourrions peut-tre vous aider. Comment pourriez-vous m'aider? rpliqua Harry avec violence. Rien ne me tracasse. Une seule chose me gne : votre prsence. Je vous prie de me laisser tranquille, bref de dbarrasser le plancher. II se prcipita vers la porte, l'ouvrit : Par ici la sortie! Et n'y revenez pas. Sinon, je... Il s'arrta brusquement. L'autre porte, celle qui donnait sur la rue, venait elle aussi de s'ouvrir. Un homme de taille moyenne, mais dont les paules paraissaient d'une largeur exceptionnelle, franchit le seuil.

Il regarda Harry, puis les visiteurs. Qu'est-ce que c'est, Harry? demanda-t-il en fronant les sourcils. Vous avez amen des amis, pour vous amuser... et me gner? Vous savez pourtant que j'ai besoin d'un repos absolu.Harry rpondit d'un ton maussade : Nous ne faisons pas de bruit, monsieur Jitters. D'ailleurs, vous n'ignorez pas que la bibliothque est insonorise. L'homme scruta longuement Bob, Peter et Hannibal, comme s'il voulait graver leurs physionomies dans sa mmoire. II faut que j'aie une petite conversation avec votre mre , dclara-t-il la fin.Et il commena de gravir l'escalier.Bob, stupfait, demanda Harry : Pourquoi ne veut-il pas que vous receviez des amis? Vous tes chez vous ici, n'est-ce pas?- Non, expliqua Harry, cette maison appartient M. Hadley. Ma mre n'en est que la gardienne. Elle ne remplit cet emploi que depuis le dpart de M. Hadley. Pour pouvoir subvenir aux frais d'entretien de la maison, nous louons le premier tage M. Jitters. Maintenant, je vous conseille de partir. Vous m'avez dj caus assez d'ennuis!Trs bien, dit Hannibal. Bob et Peter, vous venez? Quant vous, Harry, merci de nous avoir montr la collection de M. Hadley. Prcdant ses compagnons dans le vestibule, Hannibal prit au passage le rveil qu'il avait pos sur la table, prs de l'appareil tlphonique, et il le remit dans son sac. Puis tous les trois sortirent de la maison et se dirigrent vers l'endroit ou Warrington les attendait au volant de la Rolls-Royce. Nous n'avons gure progress, bougonna Peter en montant dans la voiture. N'importe qui a le droit de collectionner des pendules et des rveils hurleurs. Du moins, je le suppose. Ton enqute, Babal, m'a tout l'air d'tre dans le lac! - J'en ai peur , dit Hannibal.Il se pencha vers le chauffeur : Puisque nous sommes Hollywood, Warrington, arrtez-nous donc World Studios. Nous essaierons d'tre reus par M. Hitchcock. Il se peut que notre rveil l'intresse.Trs bien, monsieur Hannibal , rpondit Warrington en mettant le moteur en marche.Mais Bob lana soudain : Un instant, Warrington! Harry Smith venait de sortir de la maison et accourait. Peter se hta d'abaisser l'une des vitres. Harry se pencha l'intrieur et dclara d'une voix essouffle : Je suis heureux de vous avoir rattraps... J'ai pris une dcision. Aprs tout, puisque vous tes dtectives, vous pouvez peut-tre nous rendre service. Mon pre est en prison pour une chose qu'il n'a pas faite. Je voudrais que vous m'aidiez prouver son innocence.

CHAPITRE VI

LE MYSTRE S'PAISSIT

Montez, Harry, dit Hannibal, et racontez-nous 1VJL toute l'histoire. Nous saurons alors si nous pouvons ou non vous rendre service. Harry s'installa sur le sige arrire, entre Hannibal et Bob. Peter, sur un strapontin, leur faisait face. Immdiatement, le nouveau venu commena son rcit. Trois ans auparavant, il tait venu, avec son pre et sa mre, habiter la maison de M Hadley. En change d'un appartement situ sur te derrire de la maison et d'un petit salaire, M. Hadley, qui tait clibataire, avait obtenu que Mme Smith lui servt de gardienne ou, plus prcisment, de gouvernante.Quant M. Smith, il exerait la profession d'agent d'assurances et travaillait dur pour se faire une situation. Il obtenait dj des rsultats apprciables, lorsque, six mois auparavant, un vol de tableaux avait t commis deux pas de l, chez un homme d'affaires habitant Beverly Hills. Trois toiles de valeur, appartenant l'cole moderne, avaient t dcoupes de leurs cadres. Le voleur tait-il entr par une fentre troite? Possdait-il un double de la clef permettant d'ouvrir la porte principale?La police apprenait peu aprs que Ralph Smith, le pre d'Harry, s'tait prsent, deux semaines avant le vol, chez le propritaire des tableaux. Il avait tent de le persuader de souscrire une assurance sur la vie. Bien sr, Ralph avait vu les toiles. Mais, sans la moindre comptence artistique, il ne s'tait pas rendu compte de leur valeur.Nanmoins, comme il avait pntr dans la maison de Beverly Hills, les policiers fouillrent de fond en comble son appartement. Et que trouvrent-ils sous le linolum de la cuisine? Les toiles voles! Arrt et jug, le pre d'Harry avait t reconnu coupable et condamn cinq ans de prison. Il y avait de cela trois mois. Jusqu' la fin du procs, il avait protest de son innocence, ne cessant de rpter : J'ignore d'o viennent ces toiles. Malgr cela, les rponses du jury avaient entran un verdict de culpabilit.Harry conclut en ces termes : Mon pre n'a rien fait. Il n'est pas un voleur. S'il en tait un, nous le saurions bien, maman et moi. Aujourd'hui, la police est persuade qu'il appartenait une bande spcialise dans le vol des objets d'art, et oprant Hollywood depuis dix ans. Tout cela, parce qu'il est agent d'assurances, et qu'il va voir ses clients le soir de prfrence! Le jeune homme reprit sa respiration avant d'ajouter : Comprenez-vous maintenant pourquoi je dsire que vous m'aidiez? Je ne puis gure tre gnreux. Je ne possde que quinze dollars. Mais ils sont vous si vous pouvez faire quelque chose pour mon pre. Hannibal, paupires battantes, rflchissait. Bob et Peler restaient impassibles. Cependant, chacun d'eux pensait : 11 est assez exceptionnel que la police arrte un innocent. Elle n'agit de la sorte que lorsqu'elle a runi de nombreuses preuves... Le premier, Hannibal sortit de sa mditation. C'est une affaire difficile, dit-il. Je ne vois pas par o nous pourrions commencer. Il manque des dtails, des faits prcis... Harry faillit se mettre en colre : Si l'affaire n'tait pas difficile, croyez-vous que je vous aurais demand de m'aider? Si j'en cros la carte que vous exhibez, vous tes dtectives. C'est le moment de le montrer. Au moins, essayez de faire une enqute! Hannibal pina sa lvre infrieure entre le pouce et l'index, ce qui tait chez lui la preuve d'une rflexion intense. De toute faon, dclara-t-il, soyez certain que nous allons tudier le problme. Mais, dites-moi, si votre pre n'a pas vol les toiles, comment se fait-il qu'on les ait trouves sous le linolum de votre cuisine?- Je ne sais pas, murmura Harry avec un accent dsespr. M. Hadley recevait beaucoup de visiteurs. Ces gens entraient, sortaient. Le coupable est peut-tre l'un d'eux. J'ai pens aussi qu'un inconnu, voulant jouer un sale tour mon pre, a pu se glisser la nuit dans la maison et cacher les toiles l o on les a trouves. Je suppose, demanda Bob, qu'il y a une porte de derrire? Oui, rpondit Harry.- Elle est sans doute toujours verrouille.

Bien sr. Mais, vous savez, la maison est vieille et le verrou ne vaut pas grand-chose. N'importe qui peut l'ouvrir. a nous laissait assez indiffrents. Il y a si peu de choses voler chez nous! Hannibal continuait se pincer la lvre infrieure : II faut noter que les toiles ont t caches sous le linolum de la cuisine, la pice la plus proche... si le voleur est entr par la porte de derrire. Il a donc pu entrer facilement et sortir de mme.Trs bien raisonn, Babal, approuva Peter. Je suis prt parier que c'est ainsi que les choses se sont passes. Bob intervint : Et si M. Hadley avait vol les toiles? Si c'tait lui qui les avait caches sous le linolum? Hannibal se tourna vers Harry : La police a-t-elle souponn M. Hadley? Harry secoua la tte : M. Hadley ne ferait pas une chose semblable. Il nous aimait bien. Et puis, il tait la maison le soir o les toiles ont t voles. L'alibi parat indiscutable, admit Hannibal. Tout de mme, l'affaire dans son ensemble a quelque chose d'assez bizarre... Explique-toi, dit Bob. Eh bien, voil. Nous trouvons un rveil mystrieux. Nous entreprenons une enqute son sujet. Nous dcouvrons qu'il appartient un homme qui a la manie de collectionner pendules et rveils trafiqus comme le ntre. Et maintenant nous tombons sur une autre histoire. Quelqu'un a vol des tableaux et s'est arrang pour que le pre dHarry soit accus sa place et jet en prison. N'est-ii pas trange que la premire affaire conduise la deuxime? Y aurait-il un lien entre elles? Tu crois que c'est possible? demanda Peter. Pas la moindre ide , dclara Hannibal.Et, s'adressant de nouveau au fils de M. Smith : Harry, j'aimerais que vous nous disiez tout ce que vous savez sur M. Hadley. Bob, tu noteras. Harry n'avait pas grand-chose raconter. Selon lui, M. Hadley tait un petit homme grassouillet, d'humeur joviale. Il semblait avoir beaucoup d'argent, provenant d'un hritage qu'il avait reu quelques annes auparavant, et comme il recevait surtout des personnes appartenant au monde du thtre et du cinma, Harry et ses parents en dduisaient qu'il avait exerc la profession d'acteur. Cependant, M. Hadley ne parlait jamais de son pass.Au procs, comparaissant comme tmoin, il avait dclar qu'il considrait M. Smith comme innocent. Et il avait paru boulevers par la condamnation de M. Smith. Quelques jours plus tard, il annonait : Je pars pour l'tranger. J'ai besoin de me soigner. II avait pri Mme Smith de veiller sur la maison pendant son absence. Puis, n'emportant que deux valises, il tait parti. Il n'avait jamais donn de ses nouvelles. Quelques amis taient venus pour le voir. Mais, bientt, ils avaient cess leurs visites. Juste au moment o Mme Smith dpensait le reste de l'argent que M. Hadley lui avait laiss, un certain M. Jitters s'tait prsent. Il cherchait un appartement. Mme Smith lui avait lou le premier tage. M. Jitters avait bien prcis qu'il voulait la tranquillit et le silence. Il n'avait cess de se montrer trs pointilleux sur ce chapitre. Voil, conclut Harry. Je ne sais rien d'autre. Vous voyez, c'est peu. II ajouta d'un air sombre. Je suppose que vous ne pouvez pas venir en aide mon pre. Personne ne le peut. Pardonnez-moi de m'tre montr dsagrable avec vous. Quand vous avez tlphon, j'ai fait hurler l'horloge du vestibule, pour empcher ma mre de vous parler. Je vous prenais pour des journalistes. C'est que... Ah! tout cela est si navrant!- Nous comprenons, dit Hannibal. Nous allons rflchir votre affaire. Si nous avons une ide quelconque, nous vous avertirons. Les Trois jeunes dtectives changrent une poigne de main avec Harry. Celui-ci descendit de la voiture. Warrington redmarra. Monsieur Hannibal, demanda-t-il, o allons-nous? Retournons-nous au Paradis de la Brocante? Hannibal rflchit avant de rpondre : Nous voulions voir Alfred Hitchcock. Si M. Hadley a t acteur, il se peut que M. Hitchcock le connaisse. Il a fait travailler des centaines d'acteurs. Warrington, conduisez-nous aux World Studios. Trs bien, monsieur Hannibal. Quelques minutes plus tard, la Rolls-Royce s'arrtait devant l'entre des World Studios dont on apercevait les btiments derrire de hauts murs. Le gardien dcrocha son tlphone, s'assura que M. Hitchcock tait dans son bureau, puis dit aux visiteurs : M. Hitchcock accepte de vous recevoir. Un instant plus tard, les Trois jeunes dtectives taient assis devant la table o travaillait le clbre metteur en scne. Eh bien, qu'est-ce qui vous amne aujourd'hui? demanda de sa grosse voix Alfred Hitchcock.Seriez-vous sur une nouvelle piste? Oui, monsieur, rpondit Hannibal. Une piste bien embrouille et qui ne conduit peut-tre rien.Nous avions commenc une enqute propos d'un rveil hurleur. Et voil que... Surpris, Alfred Hitchcock l'interrompit : Rveil hurleur? rpta-t-il. Le Hurleur! Qu'est-ce qu'il devient, celui-l? Voil des annes que je n'ai plus entendu parler de lui.

CHAPITRE VII

TENTATIVE DE VOLhannibal tait stupfait : Si je comprends bien, monsieur, vous avez connu quelqu'un qui... Ce n'tait qu'un sobriquet. Son vrai nom tait Thodule Tick. Parfaitement, Thodule Tick, si bizarre que cela paraisse. Par plaisanterie, les gens l'avaient surnomm Rveil hurleur ou, plus simplement, le Hurleur. Et pourquoi? Parce qu'il tait un hurleur. Les Trois jeunes dtectives taient de plus en plus intrigus. Un hurleur? fit Hannibal. Qu'entendez-vous par l, monsieur Hitchcock? Le metteur en scne eut une sorte de gloussement : Il hurlait pour gagner sa vie. Il faut que vous compreniez. Jadis, quand il n'y avait pas encore de tlvision, la radio donnait des missions inspires par des rcits fantastiques. Ces missions avaient beaucoup de succs. A un moment, il y en eut jusqu' trente-cinq par semaine! Aujourd'hui, je ne crois pas qu'il y en ait une seule. Bien sur, vous tes trop jeunes pour comprendre. Mais je puis vous assurer qu'elles taient trs intressantes. Alfred Hitchcock reprit aprs un silence : Dans la plupart des missions de ce genre, quelqu'un criait ou hurlait, comme vous voudrez. Un cri produit toujours un grand effet sur les auditeurs. Sans doute pensez-vous : N'importe quel acteur peut crier. Vous n'avez pas tort. Mais, lorsque le metteur en scne voulait un cri ou un hurlement vraiment terrifiant, il engageait un spcialiste, Thodule Tick par exemple. A une certaine poque, je crois qu'il tait le seul ne pas faire autre chose. Je l'ai mme utilis dans deux de mes films. Aprs, un nouveau silence, Alfred Hitchcock ajouta : II possdait un talent trs souple, trs vari. Il imitait aussi bien le cri d'un enfant ou d'une femme, celui d'un homme ou d'un animal. Le succs lui montait un peu la tte. Malheureusement, les missions de radio disparurent ds que la tlvision commena de s'imposer. Personne ou presque n'avait plus besoin des services de Thodule Tick. Comme je vous le disais, je l'ai employ dans deux films, il y a quelques annes. Puis il s'est transform en courant d'air. Et je n'ai plus entendu parler de lui. Est-ce son sujet que vous faites une enqute?Nous ne savions rien de tout cela, rpondit Hannibal. Mais il semble bien, au fond, que ce soit lui qui nous intresse, surtout aprs tous les renseignements que vous venez de nous donner. Cependant, c'est ce rveil qui est l'origine de notre enqute... II tira le rveil de son sac et le fit fonctionner. M. Hitchcock ne cacha pas son tonnement : Voil un travail qui n'est pas la porte de tout le monde! Je suis prt parier que l'auteur n'en est autre que Thodule Tick. Aprs tout, tant surnomm le Hurleur, il est normal qu'il ait eu envie de faire hurler un rveil. L'affaire a d lui apparatre comme une bonne blague. Hannibal dcrivit la bibliothque pleine de rveils, de pendulettes, de pendules. Nous n'avons pas compt les rveils ni les pendulettes, ajouta-t-il. Mais nous avons remarqu qu'il y avait douze pendules. Et tout cela hurlait!- Les douze pendules de Thodule! gloussa M. Hitchcock.Hannibal parla encore de M. Hadley et de l'arrestation du pre de Harry Smith.M. Hitchcock changea d'expression, frona les sourcils. Bizarre, bizarre, murmura-t-il. Je ne serais pas surpris que ce Hadley et Thodule soient un seul et mme homme. Thodule tait de petite taille. Vous venez de dire que Hadley est petit et grassouillet. Thodule a pu grossir depuis la dernire fois que je l'ai vu. Et maintenant que j'y pense... Oui, je crois me souvenir qu'il a fait un hritage l'poque o il commenait avoir de moins en moins de travail la radio. Le metteur en scne prit sa respiration, puis poursuivit : Je le vois trs bien trafiquant des rveils et des pendules pour obtenir tous les cris et hurlements o il tait pass matre. Cela lui rappelait le bon temps et amusait peut-tre ses amis. Mais je ne m'explique pas qu'il ait chang de nom... Bob demanda : Monsieur Hitchcock, aimait-il les tableaux, les objets d'art? Pas que je sache. Certains comdiens sont collectionneurs. A Hollywood, j'ai t souvent surpris par le grand nombre d'objets d'art que possdent diffrents acteurs, producteurs, metteurs en scne. Mais je n'ai jamais entendu dire que Thodule Tick tait la proie d'une passion de ce genre. Hannibal se leva, immdiatement imit par ses compagnons : Merci, monsieur. Vous nous avez dit plusieurs choses qui nous fournissent ample matire rflexion. Entre autres, il est stupfiant que M. Hadley et M. Tick puissent tre le mme homme. Quant l'arrestation du pre d'Harry Smith, je ne vois pas encore trs bien la place qu'elle occupe dans cette affaire. Si nous progressons dans cette enqute, nous vous tiendrons au courant. Sur ces mots, les Trois jeunes dtectives prirent cong de M. Hitchcock. Warrington les ramena Rocky. Il ne s'arrta que devant les grilles duParadis de la Brocante. Les garons descendirent et, sans hte, d'un pas qui semblait alourdi par leurs penses, ils franchirent le seuil du dpt de bric--brac. Comme ils arrivaient au milieu de la cour, un homme surgit de derrire un tas de rondins. Vous l-bas! fit-il. Vous vous souvenez de moi, n'est-ce pas? C'tait ce M. Jitters qu'ils avaient aperu environ une heure auparavant chez Harry Smith. Dans ce sac, reprit M. Jitters, vous avez un rveil. Il m'appartient. Brusquement, il plongea vers les trois garons et arracha le sac de la main d'Hannibal. Maintenant que je l'ai, il m'appartient doublement, ajouta-t-il d'une voix grondante. La possession, c'est, aux yeux de la loi, les neuf diximes de la proprit.- Vous ne pouvez pas faire a! protesta Peter.Et, la faon d'un joueur de rugby, il se jeta dans les jambes de M. Jitters. Hannibal et Bob se prcipitrent l'aide de leur camarade. Hannibal saisit M. Jitters par un bras. Bob tenta de lui reprendre le sac.Mais M. Jitters avait de la force revendre. Il se dbarrassa de Bob et d'Hannibal comme d'une vole de moineaux. Puis, empoignant Peter par le devant de sa chemise, il l'envoya rouler sur le sol. Si vous recommencez, il vous en cuira! menaa-t-il.A ce moment, Hans, l'un des ouvriers de M. Jones, posa sa robuste main sur l'paule de M. Jitters : Je vous conseille, monsieur, de rendre son sac Babal.

M. Jitters rugit : Espce de grande brute! Lchez-moi immdiatement. Et, d'un coup de poing, il voulut atteindre Hans la mchoire. Mais l'ouvrier esquiva, saisit son agresseur la taille. Les deux hommes se colletrent avec violence. M. Jitters lcha le sac. Peter le rcupra et se hta de battre en retraite, tandis que chaque adversaire tentait de prcipiter l'autre dans la poussire de la cour.A la fin, ce fut Hans qui triompha. Il souleva M. Jitters et le maintint au-dessus de sa tte. Qu'est-ce que j'en fais, Babal? demanda-t-il calmement. Je le garde comme a jusqu' l'arrive de la police? Il a beau gigoter, il ne me gne pas! Mais Hannibal avait dj pris sa dcision. Je ne crois pas qu'il soit ncessaire d'appeler la police , rpondit-il.Les policiers n'accorderaient peut-tre pas la moindre importance un vieux rveil sans valeur. Mais ils pourraient aussi avoir la fantaisie de l'emporter et de le garder comme pice conviction! Or, Hannibal dsirait plus que jamais poursuivre l'enqute dont le rveil hurleur reprsentait en quelque sorte le point de dpart. Mettez M. Jitters par terre, reprit-il, et laissez-le aller. Tout va bien, puisque nous avons rcupr le rveil.Trs bien , fit Hans, un peu contrecur.Et il lcha le vaincu, lequel tomba comme une masse sur le sol.M. Jitters se releva el dit d'une voix grondante en brossant ses vlements : Vous, les garons, vous paierez cher ce que vous venez de faire ! Vous regretterez d'avoir trouv ce rveil! Sur ces mois, il tourna les talons et, d'un pas nergique, il se dirigea vers la sortie du Paradis de la Brocante.

CHAPITRE VIII

QUI EST REX?

arm d'une rgle, Hannibal donna quelques coups secs sur la table : Un peu de silence, je vous prie. La confrence va commencer. Les Trois jeunes dtectives et Harry Smith taient runis dans le minuscule PC. Bob, Peter et Harry cessrent de bavarder. C'tait l'aprs-midi, le lendemain du jour o avait t dcouvert le rveil hurleur, le lendemain aussi de la tentative de M. Jitters pour s'en emparer. Les Trois jeunes dtectives n'avaient pas perdu leur temps. Maintenant ils s'apprtaient examiner, avec Harry, les rsultats obtenus. Avaient-ils progress? Ils ne tarderaient pas le savoir.Le matin, Hannibal avait tlphon Harry. Ayant obtenu rcemment son permis de conduire, Harry avait pu utiliser la vieille voiture de sa famille pour rejoindre les trois amis au Paradis de la Brocante. Bob, ton rapport , dit Hannibal.Bob (archives et recherches) avait t le plus actif des Trois jeunes dtectives. Au cours de la matine, il s'tait rendu Los Angeles avec son pre, rdacteur l'un des journaux les plus importants de cette ville. M. Andy avait prsent son fils l'homme charg des archives du journal, ce que les journalistes, dans leur argot, appellent la morgue . L, plusieurs centaines de classeurs contenaient des extraits de presse prsents la fois par ordre alphabtique et sujets traits.Bob avait dpouill tout ce qui concernait Ralph Smith et son procs, puis ce qui pouvait avoir trait Thodule Tick (alias M. Hadley), et enfin les articles relatant les vols de tableaux de grande valeur.Il possdait donc une liasse de notes, et il aurait pu communiquer d'innombrables renseignements ses compagnons. Cependant, il s'effora d'tre aussi bref que possible. Sur le procs de M. Smith, commena-t-il, il y a peu de choses dire que nous ne sachions dj. Les preuves paraissaient assez vagues. Pourtant les policiers les ont juges assez fortes pour se persuader qu'ils tenaient le coupable. Ils ont essay de faire admettre M. Smith qu'il tait bien le voleur de tableaux el d'objets d'art qui oprait depuis dix ans dans les parages d'Hollywood et de Los Angeles. Mais M. Smith n'a cess de protester de son innocence. Bob se tourna vers Harry et lui demanda : Si j'ai bien compris, certains vols ont t commis une poque o vous viviez encore San Francisco?- C'est exact, rpondit Harry. Nous ne sommes installs Hollywood que depuis six ans environ. C'est une preuve supplmentaire de l'innocence de mon pre. Il ne peut tre ml aux premiers vols.Cela va de soi , intervint Hannibal. Et, s'adressant Bob : Maintenant, parle-nous des vols commis Hollywood.- Au cours des dix dernires annes, et peu prs la cadence d'un par an, il y a eu au moins une douzaine de vols importants de tableaux. Comme nous l'a dit M. Hitchcock, beaucoup d'acteurs et de metteurs en scnes... florissants, sont collectionneurs. Ils ont chez eux des toiles d'une valeur souvent immense. Naturellement, ces toiles ne sont pas aussi bien protges que dans les muses. Chaque fois, les voleurs passent par une fentre ou pntrent dans la maison aprs avoir forc une serrure. Puis, aprs avoir dcoup et roul les toiles, ils disparaissent sans laisser de traces. Bob ajouta : La police a une thorie. Selon elle, les toiles sont vendues de riches collectionneurs sud-amricains qui les cachent et les gardent pour leur seul plaisir. Les toiles clbres sont connues de tout le monde. Elles ne peuvent donc tre vendues par la voie normale. Elles le sont cependant, mais toujours des personnes bien dcides ne pas les montrer.- Parmi les toiles voles, aucune n'a jamais t retrouve? demanda Hannibal. Aucune. Sauf les trois qui taient caches sous le linolum dans la maison d'Harry. Puis Bob voqua le vol le plus important de tous, commis deux ans auparavant. Des toiles, d'une valeur exceptionnelle, avaient t prtes une galerie, en vue d'une exposition spciale. Avant l'ouverture de l'exposition, les voleurs s'taient introduits dans la galerie et avaient emport cinq toiles, reprsentant au total cinq cent mille dollars. El pourtant, reprit Bob, ce n'est pas le record! Il n'y a pas longtemps, en Angleterre, quelqu'un s'est introduit dans un muse aprs avoir sci un panneau de porte, et a emport huit tableaux, estims entre quatre et huit millions de dollars. Plus tard, ces tableaux furent retrouvs. Mais on n'avait jamais fait mieux!- a fait cher le coup de pinceau! s'exclama Peter.,Tu peux le dire! approuva Bob. En tout cas, Hollywood, de nombreux vols ont t commis et, chaque fois, la police n'y a vu que du bleu. Aujourd'hui, les policiers sont persuads que le pre d'Harry a t ml la plupart de ces oprations, Mais ils ne l'auraient jamais souponn si, quelques jours avant le dernier vol, il n'tait all chez le propritaire des toiles pour essayer de lui faire souscrire une assurance sur la vie. D'ailleurs... Harry l'interrompit avec un accent irrit : Un instant! Je vous rpte que mon pre est innocent ! Vous n'avez pas le droit d'insinuer, parce qu'il tait agent d'assurances et qu'il allait chez des gens riches... Hannibal leva la main : Du calme, Harry. Nous ne croyons pas la culpabilit de votre pre. Mais, voyez-vous, nous avons plusieurs mystres sur les bras. Qui a vol les trois toiles? Qui les a glisses sous le linolum de votre cuisine? Pourquoi M. Hadley, dont le vrai nom ou le pseudonyme semble tre Thodule Tick, est-il parti en voyage? Et pourquoi n'a-t-il jamais donn de ses nouvelles? Enfin, d'o vient notre rveil? El quelle conclusion devons-nous tirer du fait qu'il prsente la particularit de hurler? En mme temps, Hannibal touchait le rveil pos devant lui, sur la table. Cet objet a certainement une signification, poursuivit-il. Dans son genre, il doit reprsenter quelque chose d'important. Sinon, pourquoi M. Jitters aurait-il essay de nous le prendre?Harry eut un air gn : II faut m'excuser. J'ai eu tort de parler de vous M. Jitters et aussi du rveil. Mais, hier, aprs votre dpart, il m'a pos des questions votre sujet. Et puis... pourquoi le cacher? Il a fait peur ma mre. Je lui ai donc dit que vous tiez venus pour vous renseigner sur l'un des rveils hurleurs appartenant M. Hadley, et que vous aviez trouv. Cette rvlation a paru le rendre furieux. Il m'a arrach votre carte de dtectives que je lui montrais, et il est parti comme un fou!- Heureusement, dit Hannibal, Hans a pu nous donner un srieux coup de main... Voyons, Harry, depuis que M. Jitters habite chez vous, avez-vous remarqu quelque chose de suspect dans son comportement? Harry rpondit sans hsiter : La nuit, il lui arrive souvent de rder dans la maison. Il se prtend crivain et rpte qu'il n'a pas de sommeil. Une nuit, je l'ai entendu taper contre les murs, comme s'il cherchait quelque chose. Hannibal resta un instant silencieux. Il rflchissait en se pinant la lvre infrieure. A la fin, il dclara : J'ai une ide. Mais vaut-elle quelque chose? On verra plus tard. Pour l'instant, soyons srieux. Comment pourrions-nous percer le mystre des vols de tableaux si la police elle-mme n'y est pas parvenue? Mais nous avons un autre problme, celui du rveil hurleur. D'o vient-il? Jusqu'ici, nous ne savons rien avec certitude. Et cela, il faut que nous le dcouvrions. Harry protesta :

Voil qui fait une belle jambe mon prie! Il est en prison, et vous vous occupez d'un vieux rveil! Il faut un point de dpart, expliqua Hannibal. Nous avons sur les bras, je le rpte, plusieurs problmes. Le rveil, j'en ai l'impression, pourrai! bien tre un maillon de la chane.Admettons, grommela Harry. Cependant, ce rveil a t trouv sur une dcharge. Comment esprez-vous remonter la personne qui l'a jet cet endroit? Il y avait un message coll sur le fond du rveil , dit Hannibal.La table laquelle il tait assis possdait plusieurs tiroirs, dont l'un secret. Il utilisait ce tiroir pour les objets particulirement prcieux. L'ayant ouvert, il y prit un petit rectangle de papier et lui haute voix :Cher Rex,Demandez Imogne, Demandez Grald, Demandez Martha,Puis passez l'action! Le rsultat vous surprendra. Mme vous. J'ai l'air de rabcher, dit Peter. Mais qui sont ces gens? Comment les dnicher et, si nous y parvenons, qu'est-ce que nous leur demanderons? Hannibal leva la main : Chaque chose en son temps. Le message semble adress au nomm Rex. J'en dduis que le rveil servant de vhicule au message a t adress ce Rex. Donc, c'est Rex qu'il faut trouver. Bob leva la voix : A mon tour, je pose la mme question que Peter : comment? Efforons-nous d'tre logiques, conseilla Hannibal. Rex doit tre un ami de M. Thodule Tick ou de M. Hadley. Pour plus de commodit, nous l'appellerons dornavant M. Tick. El Rex est trs probablement un prnom. Harry, avez-vous apport le carnet d'adresses de M. Tick? Je n'ai rien trouv de semblable , rpondit Harry qui commenait suivre la conversation avec intrt. Mais j'ai dcouvert, au fond d'un tiroir, une liste de personnes auxquelles il avait coutume d'envoyer des cartes de Nol. II prit dans sa poche une feuille de papier plie en quatre. Hannibal la dplia, y jeta un coup d'il : Parfait. Les amis de M. Tick doivent tre sur cette liste. Il y a environ cent noms, et les adresses. Tout cela dactylographi. Pour commencer, cherchons un Rex. Rob s'approcha et se pencha par-dessus l'paule d'Hannibal : Je vois une Imogne, deux Grald, trois Martha. Mais pas de Rex. En effet, pas de Rex, admit Hannibal.- Un instant! reprit Bob. L, il y a un nom... Walter Roy.- Eh bien? fit Peter. Rex, c'est le mot latin pour Roy. Pourquoi ce Walter Roy n'aurait-il pas t surnomm Rex? Harry murmura : Moi, je trouve que c'est plutt un nom de chien. Mais Hannibal griffonnait dj sur un bristol le nom - - Walter Roy - - et l'adresse. Excellente dduction, dit-il Bob. Le renseignement semble srieux. Nous l'exploiterons. Maintenant, voyons les Imogne, les Grald, les Martha. Ah! ici il y a une Mlle Imogne Taylor, qui habite un quartier situ dans la partie nord d'Hollywood. Voil deux Grald. L'un et l'autre sont domicilis prs de Pasadena. Enfin, voil trois Martha, dont les adresses se situent autour d'Hollywood. Hannibal, aprs une courte rflexion, dcida : Nous sommes quatre. Partageons-nous en deux quipes. Bob et Harry formeront la premire. Naturellement, ils utiliseront la voiture d'Harry. Nous formerons, Peter et moi, la deuxime quipe. Je vais tlphoner M. Gelbert, le directeur de l'agence de location, pour qu'il nous envoie la Rolls-Royce.Aprs un silence, Hannibal ajouta : Nous allons contacter ces gens, recueillir autant de renseignements que possible. Et, cet aprs-midi, nous nous retrouverons tous ici. Bob et Harry iront voir M. Walter Roy et Je vois une Imogne, deux Grald, trois Martha...

Mlle Imogne Taylor. Peter et moi, nous nous occuperons des autres. - Mais quelles questions faudra-t-il poser? demanda Bob.Tu demanderas M. Roy si M. Thodule Tick lui a envoy le rveil. Tu complteras ta premire question par celles-ci : Avez-vous remarqu le message coll sur le rveil? Quelle suite y avez-vous donn? Pourquoi avez-vous jet le rveil sur une dcharge? D'ailleurs, Bob, ce rveil, je te conseille de l'emporter, pour le cas o M. Roy ne s'en souviendrait pas.- Trs bien, fit Bob. Que dirai-je Mlle Imogne Taylor? Tu devrais lui demander si M. Thodule Tick lui a adress un message personnel et lui montrer le rveil. Ainsi tu pourrais la convaincre que le message en notre possession, et qui tait coll sur le rveil, n'est pas une blague.- Sans doute, Babal. Mais que se passera-t-il si tu as, toi, besoin du rveil lorsque tu te trouveras devant les nomms Grald et Martha?- J'en emporterai un qui ressemblera comme deux gouttes d'eau au rveil hurleur. Peut-tre nous suffira-t-il d'en parler. Et, s'il faut l'exhiber, ce ne sera pas difficile. Nous avons ici, au Paradis de la Brocante, tous les vieux rveils possibles et imaginables. Hannibal conclut : Nous sommes bien d'accord, n'est-ce pas? Dans ce cas, je suggre que nous nous mettions en campagne immdiatement. Bob et Harry, vous pouvez partir. Quant Peter et moi, nous sommes obligs d'attendre Warrington.- Voyons, Babal, c'est impossible! s'exclama soudain Peter. Tu oublies un dtail trs important. Hannibal eut un battement de paupires : Quel dtail? Peter pronona avec un naturel parfait : II est midi. Il faut d'abord que nous djeunions.

CHAPITRE IX

LES MYSTRES S'ACCUMULENT

Nous approchons , dit Bob en regardant df1er les numros des maisons.Prs de lui, Harry, au volant de la vieille conduite intrieure de son pre, longeait une rue situe dans un trs agrable quartier de la partie nord d'Hollywood. Voil, nous y sommes, reprit Bob. C'est ici qu'habit M. Walter Roy. Harry freina et s'arrta. Les deux compagnons descendirent de la voiture et se dirigrent vers la maison. Dans un quartier comme celui-ci, remarquaHarry, les loyers doivent tre plutt levs. Bob approuva d'un mouvement de tte. Il portait le sac fermeture glissire contenant le rveil hurleur. En appuyant sur le bouton de la sonnette, il songeait : Qu'allons-nous apprendre? Et mme apprendrons-nous quelque chose? La porte fut ouverte par une femme qui n'tait plus jeune et avait une expression trs soucieuse. Que dsirez-vous ? demanda cette femme. Si vous qutez pour les Boys Scouts, j'ai dj donn. Il ne s'agit pas de cela, madame, rpondit poliment Bob. Nous voudrions nous entretenir avec M. Roy. Est-ce possible?Non, ce n'est pas possible. M. Roy est souffrant. Voil plusieurs mois qu'il est l'hpital.Je suis dsol d'apprendre cela , dit Bob.En mme temps, il s'efforait de rflchir aussi vite que possible. Si M. Roy est l'hpital depuis plusieurs mois, ce ne peut tre lui qui a jet le rveil sur une dcharge. Cependant, il savait qu'Hannibal, s'il avait t sa place, n'aurait pas lch prise aussi facilement. Il posa donc une autre question : M. Roy est-il surnomm Rex? La femme le dvisagea. Si Bob ne s'tait pas exprim avec courtoisie et s'il n'avait pas eu l'air bien lev, elle lui aurait sans le moindre doute ferm la porte au nez. C'est en effet le surnom de mon mari. Mais pourquoi me demandez-vous cela? S'il s'agit d'un jeu... Non, madame Roy! protesta Bob. Nous faisons une enqute... au sujet d'un rveil, Je vais vous le montrer.

II ouvrit le sac, y prit le rveil et le tendit Mme Roy : Est-ce la premire fois, madame, que vous le voyez? Elle serra les lvres, puis cria soudain : Cet affreux rveil! Envoyer un pareil objet mon mari... alors qu'il tait dj malade! Heureusement, il n'en a rien su. Il y avait de quoi le tuer. Cet affreux rveil, ce hurlement!

Bob et Harry changrent un coup d'il, comme pour se dire : Pour notre premire dmarche, ce n'est pas mal. Nous avons mis dans le mille! Je suppose que ce rveil a t envoy M. Roy par M. Thodule Tick? insista Bob. Oui, par cet abominable Thodule Tick! rpliqua avec indignation Mme Roy. Il s'est cru autoris faire cela parce que, des annes durant, il avait jou des pices crites pour la radio par mon mari. Je ne me doutais pas qu'il s'agissait d'un rveil spcial. Je l'ai branch... Et alors, ce cri, ce hurlement! J'ai failli en avoir une crise cardiaque. Je l'ai mis tout de suite avec d'autres vieilleries et j'ai envoy chercher le chiffonnier. Mais, vous, comment vous l'tes-vous procur? Le chiffonnier l'a vendu un de mes amis. expliqua Bob. Avez-vous remarqu, madame, le message qui tait coll sur le fond? Mme Roy frona les sourcils : Un message? Non, je n'ai rien vu de semblable. Il faut vous dire que je me suis dbarrasse ds le lendemain de cette chose monstrueuse. Elle tait accompagne d'une lettre de Thodule Tick. Elle aussi, je l'ai jete. Pourriez-vous vous souvenir de ce qu'elle contenait? C'est trs important, madame, trs important.- Ce qu'elle contenait? Oh! ceci peu prs : que, si mon mari coutait le rveil avec la plus grande attention, cela pourrait l'aider retrouver la prosprit. Et d'autres sottises de ce genre! De la part de Thodule Tick, quelle plaisanterie de mauvais got, alors que mon mari, dj malade, ne travaillait plus et voyait nos dettes s'accumuler ! Je sais qu'ils avaient t trs bons amis. Alors pourquoi Thodule a-t-il fait cela? A-t-il voulu nous terrifier, mon mari et moi? Je n'ai pas encore compris. Mme Roy s'arrta, frona de nouveau les sourcils cl ajouta : Mais vous, o voulez-vous en venir? Comment se fait-il que vous vous intressiez ce rveil?- Nous essayons de rassembler son sujet le plus de renseignements possible. M. Tick a... disparu. Nous pensons que le rveil pourrait tre un indice. Peut-tre avez-vous remarqu d'o il avait t expdi?- Non. Mais vous venez de dire que Thodule Tick a disparu. Voil qui est trange. Je me demande ce qui a bien pu... Oh! excusez-moi. J'entends le tlphone. Je n'ai rien d'autre vous dire. Au revoir. Et Mme Roy referma la porte. Bob se tourna vers Harry : Vous voyez, Harry? Voil comment on amorce une enqute. Nous avons dj appris plusieurs choses. J'ignore encore ce qu'elles signifient. Babal nous le dira. Mais, ds maintenant, je sais que M. Tick a envoy le rveil M. Roy pour une raison prcise. Seulement, M. Roy ne l'a mme jamais vu. Il tait l'hpital. Sa femme a remis l'objet a un chiffonnier. M. Roy aurait probablement su ce que signifiait ce cadeau bizarre. Comme il nous est impossible d'aller l'interroger, il faut nous dbrouiller par nos seuls moyens. Harry avait-il l'me d'un dtective? Il semblait commencer trouver cette enqute passionnante. Maintenant, lit-il, allons vite voir Imogne Taylor. J'ai hte de savoir si elle a quelque chose nous apprendre! Hlas, cette deuxime tape fut assez dcevante. Mlle Taylor tait une petite femme qui faisait penser un oiseau. Elle vivait au nord d'Hollywood,

dans les Woodland Hills. Sa minuscule maison se cachait derrire des buissons et des bananiers. Avec ses cheveux gris, ses lunettes dmodes monture d'or, et sa voix qui ressemblait un gazouillis, Mlle Taylor semblait sortir tout droit d'un conte de fes.Elle fit entrer les visiteurs dans un salon o les livres, les magazines, les coussins aux couleurs les plus criardes s'entassaient dans un dsordre indescriptible. Ds que Bob lui eut parl de Thodule Tick et d'un certain message, elle remonta ses lunettes sur son front et commena de fouiller dans les tiroirs d'un secrtaire, sans cesser de gazouiller : Mais c'est vrai ! C'est vrai ! Quelqu'un est venu. Oui, pour ce message. Je croyais que c'tait une plaisanterie, l'une de ces plaisanteries dont Thodule Tick avait le secret. Au studio, il n'y avait pas plus grand farceur que Thodule. Au studio de la radio, je tiens le prciser. Ah! que de pices nous avons joues ensemble! Et puis, je n'ai plus entendu parler de lui. La lettre disait de remettre le message toute personne qui le demanderait, particulirement si cette personne faisait allusion un rveil. O diable ai-je pu mettre mes lunettes? Sans elles, je ne vois rien. Vous les avez remontes sur votre front , fit observer Bob.D'un geste rapide, elle les replaa sur son nez. Puis elle plongea la main dans un tiroir t agita une enveloppe : Le voil, le message! Je savais bien que je l'avais. Je ne l'ai pas dchir parce que nous tions de bons amis, Thodule et moi. Et mme si c'est une blague, tant pis! Bien sr, vous tes l'un et l'autre trs jeunes. Vous n'avez jamais entendu Thodule la radio.- En effet, mademoiselle, nous ne l'avons jamais entendu. Mais nous nous occupons de lui. Nous essayons de rsoudre, de comprendre... Bref, merci mille fois, mademoiselle, d'avoir bien voulu nous remettre le message.Tout le plaisir est pour moi. Si vous rencontrez Thodule, faites-lui mes amitis. Quel magnifique hurleur! Bien des gens ne se couchaient que lorsqu'ils l'avaient entendu hurler. La pice que nous interprtions la radio tait intitule La pendule hurle minuit. Une pice faire dresser les cheveux sur la tte. Elle avait t crite par Walter Roy. En voil un qui s'entendait nouer une intrigue passionnante, mystrieuse, pleine de rebondissements terribles! Voulez-vous me permettre de vous offrir une tasse de th? Non, vraiment? Je comprends, vous tes presss. Les jeunes le sont toujours. Les garons surtout. Quand ils furent remonts dans la voiture, Bob et Harry poussrent un soupir de soulagement. Ouf! lit Harry avec un sourire un peu grimaant. Je croyais qu'elle n'arrterait jamais de parler. Mais enfin nous l'avons, le message! Voyons un peu ce qu'il contient. Bob tenait l'enveloppe entre deux doigts : II faudrait peut-tre attendre que Babal en prenne connaissance... Puis il se ravisa : Bah ! nous pouvons toujours y jeter un coup d'il. II tira de l'enveloppe une bande de papier, et les deux compagnons lurent ensemble avec un tonnement croissant :O deuxime personne, parfois si nombreuse! Il trne, sur une tagre, gonfl craquer. Les avocats se disent ainsi, les assureurs souvent.Ce que peut un sourd, mme un paralytique. Un bon moyen de. s'amuser.Bob et Harry, avec une expression afflige, restaient les yeux fixs sur le message. Quel charabia! grogna Harry. Et qu'est-ce que a peut bien vouloir dire? murmura Bob.

CHAPITRE X

UNE SURPRISE DSAGRABLE!

cur la liste des amis auxquels M. Thodule Tick *3 avait coutume d'envoyer des vux Nol, il y avait trois Martha. Elles habitaient toutes dans les parages de Pasadena. Hannibal et Peter en essayrent deux avant de trouver la bonne. Il s'agissait de Mme Martha Marris. Cette veuve replte, jadis comdienne de radio et de tlvision, vivait maintenant de ses rentes.Elle possdait de nombreux chats, tous siamois, qui allaient et venaient dans la pice o elle reut les visiteurs. Deux d'entre eux s'taient poss sur les bras de son fauteuil, et elle les caressait en parlant : Mais bien sr que je connais Thodule Tick! Comme il est trange que vous veniez me voir son sujet! Au fond, non, ce n'est pas trange. J'esprais un peu votre visite. 11 m'a envoy une lettre que je dois vous remettre. Quand vous a-t-il envoy cette lettre, madame? demanda Hannibal. Laissez-moi rflchir. Cela fait environ deux semaines. Dans sa lettre, il me disait : Si quel- qu'un se prsente chez vous et vous rclame un message manant de moi, donnez-lui cette enveloppe. Faites-lui mes compliments et souhaitez- lui de ma part de bien s'amuser. Pour dgager son bras droit, elle carta l'un des siamois, puis plongea la main dans le tiroir d'une commode. Peu aprs, elle remettait une enveloppe Hannibal. Que devient ce cher Thodule? demanda-t-elle. Quand j'ai entendu parler de lui pour la dernire fois, il y a de cela plusieurs annes, il venait de faire un hritage et avait dcid, semble-t-il, de ne plus travailler. Il est vrai que la radio se mourait et qu'il n'y avait plus gure d'ouvrage pour un hurleur.- Nous sommes trs mal renseigns son sujet, rpondit Hannibal. Il aurait disparu depuis quelques mois... Comme c'est mystrieux! s'exclama Mme Harris. Mais cela ne m'tonne pas. Thodule a toujours t un petit homme singulier. On ne savait jamais ce qu'il pensait. Il avait des relations bizarres. Des jockeys, des joueurs, des gens de cet acabit.

Les deux garons se levrent : II faut que nous partions, dit Hannibal. Merci beaucoup pour l'enveloppe. Laissant Mme Harris avec ses chats, ils rejoignirent Warrington qui les attendait dans la Rolls-Royce.Peter se mourait de curiosit. Si nous prenions connaissance du message? proposa-t-il.Oui, mais dans la voilure , dcida Hannibal.Ds qu'ils furent assis sur la banquette arrire de la Rolls, Hannibal ouvrit l'enveloppe. Elle contenait une bande de papier semblable celle qui tait en possession de Bob et Harry. Cependant, le message se prsentait de faon encore plus obscure. Pas un mot : rien que des chiffres!3-27 4-36 5-19 48-12 7-11 15-9 101-2 5-16 45-37 98-98 20-135 84-9Et il y avait encore six ou sept lignes aussi rbarbatives ! Tu crois que a signifie quelque chose? demanda Peter, stupfait. C'est videmment une espce de code, dit Hannibal. Quand nous l'aurons dchiffr, nous comprendrons sans doute mieux les messages, ou l'un d'eux. Mais ce sera pour plus tard, ajouta-t-il en fourrant la bande de papier dans sa poche. Pour l'instant, il nous faut mettre la main sur Grald. Sur la liste d'amis rdige par Thodule Tick, il y en a deux. Celui qui habite le plus prs d'ici est Grald Cramer. C'est donc lui que nous verrons le premier. II donna l'adresse Warrington. La-Rolls-Royce dmarra. Tandis qu'elle roulait, Hannibal se plongea dans des rflexions silencieuses, en pinant nergiquement sa lvre infrieure. Peter, lui, songeait : Faisons-nous des progrs! Je n'en suis pas sr. Esprons que le prochain message nous permettra de voir un peu plus clair. La voiture s'arrta le long d'un trottoir, dans un quartier assez pauvre. Hannibal et Peter descendirent et se dirigrent vers la maison de Grald Cramer.En appuyant sur la sonnette, Hannibal remarqua : Naturellement, comme il y a deux Grald sur la liste, nous n'avons qu'une chance sur deux de tomber sur le bon. Toutefois... Il fut interrompu par une voix aigre : Qu'est-ce que vous voulez? Un homme maigre, aux jambes torses, et de si petite taille que sa tte aurait peine atteint l'paule d'Hannibal, venait d'ouvrir la porte. Il couvait les deux jeunes visiteurs d'un regard souponneux. Mais Hannibal ne se dmonta pas pour autant. Je vous prie de m'excuser, commena-t-il. Si je suis bien renseign, vous connaissez M. Thodule Tick? Thodule Tick? Qu'est-ce qui vous a racont a? C'est un mensonge. Je ne le connais pas, votre Thodule Tick. Maintenant, fichez le camp! Une autre voix se fit entendre. L'intonation, cette fois, tait presque trop tudie : Un instant, Grald. Un deuxime homme apparut derrire le premier. Silhouette lgante, cheveux noirs lustrs. Le nouveau venu s'exprimait avec un accent espagnol. Il s'adressa aux deux garons : En quoi Thodule Tick vous intresse-t-il? Il ajouta avec un sourire : J'espre que vous n'tes pas des dtectives? Peter rpondit : C'est que, justement... D'un coup de coude, Hannibal lui coupa la parole. Nous cherchons des messages adresss par M. Tick diffrents amis, expliqua-l-il. L'un de ces messages serait en possession d'un certain Grald. Nous avons pens qu'il s'agissait peut-tre de Grald Cramer. Ce nom figure sur une liste tablie par M. Tick lui-mme.Passionnant! s'exclama l'homme l'accent espagnol. Entrez, je vous prie. Je crois pouvoir vous aider. Mon ami ici prsent est en effet Grald Cramer. Je vous prsente mes excuses pour la brutalit de son accueil. Il a eu beaucoup d'ennuis au cours de son existence. Hannibal et Peter franchirent sur ses pas le seuil d'une pice o rgnait un grand dsordre et prirent place dans des fauteuils.Le petit homme aux jambes torses bougonna : Je ne comprends pas ce qu'ils veulent, Carlos. Mais a ne me dit rien de bon!- Laisse-moi rgler cette affaire , rpliqua le nomm Carlos.Et, s'adressant Hannibal : Nous sommes tonns par la disparition de Thodule Tick et par le message qu'il a envoy Grald. Dites-nous tout ce que vous savez son sujet. Avez-vous une ide de l'endroit o il se trouve?- Non, monsieur, rpondit Hannibal. Nous ne nous occupons que de ses messages. Vous comprenez, l'origine, nous avons mis par hasard la main sur un bizarre rveil qu'il avait d expdier quelquun...- Un rveil? interrompit Carlos. Vous l'avez apport? En mme temps, il regardait fixement le sac que Babal tenait sur ses genoux.Babal ouvrit le sac et en tira le rveil... lequel n'tait qu'une imitation du rveil hurleur. Un premier message tait coll au fond , expliqua-t-il.Carlos prit le rveil, l'examina. Un modle trs banal, dit-il. Et ce premier message, que contenait-il?- Il n'tait pas trs clair, rpondit Hannibal. Quelque chose dans ce genre : demandez Martha, demandez Grald... Mais pas la moindre indication sur ce qu'il fallait demander. Nous avons dnich une dame prnomme Martha. Elle avait reu une lettre de M. Tick et une enveloppe qu'il la priait de remettre toute personne se prsentant de sa part. Si nous sommes venus ici, c'est parce qu'un autre nom, celui de Grald Cramer, figurait sur la liste de M. Tick je veux dire sur la liste d'amis auxquels il envoyait des vux de Nol. M. Cramer a-t-il un message pour nous? En effet, il a un message... qui comporte une clause assez originale. Ce message ne doit tre remis que si M. Cramer a pu, au pralable, prendre connaissance de celui dont vous tes entr en possession chez cette dame prnomme Martha. Montrez-le-nous, je vous prie. Hannibal hsita : C'est que... Vous comprenez... Mais, voyant que Carlos tendait la main avec insistance, il tira du fond de sa poche la bande de papier et la lui remit. Carlos frona les sourcils. Rien que des chiffres! fit-il avec une expression due. a m'a tout l'air d'un code. Qu'est-ce que cela signifie? Hannibal secoua la tte : Je n'en sais rien. J'espre que nous serons renseigns par le message suivant, celui qui est adress Grald. Peut-tre, admit Carlos. Toutefois, je vous prviens que, maintenant, c'est moi qui prends l'affaire en main. La pendule ne vous tait pas destine. Les messages non plus. Remettez-moi ceux que vous pouvez dtenir encore. C'est normal, puisque j'assume dornavant la direction des oprations. II avait prononc ces derniers mots d'un ton assez menaant. Hannibal se sentit plir. Nous n'avons rien d'autre! protesta-t-il. Rendez-nous le rveil et la bande de papier. Ils nous sont indispensables pour notre enqute et aussi pour... Carlos dcida soudain :

Grald, nous allons fouiller ces gaillards. Ils gardent certainement dans leurs poches des documents intressants!- Bouge pas, toi! grommela Grald Cramer.Il se jeta sur Peter et, en quelques secondes, l'im